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Trop discrète recherche
À l’heure où l’on confond trop souvent exhibition de soi et pensée, où l’intelligence s’étale sur les réseaux sociaux comme une confiture tournée, où la culture se réduit à des citations tronquées et où les politiques ont troqué la vision d’un destin collectif contre la quête fébrile de leur prochaine réélection, la recherche, elle, reste discrète. Trop discrète.
Pendant que les débats publics mélangent allègrement les pommes et les poires, certains leaders, eux, ont bien saisi l’enjeu stratégique de la connaissance. Donald Trump, Viktor Orbán, Recep Tayyip Erdoğan, Vladimir Poutine ou Xi Jinping partagent un même réflexe : vouloir plier la science et la recherche à leur volonté politique, dans une entreprise méthodique d’ingénierie idéologique.

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traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg)
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Contrôle direct des 115 instituts de recherche par le gouvernement hongrois. Purges de milliers de chercheurs et réécriture des manuels scolaires en Turquie. Censure d’articles académiques en Chine – y compris dans des universités occidentales prêtes à courber l’échine face à Pékin. Réécriture patriotique de l’Histoire en Russie, assortie de menaces pénales pour « discrédit de l’armée ». Ou encore bras de fer engagé par le président américain contre ses propres universités. Autant de signaux d’alarme qui révèlent une même peur viscérale, celle d’une pensée autonome, critique, libre. Hannah Arendt l’avait déjà montré : l’un des fondements du totalitarisme est précisément l’isolement des chercheurs, la coupure entre le savoir et la société. C’est ce lien qu’il faut préserver. Mieux : qu’il faut renforcer. C’est l’ambition modeste mais déterminée de ce supplément. Mettre en lumière ces ponts invisibles entre laboratoires et entreprises, entre découvertes et usages, entre recherche et société. Donner des visages à l’innovation. Montrer comment, au Luxembourg, les chercheurs travaillent – souvent main dans la main avec les acteurs économiques – à dessiner les contours d’un futur plus solide, plus intelligent, plus durable. Reste à eux d’assumer cette excellence, cette rigueur, cette utilité. Et de l’installer, pleinement, dans l’espace public.
Rédacteur en chef THIERRY LABRO
08 STÉPHANIE OBERTIN
« L’attraction de talents venus de l’étranger est une priorité »
18 L’ÉCOSYSTÈME DE RECHERCHE PUBLIQUE Université-centres de recherche publics-FNR : la trinité de la recherche
26 APPROCHE
Quatre secteurs prioritaires pour le Luxembourg
28 INITIATIVE DU LISER
Comment le Policy Lab peut avoir un impact sur l’entreprise
34 LA RECHERCHE PRIVÉE AU LUXEMBOURG Une recherche au service du marché
38 PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ Se lancer dans un PPP : mode d’emploi
42 INVESTMENTS The FNR’s main instruments to support publicprivate partnerships
44 DATA Dépenses et performance : données-clés

La ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, Stéphanie Obertin, partage ses ambitions et réalisations pour la recherche au Luxembourg.

represent



50 ARCELORMITTAL’S R&D CENTRE “Steel is a high-tech material that is constantly evolving”
54 BOOSTING INNOVATION Luxembourg defence innovation and dual-use technologies
56 GENERATIVE AI AI gives anyone access to the most advanced satellite intelligence
58 CLASSEMENT L’impact détrône le nombre de publications
60 BON À SAVOIR Toutes les aides pour les PME
64 THE FACES OF RESEARCH AT THE UNIVERSITY OF LUXEMBOURG AND THE LISER 24 Minds, 1,000 Ideas
They
the research sector at the University of Luxembourg and Liser: Alexandre Tkatchenko, Camille Perchoux, Paul Wilmes, Denisa M. Sologon and 20 other talented researchers whose portraits are waiting to be seen.

Nexus Luxembourg returns in 2025 for its second annual edition — a two-day tech symposium and exhibition spotlighting AI, technology, and business. Building on its debut success with participants from 62 countries, Nexus aims to draw an even broader global audience. The event will showcase Luxembourg’s thriving tech and innovation ecosystem, blending public and private initiatives in an intimate, boutiquestyle setting designed for impactful networking and strategic connections.
First speakers:








James Peng CEO, Pony AI








Laurent Mosar Member of Parliament, Alderman Luxembourg City


Nir Zohar President and COO, Wix.com


Richard Lindeen Head of Courier Strategy & Innovation, Wolt












Ewald Liess Co-CEO and CRO, Teraki GmbH


Nathalie Magniez Head of Sustainability, Sales & Marketing STMicroelectronics




John Ho Global Head of Legal, Financial Markets, Standard Chartered


Merete Clausen Deputy Chief Executive, European Investment Fund


Juan Reyes Head of Business Planning Europe WFS, Amazon
H.R.H. the Crown Prince
Xavier Bettel Deputy Prime Minister, Minister for Foreign Affairs and Foreign Trade
Luc Frieden Prime Minister of Luxembourg
Mario Grotz CEO, Luxinnovation
Carlo Thelen Director General, Luxembourg Chamber of Commerce
Gilles Roth Minister of Finance
Stephanie Obertin Minister for Digitalisation Minister for Research and Higher Education
Jan Beger Global Head of AI Advocacy, GE Healthcare
Irina Novoselsky CEO, Hootsuite
Jessica Pan Global Outreach Team, SandboxAQ
Lydie Polfer Mayor of Luxembourg City
Matis Pellerin Vice President, Global Government AffairsOracle Corporation
« L’attraction de talents venus de l’étranger est une priorité »
Stéphanie Obertin est à la charge de la digitalisation de l’administration, de la recherche publique, une recherche axée sur les secteurs accompagnant les mutations technologiques, économiques et sociétales et de l’enseignement supérieur. À ce titre, elle exerce la tutelle sur l’Université du Luxembourg.

La nomination de Stéphanie Obertin, médecin de formation, a été une des surprises du gouvernement Frieden.
Dans le cadre de la stratégie nationale de la recherche et de l’innovation, quels sont les champs de recherche prioritaires en ce moment ?
Nous travaillons sur plusieurs projets. Dans le domaine des services, l’intelligence artificielle est une priorité. Notre objectif est de développer des systèmes qui soient fiables, transparents et qui utilisent un minimum de ressources. Dans le domaine des services toujours, nous avons créé, début 2024, à l’Université, le Luxembourg Centre for European Law (LCEL) (à lire en page 18, ndlr).
Dans un domaine connexe, nous développons le projet phare 4LM qui vise à positionner le Luxembourg comme un leader avant-gardiste dans les technologies de conformité et exploitant la puissance de l’IA pour gérer un fardeau réglementaire de plus en plus ressenti au niveau de l’UE, mais aussi national. Ce projet facilitera la charge administrative, par exemple en matière de déclaration d’impôt pour les citoyens, de démarches GDPR pour les entreprises ou d’élaboration de lois. Il fait partie des trois stratégies nationales concernant les domaines de l’intelligence artificielle, des données et des technologies quantiques. Ces trois nouvelles stratégies prévues dans le programme gouvernemental s’imbriquent parfaitement avec la stratégie nationale de la recherche et de l’innovation.
Dans le secteur de l’éducation, l’Université poursuit différents projets de recherche qualitative et quantitative sur divers aspects de l’enseignement, de l’apprentissage, de l’inclusion et de l’égalité, des politiques éducatives, des études scientifiques et technologiques. De son côté, le Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (Liser) travaille, en exploitant notamment le big data, à la définition des compétences nécessaires pour le marché du travail du futur.
« Nous sommes à la fois un pays qui est attractif et qui réussit à maintenir les jeunes talents au Luxembourg. »
plateformes de services et d’innovation. Pour ce qui est du développement durable et responsable, le centre interdisciplinaire Luxembourg Centre for SocioEnvironmental Systems (LCSES) est en train de se mettre en place à l’Université. Et enfin, dans le domaine de la médecine, nous avons inauguré en 2022 le LCTRFuerschungsklinik. Cogéré à la fois par le CHL et le LIH, en étroite collaboration avec les Hôpitaux Robert-Schuman (HRS) et le Centre hospitalier Emile-Mayrisch (CHEM), le LCTR-Fuerschungsklinik offre à tous les acteurs de la santé et de la recherche au Luxembourg une plateforme pour favoriser l’innovation technologique et la transférer dans la pratique clinique. Il vise également à développer de nouvelles solutions médicales personnalisées pour améliorer la prévention, le diagnostic et le traitement des principales maladies chroniques – telles que le cancer, les maladies infectieuses et les troubles immunitaires et neurodégénératifs, entre autres.
Dans le même secteur, on peut aussi citer le Luxembourg Media and Digital Design Centre (LMDDC) créé en 2020 en tant que groupement d’intérêt économique (GIE) entre le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, le ministère de l’Éducation nationale et le List, dont la mission est le soutien, à l’échelle nationale, à l’apprentissage digital, et la création de 70 %
Cela fait beaucoup de projets. Est-ce que vous avez suffisamment de chercheurs pour pouvoir tous les faire avancer ?
Nous comptons actuellement environ 3.000 chercheurs au Luxembourg, ce qui est déjà un chiffre respectable. Mais il y a toujours moyen de faire mieux. Le Luxembourg dispose d’un écosystème de recherche résolument tourné vers l’international, et l’attraction de talents venus de l’étranger constitue une priorité stratégique. Nous en attirons d’ailleurs beaucoup. Il faut aussi savoir que, d’après l’Université du Luxembourg, 70 % des
Pourcentage des étudiants diplômés de master et de doctorat de l’Université qui travaillent ensuite au Luxembourg.
étudiants diplômés de master et de doctorat de l’Université travaillent ensuite au Luxembourg ; ce n’est pas mal en comparaison au niveau internationale. Nous sommes à la fois un pays qui est attractif et qui réussit à maintenir les jeunes talents au Luxembourg.
Justement, qu’est-ce qui attire les chercheurs au Luxembourg ?
Il y a plusieurs volets à mentionner. D’abord, il y a la qualité de la recherche réalisée dans nos centres de recherche et à l’Université. Nos institutions jouissent, dans beaucoup de domaines, d’une excellente renommée internationale.
Et, bien sûr, il y a le volet financier : le Fonds national de la recherche (FNR) propose les programmes Pearl et Attract. Le programme Pearl vise à faire venir au Luxembourg des chercheurs de haut niveau dans des domaines de recherche jugés stratégiques, tandis que le programme Attract s’adresse à de jeunes chercheurs prometteurs souhaitant créer leur propre équipe au sein de notre écosystème de recherche. La contribution financière du FNR peut aller jusqu’à 1,5 million pour les chercheurs débutants et 2 millions pour les chercheurs confirmés. Pour 2025, le FNR espère pouvoir financer 1 à 2 projets.
En 2024, ces deux dispositifs ont été évalués de manière externe, et les résultats ont confirmé leur importance pour le renforcement ciblé de notre écosystème scientifique. Le gouvernement entend donc les poursuivre, avec des ajustements spécifiques pour les rendre encore plus efficaces.
Le Luxembourg participe également à des initiatives européennes majeures, telles qu’Euraxess, visant à faciliter la mobilité des chercheurs au sein de l’Europe et incluant un volet d’attraction de chercheurs internationaux, et s’appuie sur la plateforme Research Luxembourg, qui regroupe l’ensemble des institutions publiques de recherche pour promouvoir la recherche au Grand-Duché au niveau international.
Le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur participe aussi activement au comité interministériel pour l’attraction de talents, où le domaine de la recherche est pleinement intégré, notamment dans le cadre du développement en
cours d’un portail national dédié à cette thématique.
Et last but not least : un rôle important pour attirer les talents, mais aussi pour former et développer leurs compétences et les adapter aux besoins du marché du travail, revient à l’enseignement supérieur – donc dans une perspective d’attraction, mais aussi de rétention et de développement des talents.
En particulier, la formation continue au niveau de l’enseignement supérieur est importante, d’une part pour développer davantage les compétences des talents déjà présents au Luxembourg, et d’autre part aussi comme facteur d’attraction pour les professionnels, pour qui la présence d’une telle offre est un atout.
Ayant intégré l’University of Luxembourg Competence Centre à l’Université du Luxembourg le 1er janvier de cette année, nous essayons d’améliorer le cadre de la formation continue universitaire et d’élargir davantage cette offre.
En outre, il est important que l’Université propose également une formation initiale dans les domaines où les talents sont recherchés sur le marché du travail ; les services, l’ingénierie et les professions de santé en sont des exemples ; d’autres sont, par exemple, les nouveaux masters en éducation ou les masters spécialisés dans des domaines comme le calcul haute performance, la cybersécurité ou la science des données.
L’Université du Luxembourg – notamment en raison du fait que les frais d’inscription pour les étudiants européens et non européens sont les mêmes – attire de nombreux étudiants internationaux, notamment aux niveaux master et doctorat. 57 % de tous les étudiants de l’Université ne sont pas luxembourgeois et environ 20 % viennent de pays hors UE.
La question d’actualité : dans le secteur la recherche, c’est la fuite potentielle des cerveaux américains face aux ingérences de Donald Trump. Est-ce qu’il y a des Américains qui vous ont contacté ou est-ce que vous comptez démarcher ce vivier ?
Notre politique n’est pas de démarcher proactivement des chercheurs dans des universités étrangères. Nous mettons bien
UNE MINISTRE ET UNE STRATÉGIE
À la tête de son ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, Stéphanie Obertin est responsable du déploiement et du suivi de la stratégie nationale de la recherche et de l’innovation présenté début 2020.
Stratégie qui a comme objectif de mettre en place un cadre général pour définir les priorités permettant de trouver des solutions aux défis auxquels le Luxembourg est ou sera confronté dans les prochaines années, et donc de mieux cibler la recherche.
Les quatre domaines choisis sont :
La transformation de l’industrie et des services
Tout ce qui touche à la fintech, aux données, à la robotique, aux matériaux, aux systèmes autonomes, à l’espace et à la télécommunication ;
La santé personnalisée Domaine qui couvre la médecine de précision et prévention ;
Le développement durable et responsable
L’éducation du 21e siècle C’estàdire le développement de nouveaux programmes pour former aux nouvelles technologies émergentes et au multilinguisme.
« Ces priorités ne sont pas figées. Elles évoluent dans le temps en fonction de la dynamique socioéconomique mondiale et du Luxembourg. C’est un processus en perpétuelle évolution. »
sûr en avant nos atouts comme notre multilinguisme ou la qualité de nos programmes de recherche, mais nous n’allons pas chercher à débaucher des gens. Pour ce qui est des chercheurs américains, l’Université nous a remonté une hausse des prises de contact, mais cette hausse ne serait pas énorme.
Quelle est l’image de la recherche luxembourgeoise à l’étranger ?
L’image de la recherche publique luxembourgeoise à l’international est, au vu de sa qualité, très bonne. Un indicateur qui témoigne de la qualité de nos projets est celui des financements européens obtenus. Au titre des programmes européens Horizon 2020 et Horizon Europe, nos centres de recherche ont reçu, pour 315 projets retenus en tout, presque 180 millions d’euros ces 10 dernières années.
L’argent reste le nerf de la guerre. Comment travaillez-vous à la valorisation économique des résultats de ces recherches ? L’accord de gouvernement parle d’une agence de transfert pour les start-up et les spin-off. Où en êtes-vous sur ce projet ?
La valorisation des résultats de la recherche publique est en effet un pilier fondamental pour une politique d’innovation ambitieuse. Dès lors, le gouvernement a mis en place un Tech Transfer Strategy Group (TTSG), réunissant des représentants du ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, du ministère de l’Économie, de Luxinnovation, de l’incubateur Technoport et des institutions de recherche publiques. Ce groupe de travail a pour mission de proposer un plan d’action visant à améliorer le transfert de technologies et à favoriser la création de spin-off issus de la recherche publique. Mais le Tech Transfer Strategy Group a non seulement pour mission d’accompagner le transfert technologique, mais il est également chargé d’identifier les obstacles actuels à la valorisation, y compris les incohérences en matière de règles de propriété intellectuelle, et de proposer des solutions pour les surmonter. Cela permettra d’établir un cadre transparent, plus attractif et compréhensible pour les chercheurs comme pour les industriels.
« Nos institutions de recherche jouissent, dans beaucoup de domaines, d’une excellente renommée internationale. »
L’objectif n’est pas d’augmenter simplement le nombre de brevets, mais de transformer les résultats de recherche en valeur économique tangible, via des projets d’entreprise viables, évolutifs et créateurs d’emplois au Luxembourg.
Parmi vos grands chantiers, il y a l’intelligence artificielle. Quel peut être l’impact de l’intelligence artificielle sur la recherche ?
L’IA est une technologie émergente dont on commence à peine à voir toutes les implications et applications possibles. Elle va jouer son rôle certain, tout comme dans beaucoup d’autres domaines comme la mobilité, les finances, la médecine. Je pense que le recours à l’IA va permettre de faciliter l’analyse des données qui sortent du domaine de la recherche et de mieux répondre aux besoins que nous avons. Comme je l’ai déjà évoqué, le gouvernement vient de finaliser ses trois stratégies nationales relatives à l’IA, aux données et aux technologies quantiques. Trois stratégies fortement liées les unes aux autres au point qu’on ne peut pas les dissocier complètement. Quatre ministères ont travaillé ensemble d’une manière transversale : le ministère d’État et les services chargés des médias et de la connectivité ont travaillé sur l’intelligence artificielle ; le ministère de la Digitalisation a travaillé sur la stratégie des données, et les ministères de la Recherche et de l’Économie sur les technologies quantiques. Les résultats de ces travaux ont été présentés au Conseil de gouvernement le 2 mai dernier. Des annonces détaillées vont rapidement venir. Ce que je peux vous dire aujourd’hui, c’est que ces stratégies nous donnent un cadre
« Le FNR jouit d’une grande expérience dans l’évaluation scientifique, expérience qui, dans le futur, pourra être mise au profit de la recherche nationale dans son ensemble. »
nous permettant de coordonner les travaux et de mieux cibler les investissements dans ces technologies émergentes. Ces stratégies nous permettent de définir plus précisément les domaines où nous voulons créer des pôles d’excellence.
Quels domaines avez-vous ciblés jusqu’à présent ?
Il y a un domaine qui s’impose comme le préalable indispensable aux autres : celui des données. Certes, au Luxembourg, nous générons peu de données, mais nous tenons à ce qu’elles soient de qualité. C’est l’esprit du projet de loi 8395 relatif à la valorisation des données dans un environnement de confiance et à la mise en œuvre du principe « Once only », déposé en juin 2024. Le fait d’avoir défini dans ce projet de loi une architecture de gouvernance centralisée chargée de donner les autorisations d’utilisation et de réutilisation des données va nous permettre d’être plus agiles et attractifs que d’autres pays. De même, le choix de ne pas centraliser les données est un atout. Elles resteront chez ceux qui les collectent, tout en étant mises à disposition dans un environnement sécurisé afin d’en faciliter l’accès.
Quels sont les grands autres chantiers sur lesquels travaille le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur ?
Avant la fin de ce semestre, nous allons déposer deux projets de loi. Le premier vise à réformer l’organisation du Fonds national de la recherche. Le FNR est actuellement régi par une loi qui date de 1999, loi
qui nécessite une adaptation à l’écosystème de la recherche tel qu’il existe actuellement. Contrairement à l’époque de sa création, le FNR n’est plus exclusivement une agence de financement, mais il joue un rôle important dans la valorisation et l’internationalisation des résultats de la recherche au Luxembourg. Le FNR jouit d’une grande expérience dans l’évaluation scientifique, expérience qui, dans le futur, pourra être mise au profit de la recherche nationale dans son ensemble, même si le FNR n’est pas directement impliqué dans le financement d’un projet donné.
Le FNR a dès lors un impact direct sur le développement économique et scientifique du pays. Ainsi, la nouvelle loi en préparation sur le FNR accordera une attention encore accrue à la valorisation et au transfert de technologies.
Le deuxième projet sur lequel nous travaillons ne concerne pas la recherche, mais l’aide financière de l’État pour les études supérieures. Le système actuel va être réformé afin de prendre encore davantage en compte la progression des étudiants, sans que la structure de base des aides – à savoir les quatre piliers que sont la bourse de base, la bourse de mobilité, la bourse sociale et la bourse familiale – soit modifiée. Dans cet esprit, nous avons prévu une prime à l’obtention du diplôme de fin d’études. La partie mobilité de la bourse sera majorée, tout comme la subvention d’intérêt.

La souveraineté au service de l’innovation
Libérer le potentiel du numérique ne peut s’établir qu’avec la clé de la confiance. En concrétisant la souveraineté dans le cloud à l’échelle nationale et européenne, DEEP by POST Group offre un cadre pour innover sereinement.

Le cloud souverain
Souvent les enjeux de souveraineté dans le numérique ont été associés aux dimensions de sécurité des données et d’autonomie stratégique. Deux aspects fondateurs et éminemment essentiels, qui renforcent une autre dynamique : la stimulation de l’innovation locale.
« La souveraineté digitale est avant tout une question de liberté et d’indépendance, formant un environnement propice à l’innovation, à la recherche et au développement d’un tissu économique fertile au profit de tout un écosystème : talents, compétitivité de nos entreprises, durabilité et éthique », explique Sébastien Genesca, Directeur de DEEP. Innover librement est un essentiel.
En effet, pour favoriser un sursaut européen indispensable, et avec les mobilisations européenne et nationale qui se renforcent en la matière, les entreprises peuvent plus facilement s’appuyer sur un écosystème de solutions fiables, transparentes et de confiance : celui d’une souveraineté européenne numérique.
C’est en ce sens que DEEP poursuit son engagement : réseaux de communication performants, hébergement et cloud souverain, gestion des données en confiance, intelligence artificielle éthique, plateforme de données de qualité, etc. La mise en œuvre de l’accord avec le champion du cloud européen OVHcloud et DEEP en témoigne plus encore.
L’INNOVATION POUR TOUS
L’innovation peut alors fertiliser dans des domaines aussi essentiels que ceux issus de l’univers des technologies de la santé, de la cybersécurité et la cyberdéfense, de technologies financières et de l’intelligence artificielle.
En rendant la souveraineté accessible, les entreprises de toute taille peuvent avancer sans crainte sur l’atteinte leur propriété intellectuelle ou sur un rapport de forces déséquilibré avec un prestataire technologique. « DEEP croit en une souveraineté numérique qui favorise la réappropriation du développement économique à l’échelle nationale et dans l’Union européenne. En s’appuyant sur des technologies EU, les entreprises peuvent disposer de leviers essentiels qui ont un impact positif sur l’emploi ou la compétitivité nationale et permettent également d’assurer une résilience économique et technologique en cas de crises internationales. »
Pour les start-ups, les PME et les entreprises ou institutions de plus grande taille, la souveraineté permet alors d’innover pour une croissance durable, rentable et responsable.
Ces dynamiques, DEEP les étudie avec soin et à vos côtés. Parlons-en !
de DEEP, un levier stratégique pour une innovation durable, sécurisée et compétitive.

Maîtres chocolatiers
Une fabrication entièrement artisanale
La Maison Oberweis sublime le chocolat, de la fève à la tablette. L’entreprise familiale développe le concept Bean to Bar dans une démarche éthique.
sponsorisé par OBERWEIS
Si tous les chocolats sont par définition « Bean to Bar », c’est-à-dire réalisés à partir de fèves de cacao et transformés en tablettes ou autres créations chocolatées, la Maison Oberweis a décidé de s’inscrire dans une démarche plus éthique et responsable. Elle produit son propre chocolat avec des fèves sélectionnées dans les pays producteurs (République dominicaine, Mexique, etc.) et transformées dans ses ateliers.
Même lorsqu’un chocolat est acheté auprès de grands producteurs de chocolat de qualité, il est souvent issu d’un mélange de fèves de différentes origines pour obtenir une qualité constante, une texture uniforme et un goût standardisé, mais sans possibilité de contrôler l’origine de ces fèves. À l’inverse, « Le chocolatier Bean to Bar redéfinit l’art du chocolat en maîtrisant chaque étape de fabrication pour offrir un cacao pur, éthique et riche en saveurs », explique Damien Stefaniak, Responsable Chocolaterie. Un choix qui garantit une meilleure traçabilité et un impact direct sur la qualité du cacao, en sélectionnant ses propres fèves.
Le Bean to Bar met aussi l’accent sur une approche artisanale et un contrôle
De gauche à droite : Damien Stefaniak, Louis Oberweis, Tom Oberweis.
Photo Eva Krins (Maison Moderne)
DE LA FÈVE À LA TABLETTE : LES ÉTAPES DE FABRICATION DU CHOCOLAT BEAN TO BAR
rigoureux de chaque étape (torréfaction, broyage, conchage). Il offre enfin la liberté de travailler avec des fèves d’origines variées et de valoriser le terroir de chaque plantation.
Un engagement fort sur l’éthique et l’environnement C’est en explorant les plantations de cacao dans des pays producteurs comme la Colombie que Tom et Jeff Oberweis se sont familiarisés avec ce concept. Ils ont découvert, entre autres, le savoir-faire ancestral transmis de génération en génération par les petits producteurs locaux. Ils se sont formés, ainsi que leurs équipes, à ce processus de fabrication long et exigeant. En effet, de l’expérience et des connaissances techniques sont nécessaires pour sélectionner et valoriser ses propres fèves. Une fois récoltées, fermentées et séchées
dans le pays producteur, ces dernières sont transformées en chocolat d’exception dans les ateliers de l’entreprise luxembourgeoise.
À travers le concept Bean to Bar, la Maison Oberweis démontre son engagement social et environnemental dans la transformation du cacao en chocolat. Elle travaille en effet avec des sourceurs spécialisés en lien avec des coopératives locales pour soutenir l’agroforesterie (un mode de culture préservant la biodiversité et protégeant les écosystèmes), assurer une rémunération équitable aux producteurs et garantir des pratiques éthiques (en refusant le travail des enfants et en veillant au respect des droits humains). « Nous n’hésitons pas à acheter les fèves de cacao à un prix bien supérieur au marché pour valoriser le travail des producteurs locaux », précise Tom Oberweis, Co-Directeur.
Innover pour se différencier Pour repousser les limites du savoir-faire artisanal et optimiser chaque étape de la transformation, les équipes privilégient l’innovation. Elles perfectionnent non seulement leurs techniques pour révéler les arômes, mais créent aussi des produits en proposant des textures originales, des associations de saveurs audacieuses et des éditions limitées. Une approche qui permet d’offrir un chocolat unique alliant excellence technique et créativité pour une expérience sensorielle hors du commun. « Nos tablettes de chocolat Bean to Bar représentent environ 25 % de notre gamme chocolatée. Dans un futur proche, nous souhaitons développer davantage notre démarche et l’étendre à nos coffrets de chocolats et à la confection de nos pâtisseries, comme c’est le cas actuellement avec notre gâteau Sao Tomé, réalisé à base de chocolat noir Bean to Bar 75 % origine Sao Tomé », conclut Louis Oberweis, Responsable Chocolaterie.
DÉCOUVREZ NOTRE GAMME CHOCOLATÉE
Université-centres de recherche publics-FNR : la trinité de la recherche
La recherche publique est organisée autour de l’Université du Luxembourg, une institution créée en 2003 pour fédérer les acteurs existants, des centres de recherche publics qui ont connu une refonte d’envergure en 2014 et du Fonds national de la recherche, le bailleur de fonds. Une institution qui sera réformée d’ici quelques mois. Tour d’horizon.
Journaliste MARC FASSONE
45 %
Comme le nombre des diplômés de doctorat qui ont trouvé un emploi au Luxembourg dans le secteur privé. 90 % de ces diplômés ont déclaré que les compétences acquises au cours de leur doctorat sont directement liées à l’emploi qu’ils occupent au Luxembourg.
Un écosystème de recherche publique peut-il être crédible sans avoir une Université pour fédérer le secteur ? Non, a estimé le gouvernement Juncker-Polfer en déposant, le 3 décembre 2022, un projet de loi pour créer une telle université. La ministre de la Culture, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de l’époque, Erna Hennicot-Schopges, était à la manœuvre. Le projet de loi 5059 sera voté le 17 juillet et publié au mémorial le 31 décembre.
L’Uni, première et unique université publique du Luxembourg, regroupait les quatre instituts d’enseignement et de recherche existants au Luxembourg : le Centre universitaire, l’Institut supérieur d’études et de recherches pédagogiques, l’Institut supérieur de technologie et l’Institut d’études éducatives et sociales. Aujourd’hui, elle compte trois facultés, la Faculty of Law, Economics and Finance, la Faculty of Science, Technology and Medicine et la Faculty of Humanities, Education and Social Sciences. Trois facultés choisies pour répondre aux
besoins d’une réorientation économique au Luxembourg.
Jens Kreisel est l’actuel recteur, nommé le 1er janvier 2023 pour un mandat de cinq ans. Il est le premier recteur nommé directement par le conseil de gouvernance. Avant la loi modifiée du 27 juin 2018 ayant pour objet l’organisation de l’Université du Luxembourg, le recteur était nommé par le Grand-Duc sur proposition du conseil de gouvernance.
Trois facultés et cinq centres de recherche
Elle gère également cinq centres de recherche interdisciplinaire.
• Le SnT (Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust), créé en 2009, est chargé de mener des projets de recherche en collaboration avec des partenaires industriels dans les domaines de la cybersécurité, des systèmes autonomes, des fintechs ou encore des systèmes spatiaux.
• Le Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB), centre de
recherche interdisciplinaire dédié à l’étude du cerveau et de ses maladies (Alzheimer, Parkinson…), créé en 2010, a été le premier institut à s’établir sur le campus Belval en 2011.
• Le Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History (C²DH)…: créé en 2016, le troisième centre de recherche interdisciplinaire de l’Université du Luxembourg met l’accent sur une recherche de haut niveau ainsi que sur l’analyse et la diffusion publique de l’histoire contemporaine du Luxembourg et de l’Europe.
• Le Luxembourg Centre for European Law (LCEL) est né en janvier 2024 par suite de l’intégration de l’ancien Institut Max Planck du Luxembourg pour le droit procédural international, européen et réglementaire. Son objectif est de capitaliser sur sa proximité et ses collaborations avec les principales institutions juridiques, financières et monétaires de l’UE pour s’établir en tant que plaque tournante du droit européen. En parallèle à cette intégration a été lancé un nouveau master en histoire numérique et publique.
• Le Luxembourg Centre for SocioEnvironmental Systems (LCSES) est, à ce jour, le cinquième et dernier centre de recherche interdisciplinaire. Lancé en octobre 2024 et placé sous la direction de Ralf Seppelt, il est basé sur l’analyse de données. Ce centre interdisciplinaire est dédié à l’étude des interactions complexes entre les systèmes humains et environnementaux. L’objectif qui lui a été assigné est de devenir un groupe de réflexion pour un monde plus durable et plus équitable. Ses chercheurs travailleront sur des solutions écologiques, socialement justes et respectueuses de l’environnement pour répondre aux défis les plus pressants auxquels l’humanité et la Terre sont confrontées.
Plateformes interdisciplinaires
L’Université a également créé le Luxembourg Institute for Digital Ethics (Ulide), une plateforme interdisciplinaire consacrée à l’exploration des enjeux éthiques liés à la numérisation, à l’intelligence artificielle et aux données. Ce
laboratoire a pour mission d’étudier les implications sociétales et éthiques des technologies numériques, de développer des cadres éthiques, de conseiller le gouvernement et de sensibiliser le public en organisant des formations, des conférences et des débats publics.
Enfin, et ce depuis le 1er janvier, l’Université a intégré l’University of Luxembourg Competence Centre (ULCC). L’ULCC a été fondé en 2018 sous la forme d’un groupement d’intérêt économique (GIE) entre le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur (MESR) et l’Université. Sa mission principale est de soutenir l’économie luxembourgeoise par le biais de formations continues de niveau universitaire et de programmes de formation professionnelle. Avant d’être absorbé, l’ULCC collaborait avec l’Université du Luxembourg sur diverses initiatives de formation Life Long Learning (LLL) et développait également des activités de formation de manière indépendante, souvent en partenariat avec d’autres organisations. Les activités du centre de compétence s’inscrivent dans trois domaines stratégiques que sont la formation académique continue dans les domaines-clés de l’Université (santé et médecine, transition numérique, durabilité), la formation continue pour les employés d’Uni.lu et les doctorants – un axe comprenant le développement professionnel (perfectionnement et recyclage), la formation au leadership, les initiatives de mentorat et la formation aux compétences transversales – et des programmes de formation ad hoc dans les domaines-clés de la santé, de l’apprentissage et de l’enseignement via les technologies de l’information et de la communication et le numérique.
Des centres de recherche publics relookés
À côté – mais fortement interconnectés –, on trouve trois centres de recherche publics (CRP). Les CRP ont été créés par la loi du 9 mars 1987 dont l’objectif était de développer le dispositif national de la recherche publique. Ils ont été réorganisés, modernisés et réorientés par la loi du 3 décembre 2014.
C’est ainsi que le Luxembourg Institute of Health (LIH) a succédé au CRP-Santé. Le LIH mène des recherches « centrées sur
L’UNI
EN CHIFFRES
En 2024, l’Université du Luxembourg recensait près de 8.000 étudiants. Une légère progression par rapport à l’année 2023 durant laquelle l’Université comptait 7.636 étudiants inscrits, dont 2.772 inscrits à la Faculty of Law, Economics and Finance, 2.513 à la Faculty of Science, Technology and Medicine, 2.268 à la Faculty of Humanities, Education and Social Sciences, et 81 au sein de l’University of Luxembourg Competence Centre.
FORMATIONS
L’Uni délivre 23 bachelors, 47 masters, 15 formations qualifiantes et 46 formations bilingues. Le multilinguisme ayant été posé comme une des particularités de l’institution, les cours sont donnés dans quatre langues différentes.
DIMENSION INTERNATIONALE
60 % des étudiants viennent de l’étranger. Les étudiants et les professeurs sont originaires de 140 pays et l’Uni a conclu des programmes de mobilité avec plus de cent universités dans le monde. Conséquence : l’Université du Luxembourg pointe au quatrième rang mondial pour sa dimension internationale, selon le THE World University Rankings 2023.
IMPACT LOCAL
Depuis sa création, l’Uni a délivré plus de 19.000 diplômes, dont plus de 1.500 doctorats. En 2024, 1.600 diplômes ont été délivrés. 75 % des diplômés de cette annéelà sont restés au Luxembourg pour leur premier emploi.
L’Uni emploie 2.500 personnes, dont 1.600 au titre de personnel académique, dont 300 professeurs
ACTIVITÉS DE RECHERCHE
L’Uni compte plus de 1.000 projets de recherche en cours et a publié fin 2022 2.583 publications scientifiques.
Elle est classée au 20e rang dans le classement THE (Times Higher Education) Young University Rankings 2024, au 250e rang dans le classement mondial des universités (THE World University Rankings 2024), au 355e rang mondial dans le classement mondial des universités QS 2025 et en 181e position dans le QS World University Rankings 2025.
468,9
millions d’euros
L’État a débloqué dans son budget 2025 468,9 millions d’euros afin d’encourager le développement stratégique des institutions de la recherche et de l’enseignement supérieur.
le patient », en particulier sur le cancer et les troubles immunitaires. Il s’intéresse particulièrement au système immunitaire en tant que mécanisme fonctionnel partagé entre la santé et la maladie. À côté de ces deux priorités, l’institut conduit des recherches dans les domaines de la santé digitale, de la médecine préventive, de la recherche clinique et de la santé de précision. Il est dirigé par Ulf Nehrbass. Le LIH a été particulièrement impliqué lors de la crise du Covid, s’occupant notamment du large scale testing.
Le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) est issu de la fusion, au 1er janvier 2015, du Centre de recherche public Henri-Tudor et du Centre de recherche public Gabriel-Lippmann. Placé sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, il est actif dans les domaines des matériaux, de l’environnement, des technologies de l’information et de l’espace, et employait fin 2023 710 personnes, dont 79,5 % de chercheurs et d’experts en innovation. À partir du 1er septembre, il sera dirigé par Olivier Guillon, expert en matériaux énergétiques.
Enfin, le domaine spatial s’est vu doté en 2020 d’un centre de recherche dédié, le Centre d’innovation européen pour les ressources spatiales (ESRIC). Dans le prolongement de l’initiative SpaceResources.lu de 2016, dont l’objectif était de mettre en place un cadre attractif et cohérent pour le développement d’activités dans le domaine de l’utilisation des ressources spatiales, le Luxembourg s’est associé avec l’Agence spatiale européenne (Esa) pour créer l’ESRIC en tant que centre d’innovation européen pour les ressources spatiales (European Space Resources Innovation Centre). Formellement, l’ESRIC est un département du List soutenu par le ministère de l’Économie, et l’Agence spatiale luxembourgeoise (LSA).
L’outil des infrastructures de recherche Enfin, il existe dans le paysage luxembourgeois des infrastructures de recherche. Celles-ci mettent à la disposition des chercheurs, des partenaires et des entreprises des installations, des ressources et des services de haute qualité. Le tout avec une implication soit de
l’Université, soit d’un centre de recherche public.
Les principales infrastructures sont les suivantes :
• La Luxembourg Hydrogen Valley ou LuxHyVal vise la production d’hydrogène vert d’ici 2026. Le projet a été doté d’une enveloppe de 39 millions d’euros.
• Le Luxembourg National Data Service (LNDS) est un groupement d’intérêt économique créé par le gouvernement afin de mettre en œuvre les stratégies du Luxembourg en matière de recherche, d’innovation et de numérisation. Le LNDS vise à créer de la valeur à partir de l’utilisation secondaire des données, pour les partenaires publics et privés, et soutient le partage et la réutilisation des données du secteur public, d’une manière fiable.
• L’Integrated BioBank of Luxembourg (IBBL), un institut de recherche exerçant au sein du Luxembourg Institute of Health (LIH), est spécialisé dans la recherche biomédicale au profit des patients. Il fournit des services liés aux échantillons biologiques (collecte, traitement, stockage et distribution) et une infrastructure de biobanque pour la recherche médicale appliquée. Créé en 2008 dans le cadre du plan d’action national « Sciences et Technologies de la Santé », il a été rattaché au LIH en 2019.
• Le Transversal Translational Medicine (TTM) est rattaché au LIH. Son objectif assigné est d’améliorer et de développer les initiatives translationnelles dans la recherche biomédicale et au-delà, en utilisant le Centre national luxembourgeois d’excellence pour la recherche sur la maladie de Parkinson (NCER-PD) et ParkinsonNet Luxembourg comme modèle. Il encourage les collaborations de laboratoire à laboratoire au sein du LIH, entre institutions luxembourgeoises et internationales, soutenues par des plateformes et des infrastructures spécifiques faisant le lien entre la recherche fondamentale et les soins de santé dans le monde réel.
• Le Data Center, hébergé par le Liser, a pour objectif de collecter des données
pour des études scientifiques afin de les mettre à la disposition des chercheurs, des acteurs politiques et des parties prenantes de la société. Il offre une plateforme référencée et fiable avec des outils et des services qui permettent aux producteurs et aux utilisateurs de données de partager, de trouver et d’accéder facilement à des données réutilisables et interopérables.
• Le Behavioural and Experimental Economics est rattaché au Liser. Il veut générer une recherche académique qui puisse intéresser à la fois les chercheurs académiques et les décideurs politiques nationaux et internationaux. Pour ce faire, il tisse un réseau de partenariats à long terme avec des acteurs des secteurs public et privé qui permettront aux chercheurs de coproduire des recherches avec des partenaires non universitaires et de poursuivre des activités de recherche de subventions.
Le Fonds national de la recherche bientôt réformé
C’est au Fonds national de la recherche (FNR), créé en 1999 sous forme d’établissement public, qu’a été confiée la mission d’investir des allocations publiques ou des dons privés dans la recherche publique, principalement dans les secteurs déclarés prioritaires par le gouvernement. Ces secteurs sont au nombre de quatre : la transformation des industries et des services, l’éducation du 21e siècle, la santé personnalisée et le développement responsable et durable. Le FNR est le principal bailleur de fonds de l’Université. Les rapports du FNR avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sont régis par des conventions d’une durée de quatre ans. Au terme de la convention actuellement en vigueur, un plafond d’investissement de 445,87 millions d’euros a été fixé. Sur cette somme, 268,7 millions devront être alloués au renforcement des bases du système de recherche luxembourgeois ; 144,39 millions à la connexion de la science avec la société et 8,4 millions pour imaginer la recherche de pointe pour demain. Sur la période, la dotation de l’État a atteint 294,03 millions, dont 80 millions pour l’année 2025.
DOTATIONS
L’Université du Luxembourg, les centres de recherche publics et le Fonds national de la recherche reçoivent des dotations de l’État pour mener à bien leurs missions. Ces dotations font l’objet de conventions pluriannuelles d’une durée de quatre ans. Les dernières conventions en vigueur sont applicables depuis le 1er janvier 2022.
Au terme de cellesci, le gouvernement a alloué les fonds suivants :
– Université du Luxembourg : 908,28 millions euros
– Fonds national de la recherche : 294,03 millions
– List : 219,41 millions
– LIH : 182,54 millions
– Liser : 62,08 millions
Soit un total de 1,666 milliard.
Les négociations relatives à la nouvelle convention devant couvrir la période 2026 à 2030 devraient commencer en juin. Ces négociations se feront alors que le gouvernement va déposer dans les prochaines semaines un projet de réforme du FNR suivant l’engagement pris dans l’accord de coalition. « Le cadre légal du Fonds national de la recherche sera revu en vue de mieux répondre aux besoins des institutions de recherche et de les soutenir dans leurs efforts de mise en œuvre de la stratégie nationale de la recherche et de l’innovation », lit-on dans l’accord. Le projet sera défendu par la ministre de la Recherche, Stéphanie Obertin.
Les financements-clés du FNR sont les suivants. D’abord, l’AFR, un des programmes les plus anciens du Fonds et qui finance la formation des doctorants. Le programme de bourses de doctorat AFR est divisé en deux sous-catégories : les AFR PhD au Luxembourg (AFR Incoming) et les AFR PhD à l’étranger (AFR Outgoing).
Le Core est le programme central du Fonds. Son objectif est de renforcer la qualité scientifique de la recherche publique luxembourgeoise dans les priorités de recherche du pays.
Le programme Inter est le principal instrument du FNR pour encourager la collaboration internationale. Il vise à donner à la recherche publique luxembourgeoise une plus grande visibilité dans le contexte international en fournissant un financement pour la collaboration internationale. Inter permet au FNR d’initier des accords bilatéraux ou multilatéraux pour des appels à projets en collaboration avec d’autres organismes de financement nationaux ou internationaux.
Le programme National Centres of Excellence in Research (NCER) veut encourager la recherche transdisciplinaire de haut niveau et la collaboration intersectorielle. Les projets NCER doivent devenir des exemples internationalement reconnus de meilleures pratiques scientifiques, tant en ce qui concerne les résultats et l’impact de la recherche que la manière dont elle est menée.
Libérer son potentiel d’innovation
L’agence nationale d’innovation apporte un soutien individualisé aux entreprises et startups luxembourgeoises pour les aider à améliorer leur compétitivité et leur durabilité à long terme grâce à la mise en œuvre de démarches innovantes.
Aujourd’hui, la véritable question pour toute entreprise n’est plus de savoir s’il faut innover, mais plutôt quand et comment passer à l’action. Dans un environnement en perpétuelle évolution, l’innovation est plus que jamais un levier essentiel pour renforcer sa compétitivité, créer de nouvelles opportunités et, surtout, assurer sa pérennité. Le rapport Draghi sur le futur de la compétitivité européenne ne dit pas autre chose. Innover n’est pas qu’une question d’idées ou de produits. C’est plutôt un état d’esprit, un processus collectif et une réponse audacieuse aux nombreux défis du monde d’aujourd’hui et de demain», résume Mario Grotz, le CEO de Luxinnovation, l’agence nationale d’innovation.
Depuis plus de 40 ans, Luxinnovation soutient de manière individualisée les entreprises et les startups luxembourgeoises dans leur quête d’excellence, en révélant leur potentiel d’innovation, afin qu’elles puissent rester compétitives et créer de la valeur durable. Elle a aussi un rôle proactif en identifiant les opportunités d’innovation, favorisant les projets collaboratifs et stimulant le développement économique national dans son ensemble.
La productivité des entreprises qui investissent déjà dans l’innovation fondée sur les données et l’analyse des données augmente d’environ 5% à 10% plus vite que celle des entreprises qui ne le font pas, selon une récente publication de la Commission européenne. « En tant que catalyseur d’innovation au Luxembourg, notre mission est de faciliter la transformation des idées en réussites concrètes en intégrant l’innovation à chaque étape », résume M. Grotz.
Attirer au Luxembourg les entreprises internationales innovantes qui souhaitent développer leurs activités en Europe et qui pourraient être intéressées par une incorporation au Grand-Duché, fait aussi partie des missions de Luxinnovation. Cela est aussi rendu possible par l’habilité naturelle de l’agence à interagir avec un large éventail d’acteurs pour les soutenir, mais aussi pour les connecter les uns aux autres et contribuer à des initiatives d’intérêt commun.
IDÉE
ELAV U R DURAB

COMPÉTITIVITÉ
Les services dispensés par Luxinnovation s’articulent autour de quatre piliers : inspirer les entreprises pour faire émerger l’envie d’innover ; évaluer leurs atouts et leurs axes de développement par l’innovation ; les connecter aux partenaires pertinents au sein de l’écosystème pour des projets nationaux ou européens ; et les guider vers les dispositifs de financement adaptés à leurs ambitions.
« Rassembler des talents, des idées novatrices et des technologies est l’essence même de notre mission. Ainsi, nous pourrons résoudre, tous ensemble, des problèmes concrets pour améliorer la productivité, renforcer notre économie et créer de nouvelles opportunités d’emploi », conclut Mario Grotz.
5-10 %
Le gain de productivité des entreprises qui investissent déjà dans l’innovation fondée sur les données.
Source : Commission européenne
INSPIRE
Innover ne s’improvise pas. Il faut pouvoir identifier les bonnes tendances, comprendre les dynamiques des écosystèmes, se repérer dans un paysage technologique et réglementaire en constante évolution. C’est précisément dans ce contexte exigeant que Luxinnovation intervient, en aidant les entreprises à structurer leur démarche d’innovation. En tant que source d’inspiration, elle leur donne l’impulsion nécessaire permettant de renforcer leurs efforts d’innovation.
Le soutien proposé par l’agence nationale d’innovation va bien audelà d’un simple accompagnement technique. Il consiste en une véritable immersion dans un écosystème stimulant. Au travers l’organisation régulière d’événements à dimension nationale ou internationale ou la publication de divers contenus sur ses plateformes, Luxinnovation permet aux entreprises de s’ouvrir à de nouvelles idées et d’envisager la mise en œuvre de process ou de technologies émergentes.
En outre, grâce à son Knowledge Hub, l’agence propose un accès structuré à une veille approfondie sur les écosystèmes d’innovation du Luxembourg, les tendances sectorielles et les grandes évolutions à l’échelle internationale. Un outil utile pour permettre aux entreprises de se positionner de manière pertinente et proactive sur leurs marchés.
Pour aider à la prise de décision en matière d’intelligence artificielle, la toute dernière cartographie publiée par Luxinnovation recense plus de 550 organisations au Luxembourg classées en fonction de leur rôle dans l’écosystème de l’IA.
Le tout nouveau programme Fit 4 AI permet aux PME d’identifier comment l’intelligence artificielle va les aider à exploiter les masses d’information en leur possession afin de créer de la valeur. Elles peuvent ainsi explorer tout le potentiel de l’IA pour leur activité et à déterminer, avec l’appui d’experts, le bon moment et la meilleure approche pour l’adopter.
Toute démarche d’innovation s’inscrit dans un parcours structuré, qui commence souvent par une évaluation approfondie de la situation existante : identifier les forces, cerner les leviers de progrès et définir des priorités claires. Luxinnovation propose aux entreprises un accompagnement permettant de poser ce diagnostic stratégique et de bâtir une feuille de route adaptée à leur réalité.
Les programmes de performance « Fit4 », mis en œuvre par l’agence, permettent aux entreprises de bénéficier d’une évaluation approfondie de leur situation dans des domaines clés digitalisation, durabilité, innovation, intelligence artificielle, par des consultants indépendants référencés. De là peut s’articuler un plan d’action concret, offrant une vision claire des étapes à franchir pour gagner en compétitivité.
En évaluant leur capacité de gestion de l’innovation ou bien leur maturité digitale, les entreprises peuvent ainsi mieux comprendre leur niveau de préparation technologique et organisationnel, prioriser leurs investissements de manière éclairée et s’engager sereinement sur la voie de l’innovation.
CONNECT
Pour connecter les entreprises, les centres de recherche et les organisations aux bons partenaires, au Luxembourg comme en Europe, Luxinnovation met à disposition plusieurs leviers : des rendezvous individuels mettant en avant l’écosystème d’innovation luxembourgeois ; des plateformes de mise en relation telles que L-DIH Marketplace (soutien des entreprises industrielles dans leur transformation digitale), ou le réseau European Enterprise Network (pour le développement de projets d’internationalisation et d’innovation) ; une aide à la mise en relation pour trouver des partenaires de projets nationaux et européens. Sans oublier l’initiative Startup Luxembourg qui met en lumière l’écosystème luxembourgeois et ses acteurs, et facilite les connexions et les opportunités d’affaires.
Rassembler investisseurs, startups et scaleups, et plusieurs initiatives-phares nationales et internationales : tel est l’objectif des Luxembourg Venture Days 2025. Les 22 et 23 octobre, cet événement-phare de l’automne proposera des pitches de startups innovantes, des opportunités de networking et expertises partagées au travers des tables rondes, conférences et masterclasses.


Un large éventail d’initiatives et de programmes de financement de la R&D et de l’innovation sont à la disposition des entreprises, centres de recherche et autres organisations. Luxinnovation les aide à identifier les opportunités de financement les plus appropriées en fonction de leurs besoins actuels et de leurs stratégies à long terme : évaluation de l’éligibilité aux outils de financement proposés ; informations sur la manière de préparer des demandes de financement ; mise en relation avec des partenaires de projet si nécessaire.
nnover est avant tout un état d’esprit, un processus collectif. »
MARIO GROTZ CEO de Luxinnovation
Quatre secteurs prioritaires pour le Luxembourg
La stratégie nationale de la recherche et de l’innovation définit quatre domaines prioritaires de recherche : la transformation industrielle et des services, la santé personnalisée, l’éducation du 21e siècle et le développement durable et responsable.
Journaliste IOANNA SCHIMIZZI
1Transformation industrielle et des services
La numérisation entraînera des changements fondamentaux pour l’industrie et les prestataires de services actifs au Luxembourg. Le pays ambitionne de devenir une économie des données axée sur la connaissance, cherchant activement à diversifier ses activités économiques. « Les projets de recherche menés dans ce domaine jettent les bases scientifiques de ces développements d’avenir. Ils englobent la recherche dans les secteurs industriels où le Luxembourg souhaite consolider et développer ses atouts, par exemple en science des matériaux, dans l’industrie spatiale ou dans le domaine de l’automatisation et de la robotique. La modélisation et la simulation de données sont considérées comme des technologies clés dans ce domaine. Cela inclut également les nouveaux systèmes de communication et informatiques, ainsi que les défis associés en matière de cybersécurité, nécessaires à une économie de confiance axée sur les données dans un monde connecté », explique Research Luxembourg.
2La santé personnalisée
Le Luxembourg ambitionne d’être un pionnier dans la mise en œuvre de technologies de santé de pointe. Il s’efforce de figurer parmi les pays leaders mondiaux, notamment dans le domaine de la médecine personnalisée basée sur les données. « Pour atteindre cet objectif, le Luxembourg s’engage dans la recherche biomédicale qui bénéficiera in fine au patient, tout en contribuant à la consolidation d’un système de santé innovant, durable et performant. Dans cette logique, la médecine translationnelle joue un rôle important dans la recherche médicale menée au Luxembourg », précise Research Luxembourg. Le pays continuera de promouvoir ses diverses contributions à la médecine personnalisée issues de la recherche, notamment dans le cadre des programmes européens Horizon 2020 et Horizon Europe, afin d’accélérer le développement d’outils préventifs et diagnostics plus efficaces, ainsi que de traitements plus performants et plus sûrs pour les patients.

À l’occasion du Partnership Day du SnT, un nouveau contrat a été signé par son directeur Yves Le Traon avec NTT Data, représentée par sa directrice financière, Sylvie Mupangila, pour développer des plus petits large language models qui seront plus ciblés sur des besoins spécifiques des chercheurs dans le domaine de la santé.
3
L’éducation du 21e siècle
L’éducation est une autre « pierre angulaire pour le bienêtre d’une société, puisqu’elle constitue la base de l’emploi, de la participation sociale et, en fin de compte, du fonctionnement démocratique de la société. Il est prévisible que l’éducation sera confrontée à des changements majeurs tout au long du 21e siècle, et ceci pour différentes raisons, explique le gouvernement. Nous ne connaissons pas aujourd’hui les environnements professionnels auxquels nos systèmes éducatifs devraient préparer, car la numérisation croissante augmentera considérablement la vitesse de création de nouveaux profils d’emploi, alors que des profils professionnels existants pourraient disparaître. Le rythme accéléré des développements technologiques implique donc la nécessité de mieux contrôler l’écart des compétences entre les nouveaux besoins et l’offre existante, et de former la population à de nouvelles compétences numériques très dynamiques. »
4
Développement durable et responsable
Le Luxembourg a l’ambition de devenir un exemple de manuel pour la transition verte. Le pays développe par exemple des technologies pour surveiller en permanence les effets du changement climatique sur les systèmes écologiques et la biodiversité, ainsi que pour modéliser les scénarios futurs permettant la meilleure adaptation du pays à un environnement changeant. « Sur le plan économique, les chercheurs du pays travaillent sur des instruments durables, consommant moins de ressources et ayant ainsi moins d’impact négatif sur l’environnement, en particulier dans les domaines de la finance verte et durable et de l’économie circulaire et du partage », explique Research Luxembourg. En outre, la recherche dans les domaines de la construction durable ainsi que des énergies renouvelables et de l’électromobilité joue un rôle important au Luxembourg. Enfin, le cadre juridique relatif à la mise en œuvre de technologies durables fait l’objet de différentes recherches.
1 % DU PIB
Le précédent gouvernement avait pour ambition de porter les investissements publics dans la recherche et le développement à 1 % du PIB en 2023. Cet objectif de 1 % incluait les dépenses publiques dans le secteur public et le secteur privé. Les derniers chiffres communiqués par le ministère de la Recherche datent de 2021, année où l’investissement public dans la recherche et le développement était à 0,59 % du PIB, encore loin des 1 %. Toutefois, « l’objectif d’atteindre 1 % reste d’actualité, même s’il n’a pas encore été atteint. Toutefois, sa réalisation dans un délai précis n’est pas prévue dans le programme gouvernemental », confie un porteparole du ministère de la Recherche.
UNE STRATÉGIE DE LONGUE HALEINE
Les objectifs datant du programme gouvernemental 20182023, le nouveau gouvernement CSVDP les a faits siens. « Mais à court terme, la stratégie nationale de la recherche et de l’innovation sera revue et adaptée à la lumière des stratégies data, AI et quantum, qui seront présentées d’ici peu », précise la même source.
Comment le Policy Lab peut avoir un impact sur l’entreprise
Comment remettre des jeunes en situation de décrochage scolaire sur le marché du travail ? Comment intégrer plus rapidement des réfugiés qui n’ont aucune connaissance des langues du pays ? Deux des problèmes que le Policy Lab du Liser pourrait aider à résoudre dans une situation très tendue de ressources humaines.
Ils ne parlent pas français, ni même allemand, et encore moins luxembourgeois. Souvent, ils baragouinent ces phrases ou ces expressions attrapées au détour de leur long périple incertain pour fuir la misère, la guerre ou les aléas du climat. Face à un marché du travail très tendu, des entreprises luxembourgeoises pourraient faire d’une pierre deux coups et leur permettre de rompre avec l’extrême vulnérabilité dans laquelle ils sont plongés, souvent bien malgré eux.
Le ministère de la Famille, de l’Accueil et du Vivre-Ensemble est l’un des deux premiers ministères à avoir contacté le nouveau Policy Lab du Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (Liser), au lendemain de son inauguration, le 12 mars, par le prix Nobel d’économie 2019, l’Indo-Américain Abhijit Banerjee. « L’objectif est de rendre ces personnes plus employables, même pour des métiers peu qualifiés. Il ne s’agit pas d’innovation technique, mais bien de donner les moyens d’entrer dans le monde du travail, avec les compétences de base, la langue, et les bons
outils pour les aider à s’exprimer et à se repérer, explique le directeur adjoint du Liser depuis l’automne et premier directeur du Lab, Frédéric Docquier. Par exemple, pour travailler dans un supermarché ou conduire des camions, certains réfugiés très vulnérables n’ont même pas les compétences de base pour s’exprimer. L’idée, c’est donc de leur fournir un vocabulaire fonctionnel – pas un cours complet de français, mais suffisamment pour qu’ils puissent se faire comprendre dans leur environnement professionnel. Ce sont des postes peu qualifiés, avec des salaires modestes, mais c’est un premier pas vers l’intégration. »
Autre exemple, le premier en réalité, selon l’économiste belge et professeur d’économie, spécialisé dans la croissance économique et les migrations, c’est le besoin exprimé par le ministère de l’Éducation nationale, surtout sous l’angle de la formation pour adultes. « Il s’agit de trouver une méthodologie pour aider ceux qui ont décroché très tôt du système scolaire à revenir sur le marché du travail. Nous ne voulons pas leur proposer une formation
Photos
Liser, Maison
Moderne
Journaliste THIERRY LABRO
standardisée, mais plutôt quelque chose de ciblé, qui tienne compte de leur niveau de littératie, d’éducation au moment du décrochage – et surtout qui corresponde à la demande réelle du marché de l’emploi. Nous sommes là complètement dans le lien avec les entreprises : on identifie les pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs grâce aux données de l’Adem et on essaie d’ajuster l’offre de formation en conséquence. »
L’entreprise secrètement courtisée
Au côté de la CEO du centre de recherche, Aline Muller, le chercheur rêve à voix haute. « L’État n’est pas notre seul ‘client’. Nous travaillons avec tous les niveaux d’autorité publique mais aussi avec des ONG, comme Médecins du monde ou la Croix-Rouge. Avec certaines entreprises aussi. Même si ce n’est pas notre secteur principal, nous espérons qu’il prendra plus d’ampleur. »
Des entreprises qui sollicitent l’expertise des chercheurs du Liser.
« Parfois, elles participent à des expérimentations ou nous sollicitent dans le cadre de projets européens. Nous avons, au Luxembourg, un important tissu d’entreprises de consultance et nous le disons souvent : certaines questions relèvent du secteur privé, pas de la recherche publique. Mais il y a aussi des synergies à construire. De plus en plus, nous voyons émerger des partenariats où l’on combine nos expertises avec celles du privé pour répondre à des appels d’offres européens ou à des défis sociétaux concrets », dit encore M. Docquier.
« L’impact reste la mesure centrale de notre travail, insiste la CEO du Liser. Le Policy Lab a deux grandes missions : produire de la recherche scientifique rigoureuse et éclairer les politiques publiques. Plus les politiques publiques s’appuieront sur la science, plus notre objectif sera atteint. On ne compte pas nos résultats uniquement en nombre d’études, mais aussi en prise de conscience. On veut que chaque décideur public sache qu’il peut s’appuyer sur nous et qu’il connaisse les outils disponibles. »
Le politique seul responsable
« Créer un espace où les données et résultats sont partagés est déjà, en soi, un game changer ! »
« Dans l’exemple des décrocheurs scolaires, précise-t-elle, si une intervention mesurable permet de remettre 20 % de ces jeunes sur le marché du travail, c’est un impact mesu r able. Mais notre objectif n’est pas que quantitatif. Il s’agit de créer des politiques plus efficaces et de mieux cibler les besoins. »

MULLER
« Au Luxembourg, les compromis liés à la formation des coalitions font que certaines thématiques sont prioritaires et d’autres sont mises de côté. Nous, chercheurs, nous continuons à travailler avec rigueur même si nous savons que nos propositions ne rentrent pas toujours dans l’agenda politique. Ce n’est pas nous qui prenons les décisions. Nous contribuons à les éclairer. Mais il existe un espace complémentaire : celui des projets financés de manière compétitive. Nous y travaillons sur des thématiques que nous jugeons essentielles, même si elles ne sont pas prioritaires pour le moment et, parfois, ces recherches alimentent ensuite l’agenda politique , explique-t-elle encore. Nous pouvons aussi jouer un rôle de sensibilisation. À une
BRICOLAGE DANS LA GRANDE-RÉGION
Petite économie ouverte, ce qui se passe dans les pays voisins influence directement le marché du travail luxembourgeois. « Le Liser est l’un des plus grands utilisateurs de données administratives. Donc, parce qu’on les exploite et qu’on travaille dessus, on contribue aussi à leur amélioration. Même si le chemin est long, il avance, et nous participons également aux efforts d’interconnexion des données et d’harmonisation des concepts sousjacents », explique Aline Muller. « Car pour harmoniser, il faut parler de la même chose – et très souvent, on se rend compte que dans différents registres, un même concept n’est pas défini de la même façon. Avec la stratégie nationale des données, et sa version 2 qui arrive, on s’en approche. Il y a aussi un projet de loi en cours pour transposer le Data Governance Act dans la législation luxembourgeoise, ce qui représente une réelle opportunité pour ouvrir le champ des possibles autour de l’exploitation secondaire des données administratives et du principe du ‘only once’. » Un immense univers de données s’est ouvert. Aujourd’hui, par exemple, on traite chaque mois des millions d’offres d’emploi dans la Grande Région –Belgique, Allemagne, France, Luxembourg – ce qui nous donne des informations en continu. « Si on veut, par exemple, anticiper les retraites que le pays devra verser aux frontaliers, il faut connaître leurs trajectoires avant leur arrivée au Luxembourg – or ces données, on ne les a pas toujours. On a récemment étudié les frontaliers français pour comprendre pourquoi certains choisissent de s’installer ici ou de faire la navette. On a dû fusionner les données de l’enquête française ‘force de travail’ avec celles de l’IGSS au Luxembourg. Ce genre de ‘bricolage’, c’est aussi ce qui rend le travail passionnant : quand les données n’existent pas, il faut faire preuve de créativité », s’amuse le directeur du Policy Lab.
époque, la notion d’efficacité budgétaire n’était pas au cœur des préoccupations politiques à Luxembourg. Résultat : une série de dispositifs ont été conçus pour leur popularité, pas pour leur efficacité réelle. Par exemple, on a essayé d’aider tout le monde, sans ciblage. Aujourd’hui, on peut apporter des preuves sur ce qui fonctionne, ce qui est cohérent, ce qui est pertinent. Mais la décision finale appartient toujours aux responsables politiques. »
« Un bon exemple : pendant la crise du Covid. On avait un modèle qu’on a transformé en simulateur, avec différents scénarios de reprise économique. On était capable de montrer ce qui se passerait si on relançait tel ou tel secteur, dans tel contexte de testing. Notre modèle prédisait une deuxième vague – comme les épidémiologistes. Mais les responsables politiques, bien conscients du risque, ont décidé de relancer quand même, pour préserver aussi le bien-être psychologique des gens. Et ça, c’est un choix légitime, qui illustre la complémentarité entre la recherche et la politique, explique le directeur du Policy Lab. Et même si nos sujets ne sont pas à l’agenda, nos travaux durent souvent plus longtemps que les gouvernements. Les ministres passent, les priorités changent, mais les problèmes restent. L’enjeu des retraites, par exemple. Ou celui de l’intégration des réfugiés. Ou encore l’attraction des talents. Ces grands sujets traversent les mandatures. Les modèles qu’on utilise sont des représentations simplifiées de la réalité. Ils simulent des comportements humains à partir d’équations. Par exemple, avec le changement climatique, on ne peut pas se baser sur le passé pour prédire l’avenir. Les effets vont s’accélérer. Ce qu’on fait, c’est essayer de représenter les réactions à des chocs – une perte de productivité, une catastrophe climatique – et de simuler les conséquences. Et ça, ce sont des outils essentiels à la décision publique. »
Face aux fractures sociales et économiques
Car le Policy Lab a une portée plus stratégique encore. « Premièrement, le Luxembourg et d’autres pays européens sont confrontés à des problèmes urgents, tels que les tensions sur le marché du logement, la
« Nous avons besoin de politiques fondées sur l’efficacité, et non sur la popularité. »
pression du vieillissement de la population sur les finances publiques, les difficultés d’intégration économique des immigrants et des réfugiés issus de pays culturellement éloignés, le renforcement de la cohésion sociale, la nécessité de diversifier l’économie au-delà de la finance, ainsi que les tendances mondiales telles que les transitions numérique et écologique, l’érosion économique de la classe moyenne, les pressions de la démondialisation et l’instabilité géopolitique. Les crises successives et la mondialisation ont également alimenté le scepticisme du public à l’égard des institutions démocratiques et la montée de diverses formes de populisme dans de nombreux pays. Nous pensons qu’améliorer l’efficacité, la transparence et la rentabilité des politiques est susceptible de relever certains de ces défis et peut contribuer à restaurer la confiance dans les démocraties », expliquait son directeur, récemment, à Research Luxembourg.
« Deuxièmement, les avancées récentes en matière d’évaluation d’impact – nouvelles méthodes de collecte de données, techniques d’analyse et protocoles de mise en œuvre –permettent des évaluations de politiques plus sophistiquées et plus précises. C’est donc le moment idéal pour le Policy Lab. »
LUC FRIEDEN

D’autant qu’il y a un momentum technique. « Le Liser est un des utilisateurs de données administratives les plus importants et le fait de les exploiter et de travailler dessus contribue non seulement à leur amélioration mais aussi aux interconnexions de données et aux efforts d’harmonisation des concepts sous-jacents. C’est assez simple : il faut être sûr que nous parlions des mêmes choses. Avec la nouvelle version de la stratégie nationale des données et la transposition du Data Governance Act dans la loi luxembourgeoise, on voit quand même des avancées prometteuses. Il y a une volonté politique d’aller vers un système de données plus intégré. C’est essentiel, aussi bien pour les chercheurs que pour les , assure Mme Muller. Il y a aujourd’hui une masse énorme de données ouvertes. Sur les compétences, par exemple, on traite désormais des millions d’offres d’emploi chaque mois dans toute la Grande Région. Hier encore, c’était trop lourd, trop complexe à analyser. Aujourd’hui, c’est faisable grâce aux progrès
Le Premier ministre, lors de l’inauguration du Lab, en mars.

Made in Luxembourg*
Rails du toit rétractable du court central de Roland-Garros, à Paris, produits à Rodange

ArcelorMittal, l’excellence Made in Luxembourg.
Ce n’est pas un hasard si notre acier est reconnu dans le monde entier. Nos rails utilisés pour guider le toit rétractable du court central de Roland-Garros sont les plus solides jamais réalisés.
luxembourg.arcelormittal.com
techniques. On marche sur deux jambes : les données administratives d’un côté, les données ouvertes et massives de l’autre. » « C’est lent. Mais ça avance ! continue lui aussi M. Docquier. Depuis 2016, je vois vraiment la lumière au bout du tunnel. On veut maintenant interconnecter les données de sécurité sociale entre pays frontaliers –ce qui semble évident, et pourtant, c’est encore impossible à faire. Si vous regardez la force de travail au Luxembourg, vous avez des ‘trous’ : les gens sortent du marché du travail luxembourgeois ou reviennent mais entre les deux, vous ne savez pas forcément ce qui leur est arrivé. Et nous ne sommes pas le seul pays européen confronté à la problématique des zones transfrontalières. Pour pouvoir vraiment bien comprendre les dynamiques du marché du travail et de la mobilité, il faut que l’Europe progresse. Et nous sommes beaucoup plus intéressés à collecter des données réelles qu’à créer des données synthétiques, dans le cadre de nos recherches. Mais ça arrive parfois. »
« À l’occasion de la venue du prix Nobel Abhijit Banerjee il y a deux ans – il a eu le Nobel pour ses méthodes rigoureuses de quantification des impacts des politiques publiques, se rappelle Aline Muller, on s’est rendu compte, en travaillant avec lui, qu’on devait mieux articuler et mettre en commun tous les travaux qu’on fournit. Nous fonctionnions de manière matricielle, avec des expertises croisées entre programmes et départements, mais nous n’avions pas encore mis toute la boîte à outils en commun pour éclairer les recommandations et évaluations de politiques publiques. Du côté des autorités, il n’y avait pas non plus de réel partage des connaissances sur ce que produit la recherche. Il fallait une plateforme commune pour échanger sur ces études, leurs méthodes, leurs implications. Abhijit Banerjee l’a souligné lors de l’événement de lancement : le simple fait de regarder ensemble les faits, dans une infrastructure partagée, peut déjà changer profondément la manière dont un pays aborde ses politiques publiques. »
LE
MODÈLE DU LISER QUI SÉDUIT
« Nous sommes reconnus à l’international
– notre méthodologie est utilisée par les Nations unies – mais nous avons encore du mal à exister dans l’imaginaire collectif luxembourgeois. Nos sujets sont complexes et ne génèrent pas de contenus visuels frappants. Nous n’avons pas d’expérience de labo spectaculaire à montrer sur RTL… »
La seconde de frustration du directeur du Policy Lab ne résiste pas longtemps à l’envie d’expliquer comment le Liser remplace peu à peu la méthodologie jusquelà utilisée par l’ONU pour modéliser les conséquences du réchauffement climatique sur les
L’ONU
migrations de populations. « Il existe une peur récurrente : celle d’un afflux massif de migrants climatiques vers les pays du Nord. Mais, en réalité, plus on appauvrit les pays déjà pauvres, moins il y a de migration. Car même si les raisons de partir sont fortes, les moyens pour le faire sont souvent absents. On assiste alors à une immobilité contrainte, expliquetil. Ces modèles ignoraient complètement l’inertie sociale, économique, culturelle. Les plus pauvres ne peuvent pas se déplacer comme on déplace des pions. » Une vue inédite mais pragmatique. À la luxembourgeoise.
« On veut maintenant interconnecter les données de sécurité sociale entre pays frontaliers – ce qui semble évident, et pourtant, c’est encore impossible à faire »
FRÉDÉRIC DOCQUIER
Directeur adjoint du Liser et premier directeur du Lab


Une recherche au service du marché
Les activités de recherches privées au Luxembourg sont essentiellement orientées marché, souvent avec le soutien du ministère de l’Économie ou en partenariat avec les centres de recherche privés et les clients finaux. Sept entreprises, ArcelorMittal, IEE, Cebi, Husky, Artec 3D, Ceratizit et Gradel ont détaillé l’organisation de leurs activités de recherche et expliqué pourquoi cellesci ont prospéré au pays. Retours d’expérience.
Journaliste MARC FASSONE
400 millions qui font
917 millions
Depuis 2018, le ministère de l’Économie a injecté, au titre du régime d’aides à la recherche, au développement et à l’innovation (RDI) et en financement direct, 399,7 millions d’aide au secteur privé de la recherche. Une enveloppe qui aura généré des investissements totaux de 917 millions.
Priorité au marché : c’est le cas pour ArcelorMittal, où l’activité est principalement axée sur l’amélioration des process –notamment la réduction des coûts de fabrication et de l’empreinte environnementale –, la mise au point de nouveaux produits et de nouvelles solutions acier et leur intégration dans des ouvrages d’art et des bâtiments. C’est également le cas chez IEE, numéro un mondial des capteurs de détection dans les automobiles. « Le but de nos activités de recherche est de préserver cette position de numéro un, explique Alain Schumacher, directeur de la technologie. C’est de la recherche appliquée orientée vers la demande du marché, demande émanant des clients ou résultant des évolutions de la régulation. Il s’agit alors soit de développer de nouvelles technologies ou alors de prendre des technologies existantes pour les adapter. » La recherche est également tournée vers l’avenir. « Nous travaillons essentiellement sur des systèmes indépendants –chaque capteur a une fonction. Le futur, IEE le voit dans la R&D d’applications et de fonctions basées sur la fusion de capteurs pour générer de nouvelles fonctions ou des fonctions plus performantes . » IEE
développe également des activités de recherche dans les secteurs de la gestion des batteries pour les réseaux, dans la gestion quotidienne des immeubles via l’utilisation de caméras à des fins de sécurité et dans le secteur médical. Une nouvelle activité dans laquelle l’expérience acquise avec la technologie maison de capteurs tactiles peut faciliter les diagnostics dans les domaines de la rééducation ou des problèmes neurovégétatifs. IEE travaille avec le Centre hospitalier de Luxembourg et le Luxembourg Institute of Health sur ce projet. Un exemple de collaboration publicprivé dans un des quatre domaines prioritaires de la recherche au Luxembourg.
Matériaux, design et process
Chez Cebi, société qui produit des composants pour le secteur de l’automobile et de l’électroménager, les activités de R&D portent sur les matériaux, le design et les process. Elles portent également sur l’évolution des demandes et des attentes des clients, ainsi que sur l’évolution des tendances sur les marchés-clés pour la société que sont l’électrification du parc automobile et la conduite autonome.
Chez Husky, « la recherche, appliquée ou fondamentale, concerne les machines de moulage par injection, les moules et les canaux chauds, ainsi que les technologies de fabrication – l’usine du futur. Elles sont là pour soutenir les marchés servis par la firme, à savoir l’emballage alimentaire et de boissons, les produits de consommation, électronique grand public et automobile et les applications médicales , détaille Sebastian Kaivers, director of Advanced Solutioning. En outre, les équipes de recherche sont impliquées dans le développement d’applications pour les pièces en plastique. Des recherches fondamentales sont également menées dans le domaine de la caractérisation des matériaux plastiques, l’accent étant mis sur les matériaux durables tels que le PET. » Le développement de logiciels d’intelligence artificielle, d’Internet des objets (IOT) et d’apprentissage automatique constitue un autre pôle de recherche. « Husky développe Shotscope, un logiciel de surveillance d’usine intégré en temps réel conçu pour transformer les données de production et de processus, et Advantage+Elite, conçu pour optimiser l’efficacité en matière d’énergie et de ressources des équipements de nos clients. » L’équipe mondiale d’innovation et de développement durable compte environ 200 membres, dont quelque 20 % sont basés au Luxembourg. Ces dernières années, le budget annuel global de l’innovation et du développement durable s’élevait à dans les 25 millions de dollars américains.
Développement de la recherche en matière d’IA
Chez Artec 3D, les domaines prioritaires des activités de recherche se concentrent sur l’intersection de l’intelligence artificielle et de la capture de géométrie 3D pour créer des solutions logicielles et matérielles avancées. L’équipe développe des algorithmes pilotés par l’IA conçus pour améliorer l’automatisation, la précision et l’adaptabilité du traitement des données 3D. Ces technologies soutiennent le développement d’outils qui répondent aux exigences spécifiques d’un large éventail d’industries.
Dans le domaine de la santé, les innovations d’Artec 3D contribuent à des applications telles que les prothèses sur
mesure, la conception d’orthèses et la planification de traitements spécifiques aux patients. Dans le domaine de la fabrication durable, l’entreprise explore des solutions qui contribuent à optimiser les flux de production et à soutenir des pratiques économes en ressources. Dans le domaine des énergies vertes, l’équipe de R&D travaille sur des outils qui facilitent l’inspection et la maintenance des systèmes d’énergie renouvelable. En outre, l’équipe développe des systèmes pour l’analyse médicolégale et les applications de défense, où la capture de données précise, rapide et non intrusive peut soutenir les opérations critiques. Dans tous ces domaines, l’approche d’Artec 3D met l’accent sur l’évolutivité, la fiabilité et l’intégration aux écosystèmes numériques existants, ce qui permet aux organisations d’améliorer leurs opérations grâce à la technologie 3D.
Le défi de développer de nouvelles technologies
Chez Ceratizit, les domaines prioritaires des activités de recherche sont les revêtements, les techniques de processus et le carbure. Au niveau du groupe, les chercheurs s’intéressent également à la métallurgie des poudres, aux processus de production des outils de coupe et aux produits pour la protection industrielle contre l’usure. 40 personnes travaillent dans le domaine de la R&D et environ 150 à l’échelle du groupe. Le budget R&D représente environ 2 % du chiffre d’affaires total du groupe.
Chez Gradel, la finalité de la recherche est avant tout commerciale, indique Claude Maack, le general manager . La société luxembourgeoise créée en 1965, spécialisée initialement dans les machines spéciales pour le nucléaire, s’est depuis diversifiée dans le secteur spatial, notamment sur le créneau des matériaux légers, et explore l’impression 3D robotique. « Nous développons une nouvelle technologie appelée Gradel Robotic Additive Manufacturing (Gram) en collaboration avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (List). » Pour développer cette technologie, Gradel a créé une société qui emploie 20 personnes sur les 75 que compte le groupe. Des
SUBVENTIONS PUBLIQUES
Depuis le 1er janvier 2018, le ministère de l’Économie a cofinancé au total 76 projets de collaboration conjointe publicprivé, via le régime d’aides à la recherche, au développement et à l’innovation (RDI), pour un montant total de l’investissement de 218,5 millions, dont 131,5 millions d’aides accordées. Pour rappel, les aides accordées cofinancent un pourcentage du montant total de l’investissement consenti dans le projet et sont versées à l’issue du projet. 45 de ces aides ont été introduites pour des demandes dites « simples », c’estàdire lorsqu’une entreprise a un projet de collaboration avec un institut de recherche, en dehors des appels à projets thématiques.
APPELS À PROJETS THÉMATIQUES : LA NOUVEAUTÉ
Depuis 2021, des appels à projets thématiques ont été créés. Ces projets thématiques peuvent être menés en collaboration avec le Fonds national de la recherche (FNR) en vue de la subvention de projets collaboratifs entre entreprises et organismes de recherche publics. Sept ont été lancés à ce jour : deux dans le domaine des technologies de la santé, un dans le domaine de la 5G, deux dans le domaine du HPC et deux dans le domaine de la défense. Ces appels ont donné lieu à 31 projets.
LA PART RESPECTIVE DES CENTRES DE RECHERCHE
Sur ces 76 projets (demandes simples et appels à projets thématiques confondus), 34 sont menés en collaboration avec le Luxembourg Institute of Science and Technology, 29 avec le Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust (SnT) de l’Université du Luxembourg, 6 avec le Luxembourg Institute of Health, 4 avec l’Université et 3 avec des organismes de recherche publics situés en dehors du Luxembourg.
SUBVENTIONS DIRECTES
À côté de ces projets RDI en collaboration avec des instituts de recherche publics, le ministère cofinance des projets menés dans les entreprises privées directement, et ce, pour un montant total de 699 millions d’investissements, dont 268 millions d’aides accordées. Au total, un montant de 400 millions d’aides a été accordé sur base du régime d’aides RDI qui ont généré des investissements totaux de 917 millions d’euros depuis janvier 2018.
personnes « assimilées à des chercheurs ». Créer des sociétés spéciales dédiées au développement de nouvelles technologies n’est pas une première pour la société qui a fondé en 2022 une entité dédiée à la technologie Light Weight, Gradel Light Weight, qui compte 25 employés. Pour un chiffre d’affaires annuel de 11 millions, trois millions sont consacrés aux activités de R&D.
Le Luxembourg comme une évidence Développer ses activités de recherche au Grand-Duché s’est imposé comme une évidence. « Gradel est une société luxembourgeoise et elle ne se projette pas ailleurs, même si le Luxembourg n’est pas le pays le moins cher pour ce qui est des activités de fabrication. Heureusement, nous avons su rester compétitifs dans nos métiers d’ingénierie. » Plus pragmatique, Claude Maack met également en avant le soutien des autorités publiques, en l’espèce le ministère de l’Économie et l’Agence spatiale luxembourgeoise. La nouvelle donne en matière de défense suscite également l’effervescence, et la firme compte participer à des projets lancés par le ministère de la Défense et Luxinnovation. Ces aides, tout utiles qu’elles soient, ne sont pas forcément la panacée, estime le general manager. « La difficulté que nous avons, c’est qu’il y a beaucoup d’aides, de TRL1 jusqu’à TRL 6, le bas TRL, comme on l’appelle. Mais une fois passé le niveau six, vous tombez dans ce que l’on pourrait appeler une vallée de la mort. Ce n’est pas une situation propre au Luxembourg, mais à l’Europe tout entière, à cause des règles de Bruxelles. Pour développer Light Weight, on a dépensé 12 millions en 5 ans et, pour conduire cette technologie au stade 9, il faudrait un budget compris entre 20 et 25 millions. Nous cherchons donc des partenaires. » La faculté de nouer des partenariats est aussi une raison mise en avant pour expliquer l’attractivité du Luxembourg pour y conduire des recherches. Gradel a noué ainsi des liens avec une société coréenne qui vient juste d’installer son quartier général européen ici en février dernier : Data Design Engineering, une société spécialisée dans l’intelligence artificielle. « L’intelligence artificielle n’est pas notre ADN. Nous
TRL, LE NIVEAU DE MATURITÉ
TECHNO -
LOGIQUE
Il est de coutume de séparer les activités de recherche en deux grandes familles : d’un côté, la recherche fondamentale qui serait le privilège du monde universitaire et, de l’autre, la recherche appliquée dont la finalité serait de mettre à la disposition du marché des technologies adaptées aux demandes du marché. Cette summa divisio est formalisée dans la norme TRL (Technology Readiness Level ou niveau de maturité technologique) développée dans les années 70 par la NASA, l’agence spatiale américaine. Les niveaux TRL 1 à 3 sont assimilés à de la recherche fondamentale. À TRL 1, l’idée est couchée sur le papier et la problématique est déjà bien détaillée. Les niveaux 4 à 6 détaillent les phases de validation de modèles ou de prototypes en laboratoire puis dans des environnements de production. C’est en général à ce niveau que les collaborations entre les acteurs privés et publics s’intensifient. Les niveaux 7 à 9 sont relatifs à l’implémentation sur le terrain.
sommes des ingénieurs mécaniques qui faisons des machines automatisées. La partie ingénierie de notre technologie – développer des prototypes, des structures ultralégères – nécessite des calculs de simulation très complexes. Avec ce partenariat, nos ingénieurs vont disposer de nouveaux outils performants qui vont leur permettre de maîtriser de bout en bout en toute autonomie des processus complexes. »
Attachement existentiel
Cet attachement existentiel au Luxembourg, IEE le met également en avant. « IEE est une start-up luxembourgeoise créée en 1989 qui s’est ensuite développée à l’international , rappelle Alain Schumacher, directeur de la technologie. Quelque part, nous sommes collés au Luxembourg, mentalement et génétiquement. Le Luxembourg a une culture cosmopolite et une culture d’accueil. 29 nationalités travaillent chez IEE. Il y a aussi un haut niveau d’éducation au Luxembourg et dans la Grande Région. La situation géographique du Luxembourg est aussi un élément déterminant : dans un rayon de moins de 200 kilomètres, on trouve un grand nombre d’instituts et d’universités de très haut niveau – y compris, bien sûr, des établissements universitaires luxembourgeois, avec lesquels nous avons déjà une longue expérience de coopération. Ceci, combiné à l’environnement multiculturel et multinational, est également un atout non négligeable. » Bref, le Luxembourg est un pays très accueillant pour les chercheurs et les gens qualifiés. « La matière grise est là, elle reste au Luxembourg et elle s’y plaît. Maintenant, pour ce qui est de la production, sauf si tout est vraiment bien automatisé, cela devient difficile. » Un autre point important est le soutien du gouvernement et du ministère de l’Économie. « C’est un point intéressant, mais ce n’est pas le seul qui entre en ligne de compte. »
Rayonnement international au sein des groupes
Chez ArcelorMittal, le centre R&D luxembourgeois, qui a fêté ses 50 ans en 2022, compte environ 50 chercheurs qui travaillent pour le monde entier « sur nos gammes de produits longs (poutrelles,
En 2023, le Statec recensait 6.165 chercheurs au Luxembourg en équivalent temps plein (ETP).
On en comptait 5.260 en 2015. Sur ces 6.165 ETP, 3.072 exercent dans le secteur privé, 1.342 travaillent pour l’État et 1.751 dans l’enseignement supérieur.
palplanches, rails, etc.). Au niveau groupe, on compte 1.650 chercheurs répartis sur 14 centres R&D dans 9 pays différents. Au niveau groupe, les dépenses de R&D annuelles s’élèvent à 285 millions USD en 2024. Le chiffre n’est pas fourni pour le Luxembourg. Le centre R&D d’Esch-surAlzette travaille au plus près de nos installations luxembourgeoises actives sur le marché des produits longs (Belval, Differdange, Rodange). Cela permet de mener des projets dans les meilleures conditions du fait de la proximité de ces installations. Par ailleurs, des partenariats sont établis avec le List pour travailler sur des pistes de recherche variées (récupération de chaleur pour la production d’énergie, décarbonation de nos activités industrielles), et aussi avec l’Uni dont la chaire ArcelorMittal Steel Construction bénéficie d’un soutien important et régulier de l’ArcelorMittal Foundation Luxembourg depuis 2011 », précise le métallurgiste.
Des autorités proactives
Les liens avec les autorités et institutions de recherche publique sont également mis en avant par Artec 3D pour justifier son choix de développer son business et ses activités de recherche au Luxembourg. « Aucune de nos plus grandes réalisations en matière de R&D n’aurait été possible sans le soutien inestimable apporté au fil des ans par le ministère luxembourgeois de l’Économie, Luxinnovation et bien d’autres. Nous avons souvent collaboré avec l’Université du Luxembourg et le Centre interdisciplinaire pour la sécurité, la fiabilité et la confiance dans le cadre d’initiatives soutenues par des programmes d’aides d’État. Ensemble, nous développons la communauté de recherche luxembourgeoise grâce à la R&D mutuelle, ainsi qu’au développement d’ensembles de données publiques, d’ateliers et de défis, et de publications scientifiques. Le ministère luxembourgeois de l’Économie et Luxinnovation soutiennent depuis de nombreuses années notre R&D dans le domaine en pleine croissance de la modélisation 3D. Ces activités ont facilité le développement continu de nos technologies, donnant lieu à des innovations appliquées au matériel, aux logiciels et au traitement des données par l’IA. » Et les retombées
économiques sont là : « Nous avons doublé nos effectifs au cours des quatre dernières années, et nous avons attiré des informaticiens talentueux et des spécialistes titulaires d’un doctorat dans le pays. Chaque année, nous invitons également les futurs ingénieurs des universités et instituts techniques locaux à suivre une formation sur site et même à participer à des stages. Notre technologie a un bel avenir et un grand potentiel inexploité. Nous voyons d’autres opportunités dans le développement de nouveaux produits, les algorithmes avancés de numérisation 3D et les applications de métrologie industrielle. »
Question de survie
Pour Cebi, pour qui « l’activité de recherche est pour la survie de l’entreprise », on souligne que « l’environnement luxembourgeois est favorable à ce type d’activité. En effet, de bonnes conditions sont réunies ici pour favoriser la R&D, à savoir à travers les institutions gouvernementales, la situation géographique centrale vis-à-vis des donneurs d’ordre automobile, pour la très bonne qualité des ressources humaines à disposition dans notre région et l’excellent tissu industriel à proximité pour nous supporter dans nos recherches ». Même constat chez Ceratizit : « Le Luxembourg dispose d’un environnement international avec un très bon soutien direct et indirect de l’État. L’Université et des organisations telles que le List et le FNR sont, de notre point de vue, des facteurs très importants pour le site. À cela s’ajoutent la bonne infrastructure et le fait que Mamer est l’un de nos plus grands sites de production et qu’il couvre un large éventail de notre portefeuille de produits. »
Husky est une entreprise globale qui possède des centres de R&D au Canada, aux États-Unis et au Luxembourg. Le Luxembourg est le deuxième centre de R&D après le Canada. « L’intérêt d’avoir des activités de R&D au Luxembourg est la proximité avec les clients européens, la diversité culturelle et le haut niveau de formation des ingénieurs. Le fait d’être basé au Luxembourg permet une bonne collaboration avec nos clients européens, les universités et les instituts de recherche de la région, et la disponibilité de programmes de subvention est un atout supplémentaire », détaille la société.
Se lancer dans un PPP : mode d’emploi
En 2024, Luxinnovation a accompagné 122 demandes d’aides d’État pour des entreprises s’engageant dans des projets de recherche, développement et innovation. Le responsable de l’équipe des financements nationaux de Luxinnovation, Avit Blanchy, et le conseiller en financements nationaux Youri Cillien donnent les clés essentielles à connaître pour aider les entreprises à appréhender une collaboration avec le secteur public.
Journaliste MAËLLE HAMMA
« Les collaborations effectives sont matérialisées dans un accord de collaboration qui doit être corédigé, cosigné et qui partage un plan de travail. »
Faut-il nécessairement attendre un appel à projets pour collaborer dans une démarche de R&D ?
AVIT BLANCHY (A. B.) Non, pas forcément. Un projet de collaboration à des fins d’innovation peut en effet être réalisé dans le cadre d’un appel à projets conjoint entre le ministère de l’Économie et le Fonds national de la recherche (FNR), qui associent parfois un autre ministère comme le ministère de la Défense. Mais pour les projets de R&D dits « bottom-up », c’est-à-dire quand l’entreprise rencontre un institut de recherche et décide spontanément d’initier un projet de R&D collaboratif sur une thématique d’intérêt conjoint avec l’institut de recherche, l’entreprise peut tout de même solliciter le ministère de l’Économie sans que cela n’entre dans le cadre d’un appel à projets.

Pourquoi s’orienter vers l’un ou l’autre ?
A. B. La principale raison qui encourage à participer à un appel à projets, c’est l’alignement des agendas, parce que dans ce type de projet collaboratif, il y a deux bailleurs de fonds publics : le ministère de l’Économie, qui va financer l’entreprise, et le FNR,
qui va financer le partenaire public qui est en général l’Université ou un institut de recherche. Il y a donc deux procédures distinctes que chacun des partenaires doit mener pour pouvoir obtenir le financement de son autorité d’octroi respective. Hors appel à projets, il n’y a pas forcément d’alignement des agendas pour les décisions des autorités. Donc l’entreprise va soumettre sa demande pour la partie du projet qui la concerne au ministère de l’Économie, pendant que l’institut de recherche va, lui, devoir attendre un appel à projets du FNR, comme les Bridges, spécifique pour ce type de financement. Selon les années, il peut y avoir un ou deux appels à projets Bridges, et donc les décisions d’octroi n’interviendront pas au même moment. Le ministère de l’Économie va alors demander à l’entreprise si elle a bien la confirmation que l’établissement de recherche va s’engager à travailler avec elle, et inversement, le FNR va demander la même chose à l’établissement de recherche. La difficulté est de faire coïncider dans le temps les décisions des deux côtés. Les appels à projets résolvent cette problématique, puisque les deux
autorités d’octroi s’alignent sur un même agenda et prennent des décisions au même moment. Cela permet d’éviter ces situations d’entre-deux parfois inconfortables.
Faut-il distinguer la R&D selon qu’elle conduit à une innovation sur un procédé ou sur un produit ?
A. B. Le régime d’aide qui va être sollicité, c’est le régime d’aide à la R&D. Mais il existe aussi un régime d’aide distinct qui s’appelle « Aide à l’innovation de procédé et d’organisation ». Il s’agit là du libellé de l’aide. Mais dans un projet de R&D, l’innovation peut très bien concerner une innovation de produit ou de procédé. La seule différence, c’est que l’aide à l’innovation de procédés est réservée aux PME et n’est pas accessible aux grandes entreprises. Et elle requiert un niveau de complexité d’innovation qui est moins élevé que ce que l’on attend d’un projet de R&D. Donc, si on est une grande entreprise et qu’on fait une innovation sur son procédé, mais que cette innovation est complexe, on peut tout de même se faire aider à travers une aide de R&D.
Pour une entreprise qui veut lancer un projet de R&D collaboratif, quelle est la première question indispensable à se poser ?
YOURI CILLIEN (Y. C.) D’abord, l’entreprise qui a besoin d’innover pour rester compétitive doit savoir ce qu’elle vise et avoir une idée des étapes pour y parvenir. Elle doit évaluer les compétences dont elle a besoin pour franchir les étapes et évaluer son pool de compétences internes. Si toutes sont déjà identifiées, il y a peu d’intérêt à collaborer en réalité. Elle ira plus vite seule. Donc, le vrai déclencheur d’une collaboration, c’est partir du principe que l’entreprise n’a pas nécessairement en interne toutes les compétences qu’il lui faut pour résoudre les challenges techniques et arriver à une réelle innovation. On ne collabore pas pour la beauté de collaborer, mais par besoin de réunir des ressources complémentaires pour atteindre un objectif commun ou conjoint.
On parle uniquement de compétences ?
Pas de moyens financiers ?
A. B. C’est une vraie question car il y a en effet une incitation financière à mener
« L’entreprise qui a besoin d’innover pour rester compétitive doit savoir ce qu’elle vise et avoir une idée des étapes pour y parvenir. »
des collaborations dans la mesure où le taux d’aide octroyé par le ministère va être un peu supérieur et où il va y avoir un bonus de collaboration. Donc l’entreprise pourrait être tentée de se dire ‘je vais faire une collaboration parce que je serais mieux aidée’, mais ce serait une erreur d’aborder le sujet sous cet angle parce que s’il y a un bonus, en réalité, c’est pour pouvoir inciter à faire quelque chose qui n’est pas forcément naturel et qui n’est pas forcément plus simple. C’est presque un dédommagement pour la difficulté et le temps supplémentaire qu’on va devoir prendre pour se coordonner avec un partenaire. Il faut prendre en compte le fait qu’il faudra aussi payer en partie ce partenaire. Donc l’aspect financier doit être davantage perçu comme la cerise sur le gâteau plutôt que comme la source de motivation pour se lancer dans ce type de démarche.
Y a-t-il des secteurs pour lesquels ce type de collaboration est plus propice que pour d’autres ?
YOURI CILLIEN Conseiller en financements nationaux Luxinnovation

A. B. Il y a les appels à projets thématiques qui vont naturellement orienter, de par leur thématique, vers des secteurs stratégiques de l’économie luxembourgeoise, comme la healthtech. Dans ce secteur, il y a un besoin évident de collaboration, ne serait-ce que pour la partie expérimentation. Les autres thématiques promues jusqu’à maintenant ont notamment été la défense, le High Performance Computing (HPC) et la 5G. Toutefois, il y a aussi des collaborations effectives en bottom-up, en dehors des appels à projets, souvent entre de grandes entreprises industrielles et l’Université ou des instituts de recherche, par exemple dans les matériaux innovants. Mais on voit aussi des PME, notamment dans le développement informatique, mais pas uniquement, qui s’engagent dans des collaborations avec des organismes de recherche publics. Ces projets peuvent porter sur le développement d’outils d’optimisation faisant levier sur les données et sur l’intelligence artificielle, visant des secteurs aussi divers que la fintech ou la logistique, mais aussi pour le développement de nouvelles solutions de cybersécurité par exemple…
Un projet de développement informatique peut-il vraiment être considéré comme un projet de R&D ?
A. B. Pour qu’il y ait un projet de R&D éligible aux aides, il faut qu’on arrive à démontrer que ce que l’on veut faire est réellement une innovation qui va au-delà de ce qu’offrent aujourd’hui les solutions déjà sur le marché. C’est le premier élément. Le second, c’est de considérer que, pour offrir cette solution nouvelle, on doit résoudre des challenges techniques qui sont loin d’être triviaux, comportant de vraies difficultés et un vrai risque d’échec. Compte tenu de ces deux éléments, on va pouvoir distinguer les développements en vue de la maintenance d’un produit (ou de sa mise à niveau par rapport à ce que fait la concurrence) et ce qui représente une nouvelle solution résultant d’activités de R&D.
Quelles sont les erreurs d’appréciation courantes de la part des entreprises dans ces projets ?
Y. C. Une entreprise est souvent dans l’immédiateté, dans l’urgence et dans la nécessité d’aller très vite vers une solution commercialisable. Ce n’est pas la raison d’être d’un institut de recherche ou d’une université qui, eux, vont plutôt avoir un intérêt à aller chercher tout ce qui est loin de la solution commerciale, c’est-à-dire tout ce qui est plus en amont et plus dans la recherche. Donc, il faut que les partenaires arrivent à trouver un terrain d’entente, non seulement dans la finalité, mais aussi dans la timeline. S’engager dans une collaboration avec la recherche académique, c’est être prêt à travailler sur un horizon de temps plus large, de l’ordre de trois ans. Cela n’exclut en rien que des nouveautés puissent déjà émerger pendant ce temps, mais la solution complète arrivera à plus long terme. L’entreprise ne doit pas non plus s’attendre à ce que son partenaire scientifique lui rende une solution utilisable dès le lendemain. Ce dernier n’ira pas au-delà du prototype qui montre que la solution est viable et peut fonctionner. Ensuite, l’entreprise devra prendre les mesures nécessaires pour aboutir à la commercialisation du produit innovant.
Tout au long du projet, comment se répartissent les charges ? Qui pilote quoi ?
A. B. Cela dépend des projets. Dans certains cas, l’initiative vient d’un institut de
RESSOURCES
researchindustrycollaboration.lu : Cette plateforme animée par Luxinnovation met en avant tous les jointcalls. Elle représente une mine de ressources et d’informations pour les entreprises en quête de renseignements sur différents aspects : finances, optimisation de projets stratégiques et maîtrise des différents instruments de financement de la R&D et de l’innovation. Elles peuvent y trouver un toolkit et une foire aux questions pour les aider à appréhender un éventuel projet de R&D collaboratif. La plateforme propose aussi un outil de matchmaking qui permet d’exposer son idée et de créer des liens en vue d’une collaboration. Depuis le 1er mai, un nouvel appel à projets conjoint est en cours dans les domaines du calcul haute performance (HPC) et/ou de l’intelligence artificielle (IA).
recherche qui travaille sur une solution et a besoin d’un partenaire privé, d’un terrain de jeu pour l’expérimenter. Mais, le plus souvent, c’est l’entreprise qui a une problématique commerciale et qui va aller chercher les instituts de recherche. Celui qui a pris l’initiative conserve en général un peu le lead sur les étapes et le cadencement du projet. Mais normalement, les collaborations effectives sont matérialisées dans un accord de collaboration qui doit être corédigé, cosigné (mais pas avant d’avoir sollicité l’aide des autorités d’octroi) et qui partage un plan de travail.
Cet accord de collaboration est-il indispensable ?
Y. C. Oui, pour plein de raisons, il est impératif, notamment pour bénéficier des aides d’État. Mais au-delà de cela, chaque partie va investir des ressources dans le projet, qu’elles soient humaines ou financières. Il y a donc des risques à partager, et potentiellement des succès à partager. Cela a encore plus d’importance s’il y a une notion de propriété intellectuelle, de dépôt de brevet. L’accord doit établir le partage des risques, des ressources et des succès. Cela permet ainsi de collaborer selon des règles partagées et d’éviter l’émergence de potentiels litiges. Mais attention, pour respecter le critère de l’effet incitatif des aides d’État, les partenaires peuvent drafter un accord de collaboration, mais ne doivent surtout pas le signer ni s’engager formellement avant d’avoir sollicité les aides financières.
Faut-il définir de façon claire au préalable des indicateurs de performance ?
A. B. Dans le cadre de la demande d’aide, l’entreprise et l’institut de recherche doivent donner les objectifs du projet et donc des KPI. Si les objectifs ne sont pas atteints, ce n’est pas un problème, car, par définition, la R&D peut échouer.
Au-delà du pur aspect de R&D, qu’est-ce qui peut faire échouer un projet ?
Y. C. Il y a diverses raisons. La principale étant liée au turnover du personnel. Théoriquement, il peut aussi y avoir des cas où les partenaires ne sont plus d’accord pour travailler ensemble. Des tensions entre les partenaires, il peut y en avoir, mais cela se résout toujours.
IA et propriété industrielle : innover, protéger
L’intelligence artificielle stimule l’innovation, mais pour créer de la valeur, il est essentiel d’anticiper grâce à la propriété industrielle.

Quand l’intelligence artificielle devient un levier d’innovation à protéger stratégiquement
L’intelligence artificielle (IA) joue aujourd’hui un rôle central dans les stratégies d’innovation. Elle transforme des secteurs entiers — industrie, santé, énergie, finance — et donne naissance à des solutions inédites, souvent fondées sur des logiciels complexes. Mais cette dynamique soulève une question cruciale : comment protéger efficacement les résultats de la recherche ?
La première étape d’une bonne stratégie de protection repose sur des recherches préalables solides. Identifier les technologies existantes, vérifier la nouveauté d’une solution, analyser les tendances du marché : ces actions permettent d’éviter la contrefaçon, d’orienter les choix de R&D et de poser les bases d’une stratégie claire.
Le cabinet Laidebeur & Partners, expert en propriété industrielle, accompagne les entreprises dans cette phase décisive. Grâce à une veille ciblée et une analyse rigoureuse de l’état de l’art, il aide à définir le bon cadre juridique.
Une fois les contours de l’innovation établis, une stratégie de protection sur mesure peut être élaborée. Contrairement aux idées reçues, les logiciels, y compris ceux intégrant de l’IA, peuvent être protégés par brevet, à condition de répondre à certains critères techniques. D’autres outils sont mobilisables : droit d’auteur, dépôt de logiciel, secret d’affaires, ou marques pour les services associés.
Le choix des leviers juridiques dépend de la nature de l’innovation, de son potentiel commercial, du niveau de confidentialité et des objectifs du projet. L’expertise juridique permet alors de transformer une invention en actif stratégique valorisable
Une propriété industrielle bien structurée sécurise les investissements, renforce la compétitivité, attire les investisseurs et ouvre des perspectives de revenus via des licences ou des partenariats.
Encore faut-il anticiper. Trop souvent, la protection intervient trop tard, une fois l’innovation exposée ou copiée. Une approche proactive, intégrée dès le début du projet, permet de concilier innovation et maîtrise des risques
Dans un monde où l’IA progresse à grande vitesse, la propriété industrielle est un outil de performance, bien plus qu’une formalité juridique.
LAIDEBEUR & PARTNERS
4, rue d’Arlon - L-8399 Windhof - Koerich ip@laidebeur.com
Tel. +352 20 20 21 98 www.laidebeur.com/
The FNR’s main instruments to support public-private partnerships
The Luxembourg National Research Fund (FNR) is the main funder of research activities in Luxembourg. The institution invests public funds and private donations in research projects in the sciences and humanities, with a focus on certain fundamental strategic areas.
€400.000
The FNR supports Bridges projects for a minimum of 12 months and a maximum of 36 months. Up to €400,000 of funding can be awarded to successful applications that guarantee a balanced partnership. Luxembourgbased collaborating companies are required to cover 15% of the eligible project costs, while international collaborating companies are required to cover 30% of the eligible project costs.
“In pursuit of excellence and quality in research, the Luxembourg National Research Fund’s funding instruments support doctoral students [as well as] projects and programmes evaluated by independent scientific experts,” explains Dr Richard Nakath, programme manager at the FNR. “One of our missions it to invest public funds and private donations in research projects in the sciences and humanities, with a focus on certain fundamental strategic areas, working on public-private partnerships.First, “we only give money to public research entities,” Nakath continues. “We do not fund companies. Then, FNR funding focuses on its three strategic objectives: achieving scientific leadership in key sectors; making public research a competitive advantage for Luxembourg; and anchoring science and research in society.” The FNR plays a “comprehensive role throughout the entire lifecycle of public-private partnership programmes and ministry calls. In close
collaboration with its partners, including various ministries and Luxinnovation, the FNR co-designs and implements topical calls, ensuring that the research themes align with strategic national priorities.”
“When talking about project funding,” Nakath says, “there needs to be a differentiation between the programmes that are solely administered by the FNR--meaning that we do it alone--and the joint programmes, which are done together with other ministries within Luxembourg.” The Bridges programme, for example, is solely administered by the FNR. It provides financial support for industry partnerships between public research institutions in Luxembourg and national or international companies. The specific objectives of the programme are to stimulate strong partnerships between public research institutes and companies, and, in particular, activities that promote innovation and sustainable value creation. It also aims to facilitate access to advanced industrial
Photo Tonizzo/FNR
Journalist IOANNA SCHIMIZZI
technology and expertise worldwide, to use and strengthen national testbed facilities and living labs, and to increase the attractiveness of Luxembourg as an innovation hub based on advanced technological research.
Ten years of the Bridges programme
The FNR supports Bridges projects for a minimum of 12 months and a maximum of 36 months. Up to €400,000 of funding can be awarded to successful applications that guarantee a balanced partnership. Luxembourg-based collaborating companies are required to cover 15% of the eligible project costs, while international collaborating companies are required to cover 30% of the eligible project costs.
“This is a programme that we’ve had for ten years now,” explains Nakath, “but we fund only the public side, meaning only, for example, the university, the Luxembourg Institute of Science and Technology or the Luxembourg Institute of Health. But they need to partner with a company either from
“Applications are evaluated according to several criteria, such as the quality of the research and the scientific excellence. Or is that something that already exists somewhere?”
Luxembourg or outside of Luxembourg. We only fund Luxembourg institutions, so the money stays in the country.”
“We also call these public-private partnership programmes ‘knowledge exchange programmes,” he adds. “The purpose of these programmes is for the public and the private sides to learn from each other, especially so that the knowledge or the technology that is being researched at the public institutions can be valorised by economic actors like companies.”
An alignment with Luxembourg’s agenda
On the other hand, the FNR has joint programmes such as Healthtech Bridges, 5G Bridges, Defence Bridges and HPC Bridges. Some of these are just one-call programmes, meaning, says Nakath, “they were just there for one-shot [like the 5G Bridges; editor’s note]. It depends on the topic. These joint programmes are basically aligned with the strategic objectives from the ministries. The regular ‘Bridges’ that are just done by the FNR are open to all topics [and people] can apply twice a year.”
LAUNCH OF A NEW CALL FOR HPC AND AI PROJECTS
The ministry of the Economy and the FNR, together with Luxinnovation, are launching a new joint call for projects in the fields of highperformance computing (HPC) and/or artificial intelligence (AI). This initiative aims to support companies and public research institutions working on projects in these domains. The goal is to accelerate the adoption of AI and/or HPC within Luxembourg’s ecosystem. This call for projects primarily targets privatesector stakeholders with strong R&D capabilities but limited inhouse experience in artificial intelligence (AI) and highperformance computing (HPC). “By encouraging collaborations between public research and industry, the objective of the call is to support these companies in exploring, adopting, and integrating cuttingedge AI and HPC technologies into their operations, thereby accelerating innovation and boosting longterm competitiveness”, explains the ministry of the Economy.
RICHARD NAKATH Programme manager FNR

And what is exactly the role of the FNR in these public-private partnership programmes? “We receive applications within these calls, we manage the evaluation process and then we make a recommendation if a project should be funded or not,” replies Nakath. “In the joint calls, the ministry of the economy gives money to the companies, and then the ministry needs to make a legal evaluation to see if the company is allowed to receive money. Applications are evaluated according to several criteria, such as the quality of the research and the scientific excellence. Or is that something that already exists somewhere? Then it does not make sense, of course, to fund it,” notes Nakath. “The knowledge is already there.” Following this evaluation, the FNR issues funding recommendations grounded in the experts’ assessments. Final funding decisions are made jointly by the FNR and its partner ministries, “ensuring that only the highest-quality projects, which meet the programme’s strategic and scientific objectives, are supported. Through this process, the FNR ensures not only the scientific excellence of funded projects but also their alignment with Luxembourg’s broader research and innovation agenda.”
STRATEGIC PRIORITY
It is also a strategic priority of the FNR to turn public research into a “competitive advantage for Luxembourg and to give researchers the opportunity to pursue highimpact research strategies while working with the most innovative private actors. The aim is to raise general awareness of the use of AI and HPC in companies’ R&D activities and to support a sustainable evolution towards a relevant and welldeveloped ecosystem.”
AN ONLINE PLATEFORM DEDICATED
To facilitate the emergence of projects and to support interested actors in their efforts, Luxinnovation has set up an online platform where companies and public research actors are invited to submit their project outline from 1st of May to 18th of June 2025 in a first phase. In a second phase, from 21st of July to 17th of September, full project proposal (FPP) must then be submitted by each project participant either to the ministry of the Economy (Myguichet platform) for companies and to FNR (FNR Grant system) for accredited research organisations.
Dépenses et performance : données-clés
Au Luxembourg, la performance en matière d’innovation reste solide, mais les investissements privés en R&D peinent à suivre. Classé 11e dans le European Innovation Scoreboard 2024, le pays conserve son statut d’« innovateur fort ». Pourtant, les entreprises demeurent à la traîne : leurs dépenses en R&D stagnent depuis une décennie, représentant à peine 0,48 % du PIB en 2023, soit moins d’un tiers de la moyenne européenne.
Dans son European Innovation Scoreboard 2024, la Commission européenne positionne le Luxembourg à la 11e place parmi les pays de l’Union, marquant un recul de 2,5 points par rapport à l’édition 2023. Ce classement, établi sur la base de plusieurs dizaines d’indicateurs, évalue la capacité des pays à produire, diffuser et intégrer l’innovation dans leur économie et leur société. Le Grand-Duché reste toutefois considéré comme un « innovateur fort », avec une performance globale équivalente à 112,1 % de la moyenne de l’UE. Ce chiffre le situe légèrement au-dessus du groupe des autres innovateurs forts, dont la moyenne atteint 111,3 %. Cette position est révélatrice d’un écosystème innovant solide, mais qui semble atteindre un plateau, voire montrer certains signes d’essoufflement sur des points structurants.
Le Luxembourg continue cependant de se distinguer par ses performances dans certains domaines-clés, en particulier au niveau de ses conditions-cadres, qui regroupent notamment les infrastructures,
la réglementation, la stabilité économique et la qualité des institutions. Ces éléments constituent des bases essentielles à la stimulation de la recherche et de l’innovation. Le pays affiche également une excellente performance en matière de système de recherche, considéré comme le meilleur au sein de l’Union européenne. Ce classement repose sur trois critères principaux. Tout d’abord, le nombre de copublications scientifiques internationales, pour lesquelles le Luxembourg obtient un score exceptionnel de 283,8 – à comparer à la moyenne européenne qui s’élève à 133,8. Ce chiffre témoigne du niveau élevé de collaborations internationales des institutions de recherche luxembourgeoises. Deuxièmement, une proportion importante de ces publications figure parmi les 10 % les plus citées à l’échelle européenne, ce qui reflète leur qualité et leur impact scientifique. Troisièmement, le Luxembourg se démarque par la très forte proportion d’étudiants étrangers en doctorat, avec un score de 264,4, nettement supérieur à la moyenne
Journaliste MAËLLE HAMMA
de l’UE, fixée à 134,5. Ce taux traduit l’attractivité du pays pour les chercheurs internationaux, attirés par les conditions d’études, de financement et d’encadrement. En parallèle, le Luxembourg a enregistré une progression significative dans le domaine des ressources humaines, avec une amélioration de 26,8 points de pourcentage depuis 2017. Il se classe aujourd’hui à la deuxième place parmi les États membres sur cet indicateur, porté notamment par une hausse remarquable du nombre de nouveaux diplômés de doctorat (+81,1 points). Cela confirme l’essor de la recherche doctorale, soutenue par des programmes incitatifs et une politique d’accueil proactive. Le pays dépasse également la moyenne européenne en matière de diplômés de l’enseignement supérieur, avec un score de 212,6 contre 110,2 pour l’UE. Il en va de même pour la formation continue : le score luxembourgeois atteint 155, contre 120,4 pour la moyenne européenne, ce qui souligne une culture de la formation tout au
long de la vie favorable à l’adaptation aux nouvelles compétences.
Autre point fort relevé par la Commission : l’usage des technologies de l’information et de la communication, qui atteint un score de 140,2 % par rapport à la moyenne de l’UE. Ce résultat s’explique par une part importante de professionnels du numérique dans la population active et par un environnement technologique globalement bien développé. Néanmoins, la formation initiale et continue dans les domaines du numérique progresse plus lentement, ce qui pourrait limiter les bénéfices futurs de cette dynamique si l’écosystème éducatif ne s’adapte pas.
En dépit de ces points forts, plusieurs faiblesses structurelles demeurent. Certaines performances stagnent ou régressent, notamment dans le domaine des compétences numériques, où le pays ne se situe plus qu’au niveau moyen de l’UE. Le financement de l’innovation constitue un autre point noir : le Luxembourg affiche un net
Dépenses de recherche et développement
Comparaison des pays de l’UE, en % du PIB (source : Eurostat)
LES CINQ CRITÈRES
ESSENTIELS
D’UNE ACTIVITÉ DE R&D
• La nouveauté (dans les champs de connaissances à explorer et des résultats à obtenir)
• La créativité (dans l’application des idées et des concepts de nature à enrichir la somme des connaissances)
• L’incertitude (qui entoure les objectifs à atteindre et/ou les ressources à prévoir pour obtenir les résultats escomptés)
• La systématisation (dans la planification et la budgétisation)
• La transférabilité ou reproductibilité (des nouvelles connaissances acquises afin de préserver la somme des connaissances)
retard par rapport à la moyenne européenne avec un score de 64,4 % pour les aides publiques, et – surtout – seulement 43,8 % pour les investissements privés dans l’innovation. Cette insuffisance d’investissement des entreprises constitue un frein majeur à la dynamique d’innovation du pays. La part des dépenses intérieures de R&D des entreprises (BERD) dans le PIB reste faible, ne représentant que 31,9 % de la moyenne de l’UE. Cela suggère une dépendance excessive au financement public ou institutionnel, et un engagement encore trop limité du secteur privé dans les efforts de recherche.
S’agissant des impacts de l’innovation, les résultats sont nuancés : les effets sur l’emploi sont positifs (127 % de la moyenne UE), traduisant une création d’emplois dans les secteurs innovants. En revanche, les effets sur les ventes demeurent faibles, avec un score de seulement 68,9 %. Ce décalage souligne la difficulté du Luxembourg à transformer efficacement ses innovations en produits ou services à haute valeur ajoutée, commercialisables à grande échelle. L’emploi dans les entreprises innovantes reste modéré, tout comme les ventes issues de l’innovation technologique ou de rupture.
À l’échelle mondiale, selon le Global Innovation Index 2024, qui évalue 133 économies à travers 80 indicateurs, le Luxembourg se positionne à la 20e place. Parmi les 51 économies à revenu élevé, il atteint le 19e rang. Parmi les critères retenus figure la part des diplômés en sciences et ingénierie, qui atteignait 22,88 % en 2022, un chiffre en hausse constante, confirmant une orientation stratégique vers les disciplines STEM (science, technologie, ingénierie, mathématiques).
Les performances en matière de propriété intellectuelle témoignent d’un certain essoufflement : selon les données de l’Office européen des brevets, 307 demandes ont été déposées en 2024, soit une baisse de 10,2 % par rapport à 2023. Ce recul s’ajoute à la faiblesse relative des valorisations économiques issues de l’innovation. Le Unicorn Valuation, qui mesure la valeur des licornes en pourcentage du PIB, s’établit à 2,13 % en 2024, en recul de 0,25 point.
Dépenses de recherche et développement
En % du PIB pour le Luxembourg (source : Eurostat)
Dépense intérieure de R&D par secteur d’exécution (2023) (source : Lustat)
Secteur de l’enseignement supérieur 223,45 millions €
Secteur des entreprises 379,97 millions €
Secteur de l’état 217,22 millions €
Crédits budgétaires publics de R&D par objectif socioéconomique
Évolution totale 2010-2024 en millions d’euros (source : Lustat)
Crédits budgétaires publics de R&D par objectif socio-économique en 2024
En millions d’euros (source : Lustat)
Avancement général des connaissances : activités de R&D financées par les fonds généraux des universités (FGU) 139,21
Production et technologies industrielles 110,85
Santé 84,83
Avancement général des connaissances : activités de R&D financées par d’autres sources que les FGU 73,14
Exploration et exploitation de l’espace 70,52
Systèmes, organisations et processus politiques et sociaux 12,7
Environnement 8,61
Transports, télécommunications et autres infrastructures 6,13
Culture, activités de loisirs, cultes et média 1,5
Défense 1,5
Éducation 0,32
Énergie 0,23
Exploration et exploitation du milieu terrestre 0,04

Recherche et entreprises : synergies concrètes.
Au Luxembourg, la collaboration entre la recherche publique et les entreprises privées prend forme dans des projets concrets. Avec le soutien du FNR, ces partenariats favorisent l’innovation utile et partagée.

Des collaborations public-privé soutenues par le Luxembourg National Research Fund (FNR) permettent de faire émerger, au Luxembourg, des solutions innovantes dans des domaines aussi variés que la vision par ordinateur, les matériaux avancés ou les technologies de surface.
Au SnT (Université du Luxembourg), la recherche en vision par ordinateur ne se développe pas en vase clos. L’équipe de Djamila Aouada (CVI2) collabore régulièrement avec des acteurs industriels pour intégrer ses algorithmes à des applications concrètes : rééducation post-AVC, estimation de posture, navigation autonome pour satellites.
Par exemple, des partenariats avec Artec 3D ou InfiniteOrbits permettent de tester les modèles d’IA dans des conditions réelles. Comme l’explique Djamila Aouada : « Le soutien du FNR a été déterminant pour favoriser des collaborations avec des institutions de recherche et des entreprises, tant au niveau national
qu’international. Ces partenariats ont considérablement élargi la portée de mes recherches et facilité un transfert de connaissances utile à l’innovation. Par exemple, grâce à BRIDGES, j’ai pu construire des collaborations solides avec plusieurs entreprises luxembourgeoises, notamment LMO et POST Luxembourg ». L’objectif est double : renforcer la pertinence des recherches et permettre à l’industrie de gagner en compétitivité.
MATÉRIAUX INTELLIGENTS :
VERS UNE INDUSTRIE PLUS DURABLE
Dans un contexte de transition écologique et de pression croissante sur les ressources, le développement de matériaux dits « intelligents » permet d’optimiser les performances industrielles tout en réduisant leur empreinte environnementale. Ces matériaux, souvent bio-inspirés, adaptent leur comportement en fonction des conditions d’utilisation, et ouvrent la voie à des applications plus durables
Crédit photo © Baba Kamal/ LIST
La décharge de plasma sur cette photo a été créée dans un tube de quartz à l'aide de micro-ondes
Emmanuel Defay (LIST), spécialiste des matériaux ferroélectriques, développe des systèmes de refroidissement solides qui n’utilisent ni gaz à effet de serre ni pièces mobiles. Cette technologie, basée sur des propriétés électromécaniques de certains matériaux, pourrait à terme remplacer les systèmes de réfrigération traditionnels dans l’électronique ou l’aéronautique.
Son projet, soutenu par le FNR e.a. via le programme BRIDGES, associe étroitement plusieurs partenaires industriels, dont des entreprises en France et au Japon. Ensemble, ils travaillent à l’intégration de ces matériaux dans des systèmes concrets, testés en conditions réelles. « L’intérêt de ces collaborations est d’orienter très tôt notre recherche vers des applications viables et commercialisables », explique Emmanuel Defay. Ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large au sein du LIST.
Dans le même esprit, le groupe Plasma Process Engineering, dirigé jusqu'à récemment par Patrick Choquet, et repris par la suite par Nicolas Boscher, illustre une autre facette des collaborations publicprivé dans le domaine des matériaux avancés. Ce groupe s’est spécialisé dans les traitements de surface par plasma, avec des applications allant des implants dentaires aux revêtements antibactériens, en passant par la protection de l’acier en milieu marin. Ces recherches se sont souvent concrétisées par des collaborations étroites avec des entreprises luxembourgeoises telles que CERATIZIT, ArcelorMittal, Goodyear, Circuit Foil ou Rotarex. « Si je regarde le portefeuille de projets réalisés avec tout type de financement du FNR, plus de la moitié nous ont permis d’initier des collaborations avec des entreprises au Luxembourg. En termes de bénéfice principal pour le pays, il y a déjà notre portefeuille de brevets au sein du laboratoire : un certain nombre de nos brevets sont en copropriété avec des entreprises luxembourgeoises », explique Patrick Choquet.
Grâce au soutien du FNR, notamment via des instruments comme BRIDGES, ces projets ont permis de développer des procédés sur mesure, testés directement sur des lignes industrielles. Ils illustrent comment une recherche fondamentale peut évoluer vers des solutions concrètes en réponse à des problématiques industrielles complexes, tout en renforçant l’ancrage de l’innovation dans le tissu économique national.

DES INSTRUMENTS POUR STRUCTURER LES COOPÉRATIONS
Ces dispositifs structurants permettent d’ancrer les collaborations dans un cadre stable, adapté aux attentes des deux parties. Parmi eux, l’outil BRIDGES, qui soutient les projets de recherche appliquée en lien avec des partenaires socio-économiques. L’objectif : favoriser le développement de compétences, d’outils ou de services directement exploitables. Les projets financés doivent présenter une valeur ajoutée claire pour le partenaire et faire avancer les connaissances dans une perspective concrète.
Autre mécanisme : les Industrial Fellowships, qui permettent à des doctorants ou post-doctorants de travailler en partie dans une entreprise, tout en restant encadrés académiquement. Ces dispositifs facilitent le recrutement de profils scientifiques au sein des entreprises, et offrent aux jeunes chercheurs une expérience professionnalisante dans un environnement intersectoriel. Ce type de mobilité crée un terreau favorable à l’émergence de projets collaboratifs plus larges.
UNE STRATÉGIE D’ANCRAGE DANS LE TISSU ÉCONOMIQUE
En renforçant les collaborations publicprivé, le Luxembourg s’inscrit dans une logique d’innovation collaborative, où la recherche n’est pas un monde à part, mais un acteur au service de la société et de l’économie.
Ces projets permettent aussi de positionner les chercheurs sur des enjeux d’avenir concrets, tout en renforçant la visibilité et la pertinence internationale de la recherche menée au Grand-Duché. À travers ces partenariats, les PME comme les grands groupes peuvent accéder à des compétences scientifiques de pointe, et codévelopper des solutions répondant à leurs besoins spécifiques
À l’échelle européenne, cette approche place le Luxembourg dans une dynamique cohérente avec les priorités de la recherche appliquée et de l’innovation orientée impact.

Le dioxyde de titane, l'un des matériaux déposés à l'aide du plasma
“Steel is a high-tech material that is constantly evolving”
ArcelorMittal’s R&D centre in Luxembourg is a global centre for innovation in long steel products, focusing on the improvement of product properties through advancements in chemical composition, steel applications and manufacturing processes, with a strong emphasis on sustainability and the integration of new technologies.
Journalist SYLVAIN BARETTE
ArcelorMittal’s R&D centre (0), based in Esch-sur-Alzette and which celebrated its 50th anniversary in 2022, is one of two research centres dedicated to long products within the company’s global R&D network. Paperjam spoke to two of its experts: Christian Bobadilla, long products research centre manager, and Nicolas Caillet, head of operations in Esch-sur-Alzette.
Product range
Bobadilla explained that long products are defined as steel goods with a profile, unlike flat sheets. Examples of long products include H-sections for beams (1); Z-sections (2) and U-sections for sheet piles (3); rails (heavy long products); and round and hexagonal bars for automotive and industrial applications like springs, cables and fasteners (light long products).
Intertwined shape and product composition
New product development typically involves a combination of geometry (shape) and steel grade (chemical composition), Bobadilla continued.
“Jumbo beams are flagship product for Luxembourg.”
“It’s their combination, together with customised manufacturing processes, that leads to improvements… the whole journey counts,” Caillet added. Primarily ironbased, alloying elements are added to steel to modify its properties like strength and ductility to suit specific applications. For instance, Caillet remarked, the manufacturing process and particularly the rolling process significantly affect the final mechanical properties of the steel.
The R&D centre collaborates closely with ArcelorMittal’s production plants in Luxembourg but also across the world in particular when a process needs to be adjusted to manufacture a new product.
NICOLAS CAILLET Head of operations
Esch

Optimising energy and resources
ArcelorMittal has a partnership with the Luxembourg Institute of Science and Technology (List) on projects like “Heat 2 power” and “Heat 4 steel” to recover and reuse waste heat from the steelmaking process. The List has developed a software that identifies the best spots in a plant for recovering the heat. Such a tool multiplies the opportunities for produc-
ArcelorMittal’s R&D centre
Photos Olivier Toussaint, ArcelorMittal, Shutterstock
ing energy from waste heat, as was done with the Sudcal project at the Belval plant, where hot water was supplied to the Belval district adjacent to the factory.
Integrating digitalisation in steelmaking
Without going into details due to competitiveness reasons, Caillet noted that R&D efforts include developing digital tools and models, potentially incorporating artificial intelligence, to support operators’ decision-making and optimising manufacturing processes.
“Digitalisation is implemented across the steelmaking process,” he said, explaining that it often starts with an electric arc furnace where scrap metal is melted down. The molten steel is then solidified through continuous casting into semi-finished products. These semi-finished products are then shaped into their final form at the rolling mill. This process involves passing the steel through a series of rotating cylinders to gradually achieve the desired profile, such as the flanges (wings) and web (core part) of an H-beam. “Temperature control during rolling is crucial for achieving the desired mechanical properties,” he said.
Steel beams may look like standard steel products, but Caillet pointed out that producing large steel sections--like jumbo beams with thick flanges (up to 160mm) for high-rise buildings--presents significant challenges in achieving homogeneous properties throughout the material. “Jumbo beams are a flagship product for Luxembourg,” he added.
Making jumbo beams is hard
Caillet commented that large sections require larger semi-finished products from continuous casting, making it harder to ensure homogeneity during solidification and cooling. Additionally, products used in critical infrastructure must meet stringent international standards for consistent properties.
Caillet thinks that ArcelorMittal has a competitive advantage in producing highstrength, thick steel sections due to its Quench and Self-Tempering (QST) technology at the Differdange plant. “QST is an accelerated cooling process applied during the rolling of thick beams, enabling


Hsections for beams (1); Zsections (2) and Usections for sheet piles (3) are defined as long products. Steel goods with a profile, unlike flat sheets.
excellent mechanical properties and good weldability,” he said, “which is essential for construction.”
An example of a high-strength steel grade is Grade 80, used in a tall building in Toronto (2,000 tonnes) and showcasing the continuous advancement in steel properties. It is worth noting that iconic structures like the World Trade Center foundations (4) and the Burj Khalifa use ArcelorMittal steel from Differdange, though not, said Caillet, the latest Grade 80.
Thinking outside the box
Asked if the chemical composition of the flanges could be different from that of the web, Caillet explained that currently the chemical composition is homogeneous throughout a single steel product like a beam. “Future innovations might explore differentiated compositions within a



single section,” he added, “although current processes don’t allow this.”
The required properties depend on the application
For instance, columns in tall buildings primarily experience compression, while beams undergo flexion. These considerations must be coupled with seismic resistance and fire resistance, Caillet explains.
He added that the lifespan of steel structures is generally very long, without degradation of the steel itself under normal conditions, although events like fires or earthquakes can affect their integrity.
Degradation
Unlike structural beams, Caillet remarked, sheet piles used in marine environments like ports are susceptible to corrosion due to contact with salt or fresh water, necessitating measures to extend their service life. Sheet piles are interlocking steel sections (often Z- or U-shaped) driven into the ground to retain soil or water and used in the construction of quays, bridges and flood defences. For example, they are used to protect Venice from rising water levels.
Integrating new technologies
“ArcelorMittal’s R&D role includes exploring and embedding artificial intelligence, robotics and additive manufacturing (3D printing) to improve processes and develop new capabilities,” said Bobadilla. For instance, ArcelorMittal has invested in an autonomous four-legged robot (5, 6) for inspecting production facilities in hazardous or difficult-to-access areas, equipped with sensors to measure, for example, CO2 or heat. This demonstrates the adaptation of technologies from other fields for steel industry purposes.
Caillet expanded on the concept of a “smart sheet pile,” where sheet piles are instrumented with sensors to monitor corrosion, shocks and inclination, providing valuable data on their condition and potentially extending their lifespan.
Furthermore, the R&D centre conducts lifecycle analyses to highlight the environmental performance of steel products and solutions compared to alternative construction materials such as concrete. Steel remains an infinitely recyclable material.


“ArcelorMittal’s R&D role includes exploring and embedding artificial intelligence, robotics, and additive manufacturing (3D printing) to improve processes and develop new capabilities.”
CHRISTIAN BOBADILLA Long Products Research Centres Manager

ArcelorMittal’s R&D centre
ArcelorMittal has invested in an fourlegged autonomous robot to inspect sites, showcasing hightech innovation in the steel industry.
Photos
Olivier
Toussaint, ArcelorMittal

Digital Assets Ecosystem: Cryptocurrencies, NFTs and other Tokens
Cryptocurrencies, NFTs, tokenized assets—more than trends, they’re transforming commerce. From unlocking new revenue streams to revolutionizing payments, ownership, and customer engagement, digital assets are reshaping business as we know it. But with innovation comes regulation. Join top industry experts to decode the latest trends, compliance shifts, and real-world applications. Gain the insights you need to stay ahead in the tokenized economy.
Luxembourg defence innovation and dual-use technologies
Luxembourg’s defence sector leverages dualuse tech such as cyber, space and materials in European and Nato supply chains. The government is promoting the integration of its firms into value chains via calls, catalogues and events, as well as investing heavily in R&Dto the tune of €24.1m in 2024to boost innovation in areas like smart mobility, AI, drones and sensors.
Journaliste SYLVAIN BARRETTE
€24.1m
R&D investment in 2024
Accounting for more than 3% of Luxembourg’s defence effort, the investment meets the EU requirement to invest at least 2% of the national defence budget in R&D projects.
Representatives at the defence directorate and the economy ministry provided their insights about the economic ecosystem, the ongoing innovations supporting the defence sector in Luxembourg and whether there is an intention to create a defence hub as was done for the space sector. Both departments of the government provided written answers to our questions.
Flagship products from Luxembourg
The spokesperson at the defence directorate noted that Luxembourg industry is mainly included in the supply chain of large international defence companies. The spokesperson for the economy ministry stated: “Flagship products or solutions primarily stem from dual-use technologies [for civilian and military use]. These include innovations in cybersecurity, satellite imagery, cryptography and secure communications systems. These products have concrete applications in both civilian and military contexts, giving them truly strategic relevance.”
The spokesperson for the defence directorate added that Luxembourg firms have an “edge” in variety of products such as lightweight and advanced materials, adaptive engineering, space, cybersecurity and
IT as well as in dual-use technologies. “This strategic positioning allows them to actively contribute to the European defence ecosystem,” said the spokesperson for the economy ministry.
Integration in the Nato and EU defence value chain
The defence directorate intends to gives visibility and credibility to Luxembourg companies and research centres by strengthening cooperation in terms of capabilities to support the European Union and the North Atlantic Treaty Organization (Nato). Its spokesperson said: “If we want to strengthen our collective defence and deterrence capabilities, it is crucial to maintain our technological edge. Our industry and research centres therefore play a fundamental role, as they are the driving force of innovation.”
“We particularly aim to promote the integration of our companies into the EU and Nato defence value chains, and this will only be possible by giving them greater visibility and credibility. To achieve this goal, the defence directorate organises national calls for projects and supports national industries in their efforts to participate in calls for projects at the
European Union level. It also informs national industries about the procedures for joining the vendor lists of Nato and EU procurement agencies.”
“Furthermore, to promote the capabilities of Luxembourg’s defence industry and encourage potential international partners to explore international research and business development opportunities in the grand duchy, the defence directorate and Luxinnovation jointly published the ‘Luxembourg industry and research capabilities for security and defence’ catalogue, the fourth edition of which will be published this year. This inventorying work also provided a more precise overview of the national ecosystem.”
Concluding on the value chain, the defence directorate spokesperson explained that the defence sector in Luxembourg actively promotes its industries through participation in events like the recent Nato Industry Day. This event, hosted at the Nato Support and Procurement Agency (NSPA), provided a platform for 52 Luxembourg companies to highlight their capabilities and gain insight into the NSPA’s procurement procedures. The aim was to facilitate collaboration and the sharing of knowledge and viewpoints within the defence industrial landscape.
Investments in innovation and R&D
The spokesperson at the defence directorate explained that the “Luxembourg defence guidelines for 2035” emphasise the crucial role of innovation and cooperation with relevant ministries and organisations in Luxembourg’s economic and research sectors. Demonstrating this commitment, an investment of €24.1m was allocated to research and development in 2024, exceeding the EU’s requirement for defence R&D spending (2%).
To foster this innovation, the defence directorate, in partnership with the ministries of economy and research and higher education, have launched calls for proposals focusing on defence R&D with dualuse applications. These initiatives are conducted in collaboration with key national bodies like the National Research Fund and the national innovation agency Luxinnovation, highlighting a concerted effort to advance defence capabilities
through research and cross-sectoral partnerships.
The spokesperson for the defence directorate added: “These calls aim to enable national stakeholders to gain experience in the defence field whilst positioning themselves in technological niches and to help them access EU and Nato markets and production chains. In line with national and European defence priorities, the first call in 2022 focussed on dual-use capabilities in the areas of space and materials. Given the economic landscape and public research specialties in Luxembourg, the second call for projects in 2024 focused on the themes of ‘smart mobility,’ ‘resilience,’ and ‘strategic foresight and climate change adaptation.’ We are also currently evaluating the opportunity to launch a third call for R&D projects.”
Promising new equipment
The spokesperson at the economy ministry listed cutting-edge cybersecurity technologies, innovations in the space sector, artificial intelligence applied to defence and new-generation sensors as up-and-coming new products whilst the spokesperson for the defence directorate added drones, optronic and night vision equipment to the list. The development of these technologies is often linked to needs expressed at the European level, which opens the way to strengthened international collaborations.
Next-generation sensors
These are advanced devices incorporating the latest technologies, such as 3D cameras, radar sensors, sensors that capture electromagnetic signals or sensors equipped with intelligent algorithms that make use of the collected data.
Major gaps in the defense ecosystem (LU
or EU)?
Not surprisingly, an admission of the weaknesses of the European economic ecosystem were not disclosed to Paperjam. The spokesperson for the economy ministry commented that Luxinnovation in November 2024 organised--for the first time--a Luxembourg Defence Technology and Innovation Day, which brought together officials from governments, the European Union, research institutes and industry to examine strategies and initiatives in the field of European security and defense and encourage new partnerships. In this context, calls for joint R&D projects in the field of defense were launched, the last of which was in March 2024.
AI gives anyone access to the most advanced satellite intelligence
BeyondEx is part of the Luxembourg defence ecosystem that Luxinnovation has referenced in its “Luxembourg industry and research capabilities for security and defence” catalogue. Cofounded by Bartosz Grejner, the startup fuses generative AI with satellite images and data to provide simple, AI solutions that democratise complex spatial insights and offer situational awareness
Journaliste SYLVAIN BARRETTE
Does your satellite imagery system have a dual use?
We are still developing our product, but it will be dual use [civilian & military] and should be ready within a month or two. We get those high-resolution images from private vendors (Maxar, Planet, Black Sky) and low-resolution but free images from the European Space Agency though its Sentinel satellites. We merge the data and apply the relevant analytics (object detection and segmentation models), depending on the use case. We may also need to couple them with data from the ground and internet of things (IOT) sensors and government- or company-specific data. Thanks to AI, any user can now easily extract satellite intelligence without being an expert.
How is AI being used?
Any user can use the most advanced satellite intelligence and connect different data sources without having expert knowledge. Without AI, it used to be a prohibitive process.
Could a user write a simple prompt to get the desired satellite image?
Yes. Should you need moisture levels on an image, for instance, a high-resolution image is not necessary. AI will understand that a free image is sufficient. To detect movements near a border, AI will understand that you need to identify the type of vehicle (military or civil) [and use higher-resolution images]. You could also ask vague questions, such as whether your supplier is polluting. Through the connection with the company data or through the internet, AI will figure out the type of pollution that needs to be investigated.
I understand that AI is implemented in your app, Any AI, on board satellites?
There are some embedded AIs in some satellites. In these cases, the data is already processed upon its downloading. It enables you to limit the data you need to download from the satellite and reduces the bottleneck.
Will your app be more relevant for civilian or military uses?
The procurement time at defence departments is usually quite long. Decisions by individuals or companies are much faster.
We expect the civilian use to gain faster traction. Over time, the interest by both types of clients should be similar. Yet the procurement time could shorten, given the defence spending push in Europe and the will to stop relying on the US.
“Thanks to AI, any user can now easily extract satellite intelligence without being an expert.”
BARTOSZ GREJNER Cofounder BeyondEX



L’impact détrône le nombre de publications
Les chercheurs, longtemps soumis au diktat du Hindex, basculent progressivement, au Luxembourg au moins, vers le CoARA, un système de classement qui s’intéresse d’abord à l’impact plus qu’à la quantité de recherches publiées.
Journaliste THIERRY LABRO
À l’heure où les étudiants cèdent sans difficulté aux sirènes des ‘ large langage models’ pour les « accompagner » dans leur cursus, la rédaction de leurs devoirs ou celle de leurs thèses, les chercheurs aguerris redécouvrent les charmes de l’évaluation par leurs pairs et de l’impact pour jauger l’intérêt de leur attribuer des millions d’euros de bourse. Comme des milliardaires du ballon rond, du golf ou de la Formule 1, les stars de la recherche ont souvent regardé leur classement au H-index, index qui mesure le nombre de publications. Plus vous publiez, mieux vous vous classez, et en l’attente d’autres formes de reconnaissance internationale, mieux vous vous portez, plus vous avez de chance de vous retrouver embarqués dans des projets de recherche dans de bonnes conditions de travail.
« La seule exception, dit un bon connaisseur du secteur qui ne tient évidemment pas à être cité, c’est que si vous prenez toute la lumière, dans votre équipe de recherche, les plus prometteurs de vos chercheurs risquent d’être agacés de ne jamais pouvoir être mis en lumière et de ne pas pouvoir voler de leurs propres ailes. Alors,
de temps à autre, celui qui publie, ce n’est pas la référence de l’équipe… » Pas simple d’exister au milieu des 2,6 millions de chercheurs que recensent l’AD Scientific Index 2025… et pas simple, du coup, d’entrer au panthéon de la recherche, ce que la revue scientifique Nature décrit par la capacité d’être cité plus de 100.000 fois.
Dans le Web of Science (WoS), une base de données qui comprend 98 millions d’articles remontant à 1900 et qui appartient à la société d’intelligence économique américaine Clarivate, ils ne sont que neuf à y être parvenus jusqu’ici, emmenés par le « Protein measurement with the Folin phenol reagent », publié en 1951 par le biochimiste américain Oliver H. Lowry et cité plus de 350.000 fois. En 2014, il fallait environ 12.000 citations pour figurer dans le top 100. Aujourd’hui, plus de 30.000 citations sont requises. Et les premiers papiers sur l’intelligence artificielle déboulent dans le haut du classement, comme le « Deep residual learning for image recognition » de Kaiming He, Xiangyu Zhang, Shaoqing Ren et Jian Sun, tous chercheurs de Microsoft, signe du raz-de-marée à venir.
LE QUATUOR DES « HIGHLY CITED RESEARCHERS »
Il n’y a « que » quatre chercheurs luxembourgeois considérés dans le 1 % des meilleurs chercheurs du monde selon le « Highly Cited Researchers 2024 » de Clarivate.

ALEXANDRE TKATCHENKO
Université du Luxembourg –Fritz Haber Institute of the Max Planck Society
Physics Chemistry Science & Technology Other Topics Materials Science Computer Science
H-Index 79
280 publications 33.067 fois cité

PAUL WILMES
Université du Luxembourg Microbiology Environmental Sciences & Ecology Biochemistry & Molecular Biology Science & Technology Other Topics Biotechnology & Applied Microbiology
H-Index 53
182 publications 13.850 fois cité

Luxembourg Institute of Health Food Science & Technology Nutrition & Dietetics Biochemistry & Molecular Biology Chemistry Pharmacology & Pharmacy
H-Index 51
288 publications 16.440 fois cité

Université du Luxembourg –University of Massachusetts System Neurosciences & Neurology Immunology Biochemistry & Molecular Biology Psychiatry Geriatrics & Gerontology
H-Index 25
99 publications 3.127 fois cité
Quatre chercheurs « luxembourgeois » dans le top 1 %
Clarivate, c’est aussi la société vers laquelle renvoie l’Université du Luxembourg pour avoir une idée de qui sont les stars de la recherche au Luxembourg. Mais pas en regardant le WoS. Non, le hype est d’être dans les 6.886 chercheurs repris dans les « Highly Cited Researchers 2024 », publié en fin d’année. La crème de la crème, le « Highly Cited Researchers ». N’y figurent que ceux qui sont « les plus cités dans leur(s) domaine(s) et leur année de publication sur le Web of Science au cours des dix dernières années » – quand même –et qui sont passés sur le tamis d’« une analyse qualitative et un jugement d’experts, à mesure que nous recherchons des preuves de reconnaissance à l’échelle de la communauté scientifique par un vaste réseau international d’auteurs citants ». Grosso modo, il n’y a plus qu’un chercheur sur 1.000 qui y soit. Ils ne sont plus que quatre à œuvrer pour l’université ou un centre de recherche au Luxembourg (voir par ailleurs).
Car l’Université du Luxembourg a rejoint dès novembre 2022 un mouvement qui s’est cristallisé en juillet de la même
année : la Coalition for Advancing Research Assessment (CoARA) pose les bases, en une vingtaine de pages, d’une méthode qui s’intéresse à ce qui a été fait mais aussi et surtout à pourquoi ça compte. Un bon chercheur n’est plus seulement un bon éditeur d’articles : son activité est jaugée à l’aune de l’encadrement doctoral, des données ouvertes, des logiciels produits, de l’impact sociétal ou encore de l’interdisciplinarité chère au recteur de l’Université du Luxembourg, Jens Kreisel.
La CoARA, qui soutient les principes de la Déclaration de San Francisco (Dora), du Leiden Manifesto et du Plan S, veut une science ouverte, plurielle et accessible, sans laisser de côté les pays du Sud, les jeunes chercheurs ou les disciplines moins « bankables ». Pour emmener « son » université dans cette direction, le recteur s’est entouré d’une vice-rectrice pour la recherche, Simone Niclou, et de deux chargées de mission, Anja Leist, pour l’évaluation de la recherche et des chercheurs, et Emma Schymanski, pour la science ouverte et la gestion des données de la recherche.
Assurer la reproductibilité, élément central
Le mot-clé, dans les intitulés des postes de ce trio féminin, est « open science », dont l’Université du Luxembourg et le Fonds national de la recherche ont fait un élément-clé. Parce qu’il permet de rendre la recherche scientifique plus transparente, plus accessible, plus collaborative et plus utile à la société. Et plus particulièrement d’assurer une meilleure reproductibilité, c’est-à-dire permettre avec les mêmes données et le même protocole d’obtenir les mêmes résultats. Un autre moyen d’enterrer la crise des années 2010 où certaines études publiées étaient impossibles à reproduire pour jusqu’à 70 % des chercheurs, ce qui a jeté le doute sur toute une communauté…
Les bien classés du H-index verront arriver dans les sommets des classements ceux qui n’ont peut-être pas publié 15 articles par an mais qui auront développé une base de données en open access utilisée par des centaines d’autres équipes. Au bénéfice du bien commun en préservant une touche de cette flatterie de l’ego, moteur sociétal qui… mériterait bien des recherches !
TORSTEN BOHN
MICHAEL HENEKA
Toutes les aides pour les PME
Quelles sont les aides, en matière de recherche et d’innovation, auxquelles peuvent prétendre les entreprises, qu’elles soient petites ou grandes ? Cartographie au moment où la loi va changer.
Journaliste THIERRY LABRO
Aides
aux jeunes entreprises innovantes
• Objectif : soutenir de jeunes entreprises innovantes.
• Conditions : entreprise non cotée, enregistrée depuis moins de 5 ans, n’ayant pas encore distribué de bénéfices ; entreprise innovante démontrant un développement de produits, services ou procédés nouveaux ou substantiellement améliorés. Dans la nouvelle loi, un certificat doit être demandé à Luxinnovation avant d’introduire la demande.
• Montant de l’aide : jusqu’à 70 % du besoin de financement.
• Procédure : demande via MyGuichet.lu avant le début des travaux ; nécessite un produit LuxTrust ou une carte d’identité électronique ; accompagnement possible par Luxinnovation.
• Délai de traitement : variable selon la complexité du projet dans la limite prévue par la loi.
• Paiement de l’aide : paiement en tranches définies dans la convention avec l’entreprise. 1 2 3
Aides à l’innovation en faveur des PME
• Objectif : soutenir les PME dans leurs projets d’innovation, notamment en matière de propriété intellectuelle et de conseil.
• Montant de l’aide : services de conseil en innovation : jusqu’à 50 % des coûts éligibles ; obtention et défense de brevets : jusqu’à 50 % des coûts éligibles ; détachement de personnel hautement qualifié : jusqu’à 50 % des coûts éligibles. Il n’y a pas de changement dans le cadre de la nouvelle loi.
• Procédure : demande via MyGuichet.lu avant le début des travaux ; nécessite un produit LuxTrust ou une carte d’identité électronique ; accompagnement possible par Luxinnovation.
• Délai de traitement : variable selon la complexité du projet dans la limite prévue par la loi.
• Paiement de l’aide : en principe, versement après la réalisation du projet sur base des justificatifs des paiements des coûts avec possibilité de paiement en tranches (en général, jusqu’à deux tranches par an).
Aide aux études de faisabilité
• Objectif : soutenir la réalisation d’une étude de faisabilité préalable à un projet de R&D.
• Montant de l’aide : jusqu’à 50, 60, 70 % des coûts éligibles pour les grandes, moyennes, petites entreprises. Aucun changement n’est prévu.
• Procédure : demande via MyGuichet.lu avant le début des travaux ; nécessite un produit LuxTrust ou une carte d’identité électronique ; accompagnement possible par Luxinnovation.
• Délai de traitement : variable selon la complexité du projet dans la limite prévue par la loi.
• Paiement de l’aide : en principe, versement après la réalisation du projet sur base des justificatifs des paiements des coûts avec possibilité de paiement en tranches (en général, jusqu’à deux tranches par an).
Aide pour des projets de recherche et développement (R&D)
• Objectif : soutenir la réalisation de projets de recherche fondamentale, recherche industrielle, ou développement expérimental.
• Montant de l’aide : pour le développement expérimental et la recherche industrielle : intensités maximales de 25 à 80 % des coûts éligibles en fonction de la taille de l’entreprise, de la maturité de la technologie et de majorations possibles ; pour la recherche fondamentale : jusqu’à 100 % des coûts éligibles. La nouvelle loi qui doit entrer en vigueur sous peu adapte ces taux : pour le développement expérimental et la recherche industrielle : de 20 à 80 % des coûts éligibles en fonction de la taille de l’entreprise, de la maturité de la technologie et de majorations possibles ; pour la recherche fondamentale : jusqu’à 90 % des coûts éligibles.
• Les aides pourront être majorées dans le cadre d’un appel à projets.
• Procédure : demande à soumettre via MyGuichet.lu avant le début des travaux ; nécessite un produit LuxTrust ou une carte d’identité électronique ; accompagnement possible par Luxinnovation.
• Délai de traitement : variable selon la complexité du projet dans la limite prévue par la loi.
• Paiement de l’aide : en principe, versement après la réalisation du projet sur base des justificatifs des paiements des coûts avec possibilité de paiement en tranches (en général, jusqu’à deux tranches par an).
Aide à l’innovation de procédé et d’organisation
• Objectif : soutenir la mise en œuvre d’innovations d’organisation (nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques commerciales, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures de l’entreprise) ou de procédé (méthode de production ou de distribution nouvelle ou sensiblement améliorée).
• Montant de l’aide : petites et moyennes entreprises : jusqu’à 50 % des coûts éligibles ; grandes entreprises : jusqu’à 15 % des coûts éligibles, sous conditions de collaboration avec des PME. La nouvelle loi prévoit jusqu’à 25 % ou 50 % des coûts éligibles en fonction du domaine du projet pour les PME et jusqu’à 15 % des coûts éligibles pour les grandes entreprises sous condition de collaborer avec des PME.
• Procédure : demande via MyGuichet.lu avant le début des travaux ; nécessite un produit LuxTrust ou une carte d’identité électronique ; accompagnement possible par Luxinnovation.
• Délai de traitement : variable selon la complexité du projet dans la limite prévue par la loi.
• Paiement de l’aide : en principe, versement après la réalisation du projet sur base des justificatifs des paiements des coûts avec possibilité de paiement en tranches (en général, jusqu’à deux tranches par an).
Aides en faveur des pôles d’innovation
• Objectif : soutenir la construction ou la modernisation d’un pôle d’innovation (une structure ou un groupe organisé de parties indépendantes : jeunes pousses innovantes, petites, moyennes ou grandes entreprises, organismes de recherche et de diffusion des connaissances, organismes sans but lucratif et autres acteurs économiques apparentés) destiné à stimuler l’activité d’innovation par des actions de promotion, le partage des équipements et l’échange de connaissances et de savoirfaire, ainsi qu’en contribuant de manière effective au transfert de connaissances, à la mise en réseau, à la diffusion de l’information et à la collaboration entre les entreprises et organismes.
• Montant de l’aide : Aide à l’investissement : jusqu’à 50 % des coûts éligibles, majoration de 5 % pour les pôles situés dans des zones assistées. Aide liée à la gestion : jusqu’à 50 % des coûts éligibles, pour une durée maximale de 10 ans. Là non plus, pas de changement.
• Procédure : demande via MyGuichet.lu avant le début des travaux ; nécessite un produit LuxTrust ou une carte d’identité électronique ; accompagnement possible par Luxinnovation.
• Délai de traitement : variable selon la complexité du projet dans la limite prévue par la loi.
• Paiement de l’aide : en principe, versement après la réalisation du projet sur base des justificatifs des paiements des coûts avec possibilité de paiement en tranches (en général, jusqu’à deux tranches par an).
PROGRAMMES COMPLÉMEN-
TAIRES
PROGRAMMES FIT 4
• Fit 4 Start : programme d’accélération pour les startup dans des domaines spécifiques offrant jusqu’à 150.000 euros de financement et un coaching adapté. Fit 4 Digital / Innovation / AI / Cybersecurity: programmes visant à soutenir la transformation numérique, l’amélioration de la performance organisationnelle des entreprises.
Coûts éligibles : services de conseil.
LU-CID – CYBERSECURITY INNOVATION AND DEMONSTRATION
• Objectif : soutenir les PME et les startup luxembourgeoises dans le développement de projets innovants en cybersécurité.
• Montant : subvention maximale de 60.000 euros, avec une intensité d’aide maximale de 70 voire 80 % des coûts éligibles en fonction de la taille de l’entreprise.
Aide à l’investissement en faveur des infrastructures de recherche
• Objectif : soutenir la construction ou la modernisation d’infrastructures de recherche exerçant des activités économiques.
• Montant de l’aide : jusqu’à 50 % des coûts admissibles ou, dit la nouvelle loi, jusqu’à 60 % si le projet est évalué et sélectionné par l’Union européenne.
• Procédure : demande via MyGuichet.lu avant le début des travaux ; nécessite un produit LuxTrust ou une carte d’identité électronique ; accompagnement possible par Luxinnovation.
• Délai de traitement : variable selon la complexité du projet dans la limite prévue par la loi.
• Paiement de l’aide : en principe, versement après la réalisation du projet sur base des justificatifs des paiements des coûts avec possibilité de paiement en tranches (en général, jusqu’à deux tranches par an).
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Aide à l’investissement en faveur des infrastructures d’essai et d’expérimentation (NEW)
• Objectif : soutenir la construction ou la modernisation d’infrastructures d’essai et d’expérimentation.
• Montant de l’aide : jusqu’à 60 % des coûts admissibles en fonction de la taille de l’entreprise et de majorations possibles.
• Procédure : demande via MyGuichet.lu avant le début des travaux ; nécessite un produit LuxTrust ou une carte d’identité électronique ; accompagnement possible par Luxinnovation.
• Délai de traitement : variable selon la complexité du projet dans la limite prévue par la loi.
• Paiement de l’aide : en principe, versement après la réalisation du projet sur base des justificatifs des paiements des coûts avec possibilité de paiement en tranches (en général, jusqu’à deux tranches par an).
Aide aux projets de recherche et de développement cofinancés (NEW)
• Objectif : soutenir les entreprises qui réalisent un projet de R&D ou une étude de faisabilité bénéficiant d’un cofinancement par le programme Horizon Europe.
• Montant de l’aide : l’intensité de l’aide est égale au taux de financement du projet appliqué dans le cadre du programme Horizon Europe et est limitée aux coûts admissibles qui ne sont pas couverts par le financement dudit programme.
• Procédure : demande via MyGuichet.lu avant le début des travaux ; nécessite un produit LuxTrust ou une carte d’identité électronique ; accompagnement possible par Luxinnovation..
• Délai de traitement : variable selon la complexité du projet dans la limite prévue par la loi.
• Paiement de l’aide : en principe, versement après la réalisation du projet sur base des justificatifs des paiements des coûts avec possibilité de paiement en tranches (en général, jusqu’à deux tranches par an). 7 8
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The faces of research at the University and the Liser
They come from economics, medicine, chemistry, computer science and beyond. They explore the invisible, model the future, decipher disease and inequality. Behind these 24 faces lie distinct ways of seeing the world – and a shared pursuit of excellence. From quantumsafe cryptography to cognitive ageing, from environmental science to social policy, these researchers are pushing boundaries and building bridges across disciplines. Meet the scientists who, from the heart of Luxembourg, are shaping answers to the challenges of the 21st century.
Journalist THIERRY LABRO
University of Luxembourg
Luxembourg Institute of Socio-Economic Research
JEAN-SEBASTIEN CORON

Jean Sébastien Coron is a Professor of Computer Science at the University of Luxembourg, specializing in cryptography. He was recently awarded an ERC Proof of Concept grant to advance the secure implementation of postquantum cryptography, building on the work from his ERC Advanced Grant received in 2018. As quantum computing emerges, it poses a significant threat to existing cryptographic standards, potentially exposing sensitive data to quantumbased attacks. This new grant aims to address the challenge by developing and validating postquantum cryptographic algorithms that are not only resistant to quantum threats but also secure against sidechannel attacks.
CONCHITA D’AMBROSIO

A Professor in Economics, Conchita d’Ambrosio joined the University with an FNR Pearl grant. Her research revolves around the study of individual and social wellbeing and its determinants and explores common factors, such economic insecurity, multidimensional poverty, relative deprivation, resilience, and social exclusion. With a strong interest in interdisciplinary approaches, she has enriched her economics expertise with collaborations with quantum, biology, and psychology experts.
Photos University of Luxembourg, Science relations and Liser
LINDSAY FLYNN

Previously based in the US, Lindsay Flynn joined Uni.lu with an FNR Attract grant as Professor for political sciences, with the task to explore paths in policymaking for more equal opportunities in Luxembourg and abroad. Her work examines the links between governmental policy, housing markets, and equality. As such, it includes numerous actors and stakeholders in the housing, civil society, research and policy making spheres as it aims to provide data and practical recommendations.
MICHAEL THOMAS HENEKA

With over 25 years of experience in studying neurodegenerative diseases at experimental, preclinical and clinical levels, as well as managing research groups, Michael T. Heneka joined the University of Luxembourg in 2022 as Director of the Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB). He uses his dedicated laboratory to bridge fundamental research to clinical applications for diagnostics and therapy, contributing to improving care for dementia patients.
JAN LAGERWALL

Professor in experimental polymer physics, Jan Lagerwall spearheads the development of new, highly responsive and flexible materials that can adapt to their environment, by changing color, shape, stiffness or damping properties in response to stimuli like heat, light, humidity or strain. These smart flexible materials, called Liquid Crystal Elastomers, have the potential to create numerous applications in construction, medicine and many other industry areas. With his latest ERC grant, he continues experiments to ensure that the new materials are ecofriendly, costeffective, and ready for largescale production.

A Professor in public health and ageing, funded by the European Research Council, Anja Leist is particularly interested in exploring interdisciplinary questions at the crossroads of psychology, data science, biomedicine and even economics. Her focus is cognitive ageing and dementia with consideration of lifecourse, socioeconomic, and gender inequalities. Her research has contributed to knowledge on who is at risk of cognitive decline and other morbidities, impact of selected lifestyle interventions on cognition, and determinants of healthy ageing at large. The goal is to translate scientific insights into action or iented recommendations and tools to companies, policymakers and citizens, such as in GetBrainHealthy.org.
KATALIN LIGETI

Professor in European and international criminal law, and Dean of the Faculty of Law, Economics and Finance and member of an abundant list of international research networks, Katalin Ligeti is a key figure in the legal sphere. Her research focusses among others on police and judicial cooperation in criminal matters, economic and financial criminal law as well as the use of information technology and AI in criminal proceedings. Her expertise has been called on for notably by the European Commission and the European Parliament, the OECD and a European Commissioner.
MARK PODOLSKIJ

As Professor in statistics, probability and mathematical finance, je focusses on high frequency data, stochastic analysis, high dimensional statistics among other fields. Through his ERC Consolidator Grant, he develops statistical methodology to better comprehend big data stemming from diffusion models. He closely collaborates with experts in data science at Uni.lu to strengthen the combined efforts of mathematics and data science, a highly competitive area with many applications across business and industry sectors.
ANJA LEIST
CHRISTINE SCHILTZ

A Professor in cognitive neuroscience with longterm experience in combining behavioral and neuro imaging assessment (fMRI, EEG), Christine Schiltz’s work is of considerably value to Luxembourg’s multilingual education system. Her work explores development of cognitive functions, focusing on numeracy and literacy acquisition in multilingual contexts, and highlevel vision. Previously ViceDean of the Faculty of Humanities, Education and Social sciences, Prof. Schiltz is involved in numerous projects to understand and foster multilingual learning.
EMMA SCHYMANSKI

Deputy Director at the Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB), Professor for Environmental Cheminformatics and special advisor to the rector for Open Science and Research Data Management, Emma Schymanski wear numerous hats. Working at the intersection of biochemistry, informatics and environmental science s with a strong interest in data science and management, she has been a pivotal figure in advancing interdisciplinary and research quality in Luxembourg. She held several positions internationally before joining Uni.lu with FNR ATTRACT grant.
MICHAL BURZYNSKI

Michal Burzynski is a specialist in international and labour economics at Liser, where his research explores how migration shapes economic development, labour markets and inequality around the world. Using cutting edge quantitative modelling, he identifies who wins and who loses from migration – unpacking its effects on income distribution, the integration of migrants, and the changing dynamics of native labour markets. A major focus of his work is anticipating how climate change will transform human mobility globally. He is leading the development of a unique pixel level model of the world economy that provides highresolution projections of how rising temperatures could alter patterns of poverty, migration and growth – locally and globally.
ALEXANDRE TKATCHENKO

The work of Alexandre Tkatchenko is interdisciplinary, explorative and with enormous potential for competitive applications, in chemical, materials and pharmaceutical industries, but also in economics and other fields. Pushing the boundaries of quantum mechanics, statistical mechanics, and artificial intelligence, he is developing efficient methods to enable accurate modeling and new insights into complex systems. After leading a research group at the Fritz Haber Institute of the prestigious Max Planck Society in Berlin, he joined the University of Luxembourg as Professor in theoretical chemical physics.
PAUL WILMES

Paul Wilmes is Professor of System Ecology at the University of Luxembourg, specialising in the study of human associated microbial communities (microbiomes), an area of biomedicine which promises new understanding of health and disease processes alongside real life applications. Following research positions in the UK, Germany and the US, he returned to his native Luxembourg through an FNR ATTRACT grant. He has obtained numerous awards for advancing knowledge on the gut microbiome molecular complex in human health and disease, is a Highly Cited Researcher, and led the national response by the Luxembourg scientific community during the COVID-19 pandemic. His ERC Consolidator Grant allows him to decipher the impact of exposures from the gut microbiomederived molecular complex in human health and disease (ExpoBiome).
MARTIN DIJST

Martin Dijst is a leading expert in urban development and mobility, currently Director of the Urban Development and Mobility Department at Liser in Luxembourg. With a background in urban geography and a former professorship at Utrecht University, he brings decades of internationally recognised research experience at the intersection of mobility, urban health, climate adaptation and digital transformation. Martin has led numerous largescale interdisciplinary projects across Europe. He is currently leading an EUfunded initiative exploring the impact of urban environments on health, using advanced technologies and participatory living labs. He is also a key figure in D2ET (Data Driven Digital Transformation), part of Luxembourg’s National Centre of Excellence in Research (NCER) on energy transition.




FRÉDÉRIC DOCQUIER

Frédéric Docquier is widely recognised as one of Europe’s most influential economists and a leading voice in the field of migration economics. Based at Liser, where he also serves as Vice Executive Director, he leads the interdisciplinary research programme Crossing Borders, which provides cuttingedge insights into cross border mobility, housing markets and labour dynamics in the Greater Region. Frédéric’s work is at the forefront of addressing today’s most pressing societal challenges. His research unpacks not only how migration reshapes communities, but also how it affects welfare outcomes, labour reallocation, and long term regional development – always with a strong focus on rigorous economic modelling and realworld relevance.
SABINE DÖRRY

Sabine Dörry is a Senior Research Scientist at Liser, where she studies how global finance shapes cities. Bridging economic geography, financial systems and urban development, she uncovers how financial dynamics affect real estate markets, sustainability strategies and urban planning – especially in international hubs like Luxembourg City. In one of Europe’s leading financial centres, Sabine explores how financialisation is transforming the built environment and influencing economic resilience. Her work sheds light on the evolving role of European financial centres in an era of global change, and the power of sustainable finance to either accelerate or hinder transitions towards greener, more inclusive economies.
CHRISTINA GATHMANN

Christina Gathmann has been Director of the Labour Market Department at Liser since 2020, following academic appointments at the Universities of Chicago, Stanford, Mannheim and Heidelberg. A former student of Nobel laureates James Heckman and Gary Becker, she won the European Economic Association’s Young Economist Award for her groundbreaking research on illegal migration. Her recent work focuses on how transformative forces – in particular AI and the green transition – are reshaping skills, training systems and labour market dynamics. A recognised expert in public policy design and evaluation, she develops tools to foster innovation, promote investment in skills, and improve immigrant integration.
ANTOINE PACCOUD

Antoine Paccoud is a social geographer interested in the socioeconomic inequalities generated by land and housing ownership. He is currently leading mixedmethod research projects comparing land ownership structures in France and Luxembourg, and tracing the longterm evolution of propertyrelated inequalities in Luxembourg. He coordinates the Housing Observatory, a collaboration between Liser and the Luxembourg Ministry of Housing, which focuses on the analysis of housing data and policies. Through his housing projects and his expertise in sociospatial analysis, he has brought the distributional dimension of housing issues to the fore, with analyses focusing on the concentration of residential land ownership, the distribution of fiscal gains by housing tenure, and the importance of real estate investors in recent housing transactions.
EUGENIO PELUSO

Eugenio Peluso bridges research and policy to tackle inequality, leading transformative work at the intersection of economics, social justice and public decisionmaking. Since 2019, he has been Director of the Living Conditions Department at Liser, where he leads efforts to understand and reduce inequality, poverty, and urban inequalities – while studying how these issues interact with redistributive policies and voting behaviour. A member of the World Health Organization’s New Economics Experts Group, Eugenio has contributed to some of the world’s leading scientific journals. Leading a multidisciplinary team of around 40 researchers, he has is leading influential projects on educational equity, gender inequality and the social dynamics of Luxembourg’s urban centres.
CAMILLE PERCHOUX

Camille Perchoux is a researcher at Liser and a leading voice at the intersection of health geography and urban wellbeing. With a background in public health epidemiology, her research explores how the environments we move through every day – our streets, parks and neighbourhoods – shape our health and fuel social and spatial inequalities in health. Using cuttingedge tools such as GPS tracking, virtual reality, biosensors and mobile surveys, she maps the invisible connections between Luxembourg’s built environment and the wellbeing of its inhabitants. Camille leads FragMent, a prestigious ERCfunded project investigating how fragmented daily routines and environments affect stress and health inequalities. The project supports cocreation with policy makers, local actors and citizens to reimagine public spaces as healthier, more equitable environments for all.
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CHRISTOPHE SOHN

Christophe Sohn is a leading urban geographer and border scholar at Liser, where he explores how borders – far from being just lines on a map – shape the way cities and regions grow, govern and connect. His research delves deep into crossborder integration, regional governance, and the urban dynamics of borderlands, with a particular focus on Luxembourg and its transnational footprint. Working closely with local and regional actors in the Greater Region, Christophe is developing collaborative projects to cocreate crossborder metropolitan governance – starting with one of the region’s biggest pressure points: housing. He is fascinated by how borders function as economic, political or symbolic resources for cities such as Luxembourg, Geneva, CopenhagenMalmö or San DiegoTijuana.
DENISA M. SOLOGON

Denisa M. Sologon is one of the most influential voices in economic policy research in Luxembourg. As a Senior Research Scientist at Liser, she leads the development of a cuttingedge microsimulation framework – a powerful tool used internationally to assess how policies affect people’s lives. Whether tackling the cost of living crisis, climate change or pandemic shocks, her work transforms complex data into clear insights that help make public policies fairer, smarter and more resilient. A specialist in welfare economics and income inequality, Denisa has authored over 40 publications and made her mark on key European platforms – from advising the European Commission to shaping key findings in the OECD Employment Outlook.
MARC SUHRCKE

Marc Suhrcke leads the interdisciplinary research programme on health and health systems at Liser and is Honorary Professor of Global Health Economics at the University of York. His career has spanned prestigious institutions such as the World Health Organization, Unicef, the European Commission and several UK universities – bringing to Luxembourg a wealth of international expertise in health economics and systems research. Marc’s work examines how socioeconomic conditions shape health outcomes and inequalities, and how large scale, system level interventions can drive improvements in public health. In Luxembourg, he focuses on the economic evaluation of health interventions, the economics of prevention, and the benchmarking of health system performance both nationally and across Europe.
BERTRAND VERHEYDEN

Bertrand Verheyden is a Senior Research Scientist in the Labour Market Department at Liser and a passionate public economist with a crosscutting portfolio in labour, migration, education, health and sustainability. Known for his methodological rigour, Bertrand combines theoretical modelling with experimental design to provide actionable insights for policy. He has pioneered the integration of randomised controlled trials with longitudinal survey data, pushing the boundaries of evidencebased research. His work is published in leading academic journals. Some of his outstanding projects include working with the Department for Business on the behavioural drivers of sustainability, with the Department for the Family on migrant integration and social cohesion, and with the Department for Education’s Digital Learning Hub on how digital lifelong learning is reshaping careers.
* The List declined our invitation to take part in this initiative to promote researchers.










