AJ MAG 4 Juillet 2024

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Jeudi 4 juillet 2024

28 Sivan 5784

NÂș 1011 | Mensuel

DOSSIER

LES TRÉSORS DE LA CAMPAGNE

ISRAÉLIENNE

GRAND ANGLE

SPÉCIAL J.O. PARIS 2024

SANTÉ

RECOMMANDATIONS EN CAS DE GROSSE CHALEUR

JUDAÏSME

BAAL SHEM TOV : LE SECRET DU POULS

HISTOIRE

QUAND LA FRANCE

HONORAIT JABOTINSKY

YAEL ARAD

« CHAQUE AFFICHAGE OU

LEVÉE DU DRAPEAU BLEU ET

BLANC SERA UNE VICTOIRE ! »

« Ensemble nous vaincrons » n’est pas un slogan publicitaire

On l’éprouve tous un peu, cet essoufflement, on la ressent tous un peu, cette fatigue qui monte en nous, cette lassitude qui nous met KO comme si nous avions atteint la limite du supportable. Et Ă  cĂŽtĂ© de cela, il y a le cours de notre vie quotidienne qui malgrĂ© tout continue et qui, parfois en dĂ©calage, prend impitoyablement mais nĂ©cessairement le dessus. Une rĂ©alitĂ© en noir et blanc, teintĂ©e de couleurs. Le matin, nous pleurons en apprenant qu’un de nos soldats est tombĂ©, ce qui ne nous empĂȘche pas de nous Ă©merveiller et d’éprouver de la joie en voyant un bĂ©bĂ© se dresser pour la premiĂšre fois sur ses petits pieds fragiles. Ce maelstrom de sentiments contradictoires devrait nous accompagner encore longtemps. Il est une partie intrinsĂšque de cette guerre de la lumiĂšre contre l’obscuritĂ©.

C’est cette mĂȘme dualitĂ© qui m’a habitĂ©e Ă  la chiva de Saadia Derai, za''l . Dans la maison de ses parents, Laly et HaĂŻm Derai, une foule composĂ©e de proches, d’officiels et d’anonymes se pressait pour venir rĂ©conforter les parents, grands-parents, frĂšres et sƓurs, la veuve et les enfants – bien trop jeunes pour comprendre –, tout un univers impactĂ© par la perte d’un ĂȘtre exceptionnel. Étrangement et trĂšs vite, j’ai perçu, outre la peine irrĂ©mĂ©diable, une sorte de kedoucha, de saintetĂ©. Brusquement, tout Ă©tait inversĂ© ; c’était un privilĂšge d’ĂȘtre prĂ©sent, un privilĂšge d’étreindre cette maman brisĂ©e qui trouvait cependant la force de sourire Ă  chacun. C'Ă©tait elle qui rĂ©confortait. Dans ce lieu habitĂ© par la tragĂ©die, la personnalitĂ© de Saadia rayonnait et nous imposait l’humilitĂ©.

« Saadia n’est pas tombĂ©, il est montĂ© », a dit Laly Ă  la fin de la chiva, dans le kollel oĂč son fils Ă©tudiait Ă  Yaffo. Expliquant que Saadia avait puisĂ© la bravoure et la saintetĂ© dans son foyer, dans son couple et Ă  la yechiva, elle a rappelĂ© que « le peuple d’IsraĂ«l a toujours su ce qu’étaient la bravoure et la saintetĂ© », deux notions qui, loin de s’affronter, se complĂštent depuis la nuit des temps dans l’ADN juif.

Combattre les ennemis qui veulent anĂ©antir la prĂ©sence juive sur sa terre et Ă©tudier la Torah qui donne justement tout son sens Ă  cette prĂ©sence, en quoi est-ce contradictoire ? N’est-ce pas au contraire un aboutissement ? Nous trouverons bien les amĂ©nagements nĂ©cessaires pour harmoniser ces deux pĂŽles qui ne doivent plus se repousser mais s’attirer. « Ensemble nous vaincrons » n’est pas un slogan publicitaire, c’est le moteur de notre avenir en IsraĂ«l.

sommaire n° 1011

5 GRAND ANGLE

‱ Interview de Yael Arad, prĂ©sidente du ComitĂ© olympique israĂ©lien

‱ Plus vite, plus haut, plus fort, plus sĂ»r

‱ Bien plus que des J.O.

‱ FrĂ©dĂ©ric JournĂšs, ambassadeur de France en IsraĂ«l, s’adresse aux lecteurs de AJ MAG

13 CARTES SUR TABLE Chalia'h

14 DOSSIER

Les trésors de la campagne israélienne

30 SANTÉ

Yael Arad, présidente du Comité olympique israélien :

La Judée-Samarie : sur les traces de la Bible

34 BOUILLON DE CULTURE

Le Tanakh sur le bout des doigts

37 LEADERSHIP

« Comment puis-je vous aider ? » 38 HISTOIRE

Quand la France honorait Jabotinsky 42 JUDAÏSME

Le secret du pouls

Recommandations en cas de grosse chaleur 32 DÉCOUVERTE D'ISRAËL

44 AU NOM DE LA LOI Le glaive et la Torah

46 LE KLING DU MOIS L'étonnante rumeur

Chaque affichage ou
levée du drapeau bleu et
blanc aux J.O. de Paris
sera déjà une victoire !

AJ MAG : Dans le contexte des rĂ©centes attaques du Hamas, avec 120 otages toujours dĂ©tenus Ă  Gaza et l'opĂ©ration militaire de Tsahal en cours, la participation des athlĂštes israĂ©liens aux Jeux Olympiques revĂȘt-elle une signification particuliĂšre ?

Yael Arad : Les athlÚtes israéliens compétitionnent toujours avec le sentiment de devoir représenter Israël, son drapeau, sa culture. Mais évidemment, aprÚs le 7 octobre, avec la guerre prolongée et la grande souffrance que notre peuple endure, notre délégation ressent une énorme responsabilité, et elle éprouve un fort désir de créer des raisons de joie et de fierté.

Quelques jours aprĂšs le chabbat noir, vous avez dĂ» quitter IsraĂ«l pour une rĂ©union olympique Ă  Bombay, au cours de laquelle vous avez Ă©tĂ© Ă©lue au ComitĂ© Olympique International. Comment l’avezvous vĂ©cu ?

Il m’a Ă©tĂ© trĂšs difficile de quitter IsraĂ«l Ă  ce momentlĂ  mais j’ai ressenti que c’était une obligation de

montrer au monde que nous Ă©tions toujours lĂ . Pour moi, servir au sein du CIO est un rĂȘve devenu rĂ©alitĂ©, une opportunitĂ© d’aider Ă  construire des ponts entre les nations sans permettre aux terroristes de les franchir.

Avez-vous envisagĂ© qu’IsraĂ«l ne participe pas aux Jeux de Paris ?

L'idée de ne pas participer n'a jamais traversé nos esprits. Au contraire, c'est maintenant plus que jamais l'occasion de briller, de démontrer notre excellence et de porter haut les couleurs d'Israël sur la scÚne mondiale du sport olympique.

Certains députés français avaient appelé au boycott d'Israël. Avez-vous craint que le CIO entende cet appel ?

Le mouvement olympique mondial fonctionne selon les valeurs olympiques, tout comme le Comité olympique israélien. Nous n'avons jamais enfreint les rÚgles ; au contraire, nous respectons et promouvons toutes les initiatives sociales et humanitaires que défend le CIO, telles que la durabilité, l'égalité sociale, la diversité et l'inclusion des différences. Nous croyons fermement que le sport est un pont entre les individus, les nations et les cultures. Nous avons une grande confiance envers le CIO et les organisations sportives mondiales.

Était-il mĂȘme concevable d'aborder le sujet du sport dans les jours qui ont suivi ce chabbat tragique ?

Le sport de haut niveau est le sens de la vie des athlĂštes, et les Jeux Olympiques sont une aspiration Ă  la vie. AprĂšs le 7 octobre, les sportifs Ă©taient dĂ©vastĂ©s, beaucoup ont perdu des amis, des camarades d'enfance ou des proches dans les massacres brutaux, les viols et les abus du Hamas – j'ai moimĂȘme perdu des membres de ma famille, des amis de mes enfants de notre quartier et des enfants d'amis. Nous Ă©tions tous brisĂ©s et jusqu'Ă  aujourd'hui nos cƓurs restent captifs Ă  Gaza.

GRAND ANGLE

lll Comment avez-vous géré les athlÚtes aprÚs le 7 octobre ?

Nous avons dĂ©cidĂ© de mobiliser les athlĂštes pour soutenir la communautĂ© de maniĂšre significative : visites aux blessĂ©s pour les encourager pendant leur rééducation, confĂ©rences inspirantes pour les survivants et les personnes dĂ©placĂ©es, et organisation d'entraĂźnements rĂ©guliers pour les enfants contraints d’évacuer leurs maisons ou leurs communautĂ©s. Cela leur a donnĂ© un but et les a aidĂ©s Ă  reprendre l'entraĂźnement. DĂšs le lendemain, tous les sportifs ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s au centre d'entraĂźnement principal de l'Institut Wingate, des appels Zoom ont Ă©tĂ© organisĂ©s pour tous, et nous avons aidĂ© ceux qui Ă©taient Ă  l'Ă©tranger Ă  rentrer en IsraĂ«l – car dans les situations de crise, les IsraĂ©liens qui se trouvent hors du pays veulent toujours rentrer immĂ©diatement pour apporter leur aide et ĂȘtre avec leur famille.

Les deux premiĂšres semaines ont Ă©tĂ© trĂšs limitĂ©es, tous les dĂ©placements pour les compĂ©titions et les entraĂźnements ayant Ă©tĂ© suspendus sur recommandation de l’armĂ©e. Mais ensuite, nous avons mis en place un processus trĂšs organisĂ© avec les autoritĂ©s compĂ©tentes et les fĂ©dĂ©rations, et les sportifs ainsi que les entraĂźneurs ont repris confiance.

Parlez-nous de la dĂ©lĂ©gation israĂ©lienne qui s’apprĂȘte Ă  s’envoler vers Paris. Ce sera une grande dĂ©lĂ©gation, trĂšs diversifiĂ©e : 88 athlĂštes et sportifs, y compris, pour la premiĂšre fois depuis 1976, une Ă©quipe de football. Le football masculin mis Ă  part, nous aurons plus de 50 % de femmes. Nous arrivons avec une trĂšs grande Ă©quipe professionnelle, qui comporte aussi une Ă©quipe mĂ©dicale significative, et quatre membres du personnel, tous mĂ©daillĂ©s olympiques : Oren

Smadja, entraĂźneur de l'Ă©quipe masculine de judo, Gal Fridman, champion olympique et champion du monde de planche Ă  voile, et entraĂźneur de l'Ă©quipe masculine de IQFoil, Shahar Tzuberi, mĂ©daillĂ© de bronze Ă  PĂ©kin en planche Ă  voile, qui entraĂźne l'Ă©quipe fĂ©minine de IQFoil, et moi-mĂȘme. Nous avons aussi des mĂ©daillĂ©s olympiques titulaires, notamment Artem Dolgopyat, mĂ©daillĂ© d’or en gymnastique au sol aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, et Avishag Semberg, taekwondoĂŻste mĂ©daillĂ©e de bronze dans la catĂ©gorie des moins de 49 kg, Ă  Tokyo Ă©galement.

Justement, les Jeux de Tokyo ont Ă©tĂ© les plus rĂ©ussis de l’histoire d’IsraĂ«l, avec quatre mĂ©dailles, dont deux mĂ©dailles d’or, et la participation Ă  quinze finales. Quel est l’objectif visĂ© pour les J.O. de Paris ?

Nous attendons quatre Ă  cinq mĂ©dailles et la participation Ă  quinze Ă  dix-huit finales. En 2023, nos sportifs ont remportĂ© neuf mĂ©dailles aux Championnats du monde, dont quatre mĂ©dailles d’or.

La sĂ©curitĂ© est-elle une prĂ©occupation majeure ? Depuis 1972, annĂ©e du terrible massacre de Munich, nous sommes trĂšs conscients des questions de sĂ©curitĂ© ; nous devons toujours rester vigilants. Mais les forces de sĂ©curitĂ© françaises et les organisations sĂ©curitaires israĂ©liennes investissent beaucoup d'efforts pour assurer notre sĂ©curitĂ©, afin que les sportifs puissent se concentrer sur la compĂ©tition et la victoire, et nous leur faisons confiance. Ce n'est pas facile et cela comporte des risques, mais depuis sa crĂ©ation l'État d'IsraĂ«l fait face aux complexitĂ©s sĂ©curitaires et nous avons tous grandi avec une capacitĂ© d'adaptation Ă  cette situation.

En dépit des menaces, Israël prévoit-il de participer à la cérémonie d'ouverture qui aura lieu sur la Seine à Paris ?

Israël participera à la cérémonie d'ouverture comme toutes les autres nations. Comme le veut la tradition, une femme et un homme seront les porte-drapeaux, et nous les annoncerons au cours du mois de juillet.

Il y a quelques mois, lors d'une manifestation propalestinienne Ă  Tokyo, plusieurs athlĂštes de l'Ă©quipe de judo d'IsraĂ«l ont eu des altercations avec des manifestants. Les athlĂštes israĂ©liens ont-ils Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s Ă  faire face au climat « propalestinien » qui rĂšgne en France et Ă  d’éventuelles provocations antisĂ©mites ?

Nos sportifs sont en effet confrontés à diverses provocations. Notre directive est de ne pas entrer en conflit, de ne pas chercher à avoir raison, mais de se concentrer sur le but pour lequel nous sommes venus : concourir et réussir.

En cas de podium ou Ă  d’autres occasions, verrat-on les athlĂštes israĂ©liens arborer le symbole des otages ?

Il y a aujourd'hui environ trente conflits dans le monde, et le rÚglement olympique interdit d'exprimer des opinions politiques. Nous nous concentrons sur la compétition et nous ne dérogerons pas au rÚglement.

Que signifiera cette année le drapeau bleu et blanc dans les J.O. ?

Chaque fois que ce drapeau flottera aux Jeux Olympiques cette année, il rappellera au monde entier qu'il reste encore 120 otages à Gaza, en espérant leur retour rapide à la maison. Chaque affichage ou levée du drapeau bleu et blanc sera déjà une victoire ! n

Yael Arad a 57 ans, elle est la maman de Tom, 26 ans, et de Danielle, 22 ans.

Ancienne judoka, championne d'Europe, vicechampionne du monde et championne du Tournoi de Paris, elle a été la premiÚre médaillée olympique d'Israël en 1992.

Depuis sa retraite en 1996, elle a intĂ©grĂ© le monde des affaires et s’est spĂ©cialisĂ©e dans l'entrepreneuriat, le dĂ©veloppement commercial et la stratĂ©gie marketing. Elle dirige les activitĂ©s commerciales du groupe Paramount Media en IsraĂ«l et est consultante pour des entreprises dans les domaines du gaming et de l'innovation.

En novembre 2021, elle a Ă©tĂ© Ă©lue prĂ©sidente du ComitĂ© olympique israĂ©lien – une fonction bĂ©nĂ©vole –, et en octobre 2024, membre du ComitĂ© International Olympique.

Propos recueillis par Nathalie Sosna-Ofir
Photo Yael Arad sur le podium lors de la remise des médailles © Yossi Roth
Yael Arad avec le président israélien, Itzhak Herzog, et son épouse Mikhal lors de la cérémonie officielle organisée en l'honneur de la délégation olympique à la résidence présidentielle. Yael Arad porte la tenue officielle d'Israël pour les J.O. de Paris. © Comité International Olympique

Plus vite, plus haut, plus fort, plus sûr

Organiser les Jeux Olympiques représente toujours un défi monumental pour la ville-hÎte, mais ceux de Paris, cette année, sont sans doute encore plus difficiles compte tenu du contexte géopolitique tendu et des menaces terroristes tangibles.

Les attentats terroristes de 2015, revendiquĂ©s par l'État islamique, dont certains ont eu lieu prĂšs du Stade de France, sont encore trĂšs prĂ©sents dans les mĂ©moires. Et depuis l’attentat perpĂ©trĂ© en mars dernier et qui a causĂ© la mort de plus de 140 personnes dans une salle de concert Ă  Moscou, lĂ  encore par l'État islamique, la France a relevĂ© son niveau d'alerte au maximum. Le Premier ministre français, Gabriel Attal, a d’ailleurs dĂ©clarĂ© que « la menace terroriste est rĂ©elle et sĂ©rieuse », et prĂ©cisĂ© que deux attaques de l'État islamique avaient Ă©tĂ© dĂ©jouĂ©es au cours de l’annĂ©e passĂ©e sur le territoire français. À cette menace islamique se sont ajoutĂ©es les manifestations propalestiniennes particuliĂšrement virulentes qui ont suivi la contreoffensive israĂ©lienne Ă  Gaza aprĂšs l'attaque du Hamas du 7 octobre, ainsi que le considĂ©rable regain des actes antisĂ©mites. Les organisateurs, conscients des risques, ont donc prĂ©vu de dĂ©ployer quotidiennement jusqu'Ă  45 000 policiers et soldats pour sĂ©curiser les Jeux, avec une prĂ©sence notable Ă  Paris et sur les sites des compĂ©titions, ainsi que 17 000 Ă  22 000 agents de sĂ©curitĂ© privĂ©s, assistĂ©s par des milliers de volontaires,

Assurer la sécurité des Israéliens sera un défi majeur.

principalement pour orienter les visiteurs, mais aussi pour jouer un rĂŽle crucial en matiĂšre de vigilance. En outre, dĂšs le dĂ©but de 2024, Paris a contactĂ© 46 pays pour aider Ă  sĂ©curiser l’évĂ©nement. 35 d’entre eux ont rĂ©pondu positivement, parmi lesquels les États-Unis et IsraĂ«l dont l’assistance sera particuliĂšrement significative par rapport Ă  celle des autres pays. Plusieurs dĂ©lĂ©gations israĂ©liennes se sont rendues Ă  diverses reprises en France pour Ă©valuer et anticiper les problĂšmes potentiels liĂ©s Ă  la sĂ©curitĂ© en gĂ©nĂ©ral, en mettant l'accent sur celle de la dĂ©lĂ©gation israĂ©lienne composĂ©e d’au moins 85 athlĂštes. Le spectre de l’attentat des J.O. de Munich en 1972, lors desquels 11 athlĂštes israĂ©liens avaient Ă©tĂ© assassinĂ©s, plane toujours. D’ailleurs, sur leur route vers Paris, certains membres de la dĂ©lĂ©gation israĂ©lienne passeront par Munich pour dĂ©poser une couronne au monument qui leur est dĂ©diĂ©. Assurer la sĂ©curitĂ© des IsraĂ©liens sera un dĂ©fi majeur, car certains participeront Ă  des compĂ©titions organisĂ©es en dehors de Paris, comme le football, le tir et le surf dont les Ă©preuves se dĂ©rouleront Ă  Tahiti. MalgrĂ© les dĂ©fis actuels, notamment sur le plan financier, d’importantes ressources ont Ă©tĂ© allouĂ©es par les autoritĂ©s israĂ©liennes Ă  la sĂ©curitĂ© des Ă©quipes, et les organisateurs français sont en communication constante avec leurs homologues israĂ©liens pour garantir la protection des athlĂštes en bleu et blanc qui rĂ©sideront au village olympique, dans le nord de Paris, sous protection rapprochĂ©e. Les IsraĂ©liens ont Ă©tĂ© encouragĂ©s Ă  ne pas rĂ©pondre aux provocations antisĂ©mites et antiisraĂ©liennes. « Je suis sĂ»r que vous resterez forts et que vous ne vous rabaisserez pas au niveau des provocateurs », leur a dit le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar, lors d’une rĂ©ception Ă  la

Ci-dessus : septembre 2018. La ministre israélienne de la Culture et des Sports, Miri Regev, rend hommage aux onze athlÚtes pris en otages et assassinés lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972.

Ci-contre : l'athlÚte israélien Artem Dolgopyat allume la flamme du souvenir lors de la cérémonie marquant le cinquantenaire du massacre de Munich, à Tel Aviv le 21 septembre 2022. Photos © Flash90

rĂ©sidence du prĂ©sident de l’État d’IsraĂ«l, Itzhak Herzog. En plus de la sĂ©curitĂ© des IsraĂ©liens, il faudra aussi protĂ©ger les participants ukrainiens. Le ComitĂ© International Olympique a en effet interdit la participation de la Russie aux J.O. en raison de son invasion de l'Ukraine, ce qui pourrait inciter des groupes hostiles Ă  perturber les Jeux. Mais par ailleurs, il faudra Ă©galement veiller Ă  la sĂ©curitĂ© des athlĂštes russes et biĂ©lorusses neutres, qui participeront sous drapeau blanc. n

PAR NATHALIE SOSNA-OFIR

Bien plus que des J.O.

C'est cette annĂ©e, la plus difficile de l’histoire d’IsraĂ«l, et alors que Tsahal lutte contre les terroristes Ă  Gaza oĂč 120 otages sont toujours dĂ©tenus par le Hamas, que se tiendront Ă  Paris les Jeux Olympiques. Les athlĂštes israĂ©liens s'apprĂȘtent Ă  y participer, dans un contexte oĂč IsraĂ«l n'est manifestement pas trĂšs bien accueilli dans une grande partie de l’Europe, y compris en France. Sur les tatamis, dans les piscines, les stades, la mer, ils devront lutter doublement, contre leurs adversaires sportifs mais aussi contre des tribunes potentiellement hostiles.

En dĂ©pit d’appels de La France Insoumise et des Écologistes pour infliger aux athlĂštes israĂ©liens la mĂȘme sanction qu’aux athlĂštes russes, Ă  savoir, les faire concourir sous une banniĂšre neutre, Emmanuel Macron a promis que « le drapeau et les sportifs israĂ©liens seront lĂ  », rappelant que « la Russie a dĂ©cidĂ© d’une guerre d’agression qui dure depuis plus de deux ans », alors qu’« IsraĂ«l n’était pas un attaquant et n’a fait que rĂ©pondre Ă  l’attaque terroriste du Hamas ». Le ComitĂ© International Olympique, le dĂ©cisionnaire final, a confirmĂ© qu’il n’était « pas question d’envisager des sanctions » contre IsraĂ«l, qui devrait donc envoyer environ 85 athlĂštes Ă  Paris –dont 18 joueurs de football, une premiĂšre depuis 1976. Ce sera la dix-huitiĂšme participation israĂ©lienne consĂ©cutive d’IsraĂ«l depuis ses premiers J.O. Ă  Helsinki en 1952 (Ă  l’exception des J.O. de 1980 Ă  Moscou, JĂ©rusalem ayant soutenu le boycott amĂ©ricain

Peu importe le nombre de mĂ©dailles qui seront remportĂ©es, voir le drapeau bleu et blanc flotter haut et fier pendant la cĂ©rĂ©monie d’ouverture

vaut tout l’or du monde.

de la Russie pour protester contre l'intervention militaire de l'URSS en Afghanistan), un parcours olympique assombri par l’assassinat de 11 athlĂštes israĂ©liens par l’organisation palestinienne Septembre noir lors des J.O. de Munich en 1972. En 17 participations, IsraĂ«l a rĂ©coltĂ© 13 mĂ©dailles. La premiĂšre, en 1992 Ă  Barcelone, a Ă©tĂ© une mĂ©daille d’argent remportĂ©e par la judoka Yael Arad, aujourd’hui prĂ©sidente du ComitĂ© olympique israĂ©lien, suivie la mĂȘme annĂ©e

par une seconde mĂ©daille, de bronze, dĂ©crochĂ©e lĂ  encore en judo par Oren Smadja dont le fils Omer vient de tomber Ă  Gaza. La dixiĂšme a Ă©tĂ© remportĂ©e Ă  Tokyo en 2021, et il y en a eu trois autres cette annĂ©e-lĂ  – un record. Sera-t-il battu Ă  Paris ? Le ComitĂ© vise quatre ou cinq mĂ©dailles, en gymnastique rythmique et artistique, en judo et en voile – Ă  la clĂ© : un million de shekels net d’impĂŽt offert aux mĂ©daillĂ©s d’or –, avec peut-ĂȘtre de bonnes surprises du cĂŽtĂ© de l’athlĂ©tisme et de l’escrime.

Si le bilan reste mitigĂ©, IsraĂ«l connaĂźt plus de succĂšs aux Jeux Paralympiques d’étĂ© auxquels il participe depuis leur premiĂšre Ă©dition en 1960 Ă  Rome : il y a gagnĂ© 380 mĂ©dailles, dont 124 mĂ©dailles d'or. Les plus titrĂ©s sont Zipora Rubin-Rosenbaum, 21 mĂ©dailles entre 1964 et 1988, dont 11 mĂ©dailles d'or, en lancer de javelot, de disque et de poids, et le nageur Uri Bergman, 12 mĂ©dailles de 1976 Ă  1988, dont 11 mĂ©dailles d'or. Et vous ne le saviez peut-ĂȘtre pas, mais IsraĂ«l a Ă©tĂ© le pays hĂŽte des Jeux Paralympiques d'Ă©tĂ© de 1968 Ă  Tel Aviv, oĂč il a Ă©tĂ© classĂ© troisiĂšme.

Se peut-il qu’un jour IsraĂ«l accueille les J.O. ?

Deux personnalités du mouvement sportif et olympique allemand, Richard Meng, président de l'association olympique

allemande, et Frank Kowalski, l'organisateur des Championnats d'Europe d'athlĂ©tisme, l’ont envisagĂ© pour 2036, cent ans aprĂšs les Jeux de Berlin sous la propagande nazie. Le symbole, disent-ils, serait extrĂȘmement fort et communiquerait un message de paix et de rĂ©conciliation. Le ComitĂ© olympique israĂ©lien y serait plutĂŽt favorable, mais rien n'a Ă©tĂ© officiellement dĂ©cidĂ© pour le moment et l'on parle aussi des Jeux de 2048. D’aprĂšs les experts, il faudrait auparavant renforcer les infrastructures du pays et surtout qu'il y ait au moins vingt ans de paix entre IsraĂ«l et les Palestiniens. Cela nous laisse quatre ans, et ça, ce n’est pas gagnĂ© !


La premiÚre apparition des Israéliens aux J.O. 2024 sera le 24 juillet, deux jours avant la

cĂ©rĂ©monie d’ouverture, dans le cadre du tournoi masculin de football qui les opposera au Mali sur la pelouse du Parc des Princes – une rencontre qui sera surveillĂ©e de trĂšs prĂšs par le ministĂšre de l’IntĂ©rieur. En effet, bien que le Mali ne soit pas un pays hostile, Bamako a coupĂ© tout contact avec IsraĂ«l aprĂšs la guerre de Kippour ; les relations entre les deux pays n’ont rien d’amical, et dans le contexte actuel la vigilance s’impose.

Ces J.O. Ă  Paris, pour l’État hĂ©breu, sont bien plus qu’une compĂ©tition : c’est aussi montrer la rĂ©silience d’IsraĂ«l face Ă  l’adversitĂ©. Peu importe le nombre de mĂ©dailles qui seront remportĂ©es, voir le drapeau bleu et blanc flotter haut et fier pendant la cĂ©rĂ©monie d’ouverture vaut tout l’or du monde. n

Le prĂ©sident israĂ©lien, Itzhak Herzog, a reçu la dĂ©lĂ©gation olympique Ă  sa rĂ©sidence le 19 juin dernier. À ses cĂŽtĂ©s, le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar (Ă  droite du prĂ©sident sur la photo), et la prĂ©sidente du ComitĂ© olympique israĂ©lien, Yael Arad (deuxiĂšme Ă  la gauche du prĂ©sident sur la photo).
© Oren Ben Hakoon/Flash90

CHERS LECTEURS ET LECTRICES FRANCOPHONES, FIDÈLES D’ACTUALITÉ JUIVE ET D’AJ MAG,

PionniĂšre de la renaissance des Jeux antiques voilĂ  plus d’un siĂšcle, la France accueillera Ă  la fin de ce mois les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Les yeux du monde entier se tourneront vers l'Hexagone et ses Outre-mer pour cĂ©lĂ©brer cet Ă©vĂ©nement historique : 200 pays, 400 Ă©preuves, 10 millions de visiteurs, 4 milliards de tĂ©lĂ©spectateurs !

Cette XXXIIIe Olympiade sera l’occasion de cĂ©lĂ©brer le sport et ses valeurs les plus fondamentales : la diversitĂ©, la tolĂ©rance, la coopĂ©ration. Elle tĂ©moignera de l’engagement de la France Ă  bĂątir un monde plus inclusif, avec 350 000 visiteurs en situation de handicap attendus, et plus durable, Ă  travers une empreinte carbone rĂ©duite de moitiĂ©.

Je sais combien le contexte en IsraĂ«l demeure difficile. À la douleur du deuil s’ajoutent l’angoisse sur le sort des otages, parmi lesquels nos deux compatriotes Ofer Kalderon et Ohad Yahalomi, et l’inquiĂ©tude face au spectre d’une guerre Ă  la frontiĂšre nord. Mais je mesure aussi l’extraordinaire rĂ©silience du peuple israĂ©lien, qui pourra compter sur ses athlĂštes et parathlĂštes pour porter haut les couleurs d’IsraĂ«l Ă  Paris et faire front contre les tragiques rĂ©surgences de l’antisĂ©mitisme.

C’est dans cet esprit d’unitĂ© et de fraternitĂ© que mes Ă©quipes et moi avons souhaitĂ© faire vivre ces Jeux jusqu’en IsraĂ«l : exposition itinĂ©rante, cycle cinĂ©matographique, dĂ©couverte des nouvelles disciplines sportives, jeu de piste ludique au cƓur de Tel Aviv
 Une programmation exceptionnelle dont le point d’orgue sera la retransmission de la cĂ©rĂ©monie d’ouverture des Jeux, un spectacle unique qui se dĂ©roulera sur la Seine et ses rives. Alors rejoignez-nous nombreux le 26 juillet prochain Ă  l’Institut Français de Tel Aviv pour applaudir nos athlĂštes de France et d’IsraĂ«l

Frédéric JournÚs

Ambassadeur de France en Israël

Chalia'h

L'Ă©tĂ© est lĂ , c'est la saison de l’ Alya Cette annĂ©e, plus que les autres, on nous annonce que des milliers et des milliers d’ olim de France vont monter en IsraĂ«l, Ă  cause de l'antisĂ©mitisme galopant et grĂące Ă  un Ă©lan de solidaritĂ© qui entraĂźne chez beaucoup la volontĂ© de devenir acteur de l'avenir d'IsraĂ«l, plutĂŽt que de rester spectateur assis au fond de la salle. Pourtant, mĂȘme si des olim arrivent, on est encore loin du potentiel rĂ©el d’au moins 50 000 Juifs de France qui pourraient nous rejoindre. Qu'attendentils ? Pourquoi ne viennent-ils pas en masse ? Et surtout, quel est notre rĂŽle Ă  nous, olim de France en IsraĂ«l, pour que des dizaines de milliers de nos frĂšres et sƓurs nous rejoignent ? La rĂ©ponse Ă  cette question dĂ©pend de chacun d'entre nous. Si chaque olĂ© de France en IsraĂ«l dĂ©cidait de prendre sur lui de convaincre puis d'accompagner une seule famille qui vit en France, des dizaines de milliers d' olim nous rejoindraient. Pour cela, il faut ne pas juger et nous devons arrĂȘter de nous dire : « Oui mais nous, nous n'avons rien reçu. » D'abord, parce que ce n'est pas vrai ; et surtout parce que pour amener des Juifs en IsraĂ«l, il faut, comme MoĂŻse, ĂȘtre prĂȘt Ă  les aider sans trop les juger ni leur

faire la morale. Pour ceux qui le souhaitent, nous vous aiderons Ă  trouver les bons arguments. Nous vous formerons afin que vous ayez tous les Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse Ă  donner aux Juifs de France qui posent des questions sur leur avenir en IsraĂ«l et qui en poseront encore une fois prĂ©sents sur notre terre. Alors que nous avons parcouru une fois de plus, lors de la lecture hebdomadaire de la Torah, le douloureux Ă©pisode des explorateurs, c’est Ă  nous, hommes et femmes issus du peuple, de prendre le leadership. Ce n'est pas seulement le travail de l'Agence Juive, du ministĂšre de l’ Alya et de l'IntĂ©gration, des MunicipalitĂ©s ou de Qualita. C’est Ă  chacun et chacune de se dire qu'il peut et qu'il doit faire ce travail, en amenant au moins une famille. Chacun, chacune peut et doit ĂȘtre un chalia'h . D’aprĂšs la tradition, 80 % des Juifs ne sont pas sortis d'Égypte, malgrĂ© les miracles. Aujourd'hui, c'est Ă  nous de nous associer Ă  Dieu afin que le maximum de Juifs de France puissent nous rejoindre. Contactez-nous pour faire partie de l'aventure et faire venir le maximum de Juifs de France en IsraĂ«l ! n

Ariel Kandel : Arielk@qualita.org.il

Une jeune maman et son bébé, olim de France, à leur arrivée en Israël

DOSSIER Les trésors de la campagne israélienne

SOMMAIRE

n PARDES HANNA-KARKUR

n GUIVAT ADA ET BINYAMINA

n ZIKHRON YAAKOV

n CÉSARÉE

n C’EST UNE MAISON
 EN NOIR ET BLANC !

n GALIT WEISS : L'ARTISANAT

D’ART AU BOUT DES DOIGTS

n KEDEM : UNE COMMUNAUTÉ FÉMININE ET SOLIDAIRE

n YVES ANANE, LE TALENT ET LE TRAUMA

DOSSIER RÉALISÉ PAR EMMANUELLE ADDA

Parler de douceur de vivre et de qualitĂ© de vie en IsraĂ«l en ce moment peut paraĂźtre paradoxal, voire un peu choquant. Pourtant, mĂȘme en temps de guerre, il y des coins, dans notre pays, oĂč il fait bon vivre. Non loin du centre du pays, en allant vers le Nord, avant d’arriver en Basse GalilĂ©e, une magnifique rĂ©gion mĂ©rite d’ĂȘtre connue. Pour la dĂ©couvrir vraiment, il faut prendre le temps de visiter quatre petites villes toutes liĂ©es Ă  un mĂȘme homme : le baron Edmond Benjamin James de Rothschild : Pardes Hanna, Binyamina, Zikhron Yaakov et CĂ©sarĂ©e.

Entre la mer et la montagne, on y rencontre le vrai terroir israélien, avec ses vins et ses fromages, ses vergers et ses mochavim, son patrimoine historique, ses thérapeutes, ses artistes et ses artisans qui apaisent un peu les souffrances de la guerre.

Pardes Hanna-Karkur

Àune heure de train de Tel Aviv en direction de HaĂŻfa, le premier arrĂȘt est la station « CĂ©sarĂ©e-Pardes Hanna ». En sortant de cette petite gare aux palmiers verdoyants, vous serez interpellĂ©s par une stĂšle en pierre posĂ©e juste en face, sur laquelle il est Ă©crit en français : « Square Victor Mirkin » (photo ci-contre). Ce hĂ©ros juif de l’armĂ©e française a fait partie des 1038 hommes et femmes Ă  avoir reçu la mĂ©daille de l’Ordre de la LibĂ©ration ; son nom est inscrit au MusĂ©e des combattants juifs de Latroun. Le baron de Rothschild lui avait confiĂ© la charge de la PICA (Palestine Jewish Colonization Association) pour dĂ©velopper les implantations juives en Terre d’IsraĂ«l. Cette stĂšle Ă  la descente du train a le mĂ©rite de nous faire dĂ©couvrir l’histoire de ce Juif français qui a donc eu pour mission de dĂ©velopper la rĂ©gion pour les nouveaux immigrants arrivant de Hongrie. Ses descendants habitent aujourd’hui en IsraĂ«l.

de « bains glacĂ©s », des ateliers » (marcher pieds nus) ou encore de sylvothĂ©rapie (se relier aux arbres), qui attirent un public trĂšs nombreux dĂ©sireux de profiter de la sĂ©rĂ©nitĂ© ambiante. Son aura de « village New Age » tendrait Ă  laisser croire qu’on y prĂŽne l’amour libre ; pourtant, la plus cĂ©lĂšbre « matchdating » orthodoxe du pays, Aleeza Ben Shalom, devenue cĂ©lĂšbre grĂące Ă  un programme sur Netflix, y vit et reçoit des candidats au mariage venant de tout le pays – et mĂȘme de l’étranger.

travailler la terre. On l’a appelĂ©e Pardes Hanna, « le verger de Hanna », en hommage Ă  la petitefille de Nathan de Rothschild. Les agriculteurs de la rĂ©gion ont Ă©tĂ© Ă  l'origine de la fondation d’un lycĂ©e agricole qui fut le premier Ă  offrir un programme complet d'Ă©tudes universitaires dans ce domaine. Cet Ă©tablissement fait la fiertĂ© de la ville ; et la prĂ©sence des Ă©tudiants, venus parfois de rĂ©gions Ă©loignĂ©es pour recevoir l'enseignement spĂ©cifique qui y est offert, apporte un grand dynamisme.

En photo : une création de Galit Weiss (voir article page 23)

Pardes Hanna a la rĂ©putation d’attirer des habitants qui sont pour la plupart des artistes, des thĂ©rapeutes, des crĂ©ateurs, des personnes en quĂȘte de spiritualitĂ© et de libertĂ©, prĂŽnant une vie alternative dans les domaines de la santĂ© et de l’éducation, une vie plus proche de la nature et les uns des autres. Y foisonnent des ateliers de yoga et de mĂ©ditation en pleine conscience, des soins au moyen de bols tibĂ©tains ou

L’étude de la Torah n’est pas en reste : de nombreux cours ont lieu chaque jour, un grand kabbaliste – voulant rester anonyme – y vit depuis des annĂ©es et les plus grands rabbins du pays viennent lui demander des bĂ©nĂ©dictions. Le petit-fils du rav LĂ©on AskĂ©nazi (Manitou), bien connu de la communautĂ© francophone, ItaĂŻ AskĂ©nazi, y est installĂ© et il « coache » des hommes selon la mĂ©thode Yemima.

Peu de villes en Israël ont eu droit à une chanson ! Pardes HannaKarkur a été chantée par deux célébrités : Ehud Banai et Hanan

Ben Ari qui, lui, a Ă©galement choisi d’y vivre avec sa famille.

L’histoire de cette ville situĂ©e dans le district de HaĂŻfa commence en 1929, avec quelques dizaines d’immigrants devenus pionniers qui y ont Ă©tĂ© installĂ©s pour

La balade dans les vergers d’orangers, de pamplemoussiers et de citronniers est magnifique, et les parfums qui s’en dĂ©gagent ont influencĂ©, en 1985, le jumelage de cette toute petite ville avec la capitale des senteurs en France : Grasse.

Voici quelques incontournables de Pardes Hanna, devenue aujourd'hui une petite localitĂ© « branchĂ©e » tendance hypster extrĂȘmement attractive :

OURVOT HAAMANIM « LES ÉCURIES DES ARTISTES »

Un quartier d'artistes et d'artisans qui ont créé ensemble un lieu de culture et de loisirs. Dans une atmosphÚre pleine de charme, des échoppes et des restaurants de différents styles se cÎtoient : vintage, moderne, antique. Goûtez absolument aux chocolats de Chocolala de Laeticia Ramet, qui a fait son Alya de Lyon avec sa famille il y a sept ans. lll

lll C’est « l’ambiance Woodstock » du lieu qui les a attirĂ©s Ă  Pardes Hanna, elle et son mari. Elle y tient une boutique dĂ©gustation, oĂč elle organise aussi des ateliers chocolatĂ©s. Sous les arcades, n’hĂ©sitez pas Ă  rentrer dans la boutique Or HaOtiot (LumiĂšre des lettres) du scribe YaĂŻr Suissa qui dĂ©cline Ă  l’infini versets des psaumes et bĂ©nĂ©dictions sur des parchemins encadrĂ©s.

HABOUSTAN CHEL SABA YOSSI

« LE JARDIN DE GRAND-PÈRE YOSSI »

C'est le rendez-vous incontournable du vendredi matin. Sur des hectares de vergers, Yossi et sa fille ont installĂ© une tente gĂ©ante qui accueille les artisans et les agriculteurs de la rĂ©gion. Des dizaines de stands vous attendent, avec des tables dĂ©bordant de gĂąteaux, de pains originaux, de fleurs, de fruits et de lĂ©gumes pour accueillir le chabbat. Des food trucks proposent de manger sur place. L’atmosphĂšre est festive et dĂ©jeuner Ă  l’ombre d’un oranger est un vrai plaisir. Attention : allez-y tĂŽt le matin, car vers midi c’est bondĂ© !

En matiĂšre de gastronomie, nombreux sont les restaurant prisĂ©s Ă  Pardes Hanna ; il est mĂȘme possible de faire un tour guidĂ© dans les meilleures cuisines de la ville. Mais nous n’en retiendrons que deux avec une attestation de cacherout : HaSoulam , restaurant 'halavi oĂč il fait bon dĂ©jeuner ou dĂźner sous la tonnelle, et HaMezave , bassari , qui propose des sandwichs Ă  la viande

et à la charcuterie fumée, comme à New York. n

Haut la sylvothérapie (se relier aux arbres) attire un public désireux de profiter de la sérénité ambiante.

Bas : HaBoustan chel Saba Yossi, « le jardin de grand-pÚre Yossi »

EGuivat Ada et Binyamina

n quittant Pardes Hanna par la rue HaNadiv, la plus grande artĂšre de la ville, on remonte vers le nord en direction de Binyamina et Guivat Ada. Ces deux petites villes ont Ă©tĂ© fondĂ©es en 1903 et en 1922, et depuis 2003 elles sont rĂ©unies en une seule agglomĂ©ration. Binyamina a Ă©tĂ© nommĂ©e ainsi en l'honneur du baron Edmond James Benjamin de Rothschild, le grand philanthrope qui a soutenu l'installation des Juifs en Palestine ; et c’est en hommage Ă  Ada, diminutif du prĂ©nom de la femme du baron de Rothschild, AdĂ©laĂŻde, que l’on a baptisĂ© Guivat Ada, « la colline de Ada ».

Au cƓur de Binyamina, le Parc Jabotinsky, qui renferme une ancienne forteresse ottomane implantĂ©e dans ce qui fut des thermes romains, comprend une aire de loisirs pour les familles, ainsi qu'un musĂ©e consacrĂ© au sculpteur franco-israĂ©lien Achiam.

Petite ville tranquille oĂč tout le monde se connaĂźt ou presque, Ă  Binyamina on ne trouve pas de ces grandes tours qui parsĂšment le littoral, mais de belles maisons et cottages avec jardins y poussent comme des champignons, Ă  des prix encore attractifs. Un hub technologique avec de nombreuses start-ups s’y est installĂ© et a attirĂ© de nombreux jeunes couples d’ingĂ©nieurs qui ont trouvĂ© sur place une qualitĂ© de vie, de bonnes Ă©coles et des logements agrĂ©ables. MalgrĂ© la situation sĂ©curitaire, le prix de l’immobilier de la rĂ©gion ne fait que monter. Le calme et la tranquillitĂ© sont devenus un luxe. Binyamina est rĂ©putĂ©e pour sa

Si vous aimez le vin, arrĂȘtez-vous dans les deux cĂ©lĂšbres caves de la rĂ©gion, qui proposent dĂ©gustation de vins et restaurants.

Le Domaine Binyamina a Ă©tĂ© fondĂ© en 1952 par Joseph Zeltzer, un immigrant de Hongrie qui, initialement, a nommĂ© le domaine Eliaz, en hommage Ă  son fils tombĂ© au combat pendant la guerre d’IndĂ©pendance d’IsraĂ«l en 1948. Le domaine Binyamina a vĂ©cu de nombreuses transformations depuis sa crĂ©ation et produit aujourd’hui 2,8 millions de bouteilles de vin par an.

production de vin et de miel. Des plans ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s pour construire un parc viticole qui va bientĂŽt ouvrir ses portes sur les flancs des collines entre Binyamina et Zikhron Yaakov, afin de promouvoir l'Ɠnotourisme en IsraĂ«l.

La Cave Tishbi, qui produit aujourd’hui un million de bouteilles par an, a Ă©tĂ© fondĂ©e par Yonathan Tishbi en 1985. En 1882, Michael et Malka Chamiletzki mirent le pied Ă  Zikhron Yaakov aprĂšs avoir Ă©migrĂ© de Lituanie. Michael fut choisi par le baron de Rothschild pour planter des vignes dans la rĂ©gion, et c'est Ă  partir de ce jour que commença l’harmonieuse et profonde relation entre la famille, la terre et le vignoble. lll

Le baron Edmond James Benjamin de Rothschild

lll En 1925, la famille accueillit le poĂšte HaĂŻm Nahman Bialik. Pour les remercier de leur chaleureuse hospitalitĂ©, c’est lui qui leur proposa d'adopter le nom « Tishbi » – l'acronyme de

« Tochav Shefaya B'Eretz IsraĂ«l » (« RĂ©sident de Shefaya en Terre d’IsraĂ«l »).

Amphithéùtre de Binyamina : le Zappa Amphi Shuni (aussi appelé

le Jabotinsky Park Shuni) propose des concerts en pleine nature. Tous les artistes du pays aiment venir s’y produire car le public de la rĂ©gion est toujours au rendezvous. n

Zikhron Yaakov

Nous quittons Binyamina pour trouver quelques kilomĂštres plus loin, sur les hauteurs, Zikhron Yaakov, le fleuron « provençal » de la rĂ©gion, avec sa vue sur la mer et la montagne, ses magnifiques vignobles et son vin exceptionnel. NommĂ©e Ă  la mĂ©moire du pĂšre du baron Edmond de Rothschild, Zikhron Yaakov est un vrai joyau au cƓur du terroir israĂ©lien.

Tout, ici, rappelle la famille Rothschild qui a permis l’installation du premier yichouv et des premiers vignobles de la rĂ©gion. Créée en 1882 par des membres des Amants de Sion, Zikhron Yaakov fut la troisiĂšme localitĂ© juive fondĂ©e lors de la PremiĂšre Alya. Le baron Edmond de Rothschild mit le village sous son aile en y offrant Ă  chacun des agriculteurs une somme

tout son charme. MĂȘme rĂ©novĂ©es, les maisons, avec leurs volets en bois et leurs toits recouverts de tuiles, ainsi que les rues avec leurs rĂ©verbĂšres d'Ă©poque, dĂ©gagent encore l’histoire de la ville. On peut voir l'amĂ©nagement pratiquĂ© dans les cours intĂ©rieures des bĂątisses, oĂč dĂ©sormais de nombreuses boutiques se sont installĂ©es. Ce site historique et touristique est trĂšs prisĂ© par les IsraĂ©liens qui y viennent nombreux les fins de semaine pour se dĂ©payser. Voici quelques bonnes adresses qui valent le dĂ©tour :

gentillesse que vous aurez vite oubliĂ© les restaurants de Tel Aviv. L’aubergiste vous propose aussi une chambre sur place si vous avez envie d’y rester pour la nuit.

d'argent, et il fit transformer les terres alentour en zones agricoles. La culture des vignes devint bientÎt l'activité économique la plus importante. Edmond de Rothschild tint aussi à faire construire au centre de la ville une synagogue, appelée Ohel Yaacov, toujours en souvenir de son pÚre Jacob ; elle fut inaugurée en 1886. Il faut visiter à pied le centre-ville de Zikhron Yaakov, qui a gardé

Aunt Berta : si vous aimez les confitures 100 % naturelles, les compotes, les biscuits et le bon pain, ne manquez pas cette boutique fondĂ©e en 1963 par une communautĂ© chrĂ©tienne sioniste souhaitant soutenir l’implantation juive dans la rĂ©gion.

Baronita : il y a de nombreux trĂšs bons restaurants Ă  Zikhron mais celui-ci est particulier car la maison et le patio sont si jolis et agrĂ©ables que l’on ne peut que s’y sentir bien. Ayelet est en cuisine et son mari vous reçoit avec une telle

Ramat HaNadiv : Ce parc naturel, qui s'Ă©tend sur 450 hectares de verdure et de fleurs, abrite les sĂ©pultures du baron Edmond de Rothschild et de son Ă©pouse la baronne AdĂ©laĂŻde de Rothschild. Ces jardins ont Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©s en hommage au rĂŽle primordial jouĂ© par le baron dans la mise en place de l'implantation juive en Terre d'IsraĂ«l – d'oĂč le surnom qui lui fut donnĂ© : « le gĂ©nĂ©reux ». De l'entrĂ©e du site partent cinq allĂ©es principales, en souvenir des cinq frĂšres Rothschild, fondateurs de la dynastie, et cinq jardins ont Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©s dans l'enceinte du parc : le Jardin des sculptures, surplombant la mer MĂ©diterranĂ©e, le Jardin des roses, joliment symĂ©trique, le Jardin des palmiers, donnant sur les montagnes de Samarie, le Jardin des senteurs, uniquement composĂ© de plantes odorantes et d’aromates, et le Jardin de

l'amphithéùtre oĂč, durant l'Ă©tĂ©, sont organisĂ©s des concerts de musique classique. Cette balade vous laissera un souvenir inoubliable.

La ferme HaNadiv : À l'entrĂ©e du Parc de Ramat HaNadiv se trouve une ferme magique qui fera le bonheur des enfants : une ferme agricole expĂ©rimentale pour toute la famille, oĂč l'on peut passer du temps Ă  jouer avec les enfants en plein air, dĂ©guster des fruits et des lĂ©gumes que l’on cueille soi-mĂȘme, aider le personnel de la ferme Ă  s'occuper des serres, caresser et nourrir les animaux de la ferme, crĂ©er des Ɠuvres surprenantes et profiter de la nature.

En descendant de Zikhron Yaakov vers le bord de mer, on ne manquera pas les plages de sable blanc et les criques peu connues des touristes que sont 'Hof HaBonim, oĂč le camping est autorisĂ©, Na'hsholim, la crique sauvage du kibboutz du mĂȘme nom, 'Hof Dor et la rĂ©serve naturelle de Maagan Michael. n

© israeltourism from Israel
Gauche : les jardins du parc naturel de Ramat HaNadiv avec au centre la cĂ©lĂšbre fontaine Bas les Ă©tangs oĂč se cĂŽtoient des poissons aux couleurs merveilleuses

Césarée

La derniĂšre Ă©tape de ce pĂ©riple, qui bouclera la boucle des petites villes du baron de Rothschild, sera CĂ©sarĂ©e (KĂ©ssaria, en hĂ©breu), qui ne fut pas nommĂ©e en hommage Ă  la famille Rothschild mais d’aprĂšs l’empereur Auguste CĂ©sar. CĂ©sarĂ©e est un Ăźlot rĂ©sidentiel de luxe qui fait rĂȘver par le charme de sa nature, ses palmiers et ses lauriers roses, mais surtout par la beautĂ© de ses villas. Ne manquez pas son club de golf, son musĂ©e, et bien sĂ»r son port avec son amphithéùtre historique. Beaucoup de cĂ©lĂ©britĂ©s ont leur rĂ©sidence Ă  CĂ©sarĂ©e, comme le Premier ministre de l’État d’IsraĂ«l, Benyamin Netanyahou.

CĂ©sarĂ©e dĂ©veloppe aujourd’hui sa zone industrielle dĂ©diĂ©e Ă  la tech mĂ©dicale, mais elle aussi ouvre son littoral Ă  de nouvelles constructions d’immeubles en bord de mer. Prochainement, une marina verra accoster de nombreux yachts et bateaux de luxe. Si l’on pousse encore un peu plus loin, coincĂ© entre CĂ©sarĂ©e la belle et la rĂ©serve sauvage de Maagan Michael, on aura la surprise de dĂ©couvrir un tout petit village de pĂȘcheurs arabes israĂ©liens : Jisr Al Zarqa, avec sur la plage son authentique restaurant de poisson (non cacher), bien connu des guides touristiques.

Les musts de Césarée :

Commencer par un brunch au Mariposa, le cafĂ© branchĂ© du club de golf de CĂ©sarĂ©e. Boire son cafĂ© sur un green ne peut se faire qu’ici.

l'aqueduc et la plage de Césarée

Aller se promener dans les jardins du Musée Ralli de Césarée. Il fait partie des cinq musées Ralli dans le monde, une institution fondée par Harry Recanati (1918-2011).

Les deux principaux objectifs de ces musées est de diffuser l'art contemporain latino-américain, et de garder vivante la mémoire des Juifs expulsés d'Espagne et du Portugal pendant l'Inquisition,

ainsi que celle de la communauté juive de Thessalonique, presque entiÚrement exterminée pendant la Shoah.

Apres s’ĂȘtre baignĂ© sur la plage de l’aqueduc ou au Beach Club sur le port, il faut aller dĂźner devant la mer au restaurant bassari HaTzalbanim. Viandes et poissons y sont prĂ©parĂ©s avec raffinement, et le bruit des vagues rendra votre dĂźner trĂšs romantique.

Les touristes francophones ne s’aventurent pas beaucoup dans cette rĂ©gion que les IsraĂ©liens, eux, apprĂ©cient Ă©normĂ©ment, et encore moins les nouveaux immigrants. Pourtant, elle offre bien des avantages et rĂ©serve de belles surprises. Le cadre de vie y est paisible, loin de la fureur urbaine. Toutes ces villes sont rapidement desservies par le train et le prix de l’immobilier y est encore abordable (Ă  l’exception de CĂ©sarĂ©e). Les petites villes alentour, comme Or Akiva ou Or Yam, qui sont Ă  quelques minutes de la plage, se dĂ©veloppent trĂšs vite et attirent les jeunes couples, car elles prĂ©sentent de nombreuses commoditĂ©s et les loyers y sont modĂ©rĂ©s.

Gary Lawrence, un homme d’affaires immigrĂ© d’Écosse il y a plus de vingt ans, est tombĂ© amoureux de la rĂ©gion et a choisi de devenir agent immobilier afin

d'aider ceux qui arrivent Ă  trouver la maison de leurs rĂȘves pour y poser leurs valises. « C’est ma mission en IsraĂ«l », dit-il. Il aime rencontrer des gens et il aime les belles maisons. Lorsqu’on lui parle d’Alya, il explique qu’il peut aussi bien trouver un appartement de quatre piĂšces avec terrasse Ă  Or Yam pour un jeune couple avec enfants pour un budget de 450 000 euros, ou 1200 euros par mois en location, qu’une villa avec jardin et vue sur mer Ă  2 millions d’euros Ă  Zikhron Yaakov. Il y a des biens pour tous les budgets et il y a encore de la place pour construire. Le baron de Rothschild serait fier de voir ce que sont aujourd’hui devenues ces villes qu’il a créées en y insufflant son gĂ©nie et son Ăąme. Pardes Hanna, Binyamina, Zikhron Yaakov, CĂ©sarĂ©e et tous les mochavim qui les entourent offrent un cadre de vie paisible et des paysages Ă©poustouflants. La nature y est trĂšs belle, les plages encore un peu sauvages, la population est accueillante et chaleureuse, le marchĂ© de l’emploi est dynamique. Les vins et les fromages sont dĂ©licieux, les loisirs et la culture ne sont pas en reste, nombre de festivals et autres concerts y Ă©tant organisĂ©s tout au long de l’annĂ©e. Et puis surtout, il y fait bon vivre, mĂȘme quand, malheureusement, au loin grondent les canons.

Ein lanou Eretz A'hereth n

Ci-dessus : le musée du parc national de Césarée. Ci-dessous :
Le golf de Césarée accueille les débutants comme les professionnels qui s'affrontent lors de championnats de renommée internationale.

DOSSIER

C’est une maison bleue
 Non, pardon, c’est une maison en noir et blanc !

En plein cƓur de la ville de Pardes Hanna, j’ai dĂ©couvert une galerie qui sort de l’ordinaire. Tenue par trois artistes, elle s’appelle « HaMosad : au-delĂ  des lignes ». Le concept est simple, et pourtant dĂ©routant par sa crĂ©ativitĂ©. Sur trois Ă©tages, toutes les lignes de la maison, des murs, des fenĂȘtres, de la cheminĂ©e, de la cuisine, de l’escalier sont peintes en noir. Lorsque l’on franchit le seuil de la maison, on croit ĂȘtre Ă  l’intĂ©rieur d’une Ɠuvre graphique, voire d’une bande dessinĂ©e. Charu, Daphna et Effy y ont implantĂ© leur studio de crĂ©ation : vĂȘtements, objets, tissages, bijoux sont prĂ©sentĂ©s Ă  chaque Ă©tage de cette incroyable maison. On est surpris dans chaque coin, par chaque dĂ©tail, du sol au plafond. Les artistes reçoivent les visiteurs tous les jours et dans leur grand jardin elles vous invitent Ă  boire un cafĂ© dans une tasse faite maison – noire et blanche, bien sĂ»r !

Galit Weiss : l'artisanat d’art au bout des doigts

Galit est fine et longue comme les brins d’herbes qu’elle dessine Ă  l’infini sur ses crĂ©ations. CĂ©ramiste, son studio attenant Ă  sa maison de Pardes Hanna est connu de tous. PĂ©trir, malaxer, arrondir, modeler, peindre, sĂ©cher, cuire : tout un savoir-faire, qu’elle a appris et peaufinĂ© en plus de vingt ans de travail passionnĂ©.

Les motifs de ses collections – vases, pots, tasses, assiettes
 – sont essentiellement inspirĂ©s de la nature : rameaux d’olivier, coquelicots, fleurs, verdure, dans une variĂ©tĂ© de couleurs et de formes qui trouveront leur place dans votre cuisine et sur votre table. La fabrication artisanale rĂ©vĂšle des nuances de couleurs et de formes d'une piĂšce Ă  l'autre, les rendant ainsi parfaitement uniques.

Galit est présente deux fois par semaine sur le célÚbre marché artisanal de Na'halat Benyamin à Tel Aviv ainsi que dans certaines boutiques. Une fois par an, lors du Festival des artistes de Pardes Hanna, elle ouvre son studio au public.

HaMosad
131 rehov HaDekalim, Pardes Hanna Facebook : Hamosad
Une création artisanale 100 % israélienne !

KEDEM : une communauté féminine et solidaire

Ce sont des femmes et des thĂ©rapeutes, habitantes de Pardes Hanna : Nathalie, Anath, Shlomit, Tamar et Yuli ont créé ensemble un espace de ressourcement pour les femmes oĂč chacune peut retrouver la force de vie qu’elle a au fond d’elle-mĂȘme mais qu’elle a perdue ou oubliĂ©e. Elles sont convalescentes aprĂšs une maladie grave (cancer ou autre), un accouchement difficile, un deuil. Kedem leur offre un espace oĂč elles peuvent recevoir des traitements holistiques uniques en leurs genres. Plusieurs mĂ©thodes y sont pratiquĂ©es, comme l’acupuncture, le massage, le travail sur le souffle, les fleurs de Bach, les bains de glace
 Je les ai rencontrĂ©es lors d’une cession de groupe oĂč elles m’ont invitĂ©e. Elles m’ont garanti que le soir mĂȘme je dormirais mieux et sans angoisse. AprĂšs deux heures de diffĂ©rents mouvements, de mĂ©ditations, de respirations profondes, d’écoute d’ondes alpha, d’automassages et d’acupuncture, j’avoue que je me suis sentie dĂ©tendue ; et depuis, j'y retourne chaque semaine. Ce qui m’a impressionnĂ©e, c’est surtout leur capacitĂ© de don et d’empathie, et leur douceur – cette douceur qui nous manque tant dans la pĂ©riode si violente que nous traversons. Depuis le 7 octobre, les thĂ©rapeutes de Kedem se sont concentrĂ©es sur les femmes dont les maris soldats sont au front depuis plusieurs mois, ainsi que sur celles qui ont perdu leur mari, leur frĂšre ou leur fils dans la guerre et qui sont en deuil. Elles accueillent Ă©galement avec chaleur et gĂ©nĂ©rositĂ© les familles dĂ©placĂ©es du Nord et du Sud. Devant le succĂšs de leurs soins et de leurs accompagnements, les femmes de Kedem ont créé un lieu d’accueil, un « gampling » thĂ©rapeutique qui est devenu un vrai cocon chaleureux pour les femmes israĂ©liennes en souffrance.

https://amuta.kedemerape.co.il/

Yves Anane, le talent et le trauma

Un jour, sur Facebook, dans un groupe de Pardes Hanna, Yves

Anane demande une recette traditionnelle marocaine. C’est ainsi que je dĂ©couvre qu’il parle français, et qu’il publie de nombreuses photos de peintures, de sculptures et de dessins Ă  l’encre de Chine. J’ose alors le contacter pour lui demander s’il a une galerie oĂč l’on peut voir ses Ɠuvres. Yves, trĂšs chaleureux, me propose de venir lui rendre visite dans son atelier. Je suis bluffĂ©e ! Sculptures, cĂ©ramiques, peintures, encres de chine, aquarelles sont exposĂ©es sur deux Ă©tages dans un atelier baignĂ© de lumiĂšre. Le contact est simple et naturel, la conversation s’engage immĂ©diatement


AJ MAG : Yves, quand ĂȘtes-vous arrivĂ© en IsraĂ«l ? Quel a Ă©tĂ© est votre parcours ?

Yves Anane : Nous sommes originaires de Besançon. Petit, j’étais en Ă©chec scolaire, et aprĂšs le BEPC j’ai dĂ» redoubler une classe. Mais j’étais bon en dessin, alors j’ai postulĂ© Ă  l’École Boulle, Ă  Paris, et j’ai Ă©tĂ© acceptĂ© sans comprendre comment j’y Ă©tais arrivĂ©. J’ai appris l’architecture et le design industriel. AprĂšs mon diplĂŽme, Ă  l’ñge de 20 ans, en 1968, je suis montĂ© en IsraĂ«l avec toute ma famille. Notre rĂȘve Ă©tait de construire une maison : je l’ai fait. J’ai Ă©tudiĂ© le soleil et sa lumiĂšre, et j’ai dessinĂ© les plans. En 1982, la maison Ă©tait prĂȘte, mais je n’ai pas eu le temps d’y habiter que la guerre du Liban a Ă©clatĂ©. L’armĂ©e est venue me chercher au milieu de la nuit pour ĂȘtre combattant Golani. Je n’avais pas encore fait mon service militaire. Sans aucune prĂ©paration, ni « tironout » ni exercices militaires, sans mĂȘme savoir utiliser une arme, j’ai Ă©tĂ© envoyĂ© Ă  Beaufort, au Liban ; et lĂ , cela a Ă©tĂ© dramatique. lll

lll Les combats ont Ă©tĂ© trĂšs durs, j’ai vĂ©cu un traumatisme trĂšs fort ; et depuis ce moment-lĂ , depuis quarante ans, je suis toujours en souffrance. Avec le massacre du 7 octobre, tout s’est rĂ©veillĂ© en moi. J’ai reçu beaucoup d’aide, j’ai Ă©tĂ© traitĂ© avec toutes sortes de techniques ; j’ai tout essayĂ©, mais c’est sans fin. C’est compliquĂ© de vivre en post-trauma. Alors je peins, et ma douleur et mes peurs s’expriment.

Cela ne vous a pas empĂȘchĂ© de faire une trĂšs belle carriĂšre d’architecte en IsraĂ«l


En effet, j’ai montĂ© un gros cabinet d’architecture Ă  CĂ©sarĂ©e, qui m’a beaucoup occupĂ©. Puis j’ai enseignĂ© Ă  l’Institut Ruppin pendant treize ans. Mais aujourd’hui, je veux ĂȘtre libre et passer autant de temps que je veux dans mon atelier. J’ai construit Ă  Karkur cet immeuble dĂ©diĂ© aux artistes, qui renferme plusieurs ateliers d’artistes et un cafĂ© en bas. Depuis, je crĂ©e sans cesse. C’est ma thĂ©rapie. J’aime beaucoup

la sculpture et la cĂ©ramique, car alors ma tĂȘte s’arrĂȘte de travailler et ce sont les mains qui prennent le relais : ne plus penser, et crĂ©er. Écouter les nouvelles me fait du mal. J’ai créé une bulle autour de moi pour me protĂ©ger et je travaille le plus souvent possible. Je me dĂ©connecte et j’essaie de m’amuser comme un enfant. Je me dois de me faire plaisir et de me faire du bien.

Quand on entre dans votre studio, on est surpris de voir en plein milieu une cuisine qui occupe une grande place. Vous ĂȘtes gourmand ? J’aime cuisiner. C’est crĂ©atif – et en plus c’est bon ! Je fais des tajines, des tartes, des quiches
 J’ai dĂ©cidĂ© de me prĂ©senter Ă  l’émission Master Chef IsraĂ«l et j’ai Ă©tĂ© reçu ; je suis arrivĂ© jusqu’en quart de finale.

C’était une expĂ©rience intĂ©ressante. La gastronomie en IsraĂ«l aujourd’hui n’a rien Ă  envier aux autres pays. Nous allons souvent dĂ©couvrir de nouveau restaurants Ă  Tel Aviv et c’est incroyable de voir cette crĂ©ativitĂ© !

Pourquoi avoir choisi de vivre ici, Ă  Pardes Hanna ? Tout simplement parce que la ville de Besançon, dont nous sommes originaires, est jumelĂ©e avec Hadera qui est juste Ă  cĂŽtĂ© de Pardes Hanna. Et puis, lorsque je me suis installĂ© comme architecte, au dĂ©but, j’ai trouvĂ© un bureau Ă  Pardes Hanna, et depuis je n’ai pas bougĂ© de cette rĂ©gion. J’y ai construit ma propre maison et cet immeuble avec des ateliers, comme Ă  Paris. Pardes Hanna est une ville d’artistes, il y a une communautĂ© trĂšs ouverte, tout le monde se respecte et s’entend bien. Il y a tout ce qu’il faut ici : le fromager qui importe la tomme de France, le fromage que j’aime, le boulanger français Leaven chez qui je vais, qui m’invite dans son atelier et avec qui je fais des brioches, le marchĂ© bio, de trĂšs bons restaurants
 On s’y sent bien. n

Recommandations en cas de grosse chaleur

Un climat chaud et humide peut constituer un rĂ©el danger pour la santĂ© des populations Ă  risque, notamment les personnes ĂągĂ©es, les patients atteints de maladies chroniques, les femmes enceintes et les bĂ©bĂ©s. Il est important de dĂ©tecter les symptĂŽmes du « coup de chaud », prĂ©curseur de l’insolation.

LE COUP DE CHAUD

L’effet de la chaleur est progressif et il faut savoir distinguer les signes prĂ©curseurs pour rĂ©agir au plus vite. Le « coup de chaud » se dĂ©veloppe aprĂšs une exposition prolongĂ©e Ă  la chaleur. Les signes peuvent ĂȘtre nombreux : transpiration abondante, peau froide et humide, pĂąleur, vertiges et tendance Ă  s'Ă©vanouir, douleurs ou faiblesse musculaires, fatigue, maux de tĂȘte, nausĂ©es ou vomissements, pouls rapide et faible, respiration rapide. Le « coup de chaud » n’est pas dangereux, mais si la personne n’est pas prise en charge immĂ©diatement, il peut se transformer en insolation.

COMMENT RÉAGIR

EN CAS DE SYMPTÔMES ?

. Se reposer dans un endroit frais . Porter des vĂȘtements amples . Refroidir le corps (par exemple Ă  l’aide de serviettes mouillĂ©es)

. Rafraßchir la piÚce et boire de l'eau à petites gorgées

En l’absence d'amĂ©lioration, voire si l'Ă©tat gĂ©nĂ©ral s’aggrave (apparition de vomissements ou d’une confusion), il faut immĂ©diatement consulter un mĂ©decin.

IDENTIFIER L’INSOLATION

L’insolation peut causer des dommages au systĂšme nerveux et aux systĂšmes vitaux du corps, une invaliditĂ©, voire la mort. Les signes de l’insolation sont une tempĂ©rature corporelle supĂ©rieure Ă  39,5 °C, une peau rouge, chaude et sĂšche (pas de transpiration), un rythme cardiaque rapide, un fort mal de tĂȘte (avec pulsation cardiaque au niveau de la tĂȘte), des vertiges, des nausĂ©es, une confusion ou une perte de conscience.

LE TRAITEMENT DE L’INSOLATION

l Le premier rĂ©flexe doit ĂȘtre de se rendre aux urgences.

l Dans la mesure du possible, se déplacer dans un endroit frais et rafraßchir le corps avec des serviettes mouillées, mais ne pas boire. L'administration de liquides sera effectuée exclusivement par l'équipe médicale (par voie veineuse).

Vous trouverez les numĂ©ros d’urgence sur la page de SantĂ© IsraĂ«l, aussi bien pour les citoyens israĂ©liens que pour les touristes : https://www.sante.org.il/ numeros-de-telephone-utiles/

COMMENT

SE PROTÉGER DES DOMMAGES CAUSÉS PAR LA CHALEUR ?

Vérifiez les prévisions météorologiques. Renseignezvous sur la météo et préparez-vous en conséquence. Les conditions dangereuses sont les vagues de chaleur (température supérieure à 32,2 °C) et les fortes chaleurs humides (température supérieure à 30 °C avec un taux d'humidité supérieur à 70 %).

Évitez les dĂ©placements. En cas de forte chaleur, il est recommandĂ© de ne pas sortir si cela n’est pas nĂ©cessaire, en particulier aux heures les plus chaudes. Pendant ces plages horaires, planifiez plutĂŽt des activitĂ©s dans un lieu climatisĂ©. Si vous n’avez pas le choix et que vous devez sortir de chez vous, assurez-vous de respecter quelques mesures de protection appropriĂ©es, en vous munissant d’un chapeau, de lunettes de soleil, de vĂȘtements clairs, lĂ©gers et confortables, et d’une crĂšme solaire avec un indice de protection d'au moins 50 SPF. PrivilĂ©giez les sorties (courses, entraĂźnements sportifs, rencontres entre amis, etc.) tĂŽt le matin ou le soir.

Agissez aux heures les plus chaudes. La climatisation n’a pas

besoin d’ĂȘtre allumĂ©e toute la journĂ©e mais au moins aux heures critiques. Il est recommandĂ© de fermer les rideaux mais de garder une maison aĂ©rĂ©e. Il est conseillĂ© de prendre des douches fraĂźches, et de porter des vĂȘtements amples et lĂ©gers. Les ventilateurs peuvent soulager la sensation de chaleur, mais lorsque la tempĂ©rature dĂ©passe 35 °C ils sont incapables de rafraĂźchir le corps. Aux heures de forte chaleur, minimisez les efforts, rĂ©duisez les activitĂ©s physiques intenses et si possible reposez-vous dans un endroit frais.

Adaptez vos habitudes alimentaires. Il est recommandĂ© de boire de huit Ă  dix verres d’eau par jour, mĂȘme sans sensation de soif. La consommation de boissons

sucrĂ©es, contenant de la cafĂ©ine ou de l'alcool peut provoquer une dĂ©shydratation accĂ©lĂ©rĂ©e du corps et une soif accrue. Il faut privilĂ©gier l’eau, ainsi que des repas lĂ©gers et Ă©quilibrĂ©s. Si vous pratiquez une activitĂ© physique, vous devez veiller Ă  boire beaucoup, au moins deux Ă  quatre verres d’eau en plus de la quantitĂ© de boisson quotidienne qui vous est recommandĂ©e.

GESTES SPÉCIFIQUES EN FONCTION DES POPULATIONS

Les bébés

Ne pas laisser un enfant mĂȘme endormi dans une voiture stationnĂ©e.

Les personnes ùgées Prendre chaque jour des nouvelles

des personnes isolĂ©es, par tĂ©lĂ©phone ou en leur rendant visite. Ne pas hĂ©siter Ă  leur rappeler les conseils ci-dessus. S’assurer que les coordonnĂ©es des personnes isolĂ©es (nom, adresse et numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone) sont connues des services sociaux de la ville, afin que des visites rĂ©guliĂšres soient organisĂ©es et qu’elles bĂ©nĂ©ficient d'une assistance en cas de besoin.

Les touristes

En cas de besoin de service médicaux, vérifiez la couverture de vos assurances : https://www.sante.org.il/droits-particuliers/#touristes

La Judée-Samarie : un voyage sur les traces de la Bible

À seulement 50 minutes de JĂ©rusalem et 30 minutes de Tel Aviv, la JudĂ©eSamarie vous invite Ă  un extraordinaire pĂ©riple Ă  travers les

Ăąges. Plongez au cƓur de 3700 ans d'histoire dans un dĂ©cor biblique figĂ© dans le temps.

La renaissance d’une communautĂ©

Nous sommes en 1974, quelques annĂ©es aprĂšs la guerre des Six Jours (juin 1967). Les changements gĂ©opolitiques offrent l’opportunitĂ© de s’établir dans des endroits au riche passĂ© biblique. Dans ce moment d’effervescence, un groupe de Juifs religieux-sionistes fonde le mouvement « Gouch Emounim » (« Bloc de la foi »), dont le but est d'Ă©tendre dĂ©mographiquement les habitations juives en JudĂ©e-Samarie, dans ces lieux Ă  l'Ă©poque encore dĂ©pourvus de prĂ©sence israĂ©lienne. GuidĂ©s par leur amour de la Bible, ils fondent la localitĂ© d'Elon Moreh, marquant ainsi le renouveau d'une prĂ©sence juive authentique et profondĂ©ment enracinĂ©e dans la terre de nos patriarches.

Sur les traces d'Abraham Elon Moreh est rĂ©fĂ©rencĂ© bibliquement comme l’endroit oĂč Abraham s'arrĂȘta en quittant sa ville natale, Harran (dans l’actuelle Turquie), sur l'ordre de Dieu, vers une destination inconnue. Abraham prit la route et l'un de ses premiers arrĂȘts fut Elon

Moreh : « Et Abram traversa le pays jusqu'à l'endroit de Chekhem (Naplouse), jusqu'à Elon Moreh. » (GenÚse 12, 6)

Aujourd'hui, la communauté compte plus de 2000 habitants, et Elon Moreh offre un cadre de vie paisible et familial (photo ci-dessus).

Le vignoble de Kabir la fiertĂ© d’Elon Moreh

Si vous demandez aux habitants de ce village ce dont ils sont le plus fiers, ils vous répondront sans hésiter : c'est d'avoir sur place le vignoble de Kabir, de renommée internationale.

La passionnante histoire du vignoble de Kabir a commencĂ© au dĂ©but des annĂ©es 2000 lorsqu’Eliav Hillel (cicontre), un habitant du village, a identifiĂ© le fantastique potentiel viticole du terrain autour de sa maison : fertile et baignĂ© de soleil, ce terroir semblait parfait pour la culture de la vigne. IngĂ©nieur de profession, Eliav a alors jouĂ© le tout pour le tout et dĂ©cidĂ© de se reconvertir

DÉCOUVERTE D'ISRAËL

dans la viticulture, mĂ» par une passion pour le vin et un profond attachement Ă  sa terre natale. SituĂ© sur les pentes du mont Kabir d'oĂč il tire son nom, le premier vignoble du domaine a Ă©tĂ© plantĂ© en 2007, sur fond d’un paysage biblique dominĂ© par les monts Grizim et Ébal. Et depuis 2011, le vignoble de Kabir s'est dĂ©diĂ© Ă  la production de vins de qualitĂ© exceptionnelle, mĂ©ticuleusement Ă©laborĂ©s Ă  chaque Ă©tape du processus, de la vigne Ă  la mise en bouteille. Les raisins cultivĂ©s sur les 120 hectares de vignes appartenant au domaine bĂ©nĂ©ficient des conditions uniques de l'altitude et du climat de la JudĂ©eSamarie, rĂ©putĂ©s pour leur influence positive sur la qualitĂ© des fruits.

Avec une production annuelle d'environ 15 000 bouteilles, le vignoble propose une gamme de vins raffinés vendus directement au domaine d'Elon Moreh. Le vignoble accueille chaleureusement les visiteurs individuels, ainsi que les groupes d'Israël et du monde entier. Il propose également une visite guidée, suivie d'une dégustation de vins accompagnée de fromages.

Reconnus pour leur qualitĂ© exceptionnelle, les vins de Kabir ont Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©s par l'Institut TerraVino, qui organise chaque annĂ©e un concours international (Mediterranean International Wine and Spirits Challenge) rĂ©unissant une vingtaine de pays. Les mĂ©dailles remportĂ©es par Kabir attestent le savoir-faire des producteurs et l’excellence de leurs vins.

Si vous souhaitez vous restaurer, vous pourrez aussi savourer un délicieux repas dans le restaurant 'halavi du domaine, en profitant

d'une vue imprenable sur les monts Ébal et Grizim. Offrant un panorama saisissant, ces montagnes ont Ă©tĂ© les tĂ©moins d'Ă©vĂ©nements bibliques majeurs et le théùtre d’importants moments historiques, notamment lorsque JosuĂ© a guidĂ© le peuple d'IsraĂ«l dans la conquĂȘte des citĂ©s ; en 1250 avant notre Ăšre, il y a bĂąti un sanctuaire.

Le mont Kabir : un décor à couper le souffle

Pour les amateurs d'aventures, la localitĂ© propose Ă©galement la location de quads et de voiturettes pour escalader le mont Kabir. Au sommet mĂȘme se trouve un « maqam » commĂ©morant le cheikh Bilal ibn Rabah qui, selon la tradition musulmane, fut le premier muezzin et l'un des compagnons du prophĂšte Mahomet.

Depuis ce sommet, vous aurez un admirable point de vue panoramique sur toute la vallĂ©e du Jourdain ; et si vous avez de la chance et que le ciel est dĂ©gagĂ©, vous apercevrez mĂȘme le mont Hermon au loin.

Le Tombeau de Joseph

En descendant d'Elon Moreh, vous pourrez visiter le Tombeau de Joseph (Yossef haTzadik) dont le Tanakh raconte que les ossements ont Ă©tĂ© ramenĂ©s en Terre promise et enterrĂ©s Ă  cet endroit prĂ©cis : « Et les ossements de Joseph, que les enfants d'IsraĂ«l avaient fait monter d'Égypte, ils les enterrĂšrent Ă  Chekhem, dans la portion du champ que Jacob avait achetĂ©e aux fils de 'Hamor, pĂšre de Chekhem, pour cent piĂšces d'argent. Et ils devinrent l'hĂ©ritage des fils de Joseph. »

(Josué 24, 32)

Le Tombeau de Joseph se trouve dans la ville de Naplouse (Chekhem) depuis environ 3300 ans. La tradition rapporte que l’on y venait en pĂšlerinage pendant au moins 2000 ans consĂ©cutifs. Les Sages du Talmud comparent l’importance du Tombeau de Joseph Ă  celle du Caveau des Patriarches et du Temple de JĂ©rusalem. La Guemara rapporte que Rabbi Yo'hanan fils de Nouri a dit : « Il y a trois lieux qui sont appelĂ©s saints : le Temple, la Grotte de MakhpĂ©la et le Tombeau de Joseph le Juste. »

Pendant dix ans, de 2001 Ă  2011, le Tombeau de Joseph a Ă©tĂ© incendiĂ© et dĂ©truit, rendant sa visite presque impossible. GrĂące Ă  l'action de la Direction du Tombeau de Joseph, le site a Ă©tĂ© rĂ©habilitĂ© et rouvert aux visiteurs. Un systĂšme de navettes, en coordination avec Tsahal, permet d’y accĂ©der.

Ainsi, aprĂšs 2000 ans d'exil, les Juifs peuvent renouer avec leur riche histoire et redonner Ă  leur terre la fiertĂ© qu’elle avait perdue, accomplissant la prophĂ©tie d’IsaĂŻe : « Ils bĂątiront des maisons et les habiteront, ils planteront des vignes et en mangeront les fruits. » En ces jours sombres oĂč les guerres et les deuils nous accablent, rappelons-nous notre force et notre hĂ©ritage inaliĂ©nable. La JudĂ©e-Samarie nous invite Ă  revendiquer notre passĂ© et Ă  rĂ©affirmer notre identitĂ©, offrant un refuge dans les tourments de l'histoire. n

Chmouel Bokobza Guide touristique diplÎmé du ministÚre du Tourisme Tél. : 050-3553811

BOUILLON DE CULTURE

Le Tanakh sur le bout des doigts

À l’heure de l’intelligence artificielle, un Ă©vĂ©nement persiste en IsraĂ«l, au sein de la jeunesse, et il force l’admiration : le Concours international de la Bible pour la jeunesse juive ( ha'Hidon haTanakh haOlami leNoar yehoudi). Vous avez sĂ»rement entendu parler de ce concours, instituĂ© en 1965 par David Ben Gourion et qui se dĂ©roule chaque annĂ©e le jour de Yom HaAtzmaout. Il fait partie des rendez-vous incontournables de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. En quoi consiste cette compĂ©tition et comment s’inscrit-elle dans le paysage israĂ©lien ?

Si l’on vous disait que pour participer au Concours international de la Bible, vous devez ĂȘtre en mesure de mĂ©moriser plus de 400 versets de la Bible, seriez-vous prĂȘts Ă  relever le dĂ©fi ? Cela semble improbable, surtout quand on sait qu’en 2024 les Ă©crits bibliques sont accessibles Ă  portĂ©e de clic. Et pourtant, c’est le pari fou que font chaque annĂ©e des milliers de jeunes Juifs Ă©lĂšves de collĂšges et de lycĂ©es Ă  travers le monde. AprĂšs avoir consultĂ© la liste officielle des psoukim (versets) figurant au concours, publiĂ©e par le gouvernement israĂ©lien environ un an avant la compĂ©tition, les participants s'attĂšlent Ă  la tĂąche insensĂ©e d’en retenir chaque mot, chaque dĂ©tail. Rappelons que le Tanakh ne se limite pas aux cinq livres de la Torah, mais qu’il comprend aussi les Ă©crits des ProphĂštes (8 livres) et les Hagiographes (11 livres).

AprĂšs d’intenses rĂ©visions, les Ă©lĂšves, dans leurs pays respectifs, passent une sĂ©rie de tests Ă©crits visant Ă  sĂ©lectionner les meilleurs d’entre eux ; le mode de sĂ©lection varie selon les pays. Le nombre de reprĂ©sentants de chaque pays est dĂ©terminĂ© par la taille de sa communautĂ© juive.

En IsraĂ«l, le gouvernement a introduit le concours dans les Ă©coles, qui sont rĂ©parties selon quatre districts. Les finalistes de chaque district sont sĂ©lectionnĂ©s aprĂšs des Ă©preuves Ă©crites et orales, Ă  l'Ă©chelle de leur rĂ©gion. À l’issue de longs processus de sĂ©lection, 16 candidats du monde entier, qui ont obtenu le score le plus Ă©levĂ© lors d'un quiz Ă©crit prĂ©liminaire organisĂ© quelques jours avant Yom HaAtzmaout, se prĂ©sentent au Concours international de la Bible. Le concours lui-mĂȘme se tient au Théùtre de JĂ©rusalem le Jour de l’IndĂ©pendance. Largement

mĂ©diatisĂ© et diffusĂ© en direct Ă  la tĂ©lĂ©vision, Ă  la radio et sur YouTube, en prĂ©sence de personnalitĂ©s de haut rang, parmi lesquelles le Premier ministre israĂ©lien, le prĂ©sident de l’État, le prĂ©sident de l'Agence Juive, le ministre de l’Éducation, etc. Sa durĂ©e est de deux heures, et tout est fait pour tenir les spectateurs en haleine et sous tension : le format des questions varie, avec certaines questions sous forme de vidĂ©os, d’autres sous formes d’indices, des Ă©preuves de vitesse, des Ă©preuves Ă  difficultĂ© croissante


On se demande comment ces jeunes adolescents ont pu mĂ©moriser une telle quantitĂ© d’informations ! Emouna Cohen, gagnante du concours en 2023, se confie sur ses mĂ©thodes d’apprentissage : « Il m’a fallu trois ans pour me prĂ©parer au 'Hidon. Il y a bien sĂ»r des groupes d’entraide. Une des techniques

Ci-dessus : Le Premier ministre Benyamin Netanyahou avec Emouna Cohen, gagnante du concours 2023.

Ci-contre : Emouna Cohen et Neta Lax, arrivée deuxiÚme du concours.

qui m’ont aidĂ©e, c’est d’apprendre chaque livre du Tanakh sur une mĂ©lodie diffĂ©rente. » Emouna Cohen a d’ailleurs Ă©tĂ© de nouveau interrogĂ©e lors du concours de cette annĂ©e, pour vĂ©rifier que toutes ses connaissances Ă©taient encore intactes : c’était bien le cas !

Les discours des personnalités présentes ponctuent l'événement, un des moments phares étant la question du Premier ministre, à laquelle se mesurent quatre ou cinq candidats et qui est décisive pour arriver en finale.

À l’issue de l’étape finale opposant deux candidats, il y a un ou deux gagnants, en fonction du nombre de points remportĂ©s par chacun. lll

BOUILLON DE CULTURE

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Si les deux finalistes obtiennent le mĂȘme score, il n’y a pas d’étape visant Ă  les dĂ©partager et tous deux sont couronnĂ©s « 'hatan haTanakh » (littĂ©ralement : le « mariĂ© » du Tanakh) – ce qui rappelle qu’il ne s’agit pas d’une compĂ©tition classique, mais bien d’un concours visant Ă  prouver l'attachement du peuple juif aux textes bibliques.

Cette annĂ©e, le 'Hidon haTanakh avait une rĂ©sonance trĂšs particuliĂšre. Ce fut l’occasion d’honorer la mĂ©moire de toutes les personnes tombĂ©es depuis le dĂ©but de la guerre. L’un des deux gagnants, Avitar Bar-Gil, a d’ailleurs rendu hommage au directeur de son lycĂ©e, le sergent Yossi Hershkovitz, tombĂ© en novembre dernier Ă  Gaza, et aprĂšs sa victoire il a dĂ©clarĂ© : « Yossi me manque. Je suis heureux de suivre le chemin qu'il nous a montrĂ©. C'Ă©tait un fervent amoureux de la Bible et j'espĂšre qu'il est fier de moi. » Le jury lui-mĂȘme, cette annĂ©e, Ă©tait composĂ© de personnalitĂ©s marquantes de cette guerre. Il comprenait notamment Iris HaĂŻm, la mĂšre de Yotam qui a Ă©tĂ© accidentellement tuĂ© par des tirs de Tsahal aprĂšs son enlĂšvement le 7 octobre Ă  Gaza, mais aussi Rachel Edri, qui a dĂ©ployĂ© des trĂ©sors d'ingĂ©niositĂ© face aux terroristes du Hamas qui se sont infiltrĂ©s chez elle Ă  Ofakim le jour de Sim'hat Torah, ainsi que le commentateur national Yosef Haddad. Mona Saad, musulmane et veuve du lieutenantcolonel Alim Abdullah, tuĂ© lors d'un affrontement avec des terroristes Ă  la frontiĂšre nord, a Ă©galement posĂ© une partie des questions aux candidats.

Le judaïsme français mobilisé

La France, qui est la plus grande communautĂ© juive d’Europe, tient Ă  ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e au Concours international de la Bible. TrĂšs populaire parmi les jeunes, ce concours existe Ă©galement en version adultes et se dĂ©roule tous les deux ans. C’est cette Ă©dition pour adultes qui est mise en avant auprĂšs du public francophone. La compĂ©tition, organisĂ©e par le ministĂšre de l’Éducation d’IsraĂ«l en partenariat avec le Consistoire central, la FĂ©dĂ©ration des organisations sionistes en France et le Fonds Social Juif

UnifiĂ© (FSJU), fait l’objet de prĂ©sĂ©lections sur le territoire français. Les Ă©preuves s’étalent sur prĂšs d’un an, l’annĂ©e prĂ©cĂ©dant la compĂ©tition. La premiĂšre phase de la sĂ©lection a lieu en ligne. AprĂšs plusieurs Ă©preuves, une finale est organisĂ©e Ă  Paris. En 2023, la finale française a opposĂ© 12 candidats Ă  l’Espace Rachi. À l’issue de cet Ă©vĂ©nement rĂ©unissant des personnalitĂ©s phares de la communautĂ© juive, trois finalistes ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s ; ils se sont ensuite rendus Ă  JĂ©rusalem pour reprĂ©senter la France lors de la grande finale.

Lors de l’avant-derniĂšre Ă©dition pour adultes, ce sont prĂšs de 125 candidats français qui ont tentĂ© leur chance. Afin que ce nombre grandisse, les associations sionistes tentent de sensibiliser les Juifs francophones Ă  l’importance d’un tel concours. « Il est trĂšs important que nous nous rĂ©approprions la Bible, l’ensemble des livres du Tanakh. Ce concours est fait pour ouvrir notre patrimoine. Il y a toutes sortes de personnes qui y participent et pas seulement des religieux », explique Jean-Charles Zerbib, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral pour les pays francophones auprĂšs de l’Organisation Sioniste Mondiale.

Incitatif : les gagnants du Concours international de la Bible remportent une somme d’argent non nĂ©gligeable. Quant aux finalistes, avant la compĂ©tition, un voyage sur les traces de la Bible leur est offert afin de « vivre » complĂštement l’expĂ©rience biblique.

La derniĂšre Ă©dition pour adultes a eu lieu Ă  'Hanouka en dĂ©cembre 2023. Les personnes qui souhaitent participer Ă  la prochaine Ă©dition de ce concours emblĂ©matique ont donc plus d’un an et demi pour s’y prĂ©parer. Et si le prochain gagnant Ă©tait un Français ?

En raison de la guerre, le Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui habituellement participe Ă  l’évĂ©nement, n’était pas prĂ©sent cette annĂ©e. Dans un discours enregistrĂ© et diffusĂ© lors de la compĂ©tition, il a dĂ©clarĂ© : « Ce que nous vivons n’est pas nouveau. La Bible nous enseigne que nous avons dĂ©jĂ  connu des guerres il y a des milliers d’annĂ©es. Abraham notre pĂšre, MoĂŻse, Yehochoua bin Noun, les juges, le roi David, son fils le roi Salomon – tous ont combattu des ennemis acharnĂ©s. MĂȘme alors, nous ne nous sommes pas rendus Ă  eux, mĂȘme alors,

nous n’avons pas baissĂ© la tĂȘte. Le prophĂšte MichĂ©e dit : “Parce que je suis tombĂ©, je me suis relevĂ©.” Nous avons payĂ© un prix, mais nous avons ripostĂ©. Nous avons vaincu nos ennemis. Avec l'aide de Dieu, nous avons assurĂ© l'Ă©ternitĂ© d'IsraĂ«l. » EspĂ©rons qu’aujourd’hui aussi, la victoire soit proche, et que le concours de l'annĂ©e prochaine se dĂ©roule dans un contexte de rĂ©jouissances. n

«

Comment puis-je

vous aider ?

»

Mon objectif est de vous inciter Ă  utiliser cette phrase, avec votre style, au moment opportun !

Pendant un Ă©vĂ©nement sur le leadership Ă  Paris, le 7 juin, j’ai fait une confĂ©rence sur le thĂšme : « AIDER ». Je partage d’emblĂ©e avec vous ma conclusion, qui est Ă  deux niveaux : il faut savoir aider les autres, et il faut savoir demander de l’aide. Un ami et collĂšgue amĂ©ricain a l’habitude de dire en dĂ©but d’échange : « How may I help you ? » (Comment puis-je t’aider ?). Je trouve cela fort et engageant – pourquoi ? Parce qu’il dĂ©marre par un message positif et ouvre la porte en offrant son aide, qui sera utilisĂ©e ou non par son interlocuteur. Sa proposition incite Ă  rĂ©flĂ©chir sur ce qu’on peut lui demander et, in fine, Ă  trouver le service dont on a besoin, le domaine ou le sujet sur lequel il pourrait nous aider, soit directement, soit par l’intermĂ©diaire d’une personne de son rĂ©seau.

Je souhaite toutefois ajouter ici que si quelqu’un nous demande notre aide et que nous ne pouvons – ou ne voulons – pas l’aider, il ne faut pas se sentir coupable ! Et rĂ©ciproquement, si nous demandons de l’aide Ă  une personne qui nous dit qu’elle ne peut pas nous aider, nous ne devons pas lui en vouloir ; elle le fera peut-ĂȘtre plus tard, ou peut-ĂȘtre mĂȘme est-ce vous qui aurez l’opportunitĂ© de l’aider ultĂ©rieurement.

Quand on Ă©voque l’idĂ©e d’aider les autres, on pense d’abord Ă  une aide financiĂšre. Cependant, il existe maintes autres façons d’aider : Ă©couter (c’est tellement prĂ©cieux !), encourager (psychologie positive, sans abus), complimenter (pour redonner confiance), conseiller (mĂȘme si l’on n’est pas expert), offrir son temps, son aide pratique sur un besoin concret (covoiturage, dĂ©mĂ©nagement
), ou mĂȘme fournir un soutien Ă©motionnel. On peut Ă©galement, pour aider, partager ses compĂ©tences, ses expĂ©riences et ses contacts. Donner un coup de pouce par une mise en relation pertinente ou par une suggestion au bon moment peut changer la vie de celui qui a besoin de notre aide ! Inversement, demander de l’aide est une dĂ©marche comprĂ©hensible

et respectable, mĂȘme de la part de ceux qui semblent ĂȘtre Ă  l’abri de tout besoin ! Ma mentor quĂ©bĂ©coise, Lise Cardinal, la pionniĂšre du rĂ©seautage, aimait Ă  me rĂ©pĂ©ter : « Les gens aiment rendre service. » Profitons-en pleinement !

Dans mon mĂ©tier de coach, j’accompagne mes clients pour qu’ils osent, entre autres, demander de l’aide. Il s’agit ici de leur faire comprendre qu’ils n’ont rien Ă  perdre. Pour certains, cette dĂ©marche paraĂźt dĂ©valorisante, or il n’en est rien ! Demander de l’aide est parfaitement acceptable car la personne Ă  qui l’on demande est libre d’accepter ou de refuser. Il faut toujours le faire avec simplicitĂ© et sans apprĂ©hension, tout en prĂ©cisant Ă  son interlocuteur que son aide sera grandement apprĂ©ciĂ©e, mais qu’en cas de refus on ne lui en voudra pas. Et l’on peut mĂȘme recommencer
 Sachez aider avec humilitĂ© et toujours avec le sourire, et demander de l’aide pour avancer au mieux. S’entraider les uns les autres : oui, nous le pouvons ! n

André Dan Coach en leadership a@andredan.com

Quand la France honorait Jabotinsky

Le transfert des ossements de Zeev Jabotinsky du lieu de sa premiĂšre sĂ©pulture Ă  New York vers le mont Herzl Ă  JĂ©rusalem fut l’occasion d’une grande mobilisation au sein de ses hĂ©ritiers, Ă©lĂšves et disciples de par le monde. Mais ce qui est moins connu, c’est l’extraordinaire mobilisation de la classe politique française pour une cĂ©rĂ©monie qui se dĂ©roula en l’honneur du leader sioniste Ă  l’aĂ©roport d’Orly, afin de marquer le passage de son convoi aĂ©rien sur le sol français.

Zeev Jabotinsky, fondateur du sionisme révisionniste et pÚre de la droite israélienne, est décédé subitement en août 1940 à New York. Cinq ans plus tÎt, il rédigeait, à Paris, son testament, dans lequel figure le souhait suivant :

« Si je meurs, je demande que l'on m'enterre lĂ  oĂč la mort me trouvera. Si je suis enterrĂ© hors d'IsraĂ«l, mes restes ne devront ĂȘtre transfĂ©rĂ©s

gouvernement d'Israël prenne la décision et donne l'ordre de faire monter ses ossements ?! Qu'était-il ?

SollicitĂ© quelque temps aprĂšs son accession Ă  la tĂȘte du gouvernement, Eshkol entĂ©rina la procĂ©dure visant Ă  faire voter au gouvernement la dĂ©cision d’honorer le testament de « Jabo » ; et le 15 mars 1964, le texte suivant fut approuvĂ© au conseil des ministres :

« À la demande de ses hĂ©ritiers, les membres de la famille Jabotinsky, qui veulent inhumer ses ossements en IsraĂ«l mais qui se considĂšrent contraints d'honorer et d'exĂ©cuter le testament du dĂ©funt dans le total respect de ses dĂ©tails, et en particulier l'article mentionnant l'interdiction de transfĂ©rer ses ossements si ce n'est par la dĂ©cision du gouvernement de l'État juif, le gouvernement dĂ©cide d'aider la famille Ă  transfĂ©rer les ossements du dĂ©funt en donnant l'ordre requis pour exaucer la demande du dĂ©funt, telle qu'elle est exprimĂ©e dans son testament datant du 3 novembre 1935. »

L’enthousiasme que provoqua cette dĂ©cision fut d’une ampleur peu commune. Begin, chef de l’opposition, remercia le Premier ministre dans un tĂ©lĂ©gramme dont la formulation laisse transparaĂźtre l’émotion : « En ce jour, que nous avons attendu pendant pas moins de vingt-quatre ans, jour dont nous n'avons pas connu de semblable, nous, les Ă©lĂšves de Zeev Jabotinsky, depuis le jour de notre renaissance, permettez-moi, Monsieur le Premier ministre, de vous transmettre, en leur nom, un seul mot, qui Ă©mane du plus profond de leurs cƓurs : merci. Respectueusement, M. Begin. »

en IsraĂ«l que sur l'ordre du gouvernement juif de l'État restaurĂ©. »

Ces quelques mots suscitĂšrent une vive polĂ©mique en IsraĂ«l, dominĂ© par la gauche travailliste durant les premiĂšres dĂ©cennies de son existence. MalgrĂ© la stature de Zeev Jabotinsky, reconnu par tous comme un important leader, un grand orateur et un personnage central de l’histoire du sionisme, David Ben Gourion refusa d'exĂ©cuter les derniĂšres volontĂ©s du « Roch Betar », comme l’appelaient ses disciples. Arguant que le gouvernement d’IsraĂ«l n’avait pas d’ordre Ă  recevoir de Jabotinsky, Ben Gourion alla jusqu’à rĂ©duire le pĂšre de la LĂ©gion Juive Ă  son simple talent d’orateur :

« Quel est donc cette prĂ©tention de vouloir le mettre au mĂȘme rang que Herzl ? De quel droit ditil cela ?! Qu’il dĂ©sire ĂȘtre enterrĂ© en Eretz IsraĂ«l et dans l'État juif, soit, mais en plus il demande que le

Un bon orateur, je le reconnais, mais qu'est-ce que cela peut faire ?! C'Ă©tait un excellent linguiste, je le reconnais aussi [
] mais quelle est cette insolence ? Il ne lui suffit pas d'ĂȘtre enterrĂ© sur notre terre comme n'importe quel Juif, mais c'est l'État qui doit ordonner le transfert de ses ossements, tout cela parce qu'ils veulent en faire un Herzl ?! »

Ces mots, qui ne font que rĂ©vĂ©ler l’hostilitĂ© de Ben Gourion envers Jabotinsky et ce qu’il reprĂ©sentait, s’ajoutĂšrent Ă  d’autre arguments, exprimĂ©s Ă  d’autres occasions. Parmi eux, l’idĂ©e selon laquelle « nous avons besoin de Juifs vivants en Eretz IsraĂ«l et non de Juifs morts », ou encore : « Tout celui qui le souhaite peut faire monter les ossements de Jabotinsky. » À l’intransigeance de Ben Gourion, succĂ©da la modĂ©ration de Levi Eshkol qui, lui, souhaitait rĂ©duire l’intensitĂ© de la rivalitĂ© avec le parti 'Herout de Mena'hem Begin (la parenthĂšse MoshĂ© Sharett n’apporta rien de nouveau de ce point de vue).

La mobilisation s’engagea immĂ©diatement. Rapidement, une cĂ©rĂ©monie fut prĂ©vue Ă  Paris, pour rendre hommage Ă  Jabotinsky sur la terre qu’il habita pendant une dĂ©cennie et dans le pays oĂč il crĂ©a le mouvement rĂ©visionniste. Aux manƓuvres, Shlomo Friedrich (voir LPH numĂ©ro 995), dont l’émotion fut grande :

« Lorsque monsieur Begin me missionna pour reprĂ©senter la direction de l'opĂ©ration en Europe, ce fut le jour le plus heureux de ma vie. Je craignais de ne pas ĂȘtre Ă  la hauteur de la grande Ă©preuve que reprĂ©sentait le fait de rendre au chef du Betar l'honneur qui lui Ă©tait dĂ». »

Les liens qu’avait tissĂ©s Friedrich depuis son arrivĂ©e Ă  Paris neuf ans plus tĂŽt lui ouvrirent toutes les portes, notamment celle du gouvernement, et la liste est longue. Le 5 juin 1964, Roger Frey, ministre de l’IntĂ©rieur, donna son accord Ă  la mobilisation nĂ©cessaire au sein de l’aĂ©roport d’Orly pour la tenue de la cĂ©rĂ©monie ; le 21 juin, Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires Ă©trangĂšres (qui, plus lll

Les cercueils de Joanna et Zeev Jabotinsky lors de leur arrivée à Jérusalem.
Une garde d'honneur du parti 'Herout menée par le député Mena'hem Begin rend les derniers hommages au leader sioniste. © GPO

lll tard, suivant la politique du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, prit des positions assez hostiles Ă  IsraĂ«l), donna toute son approbation Ă  la tenue de la cĂ©rĂ©monie qui, Ă©tant un hommage Ă  une personnalitĂ© Ă©trangĂšre, dĂ©pendait de son accord. Suivirent les ministres de la Justice Jean Foyer, des Travaux publics et des Transports Marc Jacquet, des Anciens combattants et Victimes de guerre Jean Sainteny, et de Louis Jacquinot, ministre d'État, qui adhĂ©rĂšrent tous au comitĂ© public Hommage Ă  Zeev Jabotinsky. La recrue d’AndrĂ© Malraux, grand Ă©crivain et ministre de la Culture, le 26 juin 1964, ne passa pas inaperçue.

Le Premier ministre israélien, Levi Eshkol, à son arrivée à l'aéroport d'Orly pour la cérémonie en l'honneur de Zeev Jabotinsky. Ci-dessous, Eshkol salue la famille du professeur Eri Jabotinskty, fils de Zeev et Joanna.

Cette mobilisation fut suivie par celle de la SociĂ©tĂ© des aĂ©roports de Paris, dont le prĂ©sident Pierre Bouriscot dĂ©clara : « L’aĂ©roport de Paris se fera un devoir de vous apporter son plus entier concours pour l’organisation de la cĂ©rĂ©monie prĂ©vue le 7 juillet Ă  11h30, Ă  l’occasion du passage des cendres de monsieur et madame Jabotinsky Ă  Orly. » La salle de rĂ©ception de l’aĂ©roport ne contenant que 200 personnes, un hangar pouvant contenir jusqu’à 5000 personnes fut mis Ă  la disposition des organisateurs. Roger Frey ordonna de fournir aussi tout le matĂ©riel nĂ©cessaire : accessoires de dĂ©coration, mĂąts et drapeaux, tapis pour recouvrir le sol du hangar, bougies, etc.

Mais la plus symbolique et la plus forte des mobilisations fut celle de Pierre Mesmer, ministre de la DĂ©fense. Dans une lettre adressĂ©e au gĂ©nĂ©ral Pierre KƓnig, le ministre donna son accord « Ă  la participation d’un dĂ©tachement [militaire] d’honneur lors de la cĂ©rĂ©monie organisĂ©e le 7 juillet Ă  Orly, Ă  l’occasion du transfert des restes de Monsieur Jabotinsky. Je vous confirme que des instructions ont Ă©tĂ© donnĂ©es pour qu’un dĂ©tachement soit mis en place Ă  cette occasion. » La cĂ©rĂ©monie se dĂ©roula avec tous les honneurs prĂ©vus pour le grand homme mais fut aussi marquĂ©e par un symbole fort : la dĂ©putĂ©e Marie-Madeleine Fourcade, la seule femme qui dirigea un rĂ©seau de RĂ©sistance pendant la guerre, dĂ©posa sur la tombe de Jabotinsky un sac de terre qu’elle avait rĂ©cupĂ©rĂ© la veille au Mont-ValĂ©rien, lieu qui servit Ă  l’emprisonnement, Ă  la torture et Ă  l’exĂ©cution de nombreux rĂ©sistants, parmi lesquels beaucoup de Juifs, par les Allemands. C’est dans ce sinistre lieu de

Emmanuel Macron) lui-mĂȘme. Deux autres personnalitĂ©s marquĂšrent la cĂ©rĂ©monie par leurs oraisons funĂšbres, les deux seules prononcĂ©es : le gĂ©nĂ©ral Pierre KƓnig et le grandrabbin de Paris MeĂŻr JaĂŻs. KƓnig rendit hommage Ă  Jabotinsky l’unificateur, et Ă  l’homme qui partageait les valeurs françaises : « Il n'aurait pas Ă©tĂ© pensable qu'au cours de cette brĂšve escale en France, son passage ne soit pas saluĂ© et honorĂ© par le Gouvernement français, par ses coreligionnaires et par tous les amis français d'IsraĂ«l [
]. Ceux qui avaient combattu ou simplement critiquĂ© Jabotinsky, comme ceux qui l'ont fidĂšlement suivi, se confondent dans un mĂȘme recueillement fait d'admiration reconnaissante. Tous s'inclinent devant sa mĂ©moire, la mĂ©moire de l'un des plus illustres animateurs de la renaissance nationale juive. Finalement, ce lutteur aura Ă©tĂ© un rassembleur. Quant Ă  nous, nous retenons le fait que Jabotinsky vint s'Ă©tablir Ă  Paris lorsqu'il dĂ©cida de lancer le mouvement qui devait bientĂŽt recueillir Ă  travers le monde des millions d'adhĂ©sions ferventes. C'est Ă  notre capitale qu'il choisit d'amarrer sa vie errante et d'installer son quartier gĂ©nĂ©ral politique. Jabotinsky avait de profondes affinitĂ©s avec le gĂ©nie français, avec

notre culture et nos traditions de libertĂ©, avec les valeurs intellectuelles et morales de notre civilisation. Il a ainsi vĂ©cu chez nous les annĂ©es les plus dĂ©cisives de son existence et de ses activitĂ©s : il s'y sentait chez lui. Dans la perspective de la crĂ©ation d'un État juif Ă  la fondation duquel il a tout sacrifiĂ©, il avait conçu une alliance de cƓur entre notre pays et la patrie hĂ©braĂŻque. Sur le trajet qui le ramĂšne du cimetiĂšre de New York au mont Herzl oĂč, dans quelques heures, ses cendres seront inhumĂ©es, la halte d'Orly prend une signification symbolique, tout particuliĂšrement dans les temps actuels marquĂ©s par un long sĂ©jour en France de Monsieur le PrĂ©sident du Gouvernement d'IsraĂ«l. Nous percevons clairement le dernier message adressĂ© par Zeev Jabotinsky Ă  ses frĂšres d'IsraĂ«l et Ă  ses amis français pour leur rappeler qu'ils sont alliĂ©s, qu'ils sont unis par des liens Ă©troits, vieux comme la civilisation chrĂ©tienne. Nous n'oublierons pas cet ultime message. Que Zeev Jabotinsky aille en paix vers sa derniĂšre demeure ! Qu'il y trouve ce qu'il souhaitait, le repos, rien que du repos. Au passage du cortĂšge ailĂ© qui l'emporte, la France salue en lui le patriote intransigeant, le rude combattant, l'ami sincĂšre et fidĂšle. »

« Jabotinsky avait de profondes affinités avec le génie français.
Dans la perspective de la crĂ©ation d'un État juif, il avait conçu une alliance de cƓur entre notre pays et la patrie hĂ©braĂŻque. »

Quant au grand-rabbin JaĂŻs, il fit un hommage Ă©mouvant, retentissant jusqu’à aujourd’hui, de Jabotinsky le combattant :

« C'est pour s'ĂȘtre fait une idĂ©e aussi haute de l'homme, pour avoir senti qu'il y a dans chaque crĂ©ature humaine quelque chose de royal, de divin, que Jabotinsky, dĂšs son enfance, ne put tolĂ©rer les souffrances, les humiliations dont le peuple juif Ă©tait l'objet dans certaines rĂ©gions du globe.

DĂšs cette Ă©poque, il dĂ©cida de vouer toute sa vie Ă  forger la seule solution capable Ă  ses yeux de faire retrouver au peuple d'IsraĂ«l sa dignitĂ© et sa sĂ©curitĂ© : la restauration d'un État juif sur le sol des ancĂȘtres.

À cette cause, il consacra dĂ©sormais la totalitĂ© des ressources de son intelligence, de son cƓur et de sa volontĂ©, qui Ă©taient, pour ainsi dire, illimitĂ©es. On reste Ă©merveillĂ© devant la variĂ©tĂ© des talents dont la Providence l'avait comblĂ©. II possĂ©dait tous les dons Ă  la fois, et Ă  un degrĂ© tel qu'un seul d'entre eux cultivĂ© avec continuitĂ© aurait suffi Ă  immortaliser son nom.

[
] en dehors de la voie diplomatique, le sionisme, pour rĂ©ussir, devait pouvoir compter Ă©galement sur une force militaire proprement juive. Lui qui Ă©tait pacifiste de nature, fait surtout pour le travail de cabinet, Ă©pris de libĂ©ralisme, pour avoir vu de prĂšs les massacres de Kichinef, s'Ă©tait rendu compte que la conscience universelle, si elle ne manquait jamais de condamner aprĂšs-coup les bourreaux, n'Ă©tait jamais parvenue Ă  Ă©viter un seul massacre. Vivant dans un monde oĂč le seul langage persuasif est celui des armes, il estimait que plus l'idĂ©al vers lequel on tend est noble et saint, plus il nous fait un devoir d'ĂȘtre forts, afin de le dĂ©fendre Ă©galement, s'il le faut, par les mĂȘmes moyens que l'adversaire. Il Ă©tait convaincu que pour avoir droit Ă  la vie, un peuple doit ĂȘtre en mesure de se dĂ©fendre luimĂȘme et, seulement ensuite, compter sur le voisin. » Cette mobilisation hors du commun s’explique par un profond sentiment de communion d’intĂ©rĂȘts, mais aussi de destins et de valeurs, entre ces dignitaires français, qui pour beaucoup d’entre eux avaient combattu pour la libertĂ© de leur peuple face Ă  l’envahisseur nazi, sur le sol de France ou ailleurs, et le petit peuple victime du gĂ©nocide nazi. Dans un texte datant de 1959, le gĂ©nĂ©ral KƓnig met des mots d’une incroyable justesse sur cette communion de destins, qui retentissent jusque dans notre actualitĂ© la plus rĂ©cente : « IsraĂ«l est vĂ©ritablement une avant-garde du monde libre, un bastion avancĂ© de la civilisation occidentale au Proche-Orient. Il faut avoir Ă©tĂ© lĂ -bas pour saisir cette vĂ©ritĂ©. Et c'est le dernier enseignement que je rapporte de mon voyage. Nul n'a mieux exprimĂ© ce que nous, Français, ressentons, que l'actuel Premier ministre Michel DebrĂ©, qui Ă©crivait Ă  ce sujet en mars 1958 : “Imaginons un seul instant qu'aboutisse le complot sans cesse recommencĂ© par ceux qui, dans le monde arabe, cherchent Ă  rallumer l'esprit d'Hitler : c'est la civilisation qui reçoit un coup d'une violence inouĂŻe, c'est la MĂ©diterranĂ©e, l'Europe, l'Occident, la ChrĂ©tientĂ© qui sont atteints, non seulement dans leurs intĂ©rĂȘts, mais dans leur idĂ©al, dans leur raison d'exister, dans leur raison de vivre et de croire
” » n

Yoël Haddad est chercheur au Centre Begin

Le secret du pouls

Nous sommes en Russie, Ă  une Ă©poque oĂč certaines grandes duchesses Ă©taient des femmes puissantes qui gouvernaient sur des domaines Ă©tendus avec une autoritĂ© sans Ă©gale. Parmi ces femmes de pouvoir, il y en avait une qui, malgrĂ© toute sa richesse et son influence, Ă©tait frappĂ©e par une maladie qui la tourmentait sans relĂąche. La duchesse avait un mĂ©decin personnel qui, malgrĂ© tous ses efforts et ses nombreuses tentatives, ne parvenait pas Ă  la guĂ©rir. La maladie ne faisait qu’empirer, et la duchesse, en colĂšre, accusa son mĂ©decin d’incompĂ©tence. Elle le somma de trouver un remĂšde efficace, sous peine de se passer de ses services.

Le mĂ©decin, troublĂ© et dĂ©sespĂ©rĂ©, se souvint d’un homme Ă©trange qu’il avait rencontrĂ© autrefois dans la ville de Mezibouz. Cet homme sage avait la rĂ©putation d’ĂȘtre un guĂ©risseur prodigieux, un homme douĂ© d’un pouvoir extraordinaire pour soigner toutes sortes de maladies. Cet homme Ă©tait le Baal Chem Tov, le cĂ©lĂšbre maĂźtre spirituel et mystique.

Le mĂ©decin parla de cet homme trĂšs particulier Ă  la duchesse, qui dĂ©cida de le convoquer dans son palais. Craignant des reprĂ©sailles contre son peuple, le Baal Chem Tov consentit Ă  se rendre chez la duchesse. Fort de son regard pĂ©nĂ©trant, il diagnostiqua rapidement sa maladie et lui prodigua quelques conseils et recommandations avisĂ©s grĂące auxquels la duchesse guĂ©rit rapidement. Comme on peut l’imaginer, elle fut remplie de gratitude envers ce rabbin hors du commun qui avait su la guĂ©rir lĂ  oĂč tous avaient lamentablement Ă©chouĂ©.

Le temps passa et un jour, le mĂ©decin personnel du roi de Pologne arriva dans la rĂ©gion. La duchesse, qui le connaissait bien, l’invita dans son palais et se mit Ă  parler de l’homme extraordinaire qui l’avait autrefois guĂ©rie, le fameux Baal Chem Tov.

Le mĂ©decin du roi commença Ă  se moquer de lui, arguant qu’il n’était pas mĂ©decin ; mais il demanda toutefois Ă  le rencontrer. La duchesse envoya des soldats pour le chercher, et le Baal Chem Tov se prĂ©senta devant la duchesse et le mĂ©decin du roi.

Le mĂ©decin du roi interrogea le Baal Chem Tov, une pointe d’ironie dans la voix :

« Dites-moi donc, cher Rabbin
 Chem Tov, c’est bien ça ? D’oĂč tirez-vous votre savoir-faire pour soigner les gens ? »

Le MaĂźtre rĂ©pondit d’une voix sereine :

« Je dois dire que je n’ai pas, Ă  proprement parler, appris cette sagesse. Je dirais plutĂŽt que c’est le CrĂ©ateur qui me l’a enseignĂ©e. »

Un sourire moqueur se dessina sur le visage du médecin, qui reprit avec assurance :

« Bien, bien
 Je vois
 Dans ce cas, vous devez certainement ĂȘtre Ă©galement capable de dĂ©tecter une maladie juste en prenant le pouls d’une personne, n’est-ce pas, cher Rabbin
 Chem Tov, c’est bien ça ? »

Le Baal Chem Tov, loin de se laisser dĂ©contenancer, rĂ©pondit d’un ton encore plus assurĂ© :

« Oui, effectivement, j’en suis tout Ă  fait capable. »

« TrĂšs bien, trĂšs bien. Alors, montrez-nous donc, je vous en prie ! », lui demanda le mĂ©decin, satisfait de lui-mĂȘme.

Le Maßtre de Mezibouz prit un temps de réflexion avant de dire :

« Pour commencer, j’aimerais d’abord que vous preniez mon pouls et que vous posiez votre diagnostic, s’il vous plaĂźt. »

Le mĂ©decin prit avec soin le pouls du Baal Chem Tov et, au terme d’un long moment d’écoute attentive, il dĂ©clara :

« Je suis navrĂ©, je suis incapable de vous dire de quoi vous souffrez. Par contre, ce que je peux vous dire, c’est que ce que j’ai ressenti en Ă©coutant votre pouls, je ne l’ai jamais entendu chez quelqu’un d’autre.

Jamais ! »

« Et qu’avez-vous donc ressenti en prenant mon pouls, cher Docteur ? », s’enquit le MaĂźtre.

« Eh bien, Ă  vrai dire, j’ai senti comme deux forces opposĂ©es
 Ça pousse beaucoup chez vous, cher Rabbin
 Chem Tov, c’est bien ça ? J’ai eu l’impression qu’il y avait en vous une pulsation qui poussait vers le haut et une autre qui poussait vers le bas », ajouta le mĂ©decin, perplexe.

Le Baal Chem Tov soupira longuement, avant de confesser :

« C’est vrai, on peut dire que j’ai une maladie. Vous en avez dĂ©crit avec prĂ©cision les symptĂŽmes mais vous ne savez pas de quelle maladie il est question. Laissez-moi vous dire de quoi il s’agit : je suis

atteint de la maladie d’amour. Oui, je souffre au plus profond de mon cƓur. J’ai deux amours : Dieu d’un cĂŽtĂ©, et Ses crĂ©atures de l’autre. Ces deux amours sont en perpĂ©tuelle opposition Ă  l’intĂ©rieur de moi, et si l’un ne retenait pas l’autre, je perdrais les deux ! Si je n’avais que l’amour de Dieu, mon Ăąme voudrait s’envoler et je quitterais ce monde terrestre. Si je n’avais que l’amour des crĂ©atures, je serais constamment attirĂ© vers le bas et j’en oublierais Dieu. Mais ces deux amours me tiennent et me donnent mon Ă©quilibre. »

Puis le Baal Chem Tov dit avec assurance au médecin :

« Et maintenant, c’est Ă  moi de prendre votre pouls ! »

IntriguĂ© par cet homme au comportement si diffĂ©rent de tous ceux qu’il avait l’habitude de cĂŽtoyer, le mĂ©decin s’exĂ©cuta et offrit son poignet Ă  la main du MaĂźtre. AprĂšs de longues minutes, le Baal Chem Tov se tourna vers la duchesse et lui demanda :

« Dites-moi, Duchesse, ne vous aurait-on pas volĂ© des chandeliers en or ici mĂȘme dans votre palais il y a six mois ? »

La duchesse, stupĂ©faite, s’exclama :

« Bien sĂ»r, mes chandeliers en or ! Ils ont disparu un beau jour, je n’ai jamais pu les retrouver – un vrai mystĂšre ! Mais pourquoi donc me demandez-vous cela ? Je ne comprends pas. »

Le Baal Chem Tov désigna du doigt le médecin du roi présent à leurs cÎtés et déclara :

« Envoyez vos soldats dans la chambre de cet homme, Ă  son auberge. Vous verrez que les chandeliers se trouvent dans l’un de ses bagages ! »

InterloquĂ©e, la duchesse envoya toutefois des soldats Ă  l’endroit indiquĂ©, et ceux-ci confirmĂšrent rapidement, avec force dĂ©tails, toutes les affirmations du maĂźtre 'hassidique. Honteux de son larcin, le mĂ©decin quitta sur-le-champ le palais, laissant derriĂšre lui sa rĂ©putation Ă  jamais ternie.

Bouleversée, la duchesse demanda au Baal Chem Tov :

« Mais comment avez-vous réussi à déceler un voleur juste en tùtant son pouls ?! »

Le Maßtre répondit sereinement :

« On peut dĂ©celer l’envie du vol dans le pouls. D’aprĂšs la Torah, c’est une chose que certaines personnes sont capables de dĂ©celer. »

Subjuguée par la sagesse et les talents de cet homme extraordinaire, la duchesse voulut en savoir plus :

« Mais pour les chandeliers, vous avez tĂątĂ© son pouls et vu que c’était prĂ©cisĂ©ment lui qui les avait dĂ©robĂ©s ? »

Le Baal Chem Tov, avec un sourire empreint de modestie, lui répondit simplement :

« Non, ça c’est Dieu qui me l’a montré  » ChamboulĂ©e par cette expĂ©rience inoubliable, la duchesse dĂ©cida de faire preuve de compassion envers les membres de la communautĂ© juive et elle dĂ©crĂ©ta que plus jamais aucun Juif ne serait maltraitĂ© sur ses terres, une promesse qu’elle tint avec dĂ©termination pour le restant de ses jours.

Le secret de cette histoire

Le Baal Chem Tov nous a dĂ©voilĂ© qu’il Ă©tait important d’équilibrer l’amour pour Dieu et l’amour pour Ses crĂ©atures. Il a compris qu’en aimant Dieu, il pouvait grandir spirituellement et se sentir plus proche de Lui, et qu’en aimant les crĂ©atures de Dieu, il pouvait les aider, les soutenir et leur apporter de la joie.

Il nous a appris qu’il Ă©tait important d’aimer et de respecter Ă  la fois Dieu et les autres. Quand nous aimons Dieu, cela nous aide Ă  ĂȘtre de bonnes personnes, Ă  faire preuve de gentillesse et Ă  prendre soin de ceux qui nous entourent. Et quand nous aimons les autres, nous montrons Ă  Dieu que nous sommes reconnaissants pour les merveilleuses crĂ©atures qu’Il a créées.

Cultiver ce double amour, c’est comme possĂ©der un trĂ©sor dans son cƓur. Cela nous guide sur le chemin de la bontĂ©, de la gĂ©nĂ©rositĂ© et de la comprĂ©hension mutuelle. Lorsque nous aimons Dieu et nos semblables, nous apportons de la lumiĂšre et du bonheur dans nos vies et dans la vie des autres.

Que l’amour pour Dieu et pour nos semblables nous guide dans tout ce que nous faisons. Que nous soyons bons, aimants et attentionnĂ©s envers les autres, sans oublier, bien sĂ»r, de prendre le temps d’aimer et de respecter Dieu. n

AU NOM DE LA LOI

Le glaive et la Torah

J'écris cet article au retour de l'enterrement du soldat héros d'Israël Saadia

Yaakov Derai, de mémoire bénie, tombé au combat à Gaza jeudi 20 juin.

Saadia, za"l, était le fils d'un couple d'amis de longue date, Haïm et Laly Derai, et le petit-fils de mon cher maßtre/élÚve Jacquot Scemama, de mémoire bénie.

« Saadia, mon chĂ©ri, mon enfant, tu as prouvĂ© qu’il n’y a pas de contradiction entre la Torah et le mĂ©rite de servir dans Tsahal. Ce n’est pas de l'Ă©galitĂ© des devoirs qu'il s'agit, c’est de l'Ă©galitĂ© des droits et du partage du mĂ©rite !

C’est une mitzva de servir dans Tsahal et tu as prouvĂ© qu’on pouvait combiner les deux. Tu as prouvĂ© qu’il n’y avait pas de contradiction entre le collectif et le privĂ©. Tu as prouvĂ© qu’il y avait une union dans le monde. Nous promettons et nous jurons de rĂ©clamer cette unitĂ© nous aussi. »

ne faisait qu'Ă©tudier, il n'y aurait pas besoin d’armĂ©e.

C'est ainsi que Laly, la maman de Saadia, a conclu sa poignante oraison, prononcĂ©e sur la tombe de son fils. Et c'est prĂ©cisĂ©ment le sujet de l'article que je m'apprĂȘtais Ă  Ă©crire avant d'entendre cette terrible nouvelle.

La question du devoir du service militaire face Ă  l'Ă©tude de la Torah a Ă©tĂ© traitĂ©e de maniĂšre trĂšs dĂ©taillĂ©e et quasi prophĂ©tique par notre maĂźtre le rav MochĂ© Botschko, zatsal, dont les propos ont Ă©tĂ© rapportĂ©s dans la brochure Ă©crite et Ă©ditĂ©e par son fils, notre maĂźtre le rav Shaoul David Botschko, chlita, et publiĂ©e aux Ă©ditions Lichma, que je vous invite vivement Ă  consulter : Étude de la Thora & service militaire

NĂ©anmoins, j'aimerais apporter ma modeste touche Ă  ce sujet. Nous sommes aujourd'hui confrontĂ©s au phĂ©nomĂšne incohĂ©rent qui voit les 'Haredim, dans leur grande majoritĂ©, ne pas s'engager dans l’armĂ©e et, qui plus est, Ă  la proposition de loi d'octroyer Ă  cette population, de maniĂšre quasi automatique, une exemption lĂ©gale et dĂ©finitive – et ce, au moment mĂȘme oĂč l'État d'IsraĂ«l se trouve engagĂ© dans un combat existentiel pour assurer son avenir et celui du peuple juif tout entier.

Beaucoup prétendent ouvertement que seule la Torah nous protÚge et que si la société dans son ensemble

Cette position va Ă  l'encontre des fondements du judaĂŻsme, de la Torah Ă©crite et de la Torah orale qui exigent de l'homme qu’il fasse tout ce qui est en son pouvoir et d'agir pour Ă©viter tout dommage, qu'il soit d'ordre matĂ©riel, sanitaire ou spirituel : Avraham, le fondateur de la nation, avait une armĂ©e, MochĂ© Rabbenou avait une armĂ©e, Le roi David avait une armĂ©e, et nulle part nous ne voyons que ces personnages ont cru ne serait-ce qu’un instant que seule l’étude pouvait les protĂ©ger.

Cela me rappelle une affiche publiĂ©e Ă  l’époque oĂč une terrible vague d'attentats s’abattait sur IsraĂ«l, au dĂ©but des annĂ©es 2000. L'affiche invitait Ă  un rassemblement pour prier au Tombeau des Patriarches Ă  'Hevron ; dans l'invitation, on trouvait des expressions tirĂ©es du Talmud, comme « Notre force ne se trouve que dans notre bouche [c'est-Ă dire la priĂšre] » ou « On ne peut se reposer que sur notre PĂšre qui est aux cieux ». Au bas de l'affiche, Ă©tait inscrit en caractĂšres gras : « L’évĂ©nement est entiĂšrement sĂ©curisĂ© par les forces de Tsahal. » Je pense que cela se passe de commentaires. En rĂ©alitĂ©, la source de la position traditionnelle du monde orthodoxe se trouve dans l'axiome qui oppose les valeurs du sacrĂ© et du profane, et les Ă©tablit en un vĂ©ritable dilemme : « Baroukh haMavdil bein kodech le'Hol. » Il est effectivement fondamental de savoir

distinguer le sacrĂ© du profane. C'Ă©tait mĂȘme une nĂ©cessitĂ© existentielle tout au long de l'exil, afin de permettre le miracle de la survie d'un peuple dĂ©muni de toute structure nationale. Mais faire de ce discernement une opposition dichotomique rigide et absolue serait fauter et trahir le message de l'unitĂ© divine que nous proclamons en profession de foi dans le fameux « Chema IsraĂ«l » – en particulier Ă  l'Ă©poque du retour d'IsraĂ«l sur sa terre, dont nous avons le mĂ©rite de faire partie.

« Écoute IsraĂ«l, Dieu est notre Dieu, Dieu est Un. Et toi, fidĂšle Ă  l’unitĂ© de Dieu, tu as cherchĂ© l’union dans le monde. L’union du sacrĂ© de la Torah et du sacrĂ© de l’armĂ©e. L’union de la maison nationale et de la maison privĂ©e. Tu as cherchĂ©, tu as demandĂ© Ă  trouver l’union dans la rĂ©alitĂ©. Le soir de Chavouot, nous avons Ă©tudiĂ© ensemble le sujet des Tables de la

loi brisĂ©es. Elles sont disposĂ©es dans l’Arche sainte avec les Tables de la loi entiĂšres, parce qu’il y a une union dans le monde. »

Ces poignantes paroles de Laly Derai, la maman de Saadia, expriment exactement le principe de l'unité des valeurs retrouvée par le peuple d'Israël sur sa Terre. Cette unité des valeurs qui était le souffle de la courte vie de Saadia notre héros. Cette unité des valeurs qui devient son testament et notre devoir sacré. Que Dieu venge son sang versé pour l'amour d'Israël ainsi que celui de tous nos héros tombés pour assurer notre existence. n

Pour contacter le rav Dray : avdery7@gmail.com

Rav Avraham Dray Rabbin de communauté à Ashdod - Fondateur de Chadarim Directeur du Desk France du Mizra'hi mondial
Un jeune ultraorthodoxe se tient Ă  l'entrĂ©e de Bnei Brak, sur la trĂšs frĂ©quentĂ©e route n° 4, et brandit un panneau sur lequel est Ă©crit : « La prison mais pas l'armĂ©e ». L'enrĂŽlement des Ă©lĂšves des yechivot est depuis la crĂ©ation de l'État un enjeu politique qui met souvent le gouvernement en pĂ©ril.

L'étonnante rumeur

Le quartier des V.I.P. au Paradis est moins paisible qu'a l'ordinaire. JosuĂ©, le disciple et successeur de MoĂŻse, et chef d'État-major de la premiĂšre armĂ©e d'IsraĂ«l, celle qui fut victorieuse sur les diffĂ©rents fronts, celle qui rĂ©ussit Ă  conquĂ©rir JĂ©richo puis Hay avant de dĂ©faire la coalition des rois du Sud (chapitre 10) puis celle du Nord (chapitre 11), se dirige d'un pas dĂ©cidĂ© vers notre ancĂȘtre Avraham :

– On vient de me signaler que le prĂ©sident du Conseil des sages de Shas aurait dĂ©clarĂ© qu'il est interdit de rejoindre les rangs de l'armĂ©e, mĂȘme si l’on n'Ă©tudie pas dans une yechiva, car cela Ă©quivaudrait Ă  transgresser le chabbat ! Vous ĂȘtes au courant ?

– Encore une fake new, assurĂ©ment ! rĂ©pond le patriarche. Aucun rav n'a pu dire cela. MĂ©fie-toi des rumeurs, JosuĂ©, et vĂ©rifie bien les sources. Il faut dire qu'Avraham est particuliĂšrement sensible au sujet. Lorsqu'on lui annonça que son neveu Lot avait Ă©tĂ© pris en otage par les terroristes des forces armĂ©es de Kedorlaomer et d'Amraphel, il n'hĂ©sita pas une seconde et constitua un petit commando de 318 hommes pour aller dĂ©livrer son neveu ainsi que les autres captifs. « Il fondit sur eux la nuit avec ses hommes, les battit et les poursuivit jusqu'Ă  'Hova, situĂ©e Ă  gauche de Damas. » (GenĂšse 14, 15) Avraham adore raconter ce fait d'armes Ă  qui veut l'entendre. Il rajoute toujours son commentaire, avec un petit sourire :

– 'Hova
 On n'a dĂ©mobilisĂ© les hommes qu'une fois parvenus Ă  'Hova. Sais-tu ce que signifie « 'hova », jeune homme ? Cela veut dire « le devoir ». On ne dĂ©pose les armes qu'aprĂšs avoir atteint 'Hova, aprĂšs avoir rempli son devoir. Et il n'y a pas de devoir plus sacrĂ© que de faire la guerre pour dĂ©livrer des otages ! À ce propos, Avraham se souvient quelle fut son immense satisfaction lorsqu'on lui rapporta l'anecdote du gĂ©nĂ©ral Wingate. Orde Wingate fut affectĂ© en 1936 en Palestine, alors sous mandat britannique. ChrĂ©tien Ă©duquĂ© dans l'amour de la Bible, il fut tout de suite sĂ©duit par la cause sioniste, dans laquelle il reconnaissait les rĂ©alisations des prophĂ©ties bibliques. Il rĂ©ussit Ă  obtenir des responsables du Yichouv

LE KLING DU MOIS

l'autorisation de former les fameux « escadrons de nuit » (le Palam – Plougot haLaĂŻla haMeyou'hadot), desquels ont Ă©manĂ© de cĂ©lĂšbres combattants du Palma'h et de la Haganah. Lors de son premier cours, il demanda aux jeunes kibboutznikim de lui apporter une Bible et il leur lut le rĂ©cit de la guerre d'Avraham. « Prenez exemple sur votre ancĂȘtre », leur dit-il. « Il faut attaquer la nuit, par surprise et par ruse. Et la victoire sera au rendez-vous, mĂȘme avec 318 hommes contre quatre grandes puissances rĂ©gionales ! » On raconte que le jeune MoshĂ© Dayan fut trĂšs impressionnĂ© par l'utilisation stratĂ©gique que fit le gĂ©nĂ©ral Wingate des exploits du gĂ©nĂ©ral Avraham


JosuĂ© repart rassurĂ©. Il se doutait bien que c'Ă©tait une fake new. Un rav ne peut pas comparer une mitzva de cette importance Ă  la profanation du chabbat, c'est absurde ! D'excellente humeur, il dĂ©cide d’aller raconter l'entretien qu'il vient d'avoir avec le patriarche Ă  son ami YĂ©houda MaccabĂ©e, le fils de Matitiahou le grand-prĂȘtre qui, on s'en souvient, dĂ©clencha la fameuse et hĂ©roĂŻque rĂ©volte des forces juives contre la puissance grecque, et redonna au peuple son indĂ©pendance nationale.

Les 75 recrues du Palam, « les escadrons de nuit » constitués par le général Orde Wingate (en médaillon).

Ils étaient tous membres de la Haganah. © GPO

Yéhouda est précisément en conversation animée avec le roi David : ils comparent une fois de plus leurs victoires militaires et leurs stratégies respectives, qui furent à l'origine de leurs célÚbres batailles sur les monts de Judée. Josué leur fait part de la rumeur et tous éclatent de rire : interdire, au nom de la Torah, de défendre le peuple et la Terre d'Israël ?!

Que ne vont donc pas inventer ces journalistes pour faire vendre leurs journaux ! Le plus grand des prophĂštes, MoĂŻse lui-mĂȘme, n'a-t-il pas, Ă  l'Ă©poque, Ă©levĂ© le ton lorsque les reprĂ©sentants des deux tribus ont un moment osĂ© envisager de se dispenser de leurs obligations militaires ? « Quoi ?! s’est-il Ă©criĂ©,

vos frĂšres iraient faire la guerre pendant que vous resteriez ici ?! » Tout le monde, au Paradis, connaĂźt la halakha : « Lorsqu'il s'agit d'une guerre de mitzva, comme la conquĂȘte du pays ou comme les guerres de dĂ©fense contre des ennemis qui veulent nous dĂ©truire, on ne tolĂšre aucune exemption, mĂȘme le 'hatan et la kala doivent quitter la 'houpa pour participer Ă  l'effort de guerre. » Ce sont mĂȘme les plus pratiquants qui doivent ĂȘtre les premiers au front, car ceux qui craignent de ne pas avoir assez de mĂ©rites risquent de dĂ©moraliser les combattants. Mais voilĂ  qu’ils voient arriver JĂ©rĂ©mie, la mine triste des jours oĂč il est porteur de mauvaises nouvelles : il est venu leur dire que, Ă  sa grande surprise, ce n'est pas une fake new. Un grand rav a osĂ© dire cela publiquement. Il semblerait mĂȘme, ajoute le prophĂšte, gĂȘnĂ©, qu'il n’est pas seul et que l'idĂ©e saugrenue qu'on pourrait, au nom de la Torah, ĂȘtre dispensĂ© de combattre pour la survie d'IsraĂ«l, est assez rĂ©pandue.

Les rĂ©sidents du quartier paradisiaque des V.I.P. n'en reviennent pas. AlertĂ©, Rabbi Akiva, qui avait envoyĂ© ses disciples combattre aux cĂŽtĂ©s de Bar Kokhba, dĂ©cide d'une rĂ©union gĂ©nĂ©rale pour essayer de comprendre comment on en est arrivĂ© là
 n

'Houkat

Comment changer les choses

Une vache rousse sans dĂ©faut n’ayant jamais portĂ© le joug doit ĂȘtre sacrifiĂ©e et ses cendres mĂȘlĂ©es Ă  de l’eau de source pour fabriquer un purificatoire. Ces eaux lustrales purifieront l’homme rendu impur par contact avec un mort. Ce 'hok de la vache rousse est peut-ĂȘtre l’archĂ©type du dĂ©cret divin : sans logique humaine. Quel rapport, en effet, entre une vache et un rituel de purification liĂ© Ă  la mort ?

La vache rousse rĂ©duite en cendres purifie l’homme impur, annulant ainsi les dĂ©crets funestes qui le menacent. « Impur » puisqu’ayant touchĂ© la mort, il n’est plus dans le mouvement de la vie. Il risque alors de subir Ă  son tour la rigueur du jugement de Celui qui juge. Il y a donc nĂ©cessitĂ© absolue Ă  le ramener vers le « cĂŽtĂ© droit », celui de la vie. C’est la Cabale qui va Ă©clairer pour nous ce mystĂšre : « para », la vache, est Ă  rapprocher de « pĂ©ri », le fruit de l’Arbre de la connaissance du Bien et du Mal qu’ont consommĂ© Adam et Ève, ce qui leur a fait quitter l’éternitĂ© du Paradis pour ce monde mortel. Le fruit, la faute, la mort, l’impuretĂ©. Nous comprenons maintenant : il y a eu faute ou mal, malheur, dĂ©sĂ©quilibre vers le « cĂŽtĂ© gauche ». Il s’agit alors, par le rituel, de rééquilibrer les forces en prĂ©sence, en multipliant les symboles pouvant ramener ce qui est Ă  « gauche » de l’Arbre de Vie dans la structure des sefirot, de la

PardĂšs – le Verger – ce sont les quatre niveaux d’étude de la Torah. Ariela Chetboun met par Ă©crit l’enseignement oral reçu de ses maĂźtres en Kabbala et 'Hassidout. Que cet Ă©clairage vienne Ś“Ś™Ś™ŚĄŚ‘ complĂ©ter ce que nous savions jusqu'ici.

Gvoura, de la rigueur du Jugement divin, vers le « cĂŽtĂ© droit », le cĂŽtĂ© du 'Hessed, de l’amour, de la bontĂ©, pour que l’homme redevienne pur et s’inscrive de nouveau dans le chemin de la vie.

À commencer par le recours Ă  une vache. Symboliquement, les bovins occupent le « cĂŽtĂ© gauche ». C’est une vache (le fĂ©minin est Ă  gauche) et non un bƓuf : Gvoura de Gvoura. De plus, cette vache est rouge, couleur associĂ©e au pĂ©chĂ©, Ă  la faute, au feu – encore Gvoura. Elle n’a jamais connu le joug : jamais soumise Ă  l’homme, elle n’a pas exprimĂ© son 'Hessed, sa gĂ©nĂ©rositĂ© – de nouveau, Gvoura. Et cette vache rouge est intĂ©gralement brĂ»lĂ©e au feu du sacrifice, ce qui est une maniĂšre de monter encore en intensitĂ© dans la Rigueur.

C’est lorsque ce processus atteint son paroxysme que la tendance peut enfin s’inverser. PoussĂ© au maximum de son Ă©tat de Gvoura, le sacrifice dĂ©voile enfin son 'Hessed

Ses cendres incarnent l’origine de la Gvoura, c’est-Ă -dire le 'Hessed, selon un mĂ©canisme fondamental que rĂ©vĂšle la Cabale : il n’est possible d’inverser l’orientation des Ă©vĂ©nements, de transformer l’état

d’un ĂȘtre, la nature d’une chose, qu’en le poussant Ă  sa source, par excĂšs de la chose elle-mĂȘme. Pour annuler un dĂ©cret funeste, il faut lui faire faire le chemin inverse, augmenter dans le sens de la rigueur jusqu’à atteindre le point de bascule vers la gĂ©nĂ©rositĂ© absolue. Si nous nous opposons Ă  une chose, elle grandit et gagne en puissance. Comment renverser une situation, retourner une personne ? En l’accompagnant dans son effort pour exister. Mais il ne faut surtout pas s’interrompre au milieu du processus, s’arrĂȘter en chemin
 n

Goulash de bƓuf

PRÉPARATION

l Éplucher et Ă©mincer les oignons, puis les faire revenir dans l'huile. Quand les oignons ont bien fondu et forment un amas pĂąteux, ajouter la viande coupĂ©e en morceaux de taille moyenne.

l Ajouter le concentrĂ© de tomates, les bouquets garnis et le bouillon de bƓuf, saler et poivrer. Fermer le faitout car la viande ne doit pas dorer.

l Laisser cuire Ă  feu trĂšs doux pendant trois heures, ajouter le paprika une heure avant de servir.

l Éplucher les pommes de terre, les couper en morceaux et les ajouter Ă  la prĂ©paration. Laisser encore mijoter pendant trente minutes environ, jusqu'Ă  ce que les pommes de terre soient fondantes.

l Incorporer la crÚme fraßche parvé au dernier moment, comme le veut la coutume hongroise. Laisser chauffer puis servir.

Bon appétit !

INGRÉDIENTS

Pour 8 personnes

‱ 40 cl de crĂšme fraĂźche parvĂ©

‱ 50 cl de bouillon de bƓuf (1 cube + eau)

‱ 4 cuillùres à soupe d'huile

‱ 800 g d'oignons

‱ 2 kg de bƓuf à braiser

‱ 1kg de petites pommes de terre

‱ 10 cuillĂšres Ă  soupe de concentrĂ© de tomates

‱ 2 cuillùres à soupe de paprika

‱ 2 bouquets garnis

Extrait de Une annĂ©e avec la Cabale. Secrets du Temps et des FĂȘtes juives

des jeux page 54

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Monsieur LĂ©vy, malade imaginaire, se rend chez un jeune mĂ©decin pour faire un bilan de santĂ©. Le mĂ©decin l'examine des pieds Ă  la tĂȘte et lui dit :

– RĂ©jouissez-vous, Monsieur LĂ©vy, vous ĂȘtes en parfaite santĂ© !

– Comment ça, en parfaite santĂ© ? Et mon estomac ?

– Il va trùs bien.

– Et mon foie, mes reins, mon cƓur ?

– Tout va bien, Monsieur LĂ©vy.

– Ah, j'ai compris, vous ne voulez pas me le dire, c'est ça ? J'ai une maladie grave.

– Voyons, Monsieur LĂ©vy, vous n'ĂȘtes absolument pas malade, tout va bien.

– Dites-moi, Docteur, vous croyez savoir mieux que moi comment je me sens ?

– Évidemment, je suis mĂ©decin, non ?

– Ah oui ? Et depuis combien de temps ?

– Sept ans.

– Vous voyez : vous n'ĂȘtes mĂ©decin que depuis sept ans, et moi cela fait quarante ans que je suis malade !

Moché va chez le médecin, qui l'ausculte.

– Tirez la langue et dites trente-trois !

– Trente, trente, trente


– Mais non, je vous demande de dire trente-trois !

– Mais Docteur, d'habitude vous me faites dix pour cent...

Yankelé a douze enfants mais une seule piÚce pour loger

sa famille nombreuse. La vie est carrément intenable. Il décide donc d'aller demander conseil à son rabbin.

AprÚs l'avoir écouté, ce dernier lui dit :

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Contactez-nous au 058-461 62 62 ou contactisrael@actualitejuive.com

BLAGUES À PART

Un marieur tente de « caser » une jeune fille à Réouven, le fils de Shlomo.

– Elle est comment, cette fille ? demande Shlomo.

– Elle est parfaite. Son pĂšre est trĂšs riche et son grandpĂšre est un rabbin rĂ©putĂ©. De plus, elle joue du piano et parle couramment anglais.

– Bon, laisse-moi rĂ©flĂ©chir un peu, dit Shlomo au marieur.

Désireux d'en savoir plus, Shlomo appelle son frÚre, représentant de commerce, et lui demande :

– Va acheter une chùvre – non, plutît un bouc, et metsle dans ta maison.

– Et vous pensez que cela va rĂ©gler mon problĂšme, Rabbi ?

– Tu verras !

YankelĂ© va donc acheter un bouc et l'installe dans la piĂšce oĂč lui et toute sa famille cohabitent. Au bout de deux jours, il retourne voir le rabbin

– Rabbi, c'est insupportable, ça sent mauvais, on n'en peut plus ! D'accord, on n'avait pas de place, mais là c'est invivable !

Le rabbin réfléchit un long moment et conclut :

– Va revendre le bouc.

Yankelé s'exécute et le lendemain il retourne voir le rabbin

– Merci, Rabbi, merci ! Si vous saviez comme on se sent bien chez nous maintenant !

– Écoute, comme tu voyages tout le temps, pourrais-tu faire un saut dans une petite ville situĂ©e Ă  cinquante kilomĂštres d'ici ? Il y a lĂ -bas une jeune fille qui semble ĂȘtre une vĂ©ritable merveille. Mais cela me paraĂźt ĂȘtre un trop beau parti pour mon fils – moi je ne suis qu'un simple tailleur... Donc j'aimerais vĂ©rifier tout ce que m'a dit le marieur avant de lui donner ma rĂ©ponse. Alors vas-y et raconte-moi tout.

Deux semaines plus tard, le frÚre téléphone à Shlomo :

– Tout ce que t'a dit le marieur est vrai. Le pĂšre est trĂšs riche, le grand-pĂšre est un rabbin rĂ©putĂ©, et la jeune fille joue du piano et parle anglais.

– Donc tout va bien !

– Eh bien
 c'est-Ă -dire qu'il y a quand mĂȘme un lĂ©ger problĂšme


– Lequel ?

– Eh bien, tu vois, c'est comme l'affaire Dreyfus...

– Quel rapport ? De quoi me parles-tu là ?

– Voilà : elle, elle dit qu'elle est innocente, mais tous les officiers du mess disent le contraire !

Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour.

Contributeurs : Hagit Bialistoky

Ariela Chetboun

André Dan Avraham Dray

Yoel Haddad

Elie Kling Orli Nabet

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