L'An Vert n°1

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N°1 - L’An Vert Magazine - 10 octobre 2018

DOSSIER

L’AN VERT

DOSSIER : Passage Nord-Est : mondialisation ou protection de l’environnement, il faut choisir La Chine, mauvaise élève ?

Les orques en voie d’extinction au Canada

2,50€

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Sommaire DOSSIER

L’AN VERT Vu et revue p.3 Passage Nord-Est : mondialisation ou protection de l’environnement il faut choisir p. 4 à 6 Chine, mauvais élève ? p.7 Recifs coralliens : un joyaux en danger p.8/9 Les orques en voie d’extionction au Canada p.10 Le chlordécone : un scandale sanitaire «Champion de la Terre» p.11 Vite-Dit p.12

Prescillia Boisseau, rédactrice en chef

L’année sera verte ! L’environnement n’est pas un sujet réservé aux amoureux de la nature, c’est avant tout le cadre de vie de chacun. En même temps que l’Homme évolue dans ce cadre de vie, dans son environnement, ses choix ont un impact sur ce qu’est, mis bout à bout, notre environnement. Partant de ce constat, notre jeune rédaction, consciente du pouvoir de sa génération, s’est donnée pour mission de mettre l’environnement au centre de l’information. L’AN VERT n’est pas un magazine militant mais propose une nouvelle grille de lecture qui traiterait du vert et de l’envers de l’actualité internationale, un sujet dont beaucoup se sont désintéressés. Lorsqu’il n’est pas une victime corollaire d’un choix politique ou économique, l’environnement peut rapidement prendre une place centrale au cœur de ces décisions. Chaque semaine au travers de dossiers denses et de rubriques thématiques permanentes comme l’actualité française et les Animaux, nos douze journalistes tenteront de décrypter et de rendre compréhensible l’information. Du côté de l’actualité brûlante et contraints par la fréquence de parution, la rubrique « Vite-dit » laissera cours à de brèves entrées en matière sur des questions qui pourront faire l’objet d’un traitement plus terre-à-terre. Et si la texture peu habituelle du papier que vous tenez entre les mains ne vous a pas échappée, c’est parce-que nous souhaitons, par ce choix écologique, être les acteurs véritables de notre choix journalistique.

La citation du jour: « La raison principale de leur rapide déclin (les orques), c’est l’aveuglement de l’Homme», Howard Garret, président d’Orca Network Community Manager : Clément Granon et Sophie Repoux Directeur de publication : Patrick Girard Rédacteur en chef : Prescillia Boisseau Rédaction : Thibault Ajaguin @ThibaultAjaguin, Arthur Blet @arthurblet, Prescillia Boisseau @PrescilliaBoiss, Matéo Dufour, Léa Duluc @dubuc_lea, Clément Granon @GranonClement, Fleurestine Jaffrelot @fleurejaffrelot, Morgane Juvany, Grégoire Noally @greg_nly, Sophie Repoux @lapattenoire, Mickael Robert @mickaelrobert12, Valika Robert @valika.robert Locaux : 47 rue du Sergent Michel Berthet, Lyon 69009

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Yacouba Sawadogo, le champion de la terre burkinabé

Dans les années 1980, le Burkina Faso a traversé un grave épisode de sécheresse entrainant une importante baisse des rendements agricoles dans le nord du pays. Yacouba Sawadogo, bien décidé à résister à cet épisode climatique , a mis au goût du jour une technique ancestrale surnommée le « zaï » pour résister à cet épisode climatique. Grâce à son obsession, le Burkinabè a fait pousser à ce jour près de 40 hectares de forêt et a inspiré de nombreux pays du Sahel pour résister à l’avancée du désert sur leurs territoires. « Félicitation au fou pour son prix Nobel alternatif »

Le quotidien national burkinabè, Sidwaya, a consacré un dossier complet à Yacouba Sawadogo, titré : « Félicitation au fou pour son prix Nobel alternatif ». En effet, tout en retraçant le parcours rocambolesque de « l’homme qui a arrêté le désert », Sidwaya, ne manque pas à rappeler le rejet des siens dont a fait l’objet Yacouba Sawadogo. Perçu comme un fou pour avoir décidé d’abandonner son activité de commerçant de pièces détachées pour « créer une forêt là où le désert dictait sa loi », l’octogénaire explique au quotidien burkinabè avoir « salué les gens du village sans avoir aucune réponse. On me considérait comme un déréglé ».

Vu et revue DOSSIER

Surnommé « l’homme qui a arrêté le désert », Yacouba Sawadogo, Burkinabè de 80 ans, s’est vu décerner le prix Nobel alternatif 2018 le 24 septembre dernier pour son combat mené depuis quarante ans contre la désertification de son pays. Une distinction qui n’a pas échappé à l’attention des médias internationaux et à la vigilance des journalistes de l’An Vert.

Une de Die Tageszeitung ©Deutsche Zeitungen - (DW/H. Flotat- Talon)

Die Tageszeitung offre sa Une à Yacouba Sawadogo

Rappelant également le combat solitaire qu’a pu mener le Burkinabè pendant près de quarante ans, le quotidien national allemand souligne aussi une volonté d’afficher une actualité positive en Une de son journal : « [c’est] un exemple qu’on aimerait aussi remercier parce que son visage et son histoire font aussi du bien en Une des journaux ». Le journal, proche des partis politiques écologistes allemands ne tarit pas d’éloges à propos du paysan burkinabè : « avec lui le jaune devient vert, un vrai exemple pour toute la région du Sahel ». La Deutsche Welle, chaîne d’information en continu allemande, a préféré laisser la parole à Yacouba Sawadogo : « Nous ne devons pas être les ennemis de la nature. Personne ne s’occupe de nos forêts. La population a grandi et les forêts souffrent. Certaines personnes font de nos forêts ce qu’elles veulent. Elles les détruisent. Si vous coupez 10 arbres par jour et ne plantez pas d’autres dans l’année, nous irons vers la destruction », explique « l’homme qui a arrêté le désert ». Les médias français héroïsent ce « maître du zaï »

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En entendant l’histoire de Yacouba Sawadogo, on pourrait croire à « un joli titre de conte ou au CV d’un superhéros » remarque L’Obs sur son site web. En effet, difficile d’échapper au penchant héroïque de cet homme illettré, porté par une volonté de bien commun. Si difficile, que le Midi Libre a choisi de lui dédier une chronique entière en laissant de côté la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis ou encore l’indifférence totale des pays occidentaux face à la guerre au Yémen. Le but étant de mettre à l’avant, une actualité « positive ». Pour finir, Radio France Internationale (RFI) a choisi de mettre en avant les biens faits qu’apporte la réintroduction du « zaï » dans les programmes agricoles du Sénégal, du Mali ou encore du Niger. La technique aurait permis en 2016 de retrouver près de 3000 km² de forêt au cœur du Sahel.` Clément GRANON


DOSSIER

Un cargo Maersk traversant la banquise. Image d’illustration.

Passage Nord-Est : mondialisation ou protection de l’environnement, il faut choisir Par la fonte des glaces, de nouvelles routes maritimes s’ouvrent au commerce mondial. Jeudi 27 septembre, le navire Venta a traversé l’Arctique par le passage Nord-Est. Il est le premier navire de cette envergure à emprunter la voie. Il ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour l’économie mondiale, au détriment du réchauffement climatique.

Une route jusqu’à présent inaccessible

L’Arctique est un territoire entièrement composé de glace. Le Pôle Nord est donc par nature plus sensible au réchauffement climatique. Alors qu’il y a encore 30 ans, la Russie et le Canada étaient reliés par la glace, la calotte glaciaire s’est fortement réduite. Auparavant impossible, le passage au Nord de la Russie est désormais navigable de juillet à octobre.

80% du commerce mondial est réalisé par voies maritimes

Enjeu planétaire, les mers et océans sont des acteurs stratégiques, au cœur de la mondialisation. Alors que les canaux de Suez et Panama sont aujourd’hui engorgés, la fonte des glaces permet l’exploitation de nouveaux passages jusqu’alors impossibles. Le porte-conteneurs Venta a profité du dégel de l’Arctique, pour effectuer la traversée pour la première fois. Arrivée historique au port de Saint-Pétersbourg jeudi 27 septembre. Le navire de la compagnie danoise Maersk, parti de Vladivostok, bat un record avec seulement 37 jours de traversée. Une brèche dans la glace qui pourrait s’avérer à terme très lucrative pour le commerce, mais qui accentue les problèmes environnementaux.

Le 1er septembre, quand l’extension de l’Arctique fut minimale, un navire de la Marine nationale, le Rhône, emprunta pour la première fois le canal. Partant de Norvège pour rejoindre l’Alaska, ”cette traversée avait pour objectif de développer notre connaissance de cette zone dont l’intérêt stratégique est en constante augmentation” dixit le commandant Philippe Guéna à l’AFP. Le Rhône a effectué la traversée sans même utiliser un brise-glace. Maersk, géant danois du commerce fluvial, surveille de près les évolutions climatiques en Arctique puisqu’une

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ouverture pourrait s’avérer fructueuse pour le fret. Avec la traversée historique du Venta, le géant danois montre toutes les possibilités qu’offre cette voie. Outre le transport de marchandises, l’expédition avait pour objectif de récolter des données sur la ”faisabilité opérationnelle” explique le groupe. Pour des raisons de sécurité, le Venta était accompagné d’un brise-glace. Un emplacement géostratégique pour la Russie, bénéfique à l’économie mondiale

Le passage Nord-Est longeant les côtes

Des conséquences désastreuses pour l’environnement

Un gain de temps, certes, mais l’ouverture du passage Nord-Est est une très mauvaise nouvelle pour la survie de la planète. Déclenchée par le réchauffement climatique, c’est la fonte des glaces de l’Arctique qui crée cette route. Le constat est d’ores-etCarte réalisée par Thierry Gauthé pour Courrier International déjà mauvais pour l’enrusses au Nord de la Sibévironnement. Les associations écologistes rie est une opportunité unique pour dédénoncent cette réalité, sans réel résultat. velopper une zone jusqu’ici délaissée. Le La catastrophe s’accentuera si des carpays pourrait gagner gros avec les taxes douanières et se positionnerait comme gos l’empruntent quotidiennement. Un une alternative rassurante pour l’éconocercle vicieux dangereux, où les intérêts mie russe. Les porte-conteneurs éviteéconomiques et stratégiques semblent auraient ainsi des zones sensibles de piratejourd’hui prendre le pas sur l’intérêt enviries et le péage du canal de Suez. De plus, ronnemental. Deux visions du développeau cœur de ce canal, se niche la péninsule ment s’affrontent donc autour du Pôle Nord. de Yamal, où le producteur de gaz naturel russe Novatek et le pétrolier français To Arthur Blet et Léa Dubuc tal y ont inauguré il y a peu une immense usine d’extraction de gaz naturel liquéfié.

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DOSSIER

Jusqu’ici, seuls des méthaniers briseglace nucléaires empruntent cette route pour transporter le gaz en Asie. Le passage Nord-Est serait donc un moyen d’acheminement régulier. En effet, la fonte de l’Arctique pourrait rendre exploitable d’ici 30 ans le passage Nord-Est, durant toute l’année. ”Aujourd’hui, le passage n’est possible que pendant trois mois par an environ, ce qui pourrait changer à l’avenir. De plus, nous devons également considérer le fait que des navires classés « glace » sont nécessaires pour faire le passage, ce qui signifie un investissement supplémentaire” exprime par voie de presse Palle Laursen, directeur technique de Maersk. Faisant gagner jusqu’à quinze jours par rapport à la voie classique du canal de Suez, son exploitation à l’année pourrait bien être une révolution dans le monde du fret.


DOSSIER

“Pour l’Arctique, je pense qu’il faut être pessimiste“ L’Arctique est au cœur des nouveaux enjeux politiques et géostratégiques des prochaines décennies. La Russie semble y prendre l’avantage, au dépend évident de l’environnement. Patrick Girard, professeur de géopolitique a accepté de répondre à nos questions sur ce sujet. La fonte de l’Arctique concerne également les côtes Canadiennes. Le Canada revendique ces eaux et souhaite empêcher tout trafic dans la zone pour protéger ses côtes, d’autres pays estiment que cela appartient aux eaux internationales. Qu’en est-il de la situation actuelle ? ”Légalement la situation est très compliquée. C’est un des problèmes les plus complexes en termes de droit car on ne sait toujours pas exactement si l’on est dans le droit terrestre ou dans le droit maritime. Du fait que l’Arctique soit composé d’eau glacée solide en train de fondre, certains juristes (comme c’est le cas des juristes canadiens), tentent de convaincre les tribunaux internationaux que c’est de la banquise et donc que cela devrait concerner le droit terrestre. Bien qu’il existe une forme de forum des pays situés autour de l’Arctique (ndlr : Conseil de l’Arctique, fondé en 1996) il n’y a pas de tribunal international ayant pris une décision faisant jurisprudence à ce sujet.”

Le canal du Panama et celui de Suez ne seront plus exploitables d’ici 30 ans, quelles alternatives s’offrent alors au commerce mondial ? ”Il y a plusieurs alternatives. Ces canaux ont été percés à la taille des bateaux de l’époque et sont aujourd’hui inadaptés. Malgré l’élargissement de ces canaux, la nature même de la roche fait qu’il est impossible de l’élargir plus. Un premier projet est de creuser un autre canal au Nicaragua situé juste au-dessus. Les russes et les chinois sont à l’initiative de ce projet qui apporterait de la concurrence dans la région, et briserait le monopole américain du canal de Panama. La deuxième alternative est le passage Nord-Est par l’Arctique qui permet de gagner plusieurs milliers de kilomètres.“

Un monopole russe des espaces maritimes est-il à envisager ? ”Le monopole est un mot un peu fort mais ils auraient, par ces deux passages, un énorme avantage qu’ils n’ont jamais eu dans l’Histoire. Et paradoxalement, cet énorme pays qu’est la Russie, totalement enclavé par sa géographie froide et dure où ils ont du mal à accéder aux mers, pourraient dominer le commerce parce qu’ils auront la maîtrise de ces deux routes commerciales.”

Patrick Girard . © L.D

Pourrait-on craindre l’accentuation constante de la détérioration de l’environnement au profit des ambitions commerciales ou la communauté internationale prend réellement conscience de cette problématique ? ”Beaucoup d’associations. Au niveau politique aucune action réellement opérationnelle n’a été faite pour dire « On va dans un grand danger ». Aujourd’hui on est entré dans une phase où l’on part du principe que l’Arctique va disparaître. Si l’on ne change pas nos habitudes, l’Arctique va continuer de fondre puisque le réchauffement climatique ne va pas cesser. Plus les navires vont passer dans la zone, plus cela va accentuer la fonte des glaces puisqu’ils dégagent de la chaleur. Les infrastructures que l’on va devoir installer vont continuer à accentuer le phénomène. Cela pourrait conduire à l’augmentation du niveau de la mer de 1 à 3 mètres. On sait qu’avec 1,50 mètre de plus d’eau dans le monde ce sont des millions de personnes qui n’auront plus de terre. Concernant l’Arctique je pense qu’il faut être assez pessimiste parce que les enjeux géoéconomiques dans cette zone sont tels que je ne vois pas un des grands pays (Russie, Chine, Canada, Etats-Unis) mettre son intérêt personnel de côté pour l’intérêt de l’humanité.” Propos recueillis par Léa DUBUC et co-écrit avec Arthur BLET.

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La Chine, mauvais élève ?

Chine DOSSIER

Identifié premier « réchauffeur » de la planète, la Chine avait déclaré la guerre à la pollution de l’air en 2013. Le pays va entrer dans sa cinquième année de sa lutte contre la pollution. Selon une étude de l’Université chinoise de Hong Kong, la pollution de l’air est responsable de la mort de plus d’un million de personnes. Bien que des progrès aient été réalisés dans l’émission de particules fines, la pollution atmosphérique coûte 33 milliards d’euros (267 milliards de yuans) à l’économie chinoise et cause la mort d’un million de personnes chaque année. Les chercheurs de l’Université chinoise de Hong Kong ont identifié plusieurs secteurs économiques qui génèrent le plus de pollution, parmi elles : L’agriculture est particulièrement montrée du doigt, selon la revue « Environmental Research Letters » environ 20 millions de tonnes de riz, de blé, de maïs et de soja ne sont pas exploitables chaque année dû à la surexposition au Gaz d’ozone. Les pertes s’élèvent à environ 0,66 % du PIB annuel. Bien que le gouvernement communiste multiplie les promesses et se montre de plus en plus sensible au sujet de pollution, la réalité semble bien plus complexe.

En Chine, une centrale de charbon fonctionne 24h/24. © AP

par Pékin de l’accord de Paris. Sur ces images on voit des tours de refroidissement qui tourne à plein gaz et des fumées qui s’échappent d’usines déclarées « fermées ». La Chine, qui produit d’ores et déjà autant de charbon que le reste du monde, envoie un signal très inquiétant dans sa lutte contre le réchauffement climatique. Heureusement, les populations des grandes villes prennent conscience de la gravité de la situation et des effets néfastes de la pollution, mais on ne peut pas en dire autant des provinces. En effet, de nombreux analystes pointent la responsabilité des autorités locales et provinciales chinoises où l’on serait moins sensible aux efforts de lutte contre le changement climatique. Mais dans ce cas-là, à qui la faute ? Le Gouvernement manque-t-il de contrôle ou fait-il exprès de rester aveugle ? Cependant, c’est bien en Asie que se jouera l’avenir du réchauffement et pas sur les 4 centrales à charbon françaises.

« Le charbon, mensonge chinois »

Depuis mi-septembre, de nombreuses images recueillies par un réseau d’ONG américaines circulent sur les réseaux sociaux. Sur ces images, on découvre la construction de nombreuses usines à charbon malgré la signature

Mickaël Robert et Grégoire Noally

Il y a comme un courant d’air Plusieurs scientifiques sont préoccupés par un courant aérien appelé jet-stream subtropical qui interfère dans les fronts froids et chauds de la planète. Découvert dans les années 20 un jet-stream est long de plusieurs milliers de kilomètres et large de seulement quelque centaine. S’il inquiète tant aujourd’hui c’est parce qu’il a fini par influencer la météo en formant des anticyclones et des dépressions. Le plus inquiétant c’est qu’il parvient à accélère le réchauffement climatique et serait responsable des chaleurs les plus fortes de ses dernières années. Il accentue la pollution de l’air en se déplaçant à grande vitesse, il faut seulement 5 jours à un Jet-stream pour porter la pollution atmosphérique de la Chine aux Etats-Unis.

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L’instantané DOSSIER

Récifs coralliens : un joyau en perdition Depuis plus de 30 ans, l’état de santé des récifs coralliens se détériore, créant l’inquiétude chez les scientifiques. Plusieurs questions se posent quant à l’avenir de l’espèce, qui se présente comme un enjeu capital pour l’environnement. Malgré leur consistance rigide, les barrières de corail, sont un des écosystèmes les plus menacés de la terre. Bon nombre de phénomènes en sont la cause, notamment la pollution. Les déchets qui s’accumulent dans les mers et océans n’est plus aujourd’hui un secret, ni le rejet d’hydrocarbures par les pétroliers. Cette pollution massive étouffe les coraux et les rend plus vulnérables au blanchissement : l’eau se réchauffe, les coraux blanchissent et meurent.

Une richesse insoupçonnée Les récifs coralliens forment des barrières naturelles, absorbant efficacement les éléments venant du large. Leur formation massive neutralisent l’énergie des vagues et participe à réduire l’érosion des littoraux. Sans cette intervention protectrice, certains pays des atolls comme les Îles Marshall, les Maldives et Kiribati n’existeraient plus. Ces formations coralliennes ont également un rôle majeur dans l’équilibre biologique des océans. Les scientifiques estiment que 25% des espèces marines y vivent et s’y reproduisent, ce qui regrouperaient plus d’un million d’espèces animales et végétales. Si elles venaient à disparaître, l’équilibre de l’écosystème marin seraient perturbés mettant en danger la vie d’autres animaux marins, et par conséquent, celle des hommes. Et peu le savent, mais les bancs de coraux contribuent aux progrès de la recherche ! Leurs venins chimique sont utilisés dans le traitement de maladies graves tel que le VIH, les ulcères et certains cancers (leucémie…).

C’est pourquoi il est capital de réagir et de sauver cet écosystème qui menace de disparaître. Thibault Ajaguin et Morgane Juvany

Les récifs se détériorent année apres année. © AFP

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L’instantané DOSSIER

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Les orques en voie d’extinction au Canada

Animaux DOSSIER

La mer des Salish, une zone maritime de l’océan Pacifique Nord, sera sans doute le cercueil d’un groupe de 75 orques. Cette famille installée autour de l’île de San Juan située entre la Colombie Britannique et l’état de Washington a perdu environ un cinquième de sa population en vingt ans et elle ne parvient plus à garder les rares nouveaux nés en vie.

Les youtubeurs se préoccupent du sort des orques au Canada. © DR

Fin juillet, une femelle appartenant à un groupe d’orques vivant dans la mer des Salish située entre côtes canadiennes et américaines, a porté son petit mort-né durant 17 jours. Début septembre, c’est au tour d’une autre femelle, de seulement 3 ans, nommée Scarlet, de mourir de maladies causées par la sous-nutrition. Océanologues et associations ont tiré la sonnette d’alarme : cette famille d’orques meurt de faim, ne parvient plus à se reproduire et disparaitra alors rapidement. Des barrages mortels Et c’est au Canada que l’on se mobilise. Début septembre, six associations de défense de l’environnement ont lancé une action en justice auprès de la Cour Fédérale contre le Ministère des Pêches et Océans et le Ministère de l’Environnement et Changement climatique estimant que ce dernier a manqué à sa mission de protection d’une espèce menacée. En parallèle, un grand mouvement de soutien sur les réseaux sociaux a été lancé sous le hashtag #Wearetheorca. Au centre du problème, quatre barrages construits sur la rivière Snake qui traverse les états du Wyoming et de l’Idaho et se jette dans le fleuve américano-canadien, le Columbia. Ils empêchent la reproduction des saumons sauvages alors même que ce poisson est la principale nourriture du groupe d’orques de la zone. une évaluation d’impact sur la santé datant de 2002, effectuée par le corps du génie de l’armée américaine, prône pourtant la rupture des barrages. L’étude avance qu’il s’agit du seul moyen pour faire revenir le saumon sauvage dans la rivière

Contamination et bruit Deux autres facteurs liés à l’activité humaine menacent la survie du groupe. En effet, les saumons sauvages encore présents dans la rivière sont contaminés par les produits utilisés dans les fermes d’élevages intensifs de saumons où virus et maladies se développent. Ces saumons infectés sont ensuite absorbés par les orques ; c’est toute la chaîne alimentaire qui est alors touchée. A tout ceci se greffe la pollution sonore des bateaux de pêche et autres plaisanciers qui empêchent les orques de communiquer entre elles et de chasser. Une disparition massive à l’échelle mondiale Cette affaire prend d’autant plus d’ampleur après la publication dans la revue Science d’une nouvelle étude choquante concernant l’espèce : la moitié des orques de la planète pourrait disparaître à cause des produits toxiques chimiques (polychlorobiphényles) toujours présents dans les océans bien qu’en 2001, 152 pays s’étaient entendus pour l’arrêt de leur utilisation. Ironie de l’histoire, les groupes vivant au Canada, entre autres, sont beaucoup moins exposés aux polluants et sont censés perdurer. Mais difficile d’échapper à l’activité humaine.

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Prescillia BOISSEAU, Sophie REPOUX et Valika ROBERT


Le chlordécone : un scandale sanitaire Plus de 90% de la population en Guadeloupe et Martinique est contaminée par ce pesticide utilisé dans les bananeraies.

Le chlordécone sert dans les bananeraies. ©DR

Les campagnes en souffrent Les campagnes souffrent de cette technique agraire. Ses habitants sont autant exposés à la pollution que la population urbaine. 60 millions de consommateurs ont fait analyser par un laboratoire indépendant les cheveux de 43 filles et garçons entre 10 et 15 ans, habitant la campagne ou la ville. Résultat : tous les échantillons contiennent des perturbateurs endocriniens. Des résultats qui « suggèrent fortement » que les petits Français sont « tous contaminés », s’alarme le magazine. Par ailleurs, l’exposition aux pesticides peut provoquer des pathologies respiratoires voire des malformations congénitales dont des cas récents ont été déclarés dans l’Ain. Matéo Dufour

« Macron Champion de la Terre »

Emmanuel Macron a reçu le mer- Au cours d’un discours devant la 72e Assemblée générale des credi 20 septembre le titre de Nations Unies, à New York le jeudi 20 septembre, Emmanuel Macron a séduit. Ce qui a valu au président français d’être « « Champion de la Terre ».

Champion de la Terre » est sa perpétuelle remise en question et mise en garde sur l’environnement et le climat. Ce prix salut en particulier, l’organisation en décembre 2017 du « One Planet Summit » présidé par Emmanuel Macron, à l’occasion du deuxième Accord de Paris et de son slogan « Make our planet great again ». L’Organisation des Nations Unies a récompensé essentiellement les brillants discours de monsieur Macron.

Une récompense, décernée par le Programme des Nations unies (Unep), qui peut laisser perplexes les Français quand on porte notre regard à l’échelle nationale avec ce que met en place le Président d’un point de vue environnemental et climaDiscours d’Emmanuel Macron à l’ONU. ©Ludovic Marin tique. Sa politique environnementale connait de gros déficits, en témoigne la démission de son ministre de l’écologie, Nicolas Hulot: à cause notamment de l’échec sur l’interdiction du Glyphosate en novembre 2017 avec la prolongation de 5 ans de l’utilisation de cette l’herbicide, pour les États membres de l’UE. Selon « Réseau Climat Action », la France a dépassé de 6,7% sa production en carbone d’origine anthropique. La rénovation thermique des bâtiments ne fait toujours pas l’objet d’une planification sur un grand nombre d’endroits, qui ne permettront pas d’atteindre les objectifs de neutralités carbone en 2050 sans une rénovation massive. Fleurestine Jaffrelot

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Hexagone DOSSIER

Lors de son voyage présidentiel aux Antilles du 26 au 29 septembre, Emmanuel Macron a reconnu que l’État « avait sa part de responsabilités dans le scandale environnemental » de la pollution au chlordécone, un pesticide utilisé dans les bananeraies. Son utilisation présente un danger pour l’Homme et l’environnement. Cause probable d’une explosion du nombre de cancers de la prostate, le chlordécone, utilisé jusqu’en 1993 aux Antilles par les producteurs de bananes, est toujours présent dans les sols. Il peut y persister environ 600 ans et se retrouver dans certaines denrées végétales ou animales et certains captages d’eau. Selon l’agence Santé publique France, «plus de 90% de la population adulte» en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le pesticide.


DOSSIER Vite dit

Vastes opérations de dépollution au large de la Corse Les opérations de dépollution s’organisent au large du cap Corse après qu’une collision entre deux navires a laissé échapper du fuel dimanche 7 octobre. La préfecture maritime de la Méditerranée a précisé le dispositif composé d’un Falcon 50 de la Marine nationale pour localiser la pollution, de navires pour éviter la surpollution et traiter la traînée d’hydrocarbures. La quantité de produits déversés estimée entre 40 et 200 m » sera pompée puis aspirée dans des cuves, une opération qui devrait prendre encore quelques jours.

©Science et Avenir

L’élévation de la température de la planète peut être contenu.

Un rapport spécial du Groupe d’expertise intergouvernementale sur l’évolution de climat (GIEC), a été présenté ce lundi à Incheon (Corée du Sud) en présence des représentants de 195 Etats. Selon ce compte-rendu basé sur plus de 6000 études scientifiques, il reste une chance de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, à condition d’un « sursaut international ».

Le Nobel d’économie revient à deux américains

©AFP/ Jewel Samad

Le prix Nobel de l’économie à été attribué à William Nordhaus et Paul Romer, deux américains, favoris depuis quelques années. Ce lundi 8 octobre, l’Académie royale des sciences de Suède a récompensé William Nordhaus pour ses travaux sur l’intégration du changement climatique et Paul Romer pour ses innovations technologiques dans le domaine macro-économique. Ce 50ème prix se caractérise par les idées innovantes des deux protagonistes, qui réussissent à accorder croissance durable dans le temps, économie mondiale et la santé de notre planète.

1 763 corps retrouvés en Indonésie après le passage d’un puissant tsunami Les îles Célèbes, en Indonésie, ont été submergées le 28 septembre dernier par un tsunami provoqué par un séisme de magnitude 7,5. A ce jour, au moins 1 763 personnes ont trouvé la mort et près de 200 000 nécessitent une aide humanitaire d’urgence d’après l’ONU. Environ 5 000 personnes seraient toujours portées disparues. Le gouvernement indonésien a appelé à une aide internationale. Des victimes sont toujours sous les décombres et les secours ont du mal à atteindre les zones dévastées du pays. D’après LeMonde.fr, l’ONU serait à la recherche de 50,5 millions d’euros pour financer la reconstruction des zones touchées et les interventions auprès de la population.

©LInternaute

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