Yessod n°21 - Décembre 2022

Page 1

HISTOIRE

FISCALITÉ

DOSSIER

Qu’ils envisagent de rester ou de partir, Israël leur tend la main et les aide au quotidien.

Olim d’Ukraine : comment s’organisent-ils ?
La revue du Keren Hayessod France www.keren-hayessod.fr Décembre 2022 21
Il y a 125 ans, le premier congrès sioniste VOYAGE À la découverte du judaïsme marocain
ISSN 2552-1691
Le régime d’exonération fiscale pour les olim hadashim
© Max Dinshtein for The Jewish Agency for Israel

Belle et heureuse année ?

Pendant ces fêtes de Tichri, combien de fois avons-nous exprimé à ceux que nous avons croisés une “belle et heureuse année” ? Nous l’avons dit avec sincérité toujours, avec amour souvent, avec passion parfois, et pourtant… Et pourtant qu’il est difficile d’y croire vraiment quand on pense au monde qui nous entoure. Comment peut-on imaginer en effet une “belle et heureuse année” dans ce monde de l’an 5783 ?

Un monde où la guerre fait rage, qui plus est sur un continent qui a connu l’horreur il y a à peine plus de 70 ans.

Un monde où la menace nucléaire peut être érigée en possibilité, lors d’une conférence de presse par le Président Russe et où l’on accepte qu’elle puisse devenir demain celle d’un État terroriste comme l’Iran.

Un monde où les populismes de tout bord se renforcent à chaque élection, de la Hongrie à l’Italie, en passant par les États-Unis, les Philippines, l’Inde et bien sûr la France.

Un monde où l’hydre de l’antisémitisme, souvent déguisée en antisionisme, se libère et s’exprime ouvertement dans la société. Plus grave encore peut-être, un monde où on ne peut plus se parler sans se disputer, où la violence verbale - et parfois même physique -, s’est substituée à la décence et à la tolérance (merci les réseaux sociaux) !

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ». Cette citation apocryphe attribuée à Voltaire est devenue : « Je vous battrai à mort si vous n’êtes pas d’accord avec ce que je dis »… Et pourtant nous disons, pensons et croyons à ce souhait de “belle et heureuse année”…

Peut-être parce que les épreuves millénaires traversées par le peuple juif nous ont enseigné l’art de la résilience et de la foi en l’avenir. Ou encore parce que de nombreuses petites lueurs d’espoir brillent malgré tout autour de nous, un peu dans le monde et beaucoup dans les actions individuelles du quotidien.

Alors, à l’aube de la fête de Hanoucca, je souhaite à chacun d’entre nous de contribuer à entretenir et développer ces petites lueurs par nos actions au quotidien, par notre tsédaka, et nous permettre ainsi à tous de jouir d’une merveilleuse année 5783.

RUBRIQUE
3
Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr
LE MOT DES CO-PRÉSIDENTS Merci pour votre don en sur www.keren-hayessod.fr 3 D ans votre région : SAINT-LAURENT-DU-VAR SECTEUR CAP 3000 VILLENEUVE-LOUBET RN7 (À CÔTÉ DE BUT) E t partout en France, liste des magasins sur www.homesalons.fr *Collection mode. Photo retouchée et non contractuelle. Crédit photos : J-L Paris. Sauf erreurs typographiques. Magasins indépendants,membres du réseau HomeSalons. groupehomesalons
YESSOD n°21 ISSN 2552-1691 Sommaire 3 L'ÉDITO de Dan Serfaty 13 FISCALITÉ • Attention au régime d'exonération fiscale des olim hadashim 16 VOYAGE • À la découverte du judaïsme marocain 20 CONFÉRENCE • Sécurité interne en Israël et démocratie : les défis à relever 22 SÉNIORS • Assurances vie en 4 questions • Hommage à Max Turtletaub (z'l) 25 HISTOIRE • Il y a 150 ans le premier congrès sioniste 29 PROGRAMMES • Zoom sur Avenir des jeunes 30 ÉVÉNEMENT • Koolulam l'envie de chanter 26 DIGRESSIONS LINGUISTIQUES Ukraine et Russie DOSSIER De l'Ukraine à Israël : comment les olim s'organisent-ils ? Pages 6 à 12 Directeur de la publication : Alain Belhassen Rédactrice en chef : Sophie Atlan 01 77 37 70 85 sophie.atlan@kh-aui.fr Directrice artistique / graphisme : Joëlle Paris - jparis@free.fr Publicité : Michael Sfez - 01 77 37 70 80 - michael.sfez@kh-aui.fr Administration / comptabilité : Sophie Barr 01 77 37 70 84 - sophie.barr@kh-aui.fr Prépresse / impression / fabrication : PRN Carpiquet CONTRIBUTEURS : Yosh Amishav - Sophie Atlan - Guitel Ben-Ishay Karine Boukris - Catherine Eliora Le Goff - Paula Haddad Francis Kaufmann - Laurence Krief - Richard Prasquier KEREN HAYESSOD FRANCE 152, avenue Malakoff - 75116 Paris Tél. : 01 77 37 70 80 www.keren-hayessod.fr Facebook : Keren Hayessod France Instagram : keren_hayessod_fr Paris. 15, rue de la Paix - 66, av. des Champs-Élysées - 0 805 80 1827 (appel gratuit) - www.mauboussin.fr or 750 et diamants Inès VandammePhotographie : Sylvie Lancrenon

De l’Ukraine à Israël : comment les olim

s’organisent-ils ?

OPÉRATION ''OLIM HABAYTA'

Le 10 mars, le Premier ministre de l'époque, Naftali Bennett, proclame le lancement de l'opération ''Olim Habayta'' (On monte à la maison) qui se fixe comme objectif de faire venir les réfugiés ukrainiens bénéficiaires de la loi du Retour et de les intégrer en Israël.

Le 21 mars, l'Agence Juive annonce la mise en œuvre d'un processus accéléré pour l'alyah des réfugiés ukrainiens – ''Alyah Express''.

Les consignes sont de ne pas s'attarder sur les démarches administratives et les critères d'alyah, comme les certificats de judaïté, et de partir du principe que les personnes candidates à l'alyah sont bénéficiaires de la loi du Retour.

Des enveloppes financières et un accompagnement ont été garantis à tous les olim. Le gouvernement a même débloqué un budget supplémentaire de 90 millions de shekels cet été pour aider au mieux ces nouveaux Israéliens. Des enveloppes financières et un accompagnement ont été garantis à tous les olim.

Les premiers immigrants ukrainiens qui sont arrivés en Israël ont pu découvrir dès le hall de l'aéroport le sens de l'accueil des Israéliens. Les jeunes des mouvements de jeunesse sont arrivés de tout le pays, à toute heure du jour et de la nuit, pour les recevoir avec des chants, des danses et des ballons.

Le 24 février 2022, le président russe Vladimir Poutine lance une vaste offensive contre l'Ukraine. Dès les premiers bruits de botte, avant même le déclenchement des hostilités, les autorités israéliennes se sont attelées à mettre au point un programme de sauvetage des Juifs d'Ukraine.

L'idée est de les sortir le plus rapidement possible du terrain de guerre et de procéder aux vérifications nécessaires par la suite.

• Une délégation française a accueilli à l'aéroport Ben Gourion un avion de refugiés ukrainiens. Judith Oks co-présidente du Keren Hayessod y était.

6 Yessod n°21 La revue du Keren Hayessod France

Ainsi, 2022 aura été une année record pour l'alyahh en provenance d'Ukraine mais aussi de Russie. En tout, ce sont près de 40 000 olim qui sont arrivés de ces pays : près de 15 000 depuis l'Ukraine.

Par ailleurs, l'Agence Juive a également augmenté ses capacités d'accueil dans les pays limitrophes de l'Ukraine, par lesquels transitent les réfugiés. Elles sont adaptées pour recevoir 10 000 olim. Ainsi, le rythme de l'alyah depuis l'Ukraine a pu être augmenté de quelques centaines à plus de 3 000 arrivées par semaine, dans la période qui a suivi le déclenchement du conflit.

En Israël, des hôtels sont réquisitionnés pour loger les nouveaux immigrants, le temps qu'ils puissent trouver un appartement.

Dans les villes où ils ont élu domicile, les olim d'Ukraine bénéficient d'un grand élan de solidarité. Ainsi, à Nof Hagalil, par exemple, le maire de la ville a entreposé dans un hangar tous ce que les habitants ont donné pour aider ces nouveaux immigrants dans leur quotidien : vêtements, électroménager, nourriture, jouets, etc. Les olim sont invités à venir et à se servir comme dans un supermarché, à une différence près comme le souligne le maire : ''Ici,

Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr

7
Les olim d'Ukraine bénéficient d'un grand élan de solidarité
Par Guitel BEN-ISHAY

il n'y a pas de caisses'', tout est gratuit. Les gens sont touchés et même gênés. La plupart avaient de bonnes situations en Ukraine et ils ont du mal à vivre le fait de devoir maintenant dépendre de la charité des autres, mais ils sont impressionnés par cette générosité.

Dans cette petite commune, un véritable salon a été ouvert pour les olim d'Ukraine avec des stands des différentes banques, des caisses maladies, du ministère de l'Intérieur, afin qu'ils puissent réaliser dans un seul et même endroit toutes les démarches pour commencer leur nouvelle vie en Israël. Des agents immobiliers ont aussi répondu présent pour les aider à trouver un logement et se sont engagés à ne pas leur demander de frais d'agence.

Parallèlement le pays est traversé par d'âpres débats sur l'identité religieuse de ces réfugiés. La loi du Retour octroie automatiquement la nationalité israélienne à toute personne juive mais aussi au conjoint(e) non-juif(ve) ou à une personne dont au moins le grand-père est juif. Une définition assez large qui a permis à des dizaines de milliers de non-juifs de s'installer en Israël et de recevoir la nationalité, pendant les dernières décennies.

Le démographe Sergio Della Pergolla estime qu'il y a, aujourd'hui, en Ukraine 200 000 personnes qui peuvent prétendre à la loi du Retour. Parmi elles, moins de 50 000 sont juives de manière

incontestable, ce que Della Pergolla appelle ''la population noyau''. Autour donc, gravitent plus de 150 000 personnes qui bénéficieront de la nationalité israélienne le jour où elles en feront la demande.

Cette nouvelle vague d'immigration en provenance d'Ukraine a fait craindre une arrivée massive de non-juifs et a été dénoncée par certains courants au sein de la société israélienne.

Huit mois après le début de la guerre, les chiffres de l'émigration ukrainienne vers Israël sont certes importants, surtout au regard de ceux des années précédentes, mais ne représente qu'un petit pourcentage du potentiel d'alyah.

Les hommes étant réquisitionnés pour se battre, l'alyah d'Ukraine est essentiellement composée de femmes, d'enfants et de personnes âgées. Ces dernières hésitent souvent à se lancer dans un exil, à un âge parfois avancé. On a pu, cependant, assister à d'émouvantes scènes d'arrivée en Israël de rescapés de la Shoah, la veille de Yom Hashoah. Certains d’entre eux étaient dans un état de santé difficile, parfois même transportés dans un lit médicalisé. Michaël Lerman, 82 ans, est arrivé de Kiev, ses enfants n’ont pas pu sortir du pays, la loi les en empêchant. ''Je m’inquiète vraiment pour eux. Mon père a été tué pendant la guerre avec les nazis, je ne veux pas perdre mes enfants dans cette guerre''. Arriver en Israël, justement le jour de Yom Hashoah a beaucoup ému Michaël : ''C’est une victoire''.

''IL Y A 80 ANS, LES RÉFUGIÉS N'AVAIENT PAS OÙ ALLER, AUJOURD'HUI ILS ONT ISRAËL''

Le directeur adjoint de l'Agence Juive, Shay Felber, vit des mois intensifs. Israël a accueilli près de 15 000 olim ukrainiens depuis mars 2022 contre seulement 3 000 en 2021. Si le rythme était très soutenu dans les premières semaines du conflit, il a désormais ralenti mais se situe quand même à 500 immigrants par mois.

Shay Felber porte un regard satisfait sur les efforts fournis par l'Agence Juive, grâce notamment au soutien financier du Keren Hayessod, qui ont porté leurs fruits.

Où commence l'action de l'Agence Juive face aux candidats à l'alyah en Ukraine ?

Shay Felber : Nous les attendons dans les pays limitrophes de l'Ukraine. Déjà avant la guerre nous avions ouvert des hôtels en Pologne, en Roumanie, en Hongrie et en Moldavie pour accueillir les réfugiés. Nous avons aussi un hôtel à l'ouest de l'Ukraine avec 500 chambres. Dès que les réfugiés arrivent, nous les prenons en charge : logement, vêtements, nécessaire pour les enfants. Nous avons atteint le chiffre de 7000 personnes qui attendaient dans ces hôtels avant de faire leur alyah.

Shay FELBER directeur adjoint de l'Agence Juive

Une fois en Israël, quelles structures attendent ces olim ?

S.F. : En Israël, le ministère de l'Alyah et de l'Intégration a réquisitionné 40 hôtels afin de loger les olim dès leur arrivée. Certains sont allés chez leurs proches qui vivent déjà en Israël mais pour d'autres il fallait leur fournir un toit.

Chaque nouvel immigrant pouvait rester un mois à l'hôtel. Pendant ce temps, des personnes de l'Agence Juive les aidaient à trouver un logement. L'étape d'après est celle de l'apprentissage de la langue. Nous avons plusieurs classes d'oulpan. Le ministère de l'Education en a ouvert d'autres pour ces nouveaux immigrants. Nous voudrions en ouvrir davantage mais nous manquons cruellement de professeurs.

Et les enfants ?

S.F. : Les enfants ont été immédiatement scolarisés. Ils ont intégré les classes normalement avec des cours de soutien en hébreu. Dans les écoles où cela était possible, ils étaient accompagnés par des élèves russophones, qui les aidaient dans leurs premiers pas. Cet été, l'Agence Juive a organisé une colonie de vacances pour 150 enfants ukrainiens. Cela a permis d'occuper les enfants et de dégager du temps aux parents, notamment pour poursuivre leur oulpan.

Et financièrement, comment s'en sortent ces olim qui sont arrivés en laissant tout derrière eux ?

S.F. : En effet, la plupart des olim d'Ukraine ont dû

Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr

9 8 Yessod n°21 La revue du Keren Hayessod France
DOSSIER
L'immigration ukrainienne vers Israël ne représente qu'un petit pourcentage du potentiel d'alyah.

tout quitter précipitamment et n'ont pas pu prendre grand-chose avec eux. Chacun bénéficie du panier d'intégration octroyé à tout nouvel immigrant en Israël. Une bourse dédiée leur est versée en supplément. Ils partent donc sur une base d'une enveloppe de 15 000 shekels qui varie en fonction du nombre de personnes dans la famille. Puis, une aide spéciale pour le logement est réservée à ces nouveaux immigrants de 2 300 à 3 000 shekels par mois pendant un an.

Sur le plan professionnel, quelles sont les opportunités ?

S.F. : Au moment où nous nous parlons, les premiers olim arrivés au mois de mars viennent de finir leur oulpan. Ils s'apprêtent donc à entrer sur le marché du travail. Nous les accompagnons aussi sur ce terrain en leur proposant des formations pour certains métiers : infirmières, nourrices, informatique. Ce sont des cours de 5 mois au terme desquels ils sont embauchés. Nous avons des accords avec des lieux de travail, comme par exemple l'hôpital Barzilaï d'Ashkelon.

L'Agence Juive est-elle soutenue dans son action par la société civile ?

S.F. : L'élan de solidarité est incroyable. Outre le travail en coopération étroite avec tous les ministères concernés, nous pouvons compter sur le volontarisme de la société israélienne. Les

gens ont fait des dons de vêtements, de mobilier, de nourriture. Les mouvements de jeunesse sont venus dans les hôtels où les olim étaient accueillis pour faire des animations pour les enfants. La mobilisation de la communauté russophone a aussi été remarquable. Nous avons plus de 300 volontaires issus de cette communauté qui sont partis en Europe pour nous aider sur place. Ils nous ont dit qu'ils voulaient rendre ce qu'ils avaient eux-mêmes, reçu, il y a 20 ans, 30 ans.

Ces olim ukrainiens sont-ils motivés pour rester vivre en Israël, même après la fin du conflit ?

S.F. : Beaucoup ont laissé des proches en Ukraine, souvent un mari, des parents. Cela va dépendre aussi de l'évolution de la guerre et de la situation sur place. Pour l'instant, il nous semble que la majorité veut rester. En tout cas, de notre côté, nous faisons tout pour qu'ils restent. Le gouvernement a encore, récemment, débloqué des fonds pour aider ces populations à s'intégrer. Il y a 80 ans, les réfugiés n'avaient pas où aller, aujourd'hui ils ont Israël.

LE MIRACLE ISRAÉLIEN : TÉMOIGNAGES D'OLIM

Alina a quitté l'Ukraine début mars avec ses deux enfants de 9 et 3 ans. Lorsque nous lui parlons, elle est fière de nous raconter qu'elle a bientôt fini l'oulpan.

''J'avais peur de quitter l'Ukraine'', nous confie-t-elle. ''J'ai compris que pour survivre nous allions devoir partir avec les enfants". Comme beaucoup de femmes, elle se résout à fuir, laissant son mari au front.

''Au départ, je pensais que nous irions nous réfugier dans un village, à l'abri des hostilités, où nous avons de la famille''. Elle y rencontre une cousine de son mari, israélienne, et qui s'apprêtait à retourner en Israël. Alina décide alors de partir aussi.

Son périple avec ses enfants va durer un mois avant qu'ils n'atterrissent en Israël. Ils ont dû passer par la Hongrie. ''Lorsque nous sommes arrivés à la frontière, c'était très dur'', se souvient-elle la gorge nouée, ''nous avons dû nous séparer de nos proches''.

De l'autre côté de la frontière, une dame de l'Agence Juive les attendait. Elle a trouvé auprès d'elle le réconfort dont elle avait besoin. ''Elle nous

attendait, connaissait nos prénoms. Elle nous a pris dans ses bras. C'était tellement touchant. Se dire que nous étions attendus, entendre ces mots d'encouragement était très important pour moi.

J'ai su que je n'allais pas nulle part mais quelque part où quelqu'un m'attendait''.

Après deux semaines passées en Hongrie, Alina et ses enfants montent dans l'avion pour Israël. ''Quand l'avion a atterri, je me suis sentie à la maison'', décrit-elle. ''Mes enfants ont reçu des jouets et moi un bouquet de fleurs. J'avais même oublié le plaisir que cela procurait de recevoir des fleurs tellement j'étais préoccupée par le fait de survivre''.

Alina loue désormais un appartement à Ashkelon. Le mobilier, l'électroménager, tout lui a été donné.

Son fils va à l'école, sa fille à la maternelle et elle à l'oulpan. La vie n'est pas facile au quotidien : son fils a du mal à apprendre l'hébreu, il souffre d'hyperactivité, sa fille est souvent malade. Mais

Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr

11 DOSSIER
''Je ne sais pas si je resterai, mais je vis ma plus belle expérience humaine''
• Fête de Pourim au centre d'urgence de Bucarest
Réfugiés
ukrainens en Roumanie © Max Dinshtein for The Jewish Agency for Israel © Max Dinshtein for The Jewish Agency for Israel

Alina garde le sourire et le moral, même si elle reconnait être très fatiguée. Elle est, jusqu'à aujourd'hui, soutenue par l'Agence Juive : une référente prend régulièrement de ses nouvelles. Elle se demande ce qu'elle fera une fois l'oulpan terminé, mais elle est prendra n'importe quel travail. ''Quand cela ne va pas, je me souviens de la raison pour laquelle je suis là : pour sauver mes enfants. Nous sommes mieux ici qu'en Ukraine où on avait peur chaque minute, chaque seconde''. Alina nous avoue ne pas être certaine de rester en Israël, mais il y a une chose dont elle est sûre : Israël est un pays où la solidarité est exceptionnelle. Elle est profondément émue de l'aide qu'elle a reçue : ''Je ne sais pas si je resterais, mais je vis ma plus belle expérience humaine''.

Diana loue un appartement à Jérusalem où elle vit avec ses deux enfants de 9 et 10 ans. Israël n'a pas été un choix naturel pour elle, même si elle est pratiquante et que ses enfants étaient scolarisés dans une école juive à Odessa.

''Quand la guerre a éclaté, j'étais persuadée que cela ne durerait pas. Je ne voyais pas pourquoi je devais partir. C'est ma mère qui m'a persuadée de le faire, elle m'a demandé de mettre mes enfants à

l'abri''. C'est aussi sa mère qui fera les démarches pour qu'elle puisse quitter Odessa avec ses enfants et arriver à la frontière roumaine. Là ils ont dû attendre près de 8 heures dans le froid, en raison du nombre important de personnes qui voulaient fuir. Trois jours après être arrivés en Roumanie, Diana et ses enfants sont pris en charge par l'Agence Juive. ''Je pensais rester une semaine en Roumanie et rentrer à la maison, mais ma mère m'a dit 'Israël est ton pays, tu ne seras nulle part ailleurs en sécurité'. Alors nous avons fait notre alyah''.

L'Agence Juive leur fournit tout et deux semaines plus tard, ils sont en Israël.

Diana aussi a été impressionnée par la mobilisation de la société israélienne. ''Tout Israël était prêt à nous aider. Quand j'ai emménagé, j'ai juste demandé si quelqu'un pouvait me donner des lits pour mes enfants. J'ai reçu tout le mobilier et l'électroménager, jusqu'à ma porte''.

Les enfants de Diana vont à l'école et se sentent déjà complètement israéliens. Elle termine son oulpan et travaille par intermittence dans des

emplois que lui trouve l'Agence Juive.

Elle garde le moral et le sourire : ''Je veux dire merci à l'Agence Juive, au Keren Hayesod, au ministère de l'Intégration, aux gens en Israël. Ils font des miracles dans ce monde. Ce qui m'est arrivé en si peu de temps, c'est le paradis sur terre. Merci''.

Attention au régime d’exonération fiscale des olim hadashim

Avocate au Barreau de Paris, ainsi qu’au Barreau d’Israël en qualité d’avocat étranger. Elle est inscrite au Barreau de Paris depuis 1988 et au Barreau d’Israël depuis 2013.

Nombreux sont ceux qui résident alternativement en France et en Israël, disposent de biens ou de revenus entre les deux pays. Si le droit d’imposer est attribué à l’État de source des revenus, l’État de résidence peut conserver le droit d’imposer ses revenus.

Selon l’article 4A du Code général des impôts français « Les personnes qui ont en France leur domicile fiscal sont passibles de l'impôt sur le revenu en raison de l'ensemble de leurs revenus. Celles dont le domicile fiscal est situé hors de France sont passibles de cet impôt en raison de leurs seuls revenus de source française. »

La question du lieu de prélèvement des impôts et de la base d’imposition peut se poser et pour éviter une double imposition, plusieurs mécanismes ont été mise en place.

Le mécanisme du taux effectif qui implique que le taux d’imposition du contribuable est déterminé

selon l’ensemble de ses revenus mondiaux mais seuls les revenus dont le droit d’imposer est attribué au pays de résidence supporte l’impôt.

Le mécanisme du crédit d’impôt qui implique que l’impôt dans le pays de résidence est calculé sur l’ensemble des revenus mondiaux et le résident peut imputer sur son impôt français, le montant acquitté dans le pays de source des revenus. Le crédit d’impôt est plafonné au montant de l’impôt acquitté dans le pays de résidence, si les revenus sont originaires de ce pays.

Pour pallier le risque de double imposition, lorsqu’une personne est passible d’impôts en

Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr

13 12 Yessod n°21 La revue du Keren Hayessod France DOSSIER
''Tout Israël était prêt à nous aider''
FISCALITÉ
Par Laurence KRIEF

France et en Israël, existe une convention bilatérale du 31 juillet 1995, entrée en vigueur en septembre 1996.

Suivant l’article 2.3 de cette convention bilatérale signée entre la France et Israël, les impôts visés sont : en France, l’impôt sur le revenu, sur les sociétés, sur la fortune et en Israël, l’impôt sur le revenu, sur le foncier et sur les plus-values immobilières.

L’introduction en France, du prélèvement à la source pour les revenus, à compter de 2019, n’a pas eu d’incidence sur l’application de la convention : les évolutions législatives analogues de chacun des pays sont, selon l’article 2.4, prises en compte.

Un contribuable peut avoir des revenus dans différents États, mais il ne pourra bénéficier que d’un seul domicile fiscal.

L’article 4.1 de la convention franco-israélienne définit le résident fiscal comme « toute personne qui, en vertu de la législation de cet État, est assujettie à l'impôt dans cet État, en raison de son domicile, de sa résidence, de son siège de direction, ou de tout autre critère de nature analogue ». La détermination de ce domicile fiscal suppose une étude, au cas par cas.

Selon l’article 4B du Code général des impôts, les paramètres pris en compte, pour la détermination du domicile fiscal, vont être personnels (foyer, centre des intérêts familiaux ou lieu de séjour principal) ou économiques (lieu d’exercice professionnel, dans quel État le montant des revenus générés est le plus élevé, lieu du centre des intérêts économiques etc…). Il suffit que l’un de ces critères soit rempli pour établir la résidence fiscale en France.

La jurisprudence a considéré qu’une personne avait sa résidence fiscale en France, alors même qu’elle y séjournait moins de 183 jours par an car elle exerçait son activité professionnelle dans un autre État. Le juge a établi sa résidence fiscale en France, dès lors qu’elle y est domiciliée, y possède une maison même si elle n’y réside que lorsqu’elle est en repos (CE, 17 décembre 2010, n°30.6174).

Selon le droit israélien, le critère retenu pour la détermination du domicile fiscal est celui du centre des intérêts vitaux. La citoyenneté israélienne n’est pas un élément suffisant pour établir un foyer fiscal en Israël, encore faut-il y vivre, y exercer une activité professionnelle, y acquérir des biens.

Une difficulté peut toujours se produire si au regard du droit israélien comme du droit français une même personne est considérée avoir son foyer fiscal dans les deux États.

Pour pallier le risque de double foyer fiscal en France et en Israël, l’article 4.2 de la convention prévoit :

« a) Cette personne est considérée comme un résident de l'État où elle dispose d'un foyer d'habitation permanent ; si elle dispose d'un foyer

d'habitation permanent dans les deux États, elle est considérée comme un résident de l'État avec lequel ses liens personnels et économiques sont les plus étroits (centre des intérêts vitaux) ;

b) Si l'État où cette personne a le centre de ses intérêts vitaux ne peut pas être déterminé, ou si elle ne dispose d'un foyer d'habitation permanent dans aucun des États, elle est considérée comme un résident de l'État où elle séjourne de façon habituelle ;

c) Si cette personne séjourne de façon habituelle dans les deux États ou si elle ne séjourne de façon habituelle dans aucun d'eux, elle est considérée comme un résident de l'État dont elle possède la nationalité ;

d) Si cette personne possède la nationalité des deux États ou si elle ne possède la nationalité d'aucun d'eux, les autorités compétentes des États contractants tranchent la question d'un commun accord. »

La Convention bilatérale détermine, en outre, des règles en fonction de la catégorie de revenus :

• Selon l’article 6 : les revenus provenant de biens immobiliers sont imposables dans l’État où se situent les biens ;

• Selon l’article 10 : les dividendes sont soumis au régime des distributions par la législation fiscale de l’État dont la société distributrice est un résident ;

• Selon les articles 14, 15 et 17 relatifs aux professions indépendantes, salariés, artistes et sportifs : les revenus sont imposables dans l’État où ils exercent leur activité ;

• Selon l’article 18 relatif aux retraites : les pensions sont imposables dans l’État de la résidence fiscale.

• L’article 19 prévoit une exception, lorsqu’il s’agit de pensions versées par l’État : ces pensions sont imposables dans l’État qui verse la pension, sauf si le bénéficiaire renonce à la nationalité de l’État qui verse la pension.

La convention bilatérale prévoit un système de crédit d’impôt en fonction du lieu de la résidence fiscale.

Depuis la réforme fiscale introduite en ISRAEL, en 2008, les nouveaux immigrants dits OLIM HADASHIM sont dispensés pendant 10 ans de toute déclaration à l’administration israélienne et bénéficient d’une exonération totale de toute fiscalité pour les revenus perçus et générés à l’étranger.

Dès lors que le contribuable dit OLE HADASH ou jeune immigrant en ISRAEL ne sera pas assujetti à l’impôt israélien, il peut résulter, d’une jurisprudence récente du Conseil d’État, un risque que ce contribuable, à défaut d’imposition en ISRAEL, ne puisse bénéficier des dispositions de la convention bilatérale précitée, relative à la prévention de la double-imposition (CE n°371132 du 9/11/2015).

Le défaut d’imposition dans l’un des deux pays supprime le risque de double-imposition et par conséquent, rend la convention franco-israélienne précitée de 1995, inopérante.

L’État de source des revenus pourrait être tenté de fiscaliser ces revenus, dès lors que ceux-ci ne sont pas fiscalisés dans l’État de résidence.

FISCALITÉ

À la découverte du judaïsme marocain

Au mois de septembre dernier, le Keren Hayessod organisait pour la première fois, une mission au Maroc, sur les traces du judaïsme marocain. Une délégation de 16 personnes a eu le privilège de découvrir trois villes qui renferment la mémoire de ce judaïsme méconnu, qui a connu son âge d’or :

Fès, Meknès et Rabat, à travers un patrimoine qu’elles conservent précieusement.

Francis Kaufmann, fidèle militant du Keren Hayessod France et Catherine Eliora Le Goff (auteure de romans) y étaient. Ils nous racontent chacun à leur manière, ce beau périple qui touche l’âme du peuple juif.

« Ces voyages de mémoire sont essentiels et nous rappellent que la vie juive continue ailleurs ! »

Quatre jours de dépaysement intense, de découvertes, de partages et d’émotions pour un voyage très réussi.

Un groupe de seize personnes, tous curieux

et jeunes d’esprit (!), conduit avec sensibilité, enthousiasme et gentillesse par Amir Lapid et Sophie Barr du Keren Hayessod.

Un voyage plein de contrastes, qui nous a tous saisis. Contraste d’un côté entre un Maroc en route rapide vers la modernité, vers l’ouverture aux autres, le lien retrouvé avec “ses Juifs” au travers de la reconnaissance d’Israël, et d’un autre côté, rencontre avec un monde du passé,

préservé comme un musée, celui des communautés juives de Fès et de Meknès.

Nous avons aimé la beauté des villes, Rabat, Fès et Meknès, la luminosité de l’air, le grouillement sympathique des souks, les repas marocains, mezzés et couscous au poisson succulents dans la vieille ville, les balades au hasard des ruelles colorées, à la recherche d’une sensation, d’un instant de beauté...

Nous avons aussi aimé nos lieux restaurés, les cimetières juifs de Fès et de Meknès d’un blanc étincelant, les synagogues préservées et pour certaines encore en activité réduite.

Nous avons adoré l’exceptionnelle soirée théâtrale à Rabat, en l’honneur de la coopération israélomarocaine, autour de la troupe d’acteurs israéliens de Galit Giat interprétant Oum Kalthoum, nous avons été émus lors de notre soirée de Shabbat à Rabat et l’office à la synagogue, avec une quinzaine de fidèles...

Pour autant, j’ai été saisi de nostalgie devant ces communautés en voie d’extinction, toute cette culture, toutes ces vies déplacées, symbolisées par des Ecoles Talmudiques tristes et désertes, envahies de poussière, dans lesquelles on pouvait encore imaginer les rires des enfants.

Tristesse infinie devant ce monde perdu, qui rejoint hélas les communautés disparues d’Algérie, d’Irak, de Lybie, d’Egypte et bien sûr les shtetls d’Europe Centrale... Tristesse devant cette richesse et cette diversité disparues, que nous ne devons jamais oublier.

C’est pourquoi ces voyages de mémoire sont essentiels et nous rappellent que la vie juive continue ailleurs, foisonnante et créative, inscrite à jamais dans ses traditions qui constituent son engrais et son ADN.

CATHERINE ELIORA LE GOFF

« Nous ne savons pas si nous devons nous réjouir de la rénovation – des lieux de mémoire – ou laisser place à la tristesse d’un temps qui n’est plus »

Nous empruntons un dédale de petites rues pavées et arrivons enfin devant un bâtiment gardé ; des hommes en uniforme nous regardent à la fois avec curiosité et assurance, rien n’est dit mais cette présence exprime tant le souhait du Roi du Maroc de nous assurer la sécurité que l’importance qu’il attache à cette vérité livrée par notre guide : « le Roi du Maroc est le garant de la liberté pour toutes les religions d’exister dans son pays ».

La réalité que nous nous apprêtons à embrasser en franchissant la porte est pourtant amère. Si la synagogue est propre et tout est maintenu en l’état, les boiseries cirés, les sols nettoyés, les sidourim (livres de prière) rangés dans l’armoire à l’entrée, c’est d’abord le silence qui nous frappe. Ici, pas de chuchotement d’un gardien des lieux, pas

16 Yessod n°21 La
revue du Keren Hayessod France
17
Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr FRANCIS
VOYAGE • Le cimetière de Meknès

de rire d’enfants qui sortent enjoués du Talmud Torah ; on nous apprend qu’à l’office du shabbat, les fidèles se comptent sur les doigts d’une main et pour que la synagogue se remplisse un peu plus, il faut attendre les fêtes, alors, les familles se rassemblent, avec autour des plus âgés, les jeunes jadis partis ailleurs étudier et jamais revenus s’installer.

Nous nous asseyons sur le banc en observant les traces du passé, comme, au-dessus de nos têtes, le luminaire sous lequel bouge une petite pancarte de bronze, dans laquelle est gravée en hébreu une bénédiction ainsi qu’une date de bar mitsva. Le parokhet (rideau de l’Arche sainte) est vert velours, les écritures dessus sont d’or et donnent au lieu un air de fête.

Si nous laissions faire notre imagination nous pourrions le voir, ce jeune garçon qui monte à la Torah fier au milieu des siens, nous entendrions

sa voix lire et cantiller le Texte, dans nos cœurs nous lirions avec lui, nous serions à ses côtés, et sentirions notre cœur battre, tout résonnant des mots du Livre.

Nous sommes seize voyageurs, venus de tous les horizons, seize Juifs, seize opinions, que pensonsnous de cette réalité entendue dès le début du voyage de la bouche d’Arie Abitbol, directeur de l’Agence juive pour Israël en France ? : « Pour 260 000 Juifs en 1945 au Maroc, aujourd’hui il n’y en a plus que 1 200 dont environ 1 000 à Casablanca. » Nous pourrions être tristes, mais nous voulons songer aux mots remplis de promesses de Monsieur Toledano, figure importante de la communauté juive marocaine, qui évoque les yeux pleins d’éclats, l’existence bien réelle d’une culture juive marocaine qui ne cesse de plaire au monde et de la faire rêver. Est-ce l’envie de faire retentir dans la Shul (synagogue) une même et seule voix, celle du Shalom, de la complétude, du bonheur d’être là, du souvenir des anciens et l’espoir que

cette communauté juive marocaine se redensifie ? Nous entonnons tous ce chant, si évocateur du plaisir d’être avec nos frères : « Inematov » ! Dans l’école hébraïque de Meknès, nous marchons avec l’étrange sensation que les murs retentissent de cris et rires d’enfants. Pourtant c’est le silence, le vide, la solitude des lieux qui ne fonctionnent plus. Il n’y a plus d’enfants juifs qui étudient ici. Il n’y a plus de rabbin. Un homme nous fait visiter, la synagogue est en cours de réfection de même que les bâtiments, le Roi du Maroc fait ce qu’il faut pour que soit préservé ce lieu de mémoire. Mais sa fonction d’être endroit de transmission semble perdue. Nous ressortons, sans trop savoir si nous devons nous réjouir de la rénovation ou laisser place à la tristesse d’un temps qui n’est plus.

Nous bombardons de photos ce que nos yeux voient,

emportant ces images qui racontent une période ou le mellah (quartier juif) bruissait encore de vie, d’études, où se croisaient les Arabes et les Juifs chacun dans sa culture, tous dans un Maroc. Aujourd’hui je regarde le mellah et ses habitants qui n’ont plus rien de ceux qui l’ont habité. Aucune mezouza aux portes. On y vend des produits taref (pas cacher), le vent emporte des mots d’arabe, l’hébreu est seulement dans nos têtes. Au milieu des chats errants, je me souviens de celui de Joan Sfar, et me penche vers l’un d’eux qui dort tranquillement sur le tapis d’un perron abandonné. Il parait que ces félins ont sept vies. Je me penche encore un peu. « Raconte-moi, le chat, racontemoi mes frères partis, je veux savoir comment ils vivaient ici, et leur exil. Raconte-moi la prière du vendredi, les scintillements des bougies aux fenêtres, dis-moi si la cithare dressait un manteau de notes autour des prières. »

Mais le chat parle une langue ignorée des humains. Il offre à nos esprits la possibilité du rêve, nous l’emportons dans nos bagages. La voix de la chanteuse israélienne faisant revivre Oum Kalthoum, dans le théâtre de Rabat plein de marocains qui dansent et entonnent n’est pas prête de nous quitter, de même que les paroles enjouées d’Arié Abitbol et de Monsieur Toledano confiants dans les possibles, grâce aux accords d’Abraham. Dans l’avion du retour, nous ne sommes pas simplement heureux de la bonne ambiance de notre groupe et de la richesse de nos visites mais aussi des choses qui évoluent dans le sens d’une modernité, d’un dialogue pacifié, d’une ouverture. L’avion qui relie Casa – Tel Aviv est promesse de futurs voyages, partages, échanges vers un maillage. On espère !

Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr

VOYAGE
19
À
la synagogue de Fès • À Fès.. un groupe uni autour de la mémoire juive et du Keren Hayessod.

Sécurité interne en Israël et démocratie : les défis à relever

Quels sont les défis sécuritaires d’Israël face aux menaces en tant que seule démocratie du Moyen-Orient ? Eternelle question pour un état qui continue de protéger ses citoyens grâce à plusieurs forces de sécurité.

Noam Kayser, attaché de police pour l’Europe auprès de l’ambassade d’Israël en France, a vécu de l’intérieur, chaque séquence de l’histoire de son pays depuis les années 2000. Jeudi 22 septembre, il est revenu lors d’une conférence passionnante sur son passé au sein de la police israélienne et sur les enjeux de demain.

L’ancien agent d’une unité opérationnelle antiterroriste israélienne le rappelle en préambule de son intervention : il n’entend pas partager

une vision académique des défis sécuritaires dans son pays, mais son impressionnante expérience du terrain à différents postes. De fait, l’histoire d’Israël ces vingt dernières années et la sienne se confondent. Après un passage au sein des forces combattantes de Tsahal, Noam Kayser rejoint cette unité, dans le contexte des émeutes palestiniennes, puis des attentats-suicide de la Seconde Intifada qui suivirent la visite d’Ariel Sharon au Mont du Temple en octobre 2000. Pour la première fois dit-il, il ressent que le danger peut venir aussi de l’intérieur, évoquant des scènes d’une grande violence dans le Nord, notamment à Nazareth. Celui qui a connu les combats en tant que soldat en Cisjordanie est confronté au mode opératoire complexe des attentats à la bombe, un défi immense pour un système de sécurité conventionnel.

En 2001, les événements meurtriers en Israël et sa vie intime se rejoignent encore ; en novembre, lors de la circoncision de son fils aîné, ses collègues doivent quitter la cérémonie pour empêcher un attentat-suicide. Un pan entier du territoire se retrouve bloqué et même le mohel prévu ne peut arriver ! Nommé commandant au sein de l’unité anti-terroriste, Noam Kayser poursuit de multiples opérations sur le terrain, en collaboration avec toutes les forces de sécurité jusqu’à ce que le pays retrouve en 2005 une forme d’accalmie.

En 2009, notre invité intègre le Magen Unit qui lutte contre le trafic de drogue, d’armes et le blanchiment d’argent. Une manière encore méconnue d’assurer la sécurité d’Israël. De grandes quantités de drogue ont été saisies par ce service, essentiellement dans le sud. Toujours au cœur de l’Histoire, Noam Kayser n’oublie pas d’évoquer les différentes opérations de défense d’Israël depuis 10 ans, dont la plus récente, du 10 au 21 mai 2021, baptisée Gardiens des Murailles. Selon lui, une synergie idéologique inédite a vu le jour entre Arabes de Cisjordanie et Arabes israéliens, entraînant de leur part des émeutes, ce qui pourrait constituer demain un nouveau défi sécuritaire important. Face à ce contexte, Noam Kayser l’a rappelé auprès d’Amir Lapid, Directeur général du Keren Hayessod France, qui a assuré la traduction de la conférence, la police nationale continue de faire face à trois menaces : le terrorisme, le crime organisé et la société arabe. Et ce malgré des innovations majeures. Dans la suite de son brillant parcours dédié à la sécurité, Noam Kayser assure aujourd’hui, en tant qu’attaché de police, la coordination entre

la police israélienne et celle des pays de sa zone, ainsi que les échanges d’informations dans le cadre d’opérations en commun.

Notre intervenant aurait pu passer la soirée à répondre aux questions de l’assistance, réunie à l’étude Jacquin, dirigée par Rebecca Jacquin, présidente de la Division féminine du Keren Hayessod France. Parmi les nombreuses interrogations soulevées, celle de la vision de la sécurité selon les sensibilités religieuses. Noam Kayser a expliqué que des membres de la police étaient spécifiquement les interlocuteurs de la communauté ultra-orthodoxe et des Bédouins pour gérer les relations et anticiper tout trouble à l’ordre public. Notre orateur a aussi évoqué la collaboration entre les polices françaises et israéliennes. Par exemple, le GIGN envoie régulièrement des équipes en Israël faire des entraînements avec le Yamam et inversement. Le débat sur la sécurité est infini, mais comme l’a souligné notre orateur, Israël est un jeune pays qui n’a pas peur de lutter sur le long terme.

• Noam Kayser, attaché de Police pour l'Europe, auprès de l'Ambassade d'Israël a captivé son auditoire.

20 Yessod n°21 La revue du Keren Hayessod France CONFÉRENCE en ligne sur www.keren-hayessod.fr 21

Assurances-vie

4 questions à Karine Boukris, responsable Legs et Donations au Keren Hayessod

1 / Pourquoi léguer son assurance-vie au Keren Hayessod ?

Tout comme pour les legs ou les donations, il est possible de désigner le Keren Hayessod comme bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie. Grâce à la générosité de ses donateurs et testateurs, et en particulier des contrats d'assurance-vie, le Keren Hayessod poursuit ses actions et crée de nouveaux programmes sociaux en faveur des plus fragiles en Israël.

2 / Est-il possible de léguer son assurancevie quand on a des enfants ?

Oui, car l’assurance vie ne fait pas partie de la succession (article L.132-12 du Code des assurances). Il est donc tout à fait possible, sans léser ses enfants, héritiers réservataires, de nommer le Keren Hayessod comme bénéficiaire d’un ou plusieurs contrats d'assurance-vie. De nombreux testateurs estiment que leurs enfants auront, après leur décès, un patrimoine appréciable. Ils souhaitent donc assurer l’avenir d’Israël et du peuple juif en utilisant librement leur contrat d’assurance-vie au profit du Keren Hayessod qui, depuis plus de 100 ans, réalise de belles actions solidaires pour les personnes âgées, les enfants et jeunes en difficulté, les personnes en situation de handicap... Ils contractent donc un contrat d’assurance-vie au profit du Keren Hayessod.

D’autres testateurs, pour d’autres raisons, souhaitent utiliser librement une part de leur patrimoine en toute légalité, l’assurance-vie représente donc pour eux une épargne solidaire.

Ce qui, pour un pays de seulement 74 ans d’existence comme Israël, représente un soutien non négligeable.

3 / Est-ce que le Keren Hayessod doit payer des droits de succession à l’État français ?

Non, le Keren Hayessod, habilité à recevoir des legs, donations et assurance-vie, est reconnu d’utilité publique en Israël. Il est donc exempté du paiement de droits de succession, en vertu du décret 96-814 du 11 septembre 2016.

4 / Que faut-il faire concrètement pour léguer son assurance-vie au Keren Hayessod ?

Il suffit d’indiquer dans la clause bénéficiaire du contrat d’assurance-vie :

KEREN HAYESSOD

48 King George Street Jerusalem Israel

Représenté par Keren Hayessod 152 avenue Malakoff 75116 Paris

Hommage à Max Turteltaub (z’l)

Max Turteltaub, fervent sioniste et fidèle soutien du Keren Hayessod, nous a quittés en août dernier. Il allait avoir 92 ans. Il a conservé sa vivacité intellectuelle et sa bienveillance jusqu’au dernier jour de sa vie.

Max Turteltaub a été un enfant caché pendant la Shoah. Il n’avait jamais oublié ces années passées dans la Drôme, hébergé par une famille au grand cœur, qui a su le sauver de la barbarie nazie. De février 1943 à septembre 1944, Max Turteltaub, dont les parents périrent à Auschwitz, fut en effet hébergé par un couple d’agriculteurs, André et Louise Rostaing, dans leur ferme isolée de la Drôme. Le couple Rostaing hébergea également deux autres familles juives, les Pilczer et les Blum. Durant cette période, Max Turteltaub se fit appeler Marcel Turno, et se présentait comme un orphelin de confession protestante.

Max Turteltaub en avait conservé une éternelle gratitude, qui l’avait conduit à déposer pour cette

famille, une demande de reconnaissance du statut de Juste parmi les Nations, auprès du Mémorial de Yad Vashem. Cette haute distinction fut accordée par le Mémorial à la famille Rostaing en 2001.

Après une belle carrière professionnelle, Max Turteltaub aimait consacrer son temps à ses proches et à sa région de la Drôme qui le liait pour toujours à son enfance et à son histoire familiale. En 2019, Max Turteltaub fit avec le Keren Hayessod, son dernier voyage en Israël, en participant avec entrain à la Mission Seniors, organisée chaque année.

Il fut heureux de lire le nom de ses bienfaiteurs sur le Mur des Justes, à Jérusalem.

Max Turteltaub était un militant sioniste de la première heure et portait une attention toute particulière aux différents programmes du Keren Hayessod, qu’il a soutenus avec une grande générosité. Max Turteltaub laissera le souvenir d’un homme courageux qui a su faire preuve de résilience dans sa vie personnelle et de bonté envers le Peuple d’Israël. Il nous manquera.

Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr

23 22 Yessod n°21 La revue du Keren Hayessod France
Par Karine BOUKRIS
LEGS ET DONATIONS LEGS ET DONATIONS
• MaxTurteltaub lors d'une mission du Keren Hayessod : visite de la chaine I24 news en présence de Valérie Abecassis.

Il y a 125 ans, le premier Congrès sioniste…

Les rabbins et la communauté juive de Munich en général n'avaient rien voulu entendre: le "Congrès sioniste" que voulait réunir en cet été 1897 dans leur ville cet "illuminé" de Théodore Herzl, ne s'y tiendrait sous aucun prétexte.

Théodore Herzl, avait publié en février 1896 son livre-bombe intitulé "L'État des Juifs" (et non "L'État juif", soit dit en passant) dans un contexte où la bonne bourgeoisie

juive rejetait le sionisme politique naissant par crainte qu'il ne mette en danger son statut dans le tissu de la société allemande.

Les rabbins y voyaient de leur côté une hérésie, l'exil étant "la punition de Dieu pour nos péchés" et seul celui-ci pouvant donc y mettre fin quand il jugerait le moment venu. Devant cette opposition, Herzl décida de transférer le Congrès "à Bâle ou à Zurich" 1. Ce fut Bâle.

1 "Journal", 17 juin 1897

Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr

25
Par Yosh AMISHAV
HISTOIRE
• Théodore Herzl à la tribune lors du 1er congrès sioniste à Bâle , fin août 1897

UNE DANSE SUR DES ŒUFS

Dans le train qui l'emmène vers Bâle, le 23 août 1897, Herzl confie ses craintes à son journal. Il sait mieux que personne qu'il joue "quitte ou double", que derrière le prestige et l'impressionnant décorum du lieu, il y n'a qu'un mouvement encore embryonnaire, à peine structuré, pratiquement sans ressources, mal accueilli par beaucoup de ceux auxquels il s'adresse : les Juifs eux-mêmes. Herzl craint que ses partisans "pourraient perdre leur foi en moi ou dans la cause, s'ils s'apercevaient avec quels faibles moyens j'ai élevé l'édifice. Le tout n'est qu'un de ces tours de force et d'équilibre, qui paraissent aussi naturels après la réussite qu'invraisemblables avant".

Il décrit les infinies acrobaties diplomatiques auxquelles il va devoir se livrer pour que tout ne s'effondre pas sous ses yeux, pour que l'envol du mouvement sioniste ne se termine pas en dramatique échec. "La direction des débats exigera, en général, une habileté exceptionnelle : une danse sur une multitude d'œufs invisibles, qu'il faudra se garder de briser". Et d'en faire la liste: "L'œuf de la Neuie Freie Presse2, que je n'ai pas le droit de compromettre, et à qui je ne dois pas donner un prétexte pour me renvoyer ; l'œuf des orthodoxes ; l'œuf des modernes; l'œuf du patriotisme autrichien3; l'œuf de la Turquie et du Sultan; l'œuf du gouvernement russe, contre lequel il faudra éviter toute manifestation désagréable, tout en relevant la situation déplorable des Juifs russes ; l'œuf des confessions chrétiennes, à cause des Lieux Saints ; l'œuf d'Edmond de Rothschild4 ; l'œuf des "Amants de Sion" de Russie ; l'œuf des colons, qu'il ne faut pas risquer de priver des

subsides de Rothschild, tout en considérant leurs misères". Et comme si tout cela ne suffisait pas, il ajoute : "Enfin, les œufs des conflits personnels, de l'envie, de la jalousie. Je dois diriger la cause d'une manière impersonnelle et je ne peux, cependant, laisser les rênes tomber de mes mains. C'est là, sans exagération, un travail d'Hercule", et il ajoute, de manière un peu étrange, car il sait que la route ne fait que commencer, "dont je n'ai plus aucune envie". C'est avec cet agenda presque impossible qu'Herzl ouvre ce premier Congrès, le 29 août 1897. Les délégués sont enthousiastes, les débats vifs et riches, et le lendemain, 30 août, Herzl décrit: "La plupart des gens étaient profondément émus; je suis resté calme, comme on doit l'être à l'arrivée d'événements que l'on a soimême provoqués". Plus loin dans son journal, le 3 septembre, après la clôture des travaux et un peu de repos, il qualifiera quand même ce Congrès de "sublime". Herzl se décrit ce jour-là "trop épuisé de fatigue pour pouvoir prendre des notes”, et ajoute cette phrase demeurée célèbre : "Si je voulais résumer le Congrès de Bâle en une formule que je me garderai de prononcer publiquement, ce serait celle-ci : à Bâle, j'ai fondé l'État juif. Si je le disais à haute voix, il y aurait un éclat de rire général. Mais dans cinq ans, dans cinquante ans sûrement, tous l'admettront." Pour rappel, c'est bien 50 ans plus tard que l'ONU votera, en novembre 1947, le partage de la Palestine mandataire britannique en deux États, ouvrant ainsi la voie à la naissance d'Israël en mai 1948, alors que suite au refus arabe, l'État qui leur avait été promis ne vit pas le jour. Cette phrase d'Herzl, confiée seulement à son journal par crainte de la risée publique, s'avéra donc être une véritable prophétie.

MOÏSE DES TEMPS MODERNES

Herzl brûlera sa vie à la flamme sioniste qu'il avait lui-même allumée, et qui allait changer à jamais l'histoire du peuple juif. Malgré de nombreux moments de découragement devant l'indifférence, voire l'hostilité, de nombreux Juifs envers son projet, et une santé de plus en plus fragile, il continuera à traverser l'Europe, à rencontrer les communautés juives, et aussi des rois, des premiers ministres, le Pape, des leaders d'opinion, des hommes d'Eglise, tout en multipliant discours et écrits. Epuisé, il meurt très jeune, à 44 ans, près de Vienne, le 3 juillet 1904. Max Nordau écrit le 15 de ce même mois dans l'Echo sioniste: "Le peuple juif avait produit un homme admirablement européen et en même temps un juif enthousiaste, qui avait la passion du progrès le plus radical et un merveilleux sens historique, qui était poète et homme d'état pour l'idée juive ; qui était président, orateur, organisateur, rêveur, homme d'action, prudent où il pouvait, téméraire où il devait l'être ; prêt à tous les sacrifices et même au martyre, en ce qui le concernait, et d'une

indulgence, d'une patience inépuisable pour les autres ; fier, noble, plein de dignité, et modeste pourtant, et fraternel avec les plus simples et les plus humbles"5 .

Mais laissons à Herzl le dernier mot, un mot tout d'humanité, qui m'émeut chaque fois que je le cite. Il écrit, à Paris dans son journal, le 1er juin 1901: "Un jour, lorsque l'État des Juifs sera fondé, tout paraîtra simple et naturel. Mais peut-être qu'un historien équitable trouvera alors que c'était quand même quelque chose de remarquable, qu'au moment de la plus basse dégradation du peuple juif, à l'époque du plus vil antisémitisme, un pauvre journaliste juif ait pu transformer un lambeau en drapeau, et une masse avilie en nation".

En août 1949, la dépouille d'Herzl, Moïse des temps modernes, fut transférée de Vienne à Jérusalem, où il repose à jamais parmi les siens6.

2 Le journal viennois pour lequel il travaille

3 Que les Juifs de son pays ne soient pas accusés de "double allégeance”

4 qui joue déjà un rôle essentiel en Palestine/Eretz Israël par son soutien massif aux premières localités et entreprises juives

5 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6152443k/f3.item

6 On peut se référer à Théodor Herzl, "Journal, 1895-1904", Paris, Calmann-Lévy, 416 pages, 1994, ou aux extraits plus réduits publiés dans Théodor Herzl, "L'État juif" suivi de "Extraits du journal", Stock+Plus, 1981.

SUR LES TRACES DE THEODOR HERZL À BÂLE

Le luxueux "Hôtel des Trois Rois" à Bâle propose aujourd'hui encore la "Chambre Herzl" en mentionnant qu’il y a posé la première pierre de l’État d’Israël.

C'est sur le balcon de celle-ci que fut prise l'une des photos les plus connues du prophète de la renaissance d'Israël, contemplant le Rhin.

Le Casino de la ville, lui aussi, est toujours en activité. La municipalité de Bâle relate dans son site internet, de façon très détaillée, la tenue du premier Congrès sioniste dans ses murs, du 29 au 31 août 1897

www.lestroisrois.com/fr/chambres/river-room-herzl

www.stadtgeschichtebasel.ch/index/geschichten/2019-2022/01/erster_zionistenkongressl

www.keren-hayessod.fr 27 26 Yessod n°21 La revue du Keren Hayessod France HISTOIRE
Merci pour votre don en ligne sur

Vivez votre rêve!

Fuyez le blues hivernal Envolez-vous vers Israël.

Vols directs Paris-Tel Aviv AR à partir de 325€ TTC tarif LITE

Vols directs Marseille-Tel Aviv AR à partir de 280€ TTC tarif LITE

RÉSERVEZ MAINTENANT www.elal.com 0800.99.40.40 ou votre agent de voyage habituel Offre soumise à conditions et disponibilités It’s not just an airline it’s Israel

• Avenir des jeunes à Lod

Zoom sur le programme Avenir des jeunes

Avenir des jeunes est un programme « phare » du Keren Hayessod qui est développé par l’Agence juive en Israël depuis 2006. Ce programme aide des « enfants à risque » dans tout Israël. Le statut d’enfants à risque est un statut officiel défini par le ministère des Affaires sociales, qui leur permet de bénéficier d’une prise en charge. Ce sont le plus souvent des enfants qui viennent de familles défavorisées, qui vivent dans les villes de la périphérie israélienne.

C’est dans ce cadre que 12 000 enfants de 6 à 12 ans et leur famille sont soutenus par des éducateurs spécialisés et professionnels qui vont leur donner des outils pour s’épanouir et mettre

LES NOUVEAUX AXES DU PROGRAMME :

Ouvrir de nouveaux centres, notamment à Ashdod et Beit Shemeh

Répondre aux nouveaux immigrants d'Ukraine et de Russie en coopération, avec l'Agence juive et le bureau de l'immigration

Lutter contre la violence domestique dans le secteur arabe (en relation avec l’État d’Israël)

en relation leur famille avec les structures sociales locales, lorsque cela est nécessaire.

Concrètement, ce sont des « tuteurs » qui agissent auprès de ces enfants, à la fois dans le cadre scolaire et extra-scolaire qui leur servent à la fois de modèles et de confidents. Ils agissent auprès d’eux de manière individuelle, les aident à rattraper leur retard scolaire et surtout à retrouver la confiance en eux-mêmes. À travers des expériences sociales positives et des activités extra-scolaires, comme la musique ou le sport, le programme responsabilise les enfants de tous les secteurs de la société israélienne, y compris ceux des communautés ultra-orthodoxes, arabes, bédouines et druzes.

DES JEUNES EN CHIFFRES :

12 000 bénéficiaires du programme (enfants et parents) dans 37 villes d’Israël

Élèves juifs : 81 % Élèves arabes : 14%

Nouveaux immigrants : 14%

155 écoles et 249 éducateurs

Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr

29
PROGRAMME
Par Sophie ATLAN AVENIR

Koolulam, l’envie de chanter

« Ce sera nous, dès ce soir » chantait le regretté Daniel Levi. Ce « nous », c’était vous tous réunis lors de la première édition française de Koolulam, le 13 novembre à la Grande synagogue de la Victoire. Cet événement organisé par le Keren Hayessod, en partenariat avec le Consistoire de Paris a rassemblé plus de 2000 personnes qui ont interprété ensemble L’envie d’aimer, en hommage à la star des Dix Commandements. Présentation de cette expérience 100% israélienne par Ben Yaffet, co-fondateur de Koolulam et chef de chœur.

« Koolulam ». Voilà un mot bien particulier qui porte en lui d’autres termes, « Cool », « Kulam » « Tout le monde » en hébreu et « Kol » la voix. À la fin, vous obtenez un projet extraordinaire, lancé en 2017 en Israël, qui allie le chant et l’envie de vibrer à l’unisson. Parents, enfants, jeunes, moins jeunes de tous horizons, chacun est invité à mettre sa voix et son cœur au service d’une chanson, le temps d’un concert unique.

Ben Yaffet, maestro de la version française revient au micro de Bernard Abouaf de Radio Shalom,

sur cet événement : « Je dois déjà dire que nous sommes émus et honorés d’avoir mis en place pour la première fois en France, ce spectacle avec le Keren Hayessod qui permet de réunir des Israéliens et les Juifs de la communauté française autour d’un projet commun.  » Même les plus timides ou ceux qui rêvent depuis des années de chanter en dehors de leur salle de bains sont conviés à ce show collectif, présenté par les organisateurs comme « une expérience de chant social ».

Il n’y a pas d’un côté le public et de l’autre les artistes sur scène, les participants sont à la fois chanteurs et spectateurs. « Les gens présents créent eux-mêmes le spectacle. C’est un concept bien plus grand que ce que l’on connaît, qui vous amène à vous dépasser » souligne Ben Yaffet. Pas besoin d’avoir fait « The Voice » pour rejoindre cette chorale hors-normes. « Les participants apprennent le titre sur place avec nous lors de la répétition générale, ils découvrent notre métier. Nous sommes là pour les guider. On ne sait jamais à l’avance ce qui va se passer, c’est aussi ça qui est unique dans Koolulam. »

À chaque événement depuis le lancement du concept à Tel Aviv, des milliers de personnes se retrouvent à chanter ensemble, toutes reliées par un titre populaire. Pour cette première édition

en France, aucune autre chanson que « L’envie d’aimer », incarné si bien par Daniel Levi ne pouvait représenter la force fédératrice de Koolulam, précise le chef de chœur israélien. Et plus encore dans une version totalement inédite en français et en hébreu, qui symbolise parfaitement les liens entre la France et Israël.

Une fois le titre enregistré sur scène, la vidéo est diffusée sur YouTube, comme si vous aviez fait un grand stade. D’ailleurs, l’événement Koolulam, porté par une ferveur collective, a déjà largement dépassé les 50 millions de vues sur la plateforme Internet. Cette aventure humaine exceptionnelle, bouffée d’oxygène artistique, fait du bien après deux années de Covid. Et elle offre un cadre universel pour partager la musique en trait d’union. Avec l’envie de chanter.

Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr

31 30 Yessod n°21 La revue du Keren Hayessod France
ÉVÉNEMENT
© Tali Raz

RUSSIE et UKRAINE

Le conflit déclenché par la Russie contre l’Ukraine s’accompagne d’une acerbe lutte linguistique, qui si elle n’entraine pas les mêmes catastrophes humaines, fait réfléchir sur l’origine de ce que, à rebours de toute réalité, les soutiens de Poutine s’obstinent à appeler « une opération militaire spéciale » pour ne pas utiliser le mot interdit de « guerre ».

On ne reviendra pas sur le terme de propagande « nazis ukrainiens », complètement hors de propos actuellement, quelle qu’ait été l’histoire tragique et sanglante du nationalisme ukrainien à l’égard des Juifs.

Plaçons-nous à un simple niveau étymologique. Russie et Ukraine… D’où viennent ces mots ?

Il y a assez peu de discussions sur le mot Russie : Rus, d’où vient Russia, Rossia, plus tard Ruthenia, signifie… Suédois et se retrouve chez leurs voisins finno-ougriens (finlandais, estoniens…) aussi bien que slaves ou byzantins pour décrire des groupes de marins, qui se donnaient à eux-mêmes ce nom, d’origine nord-germanique (rossr = ramer), en lien avec « Roslagen », zone costale sur la Baltique qui fut le foyer historique de la Suède. Aujourd’hui encore, Suède se dit « Ruotsi » en finnois. Marins, marchands et guerriers, contrôlant avec le commerce sur la Volga, les relations avec l’Orient, naviguant jusqu’à Constantinople, ces Vikings fondèrent les premiers comptoirs (Novgorod) puis les premières villes. Ils devinrent tellement liés au pays que celui-ci prit lui-même le nom de « Rus ».

Dès lors ceux des Vikings d’origine suédoise qui continuaient leurs expéditions reçurent le nom de « Varègues », qui signifie « confédérés », pour ne pas les confondre avec les « Rus ». Une ville qu’ils créèrent sur le Dniepr, Kiev, (aujourd’hui Kyiv en ukrainien), fut la capitale de la « Rus de Kiev ».

Il est banal qu’un territoire prenne le nom de l’ethnie qui l’a envahi : tel est le cas avec la France, qui avait déjà une longue histoire avant que n’arrivent les Francs, tel est le cas de la Bourgogne (les Burgondes), la Lombardie (les Lombards sont aussi des envahisseurs d’origine scandinave), de l’Andalousie (les Vandales…), de la Palestine (les Philistins venus d’Asie Mineure), de la Turquie (les Turcs sont venus de la région de l’Altai), etc. Mais il est beaucoup moins fréquent de nier l’existence d’un pays comme le fait la Russie avec l’Ukraine alors que le terme même par lequel la Russie se désigne elle-même provient de la « Rus de Kiev », laquelle fut détruite par l’invasion mongole. Moscou apparut dans l’histoire à la fin du XIIIe siècle, plusieurs centaines d’années près la fondation de Kiev. Captation de nom, captation d’héritage.

À partir du règne de Catherine II, le terme de « Ukraine » fut interdit et remplacé par « petite Russie » (malorossiya). Le nom fut réutilisé lors de la brève période d’indépendance ukrainienne (1917-1921) et le régime communiste ayant pris le contrôle du pays, garda ce nom. L’Ukraine devint une république (sur un territoire qui ne contenait

pas l’ouest du pays, resté polonais jusqu’à l’alliance soviéto-nazie et la guerre de 1939). En 1945, l’Ukraine et la Biélorussie devinrent même membres des Nations Unies aux côtés de la Russie, un simple leurre pour permettre à l’URSS de disposer de trois voix à l’Assemblée générale. Et c’est dans ce cadre d’indifférence absolue à l’entité ukrainienne que Khrouchtchev, qui avait personnellement contribué à l’infâme holodomor, donna par caprice la péninsule de Crimée à l’Ukraine en 1954, trois cents ans après la signature de l’accord qui avait fait entrer l’Est de l’Ukraine dans le giron russe.

Il faut dire que le nom « Ukraine » n’évoque étymologiquement pas une individualité propre.

U est une préposition qui signifie « à » ou « près de ». La racine indo-européenne, nominale du mot « Ukraine » est « » qui signifie couper, séparer. De là proviennent les mots français discerner, crise, crime ou critique et le mot allemand (et yiddish) « rein » (pur). L’idée de séparation éclaire l’origine de chacun de ces termes

Dans toutes les langues slaves existe le mot « Kraj », avec son dérivé « Krajina » (on rappelle que le « j » se prononce « y »). Ce mot signifie aujourd’hui en polonais « pays », mais dans la plupart des langues slaves, il signifie essentiellement région, et particulièrement là où s’effectue la séparation, autrement dit « zone des confins » (« marche » : on rappelle que l’Autriche, Ostmark, est la « marche de l’Est »). La Krajina, zone des confins de l’Empire des Habsbourg avec l’Empire turc, où s’étaient réfugiés des paysans orthodoxes entre une Bosnie turque et une Croatie catholique a été dans les années 1995 le théâtre de la guerre entre Serbes et Croates…

• Carte des débuts de la Rus’ de Kiev (Par SeikoEn - Travail personnel, CC BY-SA 3.0)

Merci pour votre don en ligne sur www.keren-hayessod.fr

33 32 Yessod n°21 La revue du Keren Hayessod France DIGRESSIONS LINGUISTIQUES

DIGRESSIONS LINGUISTIQUES

Ukraine signifie donc région des confins. Mais les confins d’où ? Dans la Rus de Kiev c’était la périphérie de la principauté, par exemple l’endroit où on construisait le fortin qui deviendrait Moscou… Mais quand la Pologne (et plus tard la Lituanie, son alter ego) eurent conquis les territoires qui se sont appelés Galicie, Volhynie ou Podolie, aujourd’hui l’ouest de l’Ukraine, ces régions furent nommées globalement Ukraina, zone des confins habitée par une population différente, dite ruthène, essentiellement orthodoxe parlant une langue slave différente du polonais. Et quant aux Russes, une fois le nom Ukraine réutilisé par eux, ils l’assimilèrent à une zone des confins... de la Russie ! Personne plus que Poutine n’a contribué à ce que l’Ukraine soit un vrai pays et non plus une zone de confins indistincts.

Parmi les termes de l’histoire ukrainienne, il y a les mots holodomor, cosaques et pogrom.

Le Holodomor Голодомо́р dans lequel голод (golod en russe, mais holod en ukrainien) signifie « faim » et мор (mor) mort (on notera la proximité des racines slaves et latines) est une famine de l’Ukraine volontairement organisée par le régime bolchévique. C’est un épouvantable

crime contre l’humanité qui a entrainé entre 3 et 5 millions de morts en 1932 et 1933 et a été soigneusement occulté par le régime bolchévique appuyé par ses thuriféraires occidentaux. Ce crime n’existe donc pas dans la mémoire russe, mais il est présent dans l’histoire familiale de nombreux ukrainiens.

Les cosaques sont des cavaliers, pour la plupart des slaves orthodoxes, qui parcouraient les bassins du Dniepr et du Don, et étaient employés par les gouvernements pour renforcer leurs capacités militaires dans ces régions de steppes peu peuplées. En échange ils avaient obtenu un certain degré d’autonomie. Le plus célèbre d’entre eux, Bogdan Khmelnitski, a déclenché contre la Pologne la révolte de 1648, qui a entrainé un massacre massif de Juifs (au moins 100 000 morts) et qui a abouti en 1654 à la prise de contrôle d’une partie de l’Ukraine par le Tsar de Russie. Le terme « cosaque », d’origine turco-mongole, analogue à celui de « Kazakh », bien que les deux groupes n’aient rien à voir, signifie « homme libre » et/ou « mercenaire ».

Quant au pogrom, le mot est aussi récent (1882) que la chose est ancienne ; en russe il signifie simplement destruction et c’est un des mots yiddishs qui a malheureusement eu le retentissement linguistique le plus étendu…

DOSSIER
• Le cosaque Bogdan Khmelnitski a déclenché la révolte de 1648 contre la Pologne, qui a entrainé un massacre massif de Juifs
81 boulevard des Belges 69006 LYON +33(0)4 78 94 19 66 contact@elevationimmobilier.com Siret 832 557 144 00025
vivre au vert proche de Lyon www.elevationimmobilier.fr 2 programmes à CALUIRE ET CUIRE, à partir de 843 811 € Votre maison à côté du CICC de Caluire et Cuire Le Clos des Bruyères Construction de 5 maisons avec piscine sur terrain de 500M2 Surfaces habitables de 120M2 à 200M2 Le clos des Lièvres Construction de 3 maisons avec piscine sur terrain de 500M2. Surfaces habitables de 140M2 à 200M2 et réalisation d'une copropriété de 4 logements Villa n°1 · 6 pièces · 164 m² + garage 31 m² · Terrain 500 m² · Proche transports 995 000 € (frais notaire et piscine non inclus) Villa n°3 · 6 pièces · 170 m² + garage 27m2 · Terrain 503m2 · Proche transports 1 087 469 € (Frais notaire et piscine non inclus) Réalisation et commercialisation
• Lors de l’Holodomor Scène de rue à Kharkiv en 1932. Une photo prise par Alexander Wienerberger.
Pour

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.