

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente – sur la rue ! – par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.
L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.
Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots. SUIVEZ-NOUS
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Illustration de Sarah Arnal
Conception graphique : Laurie Veilleux
ÉDITEUR
Archipel d’Entraide
ÉDITEUR PARRAIN
Claude Cossette
RÉDACTRICE EN CHEF
Francine Chatigny
DIRECTRICE DE L’INFORMATION
Valérie Gaudreau
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Isabelle Noël
CHRONIQUEUR.SE.S
Philippe Bouchard, Martine Corrivault, Claude Cossette, Mathieu Rioux et Marc Émile Vigneault
JOURNALISTES
Gabrielle Cantin, Maria Juneau, Magnolia Komsky, Mélodie Langevin, Gabrielle Pichette et Philippe Marier-Verret
AUTEUR.E.S
Gaétan Duval, François Gagnon, Michel Kovar, Mad Âme M, Judy Miller, Michel Potvin et Véronique Rivard
AUTEUR DU JEU
Jacques Carl Morin
BÉDÉISTE
Martine Lacroix
RÉVISEUR
Benoit Arsenault et Marie-Hélène Gélinas
INFOGRAPHISTE
Laurie Veilleux
IMPRIMEUR
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La Quête, Québec, Canada, 2014
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Poète collaborateur à La Quête depuis de nombreuses années, Gaétan Duval a proposé que l’on consacre un numéro à l’intelligence artificielle (IA). Cette fameuse intelligence investit toutes les sphères de nos vies… en commençant par nos histoires d’amour.
Maria Juneau et Gabrielle Cantin se sont intéressées à l’application Volar qui promet de vous éviter les moments malaisants de la première rencontre. Comment ? En laissant votre avatar faire les premiers pas. Si l’application séduit, elle soulève aussi des questions sur la protection de nos données personnelles.
Respect de la vie privée, éthique, censure : ces enjeux sont omniprésents quand il est question de Web, de réseaux sociaux, et d’IA. Mélodie Langevin s’est penchée sur la question avec Martin Gilbert, agent de recherche en éthique de l’IA et des données massives et auteur de Faire la morale aux robots
Des métiers semblent menacés avec le développement de l’intelligence artificielle. Magnolia Komsky a profité de la dernière édition du Salon international du livre de Québec pour mesurer le niveau d’inquiétude de quelques autrices et auteurs. Disons que ça varie pas mal sur l’échelle de 1 à 10.
Valérie Gaudreau s’est amusée à demander à IA quels sont ses avantages. Ils sont nombreux et applicables à plusieurs domaines d’expertises, lit-on dans « leur » article. Xavier Beauchamp-Tremblay, avocat spécialisé en technologie, voit cette invention comme un atout et
Itinérance et intelligence artificielle
En préparant ce numéro, je n’ai pas pu m’empêcher de demander à un agent conversationnel, l’une des applications les plus connues et répandues de l’IA, en quoi cette dernière pouvait être utile aux personnes en situation d’itinérance.
Selon l’assistant créé par Anthropic, l’IA pourrait, par exemple, guider les personnes sans-abri vers les services offerts dans leur région et les aider à planifier leur journée pour accéder aux services dont elles ont besoin. L’IA pourrait aussi être utilisée pour surveiller l’état de santé des personnes sans-abri et les aider à accéder aux soins médicaux nécessaires, voire leur rappeler leurs rendez-vous médicaux et les aider à gérer leurs médicaments.
L’assistant consulté va encore plus loin. « Avec des capacités de traitement du langage naturel avancées, l’IA pourrait offrir un soutien émotionnel et une forme de counseling aux personnes sans-abri, en les écoutant et en leur proposant des conseils personnalisés. » Bon, là j’avoue que j’ai des réserves !
arnalsarah@yahoo.fr
une opportunité de « désengorger le système de justice », rapporte Gabrielle Pichette. Et Philippe Marier-Verret s’est entretenu avec Thierry Watine, un professeur de journalisme fou de l’IA : il déjeune avec elle !
Le sujet semble avoir passionné « notre » Agité du bocal : après des efforts surhumains, il a réussi à contenir en 1500 mots sa démonstration que sans la chair, l’intelligence ne vaut pas cher.
Et l’émotion, elle ?
L’émotion vous est offerte par les poètes : Gaétan, Judy, Michel, Véronique, François, MAD ÂME M et Jonathan qui surfent habilement sur l’intelligence intuitive du cœur !
Bonne lecture !
FRANCINE CHATIGNY
Et quand on avance l’argument que les personnes dans la rue n’ont pas toutes un cellulaire et pas souvent les moyens de se payer des données mobiles, l’assistant répond « l’accès limité aux technologies numériques est effectivement l’un des principaux défis à considérer ». Puis il suggère quelques pistes. « Installer des kiosques ou des tablettes équipées d’applications d’IA dans les refuges, les soupes populaires et autres lieux fréquentés par les personnes sans-abri. Développer des assistants vocaux et des agents conversationnels accessibles via des lignes téléphoniques ou des messages texte. Ou encore, installer dans les centres d’accueil et les refuges des radios ou haut-parleurs intelligents qui permettraient d’accéder à des informations et des services d’assistance vocale, sans utiliser un écran. »
Chose certaine, l’IA ne doute nullement de sa capacité à aider les personnes dans la rue… mais toute intelligente qu’elle est, elle n’a pas plus de solutions que nos gouvernements pour atteindre l’itinérance zéro.
Lucky Luke, le héros de bande dessinée, est l’homme qui tire plus vite que son ombre. Mais Luke est maintenant dépassé par ces machines dotées d’une intelligence plus vive que la naturelle, paraît-il. En tout cas, elle tire plus vite que Luke et avec plus de précision. Paraît-il !
Les robots médicaux qui repèrent les symptômes dans les radiographies sont plus habiles que les radiologistes. On a lu ça. Comme leurs sœurs qui miment la voix humaine ou leurs cousins qui assemblent des autos, ce sont des machines intelligentes. On dit ça parce qu’elles se comportent docilement, comme leurs éducateurs leur ont appris, mais peuvent-elles vraiment s’améliorer comme en sont capables les humains ?
D’accord, c’est vrai, elles voient déjà plus précisément que l’œil humain, entendent plus finement que l’oreille, et elles sont en passe de rejoindre les capacités humaines en ce qui concerne l’odorat, le goût et le toucher. Mais ont-elles un sixième sens comme les humains ?
Le fait est qu’elles ont une grosse tête : elles sont capables d’emmagasiner une quantité pratiquement infinie de données, puis de les retrouver et de les combiner avec une rapidité inatteignable par les humains. Elles surpassent déjà ceux-ci quand il s’agit de traduire un texte, par exemple. Mais si c’est un poème, elles perdent les pédales. Niaiseux, hein !?
Dans la masse de données emmagasinées dans leur mémoire, ces machines peuvent repérer l’information recherchée avec plus de facilité que les humains qui se perdent dans le déluge d’informations disponibles désormais. Grosses têtes, mais pas bolées, ces machines n’ont pas cette intelligence qui permet aux humains de solutionner les nouveaux problèmes. Ou les vieux problèmes de manière nouvelle.
Maintenant, une autre question : les machines disposeront-elles un jour de l’imagination qui leur permettrait de proposer des solutions inédites ? Je vous le dis tout de suite : la réponse est non.
L’INTELLIGENCE INTELLIGENTE
Je dis non parce que ces machines sont seulement capables de fouiller dans leur compilation de solutions passées qui, elles, ont été inventées par des humains comme vous et moi. C’est que l’Homo sapiens — vous, moi — dispose du néocortex, un réseau de 100 milliards de neurones capable d’identifier des solutions novatrices.
Cet organe permet également aux humains de se voir agir en survol, comme le fait un drone, de s’autocritiquer et de s’établir une grille personnelle de ce qui constitue le bien et le mal, bref, de philosopher. Ces machines si intelligentes ne sont pas philosophes un brin.
Aussi, contrairement aux humains, elles n’éprouvent pas d’émotions ; elles peuvent donc décider de manière plus rationnelle que les humains — plus « objective », dira-t-on. Or, cette possibilité est affectée d’une faiblesse inhérente : elles n’ont pas de conscience, elles n’ont donc aucun embarras à se tromper, aucune gêne à bluffer. Ni même aucun scrupule à mentir carrément. ChatGPT n’a pas de morale.
Les humains, eux, sont dotés d’une intelligence sensible : ils peuvent deviner les émotions ressenties par leurs interlocuteurs et s’y adapter. La machine n’a pas cette sensibilité. En dépit de la chaleur qu’elle dégage, elle est froide comme l’acier.
C’est la raison pour laquelle la machine est incapable de générer des œuvres bouleversantes comme le fait l’artiste qui intègre à ses créations mille variables : histoire, mouvement social, matériaux, espace… et la fameuse poudre de perlimpinpin si difficile à manier. L’IA ne peut générer que des imitations.
« Le fou, l’amoureux et le poète sont farcis d’imagination », déclare Shakespeare. Pas la machine, si intelligente soit-elle. Elle peut singer l’art, mais elle ne peut pas insuffler un sens « personnel » dans ses imitations qui demeurent des pastiches.
Ainsi, la machine est incapable de deuxième degré. Les blagues, les jeux de mots, l’ironie ou le sarcasme reposent sur le partage d’un riche et complexe contexte culturel, social et linguistique. La véritable communication implique, en effet, la possibilité de « lire entre les lignes », elle s’appuie sur un vécu commun. La machine est volubile… comme un perroquet, mais elle a échoué à l’École nationale de l’humour.
Bref, les humains sont capables de déceler les émotions, de développer des relations et d’interagir de manière à la fois rationnelle ET empathique. En cela, pour que l’intelligence artificielle soit capable des mêmes prouesses, elle a encore des croûtes à manger. Quoique… « l’intelligence artificielle ne fait pas le poids face à la stupidité naturelle », aurait conclu Einstein.
CLAUDE COSSETTE
« Nous faisons les premiers pas pour vous. » Voilà la promesse faite par l’application Volar. Le modèle propose de créer des avatars à partir des informations que les utilisateurs donnent à l’agent conversationnel intégré. L’application se charge ensuite de simuler les premiers échanges par le biais des avatars. L’objectif ? Limiter les éventuels malaises du premier contact et faciliter la rencontre, mais à quel prix ?
L’intégration d’outils d’intelligence artificielle dans les sphères intimes que représentent les applications de rencontre n’est pas une pratique nouvelle. Le modèle d’affaire de telles compagnies repose notamment sur leur capacité à tirer profit des banques de données auxquelles elles ont accès en vendant des données agrégées à qui veut bien les payer.
Contrairement aux applications plus connues comme Tinder, Grindr et Bumble, l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le modèle de Volar est complètement décomplexée. « C’est en effet pour se démarquer, pour se donner une identité comme application de rencontres », lance Noé Klein, sociologue à l’UQAM.
Lorsqu’un utilisateur s’inscrit sur Volar, il est automatiquement mis en contact avec l’outil d’intelligence artificielle de la plateforme. S’ensuit alors une discussion avec l’IA sur ses intérêts, ses occupations, ses attentes chez un partenaire et plus encore. Une fois les informations récoltées, l’agent conversationnel produit un portrait de l’utilisateur et entre en contact avec d’autres avatars. Les premières interactions sont ainsi entièrement générées par l’IA de Volar. Les utilisateurs ont ensuite accès aux premiers échanges créés et peuvent choisir de prolonger ou non la discussion. Noé Klein prend le soin de souligner que les applications de rencontre répondent à un besoin de société qui ne date pas d’hier. « Les premiers sites Web étaient des sites de rencontre. Ça a toujours existé. »
Il reconnaît l’intérêt de rendre les débuts plus accessibles aux introvertis, tout en considérant cela comme une manière efficace d’optimiser le temps. Dès l’ouverture d’une application comme Volar, on est plongés dans un groupe de personnes également en quête de relations.
TOUT ÇA ?
Cela introduit tout de même des enjeux de protection des données et de respect de la vie privée. Bien que l’organisation Enso AI, administratrice de Volar, semble plutôt sérieuse dans sa politique de protection de la vie privée, ses engagements restent peu détaillés.
« Il y a des lois qui s’appliquent en matière de protection des renseignements personnels », explique PierreLuc Déziel, professeur à la Faculté de droit de l’Université Laval. Au Québec, la responsabilité d’assurer la sécurité des données et des algorithmes revient aux applications. Questionné sur la capacité des entreprises à protéger leurs plateformes, le juriste considère que la plupart d’entre elles arrivent à le faire assez rigoureusement.
Selon lui, il faut toutefois garder en tête que la sensibilité des informations recueillies par les applications de rencontres les rend particulièrement vulnérables aux tentatives de piratage. C’est le cas notamment du site de rencontres Ashley Madison, spécialisé dans les relations extra-conjugales. Une brèche dans la protection de l’information a permis le partage des données personnelles de ses utilisateurs. « Au-delà du partage des don-
nées agrégées, ce sont les possibilités de piratage qui représentent le plus grand risque », prévient Pierre-Luc Déziel.
Malgré les précautions prises pour se conformer au droit par les entreprises créatrices d’applications, le risque 0 n’existe pas en matière de cybersécurité. M. Déziel se réjouit néanmoins de constater une sensibilité de plus en plus grande dans la société quant à l’utilisation de ces outils. Pour ceux qui ne se sont pas encore penchés sur la question, il propose de s’intéresser aux conditions d’utilisation auxquelles plusieurs d’entre nous consentent encore à la va-vite. En étant en meilleure connaissance de cause, il est possible de reprendre un peu de pouvoir sur ses informations personnelles.
« Si on a le temps de scroller une heure sur Instagram, on a sans doute le temps de prendre 15 minutes pour lire des conditions d’utilisation », avance M. Déziel en riant. D’ailleurs, ces quelques lignes très informatives ont l’obligation d’être écrites dans un langage accessible à tous. Il propose trois éléments auxquels s’intéresser prioritairement :
– Qu’est-ce que l’application collecte comme informations ?
– Comment est-ce qu’elle les utilise ?
– À qui est-ce qu’elle les communique ?
Pour Pierre-Luc Déziel, la politique de vie privée d’une compagnie en dit beaucoup sur son sérieux concernant les informations sensibles des internautes.
Quoiqu’il en soit, le sociologue Noé Klein pointe le fait que les applications de rencontre, qu’elles comportent ou non des algorithmes visant à prédire leur aboutissement, sont devenues incontournables dans de nombreuses histoires d’amour.
Moi : ChatGPT, écris-moi un article sur la dépendance au sucre. ChatGPT : Nos politiques nous interdisent de parler de drogue. Moi : ???
Cet échange avec ChatGPT soulève une question : est-ce que l’intelligence artificielle (IA) fait de la censure et, si oui, en se basant sur quels principes moraux ? Martin Gilbert, agent de recherche en éthique de l’IA et des données massives, affilié au Centre de recherche en éthique (CRÉ) et à l’Institut de valorisation des données (IVADO) s’est penché sur ces questions dans son livre Faire la morale aux robots. Il nous en dit plus sur le sujet lors d’une entrevue à La Quête.
AVANT DE PARLER D’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, NE FAUDRAIT-IL PAR SE DEMANDER, MAIS QU’EST-CE QUE L’INTELLIGENCE AU FAIT ?
Dans son livre, l’agent de recherche mentionne que l’intelligence, c’est « ne pas se tromper sur le long terme et apprendre de ses erreurs. Apprendre de ses expériences fait partie de l’intelligence artificielle », affirme M. Gilbert.
L’intelligence dépend plus de la méthode et de la rapidité d’apprentissage que du résultat comme tel, affirme l’auteur « une personne intelligente, ce n’est pas nécessairement quelqu’un qui parle plusieurs langues, mais quelqu’un qui apprend très vite une langue. »
Il est également important de faire une distinction entre conscience et intelligence. Les humains sont conscients ET intelligents, alors que les IA sont intelligentes, mais pas conscientes.
Selon M. Gilbert, « on ne pourrait pas être libres de demander VRAIMENT tout ce qu’on veut aux intelligences artificielles », ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Il faut minimalement des balises pour que l’IA ne réponde pas à des questions telles que comment fabriquer une bombe ou comment créer un virus pour anéantir l’humanité. Ça fait déjà des années que des IA de modération pratiquent une certaine censure. Quand on y pense, Facebook ou YouTube classent ce qui doit être montré ou ne pas l’être aux utilisateurs. Des standards généraux, tels que de ne pas montrer de violence, de pornographie ou de choses illégales, sont acceptés de tous, mais certains cas particuliers amènent plus de réflexion.
L’auteur donne l’exemple d’une photo célèbre de la guerre du Vietnam qui montre une petite fille à moitié nue courant sur une route, alors que son village, derrière elle, est en train brûler. Est-ce de la pornographie juvénile inacceptable à montrer ou bien un document historique qui pourrait être vu de tous pour témoigner de l’événement passé ?
Selon le chercheur, les enjeux de la liberté d’expression peuvent également être abordés d’un autre angle.
« C’est plus dans la façon dont certaines applications captent le temps d’attention des utilisateurs et des utilisatrices. Ce n’est pas de la censure, mais c’est peut-être pire d’une certaine façon. Les gens se font vraiment prendre à regarder une vidéo qu’ils trouvent excitante, mais qui ne va pas nécessairement élever leur âme et ils pourraient faire des choses plus intéressantes à la place. »
EST-CE QUE LES IA POURRAIENT RÉELLEMENT ÊTRE OBJECTIVES, NON BIAISÉES ET NON CONTRÔLÉES CONSIDÉRANT QU’ELLES SONT GÉRÉES PAR DES ENTREPRISES, DONT CERTAINES À BUT LUCRATIF ?
« Les entreprises créatrices d’intelligences artificielles se doivent d’avoir conscience des risques et du côté révolutionnaire de cette technologie ». Malgré tout, elles ont besoin de financement pour se développer. Open AI s’est allié à Microsoft et offre désormais des abonnements payants de la plus récente version de Chat GPT 4.0. Google est une entreprise totalement privée et à but lucratif et ils sont dans la course aux intelligences artificielles. Malgré cela, selon M. Gilbert « ils ont conscience de leur mission sociale. »
L’AVENIR : LES IA PEUVENTELLES ÊTRE MORALES ?
Dans Faire la morale aux robots, l’auteur conclut « qu’en bref, faire la morale aux robots, c’est faire de la morale tout court ». On se penche sur la question de la morale en société, de ce qui est bien et mal, depuis longtemps. Le droit, dans la société, couvre les aspects généraux, mais il ne couvre pas des cas mineurs. Des normes légales déterminent qu’il est mal de tuer quelqu’un, mais ne se prononcent pas sur le fait si mentir à son entourage est bien ou mal, par exemple.
L’intelligence artificielle fait peur. Mais elle permet aussi des avancées qui promettent de simplifier la vie des humains. Histoire de mesurer les applications positives de l’IA dans nos vies, La Quête a demandé à ChatGPT :
« Quels sont les avantages de l’intelligence artificielle ? » Cet exercice ludique démontre que l’IA a, disons, une assez bonne opinion d’elle-même !
AUTOMATISATION DES TÂCHES RÉPÉTITIVES
L’IA peut automatiser des tâches monotones et répétitives, permettant aux humains de se concentrer sur des tâches plus créatives et à plus forte valeur ajoutée.
AMÉLIORATION DE L’EFFICACITÉ OPÉRATIONNELLE
En utilisant des algorithmes d’IA pour analyser les processus et les données, les entreprises peuvent identifier des moyens d’améliorer leur efficacité opérationnelle, réduisant ainsi les coûts et les délais.
PRISE DE DÉCISION PLUS RAPIDE ET PLUS PRÉCISE
L’IA peut analyser de grandes quantités de données en un temps record, ce qui permet aux entreprises de prendre des décisions plus rapi
Suite : La morale des IA
Dû au développement de l’intelligence artificielle, on doit se poser la question et trouver la réponse maintenant : C’est quoi LA bonne chose à faire ? Et ce, dans toutes les circonstances, car l’intelligence artificielle ne répond qu’une seule fois à une problématique. Il n’y a pas de traitement au cas par cas. Mais faut-il absolument trouver cette bonne réponse avant d’aller plus loin dans le développement des IA ?
dement et plus précisément, en se basant sur des informations fiables et pertinentes.
PERSONNALISATION DES EXPÉRIENCES UTILISATEUR
Grâce à l’IA, les entreprises peuvent fournir des expériences utilisateur personnalisées en analysant le comportement et les préférences des utilisateurs, ce qui améliore la satisfaction client et la fidélité à la marque.
DÉTECTION ET PRÉVENTION
DES FRAUDES
Les systèmes d’IA peuvent détecter les modèles frauduleux dans les transactions financières, les activités en ligne, etc., aidant ainsi à prévenir les fraudes et à protéger les utilisateurs.
ASSISTANCE MÉDICALE ET DIAGNOSTIQUE
L’IA peut être utilisée pour analyser des données médicales et diagnostiquer des maladies, ce qui peut améliorer les soins de santé en fournissant des diagnostics plus rapides et plus précis.
OPTIMISATION DES CAMPAGNES MARKETING
En analysant les données sur les comportements des consommateurs, l’IA peut aider les spécialistes
« Le développement des intelligences artificielles peut se faire petit à petit, estime le spécialiste. L’avantage étant qu’en cas d’erreur, on peut toujours corriger et reprogrammer l’IA. » Si Chat GPT dit des propos inacceptables, on peut toujours retoucher son programme et il n’y aura pas de guerre mondiale due à ces paroles. Il en serait tout autre dans le cas d’une superintelligence1
1 Une superintelligence est un agent hypothétique qui posséderait une intelligence de loin supérieure à celle des humains les plus brillants et les plus doués.
du marketing à optimiser leurs campagnes publicitaires pour atteindre leur public cible de manière plus efficace.
AVANCÉES SCIENTIFIQUES ET RECHERCHE
L’IA peut accélérer les progrès dans divers domaines scientifiques en aidant les chercheurs à analyser des ensembles de données massifs, à simuler des phénomènes complexes et à découvrir de nouveaux médicaments.
Fait à noter, ChatGPT semble « connaître » ses propres limites, car notre question s’est conclue par certains bémols. « Cependant, il est important de noter que l’IA soulève également des questions éthiques et sociales, notamment en ce qui concerne la protection de la vie privée, la discrimination algorithmique et l’impact sur l’emploi », peut-on lire dans la réponse automatique. « Ces défis doivent être abordés de manière responsable pour maximiser les avantages de l’IA tout en minimisant ses risques. »
GAUDREAU ASSISTÉE PAR CHATGPT
qu’il ne faudrait pas laisser partir dans la nature sans savoir ce qu’elle peut faire et savoir que sa moralité est bien programmée. Dans tous les cas, l’ère où les hommes partagent leur existence avec les intelligences artificielles ne fait que débuter et les IA seront bientôt également locataires de la terre avec nous. Seul l’avenir nous dira de quelle manière nous réussirons à vivre conjointement avec cette nouvelle technologie.
MÉLODIE LANGEVIN
La Quête a profité de la dernière édition du Salon international du livre de Québec, pour connaître l’opinion des auteurs et autrices au sujet de l’intelligence artificielle. Une question, six réponses !
Croyez-vous que votre emploi d’auteur ou d’autrice soit menacé par l’intelligence artificielle ?
ANNE PEYROUSE, ROMAN POÉTIQUE
« Non je ne pense pas. J’ai vu des textes écrits par l’intelligence artificielle et c’est froid, il manquait de ludisme, de sentiments. Ça manquait d’émotions, il y avait tout l’aspect humain qui n’y était pas. Il n’y a pas de machines qui peuvent remplacer ça, même si on est maître dans la machine et qu’on est des super-programmeurs, je ne pense pas que ça puisse fonctionner sans nous. Ça ne me fait pas peur. J’ai l’impression que la littérature va vers l’hybridité des genres, ce que l’IA ne fait pas. Il y a juste l’être humain qui arrive à mélanger les formes, à dépasser ce qui est un peu figé, la machine ne semble pas arriver à dépasser les formes, mais l’être humain est très fort là-dedans. »
« Je n’ai absolument aucune idée, je ne m’y connais pas assez. Ça va prendre beaucoup de temps avant que l’intelligence artificielle puisse être créative. Pour le moment, je continue à dessiner et à avoir du plaisir dans mon style. Au niveau des images générées, il y a une crainte ; je ne veux pas me faire voler mes dessins. J’espère qu’il y aura des outils pour protéger nos créations. Il y a de bons côtés, ce sont de bons outils, il y a énormément de bonnes utilités à l’intelligence artificielle, mais du côté créatif, j’ai de la misère à en voir. Je ne connais pas le futur, mais je sais qu’il y aura toujours des gens qui vont dessiner. »
« Non, je ne pense pas que l’intelligence artificielle risque de changer notre métier, mais nous aurons besoin de mesures pour l’encadrer. Je ne pense pas qu’elle va le faire disparaître. Je vais continuer à avoir du plaisir à écrire et il y aura encore des lecteurs. C’est un sujet complexe, c’est sûr qu’il y a de bons côtés et de mauvais côtés. Ça peut être un outil qui nous aide à réfléchir, à pousser nos idées plus loin. Mais il y a le danger qu’un jour l’IA réussisse à écrire un livre assez bon pour qu’on ne sache pas si c’est un humain ou un logiciel qui est derrière, ça peut être dangereux. Il faut faire confiance en notre lectorat. »
MARC PAGEAU, ILLUSTRATION ET CARICATURE
« Absolument que j’ai peur. J’ai même un macaron antiIA. Il y a plein de gens qui vont se lancer dans le dessin qui ne savent pas dessiner, qui n’ont jamais tenu un pinceau ou une plume de leur vie, et qui s’intitulent artistes ; ils sont hyperarrogants. Ils font baisser les prix du travail de dessinateur. Ça va envahir le domaine de l’image qui est déjà surpeuplé. Ça va casser le métier complètement. Même dans le domaine de l’écriture, l’IA est capable d’écrire des textes, alors elle va créer des œuvres de fiction. C’est une catastrophe. Les bons côtés sont pour les gens qui ne savent pas dessiner, qui n’en font pas un métier à temps plein. Nous serons envahis par le virtuel. Ça va faire des générations d’incapables. Même les voitures ne seront plus conduites par des gens, ce sera fait par l’IA. »
ROCHEVILLE, ESSAI
« Je ne vois pas ça comme une menace. J’y vois une opportunité de confier des tâches à des logiciels. Comme le métier de copiste et toute la paralittérature, les écritures système avec des schémas narratifs seront générées par l’IA, tandis que la vraie littérature sera gardée précieusement. L’émetteur ne sera pas aussi important que le récepteur. Les créateurs vont devoir se dépasser et on va devoir ouvrir nos perspectives. Le propre des créateurs, c’est de travailler avec la contrainte et dépasser ses propres limites. Ce qui est humain comme le jugement, la capacité de lire le monde va rester. Et contrairement au milieu de l’enseignement et universitaire qui crie à l’apocalypse chaque jour, je pense que c’est une occasion de recommencer à zéro. »
« Je ne pense pas que ça va faire disparaître mon métier, parce que quand bien même que je serais une poète, le gros de mon travail, c’est quand même d’entrer en contact avec les gens, donc… Je fais de la médiation culturelle, puis même mon écriture est basée sur l’expérience, donc je ne me sens pas concernée. Je n’ai pas peur qu’une machine me renvoie, ou prenne ma place. Je me sens trop humaine. Pour faire une bonne recherche, c’est quand même des outils qui peuvent aider. Quand ce n’est pas juste fait pour plagier ou copier… Réellement, ça peut donner des références, que nous ne trouvons pas nécessairement à la bibliothèque. Je pense que ça sera utile pour rassembler des connaissances… Les images générées oui me rendent un peu craintive, surtout pour les enfants, si c’est violent, c’est inquiétant.
L’émergence de l’intelligence artificielle dans les dernières années en inquiète plus d’un. Les risques pour la main-d’œuvre, pour la protection des données personnelles et pour la désinformation sont au cœur des débats sur l’IA. L’avocat spécialisé en technologie, Xavier Beauchamp-Tremblay, voit cette invention comme un atout et une opportunité de « désengorger le système de justice ».
Travaillant chez KPMG Canada depuis deux ans et demi, M. Beauchamp-Tremblay développe des technologies pour le système judiciaire. L’entreprise de servicesconseils travaille avec des régulateurs et des partenaires juridiques pour construire de nouvelles ressources dans le milieu du droit.
« On commence à voir de plus en plus d’outils naissants pour le droit, mais je dirais que l’industrie est encore un peu en mode exploration », estime M. Beauchamp-Tremblay. Selon lui, le sujet de l’intelligence artificielle dans le milieu juridique est un sujet « sensible » puisque la vie privée des citoyens pourrait être en jeu.
QU’EN PENSE CHATGPT ?
Il estime que la plupart des entreprises ont déjà « une sorte de ChatGPT interne ». De cette façon, les données personnelles des clients ne se retrouvent pas dans un système de données publiques comme celui de ChatGPT. Les données confidentielles sont donc protégées dans un système propre à la compagnie.
Pour Xavier Beauchamp-Tremblay l’utilisation de l’IA dans le travail juridique est une question de rigueur. Il aborde le cas de cet avocat en Colombie-Britannique qui s’est fait réprimander pour avoir cité des cas fictifs générés par ChatGPT dans une requête. L’avocate croyait avoir de réel cas pour son dossier et ne les a pas utilisés finalement dans son argumentation, après s’en être rendu compte.
Le travail de révision est crucial dans le milieu juridique avec ou sans l’intelligence artificielle souligne M. Beauchamp-Tremblay.
L’IA POUR LA RECHERCHE ?
NON MERCI
« Je ne trouve pas nécessairement que la recherche est le meilleur cas
d’utilisation pour l’IA générative, encore », dit Xavier BeauchampTremblay.
Selon lui, les capacités de l’intelligence artificielle en recherche de documents, dans de larges banques de données, ne sont pas encore assez développées pour aider en recherche juridique.
Il estime qu’il y a des cas d’utilisation plus adaptés tels que la révision de document, la rédaction et la simplification des décisions de justice.
« LE SYSTÈME DE JUSTICE EST À LA LIMITE DE SES CAPACITÉS »
Le spécialiste voit l’intelligence artificielle comme une nouvelle ressource offrant plusieurs opportunités. Il ne voit aucun risque pour la main-d’œuvre et souhaite que les gens perçoivent cette technologie comme un atout pour le milieu juridique.
« Il y a tellement de choses qui ne sont juste pas faites présentement, parce qu’il n’y a pas assez de gens, pas assez de ressources », se désole l’avocat.
Qui de mieux pour me répondre que l’IA directement, j’ai alors demandé à ChatGPT comment l’intelligence artificielle pourrait être utilisée dans le domaine juridique ?
Sa réponse comporte huit différents secteurs :
1. L’analyse de documents
2. Prévision des issues judiciaires
3. Automatisation des tâches routinières
4. Gestion de la conformité et des risques
5. Assistance juridique virtuelle
6. Recherche juridique
7. E-discovery
8. Formation et développement
En résumé, ChatGPT se voit comme une technologie « offrant des opportunités pour automatiser, optimiser et transformer les pratiques traditionnelles ». Le spécialiste Xavier Beauchamp-Tremblay et ChatGPT sont donc plutôt du même avis.
La popularisation des intelligences artificielles génératives conversationnelles est un enjeu préoccupant pour le système d’éducation québécois. Depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, les étudiants ont accès à un outil aux limites en constate expansion. Que ce soit pour rechercher des informations, corriger des fautes d’orthographe ou rédiger des travaux académiques, l’agent conversationnel développé par OpenAI a de quoi séduire les étudiants… et leurs professeurs. Si des professeurs sont d’avis que les intelligences artificielles (IA) disponibles en ligne menacent l’intégrité et l’honnêteté intellectuelle des étudiants, d’autres les accueillent à bras ouverts dans leur pratique. Aux yeux de Thierry Watine, professeur au département d’information et de communication de l’Université Laval, il est inconcevable de « ne pas s’intéresser » à l’IA en 2024. Or, pour M. Watine, l’intelligence artificielle est bien plus qu’un simple intérêt.
RENOUVELER LA PRATIQUE
Passionné par les potentialités des agents conversationnels, le professeur et chercheur se considère aussi comme un « joueur » d’intelligence artificielle. Il est à la tête d’un tout nouveau laboratoire de recherche sur l’IA et donne plusieurs conférences sur le sujet. Comment l’intelligence artificielle bouleverse-t-elle son métier ? « Ça change tout et ça ne change rien », tranche celui qui enseigne à l’Université Laval depuis 1998.
Thierry Watine accorde une place importante aux intelligences artificielles dans les salles de classe. Le professeur s’en sert notamment pour bonifier ses plans de cours. Il encourage même ses étudiants à l’essayer pour agrémenter leurs travaux. L’auteur du livre Les nouvelles cartes du journalisme reconnaît
la nécessité d’être prudent avec cette « bête » qui comporte des défauts. C’est justement « pour découvrir les limites » de ce nouvel outil pédagogique que le chercheur considère faire partie de « l’école » qui souhaite tester l’IA à fond.
Selon Thierry Watine, il ne faut pas se mettre « la tête dans le sable » et interdire l’utilisation de l’IA aux étudiants, car « ils vont l’utiliser pareil ». Bannir ChatGPT dans le cadre de travaux académiques ou de projets de recherche serait « vraiment contre-productif ». Pour montrer à quel point les intelligences artificielles génératives et conversationnelles sont rapides et efficaces, le journaliste de formation évoque, amusé, ce qu’il appelle le test de l’œuf à la coque : « Le matin, je mange un œuf à la coque. Je mets mon œuf à cuire et je m’amuse à pianoter sur ChatGPT. Il me bâtit des projets, des cours, des projets de recherche, etc. J’imprime et je vais rechercher mon œuf, quatre minutes plus tard. » Il ne lui reste ensuite qu’à vérifier les informations recueillies par l’IA, qui sont « généralement solides ». De son propre aveu, cette nouvelle réalité peut effectivement donner le vertige.
Le professeur de journalisme trouve d’ailleurs « marrant » que plusieurs de ses étudiants soient souvent moins enthousiastes que lui à propos de l’intelligence artificielle. « Dans leur discours, observe-t-il, ils sont assez conservateurs. Dans la réalité, je pense qu’ils l’utilisent plus qu’ils le disent. » Pour l’instant, le chercheur estime courir devant ses étudiants. Il ne serait toutefois pas surpris si d’ici un an les jeunes le dépassent. Il espère que certains d’entre eux développeront un intérêt exploratoire par rapport à une technologie « dont on ne connaît qu’un millième des capacités. »
PROFESSEUR AVANT TOUT
Thierry Watine est convaincu que les possibilités pédagogiques de l’IA ne changent en rien la mission fondamentale d’un professeur. « L’essentiel, c’est de partager des connaissances et de donner aux étudiants des outils. » À ses yeux, la prolifération des nouvelles technologies ne doit pas prendre « toute la place » à l’école. Aux futurs journalistes qui assistent à ses cours, il répète l’importance de conserver son esprit critique par rapport à ce nouvel outil.
Le meilleur moyen d’y parvenir selon le professeur de journalisme est donc d’exposer les étudiants aux intelligences artificielles, en discuter et en formuler des critiques avec eux. « Une fois qu’on a ce débat, je pense que les étudiants sont assez malins pour faire le tri et dire “ça peut m’intéresser ou non”. »
Loin de céder à un « réflexe de peur » comme certains de ses collègues, Thierry Watine souhaite que l’éducation aux intelligences artificielles survienne plus tôt dans le cheminement scolaire. Cette conscientisation, conclut-il, devrait s’amorcer dès le primaire.
« Tant que l’intelligence artificielle ne sera pas capable de se suicider, c’est-à-dire, qu’elle ne m’aura pas prouvé qu’elle a une conscience d’elle-même, elle ne m’intéresse pas. »
Sylvain Tesson
En première approximation, disons qu’il y a intelligence artificielle lorsqu’une machine effectue quelque chose qui demanderait de l’intelligence à un humain pour être faite. L’IA faible n’est performante que dans une seule tâche qu’elle ne comprend ni ne retient. C’est le cas de toutes les IA que nous côtoyons aujourd’hui. Et on dit de l’IA forte qu’elle serait dotée d’une conscience de soi et apte à ressentir des émotions. Personne n’en a jamais vu — ni n’en verra jamais quant à moi —, mais la majorité des cognitivistes spécialistes en IA la croient réalisable. Notons-le d’emblée : quand bien même une machine deviendrait consciente, il nous sera impossible de le savoir puisque nous ne pourrons jamais expérimenter de l’intérieur ce que cela fait d’être cette machine. Être conscient, c’est connaître sa propre expérience, réfléchir sur l’acte de réfléchir. C’est la sensation de lire que vous éprouvez présentement, le ce que cela fait d’être en train de lire et d’être dérangé par cette maudite douleur au pied. C’est avoir le sentiment de soi, s’apercevoir de ce que l’on est, se projeter dans ce qu’on voudrait être. Quant aux émotions, on est presque gêné de le rappeler, mais pour en ressentir ça il peut s'avérer utile de disposer... d'un corps ! Ça prend de la chair, sentante et senti, des joues rougies, des poils dressés, des battements de cœur accélérés… C’est une affaire d’incarnation. Pour entrer en relation, Dieu lui-même dans la Bible se fait chair… Comment ressentir la douleur au pied sans elle ? Sans les nerfs et leur système ? Sans les souvenirs que la blessure rameute ? Et sans la mort comme horizon ? La moindre fluctuation corporelle porte une signification dans un projet, survient dans une atmosphère, dans un contexte, et peut en changer la tonalité affective. Imagine-t-on un ordinateur avoir mal au plastique ? Ou ressentir, admettons, de la pudeur ? Que devient écouter de la musique sans la chair de poule ? Et jouir sans corps ? Ça n’a pas de sens. Bon, je ne suis pas du tout un spécialiste, peut-être suis-je complètement dans le champ,
mais n’est-ce pas légèrement paranoïaque de croire qu’un robot ressentirait réellement des émotions ? Et pourquoi faudrait-il absolument qu’il devienne conscient ? Pendant des millions d’années, intelligence et conscience étaient liées ; leur dissociation est justement l’une des ruptures radicales provoquées par l’IA. Une intelligence sans conscience empruntera des chemins surprenants, insoupçonnés. N’est-ce pas ce qui en fait l’intérêt ?
Les chercheurs en IA s’opposent aux thèses dualistes, qui posent deux principes indépendants (esprit/ corps, spirituel/physique…), en adoptant un monisme matérialiste qui n’en reconnaît qu’un seul : la matière. Le cerveau n’est qu’une machine en viande qu’ils disent, complexe certes, mais nous en achèverons bientôt la cartographie et pourrons l’imiter parfaitement. S’il n’y a que de la matière, le substrat de la conscience devrait effectivement devenir indifférent. D’où des projets délirants tels que la « Whole Brain Emulation », consistant à « copier » un cerveau individuel conscient « sans perdre ni modifier gravement cette individualité » (Gilbert Hottois). Hum !? Elle ne sera donc que légèrement modifiée ?! C’est un des grands fantasmes de ces adeptes du transhumanisme qui refusent de vieillir : stocker l’intelligence et la mémoire sur une sorte de clé USB du futur. Ainsi, même s’ils périssent dans une fusillade (le quotidien aux États-Unis), leurs proches n’auront qu’à « uploader » la dernière sauvegarde de leur « mind » sur une interface quelconque (à moins qu’ils n’aient pas envie de les faire revenir). Est-il sérieusement possible de transférer matériellement une personnalité dans une structure non organique ? De la faire bêtement passer dans des fils telle une chose ? À la limite de la science-fiction, la question est pourtant empirique, expérimentale, elle ne souffre donc aucune réponse a priori
Notre esprit est corrélé à un substrat cellulaire, certes, mais nos souvenirs n’existent pas sous forme de data qui seraient stockées quelque part dans nos cerveaux. Il y a conservation, mais sans conservatoire. De même pour la pensée : c’est Einstein qui a découvert E = mc², mais ça aurait pu être moi, ou vous — dans l’absolu, s’entend. Un cerveau est nécessaire pour penser les lois de la nature, reste qu’elles existent hors de nous, elles s’incarnent dans le réel.
J’aurais pu aussi comprendre, avant Euclide, que la somme des angles d’un triangle est égale à 180 degrés. Aurais-je pour autant inventé un nouveau théorème ? Tout se passe comme si on découvrait les vérités mathématiques. « Dans la mesure où elles sont exactes », on a le sentiment qu’elles « existaient déjà avant d’avoir jamais été pensées dans le cerveau humain » (Louis de Broglie). Disons plutôt, à la suite de Jean Piaget, que nous les construisons à partir de mystérieux éléments embryonnaires déjà présents dans notre lignée animale, et qui se seraient transmis au cours des âges (voir la démonstration d’Hubert Reeves sur les corbeaux qui « savent compter » dans Malicorne). Les formes logiques émergent de l’interaction entre l’intellect et la réalité perçue par les sens. « Coupé du monde, sans contact avec les gens et les choses, un enfant ne se développe pas » (Reeves). On pourrait aussi dire que sans contact avec les gens et les consciences, une forme logique ne se développe pas (au sens photographique), elle demeure abstraite, non effectuée. Les formes aussi s’incarnent, à leur manière, elles prennent corps en une personne pour se réaliser dans le monde. C’est l’univers entier qu’il faudrait « copier » pour capturer une personnalité…
L’autopsie d’un cerveau ne révélerait donc ni souvenirs, ni équations, ni représentations de triangle. Je ne souscris pas à un quelconque dualisme ni ne convoque une explication surnaturelle ; je doute simplement de la capacité du matérialisme à circonscrire cette anomalie insaisissable qu’est la conscience. Quelque chose résiste, échappe à nos descriptions scientifiques. Il y a toujours un sujet personnel qui pense, éprouve, s’émeut, alors que les sciences en parlent essentiellement comme d’un objet. Mais la conscience n’est pas un objet qui pourrait éventuellement nous apparaître, elle est l’apparaître même. Montrable nulle part, elle est la condition pour que tout le reste se montre. Tout matérialisme est un réductionnisme : votre amour vécu comme grandiose, il le réduira à une banale sécrétion d’ocytocine ; votre plaisir à une décharge de dopamine, etc. Pour reprendre une dernière fois l’exemple de la douleur au pied, il la réduira à « une excitation des fibres C » (qui propagent les signaux de douleur dans le système nerveux). Mais qu’est-ce que la douleur en dehors du fait que quelqu’un l’éprouve ? Rien. Ça lui prend un quidam qui se fait mal, un « témoin ». Or, c’est précisément le témoin et sa faculté d’éprouver qu’il a éliminé dès le départ. Dans le cas de la conscience, ce qu’on élimine c’est l’expérience vécue entière, qui inclut celle du matérialiste en train d’affirmer que la conscience se réduit à des processus neuronaux…
La conscience est irréductible, puisque ce à quoi on la réduirait serait réduit par la conscience. Il faudrait pouvoir passer « derrière » elle pour la juger, qu’elle puisse se montrer à elle-même comme une partie d’elle-même. Mais on ne peut en sortir, puisqu’elle n’a pas d’extérieur…
Les chercheurs qui ne jurent plus que par les données et le calcul des données devraient se souvenir qu’Einstein qui écrivit en un an quatre articles, qui chacun à leur niveau révolutionnèrent la science, le fit sans avoir accès à aucune donnée, simplement en imaginant des expériences de pensée. Croire que « penser c’est calculer » est un préjugé éminemment réducteur et fort contestable. C’est plutôt l’inverse : « Pour qu’un ordinateur puisse penser, il faudrait qu’il ait le pouvoir de ne pas tout calculer » (M.G. Dantec).
« On dirait que c’est l’homme ici qui en est venu à imiter la machine. »
Si la pensée se réduit à des algorithmes, humains et machines deviennent interchangeables, mais au prix d’un tel appauvrissement. On nous annonce l’homme augmenté, mais à force de tout réduire, c’est l’homme diminué qu’on aura, standardisé, robotisé, réduit…
Une manière efficace de se rendre maître de quelqu’un est de se mettre à son service. Les machines évoluent en nous domestiquant. Et à quelle vitesse ! Nos neurones ont 550 millions d’années, le transistor en a 77. Combien d’heures de travail un humain passe-t-il à s’occuper des machines ? Et à s’occuper d’autres humains ? Comme l’insecte pour la plante, l’Homo sapiens fait partie du système reproducteur des machines, en attendant qu’elles puissent se reproduire elles-mêmes. La Super Intelligence créera alors des machines encore plus super-intelligentes qu’elle. Et là, nul ne peut prédire ce qu’une telle réaction en chaîne engendrera…
MATHIEU RIOUX
Corrivault
Au cours des millénaires qui ont suivi son apparition sur la planète, l’espèce humaine a su inventer des outils pour survivre et se simplifier la vie. Mais elle a aussi appris à s’en servir pour empoisonner l’existence des autres.
L’évolution vers l’ère moderne et le développement des connaissances scientifiques n’y ont rien changé sinon que les nouveaux pouvoirs de destruction menacent désormais la nature même de l’humanité. Pourtant doté d’une intelligence qui le distingue des autres êtres vivants, l’homme sait transformer une trouvaille en catastrophe ou un miracle en désastre. Les cultures anciennes expliquaient cette fatalité par une punition infligée par leurs dieux. Les civilisations, à travers leurs multiples religions, ont entretenu cette croyance.
« Cas classique du c’est pas moi, c’est les autres » selon l’amie Valentine qui voit rouge — ou rigole — quand on lui parle de la Bible, d’Adam, d’Ève et de la pomme. Sa plus récente explosion visait le nom « pomme d’Adam » donné à la petite bosse dans le cou des hommes : « Ça vient du morceau de pomme resté pris dans la gorge d’Adam quand il a croqué le fruit offert par Ève ! Le moteur de recherche de mon ordi m’a aussi appris que le pommier ne poussait pas dans le Paradis d’avant le Déluge ; le fruit défendu est devenu une pomme à cause d’une traduction du latin poma qui signifie fruit.... Et qui prétend que c’est Ève qui a tendu la pomme à Adam et pas le contraire ? De vieux fabulistes frustrés que la mère Ève ait été plus allumée que le père Adam ! ».
Laissons Adam, Ève, la pomme et l’arbre de la connaissance aux exégètes et admettons que l’humanité n’a pas attendu Internet et les réseaux sociaux pour arranger l’histoire à sa guise, en fonction des intérêts du moment.
Dans la réalité vérifiable, le facteur humain intervient continuellement depuis que l’ancêtre préhistorique, s’étant blessé sur une pierre cassée, a découvert l’arête tranchante du silex qui allait faciliter sa survie. Il en a imaginé des usages et l’outil primitif est devenu un instrument pour accomplir les tâches pénibles. Puis, par hasard ou par nécessité, il inventera des machines capables de maîtriser les forces de la nature et même de
voyager partout sur la terre, de plus en plus vite, sur l’eau et sous les mers, dans les airs et l’espace et au-delà.
Les travaux préliminaires aux grands départs vers les frontières de l’univers ont, en même temps, permis au génie humain d’ouvrir de nouvelles portes qui peuvent déjà simuler l’intervention de l’intelligence humaine : copier l’homme et même, le remplacer.
La connaissance de ce qu’on appelle l’IA ou l’intelligence artificielle, définie comme un ensemble de théories et de techniques permettant de simuler l’intelligence humaine, est partagée par un groupe limité de chercheurs depuis plusieurs années. Mais le grand public n’est que depuis peu au fait de cette réalité, virtuelle ou augmentée, et il préfère en goûter les capacités et ignorer les risques et dangers quand ils sont évoqués.
Quand l’informatique et les écrans sont entrés dans les écoles, fin des années 1980-90, les éducateurs ont commencé à s’inquiéter des effets qu’auraient ces nouveaux outils d’apprentissage sur le cerveau et les structures mentales des jeunes enfants. Aujourd’hui, craies et tableaux noirs ont rejoint, parmi les antiquités, la plume et l’encrier des grands-parents. Et les parents du XXIe siècle découvrent que leur progéniture pense et vit dans un univers bien différent du leur. Écrans et claviers habitent trop tôt le quotidien des chers petits anges, car ceux qui s’en occupent n’ont pas encore assimilé les changements et leurs conséquences. La génération des adultes, face à la rapidité des mutations sociales, se sent handicapée pour plonger dans la dématérialisation malgré son malaise surnommé l’illectronisme
De nouveaux outils remplacent ceux qui nous étaient familiers, mais, dans un monde en voie de robotisation, peut-on s’en remettre au hasard et à la nécessité pour sauvegarder ce qui restera du facteur humain dans la nature des enfants d’Adam et Ève ? Big Brother et la boîte de Pandore n’ont jamais été aussi terrifiants qu’au moment où l’homme, testant ses nouveaux pouvoirs, oublie l’usure de la pierre par l’eau et… s’étouffe avec un morceau de pomme !
Courtoisie:Philippe Bouchard
Pour se faciliter l’existence, l’être humain est toujours à la recherche de solutions et fait preuve de créativité sans égal dans sa course à l’évolution. Après avoir conquis la terre à l’aide de la roue; la mer avec des bateaux à voiles puis à moteur ; l’air avec des montgolfières et des avions à réaction, pourquoi ne pas développer la robotique, voire l’intelligence artificielle ! Rien n’arrêtera cette évolution. Il faut être conscient que la robotique fait son chemin dans ce sens ; c’est-à-dire qu’elle aide l’humain et lui rend la vie plus facile.
À ma mémoire me revient un souvenir de mon enfance. J’avais plus ou moins six ans quand mon frère et moi avons reçu un petit robot chacun en cadeau de Noël. Ces derniers avaient approximativement entre 12 et 15 pouces de haut. Deux couleurs dominaient les personnages, le noir et le rouge. Nos robots fonctionnaient au moyen de piles placées dans leurs énormes pattes et avançaient sur leurs roulettes. Pour la fin des années 40, il était un balbutiement qui n’avait pas l’expertise des robots des années 2000. Mais comme on dit : « Il y a un début à tout. »
À ce propos, entre 2010 et 2015, j’ai vu agir à la bibliothèque Gabrielle-Roy, un petit robot d’environ 18 pouces de haut, dont la tête, les bras, les jambes et le corps étaient en matière plastique blanche lustrée. Un cercle de personnes l’entourait et il répondait à leurs questions. Je me souviens qu’un type lui a demandé s’il pouvait lui chanter une petite chanson. Et le robot de lui répondre : « Yein, Yein, Yein, Yein Yein yein. » Ce qui peut se traduire par : « tu me niaises ! ». En effet, le petit Robot était là pour répondre à des questions, et non pour donner un concert.
Mais quand on parle d’intelligence artificielle, il ne faut pas simplement penser aux robots ayant une forme humaine ; c’est-à-dire avec une tête, deux bras, deux jambes et un corps. La robotique est le développement d’une intelligence pour le service de l’être humain, sans nécessairement avoir toujours la forme des humains qu’il remplace.
Un monsieur arrive à la boutique où il a acheté son Petit Robot il y a quelques années. Après l’avoir développé avec délicatesse, il le fait examiner par la
personne qui le lui avait vendu. Le vendeur regarde le petit Robot, l’examine soigneusement, pour dire finalement au propriétaire son diagnostic. « Monsieur, réparer votre robot peut coûter aussi cher, sinon plus, que d’en acheter un neuf. » Et ce dernier de lui répondre : « Pas question d’en acheter un neuf. Actuellement, il connaît tous les membres de la famille, il connaît toutes les pièces de la maison, il sait ce qu’il y a à faire, et il le fait très bien. Aussi, j’aime mieux vous le dire, nous le considérons comme un membre de notre famille ». La situation venait de se préciser.
Certaines voitures actuellement possèdent jusqu’à un certain point l’intelligence artificielle. Mon fiston me l’a démontré il y a quelque temps. Il a choisi une route en parfait état, sans trous et dont le marquage des lignes était impeccable. Arrivant dans une courbe, il a laissé l’auto se conduire elle-même. La voiture, grâce à son lecteur laser, a suivi la courbe de la route de façon parfaite sans l’aide du conducteur. Malgré cette belle avancée dans la conception automobile, disons que nous ne sommes pas encore prêts à la laisser diriger elle-même considérant l’état de nos routes. Pour ce qui est de sa construction par contre : elle est entièrement faite par des robots, en un mot, l’usine est complètement robotisée.
En écrivant ces quelques lignes, me reviennent à la mémoire les paroles d’une chanson du groupe Les Lutins, très populaire dans les années 60 :
« Monsieur le robot, Ne pleurez pas trop
Vous pouvez rouiller
Je serais désolé. »
Avec tout le respect que je dois à l’intelligence artificielle, PHILIPPE BOUCHARD
CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT.
Verticalement :
1- Produit céramique très fin, recouvert d’un enduit vitrifié.
20- Grande habileté artistique.
Horizontalement :
1- Spécialité culinaire espagnole. Déchirure dans un tissu. Roches, pierres. 45.
2- Touche au Yémen. Sous l’occiput. Perdre. Maligne, rapetissé.
3- Ridée. Petite embarcation. Cogner.
4- Préfixe signifiant autour (RUMICC). Mélange de blé et de seigle (LIMETE). Idée extravagante. Ne se fait pas sans peine.
5- Indispensable. Masse de métal, souvent précieux, coulé dans un moule. Signe astrologique.
6- Après un succès, on évite de s’asseoir sur ses ______ (RRUELSIA). Le degré le
plus haut d’une qualité (FRAISEPULT). Genre musical du Portugal.
7- Joseph ______ Bombardier. Deuxième État américain le plus petit par sa superficie. Cadeaux faits à l’occasion de Noël.
8- Acéré, mordant dans l’expression (IIICFNS). Soldats d’infanterie. Contrariété, tracas.
9- Faire un nœud. Fromage à pâte persillée de brebis. Enveloppe protectrice de la graine (MUGETTEN).
10- Lieu où l’on stocke. Fleurissent au printemps. L’une des divisions du cours classique.
Réponses au jeu p.29
La nuit blanche éclaire dans ma tête, Mon cerveau en effervescence.
Je ne sais pas si j’aurai la patience
De maîtriser toute cette souffrance, Surtout, celle de l’indifférence.
J’ai des goûts et des préférences.
Ma vie est remplie d’expériences
Qui éclatent dans tous les sens.
Parfois, le chaos s’empare de mon corps
Et chasse la chaleur de mon enfance.
J’ai puisé jusqu’au fond de mes tripes
Nargué ma vie dans tous les sens,
Voulu contenir toutes ses flammes.
Je n’ai pu l’empêcher de glisser sous mon nez
Pour aller se perdre jusque sous mes pieds.
Que reste -t-il de cette brillance
Où logeait mon adolescence ?
Mais où est donc passée cette assurance,
Cette lumière incandescente
Qui me donnait tant d’arrogance ?
Maintenant, je ne suis plus un enfant
Fragilisé, mais survivant,
Je cours encore sous de forts vents.
Malgré ce brasier qui me ronge, Je vis au-delà de mes ombres.
Nul ne peut mater l’incendie.
Cette folie incluse dans ma vie,
J’ai choisi de m’en faire une amie.
Elle va brûler jusqu’à ma mort, Alors, aussi bien la mettre de mon bord.
Oiseau de feu, bête de nuit,
Dans mon cœur, j’ai refait mon nid.
Lorsque dans ma tête les flammes s’enfuient, Que la braise recouvre mes soucis, Ma brûlure, c’est à mon âme que je la confie… Et j’espère un monde plus serein.
Qui serait égal, tant le tien que le mien.
Je me questionne à savoir jusqu’à quel point l’IA serait en mesure d’écrire un texte résumant l’expérience de toute une vie, racontée avec autant d’émotions qu’un cœur humain arrive à le faire ?
Comme je n’y connais rien en IA, je laisse le soin aux experts de se prononcer. En attendant, j’écris des poèmes remplis d’espoir.
Simplement,
MARC ÉMILE VIGNEAULT
De nos jours, il nous faut avoir toujours mieux et plus rapidement. L’intelligence artificielle (IA) résout ce problème de belle façon. Elle nous aide dans différents domaines : médecine, conduite automobile, rédaction de texte, reconnaissance faciale, production de vidéo, etc. Mais il faut fournir un grand nombre de données pour avoir un résultat satisfaisant parfois. Il faut donc une grande mémoire. Il y a sûrement d’autres applications que nous pourrons développer pour nous servir de l’IA.
Mais l’intelligence artificielle ne résout pas tout. En effet, elle peut aussi donner des résultats complètement farfelus. Quand cela se produit, on dit que l’IA hallucine.
C’est un outil très puissant et si elle tombe entre de mauvaises mains, ça peut être très néfaste. Par exemple, on a vu des gens se faire arnaquer. Le téléphone sonne, la personne répond et entend la voix de son fils qui lui demande de l’argent, car il est mal pris. Une tierce personne s’amène pour prendre l’argent et le tour est joué. Il faut donc être prudent avec cet instrument.
Centre femmes aux 3 A de Québec
Pour la réorganisation sociale des femmes
Téléphone : 418 529-2066
Télécopieur : 418 529-1938 reception@cf3a.ca www.cf3a.ca
On a vu aussi deux IA qui avaient développé un nouveau langage avec lequel ils communiquaient ensemble sans que les utilisateurs sachent les comprendre. Ils ont dû les débrancher pour les arrêter. On pourrait aisément imaginer un scénario dans lequel les IA communiquent entre elles et prennent le contrôle de l’humanité.
Mais je crois que si l’être humain a su développer une telle machine, il trouvera le moyen d’en garder le contrôle. Pour ma part, je préfère regarder comment cela va se passer dans le futur et attendre que l’on comprenne mieux le tout. J’aime mieux me tenir en retrait pour l’instant pour savoir comment cela évoluera dans le futur. Quand ce sera mieux encadré, je serai partant pour travailler avec l’IA.
MICHEL POTVIN
J’ai perdu la piste sur les traces de l’espoir
Enfoncé jusqu’au cou dans les neiges infernales
Pourtant, encore hier, j’étais apte à revoir
En plein cœur de l’hiver, ce sentier astral
J’ai beau hurler comme un loup
Ni la lune ne m’entend
J’ai beau chanter comme un fou
Ni le vent ne s’éprend
Alors je pleure pour me réchauffer
Des larmes de glace dans l’indifférence
Tandis que personne ne pourrait m’aider
Je ressens l’attrait de la délivrance
Je sors soudain de mon trou
Puis je cours dans la nuit
Comment je reste debout
Dieu seul s’en soucie
Je m’élance donc à la poursuite
Du moindre signe de vie
J’avance tellement vite
Que même la mort se replie
Épuisé, je tombe enfin
Tout près de mon objectif
La tête dans les mains
Et l’esprit captif
Je regarde au loin
Je revois dans le ciel
Sur le bon chemin
L’espérance qui m’appelle.
9480 Boul. Ste-Anne Sainte-Anne-de-Beaupré 418-702-0631 SPADESNEIGES.COM
Il rêve d’avoir
Une grande maison
Une belle piscine
Une grosse auto
Et une bonne assurance
Contre les accidents de la vie
Avoir de la chance
C’est se placer
Dans la trajectoire du hasard
Tes faux pas ne sont pas importants
Ce sont les suivants
Qui sont facteurs de changement
Les témoins de ton avancement
Il faut que tu prennes du temps
Pas juste le tien celui d’autres gens
Sans toutefois le gaspiller pour autant
Le temps n’est pas de l’argent
C’est plutôt le soleil et la lune
Et aussi le vent dans les dunes
Également un appel à ta mère
Pourquoi pas un voyage à la mer
Le temps, c’est la liberté
L’argent, la sécurité
Ce seront les uniques choix
Qui changeront ta voie
Civilisation en déclin
Sur un monde en ruine
Pas pour autant ta fin
Et ce depuis l’origine
Revendique ta vie, pas plus
Personne ne te doit rien
Tu dois toujours rester juste
Rappelle-toi ce qui est tien
Tu es né démuni
Tu repartiras ainsi
Entre les deux
Fais de ton mieux
Tu n’es pas en vie pour prendre
Tu es là simplement pour donner
Tout ce que tu prends il faut le rendre
Au bout de ton temps tu ne peux rien apporter
Je voudrais une poésie brillante
Avec des rimes de musique ahurissantes
Je voudrais que ma muse soit éternellement étincelante
De filée d’étoiles filantes
Dont les lumières
Lèveraient de l’amour, tous les mystères.
Je voudrais relever
Le défi d’expliquer
Comment on se fait ami
De notre propre vie.
Je voudrais avec aisance
Aimer les autres autour de mon existence.
Je voudrais toujours persévérer
Pour tous mes rêves réalisés.
Je voudrais être un artiste
Qui ne clame que les bonheurs possibles
Et qui ouvre la voie de l’accessible
Pour qu’on ne soit plus jamais, jamais triste.
Je voudrais qu’on apprécie
Les petits bonheurs gratuits
Le sourire d’une amie
La lune dans la nuit
Le bel arc-en-ciel après la pluie
L’eau fraîche qui sur les fleurs, parfois luit.
GAÉTAN DUVAL
Rêver les yeux ouverts
De plages ensoleillées
Siroter du lait de coco, du jus d’ananas
Les orteils plantés dans le sable
Et toi, tout contre ma peau
Comme du beurre de karité
Qui hydrate sa soif
Collés comme des sardines
Rêver les yeux ouverts
Quand il neige à plein ciel
S’ouvrir à la chaleur de l’espace
De tes bras, l’envie folle de m’y blottir
Un peu de dolce vita
Pour mon cœur qui grelotte
Plus qu’un contact visuel
Un corps à corps pour se souder l’un à l’autre
À défaut d’entretenir son jardin
Une femme tiédit, une fleur flétrie
Dans le terreau fécond de notre amour
Les mains, mettons-y les mains à la pâte
Jour après jour, bâtissons
Le nid douillet où se réchauffer nos printemps
Au temps des bourgeons pleins de promesses
Éclatons nos coquilles
Si nos hivers nous refroidissent
Si nous sommes frileux, maintenons le feu
Mon amour, changeons de saison
Il n’en tient qu’à nous
Nous le saurons, nous le ferons
Ouvrons-en l’autre l’espace sacré
D’un été torride pour se raviver le corazon
Dans l’embrasement de nos flammes
Rêver les yeux ouverts
De plages ensoleillées
Quand il neige à plein ciel
Ta présence, comme des ailes, me soulève
Sans tes rires, ta voix, tout simplement toi
À se siroter la tendresse
En tête à tête, dans le blanc des yeux
De la table, jusque sous les draps
Sans tes mains, sur mes reins
Dans le sanctuaire intime de nos étés
Dans ton regard posé sur moi
Quand tout se tient, dans le réconfort de l’anodin
Quand ce tout
Se trouve sous tes doigts avides
Mon amour, reviens
Reviens-moi
Je marche de long en large
Le sol se dérobe sous mes pieds
Comme si les lattes du plancher se désagrégeaient
Et que je ne puisse rien y faire.
Je vais sombrer dans le gouffre.
Pourtant, je ne demande pas à autrui de réaliser mes rêves
Car j’ai une confiance absolue en mes ressources intérieures.
L’idée de quitter la terre ferme devenait idyllique.
Le décès fut frôlé de très près,
Lorsque je me suis de nouveau affaissée.
Que je ne pouvais pas tomber plus bas
Et ce n’était aucunement la première fois.
Alors, je me suis construite avec fermeté
Sans être perdante pour autant
Une résistance tissée serrée.
Perdre pied, ce n’est pas abandonner
Cependant, si je ne me relève pas
Mais ça ne risque pas d’arriver !!!
Il y avait de la magie partout
Le ciel était d’une beauté superficielle
Il y avait un rêve dans les nuages
J’aimais prendre des photos du beau paysage.
Il y avait des chevaux merveilleux
Ils gambadaient avec élégance
Ils avaient des hennissements glorieux
Les chevaux étaient dotés d’une beauté spectaculaire.
Les chevaux étaient dignes d’être admirés
J’aimais les regarder gambader
Je trouvais leur ardeur étourdissante
Ils étaient fiers comme dans un enchantement.
Les chevaux scintillaient de magie parsemée de merveilles
Ils étaient adorables avec simplicité
Les chevaux comprenaient notre langage
Ils avaient ce talent incomparable
Le cheval, c’est mon animal préféré.
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Bonjour Monsieur, Madame tout-le-monde, lisez ce texte.
J’aimerais vous parler des méfaits de l’alcool et de la drogue. L’alcool et les drogues concernent bien la GRC, comme la SAQ et la SQDC. Je crois qu’il faut que la GRC règle le problème de la SAQ et de la SQDC pour que tout redevienne normal dans la ville.
Les drogues ne font pas les mêmes effets sur tout le monde. Elles peuvent rendre les gens fous et violents; ils peuvent perdre la tête. Pensons au crystal meth, quand les gens en consomment, ils deviennent fous raides, ils chantent du rap et du hardcore. Le monde peut être pété après trois puffs de cannabis, ils deviennent relax et ne savent plus dire un mot. Sur l’alcool, les gens peuvent prendre du poids et avoir une grosse bedaine de bière. Les substances ont des effets négatifs sur la santé.
La population consomme à cause des SAQ et des SQDC. Avant, le monde allait prendre un coup dans les bars. Maintenant, les gens achètent l’alcool et le cannabis à la SAQ ou la SQDC, et le consomment chez eux, tout seul. Les personnes peuvent s’isoler pour consommer plus.
L’alcool et la drogue c’est bien la GRC que ça concerne. Ça me dérange qu’il y ait des SAQ et des SQDC parce que toute la population consomme, comme si c’était normal et banal. En réalité, ce n’est pas normal que toute une population consomme de la boisson ou de la drogue, parce que ça peut créer des alcooliques et des drogués. Sous l’influence de ces substances, certaines personnes, comme des membres de gang de rue, peuvent poser des gestes criminels : vol de banque, meurtre, voie de fait, incendie criminel…
SÉBASTIEN BEAULIEU
Présentement je suis à l’asile, c’est pour ça que je ne vends pas le journal tous les jours. Je pense fort à vous et j’ai hâte de vous retrouver un bon jour.
Les intervenants sont merveilleux avec nous. Je respecte les intervenants. On peut dire ce qu’on pense sans qu’ils nous jugent. Les intervenants ont des idées qu’on n’a pas. C’est pour ça que ça marche. On met en pratique ce qu’ils nous disent. C’est l’fun de travailler avec eux, parce que tout le monde est égal. On n’a pas plus ou moins que les autres. On peut s’expliquer calmement. Les intervenants sont pour nous aider à prendre notre vie en main. Lisa