L'An Vert n°6

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N°6 - L’An Vert - avril 2019

L’AN VERT L’AN VERT DOSSIER

Un virage écolo pour les DOSSIER villes de demain Surpêche : une mesure pourrait la relancer ANIMAUX SUJET X des Vers

cirques sans animaux ? Le sexe éco-friendly MOBILITE L’INSTANTANEELes plans mobilité européens sont-ils Faut-il arrêter deàprendre l’avion la hauteur ? ?


Médias «La vague verte» p.3 Dossier Grégoire Noally

Passage au vert Parfois, on se dit que rien ne va plus. Aujourd’hui, le monde se voit étouffé par l’insistance de la pollution plastique dont les méfaits sont connus de tous, par les pics de pollution dans les métropoles , par les nombreuses inondations qui frappent plusieurs continent. Mais l’espoir est toujours là. À l’heure où notre société se voit de plus en plus impactée par les mobilisations pour l’environnement grâce, notamment, aux marches pour le climat et l’implication des jeunes. La jeunesses justement, à l’honneur en matière de climat dans ce numéro avec le groupe écologiste Extinction Rébellion, et leurs actions fortes dans les rues pour dénoncer l’urgence écologique que vit notre société. Les initiatives pour lutter contre la pollution des métropoles fleurissent. De ce sujet, l’équipe de l’An Vert a décidé de réaliser un dossier. Nous avons souhaité montrer l’urgence de la situation, l’importance de réagir mais en mettant en lumière les décisions prises par des villes. L’Homme prend, petit à petit, conscience des enjeux environnementaux qui l’entourent. Et pour certains, l’enjeu devient politique. En effet, les responsables politiques de certaines villes ont compris qu’ils pouvaient guider leur politique vers l’écologie et donner un accent plus responsable à leur métropole à l’instar de Vancouver, une ville avec de réelle ambition pour l’environnement, en faveur de la planète mais surtout de ses habitants. L’Environnement est parfois critiqué voire oublié. L’An Vert est le magazine de solution, pour vous expliquer et décrypter l’actualité environnementale. Bonne lecture !

Un virage écolo pour les villes de demain. p. 4-6 Mobilité Les plans mobilité européens sontils à la hauteur ? p.7 L’instantané Manifestations pour le climat : Extinction Rebellion envahit les rues du monde p.8-9 Animaux Vers des cirques sans animaux ? p.10 Hexagone Produits ménagers : un nouvel étiquetage s’impose. p.11 Vite dit Disneyland et McDonald réduisent leur empreinte écologique p.12

« C’est l’inaction des adultes sur le climat qui a contraint les jeunes à descendre dans la rue », estime Severn Cullis-Suzuki, écologiste canadienne. Directeur de publication : Patrick Girard Rédacteur en chef : Grégoire Noally Community Manager : Arthur Blet et Prescillia Boisseau Twitter de l’An Vert : @LAn_Vert Secrétaire de rédaction : Valika Robert et Matéo Dufour Rédaction : Thibault Ajaguin (@ThibaultAjaguin), Arthur Blet (@ arthurblet), Prescillia Boisseau (@PrescilliaBoiss), Matéo Dufour (@ DufourMateo), Léa Dubuc (@dubuc_lea), Clément Granon (@GranonClément), Fleurestine Jaffrelot (@fleurjaffrelot), Grégoire Noally (@ greg_nly), Sophie Repoux (@lapattenoire), Mickaël Robert (@mickaëlrobert12), Valika Robert (@valikarobert) Maquettiste : Matéo Dufour, Mickael Robert, Grégoire Noally Locaux : 47 rue du Sergent Michel Berthet, Lyon, 69009

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« La vague verte »

David Georgeon a suivi des surfeurs pour observer les changements climatiques en Colombie. ©AP

L’épisode 3 « Colombie », sorti le 11 avril est le coup en 2016, mais reste encore marqué par ces années de cœur de la rédaction. de violence. Les initiatives comme celles de Rodrigo Ils sont beaux. Ils vivent à Hawaii. Ils pourraient se la au-delà d’être écoresponsables sont également de couler douce au soleil, mais ils ont décidé, de changer bons moyens pour lutter contre la précarité et aider le monde. Manu, Carine et leurs deux enfants ont été des populations à se reconstruire grâce à une lutte suivi, à travers les différents épisodes de « La vague contre les méfaits humains en tous genres. verte », par le réalisateur David Georgeon. Cette famille mordue de surf et de voyages pratique une phi- La pollution plastique, un triste fil conducteur de la série losophie de road-trip tournée vers la découverte de femmes et d’hommes qui esDans chacun de ces épisayent de préserver les joyaux sodes de 30 minutes, menacés par la pollution et le David Georgeon nous changement climatique. Dans ce troisième épisode « Le nombre de mammifères marins mourant chaque fait ressentir, à travers ses images impressionColombie », la petite famille année des suites d’une indigestion au plastique nantes, l’immensité du rencontre le peuple des infléau qu’est le plastique diens Wayuu une communauté de pêcheurs mordus de surf qui lutte depuis des aux quatre coins du globe. Comment des petites îles années contre le tourisme de masse et les probléma- comme « Sao Tomé » - île appartenant au Portugal, tiques qu’il entraîne. L’enjeu environnemental numé- situé sur la côte Ouest africaine - ou « Fanning » - apro un est la pollution plastique qui submerge le petit partenant aux archipels des Kiribati, situé au centre village, Cabo de la Vela, et détruit cet endroit paradi- du Pacifique - (épisodes 1 et 2) deviennent des décharges à ciel ouvert à cause des tas de déchets jeté siaque. à l’eau dans le monde et ramenés par les courants marins sur leurs côtes. On y découvre également le Recyclage maison et lutte contre le terrorisme manque de moyens importants pour lutter contre ce Les quatre surfeurs-baroudeurs partent alors à la ren- problème majeur. Pour information, en dix ans, nous contre de Rodrigo. Depuis quelques années, il incite avons produit plus de déchets plastiques qu’au cours les habitants de la région à collecter des bouteilles du siècle dernier. Les océans et leur faune sont les plastiques, ou autres canettes, en échange d’une premiers à en pâtir, chaque année, 100 000 mamsomme d’argent suffisante pour vivre. Et ça marche mifères marins meurent des suites d’une indigestion au plastique. Pire, des espèces de poissons encore in! Moins de plastiques pour plus de pouvoir d’achat ! Une initiative simple mais qui aujourd’hui permet à connues de l’homme récemment sont découvertes en beaucoup de jeunes de prendre un autre chemin que voie d’extinction à cause de cette pollution. Alors même si « La vague verte » c’est aussi une hiscelui d’activités illégales et violentes en tous genres. L’inaccessibilité et la pauvreté de cette région du toire de passionnés de glisse, le grandiose de ces donord de la Colombie a été pendant longtemps un des cumentaires provient de la prise de conscience qu’ils principaux terrains d’affrontement pour les groupes visent à susciter. A retrouver sur Spicee.com paramilitaires et les FARC (Forces armées révoluClément Granon tionnaires de Colombie). La zone a été démilitarisée

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MEDIAS

Série documentaire lancé en janvier par le média en ligne Spicee, « La vague verte » c’est l’histoire d’une famille de surfeurs qui parcourent le monde à la découverte des meilleures vagues de la planète et d’initiatives environnementales locales.


DOSSIER

Un virage écolo pour les villes de demain

Vincent Callbaut est architecte-designer pour imaginer le centre-ville de Bruxelles de demain. Il réinvente une ville propre, technologique et innovante. ©Paris Match

Une prise de conscience planétaire

A l’heure où les marches pour le climat prennent de plus en plus d’ampleur en Europe, les finalistes du prix de la capitale verte européenne ont été dévoilés le 11 avril dernier. En lice pour 2021 : Lhati (Finlande), Lille et Strasbourg. Zoom sur les villes qui ont enclenché leur virage écolo.

L’environnement est désormais un enjeu compris au delà des frontières. Le défi principal de la transition écologique est d’amener la population d’une ville ou d’un pays à changer ses comportements. C’est étonnamment à Kigali (Rwanda) que fut interdit pour la première fois dans le monde, le polyéthylène (matière la plus utilisée pour la fabrication du plastique des sacs plastiques). «Mesdames et Messieurs, nous vous rappelons que les sachets en plastique non biodégradables ne sont plus autorisés au Rwanda» déclarait dès 2004 Paul Kagamé. L’avangardiste ville de San Francisco et la ville de Portland (Etats-Unis) suivent le pas en 2007. Mais à Kigali, l’environnement est au coeur de la politique. Tous les derniers samedi de chaque mois, tous les Rwandais âgés de 18 à 60 ans doivent réaliser l’umunga. Cette pratique consiste à collecter les déchets présents dans les rues ou dans la nature pendant la matinée. L’objectif de Paul Kagamé est de faire de Kigali une puissance africaine en développant l’écologie tout autant que l’urbanisme. Il use donc d’une politique répressive, allant même jusqu’à sanctionner de six mois de prison ferme les fraudeurs. Répressives pour certains, incitatives pour d’autres, les décisions politiques dessinent les volontés des Etats. Le Portugal offre des tarifs avantageux pour l’achat d’une voiture électrique, suite à l’installation de très nombreuses bornes dans le pays depuis 2015. «Nous voulons être l’un des premiers pays à avoir un réseau de mobilité électrique qui couvre la plus grande partie de son territoire afin de permettre à tous ceux qui choisiront la voiture électrique de pouvoir se ravitailler partout», avait déclaré J.Socrates, 1er ministre de l’époque, lors de la présentation du réseau «Mobi.E».

La production et la gestion des déchets, la nature et la biodiversité, les transports et même la gestion de l’environnement par les pouvoirs locaux : voilà les critères du prix de la capitale verte européenne. Depuis le 11 avril, on sait que Lappeenranta (Finlande) Limerick (Irlande) et Mechelen (Belgique) sont les finalistes pour 2020 tandis que Lille, Strasbourg et Lahti sont les finalistes pour 2021. Par ce trophée, la commission européenne souhaite “promouvoir et récompenser l’engagement et l’innovation“ de certaines municipalités. Depuis 10 ans, ce prix récompense les villes qui prennent en compte l’environnement dans leurs aménagements urbain à l’instar de Victoria, dans le pays basque espagnol, primé en 2012 pour avoir aménagé un anneau vert de 613 hectares afin de relier la ville avec l’espace rural. Un effort qui inscrit les villes dans une logique de développement durable, devenu une problématique actuelle indispensable. Prendre en compte les enjeux sociaux, environnementaux, culturels et économiques de l’urbanisme, telle est la définition d’une ville durable. Cela passe à la fois par la mobilité, l’énergie, l’empreinte écologique et plus globalement les modes de vies de chacun. Les déplacements, l’agriculture (infographie), l’électricité, les espaces verts... tout doit être ré-imaginé pour inventer la ville de demain.

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La mobilité, un facteur clé de la transition durable

“L’enjeu de la transition énergétique est de passer de l’économie dans laquelle nous vivons actuellement, [...] vers une économie qui dépende le moins possible du pétrole, du gaz et du charbon“ déclarait à l’université Paris-Sorbonne, Gaël Giraud, chef économiste de l’Agence française de développement. L’un des moyens les plus évidents pour s’insérer dans la transition écologique, c’est bien évidemment de travailler sur la mobilité. La plupart des ©L’An Vert pays d’Europe du nord ont compris depuis longtemps l’importance de cette mobilité durable. 85% des enfants à Oslo (Norvège) vont à l’école en vélo ou à pied tandis que la ville de Copenhague (Danemark) compte plus de vélos que de voitures. Quant à l’éco-quartier Vauban à Freibourg (Allemagne) 5 000 habitants y cohabitent sans voitures. Enfin, la Belgique vient d’annoncer un plan financier massif pour la mobilité (voir page 7). Au delà du développement de nouveaux modes de déplacements, certaines villes préfèrent renouveler les équipements déjà existants. C’est le cas de Bristol (Angleterre) qui a investi plus de 500 millions d’euros en 2015 pour renouveler ses aménagements urbain, no-

tamment ses transports avec le déploiement du Métrobus, à faible émissions. Pour un plan environnemental ambitieux, la ville a obtenu en 2016 le prix de Capitale verte européenne. Elle souhaite désormais investir 300 millions de plus au projet d’ici 2020. Et désormais même l’Asie s’y met ! Beijing, connue pour sa pollution de l’air, construit une passerelle au dessu du rond-point de Mingzhu pour permettre aux cyclistes et piétons de se déplacer plus rapidement et en sécurité. Parallèlement, le gouvernement chinois a instauré l’obligation par les villes de prévoir des immeubles de moins en moins hauts. Une prise de conscience importante dans un pays où la pollution atteint des pics historiques. Des villes vertes tout droit sorties de terre

Proche de Beijing, “un projet qui aura une importance pour le millénaire”, selon le président Xi Jingping voit le jour. Parti de rien, l’Etat chinois fait construire Xiongan, une ville totalement écologique. L’objectif est d’accueillir 6 millions d’habitants d’ici 2035, pour décongestionner la capitale et sa pollution. Pour ce faire, quatre lignes de TGV seront construites pour desservir Pékin, et deux canaux alimenteront la ville. Les bâtiments ne dépasseront pas les cinq étages et les rues devront être arborées. Au total, 600 milliards d’euros sont investis. Au delà de l’aspect durable de la ville, Xiongan sera aussi très connectée puisque les habitants se déplaceront en navettes autonomes et tous les paiements en magasin se feront par reconnaissance faciale. Le gouvernement chinois a donc fait le choix de construire une toute nouvelle ville résolument moderne et pensée pour être durable afin d’empêcher l’implosion de Beijing. Des situations différentes mais qui ont pour but commun de penser à la ville de demain. Celle qui alliera à la fois économie, social et écologie. Léa Dubuc et Arthur Blet

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DOSSIER

La ville canadienne de Vancouver s’est également insérée dans cette politique incitative afin de changer le comportements de ses habitants. Gregor Robertson, le maire de Vancouver lance en 2008 le plan “Green cities”. L’objectif : faire de la cité canadienne, la ville la plus verte du monde d’ici 2020. Pour y parvenir l’ensemble des compacteurs de déchets fonctionnent à l’énergie solaire, des détecteurs de présence pour les lumières permettent d’économiser de l’énergie et la municipalité a mis en service 200 bornes de recharges pour les voitures électriques. Depuis son lancement, 80% des objectifs fixés ont été atteint en 2016. San Francisco a elle aussi lancé une politique environnementale afin d’obtenir le label “Zéro Waste” - décerné par l’association du même nom - récompensant les villes zéros déchets et zéro gaspillages. Elle fait aujourd’hui figure de modèle dans le recyclage de ses déchets.


DOSSIER

“La croissance démographique mine le développement (durable) de l’Afrique“ L’environnement est aujourd’hui au cœur des logiques d’urbanisme. Tout est réalisé en pensant développement durable. La dynamique est-elle la même dans les pays peu ou pas développés ? François Léger, spécialiste de l’Afrique subsaharienne, ancien diplomate et aujourd’hui professeur répond à nos questions. Aujourd’hui, à quel enjeu doit faire face l’Afrique ?

L’Afrique connait une situation très uniforme. Elle est en retard de développement mais il y a des secteurs de pointe. L’énorme problème de l‘Afrique subsaharienne, c’est que sa population devrait doubler d’ici 2050, pour atteindre plus de 2 milliards de personne. En parallèle, on va assister à une énorme urbanisation, on comptera entre 1,2 et 1,4 milliards d’habitants en ville.. Ainsi, la croissance démographique mine le développement (durable) de l’Afrique. Face à ce phénomène, il y a d’énormes problèmes d’aménagements des infrastructures : traitements des eaux usées, électrification, routes, accès à l’eau potable. Des problèmes que les grandes capitales connaissent déjà comme Légos (Nigéria), Kinshasa (RDC), Luanda (Angola), Kartum (Soudan) ainsi que Le Caire. Peut-on dire que les grandes villes africaines ont pris un virage axé sur le développement durable ?

A mon avis non. Elles sont très en retard, il y a un manque réel d’investissement dans l’infrastructure car les pays africains manquent d’argent. On estime que deux tiers des infrastructures nécessaire à la population ne sont pas encore construites. Cependant il y a de gros projets, notamment hydroélectrique en Ethiopie. Des barrages gigantesques sont construits pour créer de l’électricité et ainsi améliorer la vie des habitants. Mais en même temps, les barrages assèchent des vallées et en inonde d’autres, ça bouscule l’écosystème. Concernant la mobilité, quel est l’état actuel du continent ?

Le continent à un réel problème de réseau, les pays et villes sont mal reliées. Quand on sort des villes il n’y a plus de routes, les villages sont donc éloignés et mis à l’écart du progrès. Concernant les grandes villes, il y a beaucoup à faire en termes de transports collectifs. Il y aurait des métros à installer ou des tramways en site propre mais ce n’est aujourd’hui pas avancé.

François Léger, ancien diplomate est spécialiste de l’Afrique subsharienne. Il a enseigné à Sciences Po Lyon et aujourd’hui à l’école 3A.

Aujourd’hui, il y a des embouteillages énormes avec une pollution énorme due à la circulation automobile. Pourquoi tous les pays d’Afrique ne suivent pas l’exemple du Rwanda, un pays précurseur dans le développement durable ?

Le Rwanda est une exception en Afrique. Ce n’est pas du tout représentatif du continent. Ils ont vécu un traumatisme terrible en 1994 lors du génocide. Avec Paul Kagamé, c’est un gouvernement fort au pouvoir. .La conscience environnementale y est en effet forte. En même temps elle va de pair avec la croissance économique et les nouvelles technologies. Or, le pays souhaite se développer et il a compris que ça passe par cette sensibilité environnementale. Mais c’est un tout petit pays, les grandes masses africaines ne sont pas là. Le Rwanda est moins victime de la croissance démographique que d’autres grands pays d’Afrique comme le Nigeria ou le Niger. Selon vous, l’Afrique fait-elle assez d’efforts pour l’écologie ?

Il y a aujourd’hui des efforts qui sont faits, des infrastructures sont construites, les transports s’améliorent, les logements sont isolés. La transition écologique elle, viendra plus tard ou jamais. Mais ce n’est pas la mentalité du jour, aujourd’hui c’est éduquer, manger et loger qui compte.Un autre problème important est la viabilisation des terrains : 70% des habitants de l’Afrique subsaharienne ne sont pas reliés à l’électricité. C’est un défi pour le continent. Arthur Blet et Léa Dubuc


Enjeux climatiques : les “plans mobilité” européens sont-ils à la hauteur ?

Les transports routiers représentent 19% des gaz à effet de serre de la Wallonie. Les émissions de ce secteur ont augmenté d’environ 30% en 20 ans. ©RTBF

800 kilomètres. C’est ce que prévoit le gouvernement de Wallonie dans son plan Mobilité et Infrastructures adopté le 11 avril. Le Programme des Nations unies pour l’environnement estime à 750 000 le nombre d’emplois qui pourraient être créés en Europe si la part modale du vélo dans les centres urbains devait égaler celle de Copenhague. Ainsi, dans la capitale du Danemark, 41 % des déplacements quotidiens se font à vélo.

améliorer la mobilité de son personnel et favoriser les transports en commun. Dans la loi Mobilité actuellement débattue, des allègements fiscaux sont proposés aux entreprises qui favoriseront l’utilisation de vélo. Mais, en parallèle, les amendements proposant l’instauration d’une taxe poids lourds pour les transporteurs étrangers transitant en France ont été rejetés par le Sénat. Et en Wallonie, le gouvernement qui souhaite développer la filière du fret camions propose une prime pour l’achat de nouveaux véhicules, jusqu’à 24000 euros alors que les camions, bus et voitures sont responsables des ¾ des émissions de co2 du secteur des transports dans le monde. Ces mesures ne semblent pas correspondre à une volonté de réduction de la pollution atmosphérique.

Déplacement individuel

Le plan Mobilité wallon en détail c’est 792 millions d’euros pour les routes secondaires et les aménagements cyclo-piétons, 300 millions pour les autoroutes, 78 millions pour le déplacement en bus et 350 millions dans l’aménagement des voies hydrauliques pour le fret. Les 800 kilomètres de pistes cyclables sont appréciables mais en milieu rural, le vélo n’est pas un moyen de transport suffisant. Or, à part le développement d’une ligne vers l’aéroport de Gosselies et une antenne de métro léger, le gouvernement wallon ne propose rien pour favoriser le train par exemple et pour permettre l’intermodalité, enjeu fort pour les populations rurales comme citadines.

La technologie au service de l’environnement

Si les gouvernements sont largement critiqués pour leur frilosité sociale et environnementale, certaines villes prennent les devants. La ville de Mulhouse a lancé, en octobre 2018, une application “Mobility as a service”. Elle permet aux usagers d’utiliser bus, métro, tramways, vélos, taxis, voitures en autopartage etc, en somme toute l’offre de transport de l’agglomération. Ce nouveau service permet de s’affranchir en grande partie de la voiture sans perdre de mobilité. Question tarif, l’usager ne paie qu’en fin de mois les services effectivement empruntés, avec une seule facture et au tarif le plus avantageux. Ce compte mobilité est abordé dans la Loi mobilité pour une généralisation en France et avec l’obligation aux prestataires privés de donner accès à leurs services.

Et toujours des véhicules automobiles

En France, seuls 3% des actifs utilisent le vélo pour se rendre au travail. En Europe, la moyenne, légèrement supérieure, est de 7%. Malgré tout, le sujet a le vent en poupe car c’est un enjeu important en milieu urbain et dans la promotion des circuits courts. Depuis le 1er janvier 2018, un article de la loi de transition énergétique impose aux entreprises regroupant plus de 100 travailleurs sur un même site d‘élaborer un Plan de Mobilité pour

Sophie Repoux

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MOBILITE

Jeudi 11 avril, le gouvernement wallon a validé son plan Mobilité et Infrastructures 2019-2024. Il prévoit d’investir 1,5 milliard d’euro dans la rénovation, entre autres, de son réseau routier en y aménageant également des pistes cyclables et piétonnes. La loi Mobilité en France, adoptée par le Sénat début avril, insiste aussi sur le déplacement à vélo. Des mesures adéquates pour les populations rurales et suffisantes quant à la pollution des véhicules automobiles ?


L’INSTANTANÉ

Manifestations pour le climat : Extinction Rebellion envahit les rues du monde Depuis lundi 15 avril 2019, le groupe écologiste Extinction Rebellion effectue des actions de blocage de rues, de ponts ou encore d’écoles dans plusieurs villes, notamment New York, Paris, La Haye, Lausanne, en Espagne, en Turquie… La « Semaine internationale de rébellion « a été lancée par Extinction Rebellion et se déroule en ce moment-même dans près de 80 villes de 33 pays du globe. Dans certains pays, les militants écologistes se sont collés aux trains des villes, ont bloqué des banques, et même versé du faux sang dans les rues. L’objectif, mener des actions de désobéissances civiles non violentes pour protester contre l’inaction politique face à l’urgence climatique. A New York, les activistes ont organisé un die-in (voir photo) près de l’hôtel de ville au pied du pont de Brooklyn mercredi, avec pour but d’obtenir une résolution de la ville déclarant une urgence climatique. Une idée britannique basée sur des fondements américains

Ce mouvement d’activistes radicaux pour le climat est né en Grande-Bretagne fin 2018, à l’initiative d’un grand nombre d’universitaires. Ils se sont inspirés de la stratégie de lutte pour les droits civiques aux États-Unis des années 60, et grâce aux réseaux sociaux, ils réunissent maintenant des militants de plusieurs pays du monde, dont les États-Unis. Et c’est à Londres que les actions sont plus nombreuses et intensives, où cinq lieux les plus fréquentés du centre de la capitale britannique sont bloqués par des milliers de rebelles. Les manifestants réclament un « état d’urgence écologique «. Et au bout d’une semaine, le groupe a déclaré dimanche être prêt à faire une pause, si et seulement si le gouvernement britannique accepte d’ouvrir des négociations. « S’ils ne saisissent pas cette occasion, et s’ils refusent de venir négocier avec nous, cela continuera et cela s’intensifiera, de façon différente et très créative «, prévient un porte-parole du groupe de Londres, James Fox, qui insiste tout de même sur la non-violence du mouvement. Extinction Rebellion Londres demande au gouvernement de déclarer une urgence climatique, de réduire les émissions de gaz à effet de serre à zéro net d’ici 2025, et de lancer une assemblée citoyenne sur le climat et la justice écologique. Malgré les nombreuses idées proposés par l’organisation, rares sont celles qui sont appliquées aujourd’hui. Leurs propositions restent souvent au point mort, et la crédibilité de ces acteurs s’affaiblit. Au bout d’une semaine, plus de 680 activistes ont été arrêtés où les manifestations les plus importantes avaient lieu a déclaré la police britannique. La « rébellion internationale « devrait se poursuivre jusqu’à lundi prochain, le 29 avril 2019. Valika Robert et Matéo Dufour

A New York, alors que les manifestants ont pro été arrêtées pour mise en danger, selon la polic

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L’INSTANTANÉ

©Le Figaro. 78% des français approuvaient l’appel au blocage du 17 novembre, selon un sondage Odoxa. océdé à un die-in au pied du pont de Brooklyn, soixante personnes ont été arrêtées pour conduite désordonnée et deux personnes ont ce de la ville concernée. ©Erik McGregor

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ANIMAUX

La société Optoma a créé un projecteur pouvant couvrir une piste de 32 mètres de diamètre avec une visibilité à 360 degrés pour les spectateurs, tout cela mêlé à des reproductions pour le moins réaliste. ©Roncalli

Vers des cirques sans animaux ? Dernièrement, le cirque allemand Roncalli remplaçait les animaux de ses numéros par des hologrammes. Désintérêt du public, pression des défenseurs de la cause animale et réticence des collectivités locales, il devient difficile pour les circassiens de faire perdurer cette tradition du cirque dit “classique”. Un chapiteau, des spectateurs, un éléphant en équilibre sur ses pattes avant, a priori tout d’un cirque traditionnel. Oui, sauf que tous les animaux sont en fait des hologrammes, des images en trois dimensions semblant suspendues dans les airs. Ce concept futuriste, c’est la nouvelle idée du cirque allemand Roncalli qui s’engage pour le bien-être animal et qui avait déjà banni la plupart des animaux de ses spectacles dans les années 1990.

A l’heure où le cirque classique fête ses 250 ans, la question de l’interdiction des animaux dans les spectacles liée à leur bien-être reste épineuse. Le débat soulève de nombreuses questions aussi bien scientifiques que morales. Celles-ci n’ont d’ailleurs jamais vraiment été tranchées par les spécialistes du comportements des espèces animales, même s’il existe des préconisations comme celle de la Fédération européenne des vétérinaires qui recommande l’interdiction de l’utilisation des mammifères sauvages dans les cirques itinérants européens “qui ne peuvent satisfaire aux besoins physiologiques, mentaux et sociaux” de ces espèces. Si certains circassiens franchissent le pas pour des raisons commerciales ou morales, il semble difficile aujourd’hui de tirer un trait sur cette tradition vieille de plusieurs siècles.

L’idée de remplacer les animaux de cirque par des hologrammes peut s’avérer ingénieuse quand on sait l’intérêt grandissant pour la cause animale dans nos sociétés occidentales notamment. Selon un sondage de l’Ifop pour la fondation “30 Millions d’Amis” de février 2018, 67% des Français seraient favorables à l‘interdiction des animaux sauvages dans les cirques. Prescillia Boisseau Il y a un an, le cirque Pinder était d’ailleurs placé en liquidation judiciaire, son propriétaire, Gilbert Edels- La législation sur les animaux de cirques en Europe.©Cirque de France tein, évoquant entre autres raisons les critiques sur la présence d’animaux dans ses numéros. Entre réticence des collectivités locales et interdictions

Sensibilité au bien-être animal ou pas, 28 pays dans le monde interdisent totalement la présence d’animaux (sauvages ou non) dans les cirques, quand d’autres ne le font que partiellement par le biais de textes nationaux ou d’arrêtés locaux. En France par exemple, on estime à 90 le nombre de communes ayant pris des décisions dans ce sens, selon le site “cirques de France” de l’association Code animal. Même lorsqu’il n’existe aucune base légale pour de telles interdictions, la pression des défenseurs de la cause animale et les réticences des collectivités locales complexifient donc le travail des circassiens.

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Produits ménagers : un nouvel étiquetage s’impose Au même titre que le « nutri’score » pour la malbouffe, le magazine 60 millions de consommateurs réclame un « Menag’score » pour les produits ménagers. Un nouvel étiquetage pour guider le consommateur vers des produits moins nocifs pour sa santé et celle de la planète. 67% des produits ménagers se révèlent être extrêment allergisants selon 60 millions. ©Pixabay

60 millions de consommateurs s’est penché sur la question des produits ménagers dans le cadre la sortie de son édition hors-série. 86 produits différents ont été passé au crible. Parmi eux, de grandes marques « expertes » en la matière souvent ventées pour leurs vertus nettoyantes ou dégraissantes. Selon le magazine, ces produits ménagers industriels vendus dans les commerces « contiennent plusieurs substances toxiques, nuisibles à notre santé et/ou à l’environnement ». C’est grâce à ces « substances toxiques » qu’ils doivent leur efficacité. Il est conseillé de manipuler ces détergents et autres produits ménagers avec beaucoup de précautions. La meilleure façon de s’en servir pour l’utilisateur serait de se munir de gants et masques de protection pour éviter d’ingérer les composants organiques volatiles (COV), présents dans les produits manufacturés. Néanmoins nous sommes très peu à suivre ces conseils à la lettre. L’étude montre que les étiquettes de ces produits ne sont pas suffisamment intuitives, voire incompréhensible, pour le consommateur : compositions, illustrations, polices. «Pour les détergents, il est obligatoire de mettre les ingrédients sur internet, réagit Christelle Henry, directrice du syndicat des produits d’hygiène industriels. Il nous semble plus important de mettre sur l’étiquette des informations pratiques sur l’utilisation plutôt que la composition entière avec des noms de produits chimiques qui n’ont aucun sens ». En attendant, une réforme pour la suppression de ces molécules toxiques des rayons des supermarchés, 60 millions de consommateurs proposent de revoir d’une nouvelle façon l’étiquetage. Mais aussi, de noter chacun des produits en commençant par la lettre A pour les produits les plus vertueux, jusqu’à E pour les produits contenants des substances irritantes, allergisantes voire même cancérogènes.

L’étude publiée l’année dernière par American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine a démontré que l’utilisation des produits ménagers revient à l’équivalent de fumer un paquet de 20 cigarettes par jour et ce pendant 10 à 20 ans. Les plus touchés par ce phénomène sont les femmes. Les organes respiratoires des hommes seraient-ils plus résistants ? Eh bien non, l’explication est liée à l’inégalité des tâches ménagères au sein du foyer. Pour pallier cette surexposition aux micros particule toxique certaines femmes préconisent de troquer ces produits contre des méthodes plus naturelles, comme le citron, le vinaigre blanc, le bicarbonate de soude ou encore le savon noir. Fleurestine Jaffrelot et Mickael Robert

©L’An Vert

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HEXAGONE

Nos poumons s’encrassent pour faire briller notre foyer


Les gamers se mettent au vert Le #NoBuildChallenge a été lancé par le Fonds Mondial pour la Nature depuis le 9 avril 2019. Ce nouveau défi consiste à gagner une partie du jeu vidéo Fortnite, en n’utilisant aucune des ressources naturelles mises à dispositions. L’objectif : sensibiliser les joueurs aux enjeux environnementaux actuels. Si le procédé a l’air innovant, la question environnementale a été abordée dans le jeu vidéo dès les années 1990. Ainsi de Sonic en 1991 à Awesome Possum (1993), les jeux vidéos se penchent sur des thèmes verts comme la protection des animaux et la défense de la forêt tropicale.

VITE VITE DIT DIT

Les joueurs doivent gagner une partie sans détruire les ressources naturelles du jeu. ©Image

« Réchauffement climatique is coming » La secrétaire d’Etat à la Transition Écologique, Brune Poirson, a profité de la folie engendrée par la sortie du premier épisode de la saison 8 de Game of Thrones, pour rappeler l’enjeu du siècle qu’est le climat. Dans une bande-annonce publiée sur son compte Twitter, elle détourne les images de la série au service d’un message de sensibilisation sur lequel on peut lire « nous unir pour lutter contre le vrai mal, le seul qui doit unir l’humanité : le réchauffement climatique ». Brune Poirson revisite la phrase culte de la série, et sensibilise sur le réchauffement climatique. ©Twitter

Disneyland et McDonald réduisent leur empreinte écologique Disneyland Paris, vivement résolu à limiter son impact sur l’environnement a depuis jeudi 18 avril 2018, décidé de remplacer les pailles en plastique du parc par des pailles 100% biodégradables. La semaine suivante, le célèbre parc français a également remplacé ses sachets plastiques, pour utiliser des sacs faits à 80% de matière recyclée, et prévoit l’implantation de panneaux solaires dans le parking principal. Dans cette guerre contre le plastique, l’enseigne McDonald France a annoncé elle aussi la fin des pailles et couvercles en plastiques depuis le 19 avril, dans les 1 500 restaurants français d’ici octobre 2019. Ces actions sont des réponses concrètes, suite au vote de l’Union Européenne le 27 mars dernier sur l’interdiction des plastiques à usage unique en 2021.

Disneyland Paris répond au vote de la loi sur l’interdiction des plastiques à usage unique en 2021. ©dlpwelcome.com

Thibault Ajaguin

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