La quête, c’est « rêver un impossible rêve » et « atteindre l’inaccessible étoile », chantait Jacques Brel. Notre quête à nous est celle d’un monde bienveillant où chaque personne trouve sa place.
Un monde où chacun a un toit et la chaleur d’un foyer.
Certains me pensent utopiste. Cependant, quand on voit la fierté et l’espoir dans les yeux des camelots du magazine La Quête, on n’a d’autre option que de continuer à travailler en ce sens.
Les organismes qui œuvrent sur le terrain, comme l’Archipel d’entraide, offrent jour après jour un peu de réconfort aux personnes de la rue.
Ils ont compris l’essentiel : que derrière l’itinérance se trouvent des humains qui, pour diverses raisons, vivent sans la chaleur et la sécurité d’un toit au-dessus de leur tête. Qui sommes-nous pour les juger?
En cette période où tout le monde se rassemble pour célébrer avec ses proches, mes pensées vont vers eux et vers leurs familles qui, souvent, demeurent dans l’inquiétude.
Au cours des prochains mois, nous poursuivrons notre travail avec les organismes et les citoyens pour tisser un filet social encore plus serré autour des personnes en situation d’itinérance et ne laisser tomber personne. Nous y arriverons ensemble.
Je souhaite des Fêtes remplies de douceur et de compassion à ceux qui aident les personnes les plus vulnérables de chez nous et à tous les citoyens de Québec, peu importe où ils dormiront cette nuit.
Voici arrivé le temps des fêtes, un moment où nous mettons de l’avant nos valeurs communes de partage, d'accueil et de solidarité. Des valeurs qui décrivent bien les gens qui composent la communauté à laquelle je suis fière d’appartenir et dans laquelle chacun est important. Cette année, je souhaite de tout mon cœur que les éluEs dont je fais partie, placent réellement ces valeurs au centre de leurs actes et leurs décisions et que les citoyens et citoyennes en ressentent les effets dans leur quotidien. Prenons soin les uns des autres, prenons soin de notre environnement et chérissons les liens qui nous unissent. Joyeuses fêtes ma belle ville et bonne année mes chères concitoyennes et chers concitoyens.
Jackie Smith , conseillère municipale du district de Limoilou info@transitionqc.org
Bruno Marchand Maire de Québec
Illustration : Montage Perrine Pinel
Illustration de Gaby photographiée par Julie Kertesz sur WikiCommons
RÉALISER L’ESPOIR
L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue !- par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.
L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.
Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.
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Photo d'Alain Deneault photographié par Jean-François Bergeron
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RÉDACTRICE EN CHEF
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DIRECTRICE DE L’INFORMATION
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SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
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CHRONIQUEUR.SE.S
Philippe Bouchard, Martine Corrivault, Claude Cossette, Christine Trottier et Marc Émile Vigneault
JOURNALISTES
Francine Chatigny, Perrine Pinel, François Pouliot, Sarah Rodrigue et Alphonsine Sefu
AUTEUR.E.S
Simon-Pierre Blais, Bertrand Cyr, Michel M Deslauriers, Gaétan Duval, Maëlle Giroux, Mariette Mailhot, Éric Nadeau, Renée Perron, Bernard St-Onge et Christiane Voyer
AUTEUR DU JEU
Jacques Carl Morin
RÉVISEUR
Benoit Arsenault
ILLUSTRATEUR
Benoît Gingras
INFOGRAPHISTE
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Philosophie
Le thème de cette édition a été proposé par Mathieu Rioux qui signe, aussi souvent qu’il le peut, des chroniques sous le chapeau de L’agité du bocal. Pour des raisons hors de son contrôle, Mathieu n’a pas pu écrire sur ce sujet qui lui tenait tellement à cœur. Cher Mathieu, La Quête te dédie cette édition !
La philosophie comme cadeau de Noël ? Ça peut sembler étrange, mais quand on s’y attarde, on découvre que cette discipline enseigne ce qui fait cruellement défaut dans notre ère d’instantanéité : la capacité à prendre du recul et à se méfier des émotions quand on doit analyser une nouvelle information.
Poser un jugement éclairé sur les différentes situations nécessite un esprit critique et une vision globale. Ces deux aptitudes seront nommées à plusieurs reprises par Jean-Claude Simard, au cours de l’entretien qu’il a accordé à La Quête. Avec ce retraité de l’enseignement en philosophie, on revoit les fondements de cette discipline qui étudie tant les sciences que la politique et qui surtout, fait des liens entre tous les champs de connaissance.
De fait, pour comprendre les phénomènes de société, il faut croiser les informations et multiplier les angles d’observation. Alphonsine Sefu a profité du passage à Québec, d’Alain Deneault, philosophe et professeur de philosophie à l’Université de Moncton, pour soumettre à son analyse quatre enjeux sociaux. Une belle démonstration que la philosophie ne s’intéresse pas qu’à la Grèce antique.
S’amuser avec jugeote pendant le temps des Fêtes, voilà ce que nous propose François R. Pouliot. Quatre activités qui sont autant de prétextes pour pousser un peu plus loin nos réflexions, mais surtout pour discuter en groupe dans le respect des différents points de vue. Peut-être que ces activités vous donneront le goût de revoir les notions de l’argumentation !
De plus en plus, la philosophie fait sa place sur les bancs d’écoles primaires et secondaires. Les raisons d’introduire les discussions réflexives dans le cursus des plus petits ne manquent pas. Aspirer à une plus grande liberté intellectuelle et ainsi être outillé pour faire face aux fausses nouvelles ou à la radicalisation sont des motifs exprimés par le professeur de secondaire et le doctorant en philosophie qui se sont entretenus avec Sarah Rodrigue.
La déconstruction des genres, ou plus précisément des stéréotypes associés au féminin et au masculin a pris naissance dans les années 1970 avec des penseurs français associés au structuralisme. Le Symposium de philosophie féministe qui se tiendra à l’Université de Montréal en janvier sera l’occasion de discuter des enjeux liés aux genres. Perrine Pinel nous en apprend davantage dans Trouble dans le genre.
ET PLUS !
Claude Cossette présente de grands maîtres et des philosophes ordinaires ; Martine Corrivault insiste sur l’importance des mots essentiels à décrire des réalités selon les contextes ; Philippe Bouchard puise dans ses souvenirs du cours classique et affirme sa préférence pour Diogène et Marc Émile Vigneault persiste à insuffler l’espoir : autant de manières de plonger dans ce thème riche et diversifié.
Une brochette d’auteurs, dont une jeune fille de 11 ans, Maëlle Giroux, ajoutent leur couleur à ce numéro qu’on vous offre comme un présent.
LA PHILOSOPHIE ET LA CHARTE CANADIENNE DES DROITS ET LIBERTÉS
Parfois, la philo a un impact énorme dans nos vies sans que nous le sachions. Jean-Claude Simard, prof de philo à la retraite, en donne un bel exemple. « Pierre Elliott Trudeau, peut-être le premier ministre le plus significatif dans l’histoire du Canada, a été profondément marqué par ses études au Collège Brébeuf, où les Jésuites lui ont enseigné le personnalisme. Selon cette philosophie, l’individu est fondamental et ses droits sont inaliénables (on ne peut les lui enlever). On reconnaît là le principe de la Charte canadienne des droits et des libertés. Donc, la formation philosophique de Trudeau a joué un rôle significatif dans la création de la charte… »
Bonne lecture, FRANCINE CHATIGNY
La chouette de Minerve est le symbole pour représenter la philosophie. En plus, la chouette est le symbole d’Athéna, déesse de la sagesse. Comme philosophie signifie « amour pour la sagesse », la chouette a été le symbole choisi pour la représenter.
ourtoisie:Claude
Cossette
« JE PENSE DONC… »
En 2013, la Grande bibliothèque du Québec lançait une exposition destinée aux jeunes publics intitulée
PENSER ! Une expérience philo. Dans la présentation, on expliquait : « Dès l’enfance, nous nous posons des questions. L’être humain cherche à comprendre qui il est, dans quel monde il vit. Il se questionne, pense et réfléchit. Il philosophe ! ». Réfléchir, essayer de comprendre, C’EST philosopher.
EUX LES MAÎTRES DE LA PHILOSOPHIE
En un sens, nous sommes donc tous philosophes. Mais certaines personnes ont exercé l’art de réfléchir avec une telle vigueur, de tels effets sur leurs lecteurs, qu’elles sont considérées comme des maîtres de la philosophie.
Les propos d’un certain nombre continuent en effet de nourrir la réflexion de millions de personnes qui s’attardent à les lire, essayent de les comprendre et intègrent éventuellement leurs idées à leur propre compréhension de la vie.
Parmi les plus célèbres, on peut citer Platon, un riche noble qui vécut en Grèce il y a 2000 ans. Dans son ouvrage La République, il affirme une chose surprenante : s’impliquer en politique est le summum de la vie philosophique.
Ou Machiavel, un fonctionnaire italien des années 1500. Dans un petit livre intitulé Le Prince, il donne ces conseils à ceux qui visent le pouvoir : s’appuyer sur le peuple plutôt que sur la bourgeoisie.
Ou encore Pascal, un scientifique parisien des années 1600, qui a noté ses intuitions réunies sous le titre Pensées. La plus connue est sans doute : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ».
Ou Rousseau, un genre de contestataire du 18e siècle, qui infléchira les perceptions sur l’éducation. Dans son Émile, il défend une pédagogie ouverte : « Vous ne parviendrez jamais à en faire des sages si vous n’en faites d’abord des polissons ».
Ou Camus, un journaliste franco-algérien du 20e siècle, qui pose la question de l’absurdité du monde. Pour lui, s’exprimer en vérité permet de survivre : « Créer, c’est vivre deux fois ».
À constater le gagne-pain de ces maîtres, on réalise que n’importe quelle situation personnelle peut mener à philosopher sérieusement et que, pour être considéré comme philosophe, il n’est pas obligé d’étudier en philosophie, d’avoir décroché un doctorat. Ou de publier un bouquin.
Des philosophes vivent parfois proches de nous. Il y a quelques mois, j’écrivais à mon vieil ami Gilles, un architecte : « Tu es le philosophe qui m’a peut-être le plus touché de tous les auteurs traitant de l’amour que j’ai lus ces dernières années ». C’est dire !
NOUS LES PHILOSOPHES ORDINAIRES
Toute personne qui réfléchit sur la vie est un philosophe ordinaire. Il suffit pour cela de spéculer sur les mystères de la vie… ou simplement sur les questions qui chicotent tout un chacun.
Philosopher, c’est ébaucher ses propres réponses sur la question fondamentale : « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » selon le titre du célèbre tableau de Gauguin.
Philosopher, c’est trouver ses propres réponses sur des questions comme l’origine du monde, la liberté, la justice, l’amour, la mort…
C’est appliquer son esprit à se former sa propre opinion sur les idées qui circulent, sur celles qui sont exprimées dans notre entourage et même sur celles qui sont défendues par les plus savants.
Philosopher comprend également le courage d’exprimer son opinion clairement, de le faire même contre une pensée dominante ou face à des opposants virulents et au risque de voir sa position déconstruite par des adversaires persuasifs.
Chaque personne a le devoir de philosopher, car refuser de philosopher, c’est accepter que les idées préconçues dominent le monde, que notre propre vie soit encadrée par les idées des autres. C’est se laisser manipuler.
Vivre sans philosopher n’est pas vraiment humain. C’est vivre en aveugle. Le grand physicien-philosophe René Descartes résume : « C’est proprement avoir les yeux fermés que de vivre sans philosopher ».
Au contraire, vivre en philosophe, c’est vivre en pleine conscience. C’est également vivre avec une certaine sagesse. Ne dit-on pas que quelqu’un qui « subit une épreuve avec philosophie », c’est qu’il le fait dans la sérénité. Le mot lui-même éveille une résonance de maturité, de contrôle de soi, de calme.
Ouverts, les yeux, mon ami Gilles les avait. Et c’est ainsi que, même bousculé par les revers de la vie, il a su semer des marques d’amour dans la vie des personnes qui l’ont côtoyé.
CLAUDE COSSETTE
RÉFLÉCHIR AUX DÉFIS CONTEMPORAINS AVEC ALAIN DENEAULT
Est-il possible d’allier actualité, défis contemporains et philosophie ? Assurément ! Car, c'est le propre de cette discipline de chercher à comprendre le monde dans son ensemble. La Quête a soumis quatre enjeux sociétaux actuels à Alain Deneault, philosophe et professeur à l’Université de Moncton, qui nous offre de belles pistes d’analyse.
LA PERTE DE MOTIVATION AU TRAVAIL ET LA DÉMISSION SILENCIEUSE
Pour le philosophe, la perte de motivation au travail peut tout d’abord être expliquée par l’aspect des finalités ou le but du travail de l’employé. « On demande énormément d’énergie pour parfois des finalités qui ne sont pas intéressantes. Ça peut être de tenter de vendre des objets à des clients qui n’en ont pas besoin […] ou fabriquer des objets qui vont casser et non durer. », ditil. Puis, il y a l’aspect de la fausse conscience, où les motivations mises de l’avant par l’employeur ne collent pas à la réalité de l’employé. « On ne dira pas que les gens sont là parce qu’ils ont besoin d’une paie, parce qu’il faut payer le loyer », explique M. Denault. À la place, on tente de convaincre l’em-
ployé « qu’il a la vocation de fabriquer des petits pots de yogourt », par exemple. Pour le penseur, les patrons auraient donc tendance à transformer une contrainte en volonté, ce qui est très souffrant pour l’employé.
LA MASCULINITÉ TOXIQUE ET L’INÉGALITÉ DES GENRES
Tout d’abord, le philosophe attribue la réponse aux questions sur le sexisme au domaine de l’histoire. « L’expliquer c’est une affaire d’historien. C’est le patriarcat qui se compte en milliers d’années », dit-il. Le professeur à l’Université de Moncton est d’avis que le féminisme concerne aussi les hommes, car ils en bénéficient. « Ça veut dire rompre avec des clichés et des stéréotypes patriarcaux : la froideur, la force, la distance, l’indifférence », affirme-t-il. M. Deneault souligne aussi que le patriarcat cause de la souffrance aux hommes, que ce serait une forme d’oppression pour la gent masculine. Cette dernière en paie un coût psychique, bien qu’elle ne soit pas la principale victime de ce système. L’universitaire considère que s’efforcer de faire des démonstrations de puissance « c’est éreintant, contre-productif, souvent destructeur aussi ».
LA POLARISATION GRANDISSANTE EN POLITIQUE
Alain Deneault considère que, de nos jours, par manque de temps, l’individu est moins porté à faire une analyse poussée et plus enclin à épouser des causes hâtivement.
L’individu tend aussi à se définir par ses caractéristiques sociologiques et son appartenance nationale. « J’observe que la plu-
part des étiquettes politiques ne se désignent pas comme une force de l’histoire, mais comme un rapport d’opposition à quelque chose d’autre ». Par exemple, on peut se dire anticapitaliste, raciste, insoumis, etc. Pour M. Deneault, un écart grandissant entre la gauche et la droite politique peut alors se former. Cette polarisation ne laisse pas de place à la conversation et aux échanges avec l’autre, mais plutôt à « un rejet de quelque chose qu’on estime être le problème », de l’autre.
LA CULTURE DE L’ANNULATION
Pour le penseur, déclarer qu’un autre n’a pas droit à la parole est une erreur. « Il y a une arme qui est tellement plus puissante que la censure, c’est la dérision », ditil. Il estime aussi qu’il est plus constructif de questionner la personne sur ses propos ou actions problématiques. Dans ce cas-ci, l’un et l’autre ont le droit de parole. Alain Deneault nuance toutefois en affirmant que la censure peut être justifiée pour des agitateurs et des incitateurs à la haine. Dans ces cas-ci, « oui, il faut s’interposer et il y a des moments où l’intelligence est la finalité ». À son avis, il reste acceptable de critiquer, discuter, délibérer, débattre et dénoncer. En définitive, le philosophe place la culture de l’annulation près de la gauche politique, mais éloignée de ses fondements, « c’est-à-dire, l’ouverture à une autre réalité, le débat ».
ALPHONSINE SEFU
Crédit photo : Leonardo Cendamo
« Il n’y a rien de tel qu’un discours philosophique », clarifie Alain Deneault, « la philosophie est un vaste champ de discours qui sont en opposition les uns envers les autres ».
PHILOSOPHIE
L’UNIQUE DISCIPLINE UNIVERSELLE
« C’est le grand amour de ma vie sur le plan intellectuel ! », avoue JeanClaude Simard pour décrire son lien avec la philosophie. Son parcours en témoigne : pendant plus de 30 ans, il a enseigné cette matière au collégial et à l’université, occupé différents postes à la Société de philosophie du Québec (SPQ), fait de la recherche et prêté son esprit critique à l’analyse de la politique sur les ondes de Radio-Canada Est-du-Québec. Pour couronner le tout, le Prix pour le rayonnement de la philosophie au collégial de la SPQ porte son nom ! Maintenant retraité, ce passionné continue de faire la promotion de la philosophie au Québec. Avec une grande générosité, M. Simard a accepté d’initier La Quête à la philosophie.
C’EST QUOI LA PHILO ?
Cette discipline a été créée il y a 2500 ans par des Grecs, qui étaient aussi des scientifiques. Extrêmement créatifs, les Grecs de l’Antiquité ont également établi les fondements de la démocratie. Leurs tentatives pour comprendre l’être humain, sa relation avec la nature, et le monde dans sa globalité, en utilisant une méthode rationnelle et un esprit critique, ont donné naissance à la philosophie.
Tout le monde peut « philosopher », mais le faire de manière rigoureuse demande une démarche rationnelle basée sur l’esprit critique et la capacité à poser un jugement éclairé sur différents phénomènes. Pour y arriver, on doit étudier ce domaine et s’inspirer, autant que possible, des grands philosophes du passé.
Philosopher implique d’avoir une vision globale et d’établir des liens entre les différents champs de l’expérience humaine, entre les différents types de connaissances, le rapport par exemple, entre la politique et la science. La philosophie est une discipline universelle, la seule qui joint tous les domaines de l’expérience humaine.
À QUOI SERT LA PHILO ?
Ce n’est pas sa fonction d’avoir une utilité quotidienne immédiate
comme apprendre à faire un budget ou rentrer du bois. Mais qu’y a-t-il de plus important que de comprendre le monde qui nous entoure et de comprendre l’être humain ? Tout le monde se pose des questions philosophiques, mais peu de gens peuvent répondre de façon rigoureuse et suffisamment technique pour faire progresser la réflexion. Ça, c’est le pari du philosophe !
CES RÉPONSES ONT-ELLES
UNE IMPORTANCE POUR LES CITOYENS ?
Absolument ! Au collège, le cours de philo qui porte sur les dimensions éthique et politique vise à faire réfléchir les étudiants à la vie en société. Quel est le rapport entre le fondement de la politique, soit la gestion de la société par le biais de l’exercice du pouvoir, et la vie individuelle basée des valeurs telles le sens du devoir, la recherche du plaisir, etc. ? Comment établir le lien entre l’individu et la collectivité ? Comment devenir un citoyen responsable ? Ce sont là des questions fondamentales.
commentateurs politiques… » Or, cette compétence venait surtout de ma formation en philo.
Y A-T-IL UNE PHILOSOPHIE TYPIQUEMENT QUÉBÉCOISE ?
La philo québécoise suscite peu d’intérêt chez les philosophes québécois, car son passé n’est pas des plus glorieux. Pour une raison très simple : avant la Révolution tranquille, elle était essentiellement religieuse, sa forme principale étant le Thomisme datant du 13e siècle. Le Québec a été l’une des sociétés les plus thomistes de la planète. Ceux qui l’étudiaient ou l’enseignaient étaient surtout des prêtres et des membres des communautés religieuses (Jésuites, Dominicains, Franciscains, etc.). Dans ces conditions, on ne peut guère parler d’une authentique philosophie.
ÇA RESSEMBLE À QUOI UNE CARRIÈRE EN PHILOSOPHIE
?
Les finissants en philosophie peuvent enseigner cette matière au Cégep, mais aussi à l’université et au précollégial. Faute de débouchés dans l’enseignement, certains s’orientent vers d’autres métiers, sans qu’on sache qu’ils ont eu une formation en philo. Ainsi, pour prendre des exemples publics, Doris Lussier, plus connu comme le Père Gédéon, avait été formé en philo, tout comme Pierre Péladeau et son fils, Pierre-Karl.
La façon de penser des diplômés en philosophie avec une vision large et de la rigueur intellectuelle, est reconnue, peu importe leur emploi. Si vous me permettez un exemple personnel, pendant plus de vingt ans, j’ai été commentateur politique à Radio-Canada, à Rimouski. On me faisait souvent la remarque : « on apprécie, M. Simard, votre capacité à prendre du recul et à établir des liens, c’est peu fréquent chez les
Après la Seconde Guerre mondiale, sous l’influence de penseurs français avec qui des liens se créaient, la philo a commencé à se libérer de l’emprise religieuse. Sartre, Camus, Gabriel Marcel, bref, les existentialistes, Teilhard de Chardin, un jésuite spécialiste de la paléontologie humaine, et bien d’autres ont eu un grand impact ici.
Plus récemment, dans les années 1970 et 1980, les structuralistes français, qui remettaient en question les catégories traditionnelles, dont la conscience et la notion de liberté, ont ouvert la voie à certaines mouvances actuelles, qui prônent la déconstruction des genres féminin et masculin.
Donc, on peut dire que la philo québécoise prend son véritable envol dans les années 1970 et adopte sa figure actuelle : une plaque tournante entre la philo anglo-saxonne, basée surtout sur l’analyse du langage, et la philo continentale, principalement issue des traditions française et allemande. Ce melting pot représente dès lors une de ses caractéristiques fondamentales
FRANCINE CHATIGNY
DES QUESTIONS, DES NOMS ET DES TITRES
Envie d'approfondir vos connaissances de la philosophie? Voici quelques suggestions de Jean-Claude Simard.
3 Questions philosophiques fondamentales
1. Doit-on être croyant pour agir de façon morale ?
Pas du tout ! Peu de philosophes s’affichent comme croyants, ce qui ne les empêche pas de développer des théories éthiques, d’identifier les fondements de l’action humaine et, ultimement, les valeurs fondamentales nécessaires à une vie harmonieuse en société.
2. Comment exercer le pouvoir de manière éclairée en tenant compte du bien commun ?
La philosophie politique cherche à promouvoir une vie en société à la fois éclairée et harmonieuse, qui sait concilier l’exercice du pouvoir et la liberté individuelle. Faire de la politique en se basant uniquement sur ses intérêts personnels ne sert guère la démocratie. On en a un exemple hallucinant aux États-Unis avec Donald Trump, qui semble incapable de s’élever au-dessus de sa petite personne. C’est l’exemple même du politicien nuisible, un cancer pour la démocratie américaine.
3. Y a-t-il une nature humaine ?
Les Grecs anciens y croyaient et l’identifiaient à la raison et à la conscience de soi, sources des valeurs. Aujourd’hui, cette vision classique est remise en cause. Certains avancent, en se basant sur la théorie de l’évolution, que l’homme est issu de la nature et qu’il y retournera à sa mort ; c’est le destin de sa nature animale. D’autres, comme Sartre et Camus, affirment que l’homme est essentiellement un projet, que la vie se ramène à la somme des choix qu’effectue la liberté au cours de l’existence. Pour ces existentialistes athées, il n’y a rien après la mort, de sorte qu’il est quelque peu absurde de défendre sa vie durant un ensemble de projets qui vont aboutir à une fin ultime et définitive. Pour eux, le sens de la vie est l’une des questions les plus fondamentales de la philosophie.
5 Philosophes marquants du domaine public
1. Normand Baillargeon, double doctorat en sciences de l’éducation et en philosophie. Très intéressé par les sciences et par l’esprit critique, il collabore avec différents médias, dont Le Devoir. Il est l’auteur du Petit cours d’autodéfense intellectuelle, un des très rares best-sellers philosophiques du Québec.
2. Thomas De Koninck, professeur à l’Université Laval. Son ouvrage, De la dignité humaine, en fait un authentique défenseur de l’humanisme au Québec.
3. Marc Chabot a enseigné au collège Garneau. Il s’intéresse beaucoup à la philosophie québécoise et aussi à la condition masculine, aux relations homme femme et au suicide. Il a écrit une dizaine d’ouvrages, dont En finir avec soi : les voix du suicide
4. Jean Grondin, spécialiste de l’herméneutique, branche de la philosophie qui se penche sur les textes pour en en décoder le sens en identifiant les intentions de l’auteur. Croyant, il s’est beaucoup intéressé aux questions fondamentales de l’existence humaine et a écrit, entre autres, Du sens de la vie
5. Jean Bédard, philosophe non conformiste, travailleur social et fondateur de Sageterre, une ferme écologique et communautaire. Auteur de plusieurs ouvrages, il a beaucoup étudié les grands philosophes intéressés par la question de l’éducation, tels Comenius et Nicolas de Cues.
PHILOSOPHER AVANT LE CÉGEP
La philo pour les jeunes, c’est possible ! Nul besoin d’attendre au cégep pour s’y initier. L’école Juvénat Notre-Dame du Saint-Laurent (JND) de Lévis et son professeur
Philippe Bernier le prouvent. Des élèves développent leur pensée critique entre ses quatre murs depuis plusieurs années. L’initiative a aussi sa place au primaire, selon Samuel Nepton, chargé d’enseignement à l’Université Laval.
Au Québec, la philosophie ne figure pas au programme du ministère de l’Éducation pour l’école primaire et secondaire. Mais à l’école JND, si certains élèves choisissent le théâtre, l’espagnol ou l’éducation physique, d’autres plongent dans l’univers du questionnement.
L’établissement souhaitait offrir un nouveau cours optionnel aux élèves de cinquième secondaire il y a sept ans. La direction a lancé l’appel aux enseignants et Philippe Bernier, qui était alors professeur de français, a saisi la balle au bond. « J’ai toujours aimé la philosophie, raconte-t-il. J’ai alors proposé à l’école d’offrir ce cours et elle a embarqué ».
DÉVELOPPER LA PENSÉE CRITIQUE
« Mon but n’est pas de faire comme le cégep, je ne veux pas répéter ce qu’ils vont faire », souligne d’abord Philippe Bernier.
Son cours de philosophie comporte deux volets. Les 40 étudiants découvrent l’univers, la littérature, la musique et le cinéma afin de parfaire leur culture générale lors des premiers cours. M. Bernier enseigne ensuite la philosophie autour de cinq grands thèmes : la justice, la démocratie, le bonheur, la liberté et l’éducation. Il utilise des films bien connus comme La Matrice, des documentaires et des livres pour amener ses élèves à réfléchir.
Le professeur pose de grandes questions à sa classe comme « qu’est-ce que le bonheur ? ». Quel est l’intérêt de ce type de questionnements ?
Philippe Bernier répond simple-
ment : être libre. « La philo permet d’avoir un recul et d’aspirer à une plus grande liberté intellectuelle », croit-il.
« Pour moi, ce cours est indispensable, ajoute le professeur. En ce moment, il y a un danger par rapport à la démocratie en général ». Il nomme les fausses nouvelles, la radicalisation, le manque de nuances dans les débats…
Samuel Nepton, doctorant en philosophie de l’Université Laval et responsable des cours en philosophie pour enfants, estime également que toutes ces nouvelles informations doivent être discutées et triées. La pensée critique se forme en équipe, en classe. « Demander aux autres, j’ai vu ça et est-ce que ça du sens à votre avis ? », explique-t-il. Pour lui, les enfants d’âge primaire peuvent également philosopher.
Les activités philosophiques auprès des enfants prennent plusieurs formes. Par exemple, il pourrait s’agir de discussions réflexives après une lecture dans une bibliothèque. Samuel Nepton a déjà vu des intervenants se servir du théâtre et de la musique également lors de visites dans des écoles.
Mais attention. « On n’enseigne pas la philosophie aux enfants en leur disant voici que ce Platon a dit, rigole M. Nepton. La mission de la philosophie pour enfants c’est de former le jugement chez les jeunes ».
La première étape est simple : demander aux enfants s’ils ont des questions. « On part de leur intérêt pour aller ailleurs », souligne le doctorant. Il donne l’exemple d’un enfant qui demande si deux personnages sont amis dans un livre. Les intervenants vont donc saisir l’occasion d’expliquer en quoi consiste un ami ou un bon ami.
UN MANQUE D’INTÉRÊT ?
Pourquoi n’y a-t-il pas davantage de cours de philosophie en milieu scolaire ? « Ça n’a pas la cote, lance tout simplement le professeur Philippe Bernier. Je pense qu’on forme
les gens pour répondre à la société d’aujourd’hui ». Le but de l’école est d’obtenir un diplôme pour avoir un travail, souligne-t-il. Bien qu’il existe trois missions au système d’éducation québécois (instruire, socialiser et qualifier), les deux premières sont mises de côté.
Philosopher peut aussi être déstabilisant pour des enseignants qui n’y sont pas formés. « C’est une pédagogie particulière et on ne peut l’imposer. C’est aux profs de choisir », précise Samuel Nepton.
Il aimerait cependant voir plus de philosophie dans les écoles. « On peut faire des périodes philo, mais il y a toute une autre manière de voir l’éducation aussi qui est en jeu, qui peut s’appliquer dans d’autres cours, estime M. Nepton. Si on veut régler des problèmes de violence, de gang, il faudrait peut-être travailler l’empathie de l’autre, le souci du poids des mots ».
SARAH
RODRIGUE
Philippe Bernier, professeur de philosophie à l’école secondaire Juvénat de Juvénat Notre-Dame du Saint-Laurent (JND) à Lévis.
Crédit
photo : Sarah Rodrigue
LES MOTS POUR DIRE LES CHOSES
Mal nommer les choses ajoute au désordre du monde. Albert Camus ne formule pas exactement ainsi sa réflexion dans L’homme révolté, mais force est d’admettre qu’il décrit ainsi une triste réalité que la rapidité des communications modernes vient aggraver. Et l’humanité n’est pas sortie du bois, comme on dit. Parce que la paix et l’ordre mondial, ça commence par les échanges entre deux individus, qu’ils discutent devant la machine à café ou face à l’hémicycle d’une organisation internationale, avec des mots dont le sens et la portée relèvent de ce qu’on appelle leur philosophie
Un ancien collègue de travail avait l’habitude de couper court à toute discussion sérieuse avec une boutade héritée, disait-il, de ses années de collège classique : « Encore une élaboration envers la mise en lieu, afin que, mais cependant pour… » Et tout le monde rigolait sans y voir autre chose qu’un vieux truc pour retenir une liste de logique grammaticale. Aujourd’hui, je me demande s’il n’évoquait pas plutôt son approche philosophiquement désespérée devant nos palabres ignorants de l’abc de la pensée structurée et des échanges libres.
Des décennies plus tard, le délire bien-pensant fait encore des ravages et le vocabulaire contemporain n’en finit plus d’ajouter des termes anglophones pour désigner les multiples chapelles de revendications des droits et privilèges des uns et des autres, mais rarement, leurs devoirs. Voit-on se profiler l’ombre d’une nouvelle Tour de Babel ? « Encore une élaboration envers… » dirait le collègue, s’il pouvait toujours entendre, et Camus peut se retourner dans sa tombe, ça n’y changera rien.
L’an dernier, une étudiante de l’université d’Ottawa a fini par provoquer la disparition du mot nègre dans les deux langues de nos communications nationales. Quelques mois plus tôt, la création Kanata avait succombé à des accusations d’appropriation culturelle. Et voilà qu’en octobre, un important diffuseur de séries télévisées retranche un épisode de l’œuvre d’Arlette Cousture Les filles de Caleb, sous prétexte qu’un des trois Rois mages de la crèche de Noël reconstituée dans le village d’Émilie Bordeleau a le visage maquillé de noir. Pour personnifier le mage venu d’Afrique, Oliva s’était barbouillé de cirage à chaussures. Ce qui devenait pour le censeur ignorant tout
du contexte et de l’époque, un cas de « blackface » inacceptable en 2022 !
Ce dernier incident illustre les frontières posées par les grands canaux de diffusion contemporains étrangers qui s’autorisent à supprimer des images qu’ils croient troublantes pour une partie de leur clientèle. Mais ils permettent la circulation de scènes violentes et subtilement plus nocives pour une société qui n’y voit qu’un passe-temps.
Mon amie Valentine me choque en observant que n’étant pas abonnée à ces « chaînes », ça ne devrait pas me toucher. Parce que ces précédents deviennent inquiétants. Le fameux « vivre ensemble » n’est déjà pas facile à pratiquer ; il exige respect mutuel, échanges libres et honnêtes, esprit ouvert et surtout le courage d’utiliser les bons mots face à la réalité, ce qui semble manquer à bien du monde.
Mais il n’y a pas d’âge limite pour apprendre. À l’ère où certains voudraient que les professeurs supervisent le brossage des dents à l’école, il faudrait s’interroger sur l’ordre de nos priorités. Se demander combien de temps est alloué à l’initiation des enfants au dialogue et à la pensée critique, par exemple. Depuis qu’on l’a libéré de son jargon ésotérique, le mot philosophie ne fait plus peur aux écoliers modernes qui peuvent s’y intéresser dès le primaire.
Au début des années 1960, les Américains Michael Lipman et Ann Sharp ont défriché une voie d’accès à la philosophie pour les enfants que leurs disciples québécois ont bien élargie. À l’Université Laval, Michel Sasseville et ses équipes s’y emploient depuis plus de trois décennies et multiplient les travaux pratiques avec la jeunesse. L’objectif est simple : explorer, à partir de l’école primaire et avec les enfants, la forêt des apprentissages du « savoir penser par et pour soi-même et avec les autres ». Bien des adultes en auraient besoin.
Avec Johanna Hawken, Sasseville a même publié un Abécédaire de la philosophie pour enfants dont la page couverture peut rassurer même le plus craintif des parents. Et la Collection Dialoguer qu’il dirige, aux PUC, compte une bonne demi-douzaine d’autres titres susceptibles de nous aider à bien nommer les choses.
MARTINE CORRIVAULT
Corrivault
S’AMUSER À RAISONNER
Saviez-vous que l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) a fait du troisième jeudi de novembre la Journée mondiale de la philosophie ? Non ? Vous n’êtes pas seuls, rassurez-vous.
Confinée à l’intérieur des murs des collèges et des universités, emprisonnée dans des livres — parfois ennuyants, ou, en tout cas, peu séduisants, qu’on se le dise — et des revues spécialisées, la philosophie apparaît peu accessible. Et pourtant, aux fondements même de la philo se trouvent des principes on ne peut plus universels : réflexion, étonnement, ouverture, éthique, dialogue…
Qu’on en soit conscient ou non, la philosophie fait partie de notre quotidien, alors pourquoi ne pas en tirer pleinement profit et s’assurer qu’elle fait partie intégrante de vos activités du temps des Fêtes ?
Voici donc, en quatre idées toutes simples, notre petit guide pour philosopher durant les Fêtes.
TÉLÉPHONES INTERDITS (ET
GOOGLE, AUSSI !)
Vous êtes en famille le temps d’un souper, ou encore entre amis l’es-
pace d’un après-midi ? Rangez vos téléphones, cachez-les pendant quelques heures, et faites comme si c’était l’an 1996. Sans blague ! L’objectif ici n’est pas de couper les distractions (quoique ça ne devrait pas nuire !), mais bien de « forcer » les discussions. Quel était le nom de l’actrice qui tenait le rôle principal dans le film Labyrinthe ? Jennifer Connelly ! C’était pas plutôt Demi Moore ? Une chose est sûre, Jon Bon Jovi jouait aussi dans ce film ! Faux, tu penses à David Bowie !
Si une recherche Google aurait l’avantage de trancher le débat en trois secondes et quart, rappelez-vous l’époque d’avant, ce temps où on argumentait, où on se creusait (plus ou moins bien, parfois… !) les méninges, où on faisait le tour d’une question, où on sautait assurément du coq-àl’âne… en oubliant même le point de départ de la discussion. Bon, il est vrai que cette activité était d’une évidente simplicité, et que bon nombre de personnes vous diront que ça en prend pas mal plus pour philosopher… Soit, voyons cela comme un échauffement. Ceci dit, il importe de garder en tête qu’on n’a pas besoin de se lancer dans de grandes conversations existentielles, pour philosopher !
PRENDRE LE TEMPS DE JASER CINÉMA
Parlant de Labyrinthe, quel est le dernier film que vous avez visionné ? Et le dernier film que vous avez visionné ET analysé avec vos proches ? Thèmes, symbolisme, interprétations, messages… le cinéma est une source illimitée de matériau sur lequel il est possible, voire conseillé, de poser un œil philosophique… sans pour autant parler de philosophie !
Insistons une fois de plus sur le fait qu’il n’est pas impératif d’être un cinéphile ou un expert du septième art pour exprimer ce qu’un film nous fait ressentir, ce qu’on croit être la symbolique de telle scène, ou de telle couleur, ou encore la signification de telle réplique prononcée à tel moment. Le plaisir réside justement dans les échanges qui s’ensuivent, et les points de vue qui se rencontrent. Dans la même veine, si on se sent un peu plus passif, sur la plateforme YouTube, plusieurs utilisateurs — surtout anglophones — diffusent du contenu vidéo où ils « réagissent » à la caméra à des œuvres cinématographiques, télévisuelles ou autres. Franchement divertissants, et parfois plutôt instructifs, il n’est pas rare que les commentaires ainsi formulés s’apparentent — étonnamment, diront certains — à ceux qu’on retrouverait dans la dissertation de philo d’un cégépien motivé.
PETITE MARCHE DE SANTÉ (L’OCCASION TOUT INDIQUÉE POUR PHILOSOPHER)
Si la pandémie nous a fait apprécier une chose ces dernières années, c’est bien les petites marches de santé, non ? Seul ou accompagné, en ville ou en nature, avec ou sans écouteurs, rien de tel qu’une marche pour se nourrir l’esprit. Si le monde corpo a ses « walking meetings » (réunions marchées), pourquoi ne pas en faire autant avec la philo ? Surtout en hiver… C’est probablement pour ce jene-sais-quoi tout blanc que la Société de philosophie des ré-
gions au cœur du Québec organisait, en mars dernier, son 1er « PhiloNeige », à Trois-Rivières. Raquettes aux pieds, les participants étaient réunis pour deux jours de discussions philosophiques en plein air.
Si deux jours peuvent sembler excessifs pour certains, deux heures peuvent être amplement suffisantes pour se faire une petite séance de philo bien efficace ! Et avec le parc linéaire de la RivièreSaint-Charles accessible à l’année, pas besoin d’aller bien loin pour se sentir en nature et profiter de ses bienfaits.
PHILOSOPHER PAR LE JEU
De retour au chaud, les joues et le nez rougis, pourquoi ne pas s’adonner à quelques jeux d’esprit ?
Encore là, pas besoin de tomber dans les grands principes et les exercices complexes pour philosopher, discuter et, ultimement, avoir du plaisir. Certains jeux de société en vente partout ont même cette particularité de marier culture générale et philosophie !
De plus, une recherche sur Internet devrait vous donner accès à des milliers d’énigmes, de jeux, de dilemmes éthiques et moraux, bref, de quoi vous occuper — et surtout vous faire réfléchir — pendant des heures. S’il en existe pour toute la famille, certains s’adressent toutefois davantage à un public adulte et averti.
C’est le cas de l’exemple — très connu, et illustré ci-dessous — du casse-tête éthique qu’est le « dilemme du tramway » : vous êtes aux commandes d’un tramway dont les freins sont défectueux. Devant vous, sur les rails, se trouvent cinq personnes que vous allez écraser. Toutefois, un levier vous permet de changer de voie… où se trouve une personne, seule, que vous écraserez forcément à la place des cinq autres. Que faites-vous ?
FRANÇOIS R. POULIOT
Crédit
photo : Philippe Fortin
TROUBLE DANS LE GENRE
L’étude de genre fait des rapports sociaux un champ de recherche. À la fois scientifique et social, le genre est étudié, déconstruit, et remis en question par des spécialistes. Le Symposium de philosophie féministe, qui se tiendra du 25 au 27 janvier 2023 à l’Université de Montréal, est un moyen de mettre en perspective le genre, mais aussi les luttes féministes.
Le Symposium de philosophie féministe se veut un colloque scientifique entièrement dédié à mettre des mots sur ce que vont vivre les individus dans la société et à quels défis ils font face. La philosophie féministe s’intéresse aux différentes manières de bâtir un monde plus égalitaire, moins normatif. Ce colloque, qui réunira les futurs.es penseur.ses et théoricien.nes des philosophies féministes, permet de mettre en avant les limites, mais aussi les manières d’envisager des luttes, qu’elles soient personnelles ou collectives. Les gender studies ou études sur le genre font partie de ces luttes. Au cours des dernières années, les études de genre ont porté sur l’espace public les raisonnements sur comment se définit un individu. Ces études proposent une piste de réflexion sur ce que sont le masculin et le féminin au cours des différentes époques, mais aussi en fonction des lieux.
Ce courant de pensée apparu aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale défend l’idée que le genre, tel qu’on le percevait à l’époque, c’est-à-dire de manière binaire — masculin, féminin — n’est pas une donnée naturelle, mais culturelle. Cette manière de voir le genre met en avant l’idée que les normes se reproduisent au point de former un schéma binaire.
Néanmoins, le concept de genre, avant de se démocratiser comme on le connaît aujourd’hui, est venu perturber tout un ordre social établi. Celui-ci arrive dans les années 70. Le concept vient mettre en perspective le rôle social du genre. Le genre devient un moyen pour la société de catégoriser des actions en fonction du genre et du sexe de l’individu. Ainsi, pour Adrielle Pelchat-Rochette, étudiante en philosophie à l’Université Laval et aussi membre de l’organisation du Symposium de philosophie féministe, faire du genre et du sexe un outil de catégorisation revient à imaginer « qu’il est naturel que des personnes naissent avec des nombrils rentrés et d’autres avec des nombrils sortis ! Nous n’avons pas décidé pour autant de séparer la société en fonction de ces deux attributs ».
Il est important de rappeler que pour Mme Pelchat-Rochette, le « genre à des impacts sur tous les aspects de la société ». Il est donc primordial de se rendre compte des étiquettes qui accompagnent le genre pour qu’ensuite la société pense à une autre manière de voir le genre que comme un élément homme/femme.
LE GENRE SOCIAL, MOTEUR DE DISCRIMINATION
De nombreux auteur.ices ont problématisé cette question du genre social, entre autres, Thomas Lacœur, Simone de Beauvoir ou encore Judith Butler. Ces auteur.ices sont d’accord sur un point : le
genre et sa représentation actuelle ont un impact sur le « formatage » des individus dans une société. Repenser ce schéma, c’est aussi repenser la manière dont, nous, la société, sommes à l’aise avec l’idée de différence.
Pour Céleste Trianon, activiste trans qui lutte contre les oppressions des genres et qui étudie en droit à l’Université de Montréal, le concept de genre est « bâti par la société, sous forme de rôles genrés, de stéréotypes ». Iel poursuit que les stéréotypes genrés, déjà présents chez les femmes cisgenres (en accord avec son genre de naissance) se retrouvent aussi chez les personnes trans féminines. Ces femmes vont subir « des rôles extrêmes de sexualisation, devoir porter des jupes, des robes », c’est ce que constate Céleste Trianon.
Pour Céleste Trianon, les stéréotypes qui accompagnent le genre sont nuisibles, « ça veut dire qu’il faut avoir une expression de genre conforme à ça ». Ainsi, une plus forte représentation, une plus forte visibilité participent à l’ouverture du débat sur le genre.
Les expériences partagées d’Adrielle Pelchat-Rochette et de Céleste Trianon bien qu’elles soient différentes montrent que leur militantisme est lié à la philosophie. D’un côté, l’étudiante en philosophie « réclame une place académique pour ces questions » et de l’autre, l’étudiante trans activiste réclame une « représentation des membres de la communauté ».
De cette façon, les études sur le genre permettent de mener un questionnement existentialiste et d’apporter un nouveau regard sur ce qui se passe en société.
PERRINE PINEL
Illustration : Montage Perrine Pinel
DIOGÈNE ET LA PHILOSOPHIE
La philosophie est dans notre monde occidental comme une culture d’interrogation, de réflexion et de recherches rationnelles, sur tout ce qui concerne la vie, dans tous les angles d’agir de la société. C’est une étude approfondie sur le comment et le pourquoi de tout ce que l’univers comporte, la vie, la mort, la nature, etc. Ce travail occupe davantage le cerveau que le corps. Il est une réflexion sur toutes les facettes de notre environnement.
Pour la réflexion philosophique, il est normal d’avoir besoin d’une atmosphère calme.
La Grèce avec son paysage de ciel bleu se mariant avec la mer, sans oublier les nombreuses habitations blanches, apporte facilement l’être humain à méditer sur le pourquoi et le comment de tout ce qui concerne l’existence. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que la Grèce soit le berceau de la philosophie occidentale. Le paysage quasi monochrome ciel et mer porte l’être humain à s’interroger sur tous les éléments qui font notre existence. C’est dans ce climat que, dès le VIIème siècle avant J.-C., Platon suivi par Aristote au IVème siècle avant J.-C. sont les deux personnages marquants de la réflexion philosophique.
SOUVENIR 1
Pour ceux qui ont connu la période du cours classique, une époque pas si lointaine, il y avait dans ces collèges des matières étudiées pendant toute une année : éléments latin, syntaxe, méthode, versification, belles lettres, rhétorique, et le tout se couronnait par Philo I, suivi de Philo II. Par la suite, à la prise des rubans, les finissants marquaient l’avenir de leur allégeance professionnel. Les choix de l’époque étaient loin d’être multiples : prêtre, médecin, avocat, notaire, architecte. Pour ce qui était des sciences et de la cybernétique, ces dernières en étaient encore au niveau embryonnaire.
Malheureusement, ce cours classique a été aboli au Québec pour faire place aux cégeps, nouvelle ère des institutions d’enseignement.
SOUVENIR 2
Dans le milieu des années 1960, il y avait une station radiophonique qui diffusait, vers la fin de l’avant-midi si ma mémoire est bonne, une émission qui avait pour titre Les joyeux troubadours. Un thème musical accompagnait le tout avec les paroles suivantes :
« Ce sont des Philosophes, Qui au lieu de s’affoler, Devant une catastrophe, Se mettent à répéter…
Ne jamais croire toutes ces histoires
C’est comme ça qu’on est heureux,
Aimer la vie, et ses folies, c’est comme ça qu’on est heureux !
Faire un sourire, quand tout chavire, c’est comme ça qu’on est heureux !
Et trouver, le ciel bleu, quand il tonne et quand il pleut,
oui c’est comme ça qu’on est heureux ! »
ourtoisie:Philippe Bouchard
Évidemment, comique à souhait, la philosophie de cette émission était un peu farfelue.
LE MIEN
Je ne peux finaliser ce sujet sans parler du philosophe pour qui j’ai une très grande admiration. Il s’agit du fameux philosophe Diogène (323 av. J.-C.) élève d’Antisthène, qui demeure le plus grand représentant de l’école des cyniques et qui vivait à l’écart des conventions sociales. Un de ses amis lui avait fourni un tonneau, que Diogène utilisait comme résidence et qu’il avait installé près d’une route assez passante. À cette époque, les tonneaux de cette dimension servaient à la confection du vin. Si on analyse cette situation, ce fameux tonneau lui servait de demeure. Or par les jours de pluie, certaines odeurs pouvaient se manifester et aiguiser les neurones olfactifs de notre ami. De plus, vivre dans un espace aussi restreint, c’est comme être dans le ventre de sa mère. Donc, il est permis de croire que cela lui permettait de garder une certaine jeunesse et par le fait même de vivre plus longtemps.
Un beau jour, Alexandre le Grand, passant sur la route, arrête devant son tonneau et lui tient ce propos. « Pauvre Diogène, pourquoi vis-tu ainsi, tu pourrais vivre beaucoup mieux installé que ça. » Et ce dernier de lui répondre. « Ôte-toi de mon soleil. » Dans cette réplique de Diogène, il ne faut pas comprendre ; « Tasse toué d’lâ. » mais bien, « ne viens pas porter outrage à ma vie, je suis très bien comme ça, respecte-moi tout simplement dans ma façon d’agir ».
De cet enseignement, « Je me souviens. »
Respectueusement,
PHILIPPE BOUCHARD
LA QUÊTE DES MOTS
PAR JACQUES CARL MORIN
CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT...
Verticalement :
1- Indulgence, bienveillance, douceur.
20- Identification d’une maladie à partir de symptômes.
Horizontalement :
1- L’art des sons. Filou. Morue.
2- Vénérés. Petit poisson. Départ en foule. Abrasif.
3- Pas artificiel. Colons américains restés fidèles à la Couronne britannique. Entre rhô et tau.
4- Visqueuse (PRUSSEEUI). Qui a peu de largeur. Homme bleu du Sahara.
5- Usager (TUERASTUILI). Temps accordé aux élèves pour se détendre.
6- Phase. Art de monter à cheval. Organe de l’odorat. Justicier masqué.
7- Supplices. Élément chimique de symbole Sc. Marécage.
8- Frère______, alias Jean-Paul Desbiens. Justice sommaire (AYLEGHNC). Petit café populaire (TATIESNEM).
9- Subdivision administrative territoriale. Espace réservé aux piétons. Congédiement.
10- Cercle partageant la terre en deux. « Payer _____ sur l’ongle ». Helvètes. Pas mouillé.
Réponses au jeu p.33
L’ESPOIR AU CUBE
UN CADEAU À DÉBALLER
Est-ce que voir le bonheur là où il se trouve c’est une philosophie de vie ?
Garder espoir même dans les jours les plus sombres ?
Voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ?
Voir le coin de ciel bleu au lieu des nuages gris dans le ciel ?
Chercher le calme de la campagne plutôt que le bruit de la ville ?
Adopter un rythme lent au lieu de se courir après la queue… ?
S’ouvrir à la nouveauté plutôt que de s’enfermer dans ses vieilles pratiques ?
Rire de soi plutôt que de s’offusquer de nos erreurs ?
Choisir l’autodérision plutôt que de se sentir juger ?
Être exigeant pour soi-même plutôt que d’accepter la médiocrité ?
Sourire aux étrangers plutôt que de regarder le trottoir ?
S’ouvrir à la différence plutôt que de juger de l’extérieur ?
Aimer la route parcourue plutôt que de pleurer sur l’inaccessible ?
Vouloir apprendre toujours plus plutôt que de se satisfaire de savoir ?
La philosophie pose des questions, cherche des réponses, partage ses connaissances, argumente sur la vie en général. Elle n’est ni la morale ni les valeurs. Elle est le fruit de discussions réfléchies et partagées avec l’autre pour trouver une vérité.
Les grands philosophes se sont interrogés sur les fondements de l’Univers, sur les concepts de la vie et de la mort et tout ce qui peut se produire entre les deux.
Moi, attaché sur ma civière à l’hôpital, je me suis interrogé sur ma propre vie et sur l’Éternité. J’ai choisi la vie et j’ai décidé de la vivre comme je la sentais au plus profond de mon être. Ce jour-là, la perception que j’avais de moimême a complètement changé. J’ai commencé à exister. Le processus s’est enclenché et, comme si je vivais une renaissance, j’ai commencé à grandir et à m’épanouir, libre.
Depuis, j’évolue, j’accepte d’accueillir chaque réveil comme un cadeau à déballer. Les surprises ne sont pas toujours agréables, mais la somme est toujours plus positive que lorsque j’essayais de me créer un monde imaginaire pour survivre, plus positive que lorsque je vivais le déni par peur d’affronter réellement l’homme que je suis.
HRONIQUE
« Sans vérité, comment peut-il y avoir de l’espoir ? »
~ Michel Quint
La philosophie veut dire selon sa racine grecque « Amour de la sagesse », dans mon cas je dirais qu’elle signifie simplement l’amour de la vie, la vérité. Celle que je redécouvre chaque matin, celle qui me rend admiratif de par toutes les beautés naturelles qu’elle m’offre.
M’émerveiller devant une capucine qui éclot des nuits fraîches, du grand héron qui pêche dans un étang de la rivière Saint-Charles ou encore des asters qui fleurissent de leurs nombreuses couleurs sur le sentier de ma promenade quotidienne, tout ça fait maintenant partie de ma philosophie de vie.
Je suis un homme privilégié. J’ai choisi la vie et malgré l’inévitable cycle qui me rappelle que je n’ai plus vingt ans, je vis chacune de mes journées du mieux que je peux. Je vis sans m’embarrasser d’un sentiment de performance, sans me sentir obligé de suivre la masse. Je donne et je reçois avec humilité et je me permets de dire non à ce qui ne me convient plus sans me sentir coupable et je m’engage pleinement, sans réserve, dans de nouveaux projets auxquels je crois.
J’ai déjà été bien attaché aux valeurs proposées par la religion catholique. J’ai participé à des groupes qui véhiculaient ce type de valeurs. J’avais besoin de ça pour me guider, me valoriser. Maintenant, sans rejeter toutes ces valeurs, j’ai fait miennes celles auxquelles j’accorde de l’importance comme ; la bienveillance, le respect, l’honnêteté, l’authenticité, l’intégrité, mais j’ai laissé de côté celles qui m’apparaissent aujourd’hui désuètes et qui ne correspondent plus à celui que je suis devenu.
Comme j’en ai déjà parlé, faire du ménage dans ses croyances c’est un signe d’ouverture de la conscience et ça nous permet d’évoluer avec moins d’influences extérieures. Apprendre à se faire confiance et à se réapproprier son pouvoir personnel c’est un processus qui me semble se rapprocher étrangement de la philosophie créant une vie meilleure.
Simplement,
MARC ÉMILE VIGNEAULT
LE MARCHÉ DE PROXIMITÉ
Cherchez-vous une manière éthique de consommer ? Voulez-vous aider les agriculteurs du Québec plus directement ? Cherchez-vous des produits fins, frais et pas loin de chez vous ? Le Marché de proximité de Québec, qui livre ses produits en haute-ville, répond à tous ces critères en plus d’être à peu près zéro déchet.
Comment ça fonctionne ? Après avoir payé une cotisation de 30 $, il est possible de faire ses achats sur leur site Web et d’aller chercher ses items à une journée prédéterminée dans la semaine même de la commande. Le point de cueillette est situé dans l’édifice Frédérick-Bach, au 870 de la rue de Salaberry, local 111. Le local se trouve à proximité des circuits des autobus 807, 801 et 800, donc vous avez le choix pour vous y rendre.
Les agriculteurs participants offrent une panoplie d’items que l’on ne retrouve pas nécessairement en épiceries. La variété est incroyable et comprend, entre autres des fromages fins, de nombreuses herbes, des viandes, des fruits et légumes bios, etc.
Pour vous donner une meilleure idée des produits que l’on retrouve au Marché de proximité de Québec, j’ai eu l’idée de vous en énumérer quelques-uns. Ce mois-ci, ce sera le tour des boissons, tisanes, cafés et herbes, ainsi que des produits transformés.
Les prochains mois, je vous présenterai, tour à tour, les produits laitiers (des fromages) et les viandes et les œufs, les germinations et les pousses, les huiles et les vinaigres, les légumineuses, les miels, les sirops d’érable et les produits dérivés, les produits céréaliers et finalement les fruits et les légumes.
Alors voici l’énumération des produits difficilement disponibles dans les épiceries traditionnelles, mais qu’on retrouve au Grand Marché. Le mois prochain, je vous en exposerai d’autres ; il y en a pour plusieurs mois !
BOISSONS
Koffucha (boisson à base de racines de pissenlit), Kombucha, café de coopératives, jus de carottes bio congelé, jus de poires, jus de pommes, Tisane-Hysope euphorisante, Tisane Hysope ensoleillée, Tisane La Métisse, Tisane La Protectrice, Tisane Moment sacré, Tisane Parfum de framboisier, Scrofulaire bio, stévia-feuilles entières, tisane Agastache, tisane Force d’ortie, tisane Allaitement (pour stimuler la sécrétion de lait maternel), tisane Détox, tisane Deux menthes, tisane Digestive, tisane Doux sommeil, thé du labrador, verveine citron séché, citronnelle, achillée millefeuilles, arnica bio sèche, ashawagada bio, astragale bio, belle menthe poivrée sèche, calendula fleurs sèches #1, camomille bio, mélisse bio sèche,
lavande bio fleurs, rose biopétales entiers séché, rose sauvage — bouton entier, sapin baumier, prêle entière biosèche, primevère-fleurs, fleurs de sureau séchées, framboisier séché, Chagas, chardon-Marie bio, épazote et épilobe biofleurs,
FINES HERBES ET ÉPICES
Thym frais, thym séché effeuillé, baie de genévrier, basilic sacré bio sec, marjolaine entière séchée, origan entier, ortie entière séchée, paprika sec bio entier, persil frais bio bouquet, piment habanera moulu, guimauve entière sèche (racine), livèche écossaise bio, sarriette d’hiver sèche, sauge FRAÎCHE bio, sauge sèche, piment lanterne séché-moulu, romarin frais, romarin séché, estragon entier séché, estragon français BIO-frais, estragon mexicain BIO, fines herbes de Bellechasse, fleurs comestibles séchées, cayenne bio séché, céleri-feuilles, ciboulette fraîche, citronnelle sèche et graines de moutarde jaune fermentées.
PRODUITS VARIÉS
Trois choucroutes (betterave, carvi, légumes racines), trois sels (à la mélisse, à l’ortie et au basilic), lentilles françaises, balsame (condiment forestier fabriqué à partir d’eau de bouleau blanc qui remplace naturellement le vinaigre balsamique) canneberges déshydratées, courge butternut, huile antivirale et antibactérienne pour les mains, huile de millepertuis, sauce piquante lactofermentée, semences et lentilles noires.
Le Marché de proximité, ce sont des produits de chez nous, de grande qualité et qui valent leur coût ! Je vous invite à aller voir leur site Web : www.marchequebec.org
CHRISTINE TROTTIER
GÂTER SON MONDE
EN NE POLLUANT
PAS LE MONDE
Avez-vous déjà pensé que les biens de consommation polluent, qu’ils s’agissent de leurs procédés de fabrication, de leur transport, et parfois même de leur utilisation. Je vous invite donc à faire un Noël vert, mais pas moins réjouissant. Pour vos cadeaux de Noël, je vous propose de donner du temps, des services ou de l’artisanat.
QUELQUES IDÉES
Pourquoi ne pas offrir des billets pour le théâtre, le cinéma ou tout autre spectacle de musique ou d’humour ? Non seulement ce type de cadeau fera plaisir à vos proches, mais aussi aux artistes dont les revenus ne sont pas toujours très élevés ! Toujours dans l’univers culturel, pensez aux romans ou livres de toutes sortes, aux jeux de société conçus au Québec.
Côté plaisir, il y a les chèques cadeaux pour de petites douceurs comme une coupe de cheveux, une ou des séances de massage, ou de ménage ou un bon repas au restaurant.
Noël est sans doute la période de l’année où le fait main gagne le plus de cœur. Heureusement, le Québec compte de très nombreux artisans, tous les plus talentueux les uns que les autres. Voici quelques exemples, d’artisans très locaux dont les produits sont accessibles via le Web. De Loretteville, Les Bijoux J’Adore, les peluches faites de textiles recyclés Les Orphelins, les boucles d’oreilles faites de laine feutrée de Doris, les soins de peau naturels La Sauvage Savonnage, les pantoufles et sacs de tricots de La Pantouflarde, le jeu de société pour les petits et grands de Lalita’s Art Shop. Ces artisans, je les ai en fait rencontrés lors du Salon des Artisans de Québec 2021. Je vous invite à vous rendre à l’édition 2022 !
LE SECONDE MAIN EN CADEAU
En offrant vos cadeaux, vous pouvez aussi profiter de l’occasion pour sensibiliser votre entourage à l’impact écologique de votre choix. Vous avez trouvé le parfait présent sur Kijiji, Market Place, ou Noschoses.org — une version hyper locale de commerce d’occasion en ligne — ou dans un magasin de seconde main : préciser l’origine du cadeau dans la carte qui l’accompagne.
Toutes les propositions faites ci-dessus constituent des achats éthiques puisqu’ils sont d’ici et encouragent les créateurs. Quant aux massages, séances d’acupuncture, coupe de cheveux, etc. puisque ce sont des services et non des produits, ils contribuent à la Décroissance économique : ce sont des plaisirs et non pas des bébelles polluantes dont plusieurs se ramassent trop souvent à la poubelle.
AU SUJET DE LA DÉCROISSANCE
Selon le dictionnaire La Toupie accessible en ligne, la décroissance économique « est un concept à la fois économique, politique et social, qui se situe à l’opposé du consensus économique et politique actuel faisant de la croissance économique, notamment du PIB, l’objectif des sociétés modernes. Les partisans de la décroissance économique cherchent à faire prendre conscience aux individus et à la collectivité que, dans les pays riches, l’empreinte écologique de l’homme a atteint un seuil où la croissance même « durable » n’est plus possible. Le développement humain passe alors par une « décroissance durable » qui doit être pensée et organisée pour qu’elle soit soutenable.
L’empreinte écologique est la surface moyenne nécessaire par habitant pour produire les ressources qu’il consomme et pour traiter ses déchets et ses pollutions. » (Source : https://www.toupie.org/Dictionnaire/Decroissance.htm)
UN VRAI NOËL VERT !
Ce n’est pas parce que l’on est vert écolo que l’on se prive. Au contraire, on peut vibrer au rythme de la culture, de la création et des originalités vertes, il y en a tellement ! Ça va de la fabrication de bijoux faite à partir de capsules à café jusqu’à de bons restaurants en passant par la couture d’ici… et tutti quanti ! Joyeux Noël !
CHRISTINE TROTTIER ET FRANCINE CHATIGNY
photo
:
Christine Trottier
« LES FOUS CRIENT AU SECOURS! » 2.0 OPINION
En l’an de grâce 1962, paraissait sur les tablettes des librairies du Québec un livre intitulé Les fous crient au secours. Son auteur, Jean-Charles Pagé, souhaitait dénoncer la terrible réalité de la psychiatrie de l’époque. Selon mon expérience, soixante ans plus tard, nous pourrions écrire Les fous crient au secours 2.0, pour énoncer les problèmes de communication en psychiatrie en 2022.
OÙ EN SOMMES-NOUS RENDUS?
En réalité, beaucoup de choses ont changé depuis 1962. Les psychiatres n’intervenaient que de façon sporadique avec les patients, ils étaient peu formés, et peu présents auprès des patients, à l’image des générations de pères absents. Alors qu’aujourd’hui, la psychiatrie est devenue plus humaniste, et mue par des améliorations structurelles, menée par 60 ans d’histoire.
Mais paradoxalement, de nos jours, la psychiatrie est devenue l’opposé : elle a un style terriblement envahissant. La moitié des psychiatres, disons-le, sont mauvais en relation d’aide. Et alors qu’ils semblent affirmer ne pas pouvoir en faire plus, nous leur disons, au contraire, d’en faire moins.
L’envahissement a succédé à l’absence, et la roue dysfonctionnelle isole toujours le patient sur le plan de la présence auprès du patient et de sa représentation par le système ; ce qui le laisse dans une peur qui peut être difficile à comprendre. Notons que « la présence auprès du patient » est la psychiatrie du futur en neurosciences (Allan Schore).
EST-CE NORMAL ?
Je ne pense pas que le problème soit exclusif à la capitale nationale. Car nos statistiques québécoises sont
comparables aux provinces canadiennes, et aux pays développés, et la qualité de la main-d’œuvre y est certainement égale, sans parler de la qualité de la formation qui est vraiment excellente. D’ailleurs, les services communautaires ne sont absolument pas problématiques. Donc, le problème d’envahissement est typique à la culture psychiatrique, et il se trouve chez la moitié des psychiatres, selon mon expérience.
Ces gens mauvais en relation d’aide pourraient dire : « La psychiatrie n’est pas un métier en relation d’aide ». Mais ce serait déjà une première erreur de leur part, car ne pas le reconnaître est du déni.
Ils pourraient également dire : « Nous ne pouvons pas en faire plus, le système est à capacité maximale ». Mais en réalité, ils devraient apprendre à en faire moins, à être moins envahissants, et à moins s’acharner. Ils devraient utiliser des communications basées sur les règles en relation d’aide. Règles qui sont d’ailleurs la source d’un encadrement sécurisant pour le psychiatre qui accepte de s’y référer, et source de contre-indication pour le patient le plus vulnérable dans le cas contraire.
LES RÈGLES !
Parallèlement, la moitié des psychiatres sont déjà excellents, et respectent les règles de relation d’aide, et sont parfaitement compétents. Il est donc questionnant de constater que l’autre moitié n’y arrive pas. Il est crucial de comprendre que cette technique, c’est surtout une culture. Et présentement, même les définitions de la psychiatrie, de la médecine ellemême, sont floues. Ce qui n’aide plus personne.
Ainsi, savoir limiter est un art complexe pour les institutions, et dans le cadre qui nous concerne,
des philosophes comme Nozick, Rawls, ou Kant se sont penchés sur cette question. Quoi qu’il en soit, nous devrions enseigner aux psychiatres à moins en faire. À limiter cet envahissant narcissisme. Et à faire moins de contre-indication avec le patient le plus vulnérable.
CHARLES TAYLOR
« Moins en faire » ne veut pas dire « être moins présent auprès du patient ». Au contraire, c’est une façon d’augmenter la présence auprès du patient, en limitant l’envahissement et l’acharnement. Ce qui donne du sens. Charles Taylor a raison.
Ce texte résume ce que nous entendons par l’idée des notions éthiques, par un exemple en psychiatrie. La psychiatrie est un élément phare de nos sociétés. Et sa référence, sa valeur et son engagement sont un guide pour nous tous. Et ils méritent notre plus grand respect.
ÉRIC,
ANCIEN PATIENT EN PSYCHIATRIE
APPRENDRE AVEC FREINET
Bonjour,
Je m’appelle Maëlle Giroux. Mon thème va être la pédagogie Freinet. À mon école, nous avons cinq périodes d’une heure.
On a beaucoup de projets avec l’école et notre classe. Dans nos périodes, on est moins en individuel : on fait beaucoup plus de projets d’équipe ou collectifs. Les élèves, les adultes et les profs sont tous autant impliqués dans les projets.
Une fois par mois, on se rassemble pour faire soit nom, classe, comité et les fêtes comme l’Halloween, Noël, Pâques, etc. C’est quoi un nom de classe ? Un nom de classe, c’est un nom que tu vas garder tout au long de l’année. Ce nom va rester toute l’année, alors il faut bien le choisir. La présentation du nom de classe se fait devant l’école et cela dure deux minutes. Tous les élèves doivent participer à la présentation du nom de classe
Il y a aussi le conseil enfant et le conseil environnement. Le conseil environnement, c’est que tu prends plein d’idées et tu les exposes aux classes de l’école. Une personne de chaque classe va au conseil environnement. Et le conseil enfant, c’est aussi une personne par classe qui va au conseil et il ramène des idées sur ce qu’on fait à Halloween par exemple. Ensuite, ils vont présenter toutes les idées et les classes vont voter. Voilà, ce que sont les deux conseils-écoles.
J’ADORE MON ÉCOLE !!!
Donc, c’est entre autres ça la pédagogie Freinet.
Nous avons les journées pédagogiques, soit un lundi ou un vendredi. Un congé où les éducateurs organisent une activité comme : bricolage, cinéma, etc.
J’ai déjà rencontré Marc Audet, celui qui a été le premier à parler de pédagogie Freinet au Québec. Il a travaillé très fort, avec d’autres, pour créer des classes à pédagogie Freinet dans des écoles traditionnelles. Maintenant, il y a deux écoles Freinet à Québec. Alors voilà ce qu’est la pédagogie Freinet. C’est vraiment amusant !
MAËLLE GIROUX, 11 ans Élève de 5-6 année à l’École Freinet de Québec
Crédit
photo :
Maëlle Giroux
Le temps des fêtes
Le temps des fêtes de mon enfance, c’était d’abord et avant tout deux semaines de vacances de l’école. Et puis avec l’hiver et la neige qui s’installaient, il y avait le hockey sur patin. J’allais jouer sur une patinoire extérieure au coin de la rue. On lançait chacun notre bâton dans le centre de la glace et on faisait deux tas auxquels correspondaient deux équipes. Quand j’étais très jeune, je gardais les buts. J’étais très fier de simplement, humblement, jouer avec les grands. Puis, peu à peu, j’ai grandi. Mon jeu s’est amélioré et j’ai commencé à transporter la rondelle, à déjouer des joueurs, à compter des buts et à faire des passes. Arrivé à maturité, vers 18 ans, je me spécialisais à fermer le jeu en défense et à relancer l’attaque en faisant une bonne première passe pour sortir la rondelle de notre territoire. Ma grande force était que j’étais un vrai joueur d’équipe. Je faisais des passes aux plus jeunes comme aux plus grands, aux plus agiles comme aux plus maladroits, avec pour résultat que peu à peu, une chimie, une synergie s’installait au cœur de notre équipe. Tous les joueurs jouaient ensemble, s’échangeaient le disque, ce qui, pour la plupart du temps, nous permettait de dominer l’adversaire, amicalement, bien sûr. Comme pour tout le monde, l’important c’est de participer, mais c’est bien plus le fun de gagner que de perdre !
Le temps des fêtes, c’était aussi Noël. Mes parents couchaient les quatre enfants vers neuf heures, comme tous les soirs, mais on nous réveillait à minuit. Et là, devant nos yeux ébahis, écarquillés, on découvrait une multitude, une montagne de cadeaux emballés dans une myriade de couleurs sous le sapin. Nous n’étions pas millionnaires, mais mes parents ont toujours vu à ce que l’on ait l’essentiel, et quelques douceurs en plus. Ma mère qui ne travaillait pas salarié — comme disait Yvon Deschamps, grand humoriste avant l’école de l’humour « Ma mère ne travaillait pas, elle avait trop d’ouvrage » —, reine du foyer, économisait toute l’année durant sur tout.
C’était aussi de pleines tablées de bouffe. C’était le temps où ma chère bonne tendre et regrettée mère cuisinait de succulents pâtés à la viande, des aspics, la salade Saint-Raphaël, la salade de poulet chips (que mon frère le deuxième se chargeait de dévorer les restants le lendemain sitôt levé !), des tartes au sucre et à la farlouche, des pichnoutes (bouchées de sucre, coconut érable ou chocolat), du sucre à la crème et des nanaïmos que nous appelions dominos dans la famille. Tout ce festin n’apparaissait qu’à Noël.
Il y avait en plus les familles. Les mononcles, les matantes, les cousins, les cousines d’un bord ou de l’autre, en visite chez nous, ou chez qui l’on se rendait en visite, bravant les pires tempêtes hivernales dans la grosse automobile de mon père, un Chrysler bateau comme il ne s’en fait plus.
Quand on a vieilli un peu, on allait à la messe de minuit pour fêter l’arrivée du petit Jésus, mais surtout, parce que ma mère voulait entendre chanter le Minuit Chrétien. Ma mère aimait beaucoup les chants religieux, comme elle aimait l’opéra. Dans sa jeunesse, mon grand-père Élias écoutait religieusement les concerts du Metropolitan Opera House de New York tous les samedis après-midi à la radio.
Et puis il y avait le ski alpin. Les grosses bottes dans le coffre, les skis fixés sur le rack sur le toit, les six membres de la famille cordés, trois en avant et trois en arrière à l’intérieur du gros Chrysler de mon père. Ma mère cuisinait de fabuleux sandwichs aux œufs, ou bedon, tous participaient à la concoction de sous-marin viandes froides fromage. Oui, le temps des fêtes de mon enfance était une période heureuse.
SALADE ST-RAPHAËL... un clin d'oeil à Noël!
1 boîte de haricots en julienne
1 chou-fleur cuit
1 boîte d’anchois
3 oz d’olives vertes
3 oz d’olives noires
2 c. à table de câpres
Tomates cerises
Échalotes coupées
Vinaigrette
BERNARD ST-ONGE
Crédit photo
LE PÈRE NOËL
DU HAUT DES AIRS, AU PIED DE LA CRÈCHE
Il y a quelques années, à la demande de ma paroisse qui voulait un Père Noël pour attirer les enfants à la messe de minuit, j’ai déposé ma candidature qui fut retenue. Alors, une question m’est venue à l’esprit : « Que vient faire un Père Noël à la messe de minuit ? » — Après tout, ce qui attire les enfants chez ce bonhomme à la barbe blanche, ce n’est certainement pas son accoutrement ! Ah ! je sais, c’est peut-être le petit renne au nez rouge avec ses collègues quadrupèdes tirant un traîneau ou simplement les cadeaux qui en débordent. Après avoir laissé Nez rouge et les siens aux soins d’un bon gardien, je me suis donc mis dans la peau du Père Noël, et pris place à l’écart dans l’église pour ne pas être vu par les enfants.
Lorsque le moment propice fut venu de m’approcher d’eux pendant la célébration de la messe de minuit, je m’avançai et en même temps j’éprouvai une gêne parce que j’avais l’impression de prendre la place de l’Enfant Jésus dont on célèbre la naissance en cette nuit de Noël. Puis soudain, une lumière intérieure pénétra toute ma pensée : « cet enfant dans la pauvre crèche de Bethléem a aussi reçu des cadeaux. Selon la légende, des mages venus d’Orient lui ont offert de l’or, de l’encens et de la myrrhe. » Précisons que certains historiens rapportent cet événement beaucoup plus tard dans la vie de ce Divin Enfant ; d’où vient la coutume d’offrir des cadeaux aux enfants à Noël.
Avec courage, j’adressai la parole à ces chers petits curieux aux yeux grand ouverts qui étaient intrigués par ma présence. « Mes chers enfants bien-aimés, savez-vous pourquoi je suis si généreux en donnant beaucoup de cadeaux à Noël ? » Aucun des enfants ne répondit. Alors, me dirigeant près de la splendide crèche de Noël qu’un artiste avait réalisée, j’ai regardé l’Enfant Jésus dans son berceau et fixant mon regard sur les bambinos toujours attentifs et curieux, je leur dis : « c’est à cause de ce petit enfant né dans une crèche de bergers à Bethléem, il y a plus de deux mille ans maintenant. Ses beaux yeux bleus et son regard m’ont touché profondément. »
À partir de ce moment-là, des sentiments de partage et de compassion émanèrent de mon cœur. Je voyais tous ces petits enfants qui ont faim, qui ont soif, qui ont besoin d’un manteau pour se réchauffer ou se protéger du soleil et surtout ceux qui cherchent de l’amour, de la joie, de la sécurité ; parce que leur maman et leur papa ne sont plus là pour leur en donner : la guerre leur a enlevé ce qu’ils aimaient le plus au monde ; une maman et un papa… Alors, mes chers enfants, n’oubliez jamais de partager avec vos
petits amis qui sont dans le besoin autour de vous. Surtout, continuez de partager votre joie des cadeaux reçus et de remercier la Providence qui vous a donné le plus beau des cadeaux : une maman et un papa. Après la messe, venez me voir à la sortie, j’ai des cadeaux pour vous autres… Aussi, vous pourrez voir le petit renne au nez rouge avec ses amis, il a bien hâte de vous voir ! - Je vous souhaite à tous chers enfants et parents : le plus merveilleux des Noëls, une année pleine d’amour et de belles surprises !
MICHEL M DESLAURIERS
Illustration de Gaby photographiée par Julie Kertesz sur WikiCommons
De Bouddha à Marcel
« La liberté est une possibilité d’être meilleur, tandis que l’esclavage est une certitude d’être pire. » ~ Camus
Je me souviens la première fois où j’ai fait connaissance avec la philosophie : c’est en première année de Cégep et j’avais 18 ans. Le professeur était passionné par cette matière et était passionnant à écouter. Il nous faisait lire les œuvres de JeanPaul Sartre, Albert Camus, Gabriel Marcel et autres. Ensuite, nous discutions en groupes pour partager nos opinions sur différents thèmes. Ce professeur nous stimulait à devenir autodidacte, à aimer la recherche intellectuelle et à être fiers de nos idées et de nos valeurs personnelles.
Aujourd’hui, le style de philosophie qui me touche et me rejoint beaucoup est celui de nos poètes-chansonniers tels Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Michel Rivard, Daniel Lavoie, Zachary Richard parce qu’ils s’inspirent de la Nature, des quatre saisons, de l’eau, de la mer, du feu, de la forêt, de l’amour des bêtes et de notre communication avec eux.
L’écrivain Victor Lévy Beaulieu a écrit un beau livre sur ce sujet, car il vit à la campagne, entouré d’animaux. Dans leurs écrits et leurs chansons, ces auteurs expriment aussi la solidarité entre nous, les humains. Ils parlent d’entraide et de la fierté de nos racines, de nos valeurs personnelles et collectives.
La philosophie pour moi, c’est aussi les différentes citations sages qui se trouvent dans les livres spirituels ou les courants religieux tels le bouddhisme, la Bible, la Thora, l’Humanisme, la spiritualité autochtone, les fables de Jean de la Fontaine.
Enfin, je trouve dans la philosophie matière à méditer, en m’attardant à cette citation célèbre : Fais aux autres ce que vous aimerez que l’on vous fasse à vous-même. Tant d’autres citations encore à découvrir et à méditer qui inspirent de bons chemins de Vie.
CHRISTIANE VOYER
Illustration
Illustration
Tauss
Torday sur Wikimedia
Albert Camus
Jean-Paul Sartre
OISEAU
Dans la vie presque rien n’est magique
Pour atteindre un noble objectif, Il faut être énergique
Et faire preuve de positivisme.
Comme me disait une amie,
Toujours sont récompensés les efforts
C’est ainsi que le bel oiseau rare
Est découvert dans la blancheur de son nid.
Il ne faudra pas l’emprisonner
Il faudra lui laisser
Toute sa pleine liberté
Ainsi, il pourra de son vol nous guider
Vers les plus inattendus des succès
Dont il atteindra les sommets
Son habitation sera désormais notre cœur
Qu’il remplira d’un précieux bonheur.
GAÉTAN DUVAL
Clocher itinérant
Que les vagues effacent les anciennes douleurs
Le vent a décroché ton clocher
Ton refuge, à toi et à tes amis
Même les pierres qui connaissent
Tes rires, tes secrets, qui te protégeaient du froid
Tout… tout te poussera
Vers de nouvelles marches de marbre
Au seuil de ton nouveau domaine,
RENÉE PERRON
Illustration : Benoit
Gingras
Oeuvre
de Claudette Gallantphoto publicdomainpictures
Je suis bloquée…
Je suis bloquée… à quai
Trentième d’une file de voitures, interminable
Soupir, inquiétude, anxiété
Souffle saccadé, tu es minable
Est-ce l’éternité ?
Je suis bloquée… à quai
Je texte à qui veux-tu
J’espère du revenu
Dans le vide de mon auto, le vide de ma vie
Qui ? Qui ? Qui ?
Réchauffera mon anémie
Je suis bloquée… à quai
Je regarde à droite, à gauche
Je cherche un sourire engageant
Un regard ardent
Pour me sentir vivant
Je suis bloquée… à quai
J’appelle mon mari
Va-t-il m’encourager
Ou plutôt m’envoyer promener
La balle est dans son camp de paumé
Je suis bloquée à quai
Je suis esseulée, anéantie
Sans espoir permis
Lorsque le sourire, le regard
Chaleureux, lumineux
D’un jeune enfant
Ressuscitent mon bonheur d’antan
Je suis… je rêve mon avenir
À quai… je construis mon devenir
Longtemps, longtemps, longtemps
En attendant !
Projet Point de vue
Illustration : Benoit Gingras
Harmonie humaine pour tous
Projet Point de vue
Dans le monde de la pensée du Je, chaque personne a sa manière de voir la vie, bien souvent en raison des épreuves qu’elle a vécues en famille, à l’école, au travail et avec chaque abus de pouvoir des décideurs.
Maintenant rendu à l’âge de 69 ans, j’ai dû être responsable de ma vie dès l’âge de 12 ans. J’ai connu l’apprentissage des réalités humaines, bonnes ou mauvaises. J’ai toujours cherché à être en priorité dans mes choix de vie et je trouve que, maintenant, de vivre avec cette pensée du Je augmente l’individualisme, contre tout ce qui est collectif. Ceci crée des problèmes pour une belle harmonie entre nous et nous éloigne de plus en plus de ce que nous avons de meilleur.
Il y a plus d’abuseurs qui cherchent à réaliser leurs besoins, intérêts et plaisirs bien souvent aux dépens des autres pour « AVOIR » au lieu « d’ÊTRE ». Ce désir d’argent, de pouvoir, de réussite a créé chez les hommes un mal non nécessaire au lieu de créer ce monde meilleur désiré par la majorité silencieuse qui se sent impuissante à changer les choses pour un mieux-être et une harmonie humaine pour tous. Ainsi va la vie pour les gens de bonne foi, d’âme et de cœur.
BERTRAND CYR
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photo : Antonino-visalli
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Centre femmes aux 3 A de Québec
Pour la réorganisation sociale des femmes
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G1L 2R6 Québec (Québec) 270, 5 Rue, e
Téléphone : 418 529-2066
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Coco
Paradis synthétique
Aux effluves toxiques
Qui m’enivre
Et me font revivre
Deux, trois gorgées,
Une bonne sniffée
De bonheur concassé
Du sexe passionné
Deux corps qui se complètent
Deux âmes défaites
Une ivresse chimique
Qui me donne des ailes
Sans pareil
Et me soulève de mon tombeau
Jtaime et jte hais
Car parfaite tu es
Et imparfaite je suis.
Célestia
Sur une toile blanche
J’ai vu apparaître
Une lumière franche
Venant de la fenêtre
Une lumière belle,
Tant et si bien
Que je la pris comme telle
Pour faire un art divin
Un style céleste
Une touche délicate
Sublimant le geste
D’une couleur qui éclate
Aux accents parfois tristes
De froids tons mélancoliques
Une nature simpliste
D’un mouvement rythmique
Ou des portraits sereins
De chaudes couleurs de l’amour
De doux traits séraphins
Aux contours de velours
Enfin, je me dis
Ceux qui en feront
Saisiront la vie
Et l’immortaliseront
JAY DIONNE
JASMIN DARVEAU
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Voici novembre…
Pourquoi attendre ?
On sort Noël
Artificiel
Pour mieux le vendre
La kyrielle
De ritournelles
Nous conditionne
Les tiroirs sonnent…
Noël ! Noël !
Tour de bébelles
Présents, cadeaux
Rien de trop beau !
Même à crédit
Coûteux, tant pis
Nous déphasons
Oui ! les saisons
Semons l’espoir
De tout avoir
Au lieu de croire
La Fête… Quel souffle !
On l’étire, ouf !
Deux mois d’avance
« Minuits, chrétiens… »
Dans l’abondance
Des mégasins
Noël ! Noël !
La fée des glaces
Abat les masques
Aussi les voèles
Noël ! Noël !
Traditionnel
Collusionnons
Entreprenons
Extra de paix
D’amour, le vrai
Saint-Nicolas
N’en revient pas
Noël déjà !
Supplication à Noël
Ho ! Ho ! Ho ! grand-papa Noël
Quand tu retourneras au ciel
Monte avec toi dans ton échelle
Les corrompeurs et leurs bébelles
Tu les laisseras à la porte
Afin que Satan les emporte
Au fin fond d’un enfer fiscal
Pour y brûler leurs dollars sales
ARMAND LABBÉ
Hébergement
Références communautaires
Service d’information et de référence qui vous dirige vers les ressources des régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches
Tél. : 2-1-1
Aide sociale
ADDS
Association pour la défense des droits sociaux
301, rue Carillon, Québec
Tél. : 418 525-4983
Aide aux femmes
Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Formé pour vous épauler ! 418 648-2190 ou le 1 888-881-7192
Centre femmes aux trois A Pour la réorganisation sociale
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Centre femmes d’aujourd’hui
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Tél. : 418 651-4280 c. f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org
Rose du Nord
Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org
Support familial Flocons d’espoir Écoute et aide pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4 Tél. : 418 683-8799 ou 418 558-2939 flocons.espoir@videotron.ca
Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec
Tél. : 418 666-3225
Résidence de Sainte-Foy 3364, rue Rochambau, Québec
Tél. : 418 652-9990
YWCA
Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca
Réinsertion sociale
Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO)
435, rue du Roi, Québec
Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org
Fraternité de l’Épi
Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est, Québec
Tél. : 418 523-1731
Maison Dauphine
Pour les jeunes de 12 à 24 ans 31, rue D’Auteuil, Québec
Insertion professionnelle À l’aube de l’emploi (Lauberivière)
Formation en entretien ménager commercial/buanderie 485, rue du Pont, Québec 418 694-9316 poste 248 alaubedelemploi@lauberiviere.org
Recyclage Vanier
Emploi et formation (manutentionnaire, aidecamionneur, préposé à l’entretien) 1095, rue Vincent-Massey, Québec tél.. : 418 527-8050 poste 234 www.recyclagevanier.com
Prostitution
La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com
P.I.P.Q.
Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com www.pipq.org
Soupe populaire
Café rencontre Centre-Ville 796, rue Saint-Joseph Est, Québec (Déjeuner et dîner)
Tél. : 418 640-0915
Maison de Lauberivière (Souper) 485, rue du Pont, Québec Tél. : 418 694-9316
Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 945, rue des Sœurs-de-la-Charité Tél. : 418 692-1762
Santé mentale
Centre Social de la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683-3677 centresocialdelacroixblanche.org info@centresocialdelacroixblanche.org
La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca
Centre Communautaire l’Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719
Amicale Alfa de Québec 75, rue des Épinettes, Québec
Tél. : 418 647-1673 alphadequebecinc@videotron.ca
Point de Repères
225, rue Dorchester, Québec
Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com
VIH-Sida
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Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida
625, avenue Chouinard, Québec
Tél. : 418 649-1720
Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org
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• Maison Revivre
PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM
• Claude Gallichan, chiropraticien
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• Yves Boissinot
CKRL891
Brûlure
Assommé par le goût de la haine.
Rivière rouge, assoiffé, pardonne-moi pour toute cette peine.
Le matin au bord de l’eau
À chercher des souvenirs d’enfance.
Avec le feu et mes brûlures au cerveau.
Je me souviens seulement de l’abandon et de la délinquance.
Les mains liées à mes dépendances.
J’aimerais pouvoir travailler.
Le matin, ouvrir mes yeux devant un soleil ensoleillé.
J’aimerais m’allonger sur la roche au lieu de la consommer.
Me sentir au chaud, sans couverte seulement à ses côtés.
À travers les bois, dans la forêt du rhum bien corsé.
Je brûle l’envie de ne plus jamais revenir.
Je suis le premier de deux enfants : le mal aimé.
Je veux partir.
Allume l’allumette que j’puisse m’enfuir.
Les yeux pleins d’eau à chaque journée.
Il n’y a pas un moment où je pense à mon cou serré.
Ma face souriante, jamais heureuse.
J’cache ma tristesse, aussi froide qu’un mur.
Octobre, journées noires et pluvieuses.
L’automne, j’prends mes rêves, du bois, des feuilles : brûlure.
SIMON-PIERRE BLAIS
Concept et photo de Simon-Pierre Blais
Lambert Somec inc.
remet 5000 $ à l’Archipel d’Entraide
Entrepreneur spécialisé en électricité et en mécanique de bâtiment et de procédé, Lambert Somec inc., dont le siège social est situé à Québec, exécute des projets sur tout le territoire de la province.
Depuis plusieurs années, Lambert Somec inc. soutient la mission de l’Archipel d’Entraide en lui remettant des dons en argent. L’entreprise organise également une collecte annuelle de produits d’hygiène auprès de son personnel.
Début décembre, les produits seront remis à l’organisme qui les distribuera aux utilisateurs et utilisatrices du Répit et du service Accroche-Toit.
« La période des Fêtes est une occasion privilégiée pour mon équipe et moi de vous remercier de votre précieuse contribution au bien-être de notre communauté au cours de la dernière année.
Que la nouvelle année qui s’annonce vous apporte à vous et à vos proches, paix, santé et bonheur! »
Photo prise le 21 novembre 2022, lors de la remise du chèque de 5 000 $ par
M. Philippe Pelletier, vice-président de Lambert Somec inc. à Mme Diane Morin, directrice générale de l’Archipel d’Entraide.
Candidat [Jean]
Itinérance
Insécurité alimentaire
Toxicomanie
Choisir une cause, c’est en laisser tellement d’autres derrière.