L'An Vert n°7

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N°7 - L’An Vert - mai 2019

L’AN VERT L’AN VERT DOSSIER

Les autochtones au service de la planète DOSSIER Surpêche : une mesure pourrait la relancer MEDIAS SUJET X Netflix,

en sauveur de la planète Le sexe éco-friendly ALASKA L’INSTANTANEECa sent mauvais pour le Mont Denali Faut-il arrêter de prendre l’avion ?


Médias Netflix, en sauveur de la planète p.3 Dossier Thibault Ajaguin

Vert de colère Alors que dans des pays gouvernés par l’extrême droite, des politiques de destruction de l’environnement fragilisent notre planète , il y en a dont le rôle plus discret est tout aussi important. À l’image des divers peuples autochtones du continent américain auxquels est consacré notre dossier, et dont la contribution à la préservation environnementale a enfin été reconnue par l’ONU. Trop longtemps la question environnementale a été placé au second plan. Pourtant l’enjeu est grand. Nous en sommes sûrement plus conscient aujourd’hui, et comme l’a montré la manifestation ce samedi 4 mai 2019 à la veille du rassemblement du G7 de l’environnement à Metz, ils sont toujours plus nombreux à contester la passivité et la perversion politique dans les rues. Mais pas que… le message a traversé les frontières. En témoigne la série documentaire « Our Planet » du géant Netflix, engagée sur la biodiversité et que nous avons souhaité mettre en avant dans ce numéro. Ou encore sur le continent africain où la lutte pour la biodiversité est également perpétuelle, et s’incarne à travers le courageux commando de rangers zimbabwéen « Akashinga », menant un combat acharné pour la préservation animale en Afrique depuis maintenant deux ans. Bonne lecture !

Les populations autochtones à la rescousse p. 4-6 Alaska Ca sent mauvais pour le Mont Denali p.7 L’instantané Le courage contre le braconnage p.8-9 Animaux Débâcle électorale pour Podemos et la cause animale en Espagne p.10 Hexagone Le Sahara s’invite au Nord de la France p.11 Vite dit Une île danoise ambitionne de devenir la première communauté sans déchets p.12

« Avant, la nature dictait notre survie, maintenant, nous dictons la survie de la nature», estime David Attenborough, scientifique brittanique et narrateur de «Our Planet». Directeur de publication : Patrick Girard Rédacteur en chef : Thibault Ajaguin Community Manager : Arthur Blet et Prescillia Boisseau Twitter de l’An Vert : @LAn_Vert Secrétaire de rédaction : Valika Robert et Matéo Dufour Rédaction : Thibault Ajaguin (@ThibaultAjaguin), Arthur Blet (@ arthurblet), Prescillia Boisseau (@PrescilliaBoiss), Matéo Dufour (@ DufourMateo), Léa Dubuc (@dubuc_lea), Clément Granon (@GranonClément), Fleurestine Jaffrelot (@fleurjaffrelot), Grégoire Noally (@ greg_nly), Sophie Repoux (@lapattenoire), Mickaël Robert (@mickaëlrobert12), Valika Robert (@valikarobert) Maquettiste : Matéo Dufour, Mickael Robert, Grégoire Noally Locaux : 47 rue du Sergent Michel Berthet, Lyon, 69009

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« Our Planet » : le géant Netflix se lance dans la sensibilisation face au devenir de la planète Le 5 avril 2019, la plateforme américaine de films et séries en flux continu Netflix diffuse les épisodes de la série documentaire « Our Planet », vouée à montrer la biodiversité du globe, mais aussi ce qu’elle perd de plus en plus. La rédaction de l’An Vert a suivi le documentaire..

MEDIAS

Image tirée de la série « Our Planet » dans l’épisode « Des désert aux prairies ». ©Netflix

La plateforme Netflix fait trembler le cinéma classique depuis quelques années, notamment après avoir obtenu un prix au festival de Cannes sans même avoir été diffusé dans les salles de cinéma. Et cette année, elle a fait fort. La série documentaire « Our Planet » est le fruit d’une longue collaboration de quatre ans entre Netflix, Silverback Films et WWF. La série est reliée à un autre site internet, celui du site de la WWF pour obtenir des informations plus détaillées sur les lieux montrés dans le documentaire mais aussi et surtout passer à l’action pour sauver la planète. Le narrateur n’est autre que le grand David Attenborough, grand journaliste rédacteur scientifique britannique. Pour ce faire, 600 personnes ont travaillé sur le documentaire, cumulant 3 500 jours de tournage. C’est cette débauche de moyens, financiers, technologiques et humains qui a rendu possible la beauté et la pertinence de ce documentaire. C’est à la fois un document scientifique et un outil de communication pour la planète. Celle-ci est composée de huit épisodes, un premier épisode en guise d’introduction et sept autre sur des thèmes environnementaux spécifiques. Les images sont si fortes qu’elles n’ont pas laissé la rédaction indifférente face aux désastres qu’ont connu et que continueront à connaître la planète et ses êtres vivants à cause de l’activité humaine, la déforestation par exemple. A travers des scènes spectaculaires, chaque épisode permet au spectateur de découvrir différentes merveilles naturelles, animales et végétales qui tentent tant bien que mal de survivre et s’adapter. Des zones gelées du globe, aux forêts tropicales en passant par les eaux côtières mais aussi les déserts et les prairies, aucun environnement n’est oublié dans le documentaire.

Un dernier espoir pour changer l’avenir de notre planète

« Si vous ne comprenez pas le monde naturel, vous ne comprendrez pas que les interconnexions sont si complexes que vous pouvez les endommager sans savoir ce que vous faites. Comprendre la complexité du monde naturel est l’une des choses cruciales » explique le journaliste et narrateur du documentaire. En effet, après visualisation du documentaire, un des nombreux exemples tiré d’un épisode est alarmant. En 50 ans, la banquise et les zones gelées de l’Arctique et l’Antarctique ont perdu plus de 40 % de leurs zones. Et ce que nombreux pourraient ignorer est que ces fameuses zones absorbent la chaleur du soleil pour la renvoyer vers l’espace et éviter tout réchauffement climatique. La fonte des glaciers contribue donc non seulement au réchauffement de l’ensemble de la planète, mais met également en péril la survie d’espèces aux quatre coins du monde. Les rennes au Canada ne pourraient plus migrer, les oiseaux au Pérou ne pourraient plus pêcher les poissons provenant des zones glacées pour se nourrir, les flamants roses de Tanzanie ne pourraient plus atteindre les zones de reproductions, etc. Tout un tas de dangers que la planète endure. Planète qui connaîtra un sort décisif dans les 20 prochaines années si l’Homme n’apprend pas à vivre pour l’environnement au lieu de s’en emparer. Avec ses 137 millions d’abonnés, la plateforme Netflix pourrait être une des meilleures solutions pour sensibiliser le monde au réchauffement climatique, à la déforestation et l’action de l’Homme sur la nature. Valika Robert

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DOSSIER

Les autochtones au service de l’environnement

Manifestation du mouvement populaire Idle No More -Ottawa 2013 © REUTERS/Chris Mattie Amnesty International a remis son prix ambassadeur de conscience 2017 au mouvement des droits des autochtones du Canada.

Alors qu’ils protègent à eux seuls, 80% de la biodiversité de la Terre, les populations autochtones courent un vrai danger. L’ONU, a annoncé, ce 23 avril, vouloir défendre coûte que coûte ces victimes de la mondialisation.

ces territoires. L’exemple le plus connu est la déforestation en Amazonie qui touche environ 800 000 indigènes au Brésil. Tant bien que mal, ces populations tentent de lutter face à ces “invasions industrielles” de leurs terres. Selon l’ONG Global Witness, 40% des défenseurs de l’environnement tués en 2016 étaient des représentants autochtones. Cependant, leurs voix ont souvent peu de poids face aux lobbys et aux multinationales. Les principales ressources pillées sont les énergies fossiles (gaz, pétrole) ou des matériaux en tout genres (métaux, bois).

“Les peuples autochtones coexistent de façon harmonieuse avec la nature depuis des siècles“, a rappelé Maria Fernanda Espinosa, présidente de l’Assemblée des Nations Unies, le 23 avril, à l’occasion de la 18e session de la Conférence des parties de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones. La nécessité de protéger ces populations s’accorde donc avec celle de protéger l’environnement. En effet, ces populations qui ne représentent que 6% de la population mondiale et qui sont définies comme autochtones, du grec “issu du sol même“, sont les premiers activistes pour la défense de l’environnement. Elles sont reconnues par l’ONU via quatre critères : faire partie des premiers habitants d’une région avant sa colonisation, avoir une différence culturelle marquée par rapport à la société dominante du pays, vivre en marge de la société, et avoir conscience d’appartenir à une population autochtone (principe d’auto-identification). Ces spécificités font des autochtones, des populations attachées à un territoire avec lequel ils vivent en harmonie. C’est souvent en pleine nature, au coeur des forêts ou d’espaces naturels qu’ils résident. Loin de tout, ces peuples tentent de préserver leurs rites et leurs modes de vies, souvent aux antipodes de ceux du monde occidental. La place de la nature, de la terre nouricière dans la spiritualité de ces peuples est d’ailleurs très marquée. Or, leur marginalisation est très menacée par la mondialisation. Nombreux sont les cas de grandes entreprises qui viennent piller les ressources naturelles de

Une lutte permanente

C’est l’éternelle histoire du pot de terre contre le pot de fer si nous nous référons à l’Ecclésiaste. Et malgré le manque de moyens judiciaires et financiers, on constate de nombreuses victoires autochtones, en particulier face à l’industrie pétrolière. Un des derniers événements en date est la décision de justice équatorienne, le 26 avril dernier, en faveur de la communauté indigène Waorani. Elle s’était opposée à l’exploitation pétrolière sur leurs terres, jugeant ses droits territoriaux qui se sont retrouvés violés. Ce peuple de 5 000 personnes se considérant comme les “gardiens de la forêt” protègent plus de 800 000 hectares de terres en Equateur. Et bien que l’Etat garde encore la maîtrise du sous-sol, les peuples autochtones sera désormais toujours consulté avant quelconques actions de forages sur leur territoire. Cette histoire n’est pas sans rappeler celle des indiens de Louisiane (Etats-Unis), qui se sont engagés depuis 2016 dans la lutte contre la construction du Bayou Bridge pipeline. Un pipeline géant transportant du pétrole du Dakota du Nord à la Louisiane, région déjà fortement touchée par la pollution notamment par le nombre important d’usines pétrochimiques.

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DOSSIER

Ce pipeline serait le 130ème du genre dans cet Etat américain. Il menace le Bayou de Louisiane, la plus grande zone marécageuse des Etats-Unis abritant une biodiversité exceptionnelle. C’est sur ces terres que vivent un peuple autochtone, les Sioux Lakota. Contraint physiquement, par d’anciens militaires payés par les entreprises pétrolières pour assurer la protection des chantiers, ces indiens, opposés à la construction illégale de pipeline, ont saisi la justice avec d’autres locaux. Un combat judiciaire qui n’est toujours pas terminé et qui risque d’être encore très long car l’industrie pétrolière est la principale source d’emplois dans cette région. Un combat loin d’être terminé

Les populations autochtones, qu’importe leur situation géographique, ont toujours lutté et luttent toujours pour la reconnaissance de leurs droits dans leurs pays respectifs. Au Canada par exemple, la constitution canadienne, dont les premières lignes ont été écrites en 1867, n’a reconnu les droits et les traités autochtones qu’en 1982 par la Loi constitutionnelle adoptée par le Parlement du Royaume-Uni. Pour information, les autorités canadiennes ont pratiqué, entre 1870 et ©L’An Vert 1994, et donc encore après 1982, une politique envers les peuples autochtones visant à “tuer l’indien dans le coeur de l’enfant”. Pour cela, environ 150 000 enfants amérindiens de 6 à 16 ans ont été placés de force dans des pensionnats censés les mettre dans le droit chemin. Subissant des humiliations constantes et un processus d’évangélisation de force, 35 000 de ces enfants auraient même subi diverses agressions sexuelles dans ces pensionnats de la honte. Ainsi, au-delà de faire valoir leur combat pour l’environnement, les peuples autochtones se défendent encore aujourd’hui pour leurs droits humains. C’est pourquoi entre le 23 avril et le 3 mai, environ 1 000 représentants autochtones du monde entier ont été reçus au siège des Nations Unies à New York pour faire entendre leurs voix dans un monde où leur existence est mise à mal par l’autoritarisme de nombreux gouvernements. En première ligne, Donald Trump aux Etats-Unis et Jair Bolsonaro au Brésil. Clément Granon et Arthur Blet

Un Mapuche Goldmanisé

Alberto Curamil ©GoldmanEnvironnementalPrize

«Pour nous, notre lutte ne porte pas seulement sur les systèmes biologiques ou les droits fonciers, mais sur tous les éléments qui constituent le peuple mapuche : l’eau, les montagnes, les rochers, les arbres» , explique Alberto Curamil, représentant du peuple mapuche (Chili, Amérique du Sud) et couronné le 29 avril 2019 du prix Goldman récompensant les activistes protégeant les ressources naturelles à travers le monde.

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DOSSIER

Les populations autochtones ont “un autre rapport au monde” Olivier Barrière est Docteur en droit, anthropo-juriste de l’environnement, chargé de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à Montpellier. Il s’est notamment intéressé aux populations autochtones. Qui sont les populations autochtones ?

Il faut se méfier de la définition d’autochtonie, certaines ne sont pas considérées commes telles. L’idée c’est de dire que ce sont des populations qui sont un peu moins dans l’espace occidentalisé. Certaines populations ont migré alors elles ne répondent pas à cette définition. Ce qui est important, c’est le rapport de ces Hommes à leurs milieux de vie. Pourquoi n’ont-ils pas de droit, ne sont-ils pas forcément reconnus dans le monde ?

Ils ne sont pas reconnus car on vit dans un système où le régime est basé sur la propriétarisation, si l’on est pas propriétaire on a aucun droit, quand bien même vous y êtes depuis des générations. Le problème est là, on veut imposer un droit de propriété. Pour ces populations, le fond, la nature est importante. Elles y sont attachées et souhaite la transmettre. Cette idée ne va pas avec le capital, aujourd’hui maître dans nos sociétés. Pourquoi les populations autochtones sont sensibles à l’environnement ?

La notion de l’environnement n’existe pas pour eux car l’environnement fait partie d’eux. Il y a une forme d’anthologie, quand on ne considère pas que la Terre est un capital mais que c’est quelque chose qui doit être transmis, que votre survie en dépend, vous adoptez une attitude qui fait que vous n’allez pas détruire mais adapter, considérer la terre non pas comme un sujet mais comme un objet. Personnifier la terre, les arbres, les rivières, parce que c’est ce qui nous fait vivre. Ca ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas avoir de mauvais comportements écologiques. En Guyane, les Wayanas sont tiraillés, ils peuvent utiliser des moyens de pêche jamais connu jusque là, comme des explosifs. Il ne faut pas voir les choses de manière idyllique. Certaines communautés tuent des oiseaux en voie de disparition pour leur plumes. Concrètement, comment agissent-elles pour protéger l’environnement ?

On le voit tout le temps, les bassari au Sénégal oriental, même s’ils font des grandes chasses, ils le font de

Olivier Barrière, chargé de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement, s’est intéressé à la question autochtone.

manière raisonnable. On tue pour manger. Donc on tue 5 biches et on garde les autres pour plus tard. Ils ont cette conception là. Mais avec le commerce, cela tend à disparaître, on tue plus pour vendre. Mais fondamentalement on prélève et on tue que ce que l’on consomme. Les Wayana disaient “la forêt c’est notre garde-manger“. Il y a un vrai respect. On est dans un autre paradigme, un autre rapport au monde. Comment faire pour protéger ces populations qui agissent pour le bien de notre planète ?

Pour les préserver, il y a évidemment des organismes qui prônent une reconnaissance de ces peuples. Mais le fond du problème, c’est de mettre en avant un paradigme universel qui serait la coviabilité des systèmes écologiques. Un système n’est viable que si les systèmes qui sont autour sont viables. Il faut qu’on accepte et intègre la diversité des rapports de l’Homme à la nature. Il faut reconnaître la différence, il faut reconnaître la diversité culturelle. C’est parce qu’on ne reconnaît pas cette diversité culturelle qu’on ne reconnaît pas les droits de ces populations. Si les conditions climatiques vont en empirant, quels sont les risques pour les autochtones ?

Elles vont subir, elles subissent déjà. Avec quelques degrés de plus, les effets sur la biodiversité vont être catastrophique. Les inuits qui chassent l’ours blanc ne vont plus pouvoir le faire puisqu’il va disparaître. Ils n’ont pas la technologie, ils vont subir les conséquences. Mais nous aussi on va subir, voire plus. Car les population autochtones savent vivre (cultiver et s’adapter), elles sauront peut-être rebondir mais ce n’est qu’une hypothèse. Ce sont des populations qui ne séparent pas l’Homme et la nature, il y a une continuité. Par conséquence, Il y a une fragilité énorme car elles en sont victimes (c’est pour cela qu’il y a de moins en moins de tribus en Amazonie ou que ces tribus “s’occidentalise”), mais elles ont ce lien quasi-biologique qui fait qu’ils ont cette connexion, une capacité d’adaptation et de résilience. Arthur Blet et Clément Granon


Ça sent mauvais pour le Mont Denali

Ils sont plus de 1 200 à tenter l’aventure du Mont Denali chaque année. Dans cette zone de l’Alaska, des toilettes ne sont pas mises en place, et les alpinistes se voient obligés de faire leurs besoins dans la nature. L’ascension de ce sommet se fait en moyenne en 18 jours. Et pour une telle période, c’est environ un demi-kilo de déjections par personne qui sont déposées dans les crevasses et les sentiers de la montagne.

mont Denali s’hydratent bien souvent grâce à de la neige fondue. Donc ces eaux souillées contenant des bactéries seraient la cause de problèmes intestinaux qui peuvent avoir des conséquences dramatiques à haute altitude. Des corps ressurgissent suite à la fonte des glaces

Le Mont Denali est loin d’être le seul sommet de la planète à faire face aux impacts du réchauffement climatique sur ses glaces. Sur les pentes de l’Everest, le plus haut sommet du monde, ce problème a pris une autre dimension. Avec l’augmentation des températures, les glaces fondent et libèrent les corps d’alpinistes décédés alors qu’ils tentaient l’ascension, rapportait la BBC. Leurs dépouilles ressurgissent alors sur les pentes de l’Everest. Toujours selon la chaîne de télévision britannique, 300 alpinistes sont décédés en tentant la difficile ascension de l’Himalaya et les deux tiers de leurs dépouilles seraient toujours emprisonnées dans les glaces de du sommet.

Des conséquences dramatiques sur la santé

Le média USA Today a fait les comptes, au cours de ce dernier siècle ce sont plus de 66 tonnes d’excréments humains qui ont été acculées. Les alpinistes étaient tous d’accord sur le fait que la glace finirait par broyer les excréments sur le long terme. Michel Ioso, glaciologue du service des parcs nationaux américains insiste sur le fait que « c’est une grossière erreur, les déjections sont encore parfaitement intactes et sentent toujours aussi mauvais ». En cinquante ans, le Monte Denali a perdu 8 % de sa surface glacière à cause du réchauffement climatique. Ces derniers jours, les températures dans le nord de l’Alaska étaient bien au-dessus de 0°c, une ville a atteint 21°c, alors qu’à une telle période de l’année, les températures attendues tournent autour de Selon un rapport -20°c. Ainsi avec une fonte des glaces français, on s’attend aussi persistante, la montagne est face à ce que les tempéà une catastrophe écologique et envi- ratures annuelles moyennes subissent ronnementale. Les 66 tonnes d’excré- une hausse de 2,5°C ments fondus contaminent les eaux de d’ici 2040 et de 4°C la montagne. Des analyses menées dans d’ici 2080. ©Ouest les rivières alimentées par le glacier France ont révélé qu’elles contenaient la bactérie Escherichia coli, à l’origine d’intoxication alimentaire. A terme, cela représente un enjeu de santé publique majeur. Les alpinistes qui gravissent le

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Fleurestine Jaffrelot et Mickael Robert

ALASKA

Avec son sommet culminant de 6 190 mètres d’altitude, cette montagne est la plus haute d’Amérique du Nord. Comme un grand nombre de glaciers dans le monde, il est menacé par le réchauffement climatique. La fonte de ce glaçon géant pourrait entraîner le dégèlement de 66 tonnes d’excréments humains accumulés depuis un siècle par ceux qui tentent son ascension.


L’INSTANTANÉ

Le courage contre le braconnage

On les appelle Akashinga : la photo d’une d’entre elles a gagné, le 11 avril 2019, le prix World Press Photo de la catégorie Environnement. Akashinga c’est le nom d’un groupe de rangers exclusivement féminin, au Zimbabwe, signifiant “Les courageux”. Ces femmes luttent contre le braconnage dans leur pays.

Elles sont une trentaine à être devenues garde forestier dans le parc animalier de Phundundu, au Zimbabwe, pour lutter contre le braconnage. Et dans le programme Akashinga, la défense de l’environnement n’est efficace qu’en impliquant les populations locales et en développant leur économie. En effet, le braconnage est une source de revenus importante pour les populations, on estime à 15 milliards d’euros le chiffre d’affaires mondial, soit le 4ème plus gros trafic derrière ceux de la drogue, de la contrefaçon et des êtres humains. Or le Zimbabwe c’est 72% de la population qui vit sous le seuil de la pauvreté et un gouvernement défaillant. La prise de pouvoir d’Emmerson Mnangagwa à la place de Robert Mugabe, président durant 37 ans, n’a pour l’instant pas permis de résoudre la crise économique. Emmerson Mnangagwa, lui, compte sur les investissements étrangers, notamment chinois - un accord minier de plusieurs milliards de dollars vient d’être signé- pour résoudre la situation. D’autres, comme des membres de la confédération des industries, veulent relancer et protéger la production locale vivrière ce qui rejoint la politique déployée par le parc Phundundu. Lutter contre la pauvreté et la corruption

Les femmes sont au coeur du combat. « Dans les zones rurales de l’Afrique, une femme avec un salaire investit dans sa famille trois fois plus qu’un homme », explique Damien Mander, ancien militaire d’élite qui forme les Akashinga. Les recrues, des mères célibataires, veuves, orphelines, viennent de milieux déshérités de villages des alentours. Or, elles réinvestissent tout leur salaire dans l’économie locale via les achats alimentaires ou l’éducation pour leurs enfants. Selon l’ONG, International Anti PoachingFoundation, qui soutient le programme, en cinq mois d’existence, les Akashinga avaient déjà apporté davantage de revenus aux habitants que ce que le braconnage rapportait en un an. Ranger est un métier dangereux et difficile, entre menaces et accointance. C’est pourquoi, pour Damien Mander : «Dans la conservation animale en Afrique, comme dans n’importe quel autre domaine, si vous arrivez à retirer la corruption de l’équation, vous avez déjà fait la moitié du chemin.» Les femmes choisies ont soif d’émancipation, de formation. Elles sont désormais respectées. Depuis le début des opérations, fin 2017, l’équipe a procédé à plus de 60 arrestations et démantelé des réseaux locaux de braconniers. Les Akashinga, plus qu’un groupe militarisé, comme le sont de nombreux rangers, forment un maillon de la communauté éduqué et indépendant, apte à faire le lien entre protection de la nature et développement économique. Les rangers Akashinga devraient être au nombre de 2 000 à l’horizon 2030. Spohie Repoux

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L’INSTANTANÉ ©Le Figaro. 78% des français approuvaient l’appel au blocage du 17 novembre, selon sondage Odoxa. Petronella Chigumbura (30 ans) membre des Akashinga participe à une formation à la furtivité dans leun parc animalier de Phundundu, au Zimbabwe. Une formation nécessaire car ces dix dernières année, 1000 rangers ont été tués en Afrique. © Brent Stirton

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ANIMAUX

Crise pour Podemos et la cause animale espagnole Investi depuis 2015 dans la cause animale, le parti espagnol d’extrême gauche Podemos a subi un cinglant revers aux dernières élections législatives. Une claque pour les dénonciateurs de la maltraitance animale qui voient leurs espoirs d’interdire la corrida au niveau national s’évaporer même si les mentalités, même au niveau mondial, changent petit à petit.

La corrida tue presque 40 000 taureaux par an en Europe. ©Sylvain Thomas/AFP

Dimanche 28 avril en Espagne, c’était le moment pour les élections législatives. Remportées par le parti de gauche PSOE, ce scrutin est marqué par l’entrée de l’extrême droite (Vox) au Parlement mais surtout par la chute de l’extrême gauche incarnée par Podemos. Le parti de Pablo Iglesias perd presque un tiers de ses élus, passant de 71 à seulement 42 sièges au Parlement. Un virage politique qui ne devrait pas plaire aux défenseurs de la cause animale. En effet, Pablo Iglesias a promis, trois jours avant l’appel aux urnes, que « si nous faisons partie du gouvernement, on ne maltraitera plus les animaux dans ce pays ». Une promesse qui semble arriver en dernière minute pour attirer un nouvel électorat mais qui complète des idées anciennes. La « vraie gauche » s’est investi dans la lutte contre la corrida, exemple typique de maltraitance animale après les élections municipales de 2015. Podemos, avait remporté des villes comme Barcelone, Madrid, La Corogne ou Saragosse. Effet immédiat : Madrid a supprimé peu à peu les subventions aux écoles et aux spectacles de tauromachie et La Corogne a annulé sa féria du mois d’août. D’autre part, la Catalogne a interdit les corridas en 2010 et Palma de Majorque s’est déclaré «anti-taurine et amie des animaux», ce qui signifie l’interdiction progressive des corridas, pourtant une tradition purement espagnole. Mais le problème, c’est que la corrida tue 250 000 taureaux par an dans le monde, après avoir longtemps souffert. Une prise de conscience de la part de la population espagnole se reflète dans le nombre de corridas au total. Le chiffre est passé de 953 en 2007 à 394 en 2015 même si une grande partie de la population reste attachée à cette tradition comme pourrait le prouver les résultats décevants aux dernières législatives pour Podemos

Une protestation bien au-delà de l’Espagne

La corrida s’est aussi implantée en Amérique du Sud et en Europe et particulièrement dans le sud de la France. Malgré la répréhension des actes de cruauté envers les animaux issue du Code Pénal, la corrida fait exception dans la loi et 10 départements ont l’autorisation d’organiser des férias, comme les Pyrénées-Atlantiques ou le Gard. Une pratique contestée par 74% des français selon un sondage IFOP réalisé pour 30 millions d’amis en 2018. Plus récemment, la SPA a lancé une pétition pour abolir la corrida. Elle a déjà été signée par presque 66 000 personnes depuis son ouverture début avril. En Amérique Latine, où les spectacles sont aussi importants qu’en Espagne, pas d’interdictions. La Colombie a même réaffirmé en 2010 l’importance culturelle des corridas en les déclarant « conformes à la Constitution » même si elles ne seront autorisées que dans les territoires où elle est une « tradition prouvée et ininterrompue ». Mais, à Bogota, comme ailleurs, la corrida perd des adeptes. Le nombre de spectacles de taureaux dans la capitale colombienne en 2019 tombe à trois alors que l’on était à 8 il y a quelques années. Une réduction qui fait déjà plaisir aux défenseurs des animaux même si ceux-ci souhaitent la totale interdiction de la pratique. C’est aussi le souhait d’un député mexicain, Ruben Moreira. Celui-ci demande une loi fédérale anticorrida pour stopper la maltraitance animale et la tradition « importée d’Europe » en 1529 alors que cela a été interdit à Coahuila en août 2015 sous l’investiture de Moreira. Par ailleurs, des associations anti-maltraitance animale continuent de combattre partout dans le monde en multipliant les actions chocs

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Matéo Dufour


Le Sahara s’incruste au Nord de la France Un air post apocalyptique dans le ciel breton. ©LOIC VENANCE / AFP

Le réchauffement climatique lui aussi coupable

Quand on parle de pollution, le réchauffement climatique n’est jamais très loin. Selon Jean Hameau, prévisionniste à Météo France, il y a trois conditions pour que ce phénomène ait lieu « Un, il faut qu’il y ait un réchauffement des températures en Afrique du Nord et que l’air au sol amène, par un phénomène de convection, le sable en altitude. Deux, le sirocco, un vent saharien qui souffle jusqu’en Méditerranée doit le transporter jusqu’en Europe. Trois, il faut que ce flux de sud remonte jusqu’à la France sans être perturbé par un courant océanique. Sinon, le sable est amené vers l’Italie ». Ces particules fines peuvent rester de longs moments dans l’air. Il faut attendre l’arrivée de la pluie pour le sable finisse par retomber. Cependant, de petites pluies pourraient causer d’autres problèmes. En effet, si les pluies ne sont pas assez fortes, le sable se déposera uniquement sur les sols et pourraient obstruer la pénétration de l’eau. Un enjeu de plus à prendre en compte pour les gouvernants dans la lutte contre le réchauffement climatique. Grégoire Noally

Le point positif :

Ces particules de sables ont un impact sur le milieu marin, notamment en Méditerranée, où ça va apporter des éléments nutritifs au plancton.

6La qualité de l’air est jugée très mauvaise par Air Breizh. ©AirBreizh

©L’An Vert

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HEXAGONE

Une partie du Sahara a fait éruption en Bretagne et dans les Hauts de France fin avril. Et même si cela peut paraître étonnant, ce n’est pas la première fois que ce phénomène impacte la France ! En octobre 2017, la tempête tropicale Ophelia avait transporté vers le nord de l’Europe des poussières du Sahara et des incendies qui frappaient la péninsule ibérique. À Rennes et en Grande-Bretagne, le ciel avait pris une surréaliste teinte jaune. Parfois, les vents du désert amènent une poussière jaune qui peut parcourir des milliers de kilomètres. Déjà fortement polluée à cause des particules fines, la région bretonne n’est pas épargnée et son cas s’aggrave même. Le 24 avril, les départements bretons étaient placés en alerte orange et atteignaient des indices de qualité de l’air de 8 (mauvais) sur une échelle de 10. À titre de comparaison, la qualité de l’air parisienne a un indice proche de 6, alors qu’il s’agit d’une aire urbaine. Mais comment un désert situé à des milliers de kilomètres peut-il contribuer à un épisode de pollution, qui plus est plus fort que ceux enregistrés en ville ? Le responsable : le vent, capable de transporter des gros grains de sable tout comme des particules fines comme les PM10, nocives pour la santé. En conséquence, les autorités locales ont recommandé aux personnes à santé fragile de ne pas se déplacer.

Un ciel gris voire jaunâtre, des particules fines déposées sur les voitures et les toits des maisons, c’est ce qu’on découvert les habitants des Hauts-de-France et de Bretagne fin avril. « L’effet Sahara » a fait son apparition, des poussières de sable ont envahi les deux départements entrainant des pics de pollution. Un phénomène qui représente un risque pour la santé mais qui implique aussi des enjeux climatiques.


VITE VITE DIT DIT

Un pas pour la planète !

La paire de Futurcraft.Loopdevrait être disponible en édition limitée d’ici 2021.©Guizmodo

La marque de chaussures Adidas a décidé de concevoir une paire de running 100% recyclable. Après dix années de recherche, la paire de Futurecraft. Loop vera le jour en 2021. La marque à trois bandes tente de faire de la chaussure de running un produit écologique. La chaussure sera composée d’un seul et unique matériau et assemblées sans aucune colle. Chaque élément est constitué de thermoplastique recyclable à 100 %, transformé en fil, tricoté, façonné et assemblé avec une semelle intermédiaire BOOST. “, exprime la marque. Un petit pas pour l’homme un grand pas pour l’humanité, quand on sait qu’une chaussure met en 20 et 45 ans à se dégrader dans la nature.

Une île danoise ambitionne de devenir la première communauté sans déchets L’île danoise de Bornholm,situé dans la mer baltique, doit remplacer son incinérateur de déchet en fin de vie. Mais au lieu de cela, le gouvernement local a annoncé que l’ensemble des déchets de l’île devront être traités comme des ressources, d’ici 2032. Au programme : tri, recyclage, réduction des déchets, nouvelles technologies … Si le pari est réussi, l’île de Bornholm deviendrait la première communauté zéro déchets du monde ! Avec ses 40 000 résidents permanents et ses 600 000 visiteurs par an, l’île pourrait bien devenir la vitrine mondiale du zéro déchet.

L’île a pour objectif de devenir zéro déchets d’ici 2032. ©Vivre demain

Des lois vertes annoncées à New York La course à la Maison Blanche commence déjà. En effet, le maire de New York, Bill de Blasio ( démocrate), a annoncé le 22 avril une série de lois “vertes” pour respecter le climat. Parmi elles, la réduction de 5% des émissions de gaz à effet de serre par les opérations municipales en s’approvisionnant à 100% d’énergies propres. Ces énergies propres devraient en partie provenir d’hydro-carburant québécois. De plus, le maire démocrate oblige les gratte-ciels de plus de 2 300m2 à réduire leurs émissions de 40% d’ici 2030. Si les propriétaires échouent, ils écoperont d’une amende pouvant aller jusqu’à 1 millions de dollars pour les surfaces les plus étendues.

Abeilles, panthères, tortues : redécouverte de ces espèces que l’on croyait éteinte La tortue Fernandina n’était pas apparue depuis 112 ans.©France Bleu

Léa Dubuc

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Depuis trois mois, ce sont près de trois espèces d’animaux qui sont réapparues alors qu’on les pensait éteintes à jamais. La tortue de Fernandina est réapparue dans les îles des Galapagos, alors qu’on n’en avait perçu la trace depuis 1906 ! Il en est de même pour les abeilles de Wallace officiellement disparu dans les années 1980. Même la panthère nébuleuse de Taïwan a refait surface alors qu’elle avait été déclarée éteinte en 2013. A savoir que l’Union internationale de la conversion pour la nature estime une espèce éteinte “lorsqu’il n’y a plus de doute raisonnable sur la mort du dernier individu”. Ce qui parfois peut donner lieu à de belles surprises.


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