AJ MAG Jeudi 6 Jeudi 2024

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Jeudi 6 juin 2024

29 Iyar 5784

Nº 1010 | Mensuel

DOSSIER

SPÉCIAL BIEN-ÊTRE :

TOUT FAIRE POUR

ALLER MIEUX

GRAND ANGLE

REVENUS DE L'ENFER

INTERVIEW

SIMON MOOS, POUR L'AMOUR D'ISRAËL

PENSÉE JUIVE

COLLOQUE ANDRÉ NEHER : LE DUR BONHEUR D'ÊTRE JUIF

ÉCONOMIE

OGEN, LE PRÊT À TAUX ZÉRO EN ISRAËL

POPECK

RENCONTRE EXCLUSIVE AVEC

LE MAÎTRE DE L'HUMOUR JUIF

Pressés mais patients

Il y a quelques années, une déclaration d’un responsable palestinien, dans une interview, m’avait marquée : « La différence entre nous et les Israéliens, disait-il, c’est que nous n’avons pas la même perception du temps. Pour nous, le temps ne compte pas. Nous ne sommes pas pressés de procurer du bien-être à notre peuple. Cela prendra le temps que cela prendra et peu importe le nombre de générations qui devront attendre. Vous, les Israéliens, vous êtes pressés de voir vos enfants heureux. Cette impatience vous conduit à des faux pas. Vous avez l’illusion de faire un pas en avant alors que vous en faites trois en arrière ; et tout cela pour que cette génération ne souffre pas, alors qu’en agissant ainsi vous préparez des échecs pour les trois prochaines générations. »

Glaçant.

S’il y a bien une chose dont on peut créditer le Hamas, c’est sa totale franchise. Le sens du discours de nos ennemis a toujours été clair : la disparition du peuple juif sur sa terre. Notre soif de vivre, heureux en Eretz Israël après deux mille ans d’exil tellement douloureux, nous a rendus sourds à leurs déclarations. Oui, nous sommes pressés de voir la guerre cesser. Oui, de génération en génération nous espérons que nos enfants ne seront pas contraints de s’enrôler pendant trois longues années. Oui, nous voulons ici et maintenant une vie sereine et harmonieuse – encore plus à l’ère de l’immédiateté technologique. Pourtant, ainsi que le rappelle Yehouda Salama, directeur du programme Gour Arié, « dans un processus de changement, ce qui est important n’est pas ce qu’il nous reste à accomplir, mais plutôt le chemin que nous avons déjà parcouru jusqu’à maintenant ». Il est immense, ce chemin parcouru depuis 1948. Alors, prenons une profonde inspiration, restons confiants et soyons encore plus patients que nos ennemis face à ce qu’il nous reste à accomplir. Pour y parvenir, il est capital de préserver notre équilibre et celui de nos familles – un vrai défi en ces temps de total inversement des valeurs, mais aussi une réponse à ceux qui souhaitent notre effondrement. Sorte de pied de nez à la morosité ambiante, nous nous sommes questionnés sur la notion de bonheur, en faisant la part belle à différentes techniques qui peuvent contribuer au mieux-être, et donc à notre bien-être. La respiration, la naturopathie, le décodage psychogénéalogique ou la réflexologie en font partie, mais elles ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des moyens destinés à apporter du réconfort physique et émotionnel. Les interviews inspirantes de personnalités telles que Popeck, Simon Moos ou encore Lev Fraenckel compléteront, nous l’espérons, ce message d’espoir que nous voulons vous adresser, chers lecteurs.

5 CARTES SUR TABLE

Rallumer le feu

6 À L’AFFICHE

Popeck : on n’est pas des sauvages, tout de même !

8 DOSSIER

SPÉCIAL

BIEN-ÊTRE

31 LEADERSHIP

Améliorez vos relations

humaines : Le livre !

32 ÉCONOMIE

Ogen veut élargir le prêt social

34 DÉCOUVERTE D’ISRAËL

Et si l'on prenait le chemin

des écoliers pour aller à Eilat ?

sommaire n° 1010

36 INTERVIEW

Simon Moos, pour l’amour d’Israël

38 GRAND ANGLE

Revenus de l’enfer

42 HISTOIRE

Israël, Occident, Islam, repenser le monde après le 7 octobre

44 PENSÉE JUIVE

Colloque André Neher 2024 : Le dur bonheur d’être juif

47 JUDAÏSME

Le Maharal de Prague, créateur du Golem

50 LE KLING DU MOIS

Le guide de l’égarée

ET AUSSI... Une année avec la Cabale (52), Recette (53), Jeux (54), Immobilier (57)...

Rallumer le feu

André Neher avait fait son Alya à Jérusalem. Il disait : « À Jérusalem, tout est capital – ce n'est pas un jeu de mots –, tout est essentiel […]. En Diaspora, j’étais déchiré idéologiquement, soit homme dans la rue et Juif à la maison, soit l'inverse, Juif fier dans la rue et homme tout simplement à la maison. À Jérusalem, je suis simultanément, indéchirablement, à chaque moment de la vie, homme et Juif à la fois […]. À Jérusalem, je n'ai qu'une seule patrie, une seule capitale. Même s’il y a des désaccords, des querelles – et il y en a –, il y a un consensus fondamental, celui du sentiment d’appartenir, indéchirablement, à un seul et même bayit : la Maison d’Israël. »

Des jeunes Israéliens dansent devant le Mur occidental à l'occasion de Yom Yerouchalayim.

À la veille de Yom Yerouchalayim, des 57 ans de la réunification de la capitale du peuple juif, nos yeux sont tournés vers ce besoin d'unité. En ce sens, il nous faut d'avantage nous concentrer sur le positif. Il faut concentrer nos énergies sur les choses à faire, et non sur les choses à rejeter. Rien ne sert de se lamenter sur ce qui se passe au pseudo-tribunal de La Haye et sur la réaction du Quai d'Orsay qui soutient le fait qu'on ose, en dehors des frontières d'Israël, menacer notre Premier ministre et notre ministre de la Défense. Il faut arrêter d'être déchirés devant le mal qu'on nous fait. Il faut arrêter d'attendre constamment des autres qu'ils nous aident, il faut arrêter d'attendre devant son écran. Il faut sortir, cesser de se lamenter – et agir. Cela m’évoque la joie a priori étonnante que nous procure Lag baOmer : comment se réjouir alors que 24 000 élèves de Rabbi Akiva sont morts à cause de la haine gratuite ? En réalité, la joie est dans l'espoir inculqué par Rabbi Akiva après le drame : il alla dans le sud du pays… à la recherche de nouveaux élèves. L’un d'entre eux sera Rabbi Shimon bar Yoh'aï, rédacteur du Zohar , l’origine de la Kabbale. Il ralluma le feu. Ces feux de camp que nous allumons le soir de Lag baOmer sont la lumière

qui chasse les ténèbres. Ils sont la lueur d'espoir dont nous avons tant besoin afin de reconstruire notre avenir, celui d'Israël, celui de Jérusalem. Ils sont source de régénération après le drame que nous avons vécu au mois d'octobre. La visite à Paris du maire de Jérusalem, Moshé Leon, à la rencontre des Juifs de France a également été placée sous ce signe. Afin qu'ensemble, Juifs du monde, nous poursuivions notre chemin. Afin qu'ensemble nous reconstruisions, afin qu'ensemble nous ravivions la flamme. n

On n’est pas des sauvages, tout de même !

Popeck a rangé son costume trois pièces, déposé délicatement son chapeau melon dans sa boîte et quitté la scène, définitivement. Jusqu’à aujourd’hui, le doyen des humoristes français (89 ans) a toujours refusé de s’exprimer sur un sujet autre que son métier.

Redevenu Judka Herpstu, un simple citoyen, il a accepté – en exclusivité pour AJ MAG – de dire sa peine pour Israël, sans accent yiddish et sans langue de bois.

AJ MAG : Que pensez-vous de l’actualité en Israël ?

Popeck : Pour le monde entier, comme à chaque fois, Israël est toujours l'agresseur. Je le dis dans mes sketchs : un mensonge cent fois répété devient une vérité – et quand on entend tous les jours sur BFM TV « destruction, destruction, destruction »… Israël encaisse tout et en attendant on ne parle pas des otages. On ne dit pas que c'est le Hamas qui planque les armes dans les couches des gosses. Golda Meir a dit : « La paix viendra quand les Arabes aimeront leurs enfants plus qu'ils ne nous haïssent », et j’en suis persuadé.

Popeck range son légendaire chapeau melon dans sa boîte... définitivement.

Les couches des enfants ?

Oui, les couches. C’est une image, mais cela veut dire ce que cela veut dire. Entre nous, ce qui s'est passé le 7 octobre, la préparation du 7 octobre, c’est incroyable ! Comment ?! La guerre de Kippour n'a donc pas servi d'exemple ? On peut enlever plus de deux cents otages, plus de deux cents Israéliens, sans que personne ne sache rien avant ? Personne ne savait au gouvernement ? Un jour, il faudra rendre des comptes. Il a fallu un millier d'hommes pour

À L'AFFICHE

Je ne suis pas à l’aise avec la chose politique.
Mon domaine de compétence, c’est l’humour, et surtout l’humour juif.

arriver à ce carnage. Il a fallu des ordres. Il a fallu des commandements. Il y a eu des exécutants. Personne ne savait rien sur rien ? C’est impossible, cette surdité collective. Et je ne parle même pas de la Croix-Rouge !

Que dire de la Croix-Rouge ?

Rien. J’ai dit que je n’en parlerais pas. L’histoire le fera pour moi. Je ne suis pas à l’aise avec la chose politique, je préfère que l’on parle humour. Là, j’ai évoqué Israël parce que c’est vous, mais nous avons chacun nos domaines de compétence. Moi c’est l’humour, et surtout l’humour juif.

Qu’est-ce qu’il a de particulier, l’humour juif ? Einstein a répondu à un journaliste qui lui posait la même question : « Je vais vous faire répéter votre question, juste en mettant un seul mot : humour ou juif. » Moi, je citerais volontiers Woody Allen qui dit que l’humour juif, c'est raconter une histoire qui a un double sens et qu'on ne comprend qu'à moitié. Il y a un autre sujet que je voudrais aborder – j'en aurai parlé au moins à la fin.

Dites-moi…

À la Société des auteurs, il y a un bronze du poète Guillaume Apollinaire sur lequel est inscrit : « Quand on a vu la guerre de près, on ne peut que la haïr avec force. » Moi, la guerre, je l’ai vue au-dessus de ma tête. C'était presque un jeu quand j'ai vu descendre des parachutistes en flammes. Enfant j’ai été confié à l’OSE (l’Œuvre de Secours aux Enfants) qui m’a placé au Château de Chaumont dans la Creuse, jusqu’à ce que mon père vienne me chercher en 1942. J’avais sept ans quand ma mère a été raflée. Elle s’appelait Esther. Elle a été enfermée à Drancy. Le 22 juin 1942, elle a été déportée par le convoi n° 3 et assassinée à Auschwitz (il retient sa respiration). lll

© Rachel A Silberman

À L'AFFICHE

lll

Vous avez porté l’étoile jaune ?

L'étoile jaune a été promulguée fin mai 1942. À partir de 6 ans, j’ai porté cette maudite étoile. Et si j'ai bonne mémoire, c'est la concierge de l'immeuble qui me l'a cousue. Une concierge qui nous a sauvés, qui a sauvé mon père. Elles n’étaient pas toutes antisémites et mon père avait du charme ; il avait du succès auprès des femmes, surtout avec les veuves et avec les concierges… Oui, bien sûr, j’ai porté l’étoile jaune. J'ai vécu la haine en tant que gosse, en tant que Juif. Un jour, un homme a dit à mon père : « Ce n'est pas un Juif qui va encore la ramener ! » J'ai entendu ça un jour : « Ce n'est pas un Juif qui va encore la ramener ! »…

Et après 1942 ?

En novembre 1942, l’OSE m’a placé chez des agriculteurs à Viarmes, jusqu’à la Libération. À la campagne, les Allemands étaient planqués ; ils avaient envie d'être tranquilles, ils n’embêtaient pas leur monde. Il n’y avait pas de SS. Moi, on

me traitait de « Parigot tête de veau, Parisien tête de chien », mais pas de Juif. Je ne représentais pas la caricature du Juif, celui qu’on montrait en exposition à Paris. J'avais l'accent des titis parisiens, c'est vrai, et c'est sûrement aussi ce qui m'a sauvé.

Vous étiez un enfant sage ?

Absolument pas. D’ailleurs je me suis fait virer de l'école de la rue Louis-Blanc. Je me souviens de ce gars que j’ai un peu cabossé. Il m’avait traité de « sale Blum ». On n’est pas des sauvages, tout de même !

D’où vient cette phrase mythique ?

J’avais honte de l’accent de mon père. Alors chaque fois qu’il demandait des renseignements à quelqu’un, je lui disais : « Mais Papa, on n’a pas besoin de se renseigner. De toute façon on ne peut parler à personne, ce sont des sauvages ! »

Que pensait votre père de votre carrière ?

Au début, mon père n’était pas content, ma sœur aînée non plus… Tout le monde était mécontent contre moi, même les intellectuels juifs. On disait que je faisais un humour de bas étage, que je frisais l'antisémitisme et que j'étais même peut-être un goy qui faisait semblant d'être juif – j'en ai entendu de toutes les couleurs ! Et puis un jour, on devient ce que je suis devenu par la suite, malgré moi. Et là, la communauté vous reconnaît, tout le monde vous adore. C’est bien. Même les sauvages aiment qu’on les aime (sourire). n

Flux Hatha et Vinyasa

Durée : 1 heure

Pour tous niveaux

Chai & chill sur le toit

Cours en anglais

Dossier spécial Bien-être

SOMMAIRE

n « COMMENT ÇA VA ? »

n LE BONHEUR SELON LEV FRAENCKEL

n RESPIRE !

n LE DRAINAGE LYMPHATIQUE

n LE MASSAGE : PROMESSE D’UN QUOTIDIEN PLUS APAISÉ ?

n QUAND LA SANTÉ PUBLIQUE

S’INTÉRESSE AU BIEN-ÊTRE

n LA NATUROPATHIE, DISCIPLINE DE BIEN-ÊTRE HOLISTIQUE

n DÉCODAGE PSYCHOGÉNÉALOGIQUE ET COACHING THÉRAPEUTIQUE

n LA RÉFLEXOLOGIE : LE BIEN-ÊTRE

PAR LES PIEDS

n L’AMOUR, SOURCE DE BIEN-ÊTRE

« Comment ça va ? »

Depuis le 7 octobre, cette question est devenue la plus difficile qui soit. « Ça ira », « ça peut aller malgré les circonstances » ou « espérons de bonnes nouvelles », répond-on, à moins que l’on ne se contente de hausser les sourcils en penchant la tête vers son épaule, l’air de dire : « Que veux-tu que je réponde ? » Pourtant, les rapports internationaux sur l'indice du bonheur placent Israël parmi les pays les plus heureux, même en ces temps de guerre. Comment interpréter ces résultats et qu’entend-on exactement par bonheur ? Des réponses avec le professeur David Leiser, spécialiste en psychologie sociale et doyen du Collège Académique de Netanya, et Edith Zakai-Or, directrice générale du Centre Maytiv de psychologie positive à l'Université Reichman.

Israël a une fois de plus obtenu le titre convoité de cinquième pays le plus heureux du monde en 2023, selon le rapport annuel de l'ONU sur le bonheur mondial, le World Happiness Report. Cette position élevée dans les classements du bonheur contraste avec la réalité des défis et des conflits auxquels Israël est confronté, et parfois on se demande si c’est bien de notre Israël que l’on parle.

« Les titres de ces rapports sont inappropriés, car ils mesurent non pas l'indice du bonheur mais celui de la satisfaction », réagit David Leiser. Il convient aussi de noter que ce rapport couvre les trois dernières années civiles jusqu'à fin décembre 2023 et que les données révèlent qu'entre octobre et novembre 2023, Israël a rétrogradé dans l'indice des émotions positives et progressé dans celui des émotions négatives. Malgré cela, même au cœur du dernier trimestre 2023, durant cette période où toute la population était en deuil après le massacre du 7 octobre, les Israéliens ont éprouvé des sentiments de satisfaction. « Il y a eu un énorme mouvement de solidarité palpable par tous. Des gens sont venus en masse de l'étranger en avion, en train, en camion, pour participer à l'effort de guerre, ce qui a

renforcé le sentiment de fierté, au sens non pas de vanité mais de reconnaissance ; et cela a beaucoup contribué au sentiment de contentement », explique David Leiser. Pour lui, si les Israéliens semblent globalement plus heureux et en harmonie avec leur vie que dans la plupart des autres pays du monde, c'est dû à plusieurs déterminants qui restent stables : « L'espérance de vie, supérieure à celle des autres pays de l'OCDE, un bon système de santé, le niveau de vie, une économie florissante, la situation familiale, la sécurité dans les rues, mais aussi le rôle crucial de la communauté, qui renforce le sentiment d'appartenance et prévient l'isolement. »

Edith Zakai-Or, quant à elle, met l'accent sur l'importance de faire la distinction entre le sentiment individuel à un moment donné et la perception globale de la vie : « Quand mes deux fils servaient au front – l'un à Gaza et l'autre dans le Nord –, je ne peux pas dire que j’étais heureuse, mais j’ai réussi à distinguer ce moment d'intense inquiétude de ma reconnaissance pour la qualité globale de ma vie. La gratitude joue un rôle crucial dans le bien-être mental, et la capacité de comprendre ce que nous avons et d'en être reconnaissant est essentielle. » C’est l'essence du « Modé Ani » récité chaque matin par les Juifs religieux.

Edith Zakai-Or souligne également que les Israéliens trouvent du bonheur dans le sentiment de connexion à quelque chose de plus grand qu'eux-mêmes, une connexion qui donne un sens à leur vie : « Le soutien social et le sentiment d'appartenance sont essentiels. Le fait de se sentir connecté à sa famille, à ses amis et à sa communauté contribue

DOSSIER

grandement au bonheur et à la résilience. » Selon les statistiques, plus les gens sont religieux, plus ils se disent heureux. « Cela est dû, poursuit Edith Zakai-Or, au soutien communautaire et au sentiment d'appartenance que l'on trouve dans les communautés religieuses. De plus, les amitiés en Israël, notamment celles formées dans l'armée, sont souvent profondes et durables, renforçant ainsi le sentiment de bonheur. Les expériences partagées, comme servir ensemble pendant une guerre, créent des liens forts et pérennes. De nombreux Israéliens ont des amitiés tout aussi précieuses que leurs liens familiaux, voire plus. »

La résilience du bonheur en temps de guerre – comme l’attestent les rapports – peut sembler paradoxale. Cependant, selon Edith Zakai-Or, les défis ne réduisent pas nécessairement le bonheur, mais peuvent même le renforcer. Les périodes de crise nous poussent à nous dépasser, à grandir et à évoluer. Lorsque nous surmontons ces défis, notre estime de nous-mêmes et notre bonheur en sont renforcés. Ainsi, le bonheur ne se traduit pas par l'absence de difficultés, mais plutôt par notre capacité à les surmonter et à trouver du sens dans nos expériences. Il est toutefois important, comme le souligne l’experte, de reconnaître que certaines périodes peuvent être particulièrement éprouvantes. Par exemple, entre Yom HaShoah et Yom HaZikaron, les célébrations commémoratives qui évoquent des souvenirs douloureux peuvent influencer temporairement notre perception du bonheur. La question de savoir si les Israéliens sont authentiquement heureux ou s'ils aspirent simplement à l'être est légitime.

Le bonheur est en effet un processus dynamique, et ceux qui désirent ardemment être heureux ont souvent tendance à l'être. Edith Zakai-Or soutient cette idée en affirmant que vouloir être heureux est une démarche louable qui peut conduire à un bien-être plus évident. Elle souligne également que le peuple juif a en Israël une patrie qu'il n'a pas eue depuis des millénaires, ce qui constitue une part essentielle de son identité et de son bonheur. Israël est un pays où l'histoire, la connexion à la terre et à la nation, ainsi que les réalisations scientifiques et technologiques, contribuent à un profond sentiment de satisfaction. Même dans des périodes difficiles, Israël est perçu comme un succès phénoménal, ce qui renforce le bien-être de ses habitants et les incite à partager cette positivité avec leur entourage. Dans le sillage des événements tragiques du 7 octobre, une interrogation cruciale se profile : la nation pourra-t-elle retrouver un semblant de bonheur ? Cette question dépasse largement le simple cadre des individus pour toucher l'âme même de la collectivité en quête de réconciliation avec son propre destin. Cela dépendra sans doute de l’issue de la guerre, d’une sécurité retrouvée aux frontières, mais avant tout du retour des otages, qui permettra de guérir un tant soit peu les profondes blessures infligées à l'âme nationale. Un retour qui, pour Edith Zakai-Or, « est crucial car il contribuera, dans une certaine mesure, à restaurer la confiance perdue dans les institutions de l'État, une confiance essentielle au bienêtre d'un peuple ». n

DOSSIER

Le bonheur selon Lev Fraenckel

Professeur de philosophie en terminale et à l'Université de Strasbourg depuis près de dix ans, Lev Fraenckel, surnommé « le serial thinker de la philosophie », décide en 2022 de sortir la philosophie du cadre scolaire et de la rendre accessible à tous via TikTok. Sa chaîne, « Serial Thinker », recueille très vite plus de 300 000 abonnés et devient l’émission de philosophie numéro un sur les réseaux sociaux. Il nous livre son analyse du bonheur.

AJ MAG : Peut-on se donner les moyens d'accéder au bonheur ?

Lev Fraenckel : Oui, il est possible de se donner les moyens d'accéder au bonheur, et la philosophie offre une voie pour y parvenir en nous guidant vers notre plein épanouissement. Cette idée trouve écho dans ce que nous appelons aujourd'hui le développement personnel, mais elle est déjà présente dans les enseignements de la philosophie antique, notamment chez les stoïciens, les épicuriens et Aristote – Aristote qui, par exemple, soutenait que le but ultime de toutes nos actions est le bonheur. J’illustrerai cette idée au travers de l’échange suivant, que j’ai souvent avec mes élèves :

- Pourquoi allez-vous à l'école ?

- Pour passer le bac.

- Et pourquoi passer le bac ?

- Pour poursuivre des études.

- Et pourquoi voulez-vous faire des études ?

- Pour avoir un métier épanouissant et/ou lucratif.

- Et pourquoi voulez-vous un métier plaisant et bien rémunéré ?

- Pour être heureux.

- Et pourquoi voulez-vous être heureux ?

- Simplement pour être heureux.

À ce stade, il n'y a plus de réponse. Cela montre que le bonheur est le seul but qui, une fois atteint, n'a besoin d'aucune justification supplémentaire.

Faut-il distinguer bonheur et plaisir ?

Les philosophes de l'Antiquité, tels qu'Épicure, faisaient une nette distinction entre le bonheur, qu'ils considéraient comme un état de satisfaction stable et durable, et les plaisirs éphémères, susceptibles de causer des souffrances à long terme. Dans cette perspective, ils privilégiaient même l'amitié par rapport à l'amour, car l'amitié offre une stabilité émotionnelle, contrairement à l'amour dont l'intensité peut décliner rapidement, laissant place à des sentiments de tristesse, de dépression ou de mélancolie.

Le bonheur est un état global de bien-être et de contentement qui perdure dans le temps. Il peut résulter de l'accomplissement de nos objectifs personnels, de relations épanouissantes ou encore d'une vie en accord avec nos valeurs fondamentales. En revanche, le plaisir est une expérience sensorielle ou émotionnelle ponctuelle, souvent liée à la satisfaction d'un désir ou d'un besoin immédiats. Il peut être intense mais il est fugace, et parfois même suivi d’un sentiment de vide et de frustration.

Le bonheur peut-il aussi se définir par le comblement d’un manque ?

C’est un véritable sujet de débat au sein de la philosophie. Selon cette perspective, être heureux consisterait à satisfaire nos désirs et à atteindre un état de plénitude. C'est notamment la vision promue

DOSSIER

par l'utilitarisme qui a émergé aux XVIIIe et XIXe siècles. D’après cette école de pensée, si le bonheur se résume à la satisfaction, toutes les formes de plaisir se valent : regarder une émission de téléréalité où des personnes se disputent dans une villa, écouter une symphonie de Beethoven ou lire un ouvrage de Platon. Cette conception soulève alors la question de la hiérarchie des plaisirs et des satisfactions. Pour Aristote, le bonheur ne peut se limiter à une simple satisfaction des désirs. Il s'agit plutôt d'un épanouissement de ce qui fait notre singularité en tant qu’êtres humains, à savoir : notre intellect. Selon cette approche, si nous ne parvenons pas à cultiver ce qui est le plus noble en nous, nous ne pouvons prétendre au véritable bonheur. Par exemple, si nous passons nos journées à nous prélasser au soleil, cela correspondrait au bonheur d'une plante, qui trouve son plaisir dans la réception de la lumière et des nutriments. Se contenter d'un tel plaisir purement végétatif ne serait pas un bonheur authentique pour un humain, car il ne contribuerait pas au développement de son intellect.

Il est donc essentiel de différencier le bonheur de la simple satisfaction ?

En effet, l'être humain aspire à bien plus qu'à la simple satisfaction de ses besoins. Il recherche quelque chose de singulier, une élévation de l'âme. Comme le disait Charles Baudelaire à son ami Jules Janin : « Je vous plains, Monsieur, d'être si facilement heureux. » Si le bonheur se limite à combler un manque, il est voué à l'échec, car il conduit inexorablement à l'ennui et à l'absence d'aspiration. Rousseau le rappelait dans Nouvelle Héloïse n'a plus rien à désirer. »

Peut-on aspirer au bonheur après un traumatisme comme celui du 7 octobre ?

C'est très dur de dire cela à quelqu'un qui vient de subir un traumatisme – qu’il s’agisse de la violence de la guerre ou de quelque autre cruauté que ce soit –, mais dans la souffrance comme dans la mort il y a finalement quelque chose de fondamentalement vrai, d'authentique. Cela s’apparente à ce que Boris Cyrulnik appelle la résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre et à se développer en dépit de l’adversité. Dans Un merveilleux malheur, il écrit que c’est en comprenant cela que nous changerons notre regard sur le malheur et que, malgré la souffrance, nous

Pourtant, de nombreuses personnes confrontées à un traumatisme ont tendance à

Aujourd'hui, dans nos sociétés stérilisées, la mort est reléguée à l'hôpital, hors de notre vue. Selon Freud, deux choses sont refoulées par l'être humain : le sexe et la mort. Pourquoi la mort est-elle refoulée ? Parce qu'elle représente la plus grande des castrations. Affronter la mort est épouvantable, car cela signifie accepter que la vie prenne fin un jour – une réalité difficile à accepter. Pourtant, ceux qui ont le courage de la regarder en face peuvent en faire une force pour changer leur propre vie, réaliser des désirs jusquelà inexprimés et accéder à une profonde authenticité. Heidegger a qualifié cette prise de conscience d'« être-vers-la-

© DR

Après avoir étudié le Talmud pendant plusieurs années, notamment à la Yechiva de Slabodka à Bnei Brak en Israël, Lev Fraenckel a décidé de se consacrer entièrement à sa passion : la philosophie.

Si nous ne parvenons pas à cultiver ce qui est le plus noble en nous, nous ne pouvons prétendre au véritable bonheur.

lll Contrairement aux autres animaux, l'homme est conscient que personne ne mourra à sa place. La souffrance est une épreuve dévastatrice mais elle nous confronte à la singularité de notre existence : personne ne va vivre et mourir à ma place. Refouler la mort revient à refouler la vie elle-même.

Cela s’adresse-t-il aux jeunes rescapés du festival Nova ?

Tout à fait. « Nous danserons encore », le slogan devenu emblématique, symbolise la victoire sur la mort, sur l'adversité. Cette attitude rappelle également l'optimisme inhérent au judaïsme, qui ne nie pas la réalité de la mort mais ne la laisse pas dicter la vie. D’ailleurs, Schopenhauer était très critique envers le judaïsme, le jugeant trop optimiste. Cela soulève la question de la résilience des survivants de la Shoah : comment ont-ils pu surmonter de telles atrocités ? Certains suggèrent que dans la culture juive, la confrontation à la mort conduit à une célébration de la vie. Boris Cyrulnik a observé

que même parmi les enfants déportés, ceux qui ont vécu l'indicible ont ensuite souvent mené des vies remarquables. Il souligne aussi que ceux qui ont résisté n'ont pas succombé à la dépression.

Est-il légitime de comparer la tragédie du 7 octobre à la Shoah ?

Non, car la situation actuelle du peuple juif diffère radicalement. Aujourd'hui, les Juifs ont un État et une capacité de résistance grâce à leur armée. Le traumatisme du 7 octobre est indéniablement profond mais son dépassement est également lié à la possibilité de se défendre, non par vengeance mais pour survivre. Il s'agit de trouver une forme de résilience au sein même du trauma, plutôt que de le refouler et nier son impact, car la psychanalyse nous enseigne que refouler nos souffrances ne fait qu'engendrer des symptômes plus graves. C'est pourquoi il est crucial d'aborder le trauma, même si cela peut être difficile, afin de transcender l'horreur et en ressortir grandis.

Cela résonne avec l’éminent principe du judaïsme : « Toujours tu choisiras la vie »…

Qui équivaut à « nous danserons encore ». Mais choisir la vie n’est possible que si l’on ne refoule pas la souffrance et la mort, que si l’on devient authentique. n

Des femmes israéliennes dansent et chantent devant le Musée d’Art de Tel Aviv pour le retour des otages retenus à Gaza par les terroristes du Hamas. © Miriam Alster/FLASH90

DOSSIER

Respire !

Un adage chinois dit : « C’est du souffle que dépend la forme du corps […].
Quand le souffle est parfait, la forme est parfaite. » Et d’après le Tao, notre respiration a le pouvoir de nous guérir ou de nous tuer…

Si l’on vous dit que vous pouvez soigner une grande partie de vos maux seulement en apprenant à respirer correctement, cela paraît incroyable, non ? C’est pourtant la vérité. Il suffit d’observer des plongeurs en apnée – certains réussissent à augmenter leur capacité pulmonaire de plus de 30 % – pour comprendre que nous pouvons entraîner notre respiration et d’obtenir des résultats spectaculaires. Malheureusement, la respiration est rarement prise en considération par la médecine conventionnelle. Alors que l’on nous propose facilement toutes sortes de médicaments ou carrément des gestes chirurgicaux, il suffirait dans la plupart des cas d’apprendre aux patients à mieux respirer pour voir leurs maux disparaître. Stopper les ronflements, les maux de tête, l’apnée du sommeil, la dépression, et même redresser une scoliose ou soigner une maladie auto-immune : c’est possible grâce au pouvoir de notre respiration !

3.3 secondes : telle est la moyenne de la fréquence de respiration pour le commun des mortels. La majeure partie de la population respire mal et cela influe sérieusement sur sa santé. Qui dit respiration dit oxygène, mais aussi dioxyde de carbone. Le fragile équilibre entre les deux est la clef.

Le docteur Nayak, du Département de rhinologie à Stanford, affirme que notre nez est un organe sous-estimé et que si 40 % de la population souffre d’obstruction nasale chronique, la principale cause du problème est la réduction constante de l’espace de notre crâne. L’orthodontiste Marianna Evans et le docteur Kevin Boyd, dentiste pédiatrique, ont radiographié des centaines de crânes de la collection de Morton pour en arriver à cette conclusion.

Les problèmes de dentition de notre époque seraient également dus à la transformation des aliments mous que nous consommons depuis le début de l’ère industrielle, et au manque de mastication. Nos ancêtres possédaient tous une mâchoire proéminente, de gros sinus et une grande bouche ; ils avaient tous des dents parfaitement alignées, et grâce à leurs larges voies respiratoires ils étaient en bonne santé.

Le papyrus Ebers, un des plus anciens textes médicaux découverts, rapportait déjà l’importance d’inspirer par le nez et non par la bouche. Le docteur Mark Burhenne, qui étudie les relations entre la respiration et l’apnée du sommeil, a observé que la respiration nasale permet d’absorber 18 % d’oxygène de plus que la respiration buccale. Il réussit à soigner l’apnée, les ronflements et même le Trouble du Déficit de l’Attention/Hyperactivité (TDAH) avec un simple sparadrap scotché sur les lèvres durant le sommeil,

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contraignant ses patients à respirer uniquement par le nez. L’auteur James Nestor, qui a testé la technique, souffrait depuis de nombreuses années de fatigue chronique, d’insomnie et d’apnée du sommeil. Il affirme qu’un bout de scotch et trois nuits suffisent à faire disparaître ces maux. D’après la médecine occidentale, l’âge diminue notre capacité pulmonaire. Mais dans les années 1970, des chercheurs de Framingham Heart Study, un programme s’appuyant sur des recherches menées pendant soixantedix ans, ont prouvé qu’il y a un rapport entre le volume des poumons et la longévité, ce qui voudrait dire que notre capacité à respirer correctement et à augmenter le volume de nos poumons influe sur notre pronostic de vie, et non l’inverse.

Heureusement, nous n’avons pas besoin de faire de la plongée en apnée pour vivre longtemps. Toute pratique régulière d’efforts physiques modérés, tels que la marche, permet d’augmenter la taille de nos poumons. Au douzième siècle, le Rambam préconisait déjà la pratique quotidienne d’un exercice physique modéré, de préférence le matin et à jeun. Katharina Schroth était une adolescente allemande qui souffrait d’une scoliose (déviation latérale de la colonne vertébrale) et était condamnée à finir sa vie en fauteuil roulant. Elle refusa le sort qui lui était destiné et mit en place sa propre technique de respiration orthopédique, se positionnant face à un miroir et étirant son buste de chaque côté à tour de rôle, permettant ainsi à ses poumons d’augmenter leur taille et à sa colonne vertébrale de se redresser. Katharina passa ensuite sa vie à aider d’autres malades. N’ayant aucune qualification médicale, son travail fut d’abord dénigré par le corps médical, avant d’être récompensé par la croix fédérale du Mérite pour son apport à l’avancée de la médecine. D’autres malades atteints de pneumopathies ont eux aussi, grâce à des techniques de respiration empiriques, fait des miracles. Pour n’en citer qu’un : Carl Stough, qui était chef de chœur, bouscula la communauté médicale avec sa technique qui mettait en avant l’importance critique de l’expiration complète et le rôle du diaphragme qu’il qualifiait de « deuxième cœur ». Après avoir aidé à guérir des malades atteints d’emphysème (maladie pulmonaire invalidante) et des vétérans de la Seconde Guerre mondiale, il a même été rebaptisé « Doctor Breath » par les coureurs olympiques qu’il a entraînés, les aidant à surpasser leurs propres scores et à gagner de nombreuses médailles olympiques.

Nous respirons en moyenne 18 fois par minute ; et à cette fréquence, nos poumons n’absorbent qu’un

Les bienfaits de la cohérence cardiaque

Cinq petites minutes de respiration rythmée permettent de réguler le système nerveux autonome (notre pilote automatique), de réduire l’intensité des effets du stress sur notre organisme, de renforcer notre système de défense immunitaire, de prendre de meilleures décisions et de développer notre intuition.

Le principe est simple : faire six respirations par minute durant cinq minutes, trois fois par jour. Concrètement, cela revient à inspirer 5 secondes puis à expirer 5 secondes, et ce, six fois de suite. Au début, si certaines personnes trouvent cela difficile, elles pourront commencer en inspirant 3 secondes et en expirant 3 secondes, puis en inspirant 4 secondes et en expirant 4 secondes. L’important est surtout d’égaliser les deux temps (inspiration/expiration).

quart de l’oxygène disponible, rejetant les 75 % restants. Des chercheurs de l’Université de Pavie, en Italie, ont calculé les fréquences de la respiration et ses effets sur les système respiratoire, cardiaque et nerveux ; ils ont constaté qu’en adoptant un rythme ralenti de 5.5 souffles par minute, les trois systèmes sont dans un équilibre optimal.

Pour être en bonne santé, il faut donc savoir bien respirer, mais également respirer lentement. La sur-respiration est aussi un des problèmes de notre époque. Nous respirons entre 12 à 20 cycles par minute, soit presque le double d’il y a quarante ans, lorsque la moyenne était de 8 à 10 cycles par minute. À la suite du 11 septembre 2001, deux éminents professeurs new yorkais, Patricia Gerbarg et Richard Brown, ont réussi, grâce à la respiration lente, à soigner les rescapés du World Trade Center qui souffraient de toux chronique due au syndrome du verre dépoli dans les poumons (« ground glass lungs », en anglais). Par la suite, ils ont appliqué cette technique avec succès sur leurs patients souffrant de dépression et d’anxiété.

« La vie du yogi ne se mesure pas en nombre de jours mais en nombre de souffles », a écrit B.K.S. Iyengar, le célèbre maître de yoga indien qui, bien que malade dans son enfance, a atteint l’âge de 95 ans grâce à la respiration.

À notre époque de surconsommation, nous respirons mal, trop et trop vite. Mais quel que soit notre âge, il nous appartient de réguler notre respiration pour accéder au calme, à la sérénité et à la longévité. n

Source : James Nestor, Respirer

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Renata França version israélienne

Tout a commencé à São Paulo en 2016 avec une certaine Renata, esthéticienne et masseuse brésilienne. Son nom, désormais mondialement connu, est aujourd’hui synonyme de bienêtre du corps et de l’esprit. C’est aussi le nom qu’elle a donné à sa méthode : la méthode Renata França, des massages miracles qui vous garantissent meilleure santé et sérénité, tant recherchées face au stress ambiant. Prisée dans un premier temps par les personnalités, cette méthode se démocratise de plus en plus à travers un réseau de professionnels qui y ont été formés dans plus de cinquante pays. Patricia Tebeka est la formatrice officielle Renata França en Israël. Nous l’avons rencontrée.

Cela fait vingt ans que je suis en Israël et il y a bientôt un an et demi, après des années à exercer la kinésithérapie, j’ai décidé de me former à la méthode Renata França : je suis partie au Brésil pendant plusieurs semaines et j’y ai appris toutes les techniques de cette méthode », raconte Patricia Tebeka, seule formatrice agréée aujourd’hui en Israël. Et si Patricia a traversé l’Atlantique pour apprendre cette méthode, c’est que les massages revisités par Renata França promettent des résultats spectaculaires. Que ce soit pour améliorer la circulation, réduire la rétention d'eau, raffermir la peau ou simplement se détendre, de plus en plus de personnes se tournent vers cette approche unique pour atteindre leurs objectifs de santé et de bien-être.

Au cœur de la méthode se trouve le massage lymphatique, une technique de massage doux qui vise à stimuler le système lymphatique pour favoriser l'élimination des toxines et des déchets du corps. En combinant différentes techniques de massage, de drainage lymphatique et d'esthétique, la méthode a pour but d’améliorer la circulation sanguine, de réduire l'inflammation, de tonifier la peau et de favoriser un sentiment général de bien-être : comment ne pas être conquis ? Patricia Tebeka explique : « Nous allions des méthodes de drainage lymphatique et de remodelage. On favorise une meilleure circulation du sang en l'activant. Les résultats sur la cellulite sont assez époustouflants. C’est d’ailleurs à ma connaissance l’une des seules techniques qui permet d’en venir à bout. On obtient des résultats dès la première séance. »

À l’heure du botox et des injections, la méthode bouscule aussi les codes, avec un massage facial baptisé modestement « miracle face », garantissant un visage plus éclatant. Le concept est le même : un drainage lymphatique qui combine des mouvements précis et une approche holistique. Il évacue les toxines, réduit les gonflements et raffermit la peau, révélant un nouvel éclat.

Le succès de la méthode Renata França est aussi dû au fait qu’elle s’adresse à tous les profils : « Avec cette méthode, on peut traiter aussi bien les hommes que les femmes, quel que soit leur âge (depuis la puberté). Ce sont des soins qui sont vraiment bons pour la santé. »

Même si la méthode est très efficace, pour que les résultats soient au rendez-vous, Patricia Tebeka recommande de rapprocher les premières séances, « pour un push au niveau de l’organisme ».

La patientèle de Patricia Tebeka est composée uniquement de femmes, pour la plupart

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francophones, mais elle a vocation à toucher de plus en plus d’Israéliennes, notamment grâce aux vidéos en hébreu qu’elle poste sur les réseaux sociaux.

« Toutes sortes de femmes font appel à nos services », ajoute-t-elle : « femmes enceintes, adolescentes, femmes mûres… Nous avons des patientes qui viennent pour des sessions de cinq séances (il est important d’être constant pour un maximum d’efficacité) tandis que d’autres prennent rendez-vous chaque semaine. Certaines personnes se tournent vers nous après des opérations car elles savent que nous pouvons les aider en profondeur. »

AJ MAG : Quelle est votre définition du bien-être ?

Patricia Tebeka : Pour moi, le bien-être est un état d'harmonie qui englobe la santé physique, psychologique et émotionnelle. Il s'agit d'une expérience de paix intérieure et de satisfaction, où le corps et l'esprit fonctionnent de manière optimale. Dans ma pratique de drainage lymphatique selon la méthode Renata França, le bien-être se manifeste par une amélioration de la circulation lymphatique, ce qui aide à réduire les inflammations et à détendre les muscles, et favorise une sensation de légèreté et de revitalisation. C'est un processus qui contribue

non seulement à la santé physique, mais aussi au sentiment général de bien-être et de contentement.

Comment réussir à éprouver du bien-être malgré la guerre ?

Éprouver du bien-être en temps de guerre peut sembler difficile mais il est crucial de trouver des moyens de maintenir l'équilibre intérieur et la santé en ces temps troublés. Il est important de se concentrer sur les aspects de notre vie que nous pouvons contrôler, comme notre routine de soins personnels, notre alimentation, notre sommeil et nos interactions sociales positives. Pratiquer des techniques de relaxation et de respiration, méditer et s'engager dans des activités physiques comme le drainage lymphatique peuvent également aider à gérer le stress et l'anxiété. Ces pratiques permettent de créer des moments de paix et de calme intérieur, essentiels pour maintenir notre résilience et notre capacité à faire face aux défis externes. n

Patricia Tebeka reçoit ses patientes à Raanana et prévoit l’ouverture prochaine d’un centre à Herzliya. En sa qualité de formatrice, elle organise des sessions de formation à la méthode. Pour en savoir plus, vous pouvez la suivre sur instagram : @patriciatebeka.

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Le massage : promesse d’un quotidien plus apaisé ?

Si le massage est une pratique millénaire dont les vertus pour le corps et l’esprit ne sont plus à prouver, il ne s’est jamais autant démocratisé que ces dernières années et, en Israël, ces derniers mois. Le stress de la guerre, les traumatismes à évacuer, le besoin de s’évader d’un quotidien oppressant : autant de raisons de faire appel aux massothérapeutes.

Haïm Berrebi est l’un d’entre eux. Praticien du massage depuis neuf ans en Israël, il partage avec nous son passionnant parcours.

Comme souvent en Israël, son histoire commence par une volonté d’aider. Il nous raconte : « Il y a près de dix ans, ma cousine souffrait d’une fibromyalgie qui l’invalidait à 80 %. Elle ne pouvait plus monter les escaliers et les moindres gestes lui faisaient mal. » Impuissant face à sa douleur, Haïm Berrebi a alors décidé d’apprendre des techniques de massages pouvant la soulager.

Cela a été le début d’un long parcours de six ans d’apprentissage – « Je ne me doutais pas que ce serait aussi long ! », confie-t-il avec le sourire. « Je me suis mis en relation avec un centre de recherche sur les bienfaits des massages pour la fibromyalgie. J'avais affaire à des scientifiques et j'ai eu la chance de connaître des médecins, des anesthésistes, des ostéopathes qui m'ont appris comment mettre en pratique toutes les recherches qui ont été faites jusqu'à présent. »

La raison pour laquelle le massage peut s’avérer utile pour des malades, c’est notamment parce qu’il favorise une meilleure circulation sanguine. En effet, en appliquant une pression sur les tissus musculaires et en stimulant le flux sanguin, le massage aide à oxygéner les cellules et à éliminer les toxines. Et une circulation sanguine accrue assure une meilleure distribution des nutriments essentiels dans tout le corps, ce qui contribue à renforcer le système immunitaire et à accélérer le processus de guérison,

même dans des cas « lourds » – Haïm Berrebi a d’ailleurs également appris à pratiquer des massages oncologiques pour les personnes atteintes d’un cancer.

Le recours au massage peut aussi être très bénéfique en cas de douleurs musculaires et articulaires. Le massage permet de relâcher les nœuds de tension et d’améliorer la flexibilité des muscles en favorisant la libération d'endorphines, véritables analgésiques naturels pour soulager les sensations de douleur. En temps de guerre, le massage est plus que jamais salutaire. En décembre dernier, des dizaines de professionnels se sont d’ailleurs portés volontaires pour masser les soldats lors de journées organisées sur le thème du bien-être des combattants. Kinésithérapeutes, chiropracteurs, massothérapeutes, acupuncteurs et yoga-thérapeutes ont donné de leur temps aux troupes.

Le massage a également des effets miracles sur les sujets souffrant de troubles du sommeil, ce sommeil qui manque cruellement à ceux partis au front et à leurs proches. Selon des études et des expériences cliniques datant de 2023, le massage aiderait à combattre l’insomnie en augmentant la production de sérotonine, un neurotransmetteur qui favorise l’entrée dans le sommeil et le sommeil paradoxal. C’est cette même sérotonine que le cerveau utilise ensuite pour produire la mélatonine, qui joue un rôle

essentiel dans la régulation du cycle veille/sommeil. Enfin, le massage est l’allié numéro un pour lutter contre le stress, du fait de ses effets apaisants sur le système nerveux. En stimulant la libération d'endorphines, les hormones du bien-être, il aide à réduire l’anxiété. Les mouvements doux et répétitifs du massage encouragent également une relaxation profonde, libérant les tensions accumulées dans les muscles et favorisant un sentiment de calme intérieur.

Aujourd’hui, Haïm Berrebi partage son quotidien entre toutes ces personnes plus ou moins atteintes par cette guerre éprouvante : « Depuis le 7 octobre, j'ai de plus en plus de demandes de personnes qui ont besoin de se faire masser pour le plaisir, la détente, pour trouver un moment pour eux. Nous vivons actuellement une guerre qui est très difficile tant sur le plan physique que moral, et il est très important de prendre soin de nous afin de trouver la force de continuer », explique-t-il.

Selon lui, il n'y a pas de patient type. « Chacun a ses besoins personnels et chaque massage est adapté. »

C’est la raison pour laquelle Haïm Berrebi pratique toutes sortes de massages afin de répondre aux différents besoins de ses patients : massage suédois, massage aux pierres chaudes, massage spa, massage à la soie, massage à la bougie, drainage lymphatique, ventouses, massage des tissus profonds (lorsque les personnes ont des nœuds au niveau des omoplates), massage médical, massages crâniens pour soigner les migraines… Le massage serait-il la promesse d’un quotidien plus apaisé ? Il y a toutes les raisons de le penser. En tous cas, Haïm Berrebi, lui, y croit dur comme fer et il est bien déterminé à soulager le plus grand nombre de personnes possible. Professeur agréé, il enseigne au centre Serenity à Jérusalem ; et depuis peu, il a obtenu une habilitation à pour animer des ateliers pour ceux qui souhaitent apprendre le massage pour le plaisir (pour masser leurs proches et leurs amis).

Haïm Berrebi reçoit ses patients en clinique ou à domicile pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas sortir de chez eux : « Je me déplace avec tout le matériel afin que la personne ait le sentiment d’avoir un spa à la maison. » n

Quand la santé publique s’intéresse au bien-être

La forme physique et la santé sont étroitement liées. Le sport réduit le risque de développer des maladies chroniques comme les cardiopathies ischémiques et le diabète, améliore le moral et le sommeil, et favorise le maintien d’un poids idéal. Un suivi dans l’activité sportive permet une meilleure santé globale mais le coaching sportif et l’utilisation d’équipements sportifs demandent du temps. Pouvez-vous encore intégrer une activité supplémentaire dans votre vie quotidienne ?

Les koupot 'holim se sont penchées sur ce problème et proposent des formules permettant d’intégrer le sport et le bien-être dans notre quotidien. Chaque koupa a une offre à proposer.

Meuhedet WOW combine quatre aspects du monde du bien-être : la forme physique, la nutrition, le sommeil et la pleine conscience. L’application met à disposition des entraînements physiques en groupe (prix spéciaux dans plus de 1000 centres sportifs à travers Israël) ou en solo, des publications, des podcasts et des produits. Chaque activité que vous effectuez vous donne des étoiles. Les étoiles vous offrent des avantages sur la boutique (WOWSTORE) qui propose des produits de sport,

de fitness et de santé. Ce service n’est accessible que pour les personnes majeures qui ont souscrit à la Meuhedet Adif ou Si. https://www.meuhedet.co.il/ ou scannez le QR code page précédente.

Clalit ACTIVE propose aux clients Clalit Mouchlam, dès l’âge de 14 ans, des outils sur des sujets liés à la santé, tels que le sommeil, la nutrition (25 shekels par réunion) et l'activité physique (20 shekels par cours), ainsi que des recommandations en matière de vaccinations et d'examens périodiques. L’application vous fixe des objectifs personnalisés en fonction des données que vous communiquez : âge, poids, taille… L’application vous informe quotidiennement de votre progression ; et à chaque

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objectif atteint, vous récoltez des pièces échangeables contre des cadeaux et des avantages. https:// mushlam.clalit. co.il/he/HEALING/ Pages/active.aspx

leur activité physique, à l'aide d'informations précises et adaptées aux capacités de chacun. Pour bénéficier de cette application, il faut être âgé de plus de 14 ans et avoir souscrit à la Leumit Gold. Chaque activité permet au client d’obtenir des récompenses qui peuvent être converties en avantages liés au monde de la santé. Pour aider à la motivation, l’application vous permet d'ouvrir un groupe avec des amis.

https://www.leumit. co.il/heb/Life/FamilyHealth/ Leumit%20Gold%20News/ articlegalleryitem,5579/

Pour compléter l’activité physique, il faut associer ces bonnes résolutions à une bonne alimentation, et la diététique fait également partie des propositions des koupot 'holim Santé Israël vous aide dans toutes vos démarches en vous orientant vers des professionnels francophones et des informations en français sur de nombreux sujets relatifs à votre santé et à votre bien-être en Israël. n

Chez Maccabi, l’application UPAPP s’adresse aux adultes et, depuis février 2024, aux jeunes de 14 à 18 ans, avec une variété de soins et d’entraînements. Les membres ont accès à plus de 1000 complexes sportifs à travers le pays pour 25 shekels par activité, maximum quatre fois par mois ; la cinquième séance est facturée 50 shekels. Les articles en ligne (entraînements et vidéos pratiques) sont gratuits. Cette application est accessible pour les assurés qui ont souscrit à Maccabi Zahav ou Maccabi Sheli. Pour chaque activité en présentiel, vous gagnez 200 points, et pour une activité en ligne vous gagnez 50 points. Les points sont valables un an, ils ne peuvent pas être convertis en argent mais permettent d’acheter des produits sur la boutique en ligne. Pour les mineurs, l’inscription se fait via l’application d’un parent. Vous ne pouvez faire qu’une seule activité par jour et les modalités d’annulation sont spécifiques à chaque complexe sportif. https://www. maccabi4u.co.il/new/maccabi_ news/general/45528/

Leumit FIT est une application de fitness innovante qui utilise l'intelligence artificielle pour promouvoir un mode de vie plus sain et plus actif. Elle propose des solutions personnalisées qui permettent aux utilisateurs de maximiser le bénéfice de

Retrouvez nos articles sur notre site (https://www.sante.org.il/) et notre page Facebook (santé israël)

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La naturopathie, discipline de bien-être holistique

Reconnue par l’Organisation

Mondiale de la Santé (OMS) comme étant la troisième médecine traditionnelle, aux côtés de la médecine traditionnelle chinoise et de la médecine ayurvédique, la naturopathie prend en considération tous les aspects de la personne et cherche à agir non pas sur le(s) symptôme(s), mais sur la ou les cause(s).

Encore peu connue il y a quelques années, la naturopathie est en rapide essor et tend à s'imposer dans le paysage des médecines complémentaires.

La naturopathie est un ensemble de méthodes de soins visant à renforcer les défenses de l’organisme par des moyens naturels et biologiques. Le terme « naturopathie » a été inventé aux États-Unis par John Sheel en 1895. Il est composé de deux mots anglais : « nature » et « path » (chemin) – la voie de la nature. Cela signifie que chacun peut préserver sa santé en respectant le chemin que nous indique la nature.

Plusieurs figures ont marqué l’histoire de la naturopathie, et ont contribué à son développement

et à sa reconnaissance en tant que discipline de santé. Parmi les pionniers, on peut citer : – le docteur Benedict Lust, qui a introduit cette pratique aux États-Unis au début du XXe siècle et qui a ouvert en 1902 la première école de naturopathie : l’American School of Naturopathy – Bernard Jensen, un naturopathe réputé pour ses travaux sur la santé intestinale et la détoxification – Pierre-Valentin Marchesseau, le père français de la naturopathie, qui a créé l’École de naturopathie en 1970 et formé de nombreux naturopathes français. La naturopathie met l’accent sur le fait que le corps a une capacité d’autoguérison. Pour qu’il puisse mobiliser cette capacité, il faut lui en donner les moyens, en favorisant les outils naturels, tels que la nutrition, l’eau, le sommeil et l’activité physique, afin de retrouver l’énergie vitale indispensable à la santé et à la guérison. Pour reprendre une phrase de PierreValentin Marchesseau : « Le naturopathe ne soigne pas, il aide, il développe la force vitale, et c’est le corps

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Quatre questions à Orlie Nabet, naturopathe à Jérusalem

AJ MAG : Pour quels problèmes vient-on vous consulter ?

Orlie Nabet : Je reçois des personnes qui souffrent de problèmes au niveau du système digestif : côlon irritable, Helicobacter pylori, reflux gastrique, constipation… En général, ces personnes sont suivies par un médecin conventionnel, et elles désirent en plus un accompagnement nutritionnel et des conseils.

D’autres patients ont un taux de cholestérol/de sucre/ de triglycérides limite. Leur état ne requiert pas encore un traitement médicamenteux mais leurs médecins préconisent un changement alimentaire. Je reçois aussi des personnes en soins oncologiques, qui ont besoin d’un accompagnement nutritionnel pour les aider à se renforcer et à mieux supporter les traitements. Souvent, ils ont également besoin d’un accompagnement émotionnel.

Enfin, de nombreux patients viennent en consultation parce qu’ils veulent perdre du poids, et j’emploie pour les aider et les accompagner différents outils, aussi bien sur le plan nutritionnel qu’au niveau émotionnel.

Vous organisez également des « ateliers détox » collectifs : en quoi cela consiste-t-il ?

La détoxification – « détox » – est une méthode millénaire. C’est un processus de nettoyage du corps qui permet d’évacuer les toxines que l’on a accumulées, grâce à un changement alimentaire et

lui-même qui se guérit s’il est malade. » Éducateur et guide santé, le naturopathe accompagne et dispense des conseils, l’objectif étant d’optimiser la santé et la qualité de vie du patient, et surtout de lui permettre d’être acteur et de se prendre en main.

La naturopathie a acquis ses lettres de noblesse en considérant la personne dans sa globalité, en tenant compte non seulement de ses symptômes, mais de ses conditions et de son rythme de vie, de ses émotions, de son environnement et de son alimentation.

L’alimentation joue un rôle considérable en naturopathie : il est devenu évident qu’il y a un lien direct entre ce que nous mangeons et notre santé, et que si nous voulons prendre celle-ci en main, nous devons connaître les principes d’une alimentation saine et bienfaisante.

Outre la nutrition, le naturopathe utilise si besoin est

des tisanes de plantes adaptées. Lors de la détox, j’accompagne, j’informe, j’aide, je dynamise et je soutiens le groupe pour relever ce défi. Le groupe est très important car il stimule, booste, on échange des impressions, des photos, des recettes… Les rencontres se font sur Zoom et je suis le groupe avec un accompagnement journalier par WhatsApp, le tout dans une atmosphère agréable et conviviale.

Quelle est votre définition du bien-être ?

Le bien-être, c’est se sentir bien dans sa peau, bien dans son corps. Au niveau physique, cela implique d’adopter un mode de vie sain et de pratiquer une activité physique afin d’optimiser sa santé. Au niveau psychologique et émotionnel, cela suppose d’apprendre à gérer le stress et à positiver, à être acteur de sa vie et de sa santé…

Comment réussir à éprouver du bien-être malgré la guerre ?

En temps de guerre, on est facilement dépassé par des événements qui peuvent nous déstabiliser. C’est pour cela que je préconise le système de la « capture d’écran » : on « capture » un ou deux moments (ou plus) dans la journée où l’on a ressenti du bien-être, une satisfaction, un compliment, une phrase positive, un sourire… et l’on emmagasine cela dans un coin de notre tête. C’est ce que j’appelle « le bien-être du jour ». n

d’autres clefs : plantes médicinales, compléments alimentaires, huiles essentielles, Fleurs de Bach… Tout ceci afin de stimuler le pouvoir d’autoguérison du corps et de favoriser le bien-être.

La naturopathie – « natouropatia » (היתפורוטנ), en hébreu – est connue, prisée et très bien implantée en Israël. Chaque koupat 'holim a une branche de médecine naturelle qui propose notamment la naturopathie. Il existe plusieurs écoles de naturopathie à travers le pays, à Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa, Netanya, Ashdod… Les études durent cinq ans, dont deux ans de stage. n

Orlie Nabet, naturopathe 058-6277009

Consultations Zoom

Ateliers détox/nutrition santé/perte de poids

Aviva Azan :

Nous sommes
tous porteurs de notre guérison mais il nous faut un “décodeur” pour la révéler.

Aviva Azan est spécialiste, en Israël, du « décodage psychogénéalogique et coaching thérapeutique », une méthode révolutionnaire qu’elle a mise au point en reliant diverses thérapies au judaïsme, et dont « l’objectif est d’apprendre à décoder son corps et sa vie pour se guérir, se maintenir en bonne santé et vivre sa vie », expliquet-elle. Aviva Azan organise des séminaires en France et en Israël depuis de nombreuses années, et elle forme des thérapeutes. Elle nous explique en quoi consiste sa méthode.

AJ MAG : Qu’est-ce que le décodage ? Un remède miracle ?

Aviva Azan : Ce n’est pas un remède, c'est un processus de retour à la normale ; l’inconscient fonctionne comme un ordinateur, il a besoin d’être mis à jour. La science reconnaît de plus en plus que les symptômes ne sont pas le fruit du hasard : la « mal-a-dit » nous raconte une histoire. Quand un « bug » bloque le système, nous pouvons recevoir un signal d’alerte par le biais du corps ou d'événements qui se répètent, une vie relationnelle compliquée, des troubles comportementaux (phobies, hyperactivité, compulsions alimentaires, addictions…).

Chaque symptôme correspond à un conflit précis. Il est porteur d’un message « codé » et nous dérange tant que celui-ci n’est pas « décodé ».

DOSSIER

Première étape : aider à décrypter le message en écoutant les maux derrière les mots et en utilisant des jeux pour aller plus loin.

Deuxième étape : à l'aide d'outils thérapeutiques puissants et rapides, nous allons transformer le symptôme afin qu’il ne puisse plus nous déranger et qu’il devienne au contraire une force.

Ensemble, nous allons effectuer la « mise à jour » des programmes restés stagnants, en stand-by

Nous sommes tous porteurs de notre guérison mais nous n’y avons pas toujours accès ; il nous faut un « décodeur » pour la révéler.

Quelle différence entre vous et un psychothérapeute ?

Un psychothérapeute s’occupe en particulier des troubles psychiques. Le décodage thérapeutique traite les troubles physiques, psychiques ou comportementaux à partir du « symptômemessager ». Le symptôme raconte une histoire codée, et le décodage nous permet d’accéder à cette histoire. Après l’avoir identifiée ensemble, l’objectif est de guider la personne vers la transformation de l’épreuve en expérience.

Des « jeux » nous permettent d’identifier les traces imprimées dans l’inconscient sans déranger notre conscient, sans « remuer un passé » parfois encore douloureux.

L’histoire, lorsqu’elle est racontée, traverse des filtres qui peuvent nécessiter de longues séances de psychothérapie avant d’atteindre le conflit à traiter. Nous gagnons du temps en ciblant directement l’origine du conflit et contournons, en douceur, les mécanismes de défense obsolètes, détourneurs d'informations.

Vous évoquez aussi le transgénérationnel…

Nous héritons tous de deux « valises » : une de notre mère, une de notre père. Elles contiennent des valeurs à transmettre, des larmes refoulées, des souffrances, des secrets et des trésors aussi. Cet héritage est un cadeau quand nous savons le recycler, et les outils de la méthode nous permettent d’utiliser ce cadeau. Ainsi, nous honorons la mémoire de nos ancêtres, non leur souffrance, et nous pourrons transmettre à notre descendance le meilleur de leur histoire. C’est ce que nos enfants et nos petits-enfants attendent de nous.

Dans le Zohar, il est dit que notre rôle est de transformer les larmes en rires, l’amertume en douceur, la mort en vie…

À qui s’adresse le décodage thérapeutique ?

Aux personnes souffrant de troubles physiques – symptômes, maladies –, psychologiques – états dépressifs, mal-être –, comportementaux – compulsions alimentaires, addictions –, relationnels – couple, famille, enfants… –, liés à l’enfance – hyperactivité, désordres scolaires –, aux personnes bloquées dans des situations de vie, d’union, de procréation, de travail, avec la sensation de ne pas vivre leur vie…

Quelle est votre définition du bien-être ?

Apprenons à écouter les mots. Bien-être = être bien. Être, c'est se sentir exister, important, présent, reconnu – à sa place. Un petit rien indispensable au monde, un maillon indispensable dans une chaîne. Bien, c'est être en accord avec cette place que nous avons choisie. Ainsi pourrons-nous jouer notre juste rôle sur terre.

Attention ! Ne tombons pas dans le piège développé par nos sociétés actuelles qui peuvent nous amener à confondre le bien-être avec le plaisir éphémère qui vient de l'extérieur. Être bien, c'est éprouver la joie intérieure que suscite ce sentiment de construction de notre être en devenir, en évolution, en progrès. Le plaisir aura alors comme vertu d'alimenter notre construction et nous ressentirons la joie de vivre ! Une phrase pour vous aider ? Je choisis la vie !

Comment réussir malgré la guerre à éprouver du bien-être ?

Ce n’est pas évident… Et nous risquons de ressentir ce qui s'appelle « la culpabilité du survivant/ du rescapé ». C'est-à-dire que des sentiments contradictoires s'entremêlent : « Je suis soulagé(e) de ne pas être au combat et je me sens coupable de ne pas y être. » Ce type de sentiment peut nous paralyser et nous empêcher de vivre notre vie.

La meilleure solution ? L’action !

L'action va nous permettre de réactiver nos ressources au service de l'entraide, chacun en fonction de ses capacités. Faire du bien, c'est exploiter notre force au service de la communauté. Existe-t-il plus grand bonheur que celui de pouvoir donner ? Nous nous sentons alors vivants, légitimés, et nous l'acceptons. n

Prochain séminaire de décodage psychogénéalogique : mercredi 26 juin de 9h à 17h30 à Maalé Adoumim Apprendre à utiliser son cerveau autrement : transformer symptômes, blocages et réactions indésirables en forces de vie

Aviva Azan : 054-6360003 avivaazan1@gmail.com

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Le couple : une autre source de bien-être

Une vaste étude publiée dans le Journal of Family Psychology démontre les bienfaits du couple pour la santé physique et psychique.

Selon cette étude, le risque de mortalité toutes causes confondues est réduit de 23 % pour les individus en couple comparé aux célibataires. Le soutien émotionnel et les encouragements du conjoint à adopter de meilleures habitudes de vie expliquent en partie ce constat. Les couples rapportent moins de problèmes cardiaques, d'accidents vasculaires cérébraux, de cancers et d'autres pathologies graves que les célibataires. Avoir un partenaire de vie procure un effet protecteur contre les troubles psychologiques et les personnes en couple présentent des taux significativement moins élevés de dépression et d'anxiété que les célibataires. Le fait de bénéficier d'un confident attentif, présent au quotidien, avec qui partager ses préoccupations apporte un immense réconfort psychologique aux personnes mariées. Selon les chercheurs, être intégré dans un noyau familial solide est un facteur clé de meilleure santé physique et psychique à long terme. Cette étude souligne les puissants effets bénéfiques de la vie en couple sur le bien-être global – à condition, bien sûr, que la relation soit elle-même saine et épanouissante.

que la guerre les incite à ne plus rester seules. Elles désirent trouver un partenaire sur lequel elles puissent se reposer, pour se sentir plus en sécurité, avoir moins peur, être accompagnées dans ces moments d’anxiété que nous connaissons tous depuis Sim'hat Torah.

L’amour : un soutien inestimable dans les moments

difficiles

Depuis le 7 octobre, en tant que coach de mariage, je suis particulièrement sollicitée par des femmes qui cherchent l’âme sœur. Le besoin d'amour et de sécurité affective est décuplé en période de conflit et d'insécurité. Se sentir seul face aux défis et aux angoisses est d'autant plus difficile à vivre. Partager son quotidien, ses pensées et ses craintes avec un partenaire aimant permet de mieux gérer le stress et l'anxiété. Quand je leur demande pour quelle raison elles se sentent prêtes et décidées à faire plus d’efforts afin de fonder un foyer, elles me répondent

Les alertes et les mauvaises nouvelles que nous recevons presque tous les jours nous déstabilisent et nous mettent dans un état de stress quasi continu. Partager nos angoisses et nos pensées permet de gérer notre stress et d’atteindre un meilleur bien-être. L'amour apporte un réconfort et un soutien inestimables dans les moments difficiles. Savoir qu'on peut compter sur l'autre et lui faire part de nos peurs est une source de réconfort et d’apaisement. Se sentir compris, accepté et entouré d'affection procure un sentiment de sécurité intérieure précieux pour faire face aux épreuves. Au-delà du soutien émotionnel, être en couple permet également de mieux gérer le quotidien et les imprévus ensemble. On fait face aux défis à deux, en s'épaulant mutuellement. Les responsabilités et les tâches du foyer sont partagées, allégeant le fardeau mental et physique pour chacun. L'amour devient alors une véritable thérapie bien-être en ces temps incertains. n

Hagit Bialistoky

Coach de mariage

Programme spécial célibataires : « En robe de mariée cette année »

Tél. : 050-7524670

DOSSIER

La réflexologie : le bien-être par les pieds

La réflexologie plantaire procure une profonde détente et a des vertus réparatrices et préventives.

Le pied est la représentation miniaturisée du corps humain : à chaque zone réflexe correspond un organe, une glande ou une partie spécifique du corps. Des pressions rythmées sur ces zones réflexes permettent de localiser les tensions et de rétablir l’équilibre dans les parties du corps correspondantes. C’est une pratique manuelle ancestrale visant, selon la réflexologue israélienne Guila Serfaty, « à mobiliser les processus d’autoguérison du corps. La réflexologie ne prétend pas guérir des maux spécifiques. Elle cherche plutôt à apporter un certain soulagement à toutes sortes de troubles : maux de tête ou de dos, syndrome prémenstruel, stress, troubles respiratoires… »

Guila Serfaty pratique également la Louhar Tika Therapy (LTT), « une approche holistique conçue pour accompagner les individus dans un processus de changement et de transformation, en développant la conscience de soi et de l'environnement, en renforçant la résilience émotionnelle et mentale, et en créant des changements pratiques et comportementaux. Cette méthode aide à affronter les défis personnels, tant psychologiques que physiques, en renforçant le sentiment de compétence et de connexion à soi-même. » Les traitements LTT sont basés sur le dialogue et l'échange, ainsi que sur l'utilisation de modèles comportementaux et d'outils pratiques et énergétiques qui permettent l'analyse et la compréhension du monde des causes qui façonnent les résultats auxquels le patient est confronté, et qui créent une influence permettant d'établir un changement profond, complet et durable.

Guila Serfaty constate que « la guerre a malheureusement provoqué plus de demandes dans le domaine thérapeutique en général. Audelà des traumatismes et des peurs, elle a réveillé certaines plaies et poussé la population à se poser des questions existentielles plus profondes. » n

Améliorez vos relations humaines : Le livre !

Le coach André Dan offre son dernier
ebook, Améliorez vos relations humaines, aux lecteurs d’AJ MAG.

Àl’âge de 8 ans, André Dan a obtenu le Prix de camaraderie. « J’ai ainsi pris conscience de l’importance des relations humaines. Depuis, je n’ai eu de cesse, durant mon parcours universitaire et professionnel, de privilégier le développement des relations humaines, entre autres en prenant des responsabilités dans des associations d’élèves et d’anciens élèves, et en occupant des postes à responsabilité au niveau national et international », explique-t-il.

« Depuis la nuit des temps, les relations humaines ont permis de créer des familles, des tribus, des peuples… Les organisations humaines, sociales et économiques se sont développées et ont créé les États, institutions, associations, entreprises, syndicats, partis politiques... D’où l’importance primordiale des relations humaines », poursuit André Dan qui, dans un ebook ludique de 85 pages, expose :

 les quatre types de relations humaines : une personne (« je »), deux personnes (la relation), un groupe de personnes, un réseau de personnes

 les six outils numériques des relations humaines en ligne : téléphone, e-mail, messagerie

instantanée, outil collaboratif, visioconférence, réseau social

 les problématiques que rencontrent les personnes et les managers dans leurs relations humaines en face-à-face et en ligne

À chaque étape, des exercices pratiques permettent au lecteur de « mettre en musique » ce qu’il a appris ou redécouvert.

« Ce livre peut être un guide pour un professionnel, un étudiant, un retraité… À chaque étape de votre vie, vous avez des objectifs, et pour les atteindre il vous faut (au moins) savoir demander conseil à des membres de votre réseau (familial, amical, professionnel…), savoir vous exprimer en groupe (pour faire passer vos messages), réussir vos échanges en tête-à-tête (selon vos objectifs), en vous sentant bien, fier et humble à la fois.

Page 12, j’ai posé la question : “Quelles sont les plus grandes qualités humaines d’une personne ?” Et je me suis exposé en répondant : “l’altruisme, la curiosité, le courage”. Et vous, que proposez-vous ? Effectuez cet exercice simple, partagez vos trois propositions avec vos proches. De l’interaction vient la lumière… Les relations humaines sont

la passion de ma vie et je suis convaincu que chacun d’entre nous est important. Je vous invite à croire que si vous améliorez vos relations humaines (je l’applique évidemment d’abord à moi-même), le cheminement dans l’existence est plus beau et plus utile, pour vous et pour ceux qui ont et auront la chance de partager des tranches de vie avec vous », conclut André Dan. n

Pour télécharger le cadeau d’André Dan, copiez dans votre navigateur : https://andredan.com/fr/ameliorez-vos-relations-humaines/ et suivez les indications ou scannez le QR code ci-dessous

André Dan Coach en leadership a@andredan.com

Ogen veut élargir le prêt social à 250 000 Israéliens affectés par la guerre

Seul prêteur social d’Israël, ce spécialiste des crédits à taux zéro et à faible

taux d’intérêt a créé un fonds d’urgence dans la foulée du 7 octobre. Après avoir levé 55 millions de dollars, Ogen vient de se fixer pour objectif de doubler ce montant pour épauler les plus vulnérables.

Stabiliser économiquement les Israéliens frappés de plein fouet par l’onde de choc du 7 octobre et de la guerre : telle est la nouvelle mission que s’est assignée Ogen – dont le nom signifie « ancre », en hébreu –, le spécialiste des prêts à taux zéro ou à faible taux d’intérêt. Seul prêteur social d’Israël, cet organisme, qui a vu le jour il y a trente-trois ans, occupe une position unique dans l’assistance immédiate et dans les cas où l'aide gouvernementale est retardée ou insuffisante.

Au lendemain des attaques terroristes du Hamas, Ogen a lancé un fonds de secours d’urgence baptisé « Swords of Iron » et destiné aux populations les plus vulnérables. Ce fonds, qui vise à octroyer des prêts à faible taux d’intérêt, a déjà récolté 55 millions de dollars, dont 30 millions à destination de 30 000 patrons de petites entreprises qui sont réservistes. La campagne de financement a été rendue possible grâce aux dons des

philanthropes Trudy et Bob Gottesman, de la femme d'affaires Shari Arison, des fédérations juives d'Amérique du Nord (à hauteur de 10 millions de dollars), de SparkIL – qui appartient conjointement à Ogen

et à l'Agence Juive –, pour un montant de 2 millions de dollars, et de l’UJA NY qui a contribué à hauteur de 1,5 million de dollars. Mais dans un contexte de guerre prolongée et face à l’importance de la demande, le pionnier de la

ÉCONOMIE

La Diaspora mise à contribution

Selon un récent rapport du ministère israélien des Affaires de la Diaspora, des organisations et des individus du monde entier ont donné pas moins de 1,4 milliard de dollars à Israël après l’attaque du 7 octobre pour aider au rétablissement du pays meurtri.

En tenant compte de l’inflation, le total des dons est supérieur à ce que les Juifs américains avaient apporté à l’État hébreu en réponse à la guerre des Six Jours. Il reste toutefois inférieur à celui enregistré six ans plus tard, lors de la guerre de Kippour.

Ce rapport, qui rappelle aussi que 58 000 volontaires se sont rendus en Israël pour intégrer l’armée, effectuer un travail agricole ou travailler avec des organisations soutenant les victimes du 7 octobre, prend en compte plusieurs sources : les collectes de fonds

finance sociale à but non lucratif a annoncé début avril un nouvel objectif de collecte de fonds fixé à 100 millions de dollars, « afin d'élargir considérablement les possibilités de prêts à faible taux d'intérêt pour les familles,

lancées par les fédérations juives, les campagnes de financement participatif, ainsi que l’argent versé par les organisations caritatives liées à Tsahal et à Maguen David Adom.

La moitié de la somme a été collectée par les fédérations juives d’Amérique du Nord et par leurs 146 organisations membres. Pas moins de 350 organisations à but non lucratif et agences gouvernementales en ont bénéficié. Le rythme des dons a significativement ralenti au cours des six mois qui se sont écoulés depuis le 7 octobre. Mais, relève le rapport, un tiers de la somme de 1,4 milliard de dollars récoltée n’a pas encore été alloué, les organisations ayant choisi de mettre de côté des financements pour les besoins à long terme du pays.

les petites entreprises et les organisations à but non lucratif ». Les prêts accordés par ces fonds devraient aider plus de 250 000 Israéliens de manière directe ou indirecte.

Ogen propose des prêts à taux zéro allant jusqu'à 60 000 shekels aux individus et aux familles confrontés à des difficultés financières liées à la guerre : les personnes ayant subi des dommages matériels, celles qui ont fait face à une perte de revenus, celles qui ont été obligées de rester à la maison avec leurs enfants pendant que leur partenaire était appelé(e) comme réserviste. Les petits patrons réservistes éligibles ont pu avoir accès à des prêts de 650 000 shekels, accordés avec un taux d'intérêt préférentiel inférieur à ceux en vigueur sur le marché. « Nous avons proposé une bouée de sauvetage à ceux qui sont confrontés à des défis inimaginables. Notre nouvel objectif de 100 millions est un appel à l'action, à la compassion et à la solidarité », a déclaré Sagi

Balasha, le PDG d'Ogen, soulignant l’importance de soutenir les organisations à but non lucratif et de revitaliser les petites entreprises. Parallèlement à ses activités de prêt, le spécialiste a créé des programmes de mentorat et d'orientation financière pour plus de 600 petites entreprises, 90 organisations à but non lucratif et plus de 100 familles. De plus, il a récemment ouvert un nouveau centre à Jérusalem. À ce jour, Ogen gère un portefeuille de crédit évalué à 500 millions de shekels (131 millions de dollars) et a décaissé plus de 80 000 prêts depuis sa création, soit près de 2 milliards. n

PRÊT À TAUX ZÉRO POUR LES OLIM 'HADACHIM

Le fonds Eisenberg est un des fonds de Ogen-Eloul qui permettent aux olim 'hadachim d’emprunter à taux zéro. Pour plus d’informations en français, s’adresser à Nathalie : Eloul@ogen.org - 02-5300789

DÉCOUVERTE D'ISRAËL

Et si l'on prenait le chemin des écoliers pour aller à Eilat ?

La Arava, région située entre la mer Morte et la mer Rouge, le long de la frontière jordanienne, s'étend sur environ 180 kilomètres du nord au sud. Si elle est avant tout connue pour mener à Eilat, elle recèle de nombreux secrets et trésors, notamment les serres des mochavim (villages agricoles) où l'agriculture prospère malgré le climat désertique. Ces communautés ont développé des techniques innovantes pour cultiver la terre dans des conditions difficiles : sévère sécheresse, climat désertique, températures élevées et très faibles précipitations annuelles (généralement inférieures à 50 mm par an). Ceci en fait des endroits fascinants à visiter et à explorer. Il vaut la peine de s’arrêter au MOP (« Me'hkar OuPitoua'h » : centre de recherche et développement) près de Hatzeva, pour une visite très intéressante des recherches agricoles. Il y a sept MOP en Israël ; leur rôle est de développer de nouvelles techniques agricoles en étudiant les sols, les diverses sortes de plantes, l’adaptation à l’eau. Les MOP sont le lien entre les universités qui développent des théories et les agriculteurs qui, sur le terrain, expérimentent les nouvelles idées. La collaboration entre les recherches universitaires d’une part, leurs applications à petite échelle dans les locaux

du MOP et les agriculteurs sur le terrain, permet de créer et de tester de nouvelles technologies. La recherche vise aussi à développer des méthodes de lutte biologique et des techniques de protection des cultures qui réduisent la dépendance aux pesticides. Visiter le MOP de Hatzeva donne un aperçu des recherches dans ce domaine. Vous y verrez par exemple de nouveaux légumes développés dans ces conditions particulières.

En continuant ensuite vers le sud, je vous conseille de tourner à gauche (vers l’est) vers Hatzeva et d’emprunter la route 2271 pour rejoindre le Derekh haShalom, « la route de la paix » qui longe la frontière jordanienne et vous fera découvrir des paysages particulièrement pittoresques, offrant des vues spectaculaires sur le désert et les montagnes environnantes. Plusieurs points d’observation y ont été aménagés. L’appellation de cette route fait référence à l'espoir de paix et de coopération entre Israël et la Jordanie avec laquelle Israël a signé un traité de paix en 1994.

« La route de la paix » se termine à Ein Yahav. C’est l’occasion de s’arrêter dans ce mochav pour visiter la Maison de l’aloe vera, une plante connue pour ses propriétés apaisantes et cicatrisantes, notamment pour la peau. La pommade à l'aloe vera est souvent

utilisée pour traiter les brûlures, les coups de soleil, les irritations cutanées et les piqûres d'insectes.

Retour sur la route 90 en direction du sud. Environ 10 kilomètres plus loin, vous pourrez faire une halte au Parc Sapir, au bord d’un petit lac entouré d’une végétation inhabituelle. Cette oasis de tranquillité en plein désert est un endroit idéal pour un pique-nique !

Et pourquoi pas également un arrêt au « ranch des antilopes », à 7 kilomètres au sud de Sapir ? Yossi Ben et sa femme ont quitté Jérusalem pour s’installer là. Yossi, qui travaillait pour El Al, a parcouru le monde. Admiratif de la grande variété d’animaux du désert africain vivant en liberté – impalas, koudous, gnous, bouquetins, toutes sortes d’antilopes, moutons et autres –, il a décidé d’en importer en Israël, dans un paysage qui ressemble à celui de l’Afrique. Il s’intéresse aussi à un crabe particulier : le crabe bleu australien, qu’il importe également dans sa ferme. Les crabes sont des animaux violents qui, lorsqu’ils se battent, s’arrachent les pattes. Or il a découvert que le crabe australien possède des propriétés exceptionnelles : après une mue, il est capable de se construire une nouvelle carapace en 72 heures (tandis que cela prend environ quatre mois aux autres crabes d'eau douce) !

DÉCOUVERTE D'ISRAËL

Après des recherches menées à l’Université de BeerSheva, Yossi a créé à Sapir Amorphical, la première entreprise au monde qui a réussi à produire du carbonate de calcium amorphe stable et à le commercialiser sous forme de complément nutritionnel à haute disponibilité ; et il est en train de développer des médicaments à base de carbonate de calcium amorphe, un produit qui aide des milliers de personnes à travers le pays et dans le monde entier.

Tout ceci n’est qu’un apercu de ce que nous offre ce magnifique pays, avec sa diversité de paysages et d’habitants, même dans les endroits qui paraissent à vue d’œil les plus désertiques ! Sortons des sentiers battus pour découvrir Israël haYafa ! n

Edith Levy-Neumand Guide diplômée du ministère du Tourisme israélien

Tél. : 972-54-2307474

Mail : edith@voirisrael.com

Tous nos programmes d’excursion : www.voirisrael.com

Haut : culture d’oignons dans la Arava Centre : aloe vera
Droite : gazelle dorcas

Simon Moos, pour l’amour d’Israël

Féru d’informations, pondéré, beau gosse, charmeur, diplômé du King’s College de Londres, étudiant en master à l’ESCP Paris, Simon Moos a le pédigrée du gendre parfait. Présent dans de nombreux médias de premier plan en tant qu’auteur ou chroniqueur, il a fondé en 2019 IN+, un média en ligne consacré à la défense morale d’Israël et des valeurs occidentales. Depuis le 7 octobre, il diffuse sur les réseaux sociaux des vidéos qui démontent les rhétoriques mensongères des ennemis d’Israël et fournissent des arguments de poids à tous ceux qui souhaitent connaître la vérité. Le jeune homme a Israël chevillé au corps, il en disserte avec talent et passion.

AJ MAG : Quelle leçon tirez-vous des récents événements survenus en Israël ?

Simon Moos : Le fléau qui s’est abattu sur Israël le 7 octobre et la guerre dans laquelle il l’a plongé sont encore trop vifs pour en dégager une leçon éclairée. Par leur ampleur inédite, les événements qui se jouent dans la région depuis ce jour funeste nous obligent à une grande prudence de jugement. Cependant, il y a fort à parier que le bouleversement auquel nous assistons marque un tournant majeur dans l’histoire d’Israël.

Le lien entre les Israéliens et les Juifs de la Diaspora est-il plus fort depuis le 7 octobre ?

Le fléau du 7 octobre et la guerre qui y a succédé ont indéniablement rapproché les Juifs israéliens de la Diaspora. Alors que Gaza attire l’attention du monde entier, la tempête antijuive qui gagne les rues et les universités occidentales est suivie de près par les Israéliens qui, bien qu’en état de guerre, s’inquiètent du sort réservé à leurs frères d’Europe et d’Amérique. Cette inquiétude opère à double sens et contribue à tenir les Juifs au fait des expériences vécues

mutuellement, notamment grâce à l’influence des réseaux sociaux et des vulgarisateurs d’informations.

L’Assemblée générale des Nations Unies a voté le 10 mai dernier en faveur de la demande d’adhésion des Palestiniens à l’organisation. Quel est votre regard là-dessus ?

Pour tout vous dire, je suis surpris que l’Assemblée générale des Nations Unies ne l’ait pas demandé plus tôt. Voilà bien longtemps que l’ONU sert de plateforme mondiale à la mise au pilori d’Israël. Rappelons que depuis 2015, l’ONU a voté plus de résolutions condamnatoires contre le seul État juif du monde que contre tous les autres pays de la planète réunis. L’erreur consisterait à voir dans l’ONU ce qu’elle n’a jamais été, c’est-à-dire une forme supérieure de justice. Chaque État a des intérêts, qu’ils soient démocratiques ou non, éthiques ou non. Par conséquent, les décisions votées par l’Organisation des Nations Unies ne doivent être lues qu’à l’aune de simples intérêts combinés et non d’une défense innocente des droits de l’homme. Le geste du représentant israélien Guilad Erdan l’illustre avec force.

INTERVIEW

Que dire de toutes les pressions que subissent les Israéliens dans les compétitions internationales (Eurovision, Jeux Olympiques…) ?

Si la boussole de ces pressions indiquait véritablement « le respect des droits de l’homme », elle devrait cibler au moins cent pays avant d’en arriver au cas d’Israël qui, malgré toutes les diffamations du monde, se range parmi les pays les plus libres de la planète. Malheureusement, la singularisation punitive d’Israël ne s’explique que par la singularité de son identité, sa judéité.

Que dire des Israéliens du Nord et du Sud qui ont été évacués ?

On ne peut rien exprimer d’autre qu’une profonde empathie pour ces milliers de familles déracinées et malmenées par le terrorisme.

Un mot sur les blocus des étudiants en France ?

Nous nous sommes précipités pour contester ces blocus sur le fond, alors que la loi aurait dû suffire. Ces actions sont illégales, leurs protagonistes hors-laloi. Dès lors que le caractère délictueux, voire criminel, d’opérations, politiques ou non, n’est pas retenu dans le commentaire public, on peut y discerner le signal faible d’une société qui s’éloigne peu à peu de l’État de droit.

Vous avez pris position contre La France Insoumise (LFI) et autres Nupes… L’extrême gauche française, désavouée par son électorat ouvrier historique, a trouvé dans les zones arabo-musulmanes de France une base électorale de substitution. Voilà pourquoi la LFI de Jean-Luc Mélenchon mise sur la stratégie de l’outrance à répétition. Il n’y a qu’à travers le scandale antijuif et antioccidental qu’elle peut espérer mobiliser ses électeurs de prédilection.

LFI met-il une cible dans le dos des Juifs de France ? Si par « mettre une cible dans le dos des Juifs de France », on entend la collaboration de La France Insoumise au développement de courants idéologiques dangereux pour la communauté juive française, notamment le terrorisme islamiste, il ne fait pas de doute qu’elle en porte une responsabilité considérable.

L’antisémitisme se cache-t-il sous le masque de l’antisionisme ?

Lorsque l’on reprend à tue-tête l’idée de « duplicité », on insinue que l’antisionisme en tant que dogme pourrait exister indépendamment d’une hostilité manifeste à l’égard des Juifs. Pourtant, cette doctrine ne désigne ni plus ni moins qu’une opposition au droit des Juifs à disposer d’eux-mêmes sur leur terre indigène. Autrement dit : l’antisionisme consiste à priver le peuple juif d’un droit que l’on accorde pourtant à tous les autres peuples de la planète. Il constitue donc bien une discrimination antijuive de principe. L’antisémitisme ne se « cache » pas derrière l’antisionisme, il en est le synonyme.

Comment soutenir Israël quand on est un Juif de Diaspora ?

De l’aide financière à la défense de la vérité, en passant par des programmes de volontariat réellement utiles, les options de soutien ne manquent pas. Les sociétés occidentales dans lesquelles vivent la majorité des Juifs de Diaspora sont particulièrement sensibles aux campagnes mondiales de diffamation anti-israélienne, ce qui, à terme, risque d’isoler l’État hébreu sur la scène internationale. À l’ère de la guerre d’opinions, notre mission est simple : défendre la légitimité d’Israël, de son armée et de ses opérations militaires dans l’opinion publique.

Comment menez-vous votre combat pour aider Israël ?

À travers des vidéos didactiques de « décryptages » et des visuels pédagogiques, je m’efforce depuis 2019 de vulgariser des argumentaires susceptibles d’aider les Juifs de France dans leurs rapports à Israël et à ses détracteurs. n

Revenus de l’enfer

Chen Goldstein-Almog, de Kfar Aza, a été otage du Hamas dans la bande de Gaza avec trois de ses enfants. Ils ont été libérés le 26 novembre après presque deux mois de captivité. Son mari et sa fille aînée ont été tués le 8 octobre.

famille Goldstein-Almog avant la tragédie. De gauche à droite : Agam, Gal, Nadav (décédé), Chen, Tal et Yam (décédée).

AJ MAG : Pouvez-vous nous raconter les événements du 7 octobre tels que vous les avez vécus avec votre famille ?

Chen Goldstein-Almog : Au petit matin, nous avons été réveillés par les alertes. L’attaque était massive. À Kfar Aza, nous n’avons que quinze secondes pour nous mettre à l’abri, nous avons donc couru au mamad [la pièce blindée], Yam, 20 ans, Agam, 18 ans, Gal, 12 ans, Tal, 11 ans, Nadav, mon mari, et moi.

Nous avons reçu l’information d’une infiltration terroriste dans notre kibboutz et l’ordre de fermer les stores, de verrouiller la porte du mamad, d’attacher la poignée avec un câble et de mettre un objet lourd contre la porte. Nous avons mis le lit de Yam devant la porte mais nous n’avons pas réussi à attacher la poignée. Les heures passaient et nous étions sûrs que l’armée était sur le point d’arriver. Nous ne comprenions pas pourquoi cela prenait tellement de

La
© Famille

GRAND ANGLE

temps – nous ne connaissions pas encore l'ampleur des attaques.

J’ai vu des gens en uniforme marcher en direction de ma maison. J’ai pensé que c’étaient nos soldats ; par la suite, j’ai réalisé que c’étaient des terroristes. Nous avions très peur, nous étions en état de stress. Nous sommes restés enfermés toute la journée et toute la nuit, et nous avons fait nos besoins dans des sacs de supermarché. Le 8 octobre au matin, nous avons entendu une explosion dans notre maison. Tal a dit qu’il avait peur, et Nadav lui a dit que lui aussi. Nous avons essayé de garder notre sangfroid et nous sommes restés en silence, sauf Yam qui récitait le « Chema Israël ».

Rétrospectivement, je me rends compte que Yam avait beaucoup de responsabilités car elle était la seule à avoir un téléphone. Elle nous informait des messages et transmettait les ordres qu’elle recevait, elle implorait de l’aide. Elle était terrifiée.

s’habille, parce que nous étions toujours en pyjama, et ils ont commencé à nous diriger dehors. Je me souviens que nous avons enjambé Nadav et marché autour de lui sans dire au revoir.

Chen Goldstein-Almog et sa fille Agam lors de l’allumage des bougies de Hanoucah, le 10 décembre 2023 au Kibboutz Kfar Aza. © Flash90

Je me souviens du moment où nous avons entendu les cris : « Yahoud ! El yahoud ! ». Nous avons compris qu’ils étaient chez nous. Nous étions sous le choc, pour la première fois nous éprouvions la peur de la mort. J’ai demandé à Nadav de s’armer pour nous protéger, il a pris une planche du lit de Yam et il s’est tenu à côté de la porte. Yam, Agam et moi nous sommes assises avec le dos tourné vers la porte de la chambre, protégeant les garçons de nos corps. Je me souviens avoir pensé : « S’ils entrent dans la pièce, ils nous tuent tous. » L’instant d’après, ils étaient à l’intérieur. Ils ont tiré sur Nadav à bout portant, deux ou trois coups sur le côté gauche, je me souviens qu’il était couché sur le sol, les mains levées. Agam se souvient qu’il a dit : « Non, non, non, non, non ! ». Il y avait cinq ou six terroristes ; ils criaient. Ils ont immédiatement ouvert le placard pour qu’on

Un des terroristes a découvert une chemise d’uniforme qui appartenait à Yam. Il criait. Je ne comprenais pas, il parlait arabe. Yam m’a dit qu’il me demandait s’il y avait une arme à la maison, je lui ai répondu que non. Nous étions en train de sortir lorsque Yam s’est évanouie. On a essayé de lui mettre de l’eau sur le visage et de lui lever les jambes. Dès qu’elle a un peu réagi, Agam est sortie parce que les garçons étaient déjà dehors. J’ai moi aussi couru dehors pour voir où ils les emmenaient puis je suis retournée dans la salle de bain pour voir comment allait Yam et j’ai vu qu’elle avait reçu une balle en plein visage… Je suis restée quelques secondes en état de choc et j’ai couru dehors. Je ne suis pas restée pour m’occuper d’elle, je ne suis pas restée pour lui dire au revoir.

Le silence régnait dans le kibboutz. J’avais l’espoir que quelqu’un me fasse signe depuis les buissons, m’appelant à courir, je pensais peut-être dire aux garçons de courir, mais j’avais peur. Ils nous ont assis tous les quatre à l’arrière de ma voiture et en sept minutes nous étions à Gaza.

J’avais encore l’espoir que les militaires arriveraient à temps pour sauver Nadav, car Yam avait reçu un message que l’armée allait passer dans les maisons et que les soldats nous donneraient un code pour que nous sachions que c’était bien eux. Par la suite, j’ai appris qu’il y a eu un combat et que personne n’a pu atteindre notre maison avant le 10 octobre. C’est seulement mardi que les corps de Nadav et de Yam ont enfin pu être évacués de Kfar Aza.

GRAND ANGLE

lll

Vous n’avez pas eu le temps de faire votre deuil puisque vous avez été prise en otage : comment avez-vous réagi aux événements ?

J’étais en état de choc. Tant de choses si dures, de pertes si lourdes survenues en si peu de temps. J’étais habitée par la peur de la mort… Très vite, j’ai compris que si j’étais vivante et que mes enfants étaient vivants, je devais être un modèle, être forte et fonctionner. Cela signifie que s’il y avait de la nourriture, nous devions manger et ne pas sombrer dans les sentiments, surtout pas moi, car je devais montrer l’exemple. Cela aurait été plus facile de se laisser couler – mais j’ai senti que je n’avais pas cette option, et que je devais fonctionner et vivre pour mes enfants.

La porte du mamad où s’était réfugiée la famille Goldstein-Almog. Les terroristes ont fait sauter la porte pour ensuite... © Famille

Quelles étaient vos conditions de détention à Gaza ?

Au début, ils nous ont amenés directement dans un tunnel où nous sommes restés pendant deux jours.

Après, ils nous ont déplacés dans des appartements et la dernière semaine dans un autre tunnel. Dans les tunnels il y avait beaucoup de sable, de moisissure, d’humidité : vous avez du sable dans la bouche, du sable partout, et vous êtes sur un champ de bataille.

Il y a eu des jours très difficiles de combats d’artillerie et de bombardements. Ce qui arrive à votre corps pendant un bombardement, vous ne pouvez pas l’imaginer. Vous vous recroquevillez complètement ; après, cela prend du temps pour reprendre le contrôle de votre corps. Sous terre, c’est plus calme, car les bruits des combats sont étouffés.

Chaque fois que nous avons été déplacés, on nous disait de ne parler à personne, de garder la tête baissée. Nous étions en danger face aux Gazaouis. Tout le monde savait déjà qu’il y avait des Israéliens à Gaza. Si les Gazaouis nous prenaient, ils pouvaient nous lyncher.

Dans l’appartement où nous avons passé cinq semaines, il n’y avait pas d’eau dans les toilettes, il n’y avait pas vraiment d’eau dans l’évier, et quand il y en avait, c’était de l’eau salée. Quelquefois il y avait de l’électricité pendant une heure, mais la plupart du temps il n’y en avait pas. Quand il y en avait, cela affectait les pompes et il y avait un meilleur débit d’eau, alors on pouvait prendre une douche, mais il fallait décider qui : les gardes ? Un de mes enfants ? J’ai laissé mes enfants et les gardes prendre des douches. Je ne me suis douchée qu’une seule fois en sept semaines.

L’obscurité totale s’abattait vers 16h30-17h : de très longues nuits qui commencent tôt et n’en finissent pas…

Au début, ils essayaient de nous fournir de la nourriture, ils nous disaient qu’ils voulaient que nous allions bien. Nous avons compris que nous étions une monnaie d’échange. Par la suite, il y avait moins de nourriture, j’ai compris ce qu’était la famine. Quelquefois, ils nous donnaient une bouteille d’eau de 330 ml et nous disaient que c’était pour vingt-quatre heures. J'étais très angoissée, parce qu’on peut vivre sans manger mais pas sans boire.

Les enfants étaient extraordinaires. La plupart du temps, ils se prenaient en charge de façon inspirante. Ils ont gardé leur sang-froid, ils ont dessiné, ils ont écrit…

Le groupe qui nous gardait était composé de six hommes, mais la plupart du temps ils étaient trois ou quatre, les deux autres disparaissaient soudainement pendant une semaine, allaient se battre et revenaient. Ils avaient un contrôle total sur nous, ils

GRAND ANGLE

déterminaient ce que nous avions le droit de faire ; nous n’étions pas autorisés à pleurer. Chaque jour, nous pensions à Yam et à Nadav. Si nous pleurions, nous devions le cacher. Si nous réfléchissions un instant, ils nous demandaient à quoi nous pensions. Ils se moquaient de nous ; ils disaient « Gilad Shalit » et souriaient. Cela me brisait, parce que je me disais : « Est-ce que je vais rester ici pendant des années ?! » C’était une forme de violence psychologique. Ils envahissaient notre espace personnel et nous n’avions aucune intimité. Ils s'asseyaient en face de nous et nous fixaient, attachés à nous vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Quel était votre sentiment après les premières semaines de captivité ?

Au début, nos gardes pensaient que dans deux jours ils nous laisseraient partir. Ils nous ont même dit : « Mardi, vous êtes en Israël. » Après, les jours passaient très lentement, les combats devenaient plus intenses, nous étions en danger. Nous étions habités par un sentiment d’impuissance, de peur et

de solitude. Vous ne savez de la guerre que ce que les gardes vous disent et ce que vous entendez de temps en temps quand ils vous laissent écouter la radio. Quelquefois, les nouvelles ne vous mentionnent pas. On se sentait oubliés.

Et depuis votre libération ? Comment ce qui s’est passé vous affecte aujourd’hui ?

Le plus important pour moi était de reconstruire une routine pour les enfants, qu’ils retournent à l’école le plus vite possible, parce que leur vie quotidienne est notre force et nous donne la sécurité. Les enfants ont une vie très remplie, ils sont à l’école et ont beaucoup d’activités après l’école. Nous sommes accompagnés par des psychologues et des professionnels, individuellement et en famille.

Nous étions une famille forte et heureuse, aujourd’hui nous sommes une famille blessée et meurtrie. Mais nous avons encore l’énergie de la vie, même s’il est difficile de composer avec le manque. Avant, je pensais qu’on pourrait vivre ensemble, avec les Arabes, maintenant je ne pense pas que ce soit possible. n

HISTOIRE

Israël, Occident, Islam, repenser le monde après le 7 octobre

Une soirée mémorable s’est déroulée le lundi 20 mai au Centre Begin à Jérusalem. Pour la première fois, la chaîne Mosaïque a « brisé l’écran » et organisé une soirée de rencontre autour du thème « Israël, Occident, Islam, repenser le monde après le 7 octobre », avec comme intervenants l’historien

Georges Bensoussan, l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, autrice d’un ouvrage sur les réseaux des Frères Musulmans, ainsi que l’islamologue Ephraïm Herrera, le tout mené de main de maître par l’excellent Antoine Mercier, animateur de la chaîne.

Avant de faire son exposé sur « le frérisme et ses réseaux », Florence Bergeaud-Blackler a partagé ses impressions sur la ville de Jérusalem, qu’elle avait visité pour la première fois le matin même : « Jérusalem est un lieu de mémoire et un lieu où l’on comprend qu’Israël est le gardien de cette mémoire, cette mémoire qui est celle des Juifs, celle des Musulmans, celle des Chrétiens. Cette émotion, cette spiritualité, sont palpables. Ce sont des lieux très chargés, on le ressent ; d'où l'importance, bien sûr, de protéger de tels lieux. Israël le fait, à prix fort, et c’est touchant, surtout quand on voit comment ce pays, aujourd'hui, est menacé dans son existence. Il faut le faire savoir, et je pense que maintenant je ferai partie des témoins, des gens qui

sont venus et qui ont vu, et qui pourront en parler. Parce que c'est aussi cela, le problème que nous avons en Europe : on parle beaucoup du conflit israélopalestinien, israélo-arabe, mais en fait on ne se rend pas compte de ce qu'il y a dans ce pays. »

Dans son exceptionnelle intervention, et après avoir dénoncé l’ignorance totale du sionisme en Occident, Georges Bensoussan a brisé deux mythes répandus sur ce mouvement. Tout d’abord, le sionisme n’a pas été une réaction à l’antisémitisme, car la réaction globale à l’antisémitisme fut l’émigration, qui s’est dirigée majoritairement vers les États-Unis. Le sionisme a été avant tout une volonté de redéfinition de l’identité juive autour de la nation, après

l’abandon massif de l’observance religieuse. Le deuxième mythe est celui de la création d’Israël comme compensation de la Shoah. Georges Bensoussan a démontré que l’Occident, à la fin des années 1940, n’éprouvait aucunement la culpabilité qui aurait soi-disant favorisé la cause sioniste, cette culpabilité n’ayant surgi que deux décennies plus tard, après les travaux des historiens Poliakov et Hilberg sur la Shoah.

Ephraïm Herrera a montré comment l’antisémitisme le plus primaire était profondément ancré dans l’islam qui le propageait dans l’éducation donnée aux enfants. Mais le moment fort de son intervention a été sa réponse à la question – question d’actualité –d’Antoine Mercier sur « le jour d’après » : « Je crois que c’est une

HISTOIRE

très grave erreur de parler du jour d’après. D’abord, il faut gagner cette guerre ! Et je vais vous livrer un grand secret : quand on aura gagné cette guerre, on aura gagné le jour d’après. Une fois qu’ils n’auront plus d’armes, qu’ils n’auront plus la possibilité de se battre contre nous et qu’ils n’auront plus la possibilité d’enseigner la haine des Juifs, à ce momentlà ils seront en position de faiblesse. Dans l’islam, cela s’appelle la faiblesse des croyants ; et dans une position de faiblesse, leur loi les autorise à signer une trêve. Alors ils pourront signer avec nous une trêve de dix ans, renouvelable ad infinitum. Mais pour cela, on doit d’abord les vaincre et les écraser, et deuxièmement, faire en sorte qu’ils soient suffisamment faibles pour qu’ils acceptent de signer tous les dix ans. »

La surprise de la soirée a été la présence de Fadila Maaroufi, anthropologue belge d’origine marocaine musulmane et amie

Ci-dessus : Fadila Maaroufi

de Florence Bergeaud-Blackler. Fadila Maaroufi combat le radicalisme dans son pays qui la rejette. Quotidiennement menacée de mort pour ses positions, cette femme courageuse a dressé un état des lieux extrêmement lucide de l’islamisme en Europe. L’émotion a été à son comble lorsqu’elle a demandé à l’assemblée de se lever pour entonner l’« HaTikva », « pour Israël, pour les victimes du 7

octobre, pour les otages ». Ce moment restera gravé dans le cœur de ceux qui y ont assisté, qui garderont une profonde reconnaissance et une grande admiration pour Fadila Maaroufi.

La suite de la soirée a laissé place à un échange entre les intervenants, tout aussi passionnant.

Vous pouvez retrouver l’intégralité de cette soirée sur la chaîne YouTube du Centre Begin ainsi que sur la chaîne Mosaïque. Souhaitons que cette collaboration réussie entre les deux organismes soit la première d’une longue série. n

Yoël Haddad est chercheur au Centre Begin.

Retrouvez toute la soirée en scannant le code QR ci-contre :

Haut : Florence Bergeaud-Blackler et Antoine Mercier
Photos

COLLOQUE ANDRÉ NEHER 2024

Le dur bonheur d’être juif

L’Université Bar-Ilan a récemment accueilli un colloque dédié à André Neher.

L’occasion pour la docteure Gaelle Hanna Serero (du Laboratoire de pensée juive française Matanel-Bar-Ilan), l’une des organisatrices, de rendre un vibrant hommage à cette lumière de la pensée.

Ce Colloque André Neher à l'Université Bar-Ilan – qui en 1983 lui avait décerné un doctorat honoris causa –trente-cinq ans après la mort du philosophe est un événement très émouvant et très significatif.

André Neher, qui aurait 110 ans aujourd'hui, avait fait son Alya en réaction à la guerre des Six Jours, à la même période que d'autres grands noms de l'École de Paris, notamment le rav Léon AskénaziManitou et Éliane Amado Levy-Valensi, son élève puis collègue. « En ces heures de suprême angoisse pour Israël », comme il l’écrivait, il avait fait le serment solennel d'engager tout son être pour Israël, quel que soit le risque à courir et le prix à payer dans le contexte de ce qu’il décrivait comme la « solitude d'Israël » (titre du premier chapitre de son livre L'existence juive, paru en 1962) :

« Et je dis à mes camarades des luttes d'hier : venez avec moi car la lutte pour Israël est la

lutte humaine par excellence. Si analysant, hésitant, tergiversant, vous ne venez pas, eh bien ! Nous lutterons seuls. De nouveau nous

serons comme Abraham, seuls d'un côté, et le monde entier de l'autre. Et dans la lutte pour Israël, nous ferons à nouveau, comme l'avait fait Abraham pour le monde entier, l'apprentissage de la justice. […] les hommes juifs des pays libres, les Juifs de France en 1939, les Juifs des États-Unis en 1943, ne savaient pas. Les uns ne savaient pas qu'Auschwitz était possible. Les autres ne savaient pas qu'Auschwitz était Auschwitz. Nous, nous savons. Alors, en 1939, en 1943, la lutte était défensive. Aujourd'hui elle est offensive. Alors, nous luttions pour éviter le pire. Aujourd'hui, nous luttons pour maintenir et épanouir le meilleur : la vie

Le moment pathétique est venu de mettre en pratique le lancinant "souviens-toi" qui nous hante depuis bientôt vingt-cinq ans. Souviens-toi pour faire ce qui n'a pas été fait alors : souviens-toi de tes forces qui peuvent, aujourd'hui, conjurer l'événement que ta

André Neher © DR

faiblesse laissa se consommer alors. Souviens-toi que tu es le gardien de tes frères et que tu possèdes les armes de cette garde. Je fais le serment solennel de ne pas sortir du cercle de mes responsabilités avant d'avoir épuisé les infinies ressources dont nous disposons pour faire passer du niveau du souhait à celui de la réalité les trois mots qui désormais nous fascinent et nous habitent : AM ISRAËL 'HAY – ISRAËL TU VIVRAS ! »

Le titre de ce colloque, qui est celui du livre-entretien d'André Neher avec Victor Malka, « Le dur bonheur d'être juif », a été difficile à traduire en hébreu et c'est la professeure Francine Kaufmann qui a finalement trouvé cette merveilleuse traduction : « Yaadout beGuil ouBeRaada » – littéralement : « Le judaïsme dans l'exaltation et le tremblement ». La difficulté de traduction est inhérente à la langue et à la pensée d'André Neher qui intègre les contraires, pointe les paradoxes et les fait exister au sein de son œuvre.

Nous avons rêvé de ce colloque depuis plusieurs années. Nous, c'est d’abord la famille Revel-Neher. Ensuite, c’est le Département de philosophie juive de l’Université Bar-Ilan, dirigé pendant ces quatre dernières années par le professeur Hanoch Ben Pazi, et le Laboratoire de pensée juive française MatanelBar-Ilan. Et enfin, c'est moi, qui viens de terminer le tout premier doctorat consacré à la pensée d'André Neher : La lecture biblique d'André Neher comme geste existentiel juif. Depuis la mort d’André Neher en 1988, il y a eu un unique colloque en hébreu en Israël en son honneur en 1999 à l'Institut Van Leer, sous la direction du professeur Yehoyada

PENSÉE JUIVE

Amir, et d'autres seulement à Strasbourg. Nous avons donc rêvé ce colloque depuis longtemps, comme un hommage important mais surtout comme un réveil de la transmission et de la continuité de la pensée d’André Neher. Cependant, à chaque fois que nous avons pensé le concrétiser, quelque chose le repoussait… jusqu'à aujourd'hui. Ce n'est pas un hasard si ce colloque se déroule huit mois après le 7 octobre, dans un temps porté à la fois par la blessure et par la peine, par l'angoisse

et par la foi, par le devoir et la responsabilité. La pensée d’André Neher est nécessaire et terriblement actuelle, comme s'il avait posé des jalons pour nous soutenir dans les épreuves existentielles qu'Israël traverse aujourd'hui. Le public venu assister à ce colloque l’atteste, un public diversifié où se sont côtoyés à la fois les anciens amis strasbourgeois du couple Neher, mais aussi de jeunes Israéliens en pleine recherche identitaire et qui sont attirés par l'École de pensée juive de Paris. lll

Docteure Gaelle Hanna Serero
© DR - Issu de la vidéo du colloque sur YouTube

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Ce colloque, alternativement en français et en hébreu, en présentiel et en Zoom, a permis à tous de se rejoindre autour du questionnement et de l'étude.

Claude Vigée, le poète et ami intime des Neher, qui s'est éteint il y a peu, a utilisé le motif de la rencontre pour décrire l'homme et le penseur qu'était Neher. Rencontre, d'abord, dans les rues de Jérusalem où Neher aimait à se promener, avec un balayeur qui le reconnaît et, en le bénissant parce qu'il est Cohen, lui fait cette remarque : « Toi, le grand professeur, tu fais des livres pour chanter la grandeur et l'importance de Jérusalem ; mais moi, petit balayeur, chaque jour je nettoie ses rues et je la purifie de mes mains ! » Rencontre ultime, ensuite, entre Moïse et Dieu, à travers le buisson ardent, le buisson qui brûle mais ne se consume pas. Un de mes élèves m'a un jour demandé : « Mais Madame, pourquoi Dieu a-t-Il choisi quelque chose d'aussi étrange, d'aussi petit, d'aussi insignifiant et d'aussi silencieux qu'un buisson pour se révéler aux hommes ?! » C'est là que réside le mystère de la rencontre avec le divin ; et la réponse de Dieu à Moise épaissit encore ce mystère : « Éhié acher éhié » – « Je serai ce que Je serai ». Neher y voit la promesse de Dieu d'être avec Son peuple tout au long d'une histoire inachevée, autant dans les souffrances que dans les joies, dans l'exil comme dans le retour, dans la destruction comme dans la reconstruction. Ce qui revient sans cesse, c'est donc une rencontre qui vire à la lutte de l'homme avec l'absolu, qui se change en combat avec l'Ange pour arracher à l'existence un sens qui permettra de continuer à vivre. L'essentiel étant de rester debout jusqu'à la fin de la nuit…

PENSÉE JUIVE

Car la rencontre avec l'Inconnu qui nous surprend dans la nuit et nous blesse, c'est l'entrée dans le feu du buisson ardent, ce feu qui brûle et dévore mais qui ne consume pas, qui éclaire le chemin d'une lumière nouvelle et réchauffe les âmes affamées. Ce buisson, nous dit Rachi, est un buisson d'épines particulier : on peut facilement y entrer la main, mais il est impossible de l'en ressortir. C'est la situation prophétique, situation existentielle de tout Juif, telle que la décrit Neher : toujours trop loin de Dieu et à la fois trop proche de Lui. Et dans cet écart, cet espace vide, entre ces deux palmes, se situe un lieu fait d'incertitudes et de « peut-être » : soit TOUT peut être, soit, peut-être, rien n'est possible… C’est dans cet oscillement, dans cet abîme vertigineux entre immanence et transcendance, entre Dieu et les hommes, que TOUT peut arriver. C'est dans cet espace de liberté des deux partenaires que tout sépare jusque dans l'essence de leur être que la rencontre, que l'improvisation est possible, que l'inattendu surgit, que le miracle peut survenir et le messie arriver. C'est là que réside la liberté et le pouvoir de l'homme, dans cet espace de liberté qui implique en même temps une terrible et vertigineuse responsabilité, autant face aux autres hommes que face à Dieu. C'est là que réside l'espoir au sein du plus grand désespoir, comme une étincelle qui jaillit du frottement de deux silex. Dieu et l'homme sont ces silex. La rencontre nous change et fonde notre nouvelle identité : Israël.

d'un de ces moments messianiques, la nuit de mon Alya. Le rav Elie Kling, qui était venu me chercher à l'aéroport, m'a prêté un petit livre qu'il avait dans son sac et que j'ai lu cette nuit-là en attendant l'avion des autres filles qui devaient nous rejoindre : c'était Jérémie d'André Neher. À partir de cet instant, ma vie a pris un sens, une direction, elle s'est réorientée. Elle est devenue une vie faite de livres, mais surtout de personnes et de rencontres, dans la trace d'André Neher.

Que nous puissions connaître des jours meilleurs et que nous sachions puiser dans la sagesse d'hommes comme André Asher Dov Neher, za''l, de quoi construire un avenir où, dans un cheminement commun, Israël et les nations sauront enfin se reconnaître. Un avenir où femmes, enfants et vieillards pourront vivre sans crainte à Jérusalem – et à Be'eri, Sdérot, Ashkelon, Haïfa, Nahariya, Ashdod, Eli, Shilo, Tel Aviv et Gaza… n

C'est presque ainsi qu’André Neher est entré dans ma vie, lors

Nous cherchons des subventions afin de pouvoir continuer à aider les étudiants olim et milouïmnikim, faire avancer la recherche autour de la pensée juive française en Israël et développer notre pépinière de jeunes chercheurs franco-israéliens ! Que vous vouliez contribuer financièrement à cette aventure ou vous y engager existentiellement, contactez-nous ! gaellehannas@gmail.com

Nous ne sommes pas des robots

Un grand-père remarqua que son jeune petit-fils avait du mal à faire preuve de persistance dans les tâches du quotidien. Il avait pour habitude de commencer une tâche avec enthousiasme, mais rapidement il l’abandonnait pour s’intéresser à une autre. Le vieil homme offrit alors à son petit-fils une petite plante en pot pour son anniversaire, en lui disant : « Mon chéri, c'est un cadeau spécial qui te surprendra le jour venu. Si tu veux profiter de ce cadeau, tu dois juste arroser la plante tous les jours. »

Les jours passèrent et le vieil homme demanda comment se portait la plante. Son petit-fils lui montra le pot vide et lui dit : « Je l’ai arrosée pendant quelques jours mais comme il ne se passait rien, j’ai arrêté. »

Le grand-père lui répondit : « Peut-être cette plante peutelle t’apprendre quelque chose que tu ne savais pas : il y a des choses pour lesquelles il faut s’investir avec patience et persistance, et quand arrivera le moment venu, alors elles donneront de beaux fruits. »

Nous nous trouvons actuellement dans la période du Omer, durant laquelle nous comptons chaque jour qui passe, depuis la fête de Pessa'h jusqu’à celle du Matan Torah (Chavouot). Ce compte nous accompagne dans la construction de notre « bâtisse personnelle » et donne du sens à chaque jour tout au long du chemin. Il est impossible de sauter du début à la fin et il n’y a pas de raccourcis. Nous sommes engagés dans un processus où notre tâche est de compter chaque jour qui s’écoule, et non combien de jours il nous reste. Dans un processus de changement, ce qui est important n’est pas ce qu’il nous reste à accomplir, mais plutôt le chemin que nous avons déjà parcouru jusqu’à maintenant. Chaque jour est important, chaque jour j’avance et j’accomplis un peu plus ma mission dans ce monde. Un sage a dit que le meilleur enseignement est celui de l'horloge : les aiguilles ne cessent de tourner. Et dans le compte du Omer, nous prêtons attention au fait que le monde est constamment en mouvement. L’horloge ne s’arrête pas. Il faut s’imprégner de cela et l’exploiter pleinement, en s’efforçant d’avancer à chaque moment. Comme les aiguilles d’une montre, il faut apprendre à être constamment en mouvement. Le compte du Omer souligne la valeur du temps et du processus, ainsi que le contenu que nous mettons dans chaque moment qui passe. D’ailleurs, chaque jour symbolise une valeur (mida) spécifique dans le compte du Omer

Nous vivons à une époque où le développement technologique a réduit la durée des longs processus. Tout se passe extrêmement vite. En un instant, on peut accéder à des choses qui autrefois demandaient beaucoup de temps. Cela nous rend moins patients face à ce qui exige de nous un long processus. Nous

voulons tout tout de suite, et si cela ne se passe pas comme prévu, nous nous fatiguons et baissons très vite les bras. Or l’homme n’est pas un robot. On ne peut pas appuyer sur un bouton et devenir un nouvel homme du jour au lendemain. Le changement nécessite un processus qui prend du temps. Ceux qui s’entraînent en salle de sport savent qu’il leur faudra investir beaucoup de temps et d’efforts. Comment, a fortiori, n’en irait-il pas de même dans l’avodat haMidot ?

Dans un des textes réunis dans le livre Learim eth haChamayim, le rav Steinsaltz nous rappelle qu’HaKadoch Baroukh Hou nous a donné la vie, un temps précieux que nous devons nous employer à utiliser à bon escient, à la hauteur du cadeau que le Créateur nous a fait. n

Yehouda Salama

Directeur du programme Gour Arié de préparation à l’armée israélienne pour les jeunes Juifs français Yehuda@betar.org.il

Le Maharal de Prague, créateur du Golem

Le Maharal de Prague, Rabbi Yehouda Loew ben Betzalel, est une éminente figure du judaïsme du XVIe siècle. À Prague, sa sagesse, sa vive intelligence et son engagement pour la justice étaient renommés. Connaisseur de la Kabbale et créateur du Golem, c’était un grand érudit, un guérisseur spirituel et un conseiller respecté. Dans une époque marquée par l'Inquisition et la persécution, il a été un symbole d'espoir et de réconfort pour le peuple juif.

Si l’on vous parle du Maharal de Prague, vous allez immédiatement penser au Golem, et vous aurez raison – mais pas complètement. En effet, peu connaissent le détail de la vie hors du commun de cet homme d’une dimension spectaculaire, une vie qui fut une authentique épopée, enracinée dans la richesse de la tradition juive et tissée de mystère, de sagesse et d’extraordinaires réalisations.

Né en 1520 à Worms en Allemagne ou à Posen en Pologne, il est issu d’une famille pieuse et érudite où l’étude de la Torah structure chaque nouvelle journée que Dieu fait. Dès son plus jeune âge, il se distingue par son intelligence exceptionnelle et son insatiable soif de connaissances. Il se rend très vite compte que l’Europe, où il a vu le jour, est le théâtre de profonds bouleversements politiques et religieux marqués par l’émergence de la Réforme protestante et la montée de l’antisémitisme, porté notamment

par la haine du prêtre Martin Luther.

C’est dans ce contexte tumultueux que le jeune Yehouda Loew se plonge de manière inédite dans l’étude des textes saints, cherchant à comprendre les mystères de la foi et à trouver des réponses aux défis que pose son époque. Après avoir reçu une éducation talmudique rigoureuse, il se rend à Prague, une ville prospère et culturellement très riche, où il devient rapidement une figure éminente et incontournable de la communauté juive. Sa renommée de Sage en Torah et sa réputation de savant profane attirent alors des disciples et des admirateurs de toute l’Europe. C’est à Prague que le Maharal (acronyme de « Morenou haRav Loew » – « notre maître le rabbi Loew ») continue d’approfondir ses connaissances en explorant les mystères de la Kabbale, la branche ésotérique de la tradition juive.

Devenu une autorité incontestée en matière de spiritualité et

de mysticisme, il est aux yeux de tous un guide spirituel recherché dont les conseils sont sollicités aussi bien pour des questions théologiques que pour des problèmes relevant de la vie quotidienne. L’empereur Rodolphe II lui-même, roi de Bohème, le consulta : troublé par un rêve angoissant récurrent, il convoqua le Maharal de Prague et tint avec lui une mystérieuse réunion. Des ministres mal intentionnés complotèrent pour faire expulser le Maharal et la communauté juive de Prague. Manipulée par ces ministres, la reine persuada l’empereur de signer au plus vite un décret d’exil, et il s’exécuta. Cependant, l’empereur fit un autre rêve où il était secouru par un vieil homme juif. Pensant en comprendre le sens, il appela le Maharal pour une interprétation. Identifiant le Maharal comme le vieil homme du rêve, l’empereur lui avoua ses péchés, écouta ses conseils et annula le décret

d’exil, reconnaissant à travers lui l’intervention divine.

Le Maharal fut donc malgré lui un homme « politique », un homme d’action, soucieux des affaires de sa communauté et de son temps.

Création du Golem, le géant d’argile

Face à la violence qui frappait le peuple juif, le Maharal, accompagné de trois autres personnes qui constituaient le Beth Din, décida de créer le « Golem » : une créature façonnée à partir d’argile et animée par un rituel kabbalistique comportant le nom de Dieu écrit sur un parchemin déposé sur les lèvres de la créature, lui insufflant ainsi la vie. « Ton nom est Yossel », dit le Maharal au Golem. « Je t’ai créé afin que tu accomplisses la mission divine de protéger les Juifs contre leurs ennemis. Tu obéiras à tous mes ordres, car tu n’as aucune volonté propre. » Le Golem – terme qui, en hébreu, veut dire « matière brute » – se chargea de protéger la communauté juive des trop nombreuses persécutions et des pogroms qui sévissaient alors. Il fut l’incarnation du pouvoir spirituel du Maharal, ainsi que de sa détermination à défendre et à protéger son peuple coûte que coûte, jusqu’à sa mort en 1609 à Prague. L’histoire raconte que lorsque le Golem eut achevé sa mission, le Maharal lui ordonna de l’accompagner au grenier de sa synagogue. Là, il lui dit de se coucher et d’ouvrir la bouche. Le Maharal retira le parchemin sur lequel était inscrit le Nom divin, et déclara au Golem : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière. » Instantanément, ce dernier devint un monticule d’argile.

L’œuvre du Maharal et son enseignement

L’héritage du Maharal est omniprésent aujourd’hui encore : ses enseignements et ses choix de vie continuent d’inspirer des générations entières d’érudits, tandis que son exemple de dévotion et de résilience demeure une source d’inspiration pour tous ceux qui aspirent à vivre selon les préceptes de la foi et de la sagesse juives. L’inventaire exhaustif des œuvres du Maharal de Prague demanderait bien plus d’espace que cet article. Nous nous contenterons de mentionner cinq de ses ouvrages principaux, cinq joyaux qu’il a ajoutés à la couronne divine :

l Netivot olam (Les sentiers du monde) : une exploration approfondie des principes éthiques du judaïsme, couvrant des sujets tels que la justice, la compassion, la patience et la gratitude.

l Gour Aryeh (Le lionceau – le lion de la tribu de Juda) : explication d’un commentaire de Rachi d’une grande richesse, qui offre une interprétation originale des récits de la Genèse, en mettant en lumière les aspects mystiques et éthiques des histoires bibliques. Le Maharal utilise également une méthode herméneutique pour extraire des significations cachées des textes bibliques, enrichissant ainsi la compréhension traditionnelle de ces récits. Cette méthode, inspirée du « pilpoul » polonais, est encore en vigueur dans nos yechivot aujourd’hui.

l Netza'h Israël (L’éternité d’Israël) : examen de la théologie juive à travers une lentille historique et eschatologique, explorant le rôle du peuple juif dans le plan divin. Le Maharal y aborde des questions cruciales telles que la souffrance du peuple juif, l’exil et la rédemption, et il traite également du Messie.

l 'Hidouchei aggadot (Renouveaux des aggadot ) : explication du sens de nombreuses aggadot de traités du Talmud.

l Et enfin, Derekh 'hayim (La voie de la vie) : un guide essentiel des aspects pratiques de la spiritualité juive, offrant des conseils sur la prière, l’étude religieuse et la conduite morale. Ce dernier ouvrage constitue le fil rouge de la pensée et de l’enseignement du Maharal de Prague, expressions d’une foi inébranlable en la providence divine, et d’une confiance à toute épreuve en la puissance de la prière comme source de réconfort et d’inspiration pour nous tous, afin de nous permettre de nous améliorer jour après jour.

Le Maharal a été une lumière d’espoir dans les ténèbres d’une Europe instable et dangereuse pour le peuple juif. Serait-ce un exemple à suivre pour mieux supporter et adoucir notre actualité ? Laissons l’étude de son œuvre nous en persuader.

Ce fut la fin de la légende, ou presque, car lorsque vous arpentez le quartier juif de Josefov à Prague, que vous contemplez avec émotion le cimetière communautaire vallonné (car « surexploité » à cause des restrictions antisémites médiévales), que vous entrez ensuite dans la maison du Maharal et que vous montez au grenier, il semble que le temps s’est arrêté et qu’il ne faudrait qu’un battement de cils pour que le Maharal vous apparaisse pour

vous accueillir chaleureusement et vous dévoiler ses secrets, le Golem à ses côtés… n

Cet article est tiré du site Yédia, média dédié au judaïsme, à sa culture, son patrimoine, et à son identité, témoin de sa richesse et de sa diversité.

Le guide de l’égarée

Cela va faire bientôt trente ans que je dirige

Hemdat Hadarom, le programme pour les jeunes filles francophones après le bac. Plus de 750 filles ont déjà participé au programme mais je dois avouer que rien ne me préparait à cela : il y a quelques jours, je suis tombé sur un texte d’une ancienne de chez nous, sur un site dont j'ignorais l'existence et qui se présente comme « un collectif de Juifs et Juives décoloniaux luttant […] pour la fin de l’apartheid et de l’occupation en Israël-Palestine ». Le site, curieusement, s'appelle Tsedek, ce qui, en hébreu, signifie « justice » – remarquez, dans un pays où le parti le plus soumis aux islamistes se nomme La France Insoumise, plus rien ne m'étonne….

Dans la première partie de son texte, elle décrit avec bonheur son année à Hemdat Hadarom, puis, dans la seconde partie, elle raconte comment, plus tard, après nous avoir quittés, elle a progressivement pris connaissance de la Nakba et des « mensonges sionistes », ce qui, pour des raisons éthiques, l’a décidée, après quelques années, à retourner à Marseille où, vous l'aurez compris, elle a rejoint les rangs de… Tsedek. Face à la violence de certains discours anti-israéliens, j'ai pensé, chers lecteurs, que ma réponse pouvait être d'une certaine utilité. En voici des extraits.

Chère A.,

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt ta « lettre ouverte à une refugiée palestinienne ». J'ai tout d'abord été impressionné de voir à quel point ton année de Hemdat t'a marquée ! Quelle mémoire ! Ensuite, j'admire ton militantisme ! Je préfère de loin des militantes qui, comme toi, se trompent complètement de combat, à des indifférentes qui restent passives devant leur écran sans se poser trop de questions…

Cela dit, puisque nous faisons tous les deux dans le militantisme, permets à un vieux militant ayant plus de quarante ans d'expérience de te donner quelques conseils qui rendront ton discours plus efficace.

 Évite d'utiliser le conditionnel lorsque tu évoques des faits avérés sur lesquels il n'y a pas de réelle contestation. Exemple : 'Hevron « où seraient enterrés les patriarches ». Pourquoi « seraient » ? Pour une fois que les Juifs et les Musulmans sont d'accord sur quelque chose, tu laisses planer le doute… Ou encore :

« Massada qui aurait servi de refuge ». Pourquoi « aurait » ? Quelqu'un en doute ? Un archéologue ? Je ne peux pas croire que tu as sciemment employé le conditionnel pour mieux faire douter ton auditoire du fait qu'il y aurait peut-être, à Dieu ne plaise, un lien historique qui lierait cette terre à un peuple de confession pas vraiment musulmane… Si c'était le cas, tu me décevrais (au conditionnel, bien entendu)…

 Le danger, quand on abuse du conditionnel, c'est qu'on dérape facilement dans la politique-fiction (avec des si…). Prenons par exemple un fait historique incontestable mais qui n'arrange pas tout à fait les affaires de ceux qui, comme toi, considèrent que les Palestiniens sont de gentils pacifistes modérés qui n'ont jamais raté une occasion de faire la paix. Je te cite : « J'apprends que si les pays arabes ou les Palestiniens avaient accepté la résolution de partition, les dirigeants juifs auraient sûrement rejeté la carte que leur proposait l'UNSCOP. » Sûrement…  Évite de te décrédibiliser en utilisant les points les plus contestables du narratif palestinien. Reste sur du solide. Exemple : tu affirmes que tous les réfugiés arabes de 1947-48 ont été chassés de chez eux par les méchants Israéliens, puisqu'aucun dirigeant arabe n'a jamais appelé les populations arabes à quitter leurs villages pour revenir ensuite avec les chars triomphants juste après avoir jeté les Juifs à la mer. La preuve : un fonctionnaire irlandais de l'ONU a affirmé qu’« il n’a trouvé aucune trace d’appels à évacuer la Palestine lancés par des leaders arabes dans les archives radiophoniques proche-orientales de l’époque, conservées par la BBC au British Museum. » Mais fallait dire à l'Irlandais de m'appeler ! Moi, je ne range peut-être pas les archives radiophoniques dans le Klingish Museum mais, comme tout le monde, je sais que le 16 mai 1948, la très officielle Radio Le Caire a lancé l'appel suivant : « Frères arabes de Palestine, nos armées libéreront en quelques jours le territoire sacré profané par les bandes criminelles de kouffar ! Afin que les Juifs mille fois maudits par Allah ne se vengent pas sur vous avant leur anéantissement total, nous vous demandons de venir et de devenir nos hôtes. » En fait, il existe des dizaines de témoignages arabes sur le sujet. Ainsi, Nimr al-Hawari, l'ancien commandant de l'organisation militaire palestinienne Nedjada, a écrit dans son livre Sirr al Nakhaza. Les secrets du désastre, paru en 1955 : « Les chefs

LE KLING DU MOIS

brandirent leurs sabres, prononcèrent des discours enflammés et rédigèrent des articles retentissants. Nous fracasserons le pays à coups de canon, tonna le Premier ministre d'Irak, nous détruirons tout endroit où les Juifs chercheront un abri. Les Arabes sont appelés à conduire leurs femmes et leurs enfants dans des régions plus sûres, en attendant que les combats se soient apaisés. » Tu trouveras aussi ceci : « Du jour au lendemain, tout changea. Les gouvernements arabes nous dirent : “Sortez pour que nous puissions entrer.” Nous sommes sortis mais eux ne sont jamais entrés. » (Parmi les témoignages de réfugiés recueillis par le quotidien arabe Al-Difa, 6 septembre 1954) Je ne dis pas que les 600 000 réfugiés arabes de 1948 sont tous partis à cause des incitations au départ de leurs dirigeants. Beaucoup, comme à Safed, sont partis pour se protéger des combats menés par la Haganah, l'Irgoun ou, plus tard, Tsahal, comme il arrive dans pratiquement toutes les guerres. Dans certains points stratégiques, les Israéliens ont dû aussi en pousser quelques-uns à partir. Mais de là à dire qu'il n'y a aucune trace d'appel à l'évacuation, c'est pousser le bouchon irlandais un peu loin, non ? Il y a bien eu, à la même époque, 600 000 réfugiés forcés, eux, de quitter leurs terres natales sans pouvoir emporter quoi que ce soit avec eux : ce sont les réfugiés juifs expulsés des pays arabes – mais ceux-là n'ont jamais intéressé personne…  Une vraie militante doit savoir prendre des risques pour la bonne cause, sinon ça fait un peu militante de salon. Tu serais bien plus utile à la cause ici, au lieu d'écrire des articles bien au chaud depuis ton appart marseillais… Regarde Viviane Silver, par exemple : ça c'est du militantisme ! Elle allait régulièrement chercher des enfants gazaouis pour les amener elle-même en voiture dans les hôpitaux du pays de l'apartheid afin qu'ils y reçoivent les meilleurs soins possible. C'est d'ailleurs ainsi que les Gazaouis ont pu savoir avec exactitude où se trouvait sa maison au kibboutz impérialiste de Be'eri où ils l’ont froidement assassinée. C'est ce que j'appelle avoir le courage de ses opinions. Et si tu n'as pas le courage d'aider les Palestiniens là où ils ont vraiment besoin de ton aide, tu pourrais au moins rendre à l'État suprémaciste les 15 000 shekels et les autres aides qu'il t'a donnés, dont tu parles dans ton article. Prends exemple sur les vrais Juifs antisionistes, les Netourei Karta, qui refusent l'aide de l'État honni. Mieux : tu pourrais en faire don aux orphelins gazaouis de l'assassin de Viviane, qui a semble-t-il été sauvagement assassiné par l'armée génocidaire d'Israël.

Je n'arrive pas vraiment à savoir, en te lisant, si toi aussi, comme le scandent tes amis de lutte, tu prônes

Horaires de chabbat

Chabbat BaMidbar – Roch 'hodech

7 juin 2024-1er Sivan 5784

Jérusalem 19h02 20h26

Tel Aviv 19h23 20h29

Netanya 19h23 20h29

Chavouot

12 juin 2024-6 Sivan 5784

Jérusalem 19h04 20h28

Tel Aviv 19h25 20h30

Netanya 19h25 20h31

Chabbat Nasso 14 juin 2024-8 Sivan 5784

Jérusalem 19h05 20h29

Tel Aviv 19h26 20h32

Netanya 19h26 20h32

Chabbat BeHaalotekha

21 juin 2024-15 Sivan 5784

Jérusalem 19h07 20h31

Tel Aviv 19h28 20h34

Netanya 19h28 20h34

Chabbat Chla'h

28 juin 2024-22 Sivan 5784

Jérusalem 19h08 20h31

Tel Aviv 19h29 20h34

Netanya 19h29 20h35

« Je ne parle pas parce que j’ai la force de parler ; je parle parce que je n’ai pas la force de garder le silence. »

Rav Avraham Itzhak Hacohen Kook

l'établissement d'un second État palestinien « du fleuve à la mer » (après celui créé en 1923 par la puissance mandataire britannique sur les deux tiers de la Palestine et que les Arabes ont intelligemment nommé Jordanie au lieu de Palestine orientale). En tout cas, j'ai parcouru un peu le site de l'organe dans lequel tu publies et il est beaucoup plus clair : il s'agit bien de l'éradication de l'État colonial juif (pas grave, au pire je viendrai habiter chez toi, tu me dois bien ça).

Si, donc, tu partages cette opinion un tantinet radicale, je dois avouer que cela m'inquiète un peu. Imagine, à Dieu ne plaise, que tes amis de La France Insoumise ou du BDS te rappellent un jour que, finalement, malgré tous tes louables efforts pour te désolidariser de nous, tu n'es au fond qu'une petite Juive qui, de surcroît, a obtenu un jour la nationalité israélienne et qui a même, de son propre aveu, passé un chabbat dans la 'Hevron occupée, où tu as offert des bonbons aux soldats judéo-nazis. Où iras-tu trouver refuge, si Israël n'existe plus ? (Par contre, si Israël existe encore, ne t'inquiète pas, on t'accueillera à bras ouverts. On est comme ça, nous, les colonialistes suprémacistes : on n'est pas rancuniers.)

En te souhaitant, chère A., de comprendre un jour qu'être objectif ne consiste pas obligatoirement à adopter la subjectivité de l'autre, je te souhaite une excellente journée. n

UNE ANNÉE AVEC LA CABALE

Secrets du Temps

Les cinq conditions au Don de la Torah

Le Don de la Torah ne fut réalisable qu’à un moment très particulier : Dieu « descendit » et Moïse « monta » sur la montagne. La rencontre put s’effectuer, don et réception devinrent possibles. Plusieurs conditions durent être réunies pour que le Matan Torah ait lieu. La première fut précisément l’abrogation du décret divin de séparation des mondes inférieur et supérieur – décret en vigueur depuis la Création. Une deuxième condition était indispensable pour recevoir la Torah : que la matière devienne un réceptacle à la sainteté pour que celle-ci s’y imprime et y demeure. Jusque-là, la matière avait été réfractaire à l’absorption de la Lumière divine. Il est dit que nos Patriarches – Abraham, Isaac et Jacob – connaissaient et accomplissaient déjà toutes les mitzvot, bien avant le don de la Torah. Cependant, celles-ci se comportaient comme des effluves. Elles ne pénétraient pas la réalité, ne la modifiaient pas, et l’âme divine n’était pas tenue au corps. Depuis, l’Essence divine est enfouie dans la matière. C’est ce qu’il faut retenir : Dieu est la matière du monde. Pour la pensée juive, nous participons d’un monde-Dieu.

Une autre condition fut nécessaire : les corps devaient être capables de recevoir une âme divine. Ce sont les corps des Juifs qui ont été choisis

Pardès – le Verger – ce sont les quatre niveaux d’étude de la Torah. Ariela Chetboun met par écrit l’enseignement oral reçu de ses maîtres en Kabbala et 'Hassidout. Que cet éclairage vienne דייסב compléter ce que nous savions jusqu'ici.

par le Créateur – pourquoi ?

Parce que nous les avions endurcis en esclavage au maître de l’Égypte. Notre dure servitude fut la réparation de la faute de la génération qui avait construit la tour de Babel pour se liguer contre Dieu : ces esclaves hébreux étaient les réincarnations des hommes qui avaient construit la tour de Babel, eux-mêmes âmes réincarnées des Géants, fils de Caïn. Nous avons construit les monuments de Pharaon avec des briques que nous devions, à la fin, fabriquer de nos propres mains. Des briques pour la tour de Babel, des briques pour les villes de Pharaon. Elles représentent l’effort et l’abnégation dans l’étude de la Torah. Lors du Matan Torah, avec notre âme divine, nous avons reçu la capacité d’étudier la Torah et de la comprendre dans toutes ses dimensions, voilée et révélée. Voici donc la quatrième condition : assumer Naassé véNichma. Nous ferons et, plus tard, il nous sera donné de comprendre, avec tout l’espoir et la foi que contient cet engagement. Nous avons accepté de prendre sur nous le fardeau de la garde de la Torah et de l’accomplissement des mitzvot, avant d’être en mesure d’en comprendre les tenants et les aboutissants. La promesse du nichma, c’est celle d’une compréhension totale des

mystères de ce monde. En ces temps prémessianiques, entre l’Exil (qui est le faire, le naassé) et la Gueoula (la délivrance messianique, lorsque nous sera enfin dévoilé tout le nichma), nous recevons une Torah nouvelle, un entendement nouveau.

La dernière condition fut l’unité du peuple. Au Matan Torah, nous fûmes « comme un seul homme dans un seul cœur ». Qu’allonsnous recevoir si nous parvenons un jour à l’unité dans le peuple, avec la Torah, mais cette fois sur notre Terre ? n

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Extrait de Une année avec la Cabale. Secrets du Temps et des Fêtes juives

Quiche au poireaux

PRÉPARATION

l Préchauffez votre four à 180 °C. Étalez la pâte brisée dans un moule à tarte et piquez-la avec une fourchette. Enfournez 10 minutes pour la précuire.

l Coupez le vert des poireaux et jetez les feuilles abîmées. Lavez-les soigneusement pour bien éliminer la terre. Coupez-les en rondelles et faites-les cuire à la vapeur pendant 10 minutes. Égouttez.

l Dans un bol, battez vigoureusement les œufs et la crème. Salez et poivrez, et ajoutez une pincée de noix muscade ou de cumin.

l Étalez les poireaux sur le fond de tarte. Parsemez de fromage râpé. Recouvrez avec la crème aux œufs. Enfournez et faites cuire 35 à 45 minutes.

l Servez tiède avec une salade verte.

l Vous pouvez ajouter une bûche de fromage de chèvre émietté ou du fromage frais aux fines herbes sur le fond de tarte. Bon appétit !

INGRÉDIENTS

Pour 8 personnes

• 1 pâte brisée

• 3 poireaux (ou 400 g de poireaux cuits)

• 20 cl de crème fraîche

• 3 œufs

• 50 g de fromage râpé

• sel et poivre

Mots casés

Solutions des jeux page 54

Trouve les 10 différences

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Une erreur s'est glissée dans le dossier consacré à Theodor Herzl dans le précédent numéro d'AJ MAG : il a été inhumé à Jérusalem en août 1949 et non en 1967.

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Solutions des mots casés de la page 51

Rachel et Esther se rencontrent à l’improviste, après des années.

– J’ai appris que ton fils s’est marié, mazal tov ! dit Esther

– Oïe, ne m’en parle pas ! C’est une vraie catastrophe !

Sa femme est une paresseuse. Mon fils doit lui apporter le petit déjeuner au lit et elle ne sait même pas cuisiner !

Quant au ménage, inutile de te faire un dessin…

Esther compatit :

– Oh là là, ma pauvre ! Et dis-moi, ta fille, la benjamine, elle est mariée ?

– Ah, ma fille, elle est vraiment bien tombée ! Son mari est une crème. Il lui apporte le petit déjeuner au lit, il prépare à manger, il fait le ménage… Une vraie perle ! Grâce à Dieu, elle peut se reposer et s’occuper un peu d’elle.

Un commercant, qui voyage beaucoup, rentre chez lui après un voyage d’affaires. Sa femme lui montre un splendide vase en lui demandant son avis :

– Magnifique ! lui répond son mari.

Une autre fois, elle lui montre une splendide couverture :

– Qu’est ce que tu en penses ? Elle est belle, non ?

– Oui, et quelle finesse, quelles couleurs !… Un vrai travail de maître !

La troisième fois, le commercant rentre plus tôt que prévu et trouve un homme dans son propre lit. Menaçant, il s’approche de sa femme :

– C’est lui, le vase ?

– Oui, avoue-t-elle, tremblante de peur, c’est lui.

– Et la couverture ?

– Oui, c’est lui aussi, dit-elle dans un sanglot. Le commerçant la fixe longuement et lui dit :

– Couvre-le bien, surtout, qu’il ne prenne pas froid.

Solutions du jeux « Trouve les 10 différences » de la page 51

BLAGUES À PART

l’élue de son cœur. Ayant l’embarras du choix, il trouve la femme de sa vie. La date du mariage est fixée et le grand jour arrive. Moshé, pomponné et sur son 31, sort de chez lui pour se rendre à la synagogue où sera célébrée l’union sacrée. Soudain, une voiture débouche et Moshé se fait écraser. Arrivé au Gan Éden, il demande à Dieu :

– Mon Dieu, pourquoi me faire ça à moi, et le jour de mon mariage, en plus ?! J’étais beau comme un prince, j’allais épouser une déesse et être enfin heureux ! Dieu le regarde, intrigué, le détaille de haut en bas et part d’un grand rire :

Un père juif appelle son fils :

– Daviiiiiiid, viens me voir, mon fils, s’il te plaît. David arrive, un peu à contrecœur. Et son père de lui dire, avec une pointe d’agacement dans la voix :

– David, tu as voulu faire Harvard, je t’ai payé Harvard. Tu as voulu faire Polytechnique et l’ENA, je t’ai payé Polytechnique et l’ENA. Ensuite, tu as voulu aller étudier à Oxford, je t’ai payé Oxford… Mais maintenant, il faut que tu choisisses : confection pour homme ou pour femme ?

Moshé a un physique ingrat, il n’est vraiment pas gâté par la nature. Il décide d’avoir recours à la chirurgie esthétique. Pendant plusieurs mois, il subit de nombreuses opérations, et lorsqu’il sort enfin de la clinique il est méconnaissable : le crapaud s’est transformé en prince charmant !

– Comment ?! Moshé ?! C’est toi ?! Je ne t’avais pas reconnu, dis donc !

Benny est psychanalyste. En sortant de son cabinet après une journée bien remplie, il prend le métro pour rentrer chez lui. Assis devant lui, un vieil homme est en train de se parler à lui-même et de rire tout haut. De temps à autre, le vieux lève la main, arrête de parler puis recommence. Intrigué, Benny l’interrompt :

– Pardon, désolé de vous importuner, mais avez-vous besoin d’aide ?

– Non, merci. J’ai l’habitude de me raconter des blagues quand je voyage, pour me tenir éveillé.

– Mais pourquoi levez-vous sans cesse la main ?

– Oh, ça ? C’est pour m’arrêter quand je la connais déjà !

Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour. Avec l'aimable autorisation de la famille.

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