MILITANTS
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CULTURE
SPÉCIAL 75 ANS Bon anniversaire
Israël
revue du Keren Hayessod France
Mars 2023 22
DOSSIER
à
! La
www.keren-hayessod.fr
ISSN 2552-1691 Photo Statue : @MeunierdPhoto feu d'artifice : @solarseven
les 75 prénoms les plus donnés en Israël
l'intégration des Ukrainiens Un duo complémentaire à la tête du Keren Hayessod
LE MOT DES CO-PRÉSIDENTS
Noces d’albâtre avec l’État d’Israël !
Nous fêtons cette année le 75e anniversaire de notre « union » avec l’État d’Israël. Autant dire, nos noces d’albâtre ! C’est joli, l’albâtre. C’est blanc d’où son nom, et avec une pointe de bleu, ça peut devenir les couleurs nationales… En seulement trois générations, le pays a été (re)créé, construit, développé, devenu un État respecté sur le plan international ; mais cela ne s’est pas fait tout seul, et le Keren Hayesod peut être fier d’y avoir tenu sa place. D’ailleurs, une Loi de la Knesset, votée en janvier 1956, reconnaît l’importance de ses fonctions dans l’immigration et l’intégration.
La première grande immigration fut celle des survivants de la Shoah. Selon un « rituel » qui se répétera avec les autres immigrations, il fallut loger, instruire les enfants, les insérer dans un nouveau milieu… Tout cela aurait été plus difficile sans l’aide des milliers de donateurs du Keren Hayessod.
Après la Loi du Retour de 1950, l’immigration des Juifs du Maghreb posa un autre problème : la société israélienne d’alors n’était pas préparée à les recevoir, et eux n’étaient pas davantage prêts à s’y insérer. Là encore, le Keren Hayessod eut son rôle à jouer « dans la prise de conscience chez les uns et les autres, d’une même destinée juive et du lien de cette destinée avec l’État d’Israël ».
Puis vinrent les autres vagues, Moyen et Proche-Orient, Éthiopie et Europe de l’Est, les mêmes problèmes répétés, les mêmes secours attentifs, tandis que, dans le même temps, le rôle du Keren Hayessod se diversifiait pour plus d’efficacité : établissements d’enseignement professionnel, aide aux plus âgés, mais aussi aménagement des ressources d’eau, investissement dans les sociétés financières centrales, usine d’extraction de la Mer Morte…
On dit que c’est Rabelais qui a inventé le proverbe. « L’argent est le nerf de la guerre ». Il ne m’en voudra pas si au nom du Keren Hayessod, je me permets d’ajouter « c’est aussi la sève de la paix ».
Judith OKS Co-présidente du Keren Hayessod France
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YESSOD n°22
ISSN 2552-1691
Sommaire
DOSSIER SPÉCIAL 75 ANS
Pages 6 à 15
Avec EL AL partez vers Israël
Au départ de Paris Marseille Nice
27 MASSA • Les meilleurs ambassadeurs d'Israël
27 ÉVÉNEMENT • Nice, Colmar, Paris...
31 DIGRESSIONS LINGUISTIQUES
• Sion, sionisme et antisionisme
33 CULTURE • Les 75 prénoms les plus donnés en Israël
Bon anniversaire à Israël
3 L'ÉDITO de Judith Oks
16 MILITANTS • Un duo complémentaire
PROGRAMMES
20 • L'intégration des Ukrainiens
21 • Le Keren Hayessod : Où va votre argent ?
25 DIVISION FÉMININE • Yola Reitman, l'espione
CONTRIBUTEURS : Sophie Atlan - Guitel Ben-Ishay - Paula Haddad - Richard Prasquier
KEREN HAYESSOD FRANCE
152, avenue Malakoff - 75116 Paris
Tél. : 01 77 37 70 80 www.keren-hayessod.fr
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Israël 75 ans !
Agence juive / Keren Hayessod : 75 ans d'actions au service d'Israël
Par Guitel BEN-ISHAY
À l'occasion des 75 ans de l'état d'Israël, le Keren Hayessod, partenaire incontournable de l’Agence juive dont il finance les actions, vous propose de faire un point sur cette institution historique connue par tous pour l’alyah, mais qui agit également, au cœur même de la société israélienne.
Yigal Palmor, le directeur des relations internationales de l'Agence Juive, revient sur le rôle central de cette institution et son évolution.
Quelle a été l'évolution du rôle de l'Agence Juive depuis la création de l'État, il y a 75 ans ?
Yigal Palmor : Avant l'établissement officiel de l'État d'Israël, l'Agence Juive était le gouvernement du Yishouv, de la population juive en Eretz Israël. Elle était l'administration qui s'occupait de tout, de l'alyah mais aussi de l'éducation, de l'agriculture, de la défense.
Une fois que l'État a été établi, ce sont les institutions de l'État qui ont pris le relais même si au début, il régnait un manque de clarté concernant la répartition des responsabilités. David Ben Gourion qui était le président de l'Agence Juive et de l'Organisation sioniste mondiale est devenu le Premier ministre du nouvel État d'Israël, ce qui a créé une sorte de confusion dans les premières années.
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Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France
EXCLUSIVE
YIGAL PALMOR, Directeur des relations internationales de l’Agence juive, ancien diplomate
INTERVIEW
Le gouvernement se réunissait dans le quartier général de l'Agence Juive qui était aussi celui du Keren Hayessod. C'est là que le premier Président de l'État d'Israël, Haïm Weizman, a prêté serment. La salle aujourd'hui porte son nom. L'Agence Juive, soutenue financièrement dans ses actions par le Keren Hayessod, est demeurée
Elle a ainsi créé des moshavim, des petites villes. Elle a construit le pays en y associant de très près les Juifs de Diaspora puisque les donations récoltées par le Keren Hayessod étaient, en grande partie, destinées à ces projets.
Dans les années 60, l'alyah des rescapés de la Shoah et celle des pays arabes se tarissent, les grandes vagues sont derrière nous.
Prendre soin de la société grâce aux généreuses donations des Juifs de Diaspora
très proche des lieux de pouvoir et accomplissait des missions pour le compte du gouvernement, notamment concernant l'alyah mais pas uniquement.
En dehors de l'alyah et de l'accueil des nouveaux immigrants, quelles étaient les autres missions ?
Y.P. : L'Agence Juive était aussi responsable de la construction de communautés et de l'urbanisation du pays.
Dès les années 1970, l'Agence Juive et le Keren Hayessod se sont vus confier une autre grande mission : prendre soin de la société et ce, toujours grâce aux généreuses donations des Juifs de Diaspora.
Dans les années 1980, le grand projet de rénovation des quartiers difficiles demandé par Menahem Begin (Shikoum Sh'hounot), un projet social et économique de premier ordre leur est confié. La construction de logements sociaux devient alors une priorité. Puis, dans les années 1990, le cap sera mis sur la grande vague d'alyah de l'ex-URSS. À partir des années 2000, l'Agence Juive et le Keren Hayessod se dotent d'une nouvelle mission : l'aide aux populations en état d'urgence, en
Israël. Nous sommes à l'époque de la deuxième Intifada, puis de la guerre du Liban et des opérations successives à Gaza. Les populations qui ont besoin d'aide et de soutien sont nombreuses. Nous possédons un fonds d'assistance aux victimes du terrorisme mais aussi de tirs de roquettes depuis le Liban ou Gaza.
Comment se traduit l'aspect social sur le terrain ?
Y.P : Grâce au Keren Hayessod, nous fournissons des aides à plusieurs niveaux, dans tout le pays et à tous les secteurs de la population : juifs, druzes, arabes, religieux, laïcs, sans aucune distinction. Ainsi, à côté de la construction de logements sociaux, nous possédons des villages pour les adolescents en grande difficulté, qui ne peuvent pas rester chez eux. Nous leur offrons une nouvelle chance dans des internats qui leur donnent les outils pour s'en sortir. D'autre part, il existe un programme d'encadrement dédié aux plus jeunes, intitulé ''Pot'him Atid" (Avenir des jeunes). L'aide
n'est pas financière mais éducative. Lancé en 2006, Pot'him Atid est présent dans 37 villes de la périphérie sociale et géographique du pays. Aujourd'hui ce sont près de 12 000 enfants et leur famille qui en bénéficient. Des programmes d'aide aux rescapés de la Shoah existent également et nous encourageons les rencontres intergénérationnelles avec ces rescapés.
Nous aidons aussi les olim seniors qui n'ont pas les moyens de se loger en leur proposant des logements sociaux, Amigour. Ouverts à tous les retraités qui répondent à certains critères socio-économiques, ils sont à 95% occupés par des olim de l'ex-URSS. En effet, leur retraite accumulée en ex-URSS n'a
quasiment aucune valeur et ils n'ont pas travaillé suffisamment d'années en Israël pour pouvoir vivre dignement leur vieillesse. Ces logements offrent une solution à près de 7 000 personnes âgées aujourd'hui. Et tout cela bien sûr est rendu possible grâce au soutien du Keren Hayessod.
Les relations entre Israël et la Diaspora sont très importantes...
De quelle nature sont-elles ?
Y.P. : 75 ans après, Les liens sont plus forts que jamais. Au moment de la création de l'état, il existait encore des doutes au regard du projet sioniste. Et si après des dizaines d'années, même ceux qui étaient convaincus n'ont pas fait d'Israël le centre de leurs préoccupations dans leur vie
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Israël est un élément clé de l'identité juive partout dans le monde.
• Les enfants de "Avenir des jeunes", un programme largement soutenu par le Keren Hayessod France.
• Plus de 700 localités ont été construites avec l'aide du Keren Hayessod.
© Avi hayun
communautaire, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Israël est un élément clé de l'identité juive partout dans le monde. On peut avoir l'idée qui est la sienne de ce qu'est Israël, ses espoirs, sa vision. On aime Israël sans se sentir obligé de soutenir sa politique. Dans les premières années, le soutien à Israël équivalait à soutenir sa politique, quelle qu'elle soit. Aujourd'hui, ce stade est dépassé, les
générosité.
On peut dire que sans la générosité des Juifs de Diaspora, les hôpitaux, les universités, les musées, les programmes pour les jeunes en difficulté, existeraient mais de manière beaucoup plus restreinte.
relations entre Israël et la Diaspora ont mûri, on se sent encore davantage en famille et donc on peut critiquer légitimement la politique israélienne sans remettre en question son amour et son soutien au pays. C'est une manière de partager pleinement la vie du pays, tout en vivant à l'extérieur, et c'est très bien.
Dans les premières années de l'État, le pays a été construit et maintenu grâce à des donations de la Diaspora. Aujourd'hui, existe-t-il une relation de dépendance financière entre Israël et les organisations communautaires de Diaspora ?
Y.P. : Je ne parlerais pas de dépendance. Israël est un pays fort économiquement, le shekel est l'une des monnaies les plus fortes du monde.
Ceci étant dit, les institutions sociales israéliennes reposent largement sur la générosité des communautés juives en Diaspora. Le monde associatif dépend aussi, en grande partie, de cette
On parle souvent de l'importance des ponts entre Israël et la Diaspora. Ce lien financier est une sorte de pont, une manière pour les Juifs de Diaspora d'être impliqués dans ce qui se passe en Israël. Cela créé une véritable alliance, concrète, sur le terrain, au-delà des discours. Je la qualifie d'implication des cœurs, la volonté de partager un destin commun. Entre Israël et la Diaspora on peut réellement parler d'un sentiment très fort d'appartenance au même peuple, au même destin, quel que soit l'endroit où l'on vit.
Le principal moteur de l'alyah reste-t-il les guerres et les persécutions ?
Y.P. : Il est difficile de dire précisément si les guerres et les persécutions sont le premier moteur de l'alyah aujourd'hui. Cela dépend du pays et de la période. Si l'on prend l'exemple des russophones qui sont venus dans les années 90 ou des olim d'Ukraine en 2022, on peut parler de recherche d'un refuge. Ce n'est pas le cas pour les olim des pays occidentaux qui sont davantage motivés par des questions de choix de vie, de choix économique, par la volonté de construire leur destin en Israël.
Dans cette perspective, la manière d'encourager à l'alyah a-t-elle été révisée ?
était assez angélique et les envoyés de l'Agence Juive faisaient tout pour renforcer cette image idéaliste.
Force est de constater que la réalité est beaucoup plus complexe. Cela fait quand même plus de 30 ans, et encore plus depuis les années 2000, que les conseillers de l'Agence Juive mettent l'accent sur le conseil préalable, sur la nécessité de bien préparer son alyah, de ne pas l'envisager dans n'importe quelles conditions.
Le rôle premier de l'Agence Juive est de vérifier l'éligibilité des candidats à la loi du Retour et de leur permettre de réaliser leur alyah. Dans le cadre de cette fonction, elle va aussi conseiller et informer avant l'alyah et être présente ensuite pour l'accueil et l'intégration des olim. Nous considérons que l'alyah ne doit pas être faite à la va-vite. Il faut bien réfléchir. C'est un changement de pays, de culture, de langue. Il faut
connaitre l'environnement pour bien s'intégrer. Nous offrons un conseil pour que les personnes aient une idée de leur projet de vie en Israël : domicile, études, emploi, oulpan, cadre scolaire. Nous les informons sur les aides auxquelles ils ont
Comment les jeunes générations sont-elles sensibilisées à Israël ?
Le projet MASSA, inauguré sous le gouvernement d'Ariel Sharon, encourage les jeunes à venir faire l'expérience de la vie en Israël pendant un an. Ils travaillent ou font des études, découvrent le pays. Il s'agit d'une immersion dans la société israélienne, au terme de laquelle chacun est libre de rentrer chez soi. Ces jeunes qui ont vécu cette expérience seront liés à Israël et feront
tout pour connecter leur communauté à Israël, s'ils décident de repartir. Soulignons que 30 à 40% des participants au programme MASSA font leur alyah tout de suite après.
L'Agence juive et le Keren Hayessod ont à cœur de renforcer l'identité juive dans les communautés juives en diaspora... quelles sont les actions menées ?
Y.P. : Au fil des années, l'Agence Juive a dépassé sa fonction d'encouragement et d'organisation de l'alyah et sa présence en dehors d'Israël se fait désormais sentir auprès des communautés dans
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l'alyah ne doit pas être faite à la va-vite. Il faut bien réfléchir.
C'est un changement de pays, de culture, de langue.
Le lien financier est une sorte de pont, une manière pour les Juifs de Diaspora d'être impliqués dans ce qui se passe en Israël.
plusieurs domaines supplémentaires.
Nous promouvons l'identité juive et le lien à Israël, à travers nos émissaires qui développent des programmes éducatifs et de connaissance d'Israël dans les communautés.
Certains vont dans les campus universitaires, surtout aux États-Unis, où ils organisent des conférences, des expositions, des activités culturelles et cultuelles. Ils sont très bien reçus sur place, leurs interlocuteurs sont attentifs au fait qu'il s'agisse d'Israéliens qui parlent de leur quotidien, de la vraie vie en Israël.
Nous envoyons aussi des jeunes faire un service communautaire autour de ces sujets d'identité,
contribuons à la sécurité physique des bâtiments communautaires et des écoles. Nous apportons des conseils professionnels et une aide financière. Plus spécifiquement, comment a évolué l'alyah de France depuis la création de l'État ?
Faits et chiffres
DÉMOGRAPHIE
12 fois + d'habitants en 2022 qu'à la création de l'État
entre leur bac et leur service militaire. Ils sont, pour la plupart, issus des mouvements de jeunesse. Ils vont permettre d'approfondir la connaissance d'Israël. Ils se contentent d'être eux-mêmes et font goûter la vie israélienne aux communautés et créent des liens personnels. Les fameux ponts entre Israël et la Diaspora passent aussi par ces liens concrets, personnels, dans les écoles, dans les synagogues, dans les mouvements de jeunesse. Par ailleurs, depuis 2012, nous apportons une assistance aux victimes d'attentats à l'étranger par l'intermédiaire d'un fonds. Après l'attentat à Toulouse, nous avons compris qu'il fallait absolument équiper les institutions juives de caméras, de portes blindées, de barreaux, etc. Il ne s'agit pas de remplacer la police locale, mais nous
Y.P. : Les chiffres de l'alyah de France ont commencé à prendre de l'importance au lendemain de la guerre des Six Jours. S'il n'y avait que quelques centaines d'olim de France jusqu'en 1968, ils étaient 5 292 en 1969. Dans les années 70, ces chiffres sont tombés autour des 1 000 par an. Puis le rebond a véritablement eu lieu dans les années 2000, peut-être en lien avec le sentiment d'insécurité des Juifs en France. Ainsi, en 2002, le nombre d'olim de France a doublé par rapport à 2001 et s'élevait à 2 481. Les chiffres ont ensuite continué à augmenter pour atteindre un pic en 2014 et 2015 avec respectivement 7 240 et 7 892 olim français pendant ces années-là. En 2016, on compte près de 5 000 olim de France, ce qui reste élevé. En 2022, il y en a eu un peu plus de 2 000. Précisons que la mondialisation est telle que certaines personnes qui font leur alyah continuent à vivre à cheval entre les deux pays. En tout depuis la création de l'État, 129 400 Juifs ont fait leur alyah.
1948 : 806 000 habitants
Pyramide des âges en Israël (2019)
65 et +
Entre 55 et 64 ans
Entre 45 et 54 ans
2022 : 9 656 000 habitants
Entre 35 et 44 ans
Entre 25 et 34 ans
Entre 15 et 24 ans
Entre 0 et 14 ans
Brésil
Source Institut national des Statistiques
Nouveaux
Bretagne 526
Argentine 985
Ethiopie 1 498
Biélorussie 1 993 France 2 049
USA 3 500
Ukraine 14 680
Russie 37 364
Nombre d'olim de France par année
101 828 olim en 1948
70 000 olim en 2022
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129 400 Juifs de France ont fait leur alyah depuis la création de l'État
Nationalité des 70 000 olims 2022
du Sud
Grande
356 Afrique
426
en 1968 960 olim
immigrants (olim) toutes nationalités confondues
10,4%
11,8% 8,5%
12,6% 13,4% 15,1% 28,2%
2015
En
7892 olim en 2022 2049
DOSSIER
MILITANTS
Knesset 25 (2022)
Knesset 24 (2021)
(Source site de la Knesset)
CROISSANCE
Israël est la 19e économie mondiale
PIB par habitant :
SOCIÉTÉ INNOVATION TOP
(Source Time Magazine)
ORCAM READ
(aide à la lecture pour malvoyants)
PERCEPTO AIM (sécurité drônes)
députés hommes / députées femmes Jours
SUPPLANT (technologie de détection)
ELECTREON (routes intelligentes)
d'école / an
11,1% 385 200 employés dans la high-tech soit
11.1% de la totalité des employés sur le marché global. (Source Ministère de l'Innovation)
Judith Oks et Dan Serfaty sont les deux coprésidents du Keren Hayessod France. Ils succèdent au Docteur Richard Prasquier, qui en a assuré la présidence jusqu’en 2020. Ce beau duo fait un travail de fond formidable au sein du Keren Hayessod, chacun à sa manière. Judith Oks, présente depuis le début du Keren Hayessod en France en assure la continuité et en est la mémoire vivante. Elle le porte avec un dévouement qui résiste à toute épreuve. Dan Serfaty apporte son savoir-faire de chef d’entreprise, de « start-upper » et fait du Keren Hayessod une association résolument tournée vers l’avenir. Il s’attache à développer de nouvelles formes de collecte, tant dans la forme que dans le fond.
JUDITH OKS, le Keren Hayessod fête ses 10 ans en juin prochain. Vous êtes à l’origine de cette création. Comment voyez le Keren Hayessod dans 10 ans ? Quel est le bilan ?
Judith Oks : C’est un bilan très positif, avec une croissance réelle, tant sur le plan de la notoriété, de la collecte et du nombre de donateurs. Nous avons relevé un véritable challenge. Au départ personne en France ne connaissait le nom du Keren Hayessod car il était fondu au sein de l’AUJF. Aujourd’hui après 10 ans d’existence, on peut dire que le Keren Hayessod a réussi à se faire une place parmi les grandes organisations de la communauté. C’est une création très bénéfique. Nous réalisons une collecte tout à fait honorable et envoyons des fonds largement supérieurs aux années qui ont précédé
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14 Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France
214 186
moyenne
000 $ en 1948
Knesset 1 (1949) 840 $ en 1948
israël OCDE
5
49
4 inventions israéliennes parmi les meilleures au monde en 2021 :
Judith Oks et Dan Serfaty un duo complémentaire à la tête du Keren Hayessod
Par Sophie ATLAN
notre indépendance.
Qu’est-ce qui vous a porté dans la création de cette structure ?
Le dynamisme d’une équipe très soudée, qui n’avait qu’un seul désir : réussir le challenge de créer le Keren Hayessod en France. Partie de rien ou presque rien, elle a réussi avec beaucoup de créativité et de volonté à mettre en place une organisation professionnelle encadrée par des shlihims (délégués) venus d’Israël qui donnent le tempo. J’ai créé un véritable lien avec l’équipe, qui est formidable… et on travaille comme une grande famille.
Quels moments forts retenez-vous ?
D’abord nos événements. Nous avons accueilli de très nombreuses personnalités et j’en suis fière : que ce soit le créateur de Waze, Uri Levine ou encore le grand Shimon Perez (ZAL), qui nous a offert avant de partir un moment unique et privilégié ou même la chanteuse Neta, gagnante de l’Eurovision, nous avons eu a chaque fois l’audace nécessaire pour organiser de magnifiques événements… Je ne parle pas du dernier en date, Koolulam où nous avons réuni plus de 2 000 personnes dans la grande synagogue de la Victoire et qui a donné lieu à un clip magnifique qui est devenu viral et qui
compte déjà des milliers de vues sur YouTube. C’est ça le Keren Hayessod en France. C’est ce brin de houtzpa « positive » qui permet d’entreprendre les choses les plus folles !
Pourquoi l’événementiel a-t-il tant d’importance dans votre association ? C’est stratégique. Notre association est d’abord et avant tout une organisation de collecte. Pour collecter, il nous faut créer des liens avec nos donateurs présents et futurs. Nous faisons des campagnes papier et digitales à longueur d’année. Nous recevons beaucoup… c’est pourquoi nous voulons aussi donner en retour quelque chose. Convier nos donateurs à des événements liés à Israël, c’est leur apporter un peu d’Israël en France. Nous faisons venir des personnalités politiques et culturelles, car nous représentons Israël. Nous misons sur une présence tout au long de l’année, pour maintenir ce lien et stimuler la collecte, plutôt que sur un grand gala annuel, comme le font la plupart des associations en France. Une autre de nos grandes missions à travers l’événementiel, est de créer du lien entre les membres de la communauté juive de France et Israël, qu’ils soient donateurs ou pas.
D’autres moments mémorables ?
Oui, dernièrement nous avons en tant que Keren Hayessod, partenaire de l’Agence juive, pu soutenir nos frères ukrainiens qui se sont retrouvés du jour au lendemain à devoir fuir leur pays. Je me suis rendue en Israël pour accueillir un avion de réfugiés à l’aéroport de Ben Gourion. Ce fut un moment très fort, triste et heureux à la fois. Tous ces réfugiés étaient dans le malheur mais Israël leur tendait les bras et la solidarité des communautés juives
avait permis leur sauvetage. 20 000 personnes ont bénéficié de ces aides… Êtes-vous sereine par rapport à l’évolution du Keren Hayessod ?
J’y ai toujours cru et j’y crois encore… Lors des visites des programmes sociaux en Israël, ce que je retiens, c’est le sourire des gens que l’on aide.
C’est un travail très gratifiant. On a l’impression d’être utile. Quand les Russes, dans les maisons de retraite Amigour, me disent Spaciba, Spaciba (merci !), c’est très émouvant. Quand les enfants de Sdérot courent et chantent, alors qu’ils subissent les traumatismes des missiles qui les menacent à tout instant, alors, je comprends que tout ce que l’on entreprend pour eux, a vraiment du sens !
DAN SERFATY, cela fait un peu plus de 3 ans que vous assurez la co-présidence du Keren Hayessod. Quels sont les grands moments que vous retenez ? Dan Serfaty : Je retiens tout d’abord le coté challenge. Je suis arrivé et deux mois plus tard c’était le début du Covid. Il y a eu un bouleversement de la relation avec nos donateurs. Toutes les activités en présentiel, qu’on avait l’habitude de réaliser ne pouvaient plus avoir lieu. Mais en même temps, comme disait Winston Churchill, Never let a good crisis go to waste (ne laissez jamais une bonne crise se perdre), on n’a pas laissé passer l’occasion de cette crise sanitaire pour moderniser en profondeur la façon dont on travaille. Cela nous a permis d’accélérer la transition vers le digital, dans la relation avec le donateur. On a fait des événements en ligne incroyables qui ont attiré des milliers de personnes... C’est la première chose
marquante de ces deux années. La deuxième, c’est le lancement de I Link Invest.
Rappelez-nous ce qu’est "I Link invest" ?
I Link Invest c’est la possibilité offerte aux donateurs du Keren Hayessod d’investir dans des start-ups israéliennes agritech et food-tech qui un impact sociétal important. Nous avons proposé d’investir en Galilée, car c’est une région qui a besoin d'emplois, de startups et d’innovation. Ce projet ILink a une dimension originale et innovante qui permet au Keren Hayessod de se démarquer et d’envoyer ce message à nos donateurs : vous êtes souvent sollicités pour donner à Israël, parce que c’est sans doute la chose la plus importante pour les Juifs du monde… mais dans le cas d’Ilink Invest, c’est aussi parce que c’est une action qui peut vous ramener un bénéfice plus immédiat. S’il y a une réussite financière, vous pourrez en récupérer les fruits directement. On aime bien l’idée de dire : « vous donnez à Israël et Israël vous le rend ». I link nous permet aussi d’élargir notre public, contrairement au business club que nous
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Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France
• Judith Oks accueille Simon Perès (Z"al) lors d'un dîner de gala.
MILITANTS
• Dan Serfaty et Michaël Sfez, délégué du KH, lors de la visite dans le Nord d'Israël du programme Peimot, soutenu par le Keren Hayessod France.
MILITANTS
avions créé au départ. Par exemple, un médecin n'a aucun intérêt à participer à un business club Dans I Link on a besoin de toutes les compétences, car parfois on va faire appel à des start-ups qui ont des enjeux médicaux très forts, parfois des enjeux business, parfois des enjeux marketing…. Toutes ces personnes qui investissent dans I Link, vont pouvoir apporter de la valeur dans le choix et la sélection de ces start-ups. Ce sont les deux éléments importants qui ont marqué ces trois ans de coprésidence du point vue du Keren Hayessod.
Et d’un point de vue plus personnel ?
C’est la découverte de ce monde de la philanthropie que je connaissais pas du tout et qui me remplit. C’est la première fois de ma vie, qu’au-delà de donner de l'argent pour des causes qui me sont chères, je donne aussi mon temps, mon énergie, mon cerveau… tout ce que je peux, pour essayer d'améliorer ce qu'on fait et c'est très enrichissant, très gratifiant. C’est « accomplissant » !
Qu’est-ce que vous touche en particulier dans l'action du Keren Hayessod?
Evidemment Israël. Et je suis de plus en plus convaincu qu'Israël est l'assurance-vie de tous les Juifs du monde ! Tout ce qui se passe dans le monde depuis dix ou quinze ans, tend à confirmer qu'on a besoin d'Israël en tant que juif. Ce que je trouve formidable dans Keren Hayessod, c'est le fait que ce soit Israël. Le Keren Hayessod a une vraie histoire en Israël… dont on ne se rend pas bien compte en France. Le Keren Hayessod est une institution qui est inscrite dans la Constitution et elle a un rôle extrêmement important dans l’action
sociale en Israël, beaucoup plus que n'importe quelle autre association qui lève des fonds pour Israël.
Je suis très touché par tout ce qu'on fait pour les enfants. Tout ce qui relève de l’éducation, comme les programmes « Village des jeunes », « Neta », etc. ce sont des actions qui me semblent fondamentales pour l'avenir du pays. Comment vous partagez-vous les tâches avec votre binôme, Judith Oks ?
On a une relation extrêmement fluide. C’est très agréable de travailler ensemble. Je pense qu'on est très complémentaires. Elle a une expérience du monde de la philanthropie et j'ai une expérience du monde du business et du digital. Opérationnellement, je vais pouvoir être plus impliqué sur des sujets digitaux et elle sera impliquée sur des sujets plus politiques ou plus liés aux institutions. On est vraiment partie prenante, elle et moi, sur l'ensemble des décisions, parce que justement, cette complémentarité le permet.
Un message particulier à destination de nos lecteurs /donateurs, à l’heure où l'État d'Israël fête ses 75 ans ?
Oui, j’ai envie de leur dire que, quels que soient les accords ou désaccords avec le gouvernement israélien, les gens que l’on aide, eux, sont toujours là… Et donc quoi que vous pensiez de ce qui se passe en ce moment, n’arrêtez pas de donner ! Ne faites pas souffrir les gens qui ont besoin de notre aide. Ce ne sont pas eux qui doivent subir les accords ou les désaccords que l’on peut avoir.
L’Alyah d’urgence a toujours été une priorité et permet de venir en aide aux Juifs dans le monde entier. En 2022, 22,8 millions de dollars ont été collectés par le Keren Hayessod pour sauver les Juifs ukrainiens de la guerre : transfert vers Israël, approvisionnement en médicaments, produits de première nécessité, etc. Un an plus tard, la guerre en Ukraine continue de sévir et la plupart des réfugiés sont restés en Israël. Avec l’aide de l’Agence juive et du Keren Hayessod, Israël fait le maximum pour favoriser l’intégration des 70 000 personnes qui ont immigré en 2022, d’Ukraine et des pays de l’ex-union soviétiques et dont la grande majorité sont des mères avec de jeunes enfants.
UN SOUTIEN FINANCIER POUR DÉMARRER
Tous les nouveaux immigrants qui sont éligibles à la loi du retour, ont reçu à leur arrivée des aides financières de la part du gouvernement d’Israël, dont une allocation exceptionnelle liée à la taille de la famille ainsi qu’une aide mensuelle au loyer. Ils bénéficient de la gratuité des soins médicaux de la caisse d’assurance maladie israélienne (Kupat cholim).
DES CENTRES D’INTÉGRATION AU CŒUR DU PROCESSUS
Le ministère de l’intégration a organisé l’accueil de ces nouveaux olims dans des hôtels, pour parer à l’urgence de la situation. Plus tard, ils ont intégré les fameux centres d’intégration, gérés par l’Agence juive, qui existent dans tout Israël et qui ont l’expérience de l’accueil des immigrés. Ils leur permettent de se loger à moindre coût pendant plusieurs mois, de prendre des cours d’hébreu intensifs dans des oulpanim (la langue
Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr 19 18 Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France
Par Sophie ATLAN
S’intégrer en Israël : une priorité pour les Ukrainiens
© Max Dinshtein
est le premier frein à l’intégration), d’obtenir de l’assistance pour trouver un nouvel emploi ou des formations adaptées, et bien sûr un nouveau logement.
Les enfants aussi font l’objet d’une prise en charge particulière. Ils sont scolarisés dans le système israélien, mais bénéficient de cours de soutien quotidien, afin de pouvoir s’intégrer au plus vite. Les nouveaux immigrants peuvent également être accueillis dans des oulpan-kibboutz, des centres d’hébergement en ville destinés à de jeunes adultes, ou encore être pris en charge par les conseils régionaux.
réfugiés qui arrivent avec pour la plupart un haut niveau de qualification, doivent pouvoir rapidement apprendre le vocabulaire lié à leur profession et intégrer les spécificités du système israélien.
Ainsi, à Ahkelon et en Galilée, il existe un programme dédié aux infirmières de l’ex-union soviétique. Elles sont logées en centre d’intégration, apprennent l’hébreu de façon intensive, font un stage dans de grands hôpitaux et à l’issu de ce programme de 5 mois, elles obtiennent un diplôme israélien qui leur permet de travailler en Israël.
De la même manière, le centre de formation TEL RAN, qui est agréé par le ministère de l’intégration prend en charge la formation des olim dans les métiers de l’informatique : 5 mois d’hébreu, suivis de 8 mois de formation professionnelle, pour ensuite être placés dans les plus grandes entreprises israéliennes.
TÉMOIGNAGE
ARINA : GRÂCE À « KADIMA », ELLE PEUT COMMENCER À RECONSTRUIRE SA VIE…
repas chauds, des vêtements et un abri, le temps de régler tout le processus lié à l’alyah. Puis elles embarquent pour leur vol en Israël.
DES « SUMMER CAMPS » THÉRAPEUTIQUES
Cet été, en relation avec le Keren Hayessod, l’Agence juive a organisé des « camps d’été » destinés aux enfants et adolescents sauvés de la guerre en Ukraine. Le camp était axé sur les activités de loisirs mais aussi sur des méthodes d’éducation informelle qui intégraient des thérapies post-traumatiques pour aider ces enfants victimes de la guerre et leur permettre de s’adapter à leur nouvelle vie en Israël. Ces summer camps durée de 7 jours, ont accueilli plus de 400 jeunes.
SE PROFESSIONNALISER AU PLUS VITE
Pour les adultes, l’accent est mis sur la profes sionnalisation et l’équivalence des diplômes. Ces
Il existe des formations pour les nouveaux immigrants dans de très nombreux secteurs : médecine, électrotechnique, éducation, arts culinaires, etc. Ces programmes leur permettront de trouver des emplois qualifiés, dans des domaines à forte demande, leur assurant ainsi une transition réussie vers une vie indépendante en Israël.
Tout au long de son histoire, Israël a su intégrer des millions de nouveaux immigrants venus du monde entier, en s’appuyant notamment sur la solidarité des communautés juives du monde entier.
En 2023, Israël continue à être une terre d’asile
Arina a grandi à Kharkiv, en Ukraine. Elle a 21 ans, lorsque la guerre éclate le 24 février 2022. Ce jour-là, alors qu’elle était avait mis son réveil à 7 h pour aller à l'université, c’est elle qui réveille sa mère en hurlant que la guerre a commencé !
Le soir même, Arina et sa famille se rendent dans l’abri voisin, une pièce de stockage sous un magasin. Des cartons et étagères, leur serviront de lits de fortune. Quelques jours après le début de la guerre, une bombe frappe une centrale électrique à proximité, et la famille se retrouve sans électricité ni chauffage pendant deux jours, alors qu’il fait moins 13 degrés à l’extérieur.
Les parents d'Arina proposent alors à leurs deux filles de fuir en Israël. Arina emmène sa sœur âgée de 17 ans, Lada, et ensemble, elles commencent un long périple. D’abord un voyage d'une journée en train depuis Kharkiv jusqu'à Lviv… De là, elles attendent plus de sept heures avant de pouvoir traverser la frontière en Pologne. Une fois en Pologne, elles arrivent dans un centre de transit de l'Agence juive à Varsovie, où elles reçoivent des
En Israël, Arina et Lada sont accueillies dans le centre d’intégration de Karmiel. Elles participent au programme « Kadima », un programme d’intégration de cinq mois qui prend en charge les jeunes immigrants d'Ukraine et de Russie arrivés pendant la guerre. Ils sont plus de 200, à prendre part à ce programme. Les jeunes étudient l’hébreu dans un oulpan intensif, ils se préparent aux examens psychométriques de l'armée et de l'université, tout en apprenant l’histoire d’Israël et le fonctionnement de la société israélienne.
Arina et Lada achèvent le programme « Kadima » en juillet 2022. Peu de temps après, Arina déménage dans un nouveau centre d’intégration à Ra’ananna, car elle a décidé d’intégrer le programme de préparation prémilitaire « Garin Tzabar ». En novembre, sa sœur Lada, démarre quant à elle, un nouveau programme d'intégration, de 10 mois à Karmiel.
Arina est ravie de pouvoir s'enrôler à Tsahal dès le mois d’avril 2023. Grâce à « Kadima », elle dit qu’elle peut commencer à reconstruire sa vie. Par ailleurs, sa famille lui manque et elle s'inquiète pour ses parents, qui sont toujours en Ukraine. Le père d'Arina aura 60 ans en 2023, et une fois qu'il sera autorisé à quitter l'Ukraine, les parents d'Arina feront leur alyah et enfin toute famille sera réunie en Israël.
Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France
PROGRAMMES PROGRAMMES Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr 21 20
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Max Dinshtein
Le Keren Hayessod : où va votre argent ?
Le Keren Hayessod est une institution qui agit sur la société israélienne depuis plus de 100 ans.
Principale organisation de collecte de fonds, reconnue par une loi de la Knesset depuis 1956, elle collecte à travers le monde (Europe, Australie, Amérique du Sud, Australie…) pour répondre à des besoins essentiels d’Israël, notamment dans le
domaine du social, de l’alyah et de l’identité juive.
Son principal partenaire est l’Agence juive.
Nous sommes heureux de vous communiquer nos résultats de l’année 2022 et vous remercions de tout cœur pour votre soutien à Israël et la confiance que vous accordez au Keren Hayessod.
Le Keren Hayessod reste à l’avant-garde de la société israélienne pour fournir les ressources indispensables aux plus vulnérables.
5 MILLIONS de personnes en Israël bénéficiaires DES ACTIONS DU KEREN YAYESSOD
74 915 nouveaux immigrants accueillis
4 586 participants aux programmes d’Oulpan
12 000 enfants à risque et leur famille bénéficient du programme « Avenir des jeunes »
800 jeunes marginalisés prennent un nouveau départ grâce aux « Villages de jeunes »
2 000 jeunes Juifs et Arabes israéliens suivent le cursus Net@ pour s’insérer dans le monde de la High-Tech
1 300 jeunes mamans isolées sont prises en charge par le programme « Battements de cœur »
12 000 jeunes de la diaspora ont renforcé leur lien avec Israël, à travers le programme Massa
7 000 personnes âgées (dont des survivants de la shoah) sont hébergés dans les résidences séniors Amigour
13 abris antiaériens supplémentaires pour protéger les résidents du Sud d’Israël
PROGRAMMES PROGRAMMES Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr 23 22 Yessod n°22
La revue du Keren Hayessod France
BÉNÉFICIAIRES Total = 161,1 millions $ RÉPARTITION DU BUDGET Total = 182,2 millions $ La société israélienne 72,3% = 116,6 M $ Alyah et intégration 20% = 32,1 M $ Nos programmes 88,4% = 161,1 M $ Frais de fonctionnement 8,5% = 15,5 M $ Services de Campagne 3,1% = 5,6 M $ Identités juives - Relations aux communautés 7,7% = 12,4 M $
Par Paula HADDAD
Les femmes du Mossad
Yola Reitman, l’espionne qui venait d’Israël
Héroïnes à la tête de missions clandestines, restées dans l’ombre pendant des années, les femmes espionnes du Mossad continuent de fasciner par leur histoire. Ce printemps, Yola Reitman, l’une d’entre elles, était présente à Paris – dans le cadre d’une conférence organisée par la division féminine de collecte du Keren Hayessod – ainsi qu’à Marseille, pour témoigner de
« Quand j’étais petite, je rêvais de sauver le monde ! » confie Yola qui malgré ses exploits ne regarde jamais avec nostalgie dans le miroir du
son parcours hors du commun. L’ancienne espionne revient pour Yessod sur son rôle de premier plan dans « l’Opération Brothers » qui permit le sauvetage dans les années 80 de milliers de Juifs Éthiopiens du Soudan vers Israël. On peut aussi retrouver son histoire dans le film « Opération Brothers » réalisé par Gidéon Raff et diffusé sur Netflix.
yacht amarré à Eilat, en hypothéquant sa maison. Sur les bords de la mer Rouge, elle propose des excursions aux touristes, tout en étant en parallèle hôtesse de l’air à El Al. Une fois sur la terre ferme, elle s’adonne à sa passion, la plongée, face à un moniteur aussi intéressé par son agilité dans les fonds-marins que son profil d’agent potentiel du Mossad, lui qui est issu des services de renseignement israéliens : « Il cherchait des gens différents et moi j'aimais beaucoup les romans d’espionnage de John le Carré ! Quand on m’a offert cette opportunité, je n’ai donc pas hésité une seule seconde. Par ailleurs, je voulais absolument servir mon pays, car dans ma génération et dans notre éducation, c’était quelque chose de très important. »
celle d’Israël qui rapatriait les Juifs d’autres pays en danger. Je ne me posais pas de question sur mon devoir. J'entrais dans mon personnage et j'oubliais tout le reste. Mais il y avait beaucoup de ressemblances entre la femme que j’étais là-bas et Yola. »
passé. Née à Munich, arrivée en Israël à l’âge de deux ans avec ses parents, l’Israélienne affiche déjà son goût du risque quand elle achète jeune un
Daniel Limor, l’officier référent de Yola au Mossad, impose sa présence en tant que chef des opérations, en dépit des réticences des services de renseignement qui à l’époque n’envoyaient pas de femmes dans un pays ennemi : « Ils se sont rendus compte qu’une femme est capable de faire tout ce que les hommes font alors que l’inverse n’est pas vrai » souligne Yola. A 34 ans, elle débarque ainsi au Soudan pour ouvrir un club de plongée qui sert de couverture à l’exfiltration des Juifs de l’Ethiopie voisine, menacés de famine et de mort. Le Mossad a racheté une petite station touristique, désaffectée au bord de la mer Rouge, à 500 kilomètres au nord de Khartoum, non loin de Port Soudan. Une fois par mois, les nuits sans lune, des dizaines d’Ethiopiens sont ramenés par camion de Karthoum par des soldats israéliens, déposés sur une crique isolée et transférés sur un navire de Tsahal vers Israël. Yola joue son rôle dans toute sa complexité pour préparer la logistique des opérations en secret : « À l’époque, je répondais à une seule mission,
Celle qui a vécu longtemps dans le silence de cette vie se sentait avant tout un agent en mission, pas une femme espionne note-t-elle : « Pour moi, c’était normal d’être au milieu d’un groupe d’hommes, toute ma vie, mes centres d’intérêt n’étaient pas typiquement féminins. Mais pour l’opération, c’était une chose très importante, cela semblait plus naturel de voir une femme qui éveillait moins de soupçons auprès des autorités soudanaises. » Un jour, la mission de 3 ans s’arrête sur ordre du Mossad. Yola retrouve ses parents en Israël, son demi-frère et sa demi-sœur, qui tous connaîtront bien plus tard ses actions au Mossad, elle ne leur parlait alors que d’un travail pour le gouvernement et refuse surtout une nouvelle opération sous la bannière des services israéliens. L’aventurière reprend la mer sur son bateau avant de retrouver ses activités à El Al où elle devient manageuse de stewards, un poste qui lui offrait, dit-elle, une liberté essentielle.
Aujourd’hui âgée de 75 ans, grand-mère de plusieurs petits-enfants et forte de cette vie hors-normes, Yola témoignage de son expérience dans les écoles et à Tsahal. L’ancienne espionne défend également les femmes étrangères, mères de famille, mariées à des Israéliens et victimes de violences conjugales au sein de l’association qu’elle a fondée, en les aidant dans leurs démarches. Son nom ? Opération Sisters. Le combat continue autrement.
DIVISION FÉMININE Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr 25 24 Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France
© GPONathan Alpert
Le programme Massa existe depuis près de 20 ans. Il permet à des jeunes âgés de 18 et 30 ans de vivre une expérience israélienne de 5 à 10 mois, dans les domaines qui les intéressent.
Plus de 200 formules sont proposées, destinées aux jeunes sortant du baccalauréat ou encore à ceux qui sont déjà engagés dans des études universitaires, à travers des stages.
Ces programmes de qualité ouvrent l’accès aux meilleures universités israéliennes.
Ils permettent d’apprendre l’hébreu et de découvrir le pays grâce à de nombreuses excursions, rencontres et activités culturelles. Ils préparent aussi aux tests psychométriques. Bien que subventionnés par l’État d’Israël, leur coût reste élevé et le soutien notamment des donateurs du Keren Hayessod est indispensable pour permettre à chaque jeune qui le souhaite de vivre cette expérience unique et enrichissante.
Comment s'est déroulée l'année 2021-2022 pour les participants de Massa en France
Arie Abitol : Les années 2021-2022 ont vu une légère augmentation du nombre de participants. Cela représente un peu plus de 5 %. Et pour 2022-
2023, on note déjà une hausse de 15 %. La crise du Covid a empêché les familles d’envoyer leurs enfants loin d’eux, même si le programme Massa ne s’est pas arrêté. Aujourd'hui, nous voyons les choses de manière un peu plus optimiste. Il y a un regain d'intérêt, surtout pour les programmes post académiques, c'est à dire pour des jeunes qui viennent faire des stages en Israël.
Concrètement, combien y a-t-il eu de participants ?
Pour l'année 2021-2022, on a atteint les 540 participants. Nous attendons, autour de 630 jeunes pour l'année 2022 2023, ce qui représente un chiffre record.
Parmi les mesures qui ont été prises en 2021-22, il y a eu une bourse plus conséquente…
Oui tout à fait. Et c’est une des raisons qui a amené ce réveil, hormis la sortie du Corona. En plus des donateurs du Keren Hayessod, nous avons obtenu le soutien d’une Fondation qui a fait confiance au projet Massa, qui voit dans Massa un tremplin pour permettre aux jeunes de se rattacher à Israël et pour certains de pouvoir monter en Israël.
Quel était le montant de la bourse ?
La bourse a été doublée pour les participants post-académiques. Elle est passée de 3000 à 6000 dollars, pour ceux qui restent 5 mois en Israël. On a également pu distribuer 70 bourses supplémentaires à des jeunes de programmes post-bac, qui venaient de milieux défavorisés.
Cette bourse a été mise en place pour l'année 2022-2023 et c’est important car le coût des programmes représente un frein pour les familles, surtout en période de crise.
Quels sont les programmes qui attirent le plus les Français ?
Pour les post-bac, ce sont les programmes académiques comme la prépa-Technion, le Technion étant comme toujours un pôle d’excellence, attractif pour les jeunes.
Pour les participants post-académiques on a toujours deux programmes phares : l’oulpan Etzion à Jérusalem, avec 20 participants pour la première session et le programme de stages. Dans le cadre de leurs cursus, les jeunes aiment venir faire leur stage obligatoire dans les start-ups israéliennes.
Est-ce que les jeunes qui ont tenté l’expérience Massa restent en Israël ou rentrent en France ?
Pour les programmes post-bac, 80 à 85% des jeunes de restent en Israël. Pour les post-
académiques, on est plutôt autour de 50 à 60%. Certains d’entre eux valident d’abord leurs diplômes et reviennent en Israël.
Que deviennent les anciens de Massa ?
On vient justement d’organiser un shabbat avec les anciens participants des programmes Massa et Taglit. On a fait venir pour l’occasion des conférenciers d’Israël. On a réuni 70 jeunes dans un hôtel, pendant tout le shabbat. On a pu créer avec eux un véritable lien. L’objectif est de mettre en place une « communauté » autour de ces jeunes, qui sont plus actifs quand il s’agit de soutenir Israël, par rapport à d’autres jeunes qui n’auraient pas vécu cette expérience. C’était un shabbat extraordinaire !
Un message particulier à nos donateurs ?
Oui, je voudrais rappeler que quel que soit le choix des jeunes, qu’ils restent en Israël ou qu’ils rentrent en France, Massa, crée un vrai leadership jeune, dans la communauté. Tous les jeunes qui sont restés en contact avec nous, racontent qu’ils sont impliqués dans leur communauté. Je donnerais l’exemple d’une jeune fille qui a fait Massa, qui est aujourd’hui à Polytechnique et qui milite à l’UEJF. Il y a ce lien fort qui se crée avec Israël…. Et 100% de ces jeunes deviennent de fiers défenseurs de l’État d’Israël !
Vous pouvez aider ces jeunes, en faisant un don dans le cadre de votre IFI. En ligne : keren-hayessod.fr Pour plus d'informations : 01 77 37 70 80
Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr 27 26 Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France MASSA
Arie Abitbol : 100% des jeunes deviennent de fiers État d’Israël !
Arie Abitbol, directeur de l'Agence juive en France
Propos recueillis par Sophie ATLAN
Retour sur les moments forts
La vie du Keren Hayessod est ponctuée d’événements, petits et grands, qui nous permettent de créer du lien avec nos donateurs et militants.
NICE
MARIE S’INFILTRE pour sa grand-mère et le Keren Hayessod
Salle comble au théâtre François Gag à Nice, le 16 janvier 2023, lors de l'unique représentation de la pièce Daysiderata, avec la chanteuse et youtubeuse Marie s'infiltre qui a rendu un bel hommage à sa grand-mère Daisy Taieb. Cette dernière était très impliquée dans la communauté notamment au sein du Keren Hayessod et de l'association Mayan Or. Entre fous rires, pleurs et nostalgie, la soirée fut riche en émotions. Un beau rendez-vous qui s’est fait au profit des enfants du programme "Avenir des jeunes".
NEUILLY-SUR-SEINE
LES HALLOT EN HÉRITAGE : de mère en fille
Organisé par la division féminine du Keren Hayessod, présidée par Rebecca Jacquin, cet atelier de Halla (Afrachat Halla) a réuni une centaine de femmes, le 7 février 2023, à Neuilly-sur-Seine. Dans une ambiance incomparable, mères, filles, grands-mères, copines… ont confectionné des Hallot sur les conseils de Haya Prys, enseignante en histoire et en pensée juive. Cette dernière, oratrice et conteuse hors-pair a sensibilisé l’assistance sur les vertus et la symbolique du pain et de la hala dans le judaïsme. Le pain, c’est la vie… et ce soir-là, une belle énergie se dégageait de cet événement caritatif, dédié aux « villages de jeunes » en Israël.
PARIS
LA VIDÉO DE KOOLULAM : comme si vous y étiez...
Découvrez la magnifique vidéo de Koolulam qui était à Paris le 13 novembre 2022 à à l’initiative du Keren Hayessod. Plus de 2 000 personnes étaient réunies à la Grande Synagogue de la Victoire pour chanter
COLMAR
LES DÉFIS SÉCURITAIRES d'Israël
Grande première à Colmar : le 14 février dernier, le comité Alsace du Keren Hayessod, organisait sous la houlette de Sandrine Buchinger, bénévole pour le Bas-Rhin, son premier événement, avec comme invité d’honneur le Colonel Amit Avitan, attaché militaire auprès de l'ambassade d'Israël en France. Ce dernier donnait une conférence, sur les défis sécuritaires d’Israël. Une trentaine de personnes ont répondu à l’invitation. Le Keren Hayessod se déploie aussi dans les petites communautés en France, avec lesquelles il est important de maintenir le lien avec Israël.
Voir la vidéo :
ÉVÉNEMENTS 28 Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France ÉVÉNEMENTS
© Michael Guez libre comme l'art
Sion, sionisme et antisionisme
Par Richard PRASQUIER
Si l’étymologie du mot « Sion » est discutée, il ne s’agit certainement pas d’un lieu verdoyant : Jérémie (51-43) parle de « tsia' » pour une terre aride : « הָּיִצ ץֶרֶא הָבָרֲעַו » (eretz tsia vearava, un pays aride et désert).
On ne confondra évidemment pas ce mot rare avec celui, beaucoup plus fréquent aujourd’hui de הי'צ, où une apostrophe est ajoutée à la lettre tzadé pour constituer le son « tch ». C’est le « chia » dont les graines sont réputées aujourd’hui avoir peu près toutes les vertus pour les adeptes de nourritures saines.
ןוֹיִּצ « tsion », écrit Sion en Français et Zion en Anglais, est devenu le mot clé de l’histoire contemporaine du peuple juif.
On ne le trouve pas dans la Torah. Celle-ci connait le mont Moriah où a lieu la ligature de Isaac et que Salomon, plusieurs siècles plus tard assimile à la colline où il bâtira le Temple.
Mais on rencontre le mont « Sion » 152 fois dans l’ensemble de la Bible, essentiellement dans les livres des Prophètes et dans les Psaumes. La première occurrence se trouve dans le deuxième livre de Samuel (5-7), où Sion est le nom de la forteresse jébuséenne dont s’empare David et dont il fait sa capitale. Au sud du Mont du Temple,
colline de l’Est, ancien Mont Moriah, auquel est attaché le nom de Salomon, le Mont Sion, colline de l’ouest, plus élevée, garde le souvenir de David, le roi guerrier et poète.
En fait, la distinction est complexe. La vallée qui séparait les deux collines, et qui a constitué une barrière naturelle pour la Jérusalem du premier temple jusqu’au roi Ezechias, a été peu à peu comblée par les constructions ultérieures de la ville haute. Elle était encore visible à l’époque de Flavius Josèphe, de qui provient son nom de Tyropeion, mais il n’y a plus de véritable discontinuité géographique entre ces deux collines. Entre le Mont du Temple et le mont Sion, c’est la zone de l’Ophel, un mot utilisé dans le livre des Chroniques et celui de Néhémie, qui évoque un endroit élevé, lieu de pouvoir ou de refuge. C’est dans cette zone que sont poursuivies depuis 1967 des fouilles improprement appelées fouilles du mont du Temple (impossible de fouiller à ce niveau pour les raisons religieuses qu’on imagine).
Quant au Mont Sion, il est séparé de la vieille ville par la muraille que fit construire Soliman le Magnifique (1558). On raconte que quand le sultan, visitant les lieux, s’aperçut que les architectes n’avaient pas incorporé le mont Sion dans la ville, il les fit exécuter sur-le-champ.
Mais Sion n’est pas qu’une des collines de la ville de Jérusalem…
Par le procédé linguistique courant qui consiste à signifier le tout en ne nommant qu’une partie, et que les linguistes appellent synecdoque particularisante, Sion est devenu une façon de parler de Jérusalem.
C’est souvent le cas dans les Psaumes, dans l’injonction qui pèse sur tout Juif :
יִניִמְי
Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie !
Souvent d’ailleurs, le terme de « fille de Sion » est utilisé pour parler de la population de Jérusalem. Comment sentir cette équivalence mieux que dans l’hymne national israélien, publié en 1882 par le poète Naftali Herz Imber, Hatikva (l’Espoir), où
Sion est mentionnée à deux reprises, notamment la phrase finale, qui associe Sion et Jérusalem: Eretz Zion, VeYerushalayim, le pays de Sion et de Jérusalem ?
la même époque les pogroms avaient commencé dans l’empire russe, après l’assassinat du tsar Alexandre II. Un médecin de Odessa, Leon Pinsker, concluant que les tentatives d’assimilation étaient vaines, écrivit en Allemand un pamphlet qui eut un grand
retentissement : « Auto-émancipation ». Cela conduisit à la création du mouvement Hibbat Zion (ou Hovevei Zion, les amants de Sion), qui fut à l’origine des premières installations agricoles en Palestine, notamment celle de Rishon le Zion.
Ce sionisme « pratique », soutenu par des philanthropes juifs occidentaux, doit être distingué de celui qui porte la marque de Theodore Herzl, qui écrivit « l’État des Juifs » en 1896, à la suite de la dégradation de Dreyfus. Le charisme de Herzl et sa vision politique en font le père spirituel de l’État d’Israël.
Ce sionisme politique, fils de l’Europe des Nations et d’une espérance juive millénaire, s’est développé à distance de la tradition religieuse, même si certains rabbins comme le Rav Kook, attribuaient un sens pré-messianique à l’action de ces hommes très assimilés qu’étaient Herzl et ses compagnons de l’Ouest de l’Europe. Quant aux militants représentant les masses juives d’Europe orientale, ils étaient imprégnés de cette tradition, même quand ils la rejetaient dans leur vie courante. Eliezer ben Yehuda en est un exemple, lui qui fut plusieurs années, avant même que Herzl apparaisse, le protagoniste de la renaissance de l’hébreu comme langue moderne dans le pays des ancêtres.
Herzl n’est pas tout à fait le père du sionisme politique. Le mot « sionisme » a le privilège rare d’être repérable à une date précise : c’est le 1er avril 1890 que dans le journal juif en allemand « Selbstemanzipation » (titre du livre de Pinsker), Nathan Birnbaum utilise ce terme en lui attribuant clairement une connotation politique.
Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr 31 30 Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France DIGRESSIONS LINGUISTIQUES
ךְֵחָּכְׁשֶא-םִא
חַּכְׁשִּת
--םִָלָׁשוּרְי
À
DIGRESSIONS LINGUISTIQUES
Il n’est évidemment pas question de retracer ne serait-ce qu’une ébauche de l’histoire du mouvement sioniste, dont la déclaration d’indépendance le 14 mai 1948 est commémorée comme fête nationale (Yom Haatzmaout).
La place manque aussi pour étudier les différents mots de l’hébreu moderne qui ont accompagné le développement d’Israël et dont certains ont acquis une renommée mondiale de Tsahal au falafel, du kibboutz au sabra. L’idéologie sioniste est une des grandes réussites du siècle : partant de quelques milliers de Juifs miséreux et méprisés, priant depuis des temps immémoriaux dans les synagogues de Jérusalem, Safed, Hébron ou Tibériade a abouti à la création d’un des États les plus développés de la planète, admiré, haï ou redouté, un État où habite près de la moitié du judaïsme mondial.
Le succès de cet État a exacerbé outre-mesure l’usage d’un autre mot, l’antisionisme. Ce qui voulait dire au début, adversaire du projet de bâtir une entité politique à prédominance juive en Palestine, une position qui était partagée par de nombreux Juifs, non seulement en Occident (assimilation) mais aussi en Europe de l’Est (religion, socialisme, autonomie culturelle…).
Mais une fois que cette entité nationale a été créée (et reconnue par un vote des Nations Unies), être antisioniste signifie qu’on veut la détruire, ce qui ne saurait se produire sans détruire les Juifs qui y vivent.
Et cela, ce n’est plus une opinion, c’est une volonté de meurtre. Mais c’est là un débat qui dépasse le cadre étroit de l’étymologie.
1948-2021 Les 75 prénoms les plus donnés en Israël
Le Bureau central des statistiques établit que David, le prénom du 1er Premier ministre David Ben Gourion, et Noa, comme la chanteuse Noa Kirell qui représentera Israël à l’Eurovision en 2023, sont les noms les plus courants donnés aux garçons et aux filles juifs nés en Israël depuis sa création.
LES PRÉNOMS JUIFS FÉMININS Chez les filles juives, c’est Noah qui se classe en tête en dépassant Rachel, Yaël, Sarah, Michal et Esther ces 2 à 3 dernières décennies. Depuis 1948, ce prénom a été donné
47 398 fois.
1 Noah 47 398 העונ
2 Rachel 46 301 לחר
3 Yael 45 329 לעי
4 Sarah 45 059 הרש
5 Michal 44 945 לכימ
6 Esther 44 657 רתסא
7 Tamar 39 930 רמת
8 Shira 36 454 הריש
9 Hannah 35 905 הנח
10 Miryam 34 343 םירמ
11 Maya 34 213 היאמ
12 Rivka 33 168 הקבר
13 Adi 30 220 ידע
14 Haya 24 687 היח
15 Hila 24 653 הליה
16 Ruth 23 764 תור
17 Talia 22 622 הילט
18 Ayelet 21 579 הלייא
19 Efrat 20 699 תרפא
20 Rony 20 689 ינור
21 Lea 20 404 האל
22 Avigail 19 873 ליגיבא
23 Maayan 19 633 ןייעמ
24 Hodaya 18 892 הידוה
25 Shani 18 267 ינש
26 Yehoudit 17 028 תידוהי
27 Tal 16 547 לט
28 Youval 16 090 לבוי
29 Shoshana 16 034 הנשוש
30 Eden 15 931 ןדע
31 Malka 15 874 הכלמ
32 Anat 15 629 תנע
33 Shir 15 577 ריש
34 Adar 15 429 רדה
Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr 33 32 Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France
15 206 ימענ 36 Keren 15 130 ןרק 37 Ella 14 707 הלא 38 Tehila 14 123 הליהת 39 Naama 14 118 המענ 40 Hadas 13 838 סדה 41 Dana 13 642 הנד 42 Noya 13 094 היונ 43 Chen 12 920 ןח 44 Orit 12 906 תירוא 45 Merav 12 593 ברימ 46 Neta 12 561 עטנ 47 Adele 12 393 לדא 48 Dvorah 12
הרובד 49 Tsipora 12 338 הרופצ 50 Rotem 12 181 םתור 51 Liat 12 133 תאיל
35 Nahomie
357
© Miramiska
QUEL PALMARÈS CHEZ LES GARÇONS JUIFS ? C’est David qui reste en tête chaque année depuis 1948. 66 415 garçons le portent depuis 1948. Au cours de ces 2 dernières décennies, on remarque que sa fréquence augmente, avec 887 fois en 2000 pour 1 662 fois en 2021.
1 David 66 415 דוד
2 Moshe 62 813 השמ
3 Yossef 61 850 ףסוי
4 Avraham 55 248 םהרבא
5 Yaacov 48 075 בקעי
6 Itzhak 46 655 קחצי
7 Daniel 43 572 לאינד
8
41 457
16 Ariel 29 293 לאירא
17 Shimon 28 319 ןועמש
26 Michael 24 470 לאכימ
27 Amit 24 260 תימע
28 Eitan 23 641 ןתיא
29 Shay 23 614 יש
30 Alon 23 548 ןולא
31 Omer 23 544 רמוע
32 Yonathan 23 296 ןתנוי
33 Lior 22 527 רואיל
34 Aharon 22 073 ןורהא
35 Youval 21 277 לבוי
36 Eyal 21 083 לייא
37 Assaf 20 296 ףסא
38 Rafael 20 159 לאפר
39 Natanel 19 525 לאנתנ
40 Itamar 19 454 רמתיא
41 Tomer 19 195 רמות
42 Or 18 910 רוא
43 Idan 18 879 ןדיע
44 Ben 18 393 ןב
45 Tal 17 323 לט
46 Benyamin 16 792 ןימינב
47 Menahem 16 142 םחנמ 48 Yoav 15 734 באוי
49 Nir 15 689 רינ
50 Nadav 15 440 בדנ
34 Yessod n°22 La revue du Keren Hayessod France
51 Matan 15 096 ןתמ
52 Ron 14 820 ןור
CULTURE
Ouri
ירוא 9 Noam 37 377 םעונ 10 Itay 36 656 יתיא 11 Haim 35 106 םייח 12 Israel 34 046 לארשי 13 Shlomo 33 328 המלש 14 Yehouda 32 237 הדוהי 15 Shmouel 29 322 לאומש
Elihaou
Mordehai 25
24 Ido 25 114 ודיע 25 Yair 24 676 ריאי
18 Yonathan 26 969 ןתנוהי 19 Gay 26 965 איג 20 Meir 26 720 ריאמ 21 Roy 26 718 יעור 22
26 416 והילא 23
417 יכדרמ
53 Shahar 14 777 רחש 54 Elad 13 895 דעלא 55 Zvi 13 868 יבצ 56 Maor 13 629 רואמ 57 Omri 13 459 ירמוע 58 Amir 13 422 רימא 59 Oren 13 280 ןרוא 60 Yaniv 13 127 ביני 61 Ofir 13 108 ריפוא 62 Ilan 12 967 ןליא 63 Shalom 12 701 םולש 64 Harel 12 626 לארה 65 Arieh 12 116 הירא 66 Gal 12 069 לג 67 Elia 11 763 הילא 68 Aviv 11 696 ביבא 69 Dan 11 622 ןד 70 Natan 11 322 ןתנ 71 Ofer 11 305 רפוע 72 Nehouray 11 124 יארוהנ 73 Gil 10 675 ליג 74 Lavi 10 659 איבל 75 Ishay 10 621 ישי 52 Liha 12,044 היל 53 Amit 11,936 תימע 54 Orly 11,897 ילרוא 55 Nogah 11,846 הגנ 56 Noam 11,832 םעונ 57 Ronit 11,729 תינור 58 Daniel 11,144 לאינד 59 Romy 11,089 ימור 60 Ilana 11,054 הנליא 61 Agam 10,829 םגא 62 Sharon 10,782 ןורש 63 Mital 10,775 לטימ 64 Or 10,587 רוא 65 Shahar 10,569 רחש 66 Moriah 10,451 הירומ 67 Moran 10,310 ןרומ 68 Lior 10,255 רואיל 69 Sapir 10,243 ריפס 70 Hadassah 10,151 הסדה 71 Réout 10,088 תוער 72 Nechama 10,031 המחנ 73 Sivan 9,736 ןויס 74 Galit 9,692 תילג 75 Bracha 9,645 הכרב Tiré de Israel Valley, Yaron Druckman 23.08.2022
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