Yessod numero 2

n° 2

OCTOBRE

www.keren-hayessod.fr

2015

LE RÊVE ISRAÉLIEN DOIT RESTER VIVANT

REGARD

RÉUSSITE

LE CONTE DES DEUX ÉQUIPES

ABRAHAM NEGUISE :

par YGAL PALMOR

DE L’ÉTHIOPIE À LA KNESSET

PRIX GOLDSTEIN

AVI PAZNER HONORÉ PAR LE KEREN HAYESSOD

DOSSIER

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE

PARTIR ?

© AVI HAYOUN / KEREN HAYESSOD

OU RESTER ?

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

n° 2 OCTOBRE

CONTRIBUTEURS

2015

Yessod 10, place de Catalogne 75014 Paris Tél. : 01 77 37 70 80 www.keren-hayessod.fr Facebook

Alexandre Adler

Historien et journaliste, Alexandre Adler, spécialiste de l’histoire de l’Union Soviétique, a d’abord enseigné au sein de l’Université Paris VIII puis à l’École de Guerre.

Il a parallèlement été journaliste dans les principaux quotidiens français et à la radio.

Il a, à plusieurs reprises, accompagné le Keren Hayessod dans des missions de solidarité en Israël.

Yosh Amishav

Notre correspondant à Jérusalem. D’origine belge, il a fait son alyah en 1975. Ancien diplomate, il a également été le porte-parole de feu le Président Haïm Herzog, ainsi que de plusieurs ministères.

Il s’occupe du département chargé de la reconnaissance due aux donateurs du Keren Hayessod.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Alain Belhassen RÉDACTRICE EN CHEF Sophie Atlan Tél. : 01 77 37 70 85 Sophie.atlan@kh-aui.fr DIRECTRICE ARTISTIQUE / GRAPHISME Joëlle Paris jparis@free.fr PHOTOS ET ILLUSTRATIONS © Tous droits réservés : Alain Azria, Daniel Bock, Nellu Cohn, Avi Hayoun, Sébastien Leban, Hadas Parush, Yechiel Riva, FLASH 90, KEREN HAYESSOD, SHUTTERSTOCK

Photo de Une : © Avi Hayoun /KEREN HAYESSOD PUBLICITÉ Magda Rychlik 01 77 37 70 88 Magda.rychlik@kh-aui.fr

Caroll Azoulay

Journaliste franco-israélienne, installée en Israël depuis 17 ans, Caroll a collaboré entre autres au Jerusalem Post et à la chaîne d’information Guysen TV. Elle écrit aujourd’hui pour Actualité Juive tout en menant des missions de consulting et relations publiques pour des institutions israéliennes.

Carole Ouaknine

Responsable de la communication du Keren Hayessod en Israël pour l’Europe, depuis plus de 20 ans, elle travaille pour toutes les campagnes du Keren Hayessod, en six langues. Originaire d’Antibes, elle a fait son alyah en 1983. Elle est passionnée par Israël, ses enfants… son travail et les olim !

Virginie Guedj-Bellaïche

Notre principale contributrice. Télé, presse, radio : à Paris, elle a tâté de tous les médias avant de se reconvertir dans les réseaux sociaux. Aujourd’hui, journaliste et blogueuse, Virginie Guedj-Bellaïche vit en Israël depuis juillet 2013. Entre son intégration et ses deux filles, elle continue de trouver le temps d’écrire et d’intervenir sur i24news.

Ygal Palmor

Ancien diplomate, il a été notamment le porteparole du ministère des Affaires étrangères.

Intervenant souvent dans les médias internationaux, il est aujourd’hui Directeur de communication de l’Agence juive à Jérusalem, sa ville natale.

ADMINISTRATION / COMPTABILITÉ Maurice Benamou 01 77 37 70 82 maurice.benamou@kh-aui.fr PRÉPRESSE / IMPRESSION / FABRICATION Imprimerie ART GRAPHIQUE 02 38 43 46 60

Richard Prasquier

Depuis septembre 2013, Richard Prasquier est président du Keren Hayessod France.

Cardiologue de formation, il a été président du CRIF de 2007 à 2013. Il a également été président du Comité français pour Yad Vashem et est un acteur majeur du renforcement des relations judéo-chrétiennes.

Meïr Waintrater

Conseiller éditorial de Yessod. Meïr Waintrater a été, entre 1992 et 2011, le directeur de la rédaction de la revue L’Arche - le mensuel du judaïsme français.

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

3

SOMMAIRE

10/2015

n° 2 OCTOBRE

2015

ÉDITORIAL

5 6

OLIM ET MIGRANTS Par Richard Prasquier REGARD SUR ISRAËL : LE CONTE DES 2 ÉQUIPES Par Ygal Palmor

LE RÊVE ISRAÉLIEN DOIT RESTER VIVANT

DOSSIER : L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE

8

Par Virginie Guedj-Bellaïche

/ 11 DANIEL BENHAÏM 10 / INTERVIEW DE 12 / I : EN CHIFFRES / / L’ALYAH VUE D’IC ?/ ÇAIS PARTENT-ILS POURQUOI LES FRAN ENT / 17 / L’ALYAH 14 / CEUX QUI REST ’EN PENSENT LES VUE DE LÀ-BAS : QU DES / RECONNAISSANCE ISRAÉLIENS ? / 17 RI RÉUSSI / DIPLÔMES / 18 / PA FRANCE SAVE ILS RENTRENT EN

INITIATIVES

20

LE FIL BLEU

FIGURES D’ISRAËL

21

ATE !

THE D EZ

OUV RETR CHAINS RO LES P EZ-VOUS D REN 28 PAGE

AVI PAZNER, LAURÉAT DU PRIX GOLDSTEIN Par David Francès

PHILOSOPHIE

22

DU DON À L’ALYAH par Alexandre Adler © SERGE ATTAL / FLASH90

L’ÉCHO DES RÉGIONS

25

DES PRÉSIDENTS MOTIVÉS par Céline Lévy

RÉUSSITES

30

PORTRAIT D’ABRAHAM NEGUISE, DÉPUTÉ par Carole Ouaknine et Caroll Azoulay

HISTOIRE

32

LE KEREN HAYESSOD : BIENTÔT 100 ANS ! par Yosh Amishav

BLOG MASSA

35 40 RETOUR EN IMAGES

MASSA ENVOL par Eyal Gamba / 37 / ALICE, DAN ET ANAËLLE / 39 / MASSA VATEL AVEC ALAIN SEBBAN

HOMMAGE

43

ALLON LEV : le Keren Hayessod au cœur

44

LINGUISTIQUE LA FUITE OU LE CHOIX ? Par Richard Prasquier / 46 / LIVRE DENIS CHARBIT interview

CULTURE

4

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

OLIM ET MIGRANTS Ce numéro de Yessod traite en grande partie de l’alyah. Nul ne s’en étonnera.

Au-delà des chiffres, je vous propose quelques remarques de survol disparates.

1.

2.

3.

4.

5.

É DI TO

C’est au XIXe siècle que les migrations de populations à la recherche d’une meilleure vie ont énormément augmenté en raison des améliorations des moyens de transports mais aussi de la diffusion des idées de progrès, liberté et indépendance nationale. Le sionisme en est une facette particulière par l’ancienneté de sa revendication, par la territorialité de celle-ci, contrastant avec la dispersion géographique des populations de départ, ainsi que par la création (Herzl), d’une structure de déplacement des hommes : Organisation sioniste mondiale, puis Agence juive dont le Keren Hayessod est partenaire.

La liberté de quitter son pays d’origine est imprescriptible et n’est pas critiquable : des dictatures l’ont limitée, interdite (URSS), ou rançonnée (Égypte nassérienne, Allemagne nazie). Inversement, quitter la France n’implique pas qu’on prétende l’avoir fait parce que la France serait antisémite. Bien sûr, il y a des antisémites en France, ce qui n’est pas la même chose. L’alyah obéit à des motifs extrêmement divers et légitimes, inutile d’y ajouter une calomnieuse accusation.

PAR RICHARD PRASQUIER PRÉSIDENT DU KEREN HAYESSOD FRANCE

La liberté d’installation d’étrangers, elle, ne s’impose à aucun pays, sauf accord particulier. Les États gèrent l’immigration en fonction de leurs intérêts : ainsi la politique des quotas des USA (instituée en 1924, encore en cours sous d’autres modalités). À cause de cela, les Juifs d’Europe centrale ont été piégés avantguerre : en témoigne la honteuse conférence d’Évian de 1938. C’est pourquoi nous ne devons pas contribuer à la confusion entre le droit d’asile (Déclaration Universelle des Droits de l’Homme) dû à des réfugiés en danger dans leur pays et le droit conditionnel de migration économique. Qu’un grand pays comme la France rechigne à l’accueil de 24 000 réfugiés sur deux ans, sous le prétexte que « la barque est pleine » (comme on le disait à propos du Juif avant-guerre…) me paraît inconcevable…

Les images de l’enfant mort sur la plage ont à juste titre suscité des réactions.

Mais c’est un constat banal et inquiétant : l’absence d’images (le génocide des Yezidis) et les images truquées (à choisir dans le fichier israélo-palestinien) évitent ou déterminent les colères populaires. Politique du spectacle…

Il est à l’honneur de l’Agence juive de mettre en garde contre les illusions : l’alyah est un choix difficile, qui doit être bien préparé. Même la population israélienne a eu des craintes lors de chaque vague : les nouveaux arrivants risquaient de fausser des équilibres fragiles en matière d’emploi, de logement, d’allocations ou de comportement. Mais le creuset a toujours fonctionné. Quelle différence avec ces États pétroliers richissimes qui laissent croupir des réfugiés arabes « frères » dans des camps à leurs portes, pour ne pas risquer d’entamer leur prospérité, et s’empressent de détourner l’animosité vers les boucs émissaires habituels, Israël et l’Occident.

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

5

REG RD JÉRUSALEM : LE CONTE DE DEUX ÉQUIPES

Sans que l’on s’en aperçoive, la société israélienne ou, pour être plus précis : la société juive à Jérusalem, est en train d’être secouée par une rébellion populaire dont les enjeux sont clairs, mais dont la portée ne l’est pas encore.

Alors que les institutions poursuivent lourdement leur chemin, le peuple décide, eh bien, de décider pour luimême. Et passe à l’acte.

Commençons par le football, car comme a l’habitude de dire le très célèbre entraîneur Avram Grant : « le football, c’est plus que du football ».

© DR

PAR YGAL PALMOR PORTE-PAROLE DE L’AGENCE JUIVE POUR ISRAËL

Bien avant la naissance de l’État d’Israël, Jérusalem avait déjà deux équipes qui divisaient les passions des supporters locaux : Beitar Jérusalem (historiquement proche du parti Herouth) et Hapoël Jérusalem (historiquement proche des travaillistes). Les footeux de la ville ne juraient que par l’une des deux et fustigeaient l’autre. Mais dernièrement, les deux camps ont, semble-t-il, pris le même chemin. Il y a quelques années, les fidèles du Hapoël sont parvenus à la conclusion qu’ils n’en pouvaient plus : leur équipe adorée était tombée dans les mains d’hommes d’affaires qui voulaient l’instrumentaliser à leurs fins. La gestion était désastreuse, le niveau sportif baissait à vue d’œil, l’ambiance est devenue pourrie. Lorsqu’ils ont estimé que l’équipe était parvenue au point de nonretour, les supporters ont tranché pour une refonte du club. Ne pouvant pas reprendre l’équipe, ils en ont créé une autre : ce nouveau club - propriété des adhérents qui se sont cotisés et constitués en coopérative - s’appelle Hapoël Katamon Jérusalem, Katamon étant le nom du quartier où se situait l’ancien terrain, objet de nostalgie des anciens. Cette modeste équipe commence sa carrière en dernière division, bien sûr.

Mais en cinq ans, elle atteint tous ses objectifs et réussit, cette année, à se hisser en deuxième division.

Du côté du Beitar, les choses sont un peu différentes : les années 2000 voient le club prospérer comme jamais, en gagnant deux championnats et deux coupes. Mais parallèlement à ce beau succès sportif, commence à émerger dans les tribunes un groupe d’ultras qui fait honte aux couleurs : violence, racisme et vandalisme se font de plus en plus fréquents, les gros bras de La Familia - c’est le nom du groupe - allant jusqu’à mettre le feu aux installations NOUS POUVONS d’entraînement et à menacer de mort la direction pour avoir PRENDRE EN engagé deux joueurs musulmans. Les fidèles du club n’en MAINS NOS peuvent plus : ils jugent l’atmosphère irrémédiablement DESTINÉES. NOUS empoisonnée, et décident d’imiter leurs homologues du Hapoël. L’année dernière, ils ont créé un nouveau club : NE SOMMES PAS Beitar Nordia Jérusalem. Nordia, c’était le nom qu’avait pris PRISONNIERS DES le club en 1947, lorsque les autorités du Mandat Britannique DÉFICIENCES ET DE avaient interdit le Beitar (à cause de sa relation avec L’INCOMPÉTENCE l’Irgoun). Ce nom honore Max Nordau, un des fondateurs du DES STRUCTURES sionisme politique qui avait prôné la culture physique comme EXISTANTES. instrument incontournable du renouveau juif.

Cette nouvelle équipe est évidemment ouverte à tous et cherche à suivre sa jumelle municipale en allant toujours plus haut. Mais plus que les résultats sportifs, ce que cherchent les refondateurs du Beitar, comme avant eux les refondateurs du Hapoël, c’est de faire passer un message au grand public : nous pouvons prendre en mains nos destinées. Nous ne sommes pas prisonniers des déficiences et de l’incompétence des structures existantes. Le changement - c’est maintenant, si vous le voulez. Et comme nous l’avait appris Herzl : si vous le voulez, ça sera une réalité !

Mais la révolution dont je vous parlais ne se limite pas au sport. Quoi d’autre ? Attendons le prochain numéro et je vous révélerai d’autres secrets de Jérusalem !

6

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE

© HADAS PARUSH / FLASH99

8

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE

L’ALYAH

DES JUIFS DE FRANCE PAR VIRGINIE GUEDJ-BELLAÏCHE

Cette année, ils seront entre 8 500 et 10 000 à faire leur alyah...

Pourquoi les Juifs de France décident-ils de partir ? ou de rester ?

Comment les Israéliens perçoivent-ils ces nouveaux immigrants ?

Les diplômes français sont-ils reconnus en Israël ?

Regards sur un mouvement qui s’est mis en route... et qui ne semble pas près de s’arrêter.

Retrouvez d’autres témoignages en ligne sur keren-hayessod.fr et facebook

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

9

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE

INTERVIEW DE DANIEL BENHAÏM DIRECTEUR DE L’AGENCE JUIVE POUR ISRAËL

C’est en plein été, au milieu du rush des départs, que nous avons rencontré Daniel Benhaïm, directeur de l’Agence juive. Toute l’année, avec ses équipes, il conseille, accompagne et guide les nouveaux immigrants sur le chemin de l’alyah. La demande est aussi forte que le souci de bien faire. Rencontre.

Yessod : En 2008, vous étiez, avec Oren Tolédano, directeur de l’Agence juive pour Israël à Paris. Qu’est-ce qui a changé en huit ans ?

Daniel BENHAïM : Quand je suis arrivé à Paris en 2008, nous étions au lendemain des l’élection présidentielle. La communauté juive espérait un changement et les relations L’IDÉE DU DÉPART A franco-israéliennes étaient au beau fixe. Huit FAIT SON CHEMIN ans plus tard, le bilan est catastrophique : il DANS LA SOCIÉTÉ. y a eu Toulouse, l’Hypercacher, sans oublier les manifestations anti-israéliennes devant la synagogue de la Roquette et à Sarcelles. Aujourd’hui, je dirais que l’alyah est devenue une réelle option. Pour tous les Juifs. Pour beaucoup, elle est actée. Les Juifs se demandent juste quand et comment la réaliser. De manière générale, en France, qu’on soit juif ou non, l’idée du départ a fait son chemin dans la société.

Yessod : Y a-t-il un profil type du nouvel immigrant ?

Daniel BENHAïM : Non. Plus le nombre de Juifs de France qui partent en Israël est important, plus il est difficile de dégager un profil. Il y a 10 ans, on avait surtout des familles nombreuses plutôt pratiquantes et très sionistes.

Aujourd’hui, on voit partir de jeunes couples avec des enfants en bas âge, des gens peu ou pas pratiquants. Le fait que la destination « Tel Aviv » gagne du terrain est la conséquence de l’arrivée de ce nouveau public.

Yessod : Quels sont les conseils que vous pourriez donner pour une alyah réussie ?

Daniel BENHAïM : La préparation est fondamentale. A mon sens, il faut compter un ou deux ans pour bien préparer son arrivée. Je conseille aussi fortement de faire un oulpan et un ou deux voyages d’études avant le grand départ.

Pour finir, je dirais que la clé d’une alyah réussie est de ne pas envisager le retour en France. Si on regarde les vagues d’alyah dans l’histoire, on se rend compte que pour la plupart des Russes ou des Éthiopiens, le retour dans le pays de naissance n’était pas possible. Pour les Français, c’est différent. Si ça ne fonctionne pas, ils peuvent revenir. Pour que l’alyah soit pérenne, il ne faut pas partir avec ce plan B du « Au pire, je rentre en France ».

10

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

?

QUI FINANCE L’ALYAH ?

Le travail de l’alyah, à l’étranger, est réalisé par l’Agence juive (et par Nefesh BeNefesh aux États-Unis).

Avec un budget total de 370 millions de dollars, l’Agence juive dépend financièrement en majorité des donateurs américains, mais également du Keren Hayessod qui représente les donateurs des autres pays du monde. Ces derniers ont versé près de 38 millions de dollars à l’agence juive en 2015.

D’autre part, l’Agence juive obtient chaque année un budget spécial de 10 millions de dollars de la part du Département d’État américain pour les nouveaux immigrants en situation de détresse (actuellement : l’Ukraine et le Yémen).

Le gouvernement israélien finance également des programmes spécifiques, ou verse directement de l’argent aux centres d’intégration.

Le ministère de l’intégration se charge de financer les centres, les programmes d’accueil et d’apprentissage de l’hébreu, ainsi que les prêts spéciaux pour les nouveaux immigrants (prêt au logement, aux études, etc.)

vont faire leur alyah (estimation) en 2015.

ALYAH

LE PODIUM des villes israéliennes

1 2

qui accueillent le plus de nouveaux immigrants (olim) de France

JÉRUSALEM

NETANYA

‫نتانيا‬ ‫נתניה‬

‫القدس‬ ‫שלַי ִם‬ ָ ׁ ‫י ְרּו‬

3 ASHDOD

‫إسدود‬ ‫אשדוד‬

Evolution du nombre d’olim de France sur 5 ans : 7 231

7000 Cet été, entre le 1er juin et le 31 août 2015,

3 500 Juifs français

6000 5000

ont fait leur alyah

4000

contre 2 800 en 2014

3000

pour la même période.

3 231 2044

2000

1 950

1 968

1000 2010

2011

2012

2013

2014

L’ŒIL SUR LES CHIFFRES

Entre 8 500 et 10 000 Français

URSS

Depuis 1948, Israël a accueilli plus de 3 050 000

nouveaux immigrants en provenance de plus de 90 pays.

Les contingents les plus importants proviennent de trois pays : l’ex-URSS, la Roumanie et le Maroc.

ROUMANIE

MAROC

ISRAËL

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

11

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE L’ALYAH VUE D’ICI

POURQUOI LES FRANÇAIS PARTENT-ILS ?

« Je me suis demandé où je serais dans 25 ans » « À Paris, je bossais 10 heures par jour. J’avais le temps de rien. J’ai toujours vécu dans un milieu privilégié. L’an dernier, j’ai eu l’opportunité d’acheter un appartement. J’étais à la banque. Mon conseiller m’expliquait les taux d’intérêts, le prêt sur 25 ans. Je me suis demandé où je serais dans 25 ans. La réponse « pas en France » s’est imposée. J’ai tout plaqué. J’habite à Tel Aviv depuis 7 mois. Je finis l’oulpan et après je cherche du boulot.

Je sais que je ne trouverai pas l’équivalent de mon job parisien, mais je ne regrette pas mon choix.

Ici, je vis. » SANDRA, 29 ANS, expert-comptable.

En Israël depuis mars 2015.

SUR L’ENSEMBLE DE L’ANNÉE 2015, ON ESTIME À 10 000 LE NOMBRE DE JUIFS FRANÇAIS QUI FERONT LEUR ALYAH.

« Je connais mal ce pays mais je m’y sens liée »

« Fuir la haine » « Ma femme et moi vivions en banlieue. On se serrait la ceinture pour vivre correctement et envoyer nos enfants à l’école juive. Aller à la synagogue le chabbath était devenu compliqué. On a vu de plus en plus de familles partir en Israël. Même si nous n’avons jamais été victimes d’agressions antisémites, le climat s’est profondément dégradé : des mezouzoth arrachées, des regards haineux, des tags anti-israéliens sur les murs de l’immeuble. On est partis pour fuir la haine. Ça a été un soulagement. » STÉPHANE, 45 ANS. En Israël depuis janvier 2015.

12

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

« On avait envie de changer de vie, de casser la routine métro-boulot-dodo. Mon mari voulait tenter l’expatriation, moi j’avais envie d’offrir à mes enfants autre chose. On a pensé au Canada et puis on s’est dit : pourquoi pas Israël ? J’avoue que je ne suis pas une grande sioniste.

Nous ne sommes pas du tout pratiquants. Je connais mal ce pays, mais je m’y sens liée.

On a acheté un pied-à-terre à Tel Aviv. Mon mari va faire des allers-retours avant de se faire une nouvelle clientèle. Nos deux garçons sont ravis et moi aussi. » STÉPHANIE, 38 ANS, mère au foyer.

En Israël depuis juillet 2015.

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE

« La tuerie de l’école de Toulouse a tout fait voler en éclats » « J’ai fait mon alyah le 31 juillet 2013.

C’était le premier jour du reste de ma vie. Je n’ai pas été élevée dans une famille sioniste. Pendant longtemps, Israël a été pour moi cette patrie de cœur lointaine et irrémédiablement associée aux vacances, au farniente.

En mars 2012, la tuerie perpétrée devant l’école juive de Toulouse a tout fait voler en éclats. L’idée de continuer à vivre comme si de rien n’était, dans un pays où des Juifs sont assassinés parce qu’ils sont juifs, m’est devenue insupportable. Je ne suis pas partie parce que j’avais peur de l’antisémitisme, je suis partie parce que je n’arrivais plus à vivre avec cette idée-là.

J’avais envie de permettre à mes filles de vivre un judaïsme décomplexé, libéré, vivant, en mouvement. Deux ans après, le bilan est définitivement positif. Tout n’est pas simple mais globalement, j’ai acquis la certitude que ma vie est là. »

NOUS EN AVONS RENCONTRÉ CERTAINS. ILS NOUS RACONTENT POURQUOI ILS ONT CÉDÉ À LA TENTATION D’ISRAËL.

VIRGINIE BELLAÏCHE, 39 ANS, En Israël depuis juillet 2013.

« Vivre loin de nos petits-enfants, c’était trop dur » « Nos deux filles sont parties il y a 2 ans à Jérusalem avec maris et enfants. Quatre jours après leur départ, on prenait rendez-vous à l’Agence juive. Cet été, nous nous sommes installés à Hadera. On voulait être près de la mer. Avec nos retraites, on ne peut pas faire de folies, mais vivre loin de nos petits-enfants plus longtemps c’était trop dur. J’ai plus de 65 ans mais si je dois retravailler, je le ferai ! Ma femme garde des nourrissons quelques heures par semaine. On se débrouille. Et puis, on est chez nous ! ».

MAURICE, 67 ANS, retraité. En Israël depuis juin 2015.

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

13

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE L’ALYAH VUE D’ICI

CEUX QUI RESTENT : SARCELLES « ON NE FAIT PAS SON ALYAH POUR FUIR ! » Le 20 juillet 2014, une manifestation pro-palestinienne organisée à Sarcelles dégénère. Jets de projectiles sur les forces de l’ordre, véhicules incendiés, magasins pillés : la cité multiculturelle s’embrase. Les images de guérilla urbaine font le tour du monde. Yessod a voulu savoir comment la forte communauté juive de celle que l’on surnomme « la petite Jérusalem » a réagi, et si elle a succombé à la tentation du départ.

Ce 20 juillet, ils ne sont pas près de l’oublier. Les Teboul sont chez eux, comme tous les dimanches. « On pensait que la manifestation était annulée », se souvient la maman, la quarantaine. « Au fil des heures, le bruit dehors est devenu impossible. » Son mari guette à la fenêtre la situation six étages plus bas. « Je sentais que ça dégénérait, c’était irréel », nous raconte-t-il. Quelques blocs de maisons plus loin, la famille Fratty est aussi cloîtrée chez elle. Installée depuis 35 ans à Sarcelles, Monique confie : « C’était la pire journée de ma vie, je crois ». La violence des événements fait la Une des journaux. Le lendemain, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, se rend sur les lieux et dénonce des « actes graves, intolérables » et des « violences antisémites ».

Les dégradations sont importantes. Une épicerie casher et une pharmacie sont entièrement détruites.

Un an après, les stigmates des échauffourées ont disparu mais l’onde de choc est dans toutes les mémoires. La ville s’est-elle pour autant vidée de 12 000 Juifs ? La réponse est non. « Bien sûr qu’il y a des Juifs qui partent, nous explique David, Sarcellois de naissance, mais leur alyah était prévue de longue date. »

« LES DISPOSITIFS MILITAIRE ET POLICIER INSTAURÉS APRÈS LES ÉMEUTES ONT RAMENÉ LE CALME ET FAIT BAISSER CONSIDÉRABLEMENT LES INCIVILITÉS » © MENDY HECHTMAN / FLASH90

David Berros, rabbin de Sarcelles depuis plus de 10 ans, nous le confirme : « Le vivre-ensemble est si fort ici qu’on a réussi à surmonter cette violence. Les dispositifs militaire et policier instaurés après les émeutes ont ramené le calme et fait baisser considérablement les incivilités ».

Si les habitants de Sarcelles ne minimisent pas la violence des événements de l’été dernier, ils ne comprennent pas pourquoi ils sont sous le feu des projecteurs. « L’antisémitisme existe ni plus ni moins qu’ailleurs », s’emporte Maurice, 48 ans, habitant de la ville depuis son mariage il y a 25 ans. « Non, je ne compte pas faire mon alyah. On ne fait pas son alyah pour fuir. J’ai trop d’amour pour Israël pour cela. » Norbert, pilier de la grande synagogue de la ville, renchérit : « En 15 ans, j’ai vu des tas de gens partir en Israël, mais je n’ai pas la sensation que la ville se vide ». Le rabbin Berros confirme : « Les départs ont été beaucoup moins importants que ce que je craignais. Il n’y a pas eu de mouvement de panique ».

Juillet 2015, un an après les émeutes, Sarcelles vit. Les restaurants, les boutiques cachères fonctionnent, les Juifs se rendent à la synagogue. La vie communautaire a repris. Mais dans les esprits, comme partout en France, l’alyah occupe les discussions et gagne du terrain.

14

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE

L’ALYAH : ILS Y PENSENT... OU PAS SABRINA a vu partir cet été trois de ses meilleures copines. « C’est dur », nous explique cette maman de Levallois, qui concède : « Bien sûr qu’on y pense, mais ce n’est pas simple ». « Si c’est pour que mon mari fasse des allers-retours et que je me retrouve seule avec les enfants, ce n’est pas la peine », estime-t-elle.

Pour son mari aussi, l’idée fait son chemin, même si la mise en place n’est pas aisée. « Ma mère est âgée, elle vit seule à Paris, elle est malade, je ne me vois pas faire mon alyah dans ces conditions.» La famille, des enfants trop avancés dans le système scolaire, la peur de ne pas trouver de travail : tout quitter n’est pas simple.

TOUT QUITTER N’EST PAS SIMPLE

MARTINE, 65 ANS, attend que sa fille unique se décide à partir avec son mari et ses enfants. « Moi, je ne me vois pas vivre loin d’eux », nous explique cette jeune sexagénaire à la retraite.

En attendant le grand jour, elle et son mari ont décidé de transférer la dépouille de leurs parents en Israël. « C’est idiot, mais pour nous c’est un premier pas », conclut Martine, pour qui il est « impensable de faire son alyah sans ce geste ». Un geste aussi coûteux que symbolique, qui marque un peu plus l’aspect définitif du départ.

LINDA, 69 ANS, enseignante retraitée : « Pour autant que je m’en souvienne, je n’ai jamais envisagé de faire mon alyah. Quand j’ai quitté le Maroc, la France était une évidence.

Probablement parce que ma langue est le français…

De plus, je n’imagine pas construire quelque chose à partir de mon JE N’AI JAMAIS appartenance. Je n’ai pas envie de quitter la France. Quand je vais en Israël, ce ENVISAGÉ DE que je ressens à chaque fois c’est l’étouffement communautaire : on ne parle que de Juifs, d’Israël, de religion, d’antisémitisme, comme si tout le reste était FAIRE MON ALYAH sans importance.

Pourtant, j’apprécie vraiment la littérature et le cinéma israéliens, qui reflètent une ouverture au monde que je ne rencontre pas beaucoup en Israël. Dans les années 70, mon compagnon a songé à s’installer en Israël, quand c’était encore un État laïque et socialiste. Aujourd’hui, l’orthodoxie, les colonies, le capitalisme sauvage ont pris toute la place ; et c’est la raison pour laquelle quand je vais en Israël, j’y vais de plus en plus à reculons ! »

© MIRIAM ALSTER / FLASH90

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

15

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE L’ALYAH VUE DE LÀ-BAS

QU’EN PENSENT LES ISRAÉLIENS ?

Russes, Ukrainiens, Éthiopiens : les Israéliens ont vu au fil des ans s’installer des milliers de Juifs du monde entier.

Quel regard portent-t-ils sur l’alyah de France ?

Témoignages.

Assaf, électricien à Tel Aviv, voit des nouveaux immigrants tous les jours depuis le début de l’été. « Les Français, ils ont beaucoup d’argent ; ce n’est pas une clientèle facile.» Son collègue, Shaï, tempère : « T’exagères.» Cet habitant de Ramat Gan de 43 ans nous explique en allumant sa cigarette : « C’est vrai qu’on intervient dans de beaux appartements, mais il ne faut pas croire, il y a beaucoup de gens de France qui n’ont pas les moyens et qui vivent comme nous à Hadera ou Ashdod ».

Si tous les Israéliens avouent s’inquiéter de l’antisémitisme qui sévit dans l’Hexagone, certains ne mâchent pas leurs mots : « On entend beaucoup d’histoires sur des escrocs français à Herzliya qui se cachent », nous confie à demi-mots Osnath, vendeuse sur la Marina, avant de conclure, indignée : « Comme les assassins de Lee Zeitouni ».

vrez u o c é D velle u o n e notr ction ! colle

© YONATAN SINDEL/ FLASH90

Miri a 57 ans. Mère et grand-mère, cette coiffeuse installée à Kfar Saba se réjouit de l’arrivée des Juifs de France. « Ici, c’est la maison de tous les Juifs. En France, il n’y a que des problèmes. Vous entendez les nouvelles, ça n’est pas possible de continuer de vivre là-bas », nous explique celle qui a encore un peu de famille à Créteil et qui espère « qu’ils viendront avant qu’il ne soit trop tard ».

Cérémonie à Jérusalem pour commémorer les victimes des attentats de janvier 2015 en France.

Charme, élégance, accueil

chaleureux et personnalisé

Martine

16 Robes de mariée

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

36 rue Paul bert 69003 lyon T 04 78 60 22 67 www.boutique-martine.com contact@boutique-martine.com

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE

L’ALYAH VUE DE LÀ-BAS

INTÉGRATION : VERS LA RECONNAISSANCE DES DIPLÔMES FRANÇAIS...

Architectes, avocats, ingénieurs, comptables, dentistes, enseignants, médecins, professions paramédicales, pharmaciens et psychologues : depuis plusieurs années, le sujet de la reconnaissance et de l’équivalence des diplômes des Français est au cœur de nombreuses discussions.

Yessod vous explique pourquoi ça coince… © ALAIN AZRIA

EXAMEN THÉORIQUE, OULPAN SPÉCIALISÉ, STAGE EN IMMERSION : LE CHEMIN VERS L’INTÉGRATION PROFESSIONNELLE EST LONG ET DIFFICILE.

Depuis plusieurs mois, Meyer Habib, député de la 8e circonscription des Français de l’étranger, n’en finit plus de déplorer la lenteur de l’administration israélienne, pour mettre en pratique le projet de loi adopté le 23 novembre 2014. À cette époque, le Premier ministre israélien avait dénoncé devant une assemblée francophone « le fait qu’un excellent chirurgien dans le meilleur hôpital de Paris, un lieu où l’on exige les standards les plus élevés, ne puisse pas exercer en Israël », se demandant « pourquoi ne pas tout simplement faciliter le passage d’un pays à l’autre, notamment pour les détenteurs de diplômes qui peuvent tant apporter à l’État d’Israël, à son économie, sa société, sa sécurité. » Si beaucoup de progrès ont été réalisés sur le chemin de la reconnaissance et l’équivalence des professions réglementées (médicales et paramédicales, notamment), tout reste à faire. Débattu à la Knesset, repoussé à cause des élections, le texte de loi a été récemment repris par le parti « Israël Beitenou » (Israël, notre foyer), voix de nombreux immigrants de l’ex-URSS, et le député Robert Ilatov qui, lui, n’a pas caché son intention de boucler ce dossier rapidement. « Ma tâche est aujourd’hui de réguler la situation de milliers de nouveaux immigrants qui ne peuvent pas exercer leur métier en Israël car leurs certificats d’aptitude ne sont pas reconnus par l’administration sanitaire du pays », a-t-il affirmé. Examen théorique, oulpan spécialisé, stage en immersion : le chemin vers l’intégration professionnelle est long et difficile. Le gouvernement devra réussir à résoudre un véritable casse-tête : accéder aux demandes de nouveaux immigrants sans froisser les praticiens israéliens qui voient arriver auprès de leur patientèle une nouvelle concurrence.

TYPES DE RECONNAISSANCE DES DIPLÔMES : • LA RECONNAISSANCE DES DIPLÔMES PAR LE MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, dont l’objectif est de certifier le grade correspondant en Israël et de valider la reconnaissance académique.

• LA RECONNAISSANCE DES DIPLÔMES DE PROFESSIONS RÉGLEMENTÉES POUR OBTENIR UN PERMIS DE TRAVAIL dans la profession. Cette reconnaissance est accordée par le ministère de tutelle de la profession (Santé, Economie/Industrie) avec parfois implication de l’Ordre professionnel qui régit la profession (avocats, comptables, architectes, médecins spécialistes, etc.).

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

17

L’ALYAH DES JUIFS DE FRANCE

©DANIEL BOCK

ALYAH : PARI RÉUSSI

Serial entrepreneur et business angel, JÉRÉMIE BERREBI a déjà investi dans plus de 300

Né en 1987, JULIEN BAHLOUL a 22 ans quand il s’envole pour Israël, un diplôme de l’IEP d’Aix-enProvence en poche. Deux ans plus tard, en février 2012, il entre à l’armée. Juillet 2013, il participe au lancement de la chaîne de télévision i24 news. Pendant une année, il présente l’émission quotidienne « Sur le web ». En juillet 2014, le conflit éclate à Gaza : Julien intègre la rédaction et devient grand reporter.

Diplômé de l’Université Paris-Dauphine et diplômé de l’ESCP Europe, MICHAËL BOUKOBZA débute sa carrière à la banque Rothschild à Paris, puis chez Morgan Stanley à Londres. Il rejoint le groupe Iliad dont il devient le directeur général en 2000, poste qu’il occupera jusqu’à 2007. Trois ans plus tard, le jeune protégé de Xavier Niel décide de s’installer en Israël. En 2011, il décroche la 5e licence mobile israélienne, avec Golan Télécom qui ouvre ses premières lignes en mai 2012 avec des prix hyperattractifs.

entreprises situées dans 30 pays. Celui qui a géré Kima Ventures avec Xavier Niel a investi, au cours de l’année 2014, dans près de 100 startups. Pionnier de l’Internet en France, Jérémie Berrebi vit aujourd’hui à Bné Brak, près de Tel Aviv, avec son épouse et ses 11 enfants. Il partage ses journées entre son activité professionnelle et l’étude du Talmud. Il a même fondé « Jewpédia », un moteur de recherche de la Torah en ligne. Un projet à la confluence des deux passions de celui qui est installé en Israël depuis 2005.

En 2007, son diplôme des cours Florent en poche, JUDITH MERGUI décide de faire son alyah. Un rêve en tête : devenir comédienne. Un oulpan de cinq mois plus tard, elle présente les concours d’entrée aux grandes écoles d’art dramatique du pays. Elle intègre celle de Seminar Hakibutsim.

Après une participation à la série israélienne Zaguri Imperia en 2014, la jeune femme écrit un spectacle où elle raconte les joies et les déboires de son alyah. « Inch’Alyah » cartonne en Israël mais aussi en France, en Suisse et en Belgique. En juin dernier, elle a joué pour le Keren Hayessod à Nice et à Strasbourg. Elle a aussi décroché un rôle dans le prochain film d’Yvan Attal sur l’antisémitisme.

ILS RENTRENT EN FRANCE Si les chiffres de l’alyah sont précis, ceux de la yerida – action de quitter Israël pour se réinstaller dans son pays d’origine – sont plus difficiles à quantifier. À l’heure où de nombreux Juifs s’apprêtent à s’installer en Israël, certains font le chemin en sens inverse. Yessod a rencontré une famille qui s’envole cet été pour Paris. Confidences.

Elle boucle les valises pendant que lui termine les derniers cartons. La société de déménagement arrive dans quelques semaines. Tous deux comptent les jours, mais l’ambiance est plus lourde qu’il y a 4 ans au moment de leur installation. Ce couple qui se définit comme pratiquant avait nourri beaucoup d’espoir en foulant la Terre d’Israël. « Ce n’est pas simple de se dire qu’on va rentrer », explique, résignée, V., la petite quarantaine. « Même si notre décision est mûrement réfléchie, elle n’en reste pas moins difficile. Ça reste un échec », poursuit D., son époux. À l’heure où les futurs olim égrènent le compte à rebours avant le grand départ, V. ne cache pas qu’elle a le cœur lourd. Elle jette un regard cru sur ces quatre années : le départ de Paris pour fuir l’antisémitisme, l’espoir de la première année, la dure réalité de la vie quotidienne, les petits boulots, la vie chère, la famille qui vous manque cruellement, les enfants qui s’intègrent plus ou moins, le niveau de vie qui baisse, les amitiés qui ont du mal à se nouer, la maîtrise de la langue qui se fait attendre.

V. le dit sans détour : « J’ai essayé, mais je n’y arrive pas. Je ne me sens pas à ma place ici. On travaille pour des Français avec des salaires médiocres ». Dès les premières difficultés, l’idée de

18

rentrer en France s’est immiscée. Le couple, cadres moyens dans des PME en France, a bien pensé changer de ville, sans succès.

D., comptable, concède : « Vivre en Israël demande d’accepter une nouvelle vie, pas forcément celle qu’on imaginait. Nous n’en sommes aujourd’hui pas capables ». Pour son épouse, ce retour en France n’est pas le point final de leur histoire.

« ON REVIENDRA PEUT-ÊTRE » Les enfants de 12, 11 et 8 ans ne sont pas heureux de retourner en France. « Ils n’étaient pas non plus heureux de partir en Israël », tempèrent leurs parents.

En mai dernier, D. a trouvé une opportunité de travail en région parisienne. « Un travail avec un salaire plus que correct », tient à préciser celui qui n’a toujours pas digéré de toucher un salaire de 7 000 shekels (environ 1 600 euros) pendant 2 ans. « À nous deux, on avait 10 000 shekels, pas de quoi tenir », explique son épouse, usée de vivre à crédit. Ses beaux-parents leur prêtent un appartement, histoire de pouvoir se retourner. « On repart de zéro, mais là on sait où met les pieds », conclut D., sans se faire d’illusion sur le climat en France.

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

19

KEREN HAYESSOD

INITIATIVES

Mon lien à Israël et au peuple juif

ILS PORTENT LE FIL BLEU :

YOSSI GAL NATHAN SHARANSKY YVAN ATTAL Nos militants… Et tous nos amis Facebook !

Profitant de Yom Haatsmaout, le Keren Hayessod France a lancé au printemps dernier l’opération Fil bleu.

Il s’agissait de proposer à tous ceux qui souhaitent manifester leur attachement à Israël et au peuple juif, un objet tangible et visible tout en étant discret, à l’instar du fil rouge, distribué au mur de Jérusalem, qui se porte au poignet. Histoire d’un fil qui continue à se dérouler...

Cette opération a été lancée sur les réseaux sociaux, avec un petit clip dynamique et viral. Sur une musique de Gad Elbaz, ce clip tourné en France et en Israël montre « le fil bleu » porté par tous et en toute situation. Incitatif, il enjoint tous les amis d’Israël à porter le fil bleu (voir le clip sur www.keren-hayessod. fr). Le lancement de cette opération s’est accompagné d’un jeu concours en partenariat avec partirenIsraël.com.

Le succès a été quasi immédiat : 31 000 vues en l’espace d’une semaine ! Les demandes de fils bleus affluent sur internet. Les amis facebook du Keren Hayessod jouent le jeu.

Ils envoient des photos avec leur fil bleu, partagent avec leurs amis.

L’opération s’est également déroulée dans les magasins de la communauté en région parisienne et dans les grandes villes de la métropole, où les commerçants ont accepté de mettre en place un petit distributeur de comptoir qui accueille les fils bleus.

Au bout du fil : le don… Car bien sûr, si le fil bleu est un joli symbole, le Keren Hayessod qui soutient Israël et le peuple juif a également besoin de fonds pour assurer son objectif premier : aider concrètement Israël, là où sont les besoins sociaux, éducatifs, culturels, identitaires, voire sécuritaires en temps de guerre. Une sollicitation qui s’est faite par courrier et qui a reçu un accueil très favorable.

Dans le monde, les autres campagnes du Keren Hayessod ont également été séduites : l’Italie, la Belgique, le Brésil, l’Argentine, etc. sont en train de mettre en place leur opération fil bleu qui s’est transformée en blue tread... À L’heure où Israël est contesté de toute part, plus que jamais, le fil bleu doit être porté. Il est investi d’une nouvelle mission : défier les détracteurs d’Israël, notamment les militants du BDS et réaffirmer son attachement indéfectible à l’état hébreu.

20

Pour obtenir des fils bleus : www.keren-hayessod.fr LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

FIGURES D’ISRAËL

AVI PAZNER, LAUREAT DU PRIX GOLDSTEIN POUR 2015 PAR DAVID FRANCÈS

LE 17 JUIN DERNIER, AVI PAZNER A REÇU DES MAINS DU PRESIDENT DE L’ÉTAT D’ISRAEL REUVEN RIVLIN LE PRIX GOLDSTEIN, LA PLUS HAUTE DISTINCTION DU KEREN HAYESSOD.

Au cours de la cérémonie qui s'est déroulée à la « résidence des Présidents d'Israël », le Président Rivlin a salué l'action d'Avi Pazner en particulier et celle du Keren Hayessod en général en ces termes : "Le Keren Hayessod est basé sur l'idée fondamentale de la solidarité. Par vos différents projets, vous démontrez chaque jour notre responsabilité mutuelle pour construire un état juif et démocratique meilleur et plus fort. Les efforts du Keren Hayessod-AUI, depuis 1920 jusqu'à ce jour, nous montrent qu'Israël et nous autres Israéliens ne sommes pas seuls, tant que nous sommes unis.

Aujourd'hui, nous voyons l'impact des programmes soutenus par le Keren Hayessod, qui aide Israël à remplir son engagement d'assurer les valeurs humaines essentielles pour chaque personne qui vit dans ce pays.

Je vous remercie du fond du cœur pour votre dévouement et vos efforts infinis.»

Avi Pazner a connu tous les honneurs, mais le 17 juin, à la Résidence du Président à Jérusalem, entouré des siens, son émotion était palpable. « Ce prix représente une reconnaissance de mon travail au cours des douze années de ma présidence du Keren Hayessod », nous explique celui qui détient le record de longévité à ce poste. « En voyant la liste des illustres personnalités qui ont reçu ce prix avant moi, je ne peux que ressentir de la fierté.» Quand on lui demande si recevoir des mains du Président Reouven Rivlin et du leadership mondial du KH le prix Goldstein, du nom de l’un des leaders historiques de notre organisation, lui donne la sensation d’avoir « bouclé la boucle », il répond : « C’est la fin d’une époque et le début d’une autre.»

Infatigable militant, Avi Pazner a derrière lui une carrière impressionnante. Né en Pologne en 1937, il a passé la Seconde Guerre mondiale en Suisse où son père, le Dr. Haïm Pazner, qui était représentant de l’Agence juive pour Israël, a pris part au sauvetage de Juifs dans l’Europe occupée par les nazis. À 16 ans, il immigra en Israël avec sa famille. Il termina ses études secondaires au prestigieux « Gymnasia Rehavia » à Jérusalem et servit dans les blindés de Tsahal jusqu’en 1959. Après des études de science politique et d’économie à l’Université hébraïque de Jérusalem, Avi Pazner, qui parle couramment six langues, entama sa carrière au ministère des Affaires étrangères en 1965.

S’ouvrit alors un parcours de 33 ans, qui devait le porter de l’Afrique à Washington, comme conseiller à l’Ambassade d’Israël à l’époque des négociations de Camp David entre Israël et l’Égypte, pour culminer aux postes d’Ambassadeur d’Israël en Italie, où il œuvrera entre autres à l’établissement des relations diplomatiques entre Israël et le Vatican, puis en France. Pendant ce temps, il avait également servi, entre autres postes importants, comme conseiller du Premier ministre Itzhak Shamir pour les relations avec les médias. Avi Pazner a raconté son impressionnante carrière dans son livre « Les secrets d’un diplomate » (Editions du Rocher, 2005).

© YECHIEL RIVA

Entouré du leadership mondial du Keren Hayessod, Avi Pazner présente le diplôme du Prix Goldstein. À droite, le Président Rivlin.

LE KEREN HAYESSOD : « L’INSTITUTION LA PLUS VÉNÉRABLE ET ESTIMABLE DU MONDE JUIF »

En 1998, il fut nommé Président mondial du Keren Hayessod. Plus de deux milliards de dollars seront recueillis pendant les douze années de sa présidence et Avi Pazner garde pour cette période un attachement tout particulier : « Le Keren Hayessod est l’institution la plus vénérable et estimable du monde juif, c’est pour moi un honneur et une fierté d’appartenir à son histoire et tant que je le pourrai, je resterai toujours à sa disposition.»

Tous ses amis au Keren Hayessod de France et dans la communauté juive en général le savent bien, et lui adressent leurs félicitations pour l’obtention de cette prestigieuse distinction. © YECHIEL RIVA

LE PRÉSIDENT RIVLIN REND HOMMAGE AU KEREN HAYESSOD

PHILOSOPHIE

En tant que donateurs, vous vous êtes certainement déjà interrogés sur le sens profond du don.

En tant qu’amoureux d’Israël, vous avez peut-être déjà songé à l’alyah. Mais quel est le dénominateur commun entre le don et l’alyah ?

Alexandre Adler nous propose une réflexion pour le moins inattendue entre ces notions qui se présentent toutes deux, comme un pari sur l’avenir.

DU DON À L’ALYAH

UNE PROMESSE

Alexandre Adler, lors d’une mission de solidarité dans le sud d’Israël, avec le Keren Hayessod, au centre d’intégration IBIM (novembre 2014).

MESSIANIQUE ?

Par Alexandre ADLER

L

e don et l’alyah : les deux notions prises ensemble nous donnent tout de suite accès aux mystères les plus profonds d’Israël, son rapport à l’espace, et son rapport au temps. Car ni le don, ni la montée vers Israël, sous l’apparente simplicité de leur nature, ne vont de soi, en réalité. Le don est un acte immémorial de toutes les sociétés humaines ; c’est même un acte fondamental de l’espace symbolique qui relie les femmes et les hommes entre eux. En donnant, j’entre en relation avec un autre, en lui signifiant ma disponibilité et en indiquant à l’Autre l’acte de confiance que je place en lui.

Bientôt, cet acte se verra sublimé sous la forme du don à une puissance supérieure, à laquelle on fait acte de piété, de la soumission au dialogue. Implicite dans tous ces actes, le désir, par ce geste qui n’appelle aucune contrepartie apparente, d’une attente de réciprocité : j’attends implicitement de l’autre qu’il me rende un cadeau plus ou moins équivalent, du Dieu des sources qu’il m’assure sa protection en me donnant accès à l’eau potable, etc.

La religion d’Israël a pour coutume d’emprunter les actes religieux les plus immémoriaux, mais en en détournant de manière essentielle la signification première. Au moment des récoltes, on utilisera par exemple, les cabanes pour insister sur la précarité nécessaire de notre existence juive et enseigner à chacun le détachement des biens de ce PENSÉE monde, à l’exact opposé de la jouissance des fruits attendus de la récolte.

DANS LA JUIVE, LE DON EST IMMUNISÉ DE LA MOINDRE CONTREPARTIE. C’EST UN ACTE DE CONFIANCE EN L’AVENIR.

22

Dans la pensée juive, le don est totalement immunisé de la moindre contrepartie.

Et c’est un acte de confiance en l’avenir, un acte d’appréhension du temps qui vient, un acte d’Emounah - confiance, plutôt que foi - encore et toujours, c’està-dire un geste de proclamation de la fécondité de notre destin. En donnant, je sacrifie au temps, car je sais que l’avenir se construit ainsi, tout comme l’espace à trois dimensions du Bâtisseur. Mais ici, il s’agit d’une quatrième dimension où se dissimule l’attente messianique. Je donne à notre avenir, qui n’a pas encore de figures.

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

PHILOSOPHIE

© NELLU COHN

Et l’alyah ? L’alyah est montée de la purification. Cette purification nécessaire passe d’abord par l’observance du commandement de la vie. La montée est subordonnée en tant que premier devoir à la préservation de la vie et de la sécurité des Juifs et de tous ceux qui se sont liés à eux au fil de l’histoire. L’alyah commence donc dans la préservation des Juifs en danger ou persécutés dans leurs âmes.

C’est donc ici la Loi du Retour qui est première. Mais l’alyah suppose aussi bien davantage : élévation et purification dirigées vers la reconstruction de notre place sur terre, de la réalisation nullement symbolique mais réelle de tout le projet d’Israël. Et c’est ici que nous devons nous consacrer à l’alyah dans toute sa complexité réelle : mettre à l’abri du danger immédiat les Juifs qui souffrent dans le monde - la Loi du Retour - et rapprocher sans cesse davantage tous les Juifs qui se préparent en toute confiance dans leur temps propre, à s’élever, à monter vers Jérusalem et le troisième temple, cœur de notre avenir.

Qui mieux que le Keren Hayessod peut exprimer ce double mouvement : espérance dans notre destinée commune en tant que peuple, constitution d’un espace de pureté, Eretz Israël, qui mieux que tous les discours réalise concrètement la promesse messianique ?

Notre société de transport de personnes met à votre disposition des moyens humains et matériels d’une grande qualité pour vous offrir un service irréprochable.

18, quai Louis Blériot 7 5 0 1 6 PA R I S + 33 6 13 18 55 36 dreamteamlimousines@gmail.com

Dream Team Limousines vous propose ses véhicules de prestige, avec chauffeur, à tout moment du jour ou de la nuit, à des tarifs exceptionnels.

Pour tous vos déplacements, qu’ils soient à titre privé ou professionnel, notre gamme de prestige vous permettra de choisir le véhicule avec chauffeur qui correspond à vos attentes.

WWW.DREAMTEAMLIMOUSINES.COM OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

23

L’IMMOBILIER À LYON

© ENRICO01

Fernand Galula PROMOTEUR / MARCHAND DE BIENS 194 BIS, RUE GARIBALDI 69003 LYON

T 04 78 37 12 04 F 04 78 82 71 95

fernand.galula@immogal.fr

L’ÉCHO DES RÉGIONS

FOCUS SUR

LE KEREN HAYESSOD EN

RÉGIONS PAR CÉLINE LÉVY

Le Keren Hayessod n’est pas uniquement parisien.

Depuis deux ans, son action est relayée à Lyon, Marseille, Montpellier, Toulon, Nice et Strasbourg. À la tête des divisions régionales, des militants enthousiastes ont su insuffler un vent nouveau et multiplient les projets pour faire connaître l’institution et ses actions, mais aussi pour rassembler les donateurs autour d’un seul et même objectif : servir l’État d’Israël de mille et une manières.

Portraits de ces présidents engagés.

Marseille : Le Keren Hayessod Sud s’est installé dans la cité phocéenne. Il partage ses bureaux avec l’Agence juive.

Retrouvez d’autres témoignages en ligne sur keren-hayessod.fr et facebook © GURGEN BAKHSHETSYAN

50, rue Breteuil -13006 Marseille Tel : 04 91 02 78 73 OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

25

L’ÉCHO DES RÉGIONS

DES PRÉSIDENTS MOTIVÉS ET ENTHOUSIASTES !

THIERRY TOUBIANA,

PRÉSIDENT DU KEREN HAYESSOD LYON

« Les Lyonnais aux avant-postes » Pour Thierry Toubiana, le but est clair : faire en sorte que le Keren Hayessod grandisse et prospère au sein de la communauté lyonnaise et plus généralement en Rhône-Alpes. Doté d’une motivation XXL et d’une énergie à toutes épreuves, ce directeur général d’un laboratoire de dispositifs médicaux, marié et père de trois enfants, a toujours eu l’engagement à cœur : « Si la France est notre patrie, Israël est notre « matrie », précise-t-il. C’est la terre de la Nation juive, le rêve d’Herzl réalisé. Israël protège et défend le peuple juif, et combat pour lui ». Avec une telle définition au cœur et à l’esprit, impossible pour lui de ne pas se ranger aux côtés de l’État hébreu. Infatigable militant communautaire depuis son plus jeune âge, passé par les bancs du Dror et de l’UEJF, il s’est investi jusqu’en 2005 au B’nai Brith, au sein duquel il a créé une loge lyonnaise florissante. Le Keren Hayessod était l’étape suivante pour Thierry Toubiana : « C’est une institution apolitique, indépendante et dirigée vers l’autre.» Ces principes fondateurs du Keren Hayessod lui ont donné l’envie de prendre part au nouvel essor de l’institution en France dès novembre 2013. « Je me suis adressé à Richard Prasquier pour lui faire part de ma motivation.» C’est donc fin 2014 qu’il a été nommé président du Keren Hayessod Lyon/Rhône-Alpes, mais il n’a pas attendu cette distinction pour mener à bien d’importantes actions : « Nous avons organisé une grande soirée de renaissance du Keren Hayessod dès le début de l’année 2014, et nous avons mené une campagne forte lors de l’opération Bordure Protectrice. Avec d’excellents résultats, car les Lyonnais se sont révélés être de généreux donateurs ! » Soirées Wine and Jazz ou Music and News, campagne ISF, opération fil bleu… La division lyonnaise a été sur tous les fronts et compte bien récidiver dès la rentrée : « Nous organisons, en partenariat avec le Crif, le Consistoire et les B’nai Brith régionaux, une conférence de Philippe Karsenty, élu francilien, consacrée au livre de Georg Hafner et Esther Shapira, sur le mensonge de l’affaire Al Dura. Plus festif, l’événement de novembre sera un grand showcase avec cocktail VIP, où de nombreux artistes connus sont attendus ! »

THIERRY ROOS,

PRÉSIDENT DU KEREN HAYESSOD STRASBOURG

« Promouvoir l’identité juive, l’alyah, le devoir de mémoire »

© ALAIN AZRIA

26

Pour Thierry Roos, l’engagement n’est pas un loisir, c’est un devoir. « L’engagement communautaire, citoyen, et pour Israël », dit-il. Un tryptique indissociable pour ce chirurgiendentiste et enseignant universitaire strasbourgeois. Administrateur du Consistoire et président délégué du Conseil des Communautés du Bas-Rhin, il est aussi conseiller municipal d’opposition de la ville de Strasbourg, et a entre autres, à son actif, la création de Radio Judaïca, sur laquelle il anime une émission, La Com’unique. « Mes fonctions au sein du Keren Hayessod viennent compléter mes autres engagements. Je suis un citoyen français et juif, je suis au côté de la République française, de ma communauté et d’Israël.» Sioniste assurément, et plus que jamais compte tenu du climat qui règne sur le sol français. « Israël est une promesse faite à mon peuple. Un foyer juif historique, pas seulement un refuge contre l’antisémitisme, mais une terre inscrite dans notre ADN… » Et ce foyer a particulièrement été mis à l’honneur lors des actions menées par le Keren Hayessod strasbourgeois : une réception pour Yom Haatsmaout, en partenariat avec les Éclaireurs Israélites de France, une cérémonie à la Grande Synagogue de la ville, pour Yom Hazikaron… Très présent sur les célébrations liées à Israël dans le paysage communautaire strasbourgeois, le Keren Hayessod a aussi accueilli le one woman show de Judith Mergui, comme à Nice, et organisé plusieurs événements de collecte. Mais c’est sur le terrain que les Strasbourgeois ont manifesté et manifesteront encore leur soutien à Israël : « Nous avons participé à deux missions en août et novembre 2014, près de Gaza, pour soutenir les populations et constater le travail du Keren Hayessod en matière d’abris. Le Keren Hayessod de Strasbourg compte bien être aux premiers rangs en novembre 2015 ! »

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

L’ÉCHO DES RÉGIONS

MARTINE SEBAOUNE,

PRÉSIDENTE DU KEREN HAYESSOD MARSEILLE

« Mon but : toucher les gens, pour leur donner envie d’être à nos côtés » C’est avec beaucoup de passion mais aussi d’émotion que Martine Sebaoune parle de la mission du Keren Hayessod. Dermatologue, maman et grand-mère, Martine a toujours eu la fibre communautaire. Elle a grandi avec les Éclaireurs Israélites de France, fait partie du CASIM, travaillé aux côtés de l’action féminine de collecte de l’AUJF avant de prendre des responsabilités au sein du Keren Hayessod. « Par sens du défi, sans doute. C’est passionnant d’assister à la naissance d’une nouvelle structure, et de souder des gens autour d’un même objectif : aider l’État d’Israël. » Un pays où elle se sent « chez elle », pour y avoir vécu il y a 25 ans. « J’y retrouve une liberté que je n’ai plus en France, la possibilité de vivre pleinement. » Et songe à y retourner, peut-être après la retraite. « Mais pour l’instant, c’est ici et maintenant que je sers Israël.» Avec une motivation indéniable et de très jolis projets : « Outre nos soirées de collecte, nous nous sommes lancés dans l’organisation d’un événement de grande ampleur : une vente d’objets d’art.

C’est un projet de longue haleine, qui trouvera sans doute son aboutissement l’été prochain. Sur un site d’exception, au cœur de la Provence, le Keren Hayessod Marseille veut réunir les œuvres de plusieurs artistes réputés. « La moitié des bénéfices iront à l’institution, l’autre moitié sera pour les artistes.» Ambitieux, ce projet a aussi pour vocation de mettre en lumière le talent des créateurs qui s’y associeront. Autant que les programmes du Keren Hayessod. « Je veux, à ce sujet, recruter de nouveaux militants, et encourager les volontaires pour la mission en Israël du mois de novembre 2015. Le travail accompli auprès des enfants, des personnes âgées, et en faveur des échanges entre les différentes populations d’Israël est formidable, il me touche particulièrement… »

GÉRALDINE ZERMATI,

© NELLU COHN

CO-PRÉSIDENTE DU KEREN HAYESSOD NICE CÔTE D’AZUR

« Agir pour Israël est ma devise ! » Elle est dynamique, a l’esprit d’entreprise et compte bien offrir au Keren Hayessod une réelle présence sur la Côte d’Azur ! Militante communautaire passée par les Éclaireurs Israélites de France, Géraldine Zermati a pris, avec Thierry Teboul, la présidence de la division niçoise avec autant d’enthousiasme que de sens des responsabilités. « Je suis très sensible à ce que le Keren Hayessod crée et subventionne. Et puis, il était important, dans ce virage français qu’a pris l’institution en 2013, de créer une vraie équipe pour continuer l’action ici, sur notre territoire ! Agir pour Israël est ma devise », nous dit-elle. Ses liens avec l’État hébreu sont profonds, affectifs : « Israël est au cœur de ma vie depuis 22 ans. J’ai étudié à l’Université de Jérusalem, et il ne se passe pas un jour sans que je sois en contact avec Israël. Je m’y rends régulièrement, soit à peu près tous les 2-3 mois. Je ne peux en être loin plus longtemps ! ». Loin de l’effrayer, le défi que lui lance quotidiennement son rôle au cœur de l’institution l’emplit d’autant de fierté que de passion : « Nous travaillons sur différents projets pour promouvoir le Keren Hayessod. Nous avons un travail énorme encore pour qu’il soit plus visible, de Cannes à Monaco.

Je suis fière de travailler avec une très belle équipe, et d’être accompagnée dans ma présidence par un co-Président, Thierry Teboul, très engagé pour son peuple et Israël ! », explique-t-elle. Son but : « Fédérer autour de notre action, et bien entendu lever des fonds : notre prochain événement sera sans doute une soirée théâtre. Nous souhaitons promouvoir l’identité et la culture juives et israéliennes. »

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

27

PROCHAINS RENDEZ-VOUS

Toujours informés !

Rejoignez-nous sur notre page Facebook : Keren Hayessod France ou inscrivez-vous à notre newsletter : www.keren-hayessod.fr

SAVE THE DATE !

Le Keren Hayessod vous propose tout au long de l’année des manifestations, soirées privées, voyages en Israël, etc., à Paris ou en région. Voici les principaux événements qui auront lieu d’ici la fin de l’année 2015.

NEUILLY-SUR-SEINE / Lundi 12 octobre de 20h à 22h ATELIER TOP-CUISINE : le chef Yoni Saada, finaliste de l’émission Top Chef (M6) réalise une recette avec vous. Organisé par la Division féminine internationale du Keren Hayessod, au profit des enfants israéliens en difficulté.

Participation aux frais : 45 euros.

Inscription en ligne : www.keren-hayessod.fr ou Sophie Barr : 01 77 37 70 84

NICE / Mardi 13 octobre à 20h30 THÉATRE : « RETOUR - L’AUTOMNE INDIEN » : une pièce d’André Djaoui et Philippe Grimbert, mise en scène par André Djaoui, avec Jean-Pierre Benaym et Gabriel Villa. Au Théâtre de la Cité : 3 Rue Paganini - 06000 Nice.

Billeterie : www.keren-hayessod.fr. Tarif en ligne : 20 euros - Tarif sur place : 25 euros. Carré d’Or : 100 euros (reçu CERFA) Au profit des programmes sociaux et éducatifs du Keren Hayessod.

LYON / Mercredi 14 octobre à 20h30 CONFÉRENCE : « L’ENFANT, LA MORT ET LA VÉRITÉ » par Philippe Karsenty, autour de l’affaire al Dura, à l’occasion de la sortie du livre d’Esther Schapira et Georg Hafner, journalistes de la chaîne allemande ARD. À l’Espace Hillel.

Participation aux frais : 7 euros. Billeterie : www.keren-hayessod.fr

À l’occasion de la sortie du livre L’enfant, la mort et la vérité d’Esther Schapira et Georg Hafner (Editions Valensin)

CONFÉRENCE de Philippe Karsenty

L’enfant, la mort et la vérité autour de l’affaire al Dura

MONTPELLIER / Samedi 28 octobre à 20h30 THÉATRE: « RETOUR - L’AUTOMNE INDIEN » : une pièce d’André Djaoui et Philippe Grimbert, mise en scène par André Djaoui, avec Jean-Pierre Benaym et Gabriel Villa Au Théâtre Pierre Tabard : 17, rue Ferdinand Fabre - 34090 Montpellier Billeterie : www.keren-hayessod.fr Tarif en ligne : 20 euros - Tarif sur place : 25 euros Carré d’Or : 100 euros (reçu CERFA) Au profit des programmes sociaux et éducatifs du Keren Hayessod.

15 ans après la diffusion du faux reportage par France 2, des journalistes de la télévision publique allemande ARD, Esther Schapira et Georg Hafner, racontent leur enquête sur l’affaire al Dura. Philippe Karsenty, leader du combat contre ce mensonge historique se fera le porte-parole d’une histoire dont on est loin de connaître tous les tenants et aboutissants.

Mercredi 14 octobre 2015 à 20 h 30 À l’Espace Hillel - 113, Boulevard Marius Vivier Merle - LYON 3 Participation aux frais : 7 euros Infos/réservations : Laurence • Tél. 06 16 99 01 55 • laurence.chabbat@orange.fr Réservations en ligne : www.keren-hayessod.fr

MARSEILLE / Samedi 31 octobre à 20h30 THÉATRE : « RETOUR - L’AUTOMNE INDIEN » : une pièce d’André Djaoui et Philippe Grimbert, mise en scène par André Djaoui, avec Jean-Pierre Benaym et Gabriel Villa. À l’Espace Julien : 39, cours Julien – 13006 Marseille.

Billeterie : www.keren-hayessod.fr. Tarif en ligne : 20 euros Tarif sur place : 25 euros - Carré d’Or : 100 euros (reçu CERFA) Au profit des programmes sociaux et éducatifs du Keren Hayessod.

ISRAËL / du 7 au 11 novembre 2015 VOYAGE DE SOLIDARITE DANS LE NORD D’ISRAËL (voir aussi page 37) Quatre journées inoubliables durant lesquelles vous irez à la rencontre des Israéliens que vous soutenez tout au long de l’année, dans les centres d’intégration, les villages de jeunes en difficulté, etc.

Au programme également : rencontres avec des scientifiques, visite de bases militaires, découverte de la gastronomie israélienne. Israël comme vous ne l’avez encore jamais vu ! Informations / inscriptions : www.keren-hayessod.fr

28

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

B’nai B’rith Rhône-Alpes

LES BÉNÉFICIAIRES RÉUSSITES

DE L’ÉTHIOPIE A LA KNESSET : PORTRAIT D’ABRAHAM NEGUISE, DÉPUTÉ PAR CAROLL AZOULAY

Il y a trente ans, Avraham Neguise quittait son Éthiopie natale pour rejoindre Israël. En mars dernier, à l’âge de 57 ans, il était élu sur la liste du Likoud pour siéger au sein de la 20e Knesset. Avraham Neguise, seul député israélien d’origine éthiopienne, est également à la tête de la Commission parlementaire chargée de l’intégration et de la diaspora. Retour sur le parcours prestigieux de cet ancien berger, bardé de diplômes.

Vous avez fait votre alyah en 1985.

Pouvez-vous nous raconter vos premiers pas en Israël ?

Nous n’avons pas voyagé dans le cadre d’une opération spéciale via le Soudan, mais depuis l’Inde, où j’avais effectué mes études secondaires.

Avec ma femme et ma première fille, nous avons tout d’abord habité dans un centre d’intégration de Jérusalem et appris l’hébreu à l’oulpan. J’ai ensuite entamé des études à l’Université hébraïque de Jérusalem, où j’ai obtenu une maîtrise en travail social. Tout en étant assistant social à la mairie de Jérusalem, j’ai toujours été actif dans le domaine de l’avancement des droits des nouveaux immigrants, que ce soit pour l’emploi, l’éducation ou le logement.

« J’AI POUR PRINCIPE DE NE PAS ME FIXER DE LIMITES. »

Parlez-nous de votre engagement…

Dès 1991 j’ai créé et dirigé une association destinée à promouvoir l’alyah et l’intégration des Juifs d’Éthiopie. Cette association a notamment été active dans le rapatriement des Juifs appartenant à la communauté Falashmoura, auxquels le gouvernement israélien refusait le droit à immigrer. Au total, 55 000 d’entre eux sont arrivés en Israël grâce à la mobilisation de notre association et des soutiens que nous avons fédérés autour de ce combat. J’ai alors réalisé que l’action politique serait un atout pour faire avancer le droit des olim d’Éthiopie sur l’agenda national. Je me suis donc inscrit au Likoud en 1996 et j’ai commencé à travailler sur le terrain, en incitant notamment les jeunes à faire entendre leur voix dans les conseils régionaux et les municipalités. À partir de 2006, visant plus haut, j’ai tenté à plusieurs reprises de me présenter comme député. En dépit des échecs, je n’ai jamais renoncé jusqu’au mois de mars dernier où j’ai fait mon entrée à la Knesset.

© DR

Votre prochain objectif serait-il d’occuper le poste de Premier ministre ?

Oui, pourquoi pas ! Pour l’instant je suis député, mais qui peut savoir… J’ai pour principe de ne pas me fixer de limites. La détermination et la persévérance sont les clés de la réussite. J’ai expérimenté ce que je vous affirme dans tous les domaines de ma vie. Et notamment celui des études, où je ne me suis jamais arrêté d’apprendre. Après ma maîtrise en travail social, j’ai également obtenu une licence de droit, une maîtrise en gestion d’entreprise et en administration des affaires et un doctorat en sciences de l’éducation…

Comment expliquez-vous le succès de votre intégration ?

J’ai grandi dans un village d’Éthiopie, où j’étais simple berger de troupeau. Israël m’a donné la possibilité d’étudier et de me cultiver. J’ai utilisé cette opportunité en fournissant ma part d’efforts personnels.

30

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

L’ALYAH D’ÉTHIOPIE : ENTRE ESPOIR ET STAGNATION Et je suis finalement entré à la Knesset. C’est un résumé de l’histoire d’Israël concernant son rôle de terre d’accueil des immigrants. C’est ainsi que je vois mon parcours.

« Israël compte aujourd’hui 3 000 diplômés titulaires de licences et maîtrises qui ne sont malheureusement pas employés au niveau de leur qualification », nous confie le député Abraham Neguise.

Vous êtes député, mais vous présidez également une Commission qui vous tient tout particulièrement à cœur…

Oui, en effet. Quand on m’a demandé quel rôle particulier je désirais occuper à la Knesset, j’ai immédiatement émis le souhait de siéger à la Commission parlementaire chargée de l’intégration et de la diaspora. Cela m’a été accordé et je m’en réjouis, car ce rôle correspond à mon ADN. Quand les nouveaux immigrants parviennent à s’intégrer sereinement et avec succès, ils envoient un message extrêmement positif aux Juifs de diaspora et encouragent de facto l’alyah. Je suis convaincu qu’Israël repose sur trois piliers essentiels à l’existence et au renforcement de notre nation : l’alyah, la sécurité et le peuplement de toutes les parcelles de terre de notre pays. Présider cette Commission représente donc pour moi une véritable mission.

Une situation qui reflète bien le paradoxe dans lequel se trouve actuellement la communauté éthiopienne, qui continue à vivre des difficultés d’intégrationen ISraël, en raison d’un racisme sous-jacent.

Ce constat a été crié haut et fort lors des manifestations organisées à Jérusalem et Tel-Aviv pour protester contre le passage à tabac d’un soldat d’origine éthiopienne par deux policiers en mai dernier.

Quelle est l’anecdote qui a le plus marqué votre lutte ?

C’était en 1991, date de l’opération Salomon, je formais des professionnels à l’accueil de cette nouvelle vague d’alyah. Un samedi soir, on m’a fait savoir que la mission se terminait. J’ai appelé les responsables d’Adis-Abeba, stupéfaits par cette décision. 2 000 personnes attendaient leur départ pour Israël ! J’ai alors organisé une première manifestation. Finalement, ce sont au total 55 000 personnes qui ont réussi à faire leur alyah. Quand je vous parlais de détermination…

Depuis 1948 et jusqu’en 2013, Israël a accueilli 91 825 immigrants originaires d’Éthiopie.

Pourtant, les moyens mis en place pour accueillir et intégrer cette communauté semblent insuffisants : les Israéliens d’origine éthiopienne représente 40% des soldats qui font de la prison, pendant leur service militaire. Le taux de pauvreté de la communauté atteindrait 60%.

Enfin 45 % des israéliennes d’origine éthiopienne n’ont aucune qualification, contre seulement 2 % du total des femmes juives en Israël.

Quel regard portez-vous sur l’alyah de France ?

La première réunion de la Commission que je préside a porté sur la question de l’alyah des Juifs de France et d’Ukraine. J’ai pris connaissance de rapports et de chiffres très préoccupants au niveau de l’intégration des immigrants juifs de France en Israël. Pour améliorer cet état de fait, il faut développer les budgets accordés aux municipalités afin que celles-ci puissent s’occuper de leurs olim.

© TOMER NEUBERG / FLASH90

Propos recueillis par Carole Ouaknine

Pourtant, de nombreux visages éthiopiens représentent l’espoir de cette communauté de gravir les plus hauts sommets.

On citera ainsi le Dr. Avi Yitzhak, premier médecin israélien d’origine éthiopienne, aujourd’hui commandant au sein du département de médecine opérationnelle de Tsahal, Yityish Aynaw ou « Titih », miss Israël 2013, ou encore Belaynesh Zevadia, nommée Ambassadrice d’Israël en Éthiopie en 2012…

Manifestation de Juifs éthiopiens en Israël.

31

L’HISTOIRE

DU KEREN HAYESSOD

LE KEREN HAYESSOD : BIENTÔT 100

ANS !

LE KEREN HAYESSOD EXISTE DEPUIS 1920.

CETTE INSTITUTION DU PEUPLE JUIF A LITTÉRALEMENT TRAVERSÉ, VOIRE FAÇONNÉ L’HISTOIRE D’ISRAËL. AU FIL DES NUMÉROS, YESSOD SE PROPOSE DE VOUS RACONTER LA GRANDE HISTOIRE DU KEREN HAYESSOD, QUI FÊTERA BIENTÔT SES 100 ANS. Par Yosh Amishav

LE KEREN HAYESSOD est d’abord et avant tout, bien entendu, l’émanation du sionisme politique moderne, dont les grands principes avaient été fixés par Théodore Herzl dans son livre « L’État des Juifs », paru en 1896, et de l’aspiration bimillénaire des Juifs à revenir dans leur patrie ancestrale et mettre ainsi fin à une situation existentielle devenue intolérable, entre pogroms incessants en Russie et affaire Dreyfus en France (et personne ne pouvait imaginer à l’époque que le pire était encore à venir).

Ce que l’on sait moins, et qui n’est pas moins important, est qu’il est aussi l’illustration du sens politique extrêmement affûté des leaders de l’époque du mouvement sioniste, qui, à la lumière de deux événements majeurs, ont senti que l’heure était propice pour institutionnaliser et financer de manière plus rationnelle l’effort national du retour à Sion.

La fameuse « Déclaration Balfour » de novembre 1917, dans laquelle, pour la première fois, une puissance mondiale de premier plan à l’époque, le RoyaumeUni, affirmait son soutien de principe à « l’établissement d’un foyer national juif en Palestine », d’une part, et de l’autre, la conférence internationale de San Remo tenue en avril 1920 pour préparer le démembrement de l’ancien empire ottoman vaincu à l’issue de la Première guerre mondiale (1914-1918), avaient en effet radicalement changé la donne politique et diplomatique de ce début de siècle. La Palestine, ancienne province ottomane, était au nombre des territoires que les pays occidentaux allaient se partager, et, comme on le sait, ce sont les Britanniques qui reçurent au terme de cette Conférence le mandat sur cette partie de l’empire défait, la France recevant pour sa part un mandat sur la Syrie et le Liban.

Après l’attribution du mandat sur la Palestine à la Grande-Bretagne, en juillet 1920, la Conférence sioniste (sorte de conseil permanent qui se réunissait entre les Congrès biannuels) ne pouvait bien évidemment que choisir Londres pour siège de ses activités. Pour sa première réunion après San Remo, dans la capitale britannique, elle allait prendre une décision historique : la fondation du Keren Hayessod (« Le Fonds de la Fondation »), dont la mission serait de canaliser en un seul courant toutes les collectes et contributions destinées à l’entreprise sioniste qui avait déjà pris un essor assez impressionnant (fondation de Tel Aviv et du premier kibboutz, Deguania, en 1909).

Immédiatement, le Keren Hayessod ouvrit des bureaux à travers tout le monde juif, en commençant par l’Europe occidentale et centrale, ainsi que l’Afrique du Nord. Des personnalités de tous les horizons politiques (parmi lesquelles Haïm Weizmann et Zeev Jabotinsky) et de la plupart des courants religieux s’engagèrent dans cet effort. Les plus grands noms du peuple juif, et avec eux de nombreuses personnalités non-juives, s’engagèrent dans les campagnes de collecte du Keren Hayessod.

32

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

L’HISTOIRE DU KEREN HAYESSOD

En 1921, par exemple, Albert Einstein accompagna Haïm Weizmann aux États-Unis dans le cadre de la collecte du KH en faveur de la création de l’Université hébraïque de Jérusalem. En France, Raymond Poincaré, Georges Clemenceau et Edouard Herriot, pour ne citer qu’eux, appuyèrent les efforts de collecte. Le siège du Keren Hayessod fut transféré à Jérusalem en 1926 et, lorsque l’Agence juive fut créée en 1929, le Keren Hayessod devint sa branche de collecte de fonds tout en continuant de mener, de son côté, ses propres activités.

Il est impossible de résumer en si peu d’espace la contribution décisive qu’a apportée le Keren Hayessod à la création des infrasctuctures financières, économiques, agricoles et culturelles du futur État d’Israël, et, au fil des numéros de Yessod, nous feuilletterons les pages de cette saga qui se poursuit jusqu’à nos jours.

Ce rôle central dans l’action sioniste devait d’ailleurs valoir au Keren Hayessod un attentat contre son siège mondial à Jérusalem, quand une voiture piégée tua douze personnes, dont son directeur Leib Jaffé, en mars 1948.

Après la Shoah, au cours de laquelle périrent de nombreux leaders du Keren Hayessod en Europe, comme entre autres le directeur du Keren Hayessod en France, Nahoum Hermann, déporté à Auschwitz en mars 1944 et assassiné dès son arrivée, il fallut repartir pratiquement de zéro, et ceci alors que la lutte pour l’indépendance d’Israël entrait dans sa phase la plus cruciale (1945-1948).

En 1956, la Knesset (parlement israélien) adopta une loi spéciale dotant le Keren Hayessod d’un statut juridique particulier, qui en fait l’institution centrale de collecte de l’État d’Israël. Depuis lors, le Keren Hayessod a toujours su à la fois rester fidèle à ses missions fondamentales, comme le financement de l’alyah et de l’intégration des immigrants et le développement de l’éducation juive et sioniste en diaspora, et s’adapter aux besoins changeants de la société israélienne. Aujourd’hui, par exemple, il consacre des efforts considérables, grâce à la générosité de ses donateurs, à la réduction de la fracture sociale en Israël, et se consacre à répondre aux besoins du Néguev et de la Galilée, désormais régions prioritaires.

Attentat contre le siège du Keren Hayessod.

Oui, le Keren Hayessod peut être légitimement fier de son passé prestigieux, mais tous nos donateurs, militants et amis savent que nous n’avons pas le luxe de nous endormir sur nos lauriers…

! te li so in Hiver 1973 : un autobus d’une mission de solidarité du Keren Hayessod de France s’est enlisé dans la boue au cours d’une visite sur le Golan et a été dépanné par un tank de Tsahal !

LES

TES CENTRA

IVES SIONIS

L SUN / ARCH

SSOD / ISRAË

YE © KEREN HA

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

33

INFO & RÉSA : SOPHIE AU 01 77 37 70 87 OU SOPHIE.BARR@KH-AUI.FR

LE KEREN HAYESSOD VOUS EMMÈNE DANS LE NORD D’ISRAËL DU 7* AU 11 NOVEMBRE 2015 (*AU SOIR)

HÉBERGEMENT DANS LE TOUT NOUVEAU CENTRE D’ART/ HÔTEL ELMA (ZICHRON YAACOV) ET À L’HÔTEL-KIBBOUTZ KFAR BLUM

ISRAËL SOLIDAIRE

ISRAËL R&D

ISRAËL DÉFENSE

ISRAËL E FOOD & WIN

+ D’INFOS SUR LE PROGRAMME ET LES TARIFS : WWW.KEREN-HAYESSOD.FR

BLOG MASSA

MASSA UNE

EXPÉRIENCE ISRAÉLIENNE, UNE EXPÉRIENCE DE VIE Avec plus de 200 programmes différents dédiés aux 17-30 ans, Massa a de quoi satisfaire tout un chacun.

En 2014-2015, 1 400 jeunes sont partis avec Massa.

Les participants témoignent : Eyal a trouvé sa voie grâce à Massa Envol, Alice et Dan, jeunes diplômés, font de magnifiques stages dans des institutions israéliennes, Anaëlle est à l’école hôtelière de Vatel.

En exclusivité, interview d’Alain Sebban, fondateur et président de Vatel.

Eyal Gamba, Programme Massa Envol 2015

Plus d’infos sur Massa et les autres programmes sur keren-hayessod.fr et facebook

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

35

BLOG MASSA

MASSA PROGRAMME ENVOL EYAL GAMBA, 20 ANS :

« ENVOL EST UNE CHANCE UNIQUE QUI DONNE LES CLÉS DE L’INTÉGRATION. À NOUS D’OUVRIR LES PORTES ! » Massa Envol 2015

De nombreuses excursions ont permis au groupe de mieux connaître la société israélienne.

Ici, visite d’une base militaire.

Je faisais des études de management à Montpellier, très intéressantes ; mais j’ai pris la décision de quitter l’université en cours de deuxième année… Israël est un pays que j’ai toujours admiré et j’envisageais d’y vivre depuis longtemps. Massa m’a semblé être la meilleure solution pour une première expérience en Israël.

Envol, qui a démarré en février 2015, est le seul programme francophone qui permet de s’inscrire en milieu d’année, pour donner une seconde chance à ceux qui souhaitent se réorienter en cours d’année. Il propose sur une durée de 5 mois des cours d’hébreu intensifs, des cours de préparation aux tests psychométriques, des rencontres avec les principaux acteurs de la vie israélienne, et également de nombreuses excursions dans tout le pays. Ces activités sont essentielles pour une bonne intégration en Israël et nous permettent de faire des choix en toute connaissance de cause.

Cette expérience est certainement la plus importante de ma vie. Chaque jour en Israël est d’une intensité particulière. Le programme Massa m’a appris à me connaître, m’a fait rencontrer des amis formidables. Mon regard sur le pays a bien évidement changé. En cinq mois passés ici, je me suis rendu compte à quel point Israël est doté d’une diversité fascinante sur le plan géographique, religieux et économique, et qu’il n’y a pas que la plage de Tel Aviv au mois d’août. Même si, pour moi et beaucoup de participants Massa, le manque de la famille se fait ressentir au quotidien, nous avons pour beaucoup pris la décision de rester en Israël et de nous engager dans l’armée après le programme. C’est une décision importante, qui est le résultat d’une mûre réflexion. Envol est une chance unique qui donne les clés de l’intégration. À nous d’ouvrir les portes !

La suite ? Passionné de vidéo, j’espère pouvoir intégrer le département de la communication de l’armée, dans les services du porte-parole, et travailler plus précisément sur les tournages et montages des films dédiés à la promotion de Tsahal.

Intégrer cette unité serait extrêmement enrichissant pour moi, et je pense que je pourrai pour ma part apporter ma petite expérience dans l’audiovisuel.

Eyal a filmé de manière quasi-professionnelle, tout au long des 5 mois de Massa, avec sa caméra GoPro. Des films postés sur Youtube que nous vous invitons à découvrir :

http://urlz.fr/2oOU

36

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

BLOG MASSA

ALICE LÉVY, 27 ANS :

« J’AI LA SENSATION DE VIVRE EN ISRAËL DEPUIS TOUJOURS, ALORS QUE JE N’Y SUIS QUE DEPUIS QUELQUES MOIS » Massa Gvahim « J’ai découvert Israël en septembre dernier, à l’invitation de mon cousin qui venait de finir un programme Massa. Je vivais en Avignon, et travaillais dans une association qui lutte contre les inégalités sociales et les violences faites aux femmes. J’étais chargée de la communication et de la levée de fonds.

L’envie de changer d’air et de vivre autre chose m’ont poussée à le suivre. En janvier 2014, j’ai intégré un premier programme Massa : Gvahim Young Leaders. Gvahim est une association qui aide les olim diplômés et professionnels à reconstruire une carrière réussie en Israël. Grâce à eux, j’ai effectué un premier stage au sein du département de la recherche de fonds de la WIZO-Monde.

Au bout de cinq mois de programme Massa, j’ai voulu renouveler l’aventure. Gvahim m’a alors proposé de faire un stage au sein même de l’association. J’aide au développement de nouveaux programmes. J’habite à Tel Aviv. La vie y est douce. J’apprécie les repas de chabbath entre mes nouveaux amis du monde entier et mes amis de France de passage. Je viens d’un milieu peu pratiquant, mais avec une identité juive forte.

J’ai la sensation de vivre en Israël depuis toujours, alors que je n’y suis que depuis quelques mois. Pour le moment, la question de l’alyah - un engagement politique et citoyen qui demande plus de réflexion - n’est pas tranchée. On verra... »

DAN JOURNO,

27 ANS :

« JE NE ME VOYAIS PAS VIVRE EN FRANCE À LONG TERME » Massa Gvahim

ANAËLLE DADOUN, 20 ANS :

« J’Y AI APPRIS LE SERVICE, LE SAVOIRVIVRE, LE SAVOIR-FAIRE » Massa Vatel « Je voulais faire un cursus qui mélange l’hôtellerie, le tourisme, le management, la gastronomie. La référence Vatel s’est imposée. C’est une école de l’excellence. C’est une clé qui ouvre beaucoup de portes. Grâce à la formation en alternance, j’ai eu la chance de travailler dans de grands établissements comme le Ritz ou le Sheraton Herzliya. J’y ai appris le service, le savoir-vivre, le savoir-faire. Vatel m’a appris à me mettre à la place du client pour le servir. Parmi les étudiants, il y avait des Allemands, des Français, des Américains, des Arabes. C’est une formidable expérience.»

« Je suis en Israël depuis octobre 2014. J’ai décidé de faire un programme Massa dans l’idée de préparer mon alyah. L’idée de m’installer en Israël remonte à 4-5 ans.

J’ai passé une année à New York et je ne me voyais pas vivre en France à long terme. J’ai grandi dans un milieu juif traditionnaliste qui, au fil du temps, s’est transformé en sionisme religieux. A Paris, je bossais pour une startup spécialisée dans l’agro-alimentaire. « Israel Tech Challenge », mon programme Massa, m’a permis de m’intégrer sans me soucier des contingences matérielles, de trouver un appart, etc… Il s’agit d’un programme qui met en relation des étudiants, des jeunes professionnels et des experts pour lancer leurs carrières dans le monde de l’industrie informatique. Aujourd’hui, j’ai intégré une boîte israélienne de sécurité artificielle. Je fais de l’intelligence économique. Ce qui me plaît en Israël ? Être en présence de personnes qui viennent du monde entier. Je déménage dans quelques jours à Tel Aviv. »

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

37

BLOG MASSA

Magda Rychlik 01 77 37 70 88 06 81 40 66 60 magda.rychlik@kh-aui.fr

Yaacov Moreno 04 91 02 78 73 07 89 08 28 52 moreno@kh-uia.org.il

BLOG MASSA

MASSA VATEL : SE FORMER AUX MÉTIERS DE L’HÔTELLERIE RENCONTRE AVEC ALAIN SEBBAN FONDATEUR ET PRÉSIDENT DE VATEL

Avec ses 25 établissements à travers le monde, Vatel est une référence internationale du management de l’hôtellerie. Depuis son installation en Israël, l’école a pris bonne place dans le catalogue des formations Massa.

YESSOD a rencontré Alain Sebban.

YESSOD : Quel bilan tirez-vous de ces trois ans de présence de Vatel en Israël ?

Alain Sebban : Un bilan plus que positif. La première promotion de 150 élèves a été diplômée le 16 juillet dernier dans les locaux du ministère du Tourisme, en présence du ministre mais aussi du président de la fédération israélienne de l’hôtellerie. C’est une reconnaissance de notre travail. En 3 ans, nos effectifs ont augmenté de 10%. Nous nous apprêtons à lancer pour la rentrée prochaine un MBA en management de l’hôtellerie internationale.

YESSOD : Quelle place occupent les étudiants Massa dans votre cursus ?

Alain Sebban : Une place particulière, forcément. Massa permet à des jeunes de découvrir Israël au quotidien.

Nos élèves qui sont venus via Massa font d’ailleurs plusieurs visites par an pour découvrir, comprendre et aimer le pays. Grâce à l’oulpan intensif, ils maîtrisent la langue. Tout ceci concourt à leur future installation en Israël. C’est pour nous une grande fierté d’apporter notre pierre à l’édifice de leur intégration en Israël.

YESSOD : Quel regard portez-vous sur le secteur du tourisme israélien ?

Alain Sebban : Malgré une pause l’an dernier avec l’opération « Bordure protectrice », il reste en plein essor. C’est un secteur qui embauche. Il manque sans doute des établissements hôteliers de type « moyenne classe ». L’ouverture du ciel israélien aux compagnies low cost va permettre la captation de nouveaux publics qui n’ont pas forcément les moyens de se payer un hôtel 5 étoiles. J’ai évoqué la question avec les responsables du groupe Accor, leader de ce marché en France.

Propos recueillis par Sarah Akoun

HOMMAGE À LIONEL BOBOT DIRECTEUR DE L’ÉCOLE HÔTELIÈRE VATEL À TEL-AVIV Le 13 juillet, près de 500 personnes ont assisté aux obsèques de Lionel Bobot, disparu tragiquement et brutalement dans la nuit du 11 au 12 juillet.

Personnalité attachante et rayonnante, Lionel Bobot était un professionnel aimé et apprécié de tous. Originaire de Toulouse, ancien des EEIF, Lionel Bobot avait décroché un doctorat à Aix-Marseille en partenariat avec l’ESSEC et un post doctorat à Harvard. Après 6 ans chez Yoplait, il avait intégré en tant que professeur la Chambre de Commerce de Paris (ESCP, Negocia, HEC) et enfin le Groupe Vatel pour diriger l’école de Tel Aviv. Spécialiste de l’économie et des échanges entre la France et Israël, Lionel Bobot n’avait que 43 ans. Il laisse derrière lui une femme et trois enfants, mais aussi toute une promotion désemparée.

« ON LE CONSIDÉRAIT COMME LE PÈRE DE VATEL » (CHLOÉ BENAMRAM, ÉLÈVE DE VATEL)

« Il n’était pas un simple directeur pour nous. On le considérait comme le père de Vatel. Son enthousiasme, sa conviction dans l’avenir de l’hôtellerie en Israël, son humanisme, sa gentillesse et sa croyance en nous, m’ont poussé à faire partie de cette nouvelle aventure, lors de l’ouverture de l’école.

Chaque moment de son temps nous était consacré. Il suivait nos histoires, nos problèmes. Quand on lui parlait, on avait foi en notre avenir et en notre réussite. Sa disparition est un grand malheur pour tous ceux qui l’ont connu car sa bonté, sa générosité, son optimisme, son amour des autres étaient uniques. Première élève de Vatel Tel Aviv, je serai marquée à jamais par ce grand Monsieur. La réussite de ma vie professionnelle lui reviendra.»

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

39

Initiative du Keren Hayess ce ballon a été transporté durant toute laod,manife station par les militants

mo yessod avec Shi Ha en er K l du Le dîner annue

n Peres

300 mm

Mezourszaeillais Pose derelaaux ma bu les dans

Dev Le Keranent

Dans le superbe cadre du

© ALAIN AZ

RIA

RETOUR EN IMAGES

visite à Sarcelles en ial nd mo od ss nvier eren Haye Délégation du Kapres les attentats de ja

Soirée News & Music, Sharon Laloum chante pour Lyon Shimon Peres interviewé par Michaël Boumendil

Richard Prasquier et Shimo lo du KerrsendeHalayegrssande soireéen Peres od, décembre 2014

Shimon Peres avec Judith Oks

Thierry Teboul et Géraldine Zermati avec Frank Melloul lors de la soirée de gala niçoise en mars 2015

40

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

Ca swingue à Marseill

e!

l’Hy Hayepessrcodacsoher us

M ique avec chanusteus Rif f Cohen, co-isra Soirée eàfrNan élie ice, ma rs 2015nne.

le choc

Judith Mergui à Nic

e, juin 2015

smaout 2015

Judith Oks, lors de la cérémonie deYom Haat

ith Mergui...

Les Strasbourgeois avecauJud ignet ! po et leur fil bleu

du Pradet, juin 2015

Devant les studios de J24 news (mission, novembre 2014)

Jazz and Wine à Lyon en

ebban, loMrs usdeic Alain SN s& ée ir la so n,ew à Lyo juin 2015

mars 2015

Vente aux chères orga nisée par la division en féminine, juill et 2015

Soirée de gala à l’hôte l intercontineà Marseille, ntal, mars 20 15

L’équipe de la division féminine, juillet 2015

monie n de Judée,enlorsFradenclae, céré ées par le Lioeur et 2015 juill Récompensl’Am ël sra d’I bassad de départ de

CULTURE

42

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

CULTURE HOMMAGE

ALLON LEV :

LE KEREN HAYESSOD AU CŒUR

s Avec Jean Lis ilippe és d’Olivier Ph h Lev entour de toujours Allon et Judit m, militants ka Na Jo de (à gauche) et

Comme son nom l’indique, Allon Lev est d’abord un homme de cœur (Lev, signifie cœur en hébreu). Comme son prénom le signifie également, Allon, chêne en hébreu, est aussi solide et majestueux que l’arbre, puisant sa force dans ses racines, qu’il a souhaité partager tout au long de sa vie.

Directeur général du Keren Hayessod France, Allon Lev vient de prendre sa retraite après 33 ans passés au Keren Hayessod, en France, en Belgique et à Jérusalem où il a également occupé le poste de directeur général-adjoint mondial du Keren Hayessod-Appel Unifié pour Israël. Le 7 septembre dernier, ses amis, militants et professionnels du Keren Hayessod se réunissaient pour lui rendre hommage. Verbatim.

David de Rothschild, Anna Prasquier, Allon et Judith Lev

Richard Prasquier, Yoan Smadja et Greg Masel

Allon et Judith Lev avec Pierre Haas

Avec Judith Oks

RICHARD PRASQUIER

DAVID DE ROTHSCHILD

PRÉSIDENT DU KEREN HAYESSOD FRANCE L’envoyé, le shaliah est un personnage capital dans le monde juif… Allon a été un shaliah exemplaire. Lors de ses missions effectuées en France, il a été unanimement admiré, respecté pour son professionnalisme d’un côté, mais aussi pour ses qualités humaines. J’ai rencontré Allon, il y a 28 ans quand nous étions au Comité 40 de l’AUJF. L’une des raisons pour lesquelles j’ai voulu m’impliquer dans l’aventure de la recréation du Keren Hayessod en France est la présence d’Allon.

EX-PRÉSIDENT DE L’APPEL UNIFIÉ JUIF DE FRANCE Vous donniez toujours le sentiment aux bénévoles qu’ils étaient importants, avec un art extraordinaire de minimiser votre rôle, et chaque fois que les choses se passaient bien, vous donniez le mérite aux autres. On finissait par y croire ! C’est ça votre force. Vous êtes un très grand professionnel, extraordinairement structuré, impliqué et travailleur, très efficace et très modeste.

Je veux dire ici tout le plaisir que j’ai eu de cohabiter avec vous !

PIERRE HAAS MILITANT AU KEREN HAYESSOD FRANCE Depuis 30 ans, j’ai pu apprécier tes qualités humaines, de cœur, et aussi tes qualités professionnelles, tes qualités de manager. J’ai connu un Allon toujours disponible, donnant l’impression à la personne qu’il avait en face de lui, que tout d’un coup, elle était devenue la personne la plus importante du monde. En 18 mois, tu as créé un Keren Hayessod qui, aujourd’hui, est une institution épanouie, qui réussit. Tu as su passer le témoin à un homme que tu as choisi, de la nouvelle génération, et qui a déjà montré toute sa compétence.

JUDITH OKS VICE-PRÉSIDENTE DU KEREN HAYESSOD Je te considère comme notre grand frère.

Tu nous as montré le chemin, comme seul toi sais le faire...

YOAN SMADJA NOUVEAU DIRECTEUR GÉNÉRAL DU KEREN HAYESSOD FRANCE Tout ce que je sais de ce métier, je l’ai appris de lui…

Je vais à mon tour tenter de renforcer Israël et le peuple juif, tenter de succéder à Allon.

GREG MASEL DIRECTEUR GÉNÉRAL MONDIAL DU KEREN HAYESSOD On dit généralement que Shimon Peres représente toute l’histoire de l’État d’Israël. Je peux dire qu’Allon Lev représente toute l’histoire du Keren Hayessod. Allon, tu as été le bouclier qui a emmené le respect, la fidélité, le leadership qui a permis la reconstruction du Keren Hayessod en France et pour ça, nous te devons beaucoup.

Toda Raba de ton mon cœur à Allon et Judith ! Le Keren Hayessod et l’État d’Israël sont devenus meilleurs grâce à vous !

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

43

CULTURE

La fuite : bri’ha

L’ALYAH : Ce texte est dédié en hommage amical à SE Yossi Gal, qui vient de terminer sa mission d’ambassadeur d’Israël en France et dont une récente interview évoquait la dichotomie bri’ha et be’hira (la fuite et le choix).

LA FUITE OU LE CHOIX? Par Richard Prasquier La discussion sur l’alyah traverse aujourd’hui beaucoup de familles juives de France. Le Keren Hayessod, partenaire essentiel de l’Agence juive, ne peut évidemment l’ignorer, mais nous emprunterons cette fois la voie buissonnière de la vie des mots pour aborder une décision qui engage l’avenir.

Alyah signifie « montée ». Aujourd’hui, la plupart des olim « montent » dans un avion qui les amène vers le haut, (« el al »), pour arriver en Israël. On connaît le surnom « tapis volant », de l’alyah des Juifs du Yemen. Mais pendant des siècles on est venu en Eretz Israël par la mer ou par la terre. Le souvenir ne doit pas nous quitter de ces navires qui, par centaines, tentèrent (alyah beth) de forcer le blocus institué par le « Livre blanc » britannique, avant, pendant et après la seconde guerre mondiale. Souvenir du Struma, abandonné par les Turcs dans la mer Noire où il fut coulé par une torpille soviétique en décembre 1941 ; souvenir, bien sûr, de l’Exodus en juillet 1947, mais aussi des autres : après la fin de la guerre et jusqu’au 28 avril 1948, 15 jours avant la déclaration d’Indépendance, près de 100 000 survivants de la Shoah tentèrent au cours d’environ 140 voyages clandestins de forcer le barrage britannique ; la plupart furent arrêtés et envoyés à Chypre dans des camps de détention, certains furent tués.

Pour qui venait à Jérusalem de Jaffa ou des déserts de l’est, la « montée » avait un sens physique, comme le terme « alyah » l’a encore d’ailleurs aujourd’hui. Mais c’était déjà le sens métaphorique d’élévation spirituelle qui prédominait. Aujourd’hui un « ilouï » est un individu supérieur, et un spectacle « méoulé », un spectacle exceptionnel.

Pourtant, absent de la Thora, le mot « alyah » ne décrit dans la Bible, de façon très matérielle, que la chambre haute des habitations. C’est là que le juge Ehoud ben Guera, le gaucher, plonge son épée dans le ventre proéminent de Eglon, roi de Moab.

Ou bien, c’est le Psaume 104 qui cite les « demeures élevées » de l’Éternel. Une exception, mais elle est de taille, celle du dernier mot du deuxième livre des Chroniques, attribué au roi Cyrus qui autorise (-538) les Judéens à retourner vers leur terre : « que l’Éternel soit avec lui, qu’il monte » (« veyaal »).

Les quatre lettres en hébreu du mot Ahava, qui signifie Amour.

44

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

CULTURE

Le choix : be’hira

En dehors même de la formule de « l’alyah à la Thora », les références à l’alyah au sens moderne sont bien présentes dans la littérature rabbinique ; la terre d’Israël était le seul lieu où certaines Mitzvot (celles de la Chemita, par exemple) pouvaient être effectuées.

Nachmanide (Ramban) décida en 1267 de faire son alyah dans une Jérusalem alors vidée de sa population juive. Ce fut une alyah de choix (be’hira), mais aussi alyah de fuite (bri’ha) car ses ennemis le persécutaient depuis sa victoire intellectuelle lors de la fameuse Disputation de Barcelone.

Le caractère trilittère de l’hébreu, propre aux langues sémitiques, permet des jeux de lettres fascinants : une permutation entre le heth et le resh transforme la fuite (bri’ha, verbe livroa’h) en choix (be’hira, verbe liv’hor).

La Bri’ha, au sens historique restreint (à ne pas confondre le heth avec le kaf au sens d’agenouillement ou de la bri’ha au sens de bassin) est un épisode poignant de l’histoire du sionisme. À la fin de la seconde guerre mondiale, les survivants revinrent souvent vers leur lieu de naissance pour découvrir que non seulement ils n’étaient pas bienvenus, mais que leur retour déclenchait une flambée de haine aggravée par la crainte des spoliateurs qu’ils ne veuillent récupérer leurs biens. En Pologne © KEREN HAYESSOD / ISRAËL SUN / ARCHIVES SIONISTES CENTRALES notamment, fréquents furent les assassinats commis alors contre des Juifs qui avaient eu le tort de ne pas être morts. Le plus connu fut le massacre de Kielce en juin 1946. Certains, notamment des héros de la résistance juive comme Abba Kovner et Antek Zukierman, organisèrent avec l’aide des organisations sionistes des filières d’évasion depuis l’Europe centrale jusqu’à la Méditerranée pour fuir vers la Palestine sous mandat britannique, dont l’entrée était toujours fermée aux Juifs : cette alyah de Bri’ha vint se confondre avec l’alyah beth (illégale), active depuis les années d’avant-guerre.

Quant à la be’hira, c’est donc le choix, choix divin (acher ba’har banou), ou choix humain (concurrencé par miv’har pour la vie quotidienne...). Dans la Nekudas Habe’hira, au début du XXe siècle, le Rabbin Eliyahu Dessler décrit le libre arbitre comme un point d’adéquation, variable selon les individus, entre leurs habitudes passées et leur situation présente, entre les pulsions des profondeurs et l’analyse rationnelle du réel, faisant qu’il est toujours possible de faire « un » choix, qui que l’on soit et où que l’on soit.

L’alyah est un choix existentiel à double étage. Pour qui décide de quitter son pays d’origine, les alternatives à Israël existent, dans un monde où les frontières nous sont moins fermées qu’elles ne l’étaient dans le passé. Mais la décision du départ est très souvent aussi le produit d’une angoisse par rapport à l’avenir.

Ce n’est pas une question de vie ou de mort, devant laquelle la fuite serait le seul choix raisonnable. Non, nous ne sommes pas dans l’Allemagne nazie ou dans la Pologne d’après-guerre. Mais cela ne signifie pas que la situation ne soit pas préoccupante.

OCTOBRE 2015 NUMÉRO 2 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

45

CULTURE

Né en Algérie, Denis Charbit a grandi à Paris entre les bancs de l’école de la République et les salles de spectacle, car c’est un passionné de théâtre. Ses parents sont « montés » en Israël après les vicissitudes de la Guerre du Kippour. Après son service militaire, il entreprend des études supérieures de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il est marié et père de quatre enfants. Depuis 2002, il est professeur à l’Université ouverte d’Israël. Ses recherches sont axées sur le sionisme et l’histoire politique d’Israël, sur les rapports entre l’Église et l’État mais aussi sur les intellectuels français. Il publie en France sur Israël, et en Israël sur la France. Dernièrement il a édité en hébreu les Chroniques algériennes d’Albert Camus, augmentées d’un essai introductif pour présenter au public israélien la guerre d’Algérie et les attitudes dans le champ intellectuel et politique à cette époque.

Son dernier essai, « Israël et ses paradoxes », est aussi brillant que controversé. Son texte prend comme postulat de départ 18 clichés sur l’État hébreu, méthodiquement analysés, déconstruits et nuancés afin de tenter de s’approcher au plus près de la réalité israélienne. Ni État voyou, ni État parfait exempt de critiques, Israël ne mérite pas « l’anathème » dont il fait l’objet, nous dit Denis Charbit, qui prône le « juste milieu » : un exercice parfois difficile.

46

SORTIR DES PASSIONS POUR COMPRENDRE ISRAËL INTERVIEW

Israël et ses paradoxes est une déconstruction particulièrement éclairante des clichés qui, depuis toujours, circulent sur l’État hébreu. Pourquoi et dans quel contexte l’avez-vous écrit ?

Formellement, j’ai répondu à la demande de mon éditrice qui souhaitait intégrer un volume sur Israël dans sa collection « Idées reçues ». Son postulat : éclairer un sujet à partir des préjugés qui l’entourent. Il est vrai – même si ce n’est pas depuis toujours – que des idées reçues favorables et bienveillantes sur Israël ont cédé la place à des préjugés défavorables et malveillants. J’ai donc accepté les contraintes de la collection et cherché à cerner la réalité israélienne en partant de 18 idées reçues qui touchent à la société et à la politique israéliennes (le poids de l’armée, de la religion, de la Shoah, le clivage séfarade-ashkénaze), à la gestion du conflit israélopalestinien (colonisation, apartheid, Jérusalem, intransigeance), et enfin aux relations qu’entretient Israël avec les États-Unis, la France, les instances internationales et la diaspora. Mon approche a délibérément veillé à éviter la polémique : je n’ai cherché ni à nier ni à accepter en bloc ces idées reçues, mais d’abord à les prendre au sérieux. Intellectuellement parlant, l’anathème sur Israël est inadmissible, mais je ne crois pas que la réponse la plus adéquate soit de brandir la perfection d’Israël. Sortir des passions et choisir l’exigence de l’entredeux, tel est le pari qui préside à ce livre.

300 mm

© SÉBASTIEN LEBAN

DENIS CHARBIT

Comment cet ouvrage a-t-il été reçu ?

Ce livre n’est pas fait pour satisfaire les ultra-sionistes et les antisionistes, qui n’aiment du livre que ce qui conforte leurs positions mais rejettent violemment ce qui n’est pas conforme à leur dogme. Un tel discours sur Israël est-il possible ? Je le crois, je l’espère. Il mérite en tout cas d’être entendu pour sortir du « dialogue de sourds » qui résulte du prétendu débat sur Israël. À contre-courant de la tendance médiatique du moment, je me suis donné pour mission de fournir avec honnêteté et pédagogie les pièces du dossier de la manière suivante : Israël pratique l’apartheid ? Tels sont les arguments de ceux qui le prétendent. J’apporte alors les réfutations de ceux qui s’indignent de cette affirmation. Enfin, j’interviens, en fonction des données, et propose le « juste milieu », qui a si mauvaise presse. À Bruxelles, je suis parvenu à réunir un antisioniste juif et un sioniste de droite à la même table pour parler du livre. Serait-ce possible en France ? À ce jour, personne n’a relevé le défi !

Propos recueillis par Céline Lévy

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

DENIS CHARBIT ISRAËL ET SES PARADOXES COL. « IDÉES REÇUES » ÉDITIONS LE CAVALIER BLEU - MARS 2015 PRÉFACE D’ÉLIE BARNAVI 320 PAGES

© PROCHASSON FREDERIC

L’IMMOBILIER À LYON

Fernand Galula PROMOTEUR / MARCHAND DE BIENS

194 BIS, RUE GARIBALDI 69003 LYON

T 04 78 37 12 04 F 04 78 82 71 95

fernand.galula@immogal.fr