Extrait Candide

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1200 mots NIVEAU 3 B1
LECTURES CLE EN FRANÇAIS FACILE Candide VOLTAIRE

Candide

Voltaire

Adapté en français facile par Françoise Claustres

EN FRANÇAIS
LECTURES CLE
FACILE

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Couverture : © tonefotografia, Adobestock

Page 3 : © Georgios Kollidas, Adobestock

Direction éditoriale : Béatrice Rego

Marketing : Thierry Lucas

Édition : Marie-Charlotte Serio

Couverture : Fernando San Martin

Mise en page : Isabelle Vacher

Illustrations : Conrado Giusti

Enregistrement : Blynd

© CLE International, 2024

ISBN : 978-209-035933-6

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L’auteur

Voltaire est un grand écrivain et un grand philosophe français du xViiie siècle. On appelle le xViiie siècle le siècle des Lumières car les intellectuels comme Voltaire cherchaient les lumières, la connaissance.

Né en 1694 dans une famille bourgeoise, Voltaire a écrit dans tous les genres – tragédie, poésie, conte, lettre… – mais il est aujourd’hui surtout connu pour ses livres philosophiques, comme ses contes : Zadig, Candide, Micromégas… Esprit libre et tolérant, Voltaire a été plusieurs fois emprisonné et plusieurs de ses œuvres ont été interdites. Il a aussi beaucoup voyagé (Angleterre, Prusse…), ce qui lui a permis de découvrir d’autres manières de vivre et de gouverner.

Avec Diderot et Rousseau – son ennemi –, il a participé à la grande aventure de l’Encyclopédie, qui voulait rassembler le savoir de l’époque.

Voltaire meurt en 1778. Il est enterré en secret à cause de ses attaques contre l’Église. En 1791, deux ans après la Révolution française, son corps est transféré au Panthéon.

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Le livre

Candide est avec Zadig le conte philosophique le plus célèbre de Voltaire. Un conte philosophique ressemble à un conte (le héros connaît des épreuves, des aventures) mais en plus, il veut faire réfléchir. Le titre complet du livre est Candide ou l’Optimisme. Un optimiste est quelqu’un qui pense que tout est pour le mieux, que tout ira bien. Au début du conte, Candide est heureux et croit Pangloss, un professeur qui pense que tout est pour le mieux dans le monde. Mais Voltaire n’est pas d’accord. Alors Candide va faire un grand voyage autour du monde et découvrir toutes les horreurs de la terre : la guerre, l’esclavage, le pouvoir des religions… que Voltaire critique en utilisant l’ironie. Candide va aussi rencontrer des gens différents : un homme qui n’est pas baptisé, un pessimiste* (un homme qui pense que tout va mal)… À la fin du conte, Candide a changé. Il est moins naïf. C’est alors qu’il dit cette célèbre phrase : « Il faut cultiver notre jardin. » Cela signifie qu’il faut travailler, progresser et participer à la bonne marche du monde.

Les mots ou expressions suivis d'un astérisque* dans le texte sont expliqués dans le Vocabulaire, page 56.

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1 CHAPITRE I

Bonheurs et malheurs de Candide

Un jeune garçon vivait en Westphalie, en Allemagne, dans le château de monsieur le baron de Thunderten-tronckh. Il avait un bon jugement* et un esprit* très simple ; voilà pourquoi on l’appelait Candide1. Les vieux serviteurs du château disaient qu’il était le fils de la sœur du baron et d’un gentilhomme de la région. Monsieur le baron était un puissant seigneur car son château avait une porte et des fenêtres. Madame la baronne pesait environ 350 livres2. Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était fraîche, grasse, appétissante. Le fils du baron était comme son père. Tout le monde admirait le précepteur3 Pangloss.

Pour Pangloss, il n’y a pas d’effet* sans cause*.

– Les choses ne peuvent pas être différentes. Les nez sont faits pour porter des lunettes, voilà pourquoi nous avons des lunettes. Les cochons sont faits pour qu’on les mange, et nous mangeons du porc toute l’année. Ceux qui ont dit que tout est bien ont dit une bêtise : il faut dire que tout est au mieux*.

Candide croyait ce que disait Pangloss. Il trouvait Mlle Cunégonde très belle, mais n’avait jamais osé lui dire. Pour lui, le premier bonheur était d’être né baron de Thunder-ten-tronckh ; le deuxième d’être Mlle Cunégonde ;

1. Quelqu’un de candide est quelqu’un de naïf, d’innocent, qui croit ce qu’on lui dit.

2. 170 kg.

3. Le professeur particulier.

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le troisième bonheur de la voir tous les jours ; le quatrième d’écouter maître* Pangloss, le plus grand philosophe* de toute la terre.

Un jour, Cunégonde, en se promenant, voit Pangloss avec la femme de chambre de sa mère, Paquette, une petite brune très jolie et très gentille. Elle les regarde, observe ce qu’ils font, revient agitée au château, et pense à faire la même chose avec Candide. Elle rencontre Candide et rougit ; Candide rougit aussi. Elle lui dit bonjour d’une voix émue ; Candide lui répond, ému aussi. Le lendemain, après le dîner, Cunégonde laisse tomber son mouchoir, Candide le ramasse, elle lui prend la main, le jeune homme embrasse la main de la jeune demoiselle, leurs bouches se touchent, leurs yeux brillent, leurs genoux tremblent. Monsieur le baron les voit et chasse Candide du château à grands coups de pied. Cunégonde s’évanouit4, Madame la baronne la gifle et tout le monde est triste dans le plus beau et le plus agréable des châteaux. ***

Candide, chassé du paradis sur terre, marche longtemps en pleurant, regardant souvent vers le plus beau des châteaux. Il se couche au milieu des champs. La neige tombe. Il n’a pas mangé et il a froid. Le lendemain, il va à la ville voisine. Il n’a pas d’argent, il a faim et il est fatigué. Il s’arrête tristement à la porte d’un restaurant. Deux hommes habillés de bleu le regardent. « Camarade, dit l’un, voilà un jeune homme très bien fait, et qui a la bonne taille. » Ils vont vers Candide et lui proposent de dîner ensemble.

4. Perd connaissance.

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– Messieurs, dit Candide, vous êtes gentils, mais je n’ai pas d’argent.

– Mais monsieur, dit l’un des hommes, les hommes comme vous ne paient pas : ne mesurez-vous pas cinq pieds cinq pouces5 ?

– Oui, messieurs, répond Candide.

– Alors, à table. Nous paierons le repas.

– Pangloss avait raison, et je vois que tout est au mieux.

– N’aimez-vous pas…

– Oh ! Oui, j’aime tendrement Mlle Cunégonde.

– Non, dit l’un des hommes, nous vous demandions si vous n’aimez pas le roi des Bulgares.

– Non, car je ne l’ai jamais vu.

– C’est le plus gentil des rois. Il faut boire à sa santé.

– Avec plaisir.

Candide boit.

– Vous êtes à présent le défenseur et le héros des Bulgares, disent les deux hommes. Vous serez riche et célèbre.

On attache les pieds de Candide et on l’emmène au régiment6. On le fait tourner à droite, à gauche, tirer, courir et on lui donne trente coups de bâton. Le lendemain, il recommence, et on lui donne vingt coups. Le jour d’après, on lui donne dix coups. Ses camarades l’admirent.

Candide ne comprend pas tout. Un beau jour de printemps, il part se promener. Mais, très vite, quatre soldats le rattrapent, l’attachent et l’emmènent en prison. On lui demande s’il préfère des coups de bâton ou des balles dans la tête. Il ne veut rien, mais il doit choisir. Il choisit le bâton. Il reçoit 4 000 coups de bâton. Les soldats vont continuer mais

5. Environ 1,80 m.

6. Dans l’armée.

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Candide, à bout7, demande la mort. On lui cache les yeux et on le met à genoux. Le roi des Bulgares arrive, demande qui est Candide et ce qu’il a fait. Il comprend que Candide ne comprend rien et le libère. Un chirurgien guérit Candide en trois semaines. Candide peut remarcher quand le roi des Bulgares part se battre contre le roi des Abares8.

Les deux armées étaient belles et bien rangées.

Les canons tuent d’abord environ 6 000 hommes de chaque côté. Puis les petits canons tuent environ 9 000 à 10 000 hommes. La baïonnette9 tue ensuite des milliers d’hommes. Candide, qui tremble comme un philosophe*, se cache. Pendant que les deux rois font chanter des Te Deum10 , il décide d’aller réfléchir ailleurs. Il passe par-dessus des corps et arrive au village voisin : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé. Des vieillards qu’on avait battus regardaient mourir leurs femmes. Des filles, que les soldats bulgares avaient violées11, mouraient. D’autres, à moitié brûlées, criaient. Candide s’enfuit dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et les soldats abares y avaient fait la même chose. Candide marche à nouveau sur des corps, pensant toujours à Mlle Cunégonde. ***

Il arrive en Hollande. Comme le pays est riche et chrétien*, il pense qu’il y sera bien. Il demande de l’argent

7. Épuisé, n’en pouvant plus.

8. Peuple monghol.

9. Petite épée au bout d’un fusil.

10. Chant pour remercier Dieu de la victoire.

11. Prises sexuellement de force.

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à plusieurs personnes, mais elles lui répondent que s’il continue à demander de l’argent, on l’enfermera.

Un homme parlait depuis une heure de la charité12. Il regarde Candide.

– Que venez-vous faire ici ? Y êtes-vous pour la bonne cause ?

– Il n’y a pas d’effet sans cause, répond Candide. On m’a chassé, battu, je dois demander de l’argent. Les choses ne pouvaient pas être différentes. Ce que je sais, c’est que j’ai besoin de pain.

– Tu ne mérites pas d’en manger. Va-t’en.

Un homme qui n’avait pas été baptisé, appelé Jacques, regardait ce qui se passait. Il emmène Candide chez lui, le lave, lui donne du pain et de la bière, un peu d’argent et propose de lui donner un travail dans ses usines. Candide s’écrie : « Maître Pangloss m’avait bien dit que tout est au mieux dans ce monde. »

Le lendemain, en se promenant, Candide rencontre un homme sale et malade, plein de boutons, les yeux morts, les dents noires, toussant et crachant souvent une dent. Candide, ému, lui tend l’argent que lui a donné Jacques. L’homme le regarde, pleure, et saute à son cou. Candide recule.

– Eh bien, dit l’homme, vous ne reconnaissez plus votre cher Pangloss ?

– Vous, mon cher maître ! Que vous est-il arrivé ?

Pourquoi n’êtes-vous plus dans le plus beau des châteaux ?

Qu’est devenue Mlle Cunégonde, la plus belle des filles ?

– Je n’en peux plus, dit Pangloss.

12. Fait d’aider les personnes pauvres.

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Candide l’emmène chez Jacques, où il lui donne un peu de pain. Quand Pangloss a mangé, il lui redemande :

– Eh bien ! Et Cunégonde ?

– Elle est morte, répond Pangloss.

– Cunégonde est morte ! Mais de quoi est-elle morte ?

– Les soldats bulgares l’ont violée, puis tuée. Ils ont cassé la tête à monsieur le baron, qui voulait la défendre. Ils ont coupé madame la baronne en morceaux. Ils ont fait du mal à mon pauvre élève, son frère, et ils ont détruit le château. Mais les Abares ont fait la même chose à un baron bulgare.

Candide s’évanouit. Quand il rouvre les yeux, il demande ce qui a mis Pangloss dans cet horrible état13.

– Hélas ! C’est l’amour.

– J’ai connu l’amour, répond Candide. Comment cette belle cause a-t-elle pu produire en vous un effet si horrible ?

– Vous avez connu Paquette, la jolie servante de la baronne. Je l’ai aimée mais elle était malade. Je suis tombé malade. Paquette avait attrapé cette maladie d’un homme qui l’avait attrapée d’une comtesse, qui l’avait reçue d’un capitaine, etc. Moi, je ne donnerai pas la maladie, car je vais mourir.

– Mais c’est horrible !

– Non. C’est une chose indispensable. Car si Christophe Colomb n’avait pas attrapé cette maladie en Amérique, nous n’aurions pas de chocolat.

– C’est incroyable, dit Candide, mais il faut vous soigner.

– Et comment ? dit Pangloss. Je n’ai pas d’argent.

Candide se jette aux pieds de Jacques. Le bon homme fait soigner Pangloss. Pangloss écrivait bien et savait compter. Jacques l’embauche comme comptable. Deux mois

13. Horrible aspect, situation. Ici, si malade.

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plus tard, Jacques doit aller à Lisbonne pour ses affaires. Il emmène dans son bateau les deux philosophes. Pangloss lui explique que tout est pour le mieux. Jacques n’est pas d’accord. Pendant qu’ils discutent, le ciel devient sombre, le vent souffle et le bateau est pris dans une horrible tempête, près de Lisbonne.

Dans le bateau, la moitié des gens, malades, ne parle pas. L’autre moitié crie et prie. Les voiles sont déchirées, le bateau est percé. Jacques fait ce qu’il peut pour aider mais un marin le frappe avant de tomber hors du bateau. Il reste accroché au bateau. Jacques l’aide à remonter, mais il tombe à l’eau, et le marin le laisse mourir. Candide veut se jeter à la mer pour aider Jacques mais Pangloss l’en empêche14. Pour lui, Jacques doit mourir dans la mer. Puis le bateau s’ouvre. Tout le monde meurt, sauf Pangloss, Candide et le méchant marin. Les trois hommes rejoignent le rivage15. Ils marchent vers Lisbonne. Quand ils arrivent, la terre tremble sous leurs pieds et la mer s’élève. Les maisons s’écroulent, les toits tombent, 30 000 habitants meurent écrasés.

– Quelle peut être la raison* de ce tremblement de terre16 ? dit Pangloss.

Des morceaux de pierre tombent sur Candide. Blessé, il dit à Pangloss :

– Donne-moi un peu de vin et d’huile. Je meurs.

– Il y a eu un tremblement de terre à Lima l’an passé ; mêmes causes, mêmes effets.

– Sans doute, dit Candide, mais donne-moi un peu d’huile et de vin.

14. S’y oppose.

15. Bord de la mer.

16. Ce tremblement a vraiment existé, en 1755.

13

– Sans doute ? répond le philosophe. Non, c’est sûr.

Candide s’évanouit, et Pangloss lui donne un peu d’eau.

Le lendemain, ils aident les habitants. Quelques personnes leur donnent à manger. Le repas est triste, mais Pangloss dit que les choses ne pouvaient être différentes : « Tout ceci est ce qu’il y a de mieux, car s’il y a un volcan17 à Lisbonne, il ne pouvait être ailleurs. »

Un petit homme habillé en noir lui dit :

– Monsieur ne croit pas au péché originel*.

– Le péché originel était nécessaire, répond Pangloss.

– Monsieur ne croit donc pas à la liberté ? demande l’homme.

L’homme fait un signe de tête à un homme qui lui servait à boire. Après le repas, on arrête trois hommes, Pangloss et Candide car il écoute son maître. Après le tremblement de terre, les sages du pays avaient décidé de faire un bel autodafé* pour que la terre ne tremble plus. Huit jours après, on les habille, on les fait marcher et ils doivent écouter un sermon*. Candide est fessé18, les trois hommes sont brûlés et Pangloss est pendu. Le même jour, la terre tremble une nouvelle fois. Candide, horrifié, se dit : Si c’est ici le meilleur des mondes possibles*, comment sont les autres mondes ? Mon cher Pangloss, pendu ! Jacques, le meilleur des hommes, noyé ! Mademoiselle Cunégonde, la plus belle des filles, morte !

Une vieille femme s’approche de lui et lui dit : « Mon fils, suivez-moi. »

17.Ouverture dans la terre qui parfois se réveille et crache du gaz. 18.Tapé sur les fesses.

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LECTURES CLE

EN FRANÇAIS FACILE

CANDIDE Voltaire

Candide voyage à travers le monde à la recherche de son amour, Cunégonde. Il croit au début que tout est toujours pour le mieux, mais après avoir vécu de nombreuses difficultés et rencontres malheureuses, il réalise que la vie est souvent difficile. À la fin,il conclut que le bonheur réside dans le fait de s’occuper de ses propres affaires. Le livre critique la pensée optimiste et explore les défis de la vi.

GRANDS ADOS ET ADULTES

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ISBN

1200 mots MOTS NIVEAU NIVEAU 1 NIVEAU 2NIVEAU 3NIVEAU 4 CECR A1 A2B1B2 400 À 700 700 À 12001200 À 1700 + DE 1700
978-209-035933-6
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