L'An Vert n°5

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N°5 - L’An Vert - avril 2019 N°5 - L’An Vert - avril 2019

L’AN VERT L’AN VERT DOSSIER DOSSIER

Surpêche : une mesure Surpêche : une mesure pourrait la relancer pourrait la relancer SUJET X SUJETéco-friendly X Le sexe

Le sexe éco-friendly

L’INSTANTANEE L’INSTANTANEE Faut-il arrêter de prendre l’avion Faut-il arrêter de prendre l’avion ? ?


Médias Les semences anciennes : un trésor économique p.3 Dossier Fleurestine Jaffrelot

La pêche aux infos Après les manifestations portées par les jeunes du monde entier, le 15 mars dernier, pour rappeler de l’urgence climatique nous en sommes toujours au même point. Ça n’évolue pas. Après quatre mois d’absence L’An Vert se lance dans une nouvelle rubrique, média. Le concept est simple s’attarder sur un média qui aura traité une actualité en lien avec notre ligne éditoriale. A l’honneur cette semaine le magazine mensuel économique Capital, qui s’est longuement attardé sur les semences anciennes. L’agriculture au cœur de l’avenir écologique, va devoir être repensée pour éviter une catastrophe alimentaire mondiale. Depuis des années la pêche industrielle s’est développée, notamment avec des technologies de pointes issues de la seconde Guerre Mondiale, comme les radars ou l’incassable fil de nylon. L’Europe a décidé de fermer les yeux, et d’accélérer la surpêche avec six milliards d’euros alloué pour la période 2021/2027. Sujet traité dans notre dossier, les chiffres qui en ressortent sont de plus en plus alarmant pour l’avenir marin. A l’image cette semaine, un changement de vie radicale porté par le « flyskam », la honte de prendre l’avion, porté par la Suède. Moyen de transport le plus sûr certes mais extrêmement polluant.

Moins de poissons par ci, de gros bateaux par là p. 4-6 Animaux Trop de mâles, tue le mâle p.7 L’instantané Faut-il renoncer à prendre l’avion par souci environnemental ? p.8-9 Sujet X Ecolos jusqu’au bout p.10 Hexagone SOS comme Sound of Sea p.11 Vite dit Selon Greenpeace, 30% des océans pourraient être sauvés p.12

“Ce n’est pas la fin du monde, mais la fin du rêve“ , confie Anne Quéméré, navigatrice française qui a contasté les effets du réchauffement climatique en Arctique.

Directeur de publication : Patrick Girard Rédacteur en chef : Fleurestine Jaffrelot Community Manager : Arthur Blet, Clément Granon, Sophie Repoux Twitter de l’An Vert : @LAn_Vert Secrétaire de rédaction : Valika Robert, Prescillia Boisseau Rédaction : Thibault Ajaguin (@ThibaultAjaguin), Arthur Blet (@arthurblet), Prescillia Boisseau (@PrescilliaBoiss), Matéo Dufour (@DufourMateo), Léa Dubuc (@dubuc_lea), Clément Granon (@GranonClément), Fleurestine Jaffrelot (@fleurjaffrelot), Morgane Juvany, Grégoire Noally (@greg_nly), Sophie Repoux (@lapattenoire), Mickaël Robert (@ mickaëlrobert12), Valika Robert (@valikarobert) Maquettiste : Matéo Dufour, Mickael Robert, Grégoire Noally Locaux : 47 rue du Sergent Michel Berthet, Lyon, 69009

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Les semences anciennes : un trésor économique

LeMonde, Magazine GoodPlanet, LyonCapitale, Laminute.info et Capital ont traité l’information. C’est peu, mais certains médias comme Capital, prennent le virage de l’urgence environnementale et économique. Ce magazine créé en 1991 et appartenant au groupe Prisma Media, lui-même filial du grand groupe de presse allemand Gruner + Jahr, se dote, en 2017, d’un site internet qui lui permet d’investir le digital. Pour se maintenir dans le rythme de l’information, il décide de coller à l’actualité du moment et d’organiser des débats. Le 4 avril, il propose aux lecteurs une fenêtre sur ce que pourrait être l’agriculture de demain. L’institut Vavilov, c’est un siège à Saint Pétersbourg. 350 000 variétés de graines prélevées sur les cinq continents entre 1920 et 1940, avant l’avènement de la chimie et redistribuées gratuitement, un partenariat avec la France depuis 2014 qui a conduit à la création de plusieurs jardins de culture d’espèces anciennes comme les «haricots de Lyon» et le chou «quintal d’Auvergne».

MEDIAS

L’information n’est pas relayée par beaucoup de médias : Lyon accueille le 11 avril, la première station de conservation et de multiplication de semences hors Russie de l’Institut Vavilov, plus ancienne banque de semences au monde. Le magazine mensuel économique Capital y consacre un article sur son site internet dans la rubrique Economie et Politique, preuve que les questions environnementales font partie des enjeux de débats sociétaux actuels.

L’institut Vavilov a été fondé en 1894 par l’agronome, généticien et botaniste russe, Nikolai Ivanovitch Vavilov ©AP

“Depuis la deuxième guerre mondiale, les semenciers et l’agriculture industrielle ont fait exactement le contraire. En ne faisant progresser que les rendements, ils ont spécialisé la génétique, et oublié la diversité», poursuit Stéphane Crozat. Un partenariat à plusieurs

Une solution pour s’adapter au changement climatique

Capital fait également le point sur le fonctionnement financier de ce projet. La recherche, les infrastructures et le personnel que nécessitent la future station de conservation et les jardins à venir ont un coût préalable. La station, ce sera 400 000 euros par an et les jardins en France, un budget total de 300 000 euros. Quatre fondations de mécénat du Crédit Agricole se sont engagées, quatre paysagistes du fonds pour la diversité biologique De Natura ainsi que des collectivités locales. L’entreprise réunit donc un panel d’experts scientifiques et des agents privés/publics faisant le lien entre les acteurs sociaux concernés, c’est à dire, agriculteurs, consommateurs et structures publiques. Les projets Vavilov sont des exemples de coopérations réussies et prometteuses autour d’intérêts communs qui dépassent les frontières nationales. Et Capital, media appartenant à un réseau d’informations européen et international, il existe d’ailleurs une version allemande et espagnole de Capital, aborde la question environnementale sous son angle déterminant : quel modèle économique pour l’intérêt général ?

L’article de Capital insiste sur deux points. Le premier, c’est l’importance de la diversité végétale et de la résistance des plantes aux aléas climatiques pour l’avenir de l’agriculture. Selon la FAO, l’agence des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 80% de la ressource génétique cultivée a disparu en 70 ans, or la diversité végétale est la seule solution pour que certaines espèces survivent aux changements de température ou de pluviométrie. «L’été dernier, tous les maïs et les courgettes qui ont des besoins en eau similaires n’ont pas pu supporter la sécheresse, certains ont fleuri mais n’ont pas fructifié, les végétaux n’arrivent pas à suivre», explique Stéphane Crozat,, ethno-botaniste ex-CNRS responsable scientifique du projet. Pour éviter une catastrophe alimentaire et économique, les responsables du projet estiment qu’il est urgent de repenser notre agriculture.

Sophie Repoux

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DOSSIER

Moins de poissons par-ci, des gros bateaux par-là !

Des subventions accordées par l’UE pourraient relancer la surpêche ©National Geographic

6 milliards d’euros. Tel est le montant des subventions allouées, jeudi 4 avril, par le Parlement européen au fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (Feamp) pour des mesures encourageant la surpêche. Des mesures pourtant interdites depuis 2005.

les subventions qui contribuent à la surcapacité et à la surpêche ». Coup d’épée dans l’eau donc pour l’UE qui se retrouve contraint par ses députés à autoriser des subventions qu’elle s’interdisait d’accorder jusqu’alors. Pourtant, ces subventions à la fabrication de nouveaux navires ne seraient pas seulement le moyen d’augmenter les rendements de la pêche explique Hubert Carré, directeur du comité national de la pêche maritime : « L’âge moyen [des bateaux européens] est de 27 ans, il est temps de la renouveler pour la rendre plus durable. Sans compter que les pêcheurs vont avoir besoin d’aides. Avec le Brexit, beaucoup de bateaux pourraient se retrouver à l’arrêt temporaire si les eaux anglaises leur étaient interdites ». Une version soutenue par le président de la commission de la pêche au Parlement européen, Alain Cadec : « [Le Feamp] doit soutenir l’attractivité et la compétitivité du secteur de la pêche ».

Au Parlement Européen, jeudi dernier, certains députés auraient préféré croire à un poisson d’avril quand d’autres ont pu ôter une arête qu’ils avaient en travers de la gorge depuis presque quinze ans. La majorité l’a emporté, et pour la période 2021-2027, 6 milliards d’euros de subventions publiques iront, pour 60 % d’entre elles, soutenir la construction de navires de pêche. Des aides « à la construction et à la modernisation [qui] alimenteront la surcapacité et la surpêche », déplore, dans un communiqué, Mathieu Colléter, membre de l’ONG Bloom, spécialisée dans la pêche durable. Car, en parallèle de cette décision, les parlementaires européens ont également voté pour une autonomie des Etats membres qui vont désormais pouvoir modifier la définition de la petite pêche côtière. Entendons par là la pêche à proximité des îles. Ce qui rendra une totale autonomie aux états concernés dans les quotas de pêche à appliquer sur ces territoires et donc des risques de surpêche conséquents. En Europe, 69% des stocks de poissons sont encore surpêchés.

La révolte des défenseurs de l’environnement

Alain Cadec précise pourtant au Monde qu’une part du budget sera dédié à la protection des écosystèmes : « il faut préserver la ressource en respectant la biodiversité, afin de maintenir une activité de pêche durable et rentable au bénéfice de tous ». Une déclaration au goût salé pour les défenseurs de l’environnement qui réclamaient que 25 % du budget soit alloué à la protection et à la connaissance du milieu marin. Après le vote de jeudi, ce n’est que 15 % de l’enveloppe qui reviendra à la protection des écosystèmes. Une décision qui a scandalisé de nombreuses ONG comme Bloom qui déplore ce vote « en faveur de nombreux amendements toxiques qui rouvriront la boîte de Pandore européenne de subventions publiques néfastes ».

Un rétropédalage forcé pour l’UE

Depuis des années, l’Union européenne œuvre auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour parvenir à un accord mettant fin à ces subventions d’aide à la pêche néfastes pour l’environnement. Depuis 2015, Bruxelles s’est également engagé auprès des Nations unies pour « interdire d’ici à 2020

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Des effets néfastes pour l’environnement

Qu’est-ce qu’il se passe ailleurs ?

A l’échelle mondiale, 55 % des océans sont exploités par de grands chalutiers industriels, en particulier des chalutiers chinois. La Chine ex©L’An Vert ploite les ressources du continent africain et les ressources halieutiques ne dérogent pas à la règle. Les gigantesques navires de pêche chinois sont ce que les africains appellent les nouveaux pirates des mers. Les contrôles n’étant pas optimaux, la Chine en profite pour pêcher illégalement près de 40% des poissons africains avec des bateaux positionnés à 70% au bord des côtes ouest-africaines, selon Greenpeace. Après les protestations des Etats africains face à cette situation, la Chine entame une phase de reconquête en concluant des accords de pêche avec certains pays. Dernier en date, la Somalie avec un accord signé en mars dernier. Il s’agit de l’octroi de 31 licences de pêche au thon dans les eaux somaliennes à FOCA, un consortium de

compagnies chinoises. Pour un million de dollars, la compagnie obtient le droit de pêche, sous la surveillance de contrôleurs somaliens. Le ministre des Pêches somalien Abdillahi Bidhan se réjouit de cet accord en rappelant que son pays a longtemps souffert de captures illégales, estimées à 2,4 millions de tonnes de poissons. Cette stratégie de pêche intensive, ce n’est pas non plus la direction que le Vietnam a choisi. Le pays souhaite éviter la pêche INN (pêche illicite, non réglementée, non déclarée) et se lancer dans la pêche durable dans le respect des fonds marins, de l’environnement et des pêcheurs. Cette volonté a été affichée par Nguyen Quang Hung, chef adjoint de la Direction de la pêche du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Le pays souhaite réguler la pêche et a une stratégie pour y arriver : « Il faudra continuer d’améliorer le cadre juridique pour développer la pêche moderne, durable et respectueuse de l’environnement et des normes internationales. Ensuite, être plus rigoureux en matière de gestion, de surveillance et de contrôle des bateaux de pêche et sanctionner sévèrement les clandestins. Nous devons aussi réorganiser les flottes de pêche, exploiter les ressources aquatiques de façon raisonnée », détaille-t-il. L’Union Européenne souhaite dépolluer les mers en offrant des subventions pour renouveler les flottes nationales mais, dans le même temps, semble rouvrir la porte à la surpêche, qui est déjà un fléau mondial. Une position assez ambigüe qui va peut-être être remise en perspective suite aux prochaines élections européennes qui arrivent en mai. De quoi essayer de trouver des solutions pouvant éviter surpêche et pollution des mers sachant que, par exemple, on est désormais en capacité de fabriquer du carburant à partir de déchets. Clément Granon et Matéo Dufour

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DOSSIER

Le texte prévoit donc la construction de nouveaux bateaux beaucoup plus performants, capable de pêcher toujours plus, pour éviter la pollution des vieux bateaux ayant un impact direct sur la faune et la flore marine, notamment sur les poissons (focus complet sur la page animaux). Un paradoxe difficile à comprendre : certes, les bateaux polluent à cause de l’essence mais aussi des produits chimiques utilisés pour l’entretien des armatures, mais la réglementation votée au Parlement européen semble contre-productive. Les Etats ont désormais la possibilité de piller leurs fonds marins ; un phénomène de surpêche à l’échelle européenne peut vite se déclarer alors que les mers sont déjà bien vides au niveau mondial. La surpêche s’avère être un problème majeur pour l’avenir de la population marine globale au point de vider totalement les océans d’ici une date très proche,2048, selon WWF.


DOSSIER

« Sans données, sans sciences, on pêche dans le noir » Alors que le Parlement Européen a voté le jeudi 4 avril un texte sur la pêche européenne, les questionnements sont nombreux pour les défenseurs de l’environnement, qui voient une incitation à la surpêche. Pour Margaux Favret, responsable pêcherie pour l’ONG Marine Stewardship Council (MSC), qui délivre des certifications de pêche durable, il ne faut pas s’alarmer trop vite. Quel est votre avis sur la répartition controversée des 6 milliards d’euros de subvention alloués par le Parlement Européen à la FEAMP ?

«Pour nous, l’important c’est la façon dont ce fonds va, ou pas, avoir des résultats visibles dans l’eau. On souhaite que 100% des stocks de poissons atteignent le niveau de rendement maximum durable d’ici 2020, comme fixé par la Politique Commune des Pêches. Ces 6 milliards vont aussi permettre aussi de collecter les informations nécessaires pour évaluer les pêcheries (espace de pêche) parce que sans données, sans sciences, on pêche dans le noir. On peut donc difficilement évaluer la durabilité de la pêcherie sans ces chiffres mais il faut espérer que ces changements vont aller dans le sens de la préservation des ressources». Certains pensent qu’en dédiant 60% de ce fonds à la construction de bateaux de pêche et au renouvellement de la flotte européenne, cela peut indirectement encourager la surpêche. Qu’avez-vous à leur répondre ?

«Je ne vois pas les choses sous cet angle. En France, par exemple, la flotte est vieillissante, 40 ans en moyenne. Le renouvellement des bateaux peut être un enjeu en termes de contrôle et de connaissance des pêcheries. La présence d’outils plus perfectionnés, type caméra, peut être utile pour les scientifiques dans la gestion des pêcheries. La collecte de données et de connaissances, c’est fondamental dans l’optique d’arriver à une pêche durable. Sans de nouveaux outils, on ne peut pas se renseigner sur les sols, les habitats, le nombre de bateaux ou les espèces qui vivent sur place, impossible de savoir si on opère durablement. Il est encore trop tôt pour dire si cela va encourager la surpêche. J’attends de voir mais je suis optimiste».

Margaux Favret est responsable pêchérie chez MSC et souhaite que le fonds serve à améliorer la gestion des stocks © B.N

Avant le vote, les défenseurs de l’environnement demandaient que 25% des subventions soient destinées à la protection de l’environnement. Après vote, on est descendu à 15%, ce qui a provoqué leur colère. Quel est votre sentiment à propos de ça ?

«Pour moi, le chiffre exact n’a pas d’importance. Je trouve que l’Union Européenne s’implique de plus en plus dans la gestion des pêcheries. La situation s’est nettement améliorée en 15 ans, depuis l’instauration de la première politique commune des pêches en 2002. A l’époque, seulement 20% des stocks de poissons étaient exploités durablement. Aujourd’hui, on est plutôt aux alentours des 60%. C’est très encourageant d’autant que 52% des captures européennes sont certifiées MSC, c’est-à-dire durable. A l’échelle française, on se situe plutôt autour des 15%, ce qui correspond à 10 pêcheries. Les esprits prennent conscience en ce moment de ce problème. J’espère que ces fonds serviront la gestion des stocks mais il est encore trop tôt pour le dire». Clément Granon et Matéo Dufour


Trop de mâle, tue le mâle

Mardi 2 avril, la revue scientifique américaine Trends in Ecology and Evolution a publié une étude pour expli- Ainsi, plus encore que les facteurs enviquer le masculinisation des vertébrés. Dans l’Hérault, ronnementaux, c’est le stress qui est mis des scientifiques français sont en pleine expérimenta- en cause. tion sur des poissons.

Depuis 1960, la température de l’océan augmente 13 % plus vite que ce que les chercheurs avaient prévu jusqu’à maintenant. De plus, les océans jouent un rôle de régulateur de la température en absorbant plus de 90% de l’excès de chaleur accumulé dans le système climatique.Le changement de sexe des poissons est donc un problème de plus en plus récurrent et qui, par manque de femelles, risque de mener à la perte de plusieurs espèces marines.

Chez les mammifères comme chez les oiseaux, le sexe de la progéniture n’est autre que génétique. Mais chez les poissons et les reptiles, plusieurs facteurs environnementaux favorisent le sexe masculin...jusqu’à même provoquer la transformation d’une femelle en mâle au cours de sa vie. L’Institut française de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) mène depuis bientôt un mois une étude sur le phénomène de masculinisation de différentes espèces de vertébrés, et des poissons notamment. Benjamin Geffroy, chercheur en physiologie-écologie au laboratoire Ifremer de Palavas-les-Flots, a confirmé dans un communiqué mardi 2 avril : «Nous nous sommes récemment aperçus que chez les poissons, tous les facteurs environnementaux pouvant être perçus comme stressant, comme la forte température, la densité ou l’acidité de l’eau, conduisent à la masculinisation des individus». La chaleur jouerait en effet un rôle sur la variation de mercure menant à un taux d’acidité trop important.

Le projet 3S : seabass, sex and stress

A la station Ifremer de Palavas-les-Flots, dans l’Hérault, des expérimentations se font depuis le mois de mars. Les scientifiques s’intéressent au suivi d’une hormone produite par les animaux en cas de stress : le cortisol. Dans ce projet intitulé 3S (seabass, sex and stress), la température, la luminosité et la densité sont testées. Trois conditions dans trois bacs différents sont effectuées sur le bar (espèce de poisson) à l’état larvaire. Dans le premier bac, les larves sont exposées à une lumière bleue, couleur la plus apaisante pour les poissons. Dans le deuxième bac, leur nourriture est principalement composée de tryptophane, qui est le précurseur de la sérotonine, plus connu sous le nom d’hormone du bonheur. Dans le troisième bac, la quantité de larves est moindre comparée aux deux autres bacs. L’expérimentation devrait se terminer en janvier 2021, de quoi laisser du temps aux chercheurs de trouver des solutions pour éviter un surplus de mâles dans les mers. Mickaël et Valika Robert A Pavalas-les-Flots, les scientifiques de l’Ifremer étudient le bar à l’état larvaire. ©Métropolitain

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ANIMAUX

Des chercheurs américains démontrent que 80 % des poissons étudiés possèdent des organes sexuels à la fois féminins et masculins. (photo d’illustration) ©Pixabay


L’INSTANTANÉ

Faut-il renoncer à prendre l’avion par souci environnemental ?

Alors que le trafic aérien ne cesse de croître sur l’ensemble de la planète, certains décident de renoncer à l’avion pour limiter leur impact écologique. À l’heure où un avion décolle toutes les 0,86 secondes, c’est toute une économie qui est remise en question et plus loin encore notre propre liberté individuelle. Le “flygskam”, ou la “honte de prendre l’avion” comme la désigne les suédois, est en train de faire son bout de chemin. Dans les pays scandinaves et notamment en Suède, la tendance est en effet au boycott de ce moyen de transport pour des raisons environnementales. L’argument est lié à l’augmentation du trafic aérien avec un nombre de voyageurs qui devrait doubler d’ici à 2037 selon les estimations de l’Association du trafic aérien international (IATA). Si ce trafic ne contribue aujourd’hui qu’à environ 2 à 3 % des émissions de CO2 mondiales, la hausse du nombre de passagers laisse présumer une augmentation de ces émissions. Certains suédois décident ainsi de modifier leurs habitudes en privilégiant notamment le train pour leurs déplacements professionnels ou leurs vacances, on parle de “trainbrag” ou de “fierté du train”. Un moyen de transport dont les émissions de C02 sont 14 à 40 fois inférieures que celles d’un avion par km parcouru et personne transportée selon un rapport de Réseau Action Climat. L’écologie comme limite aux libertés individuelles

Effectuer de longs trajets en train s’avère néanmoins plus compliqué qu’en avion. La cause, un marché très national et donc beaucoup de changements. Alors quand certains choisissent de renoncer sur une certaine durée, voire radicalement à l’avion, d’autres dénoncent une “dictature verte” ou proposent des alternatives comme la taxation du kérosène et des billets, l’interdiction des vols intérieurs, des quotas sur les longs-courriers, la création d’une carte de crédit carbone avec des droits d’émissions limités, ou encore l’instauration d’une taxe européenne sur les transports aériens, soit frapper directement le porte-monnaie des usagers pour les dissuader. Or cette question de prendre ou non l’avion pose d’autres problèmes, derrière lesquels se cachent des enjeux aussi bien environnementaux que philosophiques, démocratiques et économiques. Doit-il exister une limite écologique à la liberté individuelle de se déplacer ? Faut-il contraindre ou convaincre ? A cette question, le gouvernement s’est positionné en annonçant sa volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2045. De plus, il a instauré une taxe sur les billets de tous les passagers en partance de ses aéroports et incite les compagnies aériennes à mélanger biocarburant et kérosène. Plus loin encore, il vient d’annoncer de prochains appels d’offres pour des trains qui relieront la capitale suédoise et ses voisines européennes. Un geste environnemental au bon vouloir donc des gouvernements et des consciences respectives. Prescillia Boisseau et Arthur Blet

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L’INSTANTANÉ ©Le Figaro. 78% des français approuvaient l’appel au blocage du 17 novembre, selon un de sondage Odoxa. ©Flickr La compagnie aérienne Ryanair vient de faire son entrée parmi les 10 entreprises qui émettent le plus CO2 d’Europe.

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Écolos jusqu’au bout !

SUJET X

49% des femmes et 47% des hommes en 2017 ont déjà utilisé un sex-toy en France ©Flickr

Vendredi 5 avril marquait le début du Sidaction 2019. En 2017, 36,9 millions de personnes vivaient avec le VIH. Un chiffre qui ne faiblit pas puisque 2 millions de personnes ont contracté le virus au cours de cette même année. L’utilisation des préservatifs est donc un enjeu du XXIème siècle, tout comme l’écologie. Ces deux enjeux combinés, on parle d’éco-sexe, un marché qui prend de l’ampleur avec de plus en plus de start-up qui développent des moyens de contraception et des jouets plus verts. Après l’alimentation vegan, les vêtements vegan, c’est aujourd’hui l’industrie du plaisir qui se met au vert. Des start-ups commercialisent désormais des préservatifs sans substances animales, des sex-toys biodégradables et même du lubrifiant naturel. De quoi respecter la planète jusque dans son intimité. En janvier dernier, la marque américaine Package Free lançait le « premier vibromasseur biodégradable du monde », appelé Gaia éco. Au vu du succès du produit, l’entreprise américaine Sustain Natural a décidé de mettre en vente des préservatifs en latex provenant de cultures durables et du commerce équitable. Créés avec du bioplastique à base d’amidon, ces préservatifs explosent les ventes. Lauren Singer, fondatrice de Package Free, déclarait dans les colonnes du Guardian : « Les gens étaient dingues de ce produit. Les écologistes sont très excités en ce moment ». Actuellement, il se vend et il se fabrique près de 27 milliards de préservatifs par an dans le monde. Et ce n’est pas parce qu’un préservatif est en latex naturel biodégradable qu’il est à 100% respectueux de l’environnement. Aujourd’hui, un préservatif est fabriqué à base de pétrole et met près de 30 ans à se désagréger dans l’eau. Des milliers de préservatifs sont jetés dans les toilettes après utilisation, polluant ainsi les océans. Certaines marques ont aussi reconnu avoir recours à des produits toxiques pour l’environnement, comme le lubrifiant.

sans gluten pour les intolérants. D’autres marques fabriquent aussi des préservatifs sans phtalates, substances cancérogènes et perturbateurs endocriniens qui dérèglent les hormones, et peuvent affecter la fertilité, que vous soyez un homme ou une femme. En somme, ces nouveaux moyens de se faire plaisir allient santé, plaisir et respect de mère nature. Ils tracent le chemin des modes de contraception verts, qui pourraient bien réduire l’empreinte écologique. Même trajectoire pour les sextoys. Si les partenaires en plastique procurent du plaisir, ils sont bien trop souvent nocifs pour l’environnement puisqu’ils contiennent eux aussi les fameux phtalates. Pourtant, plusieurs alternatives existent. Le marché du plaisir regorgent de solutions écologiques comme des jouets sexuels sans phtalates ou encore en bois. Pour les plus réfractaires aux changements, vous pouvez désormais redonner une seconde vie à vos accessoires. L’entreprise anglaise, Love Honey recycle les jouets classiques afin de limiter la pollution. Des solutions alléchantes ! Léa Dubuc et Grégoire Noally

Explosion des préservatifs et jouets écoresponsables

Beaucoup d’entreprises se lancent ainsi à leur tour dans le sex-éco. La firme suisse Green Condom va plus loin en proposant des préservatifs vegan voire

Aujourd’hui 5 grandes marques de préservatif distribuent du bio ©Marie Claire

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S.O.S comme Sound Of Sea Une opération lancée pour alerter contre la surpêche©AFMA

HEXAGONE L’union européenne a alloué six milliards d’euros pour des mesures pouvant encourager la surpêche (dossier). En France, l’association pour la protection des océans Sea Sheperd présente Sound Of Sea, sa nouvelle campagne sur les répercussions de la surpêche et son impact sur la population marine mondiale. Des mesures politiques trop lentes et trop faibles. C’est la raison principale pour laquelle l’association C’est surtout sur les réseaux sociaux que le son s’est française contre la surpêche, Sea Sheperd, a décidé propagé, grâce au coup de com de Sea Sheperd, en d’agir pour sensibiliser les citoyens à l’urgence de ré- collaboration avec le double champion du monde de duire la consommation de poissons. free diving Guillaume Nery. Dans une vidéo posté sur Une équipe d’océanographes et d’ingénieurs a conçu son compte Twitter, l’apnéiste niçois questionnait sa une balise, capable de s’immerger et de diffuser un communauté : « Étrange son entendu hier après-midi son sous l’eau. Et pas n’importe lequel…celui du « cri lors d’une plongée. Jamais entendu ça. Une idée de ce de détresse de l’Océan ». que ça pourrait être ? ». Car face à l’insouciance humaine, la vie marine souffre grandement, en témoigne la vidéo postée par Si personne n’a réussi à déterminer l’origine exact de Sea Sheperd sur son site. Des orques poursuivis et en- ce son, certains comiques s’y sont donnés à coeur joie sanglantés sur les rivage, une baleine harponnée, des pour partager quelques théories douteuses. Vingtdauphins pris dans des filets de pêcheurs ou encore quatre heures plus tard l’athlète a dévoilé le projet de des bancs de poissons s’entassant dans les filets de l’association de protection des animaux. chalutiers. Toutes ces espèces agonisants sous la surexploi« Nous avons plongé cette ba3,5 milliards d’individus tation humaine, font partie de lise près des côtes françaises la trentaine d’autres animaux dépendent de la mer pour pour que ce son soit entendont les cris ont été recueillis. du par l’homme. Il est grand vivre temps d’écouter la détresse de De la mer au désert l’océan où il se videra de tout poisson d’ici 2048 » précise Sea Sheperd, dans une Voici là une situation critique qui pourraient coûter vidéo posté sur son site internet. cher aux hommes ces futurs années. On assiste peu à peu à une transformation de la mer en désert liquide. La surpêche vide l’océan de ses poissons, alors qu’on sait pourtant que la moitié de la population monThibault Ajaguin diale, soit 3,5 milliards d’individus, dépendent des ressources océaniques pour subsister.

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Une météo préventive

VITE VITE DIT DIT

Au moment où le taux de CO2 est à son taux le plus élevé sur terre depuis plusieurs millions d’années, «The Guardian » a décidé d’alerter ses lecteurs sur la situation. La rubrique météo du quotidien britannique comporte depis le début du mois une ligne mentionnant le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Une initiative qui devrait permettre à leurs lecteurs de prendre la mesure de la rapidité du changement climatique, notamment lié à la combustion massive d’énergies fossiles.

Un braconnier meurt sous les coups d’un éléphant Un homme soupçonné de braconnage en Afrique du Sud, dans le parc National Kruger, a été tué par un éléphant. Après avoir été piétiné par un éléphant, il a ensuite vraisemblablement été dévoré par des lions. Ce sont les complices présumés de la victime qui ont révélé l’affaire en informant sa famille qu’il était mort le mardi 2 avril dernier. L’individu accompagné de trois amis avec lesquels il chassait le rhinocéros. C’est alors qu’un éléphant l’aurait chargé et piétiné à mort. L’événement à réjouit les anti-braconnages qui ont invoqué le karma sur les réseaux sociaux !

Selon Greenpeace, 30% des océans peuvent être protégés Alors que les Etats membres des Nations Unies sont actuellement réunis à NewYork pour élaborer un traité mondial sur la haute mer, Greenpeace sort une étude inédite. L’ONG atctiviste a travaillé pendant un an avec une équipe de biologistes marins pour trouver des solutions afin de protéger nos océans. Cette étude détaillée démontre qu’il est possible de créer des réserves maritimes dans les eaux internationales. Selon eux, 1 tiers de l’océan pourrait être protégé, un besoin quand on sait que sans l’océan, notre atmosphère contiendrait 50% de CO2 en plus. On peut sauver 30% des océans ©Flickr

Une «zone à ultrabasse émission» à Londres

L’entrée de la zone à ultrabasse émission à Londres © FRANK AUGSTEIN AP

Avec l’entrée en vigueur lundi à Londres d’une zone à ultrabasse émission (ULEZ pour Ultra Low Emission Zone), les conducteurs de véhicules vieux et polluants vont devoir s’acquitter d’une taxe de 12,50 livres (14,50 euros) par jour pour entrer dans le centre. L’objectif, rendre l’air plus pure dans une région où les recommandations de l’OMS concernant les particules toxiques les plus dangereuses sont dépassées. Un périmètre étendu à l’ensemble de la ville à partir d’octobre 2021. Modèle à appliquer à plus grande échelle. L’An Vert

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