4$ Le magazine de rue de NuméroQuébec240Mai2022 d’identification.carteeunportantcamelotqu’aun’achetezS.V.P. camelot.audirectementvaventedeprixlesur$2 SCHIZOPHRÉNIE

WWW.CKRL.QC.CACKRL891 CMJCJMJCMJMCN CKRL_Automne_2020_Quete.pdf 1 2020-09-25 11:28




LA QUÊTE 03AVRIL 2022 DOSSIER SCHIZOPHRÉNIE JEUX 18 La quête des mots 19 La langue dans sa poche 06 La schizophrénie sociale 16 Vivre avec la schizophrénie 17 Sortir de la normalité 34 Pas facile de faire valoir ses droits POUR PLAISIRLE DE LIRE 20 Le Corbeau 21 Une nuit blanche 22 Tais-moi ta souffrance 22 Schizo et Schizo-affectif 24 Chez les T.P.L. 25 Les enfants de la lumière 26 Un peu plus… un peu moins 27 Les créations de Michel 31 Hippie 31 Certains piétinent les fleurs PRATICOPRATIQUE 28 Vrai ou faux sur le diabète 30 La Brigade d’Entraide recrute 07 Heureux qui comme Ulysse 08 Un trouble à démystifier 10 Les 60 ans du rapport Bédard 12 Comment réagir avec les EV 13 Discuter en silence 14 Sur les traces rétablissementdu PhotosStockDreamstimeBernhardsenCristina:photoCrédit photoCrédit:Burst






Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.
L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.
Nom Adresse: : Ville Code: postal : Date : Abonnement régulier 65 $ Abonnement de soutien 80 $ Abonnement institutionnel 90 $ Téléphone : La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) Financé par le gouvernement du Canada
04 MAI 2022LA QUÊTE RÉALISER L’ESPOIR UNE TRIBUNE POUR TOUS FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOT PAGE ŒuvreCOUVERTURE:Philippe-Arnaud Roulin Conception graphique : Mélanie Imbeault ÉDITEUR Archipel d’Entraide ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette RÉDACTRICE EN CHEF Francine Chatigny DIRECTRICE DE L’INFORMATION Valérie Gaudreau SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Isabelle Noël CHRONIQUEUR.EUSE.S Martine Corrivault, Claude Cossette, Marc-André Demers, Myriam Kassi, Brigade d’Entraide et Comité Maison de chambres de Québec (CMCQ)
Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu ? Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux. Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de juillet-aout : Sexe, drogue et rock’n’roll Les camelots font 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier. Pour plus communiquezd’informations,avecFrancine Chatigny au 418 649-9145 poste 31 Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.
SUIVEZ-NOUS facebook.com/laquete.magazinederueSUR et issuu.com/laquete/docs
COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE
Journal La Quête 190, rue St-Joseph Est Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone : 649-9145 Télécopieur : 649-7770 Courriel : laquetejournal@yahoo.ca L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue !- par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête per met ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.
JOURNALISTES Catherine D’Amours, Nicolas Fournier-Boivert, Victor Lhoest, Pier-Olivier Nadeau, François R. Pouliot et Alphonsine Sefu AUTEUR.E.S Michel Deslauriers, Cynthia Dionne, Gaétan Duval, François Gagnon, Armand Labbé, Judy Miller, Sylvain Rouillard, Éric Trudel, Bernard St-Onge et Christiane Voyer AUTEUR.E DES JEUX Hélène Huot et Jacques Carl Morin RÉVISEUR.E Benoit Arsenault et Véronique Hardy ILLUSTRATEUR Benoît Gingras INFOGRAPHISTE Mélanie Imbeault IMPRIMEUR Les Impressions Stampa inc. (418) 681-0284 COPYLEFT La Quête, Québec, Canada, 2014 Ce document est mis à votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « PaternitéPas d’Utilisation commerciale - Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, per met de l’utiliser et de le diffuser tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs.





FRANCINE CHATIGNY
Un mot de Yolande Bonjour, c’est Yolande, camelot dans Saint-Roch. Je comprends qu’on a des temps très difficiles. La vie est dure pour tout le monde. Si vous saviez comme je vous aime : vous êtes mes ami.e.s ! C’est vrai que je ne suis pas toujours gentille et je le regrette au plus profond de mon cœur. Je fais la paix avec le passé, et je vais de l’avant. Je veux avancer dans la vie. Je tourne la page. Je vous remercie de votre soutien! Yolande
LA QUÊTEMAI 2022 05
artiste peintre et camelot à La Quête, vit avec ce trouble depuis plusieurs années. Il a accepté, avec une immense générosité, de té moigner de son cheminement. Il souhaite ainsi in citer ses pairs, réticents à recevoir des soins, à aller consulter et à trouver le bon spécialiste, celui qui saura les écouter.
François R. Pouliot a reçu le mandat d’explorer l’uti lisation de la réalité virtuelle en 3D dans le traite ment de la schizophrénie. Or, en se penchant sur le thème, il est tombé sur le Rapport Bédard et… il n’en a pas démordu. Avouons que ce document, à l’ori gine de la désinstitutionnalisation, a de quoi hypno tiser son lecteur. François nous en offre un condensé qui permet de constater que longue est la route de la déstigmatisation des troubles de santé mentale. Qui n’a jamais croisé une personne qui se parle toute seule, voire s’engueule férocement. Ce com portement génère souvent un malaise et les passants ne savent trop que faire face à ces monologueurs. Alponsine Sefu a demandé à Éric Bertrand, agent de rétablissement au Pavois, quelles sont les bonnes ré actions à avoir en présence de ces personnes.
Soulager les symptômes de la schizophrénie requiert de nombreuses approches… Dans certains cas, l’art est la porte d’accès au schizophrène. Victor Lhoest a rencontré deux art-thérapeutes de Montréal qui livrent les bienfaits de leur profession. Il y a des organismes, dont Vincent et moi ou Sherpa, qui offrent des ateliers de cette nature à Québec, mais ils n’étaient pas disponibles pour répondre aux ques tions de notre journaliste.
POUR LE PLAISIR DE LIRE
PRATICO-PRATIQUE
Qu’est-ce que la schizophrénie ? Ce trouble de santé mentale, qui touche 1 % de la population mondiale, intrigue, questionne et fait parfois peur. Après la lecture de notre dossier, vos préjugés s'estomperont Philippe-Arnaud,probablement.
Parmi les bons, le nom du Dr Rodrigo Michea circule au sein de notre organisme. Psychiatre à l’Institut de santé mentale de Québec, il offre aussi ses services à la clinique SPOT où il rencontre des personnes plus désaffiliées. Dans l’entretien qu’il accorde à Ca therine D’Amours, il répond à tout ce que vous avez toujours voulu savoir au sujet de la schizophrénie, en plus de déboulonner quelques mythes au passage.
Les pages de La Quête, on ne cesse de le répéter, sont ouvertes à tous. Ce mois-ci, Myriam Kassi, étudiante en nutrition qui a fait un stage à la Clinique Spot au cours de l’hiver, propose un vrai ou faux sur le dia bète. Danielle Pearson, la coordonnatrice de la Bri gade d’Entraide vous invite à rejoindre son Bonneéquipe.lecture !
Schizophrénie À la une Pour illustrer la une, Philippe-Arnaud Roulin nous a offert un magnifique ta bleau que l'on pourrait qualifier d’au toportrait d’un autre temps. En même temps, il personnifie tous ceux qui, au gré de leur errance, aux prises avec leur trouble, « déconnectent » de la réalité, oublient leur apparence, morvent avec insouciance et vivent… intense !
Le rétablissement : maître mot s’il en est un auprès des personnes vivant avec des troubles de santé men tale. Nicolas Fournier-Boisvert remonte aux origines de ce grand bouleversement positif dans la vie de tous ceux qu’on a voulu « guérir » de force.
Dans le cadre de son projet Point de vue, Marc Émile Vigneault a fait une belle récolte de textes qui vi sitent, de manière intime et sentie, la schizophrénie. Judy Miller, Éric Trudel et Cynthia Dionne nous font vivre cette réalité « de l’intérieur ».
DES SOCIÉTÉS SKYZOS
UN QUÉBEC SKYZO ? Constamment déchirée entre ses éternels rêves et l’implacable réalité, la société québécoise souffri rait-elle de schizophrénie ? Elle se veut « société distincte », se démarquant de son environnement géographique à titre de société francophone et socia lisante. Toutefois, son plus grand rêve, celui de deve nir adulte, autonome, se transforme au fil des années en utopie sous la pression de forces imparables : un multiculturalisme envahissant, une constitution qui l’étouffe et l’influence de son éléphantesque voisin. Les Québécois continuent de bomber le torse, mais leurs bottines ne suivent pas leurs babines : ils se dé sistent devant la bataille à engager. « Les Québécois répugnent aux chicanes, explique le sondeur JeanMarc Léger. C’est un réflexe de peuple minoritaire ». Pour combler le fossé entre rêve et réalité, les Qué bécois jouent la vantardise, défendant l’idée qu’ils sont de grands créatifs : pour un si petit peuple, soulignent-ils, ils produisent tant de littéraires, d’ar tistes, de médaillés sportifs. Peut-être, mais où sont leurs célébrités mondiales de la philosophie, de la chimie ou de la technologie ? Petits pays compa rables au Québec, le Danemark a donné au monde le philosophe Kierkegaard ou le physicien Niels Bohr, et la Suède, le chimiste Alfred Nobel ou l’homme d’affaires Ingvar Kamprad (Ikea).
la magie contemporaine, monsieur et madame Tout-le-Monde voyagent à travers le monde tout en restant encagés dans leur quatre et demi : ils ont été réveillés par leur cell. assemblé en Chine, puis ils ont revêtu leurs vêtements taillés en Inde, se sont infusé un café de Colombie, ont déjeu né d’une tartine de beurre d’arachides des États-Unis et de bananes du Costa Rica avant de se précipiter dans leur voiture coréenne. Comment, comme peuple, ces Québécois réus sissent-ils à vivre sans déchirement schizophré nique dans cet environnement qui les coupe de leur culture ancestrale ?
Dans une société, les kystes sont des bosses, des obstructions, qui ralentissent la circulation entre les classes sociales. Les plus importants de ces kystes sont le milieu de naissance, les différences d’éduca tion et l’inégalité des revenus. On a démontré que naître dans un milieu défavorisé diminue dramati quement nos chances d’accéder à une éducation su périeure et conséquemment au jugement critique. Chez un individu, la schizophrénie élève un voile entre sa conscience propre et la réalité. Grave, la schizophrénie devient une maladie handicapante ; légère, elle aiguise le regard et l’imagination. Pre nons des artistes comme Françoise Sullivan ou Marc Séguin ; ce sont des individus tenaillés entre leurs visions de rêve et un réel restreignant. Ils ont fondu les deux univers sous forme de nouvelles idées, de nouveaux projets, de nouvelles réalisations. Ce qui donne à penser que, dans une société, les kystes sont plus dommageables que la schizophrénie.
Nous, les Québécois, sommes continuellement ti raillés entre l’autodénigrement et l’impression d’être chéris des dieux. Soyons réalistes : nous ne sommes pas plus doués que les autres peuples de la Terre, mais pas moins. Et ramenons sur terre nos enfants qui rêvent d’at teindre rapidement richesse et célébrité. Oui, il existe des surdoués qui peuvent accéder aux cimes à vitesse grand V, mais ceux qui y parviennent ont le plus souvent travaillé avec acharnement pendant dix ou vingt ans à nourrir leur passion, comme ce fut le cas du botaniste Frère Marie-Victorin, de l’inven teur Joseph-Armand Bombardier ou du circassien RenonçonsGuy Laliberté.aux chimères pour avancer lucidement dans le réel tout en préservant une vue plongeante sur l’au-delà. « Être humain, écrit Marejko, c’est toujours vivre plus ou moins déchiré entre deux mondes : le dur monde du réel et un deuxième monde fait de rêves, de fantasmes, d’espérances ».
LA SCHIZOPHRÉNIE SOCIALE HRONIQUE
Courtoisie:Claude Cossette
Le philosophe et politologue suisse Jan Marejko ques tionne : « Qu’est-ce qui menace le plus une collectivi té ? Les kystes et la schizophrénie », répond-il. Ah !?
La racine schizo du mot schizophrénie vient du grec et signifie fendre, fracturer, ici, fracture entre deux Ainsi,univers.grâceà
06 MAI 2022LA QUÊTE
CLAUDE COSSETTE

En plus de ses troubles psychia triques, il a beaucoup souffert de ses dépendances, sa source de sensation forte selon lui. « Je n’avais pas réalisé que ma princi pale maladie c’était l’alcoolisme et la toxicomanie. J’étais un gros consommateur ». Depuis plus de trois ans, il a arrêté de consommer. « Ça serait un risque que je recom mence… Être créatif me donne ma dose de sensation forte », es Commetime-t-il. plusieurs personnes at teintes de schizophrénie, M. Roulin a souffert des nombreux effets se condaires de sa médication. « J’ai eu trois années de dépression, je suis devenu gros et je ne parlais plus. Si ma sœur ne s’était pas en levée la vie, je ne suis pas sûre que je serais encore là. Je ne voulais pas laisser ma mère et mes enfants seuls. » Ce n’est que depuis 2018, à l’âge de 56 ans, que sa maladie est contrôlée grâce à un arrêt de sa consommation et à une médica tion avec peu d’effets secondaires. M. Roulin dénonce le fait qu’il y a beaucoup de schizophrènes qui sont oubliés. « Allez les voir. Il y a des gens qui sont dans les hô pitaux psychiatriques des années et ils n’ont pas de domicile. Il y a plein de cœurs là-bas. » Il a lui aus si vécu ce sentiment d’être oublié. « J’ai été en isolement, des fois, at taché. Pis là, tu dis que tu es ou blié. Ça fait mal. »
PROJET À L’HORIZON Pendant ses études collégiales, il a fondé, avec d’autres collègues, le Collectif Regart situé à Lévis. Il souhaite maintenant réaliser un autre projet du même type. « J’ai envie de regrouper des artistes multidisciplinaires et de faire un symposium. J’ai aussi envie de trouver un local pour offrir aux gens qui n’ont pas eu l’occasion d’étudier une place de diffusion pour leurs projets. » Depuis longtemps, M. Roulin est un grand amateur de tout ce qui touche l’art. « J’aime chanter, j’aime danser, à l’occasion j’écris un peu. » Il se considère même comme un poète. En ce moment, « j’essaie de perfectionner ma clarinette », as sure-t-il. La peinture fait partie de sa vie et il peint très bien. Il fait ré gulièrement cadeau de ses œuvres pour illustrer la une de La Quête. En plus d’être un aidant naturel pour son amoureuse, il songe sé rieusement à se marier. « Je pense que je n’ai jamais autant parlé à quelqu’un, c’est une artiste géniale. Elle va bientôt se mettre à la pein ture avec moi […] On s’amuse beaucoup ; on pleure, on rit, on chante ensemble. », dit-il le sourire aux Pourlèvres.rien au monde M. Roulin ne voudrait avoir vécu sans ses troubles. « Je ne changerais rien ! Je suis un homme heureux malgré ma sensibilité exacerbée », insiste-t-il.
Philippe-Arnaud Roulin adore peindre. Il a notamment réalisé plusieurs pages couvertures pour le magazine La Quête, dont celle en couverture de cette édition de mai.
Philippe-Arnaud Roulin, un ar tiste multidisciplinaire et camelot pour le magazine La Quête, a été diagnostiqué de schizophrénie af fective à l’âge de 38 ans. Malgré les années sombres qui ont suivi son diagnostic, il a souhaité partager son histoire pour aider les gens atteints de ce trouble. M. Roulin indique que, depuis sa jeunesse, il est quelqu’un de très sensible avec beaucoup d’émo tions. Il a été sous le choc lorsqu’il a appris son diagnostic de schizo phrénie. « Je ne comprenais pas. Accepter et apprivoiser la maladie, c’est long », confie-t-il. Il décrit sa maladie « comme des montagnes russes. Je suis heureux pendant un moment de la jour née et je peux être triste tout juste après, voire être les deux en même temps », explique-t-il. Il ajoute qu’il est beaucoup plus heureux que Malgrémalheureux.tout,il se considère comme quelqu’un de très chan ceux. « J’avais un père très instruit et une mère très sensible avec une générosité exceptionnelle. J’étais très bien entouré et j’ai été cher cher de l’aide quand j’étais itiné rant comme celle de l’Archipel d’Entraide dans les années 1990. »
LA QUÊTEMAI 2022 07 HEUREUX QUI COMME ULYSSE
M. Roulin comprend qu’un dia gnostic de schizophrénie est dif ficile à accepter, mais il recom mande : « de ne pas paniquer et d’écouter les différents spécialistes en schizophrénie. Ils vont être fins avec toi. De se laisser aller et de comprendre ce qui t’arrive. De faire confiance, mais de ne pas hésiter à changer de docteur si le contact n’est pas bon. Aller cher cher les soins […] et ne pas hésiter à discuter. »
PIER-OLIVIER NADEAU
NadeauPier-Olivier:photoCrédit

Il est très difficile de prédire si une personne développera ou non la schizophrénie. Il existe, en Aus tralie, des cliniques d’accompa gnement avant-gardistes dans ce domaine qui suivent de très près des patients dont la prévalence gé nétique est forte, par exemple une personne qui aurait un ou deux pa rents schizophrènes, mais il est dif ficile de voir les signes avant-cou reurs. On va commencer à voir des signes avant-coureurs plutôt vers l’adolescence. La seule chose qu’une personne plus à risque génétique ment parlant peut faire pour ai der à prévenir la schizophrénie est d’agir sur ses facteurs de stress dans la mesure du possible. Les facteurs de stress peuvent être en lien, par exemple, avec les besoins initiaux d’une personne comme se nourrir, avoir un toit ou des relations saines. Les facteurs de risques sont très larges et très différents pour chaque personne, ce qui les rend dures quand même à identifier aux pre miers abords. En parlant de facteurs de stress, comme le besoin d’avoir un toit ou un domicile, avez-vous une idée de la proportion de personnes schi zophrènes chez les personnes en situation d’itinérance ?
C’est un trouble de santé mentale qui est décrit depuis plus de 100 ans. Au départ, on l’appelait dé mence précoce, parce qu’en effet, un schizophrène « typique » va présen ter un dysfonctionnement et une diminution des fonctions cogni tives qui pourraient faire penser à une démence, mais ce n’est pas tout à fait ça. Aujourd’hui, à l’aide de l’imagerie médicale, on réalise qu’il y a des changements structurels au niveau du cerveau. On voit qu’il y a une certaine détérioration au ni veau neuroanatomique, si on veut. Qu’est-ce qui provoque la schizo phrénie ?
Par exemple, des idées délirantes, des hallucinations, un discours désorga nisé, un comportement désorganisé ou des symptômes négatifs. Deux de ces symptômes doivent être présents depuis au moins un mois pour qu’un patient puisse être diagnostiqué, en plus d’avoir vu une détérioration de son fonctionnement au cours des six derniers mois. Ce qui est très important à retenir, c’est que dans tout diagnostic d’un trouble de santé mentale, il faut qu’il y ait une atteinte significative du fonctionnement ou la présence d’une souffrance impor tante. S’il n’y a pas ça, alors on ne parle pas d’un trouble mental. Quels sont les types d’idées déli rantes ou d’hallucinations qu’une personne peut avoir ? Quand on parle d’un délire ou d’une psychose, c’est qu’il y a une perte de contact avec la réalité. Les idées déli rantes sont donc farfelues et ne font pas de sens ou s’avèrent être difficile ment véridiques. Pour ce qui est des hallucinations, ce sont des troubles perceptuels en lien avec un des cinq sens, soit la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat ou le goût. On peut voir souvent des patients qui vont dire qu’ils entendent des choses, et ces voix peuvent être même impératives jusqu’à les mener à poser de gestes qui peuvent être dangereux pour la personne atteinte de schizophrénie. Que sont les symptômes négatifs ?
LQ : Qu’est-ce que la schizophrénie ? Dr RM : C’est un trouble qui entre dans la catégorie des troubles de santé mentale et plus précisément dans la catégorie des troubles psy chotiques. Les troubles de san té mentale que l’on connaît au jourd’hui sont décrits et expliqués dans le DSM-5 [la cinquième édi tion du Manuel diagnostic et statis tique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques de l’Asso ciation américaine de psychiatrie]. La schizophrénie fait donc partie de ce document. À quoi reconnaît-on qu’une per sonne est atteinte de schizophrénie ?
Je n’ai pas de chiffres et mes statis tiques seraient sûrement biaisées par le fait que les patients que je vois dans mon quotidien et qui sont en
08 MAI 2022LA QUÊTE
Pour pouvoir diagnostiquer la schi zophrénie chez un patient, cette per sonne doit posséder au moins deux caractéristiques de la schizophrénie qui sont présentes dans le DSM-5.
LA SCHIZOPHRÉNIE UN TROUBLE À DÉMYSTIFIER
On voit plus souvent les symptômes négatifs chez les patients atteints d’une forme grave de schizophrénie. On va remarquer que ce sont des per sonnes qui ont peu d’affects, très peu d’émotions, des difficultés à se mobi liser, à réfléchir. Il y aura aussi une at teinte des fonctions cognitives. De quelle manière la recherche a-telle évolué depuis la découverte de la schizophrénie ?
Cela fait un peu plus de 100 ans que la schizophrénie fait partie des troubles de santé mentale. Bien que la majorité de la popu lation connaisse son existence, peu de personnes sont capables de définir exactement ce trouble psychotique qui affecte 1 % de la population canadienne. Le Dr Rodrigo Michea, psychiatre, entre autres à la clinique SPOT a donc pris le temps d’expliquer et de dé mystifier la schizophrénie.
Grâce à la recherche, on a pu ob server des problèmes au niveau de certains neurotransmetteurs, dont celui de la dopamine. Bien que l’on connaisse la schizophrénie depuis très longtemps, c’est tout de même difficile de dire exactement ce qui provoque directement la schizo phrénie puisque la source est mul tifactorielle. Pour la schizophrénie, l’aspect génétique est particulière ment important dans le développe ment de ce trouble, bien que l’aspect environnemental de la personne soit important aussi. Une personne qui aurait un parent atteint de schizophrénie aurait alors plus de chance d’en être atteinte qu’une per sonne n’ayant aucun historique fa milial de ce trouble. Il est toutefois difficile de déterminer exactement l’environnement qui peut favoriser la schizophrénie. Peut-on prévenir la schizophrénie ?
Est-ce que les personnes schizophrènes en situation d’itinérance ont moins de chances de survie que les autres personnes en situation d’itinérance qui ne sont pas affectées par ce trouble ?
Tout d’abord, la schizophrénie n’est pas le seul type de trouble psychotique. Un autre trouble psychotique que l’on voit sou vent, par exemple, est le trouble psychotique induit par les amphétamines. En lien avec la schizophrénie et les autres troubles psychotiques, chaque personne a une prévalence plus ou moins grande à développer ce genre de trouble de santé mentale. Cela veut dire qu’une personne pourrait consommer une très grande quantité de cannabis tout au long de sa vie et ne jamais développer de schizophrénie, alors qu’une autre personne pourrait ne fumer qu’un seul joint et développer un trouble psy chotique comme la schizophrénie. On a tous une vulnérabilité plus ou moins grande à développer un trouble psychotique et il n’y a pas qu’un élément qui peut mener à la schizophrénie ou à la psychose. Cela peut faire partie des facteurs de stress, mais on ne peut pas dire que ce sont la drogue et les mauvaises habitudes qui provoquent assurément la schizophrénie.
CATHERINE D’AMOURS Psychiatre à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, le Dr Rodrigo Michea prodigue également des soins aux patients de la Clinique SPOT.
situation d’itinérance ne sont pas les personnes qui vont bien, mais plutôt les gens qui ont plus de chances d’être schizophrènes, mais selon moi, il y a une surreprésen tation des personnes schizophrènes dans la population itinérante comparativement à la population générale.
1. « Les personnes avec un diagnostic sont dangereuses. »
3. « La schizophrénie est liée à la déficience intellectuelle. » Les deux n’ont rien à voir. Une personne déficiente intellectuelle peut être schizophrène, mais les deux n’ont pas de lien en semble. Ce qui peut peut-être mêler les gens c’est qu’il peut y avoir une atteinte des fonctions cognitives, mais cela ne mène pas à la déficience intellectuelle.
LA QUÊTEMAI 2022 09
2. « La drogue ou les “ mauvaises habitudes de vie ” provoquent la schizophrénie. »
Le diagnostic de la schizophrénie est déjà une grande étape pour le traitement puisque cela requiert plus d’une personne. Ensuite, il y a les traitements pharma cologiques (antipsychotiques) ainsi que des traitements psychothérapeutiques et psychosociaux. Je prône beau coup les approches psychothérapeutiques dans tous les traitements de troubles de santé mentale, mais, pour la schizophrénie, le traitement pharmacologique est très important pour le patient. Cela va vraiment aider beaucoup de patients. On va aussi travailler à aider le patient à redevenir fonctionnel dans les sphères où il ne l’est plus.
CATHERINE D’AMOURS Mythe ou réalité ?
Les personnes souffrant d’un trouble mental ne sont pas plus dangereuses que la popula tion générale et cela est prouvé scientifiquement. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des personnes atteintes de trouble de santé mentale qui ne sont pas dangereuses, mais qu’il n’y en a pas plus que dans la population au complet. Le meilleur prédicteur de la violence est si la personne a déjà été violente par le passé. Une personne schizophrène qui n’a jamais été violente a donc moins de chance de l’être dans le futur qu’une personne ne présentant au cun trouble de santé mentale qui a été violente par le passé. La violence liée aux troubles de santé mentale va être plus souvent associée aux troubles de personnalités ou aux problèmes de toxicomanie, mais ce n’est pas la même chose qu’un trouble psychotique.
Le Dr Michea confirme qu’il y a toujours à ce jour de la recherche active qui se fait au sujet des troubles psy chotiques comme la schizophrénie pour permettre de mieux comprendre ce trouble de santé mentale. On peut donc espérer pour le futur d’autres développe ments au niveau des traitements ainsi que de nouvelles découvertes.
Le Dr Rodrigo Michea déboulonne trois mythes au sujet de la schizophrénie.
MicheaRodrigoDr:photoCrédit
Les personnes schizophrènes dans la population gé nérale ont une espérance de vie moins grande que les personnes qui ne présentent pas ce trouble de santé mentale. Il est donc certain que la statistique se trans pose aussi dans le monde des personnes en situation d’itinérance. Quels sont les principaux traitements de la schizo phrénie ?

10 MAI 2022LA QUÊTE Au chapitre de la santé mentale, les années 1960 ont vu s’amorcer au Québec un important mouve ment de désinstitutionnalisation.
institution psychia trique en sol québécois ferme ses portes quelques années plus tard lorsqu’ouvre, en 1845, l’Asile de Beauport, à Québec. Au fil des ans, le bâtiment du chemin Royal chan gera plusieurs fois de nom — et, dans une certaine mesure, de voca tion — pour devenir l’établissement qui porte aujourd’hui le nom d’Ins titut universitaire en santé mentale de AuQuébec.début des années 1950, plus d’un siècle après l’ouverture de la première, onze institutions psychia triques se répartissent désormais au-delà de 15 000 patients. Ils en ac cueilleront 5 000 de plus dix ans plus tard. Administrées en quasi-totalité par l’Église, ces institutions, croiton, sont les lieux tout indiqués pour « placer » les personnes aux prises avec des troubles mentaux. À la fin des années 1950, à l’aube de la réforme à venir, la psychiatrie asilaire, selon ce qu’indique dans son rapport le Comité de la santé mentale du MSSS, est caractérisée par un cocktail de traitements — lobotomie, électrochoc, insuline, camisole de force, etc. — aussi aléa toires qu’inadéquats.
PouliotR.François:photoCrédit
1
Son impact sur la manière dont les services en matière de traitement des troubles mentaux comme la schizophrénie se sont organisés jusqu’à ce jour semble indéniable. Aperçu d’une période charnière dans l’histoire du système de santé québécois. Faire état de la désinstitutionna lisation au Québec implique né cessairement qu’on aborde l’insti tutionnalisation qui l’a précédée. Le Comité de la santé mentale du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec, dans un rapport publié en 19971, associe le début de cette période avec l’ou verture en 1839 du Montreal Luna tic CetteAsylum.première
LA COMMISSION BÉDARD Admis pour alcoolisme au prin temps 1960 à l’Hôpital Saint-Jeande-Dieu — connu aujourd’hui sous le nom d’Institut universitaire en santé mentale de Montréal — Jean-Charles Pagé, vendeur d’assu rance de 28 ans, en ressort l’année suivante. Témoignant des traite ments subis par ses pairs et par luimême durant son séjour, il publie l’explosif ouvrage Les fous crient au secours ! en août 1961. La gravité des faits évoqués dans le livre est telle qu’à peine quelques semaines après sa parution, le gouvernement de Jean Lesage annonce la création de la Commission d’étude des hôpi taux Présidéepsychiatriques.parlepsychiatre Dominique Bédard, la Commission remet son rapport le 6 mars 1962 à Alphonse Couturier, alors ministre de la Santé. Recueillies tantôt par le biais de questionnaires envoyés aux diri geants, tantôt à la suite de visites exhaustives des hôpitaux, les in formations qui se retrouvent dans le rapport permettent de dresser le portrait de la situation dans 17 ins titutions psychiatriques à travers le S’efforçantQuébec. de « comprendre et d’ex pliquer plutôt que de critiquer », le document, qui frôle les 160 pages, dresse néanmoins un portrait on ne peut plus alarmant de la situa tion dans ces institutions. S’ils s’in téressent au volet administratif, comme le financement et la gestion, les commissaires s’attardent éga lement aux humains qui peuplent — ou plutôt, qui surpeuplent — ces Parétablissements.exemple,on y indique que l’Hô pital Saint-Jean-de-Dieu, où avait été admis Jean-Charles Pagé, logeait, en date du 31 décembre 1960, 5 600 « malades » — des femmes et des hommes, mais qui ne se côtoient ja mais, ou très peu —, outrepassant la capacité théorique de l’établissement fixée à… 3 900. Résultat : le nombre d’individus par dortoir oscille dans la plupart des cas entre 60 et 90. Si les membres de la commission Bé dard évoquent des salles « propres et éclairées [où] rien n’est à l’abandon », ils soulignent toutefois que les toi lettes, communes, ne possèdent « ni siège ni papier hygiénique ». MAIN-D’ŒUVRE LIMITÉE Pour ce qui est du traitement des pa tients, outre les religieuses qui sont avec eux sur une base quotidienne — on les appelle « officières » —, l’hôpital, selon le rapport, s’appuie sur son unique travailleuse sociale, son unique psychologue ainsi que ses 15 psychiatres. Pour respecter les standards en matière de ratios professionnels/malades en vigueur à cette époque, l’établissement au rait plutôt dû compter 20 travail leurs sociaux, 18 psychologues et 63 psychiatres. À l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu, en 1960, moins de 20 professionnels ont donc la tâche, entre autres, de « veiller au bien-être physique et mental de plusieurs centaines de malades chroniques et soi-disant ANS DU RAPPORT BÉDARD Défis de la reconfiguration des services de santé mentale — https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/1997/97_155co.pdf
DÉSINSTITUTIONNALISATION LES 60
Si des études et des conceptions renouvelées de la maladie mentale commencent à remettre sérieuse ment en question le système asilaire alors en place au Québec, en 1961, l’appel à l’aide d’un certain JeanCharles Pagé fait basculer le pre mier domino…

Cependant, alors que certains peuvent compter sur leur famille au sortir de l’hôpital, les moins chanceux, comme en fait état le MSSS dans le rapport de 1997 évoqué plus tôt, sont confrontés à une réalité qui n’a rien à voir avec la théorie : les ressources ne sont pas au rendez-vous et le soutien — notamment psychosocial — est presque inexistant. S’étant grandement développée en parallèle, la médication constitue pour beaucoup le traitement priorisé. Dans bien des milieux, une réinsertion sociale pleine et entière s’avère donc plutôt difficile.
FRANÇOIS R. POULIOT
DEUXIÈME VAGUE Si la première vague de désinstitutionnalisation com porte ses lacunes, le MSSS rapporte que la deuxième, qui s’étendra du début des années 1970 à la fin des an nées 1980, est profondément marquée par une logique économique. Alors que le mouvement de désinstitu tionnalisation se poursuit et que le nombre d’admis sions dans les institutions psychiatriques continue de diminuer, le gouvernement commencera à couper dans les budgets alloués au traitement de la maladie mentale pour prioriser le système de santé dans son ensemble.
UNE RÉVOLUTION NOMMÉE DÉSINSTITUTION NALISATION En plus de dresser le portrait de la situation dans les institutions psychiatriques du Québec, le rapport de la commission Bédard propose 50 recommandations, dont certaines impliquent d’importants changements Lalégislatifs.miseen œuvre de ces recommandations, avec le concours de la kyrielle de changements mis de l’avant par le gouvernement Lesage durant la Révolution tran quille, comme la création d’un système d’hôpitaux pu blics, ainsi que la remise en question du rôle de l’Église catholique dans l’éducation et la santé, constitueront le moteur du mouvement auquel nous référons au jourd’hui comme la désinstitutionnalisation. Réalisation majeure de la réforme en cours : de nom breux hôpitaux généraux voient naître dans leur en ceinte des départements de psychiatrie, et ce, partout au Québec. Durant la première vague de désinsti tutionnalisation, entre 1962 et 1970, les données du MSSS indiquent que leur nombre est passé de 15 à 28. En 1986, vers la fin de la deuxième vague, on compte 61 Sansdépartements.nécessairement viser l’abolition complète des ins titutions psychiatriques, le mouvement tente plutôt de rehausser leur volet thérapeutique. Intégrées à un éven tail de services de proximité, eux-mêmes jumelés aux programmes adéquats, elles représentent un des nom breux outils devant, sur papier, favoriser la réintégra tion des malades dans la communauté. Parmi ces outils, on voit se développer dans la foulée ce qu’on appelle des cliniques de secteur. Misant sur la proximité et la personnalisation des services, chaque clinique s’appuie sur la coopération des ressources se trouvant sur le territoire qu’elle couvre. À l’époque, ces cliniques publiques se veulent généralistes ; elles ont pour mission de traiter l’entièreté des troubles men taux, peu importe le degré de gravité.
Fortement dénoncée, cette médicalisation de la maladie mentale, bien qu’en partie attribuable aux préoccupa tions liées à la crise économique qui sévit au début des années 1980, aura pour corollaire une utilisation abusive — du moins, aux yeux des contestataires auxquels fait référence le MSSS — de médicaments tels les tranquil lisants et les neuroleptiques, de même qu’une certaine déshumanisation des malades. Une fois de plus, la volon té de favoriser réellement leur réinsertion sociale semble bien basse dans les priorités des autorités.
Trouvant en quelque sorte leur raison d’être à travers les enjeux ainsi soulevés, un certain nombre de ressources — indépendantes du système public — verront le jour dans les années 1980 et 1990. Ces ressources commu nautaires, qui se multiplieront et qui évolueront au fil des décennies, se donneront pour mission commune non seulement d’offrir aux personnes aux prises avec des troubles mentaux des services alternatifs personnalisés, mais également de défendre leurs droits et d’assurer le maintien de ce qu’elles ont toujours eu de plus précieux : une dignité qu’aucune institutionnalisation ni aucune désinstitutionnalisation ne sauraient enlever.
LA QUÊTEMAI 2022 11 incurables » et de « donner aux cas aigus toute l’atten tion désirable ». Dans ce contexte, bien que plusieurs d’entre elles ne soient pas formées pour cela, voire pas formées du tout, les officières héritent de plusieurs responsabilités médi cales telles l’administration des médicaments. On se fie alors à leur bon jugement. Les troubles mentaux étant perçus à l’époque — même par le corps médical — comme « un mal incurable pro voqué par Dieu » dans le but de « punir » ou d’« éprou ver » ceux qui en étaient atteints, il apparaît tout naturel de confier à celles qui s’étaient engagées à « mener une vie de chasteté, de pauvreté et d’obéissance » la tâche d’« ouvrir les portes du ciel aux pauvres fous ». Si les conclusions du rapport Bédard sur l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu sont hautement préoccupantes, celles découlant de l’étude des 16 autres institutions lors des travaux de la commission ne sont guère plus Loinrassurantes.d’êtretabletté, le rapport Bédard aura un impact majeur.
12 MAI 2022
ALPHONSINE SEFU À L’ÉCOUTE DES ENTENDEURS DE VOIX
ÊTRE
Dans les types de comportements à éviter, Éric Bertrand, agent de rétablissement à Le Pavois, déconseille de confronter l’entendeur de voix. Il ajoute que les personnes qui doivent vivre avec cette condition sont généralement déjà anxieuses, « car elles ont toujours le défi de faire la part de ce qui est vrai et faux ».
SefuAlphonsine:photoCrédit
De plus, la schizophrénie ne se résume pas à l’entente de voix. Un rapport du centre de toxicoma nie et de santé mentale d’Ontario énonce que d’autres symptômes de cette maladie sont, notamment, les hallucinations et la désorgani sation du discours et de la pensée. La communauté des entendeurs de voix est d’ailleurs plus grande que celle des schizophrènes, telle que mentionnée par Magali Molinié dans la revue Topique — La psy chanalyse aujourd’hui. De ce fait, Éric Bertrand précise que « la schi zophrénie vient stigmatiser les en tendeurs de voix et les entendeurs de voix pourraient, sans le vouloir, stigmatiser les schizophrènes qui n’entendent pas de voix ». M. Bertrand observe que les mé decins perçoivent le soliloque, soit, le discours d’une personne qui se parle, comme un problème d’ordre pathologique. Toutefois, il estime qu’il ne devrait pas y avoir de tabou lié à cette pratique, que c’est un moyen pour l’EV de prendre du contrôle sur sa si tuation. En réalité, l’intervenant trouve qu’il serait plus sain d’abor der le sujet en société. « Se parler à soi-même c’est quand même bon, mais de le faire en public, ça veut dire que l’entendeur de voix assume quelque chose, c’est une bonne chose », partage-t-il.
LA QUÊTE Éric Bertrand est agent de réta blissement à l’organisme Le Pa vois. Il intervient auprès d’enten deurs de voix (ou EV) et travaille à contrer leur stigmatisation dans la société. Avec son expérience, il explique comment bien réagir face aux entendeurs de voix qui se parlent. À son avis, la peur que peuvent avoir certains en voyant une per sonne se parler en public est due à la méconnaissance. Lorsqu’une personne se parle, elle entre en re lation avec les voix de sa tête, une pratique prônée par le programme Mieux vivre avec les voix, dont M. Bertrand est le co-responsable. En effet, confronter les personnalités dans sa tête permet à l’entendeur de prendre le contrôle sur cellesci. « Quand je vois un entendeur de voix qui se parle dans la rue, je me dis qu’il est occupé », ricane M. Bertrand. L’intervenant com prend que le public peut avoir peur, puisque celui-ci ignore l’état des EV et la tournure que peuvent prendre leurs conversations avec les personnes qu’ils entendent. Il considère que si l’entendeur de voix ne fait pas de mal aux autres et qu’il ne se fait pas mal, sa condition est bonne, voire saine. Il propose même de saluer les en tendeurs de voix, de leur deman der comment ils vont. DISCUTER À TROIS Pour les aider, il est bien de laisser les EV dialoguer avec ceux qu’ils entendent dans leur tête. Une voix peut même être celle d’un proche ou d’un ami et avoir des propos en courageants et inspirants. Toute fois, lorsque les EV entendent des paroles négatives et offensantes, ils peuvent démontrer une cer taine agressivité. Par exemple, « si une personne a une tendance pa ranoïaque, les voix vont avoir ten dance à se superposer par-dessus celles des autres ». Dans le cas où la personne croirait que nous l’avons insulté, M. Bertrand conseille de la rassu rer en lui disant que nous n’avons pas dit les mots qu’elle a entendus. Nous pouvons lui deman der comment elle va et si elle a besoin d’aide. Par la suite, l’entendeur de voix peut admettre avoir décerné les propos de quelqu’un qui n’existe pas. « Dans un bar, ça m’est déjà arrivé, où un homme croyait que je l’avais insul té. […] On a eu une discussion, il s’est calmé et m’a raconté son his toire. » Selon l’intervenant de l’or ganisme Le Pavois, il est important de valider l’expérience de l’EV lors qu’on lui parle. Il ajoute que « si on le prend dans cette perspective-là, il faut se dire que nous sommes trois dans la conversation », soit, l’entendeur de voix, ses voix et nous-mêmes. METTRE LE STIGMA EN SOURDINE La communauté des entendeurs de voix est constituée de plusieurs types de personnes. Éric Bertrand affirme que tout le monde peut entendre des voix dans sa vie, car, bien qu’il soit surréaliste, ce phé nomène est aussi humain.

UN TRAITEMENT PROGRESSIF L’art-thérapie est un traitement pro gressif. Alors que les thérapies tra ditionnelles impliquent seulement l’échange verbal, l’approche par l’art crée un sentiment de sécurité entre le patient et son thérapeute. « Avec ce type de patient, l’apprivoisement est lent. On ne peut pas s’attendre à avoir des résultats du jour au len demain », admet Suzanne Cloutier. L’art-thérapeute insiste sur une règle inhé rente aux 86 rencontres du traitement de Monsieur X : le patient reste tout le temps maître de son parcours. « La première fois que je me suis rendu à lui, j’ai joué au billard pour l’apprivoiser doucement. Il refusait les activités impliquant l’ima ginaire jusqu’au sixième rendez-vous ». « Ce qui est fantastique par rapport à l’art, c’est que ça permet un accès à l’inconscient du patient », confie l’art-thérapeute, tout en mettant en garde sur les risques de s’improviser expert en la matière. « Le patient doit res ter maître de l’interprétation de ses dessins, parce que l’inconscient va faire surgir les choses qu’il est prêt à regarder. Si moi j’essaye d’imposer une interprétation, le patient va se braquer.
LhoestVictor:Illustration 1 https://www.erudit.org/fr/revues/pv/2014-v13-n1-pv02074/1036449ar/
ART-THÉRAPIE DISCUTER EN SILENCE « Quand la communication ver bale est rompue, l’art permet de créer un troisième interlo cuteur, comme un nouveau lan gage », déclare Suzanne Cloutier.l’art-thérapeute
Anne-Marie Charest voit des participants « sortir de leur coquille ». Signe, selon elle, que les ateliers d’art-thérapie leur font du bien.
S’EXPOSER AU PUBLIC
ATELIERS DE GROUPE La responsable pour l’orga nisme Les Impatients AnneMarie Charest encadre un atelier d’art-thérapie. Il se tient chaque jeudi dans une grande salle vi trée à l’Hôpital MaisonneuveTousRosemont.lesparticipants présentent des symptômes de schizophrénie. À la différence de l’art-thérapie où le thérapeute accompagne les pa tients dans une introspection, ici les participants ne cherchent pas à interpréter leurs œuvres d’art. L’objectif est plutôt de briser l’iso lement. « On favorise la rencontre de gens. Le seul prérequis, c’est de vouloir s’exprimer par les arts », avance la responsable de l’atelier Deshebdomadaire.tablesde 8 pieds sont stra tégiquement disposées en carrés afin de privilégier les échanges. Pour Anne-Marie Charest, l’es sentiel est de créer un cercle de confiance : « Quand le sentiment de sécurité est installé, les per sonnes vont discuter entre elles de leurs expériences. C’est beau de les entendre », reconnaît-elle.
Suzanne Cloutier est art-thé rapeute. Elle a travaillé douze ans à l’Institut Philippe-Pinel à Montréal, au contact de personnes schizophrènes pour qui l’approche médicamenteuse ne suffisait pas. « Les patients qui m’étaient confiés n’avaient plus de bien-être. Ils étaient déjà suivis pour leur mala die, mais on frappait des impasses thérapeutiques », confie la profes sionnelle bientôt à la retraite. Suzanne Cloutier a co-écrit un article en 2015 où elle documente un cas de patient schizophrène traité par art-thérapie1. Elle a sui vi Monsieur X, un patient réfrac taire aux traitements pharmaco logiques, ayant déjà commis des actes violents et hospitalisé depuis plus d’une vingtaine d’années. À 40 ans, ce patient demeurait fragile, incapable de rester as sis devant son psychiatre plus de quelques minutes et toujours pris d’angoisse de morcelle ment, croyant par exemple voir St-Hubert — une « autre person nalité » — dans le miroir. « Chaque personne qu’il rencontrait devenait une menace. Il fallait reconstruire une image corporelle : il n’était pas capable de distinguer ce qui est in térieur ou extérieur à lui », indique l’art-thérapeute.
Les œuvres produites pendant les ateliers sont ponctuellement vi sibles par le public. « On favorise la diffusion des œuvres pour lutter contre la stigmatisation en expo sant le travail des participants ». Pour les personnes schizophrènes, savoir que leur travail peut être exposé n’est pas anodin. « Pour certains, c’est trop stressant. Mais il y en a d’autres que ça stimule », balance la responsable de l’atelier. Bien que l’objectif ne soit pas de faire du beau, Anne-Marie Charest, elle-même artiste, est impression née par les productions des partici pants : « Ils ont un univers intérieur riche, mais qu’ils ont du mal à l’ex primer par les mots. On découvre des choses magnifiques. Très égoïs tement, je crois que c’est à moi que ça fait le plus de bien. »
VICTOR LHOEST
»
LA QUÊTEMAI 2022 13

vous concèdent le droit de mesurer l’esprit. Cette juridiction souveraine, redoutable, c’est avec votre entendement que vous l’exercez. […] Nous n’entendons pas discuter ici la valeur de votre science ni l’existence douteuse des maladies mentales. […]
14 MAI 2022LA QUÊTE SUR LES TRACES DU RÉTABLISSEMENT
Guérir de la schizophrénie, est-ce possible ? Que signifie « guérir » ? C’est à partir du témoignage d’un pa tient et d’un psychiatre que cette notion sera discutée. Au menu : expérimentation, contestation et dénon ciation. En conclusion, la notion de rétablissement sera présentée comme une alternative à la guérison. Plutôt que de guérir de la schizophrénie, le rétablissement propose que l’on puisse apprendre à vivre avec ce trouble. Selon Le Robert, l’asile est un lieu où l’on se met à l’abri, en sûreté contre un danger. Il est également un lieu où l’on trouve la paix, le calme. Étrange que l’on ait donné ce nom à un établissement où les droits de la personne ont été bafoués pendant de nombreuses années. Au Québec, nous connaissons la triste histoire des orphelins de Duplessis. Des enfants victimes de problèmes sociaux (p. ex., abandonnés par leur mère monoparentale) ont été étiquetés malades mentaux et placés en asile. Là-bas, ils et elles auront subi des sévices sexuels, psycho logiques et physiques. Il est également possible de s’interroger quant aux dangers dont on souhaite protéger les personnes institu tionnalisées. Malgré la souffrance sous-jacente à la maladie, le danger est-il pour eux ou pour l’équilibre de la société ? Enfermer pour ne plus voir l’autre déviant, souffrant et marginal, n’est-ce pas la fonction de l’asile ? Que font les fous dans les asiles ? Quelles formes prennent leurs interactions avec le personnel soignant et les psychiatres ? C’est à ces questions que tente de répondre Antonin Artaud, poète français psychiatrisé en 1925, dans une lettre adressée aux psychiatres : « LesMessieurs,lois,lacoutume
Nous ne soulèverons pas ici la question des internements arbitraires, pour vous éviter la peine de déné gations faciles. Nous affirmons qu’un grand nombre de vos pensionnaires parfaitement fous suivant la définition officielle, sont, eux aussi, arbitrairement internés. Nous n’admettons pas qu’on entrave le libre développement d’un délire, aussi légitime, aussi logique que toute autre succession d’idées ou d’actes hu mains. La répression des réactions antisociales est aussi chimérique qu’inacceptable en son principe. Tous les actes individuels sont antisociaux. Les fous sont les victimes individuelles par excellence de la dictature sociale ; au nom de cette individualité qui est le propre de l’homme, nous réclamons qu’on libère ces forçats de la sensibilité, puisqu’aussi bien il n’est pas au pouvoir des lois d’enfermer tous les hommes qui pensent et Puissiez-vous[…]agissent.
Le travail psychiatrique se concentre sur les maladies mentales et leurs symptômes. L’expérience que les ma lades mentaux font de la maladie n’est qu’un fait anecdotique pouvant être contrôlé par des traitements psy chiatriques. Des électro-chocs en passant par les neuroleptiques (médicament psychotrope), de la lobotomie au coma hypoglycémique thérapeutique, les « fous.folles » ont été, sont, de véritables rats de laboratoire pour les scientifiques. Ces interventions médicales visent la guérison.
Cette lettre du poète permet d’introduire l’histoire de la lutte des « fous.folles » menée dans les années 1970. Cette lutte s’ancre dans la redéfinition de l’idée de guérison des maladies mentales et à la reconnaissance des droits des patient.e.s. Selon le modèle biomédical, guérir consiste à revenir à l’état précédant la maladie. Or, qu’en est-il lorsque l’on souffre d’une schizophrénie, construite comme une maladie dégénérative et incurable depuis le XIXe siècle ? Le retour à un état précédant la maladie est-il possible ? Dans le contexte d’une maladie mentale, quelle forme prend la guérison ?
DES RATS DE LABORATOIRE HUMAINS ?
vous en souvenir demain matin à l’heure de la visite, quand vous tenterez sans lexique de converser avec ces hommes sur lesquels, reconnaissez-le, vous n’avez d’avantage que celui de la force. » (Antonin Artaud, 1925, Lettre aux médecins-chefs des asiles de fous).
[…] Nous nous élevons contre le droit attribué à des hommes, bornés ou non, de sanctionner par l’incar cération perpétuelle leurs investigations dans le domaine de l’esprit. Et quelle incarcération ! On sait […] que les asiles […] sont d’effroyables geôles, où les détenus fournissent une main-d’œuvre gratuite et commode, où les sévices sont la règle, et cela est toléré par vous. L’asile d’alié nés, sous le couvert de la science et de la justice, est comparable à la caserne, à la prison, au bagne.
LA QUÊTEMAI 2022 « Après avoir reçu le diagnostic de schizophrénie, ce sujet fut choisi pour la première expérience de convul sion électriquement induite chez l’homme. On lui appliqua deux longues électrodes dans les régions fron to-pariétales et Cerletti [médecin psychiatre] fit passer un courant de basse intensité (80 V) pendant deux dixièmes de seconde. Le patient réagit par un sursaut et les muscles de son corps se raidirent ; il tomba en arrière sur le lit sans perdre connaissance, commença à chanter de sa voix la plus aiguë, puis se calma. Il fut décidé à le laisser se reposer un peu et de recommencer l’expérience le jour suivant. Soudain, poursuit U. Cerletti, le patient, qui avait évidemment suivi notre conversation, dit clairement et solennellement, sans aucun de ses troubles habituels du langage : « Pas d’autre ! C’est horrible ! » « Je confesse, confie Cerletti, qu’un avertissement aussi explicite, dans de telles circonstances, si emphatique et autoritaire, venant d’une personne dont le jargon énigmatique avait été jusque-là très difficile à comprendre, ébranla ma détermina tion à poursuivre l’expérience. Et ce fut seulement la peur de céder à une idée superstitieuse qui me décida. Les électrodes furent à nouveau appliquées et une décharge de 110 V fut ordonnée pendant deux dixièmes de seconde » (Jaccard, 2004, p. 63-64).
PETITE HISTOIRE DU RÉTABLISSEMENT
Lorsqu’Emil Kraepelin, psychiatre allemand du début du XXe siècle, propose que la schizophrénie (Dementia praecox, démence précoce) soit une maladie dégénérative, le potentiel de guérison est réduit à néant. Or, si la notion de guérison est propre aux psychiatres, celle de rétablissement l’est aux patient.e.s. Le rétablissement est porteur de pouvoir d’agir. Il se constitue au contact d’un savoir expérientiel, c’est-à-dire celui produit par les personnes affectées par la maladie, et un savoir scientifique, produit selon une méthode scientifique. Parmi ces méthodes, on retrouve les études longitudinales qui consistent à étudier une même cohorte d’individus, sélectionnés en fonction de certaines caractéristiques, sur une longue période (p. ex., une année, une décennie, une vie, etc.). Dans le cas de la schizophrénie, ces recherches remettent en question la manière dont la maladie se développe en fonction des périodes de la vie d’une personne. Pour la suite, je résumerai ces savoirs par l’ex pression : « devenir des personnes psychiatrisées ». Une autre manière de définir ce devenir est par le témoignage des personnes psychiatrisées. Le témoignage d’Antonin Artaud, présenté ci-haut, illustrait le traitement déshumanisant subit par les malades mentaux. Or, dans les années 1970-1980, les témoignages sont ceux d’individus ayant appris à vivre avec les symptômes (p. ex., hallucinations sensorielles). Apprendre à vivre avec la schizophrénie signifie de ne pas se laisser submerger, donner sens à la maladie et parvenir à poursuivre ses activités de vie quotidienne. La schizophrénie n’est plus comprise ici comme une maladie dégénérative, mais comme une autre manière d’expérimenter le monde. La redéfinition du devenir des personnes psychiatrisées, que ce soit par le témoignage ou par l’activité scien tifique, laisse entrevoir la possibilité de vivre une vie « normale » et en « santé » malgré les symptômes jugés problématiques. Ces personnes racontent leur rétablissement. En refusant l’expertise psychiatrique, elles de mandent des structures tenues par et pour des (ex)-patient.e.s (Linder, 2018). L’idée est similaire à celle des alcooliques anonymes : les pair.e.s sont plus à même d’aider et d’accompagner les patient.e.s dans leur rétablis sement que les psychiatres. Aujourd’hui, ce savoir profane, provenant de groupes marginalisés, stigmatisés et isolés du monde social, s’est vu approprier par les professionnel.le.s de la santé et des services sociaux et guide les différentes interventions. Il est également reconnu qu’il soit possible de vivre avec une schizophrénie et les symptômes qui y sont liés. La présence des pair.e.s aidant.e.s dans les équipes de soin permet de croire que l’expérience des personnes psychiatrisées sera de plus en plus entendue, au détriment d’une compréhension symptomatique de la maladie. Néanmoins, le combat des personnes psychiatrisées n’est pas terminé, comme le laissent entrevoir les ordon nances de traitement et la multiplication des discours biopsychiatriques recherchant les causes chimiques et physiques des maladies mentales (Chitra & Jeyshank, 2012). Et si la maladie mentale était un problème social plutôt qu’un problème individuel ? NICOLAS FOURNIER-BOISVERT Intervenant social à l’Archipel d’Entraide et étudiant à la maîtrise en sociologie Bibliographie Artaud, A. (1976). Lettre aux Médecins-Chefs des Asiles de Fous. Revue Obliques, 10 11. Chitra, V., & Jeyshank, R. (2012). Growth of Literature in Neuroscience : A scientometric study (1972-2011). Journal of Advances in Library and Information Science, 1(4), 201 210. Jaccard, R. (2004). L’approche organiciste de la maladie mentale. dans La folie (p. 52 72). Presses universitaires de France. Linder, A. (2018). Des patients aux soignants : Les appropriations du « rétablissement » par les professionnels de la psychiatrie. 7.
15
« Je me sens jugé par le regard des autres. » « Aujourd’hui, je progresse en équilibre, m’engage en relation, confiant. »
« Le sens de ma vie est de me connaître, m’accepter, m’aimer. » « La vie spirituelle est importante pour moi, elle m’aide, me supporte. J’ai un esprit sain dans un corps sain malgré ce que j’ai vécu de dur pour lui. Les rituels du groupe religieux me donnent foi, partage, amitié, mu sique, un réseau humain. »
« C’est sérieux des colocs avec des drôles de voix. » « Ça passe ou ça casse ! » « J’espère accepter la responsabilité sans remords de mon état. »
Merci du partage de l’espoir et de la progression d’amé liorer santé, amour, prospérité et expression. Au revoir à vous trois. MARC-ANDRÉ DEMERS NDLR : L'équipe de l'Archipel d'Entraide n’est pas à l’aise avec les pas sages décrivant le trouble de la schizophrénie, mais par respect pour l’auteur, elle publie le texte tel que souhaité par ce dernier. AVEC LA SCHIZOPHRÉNIE
Quel privilège de partager les témoignages de trois per sonnes vivant avec la schizophrénie ! Cette maladie mentale est une psychose qui se traite. L’espoir d’un cheminement de rémission est lié aux ressources acquises par les patients et les recherches médicales. Les traitements sont parfois combinés pour agir. Globalement, médicaments, thérapies, environ nements sociaux, méditations, pratiques artistiques, spiritualités, écologies, intuition, instinct, sensibilité, imagination, tout contribue à soigner. Le mot schizophrène veut dire fendre, séparer. Ce dia gnostic donne un gros coup au cœur. Ce choc a des conséquences sur la santé mentale. Pertes et deuils doivent être acceptés. Alors les fonctions optimales de la neurotransmission émetteur/récepteur s’affaiblissent. Le déficit de plastici té du cerveau à connecter en réseau certains systèmes apparaît. La dépendance excessive affecte les systèmes des fonctions exécutives, de récompenses et de stress.
16 MAI 2022LA QUÊTE HRONIQUE L’ESPOIR AU CUBE
« De ces milles et une voix dans mon esprit entendues, Merci à Celui Qui s’est prénommé le Chemin, la Vérité et la Vie, Pour ces ô combien Précieuses Leçons de Vie… Celui dont je n’ai jamais entendu la Voix, Mais que je sais toujours là… » « Depuis l’enfance, la mélancolie, la pauvreté, les amours, études, santé, sommeil, famille me stressent. » « Ça fait plus que 20 ans, ça prend du temps pour s’adapter. Aujourd’hui, chu plus outillé, j’ai mal moins longtemps. Oui ! c’est ma souffrance intérieure. »
VIVRE
Illustration:Vigno
« Avec ma famille, mes proches, les psys, les amis je “m’aide moi-même et le ciel m’aidera…” »
« J’aimerais avoir une blonde. J’ai fait les bons choix pour canaliser mon énergie, je crée, je joue avec les couleurs sur toiles. Les filles aiment ça… j’espère en attirer. »
« J’ai étudié à l’Université malgré les exigences à sur monter, la discipline… je suis fier de moi, j’ai réussi. Aujourd’hui j’ai une blonde. »
« Je veux m’en sortir satisfait. » « S’accomplir demande un travail sur soi ; créatif, résilient. »
« Je vais utiliser mon expérience et devenir entrepre neur pour aider les autres. »
« J’ai pas de manque psychédélique. » « Ma carrière est lente. »
Tous les espoirs sont permis. La souffrance ressentie change le corps et l’esprit. Mais l’alerte de l’instinct de survie et de vivre à son goût, de manière étrange peut-être, peut stimuler l’espoir de faire son chemin uni à soi, aux autres afin de s’ap prendre à vivre en santé. Ouvrir son cœur demande un climat de confiance. Comme dirait feu l’anthropologue Serge Bouchard : « L’Homme (l’animal) renifle longtemps l’autre avant de lui faire confiance. » Espérer s’apprivoiser mutuellement, sans comparaison ni compétition et le cœur battant, communiquer libre ment son histoire intime à un autre humain, être écou té, est au cœur de l’humain. Ce trio de chercheurs de mieux-être en équilibre in carne l’aventure de conquête d’un nouveau territoire. La vie sourit aux audacieux, même imparfaits. Les aides, les valeurs, les attitudes, la lettre, le chiffre, la note servent la créativité pour s’exprimer et se rap procher des autres. Leur imagination talentueuse com bine les outils du poète, du peintre, du musicien. Le trio prend la médication prescrite. L’art éveille l’espoir du cœur à fabriquer du beau, à réaliser ses rêves et ses ambitions les plus fous. Écoutons leurs témoignages au « Comment ça va ? »

Quand j’avoue développer un complexe pour avoir dû mesurer mon ignorance du vocabulaire des jeunes férus d’informatique de l’intrigue, mon amie se de mande plutôt si l’intérêt actuel pour des personnages souffrant de problèmes de santé mentale me paraît normal. Le genre de question que je préfère igno rer ou retourner à l’interrogateur. Peut-on conclure, à la simple observation de la production artistique des dernières années, que le sujet devient « normal » parce que diverses formes d’art l’abordent sous diffé rents angles ? À cause du titre, Sortez-moi de moi, emprunté à une chanson de Daniel Bélanger, j’ai découvert la série télévisée de Sophie Lorrain et Alexis Brault-Du rand, avec la scène où elle est une travailleuse sociale épuisée qui rescape Vincent Leclerc (ex-Séraphin) en agent enquêteur infiltré bipolaire en plein délire, perché en haut d’un lampadaire. « C’est ça, la norma lité : une souffrance qui se mêle à l’ordinaire », écrit Roxanne Bouchard dans son roman. Le danger reste qu’avec les fictions on banalise des drames réels. On s’indigne pour se rassurer et ensuite on oublie. En 1961, le SOS Les fous crient au secours a produit son effet. Pourtant en 2019, une maman en deuillée pouvait encore écrire Les fous crient toujours au secours. Est-ce que comme les guerres, ce serait devenu normal ?
SORTIR DE LA NORMALITÉ ?
Mais Roxanne Bouchard est professeure de littéra ture à Joliette. C’est en répondant à un courriel de re merciements pour les Charbonniers de l’Enfer qu’elle a commencé à échanger avec le militaire qui était en mission en Afghanistan. Dix ans plus tard, c’est deve nu un livre puis un essai a suivi, chez VLB. Elle écrit aussi des romans comme celui que j’ai emprunté à la bibliothèque, La fiancée de corail, une enquête poli cière qui permet de se familiariser avec un univers de pêcheurs gaspésiens. Le roman de Marie Laberge aussi est une enquête mais plutôt centrée sur la psychologie des person nages. Celle du meurtrier qu’on connaît dès le départ et ce qui l’a conduit à son délire mortel, mais pour quoi ? Inspirée d’un fait divers réel, l’histoire est de l’authentique Marie Laberge, avec des dialogues qui analysent le drame des victimes, les femmes tuées mais aussi leurs proches, ceux de l’assassin, des fa milles et amis, à la recherche d’une réponse.
Je me crois obligée d’expliquer avoir découvert par hasard le livre co-signé par Roxanne Bouchard et le militaire Patrick Kègle, un neveu de Gilles Kègle… Elle m’interrompt en disant que pendant les années 1940, sa tante Hélène a été une marraine de guerre. « Elle tricotait aussi pour la Croix-Rouge, écrivait des lettres et envoyait des gâteries aux soldats… Elle voulait s’enrôler mais n’avait pas la taille exigée. Et n’a jamais été fiancée de rien ! »
HRONIQUE
LA QUÊTEMAI 2022 17 Quand j’étais enfant, la sirène d’alarme qu’on enten dait dans la ville, à heure fixe, prévenait que c’était heure de dynamitage dans les mines d’amiante. Un moment d’inquiétude normal en pensant aux mi neurs sous terre, mais combien loin de la terreur des populations, en guerre. Aujourd’hui, même en se disant que Poutine, l’inva sion de l’Ukraine et les millions de réfugiés sur les routes « c’pas not’problème », personne ne peut éviter la réalité des retombées dont on n’a pas fini de mesurer l’étendue. Chercher quelle maladie mentale perturbe le président russe ou méditer sur l’ouvrage de Pierre Rentchnick Ces malades qui nous gouvernent, ça ne change rien à la tragédie de gens comme vous et moi pour qui les mots « vie normale » n’ont plus de sens. Pour couper court à mes élucubrations, l’amie Valen tine venue m’emprunter mon exemplaire de Contre coup, le dernier roman de Marie Laberge, me lance, « L’inaction des hommes de bien permet au mal de triompher ». Ajoutant que même si on pensait ainsi du temps d’Edmund Burke, il y a 300 ans, ça n’a pas empêché la multiplication des guerres et les révolu tions. « Faut croire que l’humanité manque de gens de bien ou alors, ils n’arrivent pas à savoir quel geste serait bon à poser dans les circonstances. » Elle dit ça en feuilletant un petit livre posé sur l’ou vrage de Marie Laberge. Sous le titre En terrain miné, elle lit « correspondance en temps de guerre » et me regarde, l’air narquois. « T’as trouvé comment conju guer histoire et roman ? »
Courtoisie:Martine Corrivault
MARTINE CORRIVAULT

3- Qui appartient à deux voisins. Autrefois, anciennement. Écornés (EEEBCHRS) 4- Céramique (EEIOPRT). Écarter, perdre. Diminution sur le montant d’une fac ture. Récipient.
7- Prononcer en détachant les mots (AEC DNRS). Petit carré de pâte farci de viande hachée ou de légumes. Simili tude parfaite (EEIIDNTT).
18 MAI 2022LA QUÊTE LA QUÊTE DES MOTS PAR JACQUES CARL MORIN CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT...
Verticalement : 1- Sentiment qui incline à partager les maux et les souffrances d’autrui. 20- Eaux souterraines qui ressortent à la surface. Horizontalement : 1- Chien à trois têtes (EEEBCRR). Épou vantable, ahurissant. Trou d’animal. 2- Partie de débauche. Répandre la gaieté. Nouveau, neuf. Réchauffée légèrement.
5- Petit doigt. Distance entre deux points. Salir.
8- Étonnants, bizarres (SIIOUN). Fauteuil, divan. Bijou porté au doigt. Accord de pensées (SSNNOUI).
6- Pierre sculptée. Faire cesser de brûler. Départ en masse d’une population. Étendue d’eau plus ou moins stagnante.
9- But, finalité. Amulette, porte-bonheur (EEICFHT). Machine, appareil. … plus ultra.
10- Fils du frère ou de la sœur. Blessées, froissées. Pour essuyer. Réponses au jeu p.33

3. La galette des Rois, qui se partage traditionnellement le jour de l’Épiphanie, le 6 janvier, est généralement fourrée à la frangipane. Qu’est-ce que la frangipane ? a. une crème fouettée légère b. une crème pâtissière à base d’amandes c. un mélange de miel et de citron
2. Cet homme n’est pas près d’oublier l’avanie qu’il a subie. Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? a. un revers de fortune qui l’a ruiné b. un vol d’identité c. un traitement public humiliant
4. Semer la zizanie, c’est semer la discorde. L’origine de cette expression se trouve a. dans la bible b. dans un album d’Astérix c. dans une fable de La Fontaine
1. Schizophrénie rime avec avanie, blennie, épiphanie, génie, orthophonie, manie, symphonie, zizanie. Quel est l’intrus dans cette liste ?
7. Iphigénie est une pièce de Jean Racine. Parmi les pièces qui suivent, Andromaque, Bérénice, Britannicus, Horace et Phèdre, une seule n’a pas été écrite par Racine. Laquelle ?
LA QUÊTEMAI 2022 19
« Nounounerie », voilà un mot récemment apparu dans Le Larousse (édition 2022), un mot qui vient du Québec et qui désormais sera connu dans l’ensemble de la francophonie. Un ajout discutable selon certains spécialistes Nounouneriequébécois.
Nounounerie vient de nounoune (féminin de nono), mot employé comme nom ou comme adjectif, que le diction naire québécois Usito définit ainsi : qui est dénué d’intelligence, de jugement ; bête, imbécile, innocent, niais, sot, stupide ; familièrement : niaiseux. Mais Usito ne parle pas de nounounerie…
signifie : bêtise, stupidité, ânerie. Exemple : Dire ou faire des nounouneries.
10. En français, on trouve une trentaine de noms qui contiennent l’élément « manie ». La « syllogomanie » en est un ; que signifie ce mot ? a. l’accumulation pathologique d’objets b. le recours à des raisonnements logiques mais oiseux c. un défaut de prononciation des consonnes labiales FAITES VOS JEUX
9. On appelle polyphonie la combinaison de plusieurs parties dans une composition. Quel est le contraire de la polyphonie ?
DU NOUVEAU SOUS LE SOLEIL « Quand un homme parle à Dieu, on dit qu’il prie. Quand Dieu parle à un homme, on dit de ce dernier qu’il est schizophrène. »
Pour des suggestions, des questions ou des commentaires concernant le français et La langue dans sa poche : hhgodbout@gmail.com
PAR HÉLÈNE HUOT
5. Dans cette revue sur l’alimentation, il est question de la blennie, qui est : a. une boisson onctueuse à base de fruits frais b. une machine qui sert à transformer des grains en farine c. un petit poisson parfois consommé en friture
Thomas Szasz, psychiatre, universitaire et écrivain américain d’origine hongroise (1920-2012)
8. Dans la mythologie grecque, la déesse Harmonie a reçu des dieux un présent qui porte malheur. De quel cadeau s’agit-il ? a. une baguette b. un collier c. un voile
Réponses au jeu p.33 la danslanguesapoche
6. Schizophrénie rime aussi avec Albanie, Californie, Estonie, Jordanie, Lituanie, Pennsylvanie, Roumanie, Slovénie, Tanzanie et Virginie. Connaissez-vous la capitale de chacun de ces États ?
Illustration:BenoitGingras
Il faut dire que j’en menais pas large Mon embarcation prenait le large J’oublierai jamais, de ce moment-là Quand j’avais le sourire par en bas Si les oiseaux ne volent pas haut Alors j’étais sûrement un oiseau Un drôle d’oiseau qui voyait la vie en noir Je voulais voir la lumière au bout du couloir J’avais les idéaux paranormaux J’étais donc un corbeau Au bout de son voyage J’étais perdue, j’en avais perdu mon plumage J’avais le cul par terre J’ai donc consulté à la Clinique dans terre C’était à la hauteur de mes attentes Y’avait pas de file d’attente Ils m’ont dit que j’avais des problèmes dans tête Ça m’a cloué le bec, je suis restée bête Comme je n’avais pas toute la tête là Ils m’ont gardée même si je voulais entrer chezJ’avaismoi peur de ne pas revenir, c’était intermi Ilnableavait le gros bout du bâton, le responsable Affirmant sans cesse que je n’avais plus de Mamaisonparole, j’avais pas juste perdu ma raison J’avais aussi perdu ma dignité C’était de ma faute, je n’avais pas su m’en occuper Comment une telle chose avait bien pu se passer Pourquoi je n’ai rien vu aller Se voir aller, c’est quand les choses ne vont pas si C’estmaldifficile à comprendre quand on ne voit pas son mal Que fait-on pour le mal à l’âme ? Y’a-t-il un remède qui nous répare le crâne ? Devenir un cobaye pour la science Quand je me prendrais juste des vacances Même un tout inclus dans un Club Med Tant qu’à être clouée au lit les cheveux out of the bed J’aurais une impression de liberté Pour mon corbeau qui a cessé de voler Au bout de cinq longs mois, j’avais un nid à Aureconstruireboutdecinq longs mois, à zéro il me fallait Depuisrepartirce jour, je me reconstruis À partir de rien, la fleur au bout du fusil JUDY MILLER
Le corbeau
20 MAI 2022LA QUÊTE

LA QUÊTEMAI 2022 21 Pixabay:photoCrédit
Une nuit blanche
Qui ressemblait à une salle d’isolement Je me suis approché de la porte J’aiJ’aicognéRiencriéRien J’ai pris un élan pour laTropdéfoncersolideImpossible Je me suis mis à pleurer Un crayon a roulé sous la porte J’ai crié : « Qu’est-ce que vous voulez ? » Aucune réponse Alors j’ai passé une nuit à écrire Sur les murs Comme un prisonnier inconsolable FRANÇOIS GAGNON
Il était une fois Un matin ou peut-être un soir Je ne sais pas Je me suis réveillé Dans un endroit inconnu La pièce était vide Les murs blancs Il n’y avait pas de fenêtre Une ampoule éclairait faiblement la pièce





Je t’en prie, mens-moi en pleine face plutôt que de m’étaler ta souffrance, froide comme de la glace. Retourne chez toi et fais ce que tu as à faire. Metstoi du plomb dans la tête, du ciment aux pieds ou tranche-toi les veines, mais garde-moi bien loin de la peine. Bien loin de la peine. De la peine de mort.
Celle qui te fait sentir con ? L’exercice, certainsRemarque,diront Aller courir en pleine parano, Tu cours vite en criss C’est quoi la solution À une vie où t’es jamais seul Dans ta tête
Tais-moi ta souffrance Schizo-Affectif
22 MAI 2022
SinonMaisImaginerCommechroniquemauxFautdesastuces,pasimaginertroprebonjourlaparanoÉquilibrePourdevenirlibre.
Toujours nombreux à faire la fête C’est
pas mon aide, je ne saurais que dire, que faire, en fait… que souffrir. Je ne veux pas souffrir, je t’en prie, voile-toi d’un triste sourire, je t’en prie, apprend à mentir.
Ou alors, si tu as encore la foi, va devant cette Asem blée… nationale, et crucifie-toi. Ne viens pas me mettre entre les jambes ton malaise, si tu choisis de jouer au pendu, je t’en prie, assure-toi de gagner cette partie-là sans aucun dû. Tu veux mettre fin à tes jours et à tes nuits. Ton plan à peine voilé, je ne veux pas l’entendre. Je n’en veux pas de cette responsabilité.
LA QUÊTE Je t’en prie, dis-moi que tu vas bien, je t’en prie, dis-moi que ce sera mieux Accommode-moi,demain.sois raison nable, voile-moi cette souf france que je ne peux voir. Cache-la, reste chez toi, en ferme-la à double tour. De toute façon, tu n’as pas honte de l’étaler au grand jour. Je te le dis, personne, non personne ne veut voir ta souffrance. Elle ne fait que nous mettre mal à l’aise. Elle nous enlève les mots de la bouche, elle nous pèse sur le cœur et pire… elle est un miroir de notre propre Surtout,noirceur.nemedemande
De toute façon, si on m’interroge, je répondrais que je ne savais pas, que je ne me doutais de rien, que je n’avais rien vu ni entendu. Que seul ton silence m’avait frappé, pourtant on dit que le silence est d’or, mais aussi souvent dort dans le silence de lourdes souffrances, qui par honte, n’osent s’étaler devant J’auraisl’assistance.aimé mieux ne pas te connaître inconnu, je te préfère inconnu, j’aurais moins souffert.
ÉRIC TRUDEL Apprivoiser une IndomptablemaladieImpalpable Qui te fait maudire ta vie Ça demande du courage Mais des courageux, y’en a la pelletée C’est quoi qui fait la différence Dans notre démence La médication ? Celle qui t’assomme pour de bon ? La psychothérapie ?
CYNTHIA DIONNE
GingrasBenoitIllustration:

LA QUÊTEMAI 2022 23 La SoitDeTantDesEtDansÀDansApprends-moiSchizophrénieÀDésillusionsAvecParanoïaSansHallucinationsElleBourreauMilleElleSansMilleElleAssassinAmanteMonschizophrénieennemiechroniquechaotiquemefaitvoirmerveillespareilmefaitcroiremensongesdemonespritnemelaisseaucunrépitpardonçalaconàvalsermapsychém’envolermesidéesàconstruiresoiréesderiresqu’àfairepartiemaviedoncmonamie. CYNTHIA DIONNE Schizo Shutterstock:photoCrédit

BERNARD
? Désenjoliveur
Clinique Roy-Rousseau1, Limoilou, quelque part dans le temps… avant 2014 — Ça crie, ça hurle, ça pète sa coche pis c’est enfermé en salle d’isolement. Ça frappe dans les murs, dans la porte, ça crie, ça hurle, pis épuisé.e, ça se couche sur le seul matelas faisant office de mobilier. À moins que, s’automutilant, la personne dangereuse pour elle-même n’ait été attachée avec des courroies, des straps, sur le lit de fer, pour lui enlever la possibilité de se défaire les poings contre le ciment du plancher ou de se péter la tête contre les 4 murs. Ici, il n’y a pas de fenêtre qui donne sur l’extérieur, seulement une dans la porte pour permettre aux soignants intervenants de surveiller l’évolution de la personne aux prises avec elle-même. Une chance qu’il y a du personnel héroïque formé pour réagir avec un minimum de dégâts. Du personnel pour qui ce travail est une vocation, du personnel profondément humain, malgré les apparences, parfois. Puis l’orage passe, la tempête diminue, et le/la patient.e respire. Bien souvent après avoir vidé son corps d’eau, sous forme de larmes, qui sont les soupapes de l’âme. Maladie de l’âme, pro blématique de santé mentale, c’est dur à vivre, à traverser la première ou la énième crise. Puis, le cycle se termine, un autre cycle recommence vers le rétablissement. On reprend sa vie « normale », un peu écorché, certes, mais plus riche d’une autre expérience, d’un autre épisode, où on apprend. On est paré, parce qu’on développe notre coffre d’outils de solutions en santé mentale . Et puis, il y a les compagnons d’infortune, d’autres T.P.L., impatients du moment, qui partagent la vie sur le même département… Et leur solidarité soigne l’oiseau tombé du nid. Solidarité d’un sourire, d’une oreille, quelques chips, un café, une cigarette, un bout de chocolat, quelques blagues et la paix revient sur le département… jusqu’à la prochaine crise… d’un autre T.P.L. nouvellement arrivé. ST-ONGE T.P.L. du quotidien les T.P.L. La clinque Roy-Rousseau a été complètement rasée en 2014 pour faire place à un stationnement. photoCrédit:Burst
1
24 MAI 2022LA QUÊTE
Chez




guerre MICHEL DESLAURIERS Les enfants de la lumière Shutterstock:photoCrédit Québec 418 627-8882 • Montréal 514 393-0103 • Ailleurs au Québec 1-877 393-0103 LA QUÊTE EST DIFFUSÉE PAR TÉLÉPHONE VIA
impeccable
à
du
Des enfants de la lumière qui auront su rester fiers Pour conserver l’essentiel cœur Qui est d’aimer toute heure Sans sans
Plaire aux petits de notre temps C’est alors que sans armes D’angéliques visages Les renverseront sans peur Avec leurs larmes inviolables C’est la chanson
LA QUÊTEMAI 2022 25 Une journée comme bien d’autres Quand tous les grands de la planète Échoueront leurs bateaux vedettes Sur un rocher parmi d’inconnues côtes
Le soleil brillera comme un grand Pour éclairer ses visages d’orgueilleux Qui n’ont jamais su d’un air joyeux
torture et


écouter cette chan son sur la page Facebook du magazine de rue La Quête Un peu plus… un peu moins (Chanson) Pixabay:photoCrédit
Un peu plus de guitare Un peu moins de fusils Un accord de départ Et la guerre est finie Un peu plus de guitare Un peu moins de fusils Comme il n’est pas trop tard Nous resterons amis Des soldats vont partir En pays MaisCertainsinconnuvontrevenircombienjamais plus… Un moins de pétard Et plus de confettis Un peu moins de brancards Un peu moins d’ennemis Faudrait que la grenade Ne soit pas plus qu’un fruit Faudrait que les canons Nous tirent des chansons Des soldats vont partir En pays inconnu Au Jour du Souvenir Ils seront attendus… Un peu plus de colombes Un peu moins de missiles Et un peu moins de tombes Dans les villages et villes Un peu plus de colombes Et qu’un beau jour leur ombre Effraient tous les faucons Envolés pour de bon Des soldats vont partir En pays inconnu Dans un court avenir Resteront méconnus… Un peu plus de quadrilles Airs de fraternité Un peu moins de bisbille Et de chassé-croisé Un peu moins de guerriers Et plus de troubadours Et moins de prisonniers Sans amis, sans amours Des soldats vont partir En pays
26 MAI 2022
Un
AvantAhEnDesMaisUnPourUnDansEtEtUnD’autresCertainsinconnuserontmartyrsdesdisparus…peumoinsdedécretsplusdecalumetsmoinsdepistoletsledosdésormaispeumoinsdemémoireunpeumoinsd’exploitspeuplusdevictoiresavantlescombatssoldatsvontpartirpaysinconnu!s’ilspouvaients’enfuird’êtreabattus… peu plus d’amnisties Un peu moins de conquis Et moins de conquérants De pays, de patrie Ni gagnants ni perdants Ni vainqueurs ni vaincus Car la force absolue Est un pouvoir d’antan Des soldats vont rester Leur femme et leurs enfants Vont chanter et danser Avec pouvez
LA QUÊTE
le EtLesEtToujoursPlusBeaucoupToujoursToujourscommandantplusdeguitaremoinsdefusilsplusdefanfaresjamaisd’ennemismoinsdepétardplusdeconfettisarmesaucimetière!plusjamaislaguerre! ARMAND LABBÉ NDRL : Vous

Les œuvres de Michel, remplies de respect et de poésie, représentent des constructions — la basilique-ca thédrale Notre-Dame de Québec, le Capitole, le Château Frontenac, le Diamant, l’Édifice Price, l’église Saint-Matthew, la belle petite église Notre-Dame-des-Victoires de la Place Royale, la fontaine Wallace, la gare du Palais, l’Hôtel Loews Le Concorde, le Kirk Hall, la maison Dorion-Coulombe, la Maison du Gar dien, La maison Cornelius-Krieghoff, la Maison de la littérature, le Marché de Noel allemand, la porte SaintJean, la porte Saint-Louis. — des goélettes — le Bluenose, le Gorch-Fock, l’Empire Sandy — et des person nalités marquantes de notre histoire — Raoul Hunter, Joe Mallone et Victor Delamarre des héros du sport, et un déneigeur de toits. Enfin, il y a Nelly, cheval de calèche qui pose fièrement devant le château Frontenac.
LA QUÊTEMAI 2022 27
Chacun des tableaux de Michel mérite toute notre attention, car ils contiennent plusieurs petits détails très bien dessinés, comme les pierres, les fenêtres, les lucarnes, les portes des maisons historiques de Québec, les pavés des rues, les trottoirs de la ville ; les petits hublots et les grandes voiles du grand voilier qui se déploient face aux vents de notre fleuve Saint-Laurent, avec sa belle couleur bleu marine. C’est une vraie invitation aux voyages et un beau souvenir de la venue de nos ancêtres français. En tout cas, Michel Deslauriers mérite notre admiration, nos encouragements et notre respect pour ses beaux talents artistiques. Pour ma part, je lui souhaite une bonne continuité et une grande reconnaissance de sa belle personnalité et de sa sincère humanité et modestie.
CHRISTIANE VOYER
DeslauriersMicheldeoriginalePeinture
Dans notre magazine La Quête de décembre 2021- janvier 2022 parais sait l’article Ma ville, ma bien-aimée, à la page 17. En fait, il s’agis sait de la description de l’exposition de Michel Deslauriers au Château Laurier. Le 4 février, j’ai eu le bonheur d’admirer ses magnifiques créations en sa présence et d’avoir ses explica tions personnelles pour chacune d’elles. J’ai pu percevoir tout le temps, la patience, la minutie, ainsi que son état d’âme, son cœur et sa spiritualité de ses créations. Michel aime avec passion la belle ville de Québec. Je connais Michel depuis plusieurs années, et j’admire ses talents artistiques. J’ai été émue de voir que ses créations sont sur des cercles en bois, portant le nom de tondi. J’ai rapi dement fait un lien avec les mandalas qui sont un merveilleux symbole du Cercle de la Vie et de ses expressions sous toutes ses formes. Moi-même, j’aime beaucoup créer des mandalas ou en colorer dans des cahiers : c’est une bonne détente et un beau passe-temps !
Les créations de Michel

FAUX. Il est vrai que les glucides contenus dans les ali ments comme les pâtes, les patates, le pain, les fruits, etc. peuvent faire monter la glycémie, car ce sont eux qui se transforment en glucose que le corps utilise comme source d’énergie. Par contre, les glucides sont essentiels pour que nos cellules fonctionnent, en par ticulier celles du cerveau qui sont très sélectives avec le carburant qu’elles utilisent. Certains aliments riches en glucides peuvent causer une augmentation très im portante de la glycémie, comme les jus ou boissons gazeuses ou les sucreries, tandis que d’autres, moins. En effet, un aliment qui contient des fibres (légumes, fruits, légumineuses, produits céréaliers entiers, noix et graines), accompagné d’une protéine (viande, vo laille, poisson, légumineuses, œufs, lait…) élèvera moins la glycémie [7]. Par exemple, un bol de pâtes blanches avec sauce tomates augmentera probable ment plus le taux de sucre qu’un bol de pâtes brunes avec une sauce aux lentilles ou à la viande. Finale ment, on pourrait penser que les personnes vivant avec le diabète ne peuvent pas manger de sucre. C’est également faux, surtout si elles ont en général un bon contrôle de leur glycémie grâce à un mode de vie sain et une médication adéquate. Par contre, il est quand même recommandé de manger ces aliments moins souvent, car ils contiennent beaucoup de calories et peu de vitamines et minéraux. Le diabète peut rendre aveugle.
VRAI OU FAUX
MYTHES ET RÉALITÉ SUR LE DIABÈTE
VRAI. Chez les personnes qui sont trop souvent en hyperglycémie, le sucre trop élevé dans le sang peut endommager plusieurs organes au fil des années. Par exemple, il peut attaquer différentes structures des yeux et augmenter le risque de glaucome, de cata ractes ou même rendre aveugle [3]. Heureusement, on peut prévenir et traiter ces affections de l’œil avant qu’il ne soit trop tard en visitant un professionnel de la santé annuellement. D’autres complications d’un diabète mal contrôlé peuvent inclure la neuropathie, lorsque les nerfs sont touchés. Comme les nerfs sont
VRAI. Le diabète de type 2 est une maladie chronique de plus en plus répandue dans la population. Plu sieurs facteurs font en sorte qu’on peut le développer, dont quelques-uns que l’on peut contrôler (jusqu’à un certain point). Par exemple, les mauvaises habitudes alimentaires – manger surtout des aliments transfor més très gras, salés et sucrés, le manque d’activité phy sique, le tour de taille élevé et le surpoids sont tous des facteurs qui augmentent le risque de devenir dia bétique. D’autres conditions comme l’âge (plus de 40 ans), être un homme, les gènes ou l’origine ethnique sont d’autres facteurs qui augmentent nos risques, mais qu’on ne peut pas contrôler [2]. Les personnes diabétiques doivent couper les glucides (sucres).
Le diabète de type 2 est une maladie où le corps n’arrive plus à bien contrôler la quantité de sucre contenue dans le sang, appelée glycémie. Le pro blème est causé par un mauvais fonctionnement de l’insuline, l’hormone qui sert à faire entrer le sucre (glucose) contenu dans le sang à l’intérieur des cel lules du corps pour les nourrir. On dit qu’on est ré sistant à l’insuline. Voici une série de vrais ou faux inspirés de mythes et réalité pour mettre à l’épreuve vos connaissances sur le diabète et possiblement vous permettre d’en ap prendre plus sur cette maladie très répandue.
Les personnes vivant avec le diabète ne peuvent pas faire de sport. FAUX. Au contraire, l’exercice physique aide la ges tion de la glycémie. Il peut aider à prévenir le diabète ou à faire baisser le taux de sucre quand une personne est en hyperglycémie (quand la quantité de sucre dans le sang est trop élevée) [4]. Par contre, il peut être né cessaire de manger avant de faire de l’exercice pour éviter de tomber en hypoglycémie (taux de sucre trop bas). Cela dépend des médicaments que le diabétique prend. Les changements d’habitudes de vie peuvent diminuer de 60% les chances de développer le diabète de type 2.
28 MAI 2022
LA QUÊTE


7. Roberts, S., Desbrow, B., Grant, G., Anoopku mar-Dukie, S., & Leveritt, M. (2013). Glycemic response to carbohydrate and the effects of exercise and protein. Nutrition, 29 (6), 881 –https://doi.org/10.1016/j.nut.2012.12.022885.
Centre femmes aux 3 A de Québec Pour la réorganisation sociale des femmes Téléphone : 418 529-2066 Télécopieur : 418 reception@cf3a.ca529-1938www.cf3a.caG1L 2R6Québec (Québec)270, 5 Rue,e AccueilAideAutonomie
MYRIAM KASSI étudiante en nutrition
2022 29
6. Diabète Québec. (Septembre 2020). Les maladies cardiovasculaires. Les références 2 à 6 sont tirées du https://www.diabete.qc.casite
LA QUÊTEMAI responsables de transmettre les sensations du corps au cerveau, la neuropathie peut entraîner de la dou leur aux membres, des fourmillements, ou une perte de sensation [1]. L’hyperglycémie augmente aussi le risque de maladies cardiovasculaires comme la crise cardiaque et l’AVC, car il favorise le développement de plaques de cholestérol dans les vaisseaux sanguins [6]. Le sang circule donc moins bien et parfois, la plaque peut se décoller du vaisseau et aller se coin cer dans un plus petit vaisseau: dépendamment de la région où ça coince, l’organe comme le cœur ou le cerveau peut manquer d’oxygène et perdre une partie de ses cellules, diminuant son fonctionne ment. Les reins, qui filtrent le sang et éliminent les déchets que le corps produit, sont aussi très fragiles et peuvent arrêter de fonctionner avec le temps. En fin, plusieurs autres problèmes de santé peuvent être plus fréquents chez la personne diabétique comme les infections urinaires et la dysfonction érectile. Des cas très graves peuvent mener à l’amputation d’un ou des membres inférieurs. [5] Les personnes vivant avec le diabète doivent suivre un régime strict.
2. Diabète Québec. (Novembre 2021). Le diabète de type 2.
4. Diabète Québec. (Mars 2021). Les bienfaits de l’activi té physique.
FAUX. Il existe plusieurs manières de manger pour ai der le contrôle de la glycémie, par exemple la diète mé diterranéenne, la diète végétarienne, la diète DASH, etc. Ces modes d’alimentation ont en commun de donner beaucoup de place aux légumes, aux produits céréaliers à grains entiers (riz brun, pâtes brunes, pain brun, quinoa, orge, avoine…), aux légumineuses (pois chiches, lentilles, haricots rouges…), aux fruits, aux noix et aux produits laitiers (faibles en gras particuliè rement). Dans la diète méditerranéenne, on retrouve aussi le poisson en bonne quantité. L’autre particulari té est le fait qu’elles limitent les viandes rouges et char cuteries, les aliments transformés, la friture, les des serts sucrés, les boissons gazeuses et l’alcool en excès. La règle générale pour une alimentation équilibrée est de garnir la moitié de l’assiette avec des légumes en guise de fibres, vitamines et minéraux, le quart avec des féculents pour nous donner de l’énergie (patates, produits céréaliers) et le dernier quart sous forme de protéines pour nourrir nos muscles [1].
1.RéférencesDiabetes Canada Clinical Practice Guidelines Expert Committee. (2018). Diabetes Canada 2018 Clinical Practice Guidelines for the Prevention and Manage ment of Diabetes in Canada. Can J Diabetes.42(1). https://guidelines.diabetes.ca/browse1-325.
3. Diabète Québec. (Janvier 2019). Le diabète et l’œil.
5. Diabète Québec. (2022). Les complications.

Nous sommes emballé.e.s par notre mission et notre orga nisme est voué à faire de belles et grandes choses. Viens te joindre à nous ! N’hésite pas à parler de nous à ton entou rage qui cherche une mission.
La Brigade
Coordonnatrice : Danielle Pearson Courriel : brigadedentraide@gmail.com d’entraide : un beau défi à relever !
PearsonDaniellecourtoisie:Photo
Tu seras payé.e au salaire minimum, soit 14,25 $/h à partir du 1er mai. Si tu es bénéficiaire de l’aide sociale, il n’y pas de problème, on en tiendra compte : tu peux travailler 13 heures par mois sans être pénalisé.e.
Une fois par mois, tou.te.s les travailleur.se.s se réunissent pour discuter de leur implication, des missions exécutées et faire une auto-évaluation individuelle de leur travail. Des supervisions individuelles et constructives te seront offertes deux fois par année.
La Brigade d’entraide a été fondée en 2018, mais a débuté ses activités en septembre 2020. Pourquoi le nom Brigade d’entraide ? Parce que nous nous déplaçons à plusieurs, comme une brigade, dans les logements pour offrir de l’aide aux locataires dans un contexte de solidarité. Les ser vices que nous offrons sont : grand ménage, aide au désen combrement, aide au déménagement et aide pour la pré paration à la venue de l’exterminateur pour les punaises de lit et autres vermines. Les services de la Brigade d’entraide sont gratuits et apportent une solution humaine et rapide à un problème grave. Nos services : pour qui ? Nos services s’adressent aux locataires qui habitent en appar tement subventionné : HLM, Coopérative, PSL privée, OBNL, Programme supplément logement (PSL). Pour avoir accès aux services de la Brigade d’entraide, le locataire doit être recommandé par un des trois organismes référents qui sont L’Archipel d’Entraide, Pech et le programme Clés en main. Le service doit être demandé par un intervenant qui a un suivi actif avec le locataire. Ce suivi est essentiel, car lors de nos interventions le locataire doit se sentir soutenu et accompagner dans sa démarche. Après notre visite, l’inter venant, qui a un lien de confiance avec le locataire, sera le mieux placé pour l’aider à maintenir les actions entreprises par la Brigade d’entraide. Le travailleur : ça pourrait être toi ! Tu recherches un milieu de réinsertion socioprofession nelle ? Tu as déjà vécu des expériences similaires aux lo cataires que nous aidons ? Tu aimes faire du ménage, du travail concret et des tâches parfois difficiles ? Tu es diplo mate, bienveillant.e, responsable et ponctuel.le ? Tu as le goût de faire une vraie différence dans la vie de locataires ? Tu as envie de travailler de pair avec les intervenants, de redonner espoir et dignité aux locataires en situation de crise résidentielle et d’éviter qu’ils ou elles ne se retrouvent à la rue ? Tu aimes travailler en équipe ? Tu voudrais avoir un revenu d’appoint ? C’est le temps de faire le saut et de communiquer avec nous, car nous sommes en période de recrutement. Un milieu de travail, une expérience de vie À l’embauche, tu recevras une formation qui t’outillera pour faire des missions dans des contextes variés et des milieux parfois insalubres. Lors de tes déplacements, tu seras ac compagné par une employée d’expérience qui te supervi sera et te soutiendra.
30 MAI 2022LA QUÊTE D’après les résultats d’une étude menée dans la ville de Québec en 2015-2016 par l’organisme Clés en main, quelque 1300 locataires subventionnés nécessitaient un accompagnement pour se maintenir en logement. L’état du logement, principalement l’insalubrité, est un facteur important d’instabilité résidentielle. On entend par là, des problèmes en lien avec l’encombrement, l’insalubrité, l’infestation et le rangement. Il est parfois difficile de faire face à ses situations, quand on vit des enjeux de santé mentale ou qu’on est à faible revenu. Souvent, on n’a pas les outils nécessaires, l’énergie, les capacités ou les moyens financiers pour s’occuper du problème. Les locataires d’appartement subventionnés qui perdent leur subvention doivent attendre trois ans avant de refaire une demande. Ces personnes sont à risque de retourner en situation d’itinérance ou de précarité résidentielle. La Bri gade d’entraide est née de cette prise de conscience des organismes du milieu, dont le programme Clés en main et Croissance travail. Qui sommes-nous ?
Pour tout renseignement, vous pouvez communiquer avec La Brigade d’entraide : 581 745-4306

MAI 2022 31
Une plume ou un crayon, mais un clavier alors!
la fortune, il lui suffisait d’un croissant de lune et que son « super » don Juan lui chante toute la vie de tous les printemps.
L’histoire est faite de toutes ces histoires. Certaines inconnues, d’autres trop connues, mais tous, si elles étaient mises à nue, nous ferait tomber des nues.
SYLVAIN ROUILLARD
Elle était demeurée peace and love hippie. Son existence, elle l’avait consacrée à ses amis et, malgré qu’elle avait vieilli, son cœur savait encore vibrer avec bonheur et Peuharmonie.luiimportait
PhotosStockDreamstimeBernhardsenCristina:photoCrédit
LA QUÊTE Hippie
photoCrédit: QuêteLa
Faire un pas et penser autrement, vivre autrement fait jaillir une certaine crainte, car l’esseulement, se pointant à l’horizon, vient dire combien fragile nous sommes. Espérant que ces quelques mots puissent faire Merciresurgirlavie.d’être.
Certains piétinent les fleurs, d’autres les contemplent, certains en sont indifférents, d’autres connaissent les différences, mais pourtant, oui pourtant, ce sont des fleurs. Chaque être à son histoire et chaque histoire à son être.
Du mois de mai, alors que le soleil brille, elle offre son cœur de jonquille à tous les artisans de paix que cessent les absurdes impérialismes, voilà son souhait. Au bruit cacophonique des sifflets de missiles, elle préfère de belles musiques sereines et Elletranquilles.veutla fin des barbares dictatures et le stop d’indignes tortures. GAÉTAN DUVAL CERTAINS LESPIÉTINENTFLEURS


Maison Revivre Hébergement pour hommes 261, rue Saint Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523 maisonrevivre.weebly.commaison.revivre@gmail.com4343
Recyclage Vanier Emploi et formation (manutentionnaire, aide camionneur, préposé à l’entretien) 1095, rue Vincent Massey, Québec tél.. : 418 527 8050 poste 234 www.recyclagevanier.com LaProstitutionMaisonde Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Tél. : 418 523 www.maisondemarthe.cominfo@maisondemarthe.com1798 P.I.P.Q. Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 www.pipq.orgpipq@qc.aira.com641.0168
Centre de jour Relais d’Espérance Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522 3301 Rendez vous Centre ville Centre de jour 525, rue Saint François Est, Québec Tél. : 418 529 2222 Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418 688 4240 ecrivez www.centredecrise.comnous@centredecrise.com
Réinsertion sociale Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525 6187 poste 221 www.campo.orgcarrefour@capmo.org Fraternité de l’Épi Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint François Est, Québec Tél. : 418 523 1731 Maison Dauphine Pour les jeunes de 12 à 24 ans 31, rue D’Auteuil, Québec Tél. : 418 694 www.maisondauphine.orgcourrier@maisondauphine.org9616
Centre Communautaire l’Amitié Milieu de vie 59, rue Notre Dame des Anges, Québec Tél. : 418 522 www.centrecommunautairelamitie.cominfo@centrecommunautairelamitie.com5719 Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682
Soupe populaire Café rencontre Centre Ville 796, rue Saint Joseph Est, Québec (Déjeuner et dîner) Tél. : 418 640 0915 Maison de Lauberivière (Souper) 485, rue du Pont, Québec Tél. : 418 694 9316
MaisonHébergementdeLauberivière Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 485, rue du Pont, Québec Tél : 418 694 www.lauberiviere.orgaccueil.hommes@lauberiviere.org9316
SQUAT Basse Ville Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre Dame des Anges, Québec Tél. : 418 521 www.squatbv.comcoordo@squatbv.com4483
Centre de prévention du suicide 1310,1 re Avenue, Québec Tél. : 418 683 4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca Tel Aide Québec Tél. : 418 686 www.telaide.qc.ca2433
Le Cœur à lire 177, 71e Rue Est, Québec Tél. : 418 841 www.lecoeuralire.cominfo@lecoeuralire.com1042 Lis moi tout Limoilou 3005, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 647 lismoitout@qc.aira.com0159
Insertion professionnelle À l’aube de l’emploi (Lauberivière) Formation en entretien ménager alaubedelemploi@lauberivie418485commercial/buanderie,rueduPont,Québec6949316poste248re.org
Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 945, rue des Sœurs de la Charité Tél. : 418 692 1762 Santé CentrementaleSocialde la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683 info@centresocialdelacroixblanche.orgcentresocialdelacroixblanche.org3677
La Maison l’Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650
La Marée des mots 3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667 membre.oricom.ca/lamareedesmotslamareedesmots@oricom.ca1985
Tel Jeunes Tél. : 1 800 263 2266 www.teljeunes.com
www.maisoneclaircie.qc.cainfo@maisoneclaircie.qc.ca1076
Le Pavois 2380, avenue du Mont Thabor, Québec Tél. : 418 627 9779 Téléc. : 418 627 2157 Le Verger 943, av. Chanoine Scott, Québec Tél. : 418 657 www.leverger.ca2227 Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522 3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522 3283 Parents Espoir 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418 522 7167 Service d’Entraide l’Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842 seei@videotron.ca9344www.servicedentraide espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529 relaislachaumine.orgchaumine@bellnet.ca4064
www.entraideemotions@qc.aira.com6070emotions.org
Gîte Jeunesse Hébergement temporaire garçons 12 à 17 ans Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666 3225 Résidence de Sainte Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652 9990 YWCA Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes Tél. : 418 683 www.ywcaquebec.qc.cainfo@ywcaquebec.qc.ca2155
La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523 www.laboussole.calaboussole@bellnet.ca1502
32 MAI 2022LA QUÊTE Références communautaires Service d’information et de référence qui vous dirige vers les ressources des régions de la Capitale Nationale, de la Chaudière Appalaches Tél. : 2 1 1 Aide ADDSsociale Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525 4983 Aide aux femmes Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Formé pour vous épauler ! 418 648 2190 ou le 1 888 881 7192 Centre femmes aux trois A Pour la réorganisation sociale 270, 5e Rue, Québec Tél. : 418 529 2066 www.cf3a.ca Centre femmes d’aujourd’hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651 4280 c. www.centrefemmedaujourdhui.orgf.a@oricom.ca Rose du Nord Regroupement des femmes sans emploi 418 622 www.rosedunord.org2620 Support familial Flocons d’espoir Écoute et aide pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous sol, porte 4 Tél. : 418 683 8799 ou 418 558 2939 flocons.espoir@videotron.ca AlphabeilleAlphabétisationVanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527 www.alphabeille.cominfo@alphabeille.com8267 Atout lire 266, rue Saint Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524 www.atoutlire.caalpha@atoutlire.ca9353
AlToxicomanieAnonetAlateen Tél.Alcoolisme:418990 2666 www.al anon alateen quebec est.ca Amicale Alfa de Québec 75, rue des Épinettes, Québec Tél. : 418 647 alphadequebecinc@videotron.1673ca Point de Repères 225, rue Dorchester, Québec Tél. : 418 648 www.pointdereperes.com8042 VIH MIELSSidaQuébec Information et entraide dans la lutte contre le VIH sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649 1720 Ligne Sida aide : 418 649 0788 www.miels.orgmiels@miels.org
2. La biothèque sert à la conservation du matériel biologique (prélèvements sanguins, cellules souches, etc.).
6. F. Le ministère a pris son nom actuel « Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques » en octobre 2018.
5. A. Amita Kuttner est depuis novembre 2021 la cheffe intérimaire du Parti Vert du Canada ; elle succède à Annamie Paul qui elle-même avait succédé à Elizabeth May.
7. Partie de scrabble : AABHITT = HABITAT ACEEOTX = ÉCOTAXE AEELNPT = PLANÈTE AEILQUT = QUALITÉ CEEGNUR = URGENCE CEEIOST = SOCIÉTÉ DEEEFNS = DÉFENSE EEMSSTY = SYSTÈME
3. Vrai.
1. C. L’organisation a été fondée par des militants pacifistes et écologistes qui avaient, en 1969, créé le groupe antinucléaire « Don’t Make a Wave Committee » et qui ont décidé en 1971 de renommer leur association. Le nom choisi témoigne de leur double préoccupation : environnement + pacifisme.
LA QUÊTEMAI 2022 33 Merci À TOUS PARTENAIRESPRÉCIEUXNOS ! PARTENAIRES OR • Centraide PARTENAIRES ARGENT • CKRL FM 89,1 • Les Impressions Stampa PARTENAIRES BRONZE • Audiothèque • CSQ • Centre Femmes aux 3A • Intermarché St-Jean • Service Harmonia • Syndicat canadien de la fonction publique INCONDITIONNELSPARTENAIRES • Bal du Lézard • Maison Revivre PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM • Claude Gallichan, chiropraticien • Yves Boissinot RÉPONSES FAITES VOS JEUX RÉPONSES LA QUÊTE DES MOTS
4. Le nom vient de Gro Harlem Brundtland, une femme d’État norvégienne (née en 1939), qui a présidé, pour le compte des Nations Unies, les travaux de cette Commission mondiale sur l’environnement et le développement.


Un proche ne peut pas vous représenter au TAL, seul un avocat peut le faire. Pourtant, un avocat de l’aide juridique ne se déplacera pas pour de petites causes, même si elles vous causent un préjudice important. Une personne jugée apte peut tout de même avoir une déficience intellectuelle, avoir une faible littératie ou simplement avoir de la difficulté à comprendre toutes les subtilités du tribunal. Qu’est-ce qui arrive quand elle vit une injustice et apprend qu’elle devra se dé fendre elle-même parce qu’elle n’a pas les moyens de se payer un avocat ? Souvent, elle abandonne les dé marches à cause de toute l’anxiété que cela peut créer.
EST-CE QUE LA JUSTICE EST RÉELLEMENT ACCESSIBLE POUR TOUS ?
Quand vous vous informez, on vous répond qu’il faut attendre que la faute soit commise pour agir. Un jour, vous arrivez chez vous, et tous vos biens, endomma gés, sont sur le trottoir et la serrure de votre logement a été changée. Commencent les démarches pour trou ver un autre endroit, pour remplacer vos biens es sentiels, pour récupérer vos médicaments, etc. Vous pourriez louer une autre chambre, mais nous sommes au début du mois, vous avez déjà donné 450 $ de votre chèque de 726 $ à votre propriétaire qui refuse de vous rembourser. La seule solution : aller à Lauberivière, s’il y a de la place. Le mois suivant, après avoir fait plu sieurs démarches pour trouver un autre logement, pensez-vous que vous auriez l’énergie de vous lancer dans des poursuites ? En plus de l’énergie que cela vous demande d’être déjà en situation de survie, vous savez que ce sera votre parole contre celle du propriétaire et vous n’avez plus vraiment confiance au système qui vous a trop souvent laissé tomber. En résumé, les raisons sont nombreuses pour ne pas entreprendre de démarches ou pour les abandonner.
VIVRE EN MAISON DE CHAMBRES PAS FACILE DE FAIRE VALOIR SES DROITS
34 MAI 2022
BEAUCOUP D’ÉNERGIE EN PÉRIODE D’INSTABILITÉ Imaginez-vous être dans une situation où votre pro priétaire menace de vous expulser de façon illégale ?
MÉCONNAISSANCE
Tous les propriétaires de maisons de chambres ne sont pas de mauvais propriétaires, mais les situations que nous rencontrons au CMCQ ont souvent des conséquences désastreuses sur la vie des personnes concernées. C’est pourquoi nous accompagnons les personnes qui le souhaitent en tentant d’alléger le poids des injustices. Et avons-nous mentionné que les chambreurs ont des droits ?!!!
DES DROITS DES CHAMBREURS Avant de parler des abandons et des difficultés des démarches, parlons d’abord de la connaissance de ses droits. Si on croit qu’on n’a pas de droit, va-t-on ten ter de les défendre ? Une de nos priorités au CMCQ est toujours de faire connaître les droits des cham breurs. Une chambre, c’est un logement, câline ! Un chambreur est un locataire, il a donc tous les mêmes droits qu’une personne en appartement, même s’il n’a pas de bail écrit. Le propriétaire lui remet les clés et accepte son paiement ? C’est une belle preuve qu’il est bien locataire et il a alors un bail verbal qui lui confère tous les mêmes droits qu’un bail écrit. C’est un travail constant de le répéter et nous nous faisons un plaisir de casser les oreilles à qui veut bien nous entendre. Pour ceux qui ne veulent pas nous écouter ? On va le dire encore plus fort !
LA QUÊTE Si vous avez déjà eu affaire au Tribunal administra tif du logement (TAL), anciennement appelé la Régie du logement, vous savez que les démarches peuvent être très lourdes et complexes. Depuis la création de son service d’accompagnement, le Comité Maison de chambres (CMCQ) n’a entamé aucune démarche auprès du TAL. Ce n’est pas parce que les causes n’en valaient pas la peine, détrompez-vous ! Il y a plusieurs raisons qui font qu’il est difficile de mener ces dé marches à terme, en voici quelques-unes.
Vous êtes à grand risque de vous retrouver à la rue. Vous ne voulez pas perdre votre logement, mais il n’y a pratiquement pas d’action possible avant l’expulsion.
190, rue Saint-Joseph Est, Québec (Québec) G1K 3A7 • 418 522-4040
Le Comité Maison de chambres de Québec (CMCQ) est un organisme communautaire qui oeuvre à l’amélioration des conditions de vie pour les personnes vivant en maison de chambres. Il est riche de la présence et de l’expertise de l’ensemble des partenaires avec qui il collabore, dont des chambreurs et anciens chambreurs, qui sont au coeur des prises de décisions et orientations du CMCQ depuis ses débuts.
!

LA QUÊTEMAI 2022 35 Hébergement




17 015 465 $ afin de ne laisser personne derrière. Merci d’avoir contribué au grand succès de la campagne 2021 !