LaQuête numero 242 juillet-août 2022

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sur le prix de vente va directement au camelot.

Le

magazine de rue de

Québec Numéro 242 S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant un e carte d’identification.

Juillet-Août 2022

4$
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Hébergement

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SEXE, DROGUE ET ROCK’N’ROLL

POUR LE PLAISIR DE LIRE

Les années soixante dix

Prélude

Le jour le plus long

JEUX

La quête des mots

La langue dans sa poche

Le rock dans la tempête

Amour Une chanson 27 Discours politique 30 Été 32 Le Marchand de lunettes a 10 ans

Haricot Magique a besoin de vous

Sexe, drogue & rock’n’roll

Les boutons de Valentine

Sais-tu ce que tu écoutes?

Les écocentres mobiles

Faut être créatif pour les loisirs

LA QUÊTE 03 JUILLET-AOÛT 2022
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07 De l’itinérance à l’abstinence 08 Chemsex ? 09 GHB : minimiser ses risques 10 Steve Hill : Envers et contre tous 12 Quand le rap devient rock'n’roll 15 Mainmise et contreculture québécoise 16 Le club des 27 18 Ces étoiles qui brillent toujours Crédit photo : Extrait du logo de Portage Crédit photo
Jp Marquis sur
Commons

RÉALISER L’ESPOIR

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue !- par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.

L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

SUIVEZ-NOUS SUR facebook.com/laquete.magazinederue et issuu.com/laquete/docs

PAGE COUVERTURE

Œuvre de Marie Langlois Conception graphique : Mélanie Imbeault

ÉDITEUR Archipel d’Entraide

ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette

RÉDACTRICE EN CHEF Francine Chatigny

DIRECTRICE DE L’INFORMATION Valérie Gaudreau

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Isabelle Noël

CHRONIQUEUR.EUSE.S

Martine Corrivault, Claude Cossette, Christine Trottier, CMCQ et Marc Émile Vigneault

JOURNALISTES

Catherine D’Amours, Christine Deslongchamps-Pelletier, Philippe Fortin, Nicolas Fournier-Boivert, Pier-Olivier Nadeau et Victor Lhoest

Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu ? Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.

Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique d'octobre : Cohabitation

UNE TRIBUNE POUR TOUS FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOT

Les camelots font 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.

Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

AUTEUR.E.S Anne, Laurence Ducos, Gaétan Duval, Rachel Élie, François Gagnon, Armand Labbé, Judy Miller, Suzanne Savard et Christiane Voyer

AUTEUR.E DES JEUX

Hélène Huot et Jacques Carl Morin

RÉVISEUR Benoit Arsenault

ILLUSTRATEUR Benoît Gingras PHOTOGRAPHE Antoine Godbout INFOGRAPHISTE Mélanie Imbeault

IMPRIMEUR

Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284

COPYLEFT

La Quête, Québec, Canada, 2014

Ce document est mis à votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « PaternitéPas d’Utilisation commerciale - Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, permet de l’utiliser et de le diffuser tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs.

Journal La Quête

190, rue St-Joseph Est Québec (Québec) G1K 3A7

Téléphone : 649-9145 Télécopieur : 649-7770 Courriel : laquetejournal@yahoo.ca

04 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE
COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE Nom : Adresse : Ville : Code postal : Date : Abonnement régulier 65 $ Abonnement de soutien 80 $ Abonnement institutionnel 90 $ Téléphone : La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)
Financé par le gouvernement du Canada

Sexe, drogue et rock’n’roll

Le thème un peu olé olé de cette édition estivale a été proposé par Denis, le camelot du secteur Saint-Sacrement. Cette maxime évoque pour lui une belle période de sa vie.

Pour les journalistes de La Quête, cela a été une belle occasion de se faire plaisir en parlant, entre autres, de musiciens qui ont marqué leur vie ! Les stupéfiants aussi marquent des vies : le récit d’Anne en témoigne… GHB, chemsex, contre-culture, clin d’œil neuropsychologique, nostalgie et poésie sont aussi au programme.

Bonne lecture et bel été !

COVID-19

Un vrai chaos

C’était le chaos pour moi. Tout le monde était confiné dans leur maison. Ils écoutaient la télévision pour voir l’évolution de la situation. Il y avait beaucoup de morts. Ça m’attristait de voir les décès. Moi, je n’avais pas de maison, j’allais squatter chez des amies, mais je n’étais pas toujours en sécurité. Je ne regardais plus la télévision, j’étais trop peinée. J’ai eu peur de me retrouver hospitalisée, alors je travaillais tout le temps pour me changer les idées. J’allais vendre L’Itinéraire quand j’étais à Montréal, puis La Quête quand j’ai déménagé à Québec. Une chance que j’ai eu ça, sinon j’aurais capoté. Les gens m’encourageaient sur la rue, ils étaient généreux. Ils le sont encore.

Maintenant que la COVID a diminué, je me sens beaucoup moins stressée. J’ai arrêté de porter mon masque, je n’ai plus peur de l’attraper. Maintenant, ce n’est plus le chaos.

Merci aux personnes qui m’encouragent, vous faites la différence pour moi !

Félicitations Marc Émile !

Le 18 juin dernier, lors de la cérémonie des bénévoles organisée par l’équipe du député fédéral de Québec, Jean-Yves Duclos, notre chroniqueur Marc Émile Vigneault s’est vu remettre un certificat pour son dévouement. M. Vigneault, initiateur et signataire de la chronique Espoir au Cube, s’est mérité cette reconnaissance pour son engagement non seulement dans La Quête, mais aussi dans la communauté. Tisseur de liens, propulseur de création, personne franchement agréable à côtoyer, Marc Émile fait la démonstration, par ses multiples implications, qu’aider peut prendre des formes variées. Félicitations !

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 05
LISA Crédit photo : Carole-Anne Beaulieu Crédit photo : Jean-Marc Yves Duclos et Marc Émile Vigneault Lisa, camelot rue Saint-Vallier Ouest entre Bayard et Alleyn

ourtoisie:Claude

SEXE, DROGUE & ROCK’N’ROLL

En 1977, le chanteur anglais Ian Dury lance un 45 tours avec la chanson Sexe, drogue & rock’n’roll. L’expression se répand comme un slogan. Mais est-ce attesté que rock’n’roll va de pair avec sexe et drogue ?

En 2013, la firme Blum & Werner réalise une enquête auprès de 944 étudiants âgés de 15 à 25 ans. Ils publient les résultats dans le Journal of Psychoactive Drugs : les jeunes qui sont friands de musique forte plus souvent se saoulent, consomment du cannabis et pratiquent le sexe sans condom.

LES DROGUES QUI DIVERTISSENT

Dans les années 2000, apparaît la folie des raves, ces partys tenus clandestinement dans des locaux désaffectés, intégrant musique électronique et psychotrope. L’endroit secret du rassemblement se diffusait de bouche à oreille à la dernière minute : Instagram, Snapchat et Facebook n’existaient pas.

Un rave était d’abord une fête de musique, de danse, de défoulement, parfois avec l’idée de suppléer les boîtes de nuit obligées de fermer trop tôt aux yeux des fêtards. On consommait et on dansait jusqu’au petit matin en consommant les dance drugs : café, alcool, cannabis, amphétamines.

La connexion ressentie viscéralement entre la musique et les drogues récréatives est documentée. Le Dr Daniel Levitin, neuropsychologue de l’Université McGill : « Nous avons démontré que les opioïdes interviennent directement dans le plaisir musical ».

On comprend donc l’attrait des drogues festives auprès des jeunes qui sont si friands de musique. Après des heures de défoulement, on a besoin de stimulants plus puissants. Apparaissent alors l’ecstasy, la cocaïne et d’autres psychotropes plus costauds. L’attrait des drogues festives varie selon les courants sociaux d’un milieu ou d’une époque ou selon l’état psychosocial des individus.

Quant aux conséquences de leur usage, même les drogues douces peuvent entraîner des problèmes de comportement (désinhibition, défoulement), de santé (indigestions, altération de la conscience), de sécurité (conduite automobile, métiers à risques) ou de méfaits publics (bagarres, vandalisme).

LES DROGUES QUI EMPRISONNENT

L’auteure d’un rapport exhaustif sur les drogues, la juge Nicole Maestracci écrit, « le mot drogue attire

et fait peur. Il représente à la fois, pour nos sociétés modernes, l’incarnation du mal absolu et l’espoir illusoire de vivre mieux ou moins mal ». Un danger et un rêve.

Le Dictionnaire des drogues définit ainsi le mot drogue : « Toute substance psychoactive prêtant à une consommation abusive et pouvant entraîner des manifestations de dépendance ». Cela inclut beaucoup de molécules.

Le psychiatre Philippe-Jean Parquet distingue trois situations qui amènent des conséquences plus ou moins sérieuses. Il y a d’abord le simple usage comme on le fait en observant fidèlement l’ordonnance d’une drogue médicinale. Il y a ensuite l’abus, soit une consommation importante et régulière pouvant entraîner des problèmes médicaux ou financiers par exemple. Puis, il y a la dépendance qui est plus problématique encore.

Le cerveau est ainsi fait qu’il retient facilement les stimulis qui procurent du plaisir : cette musique planante, ce dessert délectable, ce baiser sensuel et jusqu’à ces substances qui semblent dilater les limites de la conscience. Pourquoi se refuser ce plaisir qui ouvre une fenêtre dans les nuages ? C’est que tout près du plaisir, se tiennent l’attirance, le penchant, l’habitude, voire, la dépendance.

Quand un simple indice évoquant ces plaisirs déclenche une envie, un manque, c’est que l’on est dépendant… au tabac, à l’alcool, au jeu, à la bouffe, à l’achat de fringues ou aux déferlements sonores. Une personne est dépendante quand le simple fait d’imaginer une telle activité plaisante l’amène irrésistiblement à inhaler une bouffée, ingurgiter une bière, se brancher sur un site de jeu, grignoter n’importe quoi, se précipiter au centre commercial.

Ou monter le son de ses écouteurs. Comme dit Matt Damon dans Will Hunting : « Ça fait boum boumboum, boum-boum-boum, et c’est comme si la musique vous possédait ». Quand ça fait boum-boum, même Zoé, ma petite-fille de 15 mois, se met à battre la cadence!

06 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE
HRONIQUE C

DE L’ITINÉRANCE À L’ABSTINENCE DE LA CONSOMMATION À LA RÉMISSION

Au début de mon secondaire, j’ai vécu de l’intimidation abusive. Un jour, le directeur de l’école a appelé ma mère pour lui dire qu’elle devait venir me chercher, car il ne pouvait plus garantir ma sécurité. En rentrant à la maison, j’ai essayé de m’enlever la vie, le seul sentiment qui m’habitait était d’être une moins que rien, de n’avoir aucune valeur. Puis, j’ai connu la consommation. Ça m’a donné l’impression d’être invincible. Plus rien ni personne ne pouvait m’atteindre, me persécuter. J’ai fait des transferts de dépendance d’une substance à l’autre. Je consommais plusieurs substances en même temps. J’ai consommé dès l’âge de 13 ans, jusqu’à mes 24 ans.

CONSOMMER

À 18 ans, j’ai commencé à travailler dans les bars, ça me permettait de consommer tout en étant payé. J’étais dans une relation très toxique et malsaine, mais j’étais borné à ne pas le voir. Jusqu’à ce qu’une partie de moi ne puisse plus l’ignorer. J’ai alors découvert une substance que je n’avais jamais essayée auparavant. L’effet était instantané, l’état d’euphorie et de bien-être total m’a rendu accro à la première dose. J’en voulais toujours plus. J’essayais de retrouver l’effet de la première fois, sans jamais y parvenir. Je vivais pour consommer et je consommais pour vivre. J’ai fait beaucoup de mauvais choix et j’ai posé de très mauvaises actions pour consommer.

J’ai vendu des stupéfiants, jusqu’à ce que je consomme tout ce que j’avais. Je me faisais arrêter par la police constamment. J’ai volé pour consommer plus, volé ma propre famille, des inconnus. J’ai même échangé mon corps contre de la consommation. La femme en moi s’est alors sentie redevenir une fillette apeurée, pas respectée, pas considérée et dégoûtée d’elle-

même. Je me suis retrouvée dans la rue, perdue, anéantie, sans repères. J’ai vécu chez des consommateurs et des vendeurs de drogues, d’un endroit à un autre. Pour consommer plus, pour combler le grand vide qui m’habitait.

Je me suis un jour retrouvé à Toronto, où j’ai dormi dans des sous-sols d’église et des parcs pendant plusieurs mois. Le jour où j’ai pris l’autobus pour rentrer à Québec, j’ai été retrouvée inconsciente dans l’autobus et transportée à l’hôpital. J’ai fait une vingtaine de convulsions toxiques, dont plusieurs vers la fin de ma période de consommation : mon corps me suppliait d’arrêter. Lorsque je me réveillais, je ne reconnaissais ni l’endroit ni les gens avec qui j’étais.

En août 2021, je me sentais totalement détruite. Les sentiments de culpabilité, les mensonges et la souffrance étaient des partenaires très intimes, la drogue et l’alcool, les amis que je chérissais le plus. Je ne pouvais plus continuer ; j’ai donc décidé de me reprendre en main. Ça faisait environ 1 an que j’appelais à Portage Québec, mais je ne me présentais jamais aux rendez-vous. Ce jour-là, j’y suis allé.

SE LIBÉRER

J’ai entrepris une thérapie de 5 mois combinée avec des meetings CA. J’y suis arrivée sans avenue. Je n’arrivais plus à vivre avec moi-même et je ne me reconnaissais plus. Aujourd’hui, j’ai trouvé ma voie et découvert qui je suis en tant que femme et celle que je souhaite devenir. J’ai pardonné à la petite fille souffrante et dépourvue. J’ai repris confiance en moi, et j’ai défini mes valeurs, mes compétences. J’ai aussi appris à m’affirmer, et à respecter mes propres limites, à identifier mes émotions et à m’exprimer librement. On m’a aussi accompagné pour laisser

derrière de mauvaises fréquentations, à développer de nouvelles habitudes dans ma routine de vie et lorsque j’ai envie de consommer. Aujourd’hui, ce n’est plus une option. Toutes ces expériences ont façonné la femme en construction que je suis. Je me sens libérée et en paix avec moi-même. Je partirai d’ici pour reprendre la route, délivré de ma dépendance, ayant acquis la connaissance de moimême, l’assurance et la sagesse qui me permettront de ne plus jamais vivre dans les ténèbres.

Suite à ma thérapie, j’ai entrepris la démarche avec le Centre de formation à l’emploi. Je me suis inscrite à l’université pour faire mon certificat en dépendance à l’automne prochain. Je souhaite devenir intervenante en toxicomanie. Si tu souffres, tu n’es qu’à un pas de changer ta vie. Être abstinent dans le rétablissement, c’est possible, avec la force du nous.

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 07
ANNE Crédit photo : Extrait du logo de Portage

LE CHEMSEX, C’EST QUOI ?

Peu connu du grand public, le chemsex ou Party and play est une pratique mélangeant consommation et relations sexuelles chez les hommes gais, bisexuels ou homme ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (gbHARSAH). Celle-ci gagne en popularité depuis les dernières années au Québec. Camille Thibault, sexologue et intervenante auprès de gbHARSAH au MIELS Québec (Mouvement d’information et d’entraide dans la lutte au VIH-sida à Québec), démystifie pour nous cette pratique.

« Toutes les définitions du chemsex ont de petites différences, mais celle de David Stewart, un chercheur et activiste qui est le pionnier du chemsex, est celle qui est la plus appropriée. Le chemsex, c’est la consommation de substances très spécifiques dans un contexte très spécifique auprès d’une population spécifique. La consommation spécifique est celle de méthamphétamine comme le crystal meth et le GHB. Le contexte correspond spécifiquement aux relations sexuelles et la population est celle des gbHARSAH », explique Camille Thibault.

Bien que ce genre d’expérience de consommation ait pu exister avant, le terme chemsex reste assez récent puisqu’il a vu le jour en 2001. Le terme est directement associé à la culture gaie et non à la population générale même si le mélange méthamphétamine et relation sexuelle peut se faire dans un contexte hétérosexuel ou autre.

« Il y a tellement de choses qui sont arrivées et qui ont influencé le plaisir du sexe gai dans les dernières années. Par exemple, les attitudes sociétales par rapport au sexe gai qui lui va être associé au dégoût de la sexualité entre les hommes ou encore l’épidémie

du sida. Tout ça a aussi influencé les applications de rencontres, donc comment les gens entrent en contact et comment ils vivent l’amour », raconte la sexologue pour démystifier pourquoi cette pratique gagne-t-elle en popularité.

LES RISQUES DU PLAISIR

Par la pratique du chemsex, ces hommes sont à haut risque de contracter des ITSS, le VIH ou le sida si la protection n’est pas respectée lors de la pénétration anale, par exemple, ou lors du partage de matériel de consommation de drogue.

En plus des risques liés à la santé sexuelle, l’usage de méthamphétamines a un impact important sur les participants. Lors du chemsex, les participants peuvent avoir des relations sexuelles pendant plusieurs heures voir quelques jours sans s’arrêter sous l’effet de la drogue. Les besoins importants et primaux comme manger ou s’hydrater peuvent aussi être facilement oubliés dans le feu de l’action.

« Le crystal meth est une drogue qui est addictive vraiment rapidement. Elle va venir chercher un high qui est différent de toutes les autres drogues et c’est un stimulant. Dans le cadre du chemsex, elle va permettre d’avoir énormément de partenaires sexuels d’un coup et elle va extrêmement augmenter la performance comme elle va libérer une forte dose de dopamine », décrit Camille Thibault.

S’ÉDUQUER POUR S’AIDER

Peu d’études ont été faites à ce jour sur le chemsex à Québec, mais cela commence à se faire de plus en plus à Montréal. Des intervenants essaient d’en comprendre le pourquoi et le comment afin de pouvoir soutenir et aider les personnes qui pratiquent le chemsex.

Éventuellement, avec l’éducation sur la prise de drogue sécuritaire et sur la santé sexuelle, Camille Thibault espère que la communauté pratiquant le chemsex soit à l’aise d’aller vers les ressources dont elles ont besoin si nécessaire.

« Le chemsex est encore stigmatisé et tabou dans la population générale comme dans la population gbHARSAH. Avec le MIELS, je souhaite amorcer un discours auprès de ma clientèle en lien avec la consommation de drogue et les pratiques sexuelles sécuritaires. Nous voulons aller rejoindre cette clientèle qui consomme pour qu’ils se sentent à l’aise d’en parler et pour qu’ils ne soient pas seuls là-dedans », conclut la sexologue.

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Camille Thibault, sexologue et intervenante auprès des hommes gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (gbHARSAH) au MIELS. Crédit photo : Catherine d'Amours

GHB MINIMISER SES RISQUES

Les restrictions sanitaires n’existent presque plus, les terrasses sont ouvertes et l’été pointe le bout de son nez. Un cocktail parfait pour sortir au bar entre amis. Cependant, le GHB ou drogue du viol est encore bien présent dans les bars du Québec et la vigilance est de mise. Pour démêler le vrai du faux, La Quête a fait le tour de la question. Depuis la réouverture des bars, il n’y a pas eu une flambée de cas d’intoxication involontaire, affirme David Pelletier, porte-parole du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ). Au total, trois enquêtes sont en cours depuis mars dernier. Selon le SPVQ, le GHB serait d’ailleurs la drogue la plus utilisée par les agresseurs pour intoxiquer les victimes.

Selon Santé Canada, les effets que peut causer son ingestion sont entre autres : de l’étourdissement, de l’euphorie, un état d’ivresse, des nausées et des vomissements.

Le SPVQ compare ses effets à un état d’ébriété avancé. De plus, le GHB a un effet sédatif, ce qui empêche les victimes de résister à une agression sexuelle. C’est pour cette raison qu’il tient son surnom de drogue du viol.

Malheureusement pour les victimes, le GHB est rapidement évacué par le métabolisme. « Il est important de se rendre au centre

hospitalier le plus rapidement possible afin de recevoir les soins appropriés », mais aussi pour détecter la présence GHB dans l’organisme, indiquait la sergente Nancy Fournier de la Sûreté du Québec en entrevue à Radio-Canada.

TÉMOIGNAGE

Prudente dans les bars, une étudiante de l’Université de Sherbrooke a participé à un 5 à 7 organisé par sa faculté. Ce contexte universitaire lui a fait baisser sa garde. « Je connaissais la moitié des gens au 5 à 7. Dans un contexte où tu es supposée d’être avec uniquement des gens de l’université, on dirait que tu enlèves les doutes. Je n’étais pas aussi alerte que dans un bar », lance celle qui préfère ne pas être identifiée.

Au cours de la soirée, elle et son amie ont laissé leur verre seul lorsqu’elles ont été aux toilettes. « Il y avait deux gars qui attendaient proche des toilettes. On suspecte que c’est eux qui nous ont fait ça », estime-elle. Après 10 minutes, les deux étudiantes ont commencé à ressentir les effets du GHB. « Je me sentais étourdie, j’avais mal au ventre, j’avais le goût de vomir et j’avais de la difficulté à parler. »

Par chance, l’étudiante a contacté son conjoint qui l’a rejoint. Elle a beaucoup vomi et oublié une grande partie de sa soirée. Elle a été à l’urgence, mais a décidé de

quitter l’hôpital après cinq heures d’attente puisqu’elle allait mieux et était fatiguée d’attendre. Les deux amies n’ont pas voulu porter plainte par la suite. « On ne savait pas qui c’était nécessairement. Aussi, c’était notre premier 5 à 7 qu’on organisait avec notre faculté qui sert, entre autres, à financer notre bal. On avait l’impression que si on portait plainte, on allait nuire au financement. »

COMMENT SE PROTÉGER ?

Plusieurs conseils de base peuvent être appliqués pour prévenir une intoxication involontaire. Le SPVQ rappelle qu’il est important de toujours garder un œil sur sa consommation et son entourage. Un changement d’attitude ou un degré d’intoxication qui ne concorde pas avec le nombre de consommations prises est un signe avant-coureur que du GHB pourrait s’être glissé dans la consommation. Le SPVQ recommande également de refuser la consommation d’autrui, même pour seulement la goûter, et de s’abstenir de boire une consommation si l’on croit qu’elle a été manipulée par quelqu’un.

Aujourd’hui, outre ces conseils, deux solutions de plus en plus répandues peuvent aider à éviter une catastrophe. La première est le couvercle antidrogue, également appelé capote à drink. Il scelle le dessus du verre avec un autocollant et on enfonce une paille à son milieu. La deuxième est un sous-verre où l’on verse une goutte de sa boisson. S’il change de couleur, cela signifie qu’une drogue est présente.

Le SPVQ réitère qu’il ne faut pas hésiter à composer le 911 en cas de doute.

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 09
Le couvercle antidrogue (à gauche) et le sous-verre (à droite) ont plusieurs variantes et peuvent s’acheter sur Internet. (Crédit photo : Alco Prevention Canada)

STEVE HILL ENVERS ET CONTRE TOUS

La Quête avait rendez-vous avec Steve Hill au Café Zénob de Trois-Rivières. Musicien professionnel depuis l’âge de 18 ans, l’auteur-compositeur-interprète cumule les honneurs d’un parcours impressionnant. Il ne doit à rien à personne et assume tous les risques liés à sa carrière. Il a fait le choix de croire en lui. Difficile de passer à côté de Steve Hill lorsqu’il est question d’un guitariste flamboyant au Québec. Durant ses 30 années de carrière, il a performé partout dans le monde et sur toutes les scènes du Québec. Affichant une feuille de route impressionnante, il a, entre autres, gagné le prix Juno pour l’album blues de l’année, en 2015. Il a aussi remporté huit Maple Blues Awards, notamment comme guitariste de l’année, deux années de suite.

sérieux. Steve explique qu’il peut en lire des heures par jour. « C’est devenu un gros focus dans ma vie, les comics. » Par l’entremise de ses amis, il est exposé à Pink Floyd, Jimi Hendrix, ou bien Yes. Il est encore très jeune, et très loin de se douter de ce que cette passion allait lui apporter. « Je ne savais pas qu’un gars de Trois-RivièresOuest pouvait devenir musicien. »

PRO À 18 ANS

Lorsqu’il fait ses premiers pas à la guitare, il comprend que sa vie vient de tourner pour de bon. « Ça a pris un an de guitare et je savais que c’est ça que j’allais faire dans la vie. » Il travaille ardemment sur l’instrument et ses efforts payent.

« Ça a pris un an de guitare et je savais que c’est ça que j’allais faire dans la vie. »

Plus jeune, le guitariste était attiré par le dessin, plus particulièrement les bandes dessinées. Cette passion s’est transformée, à l’âge adulte, en loisir de collectionneur

À 18 ans, il a déjà le statut de professionnel dans le Bob Harrisson Blues Band, un gros nom de la scène blues à l’époque. Peu de temps après, M. Hill décide de voler de ses propres ailes. Nous sommes en 1997 et le jeune trifluvien sort son premier album éponyme. Il entame alors son long parcours professionnel.

Un conseil qu’il voudrait donner au jeune Steve Hill ? « Faistoi confiance et entoure-toi des bonnes personnes. » Il explique que le monde de la musique au Québec représente son lot de défis. Il y a toutes sortes de gens qui gravitent dans le milieu. Certaines personnes ont à cœur les artistes, alors que pour d’autres c’est l’argent. Il a appris de ses erreurs. Depuis plusieurs années maintenant, il a le plein contrôle sur sa carrière. « C’est moi qui produis et qui gère mes affaires. Je décide avec qui je travaille. » Il souligne qu’il n’a jamais été capable de bien fonctionner dans une compagnie de disques. Au Québec, dit-il, l’industrie de la musique tourne beaucoup autour des subventions et il a plutôt décidé de faire cavalier seul et de choisir la liberté que cela lui procure. « Je paye mes albums de ma poche, je n’ai jamais de subventions ».

FIDÈLE À LUI-MÊME

Le guitariste a aussi vécu des moments pénibles, qui se sont étalés sur 8 ans. Une période durant laquelle il a dû se contenter de mo-

10 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE

destes cachets, faute de mieux. « Il faut que tu aimes ça en maudit. Ça ne sera pas tout le temps facile ».

« Il faut que tu aimes ça en maudit. Ça ne sera pas tout le temps facile »

Le tournant hard rock qu’il prend avec l’album Devil at My Heels refroidit un peu ses fans et les salles de spectacles ne se remplissent plus. Il reconnaît aujourd’hui qu’il s’agissait peut-être d’une erreur. Mais avoir son groupe hard rock était un projet qu’il voulait essayer depuis longtemps, et il s’était entouré des bons musiciens pour le faire. C’est sa formule « one man band » qui le fait redémarrer en trombe. Sa série d’albums Solo Recordings est un franc succès. Elle reçoit beaucoup d’attention du public et de l’industrie. Son autonomie professionnelle durement acquise lui permet d’écrire des chansons qui lui ressemblent, à son goût. « Je ne suis pas capable

de sortir de quoi que je n’aime pas. »

Il ne connaît aucun autre métier que celui de musicien. Il se passionne toujours pour l’écriture de sa musique et carbure à la présence sur scène. « J’aime ça le feeling de jouer devant du monde. » Composer des chansons et donner des spectacles sont deux réalités bien différentes, mais pour lui « ce sont les deux plus beaux highs » qu’il a dans la vie. Avec son nouvel album, Dear Illusion, prêt à sortir dès cet automne, il croit avoir en main quelque chose de spécial. « Je suis vraiment confiant que c’est mon meilleur album à vie. » Affichant une grande lucidité, une intégrité peu commune et une solide confiance en ses moyens, le guitariste est également très généreux

de son temps. Envers et contre tous, il a mené sa carrière comme il l’entendait : il s’est rendu là où il est en restant fidèle à ce qu’il aime de la musique. Et de ça, Steve Hill en est très fier.

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 11
PHILIPPE FORTIN Steve Hill a partagé la scène avec plusieurs grands noms de l’industrie musicale. Il aurait aimé avoir la chance de le faire une fois de plus avec Jerry Garcia, le guitariste de Grateful Dead. (Photo promotionnelle utilisée à la demande de Steve Hill. stevehillmusic.com)

QUAND LE RAP DEVIENT ROCK’N’ROLL

Le rap rock est une fusion des genres, avec ses superstars aux États-Unis, mais encore aux balbutiements au Québec. Les groupes d’ici Jay Lavish et ZIGAZ, et Dope.Gng, rares artistes de la province à oser ce mélange des genres, croisent les instrumentales du rock avec des paroles cadencées du rap.

La story Instagram du duo Dope.Gng est explosive : le vrombissement du son saturé, distordu, remplit l’oreille et les enceintes. « À la base, notre public veut sauter, danser et se défouler », raconte Zilla, binôme du groupe Dope.Gng en entrevue avec La Quête, laissant transparaître l’ambiance des concerts de leur tournée européenne.

«Dans le rap rock classique, la distorsion dans les voix ou les instruments, ça revient souvent », explique Yabock, la « voix aiguë » du groupe d’Hochelaga à Montréal. Comme dans le rock, « il faut de grosses guitares et que ça donne envie de bouger ».

L’éventail artistique de Dope.Gng est large. Si chaque morceau emprunte les rimes et les punchlines du rap, le spectre va du rap punk

de Drogue maison, issu de leur album éponyme de 2020, au rap métal du titre Brûler des condos, sorti dernièrement. « On est plus dans le mélange des genres que dans un genre spécifique », assure Zilla pour définir le style du groupe allant jusqu’aux influences électro.

Le mélange se retrouve aussi dans le vidéoclip du titre Top Net. « On a boosté le look », résume Yabock qui y apparaît maquillé, pailleté, long manteau en cuir noir sur le dos. Le détail va jusqu’aux boucles d’oreilles en forme de crucifix. « Il y a beaucoup d’influences rock, gothique, emo, androgyne et queer qui se mélangent là-dedans ».

NOUVEAU ROCK

Le tandem frère et sœur Jay Lavish et ZIGAZ s’est formé lors d’une session d’enregistrement de leur album, dans un chalet. « Dès qu’on est sorti, Jay m’a dit : on l’appelle Nouveau Rock », raconte ZIGAZ, se souvenant de leur semaine d’enregistrement. « Et c’est ça qu’c’est ! un mix de new wave et de fucking rap ! »

En cinq titres, dans une ambiance musicale sombre, le groupe montréalais mélange les influences

rock de Jay Lavish, et celles pop et R&B de ZIGAZ. « C’est un mashup d’influences de ce qu’on écoute depuis qu’on est jeune », estime ZIGAZ, tombée dedans quand elle était petite. « Quand j’étais enfant, je saturais du heavy métal. Avec mon père on faisait beaucoup de route, et c’était toujours du Metallica pendant 1 h 30 ».

Avec Nouveau Rock, Jay Lavish imagine avoir donné naissance à une série. « Il y aura Nouveau Rock 2 et 3. Quand ? Je ne saurai le dire », taquine-t-il. « On savait déjà que ça allait être une suite, enchaîne complice ZIGAZ. Je pense que c’est le mix de nos voix qui donne cette signature en tant qu’artiste ».

INSTRUMENTALISER LE RAP

« Un jour, on a décidé d’instrumentaliser le rap, qu’il pouvait y avoir une batterie et une guitare électrique », explique l’ancien animateur de l’émission La crème du rap sur CHYZ 94.3, Félix Duchesne.

Dès les années 1980 aux États-Unis, les Beastie Boys — emblématique du mélange rock et rap — produisent leurs premiers

12 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE
De gauche à droite : Zilla et Yabock, du groupe Dope.Gng. Jay Lavish et ZIGAZ, du groupe éponyme. (Crédit photo de gauche - photo : buvard, Stylisme : vie. dange, MUA : scaryspies. Crédit photo de droite : Jay Lavish & ZIGAZ)

albums dans un style punk, en y intégrant des influences hiphop. Les artistes de la nouvelle génération du rap rock comme XXXTentacion, Lil Peep ou Post Malone ont émergé en 2016, en même temps que la popularisation de la plateforme SoundCloud.

« Au Québec, c’est au balbutiement, ce sont des rappeurs qui décident d’aborder des thèmes lourds, quelque chose de plus dark que dans le rap classique », estime l’ex

L’animateur et fan de rap voit dans ce retour du rock un cycle comparable à ceux de la mode. Une mode qui sort les artistes des cases qui les enferment.

VICTOR LHOEST

LA SÉLECTION MUSICALE DE LA QUÊTE

Le rap rock vous réserve des nuits d’été mouvementées, mélangeant headbang et signe de gang avec les mains. La Quête vous propose sa sélection de titres pour rentrer dans le cercle du rap rock.

dominante ».

mais sa musique vit toujours.

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 13
PARTENAIRES ! Derrière chaque camelot de La Quête, il y a une histoire. Et devant? Il y a vous... 418 649-9145 facebook.com/laquete.magazinederue

ourtoisie:Martine

LES BOUTONS DE VALENTINE

Parfois, ça fait du bien de dire les choses comme on les voit, de « laisser sortir le méchant », comme disait grand-maman. Ces jours-ci, Valentine, mon amie boomer, s’offre une cure de lamentations et je n’arrange pas les choses en la qualifiant de ce « titre ridicule » qui, dit-elle, lui donne des boutons. Sa grogne d’aujourd’hui s’est manifestée en lisant dans la programmation du festival d’été, les noms qu’elle décrète provocateurs de groupes qu’elle ne connaît même pas. « Quel intérêt j’aurais à découvrir des Suicide Boys ou Rage Against the Machine ? Ce n’est que du vacarme en anglais ! »

Quand si je lui signale qu’elle exagère, que personne ne l’oblige à rien et qu’il y a aussi Ariane Moffatt, Charlotte Cardin, Alanis Morissette et bien d’autres, elle relance sa vieille cassette sur la transformation de son quartier en terrain de foire où tout le monde se comporte comme si personne n’habitait les maisons voisines des rassemblements. « C’est sexe, drogue et rock’n’roll pour du monde en vacances ! » Évitant toute provocation, je tais la boutade qui me venait à l’esprit : « Jalouse ? » Évidemment, il ne suffira pas, pour la calmer, d’invoquer l’esprit d’une fête offrant des découvertes à tout le monde, car le tourisme reste une industrie lucrative. Et elle continue sa complainte : « Pour une majorité de gens civilisés, y’en a toujours une gang qui ne sait pas vivre, ne respecte rien ni personne et se fiche de déranger ceux qui ne sont pas sur le party ! Puis, arrivent avec les gros spectacles, les systèmes de son qui font trembler les meubles ! Et on prétend que la musique adoucit les mœurs ! »

Je retiens le mot musique pour tenter une diversion. « Savais-tu que la musique, la drogue, la nourriture et les plaisirs sexuels obéissent, dans le cerveau humain, à des systèmes de récompenses neurochimiques similaires ? » Parler plaisir devrait intéresser Valentine l’épicurienne qui tourne vers moi un regard interrogateur ; je me lance à vouloir résumer ce que j’ai retenu d’une lecture passée au sujet d’une recherche sur la notion de plaisir.

Une équipe de l’Université McGill, en étudiant un traitement pour contrer les toxicomanies, a constaté que le produit administré à un sujet pouvait neutra-

liser dans son cerveau toute notion de plaisir, le laissant complètement indifférent à toute tentation. En poussant plus loin leurs analyses, Adie Mallik et ses collègues Chanda et Levitin, ont compris que nourriture, activités sexuelles, drogues, musiques, toutes sources de plaisirs devaient répondre à un même système de récompense dans le cerveau.

Le professeur Mallik s’intéressait aussi aux effets de la musique sur les émotions. Il en a déduit qu’elle joue un rôle important dans l’évolution humaine puisqu’elle passe par le même chemin que les comportements entourant la sexualité, indispensable à la survie de l’espèce. Et il insiste sur l’action positive de la musique qui peut renforcer les liens sociaux et les sentiments d’appartenance entre les gens qui partagent curiosité, goûts et intérêts, qu’ils écoutent un groupe rock, un orchestre symphonique, une troupe traditionnelle ou un soliste.

« On s’en doutait un peu, » grogne Valentine en se lançant dans une dénonciation de la présence d’euphorisants comme l’alcool et les drogues autour des lieux de festivals de musique populaire. Ignorant sa remarque, j’ajoute que les sports, d’autres arts et même les performances commerciales peuvent aussi mobiliser les foules surtout quand des idoles sont de la fête. Parce que l’être humain est grégaire et amateur de plaisirs, mais reste unique et différent de ses voisins dont il ne partage pas nécessairement les goûts et les envies.

« Pas plus que l’éducation au respect des autres », ajoute Valentine, toujours de mauvais poil. Alors, pour en finir avec le « méchant accumulé » et lui signifier, sans l’insulter, d’aller grogner ailleurs, je sors mon jeu de similisagesse pour faire appel à un peu de tolérance.

« Tu te comportes comme une baby-boomer frustrée quand tu juges ce qui te dérange en ramenant à trois mots que tu méprises : sexe, drogue et rock’n’roll, ce qu’une culture plus ancienne nommait : amour, rêve et musique. De quelle manière autoriserais-tu les enfants des générations X, Y, Z, à s’exprimer ? Penses-y en retournant chez toi parce que là, ta mauvaise humeur me donne des boutons. »

14 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE
HRONIQUE C

MAINMISE MANIFESTATION DE LA CONTRE-CULTURE QUÉBÉCOISE

En soixante-sept tout était beau

C’était l’année de l’amour, c’était l’année de l’Expo Chacun son beau passeport avec une belle photo J’avais des fleurs dans'cheveux, fallait-tu être niaiseux ! (Beau Dommage – Le Blues d’la métropole)

Sexe, drogue et rock’n’roll , n’estce pas là le thème d’une génération musicale entière ? N’est-ce pas également le thème d’une révolution culturelle ayant eu cours en Amérique du Nord et plus spécifiquement au Québec ?

La musique a joué un rôle décisif dans l’identité canadienne-française et québécoise. Pensons à Félix Leclerc, à Gilles Vigneault, à Robert Charlebois, à Harmonium, à Beau Dommage… Une génération de Québécois s’est assemblée sous la Fleur de Lys, dont le quotidien était rythmé par ces musiciens.

En 1960, le gouvernement libéral de Jean Lesage libérait le Québec de la Grande Noirceur, entraînant de ce fait des révolutions économiques, politiques, éducationnelles et culturelles. Ces changements ont permis la montée de l’individualisme, c’est-à-dire de la reconnaissance de l’individu en société. Un individu dont le corps est libéré de l’égide tyrannique de l’Église, dont les consciences s’élèvent au contact de l’éducation et dont le destin n’est plus déterminé par la famille. Or, le libéralisme a ceci d’insidieux qu’il donne l’illusion à tout.e un.e chacun.e d’être libre, tout en le responsabilisant de ce qui lui arrive.

SUBVERSION DE LA CULTURE « OFFICIELLE »

Le mouvement hippie est une contre-culture, dont l’objectif est la transformation des sociétés par la conscience. Elle trouve ses racines à l’intérieur de la culture politique libérale. Le magazine Mainmise, publié entre 1970 et

1978, offre un éclairage intéressant, pour témoigner de cette époque. Il est mentionné que la contre-culture québécoise trouve ses racines culturelles à l’intérieur de la contre-culture états-unienne des années 1960.

L’inverse de la linéarité est qualifié de « simulsens », où l’information pénètre plusieurs sens à la fois. Pour parvenir à ce mixage sensoriel, Mainmise informait que les drogues, la libération sexuelle et le rock étaient de bons moteurs. En effet, les drogues permettent d’affaiblir le conditionnement social, d’amplifier ce mixage sensoriel et de mener à l’illumination, en libérant l’esprit. Du côté du rock, il est un « engagement sensoriel complet » et permet de véhiculer les idées issues de la contre-culture.

La contre-culture s’attaque également aux institutions patriarcales : l’école, l’Église et la famille. « L’école est une prison », elle est conservatrice et cherche à répondre aux besoins du système économique. La religion judéo-chrétienne doit être substituée par la spiritualité. Bien sûr, les drogues permettent d’éveiller cette conscience spirituelle. Finalement, la contre-culture rejette la stratification bourgeoise du monde social. La division sociale, basée sur le revenu, le travail, le succès et les privilèges, ne permet pas de reconnaître l’individu pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il fait. Si, pour l’association « l’Internationale ouvrière » ou « l’Internationale socialiste » (1889 – 1916), le syndicalisme jouait un rôle dans la chute de la bourgeoisie ; au cours des années 1970, le syndicalisme est perçu, par Mainmise, comme

une énième institution appartenant à la culture officielle.

Cette époque iconique continue de nourrir l’imaginaire collectif. Nous avons tous en tête l’image d’hommes et de femmes nu.e.s, cheveux et poils libérés des normes capillaires, dansant, fumant un joint et chantant une énième fois les paroles de L’Heptade. Encore aujourd’hui, cette contre-culture continue de se manifester, autant d’un point de vue esthétique, que politique ou culturel. Se « reconnecter » à l’essentiel, à la nature, à la spiritualité, n’est-ce pas là un projet de société plus reposant que celui de la productivité et d’une accumulation du capital?

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 15
NICOLAS FOURNIERBOISVERT
Couverture du numéro 58 du magazine Mainmise, paru en mai 1976. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/ details/52327/2219910

LE CLUB DES 27 QUAND LES ÉTOILES REMONTENT AU CIEL

Le club des 27 compte sept artistes du rock et du blues décédés à l’âge de 27 ans. Malgré leur courte carrière, leurs ascensions ont été fulgurantes. Raflant plusieurs prix, ils seront connus sur la scène internationale. Leurs problèmes de dépendance et leur mode de vie rock’n’roll les conduiront vers une mort prématurée.

Le mythe débute en 1938 avec la mort inexpliquée de Robert Johnson, guitariste de blues. La légende raconte que Johnson a vendu son âme au diable en échange de son extraordinaire talent de musicien. Reflet du mythe, sa chanson Me and the Devil Blues, relate que Johnson marche côte à côte avec le diable. Assis dans un fauteuil, son ombre devient peu à peu cornue, laissant Satan s’installer en lui. Il meurt à 27 ans, dans des circonstances qui sont encore inconnues.

BRIAN JONES

mort un mois plus tard dans sa piscine. Sous l’effet de l’amphétamine et de l’alcool, il a ingurgité un somnifère et s’est endormi. L’autopsie révèle que son foie et son cœur sont hypertrophiés en raison de son usage massif d’alcool et de drogues.

Jones a fait plusieurs collaborations, dont certaines avec les Beatles, mais aussi avec Jimi Hendrix, troisième membre du club.

Probablement le moins connu du club, Brian Jones, né en 1942 au RoyaumeUni, est un guitariste et harmoniciste. Il est reconnu pour sa maîtrise et l’utilisation de plusieurs instruments inhabituels dans le rock’n’roll : la flûte, le dulcimer, le sitar ou encore le mellotron.

Même si Jones a fondé les Rolling Stones en 1962, il n’a jamais été considéré comme un compositeur à part entière : il est relégué au second plan en raison de la popularité grandissante de Mick Jagger et de Keith Richards.

En 1966, ses problèmes de drogues prennent de l’importance et entraînent des difficultés au sein du groupe qu’il est contraint de quitter en juin 1969. Brian Jones est retrouvé

Né en 1942 à Seattle, Jimi Hendrix est guitariste, auteur-compositeur et chanteur. Reconnu comme un guitariste exceptionnel, sa montée vers la gloire est instantanée : Hendrix a été actif quatre ans seulement.

Premier à utiliser la fonction de stéréo lors de ses enregistrements, Hendrix marque le rock et le blues avec ses effets électriques et ses airs psychédéliques. Reconnu comme un grand improvisateur, son jeu est axé sur l’amplification, le vibrato et la célèbre pédale Wah-Wah.

Sa performance du 18 juin 1967, à Monterey, consacre Hendrix et assure sa réputation pour les années à venir. Il offre un spectacle hors du commun : comme en transe, il met le feu à sa guitare et la fracasse au sol. Le public découvre alors une bête de scène et espère d’autres prestations du genre ce qui met une pression immense sur l’artiste. Il commence alors à faire des crises de panique avant ses représentations, ce qui le pousse à augmenter sa consommation. Jimi Hendrix décède en septembre 1970 à la suite d’une asphyxie due à une surdose de médicaments.

Il est élu meilleur guitariste de tous les temps par le magazine Rolling Stone en 2003.

Janis Joplin est née en 1943 au Texas. Reine de la soul psychédélique, elle est célèbre pour ses performances vocales et sa présence scénique électrisante.

Elle commence à chanter du blues et du folk en 1960 alors qu’elle fréquente l’Université du Texas. Méprisée par ses camarades de classe qui la surnomment pig ou freak, Janis est élue le garçon le plus laid du campus. Cet événement l’a profondément bouleversée. Dix ans après, en pleine période de gloire, elle retourne à une réunion d’anciens pour faire taire ses agresseurs.

Tout au long de sa carrière, Janis multiplie les dépendances : alcool, amphétamines et autres drogues dures. Elle meurt d’une surdose d’héroïne, en octobre 1970, le lendemain de l’enregistrement de sa célèbre chanson Me and Bobby McGee, dont elle n’entendra jamais la version finale.

En 2002, sa chanson Me and Bobby McGee obtient un Grammy Hall of Fame Award. Cette distinction honore les enregistrements d’au moins 25 ans qui présentent une signification historique ou qualitative.

16 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE
Avec des informations provenant du livre Amy, ma fille, les films documentaires When you’re strange; Kurt Cobain: Montage of Heck, ainsi que le podcast 27 Club de Jake Brennan

AMY WINEHOUSE

Né en Floride en 1943, Jim Morrison est auteur-compositeur, interprète et poète. Cofondateur du groupe The Doors, il est engagé dans le mouvement du protest song, en particulier contre la guerre du Vietnam. Lors de ses concerts, il use de son sex appeal et d’un comportement volontairement excessif pour influencer la foule à soutenir ses causes.

Déstabilisé par la rapidité avec laquelle le groupe devient populaire, Jim Morrison plonge dans l’alcool et la drogue. Le trouble-fête enchaîne les scandales. Lors d’un spectacle à New Heaven, en 1967, il entraîne la foule à se rebeller contre l’autorité. Il est arrêté sur scène pour trouble de l’ordre public et refus d’obtempérer. L’année suivante, il transforme le concert de Chicago en une véritable émeute.

Après le sixième album intitulé L.A. Woman, Jim Morrison décide d’abandonner le rock et de diminuer sa consommation de drogue. La mort viendra tout de même le chercher dans sa baignoire le 3 juillet 1971 à la suite d’une crise cardiaque.

Né en février 1967 à Washington, Kurt Cobain est auteur, compositeur et interprète. Il est associé à l’émergence d’un nouveau courant de rock alternatif, le grunge. Le groupe Nirvana, dont il est le guitariste et le chanteur, est fondé en 1990. Le succès est immédiat. Leur second album, Nevermind, devient l’un des plus vendus au monde avec plus de 30 millions d’exemplaires.

Enfant hyperactif, aux prises avec un trouble de l’opposition, Kurt connaît une enfance perturbée. Ses parents le délaissent après leur divorce. Il est baladé de gauche à droite, les déménagements se succédant chez les différents membres de la famille.

Dès son plus jeune âge, il souffre de bronchite chronique, de douleurs intenses à l’estomac et de dépression. Le stress du métier accentue son anxiété et ses troubles de santé. Malgré de nombreuses consultations, aucun diagnostic n’est posé. Il décide donc de s’automédicamenter à l’héroïne.

Kurt Cobain devient dépendant. Il ira en centre de désintoxication à plusieurs reprises. Sans succès. Sa dépression s’aggrave et ses tentatives de suicide se succèdent. Kurt Cobain met fin à ses jours d’une balle dans la tête, le 5 avril 1994. Il laisse derrière lui une lettre de suicide adressée à son ami d’enfance imaginaire, Boddah.

En 2003, il est classé 12e meilleur guitariste de tous les temps par le magazine Rolling Stone.

Né le 14 septembre 1983 à Londres, Amy Winehouse est autrice-compositrice, interprète et guitariste. Elle est connue pour sa voix puissante. Sa musique mélange le jazz, le blues et la soul. Installée à Camden, un quartier actif de nuit, Amy est considérée comme une ladette, soit une femme libérée. Elle devient une icône de l’émancipation féminine en partageant dans ses chansons ses expériences amoureuses sans censure ni tabous.

Les abus d’Amy retiennent l’attention des médias. Elle admet dans plusieurs entrevues souffrir de troubles alimentaires, de dépression et de dépendance. En 2007, Amy Winehouse, hospitalisée pour sa forte consommation d’ecstasy, de cocaïne, de kétamine et d’alcool, annule plusieurs concerts. À la suite de ses multiples allers-retours en centre de désintoxication, son père la place sous tutelle en 2008.

Le 23 juillet 2011, la chanteuse est retrouvée morte dans son appartement. L’autopsie révèle une surdose d’alcool. À la suite d’une période de sevrage de trois semaines, la reprise lui a été fatale.

Malgré ses excès, Amy Winehouse a récolté plusieurs hommages. Son premier album est certifié disque d’or en Angleterre. Son deuxième, Back to black l’a fait connaître internationalement. En 2008, elle remporte 5 Grammy Awards.

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 17
KURT COBAIN
CHRISTINE DESLONGCHAMPS-PELLETIER Toutes les photos de cet article proviennent de Wikimedias Commons

CES ÉTOILES QUI BRILLENT TOUJOURS

Dans le monde mythique du rock’n’roll, certaines vedettes sont devenues de vraies légendes. Elles remplissent encore les plus grands stades du monde. Depuis le début des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, certains musiciens ont su demeurer au sommet de leur art. Ils attirent encore les foules et continuent de vivre pleinement le privilège bien mérité de faire partie des plus grands de ce monde.

Tâche bien difficile, mais aussi très subjective, que celle de s’arrêter à quelques noms et ainsi parler des plus grandes vedettes du rock. Beaucoup trop de musiciens et d’artistes seraient assurément oubliés. Il n’est donc pas question ici d’une liste exhaustive de ceux qui ont marqué à jamais notre imaginaire collectif. Il s’agit plutôt de souligner quelques incontournables.

Un bon point de départ serait les Rolling Stones, les grands-pères du rock’n’roll. Mick Jagger et Keith Richards célèbrent leurs 60 ans de carrière cette année. Il n’existe aucun autre duo qui ait partagé la scène musicale aussi longtemps. Les deux comparses continuent à garder le groupe en vie : malgré le décès récent du batteur Charlie Watts, on annonce encore des dates de spectacles pour 2022. Paul McCartney, des Beatles, ac-

cumule aussi les décennies sur la scène et il ne semble pas vouloir s’arrêter. Sa tournée Got Back sera aux États-Unis tout l’été, alors qu’il aura 80 ans en juin.

Passer tant d’années au sein d’un groupe signifie également d’affronter de difficiles épreuves. À titre d’exemple, le groupe australien AC/DC a eu à rebondir à plus d’une reprise. Les deux frères, Malcom et Angus Young, forment le quatuor en 1973. En 1980, leur chanteur vedette Bon Scott meurt soudainement. Avec leur nouveau chanteur, ils sortent l’année suivante l’album rock légendaire Back In Black. En 2017, à l’âge de 64 ans, Malcom Young meurt. Il était considéré par plusieurs comme un des meilleurs guitaristes rythmiques dans le monde du rock. Cela n’empêche pas le frère cadet, Angus, de sortir un nouvel album en 2020. Depuis bientôt 50 ans, le guitariste-écolier fait le tour des plus grands stades de la planète en secouant les foules avec ses solos de guitare électrique.

Difficile aussi de ne pas parler de Bob Dylan. Le poète, auteur-compositeur et interprète, est encore en tournée, lui qui a entamé son parcours musical en 1962. Il écrit toujours ses chansons et offrait en 2020 son dernier projet studio : Rough and Rowdy Ways.

Et que dire de David Gilmour ou encore Roger Waters de Pink Floyd ? Ils sont, eux aussi, sur scène depuis les années 1960. Ils figurent tous les deux sur Dark Side of the Moon, un des disques les plus vendus dans l’histoire de la musique.

Comment ces géants de la scène ont-ils pu frapper si fort durant si longtemps ? Une réponse courte est difficile, voire impossible. Une piste de réflexion pourrait être la passion, sans jamais perdre de vue la résilience. Un ne va pas sans l’autre. Outre leur talent exceptionnel, la persévérance de ces artistes de grande renommée demeure un atout majeur, car malgré tous les succès qu’ils ont rencontrés, ils ont dû aussi faire face à des défis majeurs, notamment des décès ou des séparations difficiles des membres du groupe. Sans compter qu’ils n’ont pas été épargnés par les épreuves dans leur vie personnelle. Comme Eric Clapton, qui a connu un énorme succès avec la chanson Tears In Heaven, écrite à la suite du décès de son jeune fils. C’est ce qui touche les gens qui compte finalement. La sensibilité transposée dans une chanson rend l’œuvre musicale mémorable.

La musique a cet aspect bienfaisant qui rejoint l’âme de ceux qui l’écoutent. C’est un moyen de transmettre des émotions et de les partager avec son auditoire. Certains nous marquent le temps d’un succès foudroyant. Mais il y aura toujours les légendes, celles qui nous ont accompagnés tout au long des différentes étapes de la vie et qui continuent à le faire aujourd’hui.

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En 2021, les Rolling Stones ont été déclarés comme étant les artistes ayant fait la tournée la plus payante de l’année. Ils ont généré en moyenne 10 millions $ américains par spectacle. Crédit photo : Philippe Fortin

HRONIQUE L’ESPOIR AU CUBE

SAIS-TU CE QUE TU ÉCOUTES ?

L’inventeur de la maxime « Sexe, drogue et rock’n’roll » se nomme Ian Dury, chanteur anglais. C’est le titre d’une chanson sortie sur 45 tours en 1977. À l’origine, en 1884, la maxime était « Wine, women and song ». (Du vin, des femmes et de la musique). Vus de cet angle, les besoins des hommes me semblent assez primaires. Même si avec le temps la maxime a changé, cela en dit long sur l’esprit des poètes et des chanteurs qui l’ont prôné à travers le temps.

N’avons-nous pas évolué ? Pourquoi ce besoin d’exprimer toute cette violence visant à mettre la sexualité sur le même pied que l’alcool ou la drogue ? Indissociable ? J’en doute.

Parlons « Sexe ». À l’époque où le phénomène du rock’n’roll a été associé au sexe, la jeunesse au Québec était en pleine révolution tranquille. Les jeunes souhaitaient sortir de la jupe des curés et libérer leur corps loin de la culpabilité de « l’Église ». Mais en 2022, comment comprenons-nous la sexualité ?

Il y a un phénomène au Québec qui me perturbe particulièrement, c’est celui des jeunes qui écoutent constamment de la musique anglophone sans en comprendre le sens. Ils attrapent un mot ici et là comme « Sex », « Drug », « Rock’n’roll », « Liberty »

et ils se brodent une identité autour de ces quelques mots. Suis-je dans l’erreur de penser ainsi ? Avouez que ça mérite au moins de se questionner. Je n’ai plus l’âge de suivre ces tendances musicales qui influencent les jeunes, mais je me questionne sur le message que mes enfants et mes petits-enfants captent de ces paroles trop souvent noyées dans une mélodie percutante et accrocheuse qui demeure pour moi un bruit insupportable qui impacte directement le développement de la nouvelle génération.

J’ai aimé le « rock’n’roll » dans les années 1970, celui qui se danse avec une partenaire, mes pieds s’agitent encore lorsque j’entends Blue suede shoes. J’aime encore le soft rock alternatif comme Genesis et Supertramp, mais je n’ai aucun intérêt pour le hard rock, celui plus souvent associé à la drogue et à la violence. Je suis conscient que je suis en train d’étaler haut et fort mes préjugés sur la place publique, mais j’exprime un questionnement, j’essaie de faire le tri de tous ces courants rock, qu’ils soient psychédéliques, heavy metal, glamour, punk, grunge,

underground et combien d’autres encore. Quel est leur message ? Qui visent-ils ? Est-ce que tous les jeunes et les moins jeunes qui suivent ces courants rock s’adonnent à la drogue et à la débauche ? Je n’en crois rien, mais beaucoup de jeunes vulnérables, en manque d’amour, d’estime personnelle marchent sur une corde raide lorsqu’ils se nourrissent de certains de ces courants rock.

Je crois sincèrement qu’il y a un fort pourcentage de gens qui aiment cet amalgame de sexe, drogue et rock’n’roll et qui en jouissent sainement, mais, ce qui fait les manchettes, c’est toujours la démesure qui y est associée. Celle qui trop souvent aboutit en problématique extrême de violence, de dépression ou de suicide.

Mon intention n’est pas de faire la morale à qui que ce soit, mais bien de questionner, d’inviter à la réflexion. Si nous écoutons de la musique avec des paroles que nous n’arrivons pas à comprendre, pour nous couper du monde, à mon avis, il est grand temps d’élargir nos connaissances linguistiques. Si nous croyons encore que la drogue, sous toutes ses formes, peut nous amener à un niveau supérieur sexuellement en écoutant ce genre de musique, l’heure est venue de se questionner sur nos priorités. Je crois que c’est toujours possible de modifier nos comportements et d’élargir nos connaissances pour profiter pleinement de la vie.

Cette maxime me fait peur. J’ai peur de l’inconnu qui frappe l’imaginaire, de l’incompréhensible, de la puissance du message véhiculé, mais, j’ai confiance en mon jugement et en celui des personnes qui profitent sainement de tout ce qui se rattache au phénomène.

Après tout, ce ne sont peut-être que des mots… Simplement,

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 19
Vigno
Illustration:

LA QUÊTE DES MOTS

PAR JACQUES CARL MORIN

CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT...

Verticalement :

1- Capacité de rebondir après une épreuve.

20- Commerce, établissement, industrie.

Horizontalement :

1- Plaisanteries, moqueries. Fondation. Embourbé.

2- « J’ai trouvé ». Mouches à miel. Époux de Donalda Laloge Poudrier.

3- Lascif (EEULNSS). Ver de terre. Produit à base de cacao.

4- Renseignée. Enlève les ordures ménagères. Rire d’une manière stupide (AEICNRR).

5- Jeu de hasard. Aplatie, écrabouillée. Enlacement (TITERENE).

6- Gaffe. Palmier d’Asie (ANGORT). Ongles pointus de certains animaux. Signal d’arrêt.

7- Arceaux en métal (RRSTEEI). Signal de détresse en code Morse. Présumer, présager (PPRSSEOU). Enjoué.

8- Licorne de l’océan Arctique. Sur les billets de cinq dollars. Voie de communication. Content, rayonnant (NPAEIOU).

9- Tâche pénible. Combler. Menstruations. Le « S » dans l’acronyme CHSLD.

10- Répétition d’un son. Petits ursidés. Sévère, intraitable (CRSTTI). Intitulée.

Réponses au jeu p.28

20 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE

la langue dans sa poche

PAR HÉLÈNE HUOT

« En tant que star du rock, j’ai deux instincts, je veux m’amuser et je veux changer le monde.

J’ai la chance de faire les deux. »

FAITES VOS JEUX

1. L’expression « rock’n’roll » (synonyme de « rock » a été entendue la première fois dans une émission radiophonique de large audience aux États-Unis ; c’était en : a. 1943 b. 1951 c. 1960

2. Rodéo, rotule et rock appartiennent à la même famille étymologique. Vrai ou faux ?

3. Johnny Halliday était surnommé le « Roi du rock’n’roll ». Vrai ou faux ?

4. Elvis Gratton raconte l’histoire d’un personnage qui remporte le concours des imitateurs d’Elvis Presley. Qui a réalisé ce film québécois ? a. Denys Arcand b. Pierre Falardeau c. Jean-Claude Labrecque

5. Il eut lieu en août 1969 dans l’État de New York ; il demeure un des plus grands moments de l’histoire de la musique populaire américaine. De quel événement s’agit-il ?

6. Elvis Presley est né le 8 janvier 1935 a. dans l’Arkansas b. dans le Mississippi c. dans le Tennessee

7. Né en 1946, Gerry Boulet est un auteurcompositeur-interprète québécois ; il a été chanteur et multi-instrumentiste pour le groupe rock Offenbach. Dès l’âge de 10 ans, il apprend à jouer : a. de la guitare b. du piano c. de la trompette

8. Le groupe Offenbach porta d’abord le nom de « Gants blancs ». Vrai ou faux ?

9. Le chanteur ou musicien de rock s’appelle a. un rockeur b. un rocker c. l’un ou l’autre

10. En 1968, Elvis Presley se laisse pousser des rouflaquettes, qui deviennent un de ses signes distinctifs. Que sont donc les rouflaquettes ?

DU NOUVEAU SOUS LE SOLEIL

En matière de régionalismes québécois, le Larousse a retenu nanane, nom commun masculin qui s’écrit aussi « nananne ». Ce mot, dans le langage enfantin, est synonyme de bonbon ; il désigne aussi les choses destinées à flatter ou à tromper quelqu’un (exemple : distribuer du nanane en période électorale). Par ailleurs, nous dit le Larousse, le mot « nanane » est utilisé dans plusieurs expressions :

• Un enfant de nanane (petit chenapan)

• En enfant de nanane (extrêmement)

• C’est du nanane (c’est très facile)

• Rose nanane (insignifiant)

Réponses au jeu p.28

Pour des suggestions, des questions ou des commentaires concernant le français et La langue dans sa poche : hhgodbout@gmail.com

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 21
Paul David Hewson dit Bono, auteur-compositeur-interprète, homme d’affaires et philanthrope, né à Dublin en 1960.

Les années soixante-dix

J’ai la nostalgie D’une époque Qui m’est inconnue

L’amour libre Les valeurs égalitaires Lennon et ses chansons légendaires

Le pouvoir des poètes La musique adoucit les mœurs Elle soulève aussi les peuples

Quand l’on révolutionne le monde Animé par le feu sacré L’on fait l’effet d’une bombe

La frénésie des Beatles et de Presley A provoqué le scandale On voulait leurs têtes sur le bûcher

Les artistes visionnaires Ont remis en question L’ordre établi, son institution

L’on nous a tenu la bride serrée D’une rectitude si étouffante Les moutons devinrent noirs et débridés

On défia l’autorité en place En défonçant les limites Improbables, inimaginables

Le retour du balancier Les mythiques années soixante-dix Conforte la loi de Murphy

On nous en a fait voir toutes les couleurs Les Noirs, les femmes, les enfants, les Autochtones Ayant subi de tels chocs

Aussi loin nous sommes allés Sous le règne du Patriarcat La libération de la femme enjamba de grands pas

Les Jim Morrison, Jimmy Hendrix et Janis Joplin Nous ont ouvert les portes de la perception Des valeurs traditionnelles à l’hédonisme

Le sex, drug and rock’n roll On s’enrôle plus dans l’armée de l’élite Mais dans le camp des anticonformistes

On adule nos idoles On veut devenir avant-gardistes Des humanistes qui s’émancipent

Nous sommes tombés dans la marmite Des matières illicites Au point de mariner dedans

À deux cheveux de la paix mondiale Nous aurions réalisé un grand rêve Si nous n’étions pas tombés dans le piège

Les paradis artificiels N’allaient pas nous conduire Au paradis terrestre

Prends garde, garde toute ta tête L’on t’a fait une jambette Car t’avais l’assentiment de la planète

Lennon mon frère, ta vision j’en fais l’éloge Mais ça rapportait plus les mitraillettes La paix dans le monde, l’utopie des Peace and love

J’ai la nostalgie D’une époque Révolue

Photo : 1970. Festival pop de Manseau, tentative ratée de reproduire l’événement Woodstock...

22 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE
JUDY MILLER, JANVIER 2022 Crédit photo : Antoine Godbout

Prélude

Vous, les musiciens Et vous, les poètes Souvenez-vous bien De mot, de la lettre : À quoi vous sert de composer À quoi vous sert aussi d’écrire Si la postérité N’a aucun souvenir ?

Ne craignez rien de rien On a la radio Qui connaît l’à-propos Et ce qui se vend bien La radio sans loi Pour les styles et la voix Le volume et le son L’argent sans opinion

En respectant son code Avec des mots à’mode Sur mélodie facile Qui se retient, docile Et du tout premier coup Agadou, tiguidou Là on passe à l’histoire Je vous prie de me croire

Ah ! je l’oubliais Et je m’en voudrais Il faut aussi le son De leur diapason.

Les décideurs du son Ont un pouvoir sans nom Ce sont des dictateurs De fieffés fossoyeurs

Leur sélective oreille Qui n’a pas son pareil Entend sans écouter Choisit sans discerner.

Ces gourous culturels

Nous mettent à la poubelle Des chansons, des musiques Et leur diagnostic Est mortel, sans réplique Les créateurs en souffrent

Leur poubelle est un gouffre Tant pis pour les artistes Que cet esclavagisme

Bornés, incultes, ignares ?

Les voici à la barre De tout leur auditoire Se sont donné un droit De vie aussi de mort Sur la culture et l’art

Un droit qui fait la loi À l’envers, à l’endroit Sur tout ce qui se joue Sur tout ce qui se chante

Ce qui fait foi surtout C’est les dollars qui entrent.

Mais moi, oui ! moi, je crois Que l’auditeur est roi.

Et qu’il ait donc le choix D’écouter librement

Ce qui son cœur surprend Ce que son âme entend Ce que sa tête apprend

Faudrait qu’on nous propose Au lieu qu’on nous impose

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 23
ARMAND LABBÉ Crédit photo : Pixabay

Le jour le plus long

Aujourd’hui est un jour nouveau pour moi. Je regarde le soleil se lever, et c’est vraiment extraordinaire comme sensation. J’aime ce spectacle, ce phénomène naturel, et je goûte particulièrement cette chance que nous avons tous, de voir le soleil prendre la peine de se lever. Il n’a pas le droit de faire la grasse matinée, et pourtant… N’en aurait-il pas le droit, lui aussi, une fois en passant ?

Oui, aujourd’hui est un jour extraordinaire. Aujourd’hui, je sais que ma phobie qui remonte à ma petite enfance est enfin guérie. C’est que depuis que j’étais toute petite, j’avais peur que le sol ne se dérobe sous mes pieds, oui, ne riez pas ! Les Gaulois avaient peur que le ciel ne leur tombe sur la tête, et moi, je craignais depuis toujours de me retrouver dans le vide… De voir notre terre s’enfoncer dans les eaux… Puis de voir les eaux disparaître, jusqu’à ce que je me retrouve face au néant le plus absolu… S’il y a des gens qui rêvent d’être milliardaires pour pouvoir s’acheter une petite île tranquille, à l’abri de tous les regards indiscrets, moi au contraire, cela m’effraie… Je suis certaine que ces îles de rien du tout peuvent être aspirées par les océans tyranniques.

Mes peurs enfantines avaient fait rire bon nombre de médecins, et ils avaient surtout dit à mes parents que je pouvais avoir une vie, malgré tout, normale. Les années sont passées, je suis devenue adulte, mais mes peurs ne m’ont pas quittée, loin de là… Elles se sont tellement amplifiées, que j’ai fini par entendre des voix qui m’ont affirmé que notre bonne Terre était en danger : ses cycles de vie étaient menacés, et il fallait la protéger. Mais qu’est-ce que je pouvais faire pour elle afin de la défendre ?

Mes voix sont devenues insistantes, ce qui fait que je ne pouvais plus sortir de ma maison… Cela faisait dix ans que je vivais recluse chez mes parents, étant à peine capable de lire… ***

Et puis il y a quelques années, j’ai entendu parler d’une conférence internationale qui s’inquiétait des changements climatiques menaçant la bonne santé de la Terre. J’étais contente pour mes voix… D’autres personnes les avaient peut-être entendues… Mais malgré une soi-disant prise de conscience mondiale, aucune action concrète ne se mettait en place.

Alors une voix me conseilla de faire circuler une pétition sur les réseaux sociaux afin de demander un jour de repos mondial pour notre Terre. Je l’ai fait, et à ma grande joie, je me suis rendu compte que d’autres personnes avaient fait de même dans d’autres pays. Mes voix ne me parlaient pas qu’à moi !

Après toutes sortes de tractations, les hautes autorités mondiales ont organisé ce premier jour mondial de repos pour la Terre. Et ce premier jour de repos pour la Terre, c’est aujourd’hui ! J’ai toujours eu la tête dans les étoiles, et je me battrai pour toujours avoir les pieds sur notre Terre.

24 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE
LAURENCE DUCOS
Crédit photo : Aleynikov Pavel sur Shutterstock

LE ROCK DANS LA TEMPÊTE

Dans le rock de ma vie Je vis à 100 à l’heure.

Autour de moi, tout s’accélère, Comme dans une symphonie.

La cité s’active dans une cacophonie, Dans un orage d’été énergique.

La pluie tombe, comme un roulement de tambour.

Les éclairs illuminent la scène.

On se croirait dans un show rock éblouissant.

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 25
Crédit photo : Jp Marquis sur Creative Commons SUZANNE SAVARD

AMOUR

Je chanterais pour toi

Je chanterais pour toi Des milliers de choses Toutes encore plus jolies Les unes que les autres

Chaque instant avec toi mon amour Me fait encore plus aimer le jour La vie est incroyable à l’intérieur et autour Je suis et serai avec toi partout

Chaque instant avec toi à mes côtés Me fait adorer la vie intensément Je ne peux plus me passer de toi Je vais t’aimer tendrement.

Une chanson

Une chanson, une simple chanson Qui traduirait nos jours de dimanche et de semaine En une belle et mélodieuse rengaine Qui saurait toucher notre cœur de vibrantes émotions.

Une chanson, pas de celles Qui chantent les toujours sempiternelles Une qui n’oublie pas tous les petits bonheurs du quotidien Dans son joyeux, mais émouvant refrain.

Une chanson par un bon public applaudie Parce qu’elle traduirait L’amour vrai Entre les bons amis Et leurs nobles défis D’affronter ensemble la vie.

Une chanson parfois avec un peu de peine la veille Mais, après attentive audition Après compréhension, Fait aujourd’hui retrouver le soleil !

26 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE
Illustration : Benoit Gingras
GAÉTAN DUVAL
Crédit photo : Burst

Discours politique de monsieur TOU’L’MONDE

À la manière de Raoul Duguay

La haine génère de la haine L’amour génère de l’amour.

Les fleurs poussent dans les excréments ainsi que les champignons magiques. Que je sois pour ou contre la légalisation de la drogue, cela n’a pas d’importance.

TOU’L’MONDE désire l’égalité, la liberté et la fraternité.

Au KÉBEC, les Kébecois recherchent le consensus.

Pas de chicane dans la cabane par rapport à la bonne femme.

Il y a aussi le prix de l’essence qui scandalise. Allons-nous réussir à dépolluer nos pensées ?

Une chose est certaine, TOU’L’MONDE est pour la paix sur la terre. Justement.

Parlé moué pas de la guerre. La crissssssssse de guerre Ça me tue !

Pas capable d’entendre parler d’injustice. De propagande. Ça m’écœure.

Je ne connais pas le son d’une bombe qui explose dans un bâtiment. Mais je vois les images à la télévision. Et ça me tue !

TOUT’UN’CHACUN au KÉBEC vit la guerre à sa manière. Certains donnent, accueillent, font ce qu’ils peuvent.

Moué, je viens d’écrire ceci.

Et tout ce que je viens d’écrire n’est qu’une infime partie de ce qui reste à faire.

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 27
Illustration : Benoit Gingras
FRANÇOIS GAGNON

RÉPONSES LA QUÊTE DES MOTS

Merci À TOUS NOS PRÉCIEUX PARTENAIRES !

PARTENAIRES OR

• Centraide

PARTENAIRES ARGENT

• CKRL FM 89,1

• Les Impressions Stampa

PARTENAIRES BRONZE

• Audiothèque

• CSQ

• Centre Femmes aux 3A

• Intermarché St-Jean

• Service Harmonia

• Syndicat canadien de la fonction publique

PARTENAIRES

INCONDITIONNELS

• Bal du Lézard

• Maison Revivre

PARTENAIRES AD VITAM

AETERNAM

• Claude Gallichan, chiropraticien

• Yves Boissinot

RÉPONSES FAITES VOS JEUX

1. B. Le disc jockey Alan Freed anime alors une émission de radio appelée Moondog’s Rock And Roll Party

2. Vrai, ainsi que de nombreux mots comme, pirouette, rôdeur, rôle, rouage, roue, rotation, roulette, roulotte et roulure.

3. Faux Ce surnom a été donné à Elvis Presley.

4. B. Ce film, mettant en vedette Julien Poulin, a été réalisé en 1985.

5. Il s’agit du Festival de Woodstock, organisé à White Lake (un hameau situé au sud-ouest de Woodstock) sur les terres du fermier Max Yasgur. Le festival accueille 32 groupes et solistes de musique (folk, rock, soul et blues) et environ un demi-million de spectateurs.

6. B. Il est né précisément à Tupelo, dans le Mississippi, et mort le 16 août 1977 à Memphis, dans le Tennessee.7. Partie de scrabble :

7. C. À l’époque, Gerry n’a pu choisir l’instrument qui lui plairait le plus, on décide pour lui : ce sera la trompette. Jusqu’à l’âge de 16 ans.

8. Vrai. Le changement de nom se fit en 1969. Mais il y avait eu auparavant d’autres noms : Doubletones, Twistin’Vampires, Fabulous Kernels et Gants blancs.

9. C.

10. Rouflaquettes : il s’agit d’une mèche de cheveux qu’un homme porte sur le côté de la joue ; Les favoris, eux, ne sont pas des cheveux, mais des touffes de poils, qu’un homme laisse pousser sur la joue de chaque côté du visage. Dans les années 1960 et 1970, les favoris (abandonnés depuis la fin du 19e siècle) reviennent à la mode ; c’est à cette époque que le terme « rouflaquettes » tend à devenir le synonyme familier de « favoris ».

28 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE

Références communautaires

Service d’information et de référence qui vous dirige vers les ressources des régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches Tél. : 2-1-1

Aide sociale

ADDS Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983

Aide aux femmes

Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Formé pour vous épauler ! 418 648-2190 ou le 1 888-881-7192

Centre femmes aux trois A Pour la réorganisation sociale 270, 5e Rue, Québec Tél. : 418 529-2066 www.cf3a.ca

Centre femmes d’aujourd’hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 c. f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org

Rose du Nord

Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org

Support familial Flocons d’espoir Écoute et aide pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4 Tél. : 418 683-8799 ou 418 558-2939 flocons.espoir@videotron.ca

Alphabétisation

Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 info@alphabeille.com www.alphabeille.com

Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca www.atoutlire.ca

Le Cœur à lire 177, 71e Rue Est, Québec Tél. : 418 841-1042 info@lecoeuralire.com www.lecoeuralire.com

Lis-moi tout Limoilou 3005, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com

La Marée des mots 3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667-1985 lamareedesmots@oricom.ca membre.oricom.ca/lamareedesmots

Centre de jour

Relais d’Espérance

Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301

Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 525, rue Saint-François Est, Québec Tél. : 418 529-2222

Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418 688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com

Centre de prévention du suicide 1310,1 re Avenue, Québec Tél. : 418 683-4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca

Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca

Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 www.teljeunes.com

Hébergement

Maison de Lauberivière

Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 485, rue du Pont, Québec Tél : 418 694-9316

accueil.hommes@lauberiviere.org www.lauberiviere.org

Maison Revivre

Hébergement pour hommes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 maison.revivre@gmail.com maisonrevivre.weebly.com

SQUAT Basse-Ville

Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483

coordo@squatbv.com www.squatbv.com

Gîte Jeunesse

Hébergement temporaire garçons 12 à 17 ans

Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225

Résidence de Sainte-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990

YWCA

Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca

Réinsertion sociale

Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org

Fraternité de l’Épi

Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est, Québec Tél. : 418 523-1731

Maison Dauphine

Pour les jeunes de 12 à 24 ans 31, rue D’Auteuil, Québec Tél. : 418 694-9616 courrier@maisondauphine.org www.maisondauphine.org

Insertion professionnelle

À l’aube de l’emploi (Lauberivière) Formation en entretien ménager commercial/buanderie 485, rue du Pont, Québec 418 694-9316 poste 248 alaubedelemploi@lauberiviere.org

Recyclage Vanier

Emploi et formation (manutentionnaire, aidecamionneur, préposé à l’entretien) 1095, rue Vincent-Massey, Québec tél.. : 418 527-8050 poste 234 www.recyclagevanier.com

Prostitution

La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com

P.I.P.Q.

Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com www.pipq.org

Soupe populaire

Café rencontre Centre-Ville 796, rue Saint-Joseph Est, Québec (Déjeuner et dîner) Tél. : 418 640-0915

Maison de Lauberivière (Souper) 485, rue du Pont, Québec Tél. : 418 694-9316

Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 945, rue des Sœurs-de-la-Charité Tél. : 418 692-1762

Santé mentale

Centre Social de la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683-3677

centresocialdelacroixblanche.org info@centresocialdelacroixblanche.org

La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca

Centre Communautaire l’Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com

Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org

La Maison l’Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca

Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor, Québec Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157

Le Verger 943, av. Chanoine-Scott, Québec Tél. : 418-657-2227 www.leverger.ca Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283

Parents-Espoir 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167

Service d’Entraide l’Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 seei@videotron.ca www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 chaumine@bellnet.ca relaislachaumine.org

Toxicomanie

Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418 990-2666 www.al-anon-alateen-quebec-est.ca Amicale Alfa de Québec 75, rue des Épinettes, Québec Tél. : 418 647-1673 alphadequebecinc@videotron.ca Point de Repères 225, rue Dorchester, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com

VIH-Sida

MIELS-Québec

Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720 Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 29

L’été

J’aime les soirs d’été au bord d’un lac ou d’une rivière, assise sur une chaise longue devant un feu qui crépite tout en admirant la lune et les étoiles qui éclairent le firmament. Ou bien, assise sur un banc tout en dialoguant avec un ami ou une amie ; ou bien assise avec un groupe de personnes tout en jouant de la guitare, entonnant des chansons et nous racontant nos anecdotes.

Je me souviens des étés de mon enfance et comment nous étions heureux d’être en vacances. Nous étions heureux de jouer dehors, au badminton, au baseball, à la marelle, au ballon, et à la corde à danser. Nous allions au parc près de notre maison familiale où il y avait une immense piscine pour nous y baigner quand il faisait chaud et humide. Nous organisions aussi des pique-niques.

Durant les jours de congé et les vacances de notre père, il nous amenait, moi, mes frères et mes sœurs, nous baigner dans différents lacs qui sont dans le Parc de la Mauricie auquel il y a de bons choix. Nous nous serrions dans l’auto, les plus grands avec les plus petits sur leurs genoux, et bien sûr, c’était toléré dans les années 1960 vu qu’il n’y avait pas autant de circulation d’automobiles qu’en 2022. Durant le trajet nous chantions, regardions les paysages des campagnes environnantes, les fenêtres ouvertes pour profiter des vents de l’été. En arrivant aux lacs, nous étions heureux de marcher dans le sable des plages, de construire de petits châteaux, de nous baigner, de faire du pédalo ou de la chaloupe tout en pêchant quelques poissons. Nous ramassions, collectionnons de belles pierres rondes que nous ramenions à la maison afin de faire des dessins à l’acrylique lors des jours de pluie.

Bien sûr, les années ont passé et la Belle Nature est toujours présente, fidèle et invitante, car nous avons de si magnifiques régions au Québec et des beaux parcs dans nos villes pour en profiter avec plaisir. Mes choix préférés sont les plaines d’Abraham, pour les promenades et les pique-niques et le domaine de Maizerets afin d’y aller en vélo, qui est tellement agréable parce qu’il n’y a pas des côtes à monter et descendre, dans le quartier de Limoilou.

Je vous souhaite une bonne et reposante saison d’été.

30 JUILLET-AOÛT 2022 LA QUÊTE
CHRISTIANE VOYER Crédit photo : Barnimages

Je crois profondément que c’est de notre devoir de citoyens de nous départir des objets le plus écologiquement possible. On le sait, tout ne va pas dans le bac bleu. Et on ne peut pas envoyer n’importe quoi dans les ordures ménagères. Comment s’y retrouver ? C’est ce que j’ai cherché à savoir auprès de Recyc-Québec. J’aurais aimé poser mes questions directement à un responsable de l’organisme, mais ce dernier a refusé ma demande d’entrevue. En revanche, il m’a fourni quelques informations par courriel concernant les services et les programmes mis en place pour assurer une fin de vie écoresponsable aux produits que nous jetons.

Parmi les solutions proposées, Recyc-Québec a lancé en 2018 une application qui s’appelle Ça va où ? Grâce à cet outil, on sait si on peut ou non déposer les déchets dans les ordures ménagères ou si on doit aller les porter dans un écocentre. L’application offre aussi des trucs pour modifier nos comportements et réduire le gaspillage.

Pour les gens qui, comme moi, ne sont pas adeptes d’applications, on peut trouver de l’information sous l’onglet Matières résiduelles du site Web de la Ville de Québec. Le site de Recyc-Québec contient également de nombreuses informations.

ÉCOCENTRES MOBILES

Pour ceux qui n’ont pas accès à Internet et veulent savoir quelles matières sont acceptées dans les écocentres et les coordonnées de ces derniers, il suffit de téléphoner au 311.

Pour les gens sans automobile, il est intéressant de savoir qu’il existe une formule écocentre mobile. Cependant, les écocentres mobiles n’acceptent pas tout ce qui est accepté dans les écocentres permanents. Voici la liste des matières acceptées dans ces écocentres mobiles ainsi que le calendrier des collectes 2022.

LISTE DES MATIÈRES ACCEPTÉES DANS LES ÉCOCENTRES MOBILES

• Les résidus domestiques dangereux (RDD) de provenance résidentielle dans leur contenant d’origine d’un volume maximal de 20 litres (5 gallons). Les contenants non originaux de même volume maximal scellés, hermétiques et bien identifiés sont également acceptés.

• Les ampoules fluocompactes, les fluorescents et les autres types de lampes contenant du mercure ;

• Les piles et les batteries alcalines et rechargeables ;

• Les bonbonnes de propane de moins de 10 livres ;

• Les déchets électriques et électroniques d’origine domestique manipulables par une personne ;

• Les avertisseurs ou détecteurs de fumée, de monoxyde de carbone et autres produits semblables ;

• Les batteries et accumulateurs plomb-acide.

CALENDRIER DES ÉCOCENTRES MOBILES 2022

7 mai 2022 10 h à 16 h

MAIZERETS

École des Jeunes-duMonde 2490, avenue Champfleury

21 mai 2022 10 h à 16 h SAINT-SAUVEUR École Saint-Malo 286, rue Marie-de-l’Incarnation

4 juin 2022 10 h à 16 h

L’ANCIENNE-LORETTE Bibliothèque Marie-Victorin 1635, rue Notre-Dame

18 juin 2022 10 h à 16 h SAINT-LOUIS

École Saint-Louis-de-France 1576, route de l’Église

10 septembre 2022 10 h à 16 h VIEUX-BOURG

École de l’Harmonie (St-Édouard) 15, rue Saint-Edmond

24 septembre 2022 10 h à 16 h SAINT-ROCH École des Berges 510, rue du Prince-Édouard

8 octobre 2022 10 h à 16 h SAINT-ÉMILE École l’accueil 1587, rue Guillaume-Bresse

22 octobre 2022 10 h à 16 h SAINT-JEAN-BAPTISTE Grand Théâtre de Québec 270, rue Jacques-Parizeau

NE PAS BAISSER LES BRAS

Pour lutter contre les changements climatiques, les citoyens doivent faire leur part. On retire une grande fierté à poser des gestes qui y contribuent. Il est bon de rappeler que tout ce qui est réutilisable peut être donné aux friperies et aux ressourceries. Pour les électroménagers et meubles de grande taille, certains organismes, comme Emmaüs, offrent un service de cueillette à domicile.

Il ne faut pas être défaitistes concernant l’environnement : le cumul de tous les petits gestes posés par les citoyens contribue à faire pencher la balance dans la préservation de ce qu’on a de plus beau ; soit la nature et la vie.

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HRONIQUE RECYC-QUÉBEC ÇA
CHRISTINE TROTTIER
VA OÙ ?

Le Marchand de lunettes a 10 ans !

xième lunette, les clients ont trois mois pour faire leur achat. « Les gens qui s’emballent parce que les prix sont intéressants, on leur dit “réfléchis à tes besoins réels” ». Malgré la croissance de l’entreprise, sa structure est restée souple, afin de répondre aux besoins diversifiés des clients. Pour aider le plus grand nombre, l’équipe du MdL sort des sentiers battus. « Aller servir une personne alitée à l’hôpital, faire la livraison et l’ajustement de lunettes dans une voiture, ou une vente dans un stationnement! »

Cette souplesse s’applique également au prix. Un client avec une prescription de -10, « tu ne vois rien », sans lunettes depuis deux ans, est venu voir Simon qui s’indigne. « C’est une personne qu’on a échappée en tant que société… et il y en a pas mal plus qu’on pense ». Grâce aux partenariats avec différentes fondations que Simon a développés, il peut offrir des lunettes plus qu’abordables.

En août 2022, le Marchand de lunettes célébrera ses 10 ans. Pour l’occasion, La Quête s’est entretenue avec Simon Dufour, le fondateur de cette lunetterie communautaire. À 39 ans, l’opticien mobile a gagné son pari d’avoir une entreprise prospère sans dénaturer son essence.

Dès son lancement, le projet du Marchand de lunettes (MdL) séduisait. « Ça avait l’air hot, mais c’était n’importe quoi », lance M. Dufour, en riant. « Mon fils de 1 an ½ apprenait à marcher autour de moi, en criant, pendant que je faisais mes analyses dans mon salon/bureau/chambre à coucher ! ».

LES VALEURS

Ni ses débuts difficiles ni les 70 h de travail abattu chaque semaine pendant près de 5 ans ne détourneront l’entrepreneur de son ob-

jectif : démocratiser la lunette en insistant sur les valeurs d’entraide, de solidarité et de confiance. « J’ai vraiment essayé tout au long des 10 années de maintenir nos valeurs, que mes clients et mes employés les ressentent. »

Ainsi, le Marchand de lunettes priorise le client et il le respecte. À un client qui refuse une option, les opticiens mobiles répondent : « C’est pas grave, tu ne vas pas te négliger ». Donner l’information juste peut aussi faire perdre des ventes. « En deux semaines, j’ai convaincu trois personnes de ne pas acheter de lunettes, car la prescription ne le justifiait pas. » Encourageant la consommation responsable, on dit de Simon qu’il fait de l’anti-commerce. Chose certaine, son équipe ne vend pas sous pression. À l’offre d’un rabais de 20 % sur une deu-

Le Marchand de lunettes n’a jamais lésiné sur la qualité et applique à la lettre les recommandations de l’Ordre des opticiens. « C’est super important de faire une vérification après le labo et avant de remettre la lunette au client. Moi, je ne veux pas que les gens fassent la relation “pas cher, ne vaut pas cher…” ».

Très rigoureux, le MdL honore ses garanties, même en période creuse, comme pendant la pandémie. « Faire passer le client en premier, c’est facile à dire. Mais si le client a des difficultés visuelles et que je dois changer ses lentilles 2, 3, 4 fois, chaque fois, je mets la main dans ma poche : mais on le fait parce qu’on est différent. »

L’ENTREPRISE

L’homme-orchestre du début a maintenant une équipe d’une di-

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Crédit photo : Jean-Baptiste Dupuy Simon Dufour, fondateur du Marchand de Lunettes et opticien mobile

zaine d’employés partenaires qu’il traite, avec les mêmes valeurs. « Que les gens gagnent un salaire décent, c’est important. C’est pas parce que tu travailles dans le communautaire que tu dois être pauvre. » Et malgré le recrutement difficile, il ne fait pas de compromis. « Je cherche un opticien. C’est une denrée extrêmement rare. Et un opticien qui partage mes valeurs… »

Ambitieux, Simon Dufour a développé son entreprise qui couvre maintenant un immense territoire et offre des services diversifiés : hebdomadaires à Québec, à Lévis et en Mauricie ; ponctuels à Victoriaville, à Saint-Raymond, à Montmagny, à Sainte-Claire ; et l’accueil occasionnel de clients provenant de l’Est du Québec.

L’HOMME

L’entreprise a acquis une belle maturité, son fondateur aussi. « Au début, j’étais fou. Mes proches me disaient “slaque tu vas péter” ». Conscient qu’il joue avec ses limites, il restructure son entreprise après que l’une de ses clientes lui ait raconté ne s’être jamais relevée après avoir craqué. « Il y a 4, 5 ans, j’ai choisi ma famille ».

Fier de pouvoir faire la différence tout en respectant ses valeurs, Simon aspire à maintenir ce cap jusqu’à la retraite. « Ce sera le legs que je ferai à mes enfants. »

FRANCINE CHATIGNY

220 000 $ remis à la communauté

Le Marchand de lunettes remet 10 $ à un organisme pour chaque lunette vendue. Au total, ce sont 220 000 $ que l’entreprise d’économie sociale a donné au réseau communautaire en 10 ans!

Le Haricot Magique a besoin de vous !

Bonjour !

Je vous ai entretenu il y a quelques mois de l’initiative citoyenne qu’est l’épicerie coopérative zéro déchet Le Haricot Magique. Il s’agit d’une épicerie à une faible émission de CO2 : ce dont on a vraiment besoin pour contrer les changements climatiques. Adhérant à logique de l’économie de la décroissance, l’épicerie offre des aliments biologiques et des produits d’entretien en vrac. La majorité des produits sont non seulement bios, mais locaux.

Malheureusement, Le Haricot Magique est dans une impasse financière due à une baisse d’achalandage engendrée par deux ans de pandémie, de télétravail et de nombreux travaux dans le quartier.

Le Haricot Magique a toujours souhaité offrir de bons prix. Pour maintenir cet objectif, l’épicerie envisage de transformer les emplois rémunérés par des implications bénévoles. L’ambiance de travail au Haricot Magique est à la fois décontractée, un peu festive et sensible aux enjeux de notre époque. Si vous avez envie de vous lancer dans

une belle aventure de bénévolat, je vous souhaite de communiquer avec Myriam, la coordinatrice du Haricot Magique.

Les membres et nouveaux membres sont invités à prendre la situation en main et à donner de leur temps pour que ce commerce hors du commun poursuive sa mission : la sensibilisation environnementale. Notre force individuelle contribuera à faire un monde plus vert.

Vous êtes les bienvenus pour être acteurs de changements.

Le Haricot Magique a besoin de vous !

CHRISTINE TROTTIER Épicerie Le Haricot 506 rue Saint-François 581 318-8779

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VIVRE EN MAISON DE CHAMBRES

REGARDER DES FILMS EN CHAMBRE

Pendant mes trois années en chambre, j’ai regardé quelques films, dont le film Soleil vert. L’action se passe en 2022 (science-fiction). J’avais déjà vu ce film en 1976 !!! La fiction dépasse la réalité !!! 45 ans plus tard. J’ai vu les effets climatiques de notre mère la Terre… À voir seulement un jour de beau temps (!!!) — en vidéo –

BERNARD BÉLANGER

Ce texte d’un de nos membres a inspiré cet article sur les loisirs que l’on peut exercer lorsqu’on habite en chambre. Vivre en chambre, ça veut souvent dire qu’on a peu de moyens financiers. S’occuper ou se divertir, la plupart du temps, signifie devoir dépenser un montant d’argent assez significatif. Surtout que le coût du loyer dépasse fréquemment le tiers des revenus.

« 12 $ pour un film au cinéma Cartier, je n’y vais plus » - Bernard B.

Lorsqu’on demande à des ex-chambreurs et chambreuses quels étaient leurs loisirs en chambre, le premier réflexe était de répondre qu’ils n’en avaient pas.

« En état de survie, des loisirs y en n’a pas ben ben. » - Bernard B.

« Pas beaucoup de loisirs, j’étais absorbé par d’autres activités. […] C’était une période particulière, une période trouble. Y pas de place pour les loisirs. » - Noël G.

Au fil des discussions, les chambreurs et les chambreuses réalisent qu’il y a des moments qu’ils peuvent considérer comme des loisirs. Comme le titre de l’article le suggère, il fallait parfois user d’ingéniosité. Pour certains, la bibliothèque s’est avérée au centre des activités possibles. Les personnes qui se présentent sur place sont en mesure d’avoir accès à diverses sources de divertissements. En plus de l’abondance de livres, les personnes ont l’occasion d’utiliser des postes informatiques afin de regarder des films, mais également d’avoir accès à Internet. Un ex-chambreur mentionnait que si la bibliothèque était fermée, on ne pouvait rien faire.

Sortir prendre une crème glacée ou une marche, faire du vélo (lorsqu’on peut se le permettre), du tricot et de la couture ont aussi été mentionnés comme loisirs possibles. Des activités qui, pour une bonne partie de la population en général pourrait plutôt être qualifiées d'activités de la vie quotidienne.

Les mélomanes, qui n’avaient pas les moyens de s’offrir

Le Comité Maison de chambres de Québec (CMCQ) est un organisme communautaire qui oeuvre à l’amélioration des conditions de vie pour les personnes vivant en maison de chambres. Il est riche de la présence et de l’expertise de l’ensemble des partenaires avec qui il collabore, dont des chambreurs et anciens chambreurs, qui sont au coeur des prises de décisions et orientations du CMCQ depuis ses débuts.

un billet de spectacle ou un laissez-passer pour le Festival d’été de Québec, pouvaient se promener près de l’Agora du Vieux-Port ou derrière les scènes sur les plaines pour écouter la musique des prestations offertes.

PLUS QU’UN BESOIN ESSENTIEL, C’EST UN DROIT

Le Carrefour de savoirs sur la lutte aux préjugés, au Collectif pour un Québec sans pauvreté, a publié un rapport de recherche1 qui s’intitule Projet Photovoix : Le plaisir, un besoin essentiel pour touTEs. On peut y lire pourquoi le plaisir, qu’on peut associer aux loisirs, est un besoin essentiel : il permet de rester en santé physique et mentale, et de s’accomplir, de se réaliser et aussi de rêver. Même si le plaisir n’est pas précisément nommé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (ONU 1948) ou la Charte québécoise des droits et libertés de la personne (L.R.Q., 1975, c. C-12), il est tout de même implicitement lié à ces documents énonçant des droits fondamentaux. En conclusion, les loisirs sont essentiels et tout le monde y a droit. Lorsqu’on vit en chambre, ça demande parfois plus de créativité afin de pratiquer des loisirs qui nous permettent de ne pas dépasser notre budget à la fin du mois. Vous avez envie de nous parler de votre expérience en maison de chambres ? N’hésitez pas à communiquer avec nous. Il nous fera plaisir de vous recevoir et de discuter avec vous.

MARIE-HÉLÈNE ET JEAN-SÉBASTIEN

Comité Maison de chambres de Québec 418 522-4040 (bureau) 581 999-4540 (cellulaire)

1 Carrefour de savoirs sur la lutte aux préjugés. (2019). Projet Photovoix : Le plaisir, un besoin essentiel pour touTEs. Disponible sur le site du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

190, rue Saint-Joseph Est, Québec (Québec) G1K 3A7 • 418 522-4040

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« FAUT ÊTRE CRÉATIF POUR LES LOISIRS »
LA QUÊTE JUILLET-AOÛT 2022 27 Centre
3
Pour la réorganisation sociale des femmes Téléphone : 418 529-2066 Télécopieur : 418 529-1938 reception@cf3a.ca www.cf3a.ca G1L 2R6 Québec (Québec) 270, 5 Rue, e AccueilAideAutonomie Québec 418 627-8882 • Montréal 514 393-0103 • Ailleurs au Québec 1-877 393-0103 LA QUÊTE EST DIFFUSÉE PAR TÉLÉPHONE VIA
femmes aux
A de Québec

Notre retour à la communauté en 2022

15,7 millions. C’est notre retour à la communauté en 2022. C’est la somme qui permettra à près de 215 organismes de Québec et Chaudière-Appalaches de consolider leur mission essentielle. C’est le succès d’un mouvement collectif. C’est un pas de plus dans la lutte aux inégalités sociales. C’est la preuve qu’ensemble, unis, on ne laisse personne derrière.

Centraide. Aide. 215 organismes.

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