LPH 996

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Jeudi 30 mars 2023

8 Nissan 5783

Nº 996 | Mensuel

À L'AFFICHE BERNARD BITAN

JE N'AI PAS DIT

MES DERNIERS MAUX

DOSSIER SPÉCIAL

HIGH TECH : CRISE DE FOI ?

INTERVIEW VÉRITÉ MÉMOIRE RENCONTRE AVEC FRANÇOISE OUZAN
ÉLECTIONS MEYER HABIB
GRAND ANGLE LES FRANCS-MAÇONS EN ISRAËL

ל''כנמ Directeur de la publication

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édito

Israël coté à la bourse des valeurs

Il fut un temps où les menaces de boycott provenant de pays ennemis et d’organisations antisioniste nous faisaient dresser les cheveux sur la tête – sans pour autant nous surprendre, toutefois, car il ne fallait pas moins en attendre des sources venimeuses qui en étaient à l’initiative.

Mais que penser d’un ancien Premier ministre israélien qui encourage haut et fort les nations à boycotter son propre pays ?

N'avons-nous pas suffisamment d’ennemis, pour en désirer davantage ? Viendrait-il à l’idée d’un parent aimant de demander à un étranger de punir son enfant ? N’est-ce-pas une attitude contre-nature de la part de certains Israéliens que de désigner à la vindicte mondiale des personnalités politiques et des choix gouvernementaux ? N’avons-nous donc plus assez d’imagination pour trouver des solutions en interne, nous le peuple du Livre, le peuple des prix Nobel, le peuple du D.ieu unique ?

Et puis, à côté de ceux qui en appellent aux nations étrangères, il y a les autres qui, tels des enfants trop gâtés, veulent quitter le pays, ou menacent de le faire : patrons de start-ups, acteurs de séries à succès… Comme si le miracle israélien pouvait se résumer au concept d’une « Start-up Nation » fabricante de bonnes séries, de médicaments ou de brevets. Quel est donc cet exemple donné par les « puissants » qui veulent quitter le navire en pleine tempête ? Si le reste de la population faisait de même parce que la vie est trop chère, parce qu’il y a des guerres et des attentats, parce qu’il n’y pas de politique sociale, parce que, parce que… nous ne serions plus très nombreux sur notre terre…

Cette terre, nous l’avons pourtant espérée depuis notre sortie d’Égypte, au mois de Nissan, sortie qui a marqué la naissance du peuple d’Israël enfin libéré du joug physique, moral et spirituel. Trois mille cinq cents ans plus tard, au mois d’Iyar, les Hébreux modernes sont devenus farouchement indépendants. Et par notre seule présence en Israël, nous continuons à nous battre pour le rester, envers et contre tous ceux qui caressent encore en secret – ou non –le rêve de nous voir jeter à la mer. Nulle réforme, nulle opposition politique, nulle dissension ne doit nous distraire de notre objectif. La réussite d’Israël dépend avant tout de valeurs, et non du nombre de sociétés cotées en bourse. Les personnalités – artistes, écrivains, chercheurs, bénévoles – interviewées dans cette édition illustrent, chacune dans son domaine, la volonté de faire d’Israël un phare pour les nations.

La période qui court de Pessa'h à Yom haAtzmaout est d’une puissance incomparable en Israël. Je vous souhaite de la vivre en pleine conscience et avec joie.

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EN COUVERTURE :

© Nissim Sellam, agence Ohmyconcept

Un remerciement spécial à toute l’équipe qui contribue par son implication et son sérieux à la réussite de ce magazine : Géraldine, Guitel, Carine, Melita, les rabbins et intervenants, ainsi que nos journalistes.

'Hag samea'h !

3 LPH N° 996

sommaire N°996

7

À L'AFFICHE

Bernard Bitan : Je n’ai pas dit mes derniers maux

8 CARTES SUR TABLE

Liberté, Fraternité

14-23 DOSSIER

HIGH-TECH : CRISE DE FOI ?

l LA LUNE DE MIEL

l ZONE DE TURBULENCES

l WIX, HISTOIRE D'UNE LICORNE BLEUE ET BLANCHE

10 INTERVIEW

Meyer Habib : « Il faut se mobiliser et gagner ces nouvelles élections ! »

24 MÉMOIRE

Réussir pour revivre

26 SANTÉ

Microbiote intestinal, la clef pour une meilleure santé

28 CONSCIENCE

La quatrième habitude des gens efficaces : le compte bancaire émotionnel

GRAND ANGLE

Être franc-maçon en Israël

BON À SAVOIR

Dix ans d’exonération fiscale pour les nouveaux immigrants ?

l À QUEL PRIX ?

36 REPORTAGE

Cause animale : « un phare dans la nuit »

38 TRIBUNE LIBRE

Adieu au professeur Joseph Agassi

40 BOUILLON DE CULTURE

Quand la danse et le sionisme se rencontrent

44 CONSO SPÉCIAL PESSA'H

Des dépenses raisonnées et écoresponsables

ET AUSSI...

Une année avec la Cabale (48), Au nom de la loi (49), Mazal Tov (50), Le Kling du mois ( 51), Recettes de Pessa'h (53 et 54), Immobilier (57)

La sortie des benei Israël... dans la rue !

Les Israéliens, peu coutumiers des manifestations, ont bloqué les grands axes des principales villes d’Israël afin de faire entendre leur mécontentement face au projet de réforme juridique. Les défis auxquels Israël doit faire face mettent en jeu son existence même. Reste à espérer que l’unité du peuple sera préservée.

ARRÊT SUR IMAGE

Bernard Bitan : Je n’ai pas dit mes derniers maux

Bien

« C’est vous dans la vidéo ? Bravo ! »

« Merci d’avoir exprimé ce que l’on avait envie de dire ! »

« Sale sioniste ! »

Mai 2021 : en pleine « guerre des missiles » entre le Hamas à Gaza et Israël, des centaines de milliers de personnes ont visionné une vidéo devenue virale, ayant pour titre « Free Gaza ». Ce coup de gueule engagé de Bernard Bitan se filmant dans les rues désertes de Jaffa, en Israël, avait suscité une immense vague d’émotion et des milliers de réactions de toutes sortes.

Bernard Bitan y répond seul sur scène, dans un spectacle qui nous touche. Entre rire et larmes, toutes les vérités sont bonnes à dire. Rencontre avec cet artiste aux multiples facettes, amoureux d’Israël.

LPH : Vous êtes de retour dans un spectacle engagé que vous avez écrit et mis en scène. De quoi s’agit-il ?

Bernard Bitan : Je n’ai pas dit mes derniers maux est un spectacle que j’ai écrit, inspiré par les centaines, voire les milliers de réactions et de messages que j’ai reçus après mon cri du cœur dans la vidéo « Free Gaza ». Dans ce spectacle, accompagné par les musiques originales de l’incroyable Laurent Couson, j’essaie de mettre des mots sur les maux du peuple juif, sur le ton de ce que j’ai exprimé dans cette vidéo.

Quelles sont les thèmes que vous abordez ?

Cela reste un spectacle divertissant. Profond et divertissant, comme tout ce que je cherche à faire. Je suis sioniste et engagé. Je ne le cache pas, je le revendiquerais même plutôt, à l’instar, par exemple, d’un Guy Bedos qui, lui, était ouvertement de gauche

et saupoudrait ses spectacles de ses convictions, avec intelligence et malice. L’antisémitisme, le sionisme, la mémoire, l’identité, l’amour, la poésie font partie des thèmes que j’aborde, avec pour toile de fond les tribulations autobiographiques d’un Français en Israël.

« Je n’ai pas dit mes derniers maux » : pourquoi ce titre ?

« Vous avez mis des mots sur nos maux » : c’est l’un des commentaires que j’ai le plus reçu après ma vidéo – juste avant « sale sioniste ! »… Mais je n’allais pas intituler mon spectacle « sale sioniste », hein ?! Donc je mets effectivement des mots sur nos maux, à nous les Juifs, avec humour, avec optimisme – et sans concession.

Si vous deviez résumer votre spectacle en un mot, quel serait-il ?

Un plaidoyer ! Sans hésiter. C’est un plaidoyer du peuple juif et pour le peuple juif, un plaidoyer d’Israël et pour Israël dans le concert des nations. Je dis des choses que l’on sait déjà, ou que l’on ne sait pas, et qui font du bien à entendre ou à réentendre, comme une piqûre de rappel. Des mots comme une musique pour apaiser nos maux et, comme dit la chanson, « pour pouvoir dire pour quoi (en deux mots) j’existe » : moi, nous, les Juifs. n

À Tel Aviv les 20 avril, 1er et 4 mai

À Jérusalem les 2 et 3 mai

Réservations au 052-3060863 ou en scannant le QR Code

7 LPH N° 996 À L'AFFICHE
connu de la scène théâtrale francophone en Israël, Bernard Bitan, acteur, auteur et metteur en scène, se lance dans un nouvel exercice, seul sur scène.
Bernard Bitan, Je n’ai pas dit mes derniers maux

Liberté, Fraternité

Il est étonnant de constater que malgré le miracle qui a eu lieu à Pourim, on ne récite pas ce jour-là, comme on le fait lors des autres fêtes, le Hallel, louange à Dieu. Pourtant, Haman avait voulu « exterminer, tuer et faire disparaître tous les Juifs », et il avait tout simplement enclenché un processus de Shoah. Le sauvetage de cette catastrophe annoncée aurait donc dû entraîner la lecture du Hallel. Alors, pourquoi cela n’a-t-il pas été le cas ?

Une des réponses à cette question est que ce miracle s'est produit en dehors d'Israël et que le récit du Hallel ne peut se faire que lorsque le miracle a eu lieu sur la Terre d'Israël. Cependant, nous le récitons durant la fête de Pessa'h et, exceptionnellement, même le soir, alors que les miracles de la sortie d'Égypte se sont eux aussi passés

en dehors d'Israël. Mais lors de la sortie d’Égypte, la direction était claire : le peuple juif a été délivré dans le but de recevoir la Torah et de l'accomplir dans son ensemble sur la Terre d'Israël. C'est cette centralité qu'une fois encore nous célébrerons dans quelques jours autour de la table du Seder. Après ces milliers d'années, durant cette soirée, nous ne nous souvenons pas des 80 % du peuple qui décidèrent de ne pas sortir d'Égypte mais d’y rester et de s'y assimiler. Nous ne nous souvenons que de ceux qui décidèrent de se sortir des 49 degrés d'impureté pour arriver, à terme, à la construction du Temple à Jérusalem. L'idée moteur était simple : autour du mont Sinaï, nous étions tous « comme un seul homme avec un seul cœur ». La tradition mentionne aussi que

toutes les âmes juives à travers les générations étaient présentes au mont Sinaï : celles de ceux qui sont pour POUR comme celles de ceux qui sont CONTRE la fameuse réforme. À la fin du Seder de Pessa'h, cette année encore, nous prononcerons un des plus fameux slogans de l'Histoire juive : « L'an prochain à Jérusalem reconstruite ». Aujourd'hui, elle l'est. Géographiquement, elle est également unifiée. Au peuple de prouver que lui aussi est unifié. Les jours de vacances de 'Hol HaMoed seront une nouvelle occasion de montrer que le peuple, lui, contrairement aux politiques, a retenu les leçons de l'Histoire et qu'il sait se promener ensemble sur les sentiers de la Terre d'Israël.

Bonne fête de Pessa'h, fête de la liberté et de la fraternité ! n

8 LPH N° 996 CARTES SUR TABLE
PAR ARIEL KANDEL
Pessa'h : une période propice à la détente et aux rencontres en famille autour du traditionnel barbecue

Meyer Habib : Il faut se mobiliser et gagner ces nouvelles élections !

LPH : Meyer Habib, votre engagement en faveur de la communauté juive de France et d’Israël fait partie de votre ADN. Quelle en est l’origine ?

Meyer Habib : Je puise toute ma force dans l’exemple de ma famille, en particulier celui de mon père, Roger, et de mon oncle Elie. Mon père était un grand dirigeant sioniste, proche de Menahem Begin ; il m’a inculqué ses valeurs de sionisme, d’amour de la Torah et du peuple juif. Né en Tunisie d’un père tripolitain et d’une mère italienne vénitienne, il était lui-même apatride. Peu après l’indépendance de la Tunisie, en 1956, il a échappé à un attentat. Il a alors décidé de quitter la Tunisie en deux semaines avec son jeune frère et n’y a plus jamais remis les pieds. Mon père et mon oncle, très tôt orphelins, ont été élevés par leur grande sœur et ils ont fait preuve d’un courage et d’une force remarquables pour se relever et surmonter les épreuves auxquelles ils ont été confrontés. J’ai tout puisé chez eux.

De nombreuses générations ont associé le kidouch du chabbat avec la bouteille de Habib Frères sur la table. Racontez-nous cette épopée familiale. Très actif dans le développement et la réorganisation de la communauté juive de France après la guerre, en 1957 mon père et son frère Elie ont créé la société Habib Frères, qui a élaboré les premiers vins cacher en France depuis… Rachi ! En 1961, ils ont créé le premier champagne cacher de l’histoire : le champagne Siona – ça ne s’invente pas ! Il faut se replacer dans le contexte de l’époque, où il n’existait pas un restaurant cacher à Paris…

Ma mère, alors jeune institutrice de Sousse, a rencontré mon père pendant des vacances à Paris. C’est le grand-rabbin Kaplan qui les a mariés à la synagogue de la Victoire en 1956. Mes parents avaient une fibre sociale très prononcée. À travers la Fédération des Sociétés Juives de France (FSJF), ils ont organisé des colonies de vacances pour les enfants de familles défavorisées, dont beaucoup se souviennent. Des milliers d’enfants, issus des vagues d’immigration d’Afrique du Nord, mais aussi de familles de rescapés de la Shoah, ont ainsi pu partir en vacances. Viscéralement attachés au judaïsme, au respect du chabbat et de la cacherout, et à leurs racines juives tunisiennes, ils ont créé l’oratoire tunisien de la Victoire, qui était le premier oratoire des Juifs d’Afrique du Nord à Paris. En 1961, l’office de Kippour qu’ils ont organisé au Cirque d’Hiver a réuni 7000 personnes !

Votre père était un sioniste convaincu… Il a d’abord été membre et délégué de la Tunisie au premier Congrès sioniste, qui s’est tenu à Jérusalem en 1951. C’est là qu’il a noué des liens d’amitié avec

10 LPH N° 996 INTERVIEW
PAR PROPOS RECUEILLIS PAR YEHOUDA SEREZO
À la veille des nouvelles élections législatives des députés des Français de l’étranger, LPH a rencontré Meyer Habib. Une interview-vérité
Meyer Habib à l'Assemblée nationale. Le député intervient sans relâche pour la défense d'Israël et des Juifs de France.
© DR

Menahem Begin. Ancien « natsiv » Betar, secrétaire général du Herout en France, il m’a fait grandir au Betar et dans la famille jabotinskyenne, où j’ai forgé mon âme de militant. À la fin des années 1950, mon père a fait déménager le mouvement au 59 boulevard de Strasbourg, le fameux local que des générations de Betarim ont connu !

Nous habitions dans le 1er arrondissement de Paris mais comme il était hors de question pour mon père que nous allions à l’école le chabbat, nous avons

déménagé dans le 19e arrondissement pour être scolarisés dans les établissements Lucien de Hirsch et Yavné, sous l’influence bénie de monsieur et madame Picard.

Mes parents étaient des gens d’une extrême bonté. Je me souviens des dizaines de personnes dans le besoin qui chaque semaine faisaient la queue devant l’usine située à Bercy pour recevoir une bouteille de vin pour chabbat. Il n’y avait pas d’ego chez mes parents, mais l’amour de la Torah, d’Israël et du peuple juif, et une immense reconnaissance envers la France.

Mon père s’est très difficilement remis de la mort brutale et tragique de mon oncle, survenue en 1978. Mais dans les années 1990, il a tout de même réussi à accomplir le rêve de sa vie : il a fait son Alya en Eretz Israël. Lorsque mon père est mort, c’est Benyamin Netanyahou qui a prononcé son éloge funèbre.

Nous avons bouclé la boucle de cette épopée familiale cette année, en élaborant la première cuvée Habib Frères en Israël !

Comment vivez-vous cette nouvelle campagne pour les élections législatives ?

Sans entrer dans les détails : les faux et usages de faux d’une candidate manipulatrice et prête à tout pour arriver à ses fins me désolent. Ses manœuvres et son refus de la défaite nous conduisent à ces nouvelles élections, et à cette nouvelle campagne qui nous a été imposée. Ce qui m’inquiète, c’est la mobilisation des électeurs dans une période qui n’est pas propice, car c’est la période de Pessa'h ; mais avec l’aide de Dieu, nous gagnerons, comme nous avons déjà gagné à trois reprises. Malgré Chavouot, malgré les articles mensongers qui ont fait irruption dans la campagne, malgré la fermeture des bureaux de vote à Ashdod, Beer-Sheva et Eilat, malgré les menaces et les fausses allégations inventées pour me nuire, j’ai gagné les élections de juin que le Conseil constitutionnel a décidé d’annuler. Je le regrette mais c’est maintenant derrière nous. Il faut à présent gagner ces nouvelles élections, en se mobilisant pour aller voter les dimanches 2 et 16 avril, ou bien en votant sur Internet entre le 24 et le 29 mars pour le premier tour, et entre le 7 et le 12 avril pour le second tour. Il n’y a rien de plus beau que la démocratie !

Qu’est-ce qui vous donne la force de vous représenter ?

Ce sont les combats que j’ai menés et ceux qui restent à venir qui me donnent la force de continuer. lll

11 LPH N° 996 INTERVIEW
© DR Avec l'aimable autorisation de Meyer Habib

lll

Nous avons notamment obtenu le maintien de la che'hita en France, l’équivalence des diplômes et des permis de conduire, l’ouverture d’une ligne low-cost entre Paris et Tel Aviv…

La lutte contre l’antisémitisme, et l’antisionisme qui est sa nouvelle matrice, est l’une de mes grandes missions à l’Assemblée nationale. Avec le journaliste Yohann Taïeb, nous avons rouvert le dossier enterré de l’attentat de la rue des Rosiers. Après les meurtres terribles de Sarah Halimi et de Mireille Knoll, j’étais le premier à être contacté par les familles. Pendant l’affaire Halimi, cette nouvelle affaire Dreyfus, le groupe LREM a refusé de se rendre à la reconstitution que j’ai décidé d’organiser sur les lieux du meurtre, et il a voté un rapport établissant qu’il n’y avait eu aucun dysfonctionnement des services de police le

soir du drame. Pourtant, une vingtaine de policiers étaient présents sur les lieux et ils ne sont pas intervenus, malgré les cris de détresse, entendus par des dizaines de témoins, d’une femme martyrisée pendant quatorze minutes par son bourreau ! Je viens d’avoir un appel d’une policière qui a de nouvelles révélations à me communiquer. Cette affaire n’est pas terminée.

Je me bats sans relâche pour le rapprochement entre la France et Israël, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale indivisible de l’État d’Israël et le transfert de l’ambassade de France à Jérusalem. Je regrette que pour le Quai d’Orsay, Jérusalem ne fasse pas partie de l’État d’Israël et que notre circonscription soit coupée en deux, entre Jérusalem et le reste d’Israël. Certains de nos compatriotes reçoivent leur courrier adressé aux « Territoires

12 LPH N° 996 INTERVIEW
1 - Les cuvées Habib Frères et le champagne Siona 2 - De gauche à droite : Elie Habib, Roger Habib et un cousin 3 - Roger Habib, le père de Meyer 4 - Meyer Habib entouré de sa famille © DR Photos de famille avec l'aimable autorisation de Meyer Habib

palestiniens » alors qu’ils vivent à Jérusalem : c’est une hérésie absolue ! Je n’ai pas de doute qu’avec le président des Républicains, Éric Ciotti, le seul à vouloir le transfert de l’ambassade de France à Jérusalem, nous avancerons sur ce sujet majeur. Notre groupe LR, dont quinze membres étaient en Israël la semaine dernière, est la force d’appoint de l’Assemblée nationale. Comme vous pouvez le constater, nous avons la majorité au Sénat, et notre rôle à l’Assemblée est prépondérant et indispensable. Nous pouvons changer beaucoup de choses, y compris sur les plans économique et social.

N’avez-vous pas envie de vous lancer dans d’autres projets ou missions ?

Bonne question. J’ai promis à ma femme que ce serait mon dernier mandat. Mais tant de combats restent encore à mener… La haine d’Israël est le nouvel antisémitisme.

L’article immonde du Monde à mon égard est une insulte pour toute notre communauté !

Le fait que l’extrême gauche, Clémentine Autain et son « mazal tov » antisémite, mais aussi Renaissance ont applaudi mon invalidation est révélateur de la haine qui se déploie contre moi et mes électeurs. Je sens que tout sera fait pour tenter de me nuire, mais je n’ai pas le droit d’abandonner mes électeurs, qui me font confiance, qui m’ont élu à trois reprises et qui m’inspirent depuis dix ans. Après le CRIF, dont j’étais le vice-président pendant des années, et aujourd’hui l’Assemblée nationale, un jour je tournerai la page pour mener d’autres combats.

Quel projet en particulier vous importe-t-il de réaliser en tant que député des Français de l’étranger ?

Le rapprochement entre la France et Israël est un des grands combats de ma vie. J’aime la France où je suis né. Il faut comprendre que ce conflit n’est pas une question de territoires mais de valeurs, et que la France et Israël partagent les mêmes valeurs. Il s’agit d’un conflit de civilisations, une

guerre que l’islamisme mène contre le monde libre et qui a défiguré notre pays. Je me suis battu pour l’intégration d’Israël dans la francophonie et contre le régime sanguinaire iranien qui martyrise son peuple, un régime aujourd’hui à quelques pas de l’arme nucléaire. En ce qui concerne les questions économiques et sociales, je milite également pour la création d’un statut de résidence fiscale d’attache, pour le droit à l’emprunt en France des Français de l’étranger, pour la suppression de la CSG-CRDS sur les revenus du patrimoine des Français établis hors d’Europe, pour la baisse du délai de cotisation en France pour la couverture des soins, pour l’amélioration des conventions fiscales bilatérales et des conventions de sécurité sociale entre la France et Israël. Tant de projets restent à accomplir ! Le secret de l’intégration des Français en Israël réside aussi dans l’apprentissage de l’hébreu, la possibilité d’exercer sa profession et de vivre dignement en Israël. Les prix du logement doivent baisser ! Benyamin

Netanyahou, un de mes plus proches amis, avec lequel je suis en contact quotidien, avait promis que le shekel baisserait : c’est chose faite, avec un taux qui avoisine les 3,90, ce qui est une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat de nos retraités.

On murmure que l’on vous a proposé pour le poste d’ambassadeur, suite à la démission de Yaël German Je suis franco-israélien, sur le principe je peux donc être ambassadeur ; et c’est plutôt flatteur que l’on pense à moi. Mais à ce stade, je me concentre uniquement sur l’Assemblée nationale et ma réélection. Alors je le répète : mobilisez-vous et, quel que soit votre choix, allez voter, à l’urne ou sur Internet ! Mon travail n’est pas achevé. Avec l’aide de Dieu, nous réussirons !

À la veille de cette magnifique fête qu’est Pessa'h, je veux terminer en vous souhaitant à toutes et à tous 'Hag Pessa'h cacher veSamea'h ! En cette période trouble en France comme en Israël, je prône l’unité et la solidarité dans nos valeurs. n

13 LPH N° 996 INTERVIEW
Une amitié de longue date lie le Premier ministre Benyamin Netanyahou et Meyer Habib. © DR Avec l'aimable autorisation de Meyer Habib

High-tech : crise de foi ?

Ce dossier est né du remous causé par l’annonce de certains poids lourds de la high-tech israélienne de leur décision de quitter le pays, suite au projet de réforme juridique du gouvernement. Auparavant, la high-tech israélienne avait déjà fait parler d’elle, avec un baromètre à la baisse dans le domaine de l’embauche et des investissements. Pour la première fois depuis des décennies, l’économie de la haute technologie en Israël semble d’humeur morose. LPH a voulu faire le point.

DOSSIER RÉALISÉ PAR NATHALIE SOSNA-OFIR

Retour sur une sucess story.

Israël est une nation qui a été fondée en 1948 et qui ne compte qu’à peine dix millions d'habitants. Les décennies qui ont suivi son indépendance ont été rythmées par des guerres, des conflits, des périodes d'inflation très élevée, parfois à trois chiffres, des crises politiques persistantes – ce à quoi il faut ajouter un cruel manque de ressources naturelles. Une configuration guère réjouissante ni prometteuse. Mais c'était sans compter sur la matière grise, « notre plus grande richesse », comme le faisait judicieusement remarquer l'ancien président de l'État Shimon Peres. C’est cette richesse, associée à un sentiment d'urgence lié à l'histoire, qui a permis à l'État hébreu de devenir une plaque tournante de la technologie et de l'innovation. Le professeur Zvi Marom, ancien président de l’Union des industries de haute technologie auprès du ministère de l’Industrie et l'un des plus anciens protagonistes du secteur, que nous avons interrogé, estime d’ailleurs qu'il faudrait changer le surnom de « Start-up Nation » en « Innovation Nation ». La haute technologie représente 15 % du PIB du pays, plus de 50 % de ses exportations industrielles, plus de 10 % de tous les employés et autour de 25 % des recettes fiscales internes de l'ensemble des salariés israéliens.

été au beau fixe.

16 LPH N° 996 DOSSIER
La lune de miel Leur rencontre fut un véritable coup de foudre. Entre Israël et la high-tech, l’amour a toujours
© DR
Zvi Marom, ancien président de l’Union des industries de haute technologie auprès du ministère de l’Industrie et l'un des plus anciens protagonistes du secteur

En

esprit innovant a su conquérir la confiance des investisseurs. La première acquisition en dehors des États-Unis réalisée par Warren Buffet – homme d'affaires, investisseur et milliardaire américain – a d’ailleurs été une société israélienne : ISCAR Metalworking, en 2006. « Si vous allez au Moyen-Orient pour chercher du pétrole, inutile de vous tourner vers Israël. Si vous cherchez des cerveaux, ne cherchez pas plus loin qu'Israël : c’est désormais l'un des meilleurs pays où investir », avait-il alors déclaré.

Israël dépense en Recherche et Développement plus que tout autre pays au monde en pourcentage de son PIB : 4,95 % – alors que les États-Unis, à titre

de comparaison, n'y consacrent que 2,8 %. Depuis la fin de la crise financière de 2008, le secteur israélien de la high-tech a enregistré une croissance permanente, le pays compte plusieurs milliers de start-ups technologiques et nombreuses sont les grandes multinationales à y avoir ouvert des filiales ou des centres de R&D.

Depuis l'année dernière, le secteur traverse une zone de turbulences : conséquences de la pandémie, instabilité politique, guerre en Ukraine, inflation mondiale, taux d’intérêt élevés. Mais ces dernières décennies, il a su résister à tous les obstacles, et il ne saurait s'effondrer. Pour Zvi Marom, Israël restera leader mondial de la high-tech en dépit

des menaces, notamment s'il se renforce dans les technologies qui seront cruciales ces vingt ou trente prochaines années, à savoir, les technologies liées à l'environnement, au climat (face, notamment, aux changements climatiques), à l'agriculture et à l'alimentation (pour répondre aux enjeux liés à la chaîne alimentaire et à la sécurité alimentaire) : « Les défis se multiplient et la technologie se développe rapidement, mais les Israéliens savent travailler dans l'urgence, un sentiment sans doute lié à l'histoire et au Tikoun olam , concept issu de la philosophie et de la littérature juives, qui nous pousse à vouloir réparer le monde et à le rendre meilleur. » n

17 LPH N° 996
DOSSIER
2008, le président Shimon Peres a visité le laboratoire de nanotechnologie du Technion à Haïfa. Les chercheurs lui ont présenté une Bible inscrite sur une surface en silicone de 1mm. © GPO Cet

Zone de turbulences

En dépit de la bonne santé macro du secteur, on enregistre un nombre grandissant de demandeurs d'emplois high-tech depuis dix mois : ils sont passés de 5247 en avril 2022 à 9000 en février dernier, soit une hausse de 71 %. De grosses entreprises ont licencié, entre autres Intel ou OwnBackup – Facebook devrait suivre –, estimant qu'il était plus prudent de réduire leurs charges dans une période incertaine soumise à l'augmentation des taux d'intérêt.

Il faut cependant noter que la part de marché de l'industrie de haute technologie en Israël n'ayant cessé de croître depuis une décennie, il est donc naturel qu'à mesure que le marché se développe, le nombre de demandeurs d'emploi augmente également. Au cours de la même période, les entreprises de haute

technologie israéliennes ont ouvert 78 % de nouveaux postes aux États-Unis ou en Europe, preuve de la résilience et de l'adaptabilité de l'industrie des startups israéliennes face aux incertitudes du marché mondial. De plus, l'industrie high-tech ayant multiplié les recrutements pendant la pandémie, il est possible que l'augmentation du nombre de demandeurs d'emploi inscrits ces dix derniers mois soit une sorte de « correction » de la situation.

Parallèlement aux licenciements, on assiste aussi à une hausse du nombre de démissions, un phénomène qui illustre les tensions sur le marché et l'élargissement du champ des opportunités d'emploi. Autre signe de la fébrilité du secteur : la diminution du nombre de nouvelles licornes – entreprises dont la valeur est d'au moins un milliard de dollars. Fin

18 LPH N° 996 DOSSIER
Les turbulences qui ont agité l'économie mondiale ces deux dernières années semblent avoir globalement plutôt épargné la high-tech israélienne. Cependant, sur le terrain, elles secouent le secteur. Alors, accalmie ou avis de tempête ?
Le bâtiment de Intel sur le site technologique M.A.T.A.M. à Haïfa

décembre, Israël en comptait 98, dont seulement 23 créées en 2022, soit 19 de moins qu'en 2021. La plus importante d'entre elles : Check Point. Que nous réserve l'avenir ? Du côté des investisseurs et des entrepreneurs du secteur de la high-tech, l'heure est à l'attentisme. La hausse de l’inflation et des taux d’intérêt au premier semestre pourrait augurer d'un ralentissement économique mondial. « 2023 devrait être une année de rééquilibrage, bien qu'il soit difficile de prévoir si les investissements dans le secteur de la high-tech vont continuer à augmenter ou s'ils vont diminuer », estime Jonathan Medved, PDG et fondateur de la société de capital-risque internationale OurCrowd basée en Israël. Néanmoins, il se veut optimiste et pense que les deux prochaines années pourraient se révéler « très prometteuses, car il y aura des opportunités d’acheter sur un marché où les prix et les valorisations seront dépréciés ». Outre le spectre du ralentissement économique, plane aussi celui des conséquences de l'effondrement de la Silicon Valley Bank : « Une vraie menace », estime le professeur Zvi Marom, vétéran de la haute technologie en Israël et proche du Premier ministre Netanyahou. « Il s'agit d'une banque qui propose exclusivement des services à la communauté de la hightech ; et l’on peut imaginer que de nombreuses sociétés israéliennes, notamment celles ayant des succursales ou des filiales aux États-Unis, y avaient des fonds. » Cette faillite pourrait entraîner une nouvelle vague de licenciements dans le secteur en Israël. Autre menace : la réforme judiciaire promue par le gouvernement. L’ancien secrétaire au Trésor américain, Lawrence Summers, a averti qu'elle nuirait à l'économie israélienne, qui dépend du commerce international et des investissements internationaux pour sa croissance économique et sa prospérité. Même crainte du côté de l'agence monétaire internationale Moody’s, qui a déclaré que les institutions d’Israël constituaient un facteur important de la note de crédit qu'elle accorde aux économies mondiales. Pour l'heure, la note d'Israël reste cependant inchangée : A1, note très honorable. Plusieurs centaines de millions de dollars auraient déjà été sortis d'Israël par des patrons de la high-tech, comme celui de Riskified qui a déclaré avoir transféré

un demi-milliard de dollars hors d’Israël ; et certains investisseurs, qui disent craindre des limitations sur les retraits de fonds, ont déjà commencé à réduire ou à geler complètement les flux d’argent vers Israël. « Que de bêtises ! », réagit le professeur Zvi Marom. « Je n'ai pas le souvenir que certaines des personnes qui parlent au nom de la haute technologie aient été élues par qui que ce soit ! Le plus important n'est pas que de l'argent parte d'Israël – d'ailleurs, je ne pense pas que ce sera véritablement le cas, cela dépendra de la situation mondiale en matière de levées de fonds –, mais que les cerveaux y restent. » Le professeur Marom n'est nullement inquiet : « Le Premier ministre Benyamin Netanyahou qui, au début des années 2000, a travaillé pendant trois ans dans mon entreprise de haute technologie atm en tant que consultant, témoigne beaucoup d'intérêt à la high-tech et ne fera rien qui puisse la menacer. » Zvi Marom dit avoir parlé il y a quelques jours au Premier ministre qui lui a confié que bien que cette réforme soit nécessaire à ses yeux, il comprenait les inquiétudes, et qu'il fallait peut-être l’améliorer et revoir les moyens de l’amorcer. « Je me suis également entretenu avec des responsables d'entreprises technologiques en Israël qui voient en cette “crise” une opportunité de discuter plus à fond de ce dont la high-tech israélienne a besoin pour durer et prévaloir encore longtemps. » Zvi Marom est persuadé qu'une fois ces turbulences traversées, le ciel n'en sera que plus dégagé. n

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Le siège de la SVB à Santa Clara (États-Unis) dont la faillite pourrait entraîner une nouvelle vague de licenciements dans le secteur en Israël
Le plus important n'est pas que de l'argent parte d'Israël, mais que les cerveaux y restent.

WIX Histoire d'une licorne bleue et blanche

Michal Rechter a pour rôle d’analyser en continu les performances de l'entreprise afin d'orienter le développement des futures activités, pour que Wix reste leader sur le marché national et international des plateformes en ligne de type SaaS, qui permettent de créer des sites web en HTML5 et leurs versions mobiles. Wix compte aujourd'hui plus de 200 millions d'utilisateurs.

LPH : Comment une petite start-up fondée en 2006 est-elle devenue une « licorne » qui emploie 5500 salariés, a des filiales dans 31 points du monde et des revenus de 1,27 milliard de dollars en 2021 ?

Michal Rechter : En développant une plateforme qui permet à chacun, indépendamment de ses intentions et de ses compétences en matière de développement et de conception web, de créer et de gérer une présence en ligne professionnelle. Au fil des ans, nous avons poursuivi cette mission en offrant une solution

complète qui répond aux besoins de toute entreprise. En écoutant nos utilisateurs et en améliorant continuellement nos capacités et nos intégrations, nous avons principalement concentré nos ressources de développement de produits sur le progrès de l'expertise de notre plateforme.

À quoi peut-on attribuer ce succès ?

Ce succès est le résultat de notre investissement dans le développement d'une infrastructure adéquate qui répond aux besoins de différents secteurs, notamment la vente au détail, les événements, la restauration, l'hôtellerie, et bien d'autres encore. Il s’explique également par le fait que nous ne cessons d’adapter nos produits pour répondre aux exigences uniques de différents groupes d'utilisateurs. Un autre facteur de réussite très important, c’est que nous restons fidèles à l'offre de base : cela signifie que nous avons une claire compréhension de la mission, de la vision et des valeurs de l'entreprise, et que nous

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Michal Rechter, vice-présidente Data & Business Analytics
© WIX

veillons à ce que les produits et les services reflètent ces idéaux. Une autre clé de notre réussite est que nous communiquons toujours avec nos utilisateurs afin d'adapter nos produits à leurs besoins. Notre succès est lié au leur et nous ne continuerons à croître que si nous servons au mieux leurs intérêts. Ce n’est qu’en évoluant, et en améliorant continuellement nos produits et nos services que l’on peut ainsi suivre les demandes d’un marché en évolution et construire une base de clients fidèles.

Comment Wix est-elle devenue une référence mondiale ?

En s'adaptant aux différentes langues, cultures et demandes du marché. Cela implique d’investir dans des efforts de localisation pour s'assurer que notre plateforme est accessible aux utilisateurs du monde entier, et qu’elle peut prendre en charge plusieurs langues et devises. On ne peut construire de relations solides et augmenter notre notoriété sur de nouveaux marchés qu'en offrant une expérience conviviale et culturellement pertinente à nos clients mondiaux. En restant en même temps concentrés sur notre offre de base, nous construisons ainsi une réputation de qualité, cohérente, essentielle pour se distinguer

sur la scène internationale. De plus, investir dans le marketing et la publicité, construire une identité de marque forte et favoriser une culture d'entreprise positive aide à devenir une marque mondiale convoitée.

Quelle était l'idée derrière la création de cette entreprise ?

Wix a été créée en 2006 par Avishai Abrahami, Nadav Abrahami et Giora Kaplan qui, en essayant de construire un site web qui devait constituer la base d’une autre idée de start-up, ont rapidement découvert que c'était difficile, frustrant et très coûteux. C'est cette expérience qui les a conduits à l'idée de construire une plateforme qui permette à n'importe qui de créer son propre site web, sans compétences en codage ni en design. Depuis 2006, nous sommes devenus leaders de la création de sites web ; nous offrons une plateforme de gestion d'entreprise qui dispose des dernières fonctionnalités et permet de développer son entreprise. Nous continuons à évoluer et à élargir notre offre, avec de nouvelles fonctionnalités et intégrations conçues pour répondre aux besoins changeants de nos utilisateurs et de l'industrie. lll

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DOSSIER
© WIX
« Créez un site Internet dont vous êtes fiers » : page d'accueil de Wix, introduction pour les débutants

lll Quel est le secret de Wix ? D'aucuns disent que ce sont ceux qui y travaillent – vous confirmez ?

Notre équipe est au cœur de tout ce que nous faisons et nous attachons une grande importance à nos employés. Les personnes qui travaillent chez Wix se sentent valorisées, écoutées et respectées – cela fait partie intégrante de notre ADN. Chaque employé est un partenaire dans le succès de l'entreprise, et nous voulons motiver et autonomiser tous nos employés pour construire les meilleurs produits au monde, afin que nos utilisateurs puissent réussir et réaliser leurs rêves.

Comment Wix parvient-elle à rester fidèle à ses valeurs originales en dépit de cette fulgurante ascension ?

Un facteur clé du maintien de nos valeurs est l'engagement de la direction. Les fondateurs de Wix sont restés impliqués dans l'entreprise ; ils ont œuvré à maintenir la vision et les valeurs initiales qui étaient les leurs lorsqu'ils ont créé l'entreprise. Nous sommes convaincus qu'un grand leadership est la clé de notre succès, et la construction d'un grand leadership fait partie de notre engagement envers notre personnel et nos utilisateurs. À cette fin, nous The Wix Way , pour partager notre philosophie et notre méthodologie de leadership, et soutenir les managers dans

L'entreprise accorde une grande importance à ses équipes et investit dans la création d'un environnement de travail positif. Cela comprend la promotion d'une culture de transparence, d'ouverture et de collaboration, ainsi que l'offre d'une gamme d'avantages pour que les employés soient heureux et motivés. Nous les encourageons à apprendre des échecs et à les utiliser comme des occasions de croissance et d'amélioration.

Comment Wix s'adapte-t-elle aux développements de l'industrie technologique ?

Depuis le lancement de Wix en 2006, l'industrie des sites web a évolué, apportant avec elle de nouveaux

défis à relever. L'entreprise a connu des changements significatifs à mesure qu'elle a grandi pour répondre aux besoins et aux exigences du marché, passant notamment de Flash à HTML, ajoutant de nouvelles verticales pour répondre aux besoins des utilisateurs, et créant le marché des applications Wix pour offrir à nos utilisateurs les produits et les intégrations dont ils ont besoin pour alimenter leurs sites et gérer efficacement leurs entreprises. Un nouveau défi pour l'industrie des sites web est la tendance des utilisateurs à vouloir utiliser des plateformes plus ouvertes, offrant plus de flexibilité et d'options. Chez Wix, nous élargissons constamment notre gamme de produits pour offrir plus de contrôle et de personnalisation aux développeurs web professionnels, afin qu'ils puissent créer des projets plus complexes à l'aide du code.

Comment Wix mesure-t-elle son succès et quels objectifs l'entreprise se fixe-t-elle ?

Nous mesurons notre succès à l’aune de plusieurs indicateurs, comme la satisfaction des utilisateurs, la croissance des revenus et la part de marché, et nous nous efforçons de tout faire de manière efficace et efficiente. La satisfaction des utilisateurs est une priorité absolue chez Wix, et nous échangeons régulièrement avec eux pour recueillir des commentaires sur la façon dont nous pouvons améliorer la plateforme.

Nous constatons une tendance chez les utilisateurs à chercher des plateformes plus ouvertes et flexibles, et nous nous engageons à répondre à ces besoins. Nous prévoyons aussi de continuer à élargir notre plateforme pour fournir des solutions autonomes facilement intégrables à d'autres systèmes, et pour répondre aux attentes et aux préférences de nos utilisateurs.

En outre, nous poursuivrons nos efforts pour étendre notre portée mondiale et offrir des versions localisées de la plateforme, afin de toucher de nouveaux marchés et de répondre aux besoins d'une gamme de plus en plus diversifiée d'utilisateurs. n

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Notre succès est lié à celui de nos clients, et nous ne continuerons à croître que si nous servons au mieux leurs intérêts tout en restant fidèles à l'ADN de l'entreprise.

À quel prix ?

En Israël, l'avancée de la haute technologie, indéniablement impressionnante, est une source de fierté nationale. Le pays est devenu un centre mondial d'innovation technologique. Cette réussite a attiré l'attention de toute la planète, avec de nombreux investissements étrangers dans l'économie, stimulant ainsi la croissance, l'emploi et l'exportation de produits technologiques. Les progrès de la high-tech nous permettent de réaliser des choses incroyables et de résoudre des problèmes qui semblaient insolubles auparavant.

Mais tout cela, à quel prix ?

L'accent mis sur la haute technologie en Israël n'est-il pas pas au détriment d'autres domaines, en particulier l'éducation, confrontée à une surpopulation des salles de classe, des budgets insuffisants et une pénurie d'enseignants qualifiés ? Alors que les avancées technologiques se multiplient à un rythme effréné, nous pouvons nous demander si suffisamment de ressources sont consacrées à l'école, pourtant si essentielle pour former les esprits critiques et créatifs dont nous avons besoin si nous voulons continuer à innover et à avancer. D'ailleurs, le professeur Zvi Marom affirme lui-même que le système éducatif a besoin d’une urgente et profonde réforme.

D'autres domaines nécessitent aussi notre attention, en particulier celui de la santé. Israël a un

consacre autant de ressources et d'attention.

nombre de lits d'hôpitaux par habitant inférieur à la moyenne de l'OCDE – 2,2 contre 3,4 – et fait face à une pénurie de personnel médical qualifié, et ce, alors que les technologies médicales se développent et se multiplient. Et que dire de l’environnement ?… De plus, bien que la haute technologie soit une source de richesses pour certains, elle contribue à creuser des écarts économiques et sociaux. La concentration du secteur dans certaines régions d'Israël favorise les disparités économiques et géographiques, avec des régions laissées pour compte – sans compter que l'industrie technologique de pointe offrant des salaires élevés, voire très élevés, à des travailleurs qualifiés, il s’ensuit une tendance à la hausse du coût de la vie. Par exemple, la majorité des propriétaires immobiliers à Tel Aviv évoluent dans le secteur de la high-tech et vivent dans une prospérité de laquelle sont exclus de nombreux citoyens. À cela s’ajoute le fait que certaines start-ups, une fois cotées en bourse, vendent leurs technologies au-delà des frontières d'Israël, ce qui ne profite pas au marché de l’emploi local.

Il faut donc s'assurer que l'essentiel ne soit pas sacrifié sur l'autel du moins essentiel, voire du superficiel, et utiliser la technologie de manière responsable et éthique, en veillant à ce qu'elle ne serve pas à exploiter et opprimer certaines catégories de la population ni à creuser des écarts socioéconomiques.

La high-tech est indéniablement une force positive pour le progrès humain ainsi que pour l'image et la place d'Israël sur la scène internationale, mais il faut garder à l'esprit que d'autres secteurs auraient bien besoin qu'on leur consacre autant de ressources et d'attention. n

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La high-tech est une force positive pour le progrès humain mais d'autres secteurs auraient bien besoin qu'on leur

Réussir pour revivre

Avant Yom HaSahoah, qui aura lieu le 17 avril au soir et le 18 avril prochains, nous avons voulu présenter à nos lecteurs une passionnante enquête réalisée par la talentueuse chercheuse et écrivaine Françoise Ouzan dans un ouvrage qui retrace une série de parcours individuels de jeunes survivants de la Shoah en France, aux États-Unis et en Israël. Dans une démarche presque iconoclaste, l’historienne nous raconte comment ils ont décidé de réussir pour revivre. Rencontre.

LPH : Quelle a été la motivation de la démarche originale qui a conduit à la naissance de ce livre ?

Françoise Ouzan : Cette enquête dans trois pays – qui a d’abord été publiée aux États-Unis, où elle a été bien accueillie à la fois par les psychologues travaillant sur la Shoah et par les universitaires historiens –était un challenge. En effet, ce livre se détache de la perspective uniquement victimaire des survivants de la Shoah. Or parler de réussite pour des survivants de la Shoah est très délicat.

Au départ, l’énigme de la réussite de ces survivants en dépit des traumatismes objectivement insurmontables qu’ils ont subis est ce qui m’a moi-même intriguée. J’ai voulu comprendre, puis faire comprendre, comment ceux qui étaient parvenus à se reconstruire ou à vivre apparemment « normalement » ont pu recouvrer leur dignité tout en réussissant dans leurs engagements sociétaux. J’ai été frappée par leur sens des responsabilités, en tant que survivants, face au négationnisme. J’ai peu insisté sur leurs douloureuses expériences car je ne voulais pas les faire souffrir de nouveau. J’ai plutôt choisi de mettre l’accent sur les éléments qui faisaient apparaître une lumière dans leurs yeux,

un sourire sur leur visage – par exemple, leur fierté professionnelle, ou l’évocation de leurs enfants et petits-enfants, et la réussite de ces derniers. Je tiens à préciser que je me suis penchée sur un très large groupe de survivants : des rescapés des camps de concentration et d’extermination, des enfants cachés, des partisans, des personnes déplacées.

Quel est le message que vous souhaitez transmettre à travers ce livre ?

C’est une réflexion sur la pérennité du peuple juif. Ce livre est également profondément empreint des valeurs du judaïsme ; et c’est peut-être par la voix des survivants de la Shoah, qu’ils soient pratiquants ou non, qu’elles sont particulièrement bien exposées. Parmi ces valeurs : la solidarité, bien sûr, mais au-delà, l’espoir. L’espoir, finalement, constitue l’ADN de la philosophie juive : l’espoir, c’est choisir la vie. Le peuple juif est un peuple qui éprouve de l’empathie pour autrui et qui choisit la vie, qui donne un sens à la vie. Les parcours que j’analyse dans ce livre – parmi lesquels, ceux de Simone Weil, Georges Perec, Samuel Pisar, Aharon Appelfeld, Elie Wiesel, Serge Klarsfeld ou Boris Cyrulnik – illustrent cette incroyable alchimie propre au peuple juif.

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MÉMOIRE
© DR

L’une de vos expertises porte sur les camps de personnes déplacées dans lesquels des survivants ont parfois passé plusieurs années après leur libération – une période chaotique, encore trop méconnue, quelquefois tragique pour les rescapés des atrocités nazies. Et actuellement, vos recherches portent sur l’histoire des soldats américains juifs présents au sein des troupes qui ont découvert les premiers camps de concentration. Vous vous êtes également beaucoup intéressée à la manière dont l’Amérique a accueilli, souvent mal, les rescapés de la Shoah victimes d’antisémitisme. L’après-Shoah semble vous obséder. Pourquoi ?

Selon un historien américain, l’histoire des personnes déplacées est le dernier chapitre de la Shoah. D’une manière plus générale, il est vrai que les années qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale m’interpellent car les Juifs y ont été victimes d’énormément d’injustices. Un certain nombre de survivants pensaient qu’après tout ce qu’ils avaient vécu, le monde allait changer, qu’ils seraient compris, que l’on réaliserait à quoi l’exclusion pouvait mener, qu’il y aurait davantage d’empathie – mais non. Et tout cela a été occulté. J’ai donc à cœur de faire la lumière sur cet épisode de l’histoire.

Dans un registre plus actuel, mais qui relève également de votre spécialité, qu’en est-il de l’antisémitisme aux États-Unis, puisqu’il faut bien, hélas, le nommer ainsi ?

En effet, l’antisémitisme aux États-Unis réapparaît de manière virulente ces derniers temps, et c’est effrayant*. Mais il remonte à très loin dans l’histoire américaine. J’en parle dans mon livre Histoire des Américains juifs. De la marge à l’influence, où je retrace l’évolution qui a vu passer les Juifs de la quasiexclusion dans de nombreux domaines à l’influence dont Hollywood fut le fer de lance.

L’attentat meurtrier de Pittsburgh en 2018 a concrétisé cet antisémitisme latent, lequel s’est incroyablement décomplexé avec les réseaux sociaux. Les courtes vidéos de Kanye West, par exemple, réhabilitent l’antisémitisme sous couvert de fines piques, drainant dans leur sillage de nombreux autres Noirs américains et des personnalités du show business. C’est un phénomène nouveau.

Les sermons de Louis Farrakhan contre les « Juifs de Satan » ont un succès grandissant, Les Protocoles des Sages de Sion circulent librement ; et chaque jour des Juifs, orthodoxes en particulier, sont agressés, frappés et harcelés, sans que cela soit rapporté par les médias. Il ne faut pas oublier qu’en vertu du premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression, on a le droit de tout dire, ou presque.

Tout évolue très rapidement, l’inquiétude des Juifs américains s’accroît, ainsi que la nôtre… n

* Un rapport publié en janvier 2023 par l'Anti-Defamation League montre que l'antisémitisme gangrène de plus en plus la société américaine. 85 % des Américains adhèrent désormais à au moins un trope antijuif (contre 61 % en 2019), tandis que 20 % adhèrent à six tropes ou plus (contre 11 % en 2019).

Agrégée d’anglais et docteure en histoire de l’Université Paris I-Sorbonne, Françoise Ouzan, directrice de recherches au Diaspora Research Center de l'Université de Tel Aviv, est l’auteure de nombreux ouvrages en français et en anglais sur la Deuxième Guerre mondiale, l'après-guerre et le judaïsme américain.

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Microbiote intestinal, la clef pour une meilleure santé

Le microbiote intestinal est l’ensemble des microorganismes vivant dans nos intestins, bactéries principalement, virus, parasites et champignons : 100 000 milliards d’organismes, soit 2 kg !

L’étude de notre microbiote intestinal remonte au début du XXe siècle, grâce à Ilya Ilitch Metchnikov, francisé en Élie Metchnikoff, prix Nobel de médecine en 1908 pour ses travaux sur l’immunité. Il a été l’un des premiers scientifiques à s’intéresser au microbiote et aux probiotiques, c’est-à-dire les bactéries ayant un effet bénéfique sur la santé. Depuis 2006, grâce aux progrès de la science et de la technologie, les scientifiques commencent à décoder le génome bactérien de notre microbiote. Ils découvrent et analysent les propriétés de nombreuses bactéries, et ils mettent en lumière leur rôle dans la digestion, leurs diverses fonctions métaboliques et leur action sur les défenses immunitaires.

Ces études conduisent à deux grandes découvertes : – Chaque individu a un microbiote qui lui est propre. – Le microbiote des personnes malades est appauvri et faiblement diversifié.

Les chercheurs tentent aujourd’hui de comprendre les liens entre le déséquilibre du microbiote, nommé dysbiose, et certaines pathologies, en particulier les maladies auto-immunes et inflammatoires.

Le processus

La paroi intestinale joue un rôle de barrière entre le tube digestif et le système sanguin. Les bons nutriments rentrent dans le système sanguin et les toxines sont éliminées : on parle alors d’imperméabilité intestinale.

La baisse de la qualité du microbiote, ou dysbiose, déclenche une inflammation locale qui endommage l’imperméabilité intestinale : la paroi intestinale laisse alors passer les toxines dans la circulation sanguine et à la longue, cette perméabilité intestinale déclenche des phénomènes inflammatoires à différents niveaux.

Ce processus est la base de toutes les maladies

chroniques : surpoids, résistance à l’insuline, maladies auto-immunes, cancers… (voir graphique ci-contre)

Les intestins contiennent également environ 200 millions de neurones, ce qui en fait notre « deuxième cerveau ». Il existe un axe de communication biochimique à double sens entre les intestins et le cerveau, et notre cerveau est directement impacté par notre microbiote.

Chez les séniors

Les études montrent une relation entre un microbiote pauvre ou déséquilibré et :

l la perturbation de l’axe intestin-cerveau à l’origine d’un déclin cognitif

l la maladie d’Alzheimer

l un faible score aux tests cognitifs

l un risque de dépression

l une tension artérielle élevée

l une fragilité physique

l l’insomnie

Vous l’avez compris : pour préserver notre santé physique et mentale ainsi qu’un système immunitaire performant, nous devons chouchouter notre microbiote.

Facteurs négatifs favorisant la dysbiose

l la cigarette

l la consommation régulière d’alcool

l les produits industriels, ultratransformés et raffinés

l le sucre, à raison de plus de 20 grammes par jour – on y arrive vite !

l les édulcorants

l les additifs alimentaires, conservateurs, colorants, émulsifiants, stabilisateurs…

l la consommation régulière de viande rouge ou/et de charcuterie

l le gluten

l les médicaments et particulièrement les antibiotiques

l la sédentarité

l le stress chronique

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FAIBLESSE DE L'ORGANISME ENTIER VIEILLISSEMENT

Pour améliorer notre microbiote :

Consommer plus de :

l légumes et fruits frais

l aliments fermentés, légumes fermentés, yaourts de chèvre ou de brebis les plus naturels possible

l fruits rouges, chocolat noir, huile d’olive, thé vert pour les polyphénols

l oléagineux, légumineuses, quinoa

l cannelle et curcuma

l céréales complètes

Et aussi :

l avoir une vie active et pratiquer régulièrement des activités physiques

l gérer le stress au quotidien

De même que le microbiote diffère d’un individu à l’autre, ainsi en va-t-il de la sensibilité de notre microbiote par rapport à certains aliments.

Il est donc recommandé de tester nous-mêmes les aliments par rapport à notre confort ou nos troubles digestifs (impression de lourdeur, gaz, nausées…). Il faut procéder par éviction de manière systématique, en testant un aliment à la fois et en enlevant l’aliment suspect de notre alimentation pendant environ trois

semaines : si nous en ressentons une amélioration, alors il faut arrêter de le consommer pendant quelques mois. Par la suite, on peut essayer de le réintroduire à petites doses afin de connaître notre seuil d’intolérance. L’équilibre du microbiote est crucial pour notre santé, et notre comportement au quotidien en est le garant… ou non ! n

ET LES MATZOT ?

l Globalement, elles sont meilleures que le pain du supermarché car elles ne contiennent aucun additif chimique.

l Il faut préférer les matzot complètes à l’épeautre, et bio si possible.

l N’oubliez pas de bien boire et de manger davantage de crudités pour éviter la constipation.

'HAG SAMEA'H !

Coach sportif & santé et conférencière Diplômée de l’Institut Wingate Contactez-moi pour intégrer mon groupe WhatsApp « Conseils santé séniors »

Tél. : 050-6592160

judith.haddok@gmail.com

27 LPH N° 996
SANTÉ
DYSBIOSE SÉNÉSCENCE INFLAMMATION

La quatrième habitude des gens efficaces : le compte bancaire émotionnel

« Pensez gagnant-gagnant »

Dans la quatrième des 7 habitudes des gens efficaces , Stephen Covey expose les différentes formes de « transactions » possibles – gagnant/perdant, perdant/gagnant, perdant/perdant, et la seule interaction positive qui peut apporter satisfaction : gagnant/gagnant, fondée sur la coopération. Cela signifie qu’il faut trouver des moyens d’établir des relations d’interdépendance mutuellement bénéfiques pour toutes les parties en jeu.

Imaginez-vous un pommier dont les pommes sont trop éloignées pour que vous puissiez les cueillir.

Vous ferez alors appel à un ami pour vous aider et ensuite vous partagerez avec lui les gains de la vente des fruits : chacun de vous deux est gagnant-gagnant. Ainsi en va-t-il de tout projet : si vous ne pouvez pas le réaliser seul, faites appel à vos amis ou vos collègues, et chacun en sera gagnant-gagnant.

Penser gagnant-gagnant implique une mentalité d’abondance, une vision du monde où il y a beaucoup plus de « succès » pour tous et qui reconnaît des possibilités illimitées de croissance et de développement positif. À l’inverse, la mentalité de rareté vous mènera à jouer un jeu à somme nulle, où

28 LPH N° 996 CONSCIENCE
HAGIT BIALISTOKY
PAR

« si tu l’as, moi je ne l’ai pas ». Deux personnes qui gagnent peu sont préférables à une personne qui gagne beaucoup et l’autre pas du tout. Afin d’illustrer les relations avec autrui, et l’équilibre entre la production et la capacité de production, Stephen Covey emploie une formidable métaphore qui décrit le degré de sécurité que l’on éprouve en présence d’une autre personne : il s’agit du « compte bancaire émotionnel », fondé sur le même principe que le compte bancaire réel, mais appliqué à nos relations. Comme dans un compte bancaire ordinaire, lorsque notre solde est élevé, nous nous sentons plus en sécurité. Au contraire, lorsque le solde diminue et qu’il est minime, l’inquiétude nous gagne ; et lorsque nous sommes à découvert, dans le négatif, il y a danger ! Par conséquent, il faut alimenter son compte bancaire émotionnel : faire preuve d’amabilité, avoir bon cœur, être intègre, tenir ses engagements, clarifier les attentes, présenter des excuses sincères lorsqu’on fait un retrait… Dans ces conditions, la confiance s’instaure ; et même si l’on fait des erreurs, elles sont compensées par cette réserve émotionnelle. Inversement, se moquer de l’autre, être méchant envers lui, avoir des réactions disproportionnées, se montrer indifférent, le menacer ou s’enorgueillir sont autant de retraits sur le compte bancaire émotionnel ! Les couples qui durent sont ceux qui maintiennent leur compte joint en équilibre et les couples qui finissent par se séparer sont souvent à découvert. Les manifestations d’amour peuvent prendre diverses formes, allant d’un mot d’encouragement avant une réunion à un repas cuisiné, un petit cadeau ou juste un temps d’échange, une balade à deux… Par ailleurs, les petits dépôts quotidiens sur le compte joint, comme demander à son ou sa partenaire comment sa journée s’est passée, ont beaucoup plus d’impact que les grandes déclarations ou les manifestations d’amour occasionnelles. La métaphore du compte bancaire émotionnel invite non pas à s’offrir des cadeaux hors de prix ou à organiser un grand voyage

en amoureux à l’autre bout du monde, mais plutôt à nourrir de manière volontaire la relation au quotidien à travers de petits gestes qui comptent beaucoup. Il s’agit de ne jamais tenir la relation pour acquise. Le gros problème du compte bancaire émotionnel est que les crédits et les débits n’ont pas la même valeur : il faut cinq interactions positives pour contrebalancer une interaction négative. Et c’est précisément les relations qui ont le plus grand potentiel de satisfactions, de bonheur et de réalisations qui nécessitent des dépôts constants et des investissements réguliers. Êtes-vous affectivement riche ou au bord du gouffre ? Comme en matière d’argent, il ne faut pas attendre d’être riche pour faire des dépôts. C’est en faisant des dépôts que l’on s’enrichit. n

Hagit Bialistoky – Coach de vie et thérapie émotionnelle

Contactez-moi pour intégrer mon groupe WhatsApp « Restez motivée »

Tél. : 050-7524670

Hagit.bialistoky@gmail.com

29 LPH N° 996
CONSCIENCE
La métaphore du compte bancaire émotionnel invite à nourrir de manière volontaire la relation au quotidien à travers de petits gestes qui comptent beaucoup.

Être franc-maçon en Israël

Tout ce que vous souhaitiez savoir sans oser le demander

La Grande Loge Jérusalem (G.L.J.) est une obédience israélienne regroupant neuf loges au total, dont la loge maçonnique francophone Bereshit. La franc-maçonnerie étant souvent nimbée de mystères, ce qui suscite divers a priori, nous avons décidé de lever le tabou en

LPH : Pouvez-vous tout d’abord nous expliquer ce qu’est un franc-maçon ?

Michel, représentant de la loge Bereshit : Est francmaçon toute personne qui a été initiée au sein d’une loge maçonnique et qui travaille à son amélioration dans des domaines d’ordre philosophique, spirituel et social. C’est à partir de ses travaux en loge que chaque franc-maçon progresse sur les voies de la connaissance, pour lui-même et pour l’amélioration de la société.

À partir de symboles, les francs-maçons mènent des études qui touchent à la philosophie, à l’histoire, à l’architecture, aux sciences humaines et plus encore…

Qu’est-ce qui caractérise la Grande Loge Jérusalem ?

La Grande Loge Jérusalem (G.L.J.) est une obédience israélienne qui accueille dans ses loges des hommes de toutes origines, de toutes croyances et de toutes sensibilités, tant sur le plan politique que philosophique. Neuf loges la composent, dont certaines poursuivent leurs travaux dans la langue maternelle de leurs membres. Ainsi, parmi ces loges, figurent une loge russophone et, bien entendu, notre loge Bereshit qui est francophone et qui, de ce fait, travaille en français.

Comme la plupart des obédiences maçonniques dans le monde, la Grande Loge Jérusalem exclut les fondamentalismes, les dogmatismes, les extrémismes et les intégrismes de tout ordre, ainsi que l’ensemble des dérives sectaires. Chaque membre de la Grande Loge Jérusalem est libre de participer à titre privé à la vie publique, politique ou associative, ou d’assumer un engagement religieux, tant qu’il reste fidèle aux

principes fondamentaux de liberté et de respect d’autrui. La Grande Loge Jérusalem ne prend aucune position dans les débats politiques ou religieux, car ces débats sont sources de division, ce qui va à l’encontre de la recherche d’unité que prônent les francs-maçons. Les valeurs premières de la Grande Loge de Jérusalem sont : « Liberté, Égalité, Fraternité, Éducation, Justice, Charité et Vérité ». Participent à nos travaux les hommes qui peuvent porter ces valeurs et qui souhaitent s’améliorer en les travaillant. La devise de la G.L.J. est : « Sapere aude », une locution latine qui signifie « Ose savoir » et qui, à elle seule, est porteuse de valeurs fondamentales. Ses membres participent très souvent à des événements caritatifs et nombreux sont ceux qui donnent de leur temps bénévolement.

La Grande Loge Jérusalem est-elle une association indépendante ?

Oui, la G.L.J. est totalement indépendante. Elle n’est liée à aucun parti politique, à aucun gouvernement ni à aucun syndicat, et elle se refuse à intervenir dans les décisions des acteurs politiques et sociaux. Elle est indépendante financièrement et ne vit que des cotisations de ses membres. Ceux-ci sont d’ailleurs de toutes origines sociales : intellectuels ou autodidactes, cadres d’entreprises ou ouvriers, travailleurs appartenant au secteur public ou privé, musiciens, sportifs… – bref, un panel représentatif de la société israélienne. Mais si la Grande Loge Jérusalem se veut apolitique, ses membres doivent néanmoins soutenir leur nation et leur drapeau.

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donnant la parole à un responsable de la loge Bereshit à qui nous avons posé toutes les questions, absolument toutes…

Peut-on être juif et franc-maçon ?

Ma réponse est sans équivoque : oui. Il n’y a même aucune contradiction entre l’adhésion à la Grande Loge Jérusalem et la stricte observance des pratiques du judaïsme. D’ailleurs, un des principaux symboles qui inspirent les francs-maçons dans leurs réflexions est le Temple du roi Salomon. À ce sujet, il faut préciser qu’en Diaspora, nombre de Juifs pratiquants sont francs-maçons, et qu’il existe également une tradition maçonnique en Israël où la franc-maçonnerie, qui s’y est épanouie dès la fin du XIXe siècle, est relativement bien implantée dans la population, avec plusieurs milliers de francs-maçons. À la G.L.J., de nombreux francs-maçons sont des pratiquants respectueux des règles de la tradition juive. Tous ont leur place dans notre assemblée.

Quelle est la spécificité de la loge Bereshit ?

Tout d’abord, Bereshit est une loge hiérosolymitaine, ce qui, en soi, est porteur de symboles forts. Nous nous réunissons une fois par mois, le deuxième jeudi de chaque mois, dans le centre de Jérusalem, pour effectuer nos travaux en commun. Les membres de la loge Bereshit sont des hommes d'origines et de milieux divers en quête de fraternité – une des vertus cardinales cultivées par les francs-maçons qui d’ailleurs, entre eux, se nomment « frères ». Le lien fraternel qui nous unit est fondé sur des rapports amicaux mais également sur une forme de fusion intellectuelle conséquente à nos échanges d’idées continus. Les francs-maçons travaillent à s'améliorer et améliorer leur environnement. Ce faisant, ils se mettent tous sur le même plan, sans fauxsemblants et sans peur d'être jugés. Ils aspirent à être exemplaires en étant justes, honnêtes, aimants, tolérants, empathiques et respectueux d’autrui. C’est cette fraternité et ce partage qui participent, dans une écoute réciproque, à une réelle et sincère ouverture d’esprit. Chacun, en pleine conscience et communion, prend la mesure de soi, de l’autre et du groupe. Comme l’impose la tradition maçonnique, je dirais que toute personne qui souhaite adhérer à la loge Bereshit doit être un homme libre et de bonnes mœurs.

Vrai ou faux ?

On entend dire beaucoup de choses sur les francs-maçons. Par exemple…

Il paraît que la franc-maçonnerie est une société secrète

C’est loin de la réalité. On peut voir des symboles maçonniques sur des bâtiments dans de nombreuses villes en Israël et partout dans le monde où il y a une

présence maçonnique. Les loges sont connues des autorités administratives qui peuvent les contrôler quand elles le désirent. La franc-maçonnerie n’est pas une organisation secrète mais une organisation dont les membres ont des secrets. En premier lieu, nul n’est autorisé à dévoiler l’appartenance de quelqu’un à la franc-maçonnerie sans son accord. Nous nous reconnaissons par des signes et nos rassemblements – appelés « tenues » – ne sont pas ouverts au public. Mais des annonces de rassemblement de loge sont diffusées dans le monde sur les réseaux sociaux, dans la presse, à la télévision et à la radio ; et parfois, certaines réunions peuvent se dérouler avec un public non initié. Nous avons des méthodes de formation qui utilisent des symboles et des allégories au moyen desquels les francs-maçons sont guidés sur la voie du bon voisinage, du patriotisme, de la charité, d’une part, et des études, d’autre part : histoire, philosophie, humanisme, architecture et plus encore. l l l

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Nous respectons l’État d’Israël et son drapeau sous lequel nous nous réunissons.

l l l La politique n’entre pas dans notre travail et nos discussions, mais nous participons à des actions caritatives et à des entreprises communautaires.

Il paraît que les francs-maçons ne construisent rien !

La franc-maçonnerie s’est constituée sur le modèle des ouvriers bâtisseurs de cathédrales. Mais en ce qui nous concerne, nous sommes des bâtisseurs « conceptuels », d’où l’appellation de francs-maçons « spéculatifs » (et non « opératifs »). L’organisation du travail qui s’applique en maçonnerie spéculative est la même que dans la maçonnerie opérative, avec des Apprentis, des Compagnons et des Maîtres.

Il paraît que la franc-maçonnerie est réservée aux hommes

C’est faux. Certes, à son origine, la franc-maçonnerie était réservée aux hommes : la Grande Loge de Londres, constituée en 1717, était exclusivement masculine. C’est vers 1730 que la franc-maçonnerie a fait son apparition en France, où la mixité n’était pas inhabituelle. La franc-maçonnerie exclusivement féminine, quant à elle, est apparue vers 1761, date à laquelle a été créée la Grande Loge Féminine de France (G.L.F.F.). Puis, une maçonnerie mixte a vu le jour avec l’obédience du Droit Humain, pensée et conçue par Maria Deraismes et Georges Martin qui tous deux, entre 1890 et 1893, ont créé la première

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Un des principaux symboles qui inspirent les francs-maçons dans leurs réflexions est le Temple du roi Salomon.

loge du Droit Humain. La Grande Loge de France est exclusivement masculine et le Grand Orient, qui était exclusivement masculin, a depuis une vingtaine d’années quelques loges mixtes. Donc si notre loge Bereshit est exclusivement masculine, comme toutes les loges de l’obédience de la Grande Loge Jérusalem, nombreuses sont par ailleurs les loges exclusivement féminines ou mixtes.

Il paraît que la franc-maçonnerie est une secte ou une religion

C’est faux. Nous sommes des hommes libres, donc libres de croire ou de ne pas croire ; et tout franc-maçon peut quitter l’organisation quand il le souhaite pour rejoindre le monde profane. Il existe différents rituels en franc-maçonnerie, dont le plus courant est le Rituel Écossais Ancien et Accepté (R.E.A.A.). Dans ce rituel, les francs-maçons travaillent « à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers » (G.A.D.L.U.), et chacun d'entre eux peut interpréter ce principe selon sa conscience : on peut y mettre le Principe Créateur ou un principe universel. La franc-maçonnerie réunit des hommes de toutes origines et de toutes croyances, aussi bien que des non-croyants, de même qu’on y trouve des hommes exerçant toutes sortes de métiers, depuis l’artisan charcutier jusqu’au chef d’entreprise. Nous sommes tous au même niveau, motivés par la même démarche de nous améliorer et, ainsi, d’agir sur notre entourage. Selon l’usage de la loge et le souhait de chacun, les francs-maçons peuvent prêter serment sur le 'Houmach, sur le Nouveau Testament ou sur le Coran.

Il paraît que seuls les riches peuvent entrer en franc-maçonnerie

C’est faux. La « fortune » du profane ne nous intéresse pas ; ce n’est pas notre affaire. Il est vrai que le profane qui demande à entrer en franc-maçonnerie aura une cotisation à régler chaque année, comme chaque membre de la loge, et qu’il prend l’engagement de s’acquitter de sa cotisation pendant les trois premières années. Les cotisations nous permettent de financer la location de notre lieu de rencontre, de partager les repas pris en commun et de participer à des actions caritatives. Mais le montant de la cotisation ne dépassera jamais le coût d’une adhésion à une association comme le Rotary International ou le Lions Clubs.

Il paraît que la franc-maçonnerie demande qu’on lui consacre beaucoup de temps

Il y a une obligation de présence à nos tenues, une fois par mois. Cela fait partie, dès le début, de l’engagement du profane : il sait que le même jour de chaque mois,

il devra être disponible pour cette tenue. Selon la demande de son « instructeur », il doit également pouvoir assister à une réunion de travail un autre jour du mois. En somme, donc : deux jours par mois et du temps de travail à la maison. Il faut comprendre que la franc-maçonnerie a pour objectif l’amélioration de l’homme, et rien ne se fait sans investissement dans le travail. Mais nous faisons tout cela avec joie et dans la bonne humeur, car les progrès sont certains.

Il paraît que les francs-maçons se livrent à des activités clandestines ou antisociales… C’est faux. Comme je vous l’ai dit, la franc-maçonnerie est une association déclarée qui est connue et reconnue. Nous prêtons allégeance au gouvernement du pays où nous nous trouvons, et ici en Israël nous travaillons avec la présence du drapeau bleu et blanc dans notre temple. Nos serments sont conformes aux lois de la morale et de l’État. n

Pour un premier contact, nous écrire sur le mail suivant : secretariatbereshit@benoualid.org

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Dix ans d’exonération fiscale pour les nouveaux immigrants ?

Quelles sont les conditions ?

Israël est une terre d’accueil et de compromis pour l’intégration de milliers de nouveaux immigrants. C’est le pari que s’est fixé cette nation. Une législation bien spécifique concernant les binationaux est régulièrement mise à jour, par exemple dans la convention fiscale France-Israël. En matière de fiscalité, les nouveaux immigrants bénéficient également de certains avantages. Encore faut-il les connaître !

C’est initialement dans le but de favoriser l’immigration des Juifs en Israël que, dans la loi du 1er janvier 2007, les législateurs ont accordé, sous certaines conditions, une exonération fiscale de dix ans, à compter de la date d’ aux nouveaux immigrants percevant des revenus à l’étranger. Ainsi, pour ces revenus, il ne leur est pas nécessaire de faire de déclarations fiscales.

Quels sont les revenus exonérés d’impôt ?

Il n’en existe pas une liste exhaustive, mais on peut estimer que cela comprend les revenus provenant des dividendes d’une société étrangère, les revenus locatifs de biens immobiliers situés à l’étranger, les intérêts reçus d’institutions financières à l’étranger, les pensions et retraites perçues de l’étranger, les plus-

values sur la vente d’actions étrangères, de biens immobiliers ou d’autres actifs et investissements, ou encore les revenus gagnés pour des prestations de services pendant que l’olé 'hadach était à l’étranger.

Êtes-vous concerné par ces exonérations d’impôt ?

La règle de l’exonération fiscale s’applique à toute personne ayant fait son Alya après le 1er janvier 2007. Notez cependant que dans les cas suivants, même si vous avez fait Alya avant le 1er janvier 2007, vous bénéficiez de cet avantage : cinq ans d’exonération si vous avez perçu des revenus « passifs » (intérêts, dividendes, pensions, droits d’auteur, revenus locatifs perçus sur des biens immobiliers situés à l’étranger…), quatre ans d’exonération si vous avez perçu des revenus issus d’une activité à l’étranger au moins cinq ans avant Alya, dix ans d’exonération sur les plus-values réalisées sur la vente de biens et d’investissements étrangers achetés avant la date

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À partir de quand cette période de dix ans court-elle ? Y a-t-il des exceptions et des façons de « contourner » cette loi dans certains cas ?

La règle est que vous êtes nouvel immigrant depuis le jour où vous recevez votre téoudat olé : à partir de cette date, le ministère de l’Alya et de l’Intégration transmet votre dossier à l’administration fiscale israélienne et vos droits commencent à courir. Or, quid des personnes qui, bien qu’ayant fait leur Alya et ayant donc automatiquement obtenu leur téoudat olé, ne vivent pas de manière continue en Israël ? Peuvent-ils bénéficier de cet avantage fiscal ? Comme souvent, les législateurs ont prévu des aménagements, et dans ce cas il existe une procédure qui s’appelle le « massloul yarok ». Ce « massloul yarok » est à revendiquer si, bien qu’étant israélien, vous justifiez ne pas vivre de manière continue en Israël, et que vous voulez ainsi repousser la limite de cette période des dix ans de présence en

Israël. Sachez qu’un certain nombre de questions vous seront alors posées par l’administration fiscale israélienne et qu’un dossier devra être constitué pour établir votre demande. Dans ce cas de figure, il est fortement recommandé de faire appel à des professionnels qui vous accompagneront dans l’établissement de votre dossier auprès des autorités fiscales israéliennes. n

POUR EN SAVOIR PLUS

Sur la convention fiscale France-Israël : https://natco-consulting.com/fiscalite-israelienne/ convention-fiscale-france-israel/ Sur le « massloul yarok » : https://natco-consulting.com/ fiscalite-israelienne/alya-israel-masloul-yarok-le-circuit-vert/

35 LPH N° 996 BON À SAVOIR Natco Consulting – Cabinet Expert-comptable Israël 31 boulevard Rothschild, Tel Aviv Tél. : 03-9446635 Email : contact@natcoconsulting.com

Cause animale : « un phare dans la nuit »

Yonatan Laïk, le délégué national de l’association Israel Against Live Shipments, mène ses troupes sur la Tayelet de Tel Aviv. Sous sa bienveillante direction, une vingtaine de militants en gilets jaunes coupent en deux la promenade du bord de mer, brandissant des affiches, des banderoles et des photos choc. L’IALS dénonce la cruauté envers les animaux et le saccage de l’environnement résultant du transport d'animaux vivants, et ses revendications reçoivent un écho favorable à Tel Aviv. Après la manifestation sur la Tayelet, les militants se déplacent et poursuivent l’action devant un restaurant de burgers, jusque tard dans la nuit.

Yonatan est parti. Il saute d’un bus à l’autre, d’un bus à un train, puis prend un taxi en direction de l’un des trois ports de Haïfa. Une halte dans un restaurant végan lui permet d’avaler un repas à la hâte en discutant avec le restaurateur, un activiste lui aussi. Leur conversation tourne autour du transport des veaux et des agneaux qui arrivent en Israël « après avoir subi des supplices indignes ». Les

animaux en provenance d’Europe ont voyagé entre cinq et dix jours ; ceux qui viennent d’Australie, parfois trois semaines. Selon Yonatan, certains animaux morts pendant le voyage ont été retrouvés sur les plages, jetés par-dessus bord en pleine mer. Ces pratiques favorisent la propagation de maladies, et elles affectent la faune et la flore marines.

Face à l’entrée d’un des ports, Yonatan brave la pluie, le vent et le froid pour rejoindre Yaron Lapidot,

cofondateur, avec Yael Gabbay, de l’association Israel Against Live Shipments. Depuis 2014, l’IALS a fait des demandes répétées pour pénétrer dans l’enceinte du port afin d’assister aux débarquements des navires ; elle n'a toujours pas reçu les autorisations. Yaron est garé sur un rond-point. La nuit est noire malgré la pleine lune ; la sortie du port mal éclairée, ce qui ne facilite pas les prises de vue. Mais Yaron est bien équipé : une caméra dans une main, un appareil photo

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REPORTAGE
Selon un sondage réalisé en 2018 à la demande d’associations de défense des animaux, 86 % de la population israélienne s’oppose aux transports d’animaux par voie maritime. L’association Israel Against Live Shipments – IALS – est de tous les combats, et elle multiplie les actions d’information et de sensibilisation.
Transport de veaux en provenance d'Australie à destination d'Israël © Israel Against Live Shipments

dans l’autre. Lui et Yonatan vont passer la nuit entière à contrôler le débarquement depuis ce poste de fortune. Yaron connaît les parcours des chauffeurs, leurs noms et les numéros de leurs véhicules, qu’il reconnaît à vingt mètres. Il est capable de savoir si un chauffeur fait un excès de vitesse en se basant sur l’heure de retour des centres de quarantaine, ou encore la somme de déjections durant le voyage, en fonction du nombre d’animaux transportés : « La pollution se chiffre entre 12 et 280 tonnes par jour. Cela crée des déséquilibres et déverse des bactéries dans la mer, contribuant à l'acidification de l'eau, surtout dans la Méditerranée qui tourne en circuit fermé. 90 ans sont nécessaires pour qu'un litre d'eau se renouvelle. »

Les camions filent devant Yaron et Yonatan qui filment les animaux. Ils entrent rapidement dans

Israel Against Live Shipments

םייח םיחולשמ דגנ לארשי

Mars 2014 : Yaron Lapidot et Yael Gabbay, des activistes animalistes, viennent de remporter une bataille contre la vivisection des singes. En vacances à Eilat, dans la pointe sud d'Israël, le couple assiste, choqué, à un défilé de camions transportant des animaux vivants. Ils sortent leurs téléphones et filment : c'est la première action d’information de ce qui deviendra l’association Israel Against Live Shipments – IALS –, qui s’oppose aux transports d’animaux vivants effectués par voie maritime à destination d'Israël (« michlo'him 'hayim »). L’association a grandi. Elle est aujourd’hui composée de salariés et de bénévoles. Leur objectif est de supprimer définitivement les importations d’animaux en Israël, qu’ils viennent d'Australie ou d'Europe (Portugal, Roumanie, Hongrie, France…). À l’heure qu’il est, au total, plusieurs centaines de milliers d'animaux sont transportés chaque année : 856 000 en 2021 et près d'un million en 2022.

Site : www.shiptohell.org

Facebook : www.facebook.com/IsraelAgainstLiveShipments Instagram : israel_against_live_shipments

leur véhicule pour prendre des notes, ressortent cinq minutes plus tard – et ainsi de suite toute la nuit. L’activité est physique. Ils prennent soin de ne pas filmer les chauffeurs : « Ce sont des travailleurs, il n’y a pas de raison de les punir », explique Yaron. Yonatan précise : « La difficulté, ce sont surtout les lobbies de la viande, qui essaient de nous stopper sur les bancs des tribunaux ! » À cette déclaration, Yaron sourit. Le colosse a juré que tant que des animaux débarqueront en Israël, il ne cessera de se battre. Il démontre sa force de caractère trois fois par semaine, dans tous les ports du pays. Depuis huit longues années, il passe des nuits complètes à filmer et à prendre des notes. Au sein de l’Union européenne, la question des transports d’animaux par voie maritime divise. L’Allemagne, la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède se sont prononcés en juillet 2022 pour une révision à l’échelle

européenne de la réglementation et l’interdiction du transport d’animaux vivants exportés vers des pays tiers. L’interdiction a déjà été adoptée par l’Allemagne et le Luxembourg. En revanche, huit pays membres de l’UE s’y opposent ; en janvier 2023, la France, le Portugal, l’Espagne, la Grèce, l’Irlande, la Lettonie, la Lituanie et la Roumanie ont publié une note conjointe en ce sens. Mais Yonatan y croit : « L’action de Yaron et Yael, c’est comme un phare dans la nuit, une lueur d’espoir pour une humanité apaisée. Même en termes de religion, l’intention initiale du Créateur n’était-elle pas que les gens soient végétariens ? », dit-il avec un sourire malicieux. Il est six heures du matin. Yonatan monte dans un bus en direction d’Ashdod. Dans quelques heures, il va participer à une nouvelle action de sensibilisation. Il a l’habitude : « C’est vrai que pour durer dans le temps, il faut une certaine foi, du courage et du souffle. » n

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Manifestations en Israël de l’association Israel Against Live Shipments – IALS © Israel Against Live Shipments © Israel Against Live Shipments

Adieu, Monsieur le Professeur

Appelé Yoske par ses nombreux admirateurs, Joseph Agassi est né et a grandi à Jérusalem dans une famille orthodoxe du « vieux Yichouv ». Durant une certaine période, il a étudié avec le rabbin Shalom Natan Raanan (gendre du Rav Kook) dans une classe où il n'y avait qu'un seul autre étudiant à côté de lui : le futur grandrabbin Shear Yashuv Cohen. Vers 16 ans, il choisit de s’éloigner du judaïsme, et plus tard il se tourne vers des études de physique, de mathématiques et de philosophie à l'Université hébraïque de Jérusalem. Dans les années 1950, après son mariage avec Judith, la petite-fille de Martin Buber, il poursuit ses études à Londres où il devient l'élève de Karl Popper, l'un des philosophes les plus influents du siècle dernier.

La capacité référentielle d’Agassi, développée depuis son enfance par l’étude du Talmud, s'est encore affinée durant ses études avec Popper à la London School of Economics, jusqu’à devenir une démarche critique spécifique et systématique. Si Popper lui a appris à quoi ressemble une question juste, Agassi a par la

suite exigé de ses étudiants la même précision. Il avait l'habitude de leur demander de présenter leur théorie, puis, aussitôt, de les sommer d’exposer et de défendre la théorie opposée. C’était pour lui de cette façon seulement que la discussion devenait sérieuse et exhaustive.

Pendant des décennies, il a enseigné la philosophie à l'Université de Tel Aviv et, en même temps, dans de nombreuses universités à travers le monde, à Hong Kong, Boston, Toronto… Ainsi, il a formé des générations d'étudiants. Ses paroles, orales et écrites, ont obligé ses nombreux élèves à réfléchir, critiquer, méditer et approfondir. Sa vision était sobre, dessinée en lignes nettes, et il faisait des sauts audacieux et toujours très pertinents entre le passé et le présent. Plus d'une fois, il a écrit des choses embarrassantes sur la conduite de l'État d'Israël, stimulant la réflexion et la discussion, et suscitant des débats. Il a notamment traité des échecs du gouvernement et de l'ignorance omniprésente dans le champ public.

À ses yeux, il n'y avait pas de « rationalité » ou d’« irrationalité », mais des degrés dans la raison logique, l’évolution correspondant, dans cette optique, à un accroissement du degré de rationalité.

Agassi a également pointé du doigt l'insuffisance des philosophes, dont il a dénoncé l’irresponsabilité face aux catastrophes du XXe siècle : la Shoah, le goulag en Union soviétique et la bombe atomique larguée sur le Japon. De même, il a accusé les dirigeants israéliens de myopie, de laxisme, d'ignorance de la réalité et de décisions ratées.

38 LPH N° 996 TRIBUNE LIBRE
Au début de l’année, le professeur Joseph Agassi, philosophe et intellectuel multidisciplinaire, est décédé à l'âge de 95 ans. Rony Akrich nous fait découvrir cette personnalité exceptionnelle peu connue des francophones.
Chacune de ses conférences électrisait ses auditeurs, et des centaines d'étudiants d'âges divers s’y pressaient.

Il a proposé un modèle politique amélioré : le nationalisme libéral – qu’il a exposé notamment dans Between Faith and Nationality : Towards an Israeli National Identity [Entre foi et nationalité : vers une identité nationale israélienne] –, une alternative intéressante à une époque où un gouvernement est élu comme on choisit un plat dans un menu. Il préconisait la séparation entre la religion – l’establishment religieux – et les institutions de l'État. En 2008, sa femme et lui ont rejoint un groupe de citoyens israéliens qui ont signé une pétition exigeant que l'inscription de la nationalité sur la carte d'identité soit changée de « juive » en « israélienne ». Le tribunal de district de Jérusalem a rejeté la requête, déclarant que la question ne relevait pas de sa compétence. Un recours

devant la Cour suprême a également été rejeté.

Le professeur Joseph Agassi était l'une des sommités de l'amphithéâtre 144, la grande salle des sciences humaines de l'Université de Tel Aviv. Chacune de ses conférences électrisait ses auditeurs, et des centaines d'étudiants d'âges divers s’y pressaient. Pourtant, cet enseignant à la langue acérée et stimulante était un homme humble, et surtout dévoué à ses élèves, avec certains desquels il a même écrit des livres.

Ces dernières années, des dizaines de personnes venaient le voir tous les vendredis, ce qui a valu à ces rencontres le nom de « cercle d'Agassi ». J'ai eu le privilège de participer à cette extraordinaire assemblée, et d'y découvrir sa pensée semaine après semaine.

Chaque fois, Agassi y donnait une conférence approfondie sur un philosophe différent. Ces rencontres, qui ont été téléchargées sur YouTube, sont un véritable trésor public.

Au fil des ans, Joseph Agassi a écrit des dizaines de livres – il avait l’habitude d’écrire debout – et publié de nombreux articles dans divers domaines des savoirs et des connaissances, notamment la philosophie, la science, la technologie, l'éducation, la nationalité, la société, la religion, la politique, la sociologie, l'anthropologie et l'art. Il écrivait généralement en anglais, presque sans avoir besoin de relecture ni de correction.

La pensée originale d'Agassi n'est pas devenue obsolète et ne le sera jamais. L'homme et son héritage méritent d'entrer au panthéon de l'éducation et du savoir. n

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LIBRE
TRIBUNE

Quand la danse et le sionisme se rencontrent

Certaines

LPH : Comment est née la branche israélienne de la Confédération Nationale de Danse ?

Réjane Losno-Tobelem : Étant moi-même danseuse et ayant grandi dans un environnement très sioniste, j'ai toujours été intéressée par le monde de la danse en Israël. En 2013, j'ai rencontré Yvon Strauss, le fondateur de la Confédération Nationale de Danse (CND). Cette organisation a été créée il y a trente ans, dans le but de fédérer les régions de France dans un concours de danse ; par la suite, elle s'est ouverte à l'Europe et des branches ont vu le jour dans différents pays européens. Lorsque monsieur Strauss m'a suggéré d’ouvrir une branche israélienne de la CND et d’en prendre la tête, j'ai bien sûr immédiatement accepté.

Comment développe-t-on un tel projet en Israël ?

J'ai créé la Fédération Franco-Israélienne des Amis de la Danse et de la Culture (FFIADC), une structure qui me permet de trouver des danseurs et de les présenter aux sélections pour le grand concours international de la CND.

Au début, j'ai d'abord créé un partenariat avec la ville de Maalot, grâce au maire de l'époque, Shlomo Bohbot, que

je remercie du fond du cœur car il a permis et soutenu l'événement pendant plusieurs années consécutives. Pour moi, il s'agissait non seulement de promouvoir l'art de la danse en Israël, mais plus spécifiquement, de permettre à cette région de profiter d'un important projet culturel. Puis nous nous sommes développés ailleurs. Mon idée était aussi de créer des passerelles entre le monde de la danse israélien et l’européen. Je voulais que les danseurs et les chorégraphes soient de nouveaux ambassadeurs, en quelque sorte. Et lorsque je fais venir des professionnels du monde de la danse non juifs pour former le jury de la sélection annuelle que la Fédération organise en Israël, je les oblige à rester un jour de plus pour les emmener à Jérusalem, à Yad Vashem. Ainsi, ils prennent la mesure de l'histoire. Je veux qu'ils comprennent pourquoi nous sommes dans ce pays, pour que plus jamais cela ne recommence. Je ne me prive pas non plus de leur dire que les jeunes filles et les jeunes garçons qui se présentent au concours n'ont pas beaucoup de temps devant eux, puisqu'ils vont être appelés pour deux ou trois ans à l'armée, et que leur seule chance de s'épanouir dans leur art est de réussir cette sélection.

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BOUILLON DE CULTURE
personnes œuvrent dans l’ombre pour en mettre d’autres dans la lumière. Réjane Losno-Tobelem, professeure de danse, directrice artistique et chorégraphe, est depuis 2013 à la tête de la branche israélienne de la Confédération Nationale de Danse. Rencontre avec une révélatrice de talents dont la passion pour la danse n'a d'égale que son amour pour Israël.

Quelle est la force de cette confédération dans le milieu de la danse ?

Dans chaque pays où elle est présente, la Confédération Nationale de Danse permet de promouvoir des professeurs, des danseurs, des lieux. Elle est un révélateur de talents. L'objectif du concours motive beaucoup les directeurs d'école et les danseurs. Les membres du jury sont en général des directeurs de compagnie, des directeurs de grosses institutions de la danse. Ils peuvent choisir de recruter des danseurs ou de leur octroyer une bourse après les avoir vus sur scène.

Votre objectif est-il de donner une stature internationale au monde de la danse israélien ?

Tout à fait. Cela suscite une vraie motivation et permet à certaines écoles de danse de se propulser. Voir le drapeau israélien flotter à l'étranger lors du concours international me fait déborder de joie. Je me dis qu'enfin on nous voit autrement ! Le monde israélien de la danse a une très belle réputation ; je suis très courtisée par les jurys, ils veulent venir à Tel Aviv. Cet engouement est sûrement lié au fait que les Juifs ont beaucoup de choses à transmettre. Est-ce que le fait que l'on a toujours cherché à nous exterminer décuple nos forces ? Peut-être.

Puisez-vous votre motivation dans le domaine artistique ou dans votre sionisme passionné ?

Elle se trouve chez la femme juive sioniste militante qui a comme outil, depuis l'âge de 4 ans, la danse. C'est un langage international. Dans le monde de la danse, on peut faire de magnifiques rencontres sans même se parler. « L'art est le chemin le plus court de l'homme à l'homme », disait Malraux. C'est vrai, parce que l'on touche l'émotion et que toutes les barrières tombent.

Vous êtes donc beaucoup à l'étranger ?

J'ai fait mon Alya en 2021 et je pensais pouvoir me poser, mais cela n'a pas fonctionné ; je suis effectivement beaucoup à l'étranger. Mon mari, en revanche, vit ici à plein temps.

D'où vous vient cette passion pour Israël ?

Je crois qu'il y a plusieurs raisons. La première a été le coup de foudre que j'ai ressenti lorsque, à 8 ans, je suis venue rendre visite à ma grand-mère en Israël. Je m’y suis sentie chez moi. À 18 ans, je voulais faire mon Alya, mais je suis tombée amoureuse du père de mes enfants – puis tout s'est enchaîné. Par ailleurs, j'ai une aversion pour l'injustice, et l’acharnement contre les Juifs est terrible. Que ce pays existe est la plus belle réponse que l'on peut donner à ceux qui veulent nous voir disparaître.

Quelle est votre perception des jeunes en Israël ?

Je les adore ! Ils sont joyeux, ils sont heureux. Certains jurys sont eux-mêmes très surpris par l'enthousiasme palpable des jeunes Israéliens, qui est unique en son genre ! Cet état d'esprit est lié au fait que le peuple juif a le sens de l'histoire et qu’il est porté par le culte de la vie.

Avez-vous le sentiment que les jeunes danseurs israéliens arrivent à se projeter dans l'avenir ? Les aides culturelles ne sont pas très importantes ici…

Emy Attali, lauréate du 1er prix dans la catégorie Danse contemporaine, décerné à l'unanimité du jury par la Fédération Franco-Israélienne des Amis de la Danse et de la Culture (FFIADC)

Où en est votre propre carrière de danseuse ?

Je ne danse plus, je fais danser les autres et je crée pour les autres. Je voyage dans toute l'Europe pour participer aux sélections dans les différents pays. Je suis professeure dans des structures privées en France. J'enseigne en Israël, mais uniquement pendant des cours d'été, des stages de vacances.

D'un point de vue général – et malheureusement, le Covid nous en a fait prendre conscience –, la culture n'est pas considérée comme essentielle. En Israël, d'autres paramètres encore entrent en ligne de compte, et il est vrai que l'armée est privilégiée – mais c'est une question de survie.

Même s'ils sont critiques avec leur pays et qu'ils partent à l'étranger, les Israéliens ne se sentent jamais aussi bien que dans leur pays, qui est leur maison. La Fédération que j'ai créée est aussi une petite maison, une maison qui regroupe ceux qui aiment l'art, la danse, et qui ont envie de construire leur avenir. n

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BOUILLON DE CULTURE
Propos recueillis par Anne-Caroll Azoulay

Un si petit peuple, une si grande histoire

De l’extérieur, il ne paie pas de mine. Comme beaucoup de constructions des premières années de l’État d’Israël, c’est un bâtiment de style brutaliste qui, de loin, a l’air d’un gros bloc de béton gris. Et pourtant, préparez-vous à une explosion de couleurs et à d’infinies découvertes pendant les quelques heures que vous allez passer à l’ANU-Musée du Peuple Juif (Museum of the Jewish People).

Situé au nord de Tel Aviv, sur l’agréable campus de l’université de la ville, ce musée s’est donné comme objectif de raconter de manière didactique et moderne l’incroyable histoire du peuple juif dans toute sa diversité.

Si un musée sur le campus de la ville blanche vous rappelle quelque chose, vous avez raison : ANU-Musée du Peuple Juif est la continuité dans le changement de l’ancien Musée de la Diaspora, Beit Hatfoutsot ! Après presque dix ans de recherches et plus de quatre ans de grands travaux, le musée a rouvert sous un nouveau nom, « ANU » (prononcer « anou »), référence à la phrase de la déclaration d’indépendance : « Anou makhrizim », « nous déclarons » la création de l’État d’Israël – les signataires de la déclaration d’indépendance, en 1948, étant des Juifs venus des communautés dispersées de par le monde et réunis pour construire un avenir commun.

Visiter ce musée, c’est véritablement se plonger corps et âme dans l’Histoire et les histoires des Juifs de par le monde et au fil des générations. L’exposition débute au troisième étage et c’est en descendant tout doucement les niveaux que l’on va effectuer cette immersion. Pour raconter le passé juif,

le musée a fait le choix de commencer par le présent. Le troisième étage nous parle de l’identité juive contemporaine : notre petit peuple est composé de très nombreuses et diverses personnes qui, toutes ensemble, forment une mosaïque unique, plurielle et de toute beauté. C’est ce message que souhaite

42 LPH N° 996 BOUILLON DE CULTURE

BOUILLON DE CULTURE

communiquer le musée en nous faisant rencontrer des Juifs du monde entier, aux histoires et aux mémoires différentes les unes des autres. On y découvre les diverses langues que les Juifs ont parlé à travers les siècles, les folklores et les arts des communautés de par le monde et, bien entendu, les cuisines juives à travers les continents. On peut aussi y admirer de nombreux objets ayant appartenu à des Juifs célèbres. Vous avez toujours rêvé de voir de près une guitare de Leonard Cohen ? Allez donc au musée ! Après avoir évoqué le présent, on descend au deuxième étage pour parler du passé, et l’on part pour

un long voyage à travers l’histoire ininterrompue du peuple juif de l’Antiquité jusqu’à nos jours. À l’aide de nombreuses étapes interactives, on parcourt l’histoire des communautés autour du globe. Exilé de sa terre, le peuple juif s’est dispersé aux quatre coins du monde, il a connu des époques de prospérité et des périodes de persécution, pour enfin revenir en Israël. À chaque époque, il s’est distingué par ses savants et ses sages, auxquels le musée rend honneur.

Enfin, en arrivant au premier étage, on découvre le ciment des communautés juives dans l’histoire : le calendrier des fêtes,

la journée du chabbat, l’alliance éternelle entre Dieu et son peuple, toutes ces valeurs de la Torah, ces valeurs intrinsèquement juives qui, en même temps, ont influencé les cultures du monde et apporté des valeurs universelles à l’humanité tout entière. C’est également à cet étage que l’on peut retrouver le clou de l’ancien musée : les maquettes de synagogues du monde entier. Lorsqu’on quitte ce musée, on a le cœur qui bat un peu plus vite après que nos sens ont été si stimulés. Tous ces objets, toutes ces petites histoires nous racontent la grande Histoire du peuple juif. Et l’on se sent très fier de faire partie de ce petit peuple qui a tant offert et offre encore tellement à l’humanité. n

Pour préparer votre visite

Le musée est ouvert tous les jours entre 10h et 17h, avec une nocturne jusqu’à 22h le jeudi soir. Le vendredi, entre 9h et 14h

POUR VOUS Y RENDRE :

En voiture :

Le musée est situé sur le campus de l’Université de Tel Aviv – entrée par la porte Matatia 2. Un accès est possible par l’autoroute Ayalon et un parking gratuit est accessible sur le campus.

En transports en commun : En bus :

Egged : 271, 222, 572

Dan : 7, 25, 289, 45

En train : station « Tel Aviv University », puis prendre les bus 7 ou 45

©
Avec l'aimable autorisation du musée ANU

Pessa'h : restons écoresponsables

Consommer responsable à l’approche des fêtes est un véritable défi. La frénésie de d’achats se fait sentir à chaque coin de rue, tout le monde s’active et nous n’avons pas toujours le temps de nous demander si ce que nous ajoutons à notre panier est un produit local, équitable et de qualité. Pessa'h est une des fêtes les plus célébrées en Israël (par 90 % de la population juive) et au nombre des achats que l’on fait à l’approche de la fête figure l’incontournable cadeau à offrir aux parents, beaux-parents, amis ou

1 – De la vaisselle en céramique faite main d’Irit Dinur Irit Dinur est une artiste qui vit au kibboutz HaZorea dans le nord d’Israël. Elle a créé son atelier en 2005, où elle conçoit et fabrique à la main ses produits en céramique. Son style est contemporain, minimaliste et élégant.

Prix : entre 99 et 390 shekels

https://iritdinur.co.il/

2 – Pour les amoureux du DIY : un atelier bricolage avec du bois recyclé à MOLET

Né d’une conscience sociale et environnementale, et d’un amour pour le design écologique, le studio MOLET propose des ateliers de création de meubles et d’objets durables à partir de bois recyclé.

Prix : entre 190 et 290 shekels par participant

https://molet.org/en/

44 LPH N° 996 CONSO SPÉCIAL PESSA'H
PAR HANNA BEN-SHUSHAN
proches qui nous reçoivent pour le Seder. Voici donc quelques idées de cadeaux originaux, locaux et écoresponsables.
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Plateau céramique © Irit Dinur
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© Einat Koeli

3

des savons parfumés faits main et autres produits bienêtre. Découvrez la gamme de coffrets Lily Rose sur le site www.lilyrosenatural.com

Prix : entre 99 et 390 shekels

5 – Pour les fans de jardinage : des vases pour bouturage Roota Lors d'une visite de l'usine Sodastream, les fondateurs de Roota ont découvert des tubes qui avaient été retirés de la chaîne de production de bouteilles car ils n’avaient pas

3 – Pour les « foodies » : de l’huile d’olive bio parfumée Rish Lakish

Leurs oliviers sont situés au pied de la cité antique de Tzipori, et ils sont cultivés de manière biologique et biodynamique. Leurs huiles ont un goût profond et riche, aromatique et plein de vie. Rish Lakish a développé une gamme d’huiles aromatisées bio qui subliment n’importe quel plat : huile pimentée, fumée, citron, romarin ou citron vert, il y en a pour tous les goûts !

Prix : 90 shekels la bouteille de 250 ml

https://www.rishlakish.com/

gonflé. C’est à partir de ces déchets qu’ils ont créé Roota, un tube à essai magnétique pour faire des boutures. Roota est un petit vase que l’on peut aimanter sur la porte du réfrigérateur, une porte en acier ou toute autre surface en acier, ou bien simplement suspendre au mur.

Prix : 40 shekels l’unité, 10 % de remise pour l’achat de 10 vases

https://roota.kerenattas.com/

4 – Pour les amateurs de produits naturels : un coffret bien-être zéro plastique

Lily Rose

Après une période de ménage intensive, rien de mieux que de s’offrir un moment de détente avec

Fondatrice et directrice de Lily Rose, cosmétiques naturels et zéro plastique

Cofondatrice du groupe zéro déchet francophone en Israël

45 LPH N° 996 CONSO SPÉCIAL PESSA'H
Huiles organiques ©Ayala Noy Meir
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Coffret Lily Rose © Cédric Bettach Vase pour bouturage © Keren Attas Hanna Ben-Shushan
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Pessa'h : Attention aux dépenses !

Alimentaire

Pessa'h demande beaucoup d’alimentaire mais la période qui précède la fête est très « maigre » en courses puisque nous devons liquider notre 'hametz. Commencez donc à faire vos courses bien avant en achetant une partie de l’épicerie et des produits surgelés.

La voiture

Les stations-service vous proposent un « lavage Pessa'h » à un prix bien plus élevé, sans que cela soit véritablement justifié. Faites nettoyer votre voiture bien avant pour éviter de tomber dans ce piège marketing. Une autre possibilité est bien sûr de le faire soi-même : aspirateur, seau et éponge en main, vous rendrez service à la planète en dépensant beaucoup moins d’eau que les stations !

Les rénovations

Le printemps nous donne envie de renouvellement, mais ce n’est pas

forcément la meilleure période budgétaire. Optez uniquement pour le nécessaire – et non, on n’est pas obligé de repeindre toute la maison chaque année ! Essayez de faire vos petits travaux vousmêmes. Vos enfants ont grandi ? C’est l’occasion d’un bon moment de complicité – quoi de mieux qu’une activité menuiserie ?

Bons d'achat Avez-vous reçu un bon d'achat pour Pessa'h ? Vous pourrez en profiter pour acheter ce qu’il vous manque ou pour vos activités de 'Hol HaMoed avec vos enfants. Attention, lisez bien les petits caractères sur le bon d’achat, qui détaillent les limites de la promotion et les magasins où il peut être utilisé.

Les repas de fête Vous invitez ? Faites le compte du nombre exact de personnes, décidez du menu et dressez la liste des courses en fonction des ingrédients. Vos invités vous

demandent de quoi vous avez besoin ? Demandez une entrée, un dessert ou même une bouteille de vin. Toute participation sera bienvenue.

Activités

Renseignez-vous : dans chaque ville du pays, il y a beaucoup d'animations gratuites pendant les vacances. Vous pouvez également faire une promenade dans la nature en emportant un pique-nique. Vérifiez à l'avance

46 LPH N° 996 CONSO SPÉCIAL PESSA'H
Pessa'h est une pompe à argent : nourriture, produits d'entretien, vêtements de fête et activités avec les enfants. Il est très important de définir un budget et de contrôler nos dépenses. Voici nos conseils.

les réductions, et s'il est possible d'utiliser des points ou des coupons pour entrer sur les sites que vous souhaitez visiter.

Vacances

C’est l'occasion de vacances en famille ? Afin d'économiser et de réduire les frais d'hébergement, vous pouvez partir faire du camping sous tente en pleine nature ou louer un appartement, des options beaucoup moins chères que l’hôtel. n

Cette période de l'année, marquée par le renouvellement du printemps et l'ordre que nous faisons à Pessa'h, est un excellent moment pour nous demander à quoi ressemblera notre avenir économique et quel genre de personnes libres nous choisissons d'être. Il est temps de sortir de l’esclavage financier et de penser un peu différemment.

Qualita et Paamonim ont mis en place un projet pour essayer de vous aider. Si vous vous trouvez en difficulté et que vous voulez reprendre vos finances en main, contactez-nous pour recevoir gratuitement un accompagnement de six mois par un bénévole formé en économie familiale : french@paamonim.org 'Hag samea'h !

47 LPH N° 996 CONSO SPÉCIAL PESSA'H
Sabine Azoulay – Chef de projet Paamonim, « La voie responsable »

Chemini

Notre liberté

Qu’est-ce qui fait qu’un animal est cacher et qu’un autre ne l’est pas ? Le Juif peut transcender l’acte de se nourrir en sélectionnant ses aliments. L’explication ésotérique : ne pas s’embarrasser le cœur et l’âme par une alimentation non adaptée à notre constitution spirituelle.

Dans cette paracha, la Torah écrite nous apprend quels animaux un Juif peut consommer, mais c’est la pnimiout haTorah, la Cabale, qui enseigne pourquoi : ce qui, parmi le règne animal, peut échapper – de par son anatomie, sa nature – à l’inertie de son environnement, nous pouvons l’intégrer à notre régime alimentaire, à notre construction physique, intellectuelle, mentale et spirituelle. Puisque ce que nous mangeons nous transforme et nous construit, alors il ne saurait être question d’ingérer et de faire sien un organisme vivant qui n’incarne pas la liberté, l’élan vital, le mouvement !

Ainsi, nous consommerons des oiseaux parce qu’ils ont des ailes et peuvent s’envoler – sauf s’ils sont sauvages, prédateurs ou charognards, parce qu’à ceuxlà non plus nous ne voulons pas ressembler. Les poissons que nous mangerons ont des nageoires pour se mouvoir dans leur environnement avec lequel ils font un. Une sorte particulière de sauterelle est acceptable car elle a des pattes lui permettant de sauter

Pardès – le Verger – ce sont les quatre niveaux d’étude de la Torah. Ariela Chetboun met par écrit l’enseignement oral reçu de ses maîtres en Kabbala et 'Hassidout. Que cet éclairage vienne דייסב compléter ce que nous savions jusqu'ici.

et donc de s’affranchir de la terre. Rappelons-nous. Depuis la Création, la terre est impure. Elle représente l’enfermement dans la matérialité, principal piège de l’existence. Elle est « assoura », « interdite », un mot qui signifie aussi « enchaînée ». Alors, tout animal en contact direct avec la terre est impropre à la consommation. Seuls seront cacher, conformes, les animaux qui se tiennent à distance, au moins partiellement, de cette impureté : les animaux avec des sabots fendus. À distance, mais pas complètement, car il faut pouvoir « être influencé » et « influencer » en retour. Ainsi du poisson qui doit posséder des écailles pour être partiellement « séparé » de son élément, l’eau. Tout ce qui a tendance à proclamer l’égalité et l’indifférenciation est impur, et tout ce qui marque et entretient la distinction peut devenir kadoch, c’est-à-dire séparé, saint. Dans le judaïsme, tout est important, rien n’est égal, similaire et indifférencié. Chaque chose a son rôle et il est inaliénable. Le judaïsme hiérarchise et tire l’ensemble de la Création vers le haut. Ainsi, on « sort » le pain de la terre, en l’extrayant de l’emprise du sol, et l’on élève nos mains jusqu’à la tête pour en ôter symboliquement l’impureté par une conscience libérée. On aura aussi compris que tous les rampants sont impurs,

puisqu’ils se traînent par terre ou grouillent dans l’eau sans pouvoir vraiment se mouvoir, quand ils ne sont pas en plus prédateurs ou charognards. Sont donc impropres à la consommation – car leur nature pourrait à la longue déteindre sur la nôtre –reptiles, insectes, crustacés et fruits de mer, mammifères marins prédateurs, etc.

Et pourquoi séparer le lait et la viande ? La Cabale donne encore des réponses… n

Une année avec la Cabale.

Secrets de l'Âme et du Temps

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UNE ANNÉE AVEC LA CABALE

Joyeux anniversaire !

Pessa'h

cacher veSamea'h !

C’est de la sortie d’Égypte que date la naissance du peuple juif, dont l’âme nationale embryonnaire, telle une graine, a pour ainsi dire germé en Égypte. La naissance d’un individu est un événement douloureux. A fortiori celle d’une nation.

Avant de définir les Juifs en termes de comportement, le judaïsme les définit en termes de nature : être juif consiste précisément à conserver et à révéler la nature particulière des Juifs grâce à des mitzvot qui développent leurs tendances profondes, en harmonie avec leur nature. Les mitzvot ne sont pas destinées à forger notre identité de Juifs, ce ne sont pas les mitzvot qui nous rendent juifs, mais c’est parce que nous sommes juifs que nous devons respecter les mitzvot

Chacune des mitzvot dévoile un trait particulier lié à la sortie d’Égypte ; chacune rappelle, ou plutôt actualise, la sortie d’Égypte. En effet, la célèbre formule « zekher leYetsiat Mitsrayim » n’évoque pas un souvenir nostalgique d’un passé qui n’est plus ; il traduit plutôt l’actualisation de quelque chose qui fut et existe toujours.

Dans la Haggada que nous lisons le soir du Seder, nous trouvons à deux reprises des questions posées par l’un des enfants : dans le « Ma nichtana » (« qu’est-ce qui différencie » cette nuit des autres nuits) et dans l’épisode des quatre fils. Chacune de ces séries de questions est accompagnée de ses réponses. D’un point de vue historique, il s’agit de deux récits distincts. Et le Talmud (Traité Pessa'him 116a) présente une controverse entre Rav et Chmouel pour savoir si la réponse à donner aux enfants doit être « esclaves nous étions » ou « avant que tout n’ait commencé, nos ancêtres servaient les dieux des autres ».

Cette controverse porte sur l’essence de la délivrance d’Égypte : le principal est-il la libération nationale ou faut-il y voir une dimension religieuse, celle du passage de l’idolâtrie au service de Dieu ?

L’histoire du peuple d’Israël témoigne qu’il n’y a pas de distinction entre la libération nationale et la libération spirituelle, qu’il ne peut y avoir l’une sans l’autre. Cependant, il a été décidé que ce serait la réponse « esclaves nous étions », c’est-à-dire la dimension nationale, qui viendrait en premier, indiquant que la priorité est de s’assurer de la libération de l’esclavage politique, qui entraîne ainsi

la libération de l’esclavage spirituel – et non l’inverse. Cela est sous-entendu dans la partie de la Haggada qui s’appelle le « Maguid » (« récit ») : « Quand bien même serions-nous tous hommes de sagesse, d’intelligence et de connaissance de la Torah, c’est un devoir pour nous de faire le récit de la sortie d’Égypte. » Il y a lieu de s’interroger : existe-t-il un commandement de la Torah (mitzva) dont les sages seraient exemptés, pour qu’il faille ici préciser qu’ils sont astreints comme tout le monde à faire le récit de la sortie d’Égypte ? La raison de cette mention est qu’on aurait pu penser que ne devaient remercier d’être sortis d’Égypte que ceux pour qui le joug de l’exil avait été une grande souffrance, et qu’il se pouvait que les sages d’Israël, consolés par leur Torah, n’aient pas éprouvé la difficulté de l’asservissement et soient donc exemptés du récit de la sortie d’Égypte. C’est pourquoi la Haggada indique expressément que ce n’est pas le cas. Car en réalité, on ne peut être réellement homme de sagesse, d’intelligence et de connaissance de la Torah tant que l’on se trouve asservi par les nations. Croire qu’il peut y avoir un Enseignement (Torah) sous le gouvernement des nations n’est qu’une illusion, comme l’ont dit les sages du Talmud (Traité 'Haguiga 5b) : « Il n’y a pas de plus grande annulation de la Torah que l’exil d’Israël. » Nos sages nous ont également enseigné qu’il fallait beaucoup s’occuper de la sortie d’Égypte : « Quiconque abonde en récits de la sortie d’Égypte ajoute à sa louange. » Cela ne signifie pas seulement qu’il faut multiplier les récits de ce qui a été, mais également que nous devons en tirer les leçons pour nous permettre de sortir de différentes sortes d’Égypte. C’est ce qu’ont fait les sages « accoudés ensemble au Seder de Bnei Brak, faisant leur récit de la sortie d’Égypte – toute cette nuit-là » – c’est-à-dire la nuit dans laquelle ils se trouvaient, sous le joug romain. Nous avons appris d’eux à espérer notre sortie d’Égypte, celle qui se déroule depuis la création de l’État d’Israël. n

Rabbin de communauté à Ashdod - Fondateur de Chadarim Directeur du Desk France du Mizra'hi mondial Pour contacter le rav Dray : avdery7@gmail.com

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AU NOM DE LA LOI

Après nous avoir révélé le sens des mois du calendrier juif, le rav Yoel Benharrouche nous dévoile celui des signes astrologiques selon le judaïsme, dans une nouvelle série exclusive pour LPH.

Nissan et le bélier

Le bélier est le premier des douze signes astrologiques car il est lié au premier mois du calendrier hébraïque, le mois de Nissan, qui a marqué la sortie d'Égypte. Le bélier est un signe qui indique la détermination et la fougue. Nissan est l'origine d'un nouveau temps : celui de l'espoir et de la liberté. C’est le mois du printemps, avec tout ce que cela implique. La nature est en fleurs et l’on constate une résurrection au sein du monde végétal. L'une des clés les plus importantes de ce mois de Nissan est sa puissance de renouvellement. En effet, il ne s'agit pas seulement du premier mois de l'année, mais plus précisément de la capacité à se renouveler dans tous les domaines.

Nissan est lié à la notion de miracle – « ness » –, le premier miracle, qui donna naissance à Pessa'h, étant la libération du peuple d'Israël du concept « Égypte ». C’est pendant ce mois que nous devons agir pour nous libérer des forces négatives qui nous emprisonnent. Les sages pensent que la délivrance finale aura elle aussi lieu durant le mois de Nissan.

Nissan est caractérisé par le 'Hessed, qui défie les lois du mérite. C'est là que réside le secret du passage audessus des maisons d'Israël pour ne frapper que les Égyptiens. La bonté divine réveille ses effets sur Israël durant ce mois où la durée du jour devient égale à celle de la nuit.

Il faut savoir que le bélier était l'une des divinités égyptiennes ; et le fait qu'Israël ait été libéré justement en ce mois précis est venu contrarier la croyance du peuple égyptien, qui fut témoin de la défaite et de la mort de son « dieu ».

Les sages voient aussi le côté négatif du bélier : l'égoïsme qui le caractérise. D’ailleurs, le fait de sacrifier le bélier à la veille de la libération du peuple d’Israël est un clin d'œil qui nous indique ce que nous devons faire pour nous libérer de notre égo.

Une autre caractéristique du bélier est son incapacité à rester en place : un renouvellement incessant et des projets plein la tête. Très sensible, il est également doté d’un humour qui demande à être affiné, sans quoi il connaîtra assez souvent de petits conflits avec ses proches.

L’entêtement est un trait de ses traits de caractère principaux et il déteste qu’on lui dicte sa conduite.

Nissan est ainsi le mois approprié pour régler nos relations humaines, en devenant plus ouverts envers les autres. Il nous faut en particulier faire très attention à notre langage, à nos paroles. C'est ainsi que les sages ont instauré la lecture de la Haggada, qui est intimement liée à la parole, afin de rééquilibrer celle-ci. D'ailleurs, Pessa'h signifie également « la bouche qui parle ». Nissan est donc un temps riche en travail personnel. À nous de nous détacher de l’égocentrisme pour lui préférer l’humilité. À nous également de cultiver la patience. C'est ainsi que nous pourrons échapper à tout ce que recouvre et signifie la notion d’« Égypte ». n

PLANÈTE : Mars, indiquant la puissance du combat

PIERRE PRÉCIEUSE : le rubis

ÉLÉMENT FONDAMENTAL : le feu

ATTRIBUT : le 'Hessed

50 LPH N° 996
MAZAL TOV
Rav Yoel Benharrouche, artiste peintre, enseignant
www.orotvekelim.com
Le bélier était l'une des divinités égyptiennes.

Première scène : Un patron entre furieux dans le bureau de sa secrétaire, en tenant à la main la lettre bourrée de fautes d'orthographe qu'elle vient de taper, et s'écrie : « Qu'est-ce que c'est que ce travail ?! »

Deuxième scène : Un adolescent entre dans l'atelier de son père menuisier. Il le voit scier des planches dont il ne perçoit pas l'ultime destination et lui demande : « Qu'estce que c'est que ce travail ? »

Le patron et l'adolescent ont utilisé la même expression mais ils n'ont pas dit la même chose. Le premier reproche, le second questionne. Un jour, « vos enfants vous diront : qu'est-ce que c'est que ce travail pour vous ? » (Chemot 12, 26), nous prévient la Torah. Mais comment savoir sur quel ton la phrase sera prononcée ? Faut-il ou non ajouter un point d'exclamation au point d'interrogation ? S'agit-il d'une question rhétorique prononcée sur le ton du reproche, voire du mépris, ou bien d'un questionnement provenant d'une véritable curiosité ? Pour la Haggada, cela ne fait aucun doute : l'expression est celle d'un « racha », un enfant mal intentionné auquel il convient de répondre sur le même ton : « Agace-lui les dents » ! La conviction de la Haggada lui vient du verbe « dire » qu'utilise le verset. En effet, pour les autres enfants, la Torah parle de questionnement, et non d'affirmation. Il s’agit donc bien d'un rejet, ici. Mais que rejette le racha, au juste ? De quel « travail » parle-t-il donc ? Selon le contexte du verset, c'est le sacrifice pascal qu'il reproche à son père d'accomplir. Plus largement, il semble clair que la « question » du racha vise le service divin en général. Remarquons qu'il utilise le terme « avoda », employé au début du livre de Chemot pour décrire l'esclavage d'Égypte. Autrement dit : notre ado nous reproche d'être restés esclaves. Pour lui, cette fête de la liberté n'est qu'un leurre. Elle ne célèbre pas l'affranchissement des esclaves, mais uniquement un changement de propriétaire : nous étions esclaves du Pharaon, nous voici devenus esclaves de Dieu ! Pas de quoi se réjouir, pas de quoi en faire une fête !

A priori, il y a quelque chose de vrai dans l'argument du racha. Ne sommes-nous pas tenus de respecter à la lettre des lois très précises et souvent contraignantes, surtout lorsqu'il s'agit de Pessa'h ? La recherche du 'hametz, par exemple, n'est-elle pas une contrainte qui, certes, n'est pas aussi douloureuse qu'a pu l’être l'esclavage égyptien,

mais qui, malgré tout, ne semble pas faire de nous des hommes et des femmes véritablement libres ? D'ailleurs, nos textes ne parlent-il pas du « joug des mitzvot » et, au sujet d'Israël, des « ׳ה ידבע », des « esclaves de Dieu » ?

Deux réponses à cela :

La première, c'est que le judaïsme, en effet, ne croit pas à la liberté absolue. Nous sommes tous tenus de respecter des règles. « Sans les lois de l'État, les gens se dévoreraient entre eux », préviennent, lucides, nos sages. La liberté que nous célébrons à Pessa'h et à Chavouot est celle qui, nous rendant esclaves de Dieu, nous affranchit de l'esclavage des hommes. « Car vous serez pour moi des avadim (esclaves) », dit le texte – et les sages commentent : « Mes avadim, et non pas les avadim d'autres avadim ». Autrement dit : esclavage pour esclavage, autant choisir celui qui nous lie à Dieu. Car si vous acceptez le joug divin, vous ne serez plus jamais esclaves d'autres hommes.

La seconde réponse à l'invective du racha est qu'il existe une différence essentielle entre l'esclavage décrété par Pharaon et celui qui est le nôtre par rapport à Dieu : alors que le premier fut imposé aux Hébreux par le roi égyptien, le second fut librement accepté par ces mêmes Hébreux. Après le don de la Torah, le texte précise : « Moïse vint raconter au peuple toutes les paroles de Dieu ainsi que toutes les lois. Et le peuple répondit d'une seule voix : “Nous accomplirons toutes les paroles de Dieu !” » (Chemot 24, 3). Moïse lui-même n'est pas mandaté pour représenter le peuple dans l'alliance qui est en train d'être scellée : tous sont appelés à donner leur accord. Depuis lors, ce peuple qui est né en brisant ses chaînes ne supporte plus que, dans le domaine des relations si particulières qu'il entretient avec le Dieu de ses pères, on lui impose des règles. Interdisez-lui de faire entrer du 'hametz dans les hôpitaux à Pessa'h, et les hôpitaux seront remplis de 'hametz ! Imposez un code vestimentaire aux femmes désirant se rendre au Kotel, et elles s'y rendront en bikini ! Par contre, si vous souhaitez que la quasi-totalité du peuple circoncise ses enfants ou laisse sa voiture dans le garage à Kippour, surtout n'édictez aucune loi l’obligeant à le faire !

C'est sans contrainte que le peuple souhaite respecter les termes de l'antique alliance. Les hommes qui détiennent aujourd'hui le pouvoir de légiférer auraient tout intérêt à s'en souvenir. Arrêtez-moi si je dis des bêtises… n

51 LPH N° 996
LE KLING DU MOIS
klingelie@gmail.com
Sans contrainte !

PESSA'H

Du 6 avril 2023 (15 Nissan 5783) au 12 avril 2023 (21 Nissan 5783)

'Hol HaMoed Pessa'h : du 7 au 11 avril 2023

Erev Pessa'h – Entrée de la fête 5 avril 2023-14 Nissan 5783

Jérusalem 18h20 19h39

Tel Aviv 18h40 19h41

Netanya 18h40 19h41

18

Yom haShoah AVRIL

Horaires de Chabbat

Chabbat Tsav-HaGadol

31 mars 2023-9 Nissan 5783

Jérusalem 18h17 19h35

Tel Aviv 18h37 19h37

Netanya 18h37 19h37

Chabbat 'Hol haMoed Pessa'h

7 avril 2023-16 Nissan 5783

Jérusalem 18h22 19h40

Tel Aviv 18h42 19h42

Netanya 18h42 19h42

Chabbat Chemini

14 avril 2023-23 Nissan 5783

Jérusalem 18h27 19h46

Tel Aviv 18h47 19h48

Netanya 18h47 19h48

Roch 'hodech Iyar

21 et 22 avril 2023

Chabbat Tazria-Metsora – Roch 'Hodech

21 avril 2023-30 Nissan 5783

Jérusalem 18h31 19h51

Tel Aviv 18h51 19h53

Netanya 18h51 19h53

Chabbat A'harei Mot-Kedochim

28 avril 2023-7 Iyar 5783

Jérusalem 18h36 19h56

Tel Aviv 18h56 19h59

Netanya 18h56 19h59

25

Yom haZikaron 26 Yom haAtzmaout

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AVRIL AVRIL

Msouki de Pessa'h

PRÉPARATION

l Décongeler les fèves, en retirer la peau et les réserver (on les ajoutera après les autres légumes).

l Décongeler les cœurs d’artichauts, les couper en petits cubes et les réserver (on les ajoutera après les autres légumes).

l Couper tous les légumes en petits cubes.

l Couper la viande en morceaux.

l Dans un grand faitout, faire chauffer quelques cuillères à soupe d’huile et y faire revenir la viande jusqu’à ce qu’elle soit saisie de toutes parts.

l Ajouter tous les légumes (sauf les artichauts et les fèves), du sel et du poivre.

l Recouvrir d’eau et faire cuire deux heures (ajouter de l’eau en cours de cuisson si nécessaire).

l Ajouter les herbes aromatiques, les épices, les cœurs d’artichauts, les fèves, et laisser mijoter à feu doux encore une heure.

l Rectifier l’assaisonnement si nécessaire.

l Trente minutes avant la fin (pas avant), ajouter des galettes de matza à l’eau coupées en morceaux.

Pessa’h cacher véSaméa'h !

INGRÉDIENTS

Pour 10 personnes

Temps de préparation : 1h30

Temps de cuisson : 3h

• 2,5 kg de viande à bourguignon (macreuse, jarret, basse-côte)

• 1 kg de carottes

• 1 kg de navets

• 5 ou 6 branches de céleri avec leur feuilles

• 4 poireaux

• 5 oignons nouveaux

• 1 chou pointu

• 1 kg d’épinards frais

• 1 chou-rave

• 2 bulbes de fenouils

• 6 fonds d’artichauts surgelés

• 250 g de fèves surgelées

• ½ pied de cardons

• 1 bouquet de persil

• 1 bouquet de coriandre

• 1 bouquet de menthe

• 1 bouquet d’aneth

• Harissa

• 1 grosse càs de rose moulue

• 1 càs de mélange 4 épices

• sel

• poivre

• Galettes de matza

53 LPH N° 996
RECETTE
Photo illustrative –non contracuelle © DR

Croquants de Pessa'h

PRÉPARATION

l Mélanger les œufs avec le sucre et le sucre vanillé.

l Rajouter l’huile et l’extrait d’amande amère ou de fleur d’oranger.

l Rajouter à votre pâte la fécule de pomme de terre, la poudre d’amande et la levure.

l Adjoindre au mélange la garniture de votre choix : pépites de chocolat, amandes ou pistaches.

l Graisser le moule avec un peu d’huile puis y verser la pâte, qui est assez lisse et se répartit facilement.

l Cuire à 180 degrés chaleur tournante pendant une demiheure.

l Démouler les croquants quand ils sont tièdes et les couper en tranches.

l Disposer les tranches sur une plaque de cuisson et les remettre au four jusqu’à ce que les croquants soient bien dorés.

À déguster avec son café préféré ! Bon appétit !

Mes astuces

l Je casse grossièrement les amandes afin de pouvoir couper plus facilement les croquants en tranches.

l Préparer les croquants dans un moule à cake permet de leur donner une taille uniforme et facilite la coupe.

INGRÉDIENTS

• 2 œufs

• 95 g de sucre

• 1 sachet de sucre

vanillé

• 1 càc d’extrait

d’amande amère ou de fleur

d’oranger

• 100 g d’huile

• 170 g de fécule de pomme de terre

• 175 g de poudre d’amande

• 1 sachet de levure cacher pour Pessa'h

• 1 verre de pépites de chocolat, d’amandes ou de pistaches

• 2 moules à cake

54 LPH N° 996 RECETTE
© DR
Photo illustrative
non contracuelle

Détendez-vous !

Solutions des jeux page 58

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Solutions des mots fléchés de la page 56 MOTS

Solution des mots mêlés

SOLUTION : Le mot-mystère est : OUFLARDANTP

Jérusalem. Deux voitures se percutent à un carrefour. Les véhicules sont totalement démolis. Par miracle, les deux conducteurs, un rabbin et un prêtre, en sortent indemnes.

Le rabbin : Ça, c’est un signe du Saint béni soit-Il. Il a voulu qu’on se rencontre et que l’on devienne amis pour la vie !

Le prêtre : Entièrement d'accord avec vous : c’est un signe de Dieu !

Le rabbin : Oh, encore un miracle, regardez : il ne reste rien de ma voiture, mais cette bouteille d’eau de vie bénie sur le tombeau d’un saint est intacte. Il est certain que Dieu veut que l’on boive ensemble pour célébrer Sa grandeur et Sa miséricorde.

Le rabbin ouvre la bouteille et la tend au prêtre qui s’empresse de boire une grande gorgée pour faire passer l’émotion après l’accident. Puis le prêtre tend la bouteille au rabbin, qui décline poliment.

Le prêtre : Vous ne buvez pas ?

Le rabbin : Hum, non... Je crois que je vais attendre la police.

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