Yessod n°18 : Philanthropie 3.0

ISSN 2552-1691

www.keren-hayessod.fr

n° 18 MAI

POUR LE PEUPLE D’ISRAËL

MAI 2021- PRIX : 5 €

2021

DOSSIER

3.0

© CHELSEA FEIL

PHILANTHROPIE

Soutenir Israël autrement LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

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#les zanzikids

groupehomesalons photo retouchée et non contractuelle. sauf erreurs typographiques. Magasins indépendants,membres du réseau Homesalons.

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n° 18 MAI

2021

Yessod

10, place de Catalogne 75014 Paris Tél. : 01 77 37 70 80 www.keren-hayessod.fr Facebook : Keren Hayessod France Instagram : keren_hayessod_fr ISSN 2552-1691 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Alain Belhassen RÉDACTRICE EN CHEF Sophie Atlan Tél. : 01 77 37 70 85 Sophie.atlan@kh-aui.fr DIRECTRICE ARTISTIQUE / GRAPHISME Joëlle Paris jparis@free.fr

CONTRIBUTEURS : Sophie Atlan Dominique Goldberg Caroll Azoulay Paula Haddad Richard Prasquier Sylvie Sebag PUBLICITÉ Michael Sfez 01 77 37 70 80 michael.sfez@kh-aui.fr ADMINISTRATION /COMPTABILITÉ Sophie Barr 01 77 37 70 84 sophie.barr@kh-aui.fr PRÉPRESSE / IMPRESSION / FABRICATION PRN Carpiquet

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LA TRIBUNE DE RICHARD PRASQUIER

LE DROIT LE PLUS ÉLEVÉ PEUT ÊTRE L’INJUSTICE LA PLUS PROFONDE Summum jus, summa injuria (Cicéron)

Je ne crie pas à l’antisémitisme quand je ne suis pas sûr qu’il soit en cause et je n’ai pas d’argument pour penser qu’il y a de l’antisémitisme dans le catastrophique arrêt de la Chambre Criminelle de la Cour de Cassation. Un rassemblement est prévu dimanche prochain. Pourvu que les Juifs ne s’y trouvent pas seuls car c’est la cohésion de la nation tout entière que l’impunité du meurtrier de Sarah Halimi met à mal.

Cet arrêt clôt le dossier et une saisine de la CEDH serait vouée à l’échec. On ne juge pas les fous, même si en 2013 l’illuminé Stéphane Moitoiret qui avait assassiné un enfant fut condamné à 30 ans de réclusion quand la majorité des psychiatres déclaraient son discernement aboli. Il était aussi pris de folie, cet homme qui sous l’emprise de la drogue jeta son chien du 3e étage et fut condamné à 2 ans de prison ferme.

Modifier la législation, le Président de la L'IMPUNITÉ DU MEURTRIER République l’a dit ; ses commentaires sur DE SARAH HALIMI MET À MAL le meurtre de Sarah LA COHÉSION DE LA NATION Halimi ont été mal perçus par une partie du monde judiciaire, chatouilleuse de son indépendance et désireuse d’écarter les psychopathes de la prison.

Mais alors que le meurtrier de Sébastien Sellam était schizophrène, Kobili Traoré ne l’est pas. Le Dr Bensussan qui avait posé ce diagnostic a admis à la barre s’être trompé, mais ses paroles n’ont curieusement pas été enregistrées. Le préfet devra donc lever son hospitalisation sous contrainte et Traoré redeviendra le petit dealer qu’il a toujours été.

Son palmarès de 22 condamnations va s’étoffer. On espère qu’il n’aura pas d’autre bouffée délirante aiguë, avec sa

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TRIBUNE

LA TRIBUNE DE RICHARD PRASQUIER

dangerosité reconnue s’il continue une consommation de cannabis qu’il n’a jamais envisagé d’arrêter.

Le discernement était-il aboli ou altéré au moment de l’acte ? Altéré, avait dit le Dr Zagury, ce qui permettait un procès. La juge d’instruction non satisfaite a spontanément, ce qui est très rare, demandé une autre expertise, laquelle a conclu, à tort donc, à l’abolition par délire schizophrénique. Une troisième expertise a considéré que la bouffée délirante n’était due qu’au cannabis mais concluait à l’abolition, avec cependant beaucoup de circonlocutions. Mais ce ne sont pas les experts qui décident, c’est la Chambre d’instruction et la Cour de Cassation entérine systématiquement cette décision, ce qu’elle n’est pas obligée de faire. Ici, elle a innové : en déclarant qu’une personne dont l’abolition du discernement est due à la prise de stupéfiants reste pénalement irresponsable, elle risque de susciter des initiatives déplorables.

Les nuances laissent songeur : est-il totalement aboli, le discernement de celui qui enjambe de nuit la rambarde d’un balcon, reconnait une ménorah, se rappelle que les Juifs sont des ennemis et proclame que sa victime s’est suicidée ? Discernement est un concept flou, la conscience est un monde intérieur fragmenté et on peut s’interroger sur la notion de libre arbitre. La brutale bouffée délirante aiguë, qu’elle soit exogène ou liée à une psychose est bien un bouleversement du discernement.

Mais n’en est-il pas de même de l’individu qui, sous l’emprise d’un gourou ou d’une culture avec une grille de valeurs différente de la nôtre, commet des actes qui nous paraissent intolérables, comme tuer une sœur qui a déshonoré la famille, un handicapé mental ou un Juif comme déchets humains ou raciaux, un voisin qui l’aurait marabouté ou un koufar au nom du prophète…

Pourquoi ne plaiderait-on pas ici irresponsabilité par abolition du discernement ? Vertigineux, n’est-ce pas ?

Mais c’est le risque, à préférer la pureté juridique à la charge émotionnelle d’un crime abominable. Les juges de la Chambre de l’Instruction ne sont pas des médecins. Alors en cas de doute, pourquoi pas un jury populaire ?

Dr Richard PRASQUIER

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PHILANTHROPIE 3.0

PHILANTHROPIE 3.0 : UNE PHILANTHROPIE

WIN/WIN

© Alain Azria

Propos recueillis par Sophie Atlan MICHAËL SFEZ, DÉLÉGUÉ DU KEREN HAYESSOD POUR ISRAËL, A DÉVELOPPÉ DEPUIS 3 ANS LE BUSINESS CLUB DU KEREN HAYESSOD, BAPTISÉ I-LINK DANS PLUSIEURS VILLES DE FRANCE. L’OBJECTIF : TOUCHER UN PUBLIC PLUS JEUNE, À TRAVERS LA SPHÈRE PROFESSIONNELLE ET PERMETTRE À LA NOUVELLE GÉNÉRATION DE S’INVESTIR POUR ISRAËL, D’UNE AUTRE MANIÈRE. DE LÀ, EST NÉ LE PROJET DE PHILANTHROPIE 3.0...

Michaël Sfèz avec Uri Levine fondateur de Waze

Yessod : pourquoi un Business Club pour le Keren Hayessod ?

MICHAËL SFEZ : Tout a commencé il y a 3 ans. On a voulu créer une nouvelle manière de faire de la philanthropie pour attirer les jeunes adultes. Les start-up et l’engouement pour l’innovation nous ont semblé être un bon ressort. Le Business Club est donc né à Paris, inauguré par le fondateur de Waze, Uri Levine, en décembre 2017. Depuis 4 autres Business Club ont vu le jour, à Lyon, Strasbourg, Nice et Marseille. On a fait venir un intervenant israélien en France, une fois par trimestre pour parler de la cybersécurité, des start-up, le whisky israélien ou encore de Space IL. La seconde étape a été de favoriser le networking, entre les participants, par le biais d’afterworks. Une fois par mois, nous avons réuni une quinzaine d’hommes ou de femmes d’affaires dans le bureau d’un des membres du Business Club. Un premier tour de table permettait de faire connaissance puis le deuxième temps était consacré soit à la personne qui reçoit soit à un sujet lié au business : par exemple, comment fidéliser des clients ou comment développer le networking digital…

Comment fait-on le lien avec le Keren Hayessod et le don ?

Tout simplement, le Keren Hayessod est devenu un apporteur d’affaires… et pour chaque affaire créée entre les membres du Business Club, 5 à 10% sont reversés au Keren Hayessod, en tant que don… Mais le lien avec Israël nous manquait.

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C’est notre co-président Dan Serfaty, un véritable serial entrepreneur, qui nous a incités à intervenir directement sur l’innovation en Israël. Et nous avons réussi à créer un partenariat avec JVP (Jérusalem Venture Partners), un des plus gros fonds d’investissement israélien et mondial, créé par Erel Margalit pour faire cohabiter la philanthropie et le business. C’est un projet révolutionnaire et très enthousiasmant que seule une organisation comme le Keren Hayessod pouvait porter !

Concrètement, comment vous organisez-vous ?

On a créé un fonds d’investissement en France, qu’on a baptisé « I Link Invest Israël » et qui va investir dans les start-up israéliennes sélectionnées par JVP, pour développer le plus grand centre d’innovation situé au nord du pays à Kyriat Shmona. Ce centre est spécialisé dans la Foodtech et l’Agritech. JVP nous présentera les meilleures start-up de série A, en phase d’amorçage, pour diminuer la prise de risque.

Mais comment se manifeste l'aspect philanthropique ?

Elle existe à 3 niveaux : d’abord on investit dans le Nord, une région très faible économiquement. On aura ainsi un impact direct sur la société israélienne en créant des emplois. Ensuite, pour être un investisseur, il faut faire un don au Keren Hayessod (avec reçu cerfa) au profil du projet Net@ qui permet à des jeunes défavorisés d’accéder à des formations high-tech et de prendre part à la start-up nation.

Enfin, au moment de l’exit de la start-up, 10 % des gains sont versés au Keren Hayessod.

C’est une autre manière de donner… mais l’impact est visible et direct.

Qui peut investir dans ce fonds ?

Le montant de l’investissement sera au minimum de 1000 euros, ce qui est très peu par rapport à ce qui se pratique habituellement -plutôt de l’ordre de 30 à 40 000 euros-.

Bien sûr il n’y a pas de reçu CERFA sur le montant de l’investissement. Ce sont les membres du Business Club qui choisiront la start-up dans laquelle ils veulent investir.

Un week-end pour repenser la philanthropie…

Les membres du Business Club, venus de toute la France, se sont réunis à Lyon durant 24 h -test PCR en poche- pour travailler efficacement (à la manière des Hackathon) autour du projet I LINK INVEST ISRAËL sous la houlette de John Karp et de Michael Sfez. Vision du projet, création d’un site internet, d’une plaquette, d’une stratégie de lancement…

Les bases sont posées.

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Avec 1000 euros, on peut choisir où l’on investit. C’est du jamais vu ! C’est un projet qui est ouvert à tout le monde et qui devrait permettre à de nouvelles professions, comme les dentistes ou les médecins de rejoindre le Business Club.

Quel est le lien avec les start-up ?

Les investisseurs/donateurs entretiendront un lien direct avec la start-up, qui viendra faire des débriefing, au cours des afterworks. Et quand on reprendra nos voyages en Israël, on ira aussi visiter les start-up sélectionnées.

Quelles sont les prochaines étapes concrètement ?

Une équipe avec des membres du Business Club de toute la France a été mise en place pour travailler autour de ce projet. Elle s’est réunie lors d’un grand week-end de travail au mois de mars. Le projet sera lancé prochainement. On va faire un « pilote » avec JVP en France puis on s’étendra à l’Europe, voire à l’international.

Comment définiriez-vous ce nouveau projet que vous avez baptisé philanthropie 3.0 ?

La philanthropie 3.0 est une philanthropie où je donne et je reçois tout à la fois ! C’est une philanthropie win/win…

Visite de l'entreprise de Aerospace Israel lors d'un voyage avec le Business Club en Israêl MAI 2021 - # 18 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

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Votre investissement en pratique I LINK INVEST ISRAËL, à la fois UN DON et UN INVESTISSEMENT dans les start-up

UN DON

UN INVESTISSEMENT

1000 à 15 000 € d’investissement

au Keren Hayessod

dans I LINK INVEST ISRAËL

au profit du programme NET@

Premier fonds d’investissement dédié aux start-up en Israël

Reçu CERFA en retour

Vous faites partie des 100 actionnaires du fonds et votez pour le choix des meilleures start-up Start-up sélectionnées par l’incubateur de JVP INVEST

Comment ça marche ?

LEVÉE DE FONDS

Vous investissez de 1000 à 15 000 € dans I link Invest Israël (le fonds est limité à 100 investisseurs)

RÉUNION TRIMESTRIELLE Réunion d’information trimestrielle dans les Business Clubs de chaque ville

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SÉLECTION DES START-UP Chaque trimestre une start-up est proposée aux investisseurs.

Un vote valide l’entrée au capital de la start-up

SORTIE DES INVESTISSEMENTS 5 À 7 ANS PLUS TARD I Link Invest Israël cède ses parts, distribue les potentiels gains aux investisseurs et reverse 10% des ses bénéfices au Keren Hayessod

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QUAND LES DONATEURS SE TRANSFORMENT EN BUSINESS ANGELS… Par Caroll Azoulay LE TOUT RÉCENT PARTENARIAT DU KEREN HAYESSOD AVEC ‘MARGALIT STARTUP CITY’, MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT SOCIO-ÉCONOMIQUE INITIÉ PAR EREL MARGALIT, PDG DE JERUSALEM VENTURE PARTNERS (JVP) DEVRAIT BOUSCULER LE MONDE DE LA PHILANTHROPIE. LUMIÈRE SUR UNE RÉVOLUTION EN MARCHE.

EREL MARGALIT Considéré comme l'un des architectes de la « start-up nation » et lui-même entrepreneur de renommée mondiale, Erel Margalit a fondé JVP, société de capital-risque de premier plan à l'échelle internationale.

Sous la direction de M. Margalit, JVP a investi plus de 1,4 milliard US$ dans des centaines de sociétés technologiques, soutenant les principaux leaders du marché et orchestrant certaines des plus grandes sorties dans le monde de la technologie.

NISSAN ZEEVI est le directeur du « Business Development » pour le nord d’Israël. Il n’hésite pas à qualifier les activités du groupe ‘Margalit Startup City’ de « pionnières ». « Nous travaillons en parfaite coopération avec les municipalités et les structures économiques existantes pour déterminer ensemble le point fort de la région et l’aider à atteindre un développement optimal. A Beersheva, nous avons misé sur le secteur du cyber. En Galilée, sur le Foodtech et l’Agritech ».

Une fois cette stratégie mise au point, un programme détaillé a été établi par les équipes d’Erel Margalit et proposé au gouvernement, lequel a octroyé 350 millions de shekels pour couvrir les frais liés aux infrastructures. Par exemple, la construction d’un lieu servant de pépinière technologique pour de jeunes pousses dans le domaine du Foodtech à Kiriat Shmona ou encore un centre de RD spécialisé dans l’alimentation à Tel Hai et d’énormes avantages fiscaux et financiers pour les entreprises s’installant en Galilée !

Objectif visé : encourager et soutenir les initiatives locales permettant de développer le tissu entreprenarial de Galilée, les emplois et ainsi booster l’écosystème économique. « Nous souhaitons offrir les mêmes opportunités aux startup de Galilée qu’à celles de Tel Aviv. Et nous faisons tout cela sans en attendre des bénéfices. En dynamisant les MAI 2021 - # 18 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

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entreprises, nous créons de l’emploi et encourageons les jeunes à rester ou à s’installer en Galilée » explique Nissan Zeevi qui habite Kfar Giladi, situé en Galilée.

Le siège de la Start-up Foodtech

Le Centre d'investissement en Galilée

Cette vision novatrice, à fort impact social, portée par Erel Margalit et son équipe a incité le Keren Hayessod à conclure un partenariat original permettant de mettre en relation des business angels avec les start-up couvées par ‘Margalit Startup City’. « C’est un win-win qui a en outre une portée bien plus importante que n’importe quel don, puisque nous parlons ici de création d’emplois dont les retombées concernent des centaines de familles » précise Nissan Zeevi.

Autre élément notoire, les start-up proposées aux business angels, sont triées sur le volet par les meilleurs experts du domaine afin que le taux de réussite soit maximalisé.

Notre modèle repose sur la réussite des start-up et des investisseurs. Ensemble, ils représentent un moteur d’une puissance phénoménale pour faire de la Galilée une nouvelle Silicon Valley.

La Galilée, une nouvelle Silicon Valley ?

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PARCE QU’

ISRAËL EST DANS VOTRE CŒUR, Faites votre legs, donation ou assurance-vie

au Keren Hayessod

SOYEZ AU CŒUR D’ISRAËL CONTACT :

Karine Boukris 01 77 37 70 88 ou 06 81 40 66 60 karine.boukris@kh-aui.fr KEREN HAYESSOD 10, place de Catalogne - 75014 Paris - www.keren-hayessod.fr Le Keren Hayessod, association reconnue d’utilité publique en Israël est exonérée des droits de succession en vertu du décret 96-814 du 11 septembre 2016

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SÉNIORS

ISRAËL : LE RÊVE ACCOMPLI GRÂCE À SON LEGS AU KEREN HAYESSOD !

Par Paula Haddad ANIMÉ D’UN AMOUR INDÉFECTIBLE ENVERS ISRAËL DEPUIS SA JEUNESSE, NOTRE TESTATEUR, MONSIEUR D., A FAIT LE CHOIX DU LEGS AU PROFIT DU KEREN HAYESSOD, DANS L’ÉVIDENCE DE SON ATTACHEMENT. CE JEUNE ENTREPRENEUR DE 88 ANS, TOUJOURS ACTIF, SOUHAITE RESTER ANONYME POUR ÉVOQUER SES DEUX MISSIONS : SOUTENIR LE PAYS DE SON CŒUR ET RÉALISER SON RÊVE D’ALYAH. Si ce militant de longue date a déjà vu sa photo publiée dans des magazines, à l’occasion de soirées caritatives qu’il organisait avec d’autres bénévoles, il n’en demeure pas moins discret en tant que testateur. Il a d’ailleurs fait de la discrétion un mode de vie, préférant rester dans l’ombre même au plan professionnel. Convaincu de s’en remettre à l’institution majeure dédiée à Israël, il a choisi de transmettre un legs au Keren Hayessod et ses programmes socio-éducatifs.

Il ne se pose pas pour autant en modèle, mais juge essentiel d’accomplir ce geste, au regard de son parcours personnel.

Avec son épouse décédée il y a quelques années, son précieux soutien tout au long de sa vie, il réalise un deuxième voyage tout aussi marquant, en 1968, durant un mois. Mais l’alyah n’est toujours pas d’actualité. Quelques temps plus tard, ayant changé de région, il s’investit plus que jamais dans sa mission de militant, bouleversé par la guerre du Kippour.

S’ensuivent différents séjours pour rendre visite à sa famille, en partie installée là-bas.

Son legs, notre testateur l’entend comme une modeste contribution : « Je pense qu’Israël qui

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© LEONID ANDRONOV

En 1948, en Algérie, « on était loin du sionisme » confie-t-il, mais initié par son père, il espère partir vivre jeune en Israël, quasiment à l’aventure, comme un pionnier. Le service militaire le freine dans ses élans, à cela s’ajoutent de graves problèmes familiaux : « Je pensais rejoindre Israël après l’armée. Face à l’antisémitisme en Algérie, je trouvais ça extraordinaire de posséder un pays à nous. Mais j’ai dû rester en France, où nous étions installés, mon père était associé à son frère qui est tombé malade, il a fallu assurer les besoins de deux familles nombreuses.

C’est mon grand regret de ne jamais être parti. » Toutefois l’engagement pour Israël s’impose définitivement comme un moteur. Dans les années 60, notre testateur rencontre un délégué d'Israël, envoyé à Toulouse par la Fédération Sioniste de France, qui lui donne le goût de la collecte. De son tout premier voyage en Israël en 1964 avec un groupe d’étudiants juifs et nonjuifs, il garde un souvenir fondateur : « On a vécu au kibboutz pendant trois semaines, c’était d’ailleurs mon idéal quand j’étais jeune et que je rêvais d’Israël. Je voulais travailler la terre que je considérais comme un métier noble. Je n’ai jamais couru après l’argent. »

Travailler la terre au kibboutz : le rêve de notre testateur...

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connait de nombreuses inégalités sociales, en a particulièrement besoin. C’est une manière pour moi d’aider à la consolidation des fondations du pays, mais si je le fais à ma petite échelle. Je le considère aussi comme une compensation au fait de ne pas avoir pu vivre en Israël. » Gérant de sociétés familiales, le militant dispose d’une énergie vivace, entre ses activités bénévoles, son soutien à son ancien club de basket et la transmission de son savoir-faire à sa nièce. « J’ai toujours été actif, si je devais rester chez moi je m’ennuierais, j’ai un hobby, c’est le travail ! J’ai quand même un peu décéléré ces dernières années » précise-t-il. Il confie toujours avec humour être très peu porté sur les outils du monde moderne, du moins sur leur utilisation, à savoir l’informatique et l’Internet qu’il délègue à qui veut. Son projet ultime ? Finaliser son alyah d’ici la fin de l’année 2021 : « Je compte faire quelques grasses matinées, revoir des amis d’enfance qui ont immigré là-bas… Je serai entouré de mes frères, de mes neveux et nièces, de ma sœur et de ses 36 petits-enfants ! Je vais retrouver une certaine ambiance familiale. Ce projet a pris 60 ans de retard À 88 ans, il va faire son alyah ! mais il va bientôt être réalisé. »

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© LEONID ANDRONOV

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RELATIONS JUDÉO-CHRÉTIENNES

FAIRE VIVRE LES LIENS ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LES JUIFS :

FOCUS SUR LE SNRJ Par Sophie Atlan et Paula Haddad

DEPUIS DE NOMBREUSES ANNÉES, LE SERVICE NATIONAL DES RELATIONS AVEC LE JUDAÏSME (SNRJ) CONTRIBUE À FAIRE VIVRE LES LIENS ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LES JUIFS. SOUS LA RESPONSABILITÉ DU CONSEIL POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS ET LES RELATIONS AVEC LE JUDAÏSME, IL A NOTAMMENT POUR MISSIONS DE FOURNIR AUX ÉVÊQUES UNE EXPERTISE SUR TOUTES LES QUESTIONS TOUCHANT LE JUDAÏSME ET ISRAËL ET D’ENTRETENIR DES RELATIONS AVEC LES DIFFÉRENTES INSTITUTIONS JUIVES AU NIVEAU NATIONAL. LE KEREN HAYESSOD A RENCONTRÉ LE PÈRE CHRISTOPHE LE SOURT, NOUVEAU DIRECTEUR DU SNRJ ET HOMME DE DIALOGUE.

Dans quel contexte historique est né le SNRJ ?

PÈRE CHRISTOPHE LE SOURT : Ce service est né dans la mouvance du Concile Vatican II, annoncé par le Pape Jean XXIII, qui a débuté ses travaux en octobre 1962. Au décès du Pape, le Concile s’est poursuivi sous le pontificat de Paul VI, jusqu’en 1965. Plusieurs textes ont été votés par les évêques du monde entier, l’un d’eux Nostra Ætate traite des relations de l’Église Catholique avec les religions non chrétienne, l’article 4 sur les relations avec le judaïsme constitue un changement de paradigme fondamental. Il faut souligner qu’à l’annonce de la convocation du Concile, un homme, l’historien Jules Isaac, figure admirable, est venu rencontrer Jean XXIII à Rome qu’il connaissait déjà en tant que nonce apostolique à Paris. Il lui a rappelé les 10 points de la conférence de Seelisberg en 1947, à laquelle il a grandement contribué, qui étudiait les causes de l’antijudaïsme chrétien et a beaucoup insisté pour qu’il y ait la dénonciation de l’enseignement du mépris. Cet échange a marqué le Pape qui fut tout à fait déterminé à promulguer un texte sur le lien spirituel unique avec le judaïsme.

Depuis, une réflexion a été menée dans le monde entier, en France, mes prédécesseurs se sont beaucoup investis dans ce service.

Quelles sont vos missions en tant que service national ?

Nous sommes au service des Évêques de France qui nomment les délégués diocésains ; ce réseau comporte une centaine de délégués, ce sont les acteurs du dialogue. Sur place, ils portent ce souci de faire vivre les relations entre l’Église et les communautés juives,

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RELATIONS JUDÉO-CHRÉTIENNES

j’étais moi-même délégué pour le Mans, une communauté à laquelle je suis très attaché.

L’Eglise veille à la formation des prêtres et des catéchètes, à la qualité de la présentation du judaïsme, au soutien de groupes bibliques, aux cours d’hébreu… De magnifiques réalités existent déjà. Autre mission, entretenir les relations avec les institutions juives ; en janvier, nous avons organisé avec l’association Kecharim fondée par le Père Patrick Desbois, un webinaire sur la fraternité, avec Robert Badinter et le Grand Rabbin de France Haïm Korsia.

C’est important de se donner du temps ensemble à travers des rencontres, des pèlerinages, des voyages mémoriels, pour se connaître, réfléchir, monter des projets mais aussi pour que nos jeunes générations se sentent appelées à participer à la construction d’un monde toujours plus fraternel. Enfin, notre service a pour mission de produire des documents, un compendium a été publié sur tous les grands textes depuis Seelisberg jusqu’à celui édité à l’occasion du 50e anniversaire de Nostra Ætate.

Le SNRJ consacre aussi une place à la découverte d’Israël…

Tout à fait, on ne peut pas comprendre les Juifs aujourd’hui si on ne mesure pas l’importance d’Israël. Nous proposons des pèlerinages à différents publics (paroissiens, diocésains, corporations...) à la découverte des racines juives du christianisme, mais aussi du judaïsme contemporain sous toutes ses formes, il ne faut pas que l’on donne le sentiment d’être des archéologues. En 30 ans, j’ai accompagné en tant que prêtre de nombreux jeunes en Israël, qui en sont revenus marqués ; je crois beaucoup à la pédagogie et surtout à la préparation de ces séjours. Nous souhaitons ainsi que tous les diocèses qui organisent des pèlerinages bénéficient d’outils fiables et bienveillants. Plus nous collaborerons avec des partenaires comme votre institution, plus nous contribuerons à faire connaître des réalités dans leur complexité.

Voyage en Israël avec le Père Le Sourt. Ici, sur le site de Massada.

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DISPONIBLE EN KIOSQUE ! yessod-numero18-PRINT.indd 16

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L’ÉCHO DES RÉGIONS

LES LYONNAISES

SE LANCENT POUR ISRAËL !

LE KEREN HAYESSOD DE LYON, ANIMÉ PAR UNE BELLE DYNAMIQUE MILITANTE, ŒUVRE PLUS QUE JAMAIS, MALGRÉ LE CONTEXTE ACTUEL EN FAVEUR D’ISRAËL, AVEC LA CRÉATION D’UNE DIVISION FÉMININE LYONNAISE. EXPLICATIONS AVEC STÉPHANIE AMSELLEM, MEMBRE DU COMITÉ.

Par Paula Haddad Le rôle des femmes au Keren Hayessod à travers le monde n’est plus à prouver, y compris en France avec la division nationale présidée par Rebecca JACQUIN, et celle marseillaise représentée par Nicky HELUA. À Lyon, un petit groupe de femmes actives, pour certaines déjà proches de l'institution, s'est récemment réuni pour le lancement d’une section locale.

Stéphanie AMSELLEM, 43 ans, avocate en droit des sociétés et fiscalité, mère de trois enfants, a choisi de rejoindre ce nouveau comité. Encouragée par son époux Xavier AMSELLEM, coprésident avec Yohan GUIGUI du Keren Hayessod de Lyon et par Michaël SFEZ, responsable du Business Club lyonnais, elle revient sur son engagement : « Avec mon mari, nous avons milité quand nous étions étudiants à l’UEJF, j’ai pour ma part été également très impliquée au B'nai B'rith pendant des années au sein du bureau, mais malheureusement à Lyon, il n’y a plus de structures pour fédérer la jeunesse juive. Je pense que le Keren Hayessod permet à la fois de soutenir la jeunesse israélienne en difficulté grâce à ses programmes et de sensibiliser la jeunesse en France à travers les mères de famille, membres du comité. C’est un élan d'autant plus nécessaire dans cette période difficile où les jeunes sont plus livrés à la solitude. Nous sommes toutes animées par les mêmes causes. » À l’avenir, ce mot que chacun espère écrire avec des projets, la Division Féminine entend assurer sa présence sur le terrain : « Dès que la situation sanitaire nous le permettra, on envisage d'organiser des événements culturels et autres, pour accueillir un renouveau du public. Chaque bénévole apporte ses idées. Un prochain voyage en Israël est également espéré pour réunir les femmes des différentes divisions. » Bonne chance au comité !

Réunion par Zoom avec Rebecca Jacquin, présidente nationale de division féminine du Keren Hayessod.

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BLOG MASSA JEUNESSE

L’IFI POUR MASSA UNE EXPÉRIENCE ISRAÉLIENNE

OUVERTE À TOUS LES JEUNES !

© CHELSEA FEIL

EN 2020/2021, PRÈS DE 600 JEUNES FRANÇAIS ONT PRIS LA DIRECTION D’ISRAËL, MALGRÉ LA CRISE SANITAIRE, POUR VIVRE UNE EXPÉRIENCE ISRAÉLIENNE UNIQUE À TRAVERS LE PROGRAMME MASSA. MAIS QUE RECOUVRE CE MOT ? ET POURQUOI CES SÉJOURS SONT-ILS SI IMPORTANTS ? EXPLICATIONS ET INTERVIEW. Par Sophie Atlan

Massa signifie voyage en hébreu. Massa est une magnifique opportunité qui est donnée à des jeunes de 18 à 30 ans, du monde entier, d’effectuer un séjour en immersion en Israël de 5 à 10 mois. Plus de 200 programmes différents, études, stages, formation professionnelle, etc. leur sont proposés en fonction de leurs centres d’intérêt. En France, c'est l'Agence juive pour Israël qui a pour mission d'informer et d'aider les jeunes participants à s'inscrire au programme Massa.

Ces séjours peuvent se faire juste après le bac, ou encore après un premier cycle à l’université, pour un stage professionnel par exemple. Tous ces programmes ont un ADN commun : apprentissage de l’hébreu, découverte de l’histoire, de la société, de la culture et de la politique israélienne, à travers des visites du pays, des rencontres, des conférences, etc. Ce programme permet à chacun de s’épanouir tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel ou académique. Il permet aussi de se constituer un solide réseau professionnel. C’est une expérience fondamentale qui renforcera l’identité du jeune, son lien à Israël, et qui fera de lui le meilleur ambassadeur d’Israël s’il décide de rentrer dans son pays d’origine. Jusqu’à présent plus de 160 000 jeunes du monde entier sont partis dans le cadre de ce séjour Ces jeunes reçoivent une bourse Massa qui s’élèvent en moyenne à 5000 euros. Ces bourses sont financées en partie par les donateurs du Keren Hayessod. Chaque euro donné est doublé par l’Etat d’Israël. C’est dire à quel point Israël accorde de l’importance à ce programme ! Sans cette bourse, les jeunes les plus défavorisés ne pourraient pas partir !

Les donateurs du Keren Hayessod peuvent soutenir ce programme à travers leur IFI, grâce à un partenariat mis en place avec la Fondation France Israël et qui leur permet de déduire 75% du montant de leur don. Ils peuvent également soutenir Massa à travers leur impôt sur le revenu (-66%).

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INFORMATION : www.keren-hayessod.fr

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ARIE ABITBOL : AIDER MASSA, C’EST AUSSI AIDER SA COMMUNAUTÉ !

ARIE ABITBOL VIENT D’INTÉGRER LE POSTE DE DIRECTEUR DE L’AGENCE JUIVE. IL ÉTAIT PRÉCÉDEMMENT RESPONSABLE DU DÉPARTEMENT EUROPÉEN DES PROGRAMMES LONG TERME AU SEIN DE L’ORGANISATION "L’EXPÉRIENCE ISRAÉLIENNE". IL ARRIVE À L’AGENCE JUIVE DANS UNE PÉRIODE COMPLIQUÉE, MAIS C’EST AUSSI UNE OPPORTUNITÉ DE CHANGER LES CHOSES, ET DE RELEVER DE NOUVEAUX DÉFIS. EN TANT QUE DIRECTEUR DE L'AGENCE JUIVE, IL EST RESPONSABLE DES PROGRAMMES MASSA EN FRANCE. IL DRESSE POUR YESSOD LE BILAN D'UNE ANNÉE MASSA PAS COMME LES AUTRES...

Comment s’est déroulée cette année pour les étudiants qui sont partis dans le cadre de Massa ?

ARIE ABITBOL : C’est une année exceptionnelle qui prouve la force du programme Massa. Les jeunes qui sont partis en sept/octobre 2020, donc 6 à 7 mois après le début de cette pandémie, connaissaient les tenants et les aboutissants de ce séjour. On était juste avant la deuxième vague de corona en Israël et malgré cette conjoncture -ils savaient que l’année avait été laborieuse à tous les niveaux - malgré cela, on a eu de nombreux participants pour les différents programmes Massa.

Notamment pour les programmes post-bac, on est restés sur les mêmes chiffres que l’année précédente, de façon très étonnante.

Et pour les autres programmes ?

Pour les programmes post-universitaires, notamment les stages professionnels, c’est un peu plus compliqué, car ce sont cinq sessions qui ont lieu dans l’année. Les deux premières, celle de septembre et octobre ont été bien remplies, malheureusement les autres sessions ont été impactées du fait de la fermeture de l’aéroport.

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Comment les programmes se sont organisés sur place ?

Les jeunes ont suivi les mêmes consignes et directives que les Israéliens, au gré des confinements et des déconfinements. En présentiel et en zoom… C’était compliqué, d’autant que certains n’avaient pas fait les excursions qui forment le ciment du programme Massa, pour que les jeunes se connaissent et puissent créer un groupe. Certains se sont sentis déprimés. Mais l’abnégation et l’envie de venir ont été récompensées, puisqu’aujourd’hui, ils reprennent une vie quasi-normale, par rapport à leurs camarades qui sont restés en France.

Ils peuvent entrevoir une fin d’année normale. Les cours de psychométriques ont déjà repris en présentiel et le reste va suivre…Ils finiront leur programme cet été, en juin/juillet. Et ils ont déjà commencé à rattraper les excursions qu’ils n’ont pas pu faire… Si la situation reste stable, beaucoup resteront en Israël, comme prévu.

Qu’en est-il de ceux qui sont partis faire des stages ?

Ils ont passé 5 mois en Israël… Ils ont pu travailler dans les entreprises. C’était plus simple. Certains de ces jeunes resteront un peu plus, avec un visa de travail. Ils préfèrent rester en Israël, plutôt que de rentrer en France pour être confinés, tenter une expérience professionnelle pour enrichir leur CV.

Que s'est-il passé pour les autres pays ?

Il y a eu beaucoup de participants venus d’Amérique de Sud et des Etats-unis. Les jeunes ne sont pas découragés !

Comment le gouvernement d’Israël a réagi vis-à-vis des participants Massa ?

Les participants ont obtenu une autorisation spéciale du gouvernent, en septembre/octobre, mais à partir de Janvier, l’aéroport étant fermé, ceux qui voulaient partir n’ont pas pu le faire. On a eu beaucoup de pression de la part des futurs participants et de leur famille, pour les faire partir en Israël.

Vous avez mis en place un programme spécial baptisé Remote…

De nombreux étudiants dépriment en France à cause de la situation… On a donc imaginé un programme Massa « spécial » pour des jeunes qui pourraient poursuivre leur cursus

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LES CHIFFRES DE L’ALYAH Alyah 2020, des chiffres en augmentation :

2500 nouveaux

immigrants français en 2020

En 2021, augmentation

200%

de des gens qui participent aux réunions d’information sur l’alyah (réunions par Zoom)

Le Global center reçoit plus de 500 appels par jour

500

Prévision 2021 :

3500 à 5000

universitaire français en Israël, par Zoom, tout en bénéficiant de cours d’hébreu et d’excursions… Ils ont également la possibilité de se faire vacciner en Israël, comme tous les autres participants Massa. Malheureusement, le programme a été un peu différé à cause de la fermeture des frontières… et de l’incertitude.

Les participants Massa ont-ils droit au vaccin ?

Oui, tout à fait ! On ne les oblige pas bien sûr, mais ceux qui le souhaitent peuvent se faire vacciner. Un jeune de Massa, m’a dit dernièrement : ma grand-mère de 88 ans en France n’est pas encore vaccinée, alors que moi, je le suis déjà !

Comment se présente l’année 2021/2022 ?

On est un peu sur un fil… et on ne sait pas si les mesures seront un frein ou un accélérateur pour la participation à Massa. En tous cas, ce qui est certain, c’est que si cela suit la courbe de l’alyah, alors on aura une très forte augmentation.

Pourquoi est-ce si important de soutenir Massa ?

S’il y a une cause dans la philanthropie qui a un impact immédiat et total sur la vie de celui qu’on aide, c’est bien le programme Massa ! Le départ d'un jeune de 18 ans qui décide de faire un programme Massa se transforme souvent en une alyah réussie. Quand on donne à ce jeune une bourse qui lui permet de partir, on a changé sa vie et parfois la vie d’une famille entière qui voudra peut-être le suivre en Israël.

On permet aussi à ce jeune de se relier à son identité, de renforcer son lien avec la terre d’Israël et de faire de lui un ambassadeur d’Israël.

Aider les différents projets et notamment le projet Massa, c’est aider aussi la communauté juive de France. C’est permettre à un jeune qui est proche de nous, de pouvoir réaliser son rêve de passer un an en Israël… Par ce biais là on renforce notre communauté, et Israël, car on encourage un jeune de talent, qui a toute la vie devant lui pour apporter sa pierre à l'édifice.

nouveaux émmigrants

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CULTURE

EVENT@HOME

RESTONS EN LIGNE, RESTONS EN LIEN !

Par Dominique Goldberg Ces mois passés sous la pression de la situation sanitaire ont poussé le Keren Hayessod à être créatif pour garder le contact avec ses donateurs et ses fidèles amis. Créatif tant sur le fond que sur la forme. En effet, nous avons appliqué à nous-mêmes, ce que nous prônons depuis 1920, à savoir des actions solidaires : nous avons uni les énergies, les idées et les compétences de nos bureaux francophones en France, en Belgique, au Luxembourg et en Israël.

Dror Even Sapir

Amir Lapid

Webinar sur les élections israéliennes

DRO Julien Bal

Dominique Goldberg

Pour ce qui est de la forme, nous présentons sous ce label Event@Home des événements en lign sous forme de webinar, à la fois dynamiques parce que dans un format court, festifs ou mémoriels, et avec du contenu. Ainsi, nos séances de Cinéma@Home ont déjà rencontré un véritable succès d’audience depuis l’Europe et Israël avec un documentaire sur la vie de l’inoubliable humoriste ELIE KAKOU à l’occasion de Pourim, et un autre sur le parcours hors du commun d’ALFRED NAKACHE ou le nageur d’Auschwitz à l’occasion de Yom Hashoah. Nous accueillons lors de ces soirées des personnalités qui peuvent apporter leur témoignage et répondre aux questions posées par les spectateurs dans une discussion à bâtons rompus.

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Avec notre soirée Elections@Home, nous avons collé à l’actualité israélienne avec un passionnant décryptage des enjeux électoraux animé par un journaliste belge, de Radio Judaïca Bruxelles, interviewant un analyste politique franco-israélien.

En avril, nos Event@Home ont couvert et relayé les festivités et cérémonies autour de Yom Hazikaron et de Yom Haatsmaout avec une soirée spéciale organisée le 14 avril en partenariat avec Radio J. D'un genre inédit, ce "radio-zoom" a accueilli des VIP, humoristes, chanteurs israéliens et français... Deux heures de pur divertissement, pour célébrer ensemble les 73 ans de l'Etat d'Israël !

Et au programme des semaines à venir, c’est avec du Cinéma@Home que nous continuerons à garder ce lien précieux qui nous relie tous à Israël et à tous ceux qui ont besoin de vous et du Keren Hayessod pour qu’ils puissent sortir de la précarité et participer eux aussi au miracle israélien.

EVENT@HOME : à suivre en direct ou en replay sans modération sur keren-hayessod.fr ou kh-belux.org

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CULTURE

DAVID GROSSMAN « LA VIE JOUE AVEC MOI »

DOUBLE FOYER, TERRE PROMISE Par Sylvie Sebag En 1962, Touvia, qui vit dans un kibboutz, rencontre et épouse Véra Nowak, immigrée de Yougoslavie et veuve d’un soldat serbe. Leurs ados respectifs, Raphaël et Nina, vivront ensemble et auront une fille, Guili. Pour ne pas trahir la mémoire de son mari défunt, soupçonné de stalinisme, Véra avait choisi d’être emprisonnée, et de laisser sa fille de six ans « à la rue ». Nina en gardera un traumatisme et un ressentiment qui lui feront mener une vie chaotique, jusqu’à un pèlerinage en quelque sorte thérapeutique à Goli Otok, avec sa mère, sa fille, et Raphaël .

David Grossman revisite ici deux vies doublement fictionnalisées, celles de Eva Panié Nahir, opposante yougoslave incarcérée dans un « goulag de Tito », sur l’île de Goli Otok, et de sa fille Tiana Wages. Voici ce qu’il dit dans ses remerciements : « Toutes deux se sont montrées suffisamment généreuses pour m’accorder l’entière liberté de rédiger l’histoire mais aussi de l’imaginer et de l’inventer comme elle ne fut jamais. » David Grossman revisite les personnages et donne une dimension presque mythologique au récit, celui de la fondation/refondation d’une famille en terre d’Israël, sur les ruines des drames européens du XXe siècle, de la Shoah et des dérives du monde soviétique ; comme après un déluge, fin, mort et renaissance dessinent un leit-motiv qui se décline avec variations pour tous les personnages.

Tout au long du récit, on s’immerge dans le tohu-bohu que vit Nina, née en Europe d’un père serbe, et qui a du mal à s’ancrer physiquement et psychologiquement dans une terre. Seule la force de la famille sera à l’origine de la reconstruction, du pardon, de la transmission de la mémoire, seule la terre d’Israël permettra la résilience : « Je vais vivre en Israël. Je n’ai nulle part où aller. » dit simplement Nina, une fois qu’elle a appris l’histoire de ses parents.

La fin du livre nous donne à lire de très belles pages sur l’amour retrouvé entre Nina et sa mère. L’ampleur de cette fresque familiale fait de ce roman un grand livre sur la condition humaine, la souffrance, l’amour, l’espoir.

Une question demeure : jusqu’où nous est-il permis de fictionnaliser des vies vécues, même avec l’accord des intéressés, lorsqu’ils ont disparu, et lorsque les derniers témoins des drames du XXe siècle disparaissent aussi ? ÉDITIONS DU SEUIL, 2021

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CULTURE

RÉFLEXIONS SUR LE VOCABULAIRE DU

DON

Par Richard Prasquier

Le vocabulaire du don n’est pas un vocabulaire neutre.

En hébreu comme dans les langues européennes, il est ancré sur le rapport au divin. C’en est point que le mot le plus indifférent sur le plan religieux, celui de philanthropie, eut du mal à éclore en français : on cite Fénelon, au début du XVIIIe siècle seulement, comme premier utilisateur de ce terme, qui est pourtant de construction évidente avec une double racine grecque extrêmement simple : un « philanthrope » est quelqu’un qui « aime le genre humain ». Curieusement, le mot de « misanthrope » (celui qui déteste le genre humain) était bien plus utilisé, comme en témoigne le chef d’œuvre de Molière.

Gravure de l’édition de 1719 Le misantrhope

La Charité Guido Reni, Palais Pitti.

Ce retard ne doit pas faire conclure que l’homme est un loup pour l’homme et que la philanthropie est une activité récente. Le langage chrétien connait la notion de « charité ». Charité, dont le sens s’est progressivement affadi, au point d’acquérir une connotation méprisante qui rend ce terme inaudible aujourd’hui, était le nom latin de « caritas », qui signifie qu’on attribue de la valeur (de l’estime, de la « cherté » : cher se dit carus) à un être. C’est le sens que l’on trouve aujourd’hui dans le mot anglais de « care ». Jérôme a utilisé « caritas » pour traduire en latin un mot de l’évangile de Jean en grec, le mot rare de « agapé » qui se distingue de « eros », amour sensuel, mais aussi de « philia » amour par partage d’intérêts, de sentiments, de valeurs.

L’agapé est l’amour altruiste, inconditionnel qui s’exprime en certaines parties du Cantique des Cantiques ou de Esaïe. Mais pour les chrétiens, l’archétype de l’agapé, donc de caritas, après la traduction de Jérôme, est l’amour du Christ pour l’humanité. C’est cet amour que l’homme est censé imiter en pratiquant la charité. Curieusement, l’ordre des Hospitaliers fut un des rares ordres chrétiens à explicitement pratiquer cette vertu. La barre était très haut. En hébreu le terme de « charité » est censé correspondre plus ou moins (et plutôt moins que plus) à « ‫חסד‬ » (hèsed, bonté, d’où viennent les hassidim)…

Mais en fait, pour le don l’hébreu utilise un autre concept, celui de ‫( צדקה‬Tsedaka), dont la signification est profondément différente.

La tsedaka, c’est la justice et la justice est l’antithèse de la

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charité au sens moderne de ce dernier mot. La tsedaka participe au « tikoun olam » à la « justification » du monde dans lequel le donateur a le privilège d’aider à accomplir l’œuvre divine. D’où la formule suivant laquelle celui qui reçoit apporte plus à celui qui donne que l’inverse.

Maïmonide distingue huit niveaux de Tsedaka : donner contre son gré, donner moins qu’on ne demande, donner ce qu’on demande, donner avant qu’on ne demande, donner publiquement à un récipiendaire inconnu, donner anonymement à un récipiendaire connu, donner anonymement à un récipiendaire inconnu, la plus admirable est de donner à quelqu’un de façon ce que ce don lui permette de sortir de la pauvreté, en quelque sorte un don préventif : l’éducation et l’apprentissage en font partie. Dans cette échelle, les dons au Keren Hayessod se situent à un excellent niveau.

Aujourd’hui, le mot hébreu le plus habituellement utilisé pour le « don » est celui de ‫( תרומה‬teroumah). Il a perdu sa connotation religieuse qui est pourtant profonde. Une paracha de l’Exode porte ce nom. Plus encore, il existe un traité Teroumot dans la Michna et le Talmud de Jérusalem.

Dans la Bible, il s’agit de la construction du Tabernacle, le ‫שכַּן‬ ְ ׁ‫מ‬ ִ ‎ (mishkan). Les Hébreux vont apporter or, argent et cuivre, mais aussi pierres précieuses, étoffes, huiles et aromates, puisqu’ils avaient quitté l’Égypte couverts de richesses. Teroumah signifie ici offrande, en l’occurrence pour la résidence divine qui accompagne les Hébreux dans le désert. À l’époque du Temple, la Teroumah c’est la contribution que chacun offre à Dieu sur les produits de son travail, en particulier le grain, le vin et l’huile. Cette contribution sera consommée par les prêtres, qui doivent être dans un état de pureté. Son montant n’est pas fixé, mais 1/50, est considéré comme l’habitude (1/40 pour les généreux, 1/60 pour les avares ou les pauvres...). Etant donné sa signification, cette teroumah ne peut plus être donnée dans des conditions de pureté adéquate.

Maïmonide

Arche de l’alliance (téroumah)

La teroumah ne doit pas être confondue avec la dîme, ‫מעשר‬, (Maaser) moins liée au Temple. Elle sert à soutenir ceux qui s’occupent du service divin. Ses bénéficiaires furent d’abord les lévites, puis les « sages » en général après la destruction du Temple et finalement les nécessiteux. Elle a pu plus facilement traverser les âges. En milieu

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religieux, le terme de « Maaser Kesafim », offrande du dixième de ses revenus est traditionnel. Terouma signifie que l’on soulève (‫להרים‬, leharim) son offrande et la même racine se trouve dans les multiples occurrences géographique de « rama » élévation, plateau (Ramat Gan, Ramat aviv, Ramat Hagolan, etc….). C’est pourquoi le mot est traditionnellement traduit en anglais par « heave offering ».

Quoi qu’il en soit, l’offrande vite devenue pécuniaire (par exemple l’offrande du demishekel à ceux qui arrivaient à Jérusalem en provenance de l’étranger) a pris une place considérable dans toutes les communautés juives pour aider ceux qui étaient dans le besoin. Les Juifs de Jérusalem, une ville très pauvre, vivaient des offrandes des communautés juives du monde entier. Le « Kahal » polonais, recouvrait les dons des communautés juives du pays et les répartissait. Son abolition à la suite d’un ukase russe de 1844 a accru la détresse économique de beaucoup de Juifs.

Dans les termes relatifs au don, il faut citer celui de ‫( נדיבות‬nedivout) : générosité.

Quant on parle du « nadiv » en Israël, il s’agit de Edmond de Rothschild, l’un des soutiens les plus actifs du sionisme, dont l’aide permit la création de Rishon le Tsion et celle de Zikhron Yaacov, où il a été réinhumé avec son épouse en 1954.

Et puis il y a un mot étonnant, celui de patron, devenu hébreu banalement‫ פטרון‬: patron. En hébreu le mot n’a rien à voir avec le sens français et tout avec le sens anglais. Il s’agit d’un homme qui soutient financièrement une action d’aide sociale, culturelle ou artistique.

Le glissement de sens peut se suivre dans l’histoire : le « patronus » (terme évidemment dérivé de pater, père) était à Rome un homme important qui tenait sous sa protection d’autres personnes, non esclaves, mais de rang plus modeste, ses clients, des plébéiens. De là le terme a été repris par le christianisme pour qualifier les saints protecteurs d’une activité quelconque. En France, on en a tiré à partir du Premier Empire un terme pour désigner le chef d’un atelier, ou d’une petite entreprise, plus tard d’un service hospitalier ou finalement un membre quelconque de la classe honnie des exploiteurs du prolétariat.

Les pays anglo-saxons ont choisi un mot différent pour rapporter des relations de sujétion économique sans utiliser le mot honni de maître (master). Ils ont pris le mot néerlandais de « base » qui est devenu « boss » et a fait la carrière que l’on sait. Mais « base » signifie maître en néerlandais… Du coup le mot « patron » en anglais était disponible pour une utilisation à partir de la niche sémantique de « protection ».

Il n’y a donc pas d’excuse de ne pas être un « patron » du Keren Hayessod. Et il est prouvé que donner améliore la santé.

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