Paperjam plus - ALFI

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PASCAL RAPALLINO

« Le patrimoine des familles fortunĂ©es est davantage sollicité »

ALFI OCTOBRE 2023
JEAN-MARC GOY
« L’abandon de la taxe d’abonnement n’est peut-ĂȘtre pas tout Ă  fait rĂ©aliste »
OLIVIA MOESSNER Tour d’horizon de l’agenda rĂ©glementaire

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Édito #Fonds

Question de confiance

« L’industrie des fonds d’investissement est indispensable en tant que vĂ©hicule d’épargne Ă  long terme » : une affirmation qui fait consensus. Les fonds seront lĂ  pour soutenir l’économie rĂ©elle, c’est acquis. Mais quid de l’autre partie de l’équation : le long terme ? La pĂ©riode actuelle se caractĂ©rise par une succession de crises toujours plus importantes, plus rapprochĂ©es et qui n’en finissent pas. Depuis 2008 et les subprimes, les tensions s’accumulent et culminent – pour l’instant –, avec la crise de sortie du coronavirus, marquĂ©e par une reprise de l’activitĂ© qui a entraĂźnĂ© des pĂ©nuries de matiĂšres premiĂšres, une hyperinflation et la remontĂ©e des taux d’intĂ©rĂȘt. Le tout amplifiĂ© par la guerre en Ukraine, qui a marquĂ© le retour de la gĂ©opolitique sur le devant de la scĂšne. Et l’on n’envisage mĂȘme pas les effets du dĂ©rĂšglement climatique, par nature imprĂ©visibles et brutaux. Comment alors planifier sur le long terme dans un contexte si mouvant ? Regardez l’évolution des actifs des fonds d’investissement : ils fondent plus vite que les glaciers. Et mĂȘme le secteur alternatif est touchĂ©. Contrairement Ă  toutes les prĂ©visions, les flux d’argent vers les investissements alternatifs ralentissent : depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, ces fonds ont levĂ© 740 milliards de dollars, selon la sociĂ©tĂ© d’analyse Preqin. Soit 27 % de moins que les 1,02 milliard de dollars levĂ©s au cours de la mĂȘme pĂ©riode l’an dernier. Les raisons de cette chute dĂ©jĂ  perceptible fin 2022 sont Ă©videntes : le changement brutal des conditions macroĂ©conomiques qui ont permis l’essor du secteur des investissements alternatifs, Ă  savoir faible inflation, taux zĂ©ro et pas de volatilitĂ©. Est-il possible de rester performants sur la durĂ©e alors que les conditions macroĂ©conomiques changent – tourbillonnent – si vite ?

Pour les professionnels, le relais de croissance, ce sont les mĂ©nages. Des mĂ©nages qui n’investissent que trĂšs peu dans les marchĂ©s financiers, au contraire de leurs homologues amĂ©ricains et asiatiques. Pour les sĂ©duire afin qu’ils quittent le confort des dĂ©pĂŽts Ă  terme, il faudra trouver une rĂ©ponse crĂ©dible Ă  cette question. Et vu le contexte


Journaliste MARC FASSONE
Tous droits rĂ©servĂ©s. Toute reproduction, ou traduction, intĂ©grale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation Ă©crite dĂ©livrĂ©e au prĂ©alable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ℱ is used under licence by MM Publishing and Media SA. — ISSN 2354-4619 natureO f ce com DE-261- YACEBD Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !
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OCTOBRE 2023 ALFI 3
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L’industrie des fonds dopĂ©e par l’alternatif

12 JEAN-MARC GOY

24 ALFI GLOBAL DISTRIBUTION CONFERENCE Les fonds font leur rentrée

Photos Guy Wolff et Romain Gamba p.  42 Pascal Rapallino est l’actuel prĂ©sident de la Luxembourg Association of Family Offices (Lafo). p.  12 Jean-Marc Goy succĂšde Ă  Corinne Lamesch Ă  la prĂ©sidence de l’ALFI.
06 RADIOSCOPIE
–
10 VINCENT JUVYNS « L’incertitude monĂ©taire est en train d’ĂȘtre levĂ©e » –
–
« L’abandon de la taxe d’abonnement n’est peut-ĂȘtre pas tout Ă  fait rĂ©aliste »
38 PROGRAMME ALFI Global Distribution Conference –40 ACTIFS
actifs
nouvelle terre promise –42
patrimoine des familles fortunĂ©es est davantage sollicité » –50 HISTOIRE La belle Ă©popĂ©e des actifs privĂ©s –54 OLIVIA
Tour d’horizon de l’agenda rĂ©glementaire –58 RADIOSCOPIE Les actifs privĂ©s au Luxembourg –60 VOCABULAIRE Parlez-vous private assets ? –
FORECAST Les private assets au Luxembourg
situation n’a rien de rĂ©jouissant » –28 CARTES BLANCHES –36 RADIOSCOPIE Leader incontestĂ© des fonds transfrontaliers OCTOBRE 2023 ALFI 5 ALFI Octobre 2023
PRIVÉS Les
privés,
PASCAL RAPALLINO « Le
MOESSNER
62
26 CAMILLE THOMMES « La

L’industrie des fonds dopĂ©e par l’alternatif

Depuis le milieu des annĂ©es 2010, ce sont principalement les investissements alternatifs, Ă  travers des structures rĂ©gulĂ©es et non rĂ©gulĂ©es, qui soutiennent la croissance de l’industrie des fonds au Luxembourg

La croissance de l’alternatif

Les actifs nets des fonds d’investissement domiciliĂ©s en Europe, Ucits et fonds d’investissement alternatifs s’élevaient Ă  19.1 milliards d’euros Ă  la fin de 2022. Le Luxembourg et l’Irlande sont les deux plus grands domiciles d’Ucits et de fonds alternatifs, avec une part de marchĂ© de 26,3 % et 19,1 %.

Actifs gĂ©rĂ©s dans l’industrie europĂ©enne des fonds d’investissement

L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni suivent dans ce classement. Si la part des actifs sous gestion Ă  travers des fonds Ucits est toujours la plus importante, on constate que le volume d’actifs dans ces vĂ©hicules a tendance Ă  se stabiliser. L’investissement dans des fonds alternatifs rĂ©gulĂ©s (actifs dans les domaines du capital-investissement, de l’immobilier, de la dette privĂ©e et d’autres comme les fonds d’infrastructure ou les fonds spĂ©culatifs) connaĂźt pour sa part une croissance soutenue.

RADIOSCOPIE Mrds € 25.000 20.000 15.000 10.000 5.000 0

19 % Non-Ucits / AIF Ucits

13.890 8.009

3.549 1.011

12.337 7.230 6 ALFI OCTOBRE 2023

Source Efama
Auteur SÉBASTIEN LAMBOTTE
Entre 2019 et 2022, les actifs nets sous gestion dans les fonds alternatifs rĂ©gulĂ©s au Luxembourg ont augmentĂ© de 19 %. 2000 2005 2010 2015 Q4 2020 Q4 2021 Q4 2022 Q1 2023

Toujours plus de croissance

Les fonds alternatifs rĂ©gulĂ©s au Luxembourg s’envisagent Ă  travers trois formes de vĂ©hicule diffĂ©rentes : les fonds enregistrĂ©s sous la partie II de la loi de 2010, les fonds d’investissement spĂ©cialisĂ©s (FIS) et les sociĂ©tĂ©s d’investissement en capital Ă  risque (sicar). On constate, depuis 2020, une croissance importante des actifs gĂ©rĂ©s Ă  travers ces vĂ©hicules. Fin 2022, ils reprĂ©sentaient plus de 950 milliards d’euros, en hausse de 19 % depuis 2019. À la fin de l’annĂ©e 2022, le volume d’actifs sous gestion dans des fonds rĂ©gulĂ©s au Luxembourg Ă©tait de 5.000 milliards d’euros. Le segment alternatif reprĂ©sente donc dĂ©sormais prĂšs de 20 % de la totalitĂ© des actifs gĂ©rĂ©s Ă  travers des fonds au Luxembourg.

Évolution des actifs sous gestion des fonds alternatifs

Évolution du marchĂ© des fonds d’investissement alternatifs au Luxembourg

Une hausse soutenue au Luxembourg

À cĂŽtĂ© des fonds alternatifs rĂ©gulĂ©s, il faut aussi pouvoir intĂ©grer les actifs investis Ă  travers des fonds alternatifs non rĂ©gulĂ©s. Avec la mise en place de la directive AIFM, le Luxembourg a introduit un nouveau vĂ©hicule Ă  sa boĂźte Ă  outils : les fonds d’investissement alternatifs rĂ©servĂ©s (Fiar). Il est plus difficile de rendre compte du volume d’actifs sous gestion dans ces vĂ©hicules, ceux-ci n’étant pas directement supervisĂ©s par la CSSF. Toutefois, l’AIFM Reporting Dashboard de la CSSF (31 dĂ©cembre 2021) permet de donner une indication de l’évolution du marchĂ© alternatif au Luxembourg. Entre 2018 et 2021, la valeur nette d’inventaire (VNI) des fonds alternatifs gĂ©rĂ©s par des gestionnaires luxembourgeois, tous rĂ©gulĂ©s par la CSSF, a considĂ©rablement Ă©voluĂ© pour atteindre 1.482 milliards d’euros. En 2018, cette VNI n’était encore que de 653 milliards d’euros.

673,169
Sources CSSF, Alfi
rĂ©gulĂ©s luxembourgeois 2017 2018 2019 2020 2021 2022 600,000 400,000 200,000 800,000 1.000,000 Partie II FIS Sicar 2018 2019 2020 2021 Nombre de sous-fonds Valeur de l’actif en mrds € 950,733 653 904 1.042 1.482 6.100 4.568 5.422 6.932 Mrds € 0 OCTOBRE 2023 ALFI 7

1 REMONTÉ

Camille Thommes, CEO de l’Alfi, est remontĂ© contre un certain manque de reconnaissance par le monde politique de l’apport du secteur financier en gĂ©nĂ©ral et de l’industrie des fonds d’investissement en particulier Ă  l’économie et aux finances du pays.

2 SATISFAITE

3 VIGOUREUX

4 MILITANT

Dans une tribune libre parue dans Les Échos ce 27 juin, Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, a plaidĂ© pour l’achĂšvement de l’Union des marchĂ©s de capitaux (UMC).

5 PÉDAGOGUE

Ulrich Bindseil, directeur gĂ©nĂ©ral Infrastructures de marchĂ© et paiements Ă  la BCE, a rĂ©pondu Ă  l’invitation de l’ABBL pour venir dĂ©fendre le projet d’euro numĂ©rique. Un projet qui suscite en l’état plus d’interrogations que d’enthousiasme chez les banquiers.

Sélectionné par MARC FASSONE

Photos Romain Gamba et Matic Zorman (archives)
« L’objectif de la BCE est de garantir que notre monnaie reste adaptĂ©e Ă  l’ùre numĂ©rique. En offrant un moyen supplĂ©mentaire de payer avec de l’argent public, nous garantirions la rĂ©silience de notre systĂšme monĂ©taire. »
« Je dĂ©plore l’attitude irresponsable, le manque de reconnaissance du secteur et de l’importance de son apport Ă  l’économie luxembourgeoise par une partie de la classe politique nationale pour des raisons idĂ©ologiques ! »
« Un marchĂ© intĂ©grĂ© et harmonisĂ© serait un avantage concurrentiel dĂ©cisif qui nous permettrait de relancer l’investissement dans les entreprises, d’attirer les investissements Ă©trangers et de rendre le systĂšme financier plus efficace, plus solide et plus rĂ©sistant aux chocs. »
« Avec cette lĂ©gislation modernisĂ©e, le Luxembourg continue Ă  innover et Ă  anticiper les tendances du marchĂ©, affirmant sa position de leader dans le domaine des fonds d’investissement. »
8 ALFI OCTOBRE 2023 Ristretto #Citations
Yuriko Backes (DP) s’est fĂ©licitĂ©e, ce 11 juillet, du vote de la loi visant Ă  moderniser le cadre lĂ©gislatif rĂ©gissant les fonds d’investissement au Luxembourg.

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« L’incertitude monĂ©taire est en train d’ĂȘtre levĂ©e »

craignaient suite Ă  l’invasion de l’Ukraine. Comment Ă©volue cet indicateur ?

Faut-il aborder la fin de l’annĂ©e sur les marchĂ©s de maniĂšre optimiste ou pessimiste ?

Il faut d’abord constater que l’on a eu un trĂšs bon premier semestre, tant d’un point de vue Ă©conomique que sur les marchĂ©s. Il est peu probable que le second semestre soit aussi porteur. MathĂ©matiquement, les excellentes performances du premier semestre compliquent la donne pour le second. Et certains signes laissent prĂ©sager que l’on se dirige vers une dĂ©cĂ©lĂ©ration de la croissance. DĂ©cĂ©lĂ©ration portĂ©e par une baisse des niveaux d’activitĂ© dans l’industrie qui est en train de gagner les services. C’est flagrant en Europe. Les EuropĂ©ens, mĂȘme en vacances, sont plus regardants sur leurs dĂ©penses, malgrĂ© l’épargne de prĂ©caution qui s’est constituĂ©e depuis le Covid et qui est toujours lĂ . Avec l’inflation, l’évolution du pouvoir d’achat est une source d’inquiĂ©tude et cela peut, le cas Ă©chĂ©ant, peser un peu sur l’évolution des services.

Les bons chiffres de l’emploi avaient permis d’éviter une rĂ©cession que beaucoup

L’Europe reste dans une situation de quasiplein-emploi. S’élevant Ă  6,4 %, le taux de chĂŽmage est Ă  son plus bas depuis 25 ans. Par ailleurs, et c’est intĂ©ressant pour le pouvoir d’achat, les salaires progressent Ă  un rythme de 4 % Ă  5 % en moyenne. Cette rĂ©silience me fait dire que, malgrĂ© les signes de ralentissement relevĂ©s çà et lĂ , nous serons plus sur un plateau dans les six prochains mois que rĂ©ellement dans une zone de consolidation Ă©conomique des marchĂ©s. D’autant que, dans le mĂȘme temps, il y a de bonnes nouvelles : les mesures monĂ©taires qui ont Ă©tĂ© prises ces derniers mois face Ă  l’inflation vont tout doucement atteindre leur objectif, et donc leur terme.

Alors que les hausses de taux restent d’actualitĂ©, doit-on en dĂ©duire que la politique monĂ©taire ne serait plus un vent contraire ?

Oui. Nous sommes au bout du cycle de hausse. Objectivement, on s’attend encore, dans le pire des cas, en Europe et aux États-Unis, Ă  un relĂšvement des taux. Et peut-ĂȘtre deux au Royaume-Uni. Le gros du travail monĂ©taire a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©, donc, la dĂ©rivĂ©e seconde de la politique monĂ©taire ne sera plus contraignante. Il est trop tĂŽt par contre pour anticiper une baisse des taux directeurs des banques centrales, c’est Ă©vident. Nous allons garder un environnement de taux qui sera un petit peu indigeste pour pas mal d’acteurs de l’économie, mais qui sera marginalement moins indigeste puisque le mouvement de hausse se termine. L’incertitude monĂ©taire est en train d’ĂȘtre levĂ©e.

Portrait J.P. MORGAN ASSET MANAGEMENT Interview MARC FASSONE
Vincent Juvyns, global market strategist chez J.P. Morgan Asset Management, fait le point sur les tendances macroéconomiques du second semestre 2023.
« L’inflation en Europe et aux États-Unis continue de baisser
VINCENT JUVYNS Global market strategist, J.P. Morgan Asset Management

L’inflation est-elle enfin vaincue ?

L’inflation en Europe et aux États-Unis continue de baisser. Aux États-Unis, il n’y a aucune inquiĂ©tude. Il y a mĂȘme une relative certitude sur le fait que la trajectoire d’inflation est bonne. On commence Ă  voir aussi que la pression baisse sur le marchĂ© de l’emploi et sur les salaires. En Europe, il est plus prĂ©maturĂ© de tirer cette conclusion puisque l’on voit que la dynamique salariale reste assez forte et entretient une inflation sous-jacente vigoureuse. C’est un point d’attention.

Peut-on revenir à l’objectif de 2 %

d’inflation longtemps adulĂ© par les banquiers centraux ?

Dans notre scĂ©nario, on table sur un niveau d’inflation plus haut et pour plus longtemps. Pour diffĂ©rentes raisons, dont les principales sont les actuelles politiques environnementales, qui sont par nature inflationnistes, les politiques de rĂ©industrialisation, afin de recrĂ©er les capacitĂ©s de production locales pour tout ce qui concerne les biens critiques, et les tensions sur le marchĂ© du travail, qui sont dues avant tout Ă  des tendances dĂ©mographiques. Tendances contre lesquelles les banques centrales sont impuissantes. Il y a aussi une raison psychologique : les banques centrales ont eu tellement de mal Ă  lutter contre la dĂ©flation qu’elles ne vont pas vouloir casser trop vite la dynamique actuelle. Elles vont sans doute tolĂ©rer un niveau d’inflation plus Ă©levĂ© que leur objectif sur une plus longue pĂ©riode pour s’assurer que l’inflation ne soit trop Ă©levĂ©e et qu’elle ne retombe dans l’environnement dĂ©flationniste d’avant-Covid.

Que penser de la multiplication des signes de faiblesse de la Chine ?

La dynamique insufflĂ©e par la rĂ©ouverture post-Covid est-elle dĂ©jĂ  en train de s’essouffler ?

Nous avons peut-ĂȘtre Ă©tĂ© un peu naĂŻfs en Occident par rapport au rebond post-Covid de la Chine. Nous avions espĂ©rĂ© que, dĂšs le mois de janvier, les Chinois dĂ©confinĂ©s allaient voyager de nouveau et dĂ©penser massivement. C’était oublier ce que l’on avait fait nous-mĂȘmes au sortir des confinements. Nous Ă©tions tous restĂ©s proches de chez nous. C’était l’ùre de la « staycation »,

contraction des termes anglais stay (rester) et vacation (vacances). Les Chinois font exactement la mĂȘme chose. À cĂŽtĂ© de ce phĂ©nomĂšne, d’autres Ă©lĂ©ments plus structurels expliquent le malaise chinois. Les autoritĂ©s ont, du fait des mesures qu’elles ont prises ces derniĂšres annĂ©es, perdu la confiance des investisseurs locaux et internationaux. Il y a beaucoup de questions et de dĂ©fiance par rapport au marchĂ© chinois. Et donc beaucoup d’investisseurs ont retirĂ© leurs capitaux. Leur positionnement a changé : aujourd’hui, la Chine est sortie des allocations tactiques et parfois mĂȘme des allocations stratĂ©giques. Les autoritĂ©s chinoises en sont conscientes et essaient de rattraper le coup. Ce ne sera pas facile. Je ne m’attends pas Ă  un fort rebond au second semestre, tout en ayant quand mĂȘme un peu l’impression que le point bas est derriĂšre nous sur le cycle chinois.

Quelles sont les consĂ©quences de ces Ă©volutions Ă  attendre sur les portefeuilles ?

Nous ne sommes pas inquiets pour les marchĂ©s actions. Les faits positifs, Ă  savoir l’arrĂȘt du resserrement monĂ©taire, des rĂ©sultats d’entreprises meilleurs qu’attendu et l’absence d’excĂšs de marchĂ©, permettent de dire qu’il n’y aura pas une forte baisse des actions dans les prochains mois. Mais nous estimons que leur potentiel de hausse est limitĂ© par les valorisations actuelles et les performances dĂ©jĂ  engrangĂ©es. Nous sommes neutres sur les actions en privilĂ©giant les valeurs et les secteurs dĂ©fensifs. Nous avons, en revanche, toujours plus confiance en la capacitĂ© des marchĂ©s obligataires Ă  performer au cours du second semestre. Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, les obligations affichent des performances positives. Il y a trois types de marchĂ©s obligataires que nous prĂ©fĂ©rons : les obligations d’État amĂ©ricaines, Ă  cause d’un rendement plus attractif et des perspectives monĂ©taires plus favorables, les obligations d’entreprises de bonne qualitĂ©, qui rapportent plus que les obligations sans risque d’État avec un risque Ă©conomique relativement restreint et, enfin, la dette Ă©mergente en monnaie locale. Dans les pays Ă©mergents, l’inflation est maĂźtrisĂ©e depuis le milieu de l’an passĂ©, et le dollar baissier n’est plus une menace.

Prudence

Le taux d’épargne des mĂ©nages continue de croĂźtre, selon Eurostat. Il atteignait 14,1 % dans la zone euro au premier trimestre 2023, contre 14 % au quatriĂšme trimestre 2022. AprĂšs un pic de 25 millions atteint au plus haut de la crise du Covid, ce taux Ă©tait en forte chute jusqu’à ce que l’agression russe en Ukraine le fasse remonter. Cette reconstitution d’une Ă©pargne de prĂ©caution n’a cependant pas empĂȘchĂ© le taux d’investissement des mĂ©nages dans la zone euro de passer de 9,8 % Ă  10,3 % au premier trimestre 2023.

OCTOBRE 2023 ALFI 11 Conversation Vincent Juvyns
Jean-Marc Goy commence son mandat Ă  l’ALFI aprĂšs avoir succĂ©dĂ© Ă  Corinne Lamesch. Conversation Jean-Marc Goy

« L’abandon de la taxe d’abonnement n’est peut-ĂȘtre pas tout Ă  fait rĂ©aliste »

Jean-Marc Goy vient de prendre la prĂ©sidence de l’ALFI pour un mandat de deux annĂ©es. Le successeur de Corinne Lamesch revient sur son engagement et Ă©voque son programme ainsi que sa vision du secteur des fonds luxembourgeois.

Photo GUY WOLFF Journaliste MARC FASSONE
OCTOBRE 2023 ALFI 13

Vous venez d’ĂȘtre Ă©lu prĂ©sident du conseil d’administration de l’ALFI (Association of the Luxembourg Fund Industry). Pourriez-vous nous dĂ©crire votre parcours professionnel ?

Mon parcours professionnel se dĂ©compose en trois grandes Ă©tapes. Je suis avocat de formation. AprĂšs mes Ă©tudes, j’ai commencĂ© ma carriĂšre au sein du cabinet Elvinger, Dessoy & De Fierlant. D’abord comme avocat, puis comme avocat avouĂ©. J’ai ensuite rejoint la Banque centrale du Luxembourg lorsque celle-ci a Ă©tĂ© créée, et qui servait alors comme autoritĂ© de surveillance du secteur financier, avant d’ĂȘtre affectĂ© Ă  la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). J’y ai passĂ© 20 ans et j’ai principalement occupĂ© la fonction de chef du service international. J’ai quittĂ© la CSSF il y a bientĂŽt 6 ans pour rejoindre Capital Group, une sociĂ©tĂ© de gestion amĂ©ricaine qui dispose de 32 bureaux Ă  travers le monde, et qui gĂšre plus de 2.200 milliards de dollars. Capital Group est prĂ©sente au Luxembourg avec une sociĂ©tĂ© de gestion Ucits.

J’en suis l’un des dirigeants en tant que conducting officer.

Comment et pourquoi devient-on chairperson de l’ALFI ?

J’ai Ă©tĂ© Ă©lu au board de l’ALFI il y a quatre ans. D’abord comme simple membre, puis en tant que vice-prĂ©sident et, en juin de cette annĂ©e, j’ai Ă©tĂ© Ă©lu Ă  la prĂ©sidence. C’est le cursus normal pour accĂ©der au poste de prĂ©sident du conseil d’administration.

Quand je regarde ma carriĂšre, j’en viens Ă  la conclusion que mes fonctions ont toujours Ă©tĂ© trĂšs impliquĂ©es dans la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts de la place financiĂšre luxembourgeoise. DĂ©jĂ  avec ma casquette de reprĂ©sentant de l’autoritĂ© de surveillance et en tant que chef du service Affaires internationales, je participais Ă  Bruxelles Ă  de multiples rĂ©unions bilatĂ©rales et multilatĂ©rales avec d’autres autoritĂ©s. Et donc, quelque part, il y avait toujours dans ma fonction un objectif de dĂ©fense des intĂ©rĂȘts de la place financiĂšre luxembourgeoise. J’ai expliquĂ© notre cadre juridique et dĂ©fendu les intĂ©rĂȘts de la Place, et j’ai continuĂ© Ă  le faire,

aprĂšs mon dĂ©part, au sein de Capital Group. Je voulais poursuivre cet engagement Ă  travers l’ALFI. Mon engagement dans l’association est dans la continuitĂ© de ce que j’ai fait jusqu’à prĂ©sent. J’aimerais d’ailleurs souligner que lorsque j’étais auprĂšs du rĂ©gulateur, je travaillais dĂ©jĂ  en Ă©troite coordination avec l’ALFI.

Vous succĂ©dez Ă  Corinne Lamesch, qui est arrivĂ©e au terme de ses deux mandats. Quel a Ă©tĂ© son conseil au moment de vous remettre les clĂ©s de l’association ?

J’aimerais d’abord remercier Corinne Lamesch pour son engagement, son dĂ©vouement et le travail impeccable qu’elle a effectuĂ© en assurant la prĂ©sidence de l’association durant une pĂ©riode difficile, marquĂ©e par les impacts du Covid et du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Je saisis l’occasion pour remercier toute l’équipe de direction menĂ©e par son CEO, Camille Thommes, ainsi que tout le staff – une quarantaine de personnes au total –pour tous les efforts qu’ils ont dĂ©ployĂ©s dans l’intĂ©rĂȘt de notre secteur. L’ALFI,

Pierre Vansteenkiste

C’est le premier prĂ©sident de l’association. DiplĂŽmĂ© en 1964 de la Solvay Brussels School of Economics and Management, il aura, durant sa carriĂšre, Ă©tĂ© directeurgĂ©rant auprĂšs de la Banque privĂ©e Edmond de Rothschild Luxembourg.

Patrick Zurstrassen

Une des grandes figures de la Place. DĂ©cĂ©dĂ© en novembre 2019, il aura, entre autres choses, dirigĂ© l’entitĂ© luxembourgeoise du groupe CrĂ©dit Agricole Indosuez de 1987 Ă  2002. De 1993 Ă  1996, il fut prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des fonds et sociĂ©tĂ©s d’investissement (Fefsi).

Rafik Fischer

AprĂšs un passage dans l’industrie, il rejoint en 1989 le secteur financier. Il a occupĂ© les plus hautes fonctions au sein de Quintet Luxembourg (ex-KBL epb Luxembourg) et de l’European Fund Administration (EFA). Il siĂšge actuellement au conseil d’administration de la Bourse de Luxembourg.

Thomas Seale

Actuellement administrateur indĂ©pendant dans le secteur de la gestion d’actifs, il a Ă©tĂ© directeur gĂ©nĂ©ral de l’European Fund Administration de 1997 Ă  2017 et a siĂ©gĂ© au conseil d’administration de l’ALFI de 2001 Ă  2019. Il a Ă©tĂ© prĂ©sident de LuxFlag de 2012 Ă  2019.

Photos ALFI et Maison Moderne
1988-1992 1992-1995 1998-2001 2003-2007
14 ALFI OCTOBRE 2023 Conversation
LES GRANDES FIGURES DE L’ALFI Depuis la fondation de l’association en 1988, neuf personnalitĂ©s de la Place en ont occupĂ© la prĂ©sidence.
Jean-Marc Goy

dans une année normale, participe à une trentaine de publications et de consultations publiques sur le plan national et international, en plus des échanges réguliers qui ont lieu avec les institutions et autorités européennes et avec les administrations luxembourgeoises et les associations professionnelles.

J’aimerais aussi remercier les plus de 1.800 personnes qui participent de maniĂšre bĂ©nĂ©vole aux travaux des quelque 200 comitĂ©s techniques, groupes de travail et autres forums que nous organisons, qui Ă©changent sur des sujets d’intĂ©rĂȘt commun, qui analysent et qui suivent les dĂ©veloppements significatifs dans le domaine concernĂ©, qui partagent les pratiques et les expĂ©riences, et qui effectuent des recherches sur des sujets qui intĂ©ressent toute notre industrie. Au sortir de son mandat, Corinne Lamesch laisse l’association avec des structures qui ont Ă©tĂ© renforcĂ©es au fil du temps et qui sont aujourd’hui solides. Je trouve que l’ALFI est bien placĂ©e pour continuer Ă  jouer son rĂŽle-clĂ© dans le dĂ©veloppement du secteur financier luxembourgeois, et

notamment les fonds d’investissement. Pour ce qui est d’un message particulier, elle m’a rappelĂ© de ne pas sous-estimer l’énergie, le temps et le travail que requiert la fonction de prĂ©sident. Mais, d’une certaine maniĂšre, je le savais, puisque je faisais partie du comitĂ© exĂ©cutif en tant que vice-prĂ©sident. Avec Corinne Lamesch, nous avons travaillĂ© main dans la main lorsqu’elle Ă©tait prĂ©sidente et nous continuerons Ă  le faire, puisqu’elle est toujours membre du conseil d’administration.

Vous avez Ă©voquĂ© le travail des Ă©quipes de l’association. Camille Thommes part Ă  la retraite d’ici la fin de l’annĂ©e. OĂč en est-on dans le choix de son successeur ?

Le processus de sélection est en cours. Nous espérons pouvoir faire une annonce dans les prochaines semaines.

Quel est le programme de votre prĂ©sidence ?

Le programme de ma prĂ©sidence s’inscrit d’abord dans la continuitĂ© de l’excellent travail fait au cours des 35 der-

niÚres années. Il est ensuite axé sur trois priorités.

La premiĂšre est de renforcer l’ALFI pour qu’elle soit une association inclusive et reprĂ©sentative de l’ensemble du secteur des fonds d’investissement. L’ALFI favorisera encore plus la diversitĂ©, l’équitĂ© et l’inclusion dans toutes les dimensions de notre propre organisation et de l’industrie dans son ensemble. Il faut savoir que nous venons cette annĂ©e de changer nos statuts afin d’augmenter le nombre de membres du conseil d’administration. Ce dernier compte dĂ©sormais 29 membres, contre 24 prĂ©cĂ©demment. Pour faire en sorte que la reprĂ©sentation soit la plus large possible, tous les membres du conseil proviennent de cinq listes qui cartographient en quelque sorte les mĂ©tiers de l’industrie. Le deuxiĂšme axe de mon programme est de renforcer le dialogue et les Ă©changes constructifs, rĂ©guliers et ouverts avec les dĂ©cideurs, les ministĂšres, les politiciens, les rĂ©gulateurs, les investisseurs, les associations professionnelles et les autres parties prenantes, tant sur le plan national qu’international. Ceci est

Claude Kremer

Associé fondateur du cabinet

Arendt & Medernach, il a consacrĂ© l’ensemble de sa carriĂšre professionnelle Ă  l’industrie mondiale des fonds et de la gestion d’actifs. De juin 2011 Ă  juin 2013, il a Ă©tĂ© prĂ©sident de l’European Fund and Asset Management Association (Efama).

Marc Saluzzi

DĂ©sormais administrateur indĂ©pendant non exĂ©cutif, Marc Saluzzi a fait toute sa carriĂšre au sein de PwC Luxembourg. Ce fidĂšle de l’entreprise en a Ă©tĂ© associĂ© et successivement en charge de la pratique de gestion d’actifs de PwC au Luxembourg, en Europe et au niveau mondial.

Cette AmĂ©ricaine a dĂ©barquĂ© sur la Place en 1990. AprĂšs un passage chez Coopers & Lybrand, elle intĂšgre Franklin Templeton. Elle est actuellement membre du conseil stratĂ©gique de l’ALFI, prĂ©sidente de la plateforme d’éducation des investisseurs de l’Efama et prĂ©sidente de LuxFlag.

2019-2023

Corinne Lamesch

Avocate de formation, inscrite aux Barreaux de Luxembourg et de New York, elle a exercé pour Clifford Chance et Allen & Overy. Elle a ensuite rejoint Fidelity International en 2008 et agit également en tant que conducting officer de la société de gestion de Fidelity International, basée au Luxembourg depuis 2015.

Denise Voss 2011-2015 2015-2019
OCTOBRE 2023 ALFI 15
2007-2011

vraiment essentiel pour assurer le dĂ©veloppement positif de notre secteur. Ces Ă©changes ont dĂ©jĂ  lieu et sont de trĂšs bonne qualitĂ©, il est important de le souligner. Pour ces Ă©changes et dialogues, il y a deux canaux. Un canal formel et un canal informel. Pour le premier, on peut mentionner, par exemple, les rĂ©unions institutionnalisĂ©es, comme le Haut ComitĂ© de la place financiĂšre, qui est prĂ©sidĂ© par la ministre des Finances, Yuriko Backes, ou encore les comitĂ©s consultatifs et les groupes de travail auprĂšs des rĂ©gulateurs, notamment la CSSF. Pour ce qui est du canal informel, l’avantage d’un petit pays comme le Luxembourg est que les occasions d’échanger de maniĂšre informelle avec les parties prenantes sont plus Ă©levĂ©es.

La troisiĂšme prioritĂ© de mon mandat sera de continuer Ă  consolider et Ă  renforcer la position du Luxembourg comme centre d’investissement d’excellence, notamment sur un plan transfrontalier. Nous sommes totalement dĂ©vouĂ©s Ă  contribuer Ă  la tĂąche d’inspirer confiance aux investisseurs en nous concentrant sur la reprĂ©sentation de leurs meilleurs intĂ©rĂȘts. Nous allons encore renforcer nos activitĂ©s en matiĂšre de confĂ©rences, roadshows et Ă©vĂ©nements sociaux afin de promouvoir le Luxembourg.

Ensuite, et c’est un sujet qui me tient Ă  cƓur, nous allons continuer Ă  contribuer aux efforts du Luxembourg pour jouer un rĂŽle de premier plan Ă©galement dans la finance durable. Dans le mĂȘme Ă©tat d’esprit, nous soutiendrons la transformation digitale et numĂ©rique de l’industrie luxembourgeoise des fonds. L’ALFI soutiendra les initiatives et les projets liĂ©s aux nouvelles technologies, Ă  l’automatisation et la robotisation, Ă  l’intelligence artificielle, mais aussi en ce qui concerne la cybersĂ©curitĂ©.

Je mentionnerais encore un dernier point d’importance, celui de l’éducation financiĂšre. Nous confirmons notre engagement en matiĂšre d’éducation des investisseurs comme du grand public. Tous ces points seront formalisĂ©s dans l’Ambition Paper 2025-2030, qui dĂ©crira nos ambitions pour les annĂ©es Ă  venir.

Vous venez d’évoquer l’intelligence artificielle (IA). Comment vous positionnez-vous par rapport Ă  celle-ci ? Personnellement, je pense qu’en avoir peur n’est pas la bonne approche, parce que c’est une Ă©volution que l’on n’arrĂȘtera pas. Maintenant, il faut voir comment on peut faire en sorte que cette Ă©volution soutienne le dĂ©veloppement du secteur financier et les intĂ©rĂȘts des investisseurs. VoilĂ  pourquoi les lĂ©gislateurs et les rĂ©gulateurs sont en train de rĂ©flĂ©chir Ă  la nĂ©cessitĂ© d’établir des rĂšgles ou non. De notre point de vue, si des rĂšgles doivent ĂȘtre Ă©tablies, il faut qu’elles soient de haut niveau et qu’elles se cantonnent aux principes, sans chercher Ă  entrer dans les dĂ©tails. Ne serait-ce que parce qu’il est trop tĂŽt pour pouvoir prĂ©sager exactement les dĂ©veloppements qui vont arriver. Ce dĂ©bat

Pour Jean-Marc Goy, son engagement au sein de l’ALFI est la continuitĂ© naturelle de son parcours professionnel. Parcours durant lequel il aura, sous toutes ses casquettes, dĂ©fendu les intĂ©rĂȘts de la Place.

Photo Guy Wolff
16 ALFI OCTOBRE 2023
Conversation Jean-Marc Goy

The success of your investments depends on market performances as well as on compliance with ever-changing legal and tax regulations. Whatever your business goals and no matter how complex your transactions are, our unique-to-market combination of specialised legal, regulatory and tax intelligence will find the best solution for you. Let’s talk about alternatives.

you with many alternatives, for funds and
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rappelle celui auquel nous avons assistĂ© lorsqu’internet a connu son essor. La question que l’on se posait Ă  l’époque Ă©tait de savoir s’il fallait de nouvelles rĂšgles pour internet. À mon sens, et c’est l’avocat qui parle, la rĂ©ponse Ă©tait non, internet n’étant qu’un outil. C’est pareil pour l’intelligence artificielle. L’IA est un outil qui doit permettre d’amĂ©liorer les rĂ©sultats des investissements dans l’intĂ©rĂȘt des investisseurs.

Quels sont, selon vous, les plus grands dĂ©fis qui devront ĂȘtre relevĂ©s par l’industrie demain ?

Pour moi, le plus grand dĂ©fi pour l’industrie rĂ©side actuellement dans les incertitudes macroĂ©conomiques auxquelles doivent faire face les marchĂ©s financiers. L’autre grand dĂ©fi tient dans la hausse des tendances protectionnistes. Nous alertons depuis des annĂ©es sur le phĂ©nomĂšne de renationalisation des marchĂ©s financiers. Une tendance persistante. Et, bien sĂ»r, il y a le risque rĂ©glementaire. Des rĂ©glementations inadaptĂ©es ou Ă©ventuellement une situation de surrĂ©glementation seraient contre-productives.

Puisque vous Ă©voquez le risque rĂ©glementaire, quel message adressez-vous aux hommes politiques actuellement en campagne ?

Pour nous, l’objectif est d’avoir un cadre juridique moderne et appropriĂ© qui assure le bon niveau de protection des intĂ©rĂȘts des investisseurs, sans pour autant freiner de maniĂšre non justifiĂ©e l’innovation. Notre message au personnel politique est de dire que l’ALFI va continuer de participer activement au dialogue constructif que j’avais dĂ©jĂ  mentionnĂ©, sur le plan national et sur le plan international. Ceci constitue une prioritĂ© pour nous, pour accompagner le dĂ©veloppement positif du secteur financier.

Auriez-vous des demandes plus prĂ©cises ?

Il y a deux thĂ©matiques d’importance qui remontent du terrain, deux thĂ©matiques liĂ©es entre elles.

La premiĂšre est celle de la compĂ©titivitĂ© du secteur financier luxembourgeois et du pays – y compris sur un plan

fiscal, tant par rapport à la fiscalité des entreprises que par rapport à la fiscalité du produit.

La deuxiĂšme est celle de l’attraction et de la rĂ©tention des talents. Une des raisons du succĂšs de la Place, c’est que nous avons su former et attirer de plus en plus de personnes spĂ©cialisĂ©es avec des connaissances techniques approfondies Ă  tous les niveaux.

On ne peut pas parler de compĂ©titivitĂ© sans Ă©voquer la taxe d’abonnement. Comment voudriez-vous la voir Ă©voluer ?

Il faut savoir que, sans surprise, la plupart des membres de l’association voudraient, idĂ©alement, voir la taxe d’abonnement supprimĂ©e. En mĂȘme temps, je pense qu’il faut ĂȘtre rĂ©aliste. Lorsque l’on regarde les recettes de l’État luxembourgeois et le poids des recettes de cette taxe, et si l’on se met dans la peau des responsables politiques, son abandon n’est peut-ĂȘtre pas tout Ă  fait rĂ©aliste. Une possibilitĂ© serait d’ajuster cette taxe, et Ă©ventuellement de la supprimer, notamment pour attirer au Luxembourg de nouveaux produits d’investissement qui aujourd’hui sont peu, voire pas du tout prĂ©sents. Je pense notamment Ă  certains produits que l’on voit se dĂ©velopper aux ÉtatsUnis, comme les ETF actifs. Un jour ou l’autre, ces produits seront lancĂ©s en dehors des États-Unis. Le Luxembourg aura une belle carte Ă  jouer si la taxe d’abonnement n’est pas un sujet. Maintenant, l’industrie a saluĂ© la dĂ©cision du gouvernement d’allĂ©ger la taxe d’abonnement pour des produits d’investissement en matiĂšre de finance durable. Malheureusement, dans la pratique, on a vu que l’impact n’a pas Ă©tĂ© aussi grand qu’on l’aurait souhaitĂ©.

Depuis presque un an, le volume des actifs nets des fonds d’investissement diminue. Est-ce que cela tĂ©moigne, selon vous, d’une perte de confiance des Ă©pargnants envers les fonds d’investissement ?

La diminution des avoirs sous gestion des fonds luxembourgeois est avant tout due aux évolutions des marchés

LES GRANDES DATES DE L’INDUSTRIE DES FONDS

30 MARS 1988

DĂšs 1985, le Luxembourg avait compris que la directive Ucits pouvait ĂȘtre le point de dĂ©part d’un marchĂ© intĂ©grĂ© des fonds Ă  l’échelle de l’Europe. Et dĂšs le 30 mars 1988, elle fut transposĂ©e dans la lĂ©gislation nationale, donnant au pays et Ă  sa Place le first-mover advantage

9 NOVEMBRE 1988

Quasiment dans la foulĂ©e, l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement est portĂ©e sur les fonts baptismaux. À l’époque, les statuts tenaient sur une page. FĂ©dĂ©rant d’abord les fonds, elle s’ouvre en 2000 Ă  tous les acteurs de la chaĂźne de valeur.

31 décembre 1999

Avec 734.500 milliards d’euros d’actifs sous gestion, le Luxembourg ravit Ă  la France la premiĂšre place du marchĂ© europĂ©en de l’industrie des fonds.

29 FÉVRIER 2004

La barre symbolique des 1.000 milliards d’actifs est franchie. Les 2.000 milliards seront atteints en mai 2007. Il faudra attendre septembre 2010 pour toucher les 3.000 milliards. La barre des 4.000 milliards sera franchie en septembre 2017 et celle des 5.000 en janvier 2021. Au 31 dĂ©cembre de cette mĂȘme annĂ©e, le plus haut historique est atteint : 5.859,485 milliards.

« Mon engagement dans l’association est dans la continuitĂ© de ce que j’ai fait jusqu’à prĂ©sent. »
18 ALFI OCTOBRE 2023
Conversation Jean-Marc Goy
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L’ÉVOLUTION DES ACTIFS DES FONDS D’INVESTISSEMENT LUXEMBOURGEOIS

La dĂ©crue des actifs amorcĂ©e depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2022 sous les coups de l’inflation et de l’agression russe en Ukraine ne doit pas faire oublier une progression des plus spectaculaires, sans Ă©quivalent sur la planĂšte.

financiers. Les marchĂ©s opĂšrent dans un contexte d’incertitude macroĂ©conomique. L’inflation atteint des niveaux que l’on avait oubliĂ©s, les taux d’intĂ©rĂȘt suivent et les marchĂ©s sont logiquement Ă  la peine. Ces conditions ne sont pas propres au Luxembourg, on les subit partout en Europe et dans d’autres juridictions, notamment aux États-Unis. Mais ce que j’aimerais retenir, c’est que les marchĂ©s Ă©voluent par cycles. On peut ĂȘtre raisonnablement confiants dans le fait qu’ils vont repartir Ă  la hausse et qu’au fur et Ă  mesure qu’ils vont progresser, les souscriptions vont augmenter. Ensuite, il ne faut pas perdre de vue que dans des conditions de marchĂ© telles que celles que nous traversons aujourd’hui, les investisseurs ajustent leurs portefeuilles.

OĂč voyez-vous, pour l’industrie, les opportunitĂ©s de croissance ?

Il y a un fait qu’il convient de rappeler : selon les chiffres de la Commission europĂ©enne, fin 2021, seulement 17 % des mĂ©nages europĂ©ens ont investi dans des

valeurs mobiliĂšres, actions ou obligations. Et selon l’European Fund and Asset Management Association (Efama), seulement 25 % des fonds Ucits – fonds dont les actifs totaux tournent autour des 12.500 milliards d’euros – sont dĂ©tenus par les mĂ©nages. Il y a donc un potentiel considĂ©rable de croissance dans l’Union europĂ©enne. Ensuite, il faut garder en tĂȘte que les fonds luxembourgeois ne sont pas distribuĂ©s seulement au Luxembourg et dans l’Union europĂ©enne, mais dans 70 juridictions Ă  travers le monde entier. Enfin, l’Efama indique que 26 % des fonds d’investissement qui sont distribuĂ©s de maniĂšre internationale sont dĂ©tenus par des investisseurs Ă©tablis en dehors de l’Union europĂ©enne. Pour attirer ces investisseurs privĂ©s, il faut travailler sur la confiance. Un investissement comprend toujours une certaine dose de risque financier, surtout dans des pĂ©riodes comme celle que nous traversons. Il faut un cadre juridique qui protĂšge leurs intĂ©rĂȘts tout en renforçant l’éducation financiĂšre. Il y a d’autres tendances sur lesquelles la

Place peut surfer. Dont la trĂšs forte demande de produits d’investissement de finance durable. La finance durable est l’un des thĂšmes centraux sur lesquels nous voulons mettre l’accent. Le Luxembourg, aujourd’hui, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un des leaders en matiĂšre de finance durable. C’est un rĂ©el atout.

J’ajouterais un dernier point : il y a un facteur dĂ©terminant qui fait vraiment du Luxembourg un centre financier de choix – d’ailleurs, nous sommes le leader mondial dans ce domaine –, ce sont les activitĂ©s transfrontaliĂšres et internationales. Au Luxembourg, depuis fort longtemps, nous ne raisonnons pas seulement de maniĂšre nationale, mais Ă©galement automatiquement de maniĂšre internationale. On peut dire que cette dimension internationale est dans notre ADN. Et cette approche internationale explique vraiment en grande partie le succĂšs du secteur des fonds luxembourgeois.

0 31.12.9831.12.9931.12.0031.12.0131.12.0231.12.0331.12.0431.12.0531.12.0631.12.0731.12.0831.12.0931.12.1031.12.1131.12.1231.12.1331.12.1431.12.1531.12.1631.12.1731.12.1831.12.1931.12.2031.12.2131.12.2231.01.2328.02.23 1 mio 2 mios 3 mios 4 mios 5 mios 6 mios Total des actifs 486.800 1.559.653 2.059.395 5.859.485 5.164.353 1.106.222 3.094.987 4.159.614 4.973.780 20 ALFI OCTOBRE 2023
Source ALFI
Conversation Jean-Marc Goy

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Luxembourg funds toolbox gets competitive update

A law modernising the Luxembourg investment funds toolbox came into effect at the end of July. Experts from Arendt examine its significance.

Law no.  8183, which was passed by parliament on 14 July 2023, includes a panoply of improvements to existing laws relating to the investment funds industry. Its aim is to modernise legislation and to make the Luxembourg financial centre even more competitive and attractive.

As the funds industry seeks to move towards

the so-called retailisation of the alternative investment funds market, many of the new rules available in the Luxembourg investment funds toolbox will help meet those goals.

“Everyone is talking about the lowering of the threshold for retail investors to qualify as well-informed from €125,000 to €100,000

and the harmonisation of the entities that could do the assessment,” says Julia Szafranska, counsel in the Investment Management practice of Arendt. This not only aligns Luxembourg with the European framework for vehicles such as European venture capital (EuVECA) funds, but also helps marketing in other jurisdictions that have

Photo Eva Krins (Maison Moderne) Arendt’s Julia Szafranska and David Majzoub explain the implications of the new law modernising the Luxembourg investment funds toolbox.
Legislation
22 ALFI OCTOBRE 2023

€100k thresholds, she explains.

Supporting the “retailisation” of alternative investment funds

The reform has introduced tax incentives to encourage the development of products that can be marketed to retail investors, such as a subscription tax exemption for ELTIFs (European long-term investment funds). “This is consistent with the initiative of the European Commission, which wants to foster the development of this European product as part of the Capital Market Union action plan,” says David Majzoub, senior associate in the Investment Management practice at Arendt. But offering retail investors better access to private assets is not only being driven by policy-makers.

“It’s also responding to a demand from asset managers, who will have easier access to retail investors seeking to invest in private asset classes,” David Majzoub explains. The ELTIF can play a key role

in forming a pan-European retail market for alternative investment funds, and Luxembourg is uniquely positioned to become the main hub for these products. Undertakings for collective investment governed by Part II of the UCI law (known as “Part II UCIs”) have also undergone helpful enhancements.

David Majzoub says that Part II UCIs had fallen out of favour for some time, but they are coming back with a vengeance. “The new law introduces additional corporate forms for Part II UCIs and thus more flexibility for this product which is a vehicle of choice in the context of the retailisation of private funds.”

Ease of operation and modernisation

The new law also extends the period by which a fund must reach the minimum capital requirement from 12 to 24 months for SICARs, SIFs and RAIFs, and from 6 months to 1 year for Part II UCIs. “This is a welcome improvement,” says Julia Szafranska. “Considering the current fundraising environment, it has been at times burdensome for some

fund managers to have to find a solution if they had not launched the fund and held a first closing, but had set up a RAIF, for instance.”

Doing away with discrepancies and cumbersome procedures, to make the toolbox more flexible and easier to operate, is one of the key reasonings behind the law, according to the Arendt experts. “For instance, when setting up a RAIF in corporate form, you now only need one meeting with the notary. This sort of adjustment makes it more practical, and certainly more understandable for foreign fund managers.”

There is also clarification on the notice period required for the replacement of a depositary under the SICAR, SIF and UCI laws, says David Majzoub.

“Now the notice period that applies is the contractual one rather than a two-month period imposed by the law. A sufficiently long contractual notice period will be necessary, given that in principle, the consequence of no longer having a depositary is the liquidation of the fund.”

Both lawyers welcome the fact that the legislators are taking steps to ensure that Luxembourg can consolidate its position as a leading funds centre.

Julia Szafranska concludes:

“It’s a modernisation and harmonisation that will ease the operation of the toolbox rather than a revolution. And it will increase competitiveness.”

KEY REFORMS
Clarification of the notice period for replacement of a depositary in the SICAR, SIF and UCI laws. New and consistent definition of “well-informed investor” in the SIF, SICAR and RAIF laws.
“It’s a modernisation and harmonisation that will ease the operation of the toolbox.”
Julia Szafranska Counsel in the Investment Management practice, Arendt
“The new law introduces additional corporate forms for Part II UCIs which offers more flexibility.”
David
Majzoub Senior associate in the Investment Management practice, Arendt Lowering the investment threshold for retail investors from €125,000 to €100,000.
OCTOBRE 2023 ALFI 23 BRAND VOICE More info on www.arendt.com
Extending from 12 to 24 months the time limit by which minimum capital must be raised for SICARs, SIFs and RAIFs. Increase from 6 to 12 months for Part II funds. Additional corporate forms for Part II UCIs. Subscription tax exemption for ELTIFs.

Lesfontfonds rentréeleur

26 CAMILLE THOMMES « La situation n’a rien de rĂ©jouissant » –28 CARTES BLANCHES 36 RADIOSCOPIE Luxembourg, leader de la distribution des fonds transfrontaliers –38 PROGRAMME ALFI Global Distribution Conference 24 ALFI OCTOBRE 2023

La confĂ©rence de rentrĂ©e de l’ALFI se tient ce 20 septembre Ă  l’European Convention Center de Luxembourg. L’occasion pour le nouveau prĂ©sident de l’association, Jean-Marc Goy, de faire ses premiers pas dans ses nouvelles fonctions alors que le directeur gĂ©nĂ©ral, Camille Thommes, quittera les siennes pour une retraite bien mĂ©ritĂ©e. Le programme sera touffu. Tout comme l’agenda rĂ©glementaire. De quoi donner aux professionnels de la distribution et de la gestion du grain Ă  moudre.

Trop de rĂ©gulation tue la rĂ©gulation, entend-on souvent dans les travĂ©es de la confĂ©rence. Mais cette rĂ©gulation semble indispensable pour sĂ©duire les mĂ©nages europĂ©ens. MĂ©nages dont seulement 10 % de l’épargne est investie dans des fonds d’investissement.

À titre de comparaison, on atteint 22 % aux États-Unis. Le potentiel de croissance est Ă©norme et pourrait donner un nouvel Ă©lan Ă  un secteur qui souffre des conditions macroĂ©conomiques et gĂ©opolitiques actuelles.

OCTOBRE 2023 ALFI 25 Enjeux ALFI Global Distribution Conference

« La situation n’a rien de rĂ©jouissant »

5.197 milliards, soit une croissance de 35 milliards sur un mois, dont la partie la plus importante est due Ă  l’évolution positive des marchĂ©s de l’ordre de 50 milliards. Ce qui laisse quand mĂȘme une sortie d’argent de 15 milliards. Sur les 12 derniers mois, le volume des actifs a augmentĂ© de 0,5 %. Cela dit, je constate que, depuis mars, nous enregistrons chaque mois une sortie d’argent frais. La situation n’a rien de rĂ©jouissant. Mais cette baisse des actifs se fait sentir partout ailleurs en Europe. Personne n’est immunisĂ© face Ă  ces chocs externes.

Dans le contexte gĂ©opolitique et macroĂ©conomique que l’on connaĂźt, comment se porte l’industrie des fonds au Luxembourg ? Quelles sont les Ă©volutions majeures de ces derniers mois ? Les marchĂ©s financiers ont Ă©tĂ© fortement affectĂ©s en 2022, tant par les incertitudes gĂ©opolitiques que par l’environnement macroĂ©conomique, qui est caractĂ©risĂ© par un niveau d’inflation et une hausse des taux d’intĂ©rĂȘt qu’on n’a pas connus depuis une vingtaine d’annĂ©es. Et cela se poursuit en 2023. Il n’est donc pas surprenant que les actifs sous gestion des fonds d’investissement en aient pris un coup et aient sensiblement diminuĂ©. Une diminution de l’ordre % en 2022, soit environ 820 milliards. Au 30 juin, selon les derniers chiffres de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), les actifs nets se situent aux environs de

Comment voyez-vous les choses Ă©voluer dans les mois Ă  venir ? Dans un environnement qui va rester volatil, je crois qu’à court terme, les opĂ©rateurs doivent continuer Ă  revoir leur offre en l’élargissant vers des projets pouvant gĂ©nĂ©rer de l’alpha. Je pense Ă  des projets d’infrastructures ou de dettes privĂ©es. Ils doivent aussi continuer Ă  analyser leur chaĂźne de production interne afin de gagner en efficience et de pouvoir faire face Ă  la pression sur les marges et sur les coĂ»ts grĂące Ă  un recours accru Ă  la digitalisation. Enfin, les opĂ©rateurs devront renforcer leurs efforts de promotion et prospecter de nouveaux marchĂ©s et de nouveaux clients.

Je voudrais dire ici que les indexations successives de ces derniers mois –et je ne veux pas remettre en question la nĂ©cessitĂ© du systĂšme qui permet aux employĂ©s de reprendre un peu de pouvoir d’achat –posent problĂšme. Les acteurs du marchĂ© sont quasi principalement des groupes internationaux. Ce mĂ©canisme est mal perçu par les responsables au niveau des

Photographie JAN
HANRION (ARCHIVES)
Interview MARC FASSONE
Camille Thommes, le directeur gĂ©nĂ©ral de l’ALFI, fait le point sur les tendances marquantes pour l’industrie des fonds. Et envoie un message clair aux politiques en campagne : il faut soutenir la place financiĂšre.
« Je me rĂ©jouis de ces dĂ©clarations et j’espĂšre qu’ils s’en souviendront aprĂšs les Ă©lections.
CAMILLE THOMMES
Directeur général, ALFI
26 ALFI

centres de dĂ©cision qui ne se trouvent pas nĂ©cessairement au Luxembourg. Face aux indexations, ces responsables imposent souvent des mesures de rĂ©duction de coĂ»ts au niveau des Ă©tablissements basĂ©s au Luxembourg, comme le gel des recrutements. Et cela accroĂźt le risque de certaines activitĂ©s vers d’autres centres financiers qui peuvent produire Ă  un coĂ»t opĂ©rationnel moins Ă©levĂ©.

Il faut aussi prendre en compte un risque moins immĂ©diatement visible : que de nouveaux projets ne trouvent plus leur chemin vers le Luxembourg au profit d’autres centres financiers. Il y a un vrai risque de perdre des opportunitĂ©s d’affaires. Dans le secteur des ETF, par exemple. L’actualitĂ© rĂ©cente a montrĂ© que les redomiciliations sont aisĂ©es


Dans ce contexte, le Luxembourg est-il toujours un pays attractif pour l’industrie des fonds ? Oui. La Place continue de s’imposer avec un certain nombre d’atouts. Le triple A, dĂ©jĂ . Certains reprĂ©sentants de la classe politique pensent que ce n’est pas vital. Ils se trompent lourdement. Regardez les États-Unis et les consĂ©quences qu’a eues la dĂ©gradation de leur note par Fitch


Il y a ensuite notre Ă©cosystĂšme, et l’expertise que nous avons dĂ©veloppĂ©e ces derniĂšres dĂ©cennies, notamment – mais pas uniquement – en termes de distribution transfrontaliĂšre. Nous continuons de jouir d’une bonne rĂ©putation Ă  l’international. Il y a encore l’environnement rĂ©glementaire qui est stable, bien qu’évolutif, notamment en raison des initiatives de Bruxelles. Notre boĂźte Ă  outils, rĂ©cemment amĂ©liorĂ©e, reste un atout. Nous arrivons Ă  servir des clients institutionnels et des clients privĂ©s avec des structures qui sont Ă  la pointe et trĂšs prisĂ©es. Et, en dernier lieu, malgrĂ© la nĂ©cessitĂ© de rechercher encore et encore plus de talents, nous disposons quand mĂȘme d’un vivier multilingue qui est une vraie richesse.

Comment rĂ©sumer actuellement la situation compĂ©titive de la Place ?

Sur le plan des produits traditionnels de type Ucits, j’ai le sentiment qu’on vit sur notre stock : on ne voit pas de croissance notable. C’est certainement dĂ» en partie Ă 

la popularitĂ© croissante des ETF, un produit sur lequel nous avons un dĂ©savantage compĂ©titif. C’est un point que nous avons signalĂ© au gouvernement et Ă  toute la classe politique et sur lequel il faudra travailler.

Sur le plan des produits alternatifs, bien que l’environnement gĂ©nĂ©ral pĂšse aussi sur le secteur des actifs privĂ©s et sur le secteur alternatif, nous avons un trĂšs bon positionnement, notamment grĂące Ă  la prĂ©voyance que nous avons montrĂ©e dans le temps en crĂ©ant un cadre rĂ©glementaire pertinent, comme le Raif ou les limited partnership, des vĂ©hicules qui ont rĂ©pondu et qui continuent de rĂ©pondre aux besoins des gestionnaires de fonds alternatifs. Ces ajouts-lĂ  Ă  notre arsenal rĂ©glementaire ont Ă©tĂ© dĂ©terminants.

Existe-t-il encore des opportunitĂ©s que le Luxembourg pourrait saisir afin de renforcer et de dĂ©velopper encore plus son industrie ?

Oui. Parmi les secteurs Ă  grand potentiel, il y a les produits de type infrastructures et dette privĂ©e. ELTIF 2.0 va certainement donner un nouvel Ă©lan au Grand-DuchĂ©. Nous restons le premier domicile d’ELTIF en Europe, selon les chiffres de l’Esma, avec 63 % des actifs domiciliĂ©s ici. Et, grĂące Ă  la souplesse de nos structures juridiques, 26,3 %

C’est, avec 5.028 milliards d’euros d’actifs nets, la part de marchĂ© du Luxembourg pour les fonds Ucits et alternatifs cumulĂ©s au 31 dĂ©cembre 2022, selon l’EFAMA. Le pays est loin devant l’Irlande (19,1 % de part de marchĂ©) et l’Allemagne (13,6 %). Sur les seuls fonds Ucits, le Luxembourg reprĂ©sente, avec 4.077 milliards d’euros, 34,1 % du marchĂ©. L’Irlande suit avec 23,5 %. Le Royaume-Uni est sur la troisiĂšme marche du podium avec une part de marchĂ© de 10,7 %.

Ă  l’expĂ©rience accumulĂ©e et, tout rĂ©cemment, Ă  l’exonĂ©ration de la taxe d’abonnement sur les Eltif, la Place va jouer un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant. Tout comme dans la finance durable. Selon l’Efama, le Luxembourg Ă©tait, en juin dernier, le premier domicile europĂ©en pour tout ce qui touche au fonds des Articles 8 et 9. C’est un sujet qui nous intĂ©resse beaucoup et sur lequel nous avons fait beaucoup d’efforts.

Quelles sont les rĂ©formes structurelles qui devraient ĂȘtre entreprises par le prochain gouvernement, selon l’ALFI, pour maintenir cette compĂ©titivitĂ© et continuer Ă  dĂ©velopper l’industrie des fonds ?

Il y a deux points sur lesquels le futur gouvernement devra absolument travailler : la compĂ©titivitĂ© et l’attraction et la rĂ©tention des talents.

Le secteur financier pĂšse lourd dans notre Ă©conomie. Les chiffres sont connus. Ils devraient rĂ©sonner auprĂšs de la classe politique. Et j’ai Ă©tĂ© positivement surpris des dĂ©clarations faites rĂ©cemment Ă  l’occasion de la table ronde « attractivité » organisĂ©e par Paperjam. Lex Delles, tout comme Franz Fayot et Claude Wiseler, a dĂ©clarĂ© que le secteur financier est prioritaire pour l’économie et qu’il faut tout faire pour le dĂ©velopper. Je me rĂ©jouis de ces dĂ©clarations et j’espĂšre qu’ils s’en souviendront aprĂšs les Ă©lections.

Ce qui est important pour nous, afin de ne pas perdre davantage de terrain par rapport Ă  nos concurrents, c’est une rĂ©forme structurelle de la fiscalitĂ©. Une rĂ©forme touchant aux sociĂ©tĂ©s pour se rapprocher du taux moyen d’imposition de l’UE ou de l’OCDE qui tourne entre 21 % et 22 %, alors que nous sommes Ă  25 %. Et une rĂ©forme touchant Ă  l’imposition des produits. S’y ajouterait la revue de certains de nos traitĂ©s contre la double imposition.

Certains de ces traitĂ©s sont moins attractifs avec le pays d’investissement que ce n’est le cas pour d’autres domiciles disposant d’accords plus favorables.

Il est important de continuer à investir davantage dans notre secteur financier si on souhaite capitaliser comme par le passé sur les recettes fiscales générées.

OCTOBRE 2023 ALFI 27
Conversation Camille Thommes

Next generation leadership: technology and sustainability will shape the future of asset management

With technology evolving at a rapid pace, asset management needs to keep up with investor expectations not to be left behind. How can we keep up? The next generation holds the key.

be developed with an openness to change, must be nurtured to realise the advantages of technology and unlock the power it holds.

Shaping

the future of asset management: embracing digital transformation

The future of asset management revolves around digitalisation. Harnessing the power of AI, cloud systems or blockchain is essential to the industry’s growth. By integrating transformative technologies, we can identify patterns, provide personalised services tailored to our clients’ individual needs, and more.1

The digitalisation has already started, but its reception is mixed. Those who are hesitant concentrate solely on the risks, such as cybersecurity and data protection. The risks are understandable to the foundation of technology, but with no risk comes no reward, and asset management is well underway.

The leaders of tomorrow – the techsavvy, digital natives, etc. – are at the door and ready to use these technologies. A fresh mindset, which can only

The next generation: what matters to them and why it should matter to us Digitalisation is vital for the industry. However, the pace at which one embraces and migrates towards it will have the biggest impact. Industry players who take hold of these advantages and leave their comfort zones will have a competitive edge over those who don’t. Thus, the ever-growing next generation and its ideas must be woven into the asset management DNA. Considering the priorities of the next generation is not only key for inviting them to the table, but also necessary for aligning the asset management sector with its digital trajectory.

The second major transformation is moving towards “all things ESG”. Alongside debates on stakeholder capitalism and corporate purpose, ESG underpins most of the discussions about the future fitness of asset management.

Millennials and Gen Z (born between 1995 and 2010) make up 49% of the global population. Gen Alpha kids (born between 2010 and 2024) will not let us wait too much longer either, as they also hold dramatically shifting needs and even more tech and environmental consciousness. Their attitudes, values and beliefs are bound to influence their investment strategies. Data shows that 82% of Gen Z and close to two thirds of

CARTE BLANCHE
“The new generation of leaders is the future of the financial industry.”
28 ALFI OCTOBRE 2023
Auteur VALERIA MERKEL

young millennial investors have exposure to ESG investments. By 2025, around 33% of all global assets under management will have ESG mandates.2 The synergy between the two topics becomes increasingly evident: technology, with AI at the forefront, takes a pivotal role in driving the ESG transformation, holding profound implications for the future of asset management and the demands of the next generation. The AI/ESG fusion is not just about tech advancement; it is a convergence with the potential to reshape our approach to challenges, laying down pathways for a more resilient, eco-conscious world. This resonates deeply with the next generation, which is actively shaping its expectations around sustainable practices.

New technology for the industry –ESG and sustainable finance: aligning

with values and purpose

In asset management, we must embrace the shift towards conscious investing and integrate ESG considerations into our strategies and all parts of the value chain. Companies failing to adapt may risk alienating potential investors and clients, limiting their growth opportunities in the long run.

Action is currently being taken at different levels. The EU’s commitment to sustainability and environmental protection has led to the creation of regulations and guidelines that encourage companies to adopt ESG practices. The European Green Deal and the Sustainable Finance Strategy aim to mobilise capital towards sustainable investments, encouraging asset managers to play a proactive role in financing environmentally friendly projects. By promoting sustainable finance and green initiatives, the EU is creating an environment for the asset management industry to attract socially conscious investors and contribute to a greener future.

Luxembourg: fit for the future?

Despite its small size compared to neighbouring countries, Luxembourg possesses a strong ecosystem that gives it a competitive advantage. The Luxembourg

Sustainable Finance Initiative (LSFI) has launched a sustainable finance strategy to establish the country as a sustainable hub, focusing on awareness, unlocking potential and measuring progress. The Association of the Luxembourg Fund Industry (ALFI) has introduced ALFI NextGen, an initiative aiming to increase the visibility and influence of young professionals in the field.

Luxembourg fosters the development of innovative technologies incubated in the Luxembourg House of Financial Technology (Lhoft) to enrich the local market. Many of the startups are active in developing services for the asset management industry, with some of them already successful in delivering value. The Lhoft is a hub connecting financial services organisations, IT companies, regulators and academia, playing a pivotal role in offering opportunities to the market and investors, and accelerating growth. Additionally, the fostered companies act as employers for the new generation to develop its ideas, think outside the box, and build careers in the intersection of asset management and technology. ICT Spring brings together thousands of professionals every year, offering a unique opportunity to get tech updates and network with peers and future business partners in fintech.

The mantra “the old ways are often the best” no longer holds true. The global market has realised that the innovative forces of the new generation of talents will permanently change the financial industry. Their aspirations bring excitement and ideas that have the potential to reshape the fundamentals of asset management. There is still a long way to go, but the time is now, and the question is how. With so many solutions, let’s explore them!

Enjeux ALFI Global Distribution Conference Fagen
– Unveiling the Future of Asset Management: A Deep Dive into Global Trends in Finance and . 2023, August 1. Nasdaq.com – Chris Versace and Mark Abssy – How Millennials and Gen Z Are Driving Growth Behind ESG. 2022, September 23.
Wasanni Technologies
“The drive of the next generation fuels asset management –adapt to their evolving needs or risk being left behind in an industry shaped by new technology.”
#TogetherForBetter.
KPMG Luxembourg Valeria Merkel Partner, Asset Management
OCTOBRE 2023 ALFI 29
Photo KPMG Luxembourg

Building wealth by democratising private markets

For decades, the world’s largest mutual funds, pension funds and insurers have enjoyed access to private markets and their return potential, while many individual investors lacked the ability or the knowledge on how to access these opportunities.

This is now changing. Over the past decade, we have seen a broadening of access to private markets investing for individual investors, giving many people the ability to invest in asset classes such as private real estate, private credit and private equity for the first time. There are two reasons for this. First, with the cyclical nature of economic activity, stubborn inflation and rising rates, traditional portfolios generally have been unable to provide individual investors with enough diversification to mitigate volatility and deliver returns across economic cycles. Individual investors recognise this and many are increasing their exposure to private markets to build more diversified portfolios.

Second, there has been unprecedented product innovation in private markets. We understand how asset classes like private real estate, private credit and private equity can positively contribute to potential returns and enhance portfolio diversification for retail investors. In 2017, we launched Blackstone Europe Fund Management in Luxembourg to facilitate access to our products across Europe. We were the first US private markets manager to establish an AIFM in Luxembourg, and

today, we are the second largest in-house AIFM. We have seen enormous growth in this space, which is why Blackstone’s assets under management from the private wealth channel have grown from $10 billion in 2011 to nearly $240 billion today. Despite this, we think that this is a megatrend that is still in its infancy. The wealth market is estimated at $50 trillion globally, so as democratisation and innovation continue, we expect the opportunity to grow further.

Private investing focuses on active value creation over the long term, and those Blackstone’s funds that are oriented towards individual investors are structured as semiliquid vehicles. This structure was designed to both prevent a liquidity mismatch and maximise longterm shareholder value. In carrying out its risk management and valuation functions, Blackstone Luxembourg partners closely with the business units operating our funds and plays a key role in ensuring that liquidity risks are closely monitored. It is a core mission of ours to educate investors about this as our products grow in popularity and to play an even greater role as members of ALFI and LPEA, actively engaging with Luxembourg’s financial community to enhance awareness of best practices and amplify the industry’s united voice.

The power of private markets has been proven for decades, but with firms like Blackstone making this space more accessible for individual investors, a new era of private markets investing has dawned. By drawing on our decades-long experience as a steward of institutional investors’ capital and on our specialist team in Luxembourg, we are bringing innovative solutions to investment professionals and their new clients, and supporting them as they access private markets.

“The power of private markets has been proven for decades.”
ALFI board
Claire Gerault Managing director,
member European Finance, Blackstone
Photo ALFI 30 ALFI OCTOBRE 2023 Enjeux ALFI Global Distribution Conference
Auteur CLAIRE GERAULT
valuepartners.lu Also ïŹnd us on LinkedIn 2012 Year of foundation 130 Experts 2,000 Entities assisted OïŹ€ering a complete range of core services to both regulated and non-regulated entities. Fund Central Administration | Accounting | Consolidation | Tax | VAT | Corporate Services | AML | KYC | Regulatory Services YOUR ONE-STOP SHOP IN LUXEMBOURG VPsf SA, a member of Value Partners group, is a CSSF regulated Financial Sector Professional. Value Partners has been awarded as one of the 2022 Luxembourg Best Workplaces by the Great Place To Work Institute.

Enhancing Luxembourg’s investment fund toolbox appeal

An omnibus bill set out to modernise Luxembourg’s fund law has been in force since July 2023. Embraced with enthusiasm, how does the law of 21 July 2023 (“the Law”) practically impact private asset players in Luxembourg and what benefits does it offer?

The Law notably upgrades the five fund laws (the SICAR, SIF, RAIF, UCI and AIFM laws), adapting them to the current and future needs of private equity, real estate and loan funds.

1. Improved accessibility for well-informed investors

To enlarge access to Luxembourg’s fund market, harmonise with other regulations (e.g., the EuVECA and EuSEF regulations) and align with practices in other fund hubs like Ireland and the Netherlands, the investment threshold for well-informed investors for RAIFs, SIFs and SICARs has dropped from €125,000 to €100,000.

2. Improved flexibility, harmonisation, streamlining and relief in multiple areas Part II UCI funds are able to expand beyond the conventional SA structure and choose from a broader set of legal forms, including sĂ rl, S.Co SA, as well as SCA, SCS and SCSp if managed by an authorised AIFM. Harmonising with

the AIFM regime, management company own funds may only invest in liquid assets or assets easily convertible into short-term liquidity, while tied agents can now be used by AIFMs. RAIF timeto-market is improved for investment companies (excluding SCS/SCSp), which will become exempt from the notarial

deed confirming formation. In acknowledgement of existing time pressures, the timeline to raise minimum capital has been extended from 12 to 24 months for RAIFs, SICARs and SIFs, and from 6 to 12 months for Part II UCI funds.

3. Subscription tax exemption

The introduction of a subscription tax exemption (as from January 2024) for RAIFs, SIFs and Part II UCIs established as ELTIFs or pan-European personal pension products is geared to help Luxembourg stay attractive as a host for long-term investment products.

4. Efficient liquidation process and withdrawal of the depositary

The Law facilitates the appointment of independent supervisory commissioners allowing for quicker non-judicial liquidations of asset managers resulting in a speedier process and reducing the workload of the CSSF. To add more flexibility, the current two-month notice applicable in case of a depositary change will be replaced by a duration notice to be provided by the depositary agreement. In addition, with a view to improving investor protection, Part II UCIs, RAIFs, SIFs and SICARs will not be able to issue or redeem units/shares in the absence of a new depositary/liquidation of the depositary. While these are just some of the highlights of the new Law, they are a good illustration of how the long-awaited fund toolbox will enhance Luxembourg’s competitiveness. This renewed financial services narrative demonstrates the Luxembourg legislator’s willingness to listen to industry feedback, embrace the current trends in order to maintain a competitive edge.

CARTE BLANCHE
debt leader Vincent Remy Partner, private EY Luxembourg
EY Luxembourg
Photos EY Luxembourg Auteurs LAURENT CAPOLAGHI ET VINCENT REMY 32 ALFI OCTOBRE 2023 Enjeux ALFI Global Distribution Conference
Laurent Capolaghi Partner, private equity leader

Comprehensive managed services, dedicated to funds

Palana Services offers end-to-end outsourcing to the asset management industry, powered by operational expertise and Avanterra proprietary technology.

The expectations of clients and regulators continue to evolve, so asset managers must work hard to keep pace. “By opting for an expert-driven outsourced solution, our clients access a comprehensive, high-quality service offering that adapts quickly to new regulatory and market requirements as they concentrate on their core business while we help accelerate the launch and distribution of their products,”

said Benjamin Collette, a partner of Palana.

Ongoing investment

Managing this increasingly complex environment requires ongoing, substantial investment into highperforming technology systems supported by a team of dedicated, loyal staff. Every manager understands the challenge this represents in the current labour market.

Palana Services provides end-to-end outsourced managed services, tailormade for the asset management industry. “Our offering spans the entire life cycle of investment products on a pay-per-use basis.” Clients choose the services they require. They have a single point of contact to the fully  Luxembourg-based team of consultants and managed services providers,

Financial services outsourcing
Sponsored content by PALANA SERVICES Photo Eva Krins (Maison Moderne) Florence Buron, Bastien Collette, Katrin Katzenberger and Benjamin Collette. Renaud Jamar and Nicolas Buck are missing on the photo.
34 ALFI OCTOBRE 2023

complemented by the Avanterra technology experts.

Complete service offering

From the fund setup phase, Palana Services can manage prospectuses, support compliance, and offer all AML/CFT requirements from policy drafting, RC services, and training to performing due diligence on assets and other related parties. During the fund’s life cycle, it also carries out the complete range of regulatory and institutional reporting duties: PRIIPs KID compilation and computations, SFDR reporting, file production and dissemination, etc. Finally, with their distribution services, they cover fund registration in Europe and across the world, AML/ CFT due diligence and marketing compliance.

The services are available “à la carte”, allowing the full leverage and interconnection

of the proprietary data and technology platform available for all types of investment strategies, from UCITS products to private equity, real estate, infrastructure and more. Hence the extensive, growing client base includes every type of asset managers, and asset servicing players.

Leveraging group expertise

Palana Services is part of a group featuring the advisory firm Palana and technology solutions company Avanterra (formally Seqvoia), with both dedicated to serving the asset management industry. These firms are equally co-owned by Benjamin and Bastien Collette, Renaud Jamar and Nicolas Buck. There are currently 85 staff in the group, a number set to grow to 100 by year-end.

“

The embedded technology and consulting expertise are central to Palana Services’ offering. The Avanterra systems have been developed over a decade, and this experience means we are faster to build on these foundations while incorporating our deep understanding of regulatory and client needs.”

Specialised IT

Services are delivered through the tried and tested Avanterra technology solutions, which are developed to meet evolving demands from clients and regulation.

Trusted services

A specialist in outsourcing services for asset managers and their services providers.

Regulatory expertise

Palana Services’ outsourcing offering is founded on the group’s comprehensive, specialist expertise in asset management operations and regulation.

End result

The result is a seamless, unified platform that meets the latest industry needs.

“
Working in a complex, evolving regulatory environment requires substantial investment.”
Renaud Jamar Partner, Palana
“Our technology, regulatory expertise and operational processing quality provide efficiency.”
Nicolas Buck Partner, Palana
PALANA’S ENTIRE SERVICE CHAIN
BRAND VOICE
more information, visit www.palana.lu OCTOBRE 2023 ALFI 35
For

Leader incontesté des fonds transfrontaliers

Si la place financiĂšre est le deuxiĂšme plus grand centre d’investissement au monde, c’est surtout le premier domicile pour les fonds d’investissement transfrontaliers, Ă  savoir les produits distribuĂ©s dans au moins trois pays diffĂ©rents.

80 pays

Luxembourg est une des places financiĂšres les plus prisĂ©es par les promoteurs de fonds cherchant Ă  distribuer leurs produits d’investissement Ă  l’international. 76 % des 58 plus grandes sociĂ©tĂ©s de gestion d’actifs ont choisi le Grand-DuchĂ© comme domicile pour leurs fonds. On y gĂšre prĂšs de 56 % de l’ensemble des fonds d’investissement transfrontaliers dans le monde provenant de plus de 80 pays, notamment en Europe, en Asie, en AmĂ©rique latine et au Moyen-Orient.

RADIOSCOPIE
Source PwC –Benchmark your Global Fund Distribution Poster 2023 –PwC Market Research Centre
Auteur SÉBASTIEN LAMBOTTE
Domicile des fonds distribuĂ©s sur une base transfrontaliĂšre Luxembourg 55,6 % Irlande 35,6 % France 2,9 % Jersey 2,2 % Autres 3,6 % 36 ALFI OCTOBRE 2023

Croissance soutenue

Au fil des derniĂšres annĂ©es, le nombre de fonds transfrontaliers (distribuĂ©s dans au moins trois pays diffĂ©rents) Ă©volue positivement, Ă  raison de 4,47 % par an en moyenne depuis dix ans. Aujourd’hui, on en compte 14.607 et plus de la moitiĂ© de ces fonds sont domiciliĂ©s au Luxembourg. Le second domicile le plus important pour les fonds transfrontaliers est l’Irlande (35,6 % d’entre eux y sont domiciliĂ©s). En moyenne, ces fonds sont enregistrĂ©s dans 9,5 juridictions. Le nombre d’enregistrements a crĂ» en moyenne de 6,72 % par an sur les dix derniĂšres annĂ©es.

Nombre de fonds transfrontaliers

Nombre total d’enregistrements transfrontaliers

Cette carte « thermique » indique le nombre total d’enregistrements de fonds transfrontaliers Ă  la fin de 2022 dans chaque pays.

Des fonds largement distribués

C’est principalement en Europe que les fonds transfrontaliers sont distribuĂ©s. Les fonds transfrontaliers domiciliĂ©s au Luxembourg font l’objet de prĂšs de 69.000 enregistrements Ă  travers l’Europe. Selon l’étude de PwC Benchmark your Global Fund Distribution, les destinations phares pour la distribution des fonds domiciliĂ©s au Luxembourg sont l’Allemagne (avec 6.385 fonds enregistrĂ©s), la Suisse (5.694), la France (5.184), l’Autriche (4.995) et l’Espagne (4.730). En Asie-Pacifique, on dĂ©nombre 5.723 enregistrements de fonds luxembourgeois, dont 2.696 fonds sont domiciliĂ©s Ă  Singapour. Les autres marchĂ©s de destination des fonds luxembourgeois sont l’AmĂ©rique, avec 1.505 enregistrements, le Moyen-Orient (778) et l’Afrique (195).

9.436 12.607 14.607 72.264 103.531 138.467
Plus de 3.000 Entre 1.000 et 2.999 Entre 500 et 999 OCTOBRE 2023 ALFI 37 Enjeux ALFI Global Distribution Conference 2012 150.000 0 30.000 60.000 90.000 120.000 2022 2017 5.000 15.000 13.000 11.000 9.000 7.000
Nb d’enregistrements de fonds Nb de fonds transfrontaliers

ALFI Global Distribution Conference

WEDNESDAY

PANELLISTS

Selma Coffey Head of distribution services Waystone

Florent Denys Counsel Arendt & Medernach

Adam Henley Head of European product development

J.P. Morgan Asset Management

Raoul Mulheims Co-founder and CEO Finologee

09:20 Keynote: Macroeconomic outlook

09:50 Regulatory developments: any game changers on the horizon?

This panel will review, discuss and debate both the business and regulatory implications arising from the most recent significant EU and Luxembourg regulatory developments.

MODERATOR

Olivia Moessner

MORNING 38 ALFI OCTOBRE 2023

10:35 Networking coffee break

11:05 Accessing retail investors, what are the true opportunities and critical barriers?

Currently, investment funds only account for 10% of European household savings which continues to be dominated by deposit holdings. This compares to 22% in the US. European policymakers have been attempting to address this imbalance for years. What else needs to be done to improve household participation?

MODERATOR

EY

PANELLIST

Christophe Verboomen Public affairs manager Invest Europe

11:50 Fund platforms – Are they fit for the future?

Fund platforms play a pivotal role in fund distribution, but with renewed focus on cost transparency, value for money, private assets and ESG data requirements, how will/should their business models evolve to meet the future needs of investors, distributors and asset managers? These challenges raise many questions: Will direct distribution models by-pass platforms? Should we expect further consolidation and in what form? What about the role of technology?

What do/will asset managers expect in terms of increased value to support their distribution models?

MODERATOR

Pascal Denis Partner

Deloitte

PANELLISTS

Pierre-Adrien Domon CEO Fund Channel

Frédérique Dugény

PROGRAMME 08:00 Registration and breakfast 09:00 Welcome address by ALFI
09:10 Opening
Jean-Marc Goy Chairperson Association of the Luxembourg Fund Industry
by the chairperson of the morning sessions
Steven Libby Board member, ALFI and partner, EMEA AWM leader, PwC
Partner Elvinger Hoss Prussen 20 SEPTEMBER
Robert White Partner – Markets leader
Head of business solutions & implementation, Amundi

Salvador Martin

Banco

Neil Wise

Member of the executive board Clearstream Fund Centre

WEDNESDAY 20 SEPTEMBER

AFTERNOON

12:30 Networking lunch

14:00 Introduction by the chairperson of the afternoon sessions

14:10 A closer look at how Asia and the US are addressing the global challenges

A series of unprecedented global challenges have underscored the need to think more carefully about how to adapt to the changing geopolitical and volatile economic environment. How do asset managers navigate today’s environment, and how can investment fund associations support their members? What are the current key priorities for asset managers?

And what are the hot topics for the fund associations? Listen to the views of the CEOs of the three leading associations in Asia and the US.

INTERVIEWER

Camille Thommes

Director general Association of the Luxembourg Fund Industry

INTERVIEWEES

Jim Fitzpatrick President & CEO NICSA

Sally Wong CEO

Hong Kong Investment Funds Association (HKIFA)

14:45 ELTIF, the eagle has landed, so what’s next?

The long-awaited reform of the ELTIF regulation has been completed. Can the revised regime unlock the full potential of ELTIFs? Will it become a Luxembourg success story ? This panel of experts will share their experience with ELTIF 1.0 and discuss how they are preparing for ELTIF 2.0. They will shed some light on their expectations and ambitions.

MODERATOR

Silke Bernard Partner Linklaters LLP

PANELLISTS

Jane Griffin Head of product strategy Pictet Alternative Advisors

René Herren

Global head private wealth structuring Partners Group

Salvatore Sberna Head of alternative investments Azimut Investments

at the present position and what impacts could follow for global fund regulation and business practice going forward.

MODERATOR

Geoff Radcliffe

Managing director BlackRock (Luxembourg)

PANELLISTS

Thoreau Bartmann

Chief counsel, Investment management US Securities and Exchange Commission

Georg Kiefer

Head of division Commission de surveillance du secteur financier

Jessica Reyes

Head of asset management policy Autorité des marchés financiers

15:25

Networking coffee break

15:55 Liquidity mismatch, market stress and open-ended funds –What happens next? The policymakers’ and regulators’ perspectives

The Financial Stability Board (FSB) and the International Organization of Securities Commissions (IOSCO) each issued global consultation reports in July 2023 for response by 4 September 2023. This panel will consider how we have arrived

16:40

17:10

Theme to come

Broadridge Distribution Achievement Awards 2023

SPEAKER

Lynn Juliet Pattinson Director

Broadridge Financial Solutions

17:35

17:40

Wrap-up and closing remarks

Networking cocktail kindly sponsored by KPMG

This programme may be subject to change.

OCTOBRE 2023 ALFI 39
Enjeux ALFI Global Distribution Conference

Les actifs privés, NOUVELLE TERRE PROMISE

42 PASCAL RAPALLINO

« Le patrimoine des familles fortunĂ©es est davantage sollicité »

50 HISTOIRE

La belle épopée des actifs privés

54 OLIVIA MOESSNER

Tour d’horizon de l’agenda rĂ©glementaire

58 RADIOSCOPIE

Les actifs privés au Luxembourg

60 VOCABULAIRE

Parlez-vous private assets ?

–
–
–
40 ALFI OCTOBRE 2023

privés, PROMISE

Les actifs privĂ©s sont-ils fongibles dans l’épargne populaire ? C’est la grande question du moment chez les professionnels pour qui la terre promise porte un nom : la dĂ©mocratisation. Autrement dit, donner l’accĂšs Ă  des produits d’investissement jusqu’alors rĂ©servĂ©s aux investisseurs institutionnels et aux investisseurs avertis. Et trĂšs fortunĂ©s. Sous le vocable « actifs privĂ©s », on regroupe les investissements dans des entreprises non cotĂ©es en bourse – le capital-

investissement –, le financement accordĂ© aux jeunes entreprises Ă  fort potentiel de croissance –le capital-risque –, l’immobilier, les infrastructures et la dette.

Mais si la possibilitĂ© de toucher les mĂ©nages aiguise l’appĂ©tit des professionnels des actifs privĂ©s, d’autres sont attirĂ©s par les perspectives de profits. Les acteurs de la finance « traditionnelle »

s’aventurent de plus en plus sur ce marchĂ© porteur en structurant leur offre. Cartographie du champ de bataille.

OCTOBRE 2023 ALFI 41 Enjeux Actifs privés

« Le patrimoine des familles fortunĂ©es est davantage sollicité »

Dans un contexte de hausse des taux d’intĂ©rĂȘt, les familles fortunĂ©es dĂ©veloppent toujours un attrait fort pour les actifs privĂ©s, palliant en partie les difficultĂ©s rencontrĂ©es par certains pour accĂ©der Ă  des financements et soutenant les acteurs de l’investissement dans la rĂ©alisation de projets. Pascal Rapallino, prĂ©sident de la Luxembourg Association of Family Offices (Lafo), Ă©voque ces Ă©volutions.

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42 ALFI OCTOBRE 2023 Conversation Pascal Rapallino
Pascal Rapallino revient sur les diffĂ©rents choix d’investissement et prĂ©occupations des familles fortunĂ©es.

Comment le patrimoine privĂ©, celui des familles fortunĂ©es, est-il aujourd’hui mobilisĂ© au service de l’investissement dans des actifs privĂ©s ?

Ces derniers mois, en raison notamment de la hausse des taux directeurs, le marchĂ© a considĂ©rablement changĂ©. Il n’y a pas si longtemps, les grands acteurs du private equity, dans le cadre de leurs levĂ©es de fonds, privilĂ©giaient essentiellement les investisseurs institutionnels. Lorsqu’elles avaient la possibilitĂ© d’investir dans cette classe d’actifs, les familles fortunĂ©es n’avaient pas d’autre choix que de le faire au travers d’un fonds, alors qu’elles auraient souvent souhaitĂ© pouvoir co-investir une partie de leurs ressources directement dans le projet entrepreneurial, en agissant aux cĂŽtĂ©s du fonds. DĂ©sormais, l’argent Ă©tant plus difficile Ă  mobiliser, la donne a changĂ©. Il est moins Ă©vident de lever des fonds pour les gestionnaires d’actifs dans le domaine du private equity. Ces derniers ont dĂ» adapter leur stratĂ©gie pour attirer les investisseurs. Ils se tournent plus volontiers vers des familles fortunĂ©es, leur offrant presque systĂ©matiquement la possibilitĂ© de co-investir avec eux et, de cette maniĂšre, de bĂ©nĂ©ficier d’un rendement supĂ©rieur.

Pour les gestionnaires, les familles deviennent donc des partenaires privilĂ©giĂ©s ?

Oui. Dans le contexte actuel, les fonds de private equity ne sont plus sursouscrits, comme c’était le cas il y a encore quelques mois. Les gestionnaires, dĂšs lors, se tournent vers ces investisseurs plus flexibles, moins soumis aux alĂ©as liĂ©s aux variations de taux. Les familles fortunĂ©es, avec cette capacitĂ© d’investir en direct, sont flexibles, rĂ©actives. Les processus de prise de dĂ©cision sont beaucoup plus courts.

Le patrimoine privĂ© permet de soutenir des projets de dĂ©veloppement, des approches de diversification Ă©conomique, tout en conservant un mix dette / equity cohĂ©rent pour ces acquisitions. Pour toutes ces raisons, la clientĂšle privĂ©e est aujourd’hui davantage sollicitĂ©e.

Comment qualifier l’attrait des familles pour ces actifs privĂ©s ?

Lorsque l’on Ă©voque les actifs privĂ©s, on parle essentiellement de private equity et d’immobilier, bien qu’il existe de nombreuses autres typologies de sousjacents, comme l’art, les biens dĂ©diĂ©s aux loisirs, aux voyages
 Pour les familles, ces investissements ont plus que jamais le vent en poupe. Si l’on parle de private equity , la valorisation des entreprises, calculĂ©e en multiples d’Ebitda, a un peu diminuĂ©. Pour les familles, qui ne sont pas impactĂ©es par la dette, il y a donc des opportunitĂ©s. L’immobilier demeure attrayant, avec des perspectives de rendement toujours intĂ©ressantes. Si certains marchĂ©s, comme le Luxembourg, subissent un rĂ©el ralentissement, d’autres rĂ©gions profitent toujours d’une dynamique positive. Il ne faut pas oublier que l’investissement dans des actifs privĂ©s s’envisage Ă  moyen et long terme. Je suis convaincu que, au-delĂ  des deux prochains semestres qui s’annoncent difficiles, le marchĂ© luxembourgeois va repartir en 2025 sur de nouvelles bases et continuer Ă  attirer des investisseurs.

Les familles fortunĂ©es que vous servez depuis le Grand-DuchĂ© sont internationales et n’ont pas forcĂ©ment pour ambition premiĂšre d’investir au Luxembourg
 Non, pas forcĂ©ment. Cependant, Ă  partir du moment oĂč l’on dĂ©tient son vĂ©hicule d’investissement au Luxembourg, il est important d’y investir aussi et de faire valoir une substance Ă©conomique locale. C’est bon pour l’économie nationale autant que cela peut ĂȘtre intĂ©ressant pour le client. Luxembourg, pays fondateur de l’Europe, avec son triple A, dispose d’un Ă©cosystĂšme Ă©conomique sain, avec des opportunitĂ©s d’investissement attrayantes pour les familles que nous accompagnons. En la matiĂšre, des Ă©volutions rĂ©glementaires rĂ©centes, comme l’octroi d’un crĂ©dit d’impĂŽt pour les investissements rĂ©alisĂ©s en recherche et dĂ©veloppement, participent Ă  la dynamisation et Ă  la diversification de l’économie. L’enjeu est d’attirer des acteurs innovants et de les faire grandir

« Flexibles, non soumises Ă  la dette, les familles profitent de leur capacitĂ© Ă  saisir les opportunitĂ©s. »
44 ALFI OCTOBRE 2023 Conversation Pascal Rapallino

Cocktail — International keynote speaker — Awards ceremony — Seated dinner

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This event is organised by Paperjam + Delano and Luxembourg for Finance to give recognition to those in the nance industry who strived to show excellence and outstanding expertise during the year.

Keynote: Mrs. Clara Durodié Technology strategist specialising in AI governance, fintech, and digital transformation, with over 25 years of experience in financial technology and finance.

21.11.2023 / 18:00 – 22:30
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Conversation Pascal Rapallino

au dĂ©part de Luxembourg, notamment grĂące Ă  l’investissement privĂ©.

Dans une pĂ©riode de stagflation, et mĂȘme de rĂ©cession technique, l’investissement dans des actifs privĂ©s n’est-il pas davantage risqué ?

Au cƓur d’une stratĂ©gie d’investissement, la recherche d’un rendement important implique forcĂ©ment une exposition au risque consĂ©quente. Ce n’est pas nouveau et cela ne change pas. Si l’on Ă©voque l’immobilier, la tendance au fil des trente derniĂšres annĂ©es, et malgrĂ© les crises, demeure largement positive. Si l’on fait les bons choix, et c’est le rĂŽle des family offices d’aider les familles dans leurs dĂ©cisions d’investissement, le risque demeure maĂźtrisĂ©. Il s’agit d’identifier les bons marchĂ©s. Concernant le private equity, l’avantage qu’ont les familles fortunĂ©es rĂ©side dans leur capacitĂ© Ă  adopter une approche opportuniste, Ă  conclure les bons deals au bon moment, et ce grĂące Ă  leur flexibilitĂ© et leur agilitĂ©.

Comment bien apprĂ©hender ces opportunitĂ©s ?

À travers notre family office , pour prendre un exemple personnel, nous avons co-investi avec certains de nos clients dans le cadre du rachat du deuxiĂšme acteur mondial des abris antiatomiques et avons commencĂ© la consolidation du secteur par des partenariats et d’autres acquisitions en cours. On ne peut que regretter les perspectives peu rĂ©jouissantes qui sont associĂ©es Ă  la situation et notamment aux tensions qui parcourent le monde. Toutefois, cette conjoncture permet de bĂ©nĂ©ficier d’une croissance soutenue de l’activitĂ© dans ce domaine. C’est un exemple parmi d’autres. Le concept de risky money est en outre de plus en plus prĂ©sent dans les approches d’investissement souhaitĂ©es par les clients.

Qu’est-ce que ce concept recouvre ?

L’idĂ©e est de consacrer une petite part d’un patrimoine important, 1 % sur plusieurs centaines de millions par exemple, Ă  des investissements plaisir ou trĂšs risquĂ©s mais prĂ©sentant un

VARIÉTÉ D’INVESTISSEMENTS

Selon la derniĂšre Ă©tude Global Family Office Report 2023 d’UBS, les thĂšmes d’investissement choisis sont assez variĂ©s, passant du domaine digital Ă  l’économie circulaire ou bien la sĂ©curitĂ©.

Une tendance se dĂ©tache avec 75 % des sondĂ©s envisageant une forte probabilitĂ© d’investissement dans la transformation digitale. Autres donnĂ©esclĂ©s, les technologies de santĂ© rĂ©coltent 67 % d’intĂ©rĂȘt de la part des personnes interrogĂ©es, contre 61 % pour la greentech et 51 % pour la mobilitĂ© intelligente. Le metaverse, lui, n’atteint que 21 % d’intĂ©rĂȘt.

retour sur investissement potentiel consĂ©quent. Parce que le patrimoine est vaste, les familles peuvent se le permettre. Dans cette optique, certaines familles cherchent par exemple Ă  rĂ©aliser des investissements dans des technologies trĂšs innovantes mais pas encore Ă©prouvĂ©es, notamment en termes de dĂ©pollution ou encore en Ukraine, partant de la conviction que la reconstruction du pays exigera d’importants moyens. En y investissant, les familles rĂ©alisent un geste fort d’aide aux populations qui en ont tant besoin. En se positionnant, Ă©conomiquement et financiĂšrement, bien que des investissements dans des actifs stratĂ©giques au sein d’un pays en guerre soient trĂšs risquĂ©s, nos clients envisagent de contribuer Ă  cette reconstruction.

On parle ici d’investissements associĂ©s Ă  des convictions fortes. Les familles fortunĂ©es se positionnent-elles de la mĂȘme maniĂšre sur les sujets ESG ?

TrĂšs honnĂȘtement, les familles ne s’inscrivent pas dans une approche ESG Ă  marche forcĂ©e. Cependant, la plupart des familles que nous accompagnons souhaitent que leurs investissements contribuent Ă  un impact positif. C’est un sujet important pour elles. Au regard des moyens disponibles, mobilisables directement au service d’investissements privĂ©s notamment, cette clientĂšle a la possibilitĂ© de gĂ©nĂ©rer de l’impact selon ses propres convictions, Ă  travers des projets choisis, selon une approche Ă  long terme, sans pression sociale Ă  court terme.

46 ALFI OCTOBRE 2023

Fonds d’investissement : les dĂ©fis Ă  venir

Pour conserver sa position de centre de rĂ©fĂ©rence mondial, la place financiĂšre luxembourgeoise va devoir poursuivre et accĂ©lĂ©rer ses efforts en termes d’innovation.

Les fonds d’investissement occupent une place centrale dans l’industrie financiĂšre du pays. Quel regard portez-vous sur son Ă©volution ? mathieu maurier - Avec plus de 5,2 trilliards de dollars1 d’actifs sous gestion au 31 mai 2023, le Luxembourg se positionne au premier rang mondial des centres de fonds transfrontaliers. Ce formidable dĂ©veloppement s’est nourri depuis 1988 de la mise en commun d’esprits entrepreneuriaux et d’expertises des multiples acteurs de la place, autoritĂ©s, institutions publiques et organisations du secteur privĂ©, toutes et tous guidĂ©s par des objectifs de pragmatisme, d’agilitĂ© et d’excellence d’exĂ©cution.

Quelle est la place de la transformation digitale dans l’industrie des fonds au Luxembourg ?

mm – Le dĂ©veloppement majeur de l’industrie des fonds s’est effectuĂ© sur prĂšs de quatre dĂ©cennies capitalisant sur les ressources opĂ©rationnelles et technologiques encore en fonction aujourd’hui. La transformation s’est exĂ©cutĂ©e de maniĂšre graduelle industrialisant un modĂšle opĂ©rationnel qui a trĂšs peu, voire pas, Ă©voluĂ©. L’industrie a créé sa propre complexitĂ© enchevĂȘtrant des processus distincts propres Ă  chaque service aux fonds, qu’il s’agisse des calculs de valeurs liquidatives, de gestion des registres, de la conservation des valeurs mobiliĂšres ou des contrĂŽles dĂ©diĂ©s en tant que dĂ©positaire. Si nous devions revisiter en 2023 ce parcours remarquable avec les nouvelles capacitĂ©s technologiques mises Ă  notre disposition et que nous Ă©prouvons depuis quelques annĂ©es, nous aurions fait des choix totalement diffĂ©rents. Il est de notre responsabilitĂ© de questionner notre Ă©cosystĂšme qui, certes reste pertinent, mais qui montre indĂ©niablement des signes d’essoufflement apprĂ©hendant un futur plus distant. Il en va de la pĂ©rennitĂ© de la Place financiĂšre luxembourgeoise.

SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale a souvent Ă©tĂ© perçue comme prĂ©curseur en termes d’innovation. OĂč en ĂȘtes-vous ? laurent marochini – Au Luxembourg, nous avons l’ambition de mettre Ă  profit l’utilisation des donnĂ©es Ă  des fins d’efficacitĂ© opĂ©rationnelle, de personnalisation et fluiditĂ© de l’expĂ©rience client et d’une meilleure maĂźtrise de nos risques (notamment la lutte contre la fraude). Par exemple, sur base des outils digitaux du groupe SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale, nous pouvons dĂ©sormais lire de façon automatique des prospectus ou documents afin d’en extraire les informations nĂ©cessaires et de les injecter automatiquement dans nos systĂšmes d’information.

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Luxembourg
Laurent Marochini, Responsable Innovation et Mathieu Maurier, Country Head SGSS Luxembourg
Société Générale

500 millions d’Euros C’est la crĂ©ation de valeur attendue des cas d’usage d’intelligence artificielle par le groupe SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale d’ici Ă  2025.

340

C’est le nombre de cas d’usages IA / Data en production pour le groupe SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale.

L’utilisation de l’Intelligence Artificielle (IA) n’est pas un nouveau sujet pour nous, indĂ©pendamment de la rĂ©cente mĂ©diatisation du sujet avec Open AI. SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale investit depuis 2014 dans ce domaine de maniĂšre continue et soutenue. L’IA fait partie des leviers stratĂ©giques d’efficacitĂ© et de satisfaction client dont la crĂ©ation de valeur estimĂ©e est supĂ©rieure Ă  500 millions d’euros d’ici Ă  20252 Au sein de notre Groupe, nous avons recensĂ© Ă  ce jour plus de 340 cas d’usage de la donnĂ©e en production dont 50 %3 s’appuient sur l’IA.

Quels sont les facteurs clĂ©s de succĂšs ? mm – La transformation digitale n’est pas uniquement un enjeu technologique. C’est avant tout une problĂ©matique de culture d’entreprise et de compĂ©tences. Cette transformation ne peut se faire sans les compĂ©tences dĂ©diĂ©es et, sur ce volet, nous pouvons compter sur un vivier important de scientifiques et d’ingĂ©nieurs. Elle doit s’apprĂ©hender d’un point de vue mĂ©tier. Dans ce contexte, nous formons tous nos collaborateurs pour les sensibiliser et penser « data ». Nous avons aussi rĂ©cemment transformĂ© nos activitĂ©s dĂ©diĂ©es aux services aux Ă©metteurs en remplaçant une plateforme opĂ©rationnelle trĂšs ancienne pour capitaliser sur les piliers digitaux mis Ă  disposition par notre Groupe. L’implication collĂ©giale des Ă©quipes projets, opĂ©rationnelles, technologiques, IT et celle de nos experts en donnĂ©es, tirant avantage d’une mĂ©thodologie « Agile », a Ă©tĂ© le facteur clef de succĂšs de cette transformation emblĂ©matique.

La formation et les compĂ©tences associĂ©es sont des vrais dĂ©fis pour transformer l’industrie des fonds. Voyez-vous d’autres risques ?

lm – D’un point de vue stratĂ©gique, la situation du statu quo peut mettre en risque l’industrie. Le positionnement de leader du Luxembourg peut ĂȘtre remis en question dans les prochaines annĂ©es si

faut penser cybersĂ©curitĂ© « by design », avec l’ensemble des acteurs de la chaĂźne de valeur. La cybersĂ©curitĂ© est une prioritĂ© absolue, afin de garantir la sĂ©curitĂ© et la protection des donnĂ©es.

En conclusion, quelles technologies vont impacter l’industrie des fonds d’ici trois ans ?

mm – L’apprĂ©hension des technologies de type « Cloud / Data Lake » et APIs permettant de rĂ©volutionner nos modĂšles de gestion des donnĂ©es – et de ce fait, nos modĂšles opĂ©rationnels –, est au cƓur des enjeux Ă  court, moyen et plus long termes.

lm – Nous pouvons encore progresser dans notre maniĂšre d’utiliser l’IA, notamment l’IA gĂ©nĂ©rative, pour allier efficacitĂ© opĂ©rationnelle et dĂ©veloppement de nouveaux business models pour nos clients.

1 https://www.alfi.lu/en-gb/pages/industry-statistics/ luxembourg

2 https://www.societegenerale.com/fr/le-groupe-societegenerale/strategie/innovation-et-digital

3 https://www.societegenerale.com/fr/le-groupe-societegenerale/strategie/innovation-et-digital

l’industrie ne poursuit pas le virage des nouvelles technologies. L’écosystĂšme technologique avec la LHoFT et les associations de place comme l’ABBL ou l’ALFI effectuent un travail remarquable pour positionner le pays sur la carte mondiale de demain. Dans notre monde digital, nous sommes plus que jamais vulnĂ©rable. Il

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE SECURITIES SERVICES

8-10 Porte de France

L-4360 Esch-Sur-Alzette

www.securities-services.societegenerale.com

« La transformation digitale n’est pas uniquement un enjeu technologique.
»
MATHIEU MAURIER Country Head, SGSS Luxembourg

La belle épopée des actifs privés

Au Luxembourg, il a fallu attendre le dĂ©but des annĂ©es 2000 pour voir s’installer une rĂ©elle dynamique autour de l’investissement dans les actifs privĂ©s. En dĂ©veloppant un cadre adaptĂ© aux besoins des investisseurs, le pays a su tirer profit de l’intĂ©rĂȘt croissant du marchĂ© pour ces placements alternatifs.

La croissance de l’industrie des fonds luxembourgeoise, depuis quelques annĂ©es, est dopĂ©e par l’attrait des investisseurs pour les actifs privĂ©s. Cette appellation rassemble une grande diversitĂ© de stratĂ©gies d’investissement, dans le private equity, l’immobilier, les infrastructures ou encore la dette privĂ©e. Ces investissements sont aujourd’hui majoritairement gĂ©rĂ©s Ă  travers des fonds alternatifs.

Pour se rendre compte de l’attrait du marchĂ© pour ces actifs, il faut aller voir du cĂŽtĂ© de la CSSF. Dans son dernier AIFM Reporting Dashboard (2021), le rĂ©gulateur Ă©value le marchĂ© de l’investissement alternatif au Luxembourg à prĂšs de 7.000 fonds et quelque 1.482 milliards d’euros investis. On y apprend surtout que la croissance du volume d’actifs gĂ©rĂ©s par ces vĂ©hicules, entre 2020 et 2021, a Ă©tĂ© de
 42 %.

Comment la place financiĂšre est-elle parvenue Ă  se positionner pour tirer avantage de l’attrait croissant des investisseurs pour ces actifs privĂ©s ? Cette Ă©popĂ©e luxembourgeoise, comme d’autres, doit beaucoup Ă  une approche pragmatique du marchĂ© et Ă  une volontĂ© des acteurs de saisir les opportunitĂ©s lorsque celles-ci se prĂ©sentent.

L’adoption de la directive AIFM au

dĂ©but de l’annĂ©e 2010 est un bel exemple en la matiĂšre.

Au-delà des OPCVM


Au fil de son dĂ©veloppement, l’industrie des fonds luxembourgeoise a compris l’importance de se diversifier pour continuer Ă  prospĂ©rer. Si, au milieu des annĂ©es 80, les autoritĂ©s et les acteurs de la place financiĂšre n’avaient pas aussi bien dĂ©celĂ© l’opportunitĂ© de transposer rapidement la directive OPCVM, l’industrie des fonds luxembourgeoise n’aurait sans doute pas connu ce dĂ©veloppement fulgurant.

En marge de cette activitĂ© de gestion de fonds rĂ©gulĂ©s, le Luxembourg a toujours permis Ă  d’autres formes d’investissements d’émerger et de prospĂ©rer. Si l’on parle d’actifs privĂ©s, il a toutefois fallu attendre le dĂ©but des annĂ©es 2000 pour voir une rĂ©elle dynamique s’installer.

Bien sĂ»r, ces acteurs locaux ont toujours investi dans l’immobilier, pour compte propre. Évidemment, le Luxembourg compte depuis de nombreuses annĂ©es des business angels , investissant personnellement dans des structures locales pour soutenir leur croissance. Depuis trĂšs longtemps, la juridiction est aussi connue pour accueillir des sociĂ©tĂ©s holdings, aussi

Auteur SÉBASTIEN LAMBOTTE
HISTOIRE 50 ALFI OCTOBRE 2023

connues sous l’appellation de sociĂ©tĂ©s de participations financiĂšres (soparfi).

Cependant, si l’on Ă©voque la mise en place de dĂ©marches structurĂ©es de collecte et d’investissement dans des actifs privĂ©s, les acteurs se faisaient rares jusque-lĂ . À la fin des annĂ©es 90, on dĂ©nombre quelques fonds (rĂ©gis par la loi de 1991 concernant les organismes de placement collectif (OPC) et dont les titres ne sont pas destinĂ©s Ă  ĂȘtre placĂ©s auprĂšs du grand public). Dans le domaine du private equity et du venture capital, le Luxembourg est alors une terre aride.

Premier coup d’éclat Mangrove Capital Partners est sans doute la premiĂšre structure importante Ă  mettre en Ɠuvre une approche d’investissement en capital-risque au dĂ©part du Luxembourg au dĂ©but des annĂ©es 2000. Pour la petite histoire, Ă  l’époque, la structure investit dans le dĂ©veloppement d’une jeune sociĂ©tĂ© innovante rĂ©pondant au nom de Skype Technologies. Celle-ci s’apprĂȘte alors Ă  rĂ©volutionner la maniĂšre dont nous communiquons les uns avec les autres. En 2005, le rachat de Skype par eBay constitue le premier coup d’éclat de Mangrove. La suite de l’histoire de Skype, tout le monde la connaĂźt. En 2011, c’est Microsoft qui met la main sur la technologie qui prĂ©figure l’actuelle application Microsoft Teams. La plus-value rĂ©alisĂ©e par Mangrove avec cette opĂ©ration a le mĂ©rite de rĂ©vĂ©ler au monde des venture capitalists l’existence du Luxembourg, invitant d’autres structures Ă  s’inscrire dans les pas de la sociĂ©tĂ© d’investissement.

Nouvelle dynamique

À l’écoute des besoins de ces structures, avec l’ambition de rĂ©pondre aux besoins des sociĂ©tĂ©s d’investissement et de diversifier son industrie, le Luxembourg fait Ă©voluer son cadre lĂ©gislatif. En 2004, le lĂ©gislateur crĂ©e un nouveau vĂ©hicule : la sociĂ©tĂ© d’investissement en capital Ă  risque (sicar). Les sicar s’adressent Ă  des investisseurs avertis qui souhaitent apporter leurs fonds Ă  des entitĂ©s en vue de leur lancement, de leur dĂ©veloppement ou de leur introduction en bourse.

381 mrds €

Le

84 mrds €

Le volume des fonds de fonds de private equity

126,8 mrds€

SupervisĂ©s par la CSSF, ces vĂ©hicules bĂ©nĂ©ficient d’un rĂ©gime fiscal favorable et d’une rĂ©glementation plus souple, notamment en matiĂšre de concentration des risques.

En 2007, l’introduction du fonds d’investissement spĂ©cialisĂ© (FIS) vient renforcer la boĂźte Ă  outils. VĂ©hicule d’investissement souple, mais nĂ©anmoins supervisĂ©, le FIS permet de mettre en Ɠuvre des stratĂ©gies d’investissement mixtes dans le respect de limites bien Ă©tablies. À travers lui, un panel plus large d’investisseurs avertis ont la possibilitĂ© d’investir dans l’immobilier, les crĂ©ances ou encore le private equity. Alliant flexibilitĂ© et sĂ©rieux, grĂące Ă  un cadre rĂ©glementaire adaptĂ©, ces vĂ©hicules vont rapidement rencontrer un rĂ©el succĂšs.

Au moment du dĂ©pĂŽt du projet de loi relatif aux FIS, 181 OPC Ă©taient rĂ©gis par la loi de 1991 concernant les organismes de placement collectif dont les titres ne sont pas destinĂ©s Ă  ĂȘtre placĂ©s auprĂšs du grand public. Un an plus tard, la CSSF recensait 638 FIS, pour un montant de quelque 120 milliards d’euros, soit un sixiĂšme du patrimoine global des OPC au Luxembourg Ă  l’époque. Une nouvelle dynamique Ă©tait alors lancĂ©e.

267,8 mrds€

Le volume des fonds de dette privée.

Nouveau cadre, nouveau marchĂ© À bien des Ă©gards, en faisant Ă©voluer son dispositif lĂ©gal de la sorte, le Luxembourg a pris les devants sur les autoritĂ©s europĂ©ennes. Quelques annĂ©es plus tard, en effet, l’Union entend instaurer un cadre rĂ©glementaire harmonisĂ© pour les fonds alternatifs. Dans cette optique, elle adopte la directive sur les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (plus connue sous son acronyme anglophone AIFMD pour alternative investment fund managers directive). À travers elle, la volontĂ© est de rĂ©glementer les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (et non les vĂ©hicules directement), ainsi que la distribution de ces fonds. Ce cadre doit garantir la protection des investisseurs et permettre de se prĂ©munir des risques systĂ©miques.

En 2013, annĂ©e de l’entrĂ©e en vigueur de la directive, le Luxembourg est l’un des premiers pays Ă  la transposer en

volume d’actifs sous gestion domiciliĂ©s dans des fonds de private equity (comprenant Ă©galement les fonds de venture capital).
Enjeux
OCTOBRE 2023 ALFI 51
Actifs privés
Le volume d’actifs sous gestion des fonds de real estate au 3e trimestre 2022.

Modernisation

Le succĂšs des fonds alternatifs luxembourgeois doit beaucoup Ă  l’agilitĂ© du lĂ©gislateur Ă  faire Ă©voluer la « boĂźte Ă  outils » dans le domaine des fonds d’investissement en vue de rĂ©pondre aux attentes des investisseurs et des gestionnaires. Cela relĂšve d’un processus d’adaptation continue. La preuve en a encore Ă©tĂ© apportĂ©e dĂ©but juillet, avec l’adoption du projet de loi 8183 reprenant deux mesures rĂ©clamĂ©es par l’industrie des fonds.

SEUIL ABAISSÉ

L’une des Ă©volutions principales apportĂ©es par cette loi concerne les fonds alternatifs. Elle rĂ©side dans la modification des dĂ©finitions de la notion d’« investisseur averti » contenues dans les lois sicar, FIS et Fiar, afin de renforcer la cohĂ©rence entre les diffĂ©rentes lois et d’aligner le rĂ©gime luxembourgeois au standard europĂ©en, en abaissant le seuil d’investissement actuel de 125.000 Ă  100.000 euros.

TAXE D’ABONNEMENT ADAPTÉE

L’autre grand volet de cette loi concerne la taxe d’abonnement. Celle-ci a Ă©tĂ© adaptĂ©e pour rĂ©pondre aux vƓux de la Commission europĂ©enne, qui souhaite voir les États membres donner un coup de pouce fiscal aux Eltif et au produit paneuropĂ©en d’épargne-retraite individuelle (PEPP). Ces deux vĂ©hicules se verront appliquer des taux prĂ©fĂ©rentiels de 0,01 % Ă  la place du taux de droit commun de 0,50 %.

ANTICIPER LES TENDANCES

« En modernisant notre cadre lĂ©gislatif, nous ouvrons la voie Ă  de nouvelles opportunitĂ©s et consolidons le rĂŽle du Luxembourg comme centre financier majeur, tout en favorisant l’essor de nouveaux produits europĂ©ens, tels que les Eltif ou le PEPP, a dĂ©clarĂ© Yuriko Backes, ministre des Finances, suite Ă  cette adoption. Avec cette lĂ©gislation modernisĂ©e, le Luxembourg continue Ă  innover et Ă  anticiper les tendances du marchĂ©, affirmant sa position de leader dans le domaine des fonds d’investissement. »

droit national. Si certains acteurs sont restĂ©s sceptiques face Ă  cette volontĂ© d’imposer une surveillance Ă  des acteurs qui Ă©taient jusque-lĂ  peu encadrĂ©s, le Luxembourg y a vu une opportunitĂ©. Sans nul doute, les autoritĂ©s de l’époque avaient en tĂȘte l’essai qui avait Ă©tĂ© brillamment transformĂ© une trentaine d’annĂ©es auparavant avec la transposition de la directive OPCVM.

Relais de croissance

En offrant des garanties de confiance supplĂ©mentaires, la directive AIFM allait faciliter la levĂ©e de fonds auprĂšs d’investisseurs dĂ©sireux de diversifier leurs placements Ă  travers des actifs « alternatifs ». L’industrie des fonds luxembourgeoise y a directement vu un potentiel relais de croissance important. Le dĂ©veloppement du segment alternatif, de 2013 Ă  nos jours, rĂ©vĂšle que les autoritĂ©s et professionnels du secteur financier luxembourgeois de l’époque ne se sont pas trompĂ©s.

Si le Luxembourg Ă©tait dĂ©jĂ  bien positionnĂ© sur le segment de l’investissement alternatif, avec les FIS et les sicar, les autoritĂ©s ont profitĂ© de cette Ă©volution du cadre rĂ©glementaire europĂ©en pour introduire un nouveau vĂ©hicule : le fonds d’investissement alternatif rĂ©servĂ© (Fiar). L’intĂ©rĂȘt ? Celui-ci n’est pas directement supervisĂ© par le rĂ©gulateur luxembourgeois, mais l’est indirectement via son gestionnaire autorisĂ© (comme le prĂ©voit la directive AIFM). Le rĂ©gulateur, de cette maniĂšre, facilite la mise en place du vĂ©hicule sans pour autant sortir du cadre rĂ©glementaire. Pour attirer des gestionnaires, rien ne vaut un cadre souple et dynamique. Le Luxembourg l’a compris depuis longtemps.

Un succÚs avéré

Ces efforts ont permis au Luxembourg de se positionner comme principal domicile des fonds alternatifs en Europe. Ces investissements, comme escomptĂ©, ont considĂ©rablement soutenu la croissance de son industrie des fonds dĂ©jĂ  prospĂšre. Entre 2009 et 2021, les actifs sous gestion des fonds rĂ©gulĂ©s sont passĂ©s de 1.841 milliards d’euros Ă  la fin de l’annĂ©e 2009 Ă 

5.151 milliards d’euros en mai 2023. Si l’on se rĂ©fĂšre au AIFM Reporting Dashboard (2021), entre 2018 et 2021, la valeur nette d’inventaire (VNI) des fonds alternatifs gĂ©rĂ©s par des gestionnaires luxembourgeois, tous rĂ©gulĂ©s par la CSSF, a considĂ©rablement Ă©voluĂ© pour atteindre 1.482 milliards d’euros. En 2018, cette VNI n’était encore que de 653 milliards d’euros.

Quelle est la part des actifs privĂ©s parmi ces vĂ©hicules alternatifs ? Fin 2021, on estimait Ă  381 milliards d’euros le volume d’actifs sous gestion domiciliĂ©s dans des fonds de private equity (comprenant Ă©galement les fonds de venture capital). 84 milliards d’euros se trouvaient dans des fonds de fonds de private equity. Du cĂŽtĂ© des fonds de real estate, la CSSF et l’Alfi font Ă©tat d’un volume d’actifs sous gestion Ă©quivalent Ă  126,8 milliards d’euros (3e trimestre 2022). En ce qui concerne les fonds de dette privĂ©e, la derniĂšre Ă©tude de KPMG et de l’Alfi sur le sujet (2022) estime le volume d’actifs Ă  267,8 milliards d’euros (en hausse de 45,5 % sur un an).

De belles perspectives

Le succĂšs des fonds alternatifs, avec un appĂ©tit croissant des investisseurs pour les actifs privĂ©s, se confirme annĂ©e aprĂšs annĂ©e. Et le Luxembourg, en veillant Ă  rĂ©pondre aux besoins des investisseurs et des gestionnaires, est parvenu Ă  se positionner comme un centre d’excellence incontournable, accueillant, assurant la gestion de ces vĂ©hicules, facilitant la distribution de ces produits d’investissement Ă  travers toute l’Europe. Au fil du temps, les gestionnaires ont gagnĂ© en maturitĂ© sur l’ensemble des classes d’actifs alternatifs, dĂ©veloppant des stratĂ©gies toujours plus robustes, proposant de nouvelles approches. L’intĂ©rĂȘt pour les actifs privĂ©s, dans ce contexte, ne fait que se confirmer, avec de belles perspectives Ă  venir. La dĂ©mocratisation de l’accĂšs Ă  ces investissements, notamment, constitue Ă  la fois un dĂ©fi et une opportunitĂ© de taille pour les gestionnaires offrant ce type de produits. Le Luxembourg, dans ce contexte, doit rester Ă  l’écoute et continuer Ă  s’adapter pour tirer profit des Ă©volutions Ă  venir.

52 ALFI OCTOBRE 2023

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Tour d’horizon de l’agenda rĂ©glementaire avec Olivia Moessner

Le premier semestre de l’annĂ©e 2023 a Ă©tĂ© riche sur le plan lĂ©gal et rĂ©glementaire pour le secteur des fonds d’investissement, en particulier avec l’adoption du rĂšglement Eltif 2 et avec l’entrĂ©e en vigueur de la loi du 21 juillet 2023 relative Ă  la modernisation du cadre lĂ©gislatif concernant les fonds luxembourgeois.

Selon les donnĂ©es conjointes de l’ALFI et de la CSSF, on compte actuellement 34 fonds Partie 2 sur la Place de Luxembourg. Un chiffre Ă  mettre en perspective avec les 1.619 fonds Partie 1 recensĂ©s Ă  la mĂȘme date et les 1.291 FIS (fonds d’investissement spĂ©cialisĂ©s) et 201 SICAR (sociĂ©tĂ©s d’investissement en capital Ă  risque).

Olivia Moessner, associĂ©e au sein du cabinet d’avocats Elvinger Hoss Prussen, revient sur les impacts et effets de ces deux rĂ©glementations. Elle Ă©voque Ă©galement certains des enjeux, questions et perspectives soulevĂ©s par deux autres grandes rĂ©formes rĂ©glementaires en cours au niveau europĂ©en dans le secteur des fonds d’investissement et de la gestion d’actifs : AIFMD 2 – qui vise Ă  apporter des amĂ©liorations ciblĂ©es aux dispositions-clĂ©s du cadre actuel rĂ©gissant les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs – et RIS (retail investment strategy) – qui vise Ă  amĂ©liorer la participation des investisseurs particuliers au financement de l’économie.

Modernisation de la rĂ©glementation relative aux fonds luxembourgeois L’entrĂ©e en vigueur de la loi du 21 juillet 2023 portant modernisation de l’arsenal lĂ©gislatif relatif aux fonds d’investissement luxembourgeois constitue une Ă©tape importante pour l’attractivitĂ© et la compĂ©titivitĂ© de la Place dans le secteur des fonds d’investissement et de la gestion d’actifs.

Parmi les changements principaux, on peut citer la baisse du seuil minimal d’investissement dans les SICAR, FIS et FIAR Ă  100.000 euros (contre 125.000 euros auparavant) pour les investisseurs « avertis » autres que professionnels. Par ailleurs, afin de rĂ©pondre aux besoins du marchĂ©, la nouvelle loi Ă©tend Ă©galement de 12 Ă  24 mois la pĂ©riode pendant laquelle le montant du capital/ actif net minimum doit ĂȘtre atteint pour les fonds rĂ©gis par les lois SICAR, FIS et FIAR et prolonge aussi de 6 Ă  12 mois cette mĂȘme durĂ©e pour les fonds rĂ©gis par la Partie 2 de la loi OPC. Elle modifie Ă©galement les conditions fiscales dont les diffĂ©rents types de fonds luxembourgeois peuvent bĂ©nĂ©ficier en matiĂšre de taxe d’abonnement. Mais on ne peut rĂ©duire l’ampleur et l’impact de la loi du 21 juillet 2023 Ă  ces seules mesures. Le texte de loi a en effet Ă©tĂ© pensĂ© plus globalement autour de deux axes, selon Olivia Moessner : « On y trouve une volontĂ© d’amĂ©lioration et d’harmonisation dans son ensemble de la lĂ©gislation luxembourgeoise relative aux fonds d’investissement et Ă  leurs

RÉGULATION
54 ALFI OCTOBRE 2023
234

Les 10 plus grands domiciles de fonds d’investissement en Europe

gestionnaires, ainsi qu’une volontĂ© de s’inscrire dans la tendance amorcĂ©e il y a quelques annĂ©es de ‘retailisation’ ou de dĂ©mocratisation des actifs privĂ©s. »

Le retour des fonds Partie 2

Les fonds rĂ©glementĂ©s en vertu de la Partie 2 de la loi OPC connaissent actuellement un fort regain d’intĂ©rĂȘt de la part des investisseurs et gestionnaires :

« C’était une structure quelque peu oubliĂ©e que l’on n’utilisait quasiment plus que pour des fonds destinĂ©s au marchĂ© japonais. » Ce retour en grĂące des fonds Partie 2 (dans lesquels tout type d’investisseur – y compris les particuliers – peut investir) est, entre autres, dĂ» au rĂšglement ELTIF 2 dans la mesure oĂč les fonds europĂ©ens d’investissement Ă  long terme (European Long-Term Investment Funds) sont des fonds d’investissement alternatifs souvent structurĂ©s au Luxembourg sous forme de fonds Partie 2 pour permettre la distribution aux particuliers et de bĂ©nĂ©ficier du passeport ELTIF

y relatif. Pour mĂ©moire, les fonds Partie 1 correspondent au produit Ucits, le produit grand public de rĂ©fĂ©rence dans le secteur des fonds rĂ©glementĂ©s, qui bĂ©nĂ©ficie du passeport europĂ©en auprĂšs des investisseurs de dĂ©tail, notamment, et a fait le succĂšs de la Place Ă  son origine. Mais qui dit grand public dit contraintes et limitations rĂ©glementaires strictes, notamment en matiĂšre d’actifs/ investissements Ă©ligibles, ainsi qu’en matiĂšre de diversification des investissements et des risques, par exemple. Par contre, un fonds Partie 2, mĂȘme s’il peut s’adresser au grand public, n’est pas soumis Ă  un rĂ©gime aussi strict. Ainsi, il peut en principe investir dans des actifs plus variĂ©s, y compris illiquides, comme l’immobilier ou la dette. Mais, en retour, un fonds Partie 2 ne dispose pas du passeport europĂ©en pour la distribution aux particuliers au sein de l’UE. Cependant, si un AIFM europĂ©en autorisĂ© est dĂ©signĂ©, le fonds Partie 2 pourra commercialiser ses actions

auprĂšs d’investisseurs professionnels dans l’ensemble de l’UE par le biais d’un passeport spĂ©cifique instaurĂ© par la directive AIFM. Ainsi, « les fonds Partie 2 connaissent une forme de rĂ©surrection autonome indĂ©pendamment du label ELTIF, et ce grĂące Ă  des acteurs du secteur du private equity qui sont trĂšs intĂ©ressĂ©s par la distribution aux investisseurs de dĂ©tail sans nĂ©cessairement avoir besoin des passeports europĂ©ens de commercialisation et qui ne veulent pas forcĂ©ment se voir imposer les rĂšgles encore rigides pour certaines applicables aux ELTIF. Une distribution Ă  des semi-professionnels, opĂ©rĂ©e sous les rĂšgles de placement privĂ© applicables dans les juridictions locales, comme en Allemagne, peut suffire.

À cet Ă©gard, la loi du 21 juillet 2023 modernise le rĂ©gime des fonds Partie 2 en leur offrant plus de flexibilitĂ© en termes de structuration, en ce compris « la possibilitĂ© pour les SICAV Partie 2 d’ĂȘtre constituĂ©es dĂ©sormais Ă©galement sous forme de sociĂ©tĂ©s en commandite par

»
0 35 Parts de marchĂ© en fonds UCITS et AIF Parts de marchĂ© en fonds Ucits Luxembourg Irlande Allemagne France Royaume-Uni Pays-Bas Suisse Autres 5 10 15 20 25 30 26,3 % 34,1 % 19,1 % 23,5 % 9,2 % 4,9 % 11 % 7 % 14 % 10,7 % 4 % 3,9 % 4 % 3,8 % 2,6 % 2,4 % SuĂšde 1,8 % 1,9 % Italie 1,7 % 1,5 % Espagne 6,7 % 6,2 % OCTOBRE 2023 ALFI 55 Enjeux
Actifs privés

Lexique

UMC

L’Union des marchĂ©s des capitaux (CMU pour Capital Market Union), comme son nom l’indique, s’est donnĂ© comme objectif de faire circuler l’argent – les investissements et l’épargne – dans toute l’Union europĂ©enne afin qu’il profite aux consommateurs, aux investis–seurs et aux entreprises, quel que soit leur lieu d’implantation. Cette « nouvelle frontiĂšre du marchĂ© unique europĂ©en » a Ă©tĂ© lancĂ©e par la Commission Juncker en juillet 2014. Sa rĂ©alisation demande un travail lĂ©gislatif profond rĂ©formant des textes existants ou en crĂ©ant de nouveau comme le RIS.

RIS

La Retail Investment Strategy (RIS) est un projet de rĂ©gulation adoptĂ© au printemps 2023 par la Commis–sion qui veut protĂ©ger les investis–seurs retail. La volontĂ© est de permettre aux investisseurs « consommateurs » de prendre des dĂ©cisions d’investissement qui correspondent Ă  leurs besoins et à leurs prĂ©fĂ©rences, en veillant Ă  ce qu’ils soient traitĂ©s Ă©quitablement et dĂ»ment protĂ©gĂ©s. L’objectif est d’encourager la participation aux marchĂ©s des capitaux des mĂ©nages europĂ©ens, qui prĂ©fĂšrent actuellement les produits classiques.

ELTIF

Créé en 2015 et rĂ©formĂ© en 2022, le Fonds europĂ©en d’investissement Ă  long terme (European Long-Term Investment Fund, ou ELTIF) est un nouveau type de cadre d’investissement collectif permettant aux investisseurs institutionnels et privĂ©s de placer des fonds dans des entreprises et des projets qui ont besoin de capitaux Ă  long terme.

AIFMD 2

La directive AIFM (Alternative Investment Fund Managers Directive) est une consĂ©quence directe de la crise financiĂšre de 2008. La Commission europĂ©enne a voulu rĂ©glementer les placements alternatifs – hedge funds, fonds immobilisers, private equity, etc. Le texte rĂ©gule les promoteurs et non les produits. Le texte d’AIFMD 2 prĂ©cise un certain nombre de points en matiĂšre de dĂ©lĂ©gation et de gestion du risque de liquiditĂ©.

actions, en commandite simple, en commandite spĂ©ciale ou sous forme de sociĂ©tĂ© Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e, en plus de la forme traditionnelle de la sociĂ©tĂ© anonyme initialement prĂ©vue ». Autre avancĂ©e importante : « Un fonds Partie 2 de type fermĂ© ne pouvait jusqu’à prĂ©sent pas Ă©mettre d’actions, parts ou parts d’intĂ©rĂȘts Ă  moins de disposer d’une valeur nette d’inventaire (VNI) actualisĂ©e, ce qui pouvait poser un problĂšme pour ce type de fonds, notamment dans le secteur du private equity, oĂč les fonds fermĂ©s Ă©mettent Ă  prix fixe sous rĂ©serve de l’application de mĂ©canismes dits ‘d’égalisation’. DĂ©sormais, le ticket d’entrĂ©e dans un fonds fermĂ© soumis Ă  la Partie 2 de la loi OPC, c’est-Ă -dire le prix de vente d’une action, part ou part d’intĂ©rĂȘt, peut dĂ©sormais aussi ĂȘtre fixĂ© Ă  un prix autre que la VNI et qui sera Ă©tabli conformĂ©ment aux documents constitutifs du fonds. »

Le rÚglement ELTIF 2

Le rĂšglement ELTIF 2 du 15 mars 2023 a Ă©tĂ© l’autre bonne nouvelle pour les professionnels. Selon Olivia Moessner, « c’était une rĂ©forme qui Ă©tait absolument nĂ©cessaire. Je crois qu’en termes de restrictions d’investissement ainsi qu’en termes d’actifs Ă©ligibles, il y avait vraiment des flexibilitĂ©s Ă  apporter au texte initial. Historiquement, Ă  l’origine d’ELTIF 1, il y avait une rĂ©flexion des institutions europĂ©ennes qui voulaient donner accĂšs aux investisseurs retail Ă  des actifs plus illiquides et avec un plus long terme d’investissement, afin de favoriser l’émergence d’une Ă©pargne Ă  plus long terme pouvant servir de complĂ©ment de retraite. La premiĂšre idĂ©e Ă©tait de modifier le rĂ©gime de la directive UCITS pour y intĂ©grer des actifs plus illiquides. Mais cela posait plus de problĂšmes que cela n’apportait de solutions, et la Commission a optĂ© pour un rĂ©gime sĂ©parĂ©. C’est ainsi que les ELTIF ont Ă©tĂ© créés, en s’inspirant trĂšs largement des restrictions d’investissement applicables aux OPCVM. On avait par exemple, sur des actifs illiquides, des restrictions Ă  10. Autrement dit, et Ă  titre d’exemple, pour un fonds d’infrastructure, il fallait trouver 10 projets avec des maturitĂ©s proches, ce qui Ă©tait quasiment impossible. On est

dĂ©sormais passĂ© Ă  des restrictions Ă  20. »

La suppression des limitations de l’accĂšs des investisseurs particuliers aux ELTIF va favoriser la dĂ©mocratisation du produit dans sa forme destinĂ©e aux investisseurs particuliers. « À cĂŽtĂ© des fonds Partie 2 non labellisĂ©s ELTIF, nous assistons Ă  un intĂ©rĂȘt croissant pour les ELTIF de la part des acteurs du private equity comme de ceux de la gestion traditionnelle. Le Luxembourg s’impose comme une juridiction d’excellence pour ses produits, comme il l’est depuis des dĂ©cennies pour les OPCVM. »

Qu’attendre d’AIFMD 2 ?

L’agenda rĂ©glementaire ne dort jamais. ELTIF 2 Ă  peine digĂ©rĂ©, d’autres textes pointent le bout de leur nez. Avec des objectifs ambitieux et quelques zones d’ombre inquiĂ©tantes.

Premier de ces rendez-vous, la nouvelle version de l’Alternative Investment Fund Managers Directive (AIFMD). Dans le cadre de son plan d’action pour un marchĂ© de capitaux unique (CMU pour Capital Markets Union), la Commission a proposĂ© en novembre 2021 une rĂ©vision de la directive. Le texte final n’a pas encore Ă©tĂ© publiĂ©. Toutefois, un accord global a Ă©tĂ© trouvĂ© en juillet 2023. Olivia Moessner voit trois volets essentiels dans cette nouvelle lĂ©gislation.

Des fonds de dettes plus encadrés

« Ce qui est intĂ©ressant, relĂšve de maniĂšre prĂ©liminaire Olivia Moessner, c’est cette volontĂ© des autoritĂ©s europĂ©ennes de venir rĂ©glementer des produits via une directive qui, Ă  la base, est conçue pour encadrer les gestionnaires de fonds et pas les fonds eux-mĂȘmes. » Sur le fond, elle ne s’attend pas Ă  ce que les propositions de la Commission rĂ©volutionnent cette activitĂ© sur la Place, qui a dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© une forte expĂ©rience sur ce segment. « Par contre, de nouvelles contraintes vont apparaĂźtre », prĂ©vient-elle. Ainsi, l’effet de levier de ces fonds, notamment, va ĂȘtre encadrĂ© et des rĂšgles de rĂ©tention seront introduites. « Les initiateurs de fonds de dettes qui Ă©mettent des prĂȘts et les vendent par la suite sur le marchĂ© secondaire vont devoir garder une exposition minimale sur ces prĂȘts de l’ordre de 5  durant une

56 ALFI OCTOBRE 2023

certaine pĂ©riode. Une disposition adoptĂ©e en vue d’un alignement sur le rĂ©gime de la titrisation europĂ©enne. Ce ne sont pas des rĂ©volutions, mais certainement des contraintes supplĂ©mentaires, et il va falloir garder Ă  l’Ɠil la maniĂšre dont le marchĂ© va y rĂ©agir. »

Une gestion du risque de liquidité davantage encadrée

« La question du risque de liquiditĂ© est un sujet majeur pour les autoritĂ©s internationales et europĂ©ennes. Et cela va le rester pour longtemps. » De fait, aprĂšs diffĂ©rentes crises et au sortir de celle du Covid, les institutions europĂ©ennes ont vu la nĂ©cessitĂ© d’imposer aux fonds d’investissement l’utilisation d’outils de gestion des liquiditĂ©s (liquidity management tools). « Ce n’est pas une rĂ©volution pour le Luxembourg. Quasiment tous les fonds ouverts sur la Place disposent de maniĂšre standard de tels outils. Cette obligation va par contre tirer les standards europĂ©ens Ă  la hausse dans la mesure oĂč ces outils ne sont actuellement pas tous disponibles dans l’ensemble des États membres. »

Transparence accrue dans la dĂ©lĂ©gation AIFMD 2 introduit Ă©galement de nouvelles dispositions sur la dĂ©lĂ©gation, avec comme volontĂ© d’arriver Ă  une plus grande transparence. Il y aura dĂ©sormais une obligation de notification aux autoritĂ©s europĂ©ennes des informations relatives au volume et au pourcentage des actifs sous gestion dĂ©lĂ©guĂ©s. « Le secteur craignait un encadrement plus strict. Cela ne sera pas le cas. Le dispositif retenu est satisfaisant. Maintenant, le systĂšme rĂ©glementaire est tel que nous ne sommes pas Ă  l’abri d’une interprĂ©tation plus contraignante Ă©manant d’une institution de haut niveau comme l’Esma (European Securities and Markets Authority). Et certains points, malgrĂ© l’accord politique intervenu au niveau des institutions europĂ©ennes en juillet, sont renvoyĂ©s devant un comitĂ© technique qui va rĂ©diger le texte final. L’intention politique est clairement d’ajouter de la transparence pour les rĂ©gulateurs plutĂŽt que des contraintes limitatives supplĂ©mentaires. »

Enjeux majeurs de la Retail Investment Strategy pour l’industrie des fonds Au final, AIFMD 2 ne devrait pas ĂȘtre une rĂ©volution trop importante pour la Place. Mais cela risque d’ĂȘtre diffĂ©rent pour ce qui est des enjeux, consĂ©quences et implications Ă  venir dans le cadre de la proposition lĂ©gislative publiĂ©e par la Commission europĂ©enne en date du 24 mai 2023 concernant la stratĂ©gie pour l’investissement des particuliers (Retail Investment Strategy, ou RIS) et qui envisage de modifier pas moins de cinq textes fondamentaux relatifs aux investissements par les particuliers. « RIS va ĂȘtre un Ă©norme sujet. L’objectif majeur est de renforcer la confiance et la participation des Ă©pargnants dans les marchĂ©s financiers en amĂ©liorant et en accroissant la transparence (notamment des coĂ»ts) et la comparabilitĂ© des produits d’investissement et d’épargne. Le souci, c’est que RIS est une rĂ©glementation transversale qui va impacter plusieurs rĂ©glementations applicables aux acteurs de la finance et de l’assurance. Le package inclut Ă©galement une proposition de modification du rĂ©gime PRIIPs. » Un des principaux points d’achoppement qui a retardĂ© la publication de RIS par la Commission est celui de la possible interdiction des rĂ©trocessions. Olivia Moessner prĂ©cise qu’« au dĂ©part, la volontĂ© Ă©tait d’interdire de maniĂšre absolue les rĂ©trocessions payĂ©es par les producteurs d’instruments financiers aux distributeurs. Au final, le texte proposĂ© Ă©tend l’interdiction des rĂ©trocessions aux services de rĂ©ception-transmission d’ordres et d’exĂ©cution d’ordres Ă  des investisseurs de dĂ©tail – ou pour le compte de ceux-ci. De mon point de vue, il n’est pas sĂ»r que cette rĂ©forme en l’état favorise les investisseurs. Mais elle favorisera sĂ»rement les entreprises d’investissement qui ont un rĂ©seau de distribution intĂ©grĂ©. »

Un autre point important de la rĂ©forme RIS est l’introduction du concept de value for money, autrement dit l’évaluation du prix payĂ© par rapport au service rendu. « De la maniĂšre dont le texte est libellĂ©, le principe de ‘value for money’ est rĂ©duit Ă  la seule dimension du coĂ»t, avec le risque d’inciter les distributeurs Ă  favoriser les fonds passifs au dĂ©triment de la gestion active. »

« Le secteur craignait un encadrement plus strict. Cela ne sera pas le cas. »
OLIVIA MOESSNER Associée Elvinger Hoss Prussen
OCTOBRE 2023 ALFI 57
Photo Guy Wolff
Enjeux Actifs privés

Les actifs privés au Luxembourg

Comment Ă©voluent les principales classes d’actifs privĂ©s au Luxembourg ? Entre le private equity, la dette privĂ©e et l’immobilier, nous vous proposons un petit tour d’horizon du segment.

Le poids du private equity au sein de l’industrie des fonds luxembourgeois

Si l’industrie des fonds luxembourgeois est dopĂ©e par le segment des investissements alternatifs, celui-ci recouvre une multitude de facettes et de stratĂ©gies. Selon la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association, relayant les donnĂ©es de l’AIFM Reporting Dashboard 2021 (publiĂ©es en octobre 2022), la valeur nette d’inventaire (VNI) du capital-investissement au Luxembourg Ă©tait de 509 milliards d’euros Ă  la fin de l’annĂ©e 2021, ce qui reprĂ©sentait 8,6 % des actifs sous gestion Ă  travers des vĂ©hicules d’investissement domiciliĂ©s au Luxembourg.

L’importance des fonds d’investissement alternatifs au Luxembourg s’est accrue au fil du temps et les fonds d’investissement privĂ©s reprĂ©sentent environ un tiers de cette classe d’actifs. Selon le rapport Bain Global Private Equity, la VNI des fonds alternatifs luxembourgeois reprĂ©sente 17,6 % de l’industrie mondiale du capital privĂ©.

Représentation du private equity dans les fonds

58 RADIOSCOPIE
Source AIFM Reporting Dashboard 2021
Auteur SÉBASTIEN LAMBOTTE
2017 2018 2019 2020 2021 4.160 4.065 4.719 4.974 5.860 Valeur de l’actif net OPC (en milliards d’euros) Valeur de l’actif net en lien avec le private equity (en milliards d’euros) 109 177 282 509 3.000 6.000 0 58 ALFI OCTOBRE 2023

La croissance soutenue des fonds de dette privée

Autre segment important des actifs privĂ©s, celui de la dette privĂ©e est aussi trĂšs prisĂ©. Dans leur derniĂšre enquĂȘte Private Debt Fund Survey 2022, KPMG et l’ALFI Ă©valuent le marchĂ© Ă  267,8 milliards d’euros, avec une croissance des actifs sous gestion de 45,4 % par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente (selon les donnĂ©es fournies par les dĂ©positaires interrogĂ©s). La plupart des fonds de dette privĂ©e ont une taille allant jusqu’à 100 millions d’euros. Les fonds de taille moyenne, c’est-Ă -dire ceux dont la valeur nette d’inventaire se situe entre 100 et 500 millions d’euros, reprĂ©sentent 31 % du nombre total des fonds de dette.

Fonds de dette par taille de fonds (en millions d’euros)

Une augmentation de la diversité des investissements

Les fonds d’investissement immobiliers (Reif) ont le vent en poupe

Comme en tĂ©moigne l’enquĂȘte Luxembourg Real Estate Investment Funds 2022, menĂ©e par l’ALFI, le Luxembourg reste le lieu privilĂ©giĂ© pour Ă©tablir et maintenir des fonds d’investissement immobiliers rĂ©glementĂ©s Ă  vocation multigĂ©ographique et multisectorielle.

Au regard de l’évolution des actifs sous gestion dans ce segment, il continue d’attirer les investisseurs institutionnels et les gestionnaires de fonds du monde entier. 84,3 % des investisseurs viennent d’Europe, le reste provenant principalement des AmĂ©riques (7,5 %). 4,7 % sont trĂšs diversifiĂ©s, ce qui confirme l’attrait mondial. Les fonds domiciliĂ©s au Luxembourg sont principalement utilisĂ©s par de petits groupes d’investisseurs institutionnels, 88 % d’entre eux rassemblant 25 investisseurs.

Sources KPMG/ALFI debt fund survey, ALFI/CSSF
0,5
0-100 100200 200500 5001.000 1.0005.000 10.00015.000 2020 2021 0 % 30 % 60 % 2000 2005 2010 2015 2020 Q1 Q2 Q3 2022 Part II fonds FIS 54 56 14 15 17 18 6 8 4,5 7 3.235 280 17.580 3.846 90.652 2.843 126.769 4.608 150.000 0 90.000 120.000 60.000 30.000 Mios € OCTOBRE 2023 ALFI 59 Enjeux Actifs privĂ©s

Parlez-vous private assets ?

Actifs privés

Les private assets, ou « actifs privĂ©s » en français, rassemblent un ensemble d’actifs non cotĂ©s en bourse. Le concept inclut par exemple le private equity et le venture capital, la dette privĂ©e ou encore un ensemble d’actifs rĂ©els Ă  l’instar de l’immobilier. Ces actifs constituent un levier de diversification intĂ©ressant au cƓur des portefeuilles d’investissement.

Il s’agit souvent d’actifs illiquides, prĂ©sentant un risque plus ou moins important, offrant des perspectives de rendement intĂ©ressantes Ă  moyen et long terme.

Fonds d’investissement alternatifs (FIA)

Les fonds d’investissement alternatifs sont des organismes de placement collectifs investissant dans des actifs qui ne sont ni des actions ni des obligations. Il existe diverses catĂ©gories de fonds alternatifs, mettant en Ɠuvre des stratĂ©gies d’investissement spĂ©cifiques. On peut Ă©voquer des fonds immobiliers, des fonds de private equity, des fonds de dette privĂ©e ou encore des stratĂ©gies mixtes. L’accĂšs Ă  ces fonds, rĂ©gulĂ©s directement ou indirectement, via la supervision du gestionnaire comme le prĂ©voit la directive AIFM, est rĂ©servĂ© Ă  des investisseurs institutionnels ou avertis.

Private equity

Également appelĂ© « capital-investissement », le private equity est le concept utilisĂ© pour dĂ©signer l’investissement dans des sociĂ©tĂ©s non cotĂ©es en bourse. Des fonds d’investissement spĂ©cialisĂ©s, des familles fortunĂ©es ou encore des sociĂ©tĂ©s de venture capital apportent des moyens financiers Ă  des structures privĂ©es, par le biais d’une prise de participations, dans l’optique de soutenir leur dĂ©veloppement et d’en renforcer la valeur Ă  terme.

Dette privée

La dette privĂ©e est un outil de financement par un emprunt non bancaire qui s’est fortement dĂ©veloppĂ© aprĂšs la crise de 2008. Il s’agit donc d’une source de financement alternative aux prĂȘts bancaires traditionnels et aux Ă©missions obligataires. Cet outil est utilisĂ© principalement par les PME et les entreprises de taille intermĂ©diaire qui recherchent un financement plus flexible et plus rapide qu’un financement bancaire classique. Les prĂȘts accordĂ©s sont gĂ©nĂ©ralement remboursĂ©s in fine : la sociĂ©tĂ© rembourse le capital Ă  l’échĂ©ance, ce qui lui laisse Ă  disposition de la trĂ©sorerie pour mener ses projets de croissance organique et d’investissement. L’intĂ©rĂȘt de cette dette pour les investisseurs rĂ©side dans la prime d’illiquiditĂ© qu’elle offre, levier d’optimisation du rendement.

Reif

On utilise l’acronyme Reif – Real Estate Investment Funds –pour dĂ©signer les fonds d’investissement immobiliers, des vĂ©hicules qui investissent directement dans des biens immobiliers physiques ou indirectement en achetant des actions ou de la dette de sociĂ©tĂ©s immobiliĂšres. Ce segment a connu une croissance substantielle au cours de la derniĂšre dĂ©cennie. Les fonds d’investissement immobiliers domiciliĂ©s au Luxembourg ont plus que dĂ©cuplé depuis 2010, passant de 22,41 milliards d’euros en janvier 2010 Ă  253,74 milliards d’euros en dĂ©cembre 2022. Les acteurs ont aussi gagnĂ© en maturitĂ©, dĂ©veloppant notamment des stratĂ©gies avancĂ©es autour de catĂ©gories d’actifs immobiliers particuliĂšres comme le bureau, le commerce, l’industrie, le rĂ©sidentiel, l’hĂ©bergement et l’accueil (hospitality)


Le concept d’actifs privĂ©s dĂ©signe un type d’investissements spĂ©cifique. Le champ est cependant large, s’étendant de l’objet d’art Ă  la prise de participation dans des sociĂ©tĂ©s non cotĂ©es en passant par l’immobilier.
VOCABULAIRE 60 ALFI OCTOBRE 2023
Auteur MARIE JACQUEMIN Corinne Lamesch, Alfi

Les private assets au Luxembourg

NICOLE THOMÉ

Senior business development manager

Banque de Luxembourg

VERONICA AROUTIUNIAN

Partner

Loyens & Loeff Luxembourg

Il y a toujours un avenir pour ceux qui pensent Ă  l’avenir. Avec une lĂ©gislation favorable et un solide soutien politique, le Luxembourg maintiendra son rĂŽle central pour les actifs privĂ©s grĂące Ă  sa boĂźte Ă  outils de structuration et son vaste Ă©cosystĂšme financier. Pour l’avenir, le dĂ©fi majeur Ă  relever sera d’assurer des services rapides et de qualitĂ© pour une industrie en croissance continue. Pour cela, il faut investir davantage dans la formation du personnel et le dĂ©veloppement de talents. Les cours sur les fonds luxembourgeois Ă  l’UniversitĂ© de Lorraine, la certification en private equity d’HEC LiĂšge et le nouveau master en droit des fonds de l’Uni tĂ©moignent de la dĂ©termination du Luxembourg et de la Grande RĂ©gion Ă  favoriser une industrie des private assets tournĂ©e vers l’avenir.

Au cours de cette annĂ©e, nous avons constatĂ© une baisse dans la constitution de nouveaux fonds de private assets. Les turbulences gĂ©opolitiques et Ă©conomiques entraĂźnent des difficultĂ©s Ă  gĂ©nĂ©rer une croissance immĂ©diate. Toutefois, ces investissements sont par nature des placements Ă  long terme alignĂ©s aux tendances de marchĂ©. Les performances historiques dĂ©montrent l’attractivitĂ© des private assets, notamment en pĂ©riode de crise, phase particuliĂšrement propice aux investissements Ă  tarifs rĂ©duits et permettant d’assurer la croissance lorsque les valeurs se redressent. De plus, l’évolution vers l’accĂšs aux investisseurs retail constitue une rĂ©elle opportunitĂ©. Avec une part de marchĂ© globale de 17 %, le Luxembourg maintient une position stratĂ©gique dans l’industrie des fonds de private assets. MalgrĂ© des marchĂ©s houleux, combinĂ©s aux tendances de marchĂ© dĂ©crites ci-dessus il subsiste un rĂ©el potentiel de croissance pour les fonds private assets au Luxembourg.

EFA

Operations

Le Luxembourg a jouĂ© et continuera Ă  jouer un rĂŽle important sur le marchĂ© financier europĂ©en grĂące Ă  plusieurs avantages-clĂ©s, tels que sa situation Ă©conomique stable, sa lĂ©gislation sur les fonds d’investissement solide et en constante Ă©volution et ses structures de fonds flexibles. Le personnel, trĂšs international et expĂ©rimentĂ©, ainsi que le passeport europĂ©en s’ajoutent aux avantages comparatifs du Luxembourg. Avec l’introduction de l’Eltif 2, les investisseurs particuliers disposeront d’une option attrayante pour investir dans des actifs alternatifs. Comme plus de 50 % des Eltif lancĂ©s sont actuellement Ă©tablis au Luxembourg, l’introduction d’Eltif 2 renforcera l’importance du pays sur le marchĂ© des actifs privĂ©s en combinant la solide expertise nationale en matiĂšre d’actifs liquides et illiquides en une seule offre de services.

Photos Loyens & Loeff, Banque de Luxembourg et EFA FABRICE FREILINGER Director Private Asset
L’activitĂ© des fonds autour des actifs privĂ©s s’est considĂ©rablement renforcĂ©e, mais il est nĂ©cessaire de penser Ă  l’avenir de ces produits.
FORECAST 62 ALFI OCTOBRE 2023
Propos recueillis par MARIE JACQUEMIN

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1 Source: Morningstar 2 As at 31 December 2022 Investment involves risks. The value of your investment and income from it may rise as well as fall and cannot be guaranteed. This material, issued by Capital International Management Company SĂ rl (“CIMC”), 37A avenue J F Kennedy, L-1855 Luxembourg, is distributed for information purposes only CIMC is regulated by the Commission de Surveillance du Secteur Financier (“CSSF” – Financial Regulator of Luxembourg) and is a subsidiary of the Capital Group Companies, Inc. (Capital Group) © 2023 Capital Group All rights reserved
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