Jeudi 12 octobre 2023
27 Tichri 5784
Nº 1002 | Mensuel
DOSSIER
L'ART DE LA TRADUCTION
GRAND ANGLE
HAPOEL VEGAN
FRIENDLY TEL AVIV : L’ÉTOFFE DES CHAMPIONS
CULTURE
SANDRINE
SARROCHE SUR SCÈNE À TEL AVIV
JUDAÏSME
JUIFS ET GRANDS-PARENTS : LESLAPROPHÈTES, FIDÉLITÉ
MOSHÉ LION « JE SUIS FOU DE JÉRUSALEM ! »
ל''כנמ Directeur de la publication
Ariel Kandel
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édito
Je transmets donc je suis
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C’est seulement après-coup, bien plus tard, que j’ai pris conscience du sacrifice consenti, sans le savoir, à mon Alya. Une fois les urgences de l’intégration élémentaire plus ou moins réglées – travail, maison, système d’éducation, environnement social –, la part culturelle a insidieusement réclamé son dû : « Et moi, alors ?! », m’a-t-elle demandé. Je l’ai vite fait taire en lui proposant régulièrement des spectacles francophones, des livres prêtés par des amis ou achetés à prix d’or dans des librairies françaises en Israël et sur Internet (où l’on paie plus cher la livraison que le livre lui-même), des conférences au centre culturel français et des films français à la cinémathèque. Estomaquée par cette avalanche d’attentions, elle s’est calmée. Un temps. Pour revenir, plus insistante que jamais, en me disant : « C’est bien beau, tout ça, mais qu’en est-il de la transmission de ce savoir, de cette culture, à tes enfants ? » Stupeur et tremblements. Je n’avais donc pas transmis Rimbaud, La Fontaine, Degas ou Gainsbourg ! Ni Houellebecq, Polnareff, Ferré ou Romy Schneider. Ni Michel Audiard, ni Costa-Gavras, ni Lelouch. Comment l’aurais-je pu, si occupée à planter ces jeunes pousses en Eretz Israël afin qu’elles s’y enracinent, si fière de les voir absorber cette culture israélienne qui n’était pas la mienne mais que je voulais tant voir devenir la leur ? Chantonnant une phrase sur deux de « Al Kol Elé », faisant semblant de maîtriser tous les codes lors des fêtes de fin d’année, des tkassim de l’armée, des remises de diplôme, je ne pouvais pas être au four et au moulin (tiens, encore une expression qu’il aurait fallu leur expliquer…). Seule victoire : la transmission de la langue française. Cependant, déconnectée de tout le bagage culturel qu’elle a contribué à fonder en même temps que celui-ci n’a cessé de la nourrir, la langue française est amputée de ce qui fait sa richesse. C’est dans ce contexte que les artistes que sont les traducteurs prennent toute leur importance. Le dossier que nous vous proposons dans ce numéro est un hommage à leur travail qui nous permet, à nous enfants d’une double culture, d’enfin transmettre, faire découvrir et partager ces trésors qui ont alimenté notre ADN culturel. N'est-ce pas un bonheur de se dire que l’on pourra lire les Fables de la Fontaine à nos petits-enfants, que l’on pourra aller voir ensemble une pièce de Molière parfaitement traduite en hébreu ? Ne vous méprenez pas : nulle mélancolie de la France, ici, juste une passion pour une culture de plus en plus admirée en Israël et dont il serait bien dommage de priver nos petits tzabarim. Idem pour eux qui, inversement, pourront nous faire découvrir les grands écrivains israéliens dont la lecture en hébreu nous paraît parfois trop ardue. Alors vive les traducteurs de l’hébreu vers le français et du français vers l’hébreu ! n
Bonne lecture !
Comme des millions d’Israéliens, nous sommes dans la stupeur face à la catastrophe qui s’est abattue sur notre pays en ce chabbat coïncidant avec Sim'hat Torah, le 7 octobre 2023. Qualifiée par certains de « 11 septembre israélien », par d’autres de « Pearl Harbor israélien », c’est à une guerre d’un tout nouveau genre que notre État doit faire face.
Au moment où notre magazine part à l’imprimerie, il est bien sûr trop tard pour en changer le contenu. Actualité Juive consacre évidemment cette édition à cette guerre. Am Israël 'haï !
LPH N° 1002 3
sommaire N° 1002
6 INTERVIEW
Moshé Lion, maire de Jérusalem : « Je suis fou de Jérusalem ! »
8 À L'AFFICHE
Petits crimes conjugaux en Israël !
10 CARTES SUR TABLE
Une goutte dans la mer
22 BON À SAVOIR
Succession : règles régissant un compte en banque suite à un décès
24 ÉCONOMIE
Coup de pouce fiscal pour la high-tech
11-21 DOSSIER
L'ART DE LA TRADUCTION
l LA LITTÉRATURE FRANÇAISE DANS LES LIBRAIRIES ISRAÉLIENNES
l RENCONTRE AVEC DORY MANOR
l CONNAISSEZ-VOUS TINETINE ?
l TROIS QUESTIONS À ELI BIJAOUI
l LA LANGUE SACRÉE À LA RENCONTRE DE LA FONTAINE
l CHANTER LA FRANCE EN HÉBREU
l QUAND LA PLUME ISRAÉLIENNE EFFLEURE LA FRANCE
26 NEWS À LA LOUPE
26 % des Juifs dans le monde sont mariés à des non-Juifs
LEADERSHIP
Posez des questions !
30 GRAND ANGLE
• Hapoel Vegan Friendly Tel Aviv : l’étoffe des champions
• Vivre 120 ans, en paix avec les animaux et l’environnement
34 BOUILLON DE CULTURE
• La Bibliothèque Nationale d’Israël s’offre une nouvelle vie
• Sandrine Sarroche : « Le rire a été créé pour nous faire accepter nos misères. »
ET AUSSI...
Conscience (38), Développement durable (40), Judaïsme (42), Au nom de la loi (45), Mazal tov (46), Le Kling du mois (47), Recette (48), Jeux en français et en hébreu (49-51), Immobilier (52)…
4 LPH N° 1002
Le jour du jeûne de Yom Kippour, le 6 octobre 1973, les Égyptiens et les Syriens attaquent par surprise et simultanément dans la péninsule du Sinaï et sur le plateau du Golan. L'incapacité des services secrets israéliens à anticiper cette attaque a suscité un séisme politique majeur, et notamment la démission de la Première ministre Golda Meir. De son côté, le chef d’État-major Moshé Dayan ne se relèvera pas de l'impréparation de cette guerre qui a fait 2700 morts et 5000 blessés israéliens.
Les citations sont des phrases de Golda Meir et de Moshé Dayan rapportées par le docteur Hagai Tsoref, et issues d’articles en hébreu publiés sur le site mako.co.il. © DR
LPH N° 1002 5 LE DESSIN DU MOIS
« Je ne serai plus jamais la même qu'avant la guerre, car je regrette de n'avoir pas suivi ce que me dictait mon cœur. »
« Je n'ai pas évalué à sa juste mesure la force de l'ennemi. »
Moshé Lion, maire de Jérusalem
Je suis fou de Jérusalem !
:
Moshé Lion rêve grand pour Jérusalem. Il nous livre l’essentiel de sa vision de la Jérusalem du futur.
LPH : Au mois de novembre, nous marquerons cinq années de votre mandat de maire de Jérusalem – une ville fantastique, sans aucun doute, mais une ville très complexe…
Moshé Lion : En effet, ce n’est pas simple, car notre capitale est composée de Juifs, d’Arabes, de Chrétiens, de Juifs orthodoxes, de laïques, de sionistes-religieux… Jérusalem est en quelque sorte un « petit État », dans lequel je dois faire en sorte que toutes ces populations obtiennent les services adaptés sur mesure à leurs besoins. C’est à cette gestion sensible que je me consacre depuis cinq ans.
Quelle est la chose dont vous êtes le plus fier depuis que vous êtes entré dans votre bureau ici ?
D’abord, la propreté. C’est quelque chose de petit… mais de grand ! Cette ville était sale – aujourd’hui, c’est la ville la plus propre d’Israël. La Vieille Ville est tout simplement reluisante, et c’est merveilleux de voir tous ces touristes dans une Vieille Ville propre. Je me déplace beaucoup dans la ville, et je peux constater cette propreté au jour le jour, sans parler des nombreux retours d’habitants heureux de cette petite révolution que je suis parvenu à mener. Mais la plus grande révolution, que nous ne voyons pas forcément, c’est la construction de logements, celle du tramway, ainsi que la création de lieux de travail. Ces trois axes sur lesquels nous avançons sont le produit d’une réflexion sur la Jérusalem du futur, dans dix ou vingt ans. Mon objectif est d’en
faire une Jérusalem forte ; et pour qu’elle soit forte, je dois construire des milliers de logements chaque année, susciter la création de lieux de travail pour les habitants qui viendront s’y installer, et sortir Jérusalem des embouteillages ! Jérusalem est la première ville d’Israël qui sortira des embouteillages, car le projet du tramway avance très vite.
Comment ferez-vous cela ?
Aujourd’hui, 170 000 personnes circulent chaque jour sur la ligne du tramway déjà existante, entre Pisgat Zeev et le mont Herzl. Lorsque j’aurai achevé
6 LPH N° 1002 INTERVIEW
© Flash 90
la mise en place de toutes les lignes, 500 000 à 600 000 usagers qui circulaient jusqu’alors en voiture prendront quotidiennement le tramway.
Quand cela s’achèvera-t-il ?
Il y a d’abord la ligne qui fonctionne déjà – celle qui relie Pisgat Zeev au mont Herzl –, qui est en train d'être prolongée ; j’espère beaucoup que cela sera achevé dans les deux-trois prochains mois. La seconde ligne, qui reliera Guilo, Pat, Guivat Mordekhaï, le Binyanei HaOuma, la rue Bar-Ilan et jusqu’au mont Scopus, est censée s’achever en 2024-2025. Ces deux lignes multiplieront par deux le nombre de personnes qui circulent actuellement en tramway.
Malgré tout, les problèmes ne manquent pas, à Jérusalem : les tensions entre Juifs et Arabes sont fréquentes, Jérusalem est l’une des villes les plus pauvres du pays, la balance migratoire y est encore négative… Peut-on changer cela ?
J’en suis convaincu. Je vais vous donner un exemple : le nombre d’unités de logement construites avant mon entrée en fonction comme maire était en moyenne de 2000 à 2300 par an. Aujourd’hui, nous construisons trois fois plus : en 2021, nous avons construit 5400 unités de logement, en 2022, 7200, et j’espère qu’en 2023 nous arriverons aux environs des 7000.
Mais acheter ou louer un appartement à Jérusalem coûte très cher…
Les prix du logement sont très élevés dans tout Israël. Mais je n’ai aucun doute que si j’augmente l’offre des appartements, les prix se modéreront. Nous avons constaté que chaque appartement qui est construit est vendu. Nous avançons donc vraiment dans la bonne direction sur cette question.
Parlons maintenant de l’Alya et de l’intégration, des sujets qui vous sont chers, il faut le souligner. La ville consacre beaucoup de moyens pour amener des olim 'hadachim à Jérusalem : pourquoi, finalement ?
Chaque Juif, à travers le monde, rêve de Jérusalem, de venir à Jérusalem et d’y résider – notamment les Juifs de France, qui aiment énormément Jérusalem. Mon grand-père aussi, lorsqu’il est « monté » depuis Salonique, rêvait d’habiter à
Jérusalem. Finalement, il n’y est pas arrivé, il s’est installé à Tel Aviv, mais sa première visite fut pour Jérusalem.
Les olim 'hadachim, de mon point de vue, sont une population extrêmement importante pour Jérusalem et je veux les encourager à venir s’installer dans la ville de leurs rêves, grâce à à une meilleure offre en termes de logements et d’aides spéciales qui leur sont destinées.
Comment qualifieriez-vous la collaboration entre la Ville de Jérusalem et Qualita ?
Il y a là une histoire d’amour et une collaboration permanente entre la Municipalité de Jérusalem, moi, et Qualita. J’ai beaucoup d’estime pour cette organisation et je trouve qu’elle fait un travail formidable.
Pourquoi recommanderiez-vous à quelqu’un qui veut monter en Israël de choisir précisément Jérusalem ?
J’avoue que c’est une question difficile car je ne suis pas objectif, je suis fou de Jérusalem ! Mais les arguments ne manquent pas : le niveau d’éducation pour les enfants est très élevé et chaque famille peut obtenir l’éducation qu’elle souhaite. Il en va de même en ce qui concerne la riche vie culturelle de la ville. Ne parlons pas du climat merveilleux qui règne à Jérusalem et de l’atmosphère magique qui la caractérise.
Si je vous demande de me décrire Jérusalem dans quinze ans, que voyez-vous ?
Une ville renforcée par des habitants qui ont plus de moyens, qui travaillent, et par un environnement encore plus beau, avec des milliers de logements supplémentaires et donc des milliers d’habitants supplémentaires.
Et pour terminer, Moshé Lion, en quoi être maire de Jérusalem vous a-t-il transformé ?
Je n’ai pas changé. Je pense que je suis resté celui que j’étais avant d’être élu. J’ai le sentiment que tout ce que j’ai fait dans ma vie – et j’ai fait beaucoup de choses –, toute l’expérience que j’ai acquise, m’ont mené vers cette fonction. Je suis tout entier pour Jérusalem et je fais tout en faveur de Jérusalem. n
LPH N° 1002 7 INTERVIEW
Propos recueillis par Olivier Granilic
Petits crimes conjugaux en Israël !
LPH : Maria Fernanda Cândido et Bernard Bitan, vous jouerez prochainement la pièce de théâtre Petits crimes conjugaux d'Éric-Emmanuel Schmitt.
Racontez-nous votre rencontre et la genèse de ce projet Bernard Bitan : C’est effectivement une merveilleuse rencontre humaine et artistique avec une comédienne qui est une véritable star au Brésil. En plus d’être l’égérie de grandes marques de haute couture, Maria Fernanda a joué dans de nombreux films et, il y a quelques années, dans la version brésilienne de Petits crimes conjugaux Elle reprend aujourd’hui ce rôle en français à mes côtés et c’est un vrai bonheur !
Éric-Emmanuel Schmitt est un écrivain et auteur de théâtre prestigieux. Quand a-t-il écrit cette pièce ?
B.B. : Écrite il y a vingt ans, cette pièce a été jouée
Maria Fernanda
Cândido et
Bernard
Bitan joueront les célèbres Petits
crimes conjugaux d'Éric-Emmanuel Schmitt en Israël : l’occasion de les interviewer, à la veille de cet événement de la scène culturelle franco-israélienne !
une première fois en France par Bernard Giraudeau et Charlotte Rampling, dans une mise en scène de Bernard Murat.
Et cette fois, en plus d’interpréter l’un des deux rôles principaux, Bernard Bitan, vous assurez également la mise en scène de cette pièce ?
Oui, grâce à la précieuse collaboration et à la complicité de Léa Moussy, répétitrice des comédiens les plus célèbres, et assistante à la mise en scène des plus grands succès de théâtre en France depuis vingt ans. Nous nous sommes rencontrés à ses débuts, en 1999 : elle m’assistait déjà à la mise en scène de , la grande comédie musicale d’Herbert Pagani. Alors on a reconstitué l’équipe ! Avoir Léa Moussy dans ce projet est une garantie de qualité et de grande précision.
Pourquoi le choix de cette pièce et pourquoi Maria Fernanda Cândido ?
Maria Fernanda et moi-même avons
8 LPH N° 1002
À L'AFFICHE
en commun une amie très chère qui a eu la forte intuition que nous pourrions, que nous devrions monter un projet théâtral ensemble. Nous ne nous connaissions pas, nous avons poliment pris un café, sans a priori Petits crimes conjugaux, d’Éric-Emmanuel Schmitt, s’est très vite invité dans la discussion – et on s’est tapé dans la main ! J’ai proposé le projet à mon ami le producteur Elie Attal, qui a dit oui avant de lire la pièce et sans connaître Maria Fernanda ! Il a eu raison : les réservations marchent fort – l’instinct des grands producteurs…
Maria Fernanda, pouvez-vous nous résumer l’histoire de la pièce ?
Maria Fernanda Cândido : C’est l’histoire d’un couple dont le mari, victime d’un accident, souffre d’amnésie. Son épouse va donc tenter de refaçonner cet homme à sa guise, faire ressortir des qualités qu’il ignorait, effacer ses défauts…
Le rêve de toutes les femmes ?
M.F.C. : Oui, c’est vrai ! La pièce illustre aussi les différentes strates de la vie du couple : les illusions, la fantaisie, qui cèdent la place au cynisme, au mensonge, avant que ne surgisse enfin la vérité.
Est-ce un drame psychologique, une comédie, ou les deux à la fois ?
M.F.C. : Il y a du suspense, de l’humour aussi… C’est un texte brillant, tendre et perspicace, admirablement écrit, qui traite des relations amoureuses et de leur complexité, sujet récurrent dans l’œuvre d’Éric-Emmanuel Schmitt.
B.B. : J’ajouterais que c’est un texte sur la paix au sein du ménage, « le chalom bayit ». Je suggérerais même à tous ceux qui ont envie de divorcer ou de quitter leur conjoint de commencer par aller voir la pièce, avant de faire une bêtise ! (rires) C’est l’histoire d’un couple qui ne communiquait plus, dont chacun vivait sa vie de son côté et qui se résignait à l’évidence de la séparation, quand soudain arrive l’accident ! Le texte apporte magistralement des clés de réconciliation pour les couples les plus en péril. Bref, ne divorcez pas avant d’avoir vu Petits crimes conjugaux ! (rires)
M.F.C. : Oui chacun essaie de retrouver ce qui est à l’origine de leur union. Savoir reconnaître ce qui a fait que l’on s’est aimés, c’est un combat contre l’orgueil. Et s’il y a des torts, ils sont forcément partagés. Il n’y a pas de « gentil » et de « méchant », juste des erreurs à constater et à formuler pour les comprendre et les dépasser.
Parlez-nous de votre duo d’acteurs…
M.F.C. : C’est merveilleux de jouer avec Bernard, c’est un acteur généreux et bienveillant. J’adore travailler avec lui !
B.B. : C’est un grand privilège de jouer avec Maria Fernanda, car elle possède un talent inouï, un immense charisme, et l’humilité des plus grands. Cette connexion nous est apparue comme une évidence, et le lien est d’autant plus fort que la personne qui nous a présentés l’un à l’autre est une amie qu’elle et moi aimons profondément. C’est la loi de la transitivité.
M.F.C. : Michèle N., cette amie commune, a été très présente à mes côtés en 2006 lorsque j’ai travaillé sur cette pièce. À l’époque, elle vivait au Brésil, à São Paolo.
Quel souvenir gardez-vous de votre première expérience en portugais dans ce même rôle, Maria Fernanda ?
M.F.C. : Dix-sept ans se sont écoulés depuis. J’ai aujourd’hui vingt ans de mariage, et forte de cette expérience j’interprète ce rôle avec une expertise sur le couple plus affûtée…
C’est aussi le projet d’une équipe…
B.B. : Oui, une équipe animée de main de maître par Elie Attal, notre producteur qui, par la dimension internationale de la tournée, dépasse sa zone de confort : après les premières dates en Israël, nous jouerons à Paris, Genève, Marrakech et partout où nous aurons rendez-vous avec le public. Elie est un producteur qui investit, prend des risques, travaille à la faisabilité du projet et fabrique un spectacle « Made in Israël » sans transiger sur la qualité.
Maria Fernanda, connaissez-vous notre communauté et notre pays ?
M.F.C. : Je ne suis pas juive mais mes meilleurs amis le sont. Je suis très touchée par la spiritualité juive qui m’intéresse particulièrement. Ce sera ma première visite en Israël, et j’ai vraiment hâte de découvrir ce pays et son peuple ! n
Dates des représentations en Israël :
. JÉRUSALEM : lundi 23 octobre, au Théâtre Nava Bibi de Kikar HaMusica
. TEL AVIV : mardi 24, mercredi 25 et jeudi 26 octobre, au Théâtre Suzanne Dellal (Neve Tzedek) Réservations au 052-3060863 ou en scannant le QR Code ci-contre
LPH N° 1002 9 À L'AFFICHE
Une goutte dans la mer
PAR ARIEL KANDEL
Quelle tristesse, à la sortie de Kippour, de voir les événements de Tel Aviv ! Triste de voir une poignée de nos frères se quereller. Mais triste, surtout, de voir la place qu'occupe ce genre de phénomène dans l'espace public. Alors qu'il s'agit d'une goutte dans la mer, tout le monde en parle comme s'il était question d'un raz-de-marée. Est-il nécessaire de rappeler que plus de sept millions de Juifs vivent en Israël ? Une poignée d'entre eux sont des extrémistes et ce sont d'eux qu'on parle tout le temps. Pis : on déduit de leurs actes que la haine gratuite est omniprésente au sein du peuple juif. Fake news ! Pourquoi ?! L'immense majorité du peuple juif vit ensemble dans ce pays sans aucun débordement depuis des décennies. Pourquoi les gens ont-ils constamment besoin de mettre en avant des choses non représentatives ?
Les trois fêtes de pèlerinage nous indiquent que nous avons l'obligation d'être joyeux. Difficile mission que de contrôler ses sentiments… C'est peut-être le message de ces jours-ci : nous devons contrôler nos pensées, nos sentiments, nos propos, nos lectures, nos vues d'écran, afin de crier haut et fort que le verre est en réalité et très évidemment bien plus qu'à moitié plein. Mieux : il déborde d'abondance. Il faut juste être prêt à le constater et à le contempler, plutôt que de chercher sans cesse des faits divers et de les transformer en une généralité accablante
qui accuse la totalité du peuple juif. Il faut pour cela sortir de notre zone de confort, de nos systèmes de pensée, de notre besoin d'appartenir obligatoirement à des groupes politiques, religieux ou WhatsApp. Il faut oser sortir pour aller dans la soucca, pour faire confiance à Dieu, pour aller vers l'autre, pour tenter l'aventure de la rencontre – afin, également, de lutter contre l'ingratitude, le plus grand mal de notre temps. Rien n'est dû et rien n'est normal. Nous avons la chance d'appartenir à une génération qui vit des choses magnifiques et incroyables. Nous devons en être conscients et propager ce miracle. n
10 LPH N° 1002 CARTES SUR TABLE
© Flash 90
L'ART DE LA TRADUCTION
Quel meilleur vecteur de communication entre la France et Israël que la littérature ?
Travaillant dans l’ombre, les traducteurs sont les artisans d’une connaissance réciproque de nos cultures si différentes. Grâce à eux, les non-hébraïsants peuvent avoir accès aux géniaux écrivains israéliens, et les Israéliens aux trésors modernes et classiques de la littérature française. Lumière sur l’art de la traduction.
Anne-Caroll Azoulay
DOSSIER
L'art de la traduction
PAR NATHALIE SOSNA-OFIR
La littérature française s'est fait une place de choix sur les étagères des librairies en Israël grâce à la qualité de la traduction des œuvres,
Il faut dire que les Israéliens ont toujours éprouvé beaucoup d’attrait pour la culture française et témoigné de l'intérêt pour les grands auteurs français. Beaucoup ont ainsi été traduits et publiés depuis les années cinquante
Albert Camus, JeanPaul Sartre, Simone de Beauvoir, Marcel Proust, Victor Hugo, Émile Zola, Gustave Flaubert, Marguerite Duras… – et leurs œuvres largement diffusées dans les milieux académiques et culturels israéliens, certaines étant également enseignées dans les établissements scolaires. Parmi les plus contemporains, celui qui suscite le plus de commentaires dans les colonnes littéraires des journaux est sans doute Michel Houellebecq, dont les douze livres traduits en hébreu ont tous été des succès de librairie, à commencer par le premier, Les particules élémentaires, en l'an 2000, suivi de La possibilité d'une île, jusqu’à Soumission et Anéantir, à propos duquel la critique a été dithyrambique. En 2011, lors de son séjour en Israël pour la parution en hébreu de La carte et le territoire, prix Goncourt 2010, l’écrivain disait ne pas s'expliquer cette réussite israélienne. Est-ce parce que, comme l'affirme le
célèbre critique littéraire israélien Arik Glasner, Michel Houellebecq serait en fait un écrivain hébraïque sans le savoir ? Pour Glasner, le lien profond entre Houellebecq et le judaïsme repose sur une composante centrale de la vision du monde de Houellebecq : son anti-nietzschéanisme, et aussi sur le fait qu'il est l’auteur d’une littérature utopique, à la recherche d'un jardin d'Éden, et qu’il croise l’idée messianique qui est la contribution du judaïsme au monde. D’autres auteurs français sont largement traduits en hébreu et remportent l’adhésion des lecteurs. Citons, entres autres, Yasmina Reza, notamment ses pièces de théâtre Art et Le Dieu du carnage, adaptées sur de nombreuses scènes théâtrales en Israël, Édouard Louis pour son roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule, Laurent Binet pour son roman HHhH
prix Goncourt du premier roman, qui raconte l'histoire de l'assassinat de Reinhard Heydrich, haut dignitaire nazi, et qui a été salué en Israël pour son originalité et son style littéraire unique –, ou encore Marie Darrieussecq, pour
ses livres Le bébé et Il faut beaucoup aimer les hommes. Mentionnons aussi, dernièrement, Arrête tes mensonges, le livre à succès de Philippe Besson, qui a été adapté en hébreu pour le théâtre et présenté à Tel Aviv dans le cadre du Festival Tmuna, en présence de l'auteur.
Si ces livres rédigés à l'origine en français sont un succès en Israël, c'est sans aucun doute également dû à la qualité de leurs traductions. Les traducteurs israéliens font preuve d'un réel talent d'écriture, grâce auquel ils parviennent à restituer la musicalité et le rythme du phrasé original. Ils apportent une précieuse contribution à la diffusion de la littérature française en Israël, et permettent aux lecteurs hébréophones de découvrir les grands écrivains français classiques et contemporains. Parmi ces traducteurs de qualité, Rama Ayalon, amoureuse de la France, grand prix de la traduction du ministère israélien de la Culture, a été récemment nommée Chevalier des Arts et des Lettres par le ministère français de la Culture : en vingt ans de carrière, elle a traduit plus de 90 livres du français en hébreu, notamment
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DOSSIER
qu'elles soient classiques ou contemporaines, en prose ou en poésie.
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les Pensées de Blaise Pascal, Totalité et Infini d’Emmanuel Lévinas, Rien n’est noir de Claire Berest, Réparer les vivants de Maylis de Kerangal, ou encore La mise à nu de JeanPhilippe Blondel – mais aussi Michel Houellebecq, Georges Simenon, LouisFerdinand Céline, Marguerite Duras, Guy de Maupassant, Romain Gary, Milan Kundera, Delphine de Vigan… L'année dernière, un autre traducteur israélien a été fait Chevalier des Arts et des Lettres : Dory Manor. À la fois poète, traducteur, éditeur, essayiste et éducateur, il a débuté sa carrière de traducteur par les poèmes de Charles Baudelaire. Et il y a quelques mois, il a publié une
anthologie intitulée Les maudits, qui rassemble des vers de Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, Lautréamont, Mallarmé, Corbière et Laforgue. Sur un total de 7300 nouveaux livres publiés en 2022 et venus rejoindre les collections de la Bibliothèque Nationale d'Israël, 959 sont des traductions d'ouvrages rédigés dans une langue étrangère, dont 45 en français – soit 5 % –, nous a confié Nachum Zitter, directeur de l'information à la Bibliothèque Nationale d'Israël. Depuis le début de l'année 2023, déjà dix livres traduits depuis le français les ont rejoints, parmi lesquels Auschwitz
et après de Charlotte Delbo, Le bal des folles de Victoria Mas, Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois, Marie Curie et ses filles de Claudine Monteil, Vernon Subutex de Virginie Despentes, ou encore (pour enfants) Papa à grands pas de Nadine Brun-Cosme.
Traduire de la littérature ne consiste pas simplement à faire passer un texte d'une langue à une autre. Il faut parfaitement maîtriser la langue originale, réussir à disparaître derrière l’œuvre et à faire oublier au lecteur qu’il s'agit d'une traduction – ce qu'ont manifestement réussi à faire les traducteurs israéliens, et l'on ne peut que s'en féliciter. n
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DOSSIER
Rencontre avec Dory Manor
Poète, essayiste, traducteur, éditeur littéraire et éducateur israélien
Son anthologie de poésie, Les maudits, qui rassemble la traduction en hébreu de poèmes de Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Lautréamont, Tristan
Corbière et Jules Laforgue, vient d'être publiée en Israël. Ces poètes anticonformistes à la vie tumultueuse, qui s'adonnaient à la consommation de drogues et d'alcool, et à une sexualité débridée, étaient pauvres et sont morts jeunes. Mais c’étaient aussi des génies, qui ont composé une poésie audacieuse dans sa forme et son contenu. ©
LPH : Pourquoi cette anthologie ?
Dory Manor : Car ces poètes maudits, ces très grands poètes, sont toujours à l'ordre du jour, ils continuent à exercer une influence très significative. Ce sont des avant-gardistes, une génération qui a contribué à la définition de l'artiste moderne.
D'où vous vient cet amour pour la poésie française, alors que vous n'étiez aucunement francophile ?
Au lycée, à Tel Aviv, j'ai appris le français avec une professeure extraordinaire. C'était sa dernière année
d’enseignement, et elle nous a fait découvrir la littérature et la poésie françaises. J'ai très vite préféré ses cours à ceux d'hébreu.
Quelle est le premier poète français qui vous a interpellé ?
Apollinaire. J'avais 16 ans, je ne parlais pas du tout le français, mais quand notre professeure a lu l'un de ses poèmes, il y avait une magie, une musicalité qui ont fait que j’en suis tombé amoureux ! Je me suis alors rendu compte que la poésie, ce n'était pas seulement
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PAR NATHALIE SOSNA-OFIR
Boaz Arad
de la sémantique, mais aussi de la musique. Découvrir le français a été pour moi une révélation, et j'ai senti que cet univers si étranger, si différent de celui que je connaissais, pourrait devenir le mien.
Comment, alors que vous n'aviez que 18 ans et étiez soldat, vos premières traductions de Baudelaire ont-elles été publiées dans le supplément littéraire du journal israélien HaAretz ?
J'avais la 'houtzpa de la jeunesse, ce qui, en hébreu, veut dire de l’audace, du culot. En fait, étant donné qu'il n'existait aucune traduction intéressante des Fleurs du mal, ou bien qu’elle était épuisée depuis longtemps, je n'ai pas eu d'autre choix que de les traduire moi-même. Je ne parlais pas le français ; j'ai donc travaillé mot à mot à l'aide d'un dictionnaire. Petit à petit, je me suis amélioré, et en deux ans j'étais capable de traduire poétiquement Baudelaire. J'ai alors envoyé une lettre au journal HaAretz, accompagnée de la traduction de quatre poèmes. Le journal m’a proposé de les publier dans son supplément littéraire – je ne savais même pas qu'il en existait un ! – et m'en a demandé d'autres. J'ai ensuite traduit un recueil de de Paul Valéry, Le cimetière marin, et un de Mallarmé, que j’ai intitulé (en hébreu) Le tonnerre muet
Qu'est-ce qui vous a attiré chez Baudelaire ?
Son histoire, son côté un peu sombre, romantique, érotique, son existence hors du commun, non conformiste, mais aussi son génie. Il m'a hypnotisé – et je le suis d'ailleurs toujours. Je ne connaissais rien d'équivalent chez les poètes hébraïques. Baudelaire est unique et sans aucun doute le père fondateur du modernisme.
Traduire de la poésie, n'est-ce pas prendre le risque de trahir le poète ?
Lorsqu’on traduit de la prose, il faut être très fidèle au texte, aux mots, être à l'écoute de ce que l'auteur a écrit, de ce qu'il veut dire. Mais traduire de la poésie,
c'est autre chose : c'est une récréation, une réécriture, car si l'on traduit trop précisément, le résultat est plutôt sans intérêt. Pour obtenir une traduction poétique fidèle, il faut donc passer par un très grand nombre de petites trahisons.
Avez-vous aussi traduit de la prose française ?
Oui, j’ai traduit L’avare de Molière, Candide de Voltaire, les lettres de Flaubert à Louise Colet, les Méditations métaphysiques de Descartes, Les paradis artificiels de Baudelaire et, plus contemporains, Bonjour tristesse de Françoise Sagan, La tragédie algérienne de Raymond Aron et Je m'en vais de Jean Echenoz.
Vous-même, écrivez-vous aussi de la poésie ?
Oui, à ce jour j’ai publié cinq volumes de poésie. Le premier, Minority, a paru en 2000, suivi par la publication d'un livret coécrit avec la poétesse Anna Herman pour un opéra nommé Alpha and Omega, portant sur une série de lithographies d'Edvard Munch. Mon dernier recueil a paru en 2020 et s’intitule Une âme après toi
Quel est votre style ?
Je mets l'accent sur la musicalité, la métrique, la rime et les structures classiques telles que les sonnets, afin que les poèmes soient mémorisables, car lorsqu’ils ne le sont pas ils meurent.
Quel état des lieux faites-vous de la poésie en Israël ? On constate ces dernières années un véritable enthousiasme pour la poésie. Je crois que la mise en musique de poèmes y a contribué, car la musique permet à des textes qui peuvent sembler complexes d’être accessibles, plus audibles. Par exemple, le célèbre artiste Maor Cohen a mis en musique les vers de Baudelaire traduits par mes soins. Son album, qui comprenait onze poèmes des Fleurs du Mal , a connu un vif succès et il en a fait un spectacle. Ce phénomène explique sans doute la vivacité de la poésie, devenue moins élitiste et donc plus populaire. n
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© DR
Coin de table, un tableau d'Heni Fantin-Latour représentant des "poètes maudits", et notamment, à l'extrême gauche, Verlaine et Rimbaud
Connaissez-vous Tinetine ?
PAR NATHALIE SOSNA-OFIR
Il n'y a pas que la littérature française en prose ou en vers qui soit traduite en hébreu, mais aussi la bande dessinée. Le premier album de Tintin traduit en hébreu, en 1964, a été Le sceptre d’Ottokar. Et si Tintin se prononce en hébreu « Tinetine », le professeur Tournesol, lui, a carrément changé de nom pour prendre celui de professeur Calculus, les Dupont et Dupond s'appellent Thompson et Thomson, et quant au chien Milou, c'est Chlagui, « l'enneigé ». Les premières traductions d'Astérix et Obélix, pour leur part, datent des années 1980 ; neuf albums sont alors publiés par la maison d'édition Dahlia Pelled. En 2007, les Éditions (françaises) Albert René traduisent en hébreu Astérix chez Rahazade, qu'elles présentent au Salon du livre de Paris.
Parallèlement, l'éditeur israélien Modan publie la traduction de L’odyssée d’Astérix, dont le titre en hébreu est modifié en
Astérix et Jérusalem d'or noir. Sur la couverture, figure l'éperon rocheux de Massada, où Goscinny était venu prendre des photos ; et dans la bande dessinée, une sublime vue de Jérusalem. Si Astérix et Obélix conservent exactement leurs noms français et se prononcent de la même façon, ce n'est pas le cas du chef
Abraracourcix, devenu Da-Goullix, tiré de « dagoul » qui, en hébreu, signifie « grand », « glorieux ». Sa femme Bonemine est Vitamine ; le barde du village, Assurancetourix, s'appelle Doremix, référence aux trois premières notes de musique. Idéfix, c'est Mavrix – tiré de l'hébreu « mavrik » : « brillant », « génial ». Le druide Panoramix devient Achafix – inspiré du mot « achaf » qui, en hébreu, signifie « magicien » ; et quant au marchand de poisson Ordralfabétix, il s'appelle Ixdrix, référence au jeu du morpion – ixmix-drix, en hébreu – mais d'aucuns disent qu'il est plutôt inspiré de l'onomatopée hébraïque « ikhss », qui marque le dégoût (la fraîcheur de la marchandise laissant à désirer).
Quant aux Schtroumpfs, ce sont des Dardassim, et le Grand Schtroumpf avec sa barbe blanche s’appelle en hébreu Darda saba, le « papi Schtroumpf ». n
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DOSSIER
Trois questions à Eli Bijaoui
Écrivain,
metteur en scène, traducteur pour le théâtre d'œuvres françaises et anglophones en
hébreu, entre autres celles de Molière, Shakespeare, Jean Cocteau, Woody Allen, il a également adapté au théâtre
Intouchables d’Éric Toledano et Olivier Nakache et Le placard de Francis Veber, et il a mis en scène La cage aux folles de Jean Poiret.
LPH : Comment en êtes-vous venu à la traduction ?
Eli Bijaoui : C'est la traduction qui est venue à moi ! J'étudiais la mise en scène au Seminar HaKibbutzim, nous travaillions alors sur Huis clos de JeanPaul Sartre et je me suis rendu compte que les dialogues traduits en hébreu n'étaient pas du tout adaptés pour être récités par des acteurs sur scène. Les traductions réalisées dans les années 1950/1960, généralement du mot à mot et uniquement destinées à être lues, ne fonctionnaient pas. Or cette œuvre était avant tout une pièce de théâtre, écrite dans cet objectif. J'ai donc traduit plusieurs scènes, enchaîné sur La guerre de Troie n'aura pas lieu, puis des pièces de Molière. Les quatre pièces de Molière que j'ai traduites – L’avare, L'école des femmes, Le malade imaginaire, Tartuffe – vont bientôt être compilées dans une anthologie qui sera illustrée par David Polanski. Je travaille surtout sur des œuvres destinées à être jouées sur scène.
Comment approcher le français, une langue si riche et toute en nuances ?
Il est vrai que l'hébreu est moins riche et moins nuancé que le français, mais c'est la langue qui a les plus anciennes racines linguistiques au monde. Elle s'est incroyablement développée ces cent cinquante dernières années, depuis qu'Éliézer Ben-Yéhouda l'a ranimée, et elle s'est renouvelée tout au long du siècle dernier grâce aux vagues d'immigration ; c'est une langue qui bouge tout le temps. C'est la raison pour laquelle les traductions d’œuvres françaises en
hébreu datant du milieu du XXe siècle sont aujourd’hui obsolètes.
Traduire une œuvre, n'est-ce pas prendre le risque de trahir son auteur ?
Non, si la traduction est réalisée dans les règles de l'art. S'il s'agit de prose, il faut être très fidèle au texte, aux mots, être attentif à ce que l'auteur a écrit, à ce qu'il a voulu dire. Mais traduire de la poésie ou des pièces de théâtre, c'est autre chose : dans ce cas, c'est en traduisant mot à mot que l'on trahit l'auteur, car là, ce qu’il faut, c’est retranscrire le rythme, l'humour, le ton – si importants chez Molière, par exemple –, mais aussi la structure, notamment lorsqu’il s’agit de pièces de théâtre, et bien sûr les rimes. J'ai été choqué quand j'ai constaté que Tartuffe avait été traduit en prose, sans rimes. Comment a-t-on pu faire cela alors que l'humour de cette pièce, son rythme et la capacité du public de la comprendre sont liés à sa structure en vers ? Pour réussir une traduction, il faut prendre le temps de comprendre l’intention de l'auteur et la retranscrire dans une autre culture en préservant la musique. Le plus difficile est sans doute de traduire les métaphores, car ce sont des images, il faut savoir les transposer en hébreu de façon qu’elles soient aussi parlantes que les originales. La traduction n'est pas un simple passage d'une langue à une autre, c'est un acte culturel. n
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Propos recueillis par Nathalie Sosna-Ofir
« La traduction est un acte culturel. »
© Yariv
Vinberg
La langue sacrée à la rencontre de La Fontaine
Enfants, La Fontaine nous a fait errer dans les arcanes de la poésie amusante, dans un merveilleux contexte de flore et de faune, alors que les grands bois nous étaient inconnus et que notre bestiaire se résumait aux animaux de bassecour. Mais tout comme les mécènes et les beaux esprits d’antan qui se faisaient payer en ballades, odes et autres vers, nous étions titillés par la sagesse de la morale parabolique qui contre le lion donne avantage au moucheron guilleret, lequel ne se sent plus de joie et finit rencogné dans les filets de l’araignée. Ou encore par l’enseignement du fabuliste lorsqu’il dénonce l’injustice (« La loi du plus fort est toujours la meilleure » – « Le loup et l’agneau »), loue les vertus de la patience (« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » – « Le lion et le rat »), ridiculise la vanité (« Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute » – « Le corbeau et le renard ») ou fait valoir le trésor qu’est le travail (« Le laboureur et ses enfants »).
Enfants, nous nous régalions d’une morale si joliment composée et si judicieusement dosée sous forme de fables en vers curvilinéaires, sans nous rendre compte que nous ingurgitions et absorbions toute une syntaxe qui allait servir de partition à notre élocution et à nos compositions écrites. Notre imagination habillait les personnages chimériques de La Fontaine d’images du métavers.
Et c’est ainsi qu’en grandissant, nous avons continué à chérir ces fables inoubliables qui avaient conservé une irisation enfantine. À notre tour, nous cherchons à transmettre à notre progéniture ces fables qui sont autant de marques de bonheur.
Enfin, Asher vint.
C’est dans la langue sacrée qu’il a réexprimé le rythme, la musicalité et la sagesse des fables moralisantes. Il a pour lui la maîtrise rigoureuse de
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Le romancier et poète Asher Knafo s’est attelé à la traduction en hébreu des Fables de La Fontaine. Dans sa préface, David Bensoussan, ancien président de la Communauté sépharade unifiée du Québec, et auteur de nombreux ouvrages littéraires et d’essais historiques, rend hommage à ce travail audacieux et nécessaire qui permet aux hébraïsants de rencontrer le génie de La Fontaine.
l’hébreu et l’art du conte hérité de la tradition orale judéo-marocaine, comme en témoignent ses ouvrages antérieurs. Asher produit à un rythme affolant – car il a tant de choses à transmettre ! Il se veut le témoin de toute une génération, qui a quitté le monde traditionnel et opté pour la francisation. Il s’accroche à la culture judéo-marocaine et à la langue de La Fontaine pour nous offrir un bouquet de strophes épanouies à souhait dans la langue hébraïque ressuscitée. Le lecteur se délectera de la poésie ornée de morale qui dévoile des pensées profondes – bien qu’au premier abord elles puissent paraître enfantines – exprimées dans une langue châtiée,
mais cependant accessible et très compréhensible. La version des Fables de La Fontaine en langue hébraïque (dans l’ouvrage figure la version française de la fable et sa version traduite en hébreu) vient enrichir le vaste palmarès de l’œuvre d’Asher Knafo. Le lecteur pourra également se délecter des illustrations aux couleurs chagalliennes qui accompagnent ces fables. Leur auteur est Haï Knafo, dont l’œuvre a fait l’objet de nombreuses expositions, notamment à la galerie OK Harris de New York. Ce travail d’Asher Knafo est un acte d’amour : l’amour du partage d’un éducateur de talent qui, alors que le monde est pris dans l’engrenage de mutations technologiques dont on ne connaît ni l’aboutissement ni les conséquences socioculturelles, partage le meilleur de sa culture héritée et de la sagesse pérenne d’autrefois. Il assure la transmission, en poésie, d’un héritage riche de morale, qui mérite d’être récité encore et encore. n
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Chanter la France en hébreu
En mars dernier, à la Résidence de France, Éric Danon, ancien ambassadeur de France en Israël, a remis les insignes de chevalier de l’ordre national de la Légion d'honneur à Corinne Allal, saluant ainsi le parcours d’une icône de la musique israélienne, une immense artiste dont les interprétations de chansons françaises ont permis au public israélien de découvrir et aimer la France.
Devant une quarantaine d’invités, Éric Danon s’est dit honoré de présider à l’entrée de l’intéressée dans l’ordre de décoration le plus prestigieux de la République française : « Vous vous êtes magnifiquement approprié la culture musicale française en proposant votre version de chansons emblématiques au public israélien. Ces ponts musicaux ont fait de vous une véritable ambassadrice de la culture française, que nous distinguons aujourd’hui pour l’ensemble de son œuvre. »
Née en 1955 à Tunis dans une famille francophone, Corinne Allal a émigré en Israël en 1963, à l’âge de huit ans. Sa carrière de guitariste-choriste, au contact de chanteurs israéliens de renom, dont Matti Caspi, Arik Einstein et Yehoudit Ravitz, l’a menée à une véritable notoriété. Passionnée de chanson française, elle a eu à cœur de faire connaître ses artistes préférés au public israélien, en reprenant, réinterprétant et traduisant certains classiques au fil de ses albums et concerts. Son troisième album, paru en 1989 et intitulé Antarctica, comprend ainsi une interprétation en français du « Petit déjeuner du matin » de Jacques Prévert. En 1990, dans son quatrième album, intitulé Ma langue maternelle, elle interprète en hébreu plusieurs chansons françaises, dont « Les trois cloches » et « L'hymne à l'amour » d’Édith Piaf, « Le lit de Lola » de
Marie Laforêt, ou encore « Au bois de mon cœur » de Georges Brassens. En 1991, elle célèbre l’amitié francoisraélienne dans un nouveau tube intitulé « Un tableau impressionniste », dans lequel elle chante avec Eran Zur : « Le sud de la France, les rives du Yarkon : tout se fond dans un tableau impressionniste… »
En 2018, elle s’est produite à Paris dans le cadre de la Saison Israël-France, dont elle a lancé la soirée inaugurale au Pavillon Villette. Régulièrement diffusées à la radio, ses interprétations ont permis à de nombreux Israéliens de découvrir et aimer la chanson française, au point d’associer systématiquement Corinne Allal à la France. n
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L'ancien ambassadeur de France en Israël, Éric Danon, et l'artiste Corinne Allal lors de la cérémonie à la Résidence de France à Tel Aviv
© Ambassade de France en Israël
Quand la plume israélienne effleure la France
PAR NATHALIE SOSNA-OFIR
C'est acté : la littérature israélienne se fait de plus en plus de place sur les étagères des librairies en France. Mais comment sa perception a-t-elle évolué ? Quels sont les auteurs qui séduisent éditeurs et lecteurs français, et qui ont le privilège d'être traduits dans la langue de Molière ?
La réception de la littérature israélienne en France a connu différentes phases. Dans les années 1950-1960, elle était davantage associée à l'identité juive qu'à une littérature distincte. Les traductions étaient limitées et se concentraient sur la culture ou la pensée juives, ou des témoignages des camps de concentration », explique Gisèle Sapiro, directrice d'études à l'EHESS et directrice de recherche au CNRS, que nous avons interrogée.
Cependant, poursuit-elle, à partir des années 1970, avec l'engagement politique des écrivains israéliens, la perception a évolué et le nombre de traductions a doublé : 80 nouveaux titres de 1982 à 1992. Et depuis les années 1990, la réception de la littérature israélienne connaît une normalisation, avec une diversification des genres et des auteurs traduits, grâce à une nouvelle génération d'écrivains qui cherchent à inscrire leur travail dans la littérature mondiale, en se distançant des réalités sociopolitiques israéliennes.
Nombreux sont les écrivains hébréophones à avoir été traduits en français, avec à la clé de prestigieux prix littéraires français : David Shahar, prix Femina étranger en 1988 pour Le jour de la comtesse, Aharon Appelfeld, prix Médicis étranger en 2004 pour Histoire d'une vie, Avraham B. Yehoshua, prix Médicis étranger en 2012 pour Rétrospective et dont le dernier ouvrage, Le tunnel, a été publié en français en 2019. Amos Oz, l'un des écrivains israéliens les plus renommés, a vu plusieurs de ses ouvrages traduits en français, dont Une histoire d'amour et de ténèbres en 2004 chez Gallimard et La boîte noire en 1988 aux éditions Calmann-Lévy, prix Femina étranger, traduits par Sylvie Cohen. Avec Une femme fuyant l'annonce, David Grossman remporte le Médicis étranger en 2011. Etgar Keret est lui aussi régulièrement traduit chez Actes Sud : Un homme sans tête, Pipelines, Au pays des mensonges… Chez Gallimard ont paru notamment Ce qui reste de nos vies, de Zeruya Shalev, lauréate du Femina étranger pour Douleur, Trois étages, d'Eshkol Nevo, et la
plupart des livres de Meir Shalev. Albin Michel a publié Yuval Harari, auteur de Sapiens. Une brève histoire de l'humanité, succès fulgurant. Les bulles israéliennes ont également conquis la France, avec Tunnels, de Rutu Modan, bande dessinée éditée par Actes Sud en 2021 et dans laquelle nous accompagnons Nili et son fils partis à la frontière entre Israël et les territoires palestiniens, à la recherche de l’Arche d’alliance. Et si vous préférez les polars, dévorez Oranges amères, de Liad Shoham, publié en français dans la collection 10/18 en 2016, une intrigue au cœur de laquelle un journaliste disparaît dans la petite ville tranquille de Petah Tikva. Parmi les derniers livres en hébreu traduits en français : Stupeur, de Zeruya Shalev, traduit par Laurence Sendrowicz et paru chez Gallimard en août 2023, qui offre quatre-vingts ans d’histoire israélienne. Et dans un tout autre genre : Duel à Beyrouth, de Mishka Ben-David, ancien du Mossad, publié en février 2023 aux éditions Nouveau Monde, qui mêle espionnage et politique, et plonge le lecteur dans le quotidien du service de renseignement israélien. Si vous êtes fan de Fauda, courez l'acheter ! n
LPH N° 1002 21 DOSSIER
«
Règles régissant un compte en banque suite à un décès
PAR MAÎTRE YIGAL LEDERER
Lors du décès d’une personne titulaire d’un compte bancaire, la question se pose de savoir ce qu’il adviendra des fonds disponibles sur son compte ainsi que des frais éventuels que le défunt devait payer pour gérer sa vie courante (paiement d’un loyer, remboursement d’un prêt, paiement des factures, etc.). Quid également quand le défunt disposait d’un compte commun avec le conjoint survivant ?
Àla suite d’un décès, la banque du défunt va automatiquement bloquer le compte de ce dernier pour éviter qu’un tiers, héritier potentiel ou non, puise dans ce compte en toute liberté et sans en aviser quiconque. Or le défunt a souvent établi des paiements par virement automatique, et il a parfois souscrit un prêt immobilier ou un prêt à la consommation ; il est donc nécessaire de savoir si la banque continuera à honorer ces différents paiements. Par ailleurs, les héritiers potentiels souhaiteront connaître l’état du compte.
Seuls les proches parents pourront demander à obtenir des informations auprès de la banque du défunt, laquelle se réserve le droit de les divulguer.
Les héritiers doivent savoir qu’ils ne sont pas prioritaires pour toucher les fonds qui se trouvent sur le compte. Avant eux passent les créanciers du défunt (que les héritiers ou l’exécuteur testamentaire doivent identifier).
Les héritiers pourront seulement, éventuellement, opérer de « petites dépenses » nécessaires. Ils devront également faire cesser tout prélèvement automatique, sous condition de présentation de l’acte de décès et de son approbation par le directeur de l’agence bancaire. Les chèques établis avant le décès devront être honorés par la banque.
Si le défunt avait souscrit un crédit immobilier, il faudra se tourner vers l’assurance-vie (obligatoire lors de la souscription à un crédit immobilier) pour qu’elle couvre les paiements futurs.
Les héritiers potentiels pourront également se tourner vers la banque pour utiliser les fonds du compte pour les besoins des funérailles du défunt.
Ils devront alors signer un document (document d’indemnisation éventuelle) et, le cas échant, obtenir l’accord du titulaire associé au compte.
Le compte commun et le conjoint survivant Lorsqu’un conjoint décède, deux écueils font surface : le conjoint restant en vie est-il en droit de continuer à utiliser les fonds présents sur le compte ? Et qu’en sera-t-il du partage de ces fonds entre les héritiers ? Il est très fréquent de voir deux époux ouvrir ensemble un compte joint pour financer leurs différents achats et frais, leur quotidien et leurs investissements. Il arrive également que des parents d’un certain âge associent l’un de leurs enfants au compte pour les aider à le gérer. La logique voudrait, puisque l’on parle de compte joint, que le conjoint survivant puisse continuer à bénéficier librement des sommes figurant sur le compte. Mais cette logique se heurte à la crainte de la banque d’autoriser le conjoint encore en vie à utiliser les fonds comme bon lui semble alors que d’autres héritiers sont susceptibles de pouvoir eux aussi bénéficier de cet argent. A contrario, le conjoint est dans la nécessité de subvenir à ses besoins et donc, pour ce faire, de pouvoir continuer à disposer du compte.
La clause de « longue vie » d’un compte bancaire commun
Lors de l’ouverture d’un compte joint, plusieurs documents sont à signer par les futurs titulaires du compte. Dans l’un de ces documents, figure une clause spécifique intitulée « arikhout yamim », soit,
22 LPH N° 1002 BON À SAVOIR
Succession
en français, la clause de « longue vie ». Cette clause est essentielle car elle permet au conjoint survivant de pouvoir continuer à utiliser les fonds disponibles sur le compte joint alors même que le greffe des successions n’a pas encore délivré d’acte de notoriété. La Banque d’Israël considère cette clause comme étant une clause « par défaut », en ce sens qu’elle s’applique automatiquement à moins d’un refus exprès et écrit de l’un des titulaires du compte. Il est tout de même conseillé de vérifier auprès de votre banque si cette clause est bien validée. Attention, toutefois, cette clause ne doit pas être assimilée à un total laisser-faire. En effet, elle permet au conjoint survivant de continuer à payer les frais courants du quotidien (factures, loyers, dépenses courantes), mais non d’effectuer des dépenses qui sortent de l’ordinaire, lesquelles nécessiteront un accord de la banque qui cherche à se protéger par rapport aux autres héritiers présomptifs. En somme, la disposition de « longue vie » n’a pas pour vocation de faire acquérir à l’associé du compte un quelconque « droit de propriété » sur la partie du compte du défunt. Le conjoint en vie doit veiller à n’utiliser ces fonds qu’à bon escient et avec précaution, car les autres héritiers pourraient en contester l’usage s’ils estiment qu’ils ont été utilisés à des fins non essentielles.
Précisons que le fait qu’une personne détient une procuration pour exercer des opérations sur un compte n’a plus aucun effet à compter du décès du titulaire du compte : la procuration cesse d’être effective dès le décès.
Dévolution légale ou testamentaire
Comme en droit français, il existe dans le droit israélien (loi de 1965 sur les successions) deux sortes de succession : la succession sans testament préalable, dite succession ab intestat ou dévolution légale – dans ce cas, les règles de partage sont définies par la loi –, ou la dévolution testamentaire, par laquelle le testateur a lui-même établi dans un testament quelles sont les personnes qui hériteront de son patrimoine et quelle part est attribuée à chacune d’entre elles. À la différence du droit français qui réserve automatiquement une part du patrimoine à chaque héritier dit réservataire, le droit israélien donne une liberté absolue au testateur quant au partage de son patrimoine. Dans les deux cas, la banque ne libérera les fonds présents sur le compte qu’après obtention d’un acte de notoriété.
Ordonnance de succession et libération sans condition des fonds bancaires
Nonobstant ce qui a été détaillé dans le présent article, la recommandation principale pour pouvoir bénéficier pleinement du compte est d’exercer le plus rapidement possible, après le décès, la procédure de succession (légale ou testamentaire) et d’obtenir un acte de notoriété, lequel sera transmis automatiquement par le greffe des successions à la banque concernée. Dès l’obtention de cet acte, la banque convoquera chaque héritier (dans l’hypothèse d’une pluralité d’héritiers qui n’auraient pas renoncé à leur part) et exigera leur présence physique pour que chacun signe un document autorisant la libération des fonds. Dans le cas où un héritier se trouve à l’étranger, il sera possible de lui faire signer le document devant notaire puis il devra le faire apostiller auprès des autorités légales – attention, toutefois, aux exigences de la banque qui, sans aucune base juridique valable, peut malgré tout parfois faire obstacle à une telle démarche. Sachez encore que souvent, la banque n’acceptera de libérer les fonds aux héritiers qu’à compter du moment où l’ensemble des héritiers auront signé. Dans l’hypothèse où l’un des héritiers refuse de signer, il est possible de s’adresser aux tribunaux pour obtenir une ordonnance. Notons enfin que les héritiers peuvent toujours renoncer à leur part (au profit du conjoint encore en vie, par exemple) en signant une déclaration de renonciation à la succession. Il est utile de préciser que les règles de renonciation à la succession diffèrent entre le droit israélien et le droit français, et que dans le cas d’une personne dont le dernier domicile habituel était en France, c’est le droit français des successions qui s’appliquera, avec des règles plus strictes qu’en droit israélien. n
(L’usage du masculin dans le présent article s’applique également au féminin.)
Le présent article ne constitue en aucun cas un conseil juridique et ne saurait entraîner la responsabilité de son auteur. Par ailleurs, cet article est d’ordre général ; chaque cas est dépendant de ses spécificités (et de la banque concernée) et mérite une analyse particulière.
Spécialiste en droit immobilier, droit des successions, traductions et actes notariés
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LPH N° 1002 23 BON À SAVOIR
Maître Yigal Lederer
Coup de pouce fiscal pour la high-tech
PAR ESTHER AMAR
La coalition n’est pas rancunière. Malgré l’opposition farouche d’une bonne partie de la hightech à la réforme judiciaire, la Knesset a apporté cet été un bol d’air à ce secteur qui tirait la croissance israélienne depuis deux décennies mais qui connaît une décrue depuis mi2022. Comme pour la high-tech mondiale dont la valorisation a nettement baissé, les hautes technologies israéliennes ont subi l’effet conjugué de la crise du Covid-19, de la guerre en Ukraine, de l’envolée des prix des matières premières, de la hausse des taux d’intérêt et de l’attentisme des investisseurs à la recherche d’une rentabilité rapide et sûre. Joliment baptisée « loi des anges », en référence aux « business angels », l'objectif de cette incitation fiscale est de soutenir la croissance des entreprises high-tech et d’encourager l'acquisition d'entreprises technologiques (israéliennes ou non) par des entreprises technologiques israéliennes. « En cas d'acquisition de sociétés non israéliennes, la loi exige que les activités de la société acquise soient importées et regroupées dans les activités de la société israélienne acquéreuse », précise Doron Mutail, de Tax Pratice Group (Tel Aviv). Pour le ministre israélien de la Science
et de la Technologie, Ofir Akunis, « cet avantage fiscal va marquer un virage décisif pour la hightech israélienne qui a prouvé sa résilience ». Elle vise à accélérer la croissance des start-ups en phase de pré-amorçage (chiffre d’affaires inférieur à 4,5 millions de shekels, 12 millions de shekels de levée de fonds maximum) ou d’amorçage (en phase de développement de produit), deux périodes critiques pour les start-ups, et à renforcer les grandes entreprises. Les actionnaires disposeront d’un crédit d’impôt sur les bénéfices d’une société en démarrage jusqu’à la vente de leurs parts. Ce report s’applique également aux plus-values engrangées lors de la vente
d’actions si elles servent à financer une jeune pousse israélienne. Cette loi vise à aider les entreprises à rester en Israël, à lever des capitaux (3,2 milliards de dollars au premier semestre 2023 contre 12 milliards de dollars au premier semestre 2022), à créer des emplois, à faciliter l’acquisition ou la fusion avec des start-ups locales si elles sont enregistrées à l’Institut israélien de la propriété intellectuelle. Les banques étrangères qui accorderont des crédits aux start-ups israéliennes seront avantagées. Cette loi, qui positionne Israël aux côtés des principaux pays en termes d’attractivité fiscale, est valable jusqu'à fin décembre 2026. n
24 LPH N° 1002 ÉCONOMIE
La « loi des anges » votée cet été vise à soutenir et encourager les investissements dans l'industrie des hautes technologies pour recruter et financer plus facilement leurs activités.
Le ministre israélien de la Science et de la Technologie, Ofir Akunis © Flash 90
26 % des Juifs dans le monde sont mariés à des non-Juifs
Les mariages mixtes sont une préoccupation majeure des dirigeants des communautés juives du monde entier.
Beaucoup affirment qu'ils conduisent à l'assimilation et constituent ainsi une menace pour l'existence des communautés juives à travers le monde. Un rapport publié en août
2023 par l’Institute for Jewish Policy Research compare les taux mondiaux de mariages mixtes et analyse les facteurs déterminants qui les sous-tendent.
Les chiffres des mariages mixtes
À l'échelle mondiale, environ un Juif marié sur quatre est marié à un non-Juif (26 %), mais il existe une énorme différence entre la situation en Israël (seulement 5 %) et celle de la Diaspora (42 %). Les mariages mixtes des Juifs israéliens, qui constituent l’exception, sont principalement dus à la présence en Israël de nonJuifs immigrés en provenance de l'ex-Union soviétique, où les mariages mixtes étaient très répandus. En revanche, dans la Diaspora juive dans son ensemble, plus de 40 % des Juifs sont mariés à des non-Juifs. En termes de prévalence des mariages mixtes, l'Europe de l'Est forme le pôle opposé à Israël. En Hongrie (55 %), en Russie (63 %) et en Pologne (76 %), la plupart des Juifs sont aujourd'hui mariés à des non-Juifs – une situation similaire à celle des populations juives d'Europe du Nord, comme en Suède (62 %) et au Danemark (56 %). En France, la proportion des mariages mixtes est de 31 %, contre 55 % aux États-Unis. Une caractéristique remarquable de l'Europe est la variété des niveaux de mariages mixtes dans les différentes communautés juives européennes : il n'y a pas, à cet égard, un modèle européen unique dans cette zone géographique. Les niveaux le plus bas et le plus élevé de mariages mixtes à travers la Diaspora en Europe se trouvent en Belgique (14 %) et en Pologne (76 %).
Un lien entre pratique religieuse et mariage mixte
Le rapport établit que les populations juives avec les niveaux de mariages mixtes les plus bas présentent les niveaux les plus élevés de traditionalisme, l’observance religieuse et les liens étroits avec l'héritage juif ayant un puissant effet dissuasif quant aux mariages mixtes. Tant en Europe qu'aux États-Unis, les mariages mixtes sont plus fréquents chez les Juifs qui s’identifient comme laïques ou « juste juifs » : 69 % des Juifs laïques aux États-Unis et 51 % en Europe sont mariés à des non-Juifs. Le rapport suggère que le nombre de partenaires juifs potentiels est moins décisif pour les mariages entre Juifs que le niveau de pratique religieuse : ce n’est pas parce qu’il y a peu de Juifs dans le pays où ils habitent que des Juifs observants se marieront avec des non-Juifs.
Quel impact sur l’avenir du peuple juif ?
Les mariages mixtes entre Juifs et non-Juifs sont souvent un sujet de préoccupation dans la société juive. Ce souci est existentiel : il reflète une véritable inquiétude quant à la préservation des familles juives et du peuple juif. Des données quantitatives démontrent constamment que le fait d'épouser un conjoint non juif entraîne souvent des dérives loin de la vie, de la culture et de la religion juives. D’après le rapport,
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NEWS À LA LOUPE
une minorité d'enfants nés de couples mixtes grandissent avec une forte identité juive.
« La compréhension des processus et des tendances démographiques est une composante essentielle du travail de développement communautaire, et elle est trop souvent négligée lors de la planification de notre avenir commun », ajoute le docteur Jonathan Boyd, directeur exécutif de l'Institute for Jewish Policy Research. Alors que les taux de mariages mixtes ont augmenté au fil du temps aux États-Unis, le rapport observe que cette tendance est quelque peu compensée par la croissance des populations orthodoxes, et il souligne que l'impact des mariages mixtes sur les tendances démographiques
juives aujourd'hui est éclipsé par l'importance des taux de fécondité. La faible fécondité est une préoccupation majeure pour les communautés juives de Diaspora, tandis qu'Israël demeure une exception avec des taux de fécondité relativement élevés.
Le rapport brosse un tableau nuancé des mariages mixtes, indiquant qu'il ne s'agit pas d'un phénomène monolithique ; fortement influencé par le niveau de pratique religieuse au sein des communautés juives, il varie considérablement d'une région à l'autre. Alors que les mariages mixtes sont souvent perçus comme une menace potentielle pour la pérennité des communautés juives, le rapport
souligne que les faibles taux de fécondité constituent un défi plus urgent. n
Pour aller plus loin, retrouvez l’émission de Studio Qualita sur le thème : « Comment prouver votre judéité ? », avec le rav David Mamou et Daniel Heffes.
« Plus le temps passe, plus la judéité sera difficile à prouver ! », affirme Daniel Heffes.
https://www.youtube.com/ watch?v=7_Ecl_Ync5s
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NEWS À LA LOUPE
Posez des questions !
PAR ANDRÉ DAN
ÀParis, à la fin du mois d’août, j’ai participé pour la quinzième fois à l’Université d’été du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France – le syndicat des patrons). Lors d’un passionnant débat sur l’éducation, qui réunissait d’anciens ministres de l’Éducation et des présidents d’université, deux grands constats ont été partagés : les gens ne connaissent qu’une dizaine de métiers, ce qui est insuffisant pour s’orienter intelligemment, et le marché change
tellement vite qu’il est nécessaire, pour permettre aux individus de s’adapter, de passer de la FORMATION (fixe) aux COMPÉTENCES (évolutif).
Afin d’aider mes clients à faire évoluer leur carrière, je les incite souvent à poser des questions à leurs amis, collègues, managers, clients, fournisseurs, etc., pour avoir des repères sérieux et mieux réfléchir. Poser des questions permet en effet de recevoir des retours d’expérience, des conseils, et ainsi de décider
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avec plus de lucidité vers quel métier s’orienter, et quelles compétences acquérir pour y parvenir et réussir.
Il existe deux types de questionnement : les questions ouvertes et les questions fermées. Les questions fermées – exemple : connais-tu le métier X ? – ne peuvent recevoir qu’une réponse lapidaire : « oui » ou « non ». Les questions ouvertes – par exemple : que penses-tu du métier Y ? – suscitent une réponse plus détaillée. La réponse à une question ouverte est plus riche et permet d’obtenir des informations intéressantes.
Lorsque j’encourage mes clients à poser des questions, je me rends compte qu’ils sont souvent gênés. « Ai-je le droit de poser les questions qui m’intéressent ? », me demandent-ils. Je réponds : OUI ! Au pire, la personne que l’on questionne dira qu’elle ne veut ou ne peut pas répondre à cette question… Au mieux, vous recevrez une réponse qui vous enrichira. IL FAUT DONC OSER POSER DES QUESTIONS ! Par exemple, lorsqu’on parle d’un métier, voire d’un poste particulier, je conseille toujours de demander dès le premier entretien l’ordre de grandeur du salaire, ce qui permet de mieux évaluer ce travail sur le marché. Certes, le salaire n’est pas le seul critère !
Comment poser des questions sans froisser son interlocuteur ? Ce que je recommande est d’exprimer une CURIOSITÉ positive et constructive. Vous pouvez lui préciser que ses conseils vous intéressent, que sa réponse va vous aider… Cette démarche vous ouvrira de nouvelles perspectives.
Le leadership nécessite de savoir poser des questions et écouter les réponses en le montrant à son interlocuteur (c’est la technique si puissante de l’écoute active). L’étape suivante est d’inciter nos interlocuteurs à nous poser à leur tour des questions (principe de réciprocité), et d’y répondre avec honnêteté et sans arrogance.
Je vous assure que je m’enrichis grâce aux questions que je reçois. En effet, les réactions à mes réponses m’éclairent sur la façon dont ces dernières sont utiles pour les prises de décision et les plans d’action. Et cela me fait progresser ! n
André Dan Coach en leadership a@andredan.com
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Hapoel Vegan Friendly Tel Aviv : l’étoffe des champions
PAR EDEN LEVI-CAMPANA
La nouvelle année hébraïque est là. Elle commence à fond les baskets pour le club Hapoel Tel Aviv et le groupe militant Vegan Friendly, qui viennent de signer un partenariat secondaire pour les trois prochaines saisons. Le partenariat précédent, qui coiffait la saison
2022/2023, a vu le club Hapoel
Tel Aviv devenir Hapoel Vegan Friendly Tel Aviv. Au terme de ce partenariat, les deux structures ont décidé de poursuivre leur lune de miel, validant une nouvelle fois la décision de Rami Cohen, le président de Hapoel Tel Aviv, qui avait déclaré au moment
de la signature : « C’est original et inhabituel, mais ce n’est pas pour déplaire au club Hapoel Tel Aviv, qui cultive l’originalité. Nous avons beaucoup de végétaliens parmi nos fans. Il est logique qu’une enseigne emblématique de Tel Aviv soit l’une des premières à bénéficier du parrainage végétalien, compte tenu du statut de la ville, capitale mondiale végétalienne. » Une analyse que partage Corail Dai
Maman, la directrice du marketing de Vegan Friendly, qui nous éclaire sur les coulisses de ce mariage entre le militantisme végan et le sport de haut niveau.
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LPH : « Hapoel Vegan Friendly Tel Aviv », c’est un nom qui en jette !
Corail Dai Maman : Oui, cela a définitivement attiré l’attention de beaucoup de gens, y compris des médias.
Quel est le bilan du partenariat avec le Hapoel Tel Aviv pour la saison 2022-2023 ?
De nombreux fans nous ont dit qu’ils mangeaient beaucoup moins de viande ces derniers mois. Notre enquête a également révélé que 25 % des fans de basket-ball israéliens avaient réduit leur consommation de viande, et 30 % d’entre eux ont déclaré qu’ils encourageraient les joueurs de leur équipe favorite à faire de même. Il faut aussi prendre en compte l’impact de la nourriture végétalienne servie dans la salle 100 % VIP et vendue à la cafétéria, car chaque repas végétalien permet d’économiser de l’eau, du Co 2 et de la terre.
Comment avez-vous financé ce partenariat ?
Le coût du parrainage s’élevait à près d’un million de shekels. Nous avons plus de 7000 membres qui contribuent mensuellement à nos différents projets. Ils choisissent le projet qu’ils souhaitent soutenir, et en guise de remerciement ils bénéficient d’avantages dans les entreprises de tout le pays.
Votre buffet de Yom HaAtzmaout pour l'équipe était composé de nourriture industrielle (BBQ, burgers, pizzas…) : est-ce compatible avec un régime sportif professionnel ?
Certains croient que toute viande vendue en supermarché est un produit naturel et propre, mais c’est une idée fausse : une grande partie de la viande que les gens consomment contient des suppléments, ajoutés au cours du processus de production ou donnés aux animaux de leur vivant (y compris de grandes quantités d’antibiotiques), et l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que la consommation de viandes transformées était cancérigène au même titre que la cigarette.
Les types de suppléments de viande que nous servons aux joueurs sont fabriqués à partir de protéines de pois, ils ne sont pas OGM, ne contiennent pas de cholestérol et présentent de nombreux autres avantages. Comme pour tout autre aliment transformé, il est bon de les consommer avec modération, mais il n’y a aucun mal à en déguster occasionnellement lors d’un barbecue.
Le régime végétalien est bénéfique pour les sportifs de haut niveau – mais qu’en est-il pour le commun des mortels ?
Les plus grandes organisations de santé au monde recommandent une alimentation à base de plantes pour les personnes de tous âges et à toutes les étapes de la vie – et nous aussi !
La marque Hapoel Vegan Friendly Tel Aviv a-t-elle été vue au-delà d’Israël ?
Bien sûr ! L’équipe a participé au tournoi européen de basket-ball EuroCup et nos messages ont été diffusés dans toute l’Europe, tant dans les stades qu’à la télévision.
Quelle est votre stratégie avec le Hapoel Tel Aviv pour les trois prochaines saisons ?
Nous sommes à présent un sponsor secondaire ; nous disposons de beaucoup d’espaces pour faire de la publicité et nous utilisons tous ces espaces publicitaires pour promouvoir le véganisme auprès du public des fans de sport. Nous entendons continuer à véhiculer des messages sur le véganisme et la santé, l’environnement et l’éthique, à proposer des options végétaliennes de qualité à la cafétéria et à veiller à ce que les invités VIP de l’équipe bénéficient d’une salle 100 % VIP. n
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Corail Dai Maman © DR
Xavier Munford et Gil Benny passent à table
car il leur permet d’acquérir des connaissances dès leur plus jeune âge, et les aide à apprendre comment différents repas affectent le corps et leur jeu.
Gil Benny : J’ai été sensibilisé au véganisme pour la première fois de ma vie et j’ai trouvé beaucoup de bonnes choses dans ce mode de vie. J’en ai mis une partie en pratique et j’ai vraiment apprécié de voir le changement mené par les végétaliens.
Que mange un champion avant une compétition ?
Xavier Munford : Habituellement, avant un match, j’aime manger des pâtes avec une sauce rouge, des fruits et peut-être une collation. Parfois je prends des shots de gingembre. Avec un repas de ce type, j'ai de l'énergie, et je peux jouer de longues minutes et jusqu’au quatrième quart-temps.
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Gil Benny (ci-dessus) et Xavier Munford (ci-contre)
© Corail Dai Maman
Vivre 120 ans, en paix avec les
animaux et l’environnement
Vivre en pleine forme grâce au régime « machin » du professeur « trucmuche », cela vous parle ? Forcément ! Et le véganisme ? Un gadget supplémentaire dans le sac à malices des services marketing des grands groupes agroalimentaires ?
Si les végans étaient en bonne santé, cela se saurait. Et pourtant…
Les végétariens et les végétaliens peuvent être de grands champions » : c’est ce que prétendent James Cameron, Arnold Schwarzenegger, Jackie Chan, Lewis Hamilton, Chris Paul et Novak Djokovic, qui ont produit le documentaire The Game Changers, un film illustré par des exemples variés de sportifs professionnels, voire des légendes du sport, et ponctué d’entretiens avec des médecins et des experts. Leur conviction est que ni la viande ni les autres produits d’origine animale ne sont nécessaires aux sportifs de haut niveau pour exceller dans leurs domaines respectifs. Ça c’est une nouvelle ! Mais alors, pourquoi l’alimentation végétale n’est-elle pas généralisée pour tous, et particulièrement dans le sport de haut niveau ? Disons que l’image populaire des végétariens et des végétaliens est globalement négative : des personnes anémiques, carencées, fatiguées, cela ne donne pas vraiment envie… Or la carence est partout. Viande ou pas viande, au moindre faux pas un régime alimentaire sain devient déséquilibré et la carence guette. Les VG et autres végans seraient même plutôt favorisés dans ce domaine, car pour pouvoir adopter cette alimentation éthique qui prend soin de leur corps, de l’environnement et des animaux, ils ont été obligés d’apprendre à se nourrir.
L’alimentation végétale seraitelle donc l’alpha et l’oméga ? Pas exactement, puisque les végans – il n’y a pas de miracles – doivent tout de même se supplémenter en vitamine B12 (appelée cobalamine).
Comment ça marche ?
La B12, qu’est-ce que c’est ?
La vitamine B12, une des huit vitamines du groupe B, joue un rôle dans le processus de division cellulaire, contribuant à un métabolisme énergétique normal. Elle participe à la formation des globules rouges ainsi qu’au fonctionnement du système immunitaire. Sa découverte en 1948 fut une petite révolution. Contrairement aux minéraux (fer, magnésium…) ou à la vitamine C, présente en quantité dans les végétaux, la vitamine B12 ne peut se trouver dans une alimentation qui bannit les produits animaux. Cette vitamine très particulière est exclusivement produite par des micro-organismes présents dans le sol ou vivant en symbiose dans le tube digestif des mammifères herbivores, principalement.
Lorsque la synthèse de la vitamine B12 se produit en amont de la zone d’absorption, chez les ruminants, par exemple, les animaux sont autosuffisants en vitamine B12. Quand elle se produit en aval, alors les animaux doivent ingérer leurs déjections (pas très ragoûtant, j’en conviens). Pour les espèces chez lesquelles ne s’opère aucune symbiose bactérienne, comme les charognards ou les carnivores qui, rappelons-le, ne consomment généralement pas leurs déjections, l’apport en vitamine B12 est assuré par la consommation de produits animaux qui en contiennent, ou par une supplémentation en cyanocobalamine, la forme de vitamine B12 la plus étudiée, la plus stable et la moins coûteuse. On peut la trouver sous forme de comprimés, de gélules ou d’ampoules, en magasins bio, dans les boutiques en ligne, ou en pharmacie, sans ordonnance. Cette supplémentation est-elle contraignante ? Pas davantage que d’avoir un régime alimentaire équilibré, qui vous permettra de vivre 120 ans en pleine forme, l’esprit tranquille et en harmonie avec la nature ! n
Pour plus d’informations : https://vegan-friendly.co.il
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BOUILLON DE CULTURE
La Bibliothèque Nationale d’Israël s’offre une nouvelle vie
PAR NATHALIE HAMOU
Fondée par des sionistes visionnaires de Diaspora et de la Terre d'Israël qui ont eu l'idée de créer une institution destinée à préserver la mémoire historique et le patrimoine du peuple juif, la Bibliothèque Nationale d’Israël (BNI) fait peau neuve. Bientôt, les visiteurs israéliens ou étrangers de passage, passionnés d’architecture, de culture ou encore de mystique juive, auront moult raisons de pousser les portes de ce haut lieu culturel de Jérusalem.
Le 17 octobre, le dépositaire officiel des livres précieux, manuscrits, photographies et de pratiquement tous les documents qui ont été publiés en Israël va officiellement inaugurer ses nouveaux locaux : un édifice situé face au Musée d’Israël, tout près de la Knesset. L’ouverture au grand public du nouveau complexe – dont les coûts de construction se sont élevés à 845 millions de shekels, à 85 % financés par des donateurs, à commencer par Yad Hanadiv, la Fondation Rothschild et la famille Gottesman de New York – devrait suivre début novembre.
L’ancien édifice, qui avait ouvert ses portes en 1960 sur le campus voisin de l’Université hébraïque
de Givat Ram, est considéré comme un chefd'œuvre de l'architecture israélienne. Conçu par le duo d’architectes Shulamit et Michael Nadler – auteurs, également, du Théâtre de Jérusalem et de la bibliothèque Sourasky de l'Université de Tel Aviv, caractéristiques de la période brutaliste d'Israël, au design minimaliste et aux matériaux de construction nus –, il s’organisait autour d’un escalier central circulaire et comportait un espace de stockage sans précédent. Dans les années 1980, les célèbres vitraux d'Ardon étaient venus s’y rajouter. Le nouvel écrin de la BNI a été conçu par le cabinet d'architecture suisse Herzog & de Meuron, connu pour des réalisations telles que le Tate Modern de Londres, la Philharmonie de l'Elbe de Hambourg ou le Stade National (Nid d'Oiseau) de Pékin. Cette vaste structure de onze étages – six au-dessus du sol et cinq en sous-sol –, qui s’étend sur 46 000 mètres carrés, comprend un auditorium de 480
places, un centre des visiteurs, un amphithéâtre extérieur pour accueillir toutes sortes d'événements culturels, une « promenade sonore » interactive avec des visuels sur un écran LED de 20 mètres de long, un restaurant, un café et une librairie.
« La Bibliothèque Nationale est un bien national pour l'État d'Israël et le peuple juif, qui conserve le passé et documente le présent dans l'intérêt de l'avenir », affirme son président, Sallai Meridor.
« Grâce à son nouvel emplacement, elle devient un centre culturel et intellectuel où des centaines de milliers de visiteurs sont attendus chaque année : des étudiants,
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À la mi-octobre, la célèbre institution de Jérusalem va inaugurer sa nouvelle demeure. Réserve culturelle du « Peuple du livre », elle a bénéficié de l’appui de généreux donateurs privés.
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des chercheurs, et des visiteurs d'Israël et de l'étranger. La Bibliothèque s’appuiera également sur son renouveau dans l’espace numérique pour transmettre notre patrimoine national à des millions de personnes en Israël et dans le monde. »
Ces derniers mois, des millions d'objets ont été déménagés du bâtiment actuel de la bibliothèque vers le nouveau, dont plus de quatre millions de livres, journaux, photographies, et quelque 1500 collections personnelles et archives. Parmi les objets uniques qui seront présentés au public figurent le Keter Damessek (la Couronne de Damas), un rare Tanakh vieux de mille ans, l'une des douze « couronnes » conservées à la Bibliothèque
parmi lesquelles un manuscrit contenant des commentaires de Maïmonide sur la Michna, avec des corrections manuscrites du Rambam lui-même, une première
Uri Zvi Greenberg, David Grossman, Avraham B. Yehoshua, Eli Amir, Jacqueline Kahanov et d'autres, ainsi que des manuscrits du Rav Kook, du 'Hazon Ish, du rabbin Yaakov Shaul Elyashar et du rabbin Yehouda 'Hay Alkalay. L'exposition permanente présentera des objets commémorant des moments de l'histoire, tels que la première ébauche de « Jérusalem d'or » de Naomi Shemer, la note trouvée sur la poétesse et combattante Hannah Szenes (Senesh) le jour de son exécution par un peloton d'exécution nazi, une lettre envoyée, lorsqu'il était jeune, par le premier astronaute israélien, Ilan Ramon, au professeur Yeshayahu Leibowitz, et la réponse, la note rédigée par l'écrivain Stefan Zweig avant son suicide… Les visiteurs pourront également admirer des œuvres récemment offertes de Marc Chagall, ainsi que des œuvres de l'artiste britannique Edmund de Waal, de Michal Rovner, Sigalit Landau, Gali Cnaani, une œuvre importante de Yechiel Shemi…
Entouré de plantes et d'arbres qui célèbrent la végétation d'Israël, le bâtiment affiche une façade dotée d’une sculpture monumentale en pierre : Lettres de Lumière, réalisée par Micha Ullman, lauréat du Prix Israël. Inspirée de l'ancien texte kabbalistique Sefer Yetzira (Livre de la Création), cette sculpture est centrée autour des 22 lettres de l’alphabet hébreu taillées dans la pierre. Le cercle aérien de lettres repose au-dessus d'une chambre souterraine centrale qui dialogue avec une autre installation d'Ullman, The Empty Library, un mémorial souterrain situé sur la Bebelplatz à Berlin, là où les nazis, en 1933, ont commencé à faire des autodafés de livres.
Last but not least, la nouvelle bibliothèque a reçu la certification
Platine LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), la note la plus élevée du système d'évaluation des bâtiments écologiques. Équipée de panneaux solaires, elle dispose d’un éclairage à faible consommation d'énergie et à faible entretien, et du premier « rockstore » souterrain d'Israël, un mécanisme de stockage d'énergie thermique qui réduit considérablement l'énergie nécessaire pour refroidir le bâtiment. n
édition du Talmud babylonien, la Haggada Rothschild, un Coran vieux de près de mille ans… Ces trésors seront exposés aux côtés d’écrits de grands écrivains, créateurs et penseurs juifs et israéliens, dont le prix Nobel Shmuel Yosef Agnon, le professeur Yeshayahu Leibowitz, la professeure Nehama Leibowitz, la poétesse Rachel, Leah Goldberg,
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Sandrine Sarroche :
LPH a rencontré Sandrine Sarroche à l'occasion de son retour à Tel Aviv pour la sixième édition du Festival du Théâtre Français en Israël, produit par Steeve Suissa. Si vous vous demandez pourquoi, sur l'affiche de son spectacle, Sandrine a la tête à l'envers, courez la voir !
LPH : En juin, vous avez eu trente minutes sur la scène du Tel Aviv Comedy Festival pour convaincre le public francophone – et vous avez réussi ! Cette fois, le plaisir sera-t-il plus long ?
Sandrine Sarroche : Oui, car je vais présenter mon spectacle dans son intégralité, un spectacle qui aborde des thématiques sociétales et politiques tout en partageant un peu de mon parcours à travers des sketches, du stand-up et des chansons – j'ai toujours du mal à résumer mon spectacle, car il va dans tous les sens…
Humoriste, chanteuse, chroniqueuse à la radio, à la télévision, actrice… Quelle casquette vous convient le mieux ?
Celle que je porte sur scène, un espace de liberté irremplaçable qui permet également l'improvisation. Être sur scène est unique. Contrairement à un film qui reste toujours le même, un spectacle est différent chaque soir. Je ne trouve pas d'équivalent qui libère autant d'adrénaline et de plaisir ; on entre presque dans un état de transe ! De plus, la scène permet des petits moments de grâce imprévisibles et d’incroyable interactions avec les spectateurs.
Comment expliquez-vous une telle adhésion du public ?
Récemment, en sortant d'une salle où je venais de jouer, le patron du lieu m'a demandé si j'avais entendu le vocabulaire que les gens utilisaient pour parler de mon spectacle – un vocabulaire amoureux, a-t-il dit. En fait, j'ai beaucoup d'affection pour le public, et il me le rend bien. Il se dit qu'il aimerait bien partir en vacances avec moi, comme avec une bonne copine !
Peut-on rire de tout ?
On devrait pouvoir le faire, c'est pourquoi le rire a été créé : pour accepter nos misères. Cependant, cela dépend de la manière dont on le fait. Personnellement, j'aime m'attaquer aux tabous.
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BOUILLON DE CULTURE
PAR NATHALIE SOSNA-OFIR
« Le rire a été créé pour nous faire accepter nos misères. »
BOUILLON DE CULTURE
Par exemple, dans mes spectacles privés, j'aime aborder des sujets liés à la santé, démystifier des sujets souvent évités et montrer que l'humour peut aussi être un moyen d'aborder des thématiques sérieuses.
Et faire réfléchir ?
J'aime que mes spectacles soient drôles et qu’en même temps ils donnent à penser, que les spectateurs en repartent avec quelque chose qui alimente leur réflexion. Dans l'un de mes sketches sur le couple, j'avais donné à l'homme le surnom de « Cro-Magnon », et j'ai encore des amies qui appellent ainsi leur mari ! Dans le prochain spectacle que je prépare, je parlerai de la prostate, un sujet très peu évoqué sur scène, et pourtant bien réel. J'aime partir de la vérité ; je lis et me documente beaucoup dans les domaines les plus variés. Pour plagier Térence : « Rien de ce qui est humain ne m'est étranger. »
Allez-vous personnaliser le spectacle en rapport avec l'actualité israélienne ?
J'aime parler de ce que je connais – et ce n'est pas le cas en ce qui concerne l’actualité israélienne. Je ne le ferai donc pas, tout comme je ne le ferais pas pour d'autres pays, de peur de paraître ridicule ou d'avoir l'air de me mêler de ce qui ne me regarde pas.
Qu'est-ce qu'Israël vous inspire ?
Je n'y suis pas restée assez lors de ma première visite pour cerner le pays. Je sais que la situation est difficile – menaces, attentats, spectre d'une guerre civile, –, d'autant plus que les médias ont intérêt à être alarmistes. Mais je préfère évaluer la situation de mes propres yeux. J'ai cependant été témoin d'un moment dans un restaurant à Jaffa où une personne a fait un malaise. Les ambulances sont arrivées et les paramédicaux juifs et musulmans travaillaient ensemble. Je me suis dit que cela pouvait fonctionner, que la coexistence était possible.
Quel sont vos projets ?
Je poursuis ma tournée en France. Israël m’a ouvert la voie de l'étranger, et je jouerai pour la communauté francophone à San Francisco et à Los Angeles. Par ailleurs, j'écris en ce moment mon prochain spectacle, qui sera sans doute prêt au printemps.
Qu'attendez-vous de votre nouvelle expérience en Israël ?
Un moment de partage et de rire. Je suis ravie d'apporter un p'tit bout de France aux Français qui y vivent et à ceux qui y seront de passage. n
Sandrine Sarroche à Tel Aviv
Théâtre Beit Ha'Hayal
30 octobre 2023 à 21h
Réservations : 03-9155632 ou www.horizons-tickets.com
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La scène permet des petits moments de grâce imprévisibles et d’incroyable interactions avec les spectateurs.
© Photo issue de la page Facebook de Sandrine Sarroche - DR
Francky Perez : « Le pouvoir de soi »
Francky Perez, connu dans la communauté juive en tant qu’animateur de soirées (mariages, bar-mitzvot…) passionné et énergique, est également un professionnel de la logothérapie, diplômé en intelligence émotionnelle aux États-Unis. Récemment, il a publié un livre intitulé Le Pouvoir de soi. Libérez votre potentiel, offrant aux lecteurs un voyage intérieur vers l'épanouissement. Francky Perez partage sa vision du développement personnel en mettant en avant deux thèmes essentiels : la métacognition et les affirmations positives.
« Le pouvoir de soi, c’est se connecter avec son essence »
Pour Francky Perez, le développement personnel n'est pas une quête en vue de devenir quelqu'un d'autre, mais plutôt une opportunité de se reconnecter avec son véritable être intérieur. Il explique : « Le pouvoir de soi, c’est se connecter avec son essence, se libérer de ce carcan dans lequel la vie, les soucis du quotidien, les déceptions, les craintes, les peurs nous enferment. » L'objectif n'est pas de devenir Superman, mais de se libérer des entraves qui nous empêchent d'être pleinement nous-mêmes.
La métacognition : se distancier pour mieux se comprendre
Un des piliers de sa méthode est la métacognition, qu'il définit comme « le phénomène qui permet d'identifier ce à quoi l’on pense et pourquoi l’on pense à cela, c'est-à-dire de se distancier de soimême, de faire deux ou trois pas en arrière et de s'observer ». Pour commencer, il encourage à s'imposer une discipline de dix minutes par jour pour effectuer cet exercice de réflexion introspective. Francky Perez explique l'importance de comprendre pourquoi nous nous comportons comme nous le faisons et de saisir le cheminement de nos pensées, qui nous ont conduits à agir ainsi. Il compare cette
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approche à une séance avec un psychologue : « Quand on s’allonge sur un divan et qu’on parle avec un psychologue, l’idée, c’est de décrypter nos comportements et nos cheminements de pensée. Là, c’est faire ce travail soi-même dix minutes par jour. »
L'affirmation positive : se reprogrammer pour le succès
Dans son livre, Francky Perez répertorie pas moins de 2000 affirmations positives, classées par thème. Il souligne l'importance de la visualisation positive et de la détermination pour atteindre ses objectifs. Il partage ses observations après avoir côtoyé des personnalités à succès, comme Stevie Wonder et Bruno Mars : « J’ai identifié un dénominateur commun : j’ai trouvé dans chacun d’entre eux une profonde détermination, et ils vivaient le positif. Ce n’est même pas de la motivation, c’est la visualisation positive d’être déjà là où l’on veut être avant d’y être. »
La logothérapie : trouver le sens de sa vie
Francky Perez tire son inspiration de la logothérapie, une approche qui vise à trouver le sens de sa vie. Il s’inspire du célèbre psychologue Viktor Frankl, fondateur de cette discipline et survivant d'Auschwitz, où Frankl a vu que ceux qui étaient animés par une volonté ou une mission donnant un sens à leur vie survivaient mieux que ceux qui n'avaient que leur condition physique pour eux. Francky Perez puise aussi aux sources des enseignements de Rabbi Na'hman de Bratslav. Il explique : « Ce que j’aime dans les enseignements de Rabbi Na'hman, c’est qu’il transmet des idées extrêmement fortes, puissantes, profondes, d’une manière simple. On croit à tort que la logothérapie, c’est extrêmement complexe ; c’est une thérapie où l’on cherche à trouver le sens de sa vie. » Francky Perez évoque les éloges dont Viktor Frankl fait l’objet dans le monde de la psychologie. Et il raconte même qu'un jour, le Rabbi de Loubavitch, interrogé sur la psychologie, n'a mentionné qu'un seul nom : celui de Viktor Frankl. Cette reconnaissance témoigne de l'impact significatif des idées et de la logothérapie de Frankl dans le domaine du développement personnel.
Application « Le pouvoir de soi »
Parallèlement à la sortie de son livre, Francky Perez a créé une application gratuite : « Le pouvoir de soi », qui permet aux utilisateurs d'enregistrer leur propre voix lisant des affirmations positives pour ensuite les entendre répétées quotidiennement – un outil pratique pour accompagner chacun dans sa quête d'épanouissement personnel.
À travers son livre et son application, Francky Perez déploie une approche complète du développement personnel, et fournit des outils concrets pour trouver le sens de sa vie et s’épanouir. n
Francky Perez, Le Pouvoir de soi. Libérez votre potentiel, Enrick B. Éditions, 2022
https://www.lepouvoirdesoi.com/
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Comment Israël se prépare au réchauffement climatique
PAR ESTHER AMAR
Les températures de juillet 2023 ont été les plus hautes jamais enregistrées sur la planète. L’État hébreu est-il préparé au réchauffement climatique ?
D’après une étude internationale de 2022 publiée dans la prestigieuse Reviews of Geophysics, l’augmentation moyenne de température dans le monde par décennie a été de 0,27 °C, contre 0,45 °C par décennie au Moyen-Orient et en Méditerranée orientale. Dans son rapport de 2021, le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, avait dénoncé l’impréparation de l’État hébreu face au réchauffement climatique. En tant que vice-président de l'Organisation des institutions supérieures de contrôle des finances publiques d’Europe (EUROSAI), M. Englman présentera les résultats de l’audit climatique à la COP28 à Dubaï (30 novembre-12 décembre 2023). « Les contrôleurs d’État jouent un rôle de veille crucial dans la crise climatique », a-t-il déclaré – et ce, bien que le ministère des Finances ait rejeté le projet de loi sur le climat ('hok haAklim) en juin dernier, au motif qu’elle affaiblirait l’économie israélienne.
Préparation de l’armée
Pour Galit Cohen, experte à l’Institute for National Security Studies (INSS) à Tel Aviv, « il faut intégrer d’urgence le réchauffement à la stratégie de défense d’Israël. La chaleur pourrait paralyser les systèmes électroniques des avions et des hélicoptères. La température dans les chars peut dépasser les 50°C ! La terre desséchée peut s’envoler, provoquer des tempêtes de poussière et obstruer la vue des pilotes. » La résolution n° 4079 (juillet 2018) oblige le ministère de la Défense à examiner l’impact et les implications géopolitiques du changement climatique sur les armements, la sécurité, la logistique, les bases militaires, la construction, les routes, la santé et la biodiversité. Une norme de construction durable a été créée. Tsahal évalue comment les conditions météorologiques extrêmes affectent l’armée, mais aussi comment elle devra aider la population face au changement climatique.
40 LPH N° 1002 DÉVELOPPEMENT DURABLE
Le contrôleur de l’État salue les efforts réalisés ; mais il faudrait associer davantage les scientifiques aux scénarios de risques sécuritaires.
Santé publique
Morbidité et mortalité dues aux pics de chaleur ou aux inondations dévastatrices, maladies vectorielles transmises par les insectes, menaces pesant sur la chaîne alimentaire et l’approvisionnement en eau, pollution de l’air… Pour l’OMS, le changement climatique est « le plus grand défi du siècle pour la santé ». La mort brutale par déshydratation, cet été, d’un soldat israélien de 20 ans, Hillel Nehemiah Ofen, za''l, a montré que le corps humain, dont la température d’équilibre est de 37 °C, n’est pas préparé aux températures extrêmes. « Une politique interministérielle doit se mettre en place. L’État doit créer des milliers de points d’ombre pour les piétons et réduire les îlots de chaleur urbains », estiment les experts de l’Israel Society of Ecology and Environmental Sciences (ISEES). Les habitants du littoral devront mesurer la « température humide » (température + taux d’humidité), qui ne doit pas dépasser les 31 °C pour 100 % d'humidité, ou 38 °C pour 60 % d'humidité, limites supportables pour le corps humain.
Niveau de la mer
Environ 2,4 milliards de personnes vivent le long des côtes dans le monde. En avril 2023, l'Institut
israélien de recherche des mers et des lacs a publié le tout premier rapport sur l’élévation du niveau de la mer Méditerranée et le recul du trait de côte. Son niveau devrait augmenter (de cinquante centimètres à un mètre d’ici 2100), entraînant l’effacement d’une partie des plages et l’effritement des falaises, fragilisant les installations de dessalement et les centrales électriques, les systèmes d'égouts et de traitement des eaux. Le ministère de l'Environnement construit un portail qui affichera des cartes de l'élévation du niveau de la mer et son impact selon différents scénarios.
Réfugiés climatiques
En juin 2021, le Centre de recherche et d’information de la Knesset avait souligné qu’« Israël est une destination de migration climatique en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique. Les tentatives d’infiltration par voie terrestre ou maritime vont se multiplier. Israël doit renforcer ses frontières. » Cette stratégie peut surprendre mais les violentes manifestations d’Érythréens arrivés illégalement dans le pays, dont la Cour suprême avait suspendu le plan d’expulsion en mars 2018, doivent faire réfléchir… n
LPH N° 1002 41
Juifs et grands-parents : les prophètes, la fidélité
On parle souvent du rôle des parents dans l’éducation de leurs enfants en général et dans leur rôle de passeurs de la Torah en particulier.
Mais que nous disent nos Textes sur la place des grands-parents ?
C’est ce que Yaël nous propose de découvrir dans cette rubrique. Pédagogue, titulaire d’un doctorat en études juives et bénévole auprès de clubs de grands-parents, elle s’est penchée sur le rôle éducatif des grands-parents selon le judaïsme. Elle nous invite à revenir aux Textes, et à découvrir si le judaïsme a un message à proposer aux papis et aux mamies.
Il n’a pas toujours été donné aux hommes de connaître leurs petits-enfants. Abraham et Sarah nous sont présentés uniquement à travers leur statut parental, car ils n’ont pas connu les jumeaux d’Isaac. Or, au début de la paracha « Toledot », la Torah insiste sur la filiation : « Voici les engendrements d’Isaac, fils d’Abraham : Abraham engendra Isaac... »
Le Midrach Tanh'ouma dit que c’est par Jacob qu’Abraham obtint sa grandeur, ainsi qu’il est dit (Isaïe XXIX, 22) : « Ainsi parle Dieu à la maison de Jacob, lui, le libérateur d’Abraham. » Ce sont donc les petits-enfants qui renforcent le passage de l’homme sur terre ; et au même titre, les grands-parents sont les bases fondatrices de la troisième génération, comme le formule Salomon (Proverbes XVII, 6) : « Le couronnement des anciens, ce sont les enfants des enfants ; et la gloire des enfants, ce sont leurs parents. » Pour preuve de cet adage, le Seder Olam
42 LPH N° 1002
JUDAÏSME
PAR YDOT Épisode 2
Rabba indique que Joseph fut au service de son grandpère Isaac dès l’âge de huit ans et jusqu’au moment où il fut vendu par ses frères, et qu’Isaac est mort le jour où son petit-fils devint gouverneur d’Égypte ! Un verset d’Isaïe (LIX, 21) entré dans nos prières dit : « Quant à moi, dit l'Éternel, voici quel est Mon pacte avec eux : Mon inspiration qui repose sur toi et les paroles que J'ai mises en ta bouche, elles ne doivent point s'écarter de ta bouche, ni de la bouche de tes enfants, ni de celle des enfants de tes enfants, soit à présent, soit dans les temps futurs. »
Le terme employé ici est « zéra » qui, dans la Bible, équivaut à l’enfant, comme le mot « nin » ou « tséétsa ». Contrairement aux autres créatures, l’être humain a pour particularité de rester en contact avec sa descendance. Le verset parle des « paroles de Dieu » : le devoir est donc de transmettre avec fidélité la Torah et les paroles des Prophètes. C’est ce que nous faisons en lisant perpétuellement la Torah chaque semaine. Si les grands-parents sont suffisamment érudits en Torah, il est de leur devoir de la transmettre. Mais nous vivons une époque où deux paramètres ont changé : d’un côté, la longévité et la qualité de vie du monde dans lequel nous évoluons nous permettent d’envisager de côtoyer nos petits-enfants – ainsi que nos arrière et même arrière-arrière-petits-enfants !
D’un autre côté, beaucoup se sont éloignés de l’étude et de la maîtrise de l’hébreu biblique, ne maintenant plus, dans le meilleur des cas, que la tradition et le folklore : la chaîne de transmission telle que la préconisait Isaïe a été endommagée.
Que penser de cette définition qui dit : « Est juif celui dont les petits-enfants sont juifs » ? L’assimilation a laissé des traces dans la chaîne des générations lors de notre sortie du mellah ou du shtetl. Cela ne doit pas nous dispenser de prendre notre rôle de passeurs au sérieux, car nos petits-enfants n’y sont pour rien ; ils ne sont pas responsables du fait que, sous prétexte d’ouverture, leurs parents ont préféré laisser ces sujets de côté. Il incombe donc aux grands-parents de faire l’effort, avec la sagesse de l’âge, de renforcer le lien de leurs descendants avec leurs racines. Si les ponts ont été coupés depuis longtemps, le moment n’est-il pas venu de faire un pas vers eux ? Les enfants de votre fille sont juifs, ne l’oubliez pas ! Et ceux de votre fils portent votre nom de famille. Vous êtes le vecteur d’une histoire, d’un peuple et d’une tradition dont vos descendants peuvent être fiers. Endossez votre rôle de passeur, car si ce n’est vous… alors qui le fera ?
En pratique : si vous connaissez la Torah, enseignezla et partagez vos connaissances. Si vous ne la connaissez plus, n’est-il pas temps de vous y mettre et de récupérer cet héritage, qui vous revient et que vous pourrez transmettre ? Si vos petits-enfants en savent plus que vous, demandez-leur d’étudier l’hébreu ou les textes avec eux. Et s’ils n’ont plus de repères, commencez par le récit de votre histoire juive familiale, les chants, les expressions, les coutumes, les douceurs… n
LPH N° 1002 43
Un grand-père et ses petits-enfants prient au Mur occidental à Jérusalem.
JUDAÏSME
« Vous êtes le vecteur d’une histoire, d’un peuple et d’une tradition dont vos descendants peuvent être fiers. »
Introspection et volonté de changement : préparation à la nouvelle année
Roch HaChana nous incite à conclure notre année en pensant à celle qui arrive : vais-je commencer la nouvelle année avec les mêmes mauvaises habitudes et comportements que l’an passé, ou ai-je réussi à les surmonter, à me corriger et à m'améliorer ? Ai-je progressé dans mes actions et dans mon travail moral ? Ai-je pu mettre en application les bonnes résolutions que je me suis engagé à tenir l'année dernière ? Il faut exploiter ces jours pour se renouveler et se livrer à une introspection. Chaque fête est porteuse d’une signification et d’un message particulier pour notre routine quotidienne. Chaque année, nous le vivrons différemment car nous progressons, donc chaque fête sera différente, meilleure et plus riche de sens – du moins devonsnous nous efforcer d'y parvenir. Le rav Adin Even Israël Steinsaltz, za''l, nous enseigne : « Une personne devrait vouloir être un ange, rien de moins. Cela ne veut pas dire qu'à la fin elle sera un ange, mais au moins elle sera quelque chose qui se rapproche davantage de ce niveau, qui lui ressemble et lui appartient. Une personne devrait vouloir aller de plus en plus haut et rêver
de grands rêves. En effet, elle n'atteindra peut-être pas la fin du chemin, mais l'essentiel est que pour elle, elle a déjà commencé à parcourir le chemin du ciel, et si elle ne finit pas, HaKadoch Baroukh Hou ajoutera une pensée à l'acte. » Pessa'h nous fait réfléchir à la liberté, Pourim à la joie, Roch HaChana et Yom Kippour nous incitent à prendre un nouveau départ. La possibilité nous est donnée de demander pardon à quelqu'un que nous avons blessé. C'est l'atmosphère dans laquelle tout le monde se trouve, c’est le moment : il faut en profiter pour mettre son ego de côté et, si vous avez blessé quelqu'un, aller lui demander pardon.
Il n’est pas possible que d’un Yom Kippour à l’autre, je sois la même personne. Dans la prière de « Kol Nidrei », par laquelle nous ouvrons les prières de Yom Kippour, figure la phrase suivante : « Du jour de Kippour qui est passé jusqu’au jour de Kippour qui arrive, que vienne sur nous la paix ; et de ce jour de Kippour jusqu’au prochain Kippour, que vienne sur nous la paix. »
Elle nous incite à nous questionner : qu’est ce qui a changé entre Kippour dernier et celui-ci ? Que puis-je faire pour arriver au prochain Kippour
meilleur qu’aujourd’hui ? L’homme doit s’efforcer de ne plus être le même qu’avant, de se débarrasser des mauvaises habitudes et de se re-former, en aspirant à être un croyant plus pur.
La prière est une très forte expression de notre volonté. Même si je sais que je ne suis pas venu préparé à Yom Kippour, même si je sens que j’aborde ce Yom Kippour dans le même état que le précédent, il ne faut pas abandonner. Nous devons prier pour ce que nous voulons être, même si nous n'y parvenons pas. Continuez à vous efforcer de vouloir être dans un endroit plus élevé ; et même si vous ne devenez pas un ange, au moins vous vous en rapprocherez.
Les fêtes sont terminées, nous sommes revenus à notre routine, et les moments particuliers que nous avons vécus durant le mois écoulé, dans nos prières, nos pensées et nos désirs, peuvent s’oublier dans le train-train de nos vies bien remplies. Afin de ne pas se laisser entraîner par la routine, il faut se concentrer sur ce qui est important et ce que cette année sera pour nous. n
Yehouda Salama Directeur du programme Gour Arié de préparation à l’armée israélienne pour
les jeunes Juifs français
Yehuda@betar.org.il
44 LPH N° 1002 JUDAÏSME
C’est précisément maintenant, après la pression des fêtes, qu'il est temps de passer de la pensée à l'action !
Retour vers le futur
Nous venons de passer – je l'espère pour tous – d'excellentes fêtes de Tichri. Ce festival d'expériences et d'émotions particulièrement puissantes nous a chargés d'énergies nouvelles pleines d'espoirs et d'optimisme.
Les célébrations des fêtes, qui nous élèvent spirituellement, sont sans aucun doute d’une valeur inestimable pour notre vie juive, mais les Sages du Talmud nous enseignent que la routine du quotidien peut être encore plus fondamentale. À la célèbre question « quel est le verset le plus fondamental de la Torah ? », le Midrach (Torat Cohanim, chapitre 19) répond : « “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” (VaYikra XIX, 18) : Rabbi Akiva dit qu’il s’agit d’un grand principe de la Torah. Ben Azaï dit : “Voici le livre des engendrements d’Adam” (Berechit V, 1) est un plus grand principe. »
L’opinion de Rabbi Akiva est bien connue : le fondement de la Torah est l’amour du prochain. Ben Azaï, pour sa part, rapporte un verset de la parachat « Berechit » qui, d’après lui, renvoie à un principe plus fondamental encore, qui énonce que la Torah est le livre des engendrements de l’homme. Ce passage du Midrach appelle deux questions : de quoi discutent ces maîtres, et en quoi les versets qu’ils rapportent expriment-ils leurs thèses ?
Selon le Maharal, Rabbi Akiva et Ben Azaï sont en train de réfléchir à ce qui fait la grandeur de l’homme. Ces Sages cherchent donc un verset qui englobe une large partie de la Torah, voire toute la Torah, un élément qui serait à l’origine des autres. De façon surprenante, le Maharal propose d'ajouter une autre version de ce midrach, qui apparaît dans l'introduction du recueil de récits du Talmud Ein Yaakov, composée par Rabbi Yaakov ben Haviv. Dans cette version, les deux précédents avis apparaissent comme dans le midrach initial. Mais le débat se prolonge par une suite particulièrement saisissante : Ben Zoma intervient en disant qu’il existe un verset
encore plus fondamental : « Écoute Israël, l'Éternel est notre Dieu, l'Éternel est Un. » (Devarim VI, 4)
C'est alors que Ben Pazi surenchérit en disant qu’un autre verset est bien plus fondamental : « L'un des agneaux tu l’offriras le matin, et tu offriras le second vers le soir. » (Chemot 29, 39) Le Midrach fait ensuite apparaître un maitre anonyme qui va trancher en proclamant : « C'est L'avis de Ben Pazi qui est juste ! » On pourrait éventuellement suggérer qu'il s'agit d'une expression du sens de l'humour de nos maîtres et de rien d'autre qu'une sorte de clin d'œil. En effet, comment expliquer que ce verset apparemment anodin, qui décrit le culte des sacrifices quotidiens, l’emporte sur les autres et surpasse « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ou même le fameux « Chéma Israël » ?!
Le Maharal apporte la solution de cette énigme : à l'instar du culte permanent dans le Temple, notre service permanent, et même routinier, n'a pas son équivalent. Ben Pazi veut nous apprendre que la routine du quotidien, paradoxalement, est encore plus fondamentale et efficace que tous ces précieux adages. De jour en jour, c’est la routine du service divin qui est le véritable garant de notre ascension.
Alors mettons en pratique cette injonction talmudique et, plutôt que de nous résigner à la morosité du retour à la grisaille du quotidien, prenons ce retour comme un véritable défi à mettre en pratique : profitons donc de tous les bienfaits que nous avons acquis pendant les fêtes. n
Rav Avraham Dray
Rabbin de communauté à Ashdod - Fondateur de Chadarim Directeur du Desk France du Mizra'hi mondial Pour contacter le rav Dray : avdery7@gmail.com
LPH N° 1002 45 AU NOM DE LA LOI
« La routine du service divin est le garant de notre ascension. »
Tichri et la Balance
Le signe de la Balance
Moznayim –, qui reflète principalement l’'équilibre, correspond au mois de Tichri. Dans la Torah, le mois de Tichri est le septième mois de l'année qui débute par Nissan. Il est donc associé au chiffre 7, celui des valeurs liées au monde naturel : les sept jours de la création du monde, la structure des mondes supérieurs, et le fait que l'histoire du monde durera six millénaires et que le septième couronnera le tout.
Le mois de Tichri est caractérisé par le renouvellement du monde qui a lieu à Roch HaChana. Ainsi, le mois de Tichri et le signe qui lui correspond sont propices à la délivrance : l'asservissement des enfants d'Israël en Égypte s'arrêta en Tichri, Yossef fut libéré de prison en Tichri…
Les Prophètes définissent ce mois comme celui des « êtres stables », faisant référence au fait que c'est le mois de naissance du premier homme et des Pères d'Israël : Avraham, Itzhak et Yaacov. Tout comme ce mois, le signe de la balance induit la stabilité et la justice.
Les natifs de ce mois sont généralement des êtres naturellement joyeux, optimistes et sociables. Ils sont aimables et agréables, ouverts et communicatifs, ce qui leur assure succès et réussite, notamment au niveau matériel. Leur générosité est bien connue ; leur nature conciliante ainsi que leur indulgence sont remarquées. Bien entendu, tout est question d’équilibre, et les natifs de la
balance doivent veiller à ce que leur bonté naturelle ne se retourne pas contre eux. Ayant tendance à se laisser abuser par les autres, ils doivent impérativement apprendre à dire « non » et à poser des limites.
Les Balances font partie des êtres patients et tolérants, qui se tiennent éloignés des excès et parviennent à composer même avec des idées opposées. Les natifs de ce signe savent vivre en harmonie avec eux-mêmes et avec les autres. Ils fuient le mensonge, la médisance et l’hypocrisie, et essaient toujours de protéger les faibles. Très sensibles, ils aiment les animaux et la nature. Il n'est pas rare de retrouver ce signe parmi les négociateurs et médiateurs en tous genres. Au nombre de leurs qualités premières figurent leur imagination débordante et leur grand sens artistique. Ce sont d’excellents guides et leurs conseils sont souvent retenus. Leur bon sens apaise et ils mènent généralement leur entourage sur la bonne voie. Très émotifs et empathiques, ils doivent souvent se remettre en question afin de ne pas se laisser déborder par leurs émotions et s'efforcer de ne pas trop se laisser envahir par leurs sentiments, car cela pourrait facilement affecter leur santé psychique et physique. L'une des clés pour ces personnes est le lâcher-prise grâce auquel ils retrouvent leur équilibre. n
Rav Yoel Benharrouche, artiste peintre, enseignant www.orotvekelim.com
Horaires de Chabbat
Passage à l’heure d’hiver dans la nuit du 28 au 29 octobre. Reculez d’une heure : à 2h, il sera 1h.
46 LPH N° 1002 MAZAL TOV
Chabbat Berechit 13 octobre 2023-28 Tichri 5784 Jérusalem 17h29 18h46 Tel Aviv 17h49 18h47 Netanya 17h49 18h47 Roch 'hodech 'Hechvan À la sortie de chabbat le 14 octobre 2023, Roch 'hodech dimanche 15 et lundi 16 octobre. Chabbat Noa'h 20 octobre 2023-5 'Hechvan 5784 Jérusalem 17h21 18h38 Tel Aviv 17h41 18h40 Netanya 17h40 18h39 Chabbat Lekh Lekha 27 octobre 2023-12 'Hechvan 5784 Jérusalem 17h14 18h31 Tel Aviv 17h34 18h33 Netanya 17h33 18h32 Chabbat VaYera 3 novembre 2023-19 'Hechvan 5784 Jérusalem 16h08 17h25 Tel Aviv 16h27 17h27 Netanya 16h27 17h26
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Le mur tordu de la soucca
PAR ELIE KLING
Au premier jour de la fête de Souccot, on sacrifiait 13 bœufs au Temple de Jérusalem ; au deuxième jour 12 bœufs, et ainsi de suite, chaque jour un bœuf en moins ; au septième et dernier jour de la fête, on ne sacrifiait plus que 7 bœufs. En tout, c'étaient donc 70 bœufs qui étaient ainsi sacrifiés en une semaine. « Symbole des 70 nations », expliquent nos sages. Le Midrach (sur la parachat « Pin'has »), précise : « C'est pour t'enseigner comment les gens se comportent. Lorsque tu t'invites chez un ami, le premier jour, il t'offre un beau morceau de dinde, le deuxième jour, du poisson, et ainsi de suite. Le dernier jour, il te servira quelques petits pois et c'est tout !… » La soucca, cette demeure désuète, fragile et provisoire, représente l'exil d'Israël. Et les bœufs offerts en ordre décroissant nous rappellent « comment les gens se comportent » lorsque les Juifs s'installent chez eux. Au départ, ils les accueillent à bras ouverts ; et puis, au fur et à mesure, ils leur rappellent progressivement, d'abord par de fines allusions puis de manière de plus en plus franche, qu’ils ne sont que des invités et qu'il n'a jamais été question de transformer leur séjour provisoire en installation définitive.
Rav Amiel, zatsal, qui fut grand-rabbin de Tel Aviv, ajoute : « La soucca, qui rappelle les frêles habitations de nos ancêtres dans le désert, symbolise la situation des Juifs en exil, et les lois de la soucca sont, bien souvent, celles de l’exil lui-même. » Ainsi, par exemple, est-il interdit que les murs de la soucca dépassent dix mètres de haut, car sinon, au-delà de cette taille, « cela n'aura plus l'aspect d'une demeure provisoire ».
Mais le Talmud précise que si la hauteur maximale est respectée et qu'il est donc clair pour tout le monde que la résidence est provisoire, la soucca est valable même si l’on construit des murs
en béton (le Talmud parle de murs en fer). Commentaire du rav Amiel : « Ce n'est pas parce que nous vivons en exil que nous sommes tenus de vivre dans le dénuement ou la précarité. Rien ne nous interdit de monter des "murs de fer" et de vivre confortablement, à condition toutefois de ne jamais perdre de vue que l'exil est provisoire ! Il n'est donc pas interdit de bâtir d'importantes infrastructures communautaires en Diaspora ou d'y rendre la vie juive matériellement et spirituellement aisée, tant que les responsables rappellent régulièrement aux fidèles que tout cela n'a qu'un temps, que nous ne sommes que des invités en terre étrangère et que nous aurions d'ailleurs intérêt à vérifier régulièrement si nous en sommes toujours à la dinde ou si nos hôtes en sont déjà aux petits pois… Connaissez-vous la règle du « mur tordu » ? Imaginez qu'une partie du « skhakh » – le feuillage réglementaire qui doit servir de toit à votre soucca – ne soit pas valable : il risque d'invalider toute la soucca, puisque le « skakh » cacher de celle-ci doit impérativement être bordé par les murs. La solution est simple : il suffit de pousser le « mauvais skhakh » jusqu’à l'extrémité du toit, tout près du mur. On considérera alors que le feuillage problématique fait partie du mur qui, du coup, deviendra une sorte de « mur courbé », le reste de la soucca étant cacher puisque le bon feuillage est bordé comme il se doit par des murs – dont l'un est juste un peu « tordu ». Pour le rav Amiel, voici encore une loi de la soucca à mettre en parallèle avec les règles de la survie des Juifs en Diaspora. Combien de fois nos ancêtres ont-ils dû courber l'échine pour survivre ?
Combien de fois avons-nous choisi d'être le roseau plutôt que le chêne, ce qui nous a permis de relever la tête dès que la bourrasque était passée ? Par calcul, par prudence, par respect ou
par civisme, le Juif en exil doit savoir de temps en temps tordre son mur pour assurer son existence. On le voit par exemple tenu d'inventer une grave maladie pour éviter de venir travailler à Roch HaChana ou de passer un examen à Kippour. S'il a la chance d'être devenu une vedette de variété ou de cinéma, il doit parfois, devant des journalistes ou sur les réseaux sociaux, critiquer la politique d'Israël même lorsqu'il est convaincu de son bien-fondé afin de soigner son image de marque. Il fut un temps, heureusement révolu, où il devait même abjurer sa foi ancestrale pour accéder à un poste convoité ou parfois, tout simplement, pour sauver sa vie. Sous certaines conditions, les rabbins autorisaient à courber ainsi l'échine.
Mais relisons toutefois la conclusion du rav Amiel : « Ce n'est pas parce que le "mur tordu" est autorisé qu'il faudrait s'y complaire. Plier l'échine par crainte de provoquer la colère de nos hôtes, d'accord. Par souci de politesse et de civisme bien compris, bien sûr. Mais y prendre du plaisir devient malsain. La courbette est parfois une nécessité mais elle n'est jamais une fin en soi. » (Drachot el ami, tome 2, page 46)
Cette année encore, et pour la vingtneuvième fois, des jeunes filles décident de venir sur la terre de leurs ancêtres, à Hemdat Hadarom, afin que, au moins durant un an, elles puissent vivre pleinement leur identité sans être tenues de « tordre un peu leur mur ». Bienvenue, donc, à Elyanna, Esther, Sharon, Carla B, Stella B, Shirel, Audelya, Elsa Boub, Elsa Bouh, Sarah B, Eden C, Chirel, Tsippy, Shani, Elona, Tali, Eden K, Carla L, Ilona, Ness, Yona, Shirel O, Alisson, Ness, Laure, Lou, Stella S, Sarah T, Sarah Z et Eva. Behatslaha ! Arrêtez-moi si je dis des bêtises… n
LPH N° 1002 47
LE KLING DU MOIS
klingelie@gmail.com
Riz cantonais
PRÉPARATION
l Épluchez la carotte, découpez-la en petits cubes ainsi que les ciboules (ou oignons).
l Découpez la charcuterie en petits cubes également (vous pouvez la remplacer par des dés de poulet) et faites-les revenir quelques minutes dans une poêle antiadhésive huilée.
l Ajoutez les dés de carotte et la sauce de soja, et laissez dorer 5 minutes.
l Ajoutez le riz et mélangez bien pour décoller les grains de riz.
l Ajoutez les ciboules (ou oignons) et le sel, et mélangez.
l Ajoutez les oeufs battus et mélangez pour qu’ils se répartissent dans tout le riz. À nouveau, mélangez bien pour décoller les grains de riz.
l Ajoutez enfin le maïs et les petits pois, poivrez et poursuivez la cuisson pendant 2 minutes.
C'est prêt ! Trouve les 10 différences
Solution page 58
INGRÉDIENTS
Pour 4 personnes
• 300 g de riz cuit
• 100 g de maïs en grains 100 g de petits pois surgelés
48 RECETTE
1 c. à s. d'huile de tournesol
Détendez-vous !
Solutions des jeux page 54
U IR RT O P H E RE C A N S E ZH LA U X A T OI N I U P
Y IU DS N C E N VA A R A C A RM MD U O P E RT O L U G R IE IM H C Z M HG A B U M F NN KC A K O I BC E A U B G II AH A P M D BR N O I E R CC DA M I A E OE K C N N U KC OM E T S S UI H G O G
Y EA LE N T T S EO I N R I E LV VA I B U L NO G I U G
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Issac va trouver son patron pour lui remettre sa démission. Ce dernier lui demande :
– Pourquoi ?
– Je ne peux plus travailler ici, tous les employés sont antisémites.
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– Madame, les sections économie et club sont complètes, cependant nous avons un siège en première classe.
Avant que la dame ait une chance de répondre, l'agent poursuit :
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– Quoi ? Mais qu’est-ce que vous me racontez là ?! Qu’il y en ait un ou deux, je ne dis pas, mais tous, c’est impossible !
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– Mais je vous dis que si. D’ailleurs, j’ai fait un test : je leur ai posé une question et ils ont tous répondu la même chose. Ils sont antisémites, je vous dis !
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– Mais c’est quoi, cette question ?
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Elle a appelé le steward pour se plaindre de sa place. Le préposé lui demande :
– Il est très rare que nous fassions ce genre de mise à niveau, et j'ai dû demander l'autorisation au capitaine. Mais, étant donné les circonstances, le commandant de bord a estimé que nul ne devrait être forcé de s'asseoir à côté d'une mauvaise personne…
L'agent de bord se tourne alors vers le Juif assis à côté de la dame et lui dit :
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– Je leur ai demandé ce qu’ils penseraient si l’on exterminait tous les Juifs et les coiffeurs.
– Les coiffeurs ? Mais pourquoi les coiffeurs ?
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– Quel est le problème, Madame ?
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– Ben vous voyez, vous aussi…
Dans un avion de ligne à destination d’Atlanta, une femme d'âge moyen, bien vêtue, se trouve assise à côté d'un homme portant une kippa.
– Vous m'avez assise à côté d'un Juif ! Je ne veux pas être assise à côté d'un Juif. S'il vous plaît, trouvez-moi un autre siège !
– Madame, je vais voir ce que je peux faire pour vous, répond le préposé, mais le vol est presque complet aujourd'hui et je ne sais pas s’il y a une autre place disponible. En attendant, la femme jette un coup d'œil condescendant à son voisin juif. Quelques minutes plus tard, le steward revient et lui dit :
– Donc si vous voulez bien prendre vos affaires, Monsieur, j'ai un siège confortable pour vous en première classe...
La dame s’exclame alors avec indignation :
– Le capitaine doit avoir fait une erreur...
Et le steward de lui répondre :
– Non, Madame. Le capitaine Cohen ne fait jamais d'erreur !
Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour. Avec l'aimable autorisation de la famille.
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