L'An Vert n°3

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N°3 - L’An Vert - 15 novembre 2018

DOSSIER

Pollution plastique : faire le tri dans les solutions

L'An Vert - N°3 - 2,50€

ÉLECTIONS

L’Allemagne se met aux Verts

L’INSTANTANÉE

Californie : les incendies tendent à empirer le réchauffement climatique


Vue et revue Loups gris : héros du parc de Yellowstone p.3 Dossier Arthur Blet

Lire puis agir

Parfois, la Terre fait des siennes, nous rappelant par des signaux que nous devons vivre avec et non contre elle. Alors que l’Etat de Californie connait l’incendie le plus meurtrier de son histoire, la France voit ses immeubles s’effondrer, affaiblis par la sécheresse. Pourtant, la Terre tourne toujours, elle a survécu aux dinosaures, aux guerres d’ampleurs mondiales et aujourd’hui au terrorisme. Mais l’enjeu semble unique. Alors que toutes les formes vivantes se sont au cours de l’Histoire adaptées à leur milieu ou ont disparu, l’Homme s’entête à s’imposer sur celui-ci, quitte à le détruire. Le parfait exemple se trouve dans la pollution plastique dont la nocivité est connue de tous mais qui ne fait que s’accumuler, formant des continents de déchets au cœur des océans. De ce sujet traité dans notre dossier, nous avons souhaité mettre en avant des chiffres consternants mais aussi l’espoir avec des initiatives pour lutter contre cette pollution. En effet, l’Homme prend conscience de son environnement et l’enjeu devient même central dans le débat politique, en témoigne le récent succès électoral du parti écologique allemand. Face à ce flot d’informations dans lequel l’environnement est parfois interrogé, critiqué ou plus simplement oublié, L’An Vert s’impose comme le média qui vous informe de l’actualité internationale, par le prisme de l’environnement.

Pollution plastique : faire le tri dans les somutions p.4-6 Elections L’Allemagne se met aux Verts p.7 L’instantané Californie : les incendies tendent à empirer le réchauffement climatique p.8-9 Animaux En quoi le déclin de la vie animale impacte-t-il l’humanité ? p.10 Hexagone Total reprend les forages au large de la Guyane p.11 Vite dit Pénurie d’essence : rouler au raisin, c’st écolo et déjà en service p.12

60 % des espèces de verterbrés sauvages ont disparu

en moins de 50 ans rapport «Planète Vivante», publié par WWF et la Société Zoologique.

Directeur de publication : Patrick Girard Rédacteur en chef : Arthur Blet Community Manager : Arthur Blet, Clément Granon, Sophie Repoux Twitter de l’An Vert : @LAn_Vert Secrétaire de rédaction : Arthur Blet, Matéo Dufour, Sophie Repoux Rédaction : Thibault Ajaguin (@ThibaultAjaguin), Arthur Blet (@arthurblet), Prescillia Boisseau (@PrescilliaBoiss), Matéo Dufour (@DufourMateo), Léa Dubuc (@dubuc_lea), Clément Granon (@GranonClément), Fleurestine Jaffrelot (@fleurjaffrelot), Morgane Juvany, Grégoire Noally (@greg_nly), Sophie Repoux (@lapattenoire), Mickaël Robert (@ mickaëlrobert12), Valika Robert (@valikarobert) Maquettiste : Matéo Dufour Locaux : 47 rue du Sergent Michel Berthet, Lyon, 69009


Loup gris : héros du parc de Yellowstone Le 22 octobre dernier, Marc Boyce, professeur de sciences biologiques à l’Université de l’Alberta, publiait un étude sur les effets inattendus de la réintroduction des loups gris à Yellowstone. La presse spécialisée dans l’environnement s’empare alors immédiatement du sujet.

VU ET REVUE

Réintroduit dans le parc de Yellowstone en 1995, il est désormais temps de faire le bilan pour le loup de l’Alberta. Le professeur Marc Boyce a publié, le 22 octobre dernier, une étude dans la revue américaine Journal of Mammalogy où il expose les “effets inattendus“ de la réintroduction du loup à Yellowstone. La presse spécialisée est unanime : les effets sont “prodigieux“. Régénérescence de la flore, rééquilibrage de la faune, le loup d’Alberta semble avoir accompli en seulement 20 ans, “l’une des réintroductions les plus intéressantes de ces cinquante dernières années“ pour ConsoGlobe, média numérique spécialisé dans la consommation et les modes de vies durables. Avant cette réintroduction, la grande population de cerfs canadiens (wapiti) était telle que la végétation commençait à se faire rare au sein du parc. Grâce à la chasse effectuée par les loups, le nombre de cerfs a diminué d’environ 12 200 spécimens, ce qui a permis à certains végétaux – comme Ce sont 14 loups qui ont été réintroduit dans le parc en 1995. Ils sont désormais une centaine de loups gris à Yellowstone. ©lemonde.fr les saules, les peupliers et les trembles – de refaire leur apparition. ConsoGlobe est quant à lui le seul média à souligner l’effet de la alimentaire ; créant des carences chez les animaux réintroduction du loup sur les castors. En effet, grâce qui se nourrissent du cadavre du plus grand des cerviaux loups la végétation repend ses droits dans le parc. dés. La réintroduction du loup permet alors de gérer Le castor, construisant son habitat à base de branches le nombre d’Elan et de nourrir les animaux affamés, d’arbres, peut ainsi réitérer la construction en bord une fois le ventre du loup remplis. de rivage, créant alors des retenues d’eau. Cela “rena- La réimplantation de cette espèce à Yellowstone est ture alors le milieu en favorisant la prolifération des une nouvelle réjouissante pour le parc, mais ne pourloutres, des canards, des rats musqués, des poissons rait pas s’appliquer dans tous les parcs naturels. “Marc en tous genre, mais aussi de batraciens et autres rep- Boyce insiste sur le fait que si cette expérience est un tiles dépendant des milieux aquatiques“. succès, cela tient aussi à la politique non-interventionniste du parc “ déclare Gent Side, le média franLe loup contrebalance les effets négatifs du chançais d’actualité environnementale. A Yellowstone, la gement climatique : nature reprend totalement ses droits sans aucune inLa revue numérique consacrée à la connaissance, Fu- tervention de l’homme. Mais qu’en est-il des milieux tura-Sciences révèle, à l’instar de ses confrères, l’exis- où l’empreinte de l’homme est visible ? “Les systèmes tence d’une autre étude sur les loups de Yellowstone dominés par les humains sont très différents et l’agripubliée dans Plos Biology. Elle démontre wque “l’im- culture, le bétail et la chasse peuvent annihiler les efpact du changement climatique sur les différents ani- fets causés par la présence de grands carnivores. Leur maux du parc pouvait être temporisé par la présence influence varie en fonction de l’empreinte humaine du loup“. En effet, la saison hivernale se faisant de sur leur écosystème“, conclu le professeur de l’Uniplus en plus courtes, certains mammifères comme les versité d’Alabama. élans ne succombent plus autant que froid qu’au paravant. Ce phénomène bouleverse alors la chaîne

Léa Dubuc

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DOSSIER

La “Plastic Soup” dans un canal d’une banlieue de Delhi en Inde. Delhi était la ville la plus polluée en 2014. ©Huffington Post

La fonte des glaciers accélère. ©MB

Pollution plastique : faire le tri dans les solutions

Aujourd’hui, ne pas se servir du plastique relève presque de l’impossible, tant il fait partie de notre quotidien. Chaque minute, c’est un million de bouteilles vendues dans le monde et en 2017, c’est 348 millions de tonnes de plastique dans les océans. La pollution plastique c’est également un coût pour les gouvernements de sept trillions de dollars par an ce dont le Parlement européen était bien conscient le 24 octobre dernier lorsqu’il a voté l’interdiction des objets plastiques à usage unique. Il est donc urgent de repenser l’économie de ce matériau devenu un enjeu économique mondial majeur. 322 millions. C’est le nombre de tonnes de plastique produit dans le monde en 2015. Soit l’équivalent de 10,1 tonnes par seconde. Un chiffre exorbitant qui est bien loin des 2 millions de 1950. Production et consommation de plastique sont en constante augmentation, en particulier ces dix dernières années. Des estimations menacent même d’atteindre le chiffre vertigineux de 13,2 milliards de tonnes consommées d’ici 2050. L’un des enjeux majeurs est celui du recyclage : sur les 8,3 milliards de tonnes de plastique produits depuis 65 ans, seuls 9% ont été recyclés, tandis que 79% sont devenus des déchets polluant notre nature ou s’amoncelant dans des décharges.

équivalente à six fois celle de la France. D’après une étude de la Fondation Ellen Macarthur, si rien n’est fait, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans d’ici 2050. La gravité de la situation engendre une extrême crispation quant à la responsabilité des uns et des autres, face à ce qui est devenu un véritable enjeu de civilisation.

8% de la production mondiale de pétrole sert à fabriquer du plastique

Ramassage des déchets

Associations, gouvernements et entreprises s’accordent sur une chose : arrêter de jeter les déchets dans la nature et, pour ceux qui y sont déjà, les ramasser. À ce stade, c’est essentiellement le comportement irresponsable des individus qui est pointé quoique, moins visible, le rejet le plus massif est le fait des industries. Outre les ramassages effectués sur les côtes ou les cours d’eau par des citoyens engagés et des ONG, plusieurs projets voient le jour. Le plus médiatisé est celui d’Ocean Cleanup porté par le jeune néerlandais Boyan Slat, étudiant en ingénierie aéronautique. L’idée est de dérouler une grande barrière filtrante de deux kilomètres permettant de récupérer les déchets flottants. Simple et efficace, le ramassage n’en est pas moins une solution à court terme car il

Le septième continent ou “l’océan plastique”

Une grande partie de ces déchets inondent les océans, endommageant irréversiblement notre écosystème et la biodiversité marine. Le septième “continent” en est la dramatique illustration : c’est un ensemble de cinq immenses plaques nées de l’accumulation de millions de tonnes de déchets emportés et agglutinés par les courants marins. Pour mieux se représenter l’importance de la décharge, l’une de ces plaques, située dans le Nord-Est de l’océan Pacifique, a une superficie

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ne concerne que les macro-déchets. Or le plastique se disloque rapidement en tout petits morceaux, des nanoparticules, toujours aussi résistantes. Ces micro éléments sont petit à petit assimilés par le plancton, l’ensemble constituant ce qu’on appelle la plastisphère. Ce nouvel écosystème impacte ensuite toute la chaîne alimentaire. S’attaquer à la source

Mi-mars, des chercheurs japonais ont découvert une bactérie, nommée Ideonella sakaiensis, capable de manger un certain type de plastique. La découverte est révolutionnaire mais son application reste difficile : introduire en masse une nouvelle bactérie dans tous les fonds marins impacterait nécessairement la biosphère présente. Face à la difficulté de trouver une solution payante, une question de bon sens revient : et si l’on arrêtait de produire une matière nocive pour notre environnement ? Mais c’est sans compter la pression industrielle et ses enjeux économiques. En dix ans, la production mondiale de plastiques est passée de 245 millions de tonnes à 348 millions de tonnes en 2017, selon les chiffres de la fédération européenne PlasticsEurope. La plasturgie est une industrie puissante en plein essor. Hervé Millet, directeur des affaires techniques et réglementaires de PlasticsEurope, explique dans Sciences et Avenir : “la consommation de plastiques est liée au développement économique des pays que ce soit en matière d’infrastructures et de construction, de transports, ou d’applications dans les secteurs électrique et électronique. L’emballage, lui, est le premier débouché de l’industrie du plastique avec 40% de la consommation du matériau en Europe”. C’est pourquoi les entreprises du plastique s’inquiètent de l’adoption d’un amendement par le Parlement européen dans la loi agriculture et alimentation qui prévoit l’interdiction d’ici 2021 de la production d’objets à usage unique tels que les couverts, les coton-tiges, les pailles, ainsi que la réduction des filtres de cigarettes, deuxième objet le plus jeté. Pour Elipso, association professionnelle des fabricants français d’emballages plastiques

Une autre économie ? L’économie circulaire

Pour résoudre cette crise du plastique, il semble évident aux chercheurs et à plusieurs mouvements politiques qu’il faut changer de modèle économique, ce qui déplace les responsabilités et les tensions qui en découlent. Selon eux, il faut promouvoir une économie circulaire en rupture avec l’économie linéaire, qui s’avérait en outre tout à fait apte à créer un vivier important d’emplois dans le recyclage du plastique. Ainsi, laissant de côté la question de la production de plastique en elle-même, persuadé que ses déchets peuvent avoir de la valeur, Simon Bernard, jeune ingénieur diplômé de l’école de la marine marchande a lancé le projet Plastic Odyssey. Avec trois amis, ils ont conçu un bateau capable d’avancer grâce à la pyrolyse du plastique. Ce procédé permet de transformer du plastique non recyclable en diesel et en essence sous l’action de la chaleur. Dans la même idée, la Fondation Race for Water souhaite lancer une technologie permettant de transformer le plastique en énergie électrique. De nombreuses voies existent, q’à au type de plastique produit, quant au recyclage, quoiqu’il en soit, il y a urgence. Implication des individus, implication des entreprises, du système social, il faut garder à l’esprit qu’économie et écologie ne sont pas antinomiques bien au contraire. Sophie Repoux et Morgane Juvany On constate que la pollution plastique est présente sur l’ensemble du globe. La zone Pacifique nord étant la plus impactée. ©Betty Lafon, Sciences et Avenir

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DOSSIER

rigides et souples, avec cette mesure, “c’est pratiquement un quart de l’économie de la plasturgie qui disparaît”. Cependant, cette directive ne concerne que l’Europe. Qu’en est-il de la Chine qui pèse aujourd’hui 29% de la production mondiale de plastique ? Chaque année, la Chine, l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam sont responsables de la moitié des rejets mondiaux de plastique. Dans de nombreuses localités, comme Manille aux Philippines, le plastique est déjà une question de salubrité publique puisque des cours d’eau entier sont désormais des rivières de déchets.


DOSSIER

Vincent Verney : “Aujourd’hui, seulement 20 % des plastiques sont dits recyclables“ Afin de faire face à la pollution plastique, l’Union Européenne a décidé de mettre en place “La Stratégie Plastique“. Au sein de cette équipe, Vincent Verney est chercheur académique et appliqué au CNRS et à l’Institut de Chimie de Clermont-Ferrand. Il nous expose les solutions proposées. En quoi consiste La stratégie Plastique De l’Union Européenne ?

“Aujourd’hui, ce sont des millions de tonnes de déchets plastiques qui sont retrouvés en mer et dans la nature. Face à ce bilan catastrophique, l’Europe décide d’agir et lance La Stratégie Plastique de l’Union Européenne avec plusieurs méthodes qui aideraient à réduire considérablement le taux de déchets plastiques. Nous sommes une équipe de chercheurs qui travaillons sur les impacts environnementaux en étudiant le cycle de vie du plastique : sa conception, son usage et sa fin de vie. Dès l’année prochaine, les plastiques à usage unique et ceux non recyclables ne seront plus autorisés au sein de l’UE. “ Pourquoi les matières plastiques sont-elles aussi présentes dans nos vies ?

“Les matières plastiques ont été historiquement synthétisées à partir du pétrole. Leur essor a suivi celui de la pétrochimie. Les matières plastiques sont dotées de très bonnes propriétés. Par exemple, leurs densités avoisinent «1», ce qui veut dire que le plastique est particulièrement léger par rapport aux autres matériaux comme le verre ou l’acier. Le plastique est devenu une matière très populaire étant donné qu’elle est facile à faire et qu’elle produit quasiment toutes les formes et structures possibles. “ Cette présence engendre quel impact sur l’environnement ? Existe-t-il encore des solutions pour rectifier le tir ?

“La pollution plastique a plusieurs impacts inquiétants notamment la diminution de la biodiversité, en particulier dans les milieux maritimes et dans les transferts de chaînes alimentaires. Mais il y a toujours des solutions, mes recherches sont basées en particulier sur les plastiques non recyclables. Il faut savoir qu’aujourd’hui, seulement 20 % des plastiques sont

Vincent Verney est chercheur académique et appliqué au CNRS et à l’Institut de Chimie de Clermont-Ferrand. ©VV

dit recyclables. Les emballages alimentaires représentent la plus grande partie des plastiques non recyclables à cause d’une superposition de couches plastiques différentes. Le seul moyen pour le rendre recyclable est de les séparer les uns des autres à l’aide d’un processus biotechnologique en y intégrant un enzyme dans l’adhésif. Les couches ainsi dissociées seront recyclables. Une nouveauté qui sera appliquée dès le premier semestre 2019. “ Quel est l’effet du plastique sur l’Homme ?

“Le plastique est une matière qui se dégrade jusqu’à devenir des nanoplastiques qui polluent : sol, mer et atmosphère. Le plastique seul n’est pas si dangereux. Ce qui est problématique ce sont les molécules qui circulent dans l’air à cause des usines de production. Les nanoplastiques vont alors jouer le rôle d’une éponge en introduisant des molécules polluantes dans la chaîne alimentaire notamment par la faune marine (planctons).“ Mickaël Robert


L’Allemagne se met aux Verts

En 2010, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel voyait déjà les Verts comme ”le nouveau parti de masse allemand” à l’heure où la chancelière Angela Merkel rendait effectives leurs propositions de sortie du nucléaire. Aujourd’hui, dans deux des plus grandes régions allemandes, les écologistes ont totalisé respectivement 17,5% des voies en Bavière et 19,8% en Hesse. Des scores records qui ont doublé depuis les dernières élections régionales d’il y a cinq ans. Aujourd’hui, si des élections devaient avoir lieu en Allemagne, Die Grünen/Bündnis 90, serait crédité de 20% d’intentions de vote selon les sondages. Un parti dynamique pro-environnement

Après le Dieselgate autour du constructeur de voiture allemand Volkswagen, la controverse concernant l’autorisation prolongée du glyphosate en Europe et la canicule de cet été, une prise de conscience écologique semble

avoir lieu en Allemagne. Face à l’échec de la coalition au pouvoir et aux critiques faites à Angela Merkel, de plus en plus d’Allemands considèrent Les Verts comme une alternative crédible. ”Les électeurs libéraux conservateurs acceptentdésormais Die Grünen/Bündnis 90 comme alternative à la CDU ou à la CSU”, relève le politologue Gero Neugebauer pour l’AFP. C’est le cas pour certains électeurs de la CSU, qui ne partagent pas la ligne anti-migrants que prône Horst Seehofer, actuel ministre de l’intérieur de la grande coalition (CDU/ CSU et SPD). Arborant une ”coolitude” affirmée, les Verts séduisent également les jeunes Allemands avec un programme tourné vers l’Europe. ”Même si ce n’est pas le cas partout, de plus en plus d’électeurs se rendent compte qu’il faut faire plus pour le climat”, constate Johannes Hillje, un expert du Zukunftsinstitut, dans le 24heures. Un réel défi que le parti Die Grünen/Bündnis 90 semble pouvoir tenir selon les urnes allemandes.

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Les partis écologistes comme alternative à la montée des extrêmes

Le glissement de la classe politique allemande vers l’extrême droite a laissé un creux au centre laissant alors la place aux Verts. Le parti se positionne désormais comme un parti centriste ouvert à l’ensemble des électeurs de gauche comme de droite. Favorisant l’ouverture de la société plutôt que le repli sur soimême, Die Grünen/Bündnis 90 se montre à l’écoute des extrêmes et n’exclut d’ailleurs pas de s’allier avec la droite comme ils peuvent déjà le faire dans plusieurs régions. Mais attention, cette ouverture des Verts à l’ensemble de la classe politique allemande ne leur fera pas perdre de vue leur ”mission de défense d’une société ouverte, tolérante dont nous sommes fiers”, a déclaré Tarek al-Wazir, écologiste et vice-président de Hesse, après l’élection du 24 octobre dernier. Arthur Blet et Clément Granon

ELECTIONS

Annalena Baerbock et Robert Habeck, chefs de parti de Die Grünen/Bündnis 90, ont repris les rênes du parti en début d’année après que les Verts aient totalisé à peine 9% des suffrages lors des élections fédérales de septembre 2017. ©DB

Les 14 et 28 octobre derniers avaient lieu les élections régionales des Bundestag de Bavière et de la Hesse. Lors de celles-ci, le parti écologiste Die Grünen/Bündnis 90 a surpris tout le monde en obtenant des scores records et en se positionnant désormais comme le “second parti allemand“ derrière la CDU de Merkel.


L’INSTANTANÉ

Californie: les incendies tendent à empirer le réchauffement climatique Depuis le jeudi 8 novembre, les incendies de l’État californien accumulent les dégâts aussi bien au niveau du bilan de victime, qu’au niveau environnemental. L’incendie baptisé Camp Fire a battu les records pour l’État californien : 80 000 hectares de terrain touchés, pour 31 décès et près de 250 000 habitants déplacés jusqu’à maintenant. L’équivalent du bilan de la catastrophe qui a eu lieu en 1933 au même endroit. Les avis selon les différents spécialistes sont différents : si certains spécialistes considèrent le feu comme une aubaine pour l’écosystème (augmentation de la diversité des plantes et des animaux, élimination des parasites et des plantes malades...) il ne faut pas négliger et oublier que les cycles naturels des forêts sont perturbés. Notamment avec la disparition des espèces indigènes, tandis que les plantes envahissantes perdurent. Les feux de forêts contribuent à une augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, favorisant l’effet de serre et le changement climatique. Selon le service météorologique national des États-Unis, l’ampleur meurtrière du feu en Californie s’explique non seulement par une température excessivement élevée mais aussi par un très faible taux d’humidité et de fortes rafales de vents sur l’océan. Ces incendies sont nommés “mégafeux“ pour l’immense rapidité et température qu’ils atteignent. Le paradoxe de l’usage de produits chimiques pour arrêter une catastrophe naturelle

Malheureusement, ce type de catastrophe ne fait qu’augmenter, notamment à cause de l’omniprésence de l’Homme et du réchauffement climatique. En effet, depuis plus de 10 ans, les chercheurs en écologie l’avaient prédit, comme le rapporte un article de Science & Vie en mai 2009. La planète se retrouve donc dans un cercle vicieux, étant donné que les mégafeux contribuent à leur tour à empirer le réchauffement climatique. Par ailleurs, pour lutter contre les incendies l’Homme utilise des produits chimiques, ce qui ajoute un problème supplémentaire aux conséquences déjà dramatiques des incendies de forêt. Selon une étude du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique (CSIC), les substances chimiques utilisées dans les “retardateurs de flammes“, comme le Fire-Trol, s’accumulent dans le sol pendant des années. Les enseignements de l’étude mettent en évidence la présence de polyphosphate d’ammonium, bien connu pour modifier la fertilité des sols, la biodiversité et affecter la composition de la végétation. Des interventions de l’Homme donc qui ne feront que calmer les flammes...avant l’arrivée de la prochaine tempête sur l’Etat californien. Valika Robert et Fleurestine Jaffrelot Alors qu’ils sont déclarés catastrophes naturelles depuis lundi 12 novembre, les incendies font mobiliser des centaines de dispositifs comme ce pompier essayant tant bien que mal d’éteindre les flammes en Californie. ©AFP

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L’INSTANTANÉ

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ANIMAUX

En quoi le déclin de la vie animale impacte-t-il l’humanité ?

Ce déclin est observé suivant l’abondance de plus 16 700 populations soit environ 4 005 espèces avec des données allant de 1970 à 2014. ©CC

L’édition 2018 du rapport « Planète Vivante » publié par WWF et la Société Zoologique dresse un constat alarmant : en moins de 50 ans, les populations de vertébrés sauvages ont décliné de 60%. Si la biodiversité pâtit directement de l’activité humaine, c’est l’humanité elle-même qui va en payer le prix. Les populations de vertébrés sauvages ont décliné de 60% en moins de 50 ans. C’est ce qu’indique le dernier rapport « Planète Vivante » * publié fin octobre par le Fonds mondial pour la nature (WWF) en partenariat avec la Société Zoologique de Londres. Ce constat s’appuie sur un outil : l’Indice Planète Vivante (IPV) mondial, un indicateur de l’état de santé de la planète et de la biodiversité. Ce déclin, plus ou moins important en fonction des aires dites « biogéographiques », est dû à l’activité humaine. En effet, nous sommes de plus en plus nombreux, la demande en énergie, en eau, ainsi que la pression sur les terres est donc croissante. D’ailleurs sur la même période, notre empreinte

écologique, c’est-à-dire notre consommation en ressources naturelles, a augmenté de 190%. Des chercheurs contribuant à la revue Nature ont démontré que les principaux moteurs du déclin de la biodiversité, et ce depuis l’an 1 500 avant J.C., étaient la surexploitation et les activités agricoles. 125 000 milliards de dollars de services rendus gratuitement par la nature

« Le développement et le bien-être des sociétés humaines dépendent de systèmes naturels en bonne santé. L’un ne va pas sans l’autre », souligne le rapport. La dégradation des terres par exemple, qui conduit à la disparition des espèces

soit directement, soit indirectement par la perte de leur habitat, entraîne des perturbations liées à la formation des sols. Les organismes souterrains (des microorganismes jusqu’au mammifères vivants dans le sol), entre autres, font fonctionner et régulent des processus vitaux comme les émissions de gaz à effet de serre. Aussi, ces organismes sont essentiels pour la médecine et la biologie. Autre exemple et sans doute l’un des plus concrets, celui des pollinisateurs. Les insectes et vertébrés, tels certains oiseaux, pollinisent de 78% à 94% des plantes sauvages et plus de 75% des cultures vivrières mondiales. Ce processus naturel augmente considérablement les rendements et donc

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la valeur mondiale de la production garantissant des prix raisonnables pour les consommateurs. C’est donc finalement tout notre système économique qui dépend de ces services que nous fournissent gratuitement la Nature et la biodiversité. Pascal Canfin, directeur général du WWF France, précise d’ailleurs que ces services sont équivalents, au niveau mondial, à 125 000 milliards de dollars soit une fois et demi plus que le PIB mondial, de quoi perturber largement les économies si Dame Nature prenait congé. *WWF. 2018. Rapport Planète Vivante® 2018 : Soyons ambitieux. Grooten, M. and Almond, R.E.A.(Eds). WWF, Gland, Suisse.

Prescillia Boisseau


Total reprend les forages au large de la Guyane

HEXAGONE Si les opérations permettaient de trouver du pétrole, Total pourrait procéder à quatre forages supplémentaires d’ici 2022. ©EC

La préfecture de Guyane a autorisé le groupe Total à entreprendre des tra- Les associations et le gouvernement s‘inquiètent vaux d’exploitation dans les eaux guyanaises. Un projet qui inquiète les asso- Du côté de l’opposition, Greenpeace France s’est empressé de réagir. L’association n’a pas manqué de ciations de défense de l’environnement. En accord avec sa demande, la société Total vise dans un premier temps le forage d’un puits d’exploration dans la partie centrale du permis Guyane Maritime à partir de fin 2018 début 2019 et sur une période de 4 mois. Le puits devrait atteindre les 2.000 mètres de profondeur et se situe à près de 170 kilomètres des côtes guyanaises, précise le géant pétrolier sur son site. Cette campagne exploratoire avait été déposé avant la fin de l’année 2017, le 20 décembre 2017, alors que l’ex-ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, avait voté la loi « Hydrocarbures » (abandon progressif de la production de pétrole). Cette loi certifie que la France ne délivrera plus de nouveaux permis d’exploration (pétrole et gaz compris). Malheureusement, certaines zones marines ont des failles. C’est le cas de la Guyane, où l’extraction du pétrole sera possible jusqu’en 2040. Le ministre de l’Écologie, François de Rugy, a affirmé que Total est effectivement dans le cadre de la loi sur twitter : « Ce forage est le résultat d’un permis d’exploration accordé en 2001 sur lequel il est légalement impossible de revenir. Mais soyons clairs : il devra être conduit dans le strict respect de l’environnement et de la loi qui le protège. J’y serai particulièrement vigilant ! »

faire remarquer l’absurdité de l’autorisation accordée à Total, moins d’un mois après la publication du rapport du GIEC sur l’évolution du climat. De leurs côté les Guyanais ont montré leur mécontentement suite à cette décision. Au terme d’une enquête publique réalisée entre le 16 juillet et le 13 aout derniers sur le territoire guyanais, la commission a relevé 7173 avis défavorables à ces forages en mer, sur 7183. Les politiques ont aussi saisies ce sujet, notamment EELV qui ont jugé cette décision « scandaleuse ». «TOTAL autorisé à forer du pétrole au large de la Guyane. Une décision scandaleuse alors que la France ne respecte déjà pas l’accord de… Paris ! Et ces forages menacent toute la biodiversité de marées noires. Le gouvernement doit y mettre son veto !» a déclaré Julien Bayou, porte-parole du parti politique, sur Twitter. Cinq forages ont déjà été réalisés entre 2012 et 2013 dans la partie Sud-Est de ce permis sans être couronnés de succès. Si un nouvel échec est identifié pour le géant pétrolier ce serait une véritable déconvenue pour le gouvernement ainsi que pour l’environnement. Grégoire Noally et Thibault Ajaguin

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VITE DIT

Pénurie d’essence : rouler au raisin, c’est écolo et déjà en service ! Après l’annonce d’Emmanuel Macron de la hausse de prix des carburants, une « hystérie fiscale », selon Ségolène Royal, les français se plaignent au point d’organiser des blocages ce samedi 17 novembre. Mais la société française Raisinor propose une alternative. L’entreprise girondine commercialise déjà un bioéthanol composé de marc de raisin. Ce liquide composé de peau et de pépins fermentés rejette moins de dioxyde de carbone (-95%) et moins d’oxyde d’azote (-50%) qu’un carburant classique. Une prouesse déjà testée et qui équipe plusieurs lignes de bus en France et à l’étranger ainsi que l’Aston Martin du Prince Charles. Une alternative qui ne nécessite aucun changement sur son véhicule et déjà disponible au prix de 85 centimes d’euro le litre. À réfléchir pour la hausse des taxes au 1er janvier 2019 !

Istanbul : Des réductions dans le métro en recyclant vos déchets

Si la Turquie est le troisième pays producteur de déchets ménagers et commerciaux derrière l’Allemagne et la France, elle est surtout le pays qui affiche le pire taux de recyclage en Europe. Pour remédier à cette image, de nombreuses initiatives fleurissent. Ainsi pour inciter les gens à prendre plus facilement les transports en Des machines comme celles-ci pour inciter au recyclage des déchets dans le métro stambouliote. ©AC commun (afin de limiter la pollution produite par les voitures), le métro d’Istanbul a installé de drôles de machines. Placées dans les stations, il est possible d’y déposer des bouteilles d’eau ou d’aluminium en échange de crédits à convertir en titres de transports. Ainsi contre environ 28 bouteilles, il serait possible de voyager gratuitement entre le centre de la ville et sa banlieue. Si pour l’instant seules 25 machines du genre ont posé bagage sur les quais, une centaine devrait être comptabilisée d’ici la fin de l’année.

Nancy : Vers la démolition de 40 maisons à cause de la sécheresse Après l’effondrement de deux immeubles mitoyens du centreville de Marseille, 40 maisons nancéiennes devraient être démolies à cause de la sécheresse. Des fissures, remarquées sur des pavillons du quartier d’Haussonville, se sont élargies. La décision est donc tombée : l’Office métropolitain veut suivre les recommandations du bureau d’étude Fondasol et donc démolir les maisons sinistrées du quartier d’Haussonville. Au micro de France Bleu, Frédéric Richard, directeur général de l’Office métropolitain de l’habitat du Grand Nancy, assume : « On m’a reproché d’être trop alarmiste mais je préfère être traité d’alarmiste plutôt que de salaud parce que je savais et que je n’ai rien fait. » De grandes fissures ont été observées dans le quartier pavillonnaire d’Haussonville. ©Pixabay

Matéo Dufour

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