Pasteur, l’histoire du vaccin
Françoise Claustres
Pasteur, l’histoire du vaccin
Françoise Claustres
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Direction éditoriale : Béatrice Rego
Marketing : Thierry Lucas
Édition : Marie-Charlotte Serio
Couverture : Fernando San Martin
Mise en page : Isabelle Vacher
Enregistrement : Blynd
© CLE International, dépôt légal : novembre 2024
Code éditeur : 263980
ISBN : 978-209-039557-0
Sommaire
• Chapitre I Les jeunes années ................................... p. 4
• Chapitre II Les débuts dans la vie ........................... p. 12
• Chapitre III Les premières grandes découvertes .... p. 19
• Chapitre IV Honneurs et malheurs ......................... p. 27
• Chapitre V La découverte de sa vie ......................... p. 34
• Chapitre VI Célébrité et postérité ........................... p. 42
• Annexe I : Chronologie ............................................. p. 50
• Annexe II : L’institut Pasteur en chiffres ................ p. 51
• Vocabulaire ............................................................... p. 54
• Activités ..................................................................... p. 58
• Solutions .................................................................... p. 61
• Pour aller plus loin ................................................... p. 63
Les mots ou expressions suivis d'un astérisque (*) sont expliqués dans le Vocabulaire, page 54.
1 CHAPITRE I
Les jeunes années
Louis Pasteur naît à Dole, dans le Jura, le 27 décembre 1822. Le Jura est une région qui se trouve dans l’est de la France. Il y a des lacs, des montagnes…
Le père de Louis, Jean-Joseph Pasteur, est un tanneur. Un tanneur travaille la peau des animaux pour faire du cuir. La mère de Louis est Jeanne-Étiennette Roqui. C’est la fille d’un jardinier. Son père et sa mère, avant lui, ont un premier enfant, qui meurt. C’est fréquent à l’époque. Puis ils ont une fille, qui a environ quatre ans et demi quand Louis naît. Louis est le seul garçon de ses parents. Et un fils, c’est très important à l’époque !
En 1827, la famille de Louis déménage à Arbois, à une trentaine de kilomètres de Dole. Elle vit dans une tannerie.
Une rivière, la Cuisance, coule entre la tannerie et le jardin. De la maison, on voit le vieux clocher de l’église, puis les collines des vignes1. La famille habite à l’étage de la maison ; la tannerie est en bas. Dans la maison, on sent l’odeur des peaux de bête que le père de Louis et ses ouvriers trempent dans des bacs2. Louis aime cette maison et toute sa vie, il va y aller l’été pour les vacances. Il va aussi plus tard transformer la maison et installer un laboratoire pour faire des expériences. Aujourd’hui, on peut visiter cette maison.
1. Plante qui produit le raisin avec lequel on fait du vin.
2. Récipient.
par le sculpteur Horace
en 1901.
Pendant que le père de Louis travaille dans la tannerie, sa mère travaille avec les fournisseurs3 et les clients.
Quelques jours après la naissance de Louis, le 15 janvier 1823, on baptise Louis à l’église.
3. Personne ou entreprise qui produit, fabrique la marchandise.
Statue en bronze de Louis Pasteur à Arbois, France, Jura, réalisée
Daillion
Le rêve de son père
Le père de Louis rêve d’un beau futur pour son fils, il rêve d’un bon travail, d’ascension sociale. Alors il envoie Louis à l’école puis au collège d’Arbois. C’est rare à l’époque. Peu d’enfants font des études. En plus, à la maison, Louis rencontre des gens cultivés : le médecin de l’hôpital, un docteur, un capitaine, le principal4 du collège. Pourtant, au début, Louis n’est pas un très bon élève. C’est un élève moyen, calme, qui parle peu. Souvent, en classe, il termine les exercices en retard.
– Dépêchez-vous, Louis, dit le professeur. Vos camarades jouent déjà dans la cour.
Son père admire Napoléon Bonaparte. C’est un ancien soldat de Napoléon et, comme tous les soldats de Napoléon, il adore l’ancien empereur des Français.
Napoléon Bonaparte
Napoléon naît en Corse, une île française au sud de la France, en 1769. Il vient d’une famille modeste5. Bonaparte devient militaire. Il est général pendant les guerres sous la Révolution française. Il multiplie les victoires. Le peuple l’aime. Napoléon prend le pouvoir en 1799. En 1804, il est empereur des Français. Il prend le nom de Napoléon Ier. De 1805 à 1812, il gagne beaucoup de batailles mais, après, il perd. En 1814, on le chasse. Il revient au pouvoir en 1815 mais il perd la bataille de Waterloo. On le chasse à nouveau.
On l’enferme sur l’île britannique de Sainte-Hélène où il meurt en 1821.
4. Le directeur.
5. Pas très riche.
Le père de Louis rêve d’un avenir un peu semblable pour son fils. Il a des regrets car il n’a pas fait d’études, alors, le soir, quand les enfants dorment, il étudie. Autour de lui, il y a plein de livres et de cahiers : des livres d’histoire, des grammaires. Et quand son fils rentre du collège, il l’aide à revoir ses leçons. Il veut que Louis continue ses études.
– C’est bien, Louis. Va te coucher maintenant.
Plus tard, lors d’un discours6, en 1885, Louis dit que son père est son premier maître, qu’il lui a donné l’amour du travail. Un jour, il dit aussi : « Le travail, il n’y a que cela qui m’amuse. »
Artiste ou professeur ?
Mais Louis, pour l’instant, pense surtout à … dessiner ! Il dessine très bien. Il sait observer, ce qui va lui servir plus tard dans ses recherches. Il fait surtout des portraits et est très exigeant avec lui-même. Ses camarades de classe admirent son travail.
– Il est super ton dessin, Louis !
– Montre d’autres dessins, Louis, dit un de ses camarades. Louis sort plusieurs portraits d’une pochette.
– Ils sont magnifiques !
En 1836, Louis réalise un pastel de sa mère. Les pastels sont des bâtonnets de couleur utilisés en dessin et en peinture. On appelle aussi pastel le dessin fait avec ces bâtonnets. Sur son pastel, sa mère porte un bonnet blanc et un châle. Le portrait lui ressemble beaucoup. Quand Louis montre son pastel à sa famille, sa mère lui dit :
– C’est très bien, Louis. Aimerais-tu devenir peintre ?
6. Paroles de quelqu’un en public, devant des gens.
Mais le père de Louis n’est pas d’accord. Il rêve d’un plus beau métier pour son fils, un métier plus sérieux, plus stable. Louis, lui, ne sait pas. Il adore dessiner. Mais, au collège, ses résultats progressent. Un jour, le principal du collège d’Arbois vient voir le père de Louis. – Les résultats de Louis sont bons. Je pense qu’il peut préparer une grande école, comme l’École normale.
Le père de Louis est très heureux. C’est Napoléon qui, en 1808, crée l’École normale. Cette école prépare les étudiants à devenir professeur. Professeur, voici un bon métier pour son fils ! Alors, en 1838, on met Louis en pension à Paris dans une école qui prépare à l’École normale. Mais Louis est trop jeune, il a quinze ans, sa famille lui manque. Très vite, il revient à Arbois et… dessine. En 1839, on le met moins loin, au collège de Besançon, à cinquante kilomètres de la maison. Son père va souvent à Besançon pour vendre des peaux. Louis ne rentre pas tous les soirs à Arbois. Il est pensionnaire. Il dort à Besançon la semaine. Alors il écrit souvent à sa famille : « Mes chères sœurs, je vous le recommande encore, travaillez, aimez-vous (…) Une fois qu’on est au travail, on ne peut plus vivre sans lui. Aimez-vous toutes comme je vous aime. » Pour aider ses parents à payer la pension, Louis devient maître d’études suppléant : il surveille les études, les récréations et les promenades des élèves.
Louis aime de plus en plus travailler. Mais les gens aiment beaucoup ses pastels. Il essaie la lithographie, trace dans la pierre le visage de son meilleur ami, Charles Chappuis puis l’imprime. Charles est le fils d’un notaire. En 1840, Louis est bachelier ès7 lettres. Il fait le portrait de Didier Netzer, un camarade de collège. De ses treize ans 7. Il a le bac littéraire. Ès : en les.
à ses vingt ans, Pasteur réalise une quarantaine de pastels et dessins qui permettent de savoir à quoi ressemblent les hommes et femmes du xixe siècle.
En 1842, Louis est bachelier es mathématiques. Il a vingt ans. Il réalise le portrait de son père. Il le peint avec ses cheveux noirs et un vêtement noir. Il regarde son pastel. Il ne dessinera plus : il va préparer le concours de l’École normale. Il va devoir travailler beaucoup. Il n’a pas le temps de dessiner. Il préfère étudier pour devenir professeur et pourquoi pas chercheur8. L’École normale prépare en effet aussi à devenir chercheur.
Les études à Paris
Louis part à Paris avec Charles Chappuis. Cette fois, il ne rentre pas à Arbois. Il reste à Paris et travaille. Dans sa chambre, le soir, il y a plein de livres sur la table et une chandelle9 allumée. Tous les jeudis, il travaille à la bibliothèque. Un jour, il assiste à une conférence d’un grand chimiste : Jean-Baptiste Dumas. Il revient assister à des conférences et raconte ce qu’il voit à son père : « La salle est immense, et toujours remplie. Il faut aller une demi-heure en avance pour avoir une bonne place, comme au théâtre. »
Grâce à son travail, en 1843, il réussit le concours de l’École normale. Il est quatrième. L’École normale supérieure, depuis 1843, se trouve près du Panthéon. Le Panthéon est un monument où reposent des Français très célèbres importants pour l’histoire de France : des écrivains, des hommes politiques… À nouveau, il travaille beaucoup. Il est heureux malgré la mauvaise nourriture et le manque
8. Un chercheur fait des expériences, des recherches pour découvrir des choses nouvelles. 9. Bougie.
de confort10. Il écrit à ses parents en novembre 1843 : « Je me trouve bien, la nourriture est bonne, nos dortoirs11 sont humides il est vrai mais on ne s’en aperçoit pas beaucoup, l’école est bien organisée, il y a douze heures de travail par jour (cours à l’université de la Sorbonne, conférences à l’École…) ; le mardi, tout l’après-midi, on manipule12 (…) il y a un laboratoire où tous les jours pendant une heure on peut aller faire de la menuiserie, de la serrurerie… (…) À l’École, pour la chimie, nous avons un très bon professeur ; à l’université de la Sorbonne, le professeur de chimie est M. Dumas, le premier des chimistes français. »
Tous les dimanches après-midi, Louis Pasteur travaille dans le laboratoire de Dumas, à la Sorbonne. Il travaille, travaille et son père a peur pour la santé de son fils. Alors son père demande à Charles Chappuis, l’ami de son fils, de veiller sur son fils et de le distraire13 le dimanche. Mais Louis ne veut pas sortir. Il veut travailler.
En 1846, il réussit le concours de l’agrégation. Il est à présent professeur agrégé. Il est reçu troisième. Pour lui, ce n’est pas assez bien ! On le nomme professeur au lycée de Tournon, en Ardèche. L’Ardèche, c’est loin des laboratoires de recherche… Grâce à des gens, il devient préparateur à l’École normale, à Paris. Un préparateur prépare le travail pour les chercheurs. Louis peut rester à Paris et continuer ses recherches. Oui, parce que Louis veut surtout chercher, découvrir des choses, aider le monde par ses expériences.
En 1847 Louis Pasteur est docteur ès sciences. Que va-t-il découvrir maintenant ?
10. Douceur, bien-être.
11. Chambre ou salle commune où les élèves dorment.
12. Fait des expériences.
13. Lui changer les idées, le sortir de son travail, l’amuser.
Louis Pasteur à 24 ans.
2 CHAPITRE II
Les débuts dans la vie
La vie de Louis Pasteur, avec ses hauts et ses bas, suit l’histoire de France, riche au xixe siècle. Elle commence sous Bonaparte, voit après le retour des rois puis le retour de la République puis l’arrivée du Second Empire, et enfin le retour de la République.
En 1848, le roi Louis-Philippe d’Orléans, filleul de Louis XVI, est au pouvoir depuis 1830. La situation est difficile en France. C’est la crise économique. Les ouvriers sortent dans la rue et manifestent. Le roi est de plus en plus autoritaire. C’est aussi la crise politique. Une nouvelle révolution commence en février. Louis-Philippe doit partir. Les Français ne veulent plus de roi. La IIe République prend la place de Louis-Philippe. Les Français veulent gouverner eux-mêmes. Ils votent la liberté de la presse, la fin de l’esclavage et le droit de vote pour tous les hommes de plus de vingt et un ans.
Les cristaux*
Pendant ce temps, Pasteur commence ses recherches et étudie les cristaux. Il cherche à comprendre pourquoi des cristaux, identiques, ont des propriétés différentes.
L’acide* tartrique et l’acide paratartrique ont les mêmes éléments chimiques mais ils n’ont pas les mêmes propriétés vis-à-vis de lumière. On trouve l’acide tartrique dans les tonneaux de vin. À l’époque, on l’utilise en teinturerie14 pour fixer les couleurs sur les tissus. L’acide tartrique chauffé 14. Atelier où on colore (teint) les tissus.
donne l’acide paratartrique. L’acide tartrique dévie15 la lumière vers la droite. L’acide paratartrique ne dévie pas la lumière. Pourquoi ? Les scientifiques ne savent pas.
Pasteur fabrique des cristaux avec ces acides pour les étudier. Un jour, il découvre que ses cristaux ne sont pas identiques : ils ont une facette16 inclinée soit à gauche, soit à droite. Les deux cristaux sont symétriques entre eux, comme les mains ! Il sépare les deux formes de cristaux et les met dans deux récipients. Il les passe au polarimètre, un appareil qui permet de tester les réactions de la lumière quand elle traverse quelque chose.
– Je crois que je comprends ! dit-il.
Les cristaux du premier récipient, qui ont une facette inclinée vers la gauche, dévient la lumière vers la gauche ; les cristaux du second récipient, qui ont une facette inclinée vers la droite, dévient la lumière vers la droite. Mais l’acide paratartrique a le même nombre de cristaux droits que de cristaux gauches. Il est donc neutre vis-à-vis de la lumière. Voilà pourquoi il ne dévie pas la lumière !
L’acide paratartrique a donc deux sortes de cristaux et l’acide tartrique un seul. C’est une première grande découverte pour Pasteur !
Quelques mois plus tard, il recommence l’expérience devant Jean-Baptiste Biot, un célèbre physicien de soixantequatorze ans, spécialiste des cristaux, au laboratoire du Collège de France. Le Collège de France est un grand établissement d’enseignement et de recherche. Devant JeanBaptiste Biot, il sépare l’acide paratartrique en cristaux droits et gauches et invite Biot à regarder le résultat.
15. Change de direction et va vers.
16. Face, côté.
– Vous voyez, les deux cristaux ne font pas la même chose avec la lumière.
– Bravo jeune homme ! répond Biot.
Et il ajoute : « Mon cher enfant, j’ai tant aimé les sciences dans ma vie que cela me fait battre le cœur. »
Pendant ce temps, l’histoire de France avance. LouisNapoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon Bonaparte, devient en décembre 1848 le président de la République. Pasteur est content car, comme son père, il aime Napoléon et les gens de sa famille.
Fin décembre, Pasteur obtient17 un poste de professeur de chimie à l’université de Strasbourg, dans l’est de la France.
Travail et amour
Quand il arrive à Strasbourg, Louis Pasteur rencontre le recteur18 de l’université, M. Laurent. Il rencontre aussi une des filles du recteur, Marie, qui a vingt-trois ans. C’est le coup de foudre19. Louis ne veut plus rester célibataire. Il veut épouser Marie. Le 10 février 1849, M. Laurent reçoit une lettre de demande en mariage pour sa fille.
Pasteur explique dans cette lettre qu’il espère revenir à Paris et reprendre ses recherches. Pasteur est un bon parti20. M. Laurent accepte de lui donner sa fille. À partir de ce moment, Louis écrit souvent à Marie. En avril, il lui écrit : « Vous êtes aujourd’hui tout pour moi… Je voudrais toujours être auprès de vous… »
17. A.
18. Directeur.
19. Avoir un coup de foudre, c’est tomber amoureux.
20. Louis est un bon parti car il a de l’avenir : il a un bon métier, est déjà célèbre. C’est bien pour sa fille.
Le 29 mai 1849, Louis et Marie se marient dans l’église Sainte-Madeleine de Strasbourg. Hélas, la mère de Louis n’est pas là : elle est morte en 1848. En septembre, Louis écrit à sa femme : « Je me sens (je suis) bien heureux, je t’assure, quand je pense que le Ciel m’a donné pour compagne de ma vie une femme douée d’aussi précieuses qualités que les tiennes. » Et en octobre : « Tu feras (vas faire) ce voyage avec la plus grande facilité. Surtout prends force (beaucoup de) manteaux et couvertures. Les nuits sont très froides. Songe à tes pieds. » Louis prend soin21 de sa femme !
Marie, pendant toute sa vie, va aider son mari dans son travail : elle va écrire sous la dictée22 de son mari, préparer des lettres, des documents… Car Louis travaille beaucoup. Le soir, il ne veut pas aller dormir. Parfois, il ne parle pas pendant des jours car ses recherches n’avancent pas puis il se met à beaucoup parler quand ses recherches avancent. Le couple ne sort pas beaucoup. Louis préfère… travailler ! Il continue ses recherches sur l’acide paratartrique et l’acide tartrique. Parfois, Louis et sa femme voient Charles Chappuis qui travaille à l’université de lettres de Strasbourg.
Le couple va avoir trois enfants à Strasbourg : Jeanne, en 1850 ; Jean-Baptiste, qui a le prénom de son parrain, Jean-Baptiste Biot, en 1851 ; et Cécile en 1853. Louis est un bon père. Il chante des chansons aux enfants pour les endormir.
– Dors, mon fils, dors.
Marie le regarde avec amour.
21. Fait attention, veille sur. 22. Écrire sous la dictée de : une personne parle et une autre écrit ce que dit la première personne.
LECTURES CLE
EN FRANÇAIS FACILE
PASTEUR, L’HISTOIRE DU VACCIN
Françoise Claustres
Le vaccin contre la rage, la pasteurisation, la stérilisation... on doit ces découvertes à un homme, Louis Pasteur. Qui est-il ? Quels sont ses apports à la science et à la médecine ? Un récit captivant de la vie de ce grand scientifique.
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