AJ MAG - 4 Avril 2024

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Jeudi 4 avril 2024

25 Adar 2 5784

Nº 1008 | Mensuel

DOSSIER ÉVITERONS-NOUS LE POST-TRAUMA ?

INTERVIEW

DAN ILLOUZ, DÉPUTÉ, FAIT LE POINT

SUR LA SITUATION

BOUILLON DE CULTURE

ALBERT COHEN REVISITE

LES 10 COMMANDEMENTS

JOANN SFAR - SON NOUVEAU

LIVRE : NOUS VIVRONS

HISTOIRE

ALYA DES PAYS

ARABES : UN DÉPART

SANS RETOUR

ALAIN FINKIELKRAUT :

« ISRAËL EST UN MIRACLE »

Dans l'attente de l'aube

ל''כנמ

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EN COUVERTURE : © F. Mantovani Editions Gallimard

édito

Chers fidèles lecteurs, dans trois semaines, si Dieu le veut, nous serons assis à la table de Pessa'h. Dans la période que nous traversons, il nous semble à tous difficile de nous projeter aussi loin.

J’aimerais imaginer que cette fête résonnera avec la délivrance de nos otages vers lesquels nos pensées sont sans cesse tournées, avec impuissance et peine.

J’aimerais imaginer que cette fête sonnera le glas de ceux qui ont tenté de nous anéantir, et que le monde, enfin, comprendra la raison d’être d’une nation qui aimerait tant capter son attention pour d’autres raisons que celles si injustement invoquées.

J’aimerais imaginer que les soldats d’Israël pourront fêter Pessa'h avec leur famille, sans être parasités par des souvenirs encombrants et des traumatismes (sujet auquel notre dossier est consacré).

Cela demande de faire preuve de beaucoup d’imagination, alors que tout semble enlisé sous les peurs, les alliances et mésalliances politiques et transatlantiques. Rien n’a jamais été aussi peu clair et, comme le dit Alain Finkielkraut qui nous a fait l’amitié de nous accorder un entretien : « Je ne saurais pas dire ce que l’avenir nous réserve. »

D’où mon envie de partager avec vous un enseignement oral de Manitou qui démontre que l’espoir n’a jamais été aussi présent qu’en ces temps sombres.

Manitou attire notre attention sur un verset du livre de Chemot dans lequel Moïse semble presque apostropher le Créateur, sur la raison des malheurs que le peuple juif endure en Égypte : « Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple ? », demande Moïse. Plus loin, il s’insurge de l’intensification des peines infligées au peuple depuis son intervention auprès du Pharaon. Car finalement, depuis que Moïse « le libérateur » est apparu sur la scène, tout va encore plus mal et aucune libération ne semble poindre à l’horizon, bien au contraire. Manitou explique alors qu’au moment de la délivrance, tout se passe comme s’il y avait une accélération de ce que l’exil représente, qui jusque-là semblait plus « dilué ». Et le rav Léon Ashkenazi de rappeler l’enseignement de Juda Halévi dans Le Kouzari, qui souligne que c’est au moment de la délivrance que les douleurs de l’enfantement se font les plus fortes – une image fidèle à notre tradition qui désigne la fin de l’exil comme les « douleurs de l’enfantements » (« 'hévlei léda », également appelés « 'hévlei Machia'h »). Il semblerait qu’il y ait une intensification de l’asservissement de l’exil (chiaboud) précisément au moment où va arriver la délivrance – ce que Manitou résume en citant la célèbre phrase de Fleg : « Toute nuit noire est une aube qui vient ! » Des mots qui résonnent étrangement avec notre actualité et qui nous donnent l’espoir de croire que bientôt, l’aube arrivera. n Pessa'h cacher veSamea'h

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sommaire N° 1008

6 À L'AFFICHE

Alain Finkielkraut : « Rien ne pourra se faire sans l’élimination politique et militaire du Hamas »

10 CARTES SUR TABLE

Wonder Women

26 DÉCOUVERTE D'ISRAËL

Migdal David, la Tour de David

28 SANTÉ

Gluten/sans gluten : comment s’y retrouver ?

30 INTERVIEW

Dan Illouz, député : « La guerre contre le Hamas est existentielle pour Israël »

32 NEWS À LA LOUPE

Les Sifrei Torah nés du pogrom de Sim'hat Torah

LEADERSHIP

Réactivité ET proactivité

35 ATOUT CŒUR

Comment bien se préparer à une rencontre en vue d’un mariage ?

36 BOUILLON DE CULTURE

• Albert Cohen : l’envie d’aimer

• Pascin et le rire de Joann Sfar

11-25

DOSSIER ÉVITERONS-NOUS LE POST-TRAUMA ?

l UN PAYS POST-TRAUMATISÉ

l HEART2HEART : RÉPARER DE CŒUR À CŒUR

l À PROPOS DU POST-TRAUMATISME PROFESSEUR MOOLI LAHAD

l COMMENT METTRE LES SURVIVANTES DU 7 OCTOBRE SUR LE CHEMIN DE LA RÉSILIENCE ?

l LA PRISE EN CHARGE DES CIVILS POST-TRAUMATISÉS APRÈS LE 7 OCTOBRE

44 HISTOIRE

Un départ sans retour

ET AUSSI...

Au nom de la loi (46), Le Kling du mois (48), Une année avec la Cabale (49), Recette (50), Jeux (51), Immobilier (53)

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Alain Finkielkraut :

Les 15 et 17 avril, à l'invitation de l’Institut Français d’Israël, Alain Finkielkraut donnera deux conférences à Tel Aviv et Haïfa autour de son dernier livre, Pêcheur de perles, paru récemment aux éditions Gallimard. L’occasion pour le philosophe, écrivain et essayiste français, de s’exprimer autour de son œuvre et de ses engagements. Avant son arrivée en Israël, nous avons souhaité l’interviewer.

AJ MAG : Quinze citations, de Tocqueville à Paul McCartney, pour – vous le dites en préambule –« penser à nouveaux frais l’expérience de l’amour, la mort, les avatars de la civilité, le destin de l’Europe, la fragilité de l’humour, le monde comme il va et surtout comme il ne va pas ». Pourquoi ce livre, maintenant ?

Alain Finkielkraut : J’ai un jour relu consciencieusement les citations que j’accumule depuis plusieurs décennies dans des petits carnets, et l’idée m’est venue de prélever celles qui me donnaient le plus à penser. J’ai essayé d’écrire un livre rhapsodique dans leur sillage, ce qui me délivrait de l’obligation de soutenir une thèse, de bâtir une démonstration. C’est la raison qui m’a poussé à choisir pour cet

Rien ne pourra se faire sans l’élimination politique et militaire du Hamas

essai une forme inédite. Les sujets évoqués me semblaient dignes d’être traités sous l’autorité de ces textes.

Aimeriez-vous, dans un avenir que l’on espère le plus lointain possible, faire partie de ces auteurs dont les citations leur survivent et sont reprises ? Oui, bien sûr. J’aime lire en levant la tête, c’est-à-dire que j’aime être arrêté par des phrases. Lorsque dans un livre, qu’il s’agisse d’un ouvrage de philosophie, d’un recueil de poésie ou d’un roman, je suis arrêté par une phrase, qu’elle a un effet foudroyant sur moi, qu’elle me semble absolument parfaite, je la note dans un carnet. Alors si ce peut être le destin de quelques-unes de mes phrases dans les carnets des autres, j’en serais ravi. Je n’écris pas pour cela, mais j’écris en essayant toujours de soigner la forme, en méditant la leçon de Flaubert pour qui la phrase la plus harmonieuse était aussi la plus juste. C’est ce que j’essaie de faire à sa suite, sans bien entendu vouloir me confondre avec lui.

Quand on est arrivé à ce niveau de talent et de reconnaissance qui est le vôtre, ressent-on une charge, une responsabilité qui pèse sur l’écriture ? Je ne pense pas en ces termes. Chaque nouveau livre, chaque nouvelle ligne que j’écris, sont pour moi les premiers. Je n’estime pas avoir une responsabilité particulière. Je suis simplement soucieux de continuer, en me demandant évidemment si j’ai

6 AJ MAG N° 1008
RECUEILLIS
À L'AFFICHE

encore quelque chose à dire. Cet essai est une sorte de bilan, je n’irais pas jusqu’à dire un testament, mais j’y aborde des thèmes que j’ai déjà évoqués, d’autres pour la première fois, qui résument, si j’ose dire, mon actuelle vision du monde.

Parmi les auteurs des quinze citations que vous avez choisies figure Paul McCartney, pour son célèbre « I believe in yesterday ». Clin d’œil ou véritable inspiration ?

C’était un peu malicieux de ma part, c’est vrai, mais il se trouve que je suis depuis longtemps un admirateur de Paul McCartney. J’aimais mieux les Beatles que les Rolling Stones ; et chez les Beatles, mon choix se portait sur Paul McCartney car ses mélodies me semblent parfaites et je suis envoûté par sa voix. Je suis assez vieux pour avoir été le contemporain de la sortie de l’album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, qui a eu un effet extraordinaire en 1967. Lorsque, à ma grande tristesse, le groupe s’est séparé, je suis resté fidèle à McCartney pendant sa période solo, même s’il subissait les quolibets de certains partisans du rock qui le trouvaient trop « sucré » à leur goût. lll

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© F.
Mantovani Editions Gallimard

Inclure cet artiste dans mon essai était également une manière de dire que je ne veux pas, du fait de mon éloge de la culture, apparaître comme un homme insensible au plaisir de la chanson.

Vous savez que la tradition juive est fondée sur les paroles de Sages qui, de génération en génération, sont commentées et inspirent. Laquelle des trois citations suivantes vous parle le plus ?

« J'ai toujours peur d'être plus intelligent que juste [tzadik]. » – Rabbi Pin'has de Koretz

« Un homme vraiment riche est celui dont ses enfants courent dans ses bras quand ses mains sont vides. » – Rabbi Yé'hiel de Zlotchov

« Ceux qui s'expriment ne possèdent pas toujours la capacité d'agir, tandis que ceux capables d'agir ne s'expriment pas nécessairement. » – Rav Israël Salanter

Peut-être la dernière. Je sais qu’il peut en effet y avoir un fossé entre l’action et le discours. On peut parfois être tenté de se payer de mots, alors que d’autres urgences s’imposent.

Cela m’amène à vous parler d’Israël. Les Israéliens, dont je fais partie, ont parfois l’impression d’être immergés dans l’absurde. Dernier exemple en date qui m’a frappée : la Grande-Bretagne a fait savoir qu’elle arrêterait ses livraisons d’armes à Israël si la Croix-Rouge ou d’autres ONG se voyaient toujours interdire les visites aux terroristes de la No'hba emprisonnés en Israël. Ceci alors que la même Croix-Rouge n’a jamais réussi à nous donner des preuves de vie de nos otages ! Comment trouver encore un peu de cohérence en ces temps si perturbés ?

Je ne me sens pas du tout habilité à prodiguer des conseils. D’ailleurs je vais en Israël aussi pour écouter, pour comprendre ce qui se passe, pour savoir où en est la société israélienne, pour savoir ce qui l’unit mais également ce qui la divise. Je suis évidemment ulcéré par les condamnations dont Israël fait l’objet de la part de certaines instances internationales, que ce soit l’Union européenne ou l’ONU. Je suis indigné par l’accusation de génocide portée contre Israël, qui consiste en fait à identifier les Juifs d’aujourd’hui aux nazis d’hier, avec une sorte de joie mauvaise. Tout cela est terrible et je veux d’abord dire aux Israéliens ma solidarité. Cette guerre à Gaza était nécessaire. On ne pouvait laisser sans réponse le gigantesque pogrom du 7 octobre. Rien ne pourra se faire sans l’élimination politique et militaire du Hamas. D’un

autre côté, quand j’entends de certains ministres israéliens qu’il faut chasser les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, je suis atterré. Je suis concerné et compromis par tout ce que fait Israël et je m’efforce donc de tenir les deux bouts de la chaîne, c’està-dire de défendre Israël contre les accusations monstrueuses dont ce petit État fait l’objet et, d’un autre côté, de ne rien céder aux extrémistes qui peuvent aussi mener Israël à sa perte.

Désormais, comme vous l’avez souligné, les mots et les concepts sont complètement dévoyés. Comment se raccrocher au monde de la pensée, de la philosophie, alors que nous vivons aux côtés de barbares ?

Il y a encore de la place pour la discussion et la réflexion, pourvu que celles-ci soient menées honnêtement. L’intégrité s’impose, la modestie aussi, c’est-à-dire l’étude des faits. Il faut même,

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À L'AFFICHE lll
Alain Finkielkraut se dit « envoûté par la voix de Paul McCartney » que l'on voit ici lors de son concert à Tel Aviv en septembre 2008 © FLASH90

À L'AFFICHE

sans trop d’illusions, intervenir dans l’espace public, pour ne pas laisser le champ libre aux démagogues de tout bord. Dans la mesure où il y a encore une conversation civique dans les démocraties, je juge nécessaire d’y participer à mon petit niveau.

On parle bien d’un contexte de « conversation civique dans les démocraties ». Quelle discussion peut-il y avoir avec des gens qui kidnappent des bébés et violent des femmes ?

Je ne m’adresse pas aux gens du Hamas, ni à la Russie de Poutine. Je m’adresse à mes compatriotes et également aux Israéliens, ce sont mes éventuels destinataires. Au Hamas et aux régimes autoritaires, je n’ai rien à dire.

Comment définiriez-vous la nature de votre lien avec Israël ?

Un lien ancien qui me vient de mes parents, survivants de la Shoah, pour lesquels Israël représentait une consolation et un espoir après ce qu’ils avaient traversé. J'avais de la famille en Israël et j'ai fait mon premier voyage en Israël en 1960, à l’âge de 11 ans, en bateau : à l’aller, le Theodor Herzl de Marseille vers Haïfa, et au retour le Jérusalem Depuis, j’y suis retourné très fréquemment.

C’est donc un attachement, et aussi une forme d’admiration. Israël est un miracle. Je ne voudrais pas que certains abîment ce miracle. Pour moi, une situation irréversible – la colonisation – qui vouerait les Israéliens et les Palestiniens à une promiscuité susceptible d’être fatale pour les deux peuples, alors même que la séparation s’impose, est une folie.

Pensez-vous qu’Israël est en danger ?

Oui, bien sûr. Mais je crois également que ceux qui veulent réinstaller une domination juive à Gaza sont dangereux pour Israël. Il y a un danger extérieur évident : le Hamas et l’Iran veulent détruire Israël. Mais il ne faut pas mésestimer le danger intérieur.

Quelle est la place des Juifs de la Diaspora pour soutenir Israël ?

Nous sommes embarqués. L’antisémitisme a explosé depuis le 7 octobre, il risque d’augmenter encore si la guerre se poursuit. Nous ne sommes pas tout à fait au front mais ce qui arrive en Israël et par Israël nous arrive aussi.

Le bien va-t-il réussir à triompher ou l’humanité entre-t-elle dans un long hiver ? Difficile de répondre. Je prends les choses au jour le

À PROPOS DE L'AUTEUR

Alain Finkielkraut est le fils unique de parents juifs polonais ; son père a été déporté à Auschwitz. Il est philosophe et écrivain, auteur de nombreux essais, parmi lesquels Le Juif imaginaire (1980), La sagesse de l’amour (1984), La défaite de la pensée (1987), L’humanité perdue (1996), Un cœur intelligent (2009), L’identité malheureuse (2013). Alain Finkielkraut présente sur France Culture une émission radiophonique hebdomadaire d’entretiens, Répliques, et jusqu’en juin 2006 il a présenté l’émission Qui vive sur RCJ, la radio de la communauté juive. Il a également été membre fondateur, avec Benny Lévy et Bernard-Henri Lévy, de l’Institut d’Études Lévinassiennes à Jérusalem en 2000. Il a été nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1994 et élu à l’Académie française en 2014.

jour. L’islamisme est en position de combat. À travers Israël, c'est également l’Occident qui est visé. Je m’efforce de le faire comprendre à mes compatriotes. Je ne saurais pas dire ce que l’avenir nous réserve.

On vous dit plutôt pessimiste. Est-ce que l’espoir fait aussi partie de vos outils pour continuer d’avancer ? Bernanos a dit que les optimistes sont des imbéciles heureux, les pessimistes des imbéciles malheureux. J’essaie de n’être ni l’un ni l’autre. n

INFOS PRATIQUES

Lundi 15 avril 2024, 19h30

Centre Neve Shekhter - 42 rehov Aharon Chelouche - Tel Aviv

Mercredi 17 avril 2024, 19h

Musée national maritime de Haïfa

198 Derekh Allenby - Haïfa

Réservation : 03-796-8000

ou https://bit.ly/3IQ2SeS

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Wonder Women

Les fêtes de Pourim et de Pessa'h sont assurément féministes, à juste titre. Pour Pourim, c'est évident : la reine Esther a tout simplement sauvé la vie du peuple juif grâce à son intervention auprès du roi Assuérus afin de contrecarrer les plans de l'ignoble Haman. Pour Pessa'h, c'est moins évident – et pourtant. Suite au terrible décret du Pharaon ordonnant que les nouveau-nés garçons du peuple juif soient exterminés, le leader du peuple, Amram (futur père de Moïse), prit la décision de prescrire au peuple juif d'arrêter totalement de procréer. Mais sa fille Myriam lui dit que sa décision était pire que celle de Pharaon, car le leader égyptien ne condamnait que les garçons alors que lui condamnait aussi les filles. La suite est connue : Amram revint sur sa décision et sa femme Yokhéved mit au monde Moïse notre maître qui libéra le peuple juif de l'esclavage.

Esther et Myriam sont des héroïnes. Leurs interventions directes, qui ont provoqué les miracles rédempteurs de Pourim et Pessa'h, sont à l’origine du fait que les femmes sont aujourd'hui tenues de pratiquer les commandements positifs de ces fêtes, alors que d'habitude les femmes sont exemptées des commandements positifs que l'on doit observer à des

moments précis (pour leur permettre d'avoir plus de temps à consacrer à d'autres missions, comme l'éducation des enfants).

La guerre actuelle met une nouvelle fois en avant des héroïnes : soldates, médecins, psychologues, bénévoles, femmes dont les maris sont en milouïm pendant plus de 150 jours… Toutes s’illustrent par leurs personnalités extraordinaires et l'Histoire se souviendra d'elles. L'Histoire se souviendra de cette guerre comme de la guerre des femmes juives. L'Histoire se souviendra comment des milliers et des milliers de femmes sont intervenues à tous les niveaux afin que nous vainquions. Les livres d'histoire l’enseigneront et les générations futures, reconnaissantes, remercieront nos mères, nos femmes, nos sœurs et nos filles. Merci, Mesdames. n

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Éviterons-nous le post-trauma ?

Selon une nouvelle étude scientifique non encore publiée, 520 000 Israéliens, soit 5,3 % de la population israélienne, risquent de développer un trouble de stress post-traumatique (TSPT) à la suite du 7 octobre. Nous sommes tous concernés : fils, ami, père, cousin, frère, nous connaissons tous, directement ou indirectement, ces héros qui sont partis au combat. Même si le sujet est difficile, plus tôt nous nous en occuperons, mieux nous nous en sortirons. Pas d’autre choix, donc, que de prendre le taureau par les cornes pour savoir reconnaître les traumatismes d’une guerre d’une rare violence, et aider ceux qui en souffrent à les reconnaître.

DOSSIER RÉALISÉ PAR NATHALIE SOSNA-OFIR

Un pays post-traumatisé

En raison de son histoire et de sa situation géopolitique, Israël est un pays où le post-traumatisme est une réalité omniprésente, depuis la guerre d'indépendance en 1948 jusqu’aux guerres et aux conflits armés contre ses voisins arabes, en passant par les intifadas et les attaques terroristes.

Et ce qui se passe depuis le 7 octobre laisse augurer d’une vague sans précédent de post-traumatisés, aussi bien parmi les civils que chez les militaires.

Plus d'un demimillion d'Israéliens ont un risque élevé de développer un trouble de stress post-traumatique (TSPT) à la suite du 7 octobre. Parmi l'ensemble des citoyens directement exposés au terrorisme ce samedi-là, un sur trois devrait développer un TSPT, soit plus de 12 000 personnes. Ils sont plus de 100 000, soit 10 %, parmi les résidents vivant dans un rayon de 40 kilomètres de la frontière avec Gaza, et 300 000, soit 6 %, parmi ceux qui vivent dans un rayon de 80 kilomètres de la frontière. Au sein des soldats engagés dans la guerre, 11 000 sont susceptibles de développer un trouble de stress posttraumatique, soit 8 %. 3000 ont déjà nécessité un soutien psychologique – un nombre qui devrait augmenter au fur et à mesure que durera la guerre, et au moment du retour des soldats réservistes chez eux.

Les soldats de Tsahal souffrant de TSPT, tout comme les victimes du terrorisme, doivent se faire reconnaître par le ministère de la Défense qui, après des évaluations médicales, leur attribuera un pourcentage d'invalidité. Mais le processus est trop long et trop compliqué, dénoncent certains.

« Les désaccords portent surtout sur le pourcentage d'invalidité que le ministère leur accorde et qui

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TSPT : définition

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est caractérisé par des symptômes psychiatriques qui surviennent après un événement traumatisant. Ils se traduisent par une souffrance morale et des complications physiques qui altèrent profondément la vie personnelle, sociale et professionnelle.

Face à un même événement, le risque de développer de tels troubles dépend de facteurs préexistants propres à chaque patient et du contexte dans lequel les suites de l’événement se déroulent.

Ces troubles psychiatriques surviennent chez des enfants ou des adultes qui ont été exposés à un événement marquant, comme une menace de mort imminente, de graves bles sures ou une atteinte à l’intégrité physique, dont

détermine le montant de la rente mensuelle, les avantages ainsi que les traitements auxquels ils auront droit », confie un haut responsable de l'Union des invalides de Tsahal (qui souhaite conserver l’anonymat), une organisation qui a pour mission d'aider les soldats dans leur processus de reconnaissance par le ministère de la Défense. Il estime que la prise en charge est correcte et se félicite de la réforme « Néfech A'hat » (« une seule âme ») du ministère de la Défense, dont l’objectif est d’améliorer significativement le traitement et la réhabilitation des blessés de Tsahal, en mettant l'accent sur une réponse immédiate aux personnes souffrant de TSPT et à leurs familles. Cette réforme a été lancée en avril 2021 après qu’un ex-combattant, Itzik Saidyan, avait tenté de se suicider en s’immolant par le feu pour appeler au devoir moral envers les soldats et les membres des forces de sécurité blessés.

Toutefois, le haut responsable de l’Union des invalides de Tsahal estime qu'il demeure trois problèmes à résoudre : s’assurer qu’au sein des commissions qui examinent l’état des post-traumatisés siègent des médecins formés au trouble de stress post-traumatique, faire en sorte que le système assure un suivi des soldats reconnus comme souffrant de TSPT et, surtout, que la prise en charge des combattants qui viennent demander une reconnaissance soit plus rapide, afin d’éviter que leur état ne se détériore. lll

ils ont été victimes ou témoins. Des symptômes de TSPT peuvent également survenir après l’annonce d’une mort violente ou inattendue, ou d’un événement grave touchant un proche.

Aussi, les individus souffrant de TSPT peuvent être tout autant des personnes qui ont participé à des combats militaires, été victimes d’une agression physique/sexuelle, d’une catastrophe naturelle ou d’une prise d’otage, que des professionnels qui sont intervenus sur des terrains de catastrophes, des parents qui ont perdu un enfant ou encore des témoins d’un accident, d’un attentat ou d’une catastrophe naturelle.

Tous ont pour point commun d’avoir vécu cet événement comme un facteur de stress intense ou d’effroi, face auxquels ils se sont sentis impuissants.

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DOSSIER

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C’est, nous explique-t-il, la raison pour laquelle, pour la première fois, l’Union des invalides de Tsahal a ouvert, pour les soldats engagés dans la guerre depuis le 7 octobre, des lieux de prise en charge où, en attendant d'être reconnus, ils peuvent, lorsqu’ils se sentent traumatisés, venir recevoir les premiers soins destinés à les aider à surmonter leur situation. Le ministère de la Défense essaie également de trouver les moyens de répondre plus rapidement à ces soldats psychiquement blessés et de pallier les longues procédures, et il cherche des technologies innovantes basées sur l'intelligence artificielle qui pourraient renforcer l'immunité et faciliter les diagnostics dans différentes situations de trouble de stress post-traumatique. Elles devraient permettre aux victimes d'avoir un accès autonome à un traitement 24 heures sur 24 pour prévenir la détérioration de leur santé mentale, leur donner des outils pour interpréter les états émotionnels et cognitifs, apporter un soutien aux familles et de l’aide aux intervenants. « Il y a de fortes chances qu’un soldat ou une victime du terrorisme qui a développé des symptômes de trouble de stress post-traumatique et qui reçoit rapidement le soutien dont il a besoin ne développe pas un syndrome chronique dont le traitement peut durer des années », affirme un responsable de l’Unité de réhabilitation du ministère. Depuis plusieurs années, notamment depuis le geste de désespoir d’Itzik Saidyan, et plus encore depuis le 7 octobre, la société israélienne est davantage sensible au post-traumatisme ; et face à l’augmentation des demandes – 60 % de plus en janvier et février 2024 par rapport à l’année précédente –, le

UN TROUBLE CONNU DEPUIS L’ANTIQUITÉ

Des traumatismes psychiques sont rapportés chez les soldats depuis l’Antiquité. L’intérêt qui leur a été porté s’est ensuite développé par le biais de la médecine militaire, au XVIIe siècle. Mais c’est la violence des grands conflits internationaux du XXe siècle qui a imposé l’approfondissement des connaissances sur les troubles psychotraumatiques. Parallèlement, des troubles similaires dans la société civile ont été rapportés, décrits et étudiés dans la littérature scientifique dès le XIXe siècle. Néanmoins, le concept de trouble de stress post-traumatique (TSPT), ou état de stress post-traumatique, tel qu’on le connaît aujourd’hui, n’a été cliniquement défini qu’en 1980, suite aux ravages de la guerre du Vietnam parmi les vétérans américains.

ministère de la Santé a besoin d’une action urgente. Le ministère a donc élaboré un plan national pour améliorer la prise en charge en santé mentale, un plan qui n'a pas encore été approuvé par le ministère des Finances, qui a sans doute d’autres priorités… Une ineptie, d’autant plus que la guerre n’est pas terminée, que les otages ne sont pas rentrés et que d’importantes incertitudes planent sur le jour d’après – autant de facteurs susceptibles d’aggraver le stress et l'anxiété. n

Les estimations du début de cet article proviennent de la première grande étude depuis le 7 octobre, réalisée par l'Université Hébraïque de Jérusalem, l’Université Columbia et l'hôpital psychiatrique Shalvata, à laquelle ont participé d'éminents psychiatres et plusieurs ONG de santé mentale.

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de l'hôpital en avril 2023.

12 avril 2021. Itzik Saidyan, ancien combattant de Tsahal, s’immole devant les bureaux du Département de réadaptation

pour soldats blessés à Peta'h Tikva. Transporté en état d’urgence absolue à l’hôpital Sheba, il reste dans le coma pendant cinq mois, passe un an dans l’Unité des grands brûlés et subit trente interventions chirurgicales avant d’être transféré en rééducation. « Je voulais qu'ils comprennent qu’ils étaient la cause de mes souffrances et que j'étais prêt à mourir plutôt que de continuer à vivre ce qu’ils me faisaient subir », déclarera-t-il plus tard. En avril 2023, après deux ans de soins, Itzik quitte le centre de rééducation et rentre chez lui, avec encore du chemin à parcourir.

Ancien combattant de la brigade d'infanterie Golani, Itzik a participé en tant que « soldat isolé » aux violents combats à Shejaiya, un quartier de la ville de Gaza, lors de l'opération Bordure Protectrice en 2014.

Démobilisé, le ministère de la Défense le reconnaît en état de stress post-traumatique et le déclare handicapé à 25 %, alors qu'il demande 50 % en raison de son incapacité à

Post-trauma et épigénétique

En 2015, une étude menée par des chercheurs de l’Hôpital Mount Sinai de New York et publiée dans la revue Biological Psychiatry montrait que le traumatisme subi par les survivants de la Shoah pourrait se transmettre génétiquement à leurs enfants. Il s’agissait de la première étude révélant que des traumatismes psychologiques auraient un effet transgénérationnel.

Menée sur 32 sujets ayant tous subi des traumatismes psychologiques durant la Shoah – déportation dans des camps, tortures, enfants cachés… –, cette étude scientifique a conclu que les enfants des survivants ont trois fois plus de risques de développer un trouble de stress post-traumatique si ces derniers ont été exposés à un évé-

travailler pour subvenir à ses besoins. Mais il se heurte au refus répété du ministère qui affirme qu’une partie de son état post-traumatique est due à un traumatisme d'enfance, non lié à son service dans les rangs de Tsahal.

La tentative de suicide d'Itzik Saidyan a ému tout le pays et déclenché une prise de conscience nationale de la souffrance de ces soldats aux blessures invisibles. Il est fréquent que le ministère de la Défense soit accusé de mal prendre en charge les soldats en état de stress post-traumatique, leur imposant de complexes labyrinthes administratifs dont souvent seul un avocat coûteux peut les sortir. Après cette auto-immolation, le ministère a décidé d’accélérer la mise en œuvre des réformes envisagées depuis plusieurs années sous le nom de « Néfech A'hat », « une seule âme ». Cependant, nombreux sont ceux qui estiment que ces réformes ne vont pas assez vite.

nement traumatisant. Selon l’hérédité épigénétique, les enfants développeraient les mêmes anomalies hormonales et neuro-endocriniennes que les survivants eux-mêmes (l’épigénétique est l’étude des changements d’activité des gènes sans faire appel à des mutations de l’ADN mais en se fondant sur l’environnement de la personne).

S’il nous est interdit de comparer la Shoah à quelque autre catastrophe que ce soit, la notion de syndrome post-traumatique semble pourtant s’imposer au regard de l’histoire du peuple juif, victime de persécutions de génération en génération. Alors qu’Israël, depuis sa création, connaît des guerres et des vagues d’attentats terroristes, le 7 octobre ne marquerait-il pas un nouveau tournant dans cette épigénétique du traumatisme ?

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Chanel 12 Avant et après... Pour Itzik Saidyan, plus rien ne sera jamais pareil. Passioné de surf (en médaillon), on le voit lors d'une interview de la chaîne israélienne 12 et ci-contre lors de la conférence de presse donnée avant sa sortie

Heart2Heart : réparer de cœur à cœur

« Je pensais que jamais je n’arriverais à revivre une vie normale, mais depuis que je suis dans le programme Heart2Heart, je sais que je peux. J'apprends à gérer mes symptômes et je me sens de plus en plus moi-même. »

« Avant de rejoindre le programme Heart2Heart, je pensais que j’étais seul. Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas le cas. J’ai autour de moi une communauté de gens qui comprennent ce que je vis et qui sont là pour moi. »

« Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans Heart2Heart. »

Voici quelques-uns des émouvants témoignages d'anciens soldats de Tsahal victimes de troubles de stress post-traumatique (TSPT) qui participent à ce programme dont l’objectif est d’aider les anciens combattants de Tsahal souffrant de troubles de stress post-traumatique à surmonter les difficultés auxquelles ils sont confrontés

participants supplémentaires », rapporte Shmil Atlas, directeur général de Heart2Heart (photo ci-dessous).

Heart2Heart agit sur trois fronts principaux, explique Shmil Atlas. Tout d'abord, la création d’une communauté : « Il faut savoir que pour ceux qui luttent contre les troubles de stress post-traumatique, le sentiment d’être incompris est récurrent.

en juin, avec 24

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© Yaron Eini

24 heures sur 24, 7 jours sur 7, où chaque participant se sent soutenu et compris, où il peut accepter son passé et aspirer à une vie meilleure. »

Le deuxième front est l’approche holistique des besoins de ces anciens combattants, avec une thérapie sur mesure par le yoga, la méditation et des techniques de régulation émotionnelle. « Cette thérapie, basée sur une méthode de traitement unique développée pour aider les soldats de l'armée américaine souffrant de TSPT, a démontré son efficacité. Elle aide les participants à faire face au post-traumatisme grâce à une formation en yoga du corps et de l'esprit. Cette approche aide les vétérans à atténuer leur anxiété, à se détendre, à gérer le stress, et à naviguer à travers les flash-backs pour recentrer leur attention et favoriser une connexion esprit-corps », poursuit Shmil Atlas. Grâce à cette méthode, les participants peuvent entamer un voyage vers un bien-être amélioré, trouver réconfort et force dans leur esprit, leur corps et leur âme. Le troisième front, enfin, est celui de la carrière professionnelle. « L'unité d'emploi du programme est conçue pour aider les anciens combattants à se reconnecter au marché du travail grâce, entre autres, à des conseils professionnels, des opportunités de réseautage et le soutien de mentors, y compris d’anciens combattants de Tsahal en Israël », précise le directeur général de Heart2Heart. Les mentors, principalement basés aux États-Unis, leur offrent un

Haut : séance de travail collective dans les locaux de l'association

Bas : séance de yoga et de méditation

accompagnement individuel et sur mesure, pour les rendre capables de prendre en charge leur propre réintégration professionnelle et les habiliter à développer les compétences nécessaires pour

réussir sur le marché du travail, en leur fournissant des ressources, des outils et un soutien personnalisé afin qu'ils puissent trouver un emploi ou créer leur propre entreprise de manière autonome.

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© Photos : Yaron Eini

Nadav Elbaz : « Les blessures mentales ne disparaissent pas »

En 2007, Nadav Elbaz intègre une unité spéciale de la Brigade des parachutistes, au sein de laquelle il servira pendant plus d'une décennie, jusqu'à sa libération avec le grade de lieutenant-colonel à la fin de l'année 2017. En décembre 2008, quatre mois seulement après son mariage avec Miri, il est mobilisé à Gaza lors de l'opération Plomb Durci. « Nous avons abattu des terroristes, vu des combattants tomber à côté de nous, des amis mourir, comme Dvir que je connaissais depuis l'enfance et qui a été le premier tué lors de l'opération », raconte Nadav. C’est pendant cette opération que Nadav est blessé pour la première fois. Et des blessures, il y en aura d’autres. En 2009, en tant que commandant d'une équipe en mission opérationnelle, il perd l’ouïe de son oreille gauche et la qualité de l'ouïe dans son oreille droite est atteinte. « J'entends encore parfois dans ma tête le son des tirs et des explosions », dit-il. Cependant, les séquelles ne sont pas seulement physiques, mais aussi psychiques. En 2010, Nadav est diagnostiqué comme souffrant du syndrome post-traumatique, qui se manifeste chez lui par des cauchemars et une anxiété persistante. Malgré cela, il continue de servir sur le terrain pendant sept ans supplémentaires, au cours desquels il développe plusieurs hernies discales.

« Il est crucial de sensibiliser aux blessures mentales et de fournir un soutien aux victimes blessées non seulement physiquement mais aussi mentalement pendant leur service dans Tsahal », insiste Nadav. Il confie avoir eu du mal à obtenir une assistance médicale et sociale adéquate de la part des autorités militaires. « Les blessures mentales ne disparaissent pas, mais il est essentiel d'apprendre à gérer les symptômes pour mener une vie aussi

normale que possible. Pour cela, une aide est nécessaire, et il ne faut surtout pas avoir honte de la demander. »

Cette aide, Nadav l’a trouvée avec Heart2Heart, une organisation qu'il a contribué à fonder.

« Nous ressentons qu’une communauté nous entoure, nous comprend, et nous pouvons à tout moment nous confier à notre mentor. Auparavant, je cherchais qui j'étais vraiment, aujourd'hui je suis plus ouvert et j'aide les autres combattants en situation de post-trauma, non seulement chez Heart2Heart mais également dans d'autres structures, en les coachant. Cela m'aide aussi à surmonter mes propres blessures », témoigne-t-il. Nadav, qui a aujourd’hui deux enfants et s’occupe également du développement d’affaires, souhaite que le soutien offert aux anciens combattants soit élargi aux couples et aux familles qui héritent de leurs cicatrices ; et il espère que dans le contexte actuel de la guerre à Gaza, Heart2Heart pourra soutenir encore plus de soldats.

2009 : un soldat de l'Unité Guivati qui a combattu dans la bande de Gaza dès le premier jour de l'incursion israélienne contre le Hamas. On le voit ici lors de son retour sur le territoire israélien.

« Pour cela, d'autres communautés, en plus de celle de Miami, par exemple des communautés en France, doivent se mobiliser pour participer aux efforts de réhabilitation mentale des soldats – des soldats qui veillent sur Israël et le peuple juif, qui parfois ne voient pas leur famille pendant des semaines, voire des mois, et dont beaucoup resteront blessés dans leur âme. Ils n’en guériront jamais, car on n’en guérit pas ; mais avec du soutien, ils pourront retrouver un certain bien-être. » n

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Nadav Elbaz

À propos du post-traumatisme professeur Mooli Lahad

Psychologue clinicien spécialisé, expert de renommée mondiale dans l'intervention et le traitement des troubles de stress et d'urgence chez les enfants, les familles et les communautés, le professeur Lahad a participé à de nombreux comités consultatifs, y compris celui de l'OTAN sur les interventions en situation de crise. Il a développé un protocole inédit – la « SEE FAR CBT » – et traite des soldats que lui envoie le ministère de la Défense.

AJ MAG : Vous avez développé un protocole pour lutter contre les troubles anxieux et du traumatisme. En quoi est-il unique ? Professeur Mooli Lahad : Cette méthode se concentre sur des aspects qui n'ont pas été abordés par d'autres méthodes, tels que la restauration des capacités ludiques des patients souffrant de troubles anxieux et post-traumatiques, la focalisation sur la mémoire visuelle du traumatisme et son retrait, ainsi que l'intégration du corps, de la cognition et de l'imagination pour créer une narration visuelle alternative renforçante. Cette méthode, utilisée depuis plus d'une décennie dans divers contextes cliniques, est disponible dans plusieurs langues et ouverte à différentes cultures. Plusieurs centaines de thérapeutes y ont été formés en Israël et à l'étranger.

Concrètement, en quoi consistet-elle ?

Il s'agit de cartes thérapeutiques que j'ai développées. Le patient choisit des cartes au hasard. Certaines décrivent des scènes plaisantes et agréables,

d'autres des scènes éprouvantes. L'avantage des cartes est que l'on peut les rendre ou les changer, ce qui est impossible dans la réalité. Si une carte est trop difficile, le patient peut la refuser et passer à une autre. Contrairement aux méthodes où l’on demande au patient de se replier sur lui-même pour raconter ce qu’il a vécu, nous lui proposons de regarder à l’extérieur, et au fur et à mesure il parvient à raconter tout ce qu’il a vécu du début à la fin.

À combien estime-t-on le nombre de victimes israéliennes de post-trauma lié au service dans Tsahal ?

D'après les données du ministère de la Défense qui prend en charge ces victimes, autour de 3000 soldats étaient en situation de post-trauma avant la guerre. Il n'y a pas encore de chiffres actuels, seulement des

Comment reconnaître qu’un de nos proches en est atteint ? Quels symptômes devraient nous alerter ?

Certains indicateurs peuvent nous alerter. Bien sûr, les cauchemars, les cris ou les pleurs liés aux

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Professeur Mooli Lahad © DR

flash-backs sont des manifestations évidentes de détresse post-traumatique. Mais il est important de noter que le traumatisme peut se manifester de différentes manières chez différentes personnes. Outre les symptômes les plus évidents, il est crucial de prêter attention aux changements dans le comportement et le fonctionnement de la personne. Par exemple, si quelqu'un qui était habituellement calme et posé devient soudainement nerveux ou irritable, cela peut indiquer un problème sous-jacent. De même, si une personne commence à éviter des situations sociales ou des endroits qui lui étaient autrefois familiers et qu’il appréciait, cela peut être un signe de détresse émotionnelle. Des réactions exagérées à des événements mineurs ou des difficultés à se concentrer peuvent également être des indicateurs de détresse psychologique. En outre, il est important d’identifier les signes de dépression qui peuvent accompagner le traumatisme. Si

quelqu’un exprime des sentiments d'impuissance, de désespoir ou de vide, ou s’il perd tout intérêt pour les activités qu’il aimait autrefois, cela peut indiquer un besoin d'aide.

« Contrairement aux méthodes où l’on demande au patient de se replier sur luimême pour raconter ce qu’il a vécu, nous lui proposons de regarder à l’extérieur, et au fur et à mesure il parvient à raconter tout ce qu’il a vécu du début à la fin. »

Comment lui en parler ?

Souvent, ceux qui sont en post-traumatisme ne reconnaissent pas leur état ou n'en prennent même pas conscience, et l’on ne peut pas les forcer à aller se faire traiter. Il est donc important que leurs proches leur en parlent avec délicatesse. Vous pouvez lui faire remarquer les changements que vous avez observés chez lui, comme le fait qu'il a du mal à dormir, que depuis quelque temps il ne vient plus dîner chez ses grands-parents, qu'il évite de rencontrer ses amis, qu'il s'isole. Proposez-lui de regarder ensemble, sur Internet, des pages qui décrivent les symptômes du post-traumatisme, afin qu'il puisse se reconnaître. Il est crucial de faire preuve de beaucoup de patience et d’empathie, et non de pitié. n

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Comment mettre les survivantes du 7 octobre sur le chemin de la résilience ?

Réparer une nation traumatisée : tel est l’immense chantier auquel doivent se consacrer les thérapeutes en Israël depuis le 7 octobre, en particulier au sein de la société féminine, en première ligne des massacres et exactions perpétrés par le Hamas. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, des professionnels se sont penchés sur le douloureux sujet des violences sexuelles auxquelles des Israéliennes de tout âge ont été victimes durant ces attaques. Existe-t-il une approche spécifique du post-traumatisme au féminin ?

Parmi les spécialistes qui ont pris la parole lors d’une conférence exceptionnelle organisée à Tel Aviv par l’Institut Français d’Israël, la docteure Nitsa Nacash Axelrod, psychiatre à l’hôpital Sheba (Tel HaShomer), a raconté une histoire en trois dates, étalée sur une période de cinquante ans et articulée autour de trois patientes. À travers cette histoire, elle a présenté les incroyables progrès réalisés en Israël dans le traitement psychologique des victimes de guerre et d’actes terroristes, dans le but d’apporter – autant que faire se peut sur un tel sujet – une lueur d’espoir.

Le 7 octobre à 15 heures, la docteure Nacash Axelrod se précipite aux urgences de l’hôpital Sheba-Tel Hashomer, en banlieue de Tel Aviv. « Cela m’est souvent arrivé d’accourir après un attentat, rapporte cette psychiatre de l’Unité de traumatologie pour les handicapés de Tsahal et les victimes civiles de traumatismes. Mais j’ai vite compris l’ampleur du désastre et l’importance d’appliquer un protocole de prévention du syndrome de trouble de stress post-traumatique. » Avec une

vingtaine de thérapeutes, elle traite soixante survivants du festival Nova présentant des troubles de stress aigu quinze jours à un mois après les massacres.

Les thérapeutes ont notamment recours à la méthode de l’exposition prolongée appliquée au trauma de guerre, une technique développée pour les victimes de viols par l’Israélo-Américaine Edna Foa, de l’Université de Pennsylvanie, qui a perdu son frère lors de la guerre d’Indépendance. Les survivants de la guerre de Kippour n'ont pas tout de suite pu bénéficier de cette méthode. Il aura ainsi fallu près de trente ans à Hanna, une soldate âgée de 19 ans lors de l’attaque surprise d’octobre 1973, pour traiter son syndrome de trouble de stress post-traumatique (TSPT).

« Cette jeune femme et fille de survivante de la Shoah, postée dans le Sinaï, avait subi un choc de combat en restant quatorze heures sur le champ de bataille. À l’époque, on ne disposait pas de traitement efficace et les vétérans avaient honte de demander de

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l’aide », rapporte la docteure Nitsa Nacash Axelrod. Pendant longtemps, Hanna sent partout une odeur de brûlé, elle a peur des sorties en plein air, des endroits bondés, elle est en proie à des flash-backs et culpabilise d’avoir survécu. Elle est l’une des premières anciennes combattantes du pays à avoir été traitée par des séances d’exposition prolongée, une méthode qui a notamment été adoptée au sein de l’armée américaine.

7 octobre 2023. Maya, 21 ans, une autre patiente de la docteure Nacash Axelrod, rentrée d’un voyage effectué après l'armée pour faire la fête, est au festival Nova. Au lever du soleil, lorsque l’attaque terroriste commence, « la jeune femme court et se cache pendant douze heures alors que des coups de feu sont tirés autour d'elle, elle voit des blessés et des morts ». Trois semaines après le drame, Maya fait des cauchemars à répétition, dort avec sa mère, évite de rencontrer ses amis qui n’étaient pas « là-bas ». Au bout de cinq séances d’exposition prolongée, Maya se sent bien. Elle retourne sans angoisse avec ses camarades dans les cafés, les centres commerciaux, à la plage, et pourra même aller danser dans un club. Elle gère ses émotions : la peur, la colère, le chagrin face à la mort de ses amis, et la culpabilité du survivant. « Deux mois après l'événement, elle s'est inscrite à des études de mode. Nous espérons avoir pu lui éviter les trente ans de souffrance subis par Hanna », dit la psychiatre. lll

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Mais ce n’est pas tout. Depuis les événements du 7 octobre, l’équipe de la docteure Nacash Axelrod doit en effet se confronter à un autre trauma de taille, totalement inédit pour le pays : le retour des otages civiles détenues à Gaza et libérées lors de la trêve militaire fin novembre. Le 29 novembre 2023, elle reçoit à l'hôpital Sheba les femmes âgées revenues de captivité : « À l'hôpital, je commence des séances d’exposition prolongée avec l'une d'elles qui a peur de sortir de sa chambre, et je la rencontre une fois par semaine pendant trois mois », raconte la docteure Nacash Axelrod. Lors du traitement, l’exotage est exposée à des situations qu'elle évite, comme dormir dans le noir, rester seule à la maison, manger du riz, aller au supermarché, écouter l'arabe, rencontrer des amis et reprendre ses loisirs. En consultation, elle parle des traumatismes vécus le 7 octobre et des 51 jours de captivité, « exprime des sentiments de colère, de tristesse, de peur et de culpabilité, et elle se rend compte qu'elle avait de la force ».

De gauche à droite : Orit Sulitzaenu, directrice exécutive de l’ARCCI (Association des centres d'aide aux victimes de viol en Israël), Carmit Klar-Halamish, autrice du rapport de l'association sur les violences sexuelles du 7 octobre, et la docteure Nitsa Nacash Axelrod à la conférence du 8 mars donnée à l'Institut Français d’Israël à Tel Aviv

captivité des otages, reprises dans les médias et les réseaux sociaux, ont pu par ailleurs aggraver ces troubles. Les hommes n’ont pas été épargnés par les violences sexuelles, qui génèrent chez eux des symptômes de trouble de stress post-traumatique encore supérieurs à ceux des femmes. Des traumas passés liés à la guerre ont également pu ressurgir chez les combattants.

« D’ici six mois, nous aurons une idée plus précise de l’évolution des symptômes », précise la psychiatre qui rappelle que d’une façon générale, les femmes ont deux fois plus de risques de développer un trouble de stress post-traumatique que la gent masculine. À l’en croire, les événements de Nova ont réactivé au sein de la société civile israélienne d’anciens traumas d’agressions sexuelles. « Certaines femmes ont confié que ces attaques ont eu un impact sur leurs relations intimes avec leur conjoint », ajoute-t-elle. Les images des exactions du 7 octobre ou liées à la

Lors de la rencontre du 8 mars, Nitsa Nacash Axelrod a bouleversé l’auditoire de l’Institut Français avec cette conclusion : « Après la guerre de Kippour, au retour des captifs de Syrie, est née la chanson intitulée “Nous devons continuer à jouer cette mélodie”*. Le 7 octobre, une attaque terroriste du Hamas a interrompu la musique au festival Nova, mais cette musique ne peut pas être arrêtée, nous devons continuer à la jouer. » n

* Écrite par Oded Feldman en 1974, mise en musique par Yaïr Rosenblum et interprétée par l’orchestre de l’armée de l’air israélienne.

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© DR DOSSIER

La prise en charge des civils post-traumatisés après le 7 octobre

Interview d’Yves Bensoussan, médecin auprès du Bitoua'h Leoumi (l’Assurance nationale israélienne) et bénévole Qualita

AJ MAG : À quelle autorité les civils estimant se trouver en situation de post-trauma doivent-ils s'adresser ?

Yves Bensoussan : La demande de reconnaissance doit être adressée au Bitoua'h Leoumi du lieu de résidence, avec les pièces médicales attestant de l’état de santé psychique évalué par un psychiatre. Cette demande et les documents qui l'accompagnent seront alors transmis pour approbation au ministère de la Défense, autorité habilitée à reconnaître les victimes d'actes terroristes. La demande sera examinée conformément aux conditions d’éligibilité. Si la reconnaissance est actée, la personne recevra une indemnisation mensuelle sans conditions de revenus.

Quels sont les critères pris en compte ?

Il est nécessaire de justifier d'un événement traumatisant dont on a été victime ou témoin, tel qu’un attentat, par exemple. Si l’anxiété ne découle pas directement d’un traumatisme, la reconnaissance sera plus complexe.

Et si la demande est rejetée ?

La personne peut faire une demande d’invalidité au Bitoua'h Leoumi si son salaire mensuel ne dépasse pas 5700 shekels, ou si, sur une période de 15 mois, ses revenus ont été inférieurs à ce seuil pendant au moins trois mois.

Le système est-il capable de faire face au nombre important de demandes depuis le 7 octobre ? Nous avons actuellement enregistré 62 000 demandes. Bien qu’avec un délai de traitement, toutes les demandes seront prises en charge et examinées – mais pas forcément toutes reconnues comme découlant d’un acte terroriste. Cela nécessitera un

surcroît de travail mais les autorités sont préparées à cette vague. Pourquoi ne pas imaginer une solution temporaire, similaire à celle mise en place lors de la pandémie de Covid-19, comme par exemple accorder une indemnité pour six mois sans qu’il soit nécessaire de se présenter devant une commission, le temps de diligenter la demande ?

Y a-t-il un risque de manque de fonds ?

Le Bitoua'h Leoumi a toujours honoré ses indemnisations en temps voulu, sans interruption. Des réserves sont également disponibles, accumulées entre 1950 et 1970, période durant laquelle les cotisations ont été nombreuses mais le paiement d'indemnisations limité. De plus, devant l’ampleur et la gravité des événements, l’État a probablement provisionné dès le 7 octobre. n

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© DR DOSSIER

Migdal David, la Tour de David

La Tour de David – Migdal David, en hébreu –se dresse majestueusement, comme la porte d'entrée de la Vieille Ville de Jérusalem, accueillant les visiteurs avec ses imposants murs et ses magnifiques jardins archéologiques.

Cette tour emblématique, bien plus qu'une simple forteresse, est le symbole vivant de l'histoire millénaire de Jérusalem, témoignant de ses luttes, de ses triomphes et de ses transformations à travers les âges. Depuis des temps immémoriaux, Jérusalem a dû faire face aux menaces venant du Nord et de l'Ouest, les deux directions non protégées par les escarpements naturels qui entourent la ville. Pour défendre ces fronts vulnérables, une forteresse a été érigée, et c'est cette forteresse que nous vous invitons à explorer aujourd'hui.

Les vestiges archéologiques que vous découvrirez à la Tour de David racontent une histoire riche et fascinante de plus de 3000 ans. Des restes de la période cananéenne à ceux du Premier et du Second Temple, en passant par les constructions des Hasmonéens et d’Hérode le Grand, chaque pierre de la Tour de David raconte une histoire vieille de nombreux siècles.

Les Hasmonéens – 'Hachmonaïm, en hébreu – ont érigé à cet endroit une tour stratégique. Par la suite, Hérode le Grand a renforcé cette tour pour abriter sa garnison qui protégeait son palais situé à proximité, là où se trouve aujourd'hui la station de police. Hérode a fait construire trois immenses tours, mais aujourd'hui, seuls les restes de la tour de Phasaël subsistent, offrant une vue panoramique spectaculaire sur la Vieille Ville et la ville moderne.

Au cours de la grande révolte des Juifs contre les Romains en l'an 67, la Xe légion romaine a établi sa base dans la Tour de David. Cependant, les Romains ont finalement détruit la tour lors de la répression de la révolte de Bar Kokhba en 135. Sous l'administration byzantine, Jérusalem a été renommée Ælia Capitolina

Au fil des siècles, la Tour de David a été le témoin silencieux de nombreuses périodes historiques, des périodes islamiques aux croisades, des mamelouks aux

Ottomans et aux Turcs. Chaque époque a laissé sa marque sur la tour et sur la ville ellemême, façonnant l'histoire multiculturelle de Jérusalem.

En 1917, c’est à l'entrée de cette citadelle que le général anglais Allenby, vainqueur des Turcs, a proclamé la liberté du culte pour tous, marquant un tournant majeur dans l'histoire de Jérusalem.

Depuis son ouverture en 1989 en tant que musée historique, la Tour de David attire des centaines de milliers de visiteurs chaque année. En plus de ses expositions permanentes et temporaires, le musée propose en soirée un spectacle

26 AJ MAG N° 1008 DÉCOUVERTE D'ISRAËL

DÉCOUVERTE D'ISRAËL

multimédia lors duquel l'histoire de la ville et du roi David est projetée sur les murailles, offrant aux visiteurs une expérience immersive unique. Après trois ans de restauration minutieuse, le musée de la Tour de David a rouvert ses portes en juin 2023. La rénovation a préservé l'ancienne citadelle et restauré le minaret, symbole emblématique de Jérusalem. La pièce maîtresse née de la rénovation est une nouvelle exposition permanente répartie dans dix galeries, alliant authenticité et technologie pour offrir une expérience

Plongez avec nous dans l'histoire le mercredi 10 avril lors d'une visite guidée en français de ce site historique, animée de manière interactive. Rejoignez-nous pour une expérience passionnante !

exceptionnelle aux visiteurs. Avec des présentations modernes, des écrans interactifs, des ordinateurs et des films historiques, cette nouvelle exposition plonge les visiteurs dans l'histoire riche et complexe de la ville sainte.

Le musée de la Tour de David entraîne les visiteurs dans un captivant voyage à travers l'histoire de Jérusalem, leur permettant de comprendre les différentes périodes historiques de la ville, et leur offrant une vue imprenable sur l'une des villes les plus anciennes et les plus sacrées du monde. n

Prochaine excursion : 7 et 8 mai 2024 : deux jours dans le Néguev, à la découverte des villages autour de la bande de Gaza et des nouvelles technologies agricoles du nord du Néguev.

Tous nos programmes d’excursion : www.voirisrael.com

Edith Levy-Neumand Guide diplômée du ministère du Tourisme israélien Tél. : 972-54-2307474

Mail : edith@voirisrael.com

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© GPO
La Tour de David à Jérusalem. À droite, les illuminations à l'occasion des festivités marquant les 3000 ans de Jérusalem.

Gluten/sans gluten : comment s’y retrouver ?

À la veille de Pessa'h, c’est le moment ou jamais de s’intéresser au gluten !

Il existe une demande croissante pour les aliments sans gluten. Ces produits « gluten free » qu’on ne trouvait, il n’y a pas si longtemps, que dans des magasins spécialisés à l’autre bout de la ville, figurent maintenant couramment sur les étagères des épiceries et des supermarchés du monde entier. Et plus encore à Pessa'h.

Qu’est-ce que le gluten ? Et pourquoi cet intérêt soudain ?

Le gluten n’est pas quelque chose qui pousse dans les champs, ni même une chose que l’on reconnaît si on la voit. C’est un ensemble de deux protéines (gliadine et gluténine) que l’on trouve dans le blé – et par conséquent dans la farine de blé. Le gluten est crucial dans le processus de cuisson de la farine : c’est ce qui rend une pâte élastique et spongieuse. En particulier, il donne au pain sa consistance à la fois moelleuse et résistante. On trouve du gluten dans tous les ingrédients et aliments à base de blé et de farine de blé.

Quelles céréales contiennent du gluten ?

Le blé, le seigle, l’épeautre, la semoule, le boulgour, l’orge.

Quelles sont les céréales sans gluten ?

Le riz, le riz sauvage, le quinoa, le sarrasin, le millet, le sorgho, l’avoine, l’amarante, le maïs et le teff.

Quelles sont les personnes auxquelles le gluten est formellement interdit ?

Les personnes atteintes de la maladie cœliaque, qui est une maladie auto-immune. Si une personne cœliaque mange un aliment contenant du gluten, son système immunitaire réagit et endommage les muqueuses de son intestin grêle, ce qui empêche le corps d’absorber les nutriments tels que le fer, le calcium, l’acide folique, les lipides… Les cœliaques doivent donc consommer une alimentation exclusivement sans gluten.

Les personnes sensibles au gluten

Cependant, même sans être cœliaques, certaines personnes sont sensibles au gluten : on parle alors de sensibilité au gluten sans cœliaque (SGSC). Cela peut se traduire par des ballonnements, des maux de ventre, des diarrhées, des maux de tête, de la fatigue… Une des solutions, pour elles, est de diminuer le gluten dans

l’alimentation, sans pour autant le bannir complètement.

En Israël, durant la période de Pessa'h, les rayons de nos supermarchés regorgent de produits sans gluten, et souvent les personnes cœliaques en font des réserves pour toute l’année !

Faut-il supprimer le gluten quand on bien portant ?

Il faut savoir que le gluten est souvent mis au banc des accusés… et qu’il peut poser problème quand on en abuse.

Le blé moderne que nous utilisons est très riche en gluten. De surcroît, les fabricants alimentaires en mettent de plus en plus dans les aliments, pour les rendre plus attrayants – par exemple dans le pain et les viennoiseries, dans lesquels ils en ajoutent à outrance. Il y a aussi du gluten caché dans divers produits alimentaires : sauces du commerce, plat préparés, soupes déshydratées, épices, charcuterie, bière, flocons de maïs soufflés, flocons de riz soufflés… Pour couronner le tout, notre alimentation occidentale repose essentiellement sur des produits à base de farine de blé.

On assiste donc à une surconsommation de gluten. Or le corps n’aime pas les excès, il préfère la modération.

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Que faut-il faire ?

Diminuer/éviter les produits manufacturés transformés, voire ultratransformés, qui contiennent du gluten caché.

Modérer sa consommation de pain et de produits de boulangerie. Introduire dans l’alimentation des céréales sans gluten, telles que le quinoa et le sarrasin.

C’est ce que j’appelle manger en conscience et avec modération.

Quels sont les produits sans gluten que l’on trouve sur le marché ?

Céréales, farines, pains, gâteaux, pâtes, crackers, biscuits.

On trouve souvent dans le commerce des pains faits avec un mélange de plusieurs farines sans gluten – rarement en boulangerie (pour éviter la contamination du fournil par des éléments contenant du gluten), plutôt

dans les magasins bio et autres magasins spécialisés. En général, ces pains sont emballés dans des sachets bien fermés ; ainsi toutes les précautions sont prises.

L’avoine, en soi, ne contient généralement pas de gluten, mais elle peut être contaminée pendant la production. Si vous avez une sensibilité au gluten, recherchez des produits à base d’avoine certifiée sans gluten.

Connaissez-vous le teff ?

Le teff est une céréale sans gluten originaire d’Éthiopie. Elle est riche en fer, en calcium et en fibres. Les Éthiopiens l’utilisent pour faire leur pain traditionnel : l’injera. Mais on peut aussi utiliser la farine de teff pour préparer des gâteaux, des crêpes, etc.

Connaissez-vous l’amarante ?

L’amarante, naturellement sans gluten, est une pseudo-

céréale cultivée pour ses graines minuscules. L’amarante est très riche en protéines, en fer, en calcium… On l’utilise pour réaliser des desserts, des puddings, ou pour épaissir un plat. n

PETIT LEXIQUE HÉBREU-FRANÇAIS

Riz = זרוא

Riz sauvage = יארפ זרוא

Quinoa = האוניק

Sarrasin = תמסוכ

Millet/sorgho = ןחוד

Amarante = טנרמא

Teff = ףט

Avoine = לעוש תלוביש

Orlie Nabet, naturopathe : 058-6277009

Consultations Zoom

Ateliers détox/nutrition santé/perte de poids

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Maître Dan Illouz,

La guerre contre le Hamas est existentielle pour Israël député du Likoud, membre de la commission de la Défense et des Affaires étrangères :

AJ MAG : Les appels à des élections se multiplient. Quelle est votre position ?

Dan Illouz : Ce serait une grave erreur alors que nous sommes en pleine guerre et que l'unité nationale est primordiale pour la remporter. Il faut maintenir un gouvernement large et représentatif de toutes les composantes de la société israélienne. Je pense même qu'il serait bénéfique de l’ouvrir à de nouvelles personnes de l'opposition.

Certains devraient-ils le quitter, entre autres Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir dont la présence contrarie Washington ?

Il est essentiel que toutes les tendances politiques soient représentées au sein du gouvernement pour refléter la diversité de la société. Chaque parti sioniste a sa place légitime dans ce gouvernement élargi.

Quelle est votre réaction face à la démission de Guideon Saar ?

Je la regrette car nous devons tous nous efforcer de préserver l'unité, même sur le plan politique, et de maintenir un gouvernement large qui représente tout le peuple d'Israël. Nous sommes tous ensemble dans cette guerre.

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INTERVIEW
© Flash90

INTERVIEW

Que répondez-vous à ceux qui accusent Netanyahou d'avoir renforcé le Hamas ?

Tous les gouvernements ont mené des actions fermes contre le Hamas sans jamais, en effet, aller jusqu'au bout – une réticence due à un manque de légitimité internationale et nationale en raison du nombre élevé de victimes civiles et militaires escompté.

Vous siégez à la commission de la Défense : a-t-on sous-estimé les intentions du Hamas avant le 7 octobre ?

On m’a toujours rapporté que le Hamas ne voulait pas attaquer Israël. Quant aux avertissements, ils ne me sont jamais parvenus. Savoir pourquoi ils n'ont pas été remontés fait partie des questions auxquelles le peuple israélien veut des réponses. Ce sera pour plus tard ; pour l’instant, nous devons soutenir sans faille ceux qui se battent, l’armée et le Shabak, et être unis pour vaincre le Hamas.

Netanyahou devra-t-il démissionner ?

C’est une question prématurée étant donné que nous n'avons pas encore les résultats de l'enquête pour pouvoir évaluer pleinement s’il aurait pu agir différemment.

Netanyahou a déclaré qu'Israël entrera à Rafah avec ou sans le soutien des États-Unis. Est-ce réaliste ?

Nous n’avons pas d'autre choix. Cette guerre est existentielle pour Israël. Si nous ne mettons pas fin au Hamas, notre nation sera en danger. Et sans entrer à Rafah, nous n’y arriverons pas. Nous y serons donc obligés, avec ou sans l’accord des Américains qui cependant sont nos alliés et que nous remercions pour leur soutien, en espérant qu'il dure.

Ne risque-t-on pas la rupture ?

Vous avez raison. Mais au vu du soutien du peuple américain à Israël, je pense qu’elle n’aura pas lieu. Cependant, c'est un risque que nous serons obligés de prendre car il y a quelque chose de plus important que les relations avec les États-Unis : c’est l'existence d'Israël.

Sans soutien militaire américain, comment faire ?

Ce sera plus difficile, mais nous triompherons.

Lorsqu’Israël a été créé, tout le monde disait : « Nous avons un État, une armée, maintenant cela ne se reproduira plus. » Et puis le 7 octobre est arrivé, une Shoah pendant un jour. Notre réponse va révéler si nous pensions vraiment « plus jamais ça » ou si c'était juste

un slogan. Nous sommes obligés d'aller jusqu'au bout, car sans cela il n'y a pas de sionisme, pas d'État d'Israël.

Le Canada, votre pays d'origine, a décidé de tourner le dos à Israël en reprenant les versements à l'UNWRA et en imposant un embargo sur l'exportation d'armes. Comment l’expliquez-vous ? Le gouvernement canadien a besoin du soutien du parti d'extrême gauche pour rester au pouvoir, ce qui a probablement influencé sa décision. Et les mouvements propalestiniens, bien que moindres, exercent aussi une influence significative. Ottawa choisit le mauvais côté de l'histoire car l'islam radical représente une menace pour l'ensemble du monde libre, et pas seulement pour Israël. Il est donc impératif de nous soutenir ; ne pas le faire témoigne d’une défaillance morale.

Sur le front nord, la guerre est-elle inévitable ? Les États-Unis font ce qu’ils peuvent pour essayer de parvenir à une entente diplomatique mais je suis sceptique. La dernière entente avec le Hezbollah prévoyait qu’il reste de l'autre côté du Litani. Or deux mois plus tard il est retourné à la frontière et Israël n'avait plus de légitimité internationale pour réagir. Revenir à une entente de ce type n’est pas acceptable après le 7 octobre. Nous avons compris que nous devons prendre nos ennemis au sérieux lorsqu’ils disent qu’ils veulent nous détruire. Et quand un groupe terroriste comme le Hezbollah, soutenu par l’Iran qui développe la bombe, s'arme et se prépare pour attaquer Israël depuis des années, alors on doit réagir. À Israël de décider du moment propice.

À quelle date ? Je ne pourrais pas vous la donner même si je la connaissais.

Il reste 136 otages. Tout est-il fait pour les libérer ? Le gouvernement met tout en œuvre mais les négociations sont très complexes et je reste sceptique quant à leur issue. Nous devons aussi nous rappeler que la guerre contre le Hamas est une lutte existentielle, et nous ne pouvons pas nous permettre des conditions qui compromettraient nos chances de la remporter, bien que nous soyons prêts à faire des compromis. Nous croyons fermement que la pression militaire peut contribuer à libérer les otages. Par conséquent, nous devons poursuivre les négociations tout en la maintenant. n

Propos recueillis par Nathalie Sosna-Ofir

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Les Sifrei Torah nés du pogrom de Sim'hat Torah

Un symbole et à chaque fois l'émotion qui oscille entre joie et tristesse : depuis le pogrom perpétré par les terroristes du Hamas le jour de Sim'hat Torah, jamais autant de Sifrei Torah n'auront été inaugurés dans tout Israël – mais aussi… à Gaza.

La cérémonie d'intronisation d'un Sefer Torah est toujours émouvante. Les nouveaux rouleaux sacrés sont acheminés au rythme de chants et de danses à travers les rues vers la synagogue où ils habiteront désormais. Depuis le 7 octobre, ces rassemblements ont pris encore une

autre dimension. Plusieurs familles de personnes assassinées ou de soldats tombés au combat, mais aussi d'otages, ont décidé de dédier un Sefer Torah aux proches qu’ils ont perdus. L'intronisation devient alors une manifestation mêlant tristesse et joie, angoisse et espoir. Elle se transforme en une affirmation de la

pérennité du peuple juif, de la vie qui continue et des valeurs éternelles qui se transmettent de génération en génération. Les terroristes ont voulu exterminer les Juifs le jour de la fête de la Torah et le peuple juif répond en renforçant encore la présence de cette Torah, scellant l'échec de ce plan maléfique.

32 AJ MAG N° 1008 NEWS À LA LOUPE
Le fils d'Ouriel Baruch, otage du Hamas à Gaza, écrit la dernière lettre du Sefer Torah dédié à la libération de son père et de tous les otages détenus par l'organisation terroriste. La cérémonie a eu lieu à Jérusalem, au Kotel, en novembre 2023. © Yonatan Sindel/Flash90

À Shilo, la famille Or a intronisé un Sefer Torah pour Avinatan, otage à Gaza depuis le 7 octobre. La cérémonie a eu lieu le jour de Tou biChvat, qui est également le jour de l’anniversaire d'Avinatan, qui a eu 31 ans. Beaucoup de larmes ont été versées. Elles exprimaient le désarroi face à la captivité d'Avinatan, dont la famille est sans nouvelles. Mais elles exprimaient aussi la foi et l’espoir de le voir revenir. Ditsa, la mère d'Avinatan, a remercié les participants venus nombreux : « Merci du fond du cœur, et que nous puissions bientôt nous retrouver pour dire le grand merci. » À Reïm, une autre cérémonie émouvante a eu lieu, trois mois après le massacre de la « rave party » : un Sefer Torah a été intronisé à la mémoire des victimes du festival

NEWS À LA LOUPE

Nova. Le Sefer Torah a été déposé dans la synagogue du kibboutz Reïm, qui porte désormais le nom de « Synagogue Nova ». Ainsi, sur les lieux mêmes du massacre, la joie de la Torah a été affirmée, prouvant la résilience du peuple juif. Plusieurs familles de soldats tombés au combat ont également choisi cette manière d'honorer la mémoire de leurs proches. Par exemple, un Sefer Torah a été intronisé au mois de janvier dans le kibboutz Beeri, à la mémoire d'Elhanan Kalmenson, originaire d'Otniel et tombé au combat le 7 octobre pour défendre le kibboutz. Des rescapés du massacre, dont certains ont été sauvés par Elhanan, za''l, ont participé à cette cérémonie, la première dans la synagogue du kibboutz depuis ce samedi noir.

Même à Gaza, le Sefer Torah est devenu un symbole. En effet, avec la progression des troupes au sol, des offices sont organisés un peu partout dans la bande de Gaza. Des synagogues improvisées ont été créées là où campent les troupes, et il était donc devenu indispensable de les doter de Sifrei Torah. C'est ainsi qu'un Sefer Torah a été intronisé au début du mois de février à Khan Younès, dans la synagogue fondée par les combattants et qu'ils ont baptisée « Atérète Nitsa'hon » (la couronne de la victoire). D'autres Sifrei Torah ont trouvé leur place au nord et au centre de la bande de Gaza.

C’est un puissant message à nos ennemis : l'esprit du peuple juif ne pourra jamais être atteint. n

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Réactivité ET proactivité

Être réactif, c’est réagir à ce qui nous est demandé. Être proactif, c’est prendre des initiatives et les partager.

Pour donner un exemple concret : supposons qu’une personne ait un problème. Être réactif, c’est réagir rapidement et favorablement à sa sollicitation d’être aidée. Être proactif, c’est avoir entendu que cette personne a un problème et la contacter directement pour lui proposer notre aide.

Évidemment, ces deux démarches – dont le résultat n’est toutefois pas garanti – nécessitent une écoute empathique.

Pourquoi la réactivité est-elle une caractéristique du leadership ?

Parce qu’elle exprime un engagement sincère, et témoigne d’une démarche positive et constructive pour aider.

Le temps est un élément capital. En effet, la réactivité exige que le délai de réaction entre une demande et sa réponse soit court. Pour ma part, lorsque je reçois sur mon téléphone mobile un appel que je ne peux pas prendre, j’adresse automatiquement ce message SMS : « Merci pour l’appel ! Si pas urgent : e-mail. Si urgent : WhatsApp ou SMS. André Dan a@andredan.com ». Ainsi, je fais la différence entre les messages qui requièrent ma réactivité (et j’y réponds rapidement) et ceux en réponse auxquels la réactivité

n’est pas essentielle (je ne laisse cependant pas s’écouler plus de quelques jours sans y répondre). Il existe aussi « l’accusé de réception », par lequel on répond à un message (au travers du téléphone ou par e-mail) en disant que l’on n’a pas le temps de traiter la demande sur-le-champ et qu’on pourra le faire tel jour à telle heure.

Mettre en œuvre réactivité ET proactivité dans votre vie vous aidera à tisser des liens de confiance.

C’est un ami américain qui m’a appris ce type de réactivité qui m’est très utile car c’est clair pour la personne avec qui je communique. L’accusé de réception a pour effet de réduire la pression à la fois pour moi et pour mon interlocuteur. Essentiel pour ma réputation : je respecte toujours mes engagements ! En pratique, je note de façon précise dans mon agenda ce que je me suis engagé à faire. Par exemple, suite à une demande une semaine plus tôt et après en avoir convenu avec mon interlocutrice, j’ai noté en date du dimanche 17 mars à 16 h : « e-mail à Nathalie ». Enfin, la réactivité est un comportement très apprécié pour gérer des situations imprévues exigeant une réponse rapide.

Pourquoi la proactivité est-elle une caractéristique du leadership ?

Fondamentalement, être proactif, c’est avoir une force de proposition, ce qui est une qualité permettant de faire avancer un projet.

Sur le plan professionnel, les employeurs apprécient beaucoup ceux qui, dans le cadre de leurs missions, prennent des initiatives, passant du rôle de simples exécutants à un rôle proactif, plus imaginatif, davantage leader et donc également plus intéressant… Enfin, la proactivité est un comportement qui s’exerce grâce à une aptitude à anticiper, à initier et à agir pour atteindre ses objectifs.

Mettre en œuvre réactivité ET proactivité dans votre vie vous aidera à tisser des liens de confiance, à développer des qualités de leadership, à gagner en efficacité et à mieux gérer les challenges qui se présentent à vous.

Ainsi, vous serez une meilleure personne, et vos interlocuteurs en bénéficieront ! n

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LEADERSHIP
PAR ANDRÉ DAN
a@andredan.com

Comment bien se préparer à une rencontre en vue d’un mariage ?

Pourquoi ça n’a pas marché ? » C’est la question que vous vous posez après une rencontre infructueuse, alors que vous aviez jugé que ce rendez-vous était réussi et que vous aviez eu une bonne impression. Afin de trouver l’âme sœur, il est important de se préparer et de s’entraîner, pour ne pas passer à côté de votre future moitié. Il existe des techniques permettant de bien mener un rendez-vous amoureux et de mettre toutes les chances de votre côté ; car la réussite ou l’échec d’une telle rencontre dépendent de vous à 50 % ! En voici quelques-unes qui vont vous aider à ouvrir votre cœur à votre partenaire avec plus de facilité.

Préparation mentale

Avant d’accepter une proposition, vérifiez bien que la personne en question répond à vos attentes et à vos aspirations sur les plans suivants : valeurs, vision du couple, niveau religieux, niveau de vie, etc. Ne perdez pas votre temps et votre énergie avec quelqu’un d’inadéquat, même si une personne bien intentionnée vous en a fait la proposition.

Préalablement à une nouvelle rencontre, il est crucial de « nettoyer votre cœur », c’est-à-dire que votre cœur ne soit pas occupé par une ancienne relation que vous avez du mal à effacer. Cela n’est pas toujours facile et souvent une intervention professionnelle est nécessaire.

Être serein/e durant un rendez-vous amoureux vous permettra de vous montrer sous votre meilleur jour. Il est tout à fait normal d’être un peu stressé/e avant et durant la rencontre ; mais si ce stress vous paralyse et vous empêche d’être vous-même, il sera vivement recommandé d’essayer de l’atténuer. Vous souvenir que vous ne passez pas un examen mais que vous allez passer un bon moment avec une personne agréable vous calmera certainement. Faire une petite relaxation avant votre rendez-vous vous fera beaucoup de bien.

Identifiez ce qu’il vous est important qu’il se déroule pendant la rencontre : moments d’humour et de rire, conversation ininterrompue, discussion profonde… Prenez les rênes en mains et préparez des sujets de

discussion, quelques blagues ou histoires drôles – et si de temps à autre il y a un silence, cela ne veut rien dire…

Préparation physique

Choisissez de vous rencontrer dans un endroit où vous serez à l’aise : à l’intérieur ou à l’extérieur, là où l’on ne vous connaît pas ou plutôt dans un endroit connu… Préférez-vous marcher ou bien vous installer dans un café ?

Optez pour des vêtements dans lesquels vous vous sentez à l’aise mais qui vous sont flatteurs, afin que l’image que votre miroir vous renvoie vous satisfasse pleinement. Passez-vous en revue de la tête aux pieds : vous plaisez-vous ? Y a-t-il quelque chose que vous pouvez améliorer ?

Durant la rencontre

Éteignez votre portable et restez concentré/e sur votre interlocuteur : c’est lui le centre de votre attention ! Ne regardez pas votre montre, même si vous vous ennuyez à en mourir. Si, dès le début, vous savez avec certitude que ce n’est vraiment pas la bonne personne pour vous, pensez à un/e ami/e à qui elle pourrait plaire.

Il est important de garder un contact visuel, même si quelquefois on est mal à l’aise. Cela dit, il est tout à fait normal que votre regard s’égare parfois.

La conversation doit porter sur des sujets agréables : surtout, ne parlez pas de vos problèmes et de vos soucis, restez positif et optimiste.

Souriez, souriez, souriez ! Cela vous calmera et créera une bonne atmosphère.

Et si ce n’est pas une catastrophe, acceptez de vous rencontrer au moins trois fois ! n

Bonne chance !

Hagit Bialistoky Coach de mariage Programme spécial célibataire :

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AJ MAG N° 1008 35 ATOUT CŒUR
«

Albert Cohen : l’envie d’aimer

Chaque génération, dans tous les domaines, compte son lot de pionniers qui tracent des chemins inédits, des personnalités proprement hors du commun, des figures d’exception. Albert Cohen en est la parfaite incarnation.

Cofondateur de Radio Nostalgie en 1981, Albert Cohen a dirigé avec succès la station lyonnaise avant de s'orienter, à partir de 1990, vers la production cinématographique et télévisuelle. En 1998, sa collaboration avec Dove Attia a donné naissance au spectacle musical à succès Les Dix Commandements. Cette fructueuse association a ensuite engendré d'autres productions qui ont elles aussi connu un grand succès, dont Autant en emporte le vent, Le Roi Soleil, Mozart, l'opéra rock et 1789 : Les Amants de la Bastille. Après avoir produit en solo des spectacles tels que Mistinguett, reine des années folles et Le Rouge et le Noir, Cohen fait un retour remarqué en 2024 avec une nouvelle version des Dix Commandements, sous la direction de Pascal Obispo. Albert Cohen : quand talent rime avec simplicité et bienveillance.

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BOUILLON DE CULTURE
PAR EDEN LEVI-CAMPANA
© DR

BOUILLON DE CULTURE

AJ MAG : Parlez-nous de votre rencontre avec Richard Anconina, puisque c’est par là que tout a commencé…

Albert Cohen : Oh là là ! Vous m'emmenez très loin ! J'avais 16 ans et je cherchais un job d’animateur pour gagner de l’argent de poche pendant l'été. J'étais déjà un passionné de musique et je faisais un peu le DJ auprès de mes amis et dans ma famille quand il y avait des fêtes. J'ai trouvé ce job dans le sud de la France, dans un club de vacances. Et le directeur de l'animation du club de vacances était… Richard Anconina, avant qu'il ne devienne acteur (c’était en 1976-1977). Alors, Richard et moi avons monté des spectacles ensemble – évidemment, avec deux morceaux de carton et trois bouts de ficelle, mais avec beaucoup d'intention – dans ce club de vacances ; c'était précurseur et prémonitoire.

Ensuite, j'ai eu la chance d’être embarqué dans la folle aventure des radios libres, qui plus tard sont devenues privées, et c’est ainsi que j'ai participé à la création de Radio Nostalgie. Cela a été une expérience assez incroyable, encore dans la musique. Et après, j'ai produit des films, des documentaires, toujours très axés sur la musique.

Jusqu’à la rencontre avec Notre-Dame de Paris ? Oui ! Atteint, tout jeune, par le virus du spectacle grâce à Richard, je vais voir Notre-Dame de Paris au Palais des Congrès le soir de sa générale. On est en décembre 1998. En sortant du Palais des Congrès, je fais une crise de jalousie et je dis aux amis qui m'accompagnaient : « Mais c'est ça que je veux faire ! » À l'époque, j'avais produit l’album de Daniel Lévi et je cherchais un moyen de révéler Daniel, avec tout le talent qu'on lui connaît, au grand public. Alors la réflexion autour de Daniel, l'approche de l'an 2000 et tout le mystère qui accompagnait cette arrivée de l'an 2000, le vingt-et-unième siècle sera-t-il spirituel ou ne sera-t-il pas, plus le fait d'être allé voir NotreDame de Paris… Je me souviens, c’était un jeudi soir, veille de chabbat, j’étais seul à la maison. J’ai mélangé tout ça et cela a donné Les Dix Commandements ! Ce soir-là, j’ai vraiment eu un flash : j'ai vu Daniel brandir les Tables de la Loi sur une scène. Et l'idée est donc partie de là. Nous l’avons développée très vite, puisqu'en septembre 2000 nous avons commencé à jouer une série de représentations qui a attiré plus de 2 millions de spectateurs en France, ce qui est assez colossal. lll

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© DRPhoto du spectacle Les Dix Commandements avec l'aimable autorisation de la production

C’est fort de ce succès, dans le puissant élan de cette réussite, que j'ai produit tous mes autres spectacles – dans l'ordre : Autant en emporte le vent, Le Roi Soleil, Mozart, l'Opéra Rock, 1789, Les Amants de la Bastille, Mistinguett, reine des années folles, Le Rouge et le Noir

La musique fait partie de votre ADN ? Ma mère chantait tous les jours dans sa cuisine. C'était une chanteuse. Évidemment, quand on baigne, très jeune, dans cette atmosphère-là, on est très vite contaminé par le virus de la musique – c'est un bon virus. Puis j'ai passé mes années 70 à écouter tous les grands groupes de pop-rock de l'époque, à commencer, au tout début, par les Beatles, et tous les autres ensuite.

Vous connaissez une réussite exceptionnelle, sur des productions qui ne sont absolument pas évidentes. Quel est votre secret ? D’abord, je n'ai pas fait cela tout seul. J'étais avec

Dov Attia, qui est toujours mon ami et mon partenaire. Tous les spectacles que je vous ai cités, nous les avons faits ensemble. Puis, comme toutes les histoires d'amour finissent un jour par se diluer un peu, Dov et moi avons senti que nous avions atteint la limite de notre collaboration. Un beau jour – c'était après le Covid –, nous nous sommes dit que plutôt que de faire un succès ensemble, nous allions faire un succès chacun de notre côté, et que cela en ferait deux ! En ce moment, Dov est en train de faire Molière, l'opéra urbain, qui est un succès. Bravo à lui. Je n'avais aucun doute sur la qualité du spectacle qu'il allait délivrer et il l'a fait. Moi, je suis parti sur Les Dix Commandements.

Qu’est-ce qui vous fait vibrer aujourd’hui, qu’est-ce qui vous donne l’envie d’aimer ?

Le désir et le plaisir de recevoir autant de monde dans toutes ces grandes salles, et surtout de constater leur bonheur à la sortie de la salle. Il n'y a pas meilleure récompense que d’être gratifié d’une « standing ovation » de dix minutes tous les soirs pendant quinze ans, ou presque. C’est une expérience assez exceptionnelle et l’on a juste une envie, c'est qu'elle dure encore. Et l’on fait tout pour. Je fais tout pour que cela dure encore, en espérant à chaque fois que le public réponde. n

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© DR - Photos du spectacle Les Dix Commandements avec l'aimable autorisation de la production

Pascin et le rire de Joann Sfar

En marge de l'exposition Joann Sfar. La vie dessinée, le musée d’art et d’histoire du Judaïsme de Paris proposait une conférence intitulée : « En l’absence de Pascin ». Dans la présentation de l’événement, le mahJ

BOUILLON DE CULTURE
©RachelA. Silberman

BOUILLON DE CULTURE

Juste avant la conférence, je me suis arrêté à la Galerie Saphir qui jouxte le mahJ.

Francine Szapiro, la directrice de la galerie, tenait absolument à me montrer un dossier en sa possession, ainsi qu’un dessin de Pascin qu’elle expose dans ses sous-sols. « Le dossier, c’est tout un ensemble de correspondances, de dessins et de gravures qui proviennent de l'atelier de Chas Laborde* », m’a précisé la galeriste, ajoutant : « Ils se taquinent. L'amitié entre eux était très forte. Ce sont des documents de première main, des instantanés de “l'École de Paris”. Ici, il a fait un dessin qui n'est jamais sorti : une œuvre humoristique en gravure de Chas Laborde, qui pose devant le portrait de la reine Victoria avec une autre reine… d'un autre genre [ndlr : une reine de la nuit]. » (photo ci-contre) Né en 1885 à Vidin, en Bulgarie, au sein d’une famille d’ascendance séfarade, Julius Mordecai Pincas se forme à Vienne, Budapest, Berlin et Munich avant de s’établir à Paris où, sur le conseil d’Apollinaire, il prend le nom de Pascin. Après un détour par les États-Unis durant la Grande Guerre, Pascin regagne Paris. Dessinateur des nuits parisiennes, il expose chez Berthe Weill et au Salon des indépendants, tout en fréquentant les maisons closes et les recoins mal famés de Montmartre, jouissant d’une liberté dont témoigne son art. Rongé par l’alcool et les excès, Pascin se suicide le 2 juin 1930, jour du vernissage de sa dernière exposition.

Joann Sfar a consacré à Pascin six ouvrages illustrés, parus dans la collection Mimolette. Les épisodes de Pascin, qui ont commencé à paraître dans Lapin 15 d’avril 1997, se sont immédiatement imposés comme l'une des œuvres maîtresses du pourtant déjà prolifique Joann Sfar. La biographie de Pascin est pour Sfar le moyen idéal de développer les thèmes de la création artistique, de l'amour et du sexe. On y croise, dans le Montparnasse des années 1920, Chagall, Soutine, Kokoshka, de nombreux modèles, des membres de la pègre, des bouchers, des ivrognes, des prostituées, et même un soupeur.

En préambule de la conférence, Joann Sfar souligne qu’il préfère les « artistes pirates » aux ». Il adore Pascin, qui a cumulé les deux états. Alors que Sfar développe son propos, on ne peut que constater son érudition et son éclectisme. Cette large culture explique sans doute en partie la diversité de sa propre création. Durant la conférence, les spectateurs suivent avec intérêt les turpitudes de celui que l’on surnommait « le prince de Montparnasse » ; mais en définitive, c’est l’attitude du conférencier, son sourire et son

rire, qui suscitent la curiosité et qui sont au centre des discussions au moment des questions-réponses avec le public, après cette conférence qui a eu un vif succès.

Francine Szapiro est venue à la rencontre en voisine. Je la retrouve en fin de conférence et lui demande son avis : « Génial ! Ça pétille de vie ! Il bouscule toutes les conventions, toutes les barrières. En plus, c'est une description de l'esprit de Montparnasse. Sfar nous fait revivre cette époque, c'est une replongée dans la vie quotidienne de ces hommes et de ces femmes, et dans cette sorte de communication parfaite entre la littérature et les arts. Pascin, qui faisait l’éloge de l’expressionisme, était particulièrement à l’aise dans cette époque marquée par l’absence de barrières entre les différents domaines de la création artistique. Je suis vraiment enthousiasmée par la prestation de Sfar et la façon dont il vit sa passion. Et son rire ! Il est particulier, le rire de Sfar, quand même. C'est la définition même de l'humour juif. Comme le disait le dentiste qui est intervenu, c'est un rire désespéré, c'est un rire pour ne pas mourir, un rire de survie, un rire de combat, de lutte pour la vie. »

Marc, le dentiste, est là, justement ; il attend pour se faire dédicacer un album. Certes, c’est un collectionneur et il possède un nombre important d’œuvres de Pascin, mais ce soir c’est en « groupie sfarienne » qu’il a fait le déplacement avec son épouse. Devant lui, la file est longue pour rejoindre la table de Joann Sfar, ce qui lui permet de revenir sur son intervention au micro, pendant l’échange entre le public et le conférencier : « J'ai posé deux questions à Joann Sfar, dont une qui concerne son sourire. lll

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© Rachel A. Silberman

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Il a toujours le sourire. Ce sourire-là veut dire qu'en même temps qu’il est pessimiste, il veut parler de choses positives et essayer de convaincre les gens. » Odile, l’épouse de Marc, enchaîne : « Et son rire ? Tonitruant, avec un côté un peu cynique. Mais surtout, ce que je vois chez Sfar, c’est un amour immodéré de la vie, des gens, des êtres, des corps… et puis une écoute. Quand on lui a posé des questions, il écoutait. Les gens les plus intelligents sont ceux qui savent entendre les autres… Oui, cela vaut le coup de le questionner à propos de son rire. » Bonne idée, c’est ce que je vais faire : aller dans la loge de Joann Sfar pour l’interroger sur son rire. Je parie que cela va le faire rire.

AJ MAG : Votre rire a intrigué le public ce soir…

Joann Sfar : J'ai un rire spécial ? (rires) C'est intéressant, ce que disait ce dentiste, que le rire est agressif. Je ne sais pas si le mien est agressif. Je sais que c'est une réponse à beaucoup de choses. À chaque fois qu'on peut répondre par le rire, cela me va très bien. Je crois que le rire est aussi un évitement.

C’est votre caractère ?

Oui. Je suis vraiment joyeux. Je crois que j'ai une bonne nature. J'ai des angoisses profondes mais la joie l’emporte.

C’est un trait d’humour ?

(Sourire) Oui, le dessin aussi me fait rire. J'adore mon métier. Dès que je regarde les gens dans la rue, dès que je vois plusieurs visages, il y a un moment où ils me font rire. Un seul individu, ça peut être angoissant ; mais si tu en regardes cinquante, au bout d'un moment tu rigoles. Où qu'on me mette, je vais chercher un détail rigolo.

Y compris après le chabbat noir ?

Je suis allé en Israël après le 7 octobre. Il y a des

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Séance de dédicaces après la conférence © Rachel A. Silberman © Rachel A. Silberman

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histoires qui sont tellement étranges qu'elles en deviennent drôles malgré elles – ou pas malgré elles. Itzik Cohen, qui est un grand comédien israélien, m'a dit : « À cause du 7 octobre, j'ai dû être le promoteur d'Israël à Londres et en plus j'ai dû rester chez ma sœur pendant deux semaines. Ça, je ne le pardonnerai jamais au Hamas ! »

Vous préparez un livre sur le 7 octobre ?

Effectivement. Il va sortir le 25 avril. C’est un livre sur Israël et sur les Juifs en France. Je ne l'ai pas fait exprès, mais il y a beaucoup de choses très drôles dans ce livre dont le fond est grave. Dans le même ordre d’idées, j'ai beaucoup aimé le film Le dernier des Juifs, avec Agnès Jaoui. C'est un film qui est drôle du début à la fin, et le propos est tragique.

Vous n’aimez pas le sérieux ?

Je ne crois pas au sérieux, en fait. Je crois à la gravité. Le sérieux qui provoque le rire, ça oui. Quand quelqu'un se prend au sérieux, on a envie de se moquer.

Je ne crois pas au sérieux, en fait. Je crois à la gravité. Le sérieux qui provoque le rire, ça oui. Quand quelqu'un se prend au sérieux, on a envie de se moquer. C'est souvent le cas des artistes ou des écrivains qui croient à ce qu'on raconte sur eux. Ça c'est terrible, formidable.

Le titre du livre ?

Nous vivrons. Après le 7 octobre, j’ai dessiné un 'haï, alors il y aura un 'haï sur la couverture, et puis il y aura écrit : « Nous vivrons ».

C’est ce qu’aurait pu dire Pascin ?

Largement, surtout au moment de son suicide. Quand il s’est taillé les veines, il a fait une mise en scène, il a écrit le nom de sa compagne sur le mur avec son sang ; et comme il ne mourait pas, il a fini par se pendre à la poignée de la porte. C'était un mec marrant, pas là mais dans sa vie qui est pleine d’histoires hilarantes. C'était un provocateur, comme Gainsbourg. Platon disait qu'il appartient au même homme d'écrire les comédies et les tragédies, et Pascin était cet homme.

Et Joann Sfar ?

Aucune idée. J'aime mieux regarder les autres que me regarder moi-même. Je me dessine tout le temps parce que je suis bien obligé d'avoir un véhicule, mais j'aime quand même mieux regarder les autres. Je peux vous parler du rire des autres. Je crois que je suis assez bon pour décrire les autres, leur gestuelle, ce qu'ils disent, ce qu'ils pensent. Mais pour ce qui est de moi, je ne sais pas trop. L'écriture de comédies reste à mes yeux ce qui est le plus difficile. Provoquer le rire chez le spectateur, c'est quand même quelque chose. Et à force d'écrire beaucoup de comédies, parce que dans toutes mes histoires il y a toujours des scènes de comédie, cela devient une vraie déformation professionnelle ( rires ). n

*Chas Laborde : pseudonyme de Charles Laborde (Buenos Aires, 1886-Paris, 1941), écrivain, journaliste, graveur, peintre et illustrateur français.

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Un départ sans retour

Ils ont longtemps été les « oubliés » de l’histoire d'Israël, ces quelque 900 000 Juifs ayant vécu dans les pays arabes et en Iran pendant deux millénaires. Ils furent arrachés à leur terre natale pour la plupart après l’indépendance de l’État d'Israël, et contraints de quitter leur pays avec souvent une seule valise et quelques dinars en poche. Leur exode, bien que traumatisant, fut pourtant, pendant des années, relégué au second plan dans le narratif national israélien. C’est pourquoi, pour la douzième année consécutive, le Centre Dahan de l’Université Bar-Ilan organise le 8 avril un événement consacré à cet exil méconnu : « Yetsia leLo 'hazara » (« un départ sans retour ») ou comment raconter aux nouvelles générations le déracinement brutal de près d’un million de Juifs.

«

Toute l’idée de cette journée est de transmettre une histoire qui a longtemps été ignorée. Nous militons pour que l’histoire des Juifs des pays arabes soit racontée à travers cette journée, mais aussi tout au long de l’année. Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de l'Éducation pour que cette histoire soit introduite dans les programmes scolaires », explique le docteur Simon Ohayon, directeur du Centre Dahan et ancien député à la Knesset. L’histoire à laquelle fait référence le docteur Ohayon, c’est celle du million de Juifs ayant vécu en terre d’Islam pendant des siècles. Après avoir contribué à la richesse culturelle, économique et sociale du monde arabe, ils ont dû

s’exiler massivement au cours du XXe siècle, particulièrement à la suite de la proclamation de l’État hébreu.

Dès 1948, les tensions dans la région s’intensifient et les communautés juives dans les pays arabes deviennent la cible de discriminations, de violences et de persécutions. Les gouvernements arabes adoptent aussi des politiques discriminatoires à l’encontre des populations juives : ils sont déchus de leur nationalité, privés de leurs droits fondamentaux, expulsés de leurs emplois et se voient confisquer leurs biens. Cette oppression administrative contraint les Juifs irakiens, syriens et égyptiens à s’enfuir de leur terre natale sans biens ni ressources. Des pogroms comme ceux de Tripoli et Bagdad

en 1941, faisant des centaines de morts, ou ceux d’Égypte en 1956, en semant la terreur parmi les populations juives locales, contribuent également à cet exode massif. « Ils leur ont pris leur argent et leurs biens. Les Juifs des pays arabes et d’Iran ont payé un prix très lourd. En un an à peine, l’Irak s’est vidée de tous ses Juifs. En vingt-cinq ans, des communautés millénaires ont presque totalement disparu des pays arabes et d’Iran. Ils ont laissé derrière eux la plupart de leurs biens, estimés aujourd’hui à près de 400 milliards de dollars », raconte le docteur Simon Ohayon. Ils sont 600 000 à arriver en Israël où ils sont logés, parfois pendant des années, dans les « maabarot », ces camps de transit mis en place par le gouvernement pour

44 AJ MAG N° 1008 HISTOIRE

Ci-dessous : les nouveaux immigrants font la queue pour accéder au réfectoire d'un camp d'accueil près de Haïfa.

A droite : un couple d'immigrants marocains en visite sur l'esplannade du Kotel à Jérusalem après leur arrivée en Israël

En bas : une famille d'immigrants devant leur tente dans une « maabara » du nord d'Israël

accueillir les nouveaux immigrants, où ils vivent dans des tentes à même la terre ou des cabanes en bois. « Malgré tout, ils ont tous fini par s’intégrer dans le paysage israélien. Mais leur histoire a été oubliée », ajoute le docteur Ohayon.

C’est pour éviter que l’exode des Juifs des pays arabes et d’Iran, pourtant l’un des plus importants flux migratoires du XXe siècle, ne soit oublié que des députés ont œuvré pour faire passer une loi le commémorant : en 2014, la Knesset a ainsi adopté une loi fixant au 30 novembre – soit le lendemain du jour anniversaire de l’approbation par l’ONU de la création de l’État d’Israël et du plan de partage de la Palestine – la commémoration de l’expulsion et l’exode des Juifs des terres d’Islam. Le docteur Ohayon figure parmi les députés qui ont milité pour faire adopter cette loi :

« La date du 30 novembre a été choisie en souvenir de l’exil qui a fait suite à la proclamation de l'État d'Israël (ayant eu lieu le 29 novembre) », précise-t-il.

« Nous tenons à consacrer chaque année une journée au souvenir de ce déracinement méconnu. Des personnes de tous bords participent à notre événement à l’Université Bar-Ilan, particulièrement des lycéens. Ce sont précisément les jeunes que nous souhaitons toucher car ce sont eux qui sont les garants de la

transmission de notre histoire. Cette année, nous attendons entre 350 et 400 personnes. May Golan, la ministre de l’Égalité sociale et de la Promotion des femmes d'Israël, nous fera aussi l’honneur de sa présence, ainsi que d’autres personnalités. Sont prévus plusieurs conférences et un spectacle “playback” pour raconter de manière interactive le déracinement des Juifs ayant vécu en terre d’Islam », raconte le docteur Simon Ohayon.

L’exil des Juifs ayant vécu en terre d’Islam a une résonance toute particulière cette année, alors que la question des réfugiés palestiniens fait de plus en plus débat. En effet, ces deux exodes ont souvent été mis en parallèle : le départ des Palestiniens en 1948

et la fuite des Juifs des pays arabes ont longtemps été perçus comme un « échange de populations ».

C’est une des raisons pour lesquelles, pendant des années, le gouvernement israélien n’a pas beaucoup ébruité le traumatisme de ces exilés juifs. Mais « alors que le nombre de réfugiés palestiniens ne fait qu’augmenter, tous les Juifs chassés des pays arabes et d’Iran se sont intégrés dans les pays qui les ont accueillis. Si l’on avait parlé plus tôt de l’exil de ces Juifs, nous n’en serions pas là avec la question des réfugiés palestiniens », estime le docteur Ohayon. n

Le Centre Dahan est spécialisé dans l’organisation d’événements consacrés aux communautés juives du monde entier et a produit plus de quarante ouvrages scientifiques sur ces communautés.

La participation à la journée organisée par le centre Dahan le 8 avril est gratuite et se fait sur inscription via leur site (possibilité de s’inscrire jusqu’à la veille de la journée) : https://dahancenter.co.il

AJ MAG N° 1008 45 HISTOIRE

« Zekher leYetsiat Mitzrayim » : la libération de l’esclavage politique entraîne la libération de l’esclavage spirituel

C’est de la sortie d’Égypte que date la naissance du peuple juif. Auparavant, il s’agissait pour ainsi dire d’une âme nationale embryonnaire, à l’état de graine, et cette graine a germé et éclos en Égypte où est né le peuple juif.

La naissance d’un individu est un événement douloureux ; a fortiori celle d’une nation : Israël, qui dès ses prémices, à partir de la naissance de Yitzhak, a connu l’exil – quatre cents ans d’exil. Avant de définir les Juifs en termes de comportement, le judaïsme les définit en termes de nature : le judaïsme consiste précisément à préserver et à révéler la nature particulière des Juifs grâce à des mitzvot (commandements de la Torah) qui développent leurs tendances profondes, en harmonie avec leur nature. Les mitzvot ne sont pas destinées à forger notre personnalité de Juifs, ce ne sont pas les mitzvot qui nous rendent juifs, mais c’est parce que nous sommes juifs que nous devons accomplir les mitzvot Chacune des mitzvot dévoile un trait particulier lié à la sortie d’Égypte ; chacune rappelle ou plutôt actualise

la sortie d’Égypte. En effet, la célèbre formule « zekher leYetsiat Mitsrayim » n’évoque pas le souvenir nostalgique d’un passé qui n’est plus. Elle traduit plutôt l’actualisation de quelque chose qui était et existe toujours.

Dans la Haggada (récit de Pessa'h), nous trouvons à deux reprises des questions posées par des enfants : celles du « Ma nichtana » (« En quoi est-elle différente ? ») et celles des quatre fils. Chacune de ces séries de questions est accompagnée de sa réponse. La réponse à la question « en quoi cette nuit estelle différente de toutes les autres nuits ? » est : « Esclaves de Pharaon nous étions en terre d’Égypte. De là-bas, Lui, notre Dieu, nous a fait sortir. » Alors qu’aux quatre fils, il est dit : « Avant que tout n’ait commencé, nos ancêtres servaient les dieux des autres. Maintenant, Lui, le

46 AJ MAG N° 1008
AU NOM DE LA LOI

AU NOM DE LA LOI

Dieu du monde, a fait de nous les proches de Son service. »

D’un point de vue historique, il s’agit de deux récits distincts. Dans le Talmud (Traité Pessa’him 116a), on trouve une controverse entre Rav et Chmouel sur la question de savoir si la réponse à donner aux fils doit être « esclaves nous étions » ou « avant que tout n’ait commencé, nos ancêtres servaient les dieux des autres ». On peut dire que la discussion porte sur l’essence de la délivrance d’Égypte : est-ce que le principal est la libération nationale ou faut-il y voir une dimension religieuse, symbolisant le passage de l’idolâtrie au service de Dieu ? Le peuple d’Israël témoigne ainsi qu’il n’y a pas de distinction entre la libération nationale et la libération spirituelle, qu’il ne peut y avoir l’une sans l’autre. Malgré cela, le peuple d’Israël a décidé que ce serait la réponse « esclaves nous étions », c’est-à-dire l’aspect national, qui viendrait en premier, indiquant que la priorité est de s’assurer de la libération de l’esclavage politique, qui entraînera la libération de l’esclavage spirituel, et non l’inverse. Cela est sousentendu dans la partie du Maguid (récit) : « Quand bien même nous serions tous hommes de sagesse, intelligents et connaissant la Torah – c’est un devoir pour nous de faire le récit de la sortie d’Égypte. » Il y a lieu de poser la question : existe-t-il une mitzva dont les sages seraient exemptés, pour qu’il faille ici préciser qu’ils y sont malgré tout astreints comme tout le monde ? » Non, la raison de leur inclusion est que l’on pourrait penser que ne doivent remercier d’être sortis d’Égypte que ceux pour qui le joug de l’exil était une grande souffrance. Et comme les sages d’Israël, consolés par leur Torah, ne ressentent pas la difficulté de l’asservissement, il se pouvait qu’ils soient exemptés du récit de la sortie d’Égypte, puisqu’il ne les concerne pas. C’est pourquoi la Haggada indique explicitement que ce n’est pas le cas ; car en réalité, on ne peut être réellement rempli de sagesse, d’intelligence et de connaissance de la Torah tant que l’on se trouve sous l’asservissement des nations. Croire qu’il peut y avoir un Enseignement (Torah) sous le gouvernement des nations n’est qu’une illusion, comme l’ont dit nos sages du Talmud (Traité 'Haguiga 5b) : « Il n’y a pas de plus grande annulation de la Torah que l’exil d’Israël. »

Nos sages nous ont également enseigné qu’il fallait beaucoup s’occuper de la sortie d’Égypte : « Quiconque abonde en récits de la sortie d’Égypte ajoute à sa louange. » (Michna Traité Pessa'him, chapitre 10) Cela ne signifie pas seulement qu’il faut multiplier les récits de ce qui a été, mais également

Horaires de chabbat

Chabbat Chemini (Ha'Hodech)

5 avril 2024-26 Adar 2 5784

Jérusalem 18h21 19h39

Tel Aviv 18h41 19h42

Netanya 18h41 19h41

Roch 'hodech Nissan Mardi 9 avril

Chabbat Tazria

12 avril 2024-4 Nissan 5784

Jérusalem 18h26 19h45

Tel Aviv 18h46 19h47

Netanya 18h46 19h47

Chabbat Metzora (HaGadol)

19 avril 2024-11 Nissan 5784

Jérusalem 18h30 19h50

Tel Aviv 18h51 19h52

Netanya 18h51 19h52

Pessa'h

Du mardi 23 avril au lundi 29 avril 2024 (15-22 Nissan 5784)

. Entrée de la première fête le lundi 22 avril au soir

Jérusalem 18h33 19h52

Tel Aviv 18h53 19h55

Netanya 18h53 19h55

. Entrée de la deuxième fête le dimanche 28 avril au soir Jérusalem 18h37 19h57

Tel Aviv 18h57 19h59

Netanya 18h57 20h00

Chabbat Pessa'h ('Hol haMoed)

26 avril 2024-18 Nissan 5784

Jérusalem 18h37 19h57

Tel Aviv 18h57 19h59

Netanya 18h57 20h00

Chabbat A'harei Mot (Mévarekhim)

3 mai 2024-25 Nissan 5784

Jérusalem 18h40 20h01

Tel Aviv 19h01 20h03

Netanya 19h01 20h04

Nous comptons le Omer chaque soir à la tombée de la nuit à partir du premier jour de 'Hol HaMoed (23 avril 2024 après la sortie des étoiles) jusqu’à la nuit précédant Chavouot (10 juin 2024 après la sortie des étoiles).

« Un homme vraiment riche est celui dont ses enfants courent dans ses bras quand ses mains sont vides. » (Rabbi Yé'hiel de Zlotchov)

que l’on doit en tirer des leçons pour nous permettre de sortir de différentes sortes d’Égypte. C’est ce qu’ont fait les sages, « accoudés ensemble au Seder de Bnei Brak, faisant leur récit de la sortie d’Égypte toute cette nuit-là », la nuit dans laquelle ils se trouvaient à ce moment-là étant le joug romain.

Et nous aussi, nous avons appris d’eux à espérer notre sortie d’Égypte, celle qui se déroule depuis la création de l’État d’Israël. n

Rav Avraham Dray

Rabbin de communauté à Ashdod - Fondateur de Chadarim Directeur du Desk France du Mizra'hi mondial Pour contacter le rav Dray : avdery7@gmail.com

AJ MAG N° 1008 47

Festivités guerrières

Il y a quelques jours, j’ai reçu de Netivim, l'association de la Municipalité de Netivot chargée d'organiser les activités culturelles et de loisirs de la ville, un message ainsi rédigé : « À l'approche des Journées du Souvenir et de l'Indépendance, de nombreuses questions se posent à nous autour de la ligne délicate qui sépare le deuil de la joie. Comment célébrer le 76e anniversaire de l'État d'Israël en cette période troublée ? » Suivait un questionnaire sur lequel le public était appelé a choisir entre trois possibilités : annuler les festivités traditionnelles, les maintenir comme à l'habitude ou les restreindre en ne maintenant que quelques attractions pour les enfants, et quelques centres de prières et de recueillement.

Bien entendu, ce dilemme ne se pose pas seulement aux responsables de Netivot. Il est palpable dans le pays tout entier et nous l'avons déjà rencontré au sujet des festivités de Pourim que nous venons de célébrer. Ainsi, le débat fut vif au sein de la Municipalité de Jérusalem qui, jusqu’à la dernière minute, se demanda si elle devait ou non maintenir le défilé carnavalesque qu'on appelle ici « Adeloyada », que certains trouvaient indécent tant que la guerre fait rage à Gaza, que des soldats tombent chaque semaine et que les otages ne sont toujours pas libérés.

Et les animateurs de la chaîne 14 ont été critiqués pour avoir osé, le jour de Pourim, présenter leurs émissions sous leurs déguisements. C’est habité par la même hésitation aussi que le ministère de l'Éducation se demande si l'on doit maintenir la remise du traditionnel Prix d'Israël à Yom HaAtzmaout. Les commentaires sur les réseaux sont souvent très tranchés. Un exemple révélateur, parmi tant d'autres : « Comment peut-on même hésiter ?

Comment est-il possible de faire la fête alors que tant de familles, Yom HaZikarone, pleureront leurs proches récemment assassinés ou tombés au combat ? Qu'y a-t-il à célébrer exactement ? Les otages ? Les massacres du 7 octobre ? Sommes-nous à ce point déconnectés de la réalité pour seulement envisager de célébrer quoi que ce soit en ce moment ? » L'autre jour, je déroulais le groupe WhatsApp que j'ai ouvert le 9 octobre avec les parents des futures « 'hemdatiennes » qui devaient atterrir en Israël le jour de notre rentrée, programmée pour le 17 octobre. Alors que j'essayais difficilement de rassurer les parents à juste titre inquiets de la situation, et que je refusais de céder aux pressions de ceux d'entre eux qui souhaitaient repousser de plusieurs mois, voire même annuler la rentrée, j’avais reçu de l'un d’eux le message suivant : « Vous dites que si ma fille manque la rentrée, elle aura des difficultés à s'intégrer plus tard car les premiers jours sont importants pour trouver ses repères et participer à l’ambiance. Quelle ambiance ? Quel Juif a la tête à “s'ambiancer” aujourd'hui ? » (Heureusement, sa fille est aujourd'hui parmi nous et passe une excellente année…)

Nous sommes un vieux peuple, un très vieux peuple. Et même si les contextes historiques ne sont jamais complètement identiques, il est toujours possible de s'inspirer de l'attitude qu'ont eue nos ancêtres dans des situations similaires.

Le Talmud (Baba Batra 60b) rapporte qu'après la destruction du Temple, alors que nombre de Juifs étaient tombés au combat ou emportés en captivité, certains décidèrent de ne plus manger de viande et de ne plus boire de vin. À Rabbi Yeochoua qui leur en demandait la raison, ils répondirent : « Comment

pouvons-nous continuer comme avant alors que le Temple est détruit et qu'on ne peut plus y apporter ni viande ni vin ?!

Il leur répondit : dans ce cas, il faudrait aussi cesser de manger du pain et des fruits, de boire de l'eau et de construire des maisons ! Je vais vous dire comment réagir : continuez à bien manger et boire, à construire vos immeubles et à vous marier, mais laissez symboliquement un petit carré inachevé sur l'un des murs, en souvenir de Jérusalem. »

Une grande sagesse se cache sous ces propos de Rabbi Yeochoua. Il ne faut pas laisser les malheurs et les drames nous paralyser par crainte de ne pas être à la hauteur de la douleur ressentie, par peur de manquer de décence face à la souffrance de nos proches ou même à la nôtre. Il ne faut pas oublier le deuil, il convient de lui laisser une place, un siège vide le soir du Seder, par exemple, ou une pancarte rappelant le drame derrière l'estrade de la cérémonie festive. Mais il ne faut surtout pas arrêter de rire, de danser, de se déguiser à Pourim ou de célébrer notre indépendance retrouvée il y a 76 ans ! Chaque mariage, chaque sourire, chaque fou-rire, chaque sortie au concert ou au restaurant, chaque ballade familiale en Israël, chaque bar-mitzva célébrée est une façon de dire à nos ennemis : nous sommes toujours là, heureux et bien décidés à continuer à vivre, malgré votre haine et votre sadisme, malgré votre projet génocidaire ! La célébration de Pourim ou de Yom HaAtzmaout fait partie de l'effort de guerre et marque notre amour de la vie, notre résilience et notre victoire sur les forces du mal ! Sinon, que signifierait notre fameux « Am Israël 'haï » ?

Arrêtez-moi si je dis des bêtises… n

48 AJ MAG N° 1008 klingelie@gmail.com
LE KLING DU MOIS

Secrets du Temps

Nouvelle lune, homme neuf

La lune parle aux Juifs d’une idée à considérer : la possibilité de se renouveler régulièrement, non pas dans un éternel recommencement, mais avec une capacité d’innover, de créer quelque chose de nouveau, de se réinventer soi-même.

C’est l’observation, le calcul et le témoignage du Juif au tribunal des hommes qui détermine la nouvelle lune. Celle-ci préfigure tous les événements qui se produiront au cours du mois à venir. C’est la raison pour laquelle il nous est ordonné de rappeler à ce moment-là le mérite de nos patriarches, afin que Dieu se souvienne avec aménité de nous autres, leurs descendants. Les Benei Israël seront ainsi protégés des événements néfastes que les constellations pourraient recéler pour le mois qui débute. Quant au soleil, il est salué tous les vingt-huit ans par notre birkat ha'Hama, la bénédiction de cet astre qui nous chauffe et nous éclaire – une occasion de remercier le Créateur, qui est notre véritable soleil, pour cet immense bienfait.

À chaque nouvelle lune étaient sacrifiés au Temple deux taureaux, un bélier et sept agneaux en holocaustes, et un bouc en expiatoire. Les deux taureaux sacrifiés rappellent le mérite du premier des patriarches : un pour Abram lorsqu’il était stérile, un second pour Abraham (avec une

Pardès – le Verger – ce sont les quatre niveaux d’étude de la Torah. Ariela Chetboun met par écrit l’enseignement oral reçu de ses maîtres en Kabbala et 'Hassidout. Que cet éclairage vienne

דייסב compléter ce que nous savions jusqu'ici.

nouvelle lettre dans son nom : le hé divin) désormais doté d’une descendance. Sur un autre plan, le taureau du sacrifice incarne la rigueur. On l’offre en sacrifice pour qu’elle ne s’abatte pas sur nos têtes.

Le bélier est offert pour rappeler le mérite d’Isaac qui s’est lui-même offert en sacrifice et a été remplacé par un bélier qui, lui, représente la force absolue. L’offrande du mouton rappelle le mérite de Jacob – sept agneaux pour Yaacov dont on dit que « l’image est gravée sur le Trône de Gloire situé au-dessus des sept firmaments ».

Le taureau correspond à la sphère céleste qui entoure la terre, le bélier aux douze signes du zodiaque et les sept agneaux aux sept planètes. En sacrifiant ces animaux au Temple, nous reconnaissons que Dieu, dans Sa grande bonté, annule pour les Juifs ces déterminants de la condition humaine.

À Pessa'h , la nouvelle lune la plus puissante de toute l’année, les mêmes animaux sacrifiés sont aussi chargés symboliquement. Les deux taureaux correspondent alors à Moïse et Aaron, messagers chargés de libérer les Hébreux ; le bélier évoque la puissance divine et les sept agneaux correspondent aux sept Justes : Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Lévi, Kehat et Amram, dont les mérites doivent pouvoir protéger les Benei Israël

La fonction de la sanctification du temps est de faire descendre du Ciel vers la Terre les valeurs divines, les dimensions spirituelles, surnaturelles. Le rôle des Juifs dans la Création consiste à instiller de la sainteté dans le temps profane. Notre mission ? Révéler la droiture divine, Israël, Yachar-El , dans le cercle de la nature, le monde d’ Elokim . Puissent nos prières remplacer encore nos sacrifices et protéger toujours le peuple juif. n

AJ MAG N° 1008 49
UNE ANNÉE AVEC LA CABALE
Extrait de Une année avec la Cabale. Secrets du Temps et des Fêtes juives En vente sur Amazon

Soupe de fèves

PRÉPARATION

l Décongeler les fèves et en enlever la peau.

l Mettre dans une cocotte-minute tous les ingrédients. Ajouter de l’eau jusqu’à la moitié de la cocotte et faire cuire 30 à 40 minutes en fonction de la taille du morceau de viande.

l Retirer la viande et l’os à moelle de la cocotte en faisant bien attention de ne pas faire tomber la moelle dans la soupe

l Mixer le tout avec un mixeur plongeant. Ajouter un peu d’eau si la préparation est trop épaisse.

l Servir bien chaud. Certains ont l’habitude de casser de la matza dans l’assiette au moment de la dégustation.

Bon appétit et 'Hag saméa'h !

INGRÉDIENTS

Pour 8 personnes

• 1 sachet de fèves vertes surgelées (environ 800 g)

• 1 os à moelle

• Un morceau d’agneau (certain mettent un zroa) pour le goût

• 1 gros oignon

• 2 carottes

• 1 grosse pomme de terre

• Une botte de coriandre frais

• 1 ½ c. à c. de curcuma

• 1 c. à c. de cumin

• Sel et poivre

50 AJ MAG N° 1008 RECETTE

JEUX

V RE EM I L V I TC I M E C

G RO LI L E N A RL E M H O

N AI IR A C O R OM R A N C

I UD JE E V I N AY O U R T

S IE HC E B A T SD C T E U

T EP OL U S E N EH N O X O

O GQ NE I T E U AR N M S R

N IU TK O G R U AC R N A I

D EO LR E R L U VD C E N O

E AR SE E I O R NN H E G M

U BU GI O B A O CO O N U U

S LM VN A C L A SU E F E F

E AA OK D U J P GE R I O T

V ID GN O U A E US F N N I

E CS BA E C H E AT K L O P

Trouve les 10 différences

AIRAIN ARTISAN AUTOMNE BELOTE

BOUCAN

BOULON

BUNKER

CAPUCHE

CARDAN

CARNAVAL

CHAOS

CITHARE CLAUSE

CORMORAN

Mots mêlés

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EXSANGUE

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SOLUTION : Le mot-mystère est : écrivain

Solutions des jeux page 54

52 AJ MAG N° 1008
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Solutions des mots fléchés de la page 52

En Galicie, un village appartient à un comte antisémite. Un jour, par pure cruauté, il décide de faire un concours de connaissances. Il désigne son chapelain, un jésuite très érudit, pour le représenter, et il demande à la communauté juive de désigner un représentant. Le principe du concours est le suivant : chacun pose une question à l'autre et celui qui répond « je ne sais pas » sera immédiatement tué.

La communauté se réunit pour choisir son champion et, tout naturellement, c'est le rabbin qui est désigné. Mais ce dernier déclare : – Écoutez, le candidat du comte est un jésuite extrêmement savant. Il en sait plus que moi, même en hébreu. Mais pour la communauté, je suis prêt à me sacrifier. Par contre, j'ai huit enfants, et vous devrez les prendre en charge s'il m'arrive malheur.

La communauté étant très pauvre, il n'est pas question de prendre huit enfants en charge.

Tout le monde se défile. C'est alors qu'une voix s'élève du fond de la synagogue :

– Moi je veux bien y aller, je n'ai pas peur !

Tout le monde se retourne et regarde le cordonnier du village qui vient de proposer ses services.

Bien qu'il soit totalement inculte, les fidèles acceptent, tout heureux d'avoir un candidat.

Arrive le jour de la confrontation. Le comte est installé sur son trône dans la grande salle de son château, et le concours commence. Le

jésuite regarde le cordonnier juif avec mépris et part d'un fou-rire :

– C'est ça que vous avez choisi pour vous représenter ?! Vas-y, mon pauvre, à toi l'honneur ! Pose-moi ta question.

Et le petit Juif demande :

– Que signifie « énéni yodéa » ?

– Que signifie « énéni yodéa » ? Je ne sais pas.

Ni une ni deux, deux soldats du comte attrapent le jésuite et lui font son affaire.

Le cordonnier est porté en triomphe. Le rabbin le prend à part et lui demande :

– Dis-moi, comment as-tu eu l'idée de lui poser cette question ?

– Oh, rien d'extraordinaire à cela. Petit, j'ai lu cette expression dans un livre. Quand j'ai

au 058-461 62 62 ou

demandé au rabbin ce que voulait dire « énéni yodéa », il m'a répondu : « Je ne sais pas » – et ça fait cinquante ans que ça me turlupine.

Alors je me suis dit : si mon rabbin ne sait pas, comment ce goy pourrait-il savoir ?

Une mère juive de Manhattan achète deux cravates à son fils : une bleue et une rouge. Le lendemain, son fils porte la cravate bleue. Sa mère fond en larmes : – Oy ! Alors tu n'aimes pas la rouge ?!

Aux États-Unis, maître Blumenstein, avocat, a fait graver sur sa plaque professionnelle : « Deux questions, deux mille dollars ». Un client entre dans son cabinet et s’exclame : – Mille dollars la question, vous ne trouvez pas que c'est un peu cher ?! – Non, pas du tout. Et quelle est la seconde question ?

À New York, les mères juives ne souhaitent qu'une seule chose : que leur fils se marie avec une Juive ! À San Francisco, elles ne souhaitent qu'une seule chose : qu'il épouse une femme !

54 AJ MAG N° 1008
JEUX
Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour. Avec l'aimable autorisation de la famille.
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