AJ MAG 4 Juillet 2024

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Jeudi 4 juillet 2024

28 Sivan 5784

Nº 1011 | Mensuel

DOSSIER

LES TRÉSORS DE LA CAMPAGNE

ISRAÉLIENNE

GRAND ANGLE

SPÉCIAL J.O. PARIS 2024

SANTÉ

RECOMMANDATIONS EN CAS DE GROSSE CHALEUR

JUDAÏSME

BAAL SHEM TOV : LE SECRET DU POULS

HISTOIRE

QUAND LA FRANCE

HONORAIT JABOTINSKY

YAEL ARAD

« CHAQUE AFFICHAGE OU

LEVÉE DU DRAPEAU BLEU ET

BLANC SERA UNE VICTOIRE ! »

« Ensemble nous vaincrons » n’est pas un slogan publicitaire

On l’éprouve tous un peu, cet essoufflement, on la ressent tous un peu, cette fatigue qui monte en nous, cette lassitude qui nous met KO comme si nous avions atteint la limite du supportable. Et à côté de cela, il y a le cours de notre vie quotidienne qui malgré tout continue et qui, parfois en décalage, prend impitoyablement mais nécessairement le dessus. Une réalité en noir et blanc, teintée de couleurs. Le matin, nous pleurons en apprenant qu’un de nos soldats est tombé, ce qui ne nous empêche pas de nous émerveiller et d’éprouver de la joie en voyant un bébé se dresser pour la première fois sur ses petits pieds fragiles. Ce maelstrom de sentiments contradictoires devrait nous accompagner encore longtemps. Il est une partie intrinsèque de cette guerre de la lumière contre l’obscurité.

C’est cette même dualité qui m’a habitée à la chiva de Saadia Derai, za''l . Dans la maison de ses parents, Laly et Haïm Derai, une foule composée de proches, d’officiels et d’anonymes se pressait pour venir réconforter les parents, grands-parents, frères et sœurs, la veuve et les enfants – bien trop jeunes pour comprendre –, tout un univers impacté par la perte d’un être exceptionnel. Étrangement et très vite, j’ai perçu, outre la peine irrémédiable, une sorte de kedoucha, de sainteté. Brusquement, tout était inversé ; c’était un privilège d’être présent, un privilège d’étreindre cette maman brisée qui trouvait cependant la force de sourire à chacun. C'était elle qui réconfortait. Dans ce lieu habité par la tragédie, la personnalité de Saadia rayonnait et nous imposait l’humilité.

« Saadia n’est pas tombé, il est monté », a dit Laly à la fin de la chiva, dans le kollel où son fils étudiait à Yaffo. Expliquant que Saadia avait puisé la bravoure et la sainteté dans son foyer, dans son couple et à la yechiva, elle a rappelé que « le peuple d’Israël a toujours su ce qu’étaient la bravoure et la sainteté », deux notions qui, loin de s’affronter, se complètent depuis la nuit des temps dans l’ADN juif.

Combattre les ennemis qui veulent anéantir la présence juive sur sa terre et étudier la Torah qui donne justement tout son sens à cette présence, en quoi est-ce contradictoire ? N’est-ce pas au contraire un aboutissement ? Nous trouverons bien les aménagements nécessaires pour harmoniser ces deux pôles qui ne doivent plus se repousser mais s’attirer. « Ensemble nous vaincrons » n’est pas un slogan publicitaire, c’est le moteur de notre avenir en Israël.

sommaire n° 1011

5 GRAND ANGLE

• Interview de Yael Arad, présidente du Comité olympique israélien

• Plus vite, plus haut, plus fort, plus sûr

• Bien plus que des J.O.

• Frédéric Journès, ambassadeur de France en Israël, s’adresse aux lecteurs de AJ MAG

13 CARTES SUR TABLE Chalia'h

14 DOSSIER

Les trésors de la campagne israélienne

30 SANTÉ

Yael Arad, présidente du Comité olympique israélien :

La Judée-Samarie : sur les traces de la Bible

34 BOUILLON DE CULTURE

Le Tanakh sur le bout des doigts

37 LEADERSHIP

« Comment puis-je vous aider ? » 38 HISTOIRE

Quand la France honorait Jabotinsky 42 JUDAÏSME

Le secret du pouls

Recommandations en cas de grosse chaleur 32 DÉCOUVERTE D'ISRAËL

44 AU NOM DE LA LOI Le glaive et la Torah

46 LE KLING DU MOIS L'étonnante rumeur

Chaque affichage ou
levée du drapeau bleu et
blanc aux J.O. de Paris
sera déjà une victoire !

AJ MAG : Dans le contexte des récentes attaques du Hamas, avec 120 otages toujours détenus à Gaza et l'opération militaire de Tsahal en cours, la participation des athlètes israéliens aux Jeux Olympiques revêt-elle une signification particulière ?

Yael Arad : Les athlètes israéliens compétitionnent toujours avec le sentiment de devoir représenter Israël, son drapeau, sa culture. Mais évidemment, après le 7 octobre, avec la guerre prolongée et la grande souffrance que notre peuple endure, notre délégation ressent une énorme responsabilité, et elle éprouve un fort désir de créer des raisons de joie et de fierté.

Quelques jours après le chabbat noir, vous avez dû quitter Israël pour une réunion olympique à Bombay, au cours de laquelle vous avez été élue au Comité Olympique International. Comment l’avezvous vécu ?

Il m’a été très difficile de quitter Israël à ce momentlà mais j’ai ressenti que c’était une obligation de

montrer au monde que nous étions toujours là. Pour moi, servir au sein du CIO est un rêve devenu réalité, une opportunité d’aider à construire des ponts entre les nations sans permettre aux terroristes de les franchir.

Avez-vous envisagé qu’Israël ne participe pas aux Jeux de Paris ?

L'idée de ne pas participer n'a jamais traversé nos esprits. Au contraire, c'est maintenant plus que jamais l'occasion de briller, de démontrer notre excellence et de porter haut les couleurs d'Israël sur la scène mondiale du sport olympique.

Certains députés français avaient appelé au boycott d'Israël. Avez-vous craint que le CIO entende cet appel ?

Le mouvement olympique mondial fonctionne selon les valeurs olympiques, tout comme le Comité olympique israélien. Nous n'avons jamais enfreint les règles ; au contraire, nous respectons et promouvons toutes les initiatives sociales et humanitaires que défend le CIO, telles que la durabilité, l'égalité sociale, la diversité et l'inclusion des différences. Nous croyons fermement que le sport est un pont entre les individus, les nations et les cultures. Nous avons une grande confiance envers le CIO et les organisations sportives mondiales.

Était-il même concevable d'aborder le sujet du sport dans les jours qui ont suivi ce chabbat tragique ?

Le sport de haut niveau est le sens de la vie des athlètes, et les Jeux Olympiques sont une aspiration à la vie. Après le 7 octobre, les sportifs étaient dévastés, beaucoup ont perdu des amis, des camarades d'enfance ou des proches dans les massacres brutaux, les viols et les abus du Hamas – j'ai moimême perdu des membres de ma famille, des amis de mes enfants de notre quartier et des enfants d'amis. Nous étions tous brisés et jusqu'à aujourd'hui nos cœurs restent captifs à Gaza.

GRAND ANGLE

lll Comment avez-vous géré les athlètes après le 7 octobre ?

Nous avons décidé de mobiliser les athlètes pour soutenir la communauté de manière significative : visites aux blessés pour les encourager pendant leur rééducation, conférences inspirantes pour les survivants et les personnes déplacées, et organisation d'entraînements réguliers pour les enfants contraints d’évacuer leurs maisons ou leurs communautés. Cela leur a donné un but et les a aidés à reprendre l'entraînement. Dès le lendemain, tous les sportifs ont été transférés au centre d'entraînement principal de l'Institut Wingate, des appels Zoom ont été organisés pour tous, et nous avons aidé ceux qui étaient à l'étranger à rentrer en Israël – car dans les situations de crise, les Israéliens qui se trouvent hors du pays veulent toujours rentrer immédiatement pour apporter leur aide et être avec leur famille.

Les deux premières semaines ont été très limitées, tous les déplacements pour les compétitions et les entraînements ayant été suspendus sur recommandation de l’armée. Mais ensuite, nous avons mis en place un processus très organisé avec les autorités compétentes et les fédérations, et les sportifs ainsi que les entraîneurs ont repris confiance.

Parlez-nous de la délégation israélienne qui s’apprête à s’envoler vers Paris. Ce sera une grande délégation, très diversifiée : 88 athlètes et sportifs, y compris, pour la première fois depuis 1976, une équipe de football. Le football masculin mis à part, nous aurons plus de 50 % de femmes. Nous arrivons avec une très grande équipe professionnelle, qui comporte aussi une équipe médicale significative, et quatre membres du personnel, tous médaillés olympiques : Oren

Smadja, entraîneur de l'équipe masculine de judo, Gal Fridman, champion olympique et champion du monde de planche à voile, et entraîneur de l'équipe masculine de IQFoil, Shahar Tzuberi, médaillé de bronze à Pékin en planche à voile, qui entraîne l'équipe féminine de IQFoil, et moi-même. Nous avons aussi des médaillés olympiques titulaires, notamment Artem Dolgopyat, médaillé d’or en gymnastique au sol aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, et Avishag Semberg, taekwondoïste médaillée de bronze dans la catégorie des moins de 49 kg, à Tokyo également.

Justement, les Jeux de Tokyo ont été les plus réussis de l’histoire d’Israël, avec quatre médailles, dont deux médailles d’or, et la participation à quinze finales. Quel est l’objectif visé pour les J.O. de Paris ?

Nous attendons quatre à cinq médailles et la participation à quinze à dix-huit finales. En 2023, nos sportifs ont remporté neuf médailles aux Championnats du monde, dont quatre médailles d’or.

La sécurité est-elle une préoccupation majeure ? Depuis 1972, année du terrible massacre de Munich, nous sommes très conscients des questions de sécurité ; nous devons toujours rester vigilants. Mais les forces de sécurité françaises et les organisations sécuritaires israéliennes investissent beaucoup d'efforts pour assurer notre sécurité, afin que les sportifs puissent se concentrer sur la compétition et la victoire, et nous leur faisons confiance. Ce n'est pas facile et cela comporte des risques, mais depuis sa création l'État d'Israël fait face aux complexités sécuritaires et nous avons tous grandi avec une capacité d'adaptation à cette situation.

En dépit des menaces, Israël prévoit-il de participer à la cérémonie d'ouverture qui aura lieu sur la Seine à Paris ?

Israël participera à la cérémonie d'ouverture comme toutes les autres nations. Comme le veut la tradition, une femme et un homme seront les porte-drapeaux, et nous les annoncerons au cours du mois de juillet.

Il y a quelques mois, lors d'une manifestation propalestinienne à Tokyo, plusieurs athlètes de l'équipe de judo d'Israël ont eu des altercations avec des manifestants. Les athlètes israéliens ont-ils été préparés à faire face au climat « propalestinien » qui règne en France et à d’éventuelles provocations antisémites ?

Nos sportifs sont en effet confrontés à diverses provocations. Notre directive est de ne pas entrer en conflit, de ne pas chercher à avoir raison, mais de se concentrer sur le but pour lequel nous sommes venus : concourir et réussir.

En cas de podium ou à d’autres occasions, verrat-on les athlètes israéliens arborer le symbole des otages ?

Il y a aujourd'hui environ trente conflits dans le monde, et le règlement olympique interdit d'exprimer des opinions politiques. Nous nous concentrons sur la compétition et nous ne dérogerons pas au règlement.

Que signifiera cette année le drapeau bleu et blanc dans les J.O. ?

Chaque fois que ce drapeau flottera aux Jeux Olympiques cette année, il rappellera au monde entier qu'il reste encore 120 otages à Gaza, en espérant leur retour rapide à la maison. Chaque affichage ou levée du drapeau bleu et blanc sera déjà une victoire ! n

Yael Arad a 57 ans, elle est la maman de Tom, 26 ans, et de Danielle, 22 ans.

Ancienne judoka, championne d'Europe, vicechampionne du monde et championne du Tournoi de Paris, elle a été la première médaillée olympique d'Israël en 1992.

Depuis sa retraite en 1996, elle a intégré le monde des affaires et s’est spécialisée dans l'entrepreneuriat, le développement commercial et la stratégie marketing. Elle dirige les activités commerciales du groupe Paramount Media en Israël et est consultante pour des entreprises dans les domaines du gaming et de l'innovation.

En novembre 2021, elle a été élue présidente du Comité olympique israélien – une fonction bénévole –, et en octobre 2024, membre du Comité International Olympique.

Propos recueillis par Nathalie Sosna-Ofir
Photo Yael Arad sur le podium lors de la remise des médailles © Yossi Roth
Yael Arad avec le président israélien, Itzhak Herzog, et son épouse Mikhal lors de la cérémonie officielle organisée en l'honneur de la délégation olympique à la résidence présidentielle. Yael Arad porte la tenue officielle d'Israël pour les J.O. de Paris. © Comité International Olympique

Plus vite, plus haut, plus fort, plus sûr

Organiser les Jeux Olympiques représente toujours un défi monumental pour la ville-hôte, mais ceux de Paris, cette année, sont sans doute encore plus difficiles compte tenu du contexte géopolitique tendu et des menaces terroristes tangibles.

Les attentats terroristes de 2015, revendiqués par l'État islamique, dont certains ont eu lieu près du Stade de France, sont encore très présents dans les mémoires. Et depuis l’attentat perpétré en mars dernier et qui a causé la mort de plus de 140 personnes dans une salle de concert à Moscou, là encore par l'État islamique, la France a relevé son niveau d'alerte au maximum. Le Premier ministre français, Gabriel Attal, a d’ailleurs déclaré que « la menace terroriste est réelle et sérieuse », et précisé que deux attaques de l'État islamique avaient été déjouées au cours de l’année passée sur le territoire français. À cette menace islamique se sont ajoutées les manifestations propalestiniennes particulièrement virulentes qui ont suivi la contreoffensive israélienne à Gaza après l'attaque du Hamas du 7 octobre, ainsi que le considérable regain des actes antisémites. Les organisateurs, conscients des risques, ont donc prévu de déployer quotidiennement jusqu'à 45 000 policiers et soldats pour sécuriser les Jeux, avec une présence notable à Paris et sur les sites des compétitions, ainsi que 17 000 à 22 000 agents de sécurité privés, assistés par des milliers de volontaires,

Assurer la sécurité des Israéliens sera un défi majeur.

principalement pour orienter les visiteurs, mais aussi pour jouer un rôle crucial en matière de vigilance. En outre, dès le début de 2024, Paris a contacté 46 pays pour aider à sécuriser l’événement. 35 d’entre eux ont répondu positivement, parmi lesquels les États-Unis et Israël dont l’assistance sera particulièrement significative par rapport à celle des autres pays. Plusieurs délégations israéliennes se sont rendues à diverses reprises en France pour évaluer et anticiper les problèmes potentiels liés à la sécurité en général, en mettant l'accent sur celle de la délégation israélienne composée d’au moins 85 athlètes. Le spectre de l’attentat des J.O. de Munich en 1972, lors desquels 11 athlètes israéliens avaient été assassinés, plane toujours. D’ailleurs, sur leur route vers Paris, certains membres de la délégation israélienne passeront par Munich pour déposer une couronne au monument qui leur est dédié. Assurer la sécurité des Israéliens sera un défi majeur, car certains participeront à des compétitions organisées en dehors de Paris, comme le football, le tir et le surf dont les épreuves se dérouleront à Tahiti. Malgré les défis actuels, notamment sur le plan financier, d’importantes ressources ont été allouées par les autorités israéliennes à la sécurité des équipes, et les organisateurs français sont en communication constante avec leurs homologues israéliens pour garantir la protection des athlètes en bleu et blanc qui résideront au village olympique, dans le nord de Paris, sous protection rapprochée. Les Israéliens ont été encouragés à ne pas répondre aux provocations antisémites et antiisraéliennes. « Je suis sûr que vous resterez forts et que vous ne vous rabaisserez pas au niveau des provocateurs », leur a dit le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar, lors d’une réception à la

Ci-dessus : septembre 2018. La ministre israélienne de la Culture et des Sports, Miri Regev, rend hommage aux onze athlètes pris en otages et assassinés lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972.

Ci-contre : l'athlète israélien Artem Dolgopyat allume la flamme du souvenir lors de la cérémonie marquant le cinquantenaire du massacre de Munich, à Tel Aviv le 21 septembre 2022. Photos © Flash90

résidence du président de l’État d’Israël, Itzhak Herzog. En plus de la sécurité des Israéliens, il faudra aussi protéger les participants ukrainiens. Le Comité International Olympique a en effet interdit la participation de la Russie aux J.O. en raison de son invasion de l'Ukraine, ce qui pourrait inciter des groupes hostiles à perturber les Jeux. Mais par ailleurs, il faudra également veiller à la sécurité des athlètes russes et biélorusses neutres, qui participeront sous drapeau blanc. n

PAR NATHALIE SOSNA-OFIR

Bien plus que des J.O.

C'est cette année, la plus difficile de l’histoire d’Israël, et alors que Tsahal lutte contre les terroristes à Gaza où 120 otages sont toujours détenus par le Hamas, que se tiendront à Paris les Jeux Olympiques. Les athlètes israéliens s'apprêtent à y participer, dans un contexte où Israël n'est manifestement pas très bien accueilli dans une grande partie de l’Europe, y compris en France. Sur les tatamis, dans les piscines, les stades, la mer, ils devront lutter doublement, contre leurs adversaires sportifs mais aussi contre des tribunes potentiellement hostiles.

En dépit d’appels de La France Insoumise et des Écologistes pour infliger aux athlètes israéliens la même sanction qu’aux athlètes russes, à savoir, les faire concourir sous une bannière neutre, Emmanuel Macron a promis que « le drapeau et les sportifs israéliens seront là », rappelant que « la Russie a décidé d’une guerre d’agression qui dure depuis plus de deux ans », alors qu’« Israël n’était pas un attaquant et n’a fait que répondre à l’attaque terroriste du Hamas ». Le Comité International Olympique, le décisionnaire final, a confirmé qu’il n’était « pas question d’envisager des sanctions » contre Israël, qui devrait donc envoyer environ 85 athlètes à Paris –dont 18 joueurs de football, une première depuis 1976. Ce sera la dix-huitième participation israélienne consécutive d’Israël depuis ses premiers J.O. à Helsinki en 1952 (à l’exception des J.O. de 1980 à Moscou, Jérusalem ayant soutenu le boycott américain

Peu importe le nombre de médailles qui seront remportées, voir le drapeau bleu et blanc flotter haut et fier pendant la cérémonie d’ouverture

vaut tout l’or du monde.

de la Russie pour protester contre l'intervention militaire de l'URSS en Afghanistan), un parcours olympique assombri par l’assassinat de 11 athlètes israéliens par l’organisation palestinienne Septembre noir lors des J.O. de Munich en 1972. En 17 participations, Israël a récolté 13 médailles. La première, en 1992 à Barcelone, a été une médaille d’argent remportée par la judoka Yael Arad, aujourd’hui présidente du Comité olympique israélien, suivie la même année

par une seconde médaille, de bronze, décrochée là encore en judo par Oren Smadja dont le fils Omer vient de tomber à Gaza. La dixième a été remportée à Tokyo en 2021, et il y en a eu trois autres cette année-là – un record. Sera-t-il battu à Paris ? Le Comité vise quatre ou cinq médailles, en gymnastique rythmique et artistique, en judo et en voile – à la clé : un million de shekels net d’impôt offert aux médaillés d’or –, avec peut-être de bonnes surprises du côté de l’athlétisme et de l’escrime.

Si le bilan reste mitigé, Israël connaît plus de succès aux Jeux Paralympiques d’été auxquels il participe depuis leur première édition en 1960 à Rome : il y a gagné 380 médailles, dont 124 médailles d'or. Les plus titrés sont Zipora Rubin-Rosenbaum, 21 médailles entre 1964 et 1988, dont 11 médailles d'or, en lancer de javelot, de disque et de poids, et le nageur Uri Bergman, 12 médailles de 1976 à 1988, dont 11 médailles d'or. Et vous ne le saviez peut-être pas, mais Israël a été le pays hôte des Jeux Paralympiques d'été de 1968 à Tel Aviv, où il a été classé troisième.

Se peut-il qu’un jour Israël accueille les J.O. ?

Deux personnalités du mouvement sportif et olympique allemand, Richard Meng, président de l'association olympique

allemande, et Frank Kowalski, l'organisateur des Championnats d'Europe d'athlétisme, l’ont envisagé pour 2036, cent ans après les Jeux de Berlin sous la propagande nazie. Le symbole, disent-ils, serait extrêmement fort et communiquerait un message de paix et de réconciliation. Le Comité olympique israélien y serait plutôt favorable, mais rien n'a été officiellement décidé pour le moment et l'on parle aussi des Jeux de 2048. D’après les experts, il faudrait auparavant renforcer les infrastructures du pays et surtout qu'il y ait au moins vingt ans de paix entre Israël et les Palestiniens. Cela nous laisse quatre ans, et ça, ce n’est pas gagné !…

La première apparition des Israéliens aux J.O. 2024 sera le 24 juillet, deux jours avant la

cérémonie d’ouverture, dans le cadre du tournoi masculin de football qui les opposera au Mali sur la pelouse du Parc des Princes – une rencontre qui sera surveillée de très près par le ministère de l’Intérieur. En effet, bien que le Mali ne soit pas un pays hostile, Bamako a coupé tout contact avec Israël après la guerre de Kippour ; les relations entre les deux pays n’ont rien d’amical, et dans le contexte actuel la vigilance s’impose.

Ces J.O. à Paris, pour l’État hébreu, sont bien plus qu’une compétition : c’est aussi montrer la résilience d’Israël face à l’adversité. Peu importe le nombre de médailles qui seront remportées, voir le drapeau bleu et blanc flotter haut et fier pendant la cérémonie d’ouverture vaut tout l’or du monde. n

Le président israélien, Itzhak Herzog, a reçu la délégation olympique à sa résidence le 19 juin dernier. À ses côtés, le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar (à droite du président sur la photo), et la présidente du Comité olympique israélien, Yael Arad (deuxième à la gauche du président sur la photo).
© Oren Ben Hakoon/Flash90

CHERS LECTEURS ET LECTRICES FRANCOPHONES, FIDÈLES D’ACTUALITÉ JUIVE ET D’AJ MAG,

Pionnière de la renaissance des Jeux antiques voilà plus d’un siècle, la France accueillera à la fin de ce mois les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Les yeux du monde entier se tourneront vers l'Hexagone et ses Outre-mer pour célébrer cet événement historique : 200 pays, 400 épreuves, 10 millions de visiteurs, 4 milliards de téléspectateurs !

Cette XXXIIIe Olympiade sera l’occasion de célébrer le sport et ses valeurs les plus fondamentales : la diversité, la tolérance, la coopération. Elle témoignera de l’engagement de la France à bâtir un monde plus inclusif, avec 350 000 visiteurs en situation de handicap attendus, et plus durable, à travers une empreinte carbone réduite de moitié.

Je sais combien le contexte en Israël demeure difficile. À la douleur du deuil s’ajoutent l’angoisse sur le sort des otages, parmi lesquels nos deux compatriotes Ofer Kalderon et Ohad Yahalomi, et l’inquiétude face au spectre d’une guerre à la frontière nord. Mais je mesure aussi l’extraordinaire résilience du peuple israélien, qui pourra compter sur ses athlètes et parathlètes pour porter haut les couleurs d’Israël à Paris et faire front contre les tragiques résurgences de l’antisémitisme.

C’est dans cet esprit d’unité et de fraternité que mes équipes et moi avons souhaité faire vivre ces Jeux jusqu’en Israël : exposition itinérante, cycle cinématographique, découverte des nouvelles disciplines sportives, jeu de piste ludique au cœur de Tel Aviv… Une programmation exceptionnelle dont le point d’orgue sera la retransmission de la cérémonie d’ouverture des Jeux, un spectacle unique qui se déroulera sur la Seine et ses rives. Alors rejoignez-nous nombreux le 26 juillet prochain à l’Institut Français de Tel Aviv pour applaudir nos athlètes de France et d’Israël

Frédéric Journès

Ambassadeur de France en Israël

Chalia'h

L'été est là, c'est la saison de l’ Alya Cette année, plus que les autres, on nous annonce que des milliers et des milliers d’ olim de France vont monter en Israël, à cause de l'antisémitisme galopant et grâce à un élan de solidarité qui entraîne chez beaucoup la volonté de devenir acteur de l'avenir d'Israël, plutôt que de rester spectateur assis au fond de la salle. Pourtant, même si des olim arrivent, on est encore loin du potentiel réel d’au moins 50 000 Juifs de France qui pourraient nous rejoindre. Qu'attendentils ? Pourquoi ne viennent-ils pas en masse ? Et surtout, quel est notre rôle à nous, olim de France en Israël, pour que des dizaines de milliers de nos frères et sœurs nous rejoignent ? La réponse à cette question dépend de chacun d'entre nous. Si chaque olé de France en Israël décidait de prendre sur lui de convaincre puis d'accompagner une seule famille qui vit en France, des dizaines de milliers d' olim nous rejoindraient. Pour cela, il faut ne pas juger et nous devons arrêter de nous dire : « Oui mais nous, nous n'avons rien reçu. » D'abord, parce que ce n'est pas vrai ; et surtout parce que pour amener des Juifs en Israël, il faut, comme Moïse, être prêt à les aider sans trop les juger ni leur

faire la morale. Pour ceux qui le souhaitent, nous vous aiderons à trouver les bons arguments. Nous vous formerons afin que vous ayez tous les éléments de réponse à donner aux Juifs de France qui posent des questions sur leur avenir en Israël et qui en poseront encore une fois présents sur notre terre. Alors que nous avons parcouru une fois de plus, lors de la lecture hebdomadaire de la Torah, le douloureux épisode des explorateurs, c’est à nous, hommes et femmes issus du peuple, de prendre le leadership. Ce n'est pas seulement le travail de l'Agence Juive, du ministère de l’ Alya et de l'Intégration, des Municipalités ou de Qualita. C’est à chacun et chacune de se dire qu'il peut et qu'il doit faire ce travail, en amenant au moins une famille. Chacun, chacune peut et doit être un chalia'h . D’après la tradition, 80 % des Juifs ne sont pas sortis d'Égypte, malgré les miracles. Aujourd'hui, c'est à nous de nous associer à Dieu afin que le maximum de Juifs de France puissent nous rejoindre. Contactez-nous pour faire partie de l'aventure et faire venir le maximum de Juifs de France en Israël ! n

Ariel Kandel : Arielk@qualita.org.il

Une jeune maman et son bébé, olim de France, à leur arrivée en Israël

DOSSIER Les trésors de la campagne israélienne

SOMMAIRE

n PARDES HANNA-KARKUR

n GUIVAT ADA ET BINYAMINA

n ZIKHRON YAAKOV

n CÉSARÉE

n C’EST UNE MAISON… EN NOIR ET BLANC !

n GALIT WEISS : L'ARTISANAT

D’ART AU BOUT DES DOIGTS

n KEDEM : UNE COMMUNAUTÉ FÉMININE ET SOLIDAIRE

n YVES ANANE, LE TALENT ET LE TRAUMA

DOSSIER RÉALISÉ PAR EMMANUELLE ADDA

Parler de douceur de vivre et de qualité de vie en Israël en ce moment peut paraître paradoxal, voire un peu choquant. Pourtant, même en temps de guerre, il y des coins, dans notre pays, où il fait bon vivre. Non loin du centre du pays, en allant vers le Nord, avant d’arriver en Basse Galilée, une magnifique région mérite d’être connue. Pour la découvrir vraiment, il faut prendre le temps de visiter quatre petites villes toutes liées à un même homme : le baron Edmond Benjamin James de Rothschild : Pardes Hanna, Binyamina, Zikhron Yaakov et Césarée.

Entre la mer et la montagne, on y rencontre le vrai terroir israélien, avec ses vins et ses fromages, ses vergers et ses mochavim, son patrimoine historique, ses thérapeutes, ses artistes et ses artisans qui apaisent un peu les souffrances de la guerre.

Pardes Hanna-Karkur

Àune heure de train de Tel Aviv en direction de Haïfa, le premier arrêt est la station « Césarée-Pardes Hanna ». En sortant de cette petite gare aux palmiers verdoyants, vous serez interpellés par une stèle en pierre posée juste en face, sur laquelle il est écrit en français : « Square Victor Mirkin » (photo ci-contre). Ce héros juif de l’armée française a fait partie des 1038 hommes et femmes à avoir reçu la médaille de l’Ordre de la Libération ; son nom est inscrit au Musée des combattants juifs de Latroun. Le baron de Rothschild lui avait confié la charge de la PICA (Palestine Jewish Colonization Association) pour développer les implantations juives en Terre d’Israël. Cette stèle à la descente du train a le mérite de nous faire découvrir l’histoire de ce Juif français qui a donc eu pour mission de développer la région pour les nouveaux immigrants arrivant de Hongrie. Ses descendants habitent aujourd’hui en Israël.

de « bains glacés », des ateliers » (marcher pieds nus) ou encore de sylvothérapie (se relier aux arbres), qui attirent un public très nombreux désireux de profiter de la sérénité ambiante. Son aura de « village New Age » tendrait à laisser croire qu’on y prône l’amour libre ; pourtant, la plus célèbre « matchdating » orthodoxe du pays, Aleeza Ben Shalom, devenue célèbre grâce à un programme sur Netflix, y vit et reçoit des candidats au mariage venant de tout le pays – et même de l’étranger.

travailler la terre. On l’a appelée Pardes Hanna, « le verger de Hanna », en hommage à la petitefille de Nathan de Rothschild. Les agriculteurs de la région ont été à l'origine de la fondation d’un lycée agricole qui fut le premier à offrir un programme complet d'études universitaires dans ce domaine. Cet établissement fait la fierté de la ville ; et la présence des étudiants, venus parfois de régions éloignées pour recevoir l'enseignement spécifique qui y est offert, apporte un grand dynamisme.

En photo : une création de Galit Weiss (voir article page 23)

Pardes Hanna a la réputation d’attirer des habitants qui sont pour la plupart des artistes, des thérapeutes, des créateurs, des personnes en quête de spiritualité et de liberté, prônant une vie alternative dans les domaines de la santé et de l’éducation, une vie plus proche de la nature et les uns des autres. Y foisonnent des ateliers de yoga et de méditation en pleine conscience, des soins au moyen de bols tibétains ou

L’étude de la Torah n’est pas en reste : de nombreux cours ont lieu chaque jour, un grand kabbaliste – voulant rester anonyme – y vit depuis des années et les plus grands rabbins du pays viennent lui demander des bénédictions. Le petit-fils du rav Léon Askénazi (Manitou), bien connu de la communauté francophone, Itaï Askénazi, y est installé et il « coache » des hommes selon la méthode Yemima.

Peu de villes en Israël ont eu droit à une chanson ! Pardes HannaKarkur a été chantée par deux célébrités : Ehud Banai et Hanan

Ben Ari qui, lui, a également choisi d’y vivre avec sa famille.

L’histoire de cette ville située dans le district de Haïfa commence en 1929, avec quelques dizaines d’immigrants devenus pionniers qui y ont été installés pour

La balade dans les vergers d’orangers, de pamplemoussiers et de citronniers est magnifique, et les parfums qui s’en dégagent ont influencé, en 1985, le jumelage de cette toute petite ville avec la capitale des senteurs en France : Grasse.

Voici quelques incontournables de Pardes Hanna, devenue aujourd'hui une petite localité « branchée » tendance hypster extrêmement attractive :

OURVOT HAAMANIM « LES ÉCURIES DES ARTISTES »

Un quartier d'artistes et d'artisans qui ont créé ensemble un lieu de culture et de loisirs. Dans une atmosphère pleine de charme, des échoppes et des restaurants de différents styles se côtoient : vintage, moderne, antique. Goûtez absolument aux chocolats de Chocolala de Laeticia Ramet, qui a fait son Alya de Lyon avec sa famille il y a sept ans. lll

lll C’est « l’ambiance Woodstock » du lieu qui les a attirés à Pardes Hanna, elle et son mari. Elle y tient une boutique dégustation, où elle organise aussi des ateliers chocolatés. Sous les arcades, n’hésitez pas à rentrer dans la boutique Or HaOtiot (Lumière des lettres) du scribe Yaïr Suissa qui décline à l’infini versets des psaumes et bénédictions sur des parchemins encadrés.

HABOUSTAN CHEL SABA YOSSI

« LE JARDIN DE GRAND-PÈRE YOSSI »

C'est le rendez-vous incontournable du vendredi matin. Sur des hectares de vergers, Yossi et sa fille ont installé une tente géante qui accueille les artisans et les agriculteurs de la région. Des dizaines de stands vous attendent, avec des tables débordant de gâteaux, de pains originaux, de fleurs, de fruits et de légumes pour accueillir le chabbat. Des food trucks proposent de manger sur place. L’atmosphère est festive et déjeuner à l’ombre d’un oranger est un vrai plaisir. Attention : allez-y tôt le matin, car vers midi c’est bondé !

En matière de gastronomie, nombreux sont les restaurant prisés à Pardes Hanna ; il est même possible de faire un tour guidé dans les meilleures cuisines de la ville. Mais nous n’en retiendrons que deux avec une attestation de cacherout : HaSoulam , restaurant 'halavi où il fait bon déjeuner ou dîner sous la tonnelle, et HaMezave , bassari , qui propose des sandwichs à la viande

et à la charcuterie fumée, comme à New York. n

Haut la sylvothérapie (se relier aux arbres) attire un public désireux de profiter de la sérénité ambiante.

Bas : HaBoustan chel Saba Yossi, « le jardin de grand-père Yossi »

EGuivat Ada et Binyamina

n quittant Pardes Hanna par la rue HaNadiv, la plus grande artère de la ville, on remonte vers le nord en direction de Binyamina et Guivat Ada. Ces deux petites villes ont été fondées en 1903 et en 1922, et depuis 2003 elles sont réunies en une seule agglomération. Binyamina a été nommée ainsi en l'honneur du baron Edmond James Benjamin de Rothschild, le grand philanthrope qui a soutenu l'installation des Juifs en Palestine ; et c’est en hommage à Ada, diminutif du prénom de la femme du baron de Rothschild, Adélaïde, que l’on a baptisé Guivat Ada, « la colline de Ada ».

Au cœur de Binyamina, le Parc Jabotinsky, qui renferme une ancienne forteresse ottomane implantée dans ce qui fut des thermes romains, comprend une aire de loisirs pour les familles, ainsi qu'un musée consacré au sculpteur franco-israélien Achiam.

Petite ville tranquille où tout le monde se connaît ou presque, à Binyamina on ne trouve pas de ces grandes tours qui parsèment le littoral, mais de belles maisons et cottages avec jardins y poussent comme des champignons, à des prix encore attractifs. Un hub technologique avec de nombreuses start-ups s’y est installé et a attiré de nombreux jeunes couples d’ingénieurs qui ont trouvé sur place une qualité de vie, de bonnes écoles et des logements agréables. Malgré la situation sécuritaire, le prix de l’immobilier de la région ne fait que monter. Le calme et la tranquillité sont devenus un luxe. Binyamina est réputée pour sa

Si vous aimez le vin, arrêtez-vous dans les deux célèbres caves de la région, qui proposent dégustation de vins et restaurants.

Le Domaine Binyamina a été fondé en 1952 par Joseph Zeltzer, un immigrant de Hongrie qui, initialement, a nommé le domaine Eliaz, en hommage à son fils tombé au combat pendant la guerre d’Indépendance d’Israël en 1948. Le domaine Binyamina a vécu de nombreuses transformations depuis sa création et produit aujourd’hui 2,8 millions de bouteilles de vin par an.

production de vin et de miel. Des plans ont été élaborés pour construire un parc viticole qui va bientôt ouvrir ses portes sur les flancs des collines entre Binyamina et Zikhron Yaakov, afin de promouvoir l'œnotourisme en Israël.

La Cave Tishbi, qui produit aujourd’hui un million de bouteilles par an, a été fondée par Yonathan Tishbi en 1985. En 1882, Michael et Malka Chamiletzki mirent le pied à Zikhron Yaakov après avoir émigré de Lituanie. Michael fut choisi par le baron de Rothschild pour planter des vignes dans la région, et c'est à partir de ce jour que commença l’harmonieuse et profonde relation entre la famille, la terre et le vignoble. lll

Le baron Edmond James Benjamin de Rothschild

lll En 1925, la famille accueillit le poète Haïm Nahman Bialik. Pour les remercier de leur chaleureuse hospitalité, c’est lui qui leur proposa d'adopter le nom « Tishbi » – l'acronyme de

« Tochav Shefaya B'Eretz Israël » (« Résident de Shefaya en Terre d’Israël »).

Amphithéâtre de Binyamina : le Zappa Amphi Shuni (aussi appelé

le Jabotinsky Park Shuni) propose des concerts en pleine nature. Tous les artistes du pays aiment venir s’y produire car le public de la région est toujours au rendezvous. n

Zikhron Yaakov

Nous quittons Binyamina pour trouver quelques kilomètres plus loin, sur les hauteurs, Zikhron Yaakov, le fleuron « provençal » de la région, avec sa vue sur la mer et la montagne, ses magnifiques vignobles et son vin exceptionnel. Nommée à la mémoire du père du baron Edmond de Rothschild, Zikhron Yaakov est un vrai joyau au cœur du terroir israélien.

Tout, ici, rappelle la famille Rothschild qui a permis l’installation du premier yichouv et des premiers vignobles de la région. Créée en 1882 par des membres des Amants de Sion, Zikhron Yaakov fut la troisième localité juive fondée lors de la Première Alya. Le baron Edmond de Rothschild mit le village sous son aile en y offrant à chacun des agriculteurs une somme

tout son charme. Même rénovées, les maisons, avec leurs volets en bois et leurs toits recouverts de tuiles, ainsi que les rues avec leurs réverbères d'époque, dégagent encore l’histoire de la ville. On peut voir l'aménagement pratiqué dans les cours intérieures des bâtisses, où désormais de nombreuses boutiques se sont installées. Ce site historique et touristique est très prisé par les Israéliens qui y viennent nombreux les fins de semaine pour se dépayser. Voici quelques bonnes adresses qui valent le détour :

gentillesse que vous aurez vite oublié les restaurants de Tel Aviv. L’aubergiste vous propose aussi une chambre sur place si vous avez envie d’y rester pour la nuit.

d'argent, et il fit transformer les terres alentour en zones agricoles. La culture des vignes devint bientôt l'activité économique la plus importante. Edmond de Rothschild tint aussi à faire construire au centre de la ville une synagogue, appelée Ohel Yaacov, toujours en souvenir de son père Jacob ; elle fut inaugurée en 1886. Il faut visiter à pied le centre-ville de Zikhron Yaakov, qui a gardé

Aunt Berta : si vous aimez les confitures 100 % naturelles, les compotes, les biscuits et le bon pain, ne manquez pas cette boutique fondée en 1963 par une communauté chrétienne sioniste souhaitant soutenir l’implantation juive dans la région.

Baronita : il y a de nombreux très bons restaurants à Zikhron mais celui-ci est particulier car la maison et le patio sont si jolis et agréables que l’on ne peut que s’y sentir bien. Ayelet est en cuisine et son mari vous reçoit avec une telle

Ramat HaNadiv : Ce parc naturel, qui s'étend sur 450 hectares de verdure et de fleurs, abrite les sépultures du baron Edmond de Rothschild et de son épouse la baronne Adélaïde de Rothschild. Ces jardins ont été aménagés en hommage au rôle primordial joué par le baron dans la mise en place de l'implantation juive en Terre d'Israël – d'où le surnom qui lui fut donné : « le généreux ». De l'entrée du site partent cinq allées principales, en souvenir des cinq frères Rothschild, fondateurs de la dynastie, et cinq jardins ont été aménagés dans l'enceinte du parc : le Jardin des sculptures, surplombant la mer Méditerranée, le Jardin des roses, joliment symétrique, le Jardin des palmiers, donnant sur les montagnes de Samarie, le Jardin des senteurs, uniquement composé de plantes odorantes et d’aromates, et le Jardin de

l'amphithéâtre où, durant l'été, sont organisés des concerts de musique classique. Cette balade vous laissera un souvenir inoubliable.

La ferme HaNadiv : À l'entrée du Parc de Ramat HaNadiv se trouve une ferme magique qui fera le bonheur des enfants : une ferme agricole expérimentale pour toute la famille, où l'on peut passer du temps à jouer avec les enfants en plein air, déguster des fruits et des légumes que l’on cueille soi-même, aider le personnel de la ferme à s'occuper des serres, caresser et nourrir les animaux de la ferme, créer des œuvres surprenantes et profiter de la nature.

En descendant de Zikhron Yaakov vers le bord de mer, on ne manquera pas les plages de sable blanc et les criques peu connues des touristes que sont 'Hof HaBonim, où le camping est autorisé, Na'hsholim, la crique sauvage du kibboutz du même nom, 'Hof Dor et la réserve naturelle de Maagan Michael. n

© israeltourism from Israel
Gauche : les jardins du parc naturel de Ramat HaNadiv avec au centre la célèbre fontaine Bas les étangs où se côtoient des poissons aux couleurs merveilleuses

Césarée

La dernière étape de ce périple, qui bouclera la boucle des petites villes du baron de Rothschild, sera Césarée (Késsaria, en hébreu), qui ne fut pas nommée en hommage à la famille Rothschild mais d’après l’empereur Auguste César. Césarée est un îlot résidentiel de luxe qui fait rêver par le charme de sa nature, ses palmiers et ses lauriers roses, mais surtout par la beauté de ses villas. Ne manquez pas son club de golf, son musée, et bien sûr son port avec son amphithéâtre historique. Beaucoup de célébrités ont leur résidence à Césarée, comme le Premier ministre de l’État d’Israël, Benyamin Netanyahou.

Césarée développe aujourd’hui sa zone industrielle dédiée à la tech médicale, mais elle aussi ouvre son littoral à de nouvelles constructions d’immeubles en bord de mer. Prochainement, une marina verra accoster de nombreux yachts et bateaux de luxe. Si l’on pousse encore un peu plus loin, coincé entre Césarée la belle et la réserve sauvage de Maagan Michael, on aura la surprise de découvrir un tout petit village de pêcheurs arabes israéliens : Jisr Al Zarqa, avec sur la plage son authentique restaurant de poisson (non cacher), bien connu des guides touristiques.

Les musts de Césarée :

Commencer par un brunch au Mariposa, le café branché du club de golf de Césarée. Boire son café sur un green ne peut se faire qu’ici.

l'aqueduc et la plage de Césarée

Aller se promener dans les jardins du Musée Ralli de Césarée. Il fait partie des cinq musées Ralli dans le monde, une institution fondée par Harry Recanati (1918-2011).

Les deux principaux objectifs de ces musées est de diffuser l'art contemporain latino-américain, et de garder vivante la mémoire des Juifs expulsés d'Espagne et du Portugal pendant l'Inquisition,

ainsi que celle de la communauté juive de Thessalonique, presque entièrement exterminée pendant la Shoah.

Apres s’être baigné sur la plage de l’aqueduc ou au Beach Club sur le port, il faut aller dîner devant la mer au restaurant bassari HaTzalbanim. Viandes et poissons y sont préparés avec raffinement, et le bruit des vagues rendra votre dîner très romantique.

Les touristes francophones ne s’aventurent pas beaucoup dans cette région que les Israéliens, eux, apprécient énormément, et encore moins les nouveaux immigrants. Pourtant, elle offre bien des avantages et réserve de belles surprises. Le cadre de vie y est paisible, loin de la fureur urbaine. Toutes ces villes sont rapidement desservies par le train et le prix de l’immobilier y est encore abordable (à l’exception de Césarée). Les petites villes alentour, comme Or Akiva ou Or Yam, qui sont à quelques minutes de la plage, se développent très vite et attirent les jeunes couples, car elles présentent de nombreuses commodités et les loyers y sont modérés.

Gary Lawrence, un homme d’affaires immigré d’Écosse il y a plus de vingt ans, est tombé amoureux de la région et a choisi de devenir agent immobilier afin

d'aider ceux qui arrivent à trouver la maison de leurs rêves pour y poser leurs valises. « C’est ma mission en Israël », dit-il. Il aime rencontrer des gens et il aime les belles maisons. Lorsqu’on lui parle d’Alya, il explique qu’il peut aussi bien trouver un appartement de quatre pièces avec terrasse à Or Yam pour un jeune couple avec enfants pour un budget de 450 000 euros, ou 1200 euros par mois en location, qu’une villa avec jardin et vue sur mer à 2 millions d’euros à Zikhron Yaakov. Il y a des biens pour tous les budgets et il y a encore de la place pour construire. Le baron de Rothschild serait fier de voir ce que sont aujourd’hui devenues ces villes qu’il a créées en y insufflant son génie et son âme. Pardes Hanna, Binyamina, Zikhron Yaakov, Césarée et tous les mochavim qui les entourent offrent un cadre de vie paisible et des paysages époustouflants. La nature y est très belle, les plages encore un peu sauvages, la population est accueillante et chaleureuse, le marché de l’emploi est dynamique. Les vins et les fromages sont délicieux, les loisirs et la culture ne sont pas en reste, nombre de festivals et autres concerts y étant organisés tout au long de l’année. Et puis surtout, il y fait bon vivre, même quand, malheureusement, au loin grondent les canons.

Ein lanou Eretz A'hereth n

Ci-dessus : le musée du parc national de Césarée. Ci-dessous :
Le golf de Césarée accueille les débutants comme les professionnels qui s'affrontent lors de championnats de renommée internationale.

DOSSIER

C’est une maison bleue… Non, pardon, c’est une maison en noir et blanc !

En plein cœur de la ville de Pardes Hanna, j’ai découvert une galerie qui sort de l’ordinaire. Tenue par trois artistes, elle s’appelle « HaMosad : au-delà des lignes ». Le concept est simple, et pourtant déroutant par sa créativité. Sur trois étages, toutes les lignes de la maison, des murs, des fenêtres, de la cheminée, de la cuisine, de l’escalier sont peintes en noir. Lorsque l’on franchit le seuil de la maison, on croit être à l’intérieur d’une œuvre graphique, voire d’une bande dessinée. Charu, Daphna et Effy y ont implanté leur studio de création : vêtements, objets, tissages, bijoux sont présentés à chaque étage de cette incroyable maison. On est surpris dans chaque coin, par chaque détail, du sol au plafond. Les artistes reçoivent les visiteurs tous les jours et dans leur grand jardin elles vous invitent à boire un café dans une tasse faite maison – noire et blanche, bien sûr !

Galit Weiss : l'artisanat d’art au bout des doigts

Galit est fine et longue comme les brins d’herbes qu’elle dessine à l’infini sur ses créations. Céramiste, son studio attenant à sa maison de Pardes Hanna est connu de tous. Pétrir, malaxer, arrondir, modeler, peindre, sécher, cuire : tout un savoir-faire, qu’elle a appris et peaufiné en plus de vingt ans de travail passionné.

Les motifs de ses collections – vases, pots, tasses, assiettes… – sont essentiellement inspirés de la nature : rameaux d’olivier, coquelicots, fleurs, verdure, dans une variété de couleurs et de formes qui trouveront leur place dans votre cuisine et sur votre table. La fabrication artisanale révèle des nuances de couleurs et de formes d'une pièce à l'autre, les rendant ainsi parfaitement uniques.

Galit est présente deux fois par semaine sur le célèbre marché artisanal de Na'halat Benyamin à Tel Aviv ainsi que dans certaines boutiques. Une fois par an, lors du Festival des artistes de Pardes Hanna, elle ouvre son studio au public.

HaMosad
131 rehov HaDekalim, Pardes Hanna Facebook : Hamosad
Une création artisanale 100 % israélienne !

KEDEM : une communauté féminine et solidaire

Ce sont des femmes et des thérapeutes, habitantes de Pardes Hanna : Nathalie, Anath, Shlomit, Tamar et Yuli ont créé ensemble un espace de ressourcement pour les femmes où chacune peut retrouver la force de vie qu’elle a au fond d’elle-même mais qu’elle a perdue ou oubliée. Elles sont convalescentes après une maladie grave (cancer ou autre), un accouchement difficile, un deuil. Kedem leur offre un espace où elles peuvent recevoir des traitements holistiques uniques en leurs genres. Plusieurs méthodes y sont pratiquées, comme l’acupuncture, le massage, le travail sur le souffle, les fleurs de Bach, les bains de glace… Je les ai rencontrées lors d’une cession de groupe où elles m’ont invitée. Elles m’ont garanti que le soir même je dormirais mieux et sans angoisse. Après deux heures de différents mouvements, de méditations, de respirations profondes, d’écoute d’ondes alpha, d’automassages et d’acupuncture, j’avoue que je me suis sentie détendue ; et depuis, j'y retourne chaque semaine. Ce qui m’a impressionnée, c’est surtout leur capacité de don et d’empathie, et leur douceur – cette douceur qui nous manque tant dans la période si violente que nous traversons. Depuis le 7 octobre, les thérapeutes de Kedem se sont concentrées sur les femmes dont les maris soldats sont au front depuis plusieurs mois, ainsi que sur celles qui ont perdu leur mari, leur frère ou leur fils dans la guerre et qui sont en deuil. Elles accueillent également avec chaleur et générosité les familles déplacées du Nord et du Sud. Devant le succès de leurs soins et de leurs accompagnements, les femmes de Kedem ont créé un lieu d’accueil, un « gampling » thérapeutique qui est devenu un vrai cocon chaleureux pour les femmes israéliennes en souffrance.

https://amuta.kedemerape.co.il/

Yves Anane, le talent et le trauma

Un jour, sur Facebook, dans un groupe de Pardes Hanna, Yves

Anane demande une recette traditionnelle marocaine. C’est ainsi que je découvre qu’il parle français, et qu’il publie de nombreuses photos de peintures, de sculptures et de dessins à l’encre de Chine. J’ose alors le contacter pour lui demander s’il a une galerie où l’on peut voir ses œuvres. Yves, très chaleureux, me propose de venir lui rendre visite dans son atelier. Je suis bluffée ! Sculptures, céramiques, peintures, encres de chine, aquarelles sont exposées sur deux étages dans un atelier baigné de lumière. Le contact est simple et naturel, la conversation s’engage immédiatement…

AJ MAG : Yves, quand êtes-vous arrivé en Israël ? Quel a été est votre parcours ?

Yves Anane : Nous sommes originaires de Besançon. Petit, j’étais en échec scolaire, et après le BEPC j’ai dû redoubler une classe. Mais j’étais bon en dessin, alors j’ai postulé à l’École Boulle, à Paris, et j’ai été accepté sans comprendre comment j’y étais arrivé. J’ai appris l’architecture et le design industriel. Après mon diplôme, à l’âge de 20 ans, en 1968, je suis monté en Israël avec toute ma famille. Notre rêve était de construire une maison : je l’ai fait. J’ai étudié le soleil et sa lumière, et j’ai dessiné les plans. En 1982, la maison était prête, mais je n’ai pas eu le temps d’y habiter que la guerre du Liban a éclaté. L’armée est venue me chercher au milieu de la nuit pour être combattant Golani. Je n’avais pas encore fait mon service militaire. Sans aucune préparation, ni « tironout » ni exercices militaires, sans même savoir utiliser une arme, j’ai été envoyé à Beaufort, au Liban ; et là, cela a été dramatique. lll

lll Les combats ont été très durs, j’ai vécu un traumatisme très fort ; et depuis ce moment-là, depuis quarante ans, je suis toujours en souffrance. Avec le massacre du 7 octobre, tout s’est réveillé en moi. J’ai reçu beaucoup d’aide, j’ai été traité avec toutes sortes de techniques ; j’ai tout essayé, mais c’est sans fin. C’est compliqué de vivre en post-trauma. Alors je peins, et ma douleur et mes peurs s’expriment.

Cela ne vous a pas empêché de faire une très belle carrière d’architecte en Israël…

En effet, j’ai monté un gros cabinet d’architecture à Césarée, qui m’a beaucoup occupé. Puis j’ai enseigné à l’Institut Ruppin pendant treize ans. Mais aujourd’hui, je veux être libre et passer autant de temps que je veux dans mon atelier. J’ai construit à Karkur cet immeuble dédié aux artistes, qui renferme plusieurs ateliers d’artistes et un café en bas. Depuis, je crée sans cesse. C’est ma thérapie. J’aime beaucoup

la sculpture et la céramique, car alors ma tête s’arrête de travailler et ce sont les mains qui prennent le relais : ne plus penser, et créer. Écouter les nouvelles me fait du mal. J’ai créé une bulle autour de moi pour me protéger et je travaille le plus souvent possible. Je me déconnecte et j’essaie de m’amuser comme un enfant. Je me dois de me faire plaisir et de me faire du bien.

Quand on entre dans votre studio, on est surpris de voir en plein milieu une cuisine qui occupe une grande place. Vous êtes gourmand ? J’aime cuisiner. C’est créatif – et en plus c’est bon ! Je fais des tajines, des tartes, des quiches… J’ai décidé de me présenter à l’émission Master Chef Israël et j’ai été reçu ; je suis arrivé jusqu’en quart de finale.

C’était une expérience intéressante. La gastronomie en Israël aujourd’hui n’a rien à envier aux autres pays. Nous allons souvent découvrir de nouveau restaurants à Tel Aviv et c’est incroyable de voir cette créativité !

Pourquoi avoir choisi de vivre ici, à Pardes Hanna ? Tout simplement parce que la ville de Besançon, dont nous sommes originaires, est jumelée avec Hadera qui est juste à côté de Pardes Hanna. Et puis, lorsque je me suis installé comme architecte, au début, j’ai trouvé un bureau à Pardes Hanna, et depuis je n’ai pas bougé de cette région. J’y ai construit ma propre maison et cet immeuble avec des ateliers, comme à Paris. Pardes Hanna est une ville d’artistes, il y a une communauté très ouverte, tout le monde se respecte et s’entend bien. Il y a tout ce qu’il faut ici : le fromager qui importe la tomme de France, le fromage que j’aime, le boulanger français Leaven chez qui je vais, qui m’invite dans son atelier et avec qui je fais des brioches, le marché bio, de très bons restaurants… On s’y sent bien. n

Recommandations en cas de grosse chaleur

Un climat chaud et humide peut constituer un réel danger pour la santé des populations à risque, notamment les personnes âgées, les patients atteints de maladies chroniques, les femmes enceintes et les bébés. Il est important de détecter les symptômes du « coup de chaud », précurseur de l’insolation.

LE COUP DE CHAUD

L’effet de la chaleur est progressif et il faut savoir distinguer les signes précurseurs pour réagir au plus vite. Le « coup de chaud » se développe après une exposition prolongée à la chaleur. Les signes peuvent être nombreux : transpiration abondante, peau froide et humide, pâleur, vertiges et tendance à s'évanouir, douleurs ou faiblesse musculaires, fatigue, maux de tête, nausées ou vomissements, pouls rapide et faible, respiration rapide. Le « coup de chaud » n’est pas dangereux, mais si la personne n’est pas prise en charge immédiatement, il peut se transformer en insolation.

COMMENT RÉAGIR

EN CAS DE SYMPTÔMES ?

. Se reposer dans un endroit frais . Porter des vêtements amples . Refroidir le corps (par exemple à l’aide de serviettes mouillées)

. Rafraîchir la pièce et boire de l'eau à petites gorgées

En l’absence d'amélioration, voire si l'état général s’aggrave (apparition de vomissements ou d’une confusion), il faut immédiatement consulter un médecin.

IDENTIFIER L’INSOLATION

L’insolation peut causer des dommages au système nerveux et aux systèmes vitaux du corps, une invalidité, voire la mort. Les signes de l’insolation sont une température corporelle supérieure à 39,5 °C, une peau rouge, chaude et sèche (pas de transpiration), un rythme cardiaque rapide, un fort mal de tête (avec pulsation cardiaque au niveau de la tête), des vertiges, des nausées, une confusion ou une perte de conscience.

LE TRAITEMENT DE L’INSOLATION

l Le premier réflexe doit être de se rendre aux urgences.

l Dans la mesure du possible, se déplacer dans un endroit frais et rafraîchir le corps avec des serviettes mouillées, mais ne pas boire. L'administration de liquides sera effectuée exclusivement par l'équipe médicale (par voie veineuse).

Vous trouverez les numéros d’urgence sur la page de Santé Israël, aussi bien pour les citoyens israéliens que pour les touristes : https://www.sante.org.il/ numeros-de-telephone-utiles/

COMMENT

SE PROTÉGER DES DOMMAGES CAUSÉS PAR LA CHALEUR ?

Vérifiez les prévisions météorologiques. Renseignezvous sur la météo et préparez-vous en conséquence. Les conditions dangereuses sont les vagues de chaleur (température supérieure à 32,2 °C) et les fortes chaleurs humides (température supérieure à 30 °C avec un taux d'humidité supérieur à 70 %).

Évitez les déplacements. En cas de forte chaleur, il est recommandé de ne pas sortir si cela n’est pas nécessaire, en particulier aux heures les plus chaudes. Pendant ces plages horaires, planifiez plutôt des activités dans un lieu climatisé. Si vous n’avez pas le choix et que vous devez sortir de chez vous, assurez-vous de respecter quelques mesures de protection appropriées, en vous munissant d’un chapeau, de lunettes de soleil, de vêtements clairs, légers et confortables, et d’une crème solaire avec un indice de protection d'au moins 50 SPF. Privilégiez les sorties (courses, entraînements sportifs, rencontres entre amis, etc.) tôt le matin ou le soir.

Agissez aux heures les plus chaudes. La climatisation n’a pas

besoin d’être allumée toute la journée mais au moins aux heures critiques. Il est recommandé de fermer les rideaux mais de garder une maison aérée. Il est conseillé de prendre des douches fraîches, et de porter des vêtements amples et légers. Les ventilateurs peuvent soulager la sensation de chaleur, mais lorsque la température dépasse 35 °C ils sont incapables de rafraîchir le corps. Aux heures de forte chaleur, minimisez les efforts, réduisez les activités physiques intenses et si possible reposez-vous dans un endroit frais.

Adaptez vos habitudes alimentaires. Il est recommandé de boire de huit à dix verres d’eau par jour, même sans sensation de soif. La consommation de boissons

sucrées, contenant de la caféine ou de l'alcool peut provoquer une déshydratation accélérée du corps et une soif accrue. Il faut privilégier l’eau, ainsi que des repas légers et équilibrés. Si vous pratiquez une activité physique, vous devez veiller à boire beaucoup, au moins deux à quatre verres d’eau en plus de la quantité de boisson quotidienne qui vous est recommandée.

GESTES SPÉCIFIQUES EN FONCTION DES POPULATIONS

Les bébés

Ne pas laisser un enfant même endormi dans une voiture stationnée.

Les personnes âgées Prendre chaque jour des nouvelles

des personnes isolées, par téléphone ou en leur rendant visite. Ne pas hésiter à leur rappeler les conseils ci-dessus. S’assurer que les coordonnées des personnes isolées (nom, adresse et numéro de téléphone) sont connues des services sociaux de la ville, afin que des visites régulières soient organisées et qu’elles bénéficient d'une assistance en cas de besoin.

Les touristes

En cas de besoin de service médicaux, vérifiez la couverture de vos assurances : https://www.sante.org.il/droits-particuliers/#touristes

La Judée-Samarie : un voyage sur les traces de la Bible

À seulement 50 minutes de Jérusalem et 30 minutes de Tel Aviv, la JudéeSamarie vous invite à un extraordinaire périple à travers les

âges. Plongez au cœur de 3700 ans d'histoire dans un décor biblique figé dans le temps.

La renaissance d’une communauté

Nous sommes en 1974, quelques années après la guerre des Six Jours (juin 1967). Les changements géopolitiques offrent l’opportunité de s’établir dans des endroits au riche passé biblique. Dans ce moment d’effervescence, un groupe de Juifs religieux-sionistes fonde le mouvement « Gouch Emounim » (« Bloc de la foi »), dont le but est d'étendre démographiquement les habitations juives en Judée-Samarie, dans ces lieux à l'époque encore dépourvus de présence israélienne. Guidés par leur amour de la Bible, ils fondent la localité d'Elon Moreh, marquant ainsi le renouveau d'une présence juive authentique et profondément enracinée dans la terre de nos patriarches.

Sur les traces d'Abraham Elon Moreh est référencé bibliquement comme l’endroit où Abraham s'arrêta en quittant sa ville natale, Harran (dans l’actuelle Turquie), sur l'ordre de Dieu, vers une destination inconnue. Abraham prit la route et l'un de ses premiers arrêts fut Elon

Moreh : « Et Abram traversa le pays jusqu'à l'endroit de Chekhem (Naplouse), jusqu'à Elon Moreh. » (Genèse 12, 6)

Aujourd'hui, la communauté compte plus de 2000 habitants, et Elon Moreh offre un cadre de vie paisible et familial (photo ci-dessus).

Le vignoble de Kabir la fierté d’Elon Moreh

Si vous demandez aux habitants de ce village ce dont ils sont le plus fiers, ils vous répondront sans hésiter : c'est d'avoir sur place le vignoble de Kabir, de renommée internationale.

La passionnante histoire du vignoble de Kabir a commencé au début des années 2000 lorsqu’Eliav Hillel (cicontre), un habitant du village, a identifié le fantastique potentiel viticole du terrain autour de sa maison : fertile et baigné de soleil, ce terroir semblait parfait pour la culture de la vigne. Ingénieur de profession, Eliav a alors joué le tout pour le tout et décidé de se reconvertir

DÉCOUVERTE D'ISRAËL

dans la viticulture, mû par une passion pour le vin et un profond attachement à sa terre natale. Situé sur les pentes du mont Kabir d'où il tire son nom, le premier vignoble du domaine a été planté en 2007, sur fond d’un paysage biblique dominé par les monts Grizim et Ébal. Et depuis 2011, le vignoble de Kabir s'est dédié à la production de vins de qualité exceptionnelle, méticuleusement élaborés à chaque étape du processus, de la vigne à la mise en bouteille. Les raisins cultivés sur les 120 hectares de vignes appartenant au domaine bénéficient des conditions uniques de l'altitude et du climat de la JudéeSamarie, réputés pour leur influence positive sur la qualité des fruits.

Avec une production annuelle d'environ 15 000 bouteilles, le vignoble propose une gamme de vins raffinés vendus directement au domaine d'Elon Moreh. Le vignoble accueille chaleureusement les visiteurs individuels, ainsi que les groupes d'Israël et du monde entier. Il propose également une visite guidée, suivie d'une dégustation de vins accompagnée de fromages.

Reconnus pour leur qualité exceptionnelle, les vins de Kabir ont été récompensés par l'Institut TerraVino, qui organise chaque année un concours international (Mediterranean International Wine and Spirits Challenge) réunissant une vingtaine de pays. Les médailles remportées par Kabir attestent le savoir-faire des producteurs et l’excellence de leurs vins.

Si vous souhaitez vous restaurer, vous pourrez aussi savourer un délicieux repas dans le restaurant 'halavi du domaine, en profitant

d'une vue imprenable sur les monts Ébal et Grizim. Offrant un panorama saisissant, ces montagnes ont été les témoins d'événements bibliques majeurs et le théâtre d’importants moments historiques, notamment lorsque Josué a guidé le peuple d'Israël dans la conquête des cités ; en 1250 avant notre ère, il y a bâti un sanctuaire.

Le mont Kabir : un décor à couper le souffle

Pour les amateurs d'aventures, la localité propose également la location de quads et de voiturettes pour escalader le mont Kabir. Au sommet même se trouve un « maqam » commémorant le cheikh Bilal ibn Rabah qui, selon la tradition musulmane, fut le premier muezzin et l'un des compagnons du prophète Mahomet.

Depuis ce sommet, vous aurez un admirable point de vue panoramique sur toute la vallée du Jourdain ; et si vous avez de la chance et que le ciel est dégagé, vous apercevrez même le mont Hermon au loin.

Le Tombeau de Joseph

En descendant d'Elon Moreh, vous pourrez visiter le Tombeau de Joseph (Yossef haTzadik) dont le Tanakh raconte que les ossements ont été ramenés en Terre promise et enterrés à cet endroit précis : « Et les ossements de Joseph, que les enfants d'Israël avaient fait monter d'Égypte, ils les enterrèrent à Chekhem, dans la portion du champ que Jacob avait achetée aux fils de 'Hamor, père de Chekhem, pour cent pièces d'argent. Et ils devinrent l'héritage des fils de Joseph. »

(Josué 24, 32)

Le Tombeau de Joseph se trouve dans la ville de Naplouse (Chekhem) depuis environ 3300 ans. La tradition rapporte que l’on y venait en pèlerinage pendant au moins 2000 ans consécutifs. Les Sages du Talmud comparent l’importance du Tombeau de Joseph à celle du Caveau des Patriarches et du Temple de Jérusalem. La Guemara rapporte que Rabbi Yo'hanan fils de Nouri a dit : « Il y a trois lieux qui sont appelés saints : le Temple, la Grotte de Makhpéla et le Tombeau de Joseph le Juste. »

Pendant dix ans, de 2001 à 2011, le Tombeau de Joseph a été incendié et détruit, rendant sa visite presque impossible. Grâce à l'action de la Direction du Tombeau de Joseph, le site a été réhabilité et rouvert aux visiteurs. Un système de navettes, en coordination avec Tsahal, permet d’y accéder.

Ainsi, après 2000 ans d'exil, les Juifs peuvent renouer avec leur riche histoire et redonner à leur terre la fierté qu’elle avait perdue, accomplissant la prophétie d’Isaïe : « Ils bâtiront des maisons et les habiteront, ils planteront des vignes et en mangeront les fruits. » En ces jours sombres où les guerres et les deuils nous accablent, rappelons-nous notre force et notre héritage inaliénable. La Judée-Samarie nous invite à revendiquer notre passé et à réaffirmer notre identité, offrant un refuge dans les tourments de l'histoire. n

Chmouel Bokobza Guide touristique diplômé du ministère du Tourisme Tél. : 050-3553811

BOUILLON DE CULTURE

Le Tanakh sur le bout des doigts

À l’heure de l’intelligence artificielle, un événement persiste en Israël, au sein de la jeunesse, et il force l’admiration : le Concours international de la Bible pour la jeunesse juive ( ha'Hidon haTanakh haOlami leNoar yehoudi). Vous avez sûrement entendu parler de ce concours, institué en 1965 par David Ben Gourion et qui se déroule chaque année le jour de Yom HaAtzmaout. Il fait partie des rendez-vous incontournables de la société israélienne. En quoi consiste cette compétition et comment s’inscrit-elle dans le paysage israélien ?

Si l’on vous disait que pour participer au Concours international de la Bible, vous devez être en mesure de mémoriser plus de 400 versets de la Bible, seriez-vous prêts à relever le défi ? Cela semble improbable, surtout quand on sait qu’en 2024 les écrits bibliques sont accessibles à portée de clic. Et pourtant, c’est le pari fou que font chaque année des milliers de jeunes Juifs élèves de collèges et de lycées à travers le monde. Après avoir consulté la liste officielle des psoukim (versets) figurant au concours, publiée par le gouvernement israélien environ un an avant la compétition, les participants s'attèlent à la tâche insensée d’en retenir chaque mot, chaque détail. Rappelons que le Tanakh ne se limite pas aux cinq livres de la Torah, mais qu’il comprend aussi les écrits des Prophètes (8 livres) et les Hagiographes (11 livres).

Après d’intenses révisions, les élèves, dans leurs pays respectifs, passent une série de tests écrits visant à sélectionner les meilleurs d’entre eux ; le mode de sélection varie selon les pays. Le nombre de représentants de chaque pays est déterminé par la taille de sa communauté juive.

En Israël, le gouvernement a introduit le concours dans les écoles, qui sont réparties selon quatre districts. Les finalistes de chaque district sont sélectionnés après des épreuves écrites et orales, à l'échelle de leur région. À l’issue de longs processus de sélection, 16 candidats du monde entier, qui ont obtenu le score le plus élevé lors d'un quiz écrit préliminaire organisé quelques jours avant Yom HaAtzmaout, se présentent au Concours international de la Bible. Le concours lui-même se tient au Théâtre de Jérusalem le Jour de l’Indépendance. Largement

médiatisé et diffusé en direct à la télévision, à la radio et sur YouTube, en présence de personnalités de haut rang, parmi lesquelles le Premier ministre israélien, le président de l’État, le président de l'Agence Juive, le ministre de l’Éducation, etc. Sa durée est de deux heures, et tout est fait pour tenir les spectateurs en haleine et sous tension : le format des questions varie, avec certaines questions sous forme de vidéos, d’autres sous formes d’indices, des épreuves de vitesse, des épreuves à difficulté croissante…

On se demande comment ces jeunes adolescents ont pu mémoriser une telle quantité d’informations ! Emouna Cohen, gagnante du concours en 2023, se confie sur ses méthodes d’apprentissage : « Il m’a fallu trois ans pour me préparer au 'Hidon. Il y a bien sûr des groupes d’entraide. Une des techniques

Ci-dessus : Le Premier ministre Benyamin Netanyahou avec Emouna Cohen, gagnante du concours 2023.

Ci-contre : Emouna Cohen et Neta Lax, arrivée deuxième du concours.

qui m’ont aidée, c’est d’apprendre chaque livre du Tanakh sur une mélodie différente. » Emouna Cohen a d’ailleurs été de nouveau interrogée lors du concours de cette année, pour vérifier que toutes ses connaissances étaient encore intactes : c’était bien le cas !

Les discours des personnalités présentes ponctuent l'événement, un des moments phares étant la question du Premier ministre, à laquelle se mesurent quatre ou cinq candidats et qui est décisive pour arriver en finale.

À l’issue de l’étape finale opposant deux candidats, il y a un ou deux gagnants, en fonction du nombre de points remportés par chacun. lll

BOUILLON DE CULTURE

lll

Si les deux finalistes obtiennent le même score, il n’y a pas d’étape visant à les départager et tous deux sont couronnés « 'hatan haTanakh » (littéralement : le « marié » du Tanakh) – ce qui rappelle qu’il ne s’agit pas d’une compétition classique, mais bien d’un concours visant à prouver l'attachement du peuple juif aux textes bibliques.

Cette année, le 'Hidon haTanakh avait une résonance très particulière. Ce fut l’occasion d’honorer la mémoire de toutes les personnes tombées depuis le début de la guerre. L’un des deux gagnants, Avitar Bar-Gil, a d’ailleurs rendu hommage au directeur de son lycée, le sergent Yossi Hershkovitz, tombé en novembre dernier à Gaza, et après sa victoire il a déclaré : « Yossi me manque. Je suis heureux de suivre le chemin qu'il nous a montré. C'était un fervent amoureux de la Bible et j'espère qu'il est fier de moi. » Le jury lui-même, cette année, était composé de personnalités marquantes de cette guerre. Il comprenait notamment Iris Haïm, la mère de Yotam qui a été accidentellement tué par des tirs de Tsahal après son enlèvement le 7 octobre à Gaza, mais aussi Rachel Edri, qui a déployé des trésors d'ingéniosité face aux terroristes du Hamas qui se sont infiltrés chez elle à Ofakim le jour de Sim'hat Torah, ainsi que le commentateur national Yosef Haddad. Mona Saad, musulmane et veuve du lieutenantcolonel Alim Abdullah, tué lors d'un affrontement avec des terroristes à la frontière nord, a également posé une partie des questions aux candidats.

Le judaïsme français mobilisé

La France, qui est la plus grande communauté juive d’Europe, tient à être représentée au Concours international de la Bible. Très populaire parmi les jeunes, ce concours existe également en version adultes et se déroule tous les deux ans. C’est cette édition pour adultes qui est mise en avant auprès du public francophone. La compétition, organisée par le ministère de l’Éducation d’Israël en partenariat avec le Consistoire central, la Fédération des organisations sionistes en France et le Fonds Social Juif

Unifié (FSJU), fait l’objet de présélections sur le territoire français. Les épreuves s’étalent sur près d’un an, l’année précédant la compétition. La première phase de la sélection a lieu en ligne. Après plusieurs épreuves, une finale est organisée à Paris. En 2023, la finale française a opposé 12 candidats à l’Espace Rachi. À l’issue de cet événement réunissant des personnalités phares de la communauté juive, trois finalistes ont été désignés ; ils se sont ensuite rendus à Jérusalem pour représenter la France lors de la grande finale.

Lors de l’avant-dernière édition pour adultes, ce sont près de 125 candidats français qui ont tenté leur chance. Afin que ce nombre grandisse, les associations sionistes tentent de sensibiliser les Juifs francophones à l’importance d’un tel concours. « Il est très important que nous nous réapproprions la Bible, l’ensemble des livres du Tanakh. Ce concours est fait pour ouvrir notre patrimoine. Il y a toutes sortes de personnes qui y participent et pas seulement des religieux », explique Jean-Charles Zerbib, délégué général pour les pays francophones auprès de l’Organisation Sioniste Mondiale.

Incitatif : les gagnants du Concours international de la Bible remportent une somme d’argent non négligeable. Quant aux finalistes, avant la compétition, un voyage sur les traces de la Bible leur est offert afin de « vivre » complètement l’expérience biblique.

La dernière édition pour adultes a eu lieu à 'Hanouka en décembre 2023. Les personnes qui souhaitent participer à la prochaine édition de ce concours emblématique ont donc plus d’un an et demi pour s’y préparer. Et si le prochain gagnant était un Français ?

En raison de la guerre, le Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui habituellement participe à l’événement, n’était pas présent cette année. Dans un discours enregistré et diffusé lors de la compétition, il a déclaré : « Ce que nous vivons n’est pas nouveau. La Bible nous enseigne que nous avons déjà connu des guerres il y a des milliers d’années. Abraham notre père, Moïse, Yehochoua bin Noun, les juges, le roi David, son fils le roi Salomon – tous ont combattu des ennemis acharnés. Même alors, nous ne nous sommes pas rendus à eux, même alors,

nous n’avons pas baissé la tête. Le prophète Michée dit : “Parce que je suis tombé, je me suis relevé.” Nous avons payé un prix, mais nous avons riposté. Nous avons vaincu nos ennemis. Avec l'aide de Dieu, nous avons assuré l'éternité d'Israël. » Espérons qu’aujourd’hui aussi, la victoire soit proche, et que le concours de l'année prochaine se déroule dans un contexte de réjouissances. n

«

Comment puis-je

vous aider ?

»

Mon objectif est de vous inciter à utiliser cette phrase, avec votre style, au moment opportun !

Pendant un événement sur le leadership à Paris, le 7 juin, j’ai fait une conférence sur le thème : « AIDER ». Je partage d’emblée avec vous ma conclusion, qui est à deux niveaux : il faut savoir aider les autres, et il faut savoir demander de l’aide. Un ami et collègue américain a l’habitude de dire en début d’échange : « How may I help you ? » (Comment puis-je t’aider ?). Je trouve cela fort et engageant – pourquoi ? Parce qu’il démarre par un message positif et ouvre la porte en offrant son aide, qui sera utilisée ou non par son interlocuteur. Sa proposition incite à réfléchir sur ce qu’on peut lui demander et, in fine, à trouver le service dont on a besoin, le domaine ou le sujet sur lequel il pourrait nous aider, soit directement, soit par l’intermédiaire d’une personne de son réseau.

Je souhaite toutefois ajouter ici que si quelqu’un nous demande notre aide et que nous ne pouvons – ou ne voulons – pas l’aider, il ne faut pas se sentir coupable ! Et réciproquement, si nous demandons de l’aide à une personne qui nous dit qu’elle ne peut pas nous aider, nous ne devons pas lui en vouloir ; elle le fera peut-être plus tard, ou peut-être même est-ce vous qui aurez l’opportunité de l’aider ultérieurement.

Quand on évoque l’idée d’aider les autres, on pense d’abord à une aide financière. Cependant, il existe maintes autres façons d’aider : écouter (c’est tellement précieux !), encourager (psychologie positive, sans abus), complimenter (pour redonner confiance), conseiller (même si l’on n’est pas expert), offrir son temps, son aide pratique sur un besoin concret (covoiturage, déménagement…), ou même fournir un soutien émotionnel. On peut également, pour aider, partager ses compétences, ses expériences et ses contacts. Donner un coup de pouce par une mise en relation pertinente ou par une suggestion au bon moment peut changer la vie de celui qui a besoin de notre aide ! Inversement, demander de l’aide est une démarche compréhensible

et respectable, même de la part de ceux qui semblent être à l’abri de tout besoin ! Ma mentor québécoise, Lise Cardinal, la pionnière du réseautage, aimait à me répéter : « Les gens aiment rendre service. » Profitons-en pleinement !

Dans mon métier de coach, j’accompagne mes clients pour qu’ils osent, entre autres, demander de l’aide. Il s’agit ici de leur faire comprendre qu’ils n’ont rien à perdre. Pour certains, cette démarche paraît dévalorisante, or il n’en est rien ! Demander de l’aide est parfaitement acceptable car la personne à qui l’on demande est libre d’accepter ou de refuser. Il faut toujours le faire avec simplicité et sans appréhension, tout en précisant à son interlocuteur que son aide sera grandement appréciée, mais qu’en cas de refus on ne lui en voudra pas. Et l’on peut même recommencer… Sachez aider avec humilité et toujours avec le sourire, et demander de l’aide pour avancer au mieux. S’entraider les uns les autres : oui, nous le pouvons ! n

André Dan Coach en leadership a@andredan.com

Quand la France honorait Jabotinsky

Le transfert des ossements de Zeev Jabotinsky du lieu de sa première sépulture à New York vers le mont Herzl à Jérusalem fut l’occasion d’une grande mobilisation au sein de ses héritiers, élèves et disciples de par le monde. Mais ce qui est moins connu, c’est l’extraordinaire mobilisation de la classe politique française pour une cérémonie qui se déroula en l’honneur du leader sioniste à l’aéroport d’Orly, afin de marquer le passage de son convoi aérien sur le sol français.

Zeev Jabotinsky, fondateur du sionisme révisionniste et père de la droite israélienne, est décédé subitement en août 1940 à New York. Cinq ans plus tôt, il rédigeait, à Paris, son testament, dans lequel figure le souhait suivant :

« Si je meurs, je demande que l'on m'enterre là où la mort me trouvera. Si je suis enterré hors d'Israël, mes restes ne devront être transférés

gouvernement d'Israël prenne la décision et donne l'ordre de faire monter ses ossements ?! Qu'était-il ?

Sollicité quelque temps après son accession à la tête du gouvernement, Eshkol entérina la procédure visant à faire voter au gouvernement la décision d’honorer le testament de « Jabo » ; et le 15 mars 1964, le texte suivant fut approuvé au conseil des ministres :

« À la demande de ses héritiers, les membres de la famille Jabotinsky, qui veulent inhumer ses ossements en Israël mais qui se considèrent contraints d'honorer et d'exécuter le testament du défunt dans le total respect de ses détails, et en particulier l'article mentionnant l'interdiction de transférer ses ossements si ce n'est par la décision du gouvernement de l'État juif, le gouvernement décide d'aider la famille à transférer les ossements du défunt en donnant l'ordre requis pour exaucer la demande du défunt, telle qu'elle est exprimée dans son testament datant du 3 novembre 1935. »

L’enthousiasme que provoqua cette décision fut d’une ampleur peu commune. Begin, chef de l’opposition, remercia le Premier ministre dans un télégramme dont la formulation laisse transparaître l’émotion : « En ce jour, que nous avons attendu pendant pas moins de vingt-quatre ans, jour dont nous n'avons pas connu de semblable, nous, les élèves de Zeev Jabotinsky, depuis le jour de notre renaissance, permettez-moi, Monsieur le Premier ministre, de vous transmettre, en leur nom, un seul mot, qui émane du plus profond de leurs cœurs : merci. Respectueusement, M. Begin. »

en Israël que sur l'ordre du gouvernement juif de l'État restauré. »

Ces quelques mots suscitèrent une vive polémique en Israël, dominé par la gauche travailliste durant les premières décennies de son existence. Malgré la stature de Zeev Jabotinsky, reconnu par tous comme un important leader, un grand orateur et un personnage central de l’histoire du sionisme, David Ben Gourion refusa d'exécuter les dernières volontés du « Roch Betar », comme l’appelaient ses disciples. Arguant que le gouvernement d’Israël n’avait pas d’ordre à recevoir de Jabotinsky, Ben Gourion alla jusqu’à réduire le père de la Légion Juive à son simple talent d’orateur :

« Quel est donc cette prétention de vouloir le mettre au même rang que Herzl ? De quel droit ditil cela ?! Qu’il désire être enterré en Eretz Israël et dans l'État juif, soit, mais en plus il demande que le

Un bon orateur, je le reconnais, mais qu'est-ce que cela peut faire ?! C'était un excellent linguiste, je le reconnais aussi […] mais quelle est cette insolence ? Il ne lui suffit pas d'être enterré sur notre terre comme n'importe quel Juif, mais c'est l'État qui doit ordonner le transfert de ses ossements, tout cela parce qu'ils veulent en faire un Herzl ?! »

Ces mots, qui ne font que révéler l’hostilité de Ben Gourion envers Jabotinsky et ce qu’il représentait, s’ajoutèrent à d’autre arguments, exprimés à d’autres occasions. Parmi eux, l’idée selon laquelle « nous avons besoin de Juifs vivants en Eretz Israël et non de Juifs morts », ou encore : « Tout celui qui le souhaite peut faire monter les ossements de Jabotinsky. » À l’intransigeance de Ben Gourion, succéda la modération de Levi Eshkol qui, lui, souhaitait réduire l’intensité de la rivalité avec le parti 'Herout de Mena'hem Begin (la parenthèse Moshé Sharett n’apporta rien de nouveau de ce point de vue).

La mobilisation s’engagea immédiatement. Rapidement, une cérémonie fut prévue à Paris, pour rendre hommage à Jabotinsky sur la terre qu’il habita pendant une décennie et dans le pays où il créa le mouvement révisionniste. Aux manœuvres, Shlomo Friedrich (voir LPH numéro 995), dont l’émotion fut grande :

« Lorsque monsieur Begin me missionna pour représenter la direction de l'opération en Europe, ce fut le jour le plus heureux de ma vie. Je craignais de ne pas être à la hauteur de la grande épreuve que représentait le fait de rendre au chef du Betar l'honneur qui lui était dû. »

Les liens qu’avait tissés Friedrich depuis son arrivée à Paris neuf ans plus tôt lui ouvrirent toutes les portes, notamment celle du gouvernement, et la liste est longue. Le 5 juin 1964, Roger Frey, ministre de l’Intérieur, donna son accord à la mobilisation nécessaire au sein de l’aéroport d’Orly pour la tenue de la cérémonie ; le 21 juin, Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères (qui, plus lll

Les cercueils de Joanna et Zeev Jabotinsky lors de leur arrivée à Jérusalem.
Une garde d'honneur du parti 'Herout menée par le député Mena'hem Begin rend les derniers hommages au leader sioniste. © GPO

lll tard, suivant la politique du général de Gaulle, prit des positions assez hostiles à Israël), donna toute son approbation à la tenue de la cérémonie qui, étant un hommage à une personnalité étrangère, dépendait de son accord. Suivirent les ministres de la Justice Jean Foyer, des Travaux publics et des Transports Marc Jacquet, des Anciens combattants et Victimes de guerre Jean Sainteny, et de Louis Jacquinot, ministre d'État, qui adhérèrent tous au comité public Hommage à Zeev Jabotinsky. La recrue d’André Malraux, grand écrivain et ministre de la Culture, le 26 juin 1964, ne passa pas inaperçue.

Le Premier ministre israélien, Levi Eshkol, à son arrivée à l'aéroport d'Orly pour la cérémonie en l'honneur de Zeev Jabotinsky. Ci-dessous, Eshkol salue la famille du professeur Eri Jabotinskty, fils de Zeev et Joanna.

Cette mobilisation fut suivie par celle de la Société des aéroports de Paris, dont le président Pierre Bouriscot déclara : « L’aéroport de Paris se fera un devoir de vous apporter son plus entier concours pour l’organisation de la cérémonie prévue le 7 juillet à 11h30, à l’occasion du passage des cendres de monsieur et madame Jabotinsky à Orly. » La salle de réception de l’aéroport ne contenant que 200 personnes, un hangar pouvant contenir jusqu’à 5000 personnes fut mis à la disposition des organisateurs. Roger Frey ordonna de fournir aussi tout le matériel nécessaire : accessoires de décoration, mâts et drapeaux, tapis pour recouvrir le sol du hangar, bougies, etc.

Mais la plus symbolique et la plus forte des mobilisations fut celle de Pierre Mesmer, ministre de la Défense. Dans une lettre adressée au général Pierre Kœnig, le ministre donna son accord « à la participation d’un détachement [militaire] d’honneur lors de la cérémonie organisée le 7 juillet à Orly, à l’occasion du transfert des restes de Monsieur Jabotinsky. Je vous confirme que des instructions ont été données pour qu’un détachement soit mis en place à cette occasion. » La cérémonie se déroula avec tous les honneurs prévus pour le grand homme mais fut aussi marquée par un symbole fort : la députée Marie-Madeleine Fourcade, la seule femme qui dirigea un réseau de Résistance pendant la guerre, déposa sur la tombe de Jabotinsky un sac de terre qu’elle avait récupéré la veille au Mont-Valérien, lieu qui servit à l’emprisonnement, à la torture et à l’exécution de nombreux résistants, parmi lesquels beaucoup de Juifs, par les Allemands. C’est dans ce sinistre lieu de

Emmanuel Macron) lui-même. Deux autres personnalités marquèrent la cérémonie par leurs oraisons funèbres, les deux seules prononcées : le général Pierre Kœnig et le grandrabbin de Paris Meïr Jaïs. Kœnig rendit hommage à Jabotinsky l’unificateur, et à l’homme qui partageait les valeurs françaises : « Il n'aurait pas été pensable qu'au cours de cette brève escale en France, son passage ne soit pas salué et honoré par le Gouvernement français, par ses coreligionnaires et par tous les amis français d'Israël […]. Ceux qui avaient combattu ou simplement critiqué Jabotinsky, comme ceux qui l'ont fidèlement suivi, se confondent dans un même recueillement fait d'admiration reconnaissante. Tous s'inclinent devant sa mémoire, la mémoire de l'un des plus illustres animateurs de la renaissance nationale juive. Finalement, ce lutteur aura été un rassembleur. Quant à nous, nous retenons le fait que Jabotinsky vint s'établir à Paris lorsqu'il décida de lancer le mouvement qui devait bientôt recueillir à travers le monde des millions d'adhésions ferventes. C'est à notre capitale qu'il choisit d'amarrer sa vie errante et d'installer son quartier général politique. Jabotinsky avait de profondes affinités avec le génie français, avec

notre culture et nos traditions de liberté, avec les valeurs intellectuelles et morales de notre civilisation. Il a ainsi vécu chez nous les années les plus décisives de son existence et de ses activités : il s'y sentait chez lui. Dans la perspective de la création d'un État juif à la fondation duquel il a tout sacrifié, il avait conçu une alliance de cœur entre notre pays et la patrie hébraïque. Sur le trajet qui le ramène du cimetière de New York au mont Herzl où, dans quelques heures, ses cendres seront inhumées, la halte d'Orly prend une signification symbolique, tout particulièrement dans les temps actuels marqués par un long séjour en France de Monsieur le Président du Gouvernement d'Israël. Nous percevons clairement le dernier message adressé par Zeev Jabotinsky à ses frères d'Israël et à ses amis français pour leur rappeler qu'ils sont alliés, qu'ils sont unis par des liens étroits, vieux comme la civilisation chrétienne. Nous n'oublierons pas cet ultime message. Que Zeev Jabotinsky aille en paix vers sa dernière demeure ! Qu'il y trouve ce qu'il souhaitait, le repos, rien que du repos. Au passage du cortège ailé qui l'emporte, la France salue en lui le patriote intransigeant, le rude combattant, l'ami sincère et fidèle. »

« Jabotinsky avait de profondes affinités avec le génie français.
Dans la perspective de la création d'un État juif, il avait conçu une alliance de cœur entre notre pays et la patrie hébraïque. »

Quant au grand-rabbin Jaïs, il fit un hommage émouvant, retentissant jusqu’à aujourd’hui, de Jabotinsky le combattant :

« C'est pour s'être fait une idée aussi haute de l'homme, pour avoir senti qu'il y a dans chaque créature humaine quelque chose de royal, de divin, que Jabotinsky, dès son enfance, ne put tolérer les souffrances, les humiliations dont le peuple juif était l'objet dans certaines régions du globe.

Dès cette époque, il décida de vouer toute sa vie à forger la seule solution capable à ses yeux de faire retrouver au peuple d'Israël sa dignité et sa sécurité : la restauration d'un État juif sur le sol des ancêtres.

À cette cause, il consacra désormais la totalité des ressources de son intelligence, de son cœur et de sa volonté, qui étaient, pour ainsi dire, illimitées. On reste émerveillé devant la variété des talents dont la Providence l'avait comblé. II possédait tous les dons à la fois, et à un degré tel qu'un seul d'entre eux cultivé avec continuité aurait suffi à immortaliser son nom.

[…] en dehors de la voie diplomatique, le sionisme, pour réussir, devait pouvoir compter également sur une force militaire proprement juive. Lui qui était pacifiste de nature, fait surtout pour le travail de cabinet, épris de libéralisme, pour avoir vu de près les massacres de Kichinef, s'était rendu compte que la conscience universelle, si elle ne manquait jamais de condamner après-coup les bourreaux, n'était jamais parvenue à éviter un seul massacre. Vivant dans un monde où le seul langage persuasif est celui des armes, il estimait que plus l'idéal vers lequel on tend est noble et saint, plus il nous fait un devoir d'être forts, afin de le défendre également, s'il le faut, par les mêmes moyens que l'adversaire. Il était convaincu que pour avoir droit à la vie, un peuple doit être en mesure de se défendre luimême et, seulement ensuite, compter sur le voisin. » Cette mobilisation hors du commun s’explique par un profond sentiment de communion d’intérêts, mais aussi de destins et de valeurs, entre ces dignitaires français, qui pour beaucoup d’entre eux avaient combattu pour la liberté de leur peuple face à l’envahisseur nazi, sur le sol de France ou ailleurs, et le petit peuple victime du génocide nazi. Dans un texte datant de 1959, le général Kœnig met des mots d’une incroyable justesse sur cette communion de destins, qui retentissent jusque dans notre actualité la plus récente : « Israël est véritablement une avant-garde du monde libre, un bastion avancé de la civilisation occidentale au Proche-Orient. Il faut avoir été là-bas pour saisir cette vérité. Et c'est le dernier enseignement que je rapporte de mon voyage. Nul n'a mieux exprimé ce que nous, Français, ressentons, que l'actuel Premier ministre Michel Debré, qui écrivait à ce sujet en mars 1958 : “Imaginons un seul instant qu'aboutisse le complot sans cesse recommencé par ceux qui, dans le monde arabe, cherchent à rallumer l'esprit d'Hitler : c'est la civilisation qui reçoit un coup d'une violence inouïe, c'est la Méditerranée, l'Europe, l'Occident, la Chrétienté qui sont atteints, non seulement dans leurs intérêts, mais dans leur idéal, dans leur raison d'exister, dans leur raison de vivre et de croire…” » n

Yoël Haddad est chercheur au Centre Begin

Le secret du pouls

Nous sommes en Russie, à une époque où certaines grandes duchesses étaient des femmes puissantes qui gouvernaient sur des domaines étendus avec une autorité sans égale. Parmi ces femmes de pouvoir, il y en avait une qui, malgré toute sa richesse et son influence, était frappée par une maladie qui la tourmentait sans relâche. La duchesse avait un médecin personnel qui, malgré tous ses efforts et ses nombreuses tentatives, ne parvenait pas à la guérir. La maladie ne faisait qu’empirer, et la duchesse, en colère, accusa son médecin d’incompétence. Elle le somma de trouver un remède efficace, sous peine de se passer de ses services.

Le médecin, troublé et désespéré, se souvint d’un homme étrange qu’il avait rencontré autrefois dans la ville de Mezibouz. Cet homme sage avait la réputation d’être un guérisseur prodigieux, un homme doué d’un pouvoir extraordinaire pour soigner toutes sortes de maladies. Cet homme était le Baal Chem Tov, le célèbre maître spirituel et mystique.

Le médecin parla de cet homme très particulier à la duchesse, qui décida de le convoquer dans son palais. Craignant des représailles contre son peuple, le Baal Chem Tov consentit à se rendre chez la duchesse. Fort de son regard pénétrant, il diagnostiqua rapidement sa maladie et lui prodigua quelques conseils et recommandations avisés grâce auxquels la duchesse guérit rapidement. Comme on peut l’imaginer, elle fut remplie de gratitude envers ce rabbin hors du commun qui avait su la guérir là où tous avaient lamentablement échoué.

Le temps passa et un jour, le médecin personnel du roi de Pologne arriva dans la région. La duchesse, qui le connaissait bien, l’invita dans son palais et se mit à parler de l’homme extraordinaire qui l’avait autrefois guérie, le fameux Baal Chem Tov.

Le médecin du roi commença à se moquer de lui, arguant qu’il n’était pas médecin ; mais il demanda toutefois à le rencontrer. La duchesse envoya des soldats pour le chercher, et le Baal Chem Tov se présenta devant la duchesse et le médecin du roi.

Le médecin du roi interrogea le Baal Chem Tov, une pointe d’ironie dans la voix :

« Dites-moi donc, cher Rabbin… Chem Tov, c’est bien ça ? D’où tirez-vous votre savoir-faire pour soigner les gens ? »

Le Maître répondit d’une voix sereine :

« Je dois dire que je n’ai pas, à proprement parler, appris cette sagesse. Je dirais plutôt que c’est le Créateur qui me l’a enseignée. »

Un sourire moqueur se dessina sur le visage du médecin, qui reprit avec assurance :

« Bien, bien… Je vois… Dans ce cas, vous devez certainement être également capable de détecter une maladie juste en prenant le pouls d’une personne, n’est-ce pas, cher Rabbin… Chem Tov, c’est bien ça ? »

Le Baal Chem Tov, loin de se laisser décontenancer, répondit d’un ton encore plus assuré :

« Oui, effectivement, j’en suis tout à fait capable. »

« Très bien, très bien. Alors, montrez-nous donc, je vous en prie ! », lui demanda le médecin, satisfait de lui-même.

Le Maître de Mezibouz prit un temps de réflexion avant de dire :

« Pour commencer, j’aimerais d’abord que vous preniez mon pouls et que vous posiez votre diagnostic, s’il vous plaît. »

Le médecin prit avec soin le pouls du Baal Chem Tov et, au terme d’un long moment d’écoute attentive, il déclara :

« Je suis navré, je suis incapable de vous dire de quoi vous souffrez. Par contre, ce que je peux vous dire, c’est que ce que j’ai ressenti en écoutant votre pouls, je ne l’ai jamais entendu chez quelqu’un d’autre.

Jamais ! »

« Et qu’avez-vous donc ressenti en prenant mon pouls, cher Docteur ? », s’enquit le Maître.

« Eh bien, à vrai dire, j’ai senti comme deux forces opposées… Ça pousse beaucoup chez vous, cher Rabbin… Chem Tov, c’est bien ça ? J’ai eu l’impression qu’il y avait en vous une pulsation qui poussait vers le haut et une autre qui poussait vers le bas », ajouta le médecin, perplexe.

Le Baal Chem Tov soupira longuement, avant de confesser :

« C’est vrai, on peut dire que j’ai une maladie. Vous en avez décrit avec précision les symptômes mais vous ne savez pas de quelle maladie il est question. Laissez-moi vous dire de quoi il s’agit : je suis

atteint de la maladie d’amour. Oui, je souffre au plus profond de mon cœur. J’ai deux amours : Dieu d’un côté, et Ses créatures de l’autre. Ces deux amours sont en perpétuelle opposition à l’intérieur de moi, et si l’un ne retenait pas l’autre, je perdrais les deux ! Si je n’avais que l’amour de Dieu, mon âme voudrait s’envoler et je quitterais ce monde terrestre. Si je n’avais que l’amour des créatures, je serais constamment attiré vers le bas et j’en oublierais Dieu. Mais ces deux amours me tiennent et me donnent mon équilibre. »

Puis le Baal Chem Tov dit avec assurance au médecin :

« Et maintenant, c’est à moi de prendre votre pouls ! »

Intrigué par cet homme au comportement si différent de tous ceux qu’il avait l’habitude de côtoyer, le médecin s’exécuta et offrit son poignet à la main du Maître. Après de longues minutes, le Baal Chem Tov se tourna vers la duchesse et lui demanda :

« Dites-moi, Duchesse, ne vous aurait-on pas volé des chandeliers en or ici même dans votre palais il y a six mois ? »

La duchesse, stupéfaite, s’exclama :

« Bien sûr, mes chandeliers en or ! Ils ont disparu un beau jour, je n’ai jamais pu les retrouver – un vrai mystère ! Mais pourquoi donc me demandez-vous cela ? Je ne comprends pas. »

Le Baal Chem Tov désigna du doigt le médecin du roi présent à leurs côtés et déclara :

« Envoyez vos soldats dans la chambre de cet homme, à son auberge. Vous verrez que les chandeliers se trouvent dans l’un de ses bagages ! »

Interloquée, la duchesse envoya toutefois des soldats à l’endroit indiqué, et ceux-ci confirmèrent rapidement, avec force détails, toutes les affirmations du maître 'hassidique. Honteux de son larcin, le médecin quitta sur-le-champ le palais, laissant derrière lui sa réputation à jamais ternie.

Bouleversée, la duchesse demanda au Baal Chem Tov :

« Mais comment avez-vous réussi à déceler un voleur juste en tâtant son pouls ?! »

Le Maître répondit sereinement :

« On peut déceler l’envie du vol dans le pouls. D’après la Torah, c’est une chose que certaines personnes sont capables de déceler. »

Subjuguée par la sagesse et les talents de cet homme extraordinaire, la duchesse voulut en savoir plus :

« Mais pour les chandeliers, vous avez tâté son pouls et vu que c’était précisément lui qui les avait dérobés ? »

Le Baal Chem Tov, avec un sourire empreint de modestie, lui répondit simplement :

« Non, ça c’est Dieu qui me l’a montré… » Chamboulée par cette expérience inoubliable, la duchesse décida de faire preuve de compassion envers les membres de la communauté juive et elle décréta que plus jamais aucun Juif ne serait maltraité sur ses terres, une promesse qu’elle tint avec détermination pour le restant de ses jours.

Le secret de cette histoire

Le Baal Chem Tov nous a dévoilé qu’il était important d’équilibrer l’amour pour Dieu et l’amour pour Ses créatures. Il a compris qu’en aimant Dieu, il pouvait grandir spirituellement et se sentir plus proche de Lui, et qu’en aimant les créatures de Dieu, il pouvait les aider, les soutenir et leur apporter de la joie.

Il nous a appris qu’il était important d’aimer et de respecter à la fois Dieu et les autres. Quand nous aimons Dieu, cela nous aide à être de bonnes personnes, à faire preuve de gentillesse et à prendre soin de ceux qui nous entourent. Et quand nous aimons les autres, nous montrons à Dieu que nous sommes reconnaissants pour les merveilleuses créatures qu’Il a créées.

Cultiver ce double amour, c’est comme posséder un trésor dans son cœur. Cela nous guide sur le chemin de la bonté, de la générosité et de la compréhension mutuelle. Lorsque nous aimons Dieu et nos semblables, nous apportons de la lumière et du bonheur dans nos vies et dans la vie des autres.

Que l’amour pour Dieu et pour nos semblables nous guide dans tout ce que nous faisons. Que nous soyons bons, aimants et attentionnés envers les autres, sans oublier, bien sûr, de prendre le temps d’aimer et de respecter Dieu. n

AU NOM DE LA LOI

Le glaive et la Torah

J'écris cet article au retour de l'enterrement du soldat héros d'Israël Saadia

Yaakov Derai, de mémoire bénie, tombé au combat à Gaza jeudi 20 juin.

Saadia, za"l, était le fils d'un couple d'amis de longue date, Haïm et Laly Derai, et le petit-fils de mon cher maître/élève Jacquot Scemama, de mémoire bénie.

« Saadia, mon chéri, mon enfant, tu as prouvé qu’il n’y a pas de contradiction entre la Torah et le mérite de servir dans Tsahal. Ce n’est pas de l'égalité des devoirs qu'il s'agit, c’est de l'égalité des droits et du partage du mérite !

C’est une mitzva de servir dans Tsahal et tu as prouvé qu’on pouvait combiner les deux. Tu as prouvé qu’il n’y avait pas de contradiction entre le collectif et le privé. Tu as prouvé qu’il y avait une union dans le monde. Nous promettons et nous jurons de réclamer cette unité nous aussi. »

ne faisait qu'étudier, il n'y aurait pas besoin d’armée.

C'est ainsi que Laly, la maman de Saadia, a conclu sa poignante oraison, prononcée sur la tombe de son fils. Et c'est précisément le sujet de l'article que je m'apprêtais à écrire avant d'entendre cette terrible nouvelle.

La question du devoir du service militaire face à l'étude de la Torah a été traitée de manière très détaillée et quasi prophétique par notre maître le rav Moché Botschko, zatsal, dont les propos ont été rapportés dans la brochure écrite et éditée par son fils, notre maître le rav Shaoul David Botschko, chlita, et publiée aux éditions Lichma, que je vous invite vivement à consulter : Étude de la Thora & service militaire

Néanmoins, j'aimerais apporter ma modeste touche à ce sujet. Nous sommes aujourd'hui confrontés au phénomène incohérent qui voit les 'Haredim, dans leur grande majorité, ne pas s'engager dans l’armée et, qui plus est, à la proposition de loi d'octroyer à cette population, de manière quasi automatique, une exemption légale et définitive – et ce, au moment même où l'État d'Israël se trouve engagé dans un combat existentiel pour assurer son avenir et celui du peuple juif tout entier.

Beaucoup prétendent ouvertement que seule la Torah nous protège et que si la société dans son ensemble

Cette position va à l'encontre des fondements du judaïsme, de la Torah écrite et de la Torah orale qui exigent de l'homme qu’il fasse tout ce qui est en son pouvoir et d'agir pour éviter tout dommage, qu'il soit d'ordre matériel, sanitaire ou spirituel : Avraham, le fondateur de la nation, avait une armée, Moché Rabbenou avait une armée, Le roi David avait une armée, et nulle part nous ne voyons que ces personnages ont cru ne serait-ce qu’un instant que seule l’étude pouvait les protéger.

Cela me rappelle une affiche publiée à l’époque où une terrible vague d'attentats s’abattait sur Israël, au début des années 2000. L'affiche invitait à un rassemblement pour prier au Tombeau des Patriarches à 'Hevron ; dans l'invitation, on trouvait des expressions tirées du Talmud, comme « Notre force ne se trouve que dans notre bouche [c'est-àdire la prière] » ou « On ne peut se reposer que sur notre Père qui est aux cieux ». Au bas de l'affiche, était inscrit en caractères gras : « L’événement est entièrement sécurisé par les forces de Tsahal. » Je pense que cela se passe de commentaires. En réalité, la source de la position traditionnelle du monde orthodoxe se trouve dans l'axiome qui oppose les valeurs du sacré et du profane, et les établit en un véritable dilemme : « Baroukh haMavdil bein kodech le'Hol. » Il est effectivement fondamental de savoir

distinguer le sacré du profane. C'était même une nécessité existentielle tout au long de l'exil, afin de permettre le miracle de la survie d'un peuple démuni de toute structure nationale. Mais faire de ce discernement une opposition dichotomique rigide et absolue serait fauter et trahir le message de l'unité divine que nous proclamons en profession de foi dans le fameux « Chema Israël » – en particulier à l'époque du retour d'Israël sur sa terre, dont nous avons le mérite de faire partie.

« Écoute Israël, Dieu est notre Dieu, Dieu est Un. Et toi, fidèle à l’unité de Dieu, tu as cherché l’union dans le monde. L’union du sacré de la Torah et du sacré de l’armée. L’union de la maison nationale et de la maison privée. Tu as cherché, tu as demandé à trouver l’union dans la réalité. Le soir de Chavouot, nous avons étudié ensemble le sujet des Tables de la

loi brisées. Elles sont disposées dans l’Arche sainte avec les Tables de la loi entières, parce qu’il y a une union dans le monde. »

Ces poignantes paroles de Laly Derai, la maman de Saadia, expriment exactement le principe de l'unité des valeurs retrouvée par le peuple d'Israël sur sa Terre. Cette unité des valeurs qui était le souffle de la courte vie de Saadia notre héros. Cette unité des valeurs qui devient son testament et notre devoir sacré. Que Dieu venge son sang versé pour l'amour d'Israël ainsi que celui de tous nos héros tombés pour assurer notre existence. n

Pour contacter le rav Dray : avdery7@gmail.com

Rav Avraham Dray Rabbin de communauté à Ashdod - Fondateur de Chadarim Directeur du Desk France du Mizra'hi mondial
Un jeune ultraorthodoxe se tient à l'entrée de Bnei Brak, sur la très fréquentée route n° 4, et brandit un panneau sur lequel est écrit : « La prison mais pas l'armée ». L'enrôlement des élèves des yechivot est depuis la création de l'État un enjeu politique qui met souvent le gouvernement en péril.

L'étonnante rumeur

Le quartier des V.I.P. au Paradis est moins paisible qu'a l'ordinaire. Josué, le disciple et successeur de Moïse, et chef d'État-major de la première armée d'Israël, celle qui fut victorieuse sur les différents fronts, celle qui réussit à conquérir Jéricho puis Hay avant de défaire la coalition des rois du Sud (chapitre 10) puis celle du Nord (chapitre 11), se dirige d'un pas décidé vers notre ancêtre Avraham :

– On vient de me signaler que le président du Conseil des sages de Shas aurait déclaré qu'il est interdit de rejoindre les rangs de l'armée, même si l’on n'étudie pas dans une yechiva, car cela équivaudrait à transgresser le chabbat ! Vous êtes au courant ?

– Encore une fake new, assurément ! répond le patriarche. Aucun rav n'a pu dire cela. Méfie-toi des rumeurs, Josué, et vérifie bien les sources. Il faut dire qu'Avraham est particulièrement sensible au sujet. Lorsqu'on lui annonça que son neveu Lot avait été pris en otage par les terroristes des forces armées de Kedorlaomer et d'Amraphel, il n'hésita pas une seconde et constitua un petit commando de 318 hommes pour aller délivrer son neveu ainsi que les autres captifs. « Il fondit sur eux la nuit avec ses hommes, les battit et les poursuivit jusqu'à 'Hova, située à gauche de Damas. » (Genèse 14, 15) Avraham adore raconter ce fait d'armes à qui veut l'entendre. Il rajoute toujours son commentaire, avec un petit sourire :

– 'Hova… On n'a démobilisé les hommes qu'une fois parvenus à 'Hova. Sais-tu ce que signifie « 'hova », jeune homme ? Cela veut dire « le devoir ». On ne dépose les armes qu'après avoir atteint 'Hova, après avoir rempli son devoir. Et il n'y a pas de devoir plus sacré que de faire la guerre pour délivrer des otages ! À ce propos, Avraham se souvient quelle fut son immense satisfaction lorsqu'on lui rapporta l'anecdote du général Wingate. Orde Wingate fut affecté en 1936 en Palestine, alors sous mandat britannique. Chrétien éduqué dans l'amour de la Bible, il fut tout de suite séduit par la cause sioniste, dans laquelle il reconnaissait les réalisations des prophéties bibliques. Il réussit à obtenir des responsables du Yichouv

LE KLING DU MOIS

l'autorisation de former les fameux « escadrons de nuit » (le Palam – Plougot haLaïla haMeyou'hadot), desquels ont émané de célèbres combattants du Palma'h et de la Haganah. Lors de son premier cours, il demanda aux jeunes kibboutznikim de lui apporter une Bible et il leur lut le récit de la guerre d'Avraham. « Prenez exemple sur votre ancêtre », leur dit-il. « Il faut attaquer la nuit, par surprise et par ruse. Et la victoire sera au rendez-vous, même avec 318 hommes contre quatre grandes puissances régionales ! » On raconte que le jeune Moshé Dayan fut très impressionné par l'utilisation stratégique que fit le général Wingate des exploits du général Avraham…

Josué repart rassuré. Il se doutait bien que c'était une fake new. Un rav ne peut pas comparer une mitzva de cette importance à la profanation du chabbat, c'est absurde ! D'excellente humeur, il décide d’aller raconter l'entretien qu'il vient d'avoir avec le patriarche à son ami Yéhouda Maccabée, le fils de Matitiahou le grand-prêtre qui, on s'en souvient, déclencha la fameuse et héroïque révolte des forces juives contre la puissance grecque, et redonna au peuple son indépendance nationale.

Les 75 recrues du Palam, « les escadrons de nuit » constitués par le général Orde Wingate (en médaillon).

Ils étaient tous membres de la Haganah. © GPO

Yéhouda est précisément en conversation animée avec le roi David : ils comparent une fois de plus leurs victoires militaires et leurs stratégies respectives, qui furent à l'origine de leurs célèbres batailles sur les monts de Judée. Josué leur fait part de la rumeur et tous éclatent de rire : interdire, au nom de la Torah, de défendre le peuple et la Terre d'Israël ?!

Que ne vont donc pas inventer ces journalistes pour faire vendre leurs journaux ! Le plus grand des prophètes, Moïse lui-même, n'a-t-il pas, à l'époque, élevé le ton lorsque les représentants des deux tribus ont un moment osé envisager de se dispenser de leurs obligations militaires ? « Quoi ?! s’est-il écrié,

vos frères iraient faire la guerre pendant que vous resteriez ici ?! » Tout le monde, au Paradis, connaît la halakha : « Lorsqu'il s'agit d'une guerre de mitzva, comme la conquête du pays ou comme les guerres de défense contre des ennemis qui veulent nous détruire, on ne tolère aucune exemption, même le 'hatan et la kala doivent quitter la 'houpa pour participer à l'effort de guerre. » Ce sont même les plus pratiquants qui doivent être les premiers au front, car ceux qui craignent de ne pas avoir assez de mérites risquent de démoraliser les combattants. Mais voilà qu’ils voient arriver Jérémie, la mine triste des jours où il est porteur de mauvaises nouvelles : il est venu leur dire que, à sa grande surprise, ce n'est pas une fake new. Un grand rav a osé dire cela publiquement. Il semblerait même, ajoute le prophète, gêné, qu'il n’est pas seul et que l'idée saugrenue qu'on pourrait, au nom de la Torah, être dispensé de combattre pour la survie d'Israël, est assez répandue.

Les résidents du quartier paradisiaque des V.I.P. n'en reviennent pas. Alerté, Rabbi Akiva, qui avait envoyé ses disciples combattre aux côtés de Bar Kokhba, décide d'une réunion générale pour essayer de comprendre comment on en est arrivé là… n

'Houkat

Comment changer les choses

Une vache rousse sans défaut n’ayant jamais porté le joug doit être sacrifiée et ses cendres mêlées à de l’eau de source pour fabriquer un purificatoire. Ces eaux lustrales purifieront l’homme rendu impur par contact avec un mort. Ce 'hok de la vache rousse est peut-être l’archétype du décret divin : sans logique humaine. Quel rapport, en effet, entre une vache et un rituel de purification lié à la mort ?

La vache rousse réduite en cendres purifie l’homme impur, annulant ainsi les décrets funestes qui le menacent. « Impur » puisqu’ayant touché la mort, il n’est plus dans le mouvement de la vie. Il risque alors de subir à son tour la rigueur du jugement de Celui qui juge. Il y a donc nécessité absolue à le ramener vers le « côté droit », celui de la vie. C’est la Cabale qui va éclairer pour nous ce mystère : « para », la vache, est à rapprocher de « péri », le fruit de l’Arbre de la connaissance du Bien et du Mal qu’ont consommé Adam et Ève, ce qui leur a fait quitter l’éternité du Paradis pour ce monde mortel. Le fruit, la faute, la mort, l’impureté. Nous comprenons maintenant : il y a eu faute ou mal, malheur, déséquilibre vers le « côté gauche ». Il s’agit alors, par le rituel, de rééquilibrer les forces en présence, en multipliant les symboles pouvant ramener ce qui est à « gauche » de l’Arbre de Vie dans la structure des sefirot, de la

Pardès – le Verger – ce sont les quatre niveaux d’étude de la Torah. Ariela Chetboun met par écrit l’enseignement oral reçu de ses maîtres en Kabbala et 'Hassidout. Que cet éclairage vienne דייסב compléter ce que nous savions jusqu'ici.

Gvoura, de la rigueur du Jugement divin, vers le « côté droit », le côté du 'Hessed, de l’amour, de la bonté, pour que l’homme redevienne pur et s’inscrive de nouveau dans le chemin de la vie.

À commencer par le recours à une vache. Symboliquement, les bovins occupent le « côté gauche ». C’est une vache (le féminin est à gauche) et non un bœuf : Gvoura de Gvoura. De plus, cette vache est rouge, couleur associée au péché, à la faute, au feu – encore Gvoura. Elle n’a jamais connu le joug : jamais soumise à l’homme, elle n’a pas exprimé son 'Hessed, sa générosité – de nouveau, Gvoura. Et cette vache rouge est intégralement brûlée au feu du sacrifice, ce qui est une manière de monter encore en intensité dans la Rigueur.

C’est lorsque ce processus atteint son paroxysme que la tendance peut enfin s’inverser. Poussé au maximum de son état de Gvoura, le sacrifice dévoile enfin son 'Hessed

Ses cendres incarnent l’origine de la Gvoura, c’est-à-dire le 'Hessed, selon un mécanisme fondamental que révèle la Cabale : il n’est possible d’inverser l’orientation des événements, de transformer l’état

d’un être, la nature d’une chose, qu’en le poussant à sa source, par excès de la chose elle-même. Pour annuler un décret funeste, il faut lui faire faire le chemin inverse, augmenter dans le sens de la rigueur jusqu’à atteindre le point de bascule vers la générosité absolue. Si nous nous opposons à une chose, elle grandit et gagne en puissance. Comment renverser une situation, retourner une personne ? En l’accompagnant dans son effort pour exister. Mais il ne faut surtout pas s’interrompre au milieu du processus, s’arrêter en chemin… n

Goulash de bœuf

PRÉPARATION

l Éplucher et émincer les oignons, puis les faire revenir dans l'huile. Quand les oignons ont bien fondu et forment un amas pâteux, ajouter la viande coupée en morceaux de taille moyenne.

l Ajouter le concentré de tomates, les bouquets garnis et le bouillon de bœuf, saler et poivrer. Fermer le faitout car la viande ne doit pas dorer.

l Laisser cuire à feu très doux pendant trois heures, ajouter le paprika une heure avant de servir.

l Éplucher les pommes de terre, les couper en morceaux et les ajouter à la préparation. Laisser encore mijoter pendant trente minutes environ, jusqu'à ce que les pommes de terre soient fondantes.

l Incorporer la crème fraîche parvé au dernier moment, comme le veut la coutume hongroise. Laisser chauffer puis servir.

Bon appétit !

INGRÉDIENTS

Pour 8 personnes

• 40 cl de crème fraîche parvé

• 50 cl de bouillon de bœuf (1 cube + eau)

• 4 cuillères à soupe d'huile

• 800 g d'oignons

• 2 kg de bœuf à braiser

• 1kg de petites pommes de terre

• 10 cuillères à soupe de concentré de tomates

• 2 cuillères à soupe de paprika

• 2 bouquets garnis

Extrait de Une année avec la Cabale. Secrets du Temps et des Fêtes juives

des jeux page 54

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Monsieur Lévy, malade imaginaire, se rend chez un jeune médecin pour faire un bilan de santé. Le médecin l'examine des pieds à la tête et lui dit :

– Réjouissez-vous, Monsieur Lévy, vous êtes en parfaite santé !

– Comment ça, en parfaite santé ? Et mon estomac ?

– Il va très bien.

– Et mon foie, mes reins, mon cœur ?

– Tout va bien, Monsieur Lévy.

– Ah, j'ai compris, vous ne voulez pas me le dire, c'est ça ? J'ai une maladie grave.

– Voyons, Monsieur Lévy, vous n'êtes absolument pas malade, tout va bien.

– Dites-moi, Docteur, vous croyez savoir mieux que moi comment je me sens ?

– Évidemment, je suis médecin, non ?

– Ah oui ? Et depuis combien de temps ?

– Sept ans.

– Vous voyez : vous n'êtes médecin que depuis sept ans, et moi cela fait quarante ans que je suis malade !

Moché va chez le médecin, qui l'ausculte.

– Tirez la langue et dites trente-trois !

– Trente, trente, trente…

– Mais non, je vous demande de dire trente-trois !

– Mais Docteur, d'habitude vous me faites dix pour cent...

Yankelé a douze enfants mais une seule pièce pour loger

sa famille nombreuse. La vie est carrément intenable. Il décide donc d'aller demander conseil à son rabbin.

Après l'avoir écouté, ce dernier lui dit :

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BLAGUES À PART

Un marieur tente de « caser » une jeune fille à Réouven, le fils de Shlomo.

– Elle est comment, cette fille ? demande Shlomo.

– Elle est parfaite. Son père est très riche et son grandpère est un rabbin réputé. De plus, elle joue du piano et parle couramment anglais.

– Bon, laisse-moi réfléchir un peu, dit Shlomo au marieur.

Désireux d'en savoir plus, Shlomo appelle son frère, représentant de commerce, et lui demande :

– Va acheter une chèvre – non, plutôt un bouc, et metsle dans ta maison.

– Et vous pensez que cela va régler mon problème, Rabbi ?

– Tu verras !

Yankelé va donc acheter un bouc et l'installe dans la pièce où lui et toute sa famille cohabitent. Au bout de deux jours, il retourne voir le rabbin

– Rabbi, c'est insupportable, ça sent mauvais, on n'en peut plus ! D'accord, on n'avait pas de place, mais là c'est invivable !

Le rabbin réfléchit un long moment et conclut :

– Va revendre le bouc.

Yankelé s'exécute et le lendemain il retourne voir le rabbin

– Merci, Rabbi, merci ! Si vous saviez comme on se sent bien chez nous maintenant !

– Écoute, comme tu voyages tout le temps, pourrais-tu faire un saut dans une petite ville située à cinquante kilomètres d'ici ? Il y a là-bas une jeune fille qui semble être une véritable merveille. Mais cela me paraît être un trop beau parti pour mon fils – moi je ne suis qu'un simple tailleur... Donc j'aimerais vérifier tout ce que m'a dit le marieur avant de lui donner ma réponse. Alors vas-y et raconte-moi tout.

Deux semaines plus tard, le frère téléphone à Shlomo :

– Tout ce que t'a dit le marieur est vrai. Le père est très riche, le grand-père est un rabbin réputé, et la jeune fille joue du piano et parle anglais.

– Donc tout va bien !

– Eh bien… c'est-à-dire qu'il y a quand même un léger problème…

– Lequel ?

– Eh bien, tu vois, c'est comme l'affaire Dreyfus...

– Quel rapport ? De quoi me parles-tu là ?

– Voilà : elle, elle dit qu'elle est innocente, mais tous les officiers du mess disent le contraire !

Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour.

Contributeurs : Hagit Bialistoky

Ariela Chetboun

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