18 Qu'est-ce que la famille quand on est issu de la DPJ ?
06 Un pilier sur lequel on se construit ?
14 Quand la famille se livre
16 Vous dites amour... ?
19 Mon ami, mon frère
30 Le pouvoir des espaces verts en milieu urbain
POUR LE PLAISIR DE LIRE
21 Optons pour la simplicité
22 Nid vide
22 Le cliché
23 Imbue
24 Verseau
25 Force de vivre
26 Fleur de macadam
Crédit photo : Philippe Fortin
Crédit
photo : Alexandre Gilbert
RÉALISER L’ESPOIR
L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue ! - par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.
L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.
Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.
SUIVEZ-NOUS SUR facebook.com/laquete.magazinederue et issuu.com/laquete/docs
Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu ? Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.
Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de mars : Inattendu
FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOT
Les camelots font 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.
Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31
Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.
COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS
Nom :
Adresse : Ville :
Code postal :
Date :
PAGE COUVERTURE
Illustration : Bherg
Conception graphique : Megan Martel
ÉDITEUR
Archipel d’Entraide
ÉDITEUR PARRAIN
Claude Cossette
RÉDACTRICE EN CHEF
Francine Chatigny
DIRECTRICE DE L’INFORMATION
Valérie Gaudreau
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Isabelle Noël
CHRONIQUEUR.SE.S
Maurane Bourgouin, Martine Corrivault, Claude Cossette, Isabelle Noël et Marc Émile Vigneault
JOURNALISTES
Célia Bali, Philippe Fortin, Alexandre Gilbert, Gabrielle Pichette et Manon Prat
AUTEUR.E.S
Michel Brisson, Fanny Dubé, Gaétan Duval, Thomas Jay, Jocelyn Leblanc, Judy Miller et Jade Valronne
AUTEUR DU JEU
Jacques Carl Morin
ILLUSTRATEUR.RICE.S
Benoit Gingras et Bherg
PHOTOGRAPHE
Alexandre Gilbert
RÉVISEUR
Benoit Arsenault
INFOGRAPHISTE
Megan Martel
IMPRIMEUR
Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284
COPYLEFT
La Quête, Québec, Canada, 2014
Ce document est mis à votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « PaternitéPas d’Utilisation commerciale - Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, permet de l’utiliser et de le diffuser tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs.
PAR ANNÉE
Abonnement régulier 65 $
Abonnement de soutien 80 $
Abonnement institutionnel 90 $
Téléphone :
La Quête est appuyée financièrement par :
Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)
Financé par le gouvernement du Canada
Journal La Quête
190, rue St-Joseph Est Québec (Québec) G1K 3A7
Téléphone : 649-9145
Télécopieur : 649-7770
Courriel : laquetejournal@yahoo.ca
FAMILLE
Pour février, l’équipe de bénévoles de La Quête vous a concocté un super numéro sur le thème de la famille.
Rien d’étonnant à ce que l’on fasse la belle place, dans un magazine de rue, aux réalités de familles moins connues. D’entrée de jeu, deux femmes témoignent de leur longue relation dans un contexte de famille d’accueil de proximité. Une situation pas toujours confortable, ni pour l’une ni pour l’autre, mais qui aboutit en un noyau solide et rassurant.
Pour Maxime Paquette, qui a flirté longtemps avec la dépendance, le lien qui l’unit à ses amis et ses confrères de thérapie est plus fort que le lien filial. Alexandre Gilbert nous raconte son parcours en photo.
S’il y a un temps, la famille modèle comprenait un père, une mère et des enfants, aujourd’hui on pourrait la définir comme toute structure élevant des enfants. Les modèles sont infinis. Célia Bali nous en présente quelques-uns.
Notre logo rafraîchi !
Ce qui devait être un « petit nettoyage » de la police de caractères de La Quête pour la rendre plus facilement utilisable pour les impressions sur des sacs et vêtements (à venir !!!) s’est conclu par un restylage de l’ensemble du logo. Dans l’ancienne version, le camelot était replié sur lui-même pour la simple et bonne raison qu’on ne voulait pas identifier la personne sur la photo. Alors là, on est très heureux de vous présenter la version 2024, dynamique, à l’image de notre belle gang de camelots.
SOLEIL
Un jour rapproché
Nous prendrons l’auto
Mais ce ne sera pas pour filer au bureau
Ce sera pour emprunter les routes ensoleillées
Qui mènent aux pays colorés
Des toucans et des palmiers.
Je vois déjà la belle scène :
À côté des flamants roses
Nonchalamment, on se repose
Avec un innocent sans-gêne
Le sable et la mer sont au rendez-vous
À peine tu me déranges
Pour aller cueillir de grosses oranges.
C’est un projet un peu fou
C’est pour un nordique, inattendu, Mais il est joyeusement bienvenu.
Dans certaines familles on ne se transmet pas que les valeurs : on se transfère aussi les entreprises. Gabrielle Pichette nous rapporte comment deux entreprises de Québec perdurent de père en fille et en fils !
Manon Pratt, pour sa part, a rencontré Caroline Fortin la présidente du Mouvement Retrouvailles. Cette dernière nous fait part des avancées récentes dans le monde de l’adoption.
Les pères s’impliquent plus que jamais dans les différentes facettes de l’éducation des enfants. Toutefois, les familles monoparentales sont encore largement soutenues par des femmes. Y a-t-il un impact à l’absence du père ? Philippe Fortin s’est intéressé à la question.
Enfin, on a le plaisir de vous faire découvrir de nouveaux auteurs dans la section Pour le plaisir de lire.
Bonne lecture !
FRANCINE CHATIGNY
On revient les bras chargés,
Sous notre joli parasol
Nos daiquiris n’ont pas bougé, On commande deux crèmes glacées molles.
C’est le pays des merveilles
Je crois qu’on va y demeurer toujours, Mon très cher amour.
GAÉTAN DUVAL
N. B. Notre précieux poète, Gaétan Duval, lancera au cours du mois de février son tout premier recueil de poésie. Suivez nos publications Facebook pour connaître les détails de l’événement.
ourtoisie:Claude
Cossette
UN PILIER SUR LEQUEL ON SE CONSTRUIT ?
On m’a appris, dans mon enfance, que la famille était le fondement de la société. Cela m’a été confirmé plus tard dans des cours, des lectures… et par ma propre expérience. C’est donc le lieu idéal où grandir. Encore que l’écrivain et Nobel de littérature André Gide ait écrit, envieux : « Familles, je vous hais ! Foyers clos, portes refermées, possessions jalouses du bonheur ».
LA FAMILLE, SOCLE DE SOCIALISATION
Bien sûr, c’est dans la famille que se tissent les premiers liens d’affection et de solidarité. Une bonne famille fournit un cadre qui permet de soutenir ses membres autant du point de vue émotionnel, qu’économique ou social. Les frères et les sœurs sont normalement solidaires entre eux et avec leurs parents. C’est ce que l’on appelle « l’esprit de famille ».
Les sociologues considèrent la famille comme une institution qui joue un rôle capital dans la socialisation des individus. La famille est en effet le premier lieu où les enfants apprennent les normes, les valeurs et les rôles qui leur permettront de s’intégrer à la société. Le philosophe Aristote pensait que des familles harmonieuses étaient essentielles au bon fonctionnement de la société.
UN SOCLE, PLUSIEURS PILIERS
Mais d’autres institutions participent à l’apprentissage social. C’est le cas de l’école qui pendant des années entraîne les enfants à se conformer à ce que la société attend d’eux. Certains critiques affirment que l’école « formate » les enfants.
C’est le cas également du milieu de travail : le groupe encadre ses membres pour qu’ils agissent comme il est tacitement convenu. Et il sanctionne les déviants de diverses manières, par la critique, la punition et, à la fin, l’exclusion. La communauté globale joue également un rôle par les mœurs et les coutumes qui sont véhiculées par les lois et les règlements. Là, c’est sérieux. Ceux qui ne se plient pas aux règles aboutiront en jugement et, sur condamnation, au paiement d’une amende ou en prison.
LA FAMILLE TRANSFORMÉE PAR LA SCIENCE
Dans les années futures, le mot « famille » pourrait évoquer de nouvelles manières de vivre ce regroupement originel. Une famille pourrait comprendre des membres rassemblés par des intérêts communs plutôt que par des liens de sang.
Les avancées dans les droits des minorités sexuelles et de genre imposent une définition élargie de ce qu’est la parenté. Les progrès technologiques, telles la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui, pourraient redéfinir la notion de parentalité.
Il est envisageable que même les caractéristiques des enfants puissent être contrôlées. La génétique pourrait per-
mettre de choisir les spécificités des embryons, créant ainsi des « familles » basées sur les préférences.
La famille pourrait même être considérée comme une unité sociale flexible et adaptable où les attaches seraient forgées sur un provisoire respect et un soutien mutuels, rien de plus.
LA FAMILLE SOLIDIFIÉE PAR LA TECHNO
Par ailleurs, la technologie pourrait permettre de mieux entretenir les liens familiaux. La réalité virtuelle pourrait fournir un environnement familial plus immersif, plus semblable à la réalité.
Ces systèmes pourraient permettre de maintenir des liens étroits même à distance. Sur le plan perceptif, le temps et l’espace risquent ainsi de se contracter sérieusement. C’est déjà le cas. Mon premier voyage en Europe en paquebot nécessita six jours de mer houleuse. Rendu à destination, je donnais des nouvelles à mes parents par la poste et, même « par air », leur lettre m’arrivait trois semaines plus tard. Les relations étaient forcément distendues. Les jeunes voyageurs d’aujourd’hui sont en constante interaction avec leurs proches.
Les capteurs d’inertie ou de positionnement dans l’espace ajouteront encore à la sensation de réalité de même que cette robotique capable de reproduire les mouvements humains.
LA FAMILLE SUR UN TERRAIN GLISSANT
Quelle sera l’évolution de la famille ? Elle continuera de jouer un rôle vital dans la société. Elle demeurera le lieu où les individus trouvent un premier sentiment d’appartenance, de sécurité et de connexion émotionnelle, où les individus développent leurs premières compétences sociales.
La famille modèle de mes grands-parents était la Sainte Famille de Jésus. Quelle sera l’image symbolique de la famille pour mes arrière-petits-enfants ? Je ne sais trop. Une chose est sûre, la famille continuera de changer par suite des avancées techno-scientifiques et des changements sociaux, mais, au départ, le soutien émotionnel et la transmission des valeurs communes continueront de reposer sur elle.
Le philosophe Jacques Dufresne l’admet, déçu : « Les liens à la fois inconditionnels et purs sont rares. […] La majorité des êtres humains doit se satisfaire des solidarités nécessaires, telles qu’elles existent encore dans ce qu’il reste des familles ».
Pour ma part, je considère que la famille demeure le support le plus accessible pour garder l’espoir — ou l’assurance ! — de n’être pas seul au monde.
CLAUDE COSSETTE
LA FAMILLE D'ACCUEIL DE PROXIMITÉ POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE
Anne est la tutrice légale de Léa, la fille de Luna. Elle procure aussi un filet de sécurité à cette jeune femme. Cependant Anne a dû fermer sa porte à la jeune mère pour l’ouvrir à Léa : une situation qui a généré beaucoup de frustrations pour les deux femmes. Et selon Anne, beaucoup de famille d’accueil de proximité sont soumises à ces difficultés.
UNE ENFANCE SINGULIÈRE
Luna est née dans le milieu de la prostitution et a été séparée de sa mère à l’aube de l’adolescence. Elle est alors placée dans une famille d’accueil de proximité, soit dans une famille de son entourage. Elle y sera traitée comme une restavèk. « En Haïti, c’est comme ça qu’on appelle les orphelins pris en charge par une famille qui les traite en esclaves » précise Luna. Elle se tape les corvées, et se fait frapper. « Je dormais cachée sous le lit pour éviter les coups et les viols », relate calmement Luna.
Elle cache sa réalité jusqu’au jour où elle arrive à l’école avec une lèvre fendue. Devant la retirer d’urgence de son milieu de vie, la direction de la protection de la jeunesse (DPJ) appelle Anne, chez qui la jeune fille va tous les jours.
À ce moment-là, Anne ne sait rien de la vie de Luna, sauf qu’elle est une très bonne amie de son fils. Elle héberge l’adolescente pendant que sa famille d’accueil fait l’objet d’une enquête. Quand, quelques jours plus tard, la DPJ lui demande si elle garderait Luna à long terme, le cœur meurtri, Anne refuse. « J’étais monoparentale de deux enfants, dont un “difficile”, et je travaillais à temps plein… ».
CATAPULTER DANS LA VIE ADULTE
Ballotée entre différents milieux de vie, Luna trouve finalement la stabilité auprès d’un amoureux. Leur histoire est tumultueuse, la violence, omniprésente et le fait que Luna tombe enceinte n’y change rien. L’enfant n’est pas né et déjà onze signalements ont été faits à la DPJ.
Familière avec les instances en matière de la protection de la jeunesse, Anne outille Luna afin qu’on ne lui retire pas l’enfant à sa naissance et l’accompagne à l’accouchement. La jeune mère peut, avec un suivi « serré » de la DPJ, garder Léa.
L’instabilité dans laquelle vit Luna entraîne éventuellement une situation fâcheuse : elle se fait retirer son bébé de huit mois. La DPJ demandera à Anne et son conjoint, des personnes significatives pour Luna, de prendre l’enfant pour un mois, puis trois. Pendant cette période, Luna voit sa fille sous la supervision de la DPJ. Les visites se passent bien et le retour chez la mère est envisageable, sauf que son passé la rattrape et elle est incarcérée.
Même « en-dedans », Luna fait de sa fille sa priorité. Elle réclame un environnement propice aux visites supervisées, puis demandera un transfert dans une prison mieux adaptée à la réalité des mères. Malgré ces conditions difficiles, son lien avec sa fille est extraordinairement fort.
DE MÈRE EN MÈRE
Après le jugement qui a conduit Luna en prison, Anne demeure la famille d’accueil de proximité de Léa jusqu’à sa majorité. Luna peut voir sa fille que sous supervision. À sa sortie de prison, Luna
se retrouve en situation d’itinérance, mais elle se présente tout de même à chacune des visites supervisées.
Les deux femmes se rappellent de cette période pleine de frustrations. Même si elle est heureuse que sa fille soit chez Anne, Luna se sent reléguée au second rang. « Je ne pouvais pas lui offrir de répit, car la petite était avec moi et un jugement de la cour la contraignait à voir son enfant sous supervision d’un tiers… », témoigne Anne qui poursuit, « moi aussi je trouvais cela difficile. Chez nous, ç’a toujours été chez elle ».
Après plusieurs démarches, le statut d’Anne change à nouveau. Elle devient tutrice légale, ce qui signifie que la DPJ met un terme à ses interventions et qu’Anne supervise elle-même les visites. Les deux femmes peuvent enfin avoir à une relation « normale ».
Luna se réjouit, « aujourd’hui, vu qu’il n’y a plus de supervision, je peux aller chez Anne quand j’ai des bobos au cœur ».
Anne est aussi heureuse de pouvoir accueillir librement Luna qu’elle aime d’amour ! « On est famille atypique et on s’entraide dans la mesure de ce que nous sommes capables de faire. Cette année, j’ai eu des difficultés et Luna a été une donneuse de soin pour moi après mes hospitalisations. »
Luna conclut en insistant sur le sentiment de sécurité que lui offrent Anne et son conjoint. « Juste savoir que je peux compter sur quelqu’un pour ma fille, et pour moi, il n’y a rien de plus rassurant ! Pour moi, c’est ça la famille. »
FRANCINE CHATIGNY
AU-DELÀ DES LIENS DU SANG
Aux prises avec des problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie depuis près de 15 ans, Maxime Paquette a pris la décision de suivre une thérapie afin de s’en sortir. Un an plus tard, il raconte son histoire et explique le rôle qu’ont joué ses amis et ses confrères de thérapie dans sa lutte contre la dépendance. À 13 ans, Maxime avait déjà déménagé plus de vingt fois et intégré plus de cinq foyers différents. Selon lui, être exposé à autant d’instabilité a été un facteur important dans le développement de ses dépendances aux drogues et à l’alcool qui ont commencé durant l’adolescence.
Alors que nous marchons dans le quartier SaintRoch, des souvenirs remontent. « Moi, quand j’étais p’tit, c’est icitte que j’me promenais avec mon père. Dans le temps, il y avait encore le mail SaintRoch, c’était hardcore dans le coin. Mon père se servait de moi pour distraire les madames pendant qu’il vidait leurs sacoches. À six ans, il m’a montré comment ouvrir des portes avec une carte de crédit. Après que ma tante ait appris ça, je n’ai plus jamais revu mon père. »
Crédit
photo
Alexandre
Gilbert
Crédit
photo
Alexandre Gilbert
Maxime Paquette est reconnaissant pour tous ceux qui l’ont aidé à surmonter ses problèmes de dépendance. Aujourd’hui, il se sent fier de l’humain qu’il est devenu.
En marchant sur la rue du Roi, dans le quartier Saint-Roch, Maxime se remémore son enfance et les traumatismes qu’il a vécus.
« 1 minute, 1 heure, 1 jour, 1 mois, 1 année… c’est comme ça que ça se passe. Une étape à la fois. » Ce sont les mots prononcés avec émotions par un de ses confrères au moment où Maxime Paquette reçoit le jeton qui souligne son année de sobriété lors d’une rencontre des Alcooliques Anonymes. Après 15 ans de dépendance, jamais il n’aurait cru s’en sortir.
Selon lui, ses amis et ses confrères de thérapie ont joué un rôle crucial dans son combat contre la dépendance. « Au début, quand j’avais besoin de faire des commissions, mes amis venaient me chercher pour s’assurer que je ne retombe pas dans la consommation, ils ont toujours été là pour moi, ils ont tellement été patients. Je n’y serais peut-être jamais arrivé sans eux. » Maxime souligne aussi l’importance qu’a eu le soutien de ses confrères dans son processus. Il est heureux de partager son quotidien avec eux et de pouvoir à son tour offrir son appui à ceux qui en ont besoin.
L’un des sept tatouages que Maxime Paquette s’est faits lui-même, pour rendre hommage à sept amis qui ont perdu la vie. Ce dernier les considère comme un rappel indélébile des risques liés à la consommation et comme une source de motivation à demeurer sobre.
« C’est ma deuxième famille, on s’entraide, on se tient. C’est pas toujours facile, mais on est là pour les autres. »
Un an après avoir débuté sa thérapie à la Maison d’Entraide l’Arc-en-Ciel, située dans le quartier Saint-Roch, Maxime y est maintenant intervenant. Il croit que son bagage peut aujourd’hui lui permettre d’en aider d’autres. « Je suis passé par là, je sais c’est quoi, je sais à quel point c’est dur de s’en sortir. » Il planifie également de s’inscrire à l’université afin de compléter une formation qui lui permettra d’être encore mieux outillé dans son travail.
ALEXANDRE GILBERT
Crédit
photo : Alexandre Gilbert
Crédit photo : Alexandre Gilbert
Pour Maxime, la Maison d’Entraide l’Arc-en-Ciel lui a permis de voir la lumière au bout du tunnel.
REMODELER LA FAMILLE
Les structures familiales se métamorphosent à vitesse grand V. Petit échantillon des formes que prend la famille contemporaine.
LE MARIAGE SABBATIQUE : QUAND VIVRE SÉPARÉ RAPPROCHE
Natasha Subra et son mari sont ensemble depuis 25 ans. Si leur mariage naît d’une farce entre amis à Las Vegas, l’idée a fini par les séduire et devenir sérieuse.
Alors que leur vie de couple se déroule comme celle d’une famille des plus normales, le confinement vient mettre un coup de pied dans la fourmilière et chamboule beaucoup de certitudes. « Jérôme est quelqu’un de très casanier, donc il était heureux, mais moi je voulais retourner travailler, je n’en pouvais plus », explique la mère de famille.
je n’ai pas fait ma vaisselle et bien tant pis je la ferai demain », raconte la quarantenaire en décrivant le soulagement d’avoir trouvé son nouveau chez soi. Bien que la décision de quitter le foyer familial lui semble au départ un peu égoïste, la mère de famille se rend rapidement compte qu’il était nécessaire de penser à elle sans penser à tout le monde. Au final, cette décision permettra à la famille de retrouver une certaine stabilité.
Côté sentimental, le couple s’accorde pour dire qu’il n’y aura pas de troisième personne entre eux et qu’il n’a jamais été question d’infidélité. Ils apprennent à passer à nouveau du temps ensemble, mais aussi à recréer le manque et la hâte de se retrouver les weekends. « Nous sommes retombés amoureux et c’est un peu comme au début », confie Natasha. Il était également hors de question pour elle de vivre un mariage malheureux à l’image de celui de ses parents, et c’est pourquoi trouver une solution était primordial pour elle.
Il y a un an, une grosse dispute éclate au sein du couple qui se met à réfléchir à une solution. La séparation n’est pas envisageable pour l’un comme pour l’autre, car même s’ils ne s’entendent plus, le peu d’amour qu’il reste leur permet d’avoir de l’espoir. Le concept de mariage sabbatique les fait réfléchir et en mars 2023, Natasha emménage dans son nouvel appartement. Seule.
C’est l’occasion pour elle de retrouver une certaine liberté dans sa routine ainsi qu’une sérénité. « Le soir, je rentre chez moi et si
Pour le moment, vivre séparé a permis aux deux amoureux de se retrouver et la question de vivre à nouveau ensemble ne s’est pas vraiment posée. Natasha Subra confie ne pas l’envisager pour le moment, et se concentre sur le fait que ce mode de vie semble mieux leur correspondre.
UNE FAMILLE SANS ENFANTS
Zélie Groleau a 23 ans et elle ne veut pas d’enfants. Si cet idéal de famille se démocratise au sein de la génération Z, il est encore trop éloigné de la norme pour que tout le monde l’accepte. Les femmes
qui l’expriment sont souvent confrontées à des avis négatifs sur la question. La mère de Zélie, par exemple, semble avoir du mal à comprendre ce choix, elle qui s’imagine déjà avoir des petits enfants.
La jeune femme exprime d’abord une peur panique d’être enceinte, une réelle angoisse. Puis, elle évoque aussi son trouble de la bipolarité, qu’elle craint de transmettre à un possible enfant. Pour elle, il n’est pas envisageable qu’un enfant grandisse dans les mêmes conditions qu’elle : avec un parent qui a une maladie mentale.
Devenir parent implique d’avoir la responsabilité d’un autre être, de s’adapter à son enfant. Ce concept ne correspond pas non plus à la vision que Zélie Groleau projette pour sa vie. « Tu as mis un être au monde, et il va falloir que tu t’en occupes, au moins que tu sois responsable ». Pour elle, faire naître un enfant dans ce monde est une décision égoïste. « C’est les exposer à un monde violent pour ton propre bonheur », exprime-t-elle. Dans un monde surpeuplé où les ressources viennent à manquer dans les quatre coins du globe, élever un enfant implique de participer à empirer ce schéma pour Zélie Groleau. Cependant, la jeune femme a du mal à se dire qu’elle est sûre à 100 % de sa décision, elle n’exclut pas le fait que ses conditions de vie d’ici dix ans la fassent changer d’avis.
Zélie Groleau a conscience que c’est un sujet qui peut causer des
Illustration de Bherg
Illustration de Bherg
séparations dans un couple s’il y a un désaccord. Heureusement pour elle, sa vision est en accord avec celle de sa partenaire actuelle. « Nous sommes aussi entourées par des amis qui en veulent [des enfants] donc d’une certaine manière, on sera amené à avoir des enfants dans notre entourage proche et cette configuration nous convient », conclut-elle.
UNE COPARENTALITÉ BASÉE SUR L’AMITIÉ
Maxime Regnier a toujours voulu avoir des enfants, mais n’a aucune envie d’être en couple. Pour lui, ces deux projets sont différents et bien distincts : l’un peut aller sans l’autre et vice-versa. Alors, petit à petit, depuis bientôt six ans, il construit un projet de coparentalité avec sa meilleure amie.
Installés à Avignon, en France, les deux amis prévoient de vivre ensemble, d’abord louer puis acheter une maison. Dans ce mode de vie, les enfants seraient au centre de tout, et si jamais des conjoints venaient à s’ajouter dans la vie de l’un ou de l’autre alors il serait ajouté au projet. Maxime Regnier insiste sur la nature de leur relation amicale, « c’est comme une relation de couple, mais sans le sexe », précise-t-il.
Les deux amis échangent beaucoup sur leurs visions, leurs objectifs et l’éducation qu’ils souhaiteraient transmettre à leurs futurs enfants. Le jeune homme ex-
plique qu’ils ont l’habitude d’avoir des enfants autour d’eux et qu’ils réalisent qu’ils sont régulièrement d’accord sur la façon dont ils géreraient des situations impliquant des enfants. « Évidemment, nous sommes différents sur plein de choses, mais on est hyper complémentaires », explique-t-il en évoquant sa relation avec sa meilleure amie.
Le couple d’amis fait face à un entourage qui ne comprend pas toujours leur choix. Pour Maxime, le fait de sortir de la norme explique l’incompréhension. Il évoque des proches qui expriment une inquiétude à propos de la crédibilité et du fondement de leur projet. « Je comprends qu’ils ne comprennent pas, car dès qu’on sort des normes les gens ont peur, mais je m’en fiche », conclut le jeune homme. Pour lui, ce projet aboutira grâce à la relation forte qu’il entretient avec cette amie, et une envie commune de fonder une famille.
DEUX MAMANS, UN PAPA/ LE TRIO PARENTAL : UNE ÉQUATION
QUI FONCTIONNE
Sandrine Bernard et sa compagne ont bien failli abandonner le projet d’enfant si le co-père à qui elles ont proposé ce projet n’avait pas dit oui il y a 15 ans.
Les deux femmes, ensembles depuis une trentaine d’années, se rapprochent à l’époque d’une association en France, l’APGL, afin d’aborder leur projet. Bien que beaucoup de couples homosexuels utilisent la technique de la procréation médicalement assistée, les deux femmes se posent régulièrement la question de l’intérêt d’une référence paternelle pour leur enfant. Elles décideront finalement d’ajouter un père à l’équation.
Les trois échangent régulièrement et notamment sur des sujets
autres que la parentalité afin de mieux apprendre à se connaître les uns les autres. Puis, rapidement, Sandrine Bernard tombe enceinte. Le couple souhaitait avant tout un père proche géographiquement, et pas de famille éloignée. Et, même si « ce n’est pas toujours aisé », les décisions se prennent tous ensemble.
Les plus grosses difficultés rencontrées se trouvent sur le plan organisationnel, dont la question de l’appellation de sa deuxième mère. « Il était hors de question de l’appeler par la construction “maman et son prénom” », précise Sandrine Bernard, en expliquant qu’une autre appellation a été construite à partir du prénom de sa compagne.
Si d’un point de vue administratif, seuls Sandrine Bernard et le père biologique apparaissent comme les représentants légaux d’Imanol, aucun des trois parents n’est mis à l’écart dans l’éducation et la famille. La compagne de Sandrine Bernard prévoit à ses 18 ans de faire une adoption simple afin de pouvoir lui transmettre ses biens.
Et bien que l’organisation puisse paraître compliquée, le couple l’identifie aux mêmes problématiques d’un couple divorcé. Chaque maison à ses propres règles, et les grandes décisions et celles qui ont un impact sur la vie d’Imanol sont prises à trois voire à quatre, incluant le jeune homme.
CÉLIA BALI
Illustration de Bherg
Illustration de Bherg
AU CŒUR DES ENTREPRISES FAMILIALES
Les entreprises familiales représentent le tissu économique et social de notre société. Elles incarnent un modèle d’entreprise imprégné de valeurs, d’histoires et de traditions. Ces commerces, souvent transmis de génération en génération, occupent une place importante dans la vie des citoyens. La ville de Québec regorge d’entreprises familiales. Voici l’histoire de deux d’entre elles !
GARAGE MAGELLA BEAULIEU INC.
L’histoire commence en 1972, lorsque Magella Beaulieu décide d’acheter un terrain à Saint-Émile pour y construire un garage et une station-service. Les années passent et l’entreprise est florissante.
En 1980, la famille vit un deuil, Magella Beaulieu décède. C’est sa femme Raymonde qui reprend l’entreprise, avec l’aide de ses deux fils, Fabien et Louis. Huit ans plus tard, Fabien Beaulieu devient propriétaire exclusif de l’entreprise et décide de faire des rénovations. Il ajoute huit nouvelles pompes à essence à la station-service et agrandit le garage.
Depuis 2019, les fils de Fabien, Martin et David sont en processus pour acheter l’entreprise. Ils seront alors co-propriétaires dans quelques années.
David l’admet, l’entreprise familiale ne l’avait jamais véritablement intéressé. Il avait plutôt entrepris des études en microbiologie et travaillait dans le milieu administratif des hôpitaux. Après quelques années dans ce milieu, il s’est questionné sur sa carrière et a décidé de quitter son emploi. La retraite de son père cognant à la porte, il reprend le garage avec son frère.
L’entreprise de Saint-Émile est connue et appréciée par les gens
du coin. « C’est une fierté pour moi de voir ce que mon père a créé ». David souhaite donner une belle image à son entreprise pour que les gens soient contents de faire affaire avec eux.
Son but est de redonner à sa communauté, comme son père avant lui.
LE FUTUR DE L’ENTREPRISE
Martin n’ayant pas d’enfants, le fils de David devient alors le dernier espoir de perpétuer la tradition. Léo, sept ans, ne prévoit pas pour l’instant reprendre l’entreprise. David souhaite l’accompagner dans ses études pour qu’il trouve sa propre voie. Il explique avoir reçu une compagnie florissante de la part de son père, mais que dans vingt ou trente ans l’industrie de l’automobile peut changer. « Je ne tiens pas à ce que mon gars dans vingt ans ait les mêmes défis qu’on a présentement. »
Il souhaite réinventer l’entreprise vers des opérations plus simples, pour que son fils puisse en profiter d’une quelconque manière. Martin et David prévoient ce qu’ils veulent pour que l’entreprise perdure. Dans l’industrie automobile ou d’une autre façon.
CANDIDE VILLENEUVE PAYSAGISTE INC.
L’entreprise de paysagiste prend vie en 1956 lorsque Candide Villeneuve fonde sa compagnie axée sur la production de pelouse et la plantation d’arbres. L’aménagement paysager dans les années 1960 était plutôt simple. « Une dalle de béton avec deux haies de cèdres de chaque côté c’était ça de l’aménagement paysager pour les gens », dit Julie Villeneuve.
Le fils de Candide, Daniel Villeneuve, rachète l’entreprise en 1985 et se spécialise dans des projets plus complexes. Son innovation et ses compétences, la pousse à créer des paysages uniques.
En l’honneur du transfert de l’entreprise, toute l’équipe décide de planter un arbre. Il pourra évoluer en parallèle avec l’entreprise.
Martin Beaulieu (à gauche), Fabien Beaulieu (au centre) et David Beaulieu (à droite) formant la relève du garage Magella Beaulieu inc.
Courtoisie : David Beaulieu
Courtoisie : Julie Villeneuve
Sa fille, Julie Villeneuve, choisit une autre voie pour sa carrière. Elle se lance dans des études en photographie et travaille dans le milieu pendant huit ans. En 2013, elle se cherche un emploi à temps partiel pour combler son horaire. Ces quelques heures se transforment rapidement en emploi à temps plein et en 2022 elle décide d’acheter l’entreprise à son tour.
La passion pour l’art et le design de Julie reste. Elle teinte ses activités dans l’entreprise. En plus d’être directrice générale, elle
est conceptrice en chef. Elle rencontre les clients, planifie leur projet et prend les photos du résultat final.
Aux yeux de Julie, les valeurs familiales sont ce qui décrit le mieux son entreprise. Malgré qu’aucun autre membre de la famille ne travaille dans l’entreprise, elle considère l’équipe comme une grande famille. Il est très important pour Julie que les employés soient impliqués dans le processus de conception. Elle leur demande ré-
gulièrement leurs avis sur le choix des projets.
L’énergie chaleureuse des employés est ressentie par les clients, ce qui offre des relations solides dans les projets. Le rapport humain entre l’entreprise et les clients sont également une priorité pour Julie. « Je suis capable de me projeter. Si mes clients me disent ce qu'ils veulent vivre avec leur famille sur leur terrain, je vais imaginer l’aménagement avec ces composantes-là. »
LE FUTUR DE L’ENTREPRISE
Julie et son frère n’ont pas d’enfants. Ce qui signifie que Julie sera la dernière de la famille à être propriétaire de l’entreprise.
« Ce n’est pas quelque chose de mauvais, parce que la personne qui va vouloir reprendre va se teinter un peu de ce que l’entreprise est. »
Julie Villeneuve n’est pas inquiète pour le futur de l’entreprise. Elle estime qu’un employé prendra le relais après elle et sera passionné par ce qu’il fait. Autant que la famille Villeneuve l’aura été.
GABRIELLE PICHETTE
Courtoisie
Villeneuve
Daniel Villeneuve (à gauche) et sa fille Julie Villeneuve (à droite).
EN QUÊTE DE LECTURE
HRONIQUE
QUAND LA FAMILLE SE LIVRE
Ah ! La famille… Certains y voient un abri où se réfugier lors d’inévitables tempêtes envoyées par la vie. Pour d’autres, cette dernière est une source infinie d’ouragans, tous plus destructeurs les uns que les autres. Peu importe la situation, le terme « famille » englobe tous ces types de refuges, qu’ils soient solides depuis des générations ou reconstruits à mains nues avec les matériaux rencontrés au fil du temps.
Évidemment, je n’ai que quelques lignes pour définir un concept essentiel à l’existence même de l’humanité. Mais comme d’habitude, la littérature réussit à décliner en milliers de nuances ce que l’on n’arrive que difficilement à s’expliquer. Donc sans plus attendre, voici quelques suggestions d’ouvrages qui ont su l’aborder dans toutes ses couleurs.
LA FAMILLE DÉCOMPOSÉE
La femme qui fuit, Anaïs Barbeau-Lavalette
Une femme qui part à la conquête de ses origines, et qui découvre sa grandmère : une femme complexe, rebelle, et dont le comportement est parfois (souvent) choquant. En plein cœur du Refus Global et de ses personnages plus grands que nature, Suzanne Meloche abandonne ses deux enfants en 1948. Un véritable raz-de-marée de traumatismes intergénérationnels s’ensuit alors, relaté avec sensibilité et délicatesse, prouvant sans équivoque le talent inouï de l’autrice.
LA MORT D’UN PATRIARCHE
Mama, Nathalie Doummar et Rima Elkouri
Cette histoire se tisse tranquillement dans un contexte plutôt classique : papa est mourant, et tout le monde se réunit autour de lui pour le veiller et supporter Nana, une force tranquille durant les derniers moments de son mari. Tout aussi tranquillement, ce roman se déploie dans l’histoire unique de chaque femme présente au chevet du patriarche. Filles, petites-filles, et belle-sœur, toutes se démarquent en racontant petit à petit des bribes de leurs vies en Égypte, de leurs indocilités, de leurs fractures, de leurs blessures. À travers les inévitables conflits et les moments difficiles, on se rappelle que ce qui unit n’importe quelle famille est simplement l’héritage, sous toutes ses formes.
LES PARTIS PRIS
Le jardin de la morte, Pierre-Luc Gagné
Un choix d’amour, Valérie Forgues
Je ne pouvais passer sous silence deux excellents ouvrages publiés par mes collègues en 2023 et qui sont parfaitement en lien avec le thème de ce mois-ci ! Dans celui de Pierre-Luc, on explore la famille à travers les yeux d’un garçon qui grandit à Rimouski, entouré de sa mère, de sa grand-mère et de ses tantes, un tissu ultra féminin qui semble surligner en jaune fluo l’absence du père. Lorsque sa grand-mère Jeannine décède (souvent l’événement déclencheur), la solidarité féminine familiale s’effrite, amochant en même temps le garçon en quête de repères. Un beau roman où l’art devient refuge lors des tempêtes familiales.
Parfois, la famille se définit par le refus d’en avoir. C’est ce que Valérie attaque méticuleusement dans Un choix d’amour. L’avortement, le choix de la non-maternité, la liberté, mais aussi la douleur des décisions difficiles et de la culpabilité qui s’invite sont abordés avec une immense humanité dans ce récit intimiste. On voit que l’autrice a réfléchi longuement avant d’écrire ce livre, et bien que teinté de beauté et de poésie à chaque page, j’y ai vu le cheminement de pensée d’une femme en pleine possession de ses moyens et qui prend avec aplomb et grâce la décision qui se révélera être un choix d’amour pour elle.
LA FAMILLE QUE L’ON SE CRÉE
N’essuie jamais de larmes sans gants Jonas Gardell Dans ce roman, toutes sortes de familles se croisent et s’entrechoquent : il y a celle d’origine, où on étouffe par manque d’authenticité, il y a les Témoins de Jéhovah, qui s’imposent comme la seule famille acceptable, et il y a les amis, ceux qu’on a choisis, et qui traverseront les pires épreuves à nos côtés. En toile de fond : la Suède à l’époque de l’éclosion du VIH/Sida, qui dans la tragédie et le rejet de l’homosexualité, a contribué à former des millions de familles non traditionnelles, mais oh combien salvatrices.
Isabelle Noël
En rafale
• Je pense que j’en aurai pas de Catherine Gauthier
• L’été où je suis devenue jolie de Jenny Han
• Mon fils est Jeffrey Dahmer de Marshall Glickman et Lionel Dahmer
• Il faut qu’on parle de Kevin de Lionel Shriver
• Famille de menteurs de E. Lockhart
• Maman solo : redéfinir sa famille de Nina Farr
• Les joies de la maternité (Poil au nez) de Élise Gravel et Caroline Allard Et pour les enfants
• Et toi, ta famille ? de Charlotte Bellières et Ian de Haes
• Ma famille ! de Philippe Germain et Robert Soulières
SES ORIGINES
Le Mouvement Retrouvailles de Québec est un organisme à but non lucratif exerçant ses fonctions depuis 1983. Il offre un service d’aide et d’accompagnement aux personnes adoptées, non adoptées, ainsi qu’aux parents en quête de retrouvailles familiales.
REPLONGER DANS SES RACINES
Au début des années 1990, les services sociaux ont mis en place un programme de traitement de dossiers avec contribution financière au Québec. Il permettait d’accélérer le traitement de dossier ; il suffisait de payer une contribution s’élevant jusqu’à 450 $ pour que nos documents soient examinés dans l’immédiat. Ainsi, Caroline Fortin a adhéré au programme en février 1993. Le 28 mai de la même année, elle rencontrait sa mère biologique. « Ça a été une rencontre naturellement très émouvante », dévoile-t-elle.
Les débuts ont été complexes puisque pendant deux ans la relation entre mère et fille retrouvées est restée confidentielle. C’est seulement après le décès de son conjoint que la mère a annoncé à ses autres enfants le contact qu’elle entretenait avec sa fille ces derniers temps. « Ça a été de belles retrouvailles et ça continue », révèle-t-elle.
Le processus de Caroline Fortin s’est relativement bien déroulé et ces rencontres ont pu lui apporter « des réponses à ses questions ».
Puis, après quelques années, malgré qu’il soit décédé, l’identité de son père lui a également été révélée. Caroline a tout de même pu retrouver des membres de la famille de son côté paternel, dont quatre demi-frères et sœurs. Désormais, mère et fille à nouveau réunies entretiennent de bonnes relations, tout en gardant une certaine distance. « On ne se voit pas souvent, on se parle à l’occasion », rapporte-t-elle.
Étant elle-même enfant adoptée et ayant vécu la bouleversante démarche des retrouvailles, Caroline Fortin a voulu s’impliquer à son tour en rentrant au Mouvement Retrouvailles à Québec. Deux ans plus tard, elle en a pris la présidence. Cette voie lui était destinée, c’était une vocation.
« MISSION ACCOMPLIE »
« Le monde de l’adoption a beau coup évolué ces dernières an nées », explique Caroline Fortin. La réforme des familles votée en 2022 et qui entrera en vigueur en juin 2024 inclut désormais le droit aux origines pour tous dans la Charte des droits et libertés québécoise. Il s’agit d’une avancée majeure pour l’organisation. « Cela fait des années qu’on travaille à faire changer les choses », affirme-t-elle.
de ses parents adoptifs ou de sa famille d’accueil. Les demandes de contact entre frères et sœurs seront simplifiées et des recherches pourront se poursuivre de génération en génération. L’accès aux documents d’origine et aux antécédents médicaux sera facilité pour l’organisme. Tous refus antérieurs seront annulés et chacun pourra réitérer une demande s’il le souhaite.
À son échelle, pour 2022, le Mouvement Retrouvailles compte 117 nouvelles adhésions et 85 dossiers résolus. Il détient une banque de données de plus de 14 300 inscriptions.
Désormais, la personne adoptée aura accès à l’identité des personnes identifiées dans son dossier (mère, père, grands-parents, frères et sœurs, etc.) à partir de l’âge de 14 ans sans consentement
MANON PRATT
Corrivault
HRONIQUE
VOUS DITES AMOUR... ?
Paraîtrait que février est le mois des amoureux. Ce qui ne signifie pas que tous les habitants de la Terre partagent cette croyance.
L’idée a pu aider les récentes générations à oublier un moment, les tristes réalités de leur époque, mais on peut parler d’amoureux sans que l’amour soit de la partie. Les Valentins de février permettent aux commerçants de survivre entre la période des fêtes de Noël et du Jour de l’An et celle de Pâques. Qui n’a pas envie de croire à l’amour et au bonheur dans une vie en couple ?
Trouver l’âme sœur avec qui passer le reste de ses jours, avoir des enfants et les mener à l’âge adulte dans l’harmonie ? Voilà l’objectif ultime de nombre d’hommes et de femmes qui correspond à celui des sociétés et des civilisations de se perpétuer. De se reproduire. Le cycle vital que partagent toutes les espèces vivantes.
L’intérêt et l’instinct ont longtemps servi de moteur pour y arriver, mais au cours des siècles, les humains se percevant comme êtres supérieurs, se sont organisés en sociétés régies par des règles issues de coutumes et de traditions propres aux cultures et à l’environnement de leurs groupes. Lesquels, pour imposer foi et loi à tous, n’hésitent pas à provoquer conflits et guerres. Mais là encore, ce n’est pas le propre de la seule espèce humaine.
L’amour et l’affection, dans cette histoire, ça sert à dorer la médaille, à avaler la pilule ?
Le système familial dans lequel nous avons grandi relève des procédures traditionnelles de la civilisation judéo-chrétienne. Mais le monde et l’organisation des sociétés évoluent constamment et désormais, à vitesse accélérée. Tout change, se plaignent parfois les aînés désorientés, à la fois rassurés par ce qu’ils observent : l’humain s’adapte à presque tout, et aussi inquiets de la rapidité des transformations. Et cela, dans tous les domaines.
Le monde proclame qu’il reste l’amour pour former les familles qui assureront la survie humaine, mais, comme l’observe mon amie Valentine, tout dépend de ce qu’on appelle l’amour. « Désirer, conquérir, posséder ? Les enfants ont besoin de parents amoureux et engagés. De nos jours, l’engagement durable
fait peur. Et une carte, des fleurs ou du chocolat à la Saint-Valentin, ça n’est qu’un sourire au passage. Et sans conséquences ! »
Valentine reconnaît qu’expédier des cartes n’est vraiment plus la mode du jour et ajoute que si les jeunes gens s’adaptent à leur époque, ils restent d’un indécrottable romantisme en matière de sentiments et qu’ils aiment imaginer que les rêves se réalisent. « Trop de filles croient encore qu’un beau Prince leur apportera le bonheur si elles suivent un certain mode d’emploi vanté par la publicité et les médias. Ça en dit long sur la perspicacité des vendeurs d’illusions et la naïveté de ceux et celles qui y croient ! »
Et la culture, les habitudes et l’éducation familiale ? Comme dirait notre ministre de l’Éducation, il ne faut pas négliger l’importance du modèle parental dans la vie des enfants. Les comportements, les discours et les silences des adultes de l’entourage immédiat, les attitudes de chacun et des uns envers les autres, au sein de la famille et du voisinage restent autant d’exemples à suivre et à imiter. Les adultes oublient qu’un enfant qui grandit, ça voit, ça entend et ça observe tout, et ça copie, ça répète et ça reproduit, même en croyant réinventer le monde.
L’éducation à l’amour et à la vie, ça commence à la maison même si le rythme imposé par la vie moderne incite plutôt à déléguer parfois trop tôt à l’extérieur de la famille, les responsabilités parentales. Le cadre traditionnel inventé au cours des dernières décennies éclate sous la pression des réalités nouvelles. On n’a jamais autant chanté l’amour, mais pour ce qui est d’aimer vraiment, pour le meilleur et pour le pire, pour de bon… l’être humain est redevenu « ordinaire ».
Après les avoir couvés, mis au monde et nourris, l’oiseau pousse ses petits hors du nid pour qu’ils apprennent à voler et à se débrouiller pour survivre, comme le font toutes les créatures, chacune selon sa nature et à sa manière. De l’être humain qui se prétend créature supérieure, la nature et la vie attendent un peu plus, en commençant par le respect des êtres et des choses, l’élément indispensable pour aimer.
MARTINE CORRIVAULT
LA PLACE DU PÈRE
Le portrait de la paternité change de visage au Québec. Les pères sont plus souvent absents du paysage familial que les mères. Quand ils sont présents, les préjugés de l’autorité paternelle traditionnelle sont remis en question. Les pères cherchent en quelque sorte à redéfinir leur rôle. La Quête s’est entretenue avec Nathalie Parent, psychologue, auteure et conférencière, afin de mieux comprendre certains impacts sur la dynamique familiale.
QUAND LES PÈRES SONT PRÉSENTS
Nous l’avons questionnée sur ce qu’elle avait été en mesure d’observer en ce qui a trait aux défis auxquels font face certains pères. Dans de nombreuses situations, dit-elle, la place accordée aux pères inquiète. Ce qu’elle remarque, c’est une tendance à vouloir écarter les hommes de leur rôle de père, ou encore « qu’ils s’en écartent eux-mêmes ! » Elle
souligne qu’il est souvent question de difficulté à accepter la différence. « Prendre ses responsabilités d’une manière différente de celle de la mère est essentiel à l’équilibre familial. »
Dans les générations précédentes, le père avait souvent le rôle de pourvoyeur, souligne Mme Parent. Il amenait une certaine autorité, il représentait en quelque sorte la discipline. Ou encore, il pouvait arriver qu’il soit effacé du quotidien des enfants. Le défi des nouveaux pères se trouve, selon la psychologue, dans l’absence de repère. « Le père ne peut plus se définir comme une autorité absolue, donc il doit voir comment il va prendre sa place. Il doit faire autrement que l’éducation qu’il a lui-même reçue. »
Les pères ont le plus de difficulté à trouver leur place lorsque les enfants sont jeunes, estime-t-elle. Encore une fois, l’ouverture aux différences de l’autre est importante. « Il faut éviter de sortir le père de l’équation. » Mme Parent encourage, par exemple, les pères à s’impliquer dans l’éducation scolaire de leurs enfants. L’enseignement au primaire est un milieu principalement féminin, précise la conférencière. Pour l’enfant, voir son père s’intéresser à son cheminement scolaire favorise une image positive qu’il se fait de son éducation. L’enfant, et ce sera davantage le cas pour un garçon, sera en mesure d’accorder plus d’importance à l’école
s’il peut y relier des expériences parallèles à celles de son père, explique-t-elle.
Quand l’enfant devient plus vieux, le père a le rôle de lui faire explorer le monde, poursuit Mme Parent. Comme s’il s’agissait en quelque sorte de faire « décoller l’enfant de la mère » afin qu’il puisse découvrir le monde qui l’entoure. Elle souligne de plus l’importance, pour l’enfant, d’être en mesure de bien intérioriser le rôle de chacun de ses parents.
QUAND LES PÈRES SONT ABSENTS
Au Québec, 30 % des familles sont monoparentales. Parmi ces familles, 74 % d’entre elles ont une femme comme soutien principal. (Statistique Canada, 2022) Dans une large proportion, c’est donc le père qui est absent du foyer.
L’absence d’un père contribue-telle à certaines conduites plus à risques chez les enfants ? La psychologue se fait encourageante. « Cela va dépendre beaucoup du milieu dans lequel le jeune en question évolue », avance-t-elle. Si une place positive est accordée au rôle masculin, « qu’un oncle ou que des grands-parents pourraient combler », un jeune peut y trouver le modèle dont il a besoin pour se développer, conclut-elle.
La famille moderne s’exprime maintenant sous toutes ses formes. Les stéréotypes familiaux plus traditionnels cèdent la place à une redéfinition des rôles. Les parents cherchent à se repositionner dans une dynamique familiale souvent différente de celle qu’ils ont connue. Bien que le sujet prenne moins de place publiquement, le rôle du père change lui aussi, en demeurant tout aussi important.
PHILIPPE FORTIN
Au Québec, en 2016, moins de 20 % des enfants de 0 à 14 venant d’une famille monoparentale vivaient avec leur père. (Site du Gouvernement du Québec)
Crédit photo : Philippe Fortin
QU'EST-CE QUE LA FAMILLE QUAND ON EST
ISSU DE LA DPJ ?
Comment peut-on définir un concept qui nous échappe, qui nous fuit malgré nous ?
Comment comprendre ce qu’est le rôle d’une mère, d’un père, quand on grandit dans un milieu où ils ont fait défaut ?
La définition de la famille peut changer selon l’expérience que l’on en a. Les définitions acceptées et connues sont : « ensemble des personnes vivant sous le même toit » et « les personnes apparentées vivant sous le même toit, spécialement, le père, la mère et les enfants. » Pour moi, tout ça ne définit pas la famille. Et si je m’arrête à ces définitions, je dois être prête à faire face à la déception.
J’aime mieux donc m’arrêter à la définition de la famille au figuré : « Ensemble d’êtres ayant des caractères communs. ».
Déjà, la famille pour moi, ça doit être un repère, un safe space, de l’amour. Dans mon cas, ces choses ne m’ont pas été apportées par les liens du sang, mais bien par les liens du cœur.
Ceux qui se sont tissés naturellement, sans être forcés par des représentations sociales.
LE COLLECTIF EX-PLACÉ DPJ
N’étant pas moi-même issue de la DPJ, j’estime avoir eu une enfance qui ressemble à celle d’un enfant placé.
J’ai la chance, à travers Le Collectif Ex-Placé DPJ, de côtoyer des êtres humains magnifiques, qui sont passés par le système et qui portent en eux une définition de la famille qui fait écho à la mienne. Pour plusieurs d’entre eux, Le Collectif est en soi une famille de cœur, et ce, plus que leur famille de sang.
On s’attend à ce que nos jeunes soient en mesure de se définir, alors que même des concepts de base, comme la famille, l’amour, la sécurité, etc., peuvent très souvent être abstraits pour eux.
Il peut être difficile, pour un enfant qui grandit dans une famille brisée,
d’avoir une vision positive de celleci. Quand cet enfant commence à comprendre que sa famille n’est pas comme celle des autres, il est possible que son monde perde un peu de son sens. Dans ces circonstances, il y a soit l’enfant délaissé par sa famille, soit celui qui ne gardera aucun lien avec celle-ci, soit celui qui trouvera une famille d’accueil aimante ou soit celui qui se retrouvera à ne jamais être en mesure de recréer des liens sécurisants. Certains d’entre eux ont pu conserver et/ou réunifier leurs liens avec leur famille biologique. Parfois pour le mieux, parfois pour le pire. Une famille d’accueil peut très certainement devenir une vraie famille. Elle peut également représenter un élément traumatisant qui ajoute une difficulté dans le parcours de l’enfant. À la base, un enfant a besoin d’un sol pour se construire. Si cette base, tellement nécessaire à son développement, est fragilisée, brisée, voire inexistante, il devient extrêmement difficile pour lui de bâtir les fondations essentielles à son épanouissement.
Le sentiment de solitude est, trop souvent, trop présent. Un enfant a besoin de repères, de soutien, d’accompagnement, d’encadrement.
Ce qu’on lui reprochera plus tard, c’est ce dont on l’a privé pour se développer. Et si je ne sais pas gérer mes
émotions ? Et si je ne sais pas comment développer des relations saines avec les autres. Et si je ne sais pas comment devenir un adulte convenable aux yeux de la société. Mais si on ne m’a jamais appris… ?
Plutôt que de juger, stigmatiser, marginaliser tous les incompris, à la base, nous devons écouter, entendre et comprendre la souffrance qui explique les actions. Comprendre les réactions. Comprendre nos jeunes. C’est ce qui constitue l’essence même du Collectif Ex-Placé DPJ : regrouper des ex-placés ayant la volonté commune de changer les choses, d’user de leurs savoirs expérientiels afin de paver un chemin plus doux pour ceux qui y passent.
Le plus beau dans tout ce cheminement, c’est la résilience qui en ressort, la réappropriation de concepts abstraits et la concrétisation de ceux-ci, à notre façon.
Faire tout ce qui est possible afin que notre souffrance ne soit pas la leur et leur offrir ce qu’on ne nous a pas offert.
C’est beau la famille ! C’est grand, c’est précieux, mais c’est aussi fragile.
Lorsqu’arrive un évènement qui dérange le quotidien, qui provoque un choc, nous pouvons découvrir la vraie nature de chacun de ses membres.
La relation familiale est difficile à aborder lorsqu’un être aimé nous quitte subitement. Certains vivent la perte comme un abandon, une trahison. Pour les uns, la tristesse est palpable, mais ils acceptent la fatalité. Pour d’autres, il semble que la période de déni prenne plus de temps avant d’atteindre le stade d’acceptation. On assiste à une augmentation des tensions, certains doivent exprimer leur colère pour s’en libérer, d’autres pleurent leur perte pendant que d’aucuns, comme moi, remettent leur peine à plus tard, car ils doivent se montrer forts devant l’épreuve.
SE RAPPROCHER DES SIENS
Dernièrement, j’ai perdu un ami qui me considérait comme un frère. Cet ami s’était isolé émotivement de sa famille au fil des années. Il s’était donné corps et âme à son travail, seul endroit où il se sentait compétent et valorisé.
Il aimait sa fille de tout son cœur malgré sa manière un peu gauche de lui démontrer.
Souvent, nos discussions tournaient autour de la manière dont lui-même avait été élevé. Sa relation difficile avec son père lui faisait dire qu’il n’avait pas les compétences pour élever un enfant. Nombre de fois, je l’ai rassuré et validé en lui faisant prendre conscience de la belle relation qu’il avait développée avec mes propres enfants lorsqu’ils étaient petits.
Socialement, il m’avait même surpris en acceptant de venir voir un spectacle hommage à Supertramp au théâtre du Petit Champlain. Nous avions soupé au restaurant, chose rare dans son cas. Je sentais chez lui un élan pour vivre autre chose que d’aller bûcher, en solitaire, dans le bois.
AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD
J’ai été désigné liquidateur testamentaire. J’ai été témoin de la réaction des membres de sa famille. J’ai dû utiliser mes compétences de psychoéducateur pour calmer, recadrer et dédramatiser certaines situations.
« La famille n’est pas une question de sang.
J’ai été au cœur des réactions de sa fille, de sa sœur, de son ex-conjointe. Étant donné que sa fille n’avait que 17 ans au moment du décès, la mère était la tutrice légale, ce qui venait compliquer la prise de décision. Je souhaitais le mieux pour la fille de mon ami. J’ai tenté de simplifier la situation pour elle qui devenait la seule héritière de toutes les possessions de son père. Mais, la mère a tenté d’agir comme si elle était encore la conjointe de mon ami. J’ai dû la ramener à la réalité à quelques reprises. Tout en essayant de comprendre sa peine, j’ai dû user de beaucoup de diplomatie pour ne pas trop alimenter sa souffrance. Ce ne fut pas chose facile d’imposer des frontières. J’ai été fortement confronté dans mon système de valeurs.
C’est la question de qui te tient la main le jour où tu en as besoin. »
Auteur inconnu
Il venait tout juste de commencer un nouveau cycle de vie qui le stimulait, qui lui donnait le goût de se dépasser, mais cette fois-ci, pour lui-même. Il avait de quoi être fier de tous ses nouveaux projets et surtout de tous ses efforts afin de reprendre graduellement contact avec sa famille.
J’étais très heureux de voir le cheminement qu’il avait fait, surtout dans la dernière année. Il reprenait le contrôle de sa vie. Il redéfinissait la relation qu’il souhaitait consolider avec sa fille.
Finalement, après cinq semaines à faire de mon mieux pour répondre à la tâche confiée par mon ami dans son testament, j’ai réalisé que personnellement, je n’avais pas réussi à pleurer son départ. J’ai pris conscience de l’ampleur de la charge mentale et émotive qui venait avec la tâche. J’ai finalement choisi de renoncer à la succession. En sortant de chez le notaire, je suis rentré chez moi le cœur léger en me disant que j’avais fait la bonne chose.
Tout ceci m’a rappelé l’importance de mettre des frontières claires et surtout de rester connecté avec la personne que je suis. Je ne pourrai aider personne si je n’apprends pas d’abord à me respecter.
Simplement,
MARC ÉMILE VIGNEAULT
LA QUÊTE DES MOTS
PAR JACQUES CARL MORIN CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT…
Verticalement :
1- Acte par lequel on renonce à sa religion.
20- Action exercée sur les êtres animés par quelque chose.
Horizontalement :
1- Entente, traité. Poudre à laver. Loterie (BOTALOM).
2- Pièce-culte de Michel Tremblay. Rescapé (VAUNISVRT).
3- Croc-en-jambe. Enveloppe d'un végétal. Stimulant (TAXECTNI).
4- Personne qui s'empare par des moyens illégitimes d'un pouvoir (RETRAPUUSU). Pudeur (EEEUNRT). Croissance.
5- Opération militaire. Capitale de la Syrie. Partie du sang. État américain.
6- Événements imprévisibles. Pierre précieuse. Dissident, insoumis. Insuccès.
7- Habitants des Territoires du Nord-Ouest (OSTINE). Chaussures. Dispositif contraceptif.
8- Cul-de-sac (SPAMESI). Effrayer au point de provoquer la fuite (FARCEFRUEHO).
9- Travailler. Médicaments. Chapeau des mariachis.
10- Fatal, toxique. Mois. Chien de Lucky Luke (ANANANRTPL). Réponses au jeu p.29
EN 2024, OPTONS POUR LA SIMPLICITÉ
Le début de l’année est une période propice pour prendre des résolutions dans le but d’améliorer sa vie. En 2024, pourquoi ne pas la simplifier afin de devenir plus détendu, plus heureux et tout en améliorant le fonctionnement de la société et en soulageant la planète.
La première chose à faire est de revoir son budget afin de dégager des économies. En effet, nous pouvons adopter un comportement critique par rapport à notre consommation, et la réduire à nos réels besoins. « Vivre selon ses besoins plutôt que selon ses moyens » est un adage qui peut nous guider. Il faut apprendre à résister aux diktats de la publicité, de la mode, du paraître, de la comparaison, qui nous entraînent souvent dans un tourbillon de consommation sans fin, et de stress qui empoisonne nos vies. Pour y arriver, un bon truc est d’attendre sept jours avant d’acheter un objet dont on a le goût. Souvent notre désir va s’estomper et finir par disparaître avant la fin de la période. On peut voir à satisfaire notre désir en empruntant l’objet à un proche ou en le louant. Après sept jours, si le désir demeure et devient besoin, nous pouvons tenter de le satisfaire dans les marchés d’occasion (ressourceries, marchés aux puces, petites annonces, etc.). Ainsi on paie beaucoup moins cher et on fait un geste positif pour l’environnement.
FAIRE LES BONS CHOIX
Il y a aussi d’autres façons de réduire sa consommation, soit en optant pour un logis de taille appropriée (souvent les gens demeurent dans des maisons surdimensionnées qui datent du temps où ils avaient une famille), soit en achetant une auto de taille minimum (la mode des VUS et camions légers manque de bon sens), soit en limitant les voyages longue distance (on visite l’Asie alors qu’on ne connaît pas la
Côte-Nord et l’Abitibi), soit en limitant les achats reliés à la mode (la « fast fashion » amène un vrai déluge de vêtements que même les friperies n’arrivent pas à écouler), soit en réduisant sa consommation de viande pour des raisons de santé, environnementale, économique ou éthique. Ces manières de faire peuvent amener des économies considérables sans que ça demande de grands efforts.
De façon générale, la réduction de la consommation diminue la quantité d’argent nécessaire pour vivre, ce qui annule souvent le recours au crédit. Une bonne résolution pour la nouvelle année est de diminuer voire d’annuler son endettement, ce qui réduira le stress lié aux échéances de remboursement et les conflits familiaux fréquents reliés à l’argent.
Avoir moins besoin d’argent ouvre aussi la possibilité de réduire son temps de travail. Grâce à ce temps libéré, toutes sortes d’activités de développement et d’épanouissement personnel deviennent possibles : déployer des talents artistiques, pratiquer des activités sportives et de plein-air, communier avec la nature, s’impliquer dans la communauté (bénévolat dans des organismes sans but lucratif, implications politiques, etc.), bref développer son savoir et favoriser le développement de sa croissance personnelle et spirituelle.
Ces résolutions de vivre plus simplement, en plus d’accroître les chances de bonheur personnel, amélioreront la vie de la communauté et celle finalement de toute la société, tout en donnant une chance à la planète de mieux « respirer ». Nous réalisons d’ailleurs que nous approchons de plus en plus de l’heure de la dernière chance pour les habitants de celle-ci.
PASCAL GRENIER
Simplicitaire
Le cliché
Nous marchions dans le grand jardin
Par un jour où le soleil nous lançait ses lasers
Brûlants de fièvre, mais le cœur léger
Sans nous lasser du chemin parcouru
Au travers des Échinacées, des Pivoines
Des herbes médicinales, des herbes hautes
Ma mère et mes frères prenaient aussi plaisir
À cette escapade parfumée et fleurie
Dans cette fraîcheur alourdie par les rayons
Perdue dans mon sourire accroché aux oreilles
Ma mère y plongea son regard exclamatif
Elle empoigna son appareil photo
Ma belle noire, irais-tu sentir le dahlia rose
Nid vide
Ce soir, j’ai l’âme à la tendresse
Comme le chantait Pauline1
Mais moi, ce soir, sous cette pluie fine
J’ai l’âme à la tristesse…
Le nid se vide prématurément2
Le nid se vide assurément3
S’abandonner pleinement
À ces départs criants…
Désert en la demeure ou presque…
La source en s’écoulant, en grandissant
Doit nécessairement se ramifier… suivre son cours
Poursuivre sa voie sous d’autres jours
Voilà la vie de l’adulte naissant
En quête de création quasi-fresque…
MICHEL BRISSON
La grosse, gorgée de soleil, juste là
Et dis-moi ce qu’elle sent
Je me penchai à l’orée de la fleur
La seconde suivante fut la bonne
Le cliché baigne encore dans la lumière
Accroché au mur du salon
Au gré du souvenir toujours vivant
Où nous nagions dans la pure douceur
D’un jour d’été, d’une tendre aventure
D’un jour sans drame
Et sans histoire
1 Pauline Julien
2 Décès d'Élisabeth à 9 ans et Jean-Mathieu à 14 ans
3 Départ, tour à tour, de Claudia, d'Anne-Sarah et Gabriel
Illustration de Benoit Gingras
JUDY MILLER
Imbue
Imbue
Déroutée
Cri
Douleur
Doucereuse
Vapeur
Clyto crânien
Dualité affectueuse
Caramel de cyanure
Morbide déconnexion
Boire, manger
Oublier, esquiver
Rentrer pour partir
Confesser puis punir
Dépression
Vider, vider
Aspirer
Étourdie
Étourdissante
Dé-corps-tiquée
Photos léchées
Miroir fondu
Miroir fuyant
Âme volée galopant
Illustration de Fanny Dubé
FANNY DUBÉ
Verseau
Il y a un an, tu prenais place
Roulais doucement vers le cocon
Déjà, tu occupais l’espace
Faisant de mon corps ta maison
J’ai attendu, j’ai pris sur moi
Neuf mois que c’est long quand on aime
Admirant chaque jour l’exploit
D’un ventre aux proportions extrêmes
Cette angoisse qui m’a saisie
Quand j’ai appris ta perfection
De moi seule dépendait ta vie
En étais-je capable ? Un garçon
Dans la nuit noire, je m’affolais
Après des heures sans surveillance
Mon cœur chaque fois s’emballait
Jusqu’à la reprise de ta danse
Un matin d’hiver à neuf heures
Ta bulle a éclaté d’un coup
Impatiente, je n’avais pas peur
D’honorer notre rendez-vous
Passées les vagues de douleur
Ne restait que l’excitation
Un goût d’exceptionnel, stupeur
Ton crâne comme une apparition
Au contact du monde ton cri
Apaisant mes pires craintes
Le souvenir, douceur infinie
De notre première étreinte
Je porte encore en moi la trace
De ton passage en flottaison
Et même éloigné, rien ne casse
Cette invisible connexion
JADE VALRONNE
L’exposition Force de vivre désire présenter aux résidents du quartier Saint-Roch une immersion dans l’industrie du sexe, où consentement, argent et liberté vibrent ensemble pour présenter les diverses réalités du milieu prostitutionnel.
Pensée par un survivant de l’exploitation sexuelle, cette exposition vise à être un lieu de partage et de sensibilisation ayant pour thème la sortie de la prostitution, tout en abordant le vécu des travailleuses et travailleurs du sexe (TDS). Pour symboliser la résilience dont font preuve les personnes évoluant dans cette industrie ou la quittant, Force de vivre a été imaginée autour d’un thème forestier. Pour sensibiliser les visiteurs, des témoignages transcrits sur du papier floral seront exposés ainsi que des photographies des yeux de personnes impliquées dans l’industrie du sexe. Un couloir sera dédié aux témoignages d’escortes et de clients.
Force de vivre est un cri du cœur, un souffle d’espoir pour plusieurs qui quittent l’exploitation sexuelle et qui travaille à se reconstruire. Une vie à rebâtir, une autonomie et une confiance personnelle à remodeler, les survivants et les survivantes partagent avec vous leurs histoires et les outils de leur résilience.
Force de vivre est aussi une prise de parole par des femmes qui naviguent dans l’industrie du sexe. C’est l’occasion de comprendre pourquoi et comment elles en sont venues à vendre leurs services sexuels. L’exposition permet aussi de comprendre à quels besoins répondent les différentes activités comme être escorte et quelle satisfaction les TDS en retirent.
Force de vivre est un continuum de vérités, égales les unes aux autres, apportant chacune un morceau dans la grande mosaïque que l’exposition souhaite offrir au public.
THOMAS JAY
Coordonnateur de l’exposition Force de vivre
*Si vous souhaitez contribuer à l’exposition Force de vivre, par des dons, du temps, de l’expertise professionnelle ou en partageant un passage de votre vie, vous pouvez communiquer avec moi par courriel à jay.dionne@hotmail.com
Extraits de l’exposition
« J’ai caressé des corps en me mettant à mort, en ignorant le mien, jusqu’à n’être plus rien. » Une survivante
« C’était difficile d’admettre que j’ai fait partie d’un gang de rue et qu’on m’a utilisée comme un objet »
Layla
« Je les respecte et elles aussi me respectent. »
Utilisateur régulier
« Moi qui n’a pas beaucoup, voire aucune confiance en moi, je suis étonnée de voir que plusieurs personnes m’écrivent et désirent venir me voir. »
Licorne, escorte
« On m’avait payée pour venir me complimenter et vouloir de moi »
Licorne, escorte
L’exposition aura lieu au Centre Jacques-Cartier (coin Charest et Langelier) tout le mois d’avril 2024.
VIVRE DANS LA RUE FLEUR DE MACADAM
Né à Havre-Saint-Pierre, Jocelyn Leblanc vit à Rivière-au-Tonnerre jusqu’à l’âge de 16 ans. Dès la naissance, on lui diagnostique une maladie aux intestins. Cette réalité perturbera son parcours scolaire… les professeurs le retournaient souvent chez lui en après-midi. Peu à peu, il perd l’intérêt d’aller à l’école.
Pour son quatorzième anniversaire, son père lui offre un carton de cigarettes comme cadeau de fête. Son bootlegger de père est très renfermé sur lui-même et démontre très peu d’émotion.
À 16 ans, Jocelyn part vivre à Sept-Îles. Là, il s’est fait opérer : on lui a coupé 32 pouces du colon. Après, il décide d’aller s’installer à Québec. Il va souvent dans le Mail Saint-Roch. La conso prend de plus en plus de place. Un jour, il perd 3000 $ dans une slot machine. Québec, où il fait toutes sortes de petits vols, devient très vite trop petite. Il migre vers Laval puis Saint-Jérôme… où il vit dans la rue. La rue, c’est la survie. Il faut être fort physiquement et mentalement. Il a déjà été 35 jours sans se laver. Il a beaucoup souffert de ne pas être en mesure de répondre à ses besoins de base, car il est fier de sa personne. Il faut aussi avoir un bon nom, sinon tu ne vis pas longtemps. « J’ai joué dans la cour des grands. La drogue a amené plusieurs de mes “chums” ou des gens que j’ai connus dans toutes sortes de situations : meurtre, commerce, paraplégie, etc. ».
Consommer ne se fait pas sans risque pour la santé non plus. « J’ai eu l’hépatite C parce que j’avais utilisé la seringue d’une autre personne. J’ai eu un gros traitement à l’interféron. Après je n’ai plus jamais échangé de seringues. Je suis devenu très minutieux. »
Jocelyn a toujours payé ses dettes. Il volait dans les commerces pour acheter son stock… Il volait, se faisait
prendre, il « faisait du temps », ressortait, faisait un enfant, et le cycle recommençait. Malgré cette vie difficile, il garde de bons souvenirs de son expérience. Il a eu la chance de rencontrer des gens positifs qui l’ont beaucoup aidé.
Il est le père de cinq enfants, trois métis et deux blancs, qu’il a eus avec quatre femmes différentes. Il a habité à Betsiamites (aujourd’hui Pessamit) pendant un temps et a erré dans 29 villes. Saint-Georges et Saint-Jérôme sont ses deux coups de cœur. À Saint-Georges, il fréquentait le refuge Au bercail. À Saint-Jérôme, c’était rough… Il allait souvent à Fleur de macadam. C’est un petit refuge qui peut accueillir 11 personnes à la fois. Ils sont très stricts sur le respect des règlements. Quand il se faisait barrer, il allait dormir sous la promenade.
Grâce au soutien des différents organismes qui l’ont grandement aidé, Jocelyn réussi à sortir de la rue à 64 ans. Après avoir habité chez sa fille à Beauport un peu de temps, il déménage dans une chambre et pension.
« J’ai vécu deux vies en une. J’étais un gros consommateur. Je me suis injecté de tout : coke, speed, etc. J’ai les bras complètement scrap. J’ai fait de grosses psychoses. Un fois, j’ai passé 14 heures dans une salle de bain à la Maison Plouffe à Saint-Jérôme. Je prends de la méthadone depuis 6 ans. Je suis très fier d’avoir arrêté de consommer et de fumer du pot. Aujourd’hui, j’apprécie l’aide que m’apporte chacun de mes intervenants. »
Sa nouvelle vie, il l’apprécie. « Je me lève tôt pis j’allume ma grosse TV de 50 pouces.
Même si ce n’est pas toujours facile, faut que j’avance parce que je veux vivre ! »
Témoignage recueilli par La Quête
Jocelyn Leblanc et Alyson Brière, éducatrice spécialisée en réinsertion sociale au Centre de réadaptation en dépendance de Québec (CRDQ).
Photo de La Quête
Je m’appelle Tom. Je suis de la race d’être un caniche. J’ai 10 ans, mais je garde mon cœur jeunot. Mon maître me gâte beaucoup.
Mon maître vit seul, donc je suis son ami canin. Grâce à moi, il souffre moins d’isolement. Les gens où je demeure me donne des câlins quand ils me voient.
Je sais que je vieillis… j’irai au paradis des chiens où je rejoindrai Biquette et Moka. J’ai fait cette confidence à mon maître : « Quand je serai au ciel, procure-toi un autre chiot avec lequel tu pourras partager la Saint-Valentin et d’autres fêtes ! ».
CHRISTINA
En 2021, j’ai dû être opérée pour un cancer de l’intestin. Avant de partir pour l’hôpital, j’ai dit à Tom : « Tu sais que tu vas manquer à Christina ! » Dès que j’ai ouvert les yeux, après avoir subi deux opérations,
la première chose que j’ai pensée est de retourner à la maison pour retrouver mon ami Tom. En arrivant chez moi, j’ai déposé mes valises, et j’ai vu Tom dans les marches de l’escalier. Il jappait et jappait encore, tellement il était heureux que je sois là.
NOUS
Aujourd’hui, c’est la Saint-Valentin. Tom sait que Christina va lui offrir une petite boîte de « César ». Son maître sait que c’est un moment privilégié parce que la vie amène de la joie ! Tant d’années à partager de doux moments. Aujourd’hui, Tom est heureux avec son maître.
Tom vous souhaite à tous une joyeuse Saint-Valentin ! Je te souhaite une bonne Saint-Valentin. Les gens t’aiment Tom. Merci d’être mon ami.
Merci d’avoir pris du temps pour moi Christina.
CHRISTINA FOISY
Photo du chien de Christina
Références communautaires
Service d’information et de référence qui vous dirige vers les ressources des régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches
Tél. : 2-1-1
Aide sociale
ADDS
Association pour la défense des droits sociaux
301, rue Carillon, Québec
Tél. : 418 525-4983
Aide aux femmes
Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Formé pour vous épauler ! 418 648-2190 ou le 1 888-881-7192
Centre femmes aux trois A Pour la réorganisation sociale 270, 5e Rue, Québec Tél. : 418 529-2066 www.cf3a.ca
Centre femmes d’aujourd’hui
Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 c. f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org
Rose du Nord
Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org
Support familial Flocons d’espoir Écoute et aide pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4 Tél. : 418 683-8799 ou 418 558-2939 flocons.espoir@videotron.ca
Alphabétisation
Alphabeille Vanier
235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 info@alphabeille.com www.alphabeille.com
Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483 coordo@squatbv.com www.squatbv.com
Gîte Jeunesse
Hébergement temporaire garçons 12 à 17 ans
Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225
Résidence de Sainte-Foy 3364, rue Rochambau, Québec
Tél. : 418 652-9990
YWCA
Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca
Réinsertion sociale
Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec
Tél : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org
Fraternité de l’Épi
Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est, Québec
Tél. : 418 523-1731
La Dauphine
Pour les jeunes de 12 à 35 ans 31, rue D’Auteuil, Québec
Tél. : 418 694-9616
courrier@ladauphine.org www.ladauphine.org
Insertion professionnelle
À l’aube de l’emploi (Lauberivière)
Formation en entretien ménager commercial/buanderie 485, rue du Pont, Québec 418 694-9316 poste 248 alaubedelemploi@lauberiviere.org
Recyclage Vanier
Emploi et formation (manutentionnaire, aidecamionneur, préposé à l’entretien) 1095, rue Vincent-Massey, Québec tél.. : 418 527-8050 poste 234 www.recyclagevanier.com
Prostitution
La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com
P.I.P.Q.
Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168
pipq@qc.aira.com www.pipq.org
Soupe populaire
Café rencontre Centre-Ville 796, rue Saint-Joseph Est, Québec (Déjeuner et dîner)
Tél. : 418 640-0915
Maison de Lauberivière (Souper) 485, rue du Pont, Québec Tél. : 418 694-9316
Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 945, rue des Sœurs-de-la-Charité
Tél. : 418 692-1762
Santé mentale
Centre Social de la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683-3677
Amicale Alfa de Québec 75, rue des Épinettes, Québec
Tél. : 418 647-1673 alphadequebecinc@videotron.ca
Point de Repères
225, rue Dorchester, Québec
Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com
VIH-Sida
MIELS-Québec
Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida
625, avenue Chouinard, Québec
Tél. : 418 649-1720
Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org
Merci À
TOUS NOS PRÉCIEUX
PARTENAIRES !
PARTENAIRES OR
• Centraide
PARTENAIRES ARGENT
• Bruno Marchand, maire Ville de Québec
• CKRL FM 89,1
• Étienne Grandmont, député de Taschereau
• Les Impressions Stampa
• Jackie Smith, conseillère municipale de Limoilou
• Jean-Yves Duclos, député fédéral de Québec
PARTENAIRES BRONZE
• Audiothèque
• Centre femmes aux 3A
• Intermarché St-Jean
• La Place Gourmande
• Services Harmonia
• Syndicat canadien de la fonction publique
PARTENAIRES INCONDITIONNELS
• Bal du Lézard
• Maison Revivre
PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM
• Claude Gallichan, chiropraticien
• Yves Boissinot
RÉPONSES LA QUÊTE DES MOTS
Solution
QUOI DE NEUF LA NATURE ?
HRONIQUE
LE POUVOIR DES ESPACES VERTS EN MILIEU URBAIN
Alors qu’en 2015, la Ville de Québec annonçait son désir d’accroître son couvert végétal urbain de 32 % à 35 % d’ici 2025, spécialement dans les quartiers de Vanier, Saint-Roch et Lairet, un article publié par Radio-Canada en juillet 20211 révèle plutôt une diminution de 1 %. Bien que certains quartiers aient vu leur couvert végétal augmenter, le bilan global de la ville était à la baisse en 2021, la construction de projets commerciaux et les maladies forçant l’abattage d’arbre étant les principales causes.
En quoi l’augmentation du couvert végétal des villes représente-t-elle un enjeu particulier ? Bien sûr, beaucoup d’entre vous ont déjà entendu parler des îlots de chaleur et de la conséquence des températures trop élevées sur la santé et reconnaissent la valeur esthétique qu’il procure aux villes. Toutefois, l’impact des espaces verts dépasse, et de loin, le seul cadre de l’esthétisme et de la régulation de la température.
UTILES LES ESPACES VERTS ?
Il est reconnu que les espaces verts en ville sont non seulement importants pour la biodiversité, mais qu’ils contribuent également à la santé psychologique et physique en permettant un accès à la nature à ceux qui n’ont pas les moyens ou la capacité de sortir de la ville.
Les espaces verts en ville, bien que souvent dominés par une grande quantité de plantes exotiques ou ornementales, affichent une diversité surprenante. Des chercheuses de l’Université Concordia, Lindsay Doyle, Ashley Spanier-Levasseur et Emma Despland supervisent, entre autres, des travaux dans les espaces verts de la région de Montréal2.
Elles ont noté, l’été dernier, dans deux espaces verts non officiels — des espaces historiquement utilisés par les humains maintenant laissés pour compte —, des populations de chauve-souris, d’abeilles, de papillons et de lucioles. De plus, ces espaces rendent de grands services à la société en absorbant l’excès d’eau
lors de grande pluie aussi bien que la pollution et augmentent ainsi la qualité de l’air.
Dans une ville comme Londres, les arbres peuvent retirer de l’atmosphère des milliers de tonnes de CO2 et autres polluants atmosphériques. De plus, leur diversité végétale aide les populations de pollinisateurs qui sont essentiels à la sécurité alimentaire.
Il a été démontré qu’il existe une forte relation entre la quantité d’espaces verts dans les régions urbaines défavorisées et le niveau de stress de ses habitants : une grande proximité avec des espaces verts et une plus grande facilité d’accès à des jardins communautaires, voire l’accès à une cour privée diminue le niveau de stress. Par ailleurs, leur nombre et leur facilité d’accès contribuent au sentiment d’appartenance à ce lieu et à la diminution de l’isolement social, deux facteurs contribuant au bien-être général des individus.
UNE RELATION À BONIFIER
La connexion avec l’environnement et la relation que l’on entretient avec la nature influencent la valeur qu’on lui attribue et notre désir de le conserver. Ces liens étroits sont essentiels pour mener à bien les projets de protection et de conservation de nos espaces verts et de leur diversité. Soyez à l’affût des espaces verts qui vous entourent : ils sont nombreux. En plus des parcs et des forêts urbaines, il y a les champs en friche, le bord des pistes cyclables, les fossés, etc.
Puisqu’une grande portion du territoire de la ville de Québec n’est pas sous l’autorité de la mairie, la promotion du verdissement du territoire privé joue un rôle important dans l’augmentation du couvert végétal de la ville. Cette promotion passe, entre autres, par l’adoption de règlementation concernant la protection et la plantation d’arbres sur les terrains privés, notamment lors de projet immobilier résidentiel, sur la protection des boisés urbains ainsi que sur la fixation d’objectif en ce qui concerne les forêts urbaines.
MAURANE BOURGOUIN
1 Marie Maude Pontbriand, La canopée de Québec diminue, Radio-Canada : ICI Québec, En ligne :https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1807291/canopee-quebec-diminue, 7 juillet 2021.
2 Alexander Hackett, Concordia’s finding urban nature outreach project promotes the value of Monteal’s informal green space, University of Concodia; Latest News, En ligne: https://www.concordia.ca/news/stories/2023/10/06/concordia-s-finding-urban-nature-outreach-project-promotes-the-value-of-montreal-sinformal-green-spaces.html, 6 octobre 2023, Consulté le 11 novembre 2023
Centre femmes aux 3 A de Québec
Pour la réorganisation sociale des femmes
G1L 2R6 Québec (Québec) 270, 5 Rue, e AccueilAideAutonomie