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Jeudi 3 août 2023

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Nº 1000 | Mensuel

DOSSIER LE JUDAÏSME AU CŒUR DE L'ITALIE SPÉCIAL ÉTÉ

LIVRES ET VOUS : NOTRE SÉLECTION POUR LES VACANCES

DES JEUX POUR LES PETITS ET LES GRANDS

DES RECETTES FACILES, RAPIDES ET DÉLICIEUSES

GRAND ANGLE

DIX ANS POUR

OBTENIR SON GUETT

LES AGOUNOT EN QUÊTE DE SOLUTIONS

À L'AFFICHE DANIEL LÉVI, UN PIANO POUR LA VIE

2 LPH N° 1000 Traduction de documents │ Formulaire à remplir en hébreu Accompagnement administratif et médical │ Prise de RDV Conversation en hébreu │ Conseils juridiques et fiscaux Plus d’informations : www.qualitime.org.il SERVICES D’ENTRAIDE GRATUITS NIENURUOP T É G R ATIONDEQUALITÉ DESOLIMFRANCO P H SENO Des bénévoles sont là pour vous aider ! 054 890 9314 Contactez-nous par WhatsApp :

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édito

Israéliens et heureux

Alors que le pays semblait au bord de l’implosion, qu’au lendemain du vote par la Knesset de la loi sur la clause de raisonnabilité, plusieurs quotidiens israéliens affichaient une page noire en une – un message acheté par le mouvement de protestation de la high-tech contre la réforme, pour symboliser « la mort de la démocratie » –, le rapport annuel sur le bonheur réalisé par l’ONU a classé Israël dans le top 5 des pays les plus heureux au monde ! En première position, on trouve la Finlande, suivie du Danemark et de l’Islande, puis vient Israël, en quatrième position. La France se trouve en vingt-et-unième position après les États-Unis (quinzième), l’Allemagne (seizième) et la Grande-Bretagne (dix-neuvième). L’Égypte, l’Inde et l’Afghanistan clôturent le classement. Pour la petite histoire, Israël se classait à la neuvième place en 2022. Ces données, qui se fondent sur une étude statistique auprès de la population, montrent donc que les Israéliens sont de plus en plus heureux sur leur terre – et peu importe si 3000 médecins menacent d’aller voir ailleurs si le ciel est plus bleu ou si les patrons de start-ups préfèrent le macadam new-yorkais. Notre chère Golda ne se trompait pas : « Le pessimisme est un luxe qu’un Juif ne peut pas se permettre. »

Stephen Covey, l’auteur du best-seller Les 7 habitudes des gens efficaces, propose un étonnant exercice : se demander ce que l’on souhaiterait que nos proches disent de nous lorsque, à 120 ans, nous rejoindrons le Gan Éden. Cela peut nous permettre de définir les valeurs ultimes qui sont importantes à nos yeux : le courage, la fidélité, l’amitié, le dévouement, la générosité, la réussite, la joie… L’auteur explique qu’il nous sera ensuite plus facile d’ordonnancer notre vie en fonction de ces valeurs devenues de vrais objectifs, et ainsi d’être plus heureux. Vivre en Israël semble être un puissant moteur de bonheur, quels que soient nos objectifs personnels. C’est normal : notre âme collective jubile d’être enfin sur sa terre – et pour le reste, on verra bien ! Dans ce magazine d’été qui accompagne le dernier numéro d’Actualité Juive avant la pause estivale (rendez-vous le 31 août avec votre hebdomadaire), nous avons voulu faire place aux bonnes nouvelles, à l’optimisme et à la légèreté.

Tout d’abord avec Daniel Lévi en couverture, pour rendre hommage à cette personnalité rayonnante et positive qui continue, par-delà sa mort, à faire le bien grâce à son projet « Un piano pour la vie ». Ensuite, avec un dossier sur l’Italie juive, pour des vacances qui nous mèneront peut-être à nos racines. Et puis avec un spécial livres – des interviews et un article qui nous apprend tout sur les habitudes de lecture des Israéliens. Enfin, un gros plan sur les nouvelles mesures prises pour refaire une beauté à Haïfa.

Ici ou là, prenez un repos mérité, profitez de vos familles, chantez, riez, dansez – sans oublier de vous régaler ! Nous nous retrouverons à la rentrée, encore plus heureux ! n

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EN COUVERTURE : © Anne-Sophie GUEBEY

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sommaire N° 1000

6 À L'AFFICHE

Daniel Lévi, « Un piano pour la vie »

9 CARTES SUR TABLE

Prouvons-le !

10-24 DOSSIER LE JUDAÏSME AU CŒUR DE L'ITALIE

25 FORCES VIVES

Eva au pays des merveilles

l RENCONTRE AVEC YITZHAK EUGENIO DE GIORGI

l UN PEU D’HISTOIRE…

l L’ART ITALIEN ET LES JUIFS

l LES SAGES JUIFS D’ITALIE

26 BON À SAVOIR

Rentrée des classes : et si l'on faisait des économies ?

28 LIVRES ET VOUS SPÉCIAL ÉTÉ

• Stéphane Amar, L'exception israélienne

• L’industrie du livre en Israël

• Au Fil d’Ariane, une librairie « particulière »

• Daphna Poznanski-Benhamou : Les enfants de la guerre d’Algérie

36 DÉCOUVERTE D'ISRAËL

• Le rêve bleu

• Entretien avec Yuval Admon, directeur de l'Autorité pour le développement de la baie de Haïfa

40 GRAND ANGLE

Dix ans pour obtenir son guett

l ISRAËL-ITALIE : TI AMO !

l RECETTE : LES ARTICHAUTS À LA JUIVE

44 JEUX SPÉCIAL VACANCES

ET AUSSI...

Au nom de la loi (44), Mazal Tov (46), Le Kling du mois (47), Une année avec la Cabale (48), Recettes (55), Immobilier (57)...

4 LPH N° 1000

Raz Hershko, championne !

C’est presque passé inaperçu dans l’agitation ambiante, mais c ’est la raison pour laquelle nous avons tenu à le souligner par ce dessin exclusif : la judokate israélienne Raz Hershko, désignée parmi 2000 judokates issues de 200 pays, a été classée première mondiale par la Fédération internationale de judo, toutes catégories confondues !

Avant elle, jamais une sportive israélienne n’avait atteint le sommet d’un classement mondial. Parmi ses di érentes victoires dans sa catégorie (> 78 kg), elle a obtenu la médaille de bronze aux Championnats du monde de judo au Qatar cette année, ainsi que la médaille d’or au grand slam de Tbilissi et au grand slam de Tel Aviv

En 2022, Raz

Hershko a été médaillée d’argent aux Championnats d’Europe de judo. Et aux derniers Jeux olympiques, qui ont eu lieu à Tokyo en 2020, elle faisait partie de l’équipe d’Israël, qui est repartie avec la médaille de bronze.

LPH N° 1000 5 LE DESSIN DU MOIS

Daniel Lévi, un piano pour la vie

Rares sont les personnes évoluant dans le show-business à faire l’unanimité. Daniel Lévi, disparu il y a un an, était de ceux-là. Son talent, mais aussi sa générosité, son intégrité et sa sincérité, lui ont conféré un statut à part. Le grand public l’a découvert en Moïse dans la comédie musicale Les Dix Commandements, mais son riche répertoire mérite d’être (re)connu. C’est ce qu’espèrent les enfants de Daniel, ainsi que son épouse, Sandrine Aboukrat-Lévi. La famille porte une autre action importante : l'opération « Un piano pour la vie ». L’idée est de rendre le monde meilleur en installant des pianos dans des hôpitaux en France et en Israël. Accomplir le rêve de Daniel, c’est prolonger l’e et bienveillant qu’il avait sur tous.

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L'AFFICHE
À
© DR
PAR EDEN LEVI-CAMPANA
Sandrine Aboukrat-Lévi avec son époux Daniel Lévi : « Je suis sa femme et je pourrais vous dire des milliers de choses à son sujet ; mais je préfère laisser ses chansons parler. »

LPH : Lors d’une rencontre avec Daniel, il m’avait dit qu’il était passionné par Israël…

Sandrine Aboukrat Lévi : En effet, il avait un amour inconditionnel pour Israël. Lorsque nous sommes partis en tournée avec notre famille, les musiciens et toute notre équipe, c’était comme si le temps s’était arrêté pour nous. Il faut savoir qu’à cette époque-là, il était déjà malade, mais HaChem lui a donné une force incroyable pour chanter à Tel Aviv, Netanya et Jérusalem où il a fêté son anniversaire. Monter sur scène avec ses musiciens à ses côtés sur cette terre a été un moment inoubliable. Nous avons redécouvert une terre d’accueil avec beaucoup de passion, beaucoup d’amour – ce pays est si magique ! Plusieurs fois, nous nous sommes dit : « Prenons nos deux familles et partons en Israël ! »

Quel est l’objectif de l'Association Daniel Lévi ?

La musique était pour mon mari un vrai remède. Lors de ses soins et de ses hospitalisations à l'Hôpital Européen de Marseille, il se mettait au piano, et partageait des moments de bonheur avec les autres malades et le personnel soignant. L’objectif, aujourd’hui, est de récolter des fonds qui serviront à acheter des pianos qui seront déposés dans un espace musical créé à sa mémoire dans tous les hôpitaux de France, mais aussi dans des maisons de retraite. Des animations musicales autour de ces pianos auront lieu régulièrement durant toute l'année, assurées par des musiciens et des artistes pour donner du bonheur aux autres, ce qu’il aimait tant faire.

Pourquoi « Un piano pour la vie » ? Comment est née cette idée ?

Lors d’une hospitalisation, comme d’habitude, la musique était au rendez-vous. Au troisième étage de l’hôpital, il y avait un piano. Daniel sortait de sa chambre, il posait ses mains sur le piano, et dès que les gens entendaient le son très pur des mélodies qu’il jouait, on se retrouvait vite à dix, vingt, trente personnes, comme si l’on se rassemblait pour un bœuf. Un jour, un petit papi était là, et à un moment Daniel s’est mis à chanter. Forcément, des larmes ont coulé, et ce papi m’a dit : « C’est le plus beau cadeau de Noël que l’on pouvait me faire ! » Lorsque nous sommes rentrés dans la chambre de Daniel, nous nous sommes regardés et il m’a dit : « Tu vois, il faut de la musique dans les hôpitaux, ça fait du bien ! » Aujourd’hui, mon devoir est de perpétuer ce qui lui tenait tant à cœur. Avec notre fille et les autres enfants de Daniel, nos deux familles réunies, et avec l’aide de HaChem, nous allons inonder la France et très bientôt Israël de ces espaces avec des pianos. lll

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Pourquoi était-ce important pour Daniel ? Et pour vous ?

Mon mari n’était pas seulement un interprète, mais aussi un grand musicien et un compositeur qui savait toucher au plus profond de notre âme. Lorsque nous parlions de ce projet, alors qu’il recevait ses soins, j’étais loin d’imaginer que je devrais inaugurer cet espace sans lui… Je suis sa femme et je pourrais vous dire des milliers de choses à son sujet ; mais je préfère laisser ses chansons parler, car toutes les

Des événements sont-ils prévus autour de ces espaces ?

Bien sûr, le but n’est pas seulement de déposer des pianos, mais d’animer les espaces deux ou trois fois par mois avec des mélomanes, des musiciens, des artistes, tous ceux qui voudront venir chanter et jouer du piano. L’objectif est de transformer des moments difficiles en moments de bonheur.

Les artistes ont-ils massivement répondu présent au concert de soutien à l’association ? Oui, tous sans hésitation. Mon mari était un homme doté de beaucoup de qualités, d’humilité, de gentillesse, de générosité et de bienveillance. Aujourd’hui, onze mois après son départ, je reçois des milliers – je dis bien des milliers – de messages venus du monde entier. Sur les réseaux, par e-mail, on me vante ses qualités. Je remercie HaChem de m’avoir accordé l’immense privilège de partager avec lui toutes ces années de bonheur, d’être sa femme et la maman de notre merveilleuse princesse, le fruit de notre amour, notre fille Nessyel.

paroles de ses albums racontent sa vie. L’album Grâce à toi est né au moment du confinement. Il a réalisé cet album de bout en bout avec ses musiciens, un album d’amour et de gratitude envers HaChem, envers le personnel hospitalier, envers nous tous, son public, un album rempli d’amour – et qui mieux que lui pour exprimer ce sentiment si fort ?

Comment s’est déroulée la première pose de piano ?

La dépose du premier piano, le 28 juin, a été un moment très important pour moi. Nous avons réalisé le rêve de Daniel. Pour moi, cela marque le début d'une mission ; et surtout, j’ai pu remercier le personnel hospitalier, ces anges qui ont été près de moi pendant cette épreuve – et cela, c’était très important.

Que pensez-vous de l'idée de relancer Les Dix Commandements ? J’avoue que refaire Les Dix Commandements sans lui m’est difficile à imaginer ; mais l’idée que la comédie musicale soit réentendue, avec un nouveau casting, pourquoi pas ? Je suis sûre qu’il aurait été heureux que ces si belles chansons, partagées avec ses amis artistes, soient chantées et entendues par de nouvelles générations. Un jour, il m’a dit : « Une chanson ne nous appartient pas, on la livre avec tout son cœur et on la laisse vivre. » Alors laissons vivre la musique et portons-la au plus haut ! Bien sûr que des hommages seront rendus et que ce seront des moments remplis de souvenirs et d'émotion pour nous, sa famille ; mais je suis certaine qu’Albert Cohen et Pascal Obispo, qui remontent le spectacle, le feront avec beaucoup de respect. n www.daniellevi.fr

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www.allodons.fr/daniel-levi
Pendant une période d'hospitalisation, Daniel a ému les patients de l'hôpital en jouant du piano. Ce jour-là, il a dit à sa femme : « Tu vois, il faut de la musique dans les hôpitaux, ça fait du bien ! » Photo illustrative © IStock

Prouvons-le !

Lendemain de 9 Av, dans un pays où la température est très élevée suite aux désaccords concernant la désormais fameuse réforme judiciaire. Malgré cela, je me promène, optimiste, dans les rues de Jérusalem que je sillonne avec passion depuis mon Alya il y a plus de trente ans. Le 9 av et la destruction du Temple nous ramènent au cœur de Rome, capitale de l'Italie, et à sa relation avec le peuple juif, dont traite ce numéro de votre magazine préféré. Au centre de cette ville se trouve l'arc de triomphe de Titus, qui témoigne de ses actes cruels contre le peuple juif et montre les captifs de Sion qui, il y a deux mille ans, transportèrent le chandelier du Temple en exil. Mais ce chandelier a vaincu, il est aujourd'hui redevenu le symbole de l'État d'Israël et symbolise le retour du peuple juif sur sa terre. En traversant Jérusalem, me vient à l'esprit un texte du poète israélien Yehuda Amichaï :

« J’étais un jour assis sur les marches à l’entrée de la Tour de David, deux lourds paniers à mes côtés. Un groupe de touristes tout autour d’un guide, je devins leur point de mire.

“Vous voyez cet homme et ses paniers ? Un peu à droite de sa tête vous voyez une arche de l’époque romaine.”

Me disant à moi-même : La rédemption ne viendra que si le guide leur dit :

“Vous voyez cette arche romaine ? Elle est sans importance. Mais à côté d’elle, un peu à gauche en contrebas, est assis un homme qui a acheté des fruits et des légumes pour les siens”. »*

Nous avons surmonté deux millénaires d'exil. Je reste optimiste. Malgré les différends, nous restons ensemble, juifs, sionistes – chacun à sa façon, il est vrai. À chacun de se calmer, de calmer ses proches et d'œuvrer, comme le dit Amichaï, « pour les siens ». C’est ainsi que nous continuerons à lutter contre les Titus modernes et à nous inspirer d'un autre Romain d'antan : Antonin. Défini par le Talmud comme « Juste des nations », il permit aux Juifs d'enterrer leurs soldats morts au combat à Beitar,

conquise également un 9 Av par les Romains, et symbole de la fin de la Révolte des Juifs et du début de l'exil. Son prédécesseur avait interdit l'inhumation des morts. En l’autorisant, Antonin fit preuve de véritable bonté – véritable, car sans contrepartie, les morts ne pouvant rien donner en retour. À nous d'aspirer à la véritable bonté avec nos frères vivants. Nous en sommes capables. Prouvons-le. n

- Cosmetique de pointe

- Soins et traitements de beaute

Derech Beit Lehem 94 , Baka , Jerusalem

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* Yehuda Amichaï, Poèmes de Jérusalem, traduction Michel Eckhard-Elial (Éditions de l’Éclat)
OFFRE de BIENVENUE 02-5610922 0528-8245888

La communauté juive de Florence remonte à l'époque romaine. En 1882, elle se dote de sa célèbre Grande Synagogue. Pendant l'occupation nazie, la synagogue est utilisée comme garage et sauvée de justesse d’une explosion. Les noms des 284 résidents juifs de Florence tués par les nazis sont gravés sur une grande pierre tombale située dans le jardin de la synagogue. Le mobilier, les fresques, la bibliothèque et les 90 Sifrei Torah ont sou ert lors des inon- dations de Florence en 1966. L'ensemble a été restauré grâce aux contributions de nombreuses communautés juives d'Italie et du monde entier.

Une épopée qui reflète bien l’histoire de l’Italie juive.

En photo : la grande synagogue de Florence

Yitzhak Eugenio De Giorgi : « Il ne faut pas seulement sauver mais faire vivre le

Yitzhak Eugenio De Giorgi est une personnalité au parcours atypique. Son parcours personnel et professionnel recèle une richesse et une générosité hors du commun. Italien de naissance et fier d’être israélien depuis quelques années, il est devenu l’ambassadeur du judaïsme italien.

LPH : Vous étiez acteur, auteur et metteur en scène à succès en Italie, et votre vie a bifurqué. Aujourd’hui, vous êtes en quelque sorte l’ambassadeur du patrimoine juif d’Italie. Comment cela s’est-il produit ?

Yitzhak Eugenio De Giorgi : En 2002, je me trouvais à Venise et j’écrivais une pièce intitulée Un poisson nommé Venise. Jusque-là, je ne m’étais jamais véritablement intéressé à l’histoire des Juifs de Venise. Mais en rencontrant le rabbin de Venise, Elia Richetti, j’ai voulu en savoir davantage. C’était un personnage incroyable qui savait énormément de choses et qui m’a surtout donné l’envie d’en savoir plus… Je me suis mis à écrire une pièce intitulée Studio à louer quartier de Venise, pour raconter l’histoire des Juifs de Venise. C’est ainsi que j’ai peu à peu découvert l’histoire des Juifs d’Italie et que j'ai eu envie, à travers mon art, de faire connaître ce patrimoine d'une richesse formidable.

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judaïsme italien ! »
©DR

Est-ce à ce moment-là que votre lien personnel avec le judaïsme s’est également révélé ?

À Milan, j’ai rencontré Haïm Baharier, qui est devenu mon maître. Il est sans doute l’homme qui a changé ma vie. J’ai pris possession de ce qui m’est apparu comme ma véritable identité. Il y a donc eu deux parcours en parallèle : culturel et cultuel – la totale ! (rires) Mon maître m’a d’ailleurs incité à me servir de mon don pour le théâtre pour raconter le judaïsme, et il m’a écrit des pièces sur Noah, David et Goliath, sur Caïn et Abel, sur la Tour de Babel, que j’ai jouées à Milan et à Venise.

Transmettre le patrimoine juif italien, trop méconnu, semble être devenu une sorte de mission pour vous…

Oui, car même les Italiens ignorent ce patrimoine ! D’ailleurs, un sondage a été réalisé pour leur demander à combien ils estiment la communauté juive italienne : certains disent un million, d’autres trois, d’autres cinq… En réalité, on dénombre seulement 22 000-23 000 Juifs en Italie aujourd’hui ! À peu près 12 000 vivent à Rome, 5000 à Milan, 800 à Turin et à Florence, 500 à Trieste, 350 à Venise et seulement 30 à Parme. Pourtant avant l’Inquisition, il y avait 50 000 Juifs rien qu’en Sicile, par exemple. Il faut savoir que la péninsule italienne a toujours vécu sous domination étrangère, jusqu’à son indépendance, réalisée entre 1860 et 1871 par les armes et la diplomatie. Auparavant, elle était divisée entre le royaume de Piémont-Sardaigne, le grand-duché de Toscane, les duchés de Parme et de Modène, les États pontificaux et le royaume des Deux-Siciles. Quant à la Lombardie et la Vénétie, elles se trouvaient sous domination autrichienne. Les Juifs italiens venaient donc du monde entier et ils ont connu des périodes très fastes, entrecoupées par des périodes plus sombres. D’une ville à l’autre, d’une histoire à l’autre, je me suis aperçu qu’il y avait un immense savoir qui était en train de se perdre. Lorsqu’on visite les cimetières de petites villes d’Italie,

découvrir des noms juifs sur les tombes alors qu’il n’y a plus aucun Juif vivant habitant là donne le frisson. Il suffit alors de poser des questions aux « anciens » pour en apprendre toujours plus. Et c’est ainsi qu’on ne s’arrête plus !

Vous êtes en train de reconstituer une mémoire à travers cette quête que vous menez. Les responsables des communautés juives sur place ont-elles aussi à cœur de rassembler cette histoire éparpillée ?

Bien sûr ! Il y a de nombreux et très complets ouvrages sur l’histoire juive en Italie, mais je dois dire que je suis un peu en désaccord avec le travail de mémoire qui est mené actuellement, car il se concentre souvent sur la période de la Shoah. S'il est certes nécessaire et essentiel de faire un travail de mémoire sur la plus grande tragédie que notre peuple a jamais connue, il n’en demeure pas moins que nous ne pouvons résumer le peuple juif, et notamment la communauté juive d’Italie, à ce qui s’est passé pendant la Shoah – sinon, on risque d’en arriver à nier son apport, son importance et sa place. Récemment, des millions ont été investis par le gouvernement italien pour un musée de la Shoah à Rome, alors que les petites communautés juives d’Italie souffrent de ne plus avoir de mikvé, d’école ou de restaurant cacher. On oppose à cela l’argument selon lequel n’y a pas suffisamment d’habitants juifs dans ces endroits – on trouve toujours des excuses pour ne rien faire. La seule présence des touristes devrait encourager des initiatives. Comment, par exemple expliquer que ni à Pise, ni à Mantoue, ni à Ferrare, on ne trouve plus rien de cacher, ce qui fait que les touristes juifs ne peuvent s’y attarder plus de deux ou trois jours ?! Et lorsqu’on s’insurge contre cela, on s’entend répondre : « Dans dix ans, il n’y aura plus un seul Juif dans la ville, alors à quoi bon ? »

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À travers la culture, on peut empêcher
l’Italie juive de mourir à petit feu.

C’est terrible, ce que vous dites. On a l’impression d’assister à la mort en directe d’une communauté sans rien pouvoir y faire ! Exactement : on assiste à une lente agonie d’une communauté, d’un peuple – et il faudrait l’accepter ?! Il est vrai que j’éprouve de la colère face aux décisions qui ne prennent pas en considération ce qui se passe sous nos yeux.

Pourquoi les dirigeants juifs ne comprennentils pas que moins il y aura de structures juives, moins il y aura de Juifs ?

Ce n’est pas une question d’incompréhension, c’est une question de renoncement. Pour ma part, je ne sais pas renoncer. Je ne peux pas accepter de laisser disparaître un patrimoine, et à terme une communauté, aussi minuscule soit-elle. On pourrait imaginer mille et un projets culturels juifs susceptibles d’attirer toutes sortes de gens, même des non-Juifs. Je dis toujours que le patrimoine juif italien n’appartient pas à l’Italie, mais au monde entier !

Vous avez fait votre Alya en 2021 et depuis Israël, vous faites rayonner l’Italie juive à travers divers reportages, articles et interviews. Quelle serait pour vous la prochaine étape ?

Dans l’idéal, rassembler des bonnes volontés pour mettre sur pied une association qui, avec des volontaires et des donateurs, pourrait créer des projets susceptibles de ranimer la flamme juive en Italie : un festival des cultures juives, par exemple, un spectacle itinérant, des jumelages entre les Mairies et les communautés juives locales, l’ouverture de petits commerces… Mais tout ne peut se faire que si les communautés juives locales sont fédérées sous un même étendard ; ce n’est qu’ainsi que les autorités italiennes pourront nous prendre au sérieux. Il

ne faut pas seulement sauver mais faire vivre le judaïsme italien ! Et j’aimerais que les Juifs du monde entier se sentent également concernés. Savez-vous que 41 Aronot haKodech italiennes ont été emportées en Israël afin de les sauver ? Elles appartiennent donc à tous les Juifs, de même que le Ram'hal ou le Sforno sont des Sages nés en Italie mais dont le rayonnement s’est étendu au judaïsme mondial [voir l’article sur les Sages juifs]. Nous ne sommes pas français, italiens ou israéliens, nous sommes tous juifs et donc tous garants les uns des autres, comme le dit la Torah. Nous avons déjà vu des communautés juives disparaître, en Pologne, en Allemagne, mais aussi en France, comme Lunel, par exemple, qui, jadis, était pourtant appelée « la petite Jérusalem » ! Nous n’avons rien pu faire. Aujourd’hui, nous avons la possibilité d’agir.

Et le théâtre, dans tout ça ? Quels sont vos projets ?

Un artiste a toujours la tête qui produit des rêves, et quand on est jeune on veut tout faire. L’âge et l’expérience sont un livre très important à consulter. Aujourd’hui je continue à rêver, grâce à Dieu, car ce sont les rêves qui font vivre l’homme, et si nous le voulons vraiment nous pouvons les réaliser – à condition, d’abord, de supprimer deux mots de notre vocabulaire : « mais » et « si ». En ce moment, j’ai trois projets. Un est déjà en cours depuis deux ans : il s’agit d’un projet audiovisuel sur le judaïsme d’Europe. Le deuxième est un spectacle, car je ne peux pas vivre sans la scène. Ma vie, c’est le théâtre. Je suis engagé dans la création d’un grand projet en Israël, qui prévoit une tournée internationale. Le troisième projet est un rêve que j’ai depuis longtemps et qui commence à prendre forme… C’est le rêve de ma vie et pour cette raison, c’est encore top secret ! n

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Propos recueillis par Anne-Caroll Azoulay Le cimetière de Milan regorge de symboles juifs, comme ici une ménora

Un peu d’histoire…

Les premiers Juifs sont arrivés à Rome envoyés par Judas Maccabée en 161 avant l’ère chrétienne, bien avant la destruction du Second Temple par Titus en 70 et la déportation de 97 000 Juifs vers l’Italie, selon l’historien Flavius Josèphe. On dit d’ailleurs que les Juifs de la capitale italienne sont peut-être les plus vieux Romains de souche. Installés depuis 2000 ans dans l’ancien ghetto et le Trastevere, de part et d’autre du Tibre au niveau du pont Fabricio, des Quattro Capi, ou encore à Ostie, le port de Rome, ils forment une communauté riche et dotée de nombreuses synagogues. Sur la base de chiffres fournis par Flavius Josèphe, on estime à 30 000 ou 40 000 le nombre de Juifs à Rome au Ier siècle. Ce nombre important est corroboré par la dimension des cinq catacombes juives et par la douzaine de synagogues attestées dans la Rome antique.

En 212, l'édit de Caracalla donne aux hommes libres de l'Empire romain, et donc aux Juifs, la citoyenneté romaine, ce dont les Juifs bénéficieront tant que le droit romain continuera à s'appliquer, c'est-à-dire bien après la chute de l'Empire romain d'Occident en 476.

Si Rome était et est encore aujourd’hui la capitale des

Juifs d’Italie, la présence de communautés juives est attestée sur tout le territoire italien du Nord au Sud et d'Est en Ouest, dans chaque ville et chaque village. On estime ainsi à 300 le nombre de villes italiennes où étaient établis des Juifs au milieu du XVe siècle.

C’est à Venise qu’est né le premier ghetto de l’histoire. Le mot « ghetto » lui-même vient de l’italien où il signifie « fonderie » ;

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PAR
La communauté juive d’Italie est la plus ancienne d’Europe occidentale. Il serait présomptueux de vouloir résumer son histoire en un seul article.
Voici cependant quelques-unes de ses grandes lignes.
La Grande Synagogue de Rome et le ghetto, visités chaque année par des millions de touristes

il est dérivé de l’ancien italien « gettare » – « jeter » –, car dans ce quartier du nord de Venise, Cannaregio, se trouvaient d’anciennes fonderies où l’on jetait le fer dans les fours. C’est là que les Juifs furent assignés à résidence à partir du 29 mars 1516, afin que la République puisse les fixer et les contrôler.

Autres villes dans lesquelles la présence juive est remarquée : Padoue, la ville des kabbalistes, Vérone, Ferrare, la plus importante communauté de la Renaissance italienne, Mantoue et Trieste, port très important où ont afflué de nombreuses familles ashkénazes d’Europe de l’Est avant de monter en Israël – c’est d’ailleurs Trieste, ville juive par excellence, que Benito Mussolini choisit pour promulguer les lois antijuives le 18 septembre 1938, depuis le balcon de l'hôtel de ville…

Dans le centre de l’Italie, en passant par la Toscane, Livourne marque une importante étape de l’histoire juive italienne. En 1593, le grand-duc de Toscane, Ferdinand 1er de Médicis, promulgue l’édit de la Livornina, qui garantit aux Juifs, pour vingt-cinq ans renouvelables, la liberté du commerce et le droit de s’installer où ils le souhaitent sans porter de signes discriminatoires comme les autres Juifs du duché. Ils peuvent même avoir des serviteurs chrétiens, rouler en carrosse, etc. Ferdinand 1er de Médicis va jusqu’à leur offrir sa protection contre l’Inquisition : « Nous désirons que, pendant ladite période, aucune inquisition, inspection, dénonciation ou accusation ne soit prononcées contre vous et vos familles. » Ce statut particulier attire de très nombreux marranes dans la

cité, qui transforment alors la petite ville insignifiante en un port florissant et une capitale de l’imprimerie juive, avec pas moins de neuf imprimeries recensées dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. En marge de l’espagnol, langue officielle, les Juifs livournais créent un nouveau dialecte que les plus âgés parlent toujours : le bagitto, mélange d’espagnol, d’hébreu et de dialecte local – la langue probablement utilisée par les parents du grand peintre Amedeo Modigliani, né à Livourne…

Dans le Sud, à Trani et à Lecce dans les Pouilles, on peut encore trouver des témoignages et des vestiges qui attestent la présence juive. La Calabre est ainsi la terre de l’« étrog » (cédrat) depuis des siècles. La Sicile a d’ailleurs été la terre d’accueil de nombreux prisonniers juifs déportés après la prise de Jérusalem en 70. Ils y sont restés pendant quinze siècles, jusqu’à ce qu’Isabelle la Catholique oblige les Juifs de Sicile et du sud de l’Italie à quitter le pays en 1492 ou à se convertir au catholicisme. Nombreux se sont convertis, et encore aujourd’hui, en Sicile et en Calabre, on trouve des familles qui portent un nom juif et perpétuent sans le savoir certaines coutumes, allumant par exemple deux bougies le vendredi soir, ou couvrant tous les miroirs dans la maison en cas de décès.

Participant depuis toujours au développement et à la vie sociale, culturelle et politique du pays, les Juifs prennent également part à l’unification de l’Italie en 1861. Parmi eux, Giuseppe Finzi, originaire de Mantoue, qui, avec Garibaldi, participe à l'expédition en Sicile.

On dénombre aussi trois Premiers ministres juifs : Alessandro Fortis,

Luigi Luzzatti et Sidney Costantino

Sonnino.

L’Italie juive est meurtrie par la Shoah. Le 16 octobre 1943, à 5h15 du matin, les SS envahissent les rues du portique d'Ottavia à Rome et raflent 1024 personnes, dont plus de 200 enfants. Le 18 octobre, dix-huit wagons plombés quittent la gare de Tiburtina. Après six jours, ils arriveront au camp de concentration d'Auschwitz. Seules 16 personnes survivront.

Le rite liturgique italien est à l’image de la richesse de l’histoire juive italienne. Le rite italien – « noussa'h Italia », également appelé « minhag italiano » ou « minhag Benei Roma » – est en effet le rite liturgique en usage dans les communautés juives établies en Italie depuis les premiers siècles de l’ère commune. Basé sur les anciens rites en usage dans les académies talmudiques de la Terre d’Israël et dans celles de Babylonie, il semble avoir fortement influencé le rite des Juifs ashkénazes ayant émigré depuis l’Italie vers la vallée du Rhin. n

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L’art italien et les Juifs

L’Italie du XVIe siècle voit naître un nouveau style de théâtre : la commedia dell'arte, ce qui, littéralement, signifie « théâtre interprété par des gens de l’art », c'est-à-dire des comédiens professionnels. Ce genre de théâtre populaire fait intervenir des acteurs masqués improvisant des comédies marquées par la naïveté, la ruse et l'ingéniosité. Les premières troupes de comédie avec masques apparaissent en 1528 et se produisent dans toute l’Italie, particulièrement dans les villes de Mantoue, Padoue, Venise et Ferrare. Judah Leone Ben Isaac Sommo, connu sous le nom de Leone De Sommi, a laissé son empreinte dans ce contexte culturel en pleine effervescence. Originaire de la communauté juive de Mantoue, cet écrivain et

dramaturge renommé (dont on situe la naissance en 1525) était le protégé du duc de Gonzague. Grâce à cet appui, il fut dispensé de porter le signe infamant imposé aux Juifs. Auteur de la première œuvre théâtrale en hébreu, Maguen nachim, il écrit aussi des

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La période la plus florissante en Italie est sans doute la Renaissance, qui imprime un nouvel élan dans tous les domaines, et en particulier dans ceux des arts. Les Juifs y jouent un rôle non négligeable.
Arlequin et Pierrot, deux personnages centraux de la commedia dell'arte

pièces de commedia dell'arte, comme par exemple Tre sorelle, mais surtout il rédige un recueil fondamental pour le théâtre moderne : Quattro dialoghi in materia di rappresentazioni sceniche – Quatre dialogues sur le thème des représentations scéniques –, encore étudié de nos jours.

À Vérone, on retrouve le très célèbre musicien Giacobbe Bassani Cervetto et son fils Giacomo, connu pour avoir introduit l'usage du violoncelle en Angleterre.

Une autre forme d’art très importante et renommée dans le monde entier est l’imprimerie. Vers le milieu des années 1400, une famille juive originaire de Spire, en Allemagne, s’est installée à Soncino à la suite des persécutions qui affectent déjà les Juifs. Au fil des ans, la famille s’est lancée dans l’imprimerie et elle a adopté le nom de Soncino, devenu la marque de fabrique de toute ses productions. Israel Nathan ben Samuel, mort à Brescia

en 1492, est le premier membre de la famille à exercer le métier d'imprimeur. En 1483, il installe une presse à caractères hébraïques à Soncino, avec laquelle son fils Joshua Solomon publie le 19 décembre 1483 son premier ouvrage : le traité du Talmud Berakhot. En 1486, c’est le Ma'hzor Roma qui sort de l’imprimerie familiale ; et le 22 avril 1488, ils impriment la première Bible hébraïque complète – une révolution ! n

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Les Sages juifs d’Italie

La Renaissance italienne a marqué une étape non seulement dans les arts et les lettres, mais aussi dans le domaine religieux, et particulièrement dans l'étude des textes sacrés, grâce à de grandes figures juives.

Le rabbin Ovadia ben Abraham de Bertinoro, dit « le Bartenoura » (né en 1445 et mort aux environs de 1500), en est une. Auteur d’un commentaire de la Michna devenu un classique du genre et occupant dans les éditions imprimées la même place que les commentaires de Rachi sur la Torah ou le Talmud, il est l’élève de Joseph Colon Trabotto, dit « le Maharik », considéré en Italie comme l'un des érudits juifs et des talmudistes les plus fameux de l'époque. Il embarque pour Eretz Israël en 1486 et y parvient le 25 mars 1488. Sur son chemin, il passe par Rome, Naples, Salerne, puis Palerme en Sicile, où vivent environ 850 familles, toutes dans la même rue ! Le Bartenoura témoigne : « Ici, les Juifs sont artisans, transporteurs et agriculteurs. Ils sont méprisés par les Chrétiens et obligés de porter un morceau de tissu rouge par-dessus leurs vêtements. » Sa description de la synagogue de Palerme est un véritable poème : « Les piliers de pierre de la cour extérieure sont entourés de vignes, le vestibule a trois entrées et un porche dans lequel se trouvent de grandes chaises pour se reposer,

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Plaque commémorative apposée en mai 1988 par la Municipalité de Bertinoro, une commune de la province de Forlì-Cesena, dans la région Émilie-Romagne, en Italie, où a vécu le Bartenoura

ainsi qu’une splendide fontaine […] les rouleaux de la Loi sont ornés de couronnes de grenades en argent et en pierres précieuses. » La forte personnalité du Bartenoura, son éloquence et sa réputation de Sage le font rapidement accepter comme chef spirituel de la communauté de Jérusalem. Il incite la jeunesse à étudier le Talmud et la tradition rabbinique, recueille des fonds auprès des communautés juives italiennes et bâtit des yechivot. Il obtient l’annulation de taxes imposées aux Juifs par les autorités musulmanes et accueille les Juifs expulsés d'Espagne en 1492. La décennie durant laquelle il est à la tête de la communauté juive de Jérusalem voit une amélioration considérable de la situation de ses membres. Outre son commentaire de la

Michna, il rédige ses Lettres de voyage, publiées en français par Moïse Schwab (Lettres d'Obadiah de Bertinoro, Paris, 1866), dans lesquelles il décrit la vie sociale et intellectuelle des Juifs de Grèce, d'Égypte et de Palestine. Sa description des Samaritains vivant en Égypte à cette époque est une des plus fidèles dont on dispose.

Figure du judaïsme médiéval italien, Ovadia ben Jacob Sforno, né à Cesena en 1470 et mort à Bologne en 1550, fut l'un commentateurs les plus importants des exégèses bibliques. Né dans une famille de typographes, « le Sforno » reçoit une éducation religieuse et laïque, étudie la philosophie, les mathématiques et la médecine à l’Université de Rome. Diplômé médecin en 1501, il s’installe ensuite à Bologne où il fonde une yechiva. Outre l’hébreu, il écrit en latin, la langue utilisée par la noblesse. Parmi les œuvres du Sforno figure une discussion des huit livres de la géométrie d'Euclide, considérée à l'époque comme l'analyse la plus complète des sciences mathématiques et de la géométrie. Le Sforno a également écrit des commentaires sur Chir HaChirim (le Cantique des Cantiques), Téhilim (les Psaumes) et Qohélet (l’Ecclésiaste). Son commentaire sur le livre de Job, paru sous le titre Michpat Tzédek, et ceux sur Jonas, Habacuc et Zacharie ont été inclus dans un ensemble plus vaste comprenant divers

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L’Italie est aussi la terre des Sages, des grands maîtres du judaïsme étudiés encore de nos jours par les communautés juives du monde entier.

commentaires. Le ma'hzor [livre de prières] imprimé à Rome contient ses explications des Pirkei Avot

Autre Sage, peut être le Juif italien le plus célèbre du monde juif : le Ramhal (acronyme de Rav Moché Haïm Luzzatto), né en 1707 dans le ghetto de Padoue et considéré encore aujourd’hui comme l’un des plus grands kabbalistes du peuple juif. Comme souvent les génies, il a été persécuté de son vivant et salué à sa mort.

En 1734, victime de violentes attaques de la communauté juive de Padoue à cause de ses écrits, il est obligé de fuir pour Amsterdam. C’est là que le Ramhal publie une dizaine de livres, dont le fameux Derekh HaChem (La Voie de Dieu), véritable somme de la foi juive.

En 1743, le Ramhal quitte Amsterdam pour se rendre en Eretz Israël, à Akko (Acre). Trois ans plus tard, en 1746, le 26 Iyar, alors qu'il n'est âgé que de 39 ans, il décède des suites d'une épidémie.

Parmi ses œuvres que certains qualifient de kabbalistiques se trouvent : Messilat Yecharim, Derekh HaChem, Meguilat Setarim, Maamar HaGueoula, Razin Guenizin, Maamar Ha-Ikarim et Derekh Tevounot (La Logique du Talmud), livre influencé par Pierre de La Ramée.

Fait peu connu, le Ramhal a aussi écrit des pièces de théâtre, dont Gloire aux justes, conte métaphysique qui fait dialoguer des personnages en proie à des sentiments forts et fondamentaux. À travers ces personnages, le Ramhal pose une question : est-on celui que l’on croit être ?

Autre particularité : le Ramhal utilisait un hébreu exceptionnellement moderne. D’ailleurs, selon certains, l'hébreu du Ramhal est la base essentielle du renouveau de l'hébreu moderne. n

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La tombe du Ramhal à Kfar Yassif (« le village de Joseph »), près la ville israélienne d'Acre

Israël-Italie : ti amo !

L'Italie a reconnu Israël le 8 février 1949, après la déclaration d’indépendance de l'État d'Israël le 14 mai 1948. L'Italie a une ambassade à Tel Aviv, deux consulats généraux à Jérusalem-Ouest et à Jérusalem-Est, et quatre consulats honoraires à Beer-Sheva, Eilat, Haïfa et Nazareth. L'ambassadeur d'Italie en Israël depuis 2021 est Sergio Barbanti. Israël a une ambassade à Rome et l'actuel ambassadeur israélien est Alon Bar (le prochain ambassadeur d'Israël à Rome devrait être Benny Kashriel, maire sortant de Maaleh Adumim). Les deux pays sont membres de l'Union pour la Méditerranée.

En 2019, on estimait à 45 000 personnes la communauté juive italienne. De nombreux Juifs italiens ont immigré en Israël suite aux lois raciales italiennes promulguées par l'Italie fasciste de 1938 à 1943, puis immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, et également après la guerre des Six Jours de 1967. Au cours des dix premières années 2000, on a assisté à une nouvelle vague d’Alya d’Italie. En 2012, il y avait environ 15 000 citoyens italiens établis en Israël.

En raison de leur proximité géographique et culturelle, Israël et l'Italie sont des alliés commerciaux. Les échanges commerciaux et économiques concernent principalement les industries de pointe et chimiques, ainsi que les produits alimentaires. En 2020, les exportations de l'Italie vers Israël s'élevaient à 2455,58 millions

d'euros, et les exportations israéliennes vers l’Italie ont atteint 730,29 millions d'euros.

Le 22 septembre 2020, les gouvernements italien et israélien, conjointement avec les gouvernements chypriote, égyptien, grec, jordanien et palestinien, ont créé le Forum du gaz de la Méditerranée orientale (EMGF), une organisation intergouvernementale régionale. Les relations militaires et de

défense entre l'armée italienne et Tsahal sont solides. En témoignent les nombreux exercices et conférences entre les hauts gradés des deux armées qui se sont déroulés au cours des dernières décennies dans les domaines de la défense, de l'armée de l'air, de la stratégie militaire et de la cybersécurité. Il existe également des accords bilatéraux pour l'acquisition et l'échange d'armes et d'instruments militaires.

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PAR ANNE-CAROLL AZOULAY

Les relations militaires et de défense entre l'armée italienne et Tsahal sont solides. Pour preuve, les nombreux excercices dans tous les domaines, comme le 9 mars dernier où l'on a pu voir des sous-marins italiens dans la baie de Haïfa. © Shir

2018 et une croissance de 77 % par rapport à 2017.

LA FABULEUSE HISTOIRE DES ARCHES SAINTES

Europe, années 1950. Alors que le continent brisé commence à peine à guérir des blessures de la Seconde Guerre mondiale, le docteur Shlomo Umberto Haish, homme fort de l’Agence Juive, parcourt l'Italie à la recherche de synagogues abandonnées. Et il met tout en œuvre pour rapatrier en Israël les arches saintes orphelines de leurs communautés.

Jérusalem), en 1952, est qualifié d’« événement historique ». Au Musée d'Israël, on peut admirer la synagogue de Vittorio Veneto, qui date de 1700 ; elle a été transportée par mer et reconstruite ici en 1965. Dans la Vieille Ville de Jérusalem se trouve une arche sainte de Livourne, à Bnei Brak une arche sainte de Mantoue, près d’Ashdod une arche sainte de Florence – bref, dans presque chaque ville d’Israël, il y a un peu du cœur du judaïsme italien !

À VISITER À JÉRUSALEM

Le 10 mars 2023, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a effectué une visite officielle en Italie, qui a donné lieu à une cérémonie au Palais Chigi à Rome. Il a été accueilli par la Première ministre italienne, Giorgia Meloni. Lors de sa visite, Netanyahou a proposé d'exporter davantage de gaz naturel vers l'Italie. Chaque année, 400 000 Israéliens visitent l'Italie. 190 000 Italiens ont visité Israël en 2019, soit une croissance de 27 % par rapport à

« Les arches saintes ont été envoyées en Israël par bateau », explique le professeur David Cassuto, architecte et ancien maire-adjoint de la Ville de Jérusalem, qui était à l’époque le bras droit de Haish. « Une à une, synagogue après synagogue, il a réussi à sauver quarante arches saintes, qui sont aujourd'hui en Israël, ainsi que de nombreux ustensiles sacrés et objets de culte, textiles, broderies, meubles et livres anciens. Dans certains cas, des synagogues entières ont été démontées puis remontées et entièrement restaurées en Israël. » Le transfert de l’arche sainte de la synagogue espagnole de la ville de Padoue au Heikhhal Shlomo (la Grande Synagogue de

Le Musée d’art juif Italien est un petit mais très beau musée qui se trouve à l’endroit de la synagogue italienne, au centre-ville, rue Hillel, derrière le Kikar HaMusika. Il présente l’histoire des Juifs d’Italie depuis la Renaissance et jusqu’à la création de l’État d’Israël. Une des pièces maîtresses du musée est une magnifique synagogue du XVIIIe siècle : la synagogue de Conegliano Veneto, un petit village situé entre Padoue et Venise. La synagogue italienne est en activité toutes les semaines lors des offices du chabbat, vendredi soir et samedi matin. D’ailleurs, de nombreux touristes se joignent chaque semaine aux offices qui suivent la tradition italienne. n

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Artichauts à la juive : carciofi alla giudia

Les artichauts à la juive sont des artichauts frits entiers, plongés la tête en bas dans l’huile et ouverts comme des fleurs – une recette dont on a du mal à se passer une fois qu’on y a goûté ! Nés dans le ghetto juif de Rome au XVIe siècle, les artichauts à la juive sont un plat emblématique de la cuisine judéo-romaine. Au Cinquecento, les fritures dans l’huile étaient associées à une cuisine pauvre, par opposition à l’utilisation du saindoux ou du beurre. Les artichauts à la juive étaient préparés pour rompre le jeûne de Yom Kippour ou à l’occasion de Pessa'h Les légumes de printemps symbolisent le renouveau, l’artichaut représente l’amertume de la vie en Égypte. Aujourd’hui, les artichauts à la juive sont encore très populaires à Rome. Pour manger de vrais carciofi alla giudia, il faut aller dans les restaurants du cœur du quartier juif, où la recette a été transmise de génération en

PRÉPARATION

l Nettoyer les artichauts en enlevant les feuilles extérieures et les parties les plus dures de la tige.

l Les faire cuire dans de l’huile chaude mais pas bouillante, soit environ à 140-150 °C pendant dix à quinze minutes.

INGRÉDIENTS

• 8 artichauts violets

• huile d’olive

• sel et poivre

l Une fois la cuisson terminée, égoutter les artichauts sur du papier absorbant, tige vers le haut. Appuyer légèrement sur les tiges pour que les artichauts restent ouverts.

l Assaisonner les artichauts de sel et de poivre, et dès qu’ils sont froids, les faire frire à chaud (160 °C) dans le bain d’huile.

l Retirer les artichauts de la poêle et les laisser sécher sur du papier absorbant.

l Les servir encore chauds.

Une fois cuits, les carciofi alla giudia se mangent feuille par feuille. Les feuilles extérieures sont bien croustillantes et se dégustent avec les mains, le cœur de l’artichaut avec la fourchette et le couteau.

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Le restaurant La taverne du ghetto, situé dans le ghetto de Rome, vante les mérites de ses « véritables artichauts à la juive ».

Eva au pays des merveilles

Il était une fois une gentille et jolie jeune fille qui s’appelait Eva. Elle habitait à Raanana et étudiait les sciences informatiques à l’Université Bar-Ilan. Elle était aussi madrikha pour le Centre National des Étudiants Francophones (CNEF) en Israël, et elle s’occupait avec beaucoup de patience de tous les étudiants qui avaient besoin d’aide et qui, sur le conseil de leurs amis, s’adressaient à elle.

Même si cela a l’air trop beau pour être vrai, sachez que cette jolie et gentille jeune fille existe !

Eva a fait son Alya avec ses parents et ses deux frères il y a environ neuf ans. Bien que la décision des parents ait été assez inattendue, les enfants ont suivi avec enthousiasme. Eva avait 16 ans à l’époque, un âge particulièrement critique dans le processus de développement de l’enfant en voie de devenir un jeune adulte, qui a déjà ses repères sur le plan social et scolaire. Alors imaginez-vous Eva face à un tel bouleversement ! Pour couronner le tout, la famille arrive en 2014, en pleine opération « Tzouk Eytan » (« Plomb Durci »). Bonjour l’ambiance ! Les sirènes retentissent sans arrêt, les gens sont angoissés, les nouvelles catastrophiques, le nombre de soldats tombés au combat s’accroît de jour en jour. Et pourtant… C’est sans compter le caractère d’Eva, qui aime les défis et le changement.

Sa seule réserve face à l’Alya concerne son parcours scolaire. Elle craint en effet que passer en première dans une langue qu’elle ne maîtrise pas encore ne compromette ses chances d’avoir un bon bac. Ses parents décident

donc qu’elle ira finir sa scolarité à Mikvé Israël, un établissement qui permet aux jeunes olim d’« atterrir en douceur ». Bingo ! Eva obtient une très bonne note au bac et elle est immédiatement admise en sciences informatiques à l’université Bar-Ilan.

Mais Eva ne choisit pas la facilité. Elle veut faire son service militaire et s’impliquer pour l’État d’Israël – comme son frère, un peu plus âgé, qui s’est lui aussi engagé à faire son service militaire.

Après avoir terminé l’armée, Eva choisit, avant d’intégrer l’université, de faire une mekhina [année préparatoire], notamment pour se remettre à niveau en mathématiques, car cela fait déjà trois ans qu’elle ne s’est plus assise sur un banc pour étudier, mais aussi parce qu’elle ne connaît pas le vocabulaire technique dont

elle aura besoin – par exemple, elle ne sait pas comment on dit « équation » en hébreu, alors qu’elle sait parfaitement en résoudre une ! La mekhina est l’occasion pour elle de rencontrer de futurs étudiants qui, comme elle, se dirigent vers des cursus scientifiques. Mais ce n’est pas si simple : prendre des notes en hébreu, les traduire en français pour ensuite les retraduire en hébreu, savoir comment s’adresser aux profs, se repérer sur le campus – bref, tenter de s’intégrer… Heureusement qu’Eva a servi dans Tsahal. Cette expérience commune avec les Israéliens lui permet de comprendre plus rapidement les codes et son environnement. Selon elle, c’est « une expérience incontournable pour vivre en Israël ». Et puis, ajoute-t-elle, « d’une manière générale, les étudiants sont adorables et s’entraident énormément ». Toujours aussi proactive et désireuse d’aider, Eva devient madrikha au CNEF. Laissons-lui formuler la conclusion en ses termes : « Jamais je ne serais devenue celle que je suis aujourd’hui si j’étais restée en France. Ici, les gens, y compris les jeunes, savent faire la part des choses entre l’indispensable et le superflu. À mon âge, j’ai vécu des expériences que je n’aurais jamais vécues là-bas. Et puis, Israël est un pays merveilleux ! »

Eva au pays des merveilles, je vous dis ! n

Pour toute question concernant l’intégration des jeunes en Israël, contactez le CNEF : Info@cnef.org.

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FORCES VIVES
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Rentrée des classes : et si l'on faisait des économies ?

En septembre prochain, plus de deux millions d’enfants (re)prendront le chemin de l’école. Pour les enfants qui rentrent au CP, l’e ervescence est à son comble. Très grande émotion aussi pour les parents, directement liée, celle-ci, aux gros achats pour la rentrée, qui peuvent vous coûter cher.

Selon les experts économiques, le coût de la rentrée d’un enfant à l'école varie entre 650 et 850 shekels ; et pour les familles nombreuses, cela représente un énorme budget.

VOICI QUELQUES CONSEILS QUI VOUS PERMETTRONT D’ÉCONOMISER DES CENTAINES DE SHEKELS :

Savoir faire judicieusement le tri entre les multitudes de promotions et de réductions qui s’offrent à vous : si vous vous y prenez suffisamment à l’avance, vous réussirez à trouver les prix les plus avantageux et à économiser de l’argent. Veillez aussi à comparer les prix du panier scolaire dans deux ou trois magasins. Il est vrai que cela prend du temps, mais souvent la différence de prix n’est pas négligeable.

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4Classez les dépenses du plus cher au moins cher : le cartable et la trousse représentent les grosses dépenses – le prix d'un sac orthopédique peut varier entre 200 et 470 shekels, et une trousse remplie vaut environ 80 shekels en moyenne. Mon conseil : Si votre enfant a déjà ces articles de l’année précédente et qu'ils sont en bon état, nettoyez-les un peu, puis réutilisez-les. Il n'est vraiment pas nécessaire d’acheter un nouveau sac chaque année. Si vous devez cependant en acheter un, cela vaut la peine de comparer les prix et la qualité. Il est important, surtout pour les plus jeunes, que le sac soit confortable, de bonne qualité et doté de sangles de réglage, dans l’espoir de le garder au moins deux ou trois ans.

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Timing : généralement, au début de l'année scolaire, les prix sont à leur apogée. Ditesvous donc qu’il y a des choses qui ne sont pas nécessaires pour la première semaine d'école et que cela peut attendre un peu.

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Organisation : avant d'aller faire vos courses, cherchez ce que vous avez comme fournitures scolaires à la maison – neuves ou déjà utilisées mais encore en bon état et dont vos enfants pourront continuer à se servir. Barrez au fur et à mesure de la liste des fournitures que vous avez reçue de l'école ce que vous avez, pour qu’il n’y figure que ce que vous n’avez pas.

5Clubs de consommateurs (« moadonim »), coupons et autres réductions : vérifiez si vous ou des membres de votre famille êtes membres. Au mois d'août, vous trouverez un flot de promotions et d'avantages dans les rubriques de la rentrée scolaire, qui pourront vous faire économiser des centaines de shekels. 6

Livres scolaires : en général, les livres sont fournis par le ministère de l'Éducation – ouf ! – car le coût des livres est inclus dans le prix annuel que vous payez en tant que parents d’élève, en même temps que celui des assurances, des sorties, etc. Pour les accessoires, comme les

26 LPH N° 1000 BON À SAVOIR

dictionnaires ou les calculatrices, par exemple, cherchez-en sur les réseaux sociaux, dans les groupes d’accessoires d’occasion. Vous pouvez bénéficier d’une épargne d’environ 40 à 50 % si l’article est de seconde main et en bon état. 7

Enfin, la grande question : doit-on emmener les enfants dans les magasins pour effectuer les achats de la rentrée scolaire ? Dans l’intérêt économique des parents, la réponse est un « non » sans équivoque : laissez-les à la maison ! Des économistes et des experts en consommation ont observé que la participation des enfants aux achats augmente inutilement les dépenses de 25 %, en raison de leur tendance à choisir des marques qu'ils aiment et connaissent, un choix émotionnel qui n’est pas lié à un besoin réel. D’un autre côté, ces achats

sont destinés aux enfants : c’est leur année scolaire et il est également important de leur donner cette satisfaction. MAIS ATTENTION ! Posez des règles claires et précises avant de sortir de la maison : expliquez-leur calmement, avec des mots qu’ils comprennent, que le budget est de X shekels et qu’il ne faudra pas le dépasser.

Je souhaite une excellente rentrée scolaire à tous les enfants d’Israël – et en attendant, de bonnes vacances ! n

Delphine AVITAL Psychopédagogue (mora métakenète), conférencière, courtière en prêts immobiliers et bénévole dans le projet Paamonim-Qualita.

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BON À SAVOIR
L'achat des fournitures scolaires représente une dépense non négligeable pour les foyers israéliens. Nombre de parents se tournent alors vers les solderies, comme ici à Max Stock Jérusalem, afin de faire des économies. © Hadas Parush/Flash90

SPÉCIAL ÉTÉ

Stéphane Amar L'exception israélienne

Rencontre avec le journaliste

Stéphane Amar à l'occasion de la sortie de son nouveau livre : L'exception israélienne. Enquête sur un État controversé L'Observatoire.

LPH : Cinq ans après votre dernier livre, grand secret d'Israël. Pourquoi il n'y aura pas d'État palestinien

« l'exception israélienne amené à écrire cet ouvrage ?

Stéphane Amar : j'expliquais qu'il n'y aurait pas d'État palestinien parce qu'Israël est un rouleau compresseur au niveau militaire, démographique, économique et diplomatique, qui écrase le nationalisme palestinien. Dans ce nouvel ouvrage, j'ai voulu montrer de quoi était constitué ce rouleau compresseur, décrire l'identité d'Israël. Ce livre, publié à l'occasion des 75 ans d'Israël, propose de tenter de comprendre comment un peuple renaît de ses cendres après la Shoah et devient une puissance qu'il n'a jamais été au cours de l'histoire, sauf peut-être à l'époque des rois David et Salomon. Ce que je veux mettre en exergue, ce sont les ingrédients de ce miracle israélien. Israël est un pays qui déroute et qui est à contrecourant de l'histoire. Alors que la plupart des pays européens rejettent

le nationalisme, Israël le valorise ; alors que la natalité s'effondre dans les pays occidentaux, elle ne cesse

28 LPH N° 1000 LIVRES ET VOUS

la décolonisation de l'Indochine, la mise en place de la Sécurité sociale… Elle a permis au pays de se reconstruire au sortir de la Seconde Guerre mondiale. En Israël, on s'est aperçu que finalement, l'absence de gouvernement stable pendant deux ans n'a pas paralysé le pays. La crise politique que nous traversons est davantage liée au fossé entre les élites et le peuple. En fait, les élites représentent mal le peuple. De plus, en Israël, on constate une médiocrité des élites et un génie du peuple. Le pays possède la meilleure armée, les meilleures start-ups, des hôpitaux de pointe, mais l'échelon politique n'est pas à la hauteur des performances du peuple. La société israélienne n'est pas façonnée par les élites.

L’atmosphère actuelle dans le pays vous fait-elle craindre une scission entre deux parties irréconciliables de la population : les libéraux et laïques d'un côté, et les conservateurs et religieux de l'autre ?

Ce clivage n'est pas nouveau ; mais la société est moins divisée qu'il n'y paraît. Le pays n'est pas au bord de la guerre civile. Tout le débat tourne autour de la définition d'Israël comme État juif et démocratique. Ahmed Tibi a dit un jour qu'Israël était un État démocratique pour les Juifs et juif pour les Arabes. Nous sommes en présence de deux projets différents qui se font face. Dans mon livre, je démontre que c'est le projet juif qui l'emportera, pour des raisons démographiques. Lorsque l'on observe qui sont les manifestants dans les rassemblements de gauche d’une part, et dans ceux de droite d’autre part, on ne peut que se rendre à l'évidence : d'un côté, on a des gens qui pour la plupart ont passé la quarantaine, tandis que de l'autre on trouve une foule d'adolescents.

Mais beaucoup de dénominateurs communs traversent la société israélienne. Il n'existe pas dans le judaïsme de projet de coercition religieuse, les laïques qui ont bâti le pays ont choisi le chabbat

comme jour chômé et la menora comme symbole de l'État. Le vivre-ensemble en Israël est réel, quotidien, concret. Les Israéliens peuvent se déchirer sur des sujets politiques et idéologiques, mais finalement ils partagent tout.

Dans votre ouvrage précédent, vous décriviez ce vivre-ensemble avec les Arabes israéliens. Puis ont éclaté les émeutes du printemps 2021 dans les villes mixtes…

Oui, j'avoue que le choc a été grand. Pour moi, les Arabes israéliens étaient en bonne voie d'intégration. Depuis, j’ai tempéré mon discours sur la cohabitation entre les Arabes et les Juifs. Ce qui m'a sauté aux yeux, lors de ces émeutes, c'est que les jeunes sont plus radicaux que leurs parents ou leurs grands-parents. C'est fondamentalement lié aux réseaux sociaux qui rassemblent tous les jeunes Arabes de Lod à Gaza, qui unifient le sentiment national et radicalisent la jeunesse. Mais parallèlement, ils s'intègrent, ils fréquentent les universités israéliennes, regardent les séries israéliennes. Il existe une sorte de schizophrénie arabe israélienne.

Ne s'agit-il pas d'une minorité qui est violente et radicale ?

Si, mais ce sont les minorités qui font l'histoire, parce que ce sont les personnes les plus déterminées. C'est ce que j’ai voulu montrer dans ce livre : la montée des extrêmes, un extrême araboislamique, mais aussi un extrême de la jeunesse juive, incarné par Itamar Ben-Gvir. Il porte un courant qui n'est plus négligeable ; il représente un Israël jeune, nationaliste, décomplexé, attaché au territoire et à la tradition. Ceux que l'on appelle les « Jeunes des collines » sont désormais soutenus par le mainstream à droite. Et néanmoins, Ben-Gvir va moins loin que Ben Gourion qui, lui, a commis un nettoyage ethnique.

lll (suite page 33)

LPH N° 1000 29 LIVRES ET VOUS
SPÉCIAL ÉTÉ

SPÉCIAL ÉTÉ

Livres et nous

Ces chiffres révèlent que malgré l'essor de Netflix, TikTok, Instagram et autres plateformes, les Israéliens restent attachés aux livres ; ils en lisent en moyenne cinq par an et en achètent plus de quatre millions chaque année, ce qui place Israël dans le haut du classement mondial du nombre de livres vendus par habitant. Le rapport indique également qu'en 2022, 6971 livres ont été publiés en Israël, soit une baisse de 375 par rapport à 2021. 95 % de ces livres étaient en hébreu, 350 en langues étrangères – dont 45 en français –, et 85 % étaient des œuvres originales. Le nombre de livres publiés en arabe, lui, a diminué de 8 % par rapport à 2021, en baisse aussi compte tenu de la proportion de locuteurs arabes dans la population.

Parmi les grandes tendances, on observe au cours des dernières années une diminution du nombre de livres et de publications portant sur « Israël, société et histoire », alors que les biographies et la fiction continuent de gagner en popularité. La poésie se porte également bien – un mouvement qui a débuté pendant la pandémie (un Prozac littéraire face à l'angoisse ?) et qui se poursuit. Israël n'échappe pas à la tendance mondiale en matière de livres didactiques, avec un record de 422 ouvrages relevant de ce champ :

un bond de 11 % par rapport à 2021, sur des sujets tels que le bien-être, l'autonomisation personnelle, les relations de couple, la parentalité, la famille et les méthodes pour gagner de l'argent. Les livres numériques connaissent eux aussi une croissance notable : 1258 publiés en 2022, environ 18 % de la publication totale, en hausse de 13 % par rapport à l'année précédente.

QUELS ONT ÉTÉ LES SUJETS DE PRÉDILECTION

DES LIVRES DE 2022 ?

Tandis que la pandémie de Covid-19 était très présente dans les publications de l'année précédente, elle n'est évoquée que dans douze livres cette année. En 2022, les auteurs ont plutôt abordé les relations romantiques, la vie de couple, les relations entre hommes et femmes. Il a été édité 54 livres érotiques et 148 romans romantiques ; 115 portaient sur les relations de genre, 152 sur des sujets familiaux, 31 traitaient de la Shoah et 22 de la Seconde Guerre mondiale sans lien direct avec la Shoah – sans oublier 88 livres à suspense et 31 livres de fantaisie, ce genre littéraire à la croisée du merveilleux et du fantastique. Autres sujets moins conséquents : les voyages, les animaux, le monde du travail et de l'emploi.

QU'EN EST-IL DES LIVRES POUR LA JEUNESSE ?

1137 nouveaux livres pour enfants et adolescents ont été publiés en 2022, un chiffre similaire à l'année précédente. Parmi ceux-ci, 79 étaient des bandes dessinées (en baisse par rapport aux années précédentes), dont 37 % étaient destinées aux enfants du secteur ultraorthodoxe. Quant aux sujets abordés, il est intéressant de noter que 10 % parlaient des émotions : la colère, la jalousie, la déception… 3 % abordaient la gestion des maladies et des handicaps chez les enfants et dans leur environnement, et huit livres traitaient ouvertement des questions LGBTQ+ et de genre.

LE

BEST-SELLER 2022 :

Ne le dis pas à ton frère, de Meir Shalev, disparu au mois d'avril. Itamar Diskin est un très bel homme qui vit aux États-Unis et qui, chaque année, revient en Israël pour y rencontrer son frère aîné Boaz à qui, un soir où il est très alcoolisé, il raconte une nuit passée avec une femme rencontrée vingt ans plus tôt. Des lignes imprégnées d'amour et de nostalgie envers ses amis, envers ses proches mais aussi envers Israël, avec en filigrane l'espoir de jours meilleurs. Autre succès de librairie, dans un tout autre genre : 100 choses que font les gens qui réussissent. Son sous-

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LIVRES ET VOUS
La Bibliothèque Nationale d'Israël vient de publier les chi res annuels sur l'état de l'industrie du livre en Israël, ses tendances et les habitudes de lecture des Israéliens. En dépit d'un léger recul, le livre se porte toujours bien.

titre : Des exercices simples pour une vie parfaite. Vous pouvez toujours essayer…

Bien que ces chiffres démontrent qu'en dépit de toutes les tentations, l'Israélien n'a pas refermé son livre, pas d'Apostrophe ni de Grande Librairie sur les écrans de télé bleus et blancs. Si l'un d'entre vous a l'âme d'un Bernard Pivot, il est peut-être temps de tenter votre chance ! n

lll (suite de la page 31)

L'exception israélienne, c'est peut-être également le fait qu'Israël est le seul pays au monde à être aussi décrié. Comment rendre notre hasbara plus efficace ?

La meilleure hasbara pour Israël, c'est son soft power. C'est pour cela que des pays arabes font la paix

avec Israël : pour les horizons économiques que cela leur offre. La hasbara à proprement parler a peu de chance de réussir, pour une raison simple, en réalité : ce qu'il se passe au-delà de la ligne verte. On peut montrer un Israël humaniste, qui laisse tout le monde s'exprimer. Mais au-delà de la ligne verte, le pays mène une conquête agressive

du territoire qui conduira inexorablement à l'annexion, sur fond du projet de construction du Troisième Temple. Personne n'est dupe mais Israël n'assume toujours pas, et c'est là que le bât blesse. Les tergiversations israéliennes autour de l'annexion de ces territoires sont la cause de son incapacité à se défendre diplomatiquement. n

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Les Israéliens restent attachés aux livres ; ils en lisent en moyenne cinq par an et en achètent plus de quatre millions chaque année, ce qui place Israël dans le haut du classement mondial du nombre de livres vendus par habitant.

SPÉCIAL ÉTÉ

Au Fil d’Ariane, une librairie « particulière »

Depuis

deux ans, le journaliste Michaël Blum vend des livres d’occasion en français dans le Hub de l’emploi de Qualita à Jérusalem. LPH a voulu en savoir davantage sur cet endroit

inédit dans le paysage francophone de la ville sainte.

LPH : Michaël Blum, racontez-nous ce qu’est le Fil d’Ariane.

Michaël Blum : Ma mère, Ariane Magnichewer, qui a travaillé en France dans plusieurs librairies et notamment à la Librairie du Temple – la librairie juive la plus connue de Paris –, avait un rêve qu’elle n’a pas pu réaliser car elle est disparue trop tôt en 1995. Son idée était de créer un lieu de rencontre autour du livre à Jérusalem, où les nostalgiques de la langue de Molière pourraient trouver des livres mais aussi rencontrer d’autres lecteurs et même des auteurs. Alors depuis quelques années, je récupère des livres en français et, après avoir créé une librairie d’occasion au sein d’Aloumim (l’association israélienne des enfants cachés en France pendant la Shoah) puis à Atid Le-Israel, qui s’occupait d’étudiants francophones, j’ai enfin trouvé le lieu idéal pour développer mon projet, grâce au soutien de Qualita qui m’a ouvert ses portes : une salle au premier étage du Hub de l’emploi de Qualita (10 rue HaRav Agan) est le cadre du Fil d’Ariane, un lieu inédit à Jérusalem et qu’il faut visiter !

Quels genres de livres proposez-vous ?

Quand j’ai débuté, j’ai essayé de vendre des livres dans tous les domaines : essais, romans, BD, livres pour la jeunesse, livres de Torah… Mais la place manquait et j’ai dû faire des choix ; donc depuis le mois d’avril dernier, Au Fil d’Ariane est devenue une librairie essentiellement juive, un peu à l’image de la Librairie du Temple à Paris. Nous proposons des centaines de livres sur des sujets juifs : Torah, pensée juive, Israël et sionisme, histoire juive, Shoah, cuisine juive, jeunesse, et surtout des romans à thèmes juifs,

rangés par ordre alphabétique des auteurs, d’Éliette Abécassis à Stefan Zweig. Sans lien avec les thèmes juifs, nous avons également des centaines de romans policiers et deux étagères de romans en français, un choix du libraire parmi les milliers d’ouvrages reçus ces dernières années.

Combien coûtent les livres ?

Les livres de poche sont à 15 shekels, les autres entre 20 et 30 shekels, sauf les grands livres et les livres rares, qui valent entre 40 et 60 shekels. Nous vendons aussi des livres neufs d’auteurs franco-israéliens qui nous laissent leurs livres en dépôt – pour ceux-ci, les tarifs sont à vérifier avec moi par WhatsApp. Ainsi, nous avons les ouvrages de plus de vingt auteurs locaux, par exemple les livres du rav Shaoul David Botschko, du rav Oury Cherki, de Françoise Coriat, de David Chaouat, du docteur Richard Rossin ou de Pierre Lurçat.

Vous avez évoqué des rencontres avec des auteurs : de quoi s’agit-il ?

Depuis deux ans, nous avons initié un salon des auteurs francophones vivant en Israël ; nous en préparons la quatrième édition pour la rentrée. Nous organisons aussi des tables rondes et des rencontres avec des auteurs environ une fois par mois, avec le désir d’en organiser de plus en plus car la demande est importante, tant de la part des auteurs que de celle du public. Plus de trente auteurs différents ont

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PAR YEHOUDA SEREZO

LIVRES ET VOUS

SPÉCIAL ÉTÉ

valu d’être récompensée par le Prix Wizo 2022. Autre univers, celui de Réveiller ma mère, un récit bouleversant de Nathalie Ohana dont c’est le premier ouvrage : un monologue de l’autrice parlant à sa mère dans le coma et qui, par ses mots, apprend à se découvrir elle-même dans un texte qui parle à tous les lecteurs, évoquant les choix d’une vie, les relations mère-fille mais aussi « la vie réelle », au-delà de l’écriture poétique de ce livre magnifique.

Quels sont les jours et les heures d’ouverture du Fil d’Ariane ?

Je suis présent sur place le mercredi matin entre 10h30 et 14h mais on peut aussi venir tout le reste de la semaine lorsque la salle n’est pas occupée et payer par BIT sur mon numéro de téléphone (052-3836935), en m’envoyant auparavant les photos des ouvrages choisis. n

Au Fil d’Ariane

Dans les locaux de Qualita

10 rue HaRav Agan, Jérusalem - Tél. : 052-3836935

déjà participé à ces rencontres qui leur ont permis de présenter leurs ouvrages à un public de plus en plus nombreux. Ces soirées gratuites permettent de découvrir des auteurs, d’acheter des livres neufs et de se les faire dédicacer. De plus, une particularité des soirées du Fil d’Ariane est la coopération avec Nissim Yitzhaki (Le Rouge et le Blanc), qui offre des dégustations de vins à chaque soirée et propose à la vente des vins israéliens de qualité à très bon prix.

Un conseil de lecture pour l’été ?

Je suis entouré de livres d’occasion, ce qui me permet de relire des classiques qui restent indémodables, comme les livres de Singer, de Zweig ou de Romain Gary ; mais deux livres récents m’ont particulièrement marqué. Tout d’abord, Ella. Plus fort que les vagues, la suite tant attendue du magnifique roman Ella. L’espoir au loin, de Nelly Ben Israël, qui poursuit le récit du parcours d’Ella Marge, une jeune femme juive confrontée à son identité et aux soubresauts de l’histoire juive contemporaine entre la France et Israël dans les années 1970. On y retrouve les grands thèmes du premier opus (la Shoah, l’identité juive, Israël et les amours de l’héroïne), mais aussi les qualités littéraires de l’autrice, qui lui ont

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Daphna PoznanskiBenhamou :

Personne ne s’est

subi ! Conseillère à l’Assemblée des Français de l’étranger, Daphna Poznanski-Benhamou est connue pour son dévouement et ses actions en faveur des Français d’Israël. Dans son dernier ouvrage, Les enfants de la guerre d’Algérie, elle révèle une partie intime de son histoire personnelle.

LPH : Ce livre évoque un aspect inédit de la guerre d’Algérie : il donne la parole aux enfants qui ont été contraints de la vivre. Dans la première partie du livre, la petite Daphna, âgée de 4 ans en 1954, livre sa perception de ce que les adultes nomment « les événements ». D’autres témoignages constituent la seconde partie de ce poignant essai. Comment est né ce livre et à qui est-il destiné ?

Daphna Poznanski-Benhamou : Il s’adresse à tous ceux qui croient tout savoir sur la guerre d’Algérie. Personne ne s’est jamais intéressé à ce que nous, les enfants, avons subi ! C’est d’ailleurs ce qui a retenu l’attention des éditions Ramsay, qui ont vu qu’il y avait là un « angle mort » encore jamais mis en lumière. Cela fait vingt ans que cet ouvrage est en gestation. J’ai voulu raconter ce qu’ont vécu les enfants de la guerre d’Algérie, à qui l’on n’a jamais parlé de guerre, mais d’« événements », ce qui, dès l’origine, a causé un double traumatisme.

Pourquoi ?

Comme le disait Camus, « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Dans notre situation, il a fallu se battre contre la douloureuse réalité, mais aussi contre une image totalement tronquée de ce qui fut pourtant bien une véritable guerre, avec toutes les atrocités qui la caractérisent.

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© DR
jamais intéressé à ce que nous, enfants de la guerre d’Algérie, avons

LIVRES ET VOUS SPÉCIAL ÉTÉ

Votre regard d’enfant était-il encore assez présent en vous pour pouvoir écrire ce récit ?

J’étais enfant unique, et mon don d’observation était en quelque sorte mon compagnon de jeu. J’ai très vite appris à emmagasiner les détails de la vie, les odeurs de l’aubergine confite, le miroitement du soleil sur la terrasse, les histoires que se racontaient les adultes et leur façon de se mentir. J’adorais lire et je volais donc le journal de mon père, L’Écho d’Oran, une fois qu’il l’avait fini, pour le dévorer de la première à la dernière page, sur laquelle figuraient les heures de départ des bateaux – un de ceux que je prendrais dans la panique générale en 1962, à l’âge de 12 ans… Ma mémoire est restée incroyablement empreinte de ces années très particulières. J’avais rangé tout cela dans des tiroirs fermés à clé, pour pouvoir aller de l’avant. Cette tragédie nous a volé notre enfance.

En fait, la guerre d’Algérie, pour vous, ce fut d’abord des mots…

J’ai grandi avec les mots de la guerre. Des mots étranges et précieux que je conservais avec ferveur, comme d’autres des collections de timbres. Ils ont exercé une véritable fascination sur la petite fille que j’étais. C’étaient des « mots diamants », ainsi que je les ai nommés. Le premier mot que j’ai découvert a été le mot « fellagha »…

À partir de quand la jeune enfant collectionneuse de mots a-t-elle basculé dans le monde des adultes, et donc celui de la guerre ?

Fin juin 1962, je me trouvais avec ma mère sur le port d’Oran en flammes. L’OAS avait mis le feu aux citernes d’essence. Les enfants pleuraient, les adultes criaient, il y avait de la fumée noire partout. J’ai compris que j’avais perdu mon univers et mon statut d’enfant. Ce jour-là, je me suis fait une promesse : ne plus jamais être un fétu de paille balayé par les vents de l’histoire. Le sentiment de profonde injustice que j’éprouvais a provoqué en moi la volonté de me battre pour tous les sans-voix, car en tant qu’enfant c’est ainsi que je me percevais. C’est probablement à ce moment-là qu’est née ma vocation d’avocate pour défendre les laissés-pour-compte. En tant que conseillère à l’Assemblée des Français de l’étranger, je défends les droits et les intérêts de 3 millions de français qui résident hors de France ; et je fais preuve d’une détermination sans faille face à l’injustice.

Comment s’est passée votre arrivée en France ?

Mal. Nous sommes arrivés à Marseille et avons été obligés de vivre dans un taudis. Nous, les enfants, avons

été les plus chanceux, car nous avions la vie devant nous – soit pour oublier, soit pour se souvenir. Nos parents, qui ne maîtrisaient pas les codes de la société française, n’ont parfois pas trouvé leur place dans cette société qui ne voulait pas d’eux. Au traumatisme de la guerre, se sont ajoutés les drames qui se sont joués en silence dans les familles. De nombreux pères de famille n’ont pas réussi à refaire leur vie et certains sont morts de chagrin face à cette impossibilité.

Votre livre est-il aussi, d’une certaine façon, un travail de mémoire ?

Tout à fait. Mes enfants, à qui je n’avais jamais raconté quoi que ce soit parce que c’était trop douloureux, m’ont remerciée d’avoir effectué ce nécessaire travail de transmission. n

Propos recueillis par Anne-Caroll Azoulay

Livre disponible en Israël sur commande par mail : daphna.poznanski@gmail.com ou en France à la FNAC

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Le rêve bleu

Récemment, le bureau du Premier ministre a dévoilé un plan stratégique visant à développer la baie de Haïfa et à lui redonner un second souffle sur le plan écologique. Enfin !

Lorsqu'on contemple la magnifique baie de Haïfa depuis les hauteurs du mont Carmel, on ne peut qu'être captivé par sa beauté. Cependant, il est impossible d'ignorer le fait que cette baie abrite un important complexe industriel pétrochimique qui – en dépit de progrès en la matière dus aux mesures imposées – nuit massivement à l'environnement

et à la santé, ce qui vaut à la troisième ville du pays de figurer en tête des villes les plus polluées d'Israël. « Un scandale sanitaire et écologique », estime Eliane Lezmy, bras armé francophone de la protection et de la défense de l'environnement en Israël. Mais cela pourrait changer, grâce au tout nouveau plan dévoilé par le gouvernement. Dans le cadre du projet de

développement de Haïfa en tant que métropole, il prévoit la transformation des zones industrielles pétrochimiques en quartiers résidentiels, zones d'emploi, espaces logistiques et espaces verts. Pour atteindre cet objectif, un système énergétique adapté devrait être mis en place d'ici 2029, ce qui implique le démantèlement des installations existantes et la

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Vue des tours de refroidissement à eau de la ra inerie de pétrole de Haïfa le 12 juin 2020, après l'e ondrement de l'une d'entre elles © Flash90

conversion des infrastructures pour l'importation, le transport, le stockage et la distribution de produits pétroliers tels que l'essence, le gazole et le carburant pour avions. De plus, ce projet comprend l'importation et le stockage de bitume, ainsi que le traitement du condensat provenant du gisement de gaz naturel Leviathan.

Mais la réalisation de ce projet nécessite une étape cruciale : assurer des infrastructures énergétiques alternatives et stables. Une fois ces infrastructures mises en place et opérationnelles, Israël pourra mettre fin aux activités du conglomérat de raffinage de pétrole et de pétrochimie Bazan – condamné à plusieurs

reprises à de lourdes amendes pour pollution atmosphérique et non-respect des émissions autorisées – tout en préservant l'équilibre économique du pays en matière d'énergie. Cette transition vise, d’ici 2035, à transformer Haïfa en une métropole moderne, dans le but de redorer son image ternie en raison de la pollution environnementale. n

Admon, directeur de l'Autorité pour le développement de la baie de Haïfa

LPH : Comment est né ce projet ?

Yuval Admon : En 2017, le professeur Avi Simhon, ancien conseiller économique du Premier ministre Benyamin Netanyahou et président du Conseil économique national, et moi-même, son adjoint, nous avons rencontré des experts spécialisés en développement économique et social en Israël pour réfléchir à la façon de réaliser le plein potentiel de cette magnifique région qui est à la traîne par rapport à d'autres, notamment en raison de son

industrie polluante, et ainsi pallier la migration négative et la stagnation du développement économique. Nous avons donc décidé de mettre en place un plan ambitieux pour transformer cette région en une métropole moderne et respectueuse de l'environnement. L'Autorité pour le développement de la baie de Haïfa a été créée à l'été 2022, suite à la décision du gouvernement, intervenue en 2017, de développer et promouvoir la baie de Haïfa. lll

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Yuval
« Transformer Haïfa en une métropole où il fait bon vivre, travailler et se divertir » : pour mieux comprendre les enjeux et les objectifs de cet ambitieux projet, nous avons rencontré celui qui entend fermer les usines polluantes de la baie de Haïfa.

lll

Quel en est l'objectif ?

Transformer cette région polluée en un endroit propre, attrayant et doté d'infrastructures de qualité, et changer l'image négative de Haïfa, qui est celle d'une des villes les plus polluées du pays, avec les conséquences que l'on connaît sur la qualité de vie et la santé.

Concrètement, cet objectif est-il réalisable et comment allez-vous l’atteindre ?

Nous prévoyons de construire une nouvelle ville d’une fois et demie la taille de Haïfa entre la ville actuelle et les krayot. Cela nécessitera la fermeture des usines polluantes, notamment la raffinerie de Bazan, la plus grande raffinerie du pays, qui traite 60 % de toute la consommation de pétrole en Israël, alors que la région n'en a besoin que de 30 %. Mais avant de pouvoir fermer ces installations, nous devons développer des infrastructures énergétiques alternatives et des sites de stockage pour les carburants qui seront importés et transportés par des oléoducs souterrains plutôt que d'être raffinés sur place. La fin de l'ère pétrochimique est prévue pour 2029, mais nous cherchons à accélérer ce processus. Nous avons déjà déterminé les plans et le calendrier, et nous avons commencé à travailler activement avec les ministères et les acteurs concernés.

Certains s'inquiètent du remplacement du raffinage par des dépôts de carburants. Que dites-vous pour les rassurer ?

Actuellement, il y a environ deux millions de tonnes de pétrole et de carburants dans la baie, dont une grande partie est exportée. Avec la fermeture de Bazan, les fermes de stockage de carburants associées à cette raffinerie ne seront plus nécessaires. Nous déplacerons ces installations en dehors de la baie – leur emplacement précis reste à déterminer mais ce déménagement ne se fera pas aux dépens d'autres régions du pays. Haïfa continuera donc d'être approvisionnée en carburants, mais en bien moindres quantités, peut-être un dixième des quantités actuelles.

Il restera cependant des agents pollueurs dans la région ?

Notamment liés aux activités portuaires, oui, mais

le volume des produits polluants sera réduit de 70 à 90 % par rapport à ce qu’il est aujourd'hui.

Comment la future baie de Haïfa sera-t-elle aménagée ?

Après la fermeture des usines polluantes, et en premier lieu de Bazan, débutera un processus de nettoyage et de réhabilitation des terres. Nous prévoyons de construire 130 000 logements et de développer plusieurs millions de mètres carrés de zones d'emploi non polluantes, notamment axées sur les hautes technologies. Un parc de 5800 dounams, soit une fois et demie la superficie du parc HaYarkon de Tel Aviv, sera aménagé le long de la rivière Kishon. L'objectif est de créer un site urbain moderne et respectueux de l'environnement. Est prévue également la construction d'un très important hôpital à KiryatAta.

Qu'en est-il des projets d'amélioration de la connectivité et de l'accessibilité de la région ?

Nous prévoyons de doubler les voies ferrées à grande vitesse d'ici 2035, ce qui permettra de réduire les temps de trajet entre Haïfa et d'autres villes importantes du pays. Nous prévoyons également de rendre souterraines les voies ferrées qui longent le littoral.

Après de nombreuses années de promesses non tenues, certains peuvent être sceptiques quant à la réalisation de ce projet. Que leur répondez-vous ? Je comprends les inquiétudes et le manque de confiance. Nous sommes conscients des défis et des complexités liés à la mise en œuvre de ce projet. Cependant, nous disposons d'un plan gouvernemental détaillé et d'une autorité établie que je dirige ; et nous avons déjà accompli des progrès significatifs grâce à la collaboration entre les différents ministères et l'engagement des parties prenantes. Nous sommes optimistes quant à la concrétisation de ce projet, qui nécessitera bien sûr du temps et des ressources, et qui, à terme, transformera Haïfa en une métropole où il fait bon vivre, travailler et se divertir. n

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DÉCOUVERTE D'ISRAËL
Vue générale de Haïfa © Oren Fixler/Flash90

Dix ans pour obtenir son guett

Lorsqu'elle a reçu son guett, le 15 mai dernier, Giulia a pu mettre un point final à une sou rance qui aura duré dix ans. Ce qui lui est arrivé reflète la complexité de certains dossiers de divorce religieux, mais aussi la prise de conscience, dans les milieux rabbiniques, de l'urgence d’agir pour libérer les femmes retenues par des maris qui refusent de leur donner le guett. C'est également l'histoire d'une excellente coopération entre le Beth-Din de Tel Aviv et celui de Paris, ainsi que d'une mobilisation de plusieurs acteurs qui n'ont eu de cesse de permettre à cette femme de tourner la page et de se reconstruire.

Giulia, une Israélienne de 25 ans, se marie en 2007 avec un Français de 36 ans, que nous appellerons N. Leur fille naît en 2009 et le couple vit entre la France et Israël. N. a une très bonne situation, le couple qu'il forme avec Giulia est normatif jusqu'à une sévère crise conjugale en 2013. N. part alors en France et ne revient plus. Il ne cherche pas non plus à prendre contact avec sa fille. Dans un premier temps, persuadée qu'il finira par revenir, Giulia ne prévient personne. Mais N. a coupé les ponts et ne réapparaît pas. Ce n'est qu'en 2015 qu'elle se décide à demander une pension alimentaire. Elle se présente devant un tribunal civil israélien qui la déboute, car son mari est citoyen français. Elle se tourne alors vers le Beth-Din de Tel Aviv où elle dépose un dossier pour obtenir son guett. Le Beth-Din comprend immédiatement que le dossier est épineux et le transmet au Département

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UNE RUPTURE TOTALE ET SOUDAINE PAR GUITEL BEN-ISHAY

des agounot (femmes « enchaînées » par le refus de leur mari de leur donner le guett), dirigé par le rav Eliahou Maïmon : « Nous avons compris qu'il s'agissait d'un dossier critique et difficile », témoigne celui-ci, qui ajoute : « Cette femme était jeune et n'avait qu'un enfant. Il fallait lui permettre de refaire sa vie. »

PENSER HORS DES SENTIERS BATTUS

Le Beth-Din de Tel Aviv cherche des solutions pour aider Giulia, peinant à trouver des leviers puisque N. se trouve en France. Il contacte alors le Beth-Din de Paris pour travailler en coopération avec lui. Mais le mari oppose un refus catégorique à la demande du Beth-Din de donner le guett. Des dizaines de tentatives sont menées, sans succès. « Son attitude était très problématique », explique le rav Maïmon. « Il a commencé par mettre en doute le fait qu'il était le père de l'enfant et a réclamé un test ADN. Lorsque cette question a été réglée, il a trouvé un autre problème, puis encore un autre. »

Le Beth-Din de Tel Aviv implique alors Katy Bisraor, toénète rabbinique (avocate auprès des tribunaux rabbiniques) francophone, pour qu'elle essaie de faire avancer le dossier. Elle intervient à partir de la fin 2017. Au bout d'innombrables tentatives, un accord semble avoir été trouvé pour le guett et un rendez-vous est fixé en France entre le tribunal rabbinique de Tel Aviv et celui de Paris. Mais la veille, N. annonce qu'il a changé d'avis et qu'il ne viendra pas. Le Beth-Din de Tel Aviv ne baisse pas les bras, un émissaire est envoyé en France pour tenter de convaincre N. de donner le guett. Il discute avec lui pendant des heures – en vain. Les années passent et en 2019, soit quatre ans après le début de la procédure, Giulia est toujours enchaînée. Un nouvel émissaire est alors mandaté par le Beth-Din de Tel Aviv. Il parvient à obtenir l'engagement de N. qu'après l'organisation d'une conversation vidéo avec sa fille, il donnera le guett. Là encore, le plan échoue. « En 2020, nous réalisons que nous sommes dans une

impasse, nous sommes démunis, nous cherchons des moyens de pression », se souvient Katy Bisraor. En effet, en France, les tribunaux rabbiniques ne disposent pas de moyens coercitifs. À l'inverse, en Israël, surtout depuis ces dernières années, l'arsenal juridique à la disposition des Batei-Din est très large et important. « En Israël, il aurait déjà été condamné à une peine carcérale », affirme Katy Bisraor. Le rav Maïmon insiste lui aussi sur les importants moyens dont disposent aujourd’hui les tribunaux rabbiniques en Israël, qui permettent de résoudre les dossiers d'agounot en neuf mois en moyenne.

Afin de libérer Giulia qui attend depuis cinq ans, l'équipe israélienne décide de frapper fort et ouvre une procédure en France pour exiger de N. qu'il verse une pension alimentaire à sa femme. Cette procédure a duré deux ans et demi sans donner de résultat, si ce n'est de braquer encore un peu plus le mari récalcitrant : « Il a accusé sa femme de ne vouloir que de l'argent, alors que depuis le début elle a toujours dit que ce n'était pas ce qui l'intéressait, qu'elle était prête à renoncer à tout pourvu qu'il lui donne le guett », raconte Katy Bisraor. Il faut donc penser en dehors des sentiers battus. Katy Bisraor tente alors une stratégie de rapprochement avec le mari : « Sur la base de l'expérience d'autres dossiers de refus de guett, je savais que si je parvenais à créer une relation personnelle avec lui, je pourrais gagner sa confiance et peutêtre le convaincre de signer un accord. » N. assouplit sa position et accepte l'idée d'un accord selon lequel Giulia renoncerait à tout ce qui lui revient à condition qu'elle reçoive son guett. Pour concrétiser la procédure, N. doit prendre un avocat.

LE DÉNOUEMENT

Katy Bisraor propose à N. Maître Sarah Benghozi Tellouk, avocate au barreau de Paris, spécialiste du droit de la famille, mais aussi élue au Consistoire de Paris dont elle est la porte-parole : « J'ai accepté de représenter N. en février 2023. lll

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En Israël, l'arsenal juridique à la disposition des Batei-Din est très large et important.

Je lui ai tout de suite expliqué qu'il était de l'intérêt de tous, et en premier lieu de son intérêt, de mettre un terme à cette histoire qui n'était que souffrance. Je lui ai fait prendre conscience des années perdues, de la communication rompue avec sa fille et de l'urgence de la situation. » Elle travaille sur ce dossier avec Maître Alex Buchinger, l’avocat de Giulia en France.

Maître Benghozi Tellouk comprend que pour sauver Giulia, il faut faire preuve de beaucoup de dévouement, et elle aide N. à mieux appréhender la situation : « Il ne connaissait pas bien la mentalité israélienne, il était très méfiant. Il ignorait ce qu'était la procédure du guett et soupçonnait les autorités en Israël d'en faire une opération financière à ses

dépens. » L'avocate lui explique que son épouse est d'accord pour divorcer, qu'elle n'a aucune exigence et que le divorce peut être prononcé par une juridiction française. Elle ajoute que le divorce civil est indissociable du divorce religieux : « Dès lors qu'un mari est récalcitrant, il s'expose à une action judiciaire pour abus de droits, compte-tenu du maintien abusif du lien religieux du mariage. » Une telle action devant la juridiction française aurait pu donner lieu à une condamnation à des dommages et intérêts, conformément à la jurisprudence abondante en matière d'abus de droits. Elle est intransigeante : sans le guett, la procédure de divorce civil ne sera pas lancée.

Le lien avocat-client que Maître Benghozi Tellouk a réussi à créer a totalement mis N. en confiance. Il a

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Rav Eliahou Maïmon, directeur du Département des agounot (femmes « enchaînées » par le refus de leur mari de leur donner le guett) du tribunal rabbinique de Jérusalem © Miriam Alster/FLASH90

AGOUNOT : DE GRANDS PROGRÈS, MAIS IL RESTE ENCORE DU CHEMIN À PARCOURIR

Les hommes qui refusent de délivrer le guett ne sont pas des monstres. Dans la plupart des cas, ils sont juste influencés par l'idée, véhiculée depuis de très nombreuses années, que le guett se monnaie », explique Katy Bisraor, qui ajoute : « Notre position est de dire aux femmes qu'elles ne doivent renoncer à aucun de leurs droits pour obtenir leur guett. Nous les encourageons dans ce sens, mais bien souvent, nous sommes obligés de contrevenir à ce principe », reconnaît-elle. « C'est un vrai dilemme auquel nous sommes confrontés chaque jour. »

Sa longue expérience dans ce type de dossiers permet à Katy Bisraor d'a irmer néanmoins que la situation des femmes agounot s'est améliorée ces dernières années : « Il y a une révolution de l'approche des tribunaux rabbiniques en Israël. Des lois ont été votées par la Knesset, après un travail de fond avec le Beth-Din, pour convaincre les maris récalcitrants. En Israël, nous disposons de beaucoup de moyens, même s'il

est toujours possible d'en faire davantage. » Les condamnations à des peines carcérales, en général très dissuasives, ne sont pas rares. Parfois même, le Beth-Din fait pression sur les proches du mari récalcitrant lorsque ceux-ci le soutiennent activement dans son refus et que le tribunal en a la preuve. Les cas de femmes agounot pendant des dizaines d'années sont devenus très marginaux. Les hommes savent par ailleurs qu'en Israël, ils n'ont aucune chance de tenir longtemps dans le refus d’accorder le guett C'est la raison pour laquelle les deux tiers des hommes qui refusent de donner le guett à leur femme prennent la fuite pour l'étranger, ce qui complique le travail du Beth-Din. Mais les tribunaux rabbiniques en dehors d'Israël, qui ont également pris conscience de ce problème, cherchent à tout prix des solutions pour libérer ces femmes et travaillent en étroite coopération avec le Beth-Din en Israël. Le rav Maïmon témoigne de cette bonne entente : « Nous travaillons très bien avec tous les tribunaux rabbiniques dans le monde

accepté de signer le divorce civil et de procéder à la remise du guett. Dès lors, il reste à organiser l’aspect logistique de cette signature. En effet, N. ne réside plus à Paris, il vit dans une localité française où il n'existe pas de Beth-Din et il refuse de se rendre à Paris pour signer les documents. Le rav Betzalel Lévy, responsable du Département des divorces au BethDin de Paris, mobilise toute une équipe pour déplacer le Beth-Din dans la ville où se trouve N. : « Il faut comprendre que c'est une opération très complexe, il y a énormément de paramètres, notamment sur le plan de la loi juive. C’est exceptionnel », précise Katy Bisraor. Maître Benghozi Tellouk renchérit : « Les autorités rabbiniques, avec le rav Betzalel Lévy en tête, se sont mobilisées pour libérer cette

entier. Nous les aidons et ils nous aident. » Il explique par ailleurs que récemment, une nouvelle loi israélienne a été votée qui donne autorité au Beth-Din israélien pour libérer toute femme juive, même si elle n'est pas citoyenne israélienne. « Nous avons permis à une centaine de femmes dans le monde de récupérer leur guett grâce à cette loi », se félicite le rav Maïmon. La situation est incontestablement meilleure aujourd'hui qu’elle ne l’était, mais il reste encore du travail à accomplir. Katy Bisraor traite tous les jours des dossiers sensibles et sait que parfois, malgré tout, les solutions peuvent manquer. Il reste aussi un autre point à régler, plus « classique » : les lenteurs administratives et bureaucratiques qui font qu'un dossier qui pourrait être traité en deux ans n'est toujours pas bouclé au bout de quatre ans.

« Nous avons proposé un projet de loi qui permettrait que certains dossiers soient décrétés prioritaires afin de contourner ces lourdeurs bureaucratiques qui font le jeu de ceux qui cherchent à gagner du temps », conclut Katy Bisraor.

femme. Personne n'a compté ses heures, tous les efforts nécessaires ont été déployés. Le Beth-Din de Paris, présidé par le rav Michel Gugenheim, grandrabbin de Paris, est très réactif sur ce sujet, je peux en témoigner d'après ce que je constate dans mon travail au quotidien et dans mes activités au sein du Consistoire. »

Le 17 mai dernier, près de dix ans après l'ouverture du dossier au Beth-Din de Tel Aviv, Giulia a reçu son guett. N. l'a signé deux jours plus tôt en France, en présence de son avocate qui ne cache pas sa satisfaction : « Tout en représentant mon client, mon but était de mettre fin à la souffrance de cette femme. Je suis heureuse que chacun puisse désormais tourner la page. » n

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«

Pas de « Valentine Day » en Israël. Chez nous, la fête de l’amour, c'est Tou beAv !

Rabbi Chimon ben Gamliel disait : « Il n’y eut pas de fêtes aussi grandes pour Israël que le 15 Av et Yom Kippour. En ces jours, les filles de Jérusalem sortaient et dansaient dans les vignobles. Que disaient-elles ? “Jeune homme, lève les yeux et regarde qui tu vas choisir.” » (Talmud Taanit, 26b)

Dans la semaine suivant le 9 Av, après que nous avons jeûné et pris le deuil pour l’exil et la destruction des deux Temples de Jérusalem, survient un jour particulier : Tou beAv, le 15 du mois d’Av (qui cette année sera le mercredi 2 août). Le mot « tou », en hébreu, s'écrit avec la lettre tet, dont la valeur numérique est 9, et la lettre vav, dont la valeur numérique est 6. « Tou » a donc pour valeur numérique 15 (9+6).

Nos Sages ont désigné le 15 Av comme l'une des plus grandes fêtes de l'année. Cependant, ils n'ont pas fixé de célébration ni d'observance particulière en ce jour.

Six événements heureux et marquants eurent lieu à Tou beAv, qui ont fait de cette date un jour festif du calendrier juif.

PREMIER ÉVÉNEMENT

Le 15 Av est le jour où les Benei Israël ont cessé de mourir dans le désert. Suite à la faute des explorateurs, la punition annoncée fut que toute cette génération devrait mourir dans le désert et ne pourrait pas entrer en Eretz Israël. Ainsi, pendant chacune des quarante années des pérégrinations des Benei Israël dans le désert, la veille du 9 Av, il était demandé à chaque homme du camp de se préparer une tombe : de crainte de mourir sans avoir prévu de sépulture, chacun creusait une fosse dans laquelle il dormait cette nuit-là. Au matin, on annonçait : « Que les vivants se séparent des morts ! », et tous les survivants se levaient. Ces lugubres préparatifs se répétaient d’année en année. Mais à la fin de la quarantième année, au petit matin, tous

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AU NOM DE LA LOI

les hommes sortirent vivants. Étonnés, ils crurent s'être trompés de date. Ils dormirent à nouveau dans leur tombe la nuit suivante, et ainsi de suite jusqu'au 15 Av. Lorsqu'ils virent la pleine lune et constatèrent qu’aucun homme n'était mort, ils comprirent que le décret était levé, et cette génération marqua le 15 Av comme un jour de fête. C'est ce qu’ont voulu dire nos Sages lorsqu’ils ont déclaré : « Aucun jour ne fut plus festif pour Israël que le 15 Av et Yom Kippour », car il n'y a pas de joie plus grande que celle de voir ses fautes pardonnées. Le péché du veau d’or fut absous le jour de Yom Kippour, et celui des explorateurs le jour de Tou beAv.

DEUXIÈME ET TROISIÈME ÉVÉNEMENTS

Suite à la jurisprudence des filles de Tselof'had (voir Nombres, chapitre 36), ces filles, qui avaient hérité de leur père alors que celui-ci n’avait pas laissé de fils,n'étaient pas autorisées à épouser un homme issu d'une autre tribu que la leur, pour éviter que la terre ne passe d'une tribu à une autre. Et quelques générations plus tard, après l'épisode de « la concubine de Guibéa » (voir Juges, chapitres 19 à 21), les Benei Israël voulurent interdire à leurs filles d'épouser un homme issu de la tribu de Benjamin. Chacune de ces deux prohibitions fut levée à Tou beAav Le peuple comprit que s'il maintenait sa sanction radicale contre Benjamin, l'une des douze tribus était menacée d’extinction ; et il s'en dédit en arguant que cette interdiction ne concernait que la génération qui l'avait votée, et non les suivantes. Idem pour les héritières de Tselof'had qui étaient limitées à leur propre tribu pour leurs choix matrimoniaux : cette restriction fut appliquée par la génération contemporaine de Josué, celle qui a conquis et divisé la Terre de Canaan, mais elle tomba en désuétude aux générations suivantes. Désormais, les tribus pouvaient se mêler et fusionner, ce qui était une source de réjouissance – le livre des Juges parle même à ce sujet de « festival aux yeux de Dieu ».

QUATRIÈME ÉVÉNEMENT

Après que le roi Jéroboam eut divisé le royaume d'Israël en emportant dix tribus du royaume de Judée, il posta des gardes le long des routes menant à Jérusalem, pour dissuader les gens de monter à la ville sainte lors des fêtes de pèlerinage, car il craignait que de tels rassemblements populaires n'affaiblissent son autorité. En guise de « substituts », il érigea deux lieux de culte, à Dan et à Beit El, qui s'avérèrent de véritables lieux d'idolâtrie. De fait, la division entre les deux royaumes prit valeur de fait accompli et perdura pendant des générations.

Le dernier roi du royaume d'Israël, Osée fils d’Éla, voulut réparer ce désastre et retira tous les gardes des routes menant à Jérusalem. Il permit ainsi au peuple d'effectuer de nouveau ses précieux pèlerinages. Cela se produisit un jour de Tou beAv.

CINQUIÈME ÉVÉNEMENT

Au début de la période du Second Temple, la Terre d'Israël était à ce point aride que le bois nécessaire aux sacrifices et à la flamme éternelle qui devait brûler sur l'Autel était quasiment impossible à trouver. Aussi, chaque année, un groupe de courageux volontaires partait au loin pour rapporter du bois, malgré le fait que ce voyage était extrêmement dangereux. Précisons que tout bois ne convenait pas à ces buts sacrés ; ainsi, le bois véreux n'était pas éligible au service du Temple. Le froid et l'humidité favorisant le développement des vers dans le bois, il était indispensable d’amasser le bois nécessaire à la saison estivale suivante bien avant l'arrivée des premiers frimas de l'hiver. Le dernier jour de l'année où l'on stockait encore du bois était le 15 Av, et il donnait lieu chaque année à des scènes de joie lorsqu'on constatait que le quota de bois nécessaire avait été atteint.

SIXIÈME ÉVÉNEMENT

Durant la révolte de Bar Kokhba, les Romains interdirent que les corps de leurs ennemis dans la bataille de Bétar soient ensevelis. Ce n’est que très longtemps après la bataille qu’ils donnèrent enfin la permission d'inhumer ces malheureux. Cette autorisation fut proclamée un jour de Tou beAv, et l’on y vit l’effet une double bienveillance divine : outre l’autorisation d’inhumation inattendue de la part des cruels ennemis du peuple juif, miraculeusement les corps des combattants juifs, laissés à l'abandon à ciel ouvert pendant si longtemps, ne s'étaient pas décomposés.

ET ENFIN...

Le 15 Av, la lune est pleine. C’est un symbole fort : de même que la lune décroît et semble disparaître pour toujours avant de renaître, ainsi le peuple juif paraît parfois s'effacer de l'histoire, et pourtant il trouve toujours les forces de sa résurrection ! n

Tou beAv samea'h !

Rav Avraham Dray

Rabbin de communauté à Ashdod - Fondateur de Chadarim Directeur du Desk France du Mizra'hi mondial Pour contacter le rav Dray : avdery7@gmail.com

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AU NOM DE LA LOI

Av est le mois des contrastes. Il est comme la nuit qui avance vers l’optimisme, le jour nouveau qui s’annonce plein d’espoir. Le mois d’Av, comme son nom l’indique, est le père de tous les mois ; lorsque sa lumière est incomprise et donc mal gérée, il peut devenir destructeur.

Le sommet de l'histoire des hommes se clôture en Av avec le dévoilement messianique annoncé le jour du 9 Av, le Machia'h étant appelé à naître précisément ce jour-là.

Le 15 Av (Tou beAv) est l'un des jours les plus heureux de l’année, celui où, à l’époque des Juges, le peuple juif s’est réunifié lorsque les mariages entre toutes les tribus ont de nouveau été permises. Et pourtant, c’est aussi en ce même mois que les explorateurs ont décidé de ne pas entrer en Terre d’Israël.

Le 9 Av s’est alors transformé en un jour marqué par le désespoir pour toutes les générations, où résonnent encore les pleurs dus à la destruction des deux Temples, puis à l’expulsion des Juifs d’Espagne. Tous ces dégâts furent causés par une seule source : le

mauvais œil, le mauvais regard porté sur la vie, sur notre terre, sur notre nation, et aujourd'hui sur notre État. Il est donc clair que c'est sur ce point que doit porter notre travail. L’élément fondamental de ce mois est le feu, qu'il faut absolument tempérer par l'eau. Les natifs du mazal Arié, le Lion, sont à l’image de l’animal qui les représente : nobles, majestueux et charismatiques, ils aiment régner et rayonner. Intelligents, courageux et ambitieux, les lions sont appréciés par leur entourage qui succombe à leur charme. Le feu est leur fondement, ce qui explique leur caractère chaleureux et leur force qui les hisse audessus de toutes les difficultés. Leur facilité à créer des relations sociales en fait des êtres heureux et toujours bien entourés. Ils aiment aider et leurs conseils sont appréciés à leur juste valeur. Leur vitalité est communicative mais ils ont toujours besoin de reconnaissance. n

H a es de Chabbat

46 LPH N° 1000 ANNONCES IMMOBILIÈRES, BONNES ADRESSES, À TOUS CŒURS... Appelez le 058-461 6262 contactisrael@actualitejuive.com MAZAL TOV Av et le Lion
Yoel Benharrouche, artiste peintre, enseignant www.orotvekelim.com
Rav
Chabbat Ekev 4 août 2023-17 Av 5783 Jérusalem 18h53 20h13 Tel Aviv 19h14 20h15 Netanya 19h14 20h15 Chabbat Réé 11 août 2023-24 Av 5783 Jérusalem 18h47 20h06 Tel Aviv 19h07 20h08 Netanya 19h07 20h08 Chabbat Chofim – Roch 'hodech Eloul 18 août 2023-1er Eloul 5783 Jérusalem 18h40 19h58 Tel Aviv 19h00 20h00 Netanya 19h00 20h00 Chabbat Ki-Tetzé 25 août 2023-8 Eloul 5783 Jérusalem 18h32 19h49 Tel Aviv 18h52 19h51 Netanya 18h52 19h51

Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice !

Lorsque Jacob, au petit matin, se rend compte que son beau-père Lavan a remplacé Ra'hel par Léa, nul doute qu'il va aller lui dire ses quatre vérités et que ce voyou de Lavan va passer un mauvais quart d'heure ! Pourtant, face à lui, le patriarche se contentera de lui dire : « Que m'as-tu fais ? Tu sais bien que c'est pour Ra'hel que j'ai travaillé (sept ans) ! Pourquoi m'as-tu trompé ? » Lavan, loin de s'excuser, a la 'houtzpa de lui répondre : « Chez nous, ça ne se fait pas de faire passer la cadette avant l'aînée » – et d'ajouter, sans gêne : « Si tu veux aussi sa sœur, il te faudra travailler sept années supplémentaires ! » Et au lieu de lui casser la figure comme aurait fait n'importe qui, Jacob accepte ce nouveau contrat sans piper mot ! Explication : au moment même où il lui disait « pourquoi m'as-tu trompé ? », Jacob s’est rendu compte qu'il était plutôt mal placé pour reprocher quoi que ce soit à Lavan : après tout, n'a-til pas lui-même trompé son père en se faisant passer pour son frère aîné, lui le cadet de la fratrie ? Vaincu par sa mauvaise conscience, il a préféré ravaler ses reproches. La mauvaise conscience, ou la conscience tout court, c'est ce qui semble manquer en ce moment à nos représentants politiques, toutes tendances confondues. L'autre jour, j'entendais notre ministre de la Justice citer, du haut de la tribune, le chef de l'opposition déclarant il y a quelques années sa volonté de limiter les pouvoirs extravagants de la Cour suprême – le même qui, aujourd'hui, n'a pas de mots assez forts pour fustiger des propositions de loi qu'il soutenait naguère. Il a raison, Levin, mais n'a-til pas lui-même, il y a quelques mois, voté contre la reconduction de la loi restreignant le regroupement familial

des Arabes des territoires, sous prétexte qu'elle émanait de la coalition honnie alors au pouvoir ? Dans la même veine, l'excellent journaliste Amit Segal a beau jeu de rappeler, archives à l'appui, les propos de tel ou tel ancien chef de la police ou ancien chef d'État-major qui, aujourd'hui, osent approuver les blocages de rues ou encourager les menaces de défection à l'armée, alors que lorsqu'ils étaient en fonction, ils arrêtaient sans aucune pitié ni compréhension les auteurs de tels actes venus de l'autre bord politique ! Est-ce le dégoût devant cette hypocrisie générale qui suffit à expliquer le manque d'empathie que j'ai éprouvé durant toutes ces semaines de manifestations et de contremanifestations ? Je ne sais pas si nous sommes nombreux dans mon cas, mais c'est la première fois depuis mon Alya il y a quarante ans qu'un problème de société qui a de toute évidence enflammé les passions et envoyé des centaines de milliers d'Israéliens dans les rues m'a laissé de marbre. La seule manifestation à laquelle j'aurais bien voulu participer est la marche de l'unité entre le Kotel et la Knesset organisée le matin de ce fameux dimanche où nous sommes paraît-il passés de la démocratie à la dictature, juste pour pouvoir serrer les mains du rav Meidan ou dire mon admiration à Yael Shevah – bref, pour rencontrer quelques personnalités pour qui le terme de modération n'est pas une insulte. Un mot pour conclure. Je sais bien que la loi sur l'abolition du critère de raisonnabilité n'est qu'un prétexte. Que derrière elle se cachent, des deux côtés, d'effrayants épouvantails. Pour les uns, il est grand temps que la Cour suprême ne puisse plus entraver sans motif légal les décisions du gouvernement élu.

Pour les autres, il est hors de question de retirer au dernier contrepouvoir ses prérogatives, faute de quoi, songent-ils (et ceux d'en face ne font pas grandchose pour essayer de calmer leurs angoisses), rien n’empêchera plus les 'Harédim de profiter de tous les droits du citoyen sans en assumer tous les devoirs (voir leur nouvelle proposition de loi fondamentale), ni non plus certains nationalistes fanatisés de raser impunément des villages palestiniens après des attentats (là encore, reconnaissons que les déclarations de certains de nos ministres ont davantage pour effet de jeter de l'huile sur le feu que d'y déverser des trombes d'eau qui seraient pourtant bienvenues…). Ce n'est donc pas la loi votée qui pose vraiment problème ; mais les craintes de ce qui risquait d'arriver si elle ne l'avait pas été (pour les uns) ou de ce qui risque d'arriver maintenant qu'elle l'a été (pour les autres), elles, sont bien réelles. Tout ceci valait-il la peine de se comporter comme des éléphants dans un magasin de porcelaine (pour les uns) ou de recourir à l'appel à la guerre civile, au refus de revêtir l'uniforme, à la menace de grève générale, au blocage de l'aéroport et au coup porté à notre économie (pour les autres) ?

Nos sages nous avaient déjà prévenus que Jérusalem pouvait être détruite à cause d'une sombre affaire de poule et de coq (Tamud, Traité Guittin, 57a) ! Les ennemis du peuple juif sont aujourd'hui persuadés qu'elle sera détruite à cause d'une sombre affaire de critère de raisonnabilité… Dites, les enfants, vous ne pensez pas que, comme Maurice de la célèbre pub pour les chocos suisses, vous poussez le bouchon un peu trop loin ?

Arrêtez-moi si je dis des bêtises… n

klingelie@gmail.com

LPH N° 1000 47 LE KLING DU MOIS

Réé

Les quatre mondes

Qu’est-ce que le Bien et le Mal ? La vie, la mort ? La Cabale répond en langage codé. « Vois, Je place devant vous aujourd’hui bénédiction et malédiction. »

(Deutéronome 11, 26) « Vois » est placé avant les mots « bénédiction et malédiction ». Le cabaliste comprend que ce qui est « avant » réfère au « Olam haAtzilout », le « Monde de l’Émanation ». Dans ce monde premier du Jardin d’Éden, Adam n’a pas encore conscience de lui-même. Il vit dans l’éternité parfaite de la proximité totale avec la Divinité. Il baigne dans la vision limpide que tout est Dieu, la vie éternelle, le Bien absolu.

« Olam haAtzilout » est le monde de la Vision : on y « voit » d’une extrémité du monde à l’autre le Plan divin dans sa perfection. Adam a consommé du fruit de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. Nos Maîtres expliquent qu’il a vu le mélange du Bien et du Mal : une certaine définition de l’avenir, notre réalité où tout s’entremêle, ce monde imparfait à réparer. Sa faute l’a précipité dans un monde inférieur, « Olam haBriya », le « Monde de la Création », où l’on ne « voit » plus ; on ne fait qu’y « entendre ». Ici commencent le Mal, autrement dit la séparation d’avec Dieu, l’émergence de la conscience individuelle, la création du temps et avec lui l’apparition de la mort, et, de monde en monde

Pardès – le Verger – ce sont les quatre niveaux d’étude de la Torah. Ariela Chetboun met par écrit l’enseignement oral reçu de ses maîtres en Kabbala et 'Hassidout. Que cet éclairage vienne דייסב compléter ce que nous savions jusqu'ici.

– « Olam haYetzira », le « Monde de la Formation » – jusqu’au nôtre, la naissance de l’humanité, de l’histoire.

Dans notre monde, « Olam haAssiya » le « Monde de l’Action », la mort est la donnée essentielle de nos existences. C’était déjà le cas de la deuxième génération des Hébreux, ceux nés dans le désert. Leurs pères avaient vécu la sortie d’Égypte et le Don de la Torah ; ils avaient vu de leurs yeux les miracles divins. Quarante ans plus tard, la génération suivante se tient aux portes d’Eretz Canaan. Elle doit trouver le courage d’y entrer en essayant de « voir » la continuité de l’œuvre de Dieu, comme leurs pères l’ont vue. L’adversité est une épreuve envoyée pour nous apprendre à faire les bons choix, pour éprouver notre emouna, une épreuve à surmonter pour grandir, nous élever. La malédiction est une bénédiction cachée sous l’aspect du Mal… justement pour que les Forces du Mal ne viennent pas la contrer ! Le Mal doit faire son œuvre mais tout sera in fine pour le Bien. Ce qui nous est donné dans cette paracha, c’est une force pour bien choisir, pour choisir le Bien. Une parole performative : vois et tu verras, désormais tu peux voir. Comme « Soyez saints car Je suis saint » : soyez saints puisque vous pouvez l’être, puisque Je le suis et que Je vous en donne la possibilité.

Comme cette génération du Désert, nous devons nous entraîner à « voir » dans les événements du monde (olam) l’enchaînement voilé (élèm) de la Volonté divine. Voir que bénédiction et malédiction ne font qu’Un. Chaque monde divin est aussi présent en nous-mêmes. Il faut regarder en soi et choisir la vie, tracer un chemin entre soi et le Divin. Choisir de voir que les choses s’enchaînent toujours pour le Bien – un travail sur soi de chaque jour. n

Une année avec la Cabale. Secrets de l'Âme et du Temps

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UNE ANNÉE AVEC LA CABALE

Trouve les 10 différences

Un des frères de la famille Rothschild décède. On organise ses funérailles et la famille, comme il se doit, marche juste derrière le cercueil. Tout à coup, un homme mal habillé, pas rasé, les chaussures trouées, se met aux côtés de la famille, sanglote bruyamment et se mouche dans un grand mouchoir à carreaux.

Un membre de la famille se tourne vers l'homme et lui dit :

– Qu'est-ce que vous avez à pleurer comme ça ? Vous n'êtes même pas de la famille !

Et l'homme de répliquer en reniflant :

– C'est justement pour ça que je pleure !

Deux religieux discutent. L'un est un 'hassid et l'autre un mitnagued [opposé au 'hassidisme]. Le 'hassid est convaincu que son rabbi peut faire des miracles – ce qui laisse le mitnagued dubitatif :

– Ah oui, il peut faire des miracles ?

Donne-moi donc un exemple !

– Eh bien, l'autre jour, nous étions neuf à la synagogue et nous attendions désespérément le dixième pour pouvoir faire Min'ha.

BLAGUES À PART

celle-là, près de la porte, tu la vois ?

– Oui.

– C'est celle de Kaminsky. La femme demande alors à son mari :

– Et dis-moi, la tienne, où est-elle ?

– C'est celle-là, sur la gauche...

– Tu veux que je te dise mon chéri ?

C'est la nôtre, la plus belle !

Un modeste tailleur va voir le rabbin :

– Et alors ?

– Alors, comme personne n'arrivait, le Rabbi s'est énervé. Il a pris un hareng dans sa main et lui a dit : « Hering, hering ! Lève-toi, c'est l'heure de la prière, tu es le dixième ! »

Le mitnagued s’exclame :

– Mais une telle chose est impossible !

– Ah, tu vois bien !

Moché et Yokheved vont au théâtre. Le mari montre une des actrices à sa femme :

– Tu vois celle-là ?

– Oui.

– C'est la maîtresse de Meyer. Et celle-là, tu la vois ?

– Oui.

– C'est la maîtresse de Blum. Et

– Rabbi, vous vous souvenez que vous m'avez dit qu'un Juif devait être marié ?

– Parfaitement.

– Vous vous rappelez que vous m'avez persuadé de prendre une épouse malgré la réticence que m’inspirait ma modeste condition, en me disant que Dieu allait m'aider ?

– Tout à fait.

– Eh bien, trois mois après notre mariage, ma femme a accouché d'un garçon. Alors franchement, je me fais beaucoup de souci, parce que si ma femme doit accoucher tous les trois mois, je n'y arriverai pas, c'est certain !

– Rassure-toi, mon garçon, je te garantis que pour les prochains enfants, cela prendra plus de temps !

LPH N° 1000 49
SPÉCIAL VACANCES
Les blagues sont issues du livre de Josy Einsenberg, Ma plus belle histoire d'humour. Avec l'aimable autorisation de la famille.
page 58
Solution

NE G F H T

C CS RO I

Détendez-vous !

Solutions des jeux page 58

AM IO C U D E QU A A E Y

NR CE L A P E MT U F L E

IE UE Q E H C AC N Y O N

RE EV F R O O YX G E N E

54 LPH N° 1000 FLÉCHÉS 15x11 • N°2142 Droits de reproduction et de diffusion réservés © FORTISSIMOTS 2021 www.fortissimots.com APPORTÉES PAR LA MARÉE RAYONS DE SOLEIL VALEUR REFUGE CHAUSSURE D E PLAGE PRÉNOM FÉMININ SYSTÈME DE FREINAGE VITESSE EN MER DE MÊME CROCHET DE BOUCHER AU LARGE DE GOUVILLE SIGNAL DU DÉPART BANCS DE SABLE AMOURPROPRE BONNE CARTE ILE DE VENDÉE PARLÉ À ROME ESPRIT ENTRE DEUX MARÉES PROTECTION SOLAIRE GENRE LITTÉRAIRE PEUT CRÉER UN TSUNAMI SCOOTER DES MERS AU LARGE DE LA ROCHELLE FOYER SUR LE PONT DU BATEAU RAFRAICHISSEMENT SUR LA PLAGE OTTOMAN PETITE QUANTITÉ RENFORCÉE AMARRÉ AU PORT VENT DIVIN FONT SONNER LES CLOCHES 70% DE LA SURFACE DU GLOBE MER GRECQUE PRÉNOM FÉMININ OUVRAGE PORTUAIRE PROBLÈME ON PEUT COMPTER SUR LUI EXTIRPA TERRES AUSTRALES SUR INTERNET EN MATIÈRE DE RÉCIPIENT SPORT DE PLAGE JOLIE FILLE BATEAU ANCIEN DIRIGEA LA CHINE INTERDITE À LA PLAGE ÉCHARPES SORTIE DU COURT FILET À POISSONS CAPITALE DU NIGER EN PLEINE MER MÉLANGEA LES COULEURS GOUFFRE NATUREL BORD DE MER BERCEAUX DE NAVIRE © FortissimotsMF 2142 C CS RO I E H C NE G F H T ALAMBIC APLANIR AQUEDUC AVRIL BOMBE BUFFET ERMITE FACTEUR FANFARE FIACRE FRAUDULEUX GOMME ORFEVRE OXYGENE PELUCHE PONEY PRONOSTIC PUBERTE www.fortissimots.com I EC CO I L L I OB A R U O T RE BA A C I B AM L A B G S CP DU A C A M CO D U L N O AT EO N T E M YT I D O I N IR HZ S P I R LA E U T L O FE CA T E U R IC S L U J R TC UZ U O R R VE E E R O P AE LR I R V A LH L U B C N PT ET F F U B AF I X I K N LI PT B O M B NE L R N E I AM IO C U D E QU A A E Y J NR CE L A P E MT U F L E D IE UE Q E H C AC N Y O N Y RE EV F R O O YX G E N E
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VERROU ZAZOU
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Découvrez le mot mystère...
JEUX

Glace maison

PRÉPARATION

l Monter la crème en chantilly à l’aide d’un fouet électrique (elle ne doit pas être trop ferme), puis incorporer le lait concentré à la spatule.

l Pour finir, ajouter le goût de votre choix.

l Mettre le tout dans un récipient hermétique.

l Placer pendant 6 à 8 heures au congélateur.

Sortir du congélateur et déguster !

INGRÉDIENTS

• 500 g de crème liquide (chaménète leAktzafa)

• Une boîte (340 g) de lait concentré

• Pour le goût, au choix : vanille, crème de pistache, te'hina, coulis de fruits, Oreo…

LPH N° 1000 55 RECETTE
©
Anaelle Maor

Salade de pâtes

PRÉPARATION

l Couper la courgette et l’aubergine en rondelles, et l’oignon en quarts.

l Mettre les légumes dans un plat et les passer au four position grill jusqu’à ce qu’ils soient dorés.

l Ajouter une cuillère de sauce basilic – pour les gourmands, vous pouvez en mettre deux !

l Mélanger le tout.

l Ajouter la mozzarella. C'est prêt !

INGRÉDIENTS

• Légumes : courgette, aubergine, oignon rouge, poivron, ail

• Un paquet de pâtes

• Sauce basilic

• Mozzarella

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56 LPH N° 1000
RECETTE

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