L'An Vert n°4

Page 1

N°4 - L’An Vert - novembre 2018

L’AN VERT DOSSIER

Nucléaire : on est loin d’en sortir ATMOSPHERE

La couche d’ozone en voie de guérison ANIMAUX

La viande de laboratoire, une alternative à l’élevage.


Vue et revue Black Friday: un jour noir pour la planète. p.3 Dossier Nucléaire : On est loin d’en sortir p. 4-6

Sophie Repoux

Coup de pompe

L’air est un peu étouffant. Au propre comme au figuré. Actuellement, nous croulons sous les annonces sur le climat : rapport du GIEC, record des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, démission du directeur de l’environnement à l’ONU, étude inédite publiée le 19 novembre sur les futurs dangers climatiques. Dans ce 4eme numéro de L’An Vert, il s’agira d’y voir un peu plus clair sur le sujet du nucléaire qui fait débat depuis des années et sera de nouveau à l’ordre du jour de la COP 24. On ne pouvait également pas faire l’impasse sur la contestation portée par le mouvement des Gilets Jaunes qui formule que la question environnementale n’est pas tant une question de conviction que d’économie. Assurément, nous nous situons à une période charnière qui remet en question notre modèle sociétal. Mais la multiplication de solutions et d’idées novatrices pour “nettoyer” et vivre différemment apporte un peu de souffle. Maintenant, il s’agit de détricoter le tout. En effet, ne voyonsnous pas défiler depuis plusieurs années, déjà, de beaux spots et publicités vantant les vertus des véhicules électriques alors que, dans l’arrière cuisine, il apparaît que la chimie n’est pas si bonne. S’il est évident qu’une transition dans notre production d’énergie est nécessaire, peut-être faudrait-il repenser en profondeur notre tissu social et économique pour atteindre un modèle viable sur le long terme.

Atmosphère La couche d’ozone en cours de guérison p.7 L’instantané La transition écologique : envers et contre tous ? p.8-9 Animaux La viande de laboratoire : une alternative à l’élevage animal p.10 Hexagone «On est prêts»: effet d’imitation ou réelle implication. p.11 Vite dit San Francisco, la ville la plus polluée au monde à cause des incendies p.12

“Le monde a changé depuis 2015. Nous n’avons plus les mêmes conditions internationales, les pays en développement posent la question du financement de leurs actions, parce qu’ils sont légitimes à le faire“ , confie Michal Kurtyka, qui présidera la COP24, au Monde Directeur de publication : Patrick Girard Rédacteur en chef : Sophie Repoux Community Manager : Arthur Blet, Clément Granon, Sophie Repoux Twitter de l’An Vert : @LAn_Vert Secrétaire de rédaction : Valika Robert, Prescillia Boisseau Rédaction : Thibault Ajaguin (@ThibaultAjaguin), Arthur Blet (@arthurblet), Prescillia Boisseau (@PrescilliaBoiss), Matéo Dufour (@DufourMateo), Léa Dubuc (@dubuc_lea), Clément Granon (@GranonClément), Fleurestine Jaffrelot (@fleurjaffrelot), Morgane Juvany, Grégoire Noally (@greg_nly), Sophie Repoux (@lapattenoire), Mickaël Robert (@ mickaëlrobert12), Valika Robert (@valikarobert) Maquettiste : Matéo Dufour, Mickael Robert Locaux : 47 rue du Sergent Michel Berthet, Lyon, 69009

Suivez L’An Vert sur Twitter


Black Friday : un jour noir pour la planète

Cette journée de solde en masse tant attendue par des millions d’acheteurs est aussi synonyme de dégradation environnementale. L’occasion pour les médias français et étrangers d’en parler. Avec pour certains plus de ferveur que d’autres.

VU ET REVUE

En 2017, Anémone Berès, présidente du réseau de recyclage français Envie a créé le mouvement “Green Friday” le jour du vendredi noir. Le Figaro met en avant l’ampleur qu’a pris ce mouvement en seulement un an, qui veut “sensibiliser les Français aux enjeux d’une consommation plus durable”. Cette année, 180 associations et entreprises françaises se sont mobilisées, ainsi que la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a laissé sur Twitter : “Green Friday […] va nous sensibiliser plus que jamais à la nécessité de consommer responsable”. Une nécessité bel et bien réelle car aujourd’hui, un Français consomme 60% de produits textiles de plus qu’il y a 15 ans, et les conserve deux fois moins longtemps. À savoir qu’un jean soldé ne sera porté qu’un temps avant d’être remplacé ; tandis que 10 000 litres d’eau sont utilisés pour fabriquer une seule de ces pièces. À ce propos, 20 minutes met en avant l’étude de l’Ademe, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie publiée en septembre dernier : “La face cachée des objets”. L’étude démontre l’hyper-consommation des français : ils pensent posséder environ 34 appareils électriques/électroniques chez eux, alors qu’ils en possèdent en réalité 99... et n’utilisent pas six d’entre eux ! Des appareils qui ont un impact affolant sur l’environnement : “La fabrication d’un téléviseur de 11 kg nécessite 2,5 tonnes de matières premières et émet autant de gaz à effet de serre qu’un trajet en avion entre Paris et Nice”. Ce sont ces produits qui font le plus de ventes le jour du “Black Friday”. Beaucoup de consommateurs semblent alors ignorer cet effet dévastateur pour la planète. Cette année, les médias français ont donc décidé de les alerter.

45 millions de tonnes de déchets électroniques ont été recensés en 2016, soit l’équivalent de 10 pyramides de Kheops. ©FB

cyclés. Quant aux jouets sur lesquels le plastique est omniprésent notamment dans tous les emballages, seulement 9% sont recyclés. Mais certains médias américains énoncent plusieurs chiffres, qui montrent l’impact, de cette période plébiscité par les Américains. Le site Vox indique que “le service postal américain prévoit d’effectuer 850 millions de livraisons entre Thanksgiving et le Nouvel An, soit environ 15% des colis de l’année entière en un peu plus d’un mois”. Avec la montée des commandes en ligne et des livraisons à domicile, le trafic urbain augmente considérablement les émissions de gaz polluant. Ces dernières années, le phénomène a également envahi le Royaume-Uni. De plus, le nombre d’acheteurs participant au Black Friday et au «Cyber​​ Monday» (lundi suivant Black Friday) augmente. The Guardian déclare que “81% des achats faits durant cette période, incluent une livraison à domicile” et qu’un camion quitte un entrepôt Amazon toutes les 93 secondes. Contrairement aux médias Français qui semblent impliqués dans la situation de la planète, notamment avec le mouvement Green Friday, les Américains, eux, le sont beaucoup moins. Mais les chiffres sont réels et donnent le tournis.

“81% des achats faits durant cette période, incluent une livraison à domicile”

De l’autre côté du globe, ce phénomène passe plus inaperçu. Aux États-Unis, pays initiateur de l’événement, le New York Times publiait le jour même : “Nous y voilà encore : légèrement ennuyés par le consumérisme évident, mais totalement charmés par les offres. Cela doit être le Black Friday». En effet, la période entre novembre et janvier est connue pour être celle où les américains consomment avec frénésie. En 2017, ces derniers ont dépensé 5 milliards de dollars et les entreprises ont récolté plus de 58 milliards de dollars. Les mesures mises en place durant le Black Friday sont colossales et pourtant, peu d’entre nous s’arrêtent pour réfléchir aux conséquences environnementales. Par exemple, seulement 20% des déchets des gadgets électroniques sont re-

Morgane Juvany et Valika Robert

3


DOSSIER

Nucléaire : on est loin d’en sortir Le nucléaire est un sujet qui divise et fait polémique. En amont de la COP 24 qui se tiendra le 3 décembre, la Pologne, pays organisateur, est pointé du doigt comme pays consommant le plus de charbon. En effet, 80% de l’électricité polonaise © Sébastien Bazon .AFP provient de ses Près de 220.000 personnes travaillent pour la filère nucléaire. mines. Personne ne remet Ce sera l’un des points brûlants à l’ordre du jour de la COP24 qui se tiendra à en cause cette Katowice en Pologne le 3 décembre. Face à la pression populaire grandissante sur la question environnementale, de nombreux gouvernements adoptent de nouénergie qui assure leur in- velles politiques énergétiques et tentent de se défaire du nucléaire. Cependant, d é p e n d a n c e rien n’est moins simple. Pour la majorité des pays, la France ne faisant pas excepet pourtant 33 tion, le nucléaire avait pour but de remplacer une production d’électricité réalisée des 50 villes les majoritairement à partir de fioul lourd et ainsi réduite les importations de pétrole. plus polluées d’Europe se trouvent en Pologne.En effet, la préoccupation numéro et propres, elle continue à investir dans des innovations un des Européens concerne leur indépendance énergé- qui s’avèrent être de vrais fiascos. tique. Il y a trois ans, lors de la COP21, l’Europe décidait de fixer la barre très haut en matière d’énergie propre. Depuis 2006, une étude avait démontré que l’investisseUne promesse en partie tenue en ce qui concerne l’éner- ment initial dans ce projet aurait pu être consacré aux énergies propres et aurait été deux fois plus performant gie nucléaire. La majorité des pays européens ont abandonné de façon dans la réponse aux besoins énergétiques. Il est temps partielle ou totale l’exploitation de leurs centrales comme pour les pays qui parient sur l’EPR d’abandonner cette l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et énergie dépassée, coûteuse, mais également très danla Roumanie pour qui la production totale d’électricité gereuse. Effectivement, surpuissance est souvent égal à via le nucléaire ne représente qu’un quart de leur produc- danger: 1650 mégawatts qui, une fois mis à l’arrêt, dégation totale d’électricité. Mais quatorze pays font encore geront 30% de chaleur de plus qu’un réacteur classique. tourner à plein régime leurs centrales, soit 126 centres, Les travailleurs ne travailleraient également pas dans les ce qui fait de l’Europe la région la plus nucléarisée du meilleures conditions : 2 ouvriers morts en 2011, plus de 460 ouvriers étrangers monde. exploités , 112 accidents non déclarés sur un total de 366 recensés. De surcroit, l’EPR serait vulnérable aux cyberattaques étant donné qu’il est piloté par un système EPR, l’avenir du nucléaire, est un grand fiasco. numérique. Six bonnes raisons d’abandonner ce projet À ses débuts en 2007, l’EPR ( European Pressurized Re- pharaonique . caord) ou réacteur pressurisé européen, construit par l’industrie française Areva, représentait le futur de la Malgré les efforts de quelques pays européens, certains production d’électricité utilisant la fission nucléaire. Or gouvernement ne s’opposent pas à la signature de juteux c’est une technologie qui demande beaucoup de moyens. contrats. L’Angleterre, à la recherche de nouveaux parteCe réacteur de 3e génération, n’a pas trouvé preneur. naires économiques signait, en 2016, un accord avec EDF Tout d’abord pour des raisons financières, le réacteur et le groupe chinois CGN pour la construction de deux coûtant 3.3 milliards d’euros, chiffre multiplié pour cer- réacteurs. Le projet, lancé il y a maintenant deux ans, tains par 4. Le chantier le Flamanville, en France, s’élève est toujours en construction. Jean-Bernard Levy, PDG lui à plus de 10 milliards. Alors que la France devrait se d’EDF, annonçait au minimum 60 ans d’exploitation à tourner en urgence vers des énergies plus renouvelables venir, soit de 2026 à 2086.

4


Une calamité pour certain une nécessité pour d’autre.

Si l’Europe tentent de se défaire du nucléaire, pour d’autres zones en développement comme l’Afrique, cette énergie reste symbole de réussite et de richesse. Aujourd’hui, plusieurs pays d’Afrique ont émis l’idée de développer l’énergie nucléaire pour combler leurs besoins en électricité. Certains pays d’Afrique du Sud possèdent déjà leurs propres réacteurs notamment pour la recherche médicale, mais seul l’Afrique du Sud possède une centrale nucléaire. Bien entendu cette seule centrale ne parvient pas à satisfaire tout un pays. Aujourd’hui encore, 57% du pays est privé d’électricité. Paradoxalement le continent dispose de 20% des réserves mondiales d’uranium. Selon l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (IAEA), un tiers des pays candidats à l’énergie atomique dans le monde seraient africains. D’ici à 2025, cinq pays de l’Afrique subsaharienne seront équipés de centrale nucléaire. Preuve que le marché est prometteur, plusieurs entreprises russes ont déjà investi

dans la construction de centrale en Egypte. D’autres solutions renouvelables on été envisagées comme l’énergie solaire, thermique et éolienne mais aucune d’entre elles n’est capable de satisfaire les besoins du continent face à une démographie fulgurante. Avec une estimation de 2 milliards d’habitants à l’horizon 2050, il y a urgence. La France n’est pas encore décidée

Le gouvernement français devrait annoncer ce 27 novembre les détails de la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie). Autrement dit, l’arrêt définitif ou non des réacteurs nucléaires. Au menu, trois scénarios annoncés par le Ministère de la transition écologique et solidaire pour les années 2019 à 2028. Le premier scénario, le plus avancé dans l’arrêt des centrales et qui serait un projet conçu par l’ancien ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot : atteindre 50% d’électricité nucléaire d’ici à 2035 et 40% d’électricité renouvelable dès 2030. Au total, six réacteurs nucléaires pourraient être arrêtés entre 2023 et 2027, en plus des réacteurs de Fessenheim durant l’actuel quinquennat. Ici, l’effort en matière d’électricité renouvelable serait très élevé puisque l’objectif consiste à doubler le rythme d’installations d’éoliennes et de panneaux solaires. EDF s’impose dans un second scénario avec deux revendications : aucune fermeture de centrale durant l’actuel quinquennat ainsi qu’une prolongation de la duré de vie des centrales nucléaire de dix ans, pour compenser la mise hors service d’environ 14 réacteurs entre 2029 et 2035. Si le gouvernement français accepte ces revendications, il montrera son intention de minimiser les fermetures de réacteurs d’ici à 2035 et de ralentir son effort vers les énergies renouvelables. L’électricité renouvelable abandonnée, le nucléaire prioritaire. Une phrase qui résume le troisième scénario, avec seulement 9 fermetures entre 2028 et 2035. Plus inquiétant encore, la construction de quatre nouveaux réacteurs entre 2034 et 2041. L’objectif de 50% de nucléaire en 2025 serait repoussé jusqu’en 2040. Ces trois scénarios ont en commun de minimiser le nombre de fermeture de réacteurs d’ici à 2035. D’après les bilans prévisionnels de RTE (Réseau de transport d’électricité), la France aurait un important excédent de production d’électricité qu’elle aura donc besoin d’exporter sur les marchés européens. Or cette surproduction a pour effet de tirer durablement les prix de gros de l’électricité vers le bas. Gregoire Noally et Mickaël Robert

5

DOSSIER

Alors que la Grande-Bretagne s’était montrée bonne élève sur le nucléaire, elle représente une source d’inquiétude avec la construction de cette centrale, la première depuis 20 ans. Les Chinois sont de plus en plus présents sur le marché européen de l’électricité. La Chine a investi 34,5 milliards de dollars sur les dix dernières années dans différents pays européens. Elle réalise donc des investissements sur le long-terme et compte bien continuer car elle a annoncé vouloir obtenir des réacteurs 100% chinois en Europe.


« La filière nucléaire n’a plus d’avenir »

DOSSIER

L’Europe engage une politique de réduction de l’empreinte énergétique sur l’environnement et dans ce cadre, elle s’oriente notamment vers la construction de réacteurs dits EPR. Bertrand Nouvelot, ancien référent nucléaire de Greenpeace Lyon nous fait part des limites de ce projet.

Les EPR (European Pressurized Reactor), sont des réacteurs « nouvelle génération » considérés comme plus sûrs et plus rentables. Mais qu’en-est-il de leurs retombées écologiques ?

« Pour le moment les EPR sont loin d’être une réussite. Il y en a un à Flammanville en Normandie, un en Finlande et deux autres en Chine. Ces centrales souffrent de défauts de réalisation, au niveau des cuves et soudures, ce qui entraîne le déversement des hydrocarbures dans les mers environnantes. En Europe, la masse de déchets radioactifs pourraient considérablement s’accroître, et mettre en danger les gens qui habitent à proximité des centrales. Un accident de type « Fukushima » est susceptible d’arriver si on ne fait pas un peu plus attention ».

EDF a l’ambition d’installer d’autres EPR un peu partout dans le monde. En Inde et en Angleterre, l’avenir de la filière nucléaire passe-t-elle par ces réacteurs nouvelle génération ?

La filière nucléaire n’a clairement plus d’avenir. C’est une industrie qui demande trop de dépenses, et pompe toutes les réserves d’argent des pays. Vous savez si EDF et Areva ne bénéficiait pas de la nationalisation de leurs groupes, ils seraient en faillite depuis bien longtemps. Mais de nos jours il y a une sorte de dévotion envers l’argent, et peu sont ceux qui en sont conscients.

En comptant les deux réacteurs de Fessenheim, au total six centrales nucléaires fermeront d’ici 2027. Qu’engendrerait la suspension de ces réacteurs sur la compétitivité économique de la France au niveau international ?

« Aujourd’hui EDF cumule déjà 36 milliards de dettes. Leur gestion du nucléaire est incorrecte, et cet industrie a beaucoup de mal à être rentable. Dans un rapport

Bertrand Nouvelot s’est investi activement chez Green Peace après l’accident nucléaire de Fukushima. © B.N

publié par la Cour des Comptes en avril, le coût des énergies renouvelables avoisine les 120 milliards d’euros, pour de pauvres résultats. On le voit avec des contrats sur l’éolien au prix de 40 milliards pour seulement 2% de la production nationale. Une remise à niveau est donc plus que nécessaire ».

Dans le cadre de sa contribution à l’effort climatique européen, le gouvernement français s’est engagé à ramener à 50% la part du nucléaire dans sa production électrique d’ici 2025. Quelles solutions sont à prévoir ?

« C’est un projet difficilement réalisable car il n’a pas été correctement étudié, et il reste encore de très gros efforts à faire. L’objectif de ramener la part du nucléaire à 50% peut aboutir, si on réduit la consommation d’énergie à ce qui est strictement nécessaire, et le gaspillage qui résulte de la production intensive. C’est ce qu’on appelle l’étape de la « sobriété ». Puis vient « l’efficacité ». Il faut savoir utiliser l’énergie produite avec le meilleur rendement possible. Par exemple lorsqu’on allume le chauffage chez soi, il faut s’assurer que son logement soit bien isolé pour ne rien perdre. Enfin il reste l’exploitation des énergies renouvelables et de récupération, utile à la préservation de nos énergies fossiles comme le pétrole et le charbon ». Thibault Ajaguin


La couche d’ozone en voie de guérison

ATMOSPHERE

Un rapport des Nations-Unies souligne la cicatrisation de la couche d’ozone qui devrait revenir à son état initial à l’horizon 2050. En matière d’environnement, les bonnes nouvelles sont assez rares pour être soulignées. Dans un rapport, l’ONU fait le point sur l’état de la couche d’ozone. En 2018, le constat est positif puisque celle-ci continue à se reconstruire, protégeant ainsi mieux la planète et la vie qu’elle abrite. En effet, le rôle de la couche d’ozone est vital. Elle filtre les rayons ultraviolets du soleil qui sont nocifs pour les êtres vivants et les végétaux. Mettre ça en légende non ? La diminution de l’épaisseur de cette couche a notamment été causée par l’émission de chlorofluorocarbures (CFC). Ces gaz artificiels inventés en 1938 ont été beaucoup utilisés dans les années 1960. Les systèmes de climatisation, les extincteurs, réfrigérateurs et aérosols contenaient ces gaz. Or les CFC ne sont pas éliminés en basse atmosphère. Comme le montre le schéma ci-joint, les particules “sont transportées par les vents dans les hautes altitudes où ils se dissocient et relâchent du chlore et du brome qui détruisent la couche d’ozone“ explique à L’Express, Slimane Bekki, directeur de recherche au CNRS.

Au-dessus de l’Antarctique, s’est formé un trou dans la couche d’ozone. Celui-ci mesurait 26,6 millions de km2 à son paroxysme. Par sa situation, ce phénomène accélère la fonte des glaces et menace la biodiversité de la région. Mais le trou est en train de se résorber grâce aux mesures rapides et strictes prises par les Etats contre les gaz nuisibles. La réussite du protocole de Montréal

Le 16 septembre 1987, le protocole de Montréal est signé. Cet accord international a pour objectif de réduire, et à terme éliminer, les substances qui grignotent la couche d’ozone. D’abord signé par les 24 pays de la CEE, l’ensemble des pays du monde en est depuis 2009 signataires. Cette prise de conscience internationale est importante dans l’histoire de notre atmosphère. En effet, par la suite de ce premier protocole, les scientifiques ont remarqué la baisse des dégâts sur la couche d’ozone. Cependant, les hydrofluorocarbures (HFC), qui remplacent les CFC désormais

7

La couche d’ozone filtre les rayons ultraviolets du soleil qui sont nocifs pour les êtres vivants et les végétaux.©AFP

interdits, épargnent la couche d’ozone mais sont de puissants gaz à effet de serre. En 2016, l’accord de Kigali est signé par 197 pays. Il vise l’élimination de ces gaz. Ce protocole aurait, selon le rapport des Nations-Unies, permis d’éviter aux humains plus de deux millions de cancers de la peau par an d’ici 2030 ainsi que de nombreux dégâts oculaires ou immunitaires. Enfin, dans la suite logique du protocole, la couche d’ozone devrait se résorber significativement à partir de 2050. Pour Jonathan Shanklin, l’un des découvreurs du trou de la couche d’ozone (qui s’est confié à phys.org), le protocole de Montréal “est un accord remarquable (…) qui démontre que lorsque les politiques et la science travaillent ensemble, ils peuvent aboutir à une action efficace“. Arthur Blet


L’INSTANTANÉ

La transition écologique : envers et contre tous ? Les “Gilets jaunes” ont exprimé leur mécontentement face à l’annonce de la hausse des prix des carburants, samedi 17 novembre. Si la plupart des manifestants sont en faveur de la transition écologique, certains remettent en cause l’utilisation de cette écotaxe quand d’autres parlent d’injustice sociale en invoquant des alternatives à la dissuasion par les prix.

Samedi 17 novembre, des milliers de Français se sont mobilisés pour montrer leur indignation face à la hausse des carburants à l’horizon janvier 2019. En effet, le gouvernement a annoncé de nouvelles hausses des prix à la pompe, une mesure se voulant en faveur de la transition écologique. Or l’annonce de la mobilisation des “Gilets jaunes” n’a pas fait reculer l’Etat. Mercredi 14 novembre, le Premier ministre Edouard Philippe annonçait par ailleurs, au micro de RTL, de multiples mesures afin d’accompagner les Français dans cette transition, tout en martelant le maintien de la taxe carbone. Par ailleurs, les 282 000 mobilisés, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, sont loin d’être anti-écolo. La plupart des automobilistes concernés dénoncent le pourcentage alloué à la transition écologique de cette taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Et pour cause, en 2018, seul 20,5% des 34 milliards d’euros perçus ont été destinés à cette transition énergétique. Sortir de l’alternative réductrice “taxer ou ne pas taxer”

“Monsieur le Président, rendez l’ISF d’abord”, “ C’est la goutte noire qui fait déborder le réservoir”, a-t-on pu lire un peu partout samedi. Au delà de la hausse des carburants, cette manifestation révélait un ras-le-bol général ainsi qu’un fort sentiment d’injustice sociale. En effet, aussi urgente soit la nécessité de changer nos modes de vie, comment le faire sans argent et sans alternative ? Comment se rendre au travail lorsque l’on n’a que sa voiture pour y aller ? Ainsi, de nombreuses mesures, différentes de celles engagées par le gouvernement, ont été proposées. Sur le plan urbain, beaucoup demandent des transports géographiquement accessibles par tous et moins chers. La valorisation ferroviaire est également un enjeu pour le fret : en France, le transport de marchandises représente 30% de la pollution atmosphérique due aux transports or le mode routier constitue 88% du fret. Il est également question de relocaliser des activités comme les services publiques ou les commerces de proximité qui permettent un mode de déplacement court pouvant être effectué à pied ou à vélo. Du côté des taxes, on pointe du doigt des secteurs extrêmement polluants et pourtant, non taxés, comme le transport aérien. Sur la mer, les chiffres n’ont pas non plus manqué de faire réagir : un cargo polluerait autant que 50 millions de voitures. Si personne ne sait encore qui payera cette transition écologique, nul doute que ce n’est que le début de lourdes tensions, bien présentes également dans l’Hémicycle. Mercredi 22 novembre, dans l’Hémicycle, Jean Lassalle a enfilé un gilet jaune, provoquant une suspension de séance. Sophie Repoux et Prescillia Boisseau

8


L’INSTANTANÉ ©Le Figaro. 78% des français approuvaient l’appel au blocage du 17 novembre, selon un sondage Odoxa.

9


ANIMAUX

©Association Sentience. Les Etats-Unis, l’un des plus grands consommateurs de viande, ont lancé un programme pour réduire l’élevage.

La viande de laboratoire : une alternative à l’élevage animal Entre 60 et 140 milliards d’animaux tués par an pour la consommation

Aux Etats-Unis, les amateurs de viande pourront bientôt retrouver la viande de laboratoire dans leurs supermarchés aux côtés de la viande bovine, ou de la viande traditionnelle. Une initiative qui vise à arrêter l’élevage de bétail. En effet l’élevage de bétail fait débat depuis des années aux Etats-Unis mais pas seulement, avec l’utilisation des « feedlot » notamment. Un « feedlot » est un parc d’engraissement où sont élevés les bœufs. Les vaches sont concentrées dans des enclos dont elles ne sortiront que pour être envoyé à l’abattoir. Tout est mis en place pour obtenir un engraissement rapide des animaux. Un projet naissant

En 2013, le professeur Mark Post présentait le premier burger à la viande in vitro, qui a démontré la faisabilité d’un tel produit. Plus récemment, en 2016, la start-up californienne Memphis Meats présentait sa première boulette de bœuf fabriquée en laboratoire. Memphis Meats va finalement pouvoir commercialiser ses produits, grâce au cadre réglementaire mis en place le 16 novembre dernier. En effet concernant

L’administration américaine a dévoilé, vendredi 16 novembre, un cadre réglementaire dessinant la voie à la commercialisation d’aliments conçus dans des laboratoire, à partir de cellule viande.

la commercialisation nord-américaine de la viande de laboratoire, le problème n’était pas au niveau de l’éthique de la vente, mais au niveau de la réglementation de ses produits et qui allaient donc pouvoir développer ce nouveau concept. Un avenir certain

Mais dans un communiqué commun publié le vendredi 16 novembre, les deux entités annoncent se partager la charge. La FDA (Food and Drug Administration) s’occupera du contrôle de tout ce qui fonctionne autour des cellules, en partant du prélèvement à la différenciation cellulaire. L’USDA (United States Department of Agriculture) s’occuperait de la production et de l’étiquetage des produits. Le gouvernement américain n’est cependant pas le seul intéressé par cette alternative à la viande traditionnelle, qui pourrait changer à long terme la production d’élevage de bétail dans le monde. En effet, les gouvernements singapourien, israélien et japonais ont démontré de l’intérêt pour cette nouvelle « technologie ». Cependant, l’administration américaine n’a pas tranché sur la possibilité, ou non, d’appeler les produits issus de cellules animales « viande ». Fleurestine Jaffrelot

10


«On est prêt»: effet d’imitation ou réelle implication Des stars d’Internet comme Norman, Enjoy Phoenix ou Max Bird se réunissent sous le nom de On est prêt pour protéger la planète, à petite échelle.

Ugo Marchand lance le premier défi: réduire la pollution numérique. ©Facebook, On est Prêt

Tu m’aimes, aime l’écologie

Postés sur la page Facebook On est Prêts, les challenges sont énoncés par les stars du net à la première personne. Ils incitent donc leur communauté à réitérer ce geste par simple effet d’imitation. La plupart de leurs abonnés s’intéresseront au mouvement uniquement parce que ces «influenceurs » en font partie et non par implication écologique réelle. En effet, Cyr!L ou Norman ne semblent pas s’investir à fond dans le mouvement : ils ne relayent aucune information à propos d’On est Prêt sur leurs réseaux. S’investir pour la planète, c’est déjà bien mais le faire à fond, c’est mieux. Léa Dubuc et Matéo Dufour

Etes-vous prêt à relever des défis, même si cela peut poser des contraintes au quotidien ?

Sylvie, 50 ans : OUI

Elena, 31 ans : OUI

«Parce qu’on n’arrête pas d’en parler et que la situation de la planète commence à être vraiment grave. Certaines personnes se mobilisent mais il faudrait que tout le monde s’y mettent en même temps – tous les pays.»

«Pour avoir une meilleure planète. Les contraintes ne me dérangent pas. J’ai des colocataires qui se mettent à fond dans la transition écologique et l’énergie verte. Du coup, je m’y mets avec eux. J’ai une conscience plutôt écolo.»

Najib, 19 ans : NON

«Je ne suis pas spécialement à l’aise avec ça, je n’ai pas trop de conscience écologique. J’ai habité en Afrique de l’Ouest et c’est des questions que l’on ne se pose pas vraiment làbas. Je pense que je n’ai pas été assez sensibilisé.»

11

Guénolé, 20 ans : JE NE SAIS PAS

«Je ne suis pas prêt à m’imposer des contraintes si je ne trouve pas l’initiative pertinente, de manière subjective. Comme beaucoup de personnes, je me considère comme un écolo-flemmard : je suis prêt à faire un geste pour la planète mais il ne faut que cela me pose de trop grosses contraintes.»

HEXAGONE

Depuis le jeudi 15 novembre, les youtubeurs français d’On est Prêt lancent un défi à leurs abonnés, qu’ils appliquent à eux-mêmes. L’objectif est d’inciter les abonnés à changer leurs habitudes en pratiquant des gestes pour la planète. 30 jours, 30 défis à leur communauté. Nicolas Hulot a félicité l’initiative sur Twitter : «Bravo les youtubeurs, on a besoin de vous pour inventer l’avenir». En dessous de chaque présentation de défi postée sur Facebook, les youtubeurs mettent en lien plusieurs applications et articles. Les épreuves doivent rester accessible à tous et sont expliquées avec des arguments clairs. Par exemple, Ugo Marchand décide de «supprimer (son) empreinte carbone : en supprimant (ses) vieux mails, photos et vidéos, (ses) applications inutiles». En effet, ces données sont stockées dans des serveurs alimentés à l’électricité.


VITE DIT

Demission du directeur de l’environnement à l’ONU

Erik Solheim, à la tête du Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) a été contraint à la démission le 22 novembre « pour avoir été absent 80 % du temps », rapporte The Guardian. Deux semaines avant l’ouverture de la COP 24 pour le climat à Katowice en Pologne, cet événement a de quoi déconcerter. Sur les 668 jours qu’il a passé à la tête de l’agence, le norvégien Erik ©Nettavisen Erik Solheim est à la tête du Programme des Nation unies pour l’environnement (UNEP) depuis 2016. Solheim, élu en 2016, a fait acte de présence pendant environ 130 jours. En plus de ses nombreuses absences, on lui reproche des frais de déplacement beaucoup trop élevés, des accusations de conflit d’intérêt et des notes de frais injustifiées. Le mécontentement montait à Nairobi depuis plusieurs mois et pour ces raisons, la Suède, le Danemark et les Pays-Bas avaient décidé de ne plus verser de cotisations à l’agence. 50 millions de dollars qui auraient servi à la lutte contre le changement climatique n’ont donc pas été perçu par l’UNEP.

San Francisco, la ville la plus polluée au monde à cause des incendies

Bien que le « Camp fire », dont nous avons décrit les effets polluants dans le dernier numéro, a fait rage dans la ville de Paradise à 240km de San Francisco, l’épais brouillard ©EricRisberg/AP. San Francisco est passé le temps d’un week-end au de cet incendie meurtrier s’est installé dans rang de ville la plus polluée au monde devant Bombay et Pékin. la « City by the bay ». Purple Air, entreprise mesurant la qualité de l’air, a qualifié le nord de la Californie comme le territoire ayant l’air le plus vicié au monde ce mois-ci. L’air de San Francisco étant considéré comme nocif, à tel point que des masques ont été distribués aux sdf de la ville et plusieurs écoles et universités ont préféré fermer toute la semaine dernière en attendant la baisse du pic de pollution Ce phénomène de « déplacement » des fumées du « Camp fire » de Paradise est dû à la géographie de la région. San Francisco, se trouve au cœur d’une cuvette dans laquelle s’engouffre le brouillard toxique de pollution.

Les banques françaises financent toujours plus les énergies fossiles

C’est le constat qu’a fait l’ONG Oxfam dans un communiqué paru le 24 novembre dernier. Elle pointe du doigt six banques françaises que sont BNP Paribas, Société Générale, le Crédit Agricole, BPCE, Crédit Mutuel-CIC et la Banque Postale. L’étude, menée sur la période 2016-2017 par Oxfam France, démontre que ces banques sont loin d’avoir pris le virage de la transition écologique. Et ce, malgré les nombreuses promesses qu’elles ont pu faire depuis la COP21, en 2015. Elles auraient dédié un total de 43 milliards d’euros aux énergies fossiles contre 12 milliards pour les énergies renouvelables depuis les accords sur le climat. ©GonzaloFuentes / Selon Oxfam, le charbon serait l’énergie fosClément Granon

sile la plus favorisée par le financement des banques.

12


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.