IWACU 573

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IWACU N°573 – Vendredi 6 mars 2020 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Domitien Ndayizeye

Locomotive de Kira-Burundi ?

ÉCONOMIE

SÉCURITÉ

AU COIN DU FEU Avec

Projet de loi des Finances publiques jugé irréaliste

Bujumbura rural : amalgame entre « criminels armés » et Inyankamugayo

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Jean Patrick Bimenyimana Serukamba alias Mudibu

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LA DEUX

Vendredi, 6 mars 2020 - n°573

Editorial

Sur le vif

En coulisse

Extraction du coltan à Ntega Selon le ministre de l’Energie et des Mines, la société Ntega Mining Burundi qui va exploiter le Coltan et les minerais associés dans les commune Ntega, Marangara et Vumbi en province Kirundo sur 31 390 ha, bénéficiera du soutien du gouvernement. Lancé mardi 3 mars, la production attendue est de 2 464 293 tonnes en 12 ans et le permis d’exploitation s’étend sur 25 ans.

En route pour l’ « onction populaire »

Ange-Ketty Dusenge, la styliste burundaise,

P

our avoir remporté, samedi 29 février, le prix de Young Entrepreneur Award, en Russie.

Plus de 5000 tonnes de riz chinois pour les vulnérables

Par Léandre Sikuyavuga Directeur des rédactions

L

En hausse

a future bataille électorale se précise de plus en plus : des personnalités indépendantes ou représentant des partis politiques et une coalition ont déposé leurs dossiers de candidatures à l’élection présidentielle prévue le 20 mai prochain à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Le deadline était fixé ce 5 mars. Une caution de 30 millions de francs burundais, pour la campagne, a été déposée par chaque candidat à la Banque centrale. La Ceni annoncera le 10 mars la liste définitive de ceux qui vont entrer en compétition pour bénéficier de l’« onction populaire ». Ce droit qui confère au président l’autorité et le prestige qui lui permettent d’incarner le pouvoir qu’il peut exercer avec la confiance du peuple. Ce qui est sûr, c’est que dans l’histoire contemporaine du Burundi, c’est la première fois que l’on vient d’atteindre un nombre aussi élevé des aspirants à la magistrature suprême qui rentrent en lice. Les mauvaises langues parlent de « pléthore de candidats. » Cet engouement à la course présidentielle suscite des interrogations sur sa motivation, ses mobiles. Ambitions, patriotisme, spéculation politique, positionnement, ou l’envie de sortir de l’anonymat ?... Les réseaux sociaux donnent l’illusion à quelqu’un qu’il est écouté, apprécié, idéalisé. Alors qu’au fond, on ne parle qu’à soi-même ou qu’aux gens qui vous côtoient, vous ressemblent. J’ose espérer que ce n’est pas cela. Il faut rêver grand et ils y croient. Et c’est leur droit. Je me permets juste quelques observations. La Ceni, organe régulateur, devra respecter le principe de la liberté de candidature aux élections présidentielles. Il ne faudra pas qu’il y ait des restrictions visant à écarter des « candidatures gênantes. » Ce qui pourra avoir pour conséquence la frustration des candidats écartés et pouvant engendrer des tensions inutiles. Etre un arbitre neutre et impartial. Les candidats devraient à leur tour connaître et respecter les règles du jeu, accepter surtout le verdict des urnes. Au Burundi, élection rime avec contentieux. On parle de hold-up électoral, qualifiant le vainqueur d’imposteur et /ou d’usurpateur. Ceci génère la confrontation aux conséquences néfastes et incontrôlées. Les Burundais en ont assez. Il faudra que l’élu du peuple, champion de la compétition démocratique, le sacré du suffrage universel soit doté d’une légitimité indiscutable. Devenant ainsi un leader responsable et redevable au peuple. Ce qui lui donnera une respectabilité nationale et internationale.

Sur base d’un mémorandum d’entente signé, mercredi 4 mars, avec le ministère des Droits de l’Homme, Genre et Affaires sociales, l’ambassade de Chine au Burundi a procédé à la remise d’une assistance humanitaire, bouclant une période de trois années consécutives, de trois lots de plus de 5000 tonnes de riz pour aider les vulnérables.

Désormais, l’Université du Burundi à Buhumuza L’Université du Burundi a ouvert son nouveau « campus Buhumuza » en province Cankuzo, mardi 3 mars. Ce campus abrite l’institut d’administration et de cartographie foncière. L’année académique 2019-2020 commence avec plus de 100 étudiants.

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga Directeur adjoint des Rédactions : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa Economie : Pierre-Claver Banyankiye

En baisse

Certains Imbonerakure de Gisuru,

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our avoir tabassé, dimanche 1er mars, le député Pascal Bizumuremyi, à Gisuru, province Ruyigi.

ANNONCE

Sécurité : Fabrice Manirakiza Edouard Nkurunziza Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société: Clarisse Shaka Jérémie Misago Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

AVIS DE RECRUTEMENT COPED, en collaboration avec INTERCONTACT SERVICES, recrute trois (03) collaborateurs : Un(e) Agronome, justifiant d’une expérience d’au moins 5 ans en qualité de Premier Responsable dans la gestion des projets financés par les bailleurs de fonds, Un(e) Comptable de niveau licence (au minimum) justifiant d’une expérience d’au moins 5 ans dans la gestion financière des projets, et Un(e) chargé(e) des Services Généraux de niveau licence justifiant d’une expérience d’au moins 5 ans dans la gestion des procédures de passation de marchés, de la logistique, du charroi et du personnel. Les TdRS complets ainsi que la composition du dossier de candidature sont postés sur le site : www.intercontactservices.com dans la rubrique Offres d’emploi. Les candidats intéressés doivent obligatoirement soumettre leurs dossiers de candidature à travers les liens suivants, avant 13 mars 2020 à 23:59, heure de Bujumbura. Agronome : http://cv.intercontactservices.com/Accueil/postuler_acceuil/ PO-7E43 Comptable : http://cv.intercontactservices.com/Accueil/postuler_acceuil/PO-98A5 Chargé(e) des Services Généraux: http://cv.intercontactservices.com/Accueil/postuler_acceuil/PO-A5B9

Un chiffre

1516,4 milliards BIF est le budget général de l’Etat pour l’exercice 2020/2021.

Source : Ministère des Finances Publiques

Une pensée

« Les différentes tendances des différents partis amènent le désordre. » Benjamin Franklin

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L'ÉVÉNEMENT

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Kira-Burundi, la coalition qui fait pschitt ? Lundi 2 mars, Kira-Burundi a présenté l’ancien président de la République, Domitien Ndayizeye, comme candidat à la présidentielle. Retour sur les péripéties d’une coalition.

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e candidat devrait avoir la capacité de fédérer les forces de l’opposition, rassembler les Burundais autour des valeurs du changement, avoir une force d’organisation dans le pays. Il faut aussi qu’il ait une expérience politique et managériale. Nous avons délibéré et, enfin, son excellence Domitien Ndayizeye est désigné candidat de la coalition KiraBurundi en vue de la présidentielle du 20 mai 2020 », a indiqué Aloys Baricako, président de cette coalition, sous les applaudissements. Pour lui, ce candidat remplit tous les critères exigés et a des chances d’être élu. Aloys Baricako a expliqué, en outre, que le candidat a été désigné par consensus sans élections préalables. « Tous les leaders des partis membres de la coalition étaient en lice et même ceux qui ne sont pas présidents des partis. Il était indispensable de trouver le plus expérimenté ». Selon lui, Domitien Ndayizeye répondait aux préoccupations sur les modalités de désignation du candidat après le départ du Cdp « pour violations des principes démocratiques ». Dans une interview exclusive accordée à Iwacu le mois dernier, l’ancien président avait écarté toute idée de candidature. « Je me sens vieux maintenant pour l’exercice du pouvoir et, à mon âge, devrais-je plutôt penser à ma sortie de ce monde », avait-il déclaré avec un éclat de rire. Un revirement ? Faux, rétorque M. Ndayizeye. « La situation prend une autre tournure vu que la coalition m’a délégué pour la représenter. Même si j’ai dit que je préparais mon départ, je peux rester 10 ans, 15 ans et même plus. Le contexte actuel ne me permet pas de prétendre à une bonne fin compte tenu de la situation qui n’est pas de bon augure. Je pense que la meilleure façon de préparer ce départ, c’est que moi-même je puisse contribuer à faire évoluer les choses ». Aloys Baricako a fait savoir que d’autres partis souhaitent intégrer leur coalition sans les nommer. Pour en être sûr et les rendre publics, a-t-il dit, il faut qu’ils déposent leurs correspondances au ministère de l’Intérieur conformément aux réglementations en vigueur.

pour rassembler », la formation politique s’était dite « prête à toute alliance » sans fournir le nom d’un candidat à la présidentielle. S’exprimant à cette occasion, l’ancien chef d’Etat, Domitien Ndayizeye, avait soutenu les alliances pour deux raisons. D’une part, il avait estimé qu’il faut galvaniser les forces des partis politiques ayant une même vision. D’autre part, pour l’ancien président du Burundi et président du conseil des sages du parti, les alliances éviteraient les scissions au sein des partis politiques. Au sujet du futur candidat, Domitien Ndayizeye avait fait savoir que « le conseil des sages ne s’est pas encore penché sur la question». Interrogé sur le choix de son parti de ne pas présenter un candidat, Aloys Baricako avait indiqué que sa formation politique avait décidé de participer aux élections étant en coalition, non pas parce qu’il sousestimait sa force, mais « pour affronter ensemble avec les autres partis les défis auxquels fait face le Burundi ». Sans manquer d’ajouter que le Ranac va composer avec les partis politiques qui partagent sa vision. Par ailleurs, le président du Ranac avait fait savoir qu’il attendait la formation d’une coalition pour dévoiler le futur candidat à la présidentielle. « Nous avons voulu élargir les possibilités car d’autres partis peuvent avoir de bons candidats ».

Et Kira-Burundi montra le bout de son nez La coalition annoncée apparut quelques jours à peine après le

Domitien Ndayizeye : « Même si j’ai dit que je préparais mon départ, je peux rester 10 ans, 15 ans et même plus. »

congrès tenu par le Ranac. Le 19 février, quatre partis politiques ont annoncé officiellement la formation de la coalition KiraBurundi. « Conscients que l’union fait la force, plus que tout, partageant les mêmes idéaux, nous avons compris qu’à plusieurs, nous pouvons accomplir beaucoup de choses », avait déclaré Aloys Baricako après la formalisation des procédures d’enregistrement au ministère de l’Intérieur de cette coalition constituée par les partis Ranac, Fedes-Sangira, Pajude et CDP. Baricako avait fait savoir que le fait de partager les mêmes idéaux a été le déclic pour la formation de cette coalition. « L’autre chance, c’est que dans leurs projets de société, tous ces partis comprennent que le rassemblement peut aider dans l’exercice du pouvoir ». En lice pour les élections présidentielles, législatives et communales, il avait aussi indiqué que les listes sont déjà disponibles et appelé quiconque le désirait, par-

ticulièrement les indépendants, à faire front avec eux. « Tout le monde est le bienvenu ». Interrogé sur le candidat de cette alliance à la présidentielle de mai 2020, il avait expliqué que le moment n’était pas encore venu, précisant que le nom de celui-ci sera « communiqué prochainement ».

Jérémie Ngendakumana, candidat avorté de KiraBurundi ? Le 23 février, c’est la surprise. La coalition qui devait présenter son candidat aux présidentielles au terme d’un congrès annonce que la tenue de celui-ci n’aura finalement pas lieu. Plusieurs sources au sein du parti ont révélé à Iwacu que l’absence de Jérémie Ngendakumana, bloqué à Kampala avec ses compagnons, est à l’origine de la non tenue de ce congrès. « C’est regrettable que le gouvernement se montre hostile à la désignation de cet ancien chef du Cndd-Fdd comme candidat à la présidenti-

Le Cdp claque la porte de Kira-Burundi

Ranac, parti sans candidat Réunie en congrès, le 15 février, à Bujumbura sous le thème « Rassembler pour gagner, gouverner

elle pour le compte de la coalition Kira-Burundi en ne l’autorisant pas à rentrer au pays », s’étaient plaint les sources contactées. Questionné sur ces révélations, Aloys Baricako, président de cette coalition, s’est montré évasif. N’ayant ni confirmé ni infirmé les informations faisant état de la candidature de Jérémie Ngendakumana au nom de cette coalition, il a préféré déclarer que sa coalition « attend plusieurs partis qui aspirent à rejoindre notre coalition. Nous ne pouvons pas les laisser derrière ». Et d’ajouter que les noms de ces partis seraient communiqués à la presse ultérieurement après dépôt des documents requis au ministère de l’Intérieur. L’ancien secrétaire général du parti CNDD-FDD, Jérémie Ngendakumana, avait déclaré dans une interview à Iwacu qu’il rentrait au Burundi pour participer aux élections avant d’être bloqué avec ses compagnons à Kampala. L’ambassade du Burundi en Ouganda avait refusé de leur octroyer des laissez-passer.

Aloys Baricako (à droite) et Anicet Niyonkuru présentant l’insigne de la coalition Kira-Burundi.

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La volte-face du conseil des patriotes (Cdp) s’est produite le 27 février, une semaine après la mise en place de la coalition. « Le Cdp s’insurge contre l’imposition d’un candidat contrairement au principe de désignation convenu qui devrait passer par des élections. Certains membres de la coalition ont voulu nous imposer le nom d’un candidat », a affirmé Sébastien Ntahongendera, secrétaire général de ce parti à l’issue d’une conférence de presse. Selon lui, les militants du Cdp ont contesté cette proposition. « Avons-nous ainsi été obligés de


L'ÉVÉNEMENT

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prendre nos responsabilités », a-t-il dit avant de dénoncer une « incohérence idéologique » qui caractériserait les partis membres de la coalition KiraBurundi. Néanmoins, ce leader politique s’est gardé de dévoiler l’identité de « ce candidat imposé ». Il a fait savoir que son parti avait décidé de prendre part au scrutin en solo : « Le Cdp présente officiellement Anicet Niyonkuru comme candidat à la présidentielle conformément aux clauses du congrès du 2 février.» Réagissant à cette défection, Aloys Baricako, président de la

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coalition Kira-Burundi, s’était dit étonné par le départ inopiné du Cdp « sans même présenter un acte officiel de retrait. » Il a dénoncé une « fuite en avant pour des intérêts inavoués» en prenant le contrepied des accusations faisant état d’une quelconque imposition de candidature : « La convention générale dont le Cdp est signataire est claire sur la question. La désignation d’un candidat se fait par consensus au sein d’un collège des leaders. Une médiation est préconisée en cas de contestation.» Alphonse Yikeze

Sébastien Ntahongendera (au milieu) : « Le Cdp présente officiellement Anicet Niyonkuru comme candidat à la présidentielle.»

Et l’opposition molle fut Préférer l’ancien président Domitien Ndayizeye au champion du CNL interroge. Stratégie de rejet de la tendance de fond de bipolarisation de la vie politique burundaise pour jouer les faiseurs de roi au second tour de la présidentielle? Un tel scénario est une vue de l’esprit sous les cieux des régimes hybrides et régimes totalitaires, tant le vainqueur des urnes est toujours plébiscité. Le second tour pour rassembler large autour de sa candidature est une réalité observable dans les pleines démocraties et les démocraties imparfaites. Tourner les talons au label ‘’opposition véritable’’ prive le Premier vice-président de l’Assemblée nationale de faire le plein des voix de l’opposition. Le président de la République de la deuxième partie de la Transition chassera sur les terres de l’opposition. Au demeurant, ce choix de la coalition Kira-Burundi crédibilise le scrutin présidentiel. Primo, il participe

à cette impression de son ouverture. Secundo, avec un ex-chef d’Etat au franc-parler, issu d’un parti fer de lance de l’opposition, exit le soupçon d’avoir viré de bord pour devenir un candidat-marionnette à la solde du système DD. Encore moins probable une piqûre de rappel d’une candidature ex-nihilo. Ranac, Fedes-Sangira et Pajude, ses partis animateurs, ne sont pas des formations politiques qui peuvent souffrir la comparaison avec le Cndd-Fdd ou le CNL en termes de représentativité. Et partant leurs forces de frappe financière pour mener à bien la prochaine campagne présidentielle - budgétivore, s’il en est - s’en trouvent amoindries. Du reste, pas de Mike Bloomberg (9e fortune mondiale, selon le classement Forbes 2019, qui s’est retirée de la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine de novembre prochain) parmi leurs

rangs, susceptible de signer un chèque en blanc puis de lâcher, dans l’hypothèse d’un résultat inférieur à 5% à la présidentielle - seuil constitutionnel pour restituer la caution présidentielle - cette réplique pleine de superbe : « C’est sans effet ! » Le choix de la cohérence politique dans le soutien au président du CNL, Agathon Rwasa, épargnerait KiraBurundi de racler les fonds de tiroir pour une candidature dont l’enjeu se limitera à franchir la barre des 5%. Et partant relèverait de la rationalité économique : un investissement mesuré pour un gain plus que possible. Aligner son propre candidat à la présidentielle ouvre la voie à une opposition molle, nouvelle nuance entre une vive opposition radicale et une fade opposition complaisante sur l’axe politique de l’opposition.

Guibert Mbonimpa

POLITIQUE

Elections 2020 : Le parti Uprona partira seul aux élections Le candidat de l’Uprona, Gaston Sindimwo, a déposé son dossier de candidature auprès de la CENI, mercredi 4 mars. Il en a profité pour appeler les Burundais à la tolérance et à l’unité à l’occasion des élections prochaines.

L

’Uprona est prêt à jouer son rôle de leader pour asseoir la démocratie tel que le prince Rwagasore l’entendait », a déclaré Gaston Sindimwo, Premier viceprésident de la République et candidat de l’Uprona à la présidentielle, après avoir déposé son dossier à la Commission électorale. Interrogé sur sa plus-value en cas d’élection par rapport à son actuelle fonction de Premier vice-président, M. Sindimwo a répondu qu’il n’avait aucune latitude à accomplir ses projets pour le pays en tant que Premier vice-président. « Ma tâche consistait essentiellement à mettre en œuvre le programme

Gaston Sindimwo : « J’aspire à être élu pour rendre des comptes pour mes actions propres, pas pour celles des autres ! »

du parti Cndd-Fdd qui avait gagné les élections. C’est pourquoi j’aspire à être élu pour rendre des

comptes pour mes actions propres, pas pour celles des autres ! » Gaston Sindimwo a aussi révélé

que son parti ne formera pas d’alliance avec d’autres partis politiques. « Nous sommes con-

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vaincus de remporter le scrutin. Donc, nous n'avons fait le pari de prendre part à ces élections que sous la casquette du parti Uprona. Nous ne comptons que sur le soutien des Burundais qui, nous l’espérons, adhèreront au projet de l’Uprona et feront ainsi que celui-ci gagne les élections». Pour finir, le candidat du parti du héros de l’indépendance a appelé les Burundais à la tolérance et à l’unité surtout en cette période électorale. «Nous demandons aux Burundais de cohabiter harmonieusement dans leur diversité politique, d’être libres dans le choix des candidats qu’ils veulent à la tête du pays, de sauvegarder la paix et d’être conscients qu’après le scrutin, la vie continue ! » La journée de ce mercredi 4 mars 2020 était chargée à la Ceni. Après le Premier vice-président, c’était le tour de Dieudonné Nahimana, un jeune pasteur, candidat indépendant à la présidentielle et de Francis Rohero, un autre candidat indépendant au même fauteuil. Alphonse Yikeze


ÉCONOMIE

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Budget 2020/2021

Projet de loi des finances publiques décrié L’exécutif a annoncé un arsenal de stratégies pour financer le Budget général 2020/2021. Pour Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, le gouvernement approuve un budget sans tenir compte des problèmes auxquels font face les citoyens. Et d’enfoncer le clou, le contexte économique avancé ne reflète pas la réalité.

L

e Conseil des ministres s’est réuni du 26 au 27 février 2020. Parmi les huit principaux dossiers, le projet des Finances Publiques était en tête de liste. « De nouvelles mesures seront prises en vue d’élargir l’assiette fiscale, lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, renforcer le recouvrement des arriérés, et maîtriser les exonérations. », a déclaré, Prosper Ntahorwamiye le secrétaire général du gouvernement et porte-parole du gouvernement. Pour l’année budgétaire 2020/2021, qui commence au mois de juillet 2020, les ressources totales du budget général de l’Etat sont estimées à 1.415,51 milliards de BIF contre 1.327,08 milliards de BIF pour l’exercice 2019-2020, soit une augmentation de 6,66%. A noter que les dépenses passent de 1516,4 milliards BIF en 2019/2020 à 1569,3 milliards BIF pour l’exercice 2020/2021, soit une hausse de 3,4%. Le déficit global du Budget Général de 2020/2021 s’élève ainsi à 153,8 milliards BIF contre 189,3 milliards BIF pour l’Exercice 2019/2020, soit une diminution de 35,5 milliards BIF. Selon le porte-parole de l’exécutif, ce projet de loi des Finances publiques tombe dans un contexte marqué par une reprise modérée de l’économie et par la poursuite de la politique budgétaire prudente et de priorisation dans la gestion du budget de l’Etat. Il tient à préciser que la politique budgétaire continuera à porter sur la mise en œuvre du Plan National de Développement 2018-2027. « C’est dans cet esprit que la préparation du budget 2020/2021 a été faite sur base des priorités envoyées par les différents ministères et institutions». Et de rappeler que ce budget finance les priorités retenues dans le Plan National de Développement 2018-2027, qui sont principalement les secteurs porteurs de croissance. Pour l’exercice 2020/2021, la politique de priorisation dans l’exécution du budget de l’Etat sera maintenue afin de bien contrôler et gérer toute activité

ou événement engageant les dépenses publiques.

Deux grandes priorités D’après lui, cette loi des Finances publiques promouvra les entreprises locales afin qu’elles puissent être plus compétitives sur les marchés extérieurs. Au niveau social, certaines mesures seront mises en œuvre. Ainsi, dans le souci de continuer à appuyer ses fonctionnaires même pendant la retraite, le gouvernement accordera une subvention représentant les dépenses liées aux tickets modérateurs de soins de santé à charge des retraités de l’Etat non couvertes par la Mutuelle de la Fonction publique. Pour Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, le gouvernement approuve son budget sans tenir compte des problèmes auxquels font face les citoyens. « C’est comme si la mauvaise gouvernance est ancrée dans la mentalité de nos dirigeants ». M. Rufyiri balaie du revers de la main le contexte économique introduisant ledit projet de loi. Affirmer qu’il y a une reprise modérée de l’économie, déploret-il, c’est nier que notre économie se trouve dans une situation

Prosper Ntahorwamiye : « De nouvelles mesures seront prises en vue d’élargir l’assiette fiscale, lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, renforcer le recouvrement des arriérés, et maîtriser les exonérations.»

très préoccupante et difficile. C’est indéniable, les devises sont rares. Les importateurs ne peuvent pas trouver sur le marché un montant suffisant de devises pour importer. L’enveloppe de paiement en espèces des importations a été amenuisée. En 2019 à 2020, elle passait de 40 à 5 mille dollars américains. En outre, le récent rapport de la BRB montre que les réserves en devises ne cessent de dégringoler. A cela s’ajoute le déficit chronique de la balance commerciale. Le Burundi ne dépend que du marché extérieur pour nourrir sa population. Au cours du premier semestre de 2019, le déficit de la balance commerciale s’estime à 597,7 milliards contre 513,6 milliards BIF à la même période de 2018, soit une détérioration de la

balance commerciale de 16,4%. De même, le taux de couverture des importations par les exportations connaît une détérioration d’environ 2,7 points en passant de 24,7% en 2018 à 21,9% en 2019.

la politique d’austérité est une ‘’mascarade’’ Par ailleurs, cet activiste dans le domaine de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption trouve que la politique d’austérité annoncée dans ce projet est une ‘’mascarade’’. « Les dépenses budgétaires ne cessent d’augmenter. Plus de 90% du budget finance le fonctionnement des services de l’Etat ». Pour Gabriel Rufyiri, élargir l’assiette fiscale confirme que l’Etat va continuer à affaiblir le pouvoir d’achat de la popula-

Gabriel Rufyiri « Les dépenses budgétaires ne cessent d’augmenter. Plus de 90% du budget finance le fonctionnement des services de l’Etat.»

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tion. « Ceci ne vient qu’empirer la situation déjà critique ». Le président de l’Olucome doute, par ailleurs, de la capacité du gouvernement de pouvoir maîtriser les exonérations et lutter contre l’évasion fiscale. Cette volonté n’est pas nouvelle. Elle est récurrente. Mais les résultats sont toujours décevants. «On observe depuis 2012 une violation de la loi budgétaire en matière des exonérations », explique, Gabriel Rufyiri. La loi des Finances prévoit 18 milliards de BIF d’exonérations. Mais, à la fin de chaque année, les exonérations accordées dépassent plus de 100 milliards de BIF. Gabriel Rufyiri estime que le recouvrement des arriérés ne peut pas constituer une ressource pour financer son budget pour deux raisons. D’un côté, les entreprises qui ne s’acquittent pas des impôts sont connues depuis des années. Le gouvernement n’a jamais saisi leurs biens ou leurs comptes bancaires toujours bien garnis. Pourquoi ? Leurs patrons sont influents. De l’autre, les arriérés seraient une ressource si le gouvernement n’était pas endetté. De surcroît, les arriérés représentent une enveloppe très mince par rapport aux dettes. Selon le rapport annuel de la BRB, la dette publique a augmenté de 13,5%, passant de 2.426,1 à 2.753,5 milliards de BIF. Cet accroissement a porté aussi bien sur la dette intérieure (+17,6%) que sur la dette extérieure (+4,8%). La dette publique totale représente 45,8% en 2018 contre 43,6% en 2017. Pierre Claver Banyankiye


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SÉCURITÉ

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«Attaque rebelle» à Bujumbura

«Criminels armés» et Inyankamugayo, bonnet blanc, blanc bonnet? La situation est tendue dans certaines communes de la province Bujumbura, après le passage, la semaine du 17 février, d’une trentaine de prétendus rebelles, exécutés pour la plupart. C’est surtout la peur dans les milieux des CNL, au lendemain d’une vague d’arrestations de certains militants. Des dizaines sont entrés en clandestinité…

C

’est une « véritable chasse », s’exclame un militant du CNL de la colline Kirombwe en commune Kanyosha. «Le cœur bat à rompre à chaque minute, à chaque seconde. Les palpitations vont crescendo au moindre passage d’un groupe d’Imbonerakure ». S’il jouit encore de sa liberté, ce quadragénaire se dit fortement convaincu qu’il le doit à sa capacité de ‘‘camouflage’’. « Nous avons appris toute une liste d’Inyankamugayo qui doivent être arrêtés. Ce sont des représentants du parti qui figurent pour la plupart sur les listes électorales. Chacun fait de son mieux pour se camoufler. S’il arrive qu’on soit appréhendé, tant pis ! »

« L’innocence ne vaut rien ! »

Vague d’arrestations dans Isare et Mubimbi L’«échange de tirs » entre un groupe de présumés rebelles et des éléments de l’armée et de la police mercredi 19 février à Kirombwe, dans les hauteurs surplombant la ville de Bujumbura, s’est suivi de plusieurs arrestations de militants du CNL dans la commune Isare. Au moins 17 logeaient déjà dans différents cachots au lendemain des affrontements. Entre autres

Les militants du CNL sur différentes collines de la zone Muyira vivent la peur au ventre.

Philippe Butoyi et sa femme Gloriose Mpawenimana, Debegeri et ses trois fils (Jean Berchmans Ndikubatware, Joseph Bibonimana et Jean Bosco Nahimana), sa petite-fille Antoinette Nimbona ainsi qu’Oscar dit Shoga à la colline Rushubi. Mais encore Vianney Nduwimana à la colline Sagara, Antoine Bukuru à Bibare ainsi qu’Edouard Ngendakumana et Jonas à la colline Benga. Tous, des membres de la représentation du CNL sur leurs collines à l’exception de Jean Bosco, Vianney et Philippe, des démobilisés du FNL-Palipehutu et très influents dans le parti CNL. Selon des témoignages, ces derniers étaient arrêtés par la police accompagnés par des Imbonerakure. Des sources pointent du doigt un certain Bède comme l’Imbonerakure qui désignait les Inyankamugayo à arrêter. Alors présumés complices du groupe rebelle qui s’attaquait aux forces de l’ordre, ils étaient tirés certains de leurs ménages, d’autres de leurs postes de travail, du marché ou arrêtés chemin faisant avant d’être tabassés. Minées par les coups, Gloriose Mpawenimana

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Une militante du CNL de la colline Rubizi ajoute : «Surtout pas prétendre être innocent et s’exhiber partout. Car la destruction du parti est déjà décidée». C’est d’ailleurs, explique-t-elle, à cause des illusions d’innocence que Pascal Nicinyeretse et Josué Nduwimana, respectivement chargé des affaires sociales et de l’idéologie du CNL en commune Kanyosha, se sont vus arrêtés jeudi 27 février, en toute surprise… Ce jour-là, ces deux hommes, en compagnie des administratifs à la base dont la cheffe de colline, se sont rendus au poste de police de Muyira pour s’instruire sur ce qui était derrière la poursuite de l’un d’eux. La veille, un groupe de policiers et d’Imbonerakure du centre Muyira voulaient arrêter Pascal Nicinyeretse à son domicile à Rubizi. Sauf qu’il n’était pas là. Sur des conseils de l’administration collinaire, il se rendra donc innocemment, le lendemain avec Josué Nduwimana, à la police de Muyira, pour se renseigner sur les motifs de sa recherche. Il n’aura pas le temps de le savoir : «Il y a eu un petit interrogatoire, juste le temps d’attendre qu’un véhicule du service de renseignement n’arrive pour l’emmener, lui et son co-partisan », explique un proche à eux. Les administratifs qui les avaient accompagnés sont res-

tés abasourdis. La cheffe de la colline Rubizi raconte : «On nous avait dit qu’il y a des gens qui vont venir témoigner contre les deux hommes, nous les avons attendus en vain.» Primitiva Nsengiyumva s’étonne toujours : «Nous n’arrivons toujours pas à comprendre les mobiles de cette arrestation. La colline était calme, la cohabitation très pacifique. Nous connaissons les deux hommes, ils n’avaient fait à notre connaissance rien de mal. Ils faisaient tous les travaux de développement ensemble avec tous les autres.» Cet administratif demande à la justice de faire son travail et de les relâcher. Mais dans cette commune de Kanyosha, ce climat s’installera plus tard, au lendemain d’une réunion de sécurité tenue mercredi 26 février par la gouverneure de la province Bujumbura. Ce sera comme un prolongement d’une situation déjà tendue depuis une bonne semaine dans les communes Isare et Mubimbi…

Les militants du CNL emprisonnés seraient victimes d’un groupe rebelle neutralisé par les forces de l’ordre.

et Antoinette Nimbona passeront une nuit à l’hôpital de Rushubi avant d’être emmenées en prison. « Les Imbonerakure les chargeaient de ravitaillement de cette rébellion. Ils disaient que les denrées alimentaires se faisaient rares sur les marchés car les CNL achetaient une grande quantité pour ce ravitaillement», rapportent des habitants de Rushubi. Des arrestations qui se sont également opérées dans la commune Mubimbi, faisant au total 7 Inyankamugayo interpellés. L’un d’eux succombera aux coups reçus dans la foulée des arrestations.

« Plus d’une trentaine de fugitifs» … Les informations recueillies auprès des habitants des différentes collines de la zone Rushubi font état d’au moins trente-cinq membres du parti d’Agathon Rwasa en clandestinité depuis le soir du 19 février. «Des amis leur ont dit qu’ils sont recherchés. Ils sont pour le moment au couvert (leur mot pour dire cachette)». D’après nos sources au cheflieu de la commune Isare, nombreux parmi les fugitifs étaient des fonctionnaires de l’Etat, représentants du CNL aux différents niveaux de la commune. Il s’agit notamment de Désiré Nimpagaritse, représentant du CNL à Nyambuye et enseignant à l’Ecofo Nyambuye, de Roger Ndoricimpa, trésorier du CNL dans la commune Isare et enseignant à l’Ecofo Mpinga, de Claver (secrétaire communal du parti et enseignant à Nyambuye), etc. «Nous nous regardons en chiens de faïence avec les Imbonerakure », avoue un jeune militant du CNL de la colline Kinyovu, qui dénonce l’implication de l’administrateur

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communal d’Isare. Selon lui, lors d’une réunion, le 24 février, l’administrateur Gilbert Niyonkuru aurait lancé des menaces ouvertes à l’endroit des Inyankamugayo. Il l’accuse d’avoir tenu ces propos : « Les CNL sont derrière ces rebelles. Chaque CNL est prié de se rendre de son propre gré devant l’OPJ ou chez l’administrateur avant qu’il ne soit arrêté de force.» Interrogé sur ces dires et la méfiance politique dans sa commune, Gilbert Niyonkuru n’a pas voulu s’exprimer pour l’heure. Il promet de réagir ultérieurement. Le président du Cndd-Fdd en commune Isare rejette toute mauvaise cohabitation entre les Imbonerakure et les Inyankamugayo. Pascal Ntahonzigamiye affirme qu’à sa connaissance, il n’y a pas de personnes d’Isare qui sont arrêtées à cause de leur casquette politique. Il ajoute tout de même : « S’il y a l’un ou l’autre qui aurait été appréhendé pour des raisons de sécurité, c’est à la justice de répondre.» Quant au porteparole de la police, il s’est refusé à tout commentaire. Les militants du CNL arrêtés ont été acheminés manu-militari à la prison centrale de Mpimba. La représentation du CNL dénonce des arrestations à caractère politique. Lors de la réunion du mercredi 23 février dernier, à la suite des « affrontements » de Muyira et Nyabiraba, Déo Bigirimana, commissaire provincial de police à Bujumbura, a tenu à prévenir : « Si demain ou après-demain, il y a l’un ou l’autre qui se fait tirer les oreilles, ne soyez pas étonnés, car ce sont les captifs qui les dénoncent.» Pour l’heure, l’identité des « criminels armés » se veut toujours un mystère. Edouard Nkurunziza


SOCIÉTÉ

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Ntahangwa

L’enfer des déplacés de Mubone fréquentes. Une situation empirée par le manque criant des lieux d’aisances. Le responsable du site indique qu’il n’y a que 12 toilettes en mauvais état. Ce qui augmente des risques d’épidémie de choléra. Les plus vulnérables sont les nouveau-nés, les enfants et les personnes âgées. « Nous avons besoin de matériel de couchage, de moustiquaires pour nous protéger contre le froid et les moustiques », lance Radjabu Ndikumana. De petites bestioles connues sous le nom de Nairobi fly ont créé la panique dans ce site. Beaucoup de déplacés ont des tâches sur leurs corps.

Des conditions précaires d’hygiène, des difficultés d’accès aux soins de santé, etc. Plus de 800 familles vivent un vrai calvaire au site de Mubone, zone Buterere, commune Ntahangwa. Des morts déjà. Reportage.

B

uterere, au nord de Bujumbura, quartier Mubone riverain d’une grande étendue rizicole traversée par la rivière Kinyankonge. Des montagnes d’immondices attirent d’innombrables sortes d’insectes tels des moustiques, des mouches… Des asticots aussi. Non loin de ces dépotoirs, des étables y sont érigés. On y garde des vaches et des chèvres. Différents types d’arbustes dominent les anciens bureaux de la commune Mutimbuzi. C’est dans cet endroit qu’est installé le site de Mubone. Mardi, vers 11h. Certains déplacés dorment dans les anciens bureaux de la commune. « Il s’agit surtout de ceux des quartiers de Buterere qui viennent d’y passer trois mois », confie Innocent Nzeyimana, le responsable du site. D’autres, dont la majorité vient de Kinama, dorment à la belle étoile ou sur les trottoirs des maisons environnantes. Des centaines de maisons de fortune y sont installées. Presque des ‘’nids’’, des ‘’poulaillers’’ faits de moustiquaires, de sachets, de morceaux d’habits usés, etc. Juste des abris pour les petits enfants, témoigne un déplacé sur place. Quelques tentes y sont également installées. « Elles restent insuffisantes », raconte Innocent Nzeyimana, responsable du site. Ce site abrite 810 ménages. Certaines familles sont installées depuis décembre 2019 en provenance des différents quartiers de Buterere. D’autres y sont récemment arrivés de Kinama. Daniel Rushimantwari habitait le quartier Kinyankonge. Ce père de quatre enfants indique qu’ils vivent dans des conditions déplorables : « Depuis mon arrivée ici, nous dormons à plus de huit personnes dans une petite chambrette. Les hommes à part, et les femmes dans une autre partie». Très difficile de trouver de quoi mettre sous la dent. Il assure que l’assistance alimentaire reste très insuffisante. « En cas d’aide, chaque famille reçoit 10 kg de riz et 5 kg de haricot. On se débrouille

Quid de la sécurité ?

Des ‘’ nids’’ dans lesquels passent la nuit certains déplacés.

pour avoir de l’huile, du charbon, etc». Et l’assistance n’est pas régulière. Néanmoins, il reconnaît que des savons, des pagnes et des serviettes hygiéniques ont été récemment octroyés par la Première dame. Y compris le lait pour les nourrissons. Pour Radjabu Ndikumana, un déplacé originaire de Kinama, « vu les besoins, les aides restent très minimes ». A Mubone, les déplacés gardent de mauvais souvenirs des intempéries. M.Ndikumana n’a rien pu sauver de sa maison : « C’était autour de 2h du matin. J’ai entendu des gens crier au secours. Et quand je me suis réveillé, toute ma maison était inondée.

J’ai réussi à sortir ma famille avant que ma maison s’effondre. » Ses ustensiles, son matériel de couchage, ses habits… ont été emportés par les courants d’eau. Mme Nahimana, 52 ans, demande à l’Etat et aux bienfaiteurs de leur octroyer des tôles pour reconstruire leurs maisons. Pour les locataires, il faut leur donner de l’argent pour aller louer des maisons ailleurs ou retourner sur leurs collines d’origine.

Des menaces sanitaires En moins de deux semaines, Innocent Nzeyimana fait le bilan de deux personnes mortes. Le cas

le plus récent remonte à mardi. Marie Nibogora, 30 ans, est morte après une nuit hospitalisée au dispensaire privé « AGAPE ». Ce responsable indique aussi qu’un enfant du nom de Janvier Igiraneza, 10 ans, nous a quittés, il y a une semaine. « Dans la soirée de mardi, neuf autres personnes, dont six adultes et trois enfants, ont été évacuées vers ce centre de santé ». Selon M. Nzeyimana, ces personnes ont la diarrhée ou présentent des signes de malaria. Mercredi matin, six nouveaux cas de diarrhée ont été détectés. Dans ce site, l’hygiène laisse à désirer. Il ne compte qu’un seul robinet d’eau. Et des coupures d’alimentation en eau sont très

Quelques tentes installées dans le site de Mubone.

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Les déplacés de Mubone dénoncent une ingérence de certains administratifs. « A notre arrivée, nous avions mis en place des équipes de sécurité. Mais, aujourd’hui, le chef de quartier Mubone menace d’amener ses hommes pour assurer notre sécurité », se plaint M.Nzeyimana, responsable du site. Il craint une infiltration et une installation d’autres familles non affectées par les intempéries. « Et ce, en vue de bénéficier d’une assistance destinée aux déplacés». Ce responsable redoute un agenda caché du chef de quartier. Il signale que même l’aide octroyée par la Première dame a failli provoquer des confrontations. Il demande un appui des autorités au niveau zonal ou communal pour que cette aide soit donnée aux vrais nécessiteux. Contacté, Ernest Nduwimana, chef de zone Buterere, indique que la spéculation est trop forte dans des sites de déplacés : « Le responsable d’un site n’est pas au-dessus de l’administration. Au contraire, c’est le chef de quartier qui doit suivre au quotidien ce qui se passe dans le site.» Ce qui implique aussi la gestion des aides. D’après lui, si un incident se produit dans ce site, c’est le chef de quartier qui devra faire un rapport. M.Nduwimana précise que 99% des déplacés de Mubone étaient des locataires. « Si le site perdure, même d’autres personnes, des sans-abris, vont continuer à affluer vers là espérant être assistés ». Pour lui, le plus urgent c’est de le démanteler, d’aider les occupants à retourner chez eux ou trouver d’autres habitations. Réagissant sur la détérioration des conditions de vie dans ce site, il déplore les morts déjà enregistrés. Il conseille aux déplacés de penser à retourner chez eux. Rénovat Ndabashinze


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AU COIN DU FEU

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Avec

Jean Patrick Bimenyimana Serukamba alias Mudibu Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Jean-Patrick Bimenyimana Serukamba alias "Mudibu".

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otre qualité principale ? L’assiduité. C’est une attitude que je cultive et une approche de la vie. Ma mère disait que je ne finis jamais ce que je commence. J’essaie donc de terminer ce que j’entreprends. Votre défaut principal ? Je me surcharge. Je me retrouve la plupart du temps avec tant de choses à faire… Cela peut devenir stressant mais lentement j’arrive à être plus réaliste et assumer mes tâches. La qualité que vous préférez chez les autres ? La droiture.

L’homme que vous admirez le plus ? Sans hésiter : Nelson Mandela. Qui aimeriez-vous être ? Un être heureux.

Votre lieu préféré au Burundi ? Mw’Ijenda. Le pays où vous aimeriez vivre ? Au Burundi.

les chiens chez les vétérinaires. Je me souviens aussi de la vie à Buja, Aftermoon dance, booms, des jeux cachés quand il n’y avait pas d’électricité. Oh ! Il y a tellement de souvenirs qui me rendent nostalgique Votre plus triste souvenir ? Les massacres de Kibimba. Je suis un survivant des massacres de Kibimba. Plusieurs de mes jeunes

camarades ont été brûlés vifs. C’est terrible. Nous étions des gamins, innocents, j’avais 15-16 ans, je crois. Près de 100 lycéens ont été tués d’une manière atroce, aspergés d’essence, brûlés vifs dans une station-service. Je pense que je vis toujours avec ce traumatisme. Je suis marqué à vie. Cela m’a appris à quel point la vie est fragile. Mais aussi, désolé de le dire, le Burundi traîne une chose très pourrie en lui…

Quel serait votre plus grand malheur ? Vivre sans mes enfants. Elijah Callum, 16 ans et ma fille Spéciose Elizabeth, elle a 7 ans. Elle porte le prénom de ma défunte maman que j’adorais : Spéciose. Mes enfants me donnent tellement de joie, de fierté. Chaque jour je suis dans l’émerveillement. Ils donnent un sens à mon existence et cela m’aide à vivre, à affronter la vie. Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? Les victoires contre les envahisseurs et colons.

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Votre plus beau souvenir ? Mon enfance au Burundi. J’ai habité Ngagara au quartier 2, puis à Bwiza à la 3e avenue. J’ai étudié dans des pensionnats à l’intérieur du pays: pensionnat de Bukeye, internat du lycée de Kibimba. Et pendant les grandes vacances, j’avais l’habitude d’aller chez mon arrière-grandpère, un homme noble, deep in Gitega. Tout ce dont je me souviens aujourd’hui, c’est une haute montagne, «umusozi Cene », je crois. Je me souviens du « rugo », de l’itongo. On allait faire du « ski », glisser sur des « Ibitumbatumba » (troncs de bananiers) en dévalant les collines du sommet à la vallée… Nous allions chasser les oiseaux, emmener

Le métier que vous auriez aimé faire ? Je le fait déjà ! Chanteur, musicien. Votre passe-temps préféré? Lire, regarder des films, jouer de la guitare et me reposer…

Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? La manipulation et je n’aime pas les gens sournois. La femme que vous admirez le plus ? Ma grand-mère maternelle. Sa magnanimité. Elle était tout simplement incroyable, elle avait du temps presque pour tout le monde avec grâce, gentillesse, amour et une foi inébranlable. Elle m’a marqué.

nous sommes malades. Là seulement nous serons à mi-chemin vers la guérison

La plus belle date de l’histoire burundaise ? Le 1er juillet 1962 (indépendance du pays). La plus terrible ? Novembre 1966. Le passage de la monarchie à la République. Je pense que cette phase a donné naissance à beaucoup de tragédies. Tout ce qui a suivi ce sont les malheurs, nous avons débouché sur une société pourrie et honteuse que nous avons à ce jour. C’est une société brisée. Nous devrions admettre que

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Le voyage que vous aimeriez faire ? Visiter le Tibet, le Japon, l ‘Inde, La Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Ghana, Nigeria, le Grand Canyon, la Colombie, le Brésil, la Jamaïque, Cuba, et le Chili. Votre rêve de bonheur ? Une ferme à la campagne au Burundi. Votre plat préféré Ugali, sombe, haricots et sauce avec de la viande. Votre chanson préférée Umugabo nyamugabo (Canjo Amissi) Quelle radio ?coutez-vous ? J’écoute pas beaucoup les radios. Avez-vous une devise ? Readiness is all. En français on dirait « la préparation est tout.» Votre souvenir du 1er juin 1993 ? Oh ! J’étais jeune lycéen à Kibimba, en 8e. Et il y avait des tensions énormes dans notre internat. Cela avait commencé lors de la campagne électorale. Les étudiants ne dormaient pas la nuit, craignant les tueries ethnique. Je me souviens de Donatien, c’était un ami (Hutu). Nous alternions pour dormir, chacun veillait sur le sommeil de


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l’autre. Je n’ai plus aucune nouvelle de Donatien, je me demande ce qui lui est arrivé… Votre définition de l’indépendance ? L’autosuffisance. Votre définition de la démocratie ? Être écouté, entendu, valorisé, considéré et protégé.

Votre définition de la justice ? Elle doit être JUSTE, équitable et restauratrice. Si vous étiez ministre de la Culture, quelles seraient vos deux premières mesures ? -Faire revivre les symboles de notre culture dans les écoles primaires. Exemple : Ingoma, Intore (toutes les différentes danses),

Kwivuga Amazina (poésie pastorale, etc.) J’organiserais des prix culturels annuels dans toutes les régions et au niveau national comme outil pour nous rassembler et développer la fierté nationale -J’organiserais des échanges culturels avec les pays de la région et à travers le monde. C’est un moyen d’apprendre davantage sur nous-mêmes, de

travailler dur pour être les meilleurs ambassadeurs de nousmêmes et forger une solide fondation en tant que nation. Croyez-vous en la bonté humaine ? Absolument !

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Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ? Merci pour l’expérience d’avoir existé et pour le don de la vie. Propos recueillis par Antoine Kaburahe

Pensez-vous à la mort ? Pas beaucoup, mais je suis toujours prêt.

Bio express « un autre Otis Redding »

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é à Bujumbura en 1976. A vécu à Ngagara, Bwiza… A survécu au massacre du lycée Kibimba en 1993. En 1994, il est victime d’un attentat à Bujumbura et il survit encore. Grièvement blessé, il est évacué à Naïrobi. Il obtient une bourse d’une association basée à Oxford pour étudier au Royaume-Uni. 1995-1997: Baccalauréat International au United World College of the Atlantic (Pays de Galles) En1998 il étudie au St. Clares college. 1999-2001, il étudie à l’University of Central Lancashire, Politics & Economics. En 2001, il s’installe à Londres. Il fait plusieurs « jobs » : Gérant de restaurant, organisateur d’événements, animateur de jeunesse pour la charité en faveur des réfugiés, membre du Conseil consultatif de la Fondation Princess Diana. Prési-

dent et organisateur de la communauté burundaise à Londres. Il met en place une plateforme politique pour le changement social au Burundi (Nancib: pas d’action, pas de changement au Burundi). Mais tous ces engagements ne le détournent pas de sa passion : la musique. Considéré comme un autre « Otis Redding », il a la joie de voir son album de musique soul sacré « Meilleur album » par BBC MUSIC en 2018 . Aujourd’hui, il fait partie d’un groupe de musique soul (JP Bimeni & The Blackbets) en tournée en Europe et bientôt dans le reste à travers le monde. Son dernier album « Free me » est disponible sur tous les plateformes de musique sur le net. https://www.youtube.com/watch?v=IaXgOuFvLvA

ENVIRONNEMENT

Déboisement : près de 5.000 ha perdus chaque année !

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ne étude de 2016 d’experts burundais en environnement a montré que plus de 95% des Burundais utilisent le bois pour cuisiner. Le charbon utilisé dans les villes de Bujumbura et Gitega entraîne une perte de près de 5.000 hectares d’arbres par an, selon toujours cette étude. Une réalité dévoilée au cours de la synergie du 27 février organisée par l’ONG Benevolencia. Commune Nyabiraba, entre les collines Dunga et Raro, l’endroit ressemble à un désert. Des arbres coupés sont entassés tout au long de la route. Sur les collines Mukungu et Gatebe, près de cette commune, des maisons ont été construites à la place des arbres.

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Plus de 95% de la population burundaise utilise le bois ou son charbon pour cuisiner. La déforestation, l’un des principaux facteurs qui détruit l’environnement, était au menu de la synergie du 27 février.

dans la province Rumonge. Et 7.500 arbres sont en train d’être plantés aux alentours du barrage de Kaburantwa, province Cibitoke. C’est dans le cadre de la politique de reboisement « Ewe Burundi urambaye » (Oh Burundi, tu es vêtu).

Quelques initiatives à encourager

Près de 5.000 ha d’arbres sont coupés chaque année dans deux provinces, selon une étude de 2016.

Quelques habitants rencontrés sur ces collines en train de couper les arbres affirment que c’est la faim et la pauvreté qui les poussent à le faire. « Nous préférons y cultiver des vivres pour manger », peut-on entendre dans ce reportage d’un journaliste de cette synergie. Janvier Murengerantwari, de l’Office burundaise pour la protection de l’environnement (OBPE), impute cette déforestation à la surpopulation. Plus la population augmente, plus les besoins en bois s’accroissent. « D’autant plus que les études

ont prouvé que la plupart des Burundais utilisent l’arbre pour cuisiner. » Il affirme que l’OBPE a octroyé 40.000 plants d’arbres à la population de la commune Nyabiraba. Au niveau national, cet office du ministère de l’Environnement a donné à chaque province 120 mille plants d’arbres.

L’alerte du ministère de l’Energie Martin Ndayizeye, représentant du ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines, a lancé un cri d’alarme : « D’ici 2050, si

les arbres continuent à être coupés, il ne restera plus aucun arbre dans tout le pays, selon des études du ministère. C’est pourquoi nous avons priorisé la sensibilisation de la population et des entreprises qui fabriquent les briquettes, d’en fabriquer beaucoup plus pour l’accès à toute la population. » Il affirme aussi que le gouvernement s’est assigné de planter des arbres tout le long des routes qui mènent vers les centrales hydroélectriques nouvellement construites. Il parle de plus de 20 mille arbres plantés récemment autour du barrage de Ruzibazi,

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Delphin Kaze, jeune initiateur de l’entreprise Kage (Kaze green economy), qui fabrique des briquettes à partir des rafles de maïs, demande d’être soutenu pour en produire beaucoup plus. D’après lui, 1 kg de ces briquettes coûte 500 BIF. La quantité de briquettes de 120 BIF peut cuire 1 kg de haricot. Aujourd’hui, cette entreprise fabrique 300 kg de briquettes par jour. B e n j a m i n B i ko r i m a n a , représentant de l’entreprise « Bioénergie », qui produit aussi des briquettes indique que le grand défi est le manque de soutien pour rendre disponible la matière pour toute la population. Il demande l’exonération pour les matières premières et le matériel de fabrication importés. Clarisse Shaka


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Gitega

Région Centre

Signoline fait trembler les ménages Un petit insecte de couleur rouge noir connu sous le sobriquet de signoline sème la panique dans les ménages de la ville de Gitega. Il fait des ravages sur le corps humain par son poison. De notre correspondant Par Jean-Noël Manirakiza

A

la tombée de la nuit, ces insectes s’agglutinent sur le plafond, sur les murs, dans les herbes, fleurs et ou dans les arbres qui sont autour de la maison. Ces jolis insectes par leurs couleurs rouges-noires avec un air placide deviennent de véritables cracheurs de poison lorsqu’ils sont en contact avec la peau humaine. La partie du cou et le visage sont les parties de prédilection pour leur attaque. Ni vus, ni entendus, ils laissent des traces de venin sur la peau. Il est l’insecte qui cause aujourd‘hui plus de dégâts sur le corps humain dans la ville de

Gitega et ses environs. Son venin est douloureux, à l’instar d’une brûlure de feu. Toutefois, ce qui fait réellement la dangerosité de signoline, c’est son extrême agressivité lorsqu’on essaie de s’en débarrasser. « J’ai cru à un moustique et je l’ai écrasé contre ma joue pour ne pas m’embêter dans mon sommeil. Le matin, après la douche, j’ai senti des brûlures Au bout d’une heure, elles sont devenues fortes et mes amis m’ont signalé que c’est cette fameuse signoline », raconte Siméon en montrant ses cicatrices. « Je me suis réveillé avec un visage gonflé, l’œil droit fermé, des traces sur le cou et sur les joues. La seule option était d’aller vite à l’hôpital là j’y ai rencontré d’autres personnes qui ont les mêmes symptômes que moi », a indiqué Bruce qui a été obligé de prendre des médicaments contre les douleurs.

Difficile de se protéger efficacement Dans les hôpitaux, dans les dispensaires, personne ne peut vous dire la nature de ce poison ou venin. Seulement, on conseille aux patients de prendre de la prednisone, hydrocortisone et cloxacilline. En ce qui

Image des dégâts causés par ces insectes sur le corps de leurs victimes

concerne la protection, les uns pulvérisent dans les maisons mais le lendemain, ils se pointent de nouveau. « C’est une perte de temps. Après la pulvérisation, je ne les voie pas comme si tous sont morts ou ont fui mais après deux jours seulement ils reviennent en force. Je crains pour mon bébé qui prend tout ce qu’il voit l’avale», s’inquiète Martha de Shatanya

qui a un bébé de deux ans. Pour le moment, beaucoup de gens présentent des cicatrices sur le corps et pensent que c’est peutêtre la saison de pluie qui favorise leur invasion et agressivité. Comme ils ne trouvent pas comment s’en débarrasser ou se protéger, ils souhaitent que le ministère de la Santé puisse prendre des décisions pour une pulvérisation générale de tous les ménages.

« Il l’a déjà fait pour les moustiques, je crois que pour ces bestioles on devrait procéder de la même manière», propose Martin du quartier Magarama. Pour pas mal de gens, même si la morsure de signoline n’est pas mortelle, ils doutent si ce poison ne peux pas provoquer à long terme des complications sur la santé. D’où une étude médicale est nécessaire sur cet insecte.

Cibitoke/Rugombo

Région Ouest

Plus de 500 maisons détruites en moins de cinq jours Suite aux pluies torrentielles, des familles sont sans abri et crient le secours de l’administration et des bienfaiteurs. L’administration a déjà dressé des listes des victimes. De notre correspondant Par Jackson Bahati

S

ur les collines Mparambo 1 et 2, Munyika 1 et les collines Rusiga,la population est dans le désarroi à cause des pluies diluviennes qui ont détruit les maisons et les champs de culture. D’après des habitants rencontrés sur les collines Mparambo 1 et 2, des inondations causées par ces pluies ont également endommagé des biens (vêtements, meubles, récoltes, matériel scolaire pour les élèves). Selon eux, la population passe la nuit à la belle étoile depuis cinq jours ou dans des écoles voisines. Cela perturbe les activités scolaires car, même les élèves qui n’ont pas été touchés par cette catastrophe

naturelle, ne peuvent pas étudier en raison du manque de salles de classe occupées par ces familles sinistrées. Claudine Nzeyimana, l’une des victimes, s’inquiète de l’avenir de ses 6 enfants qui ne peuvent pas pour l’instant aller à l’école faute de matériels scolaires endommagés par ces pluies.

L’administration appelle à la solidarité Un élu de la colline Rusiga dit qu’il ne sait pas sur quel pied danser car les toilettes sont remplies d’eau de pluie et les déchets peuvent déborder et envahir les ménages qui n’ont pas été touchés par ces inondations. Les

Leurs maisons détruites, ils demandent l'intervention des bienfaiteurs

habitants des localités non touchées craignent des maladies des mains sales. Les autorités communales, en réponse aux doléances des victimes et des chefs de collines touchées par ces pluies, appellent à l’entraide sociale. Béatrice Kaderi, l’administrateur de la commune Rugombo se dit touchée par cette situation mais ne voit pas de solutions

à prendre immédiatement. Elle indique que les listes des ménages touchés sont déjà établies et ont été envoyées à ses supérieurs afin de pouvoir assister ces familles sinistrées. Kaderi explique qu’en attendant cette aide, la population de la commune Rugombo est priée de faire un acte de solidarité avec leurs voisins.

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Il convient de noter que cette situation est également signalée en commune Mugina sur la colline Nyempundu et la commune Bukinanyana sur les collines Myave de la zone Ndora et Kibati de la zone Masango où plus de 120 ménages sont sans abri et plusieurs maisons et des champs de culture ont été endommagés.


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Rumonge

Région Sud

Des femmes aspirent à la pêche Des femmes brisent le tabou et s’engagent à pêcher dans le lac Tanganyika comme leurs frères. Les unes parlent de la transgression de la coutume au moment où d’autres les encouragent à aller de l’avant. De notre correspondant Par Félix Nzorubonanya

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ongtemps réservé uniquement aux hommes, le métier de pêcheur attire la convoitise de certaines femmes qui commencent à s’organiser pour devenir prochainement des pêcheuses. Ce sont surtout des femmes veuves, célibataires, divorcées ou des mères célibataires qui sont les pionnières dans cette initiative. Elles se sont regroupées en association pour mieux défendre leurs intérêts et droits socioprofessionnels. Car pour elles, ce ne sera pas un passetemps ou une activité de loisir mais une profession. « Nous avons la volonté, la force et l’engagement pour mieux faire ce nouveau métier », a indiqué Mawazo Nahimana, une de ces femmes qui va commencer à pêcher dans les eaux du lac Tanganyika

Elle a souligné qu’elles sont prêtes à débuter ce nouveau métier car elles ont la volonté, la force et l’engagement et certains hommes et femmes les soutiennent et les encouragent. Selon Mawazo, elles veulent emboiter le pas aux femmes du Sénégal qui sont très présentes dans le secteur de la pêche dans leur pays. Elle indique que cette nouvelle activité de pêche va leur permettre d’atteindre une autonomie financière surtout que la majorité sont des vulnérables. « Nous bénéficions du soutien de la fédération des pêcheurs, des hommes pêcheurs et même de certaines femmes », a-t-elle indiqué. Elle invite d’autres femmes des collines à briser le tabou et à venir se faire inscrire dans leur association.

Selon cette femme, elles ont la force et la volonté de pêcher

Une initiative différemment appréciée Lydia Nduwamahoro, une autre femme membre de cette association demande au ministère ayant la promotion de la femme dans ses attributions ainsi qu’aux associations nationales et internationales qui s’occupent de la promotion de la femme de les soutenir. Elles sollicitent surtout un appui en gilets de sauvetage pour se prévenir des fréquents accidents

qui surviennent dans le lac Tanganyika et de pouvoir doter certains ports de pêche des unités bien équipées de secours en cas de naufrage ou en cas de vent violent. Nduwamahoro demande que la nouvelle loi sur la pêche soit largement vulgarisée et que les jeunes filles soient sensibilisées afin de s’adonner à ce métier. Certaines femmes rencontrées dans les rues de la ville de

Rumonge ne les soutiennent. Elles indiquent que cela revient à la transgression des mœurs et des coutumes burundaises. Pour elles, les femmes n’ont jamais pêché depuis le temps de nos ancêtres. Mais d’autres femmes les encouragent pour cette initiative » qui va les tirer de la misère et de la pauvreté » Contacté, Gabriel Butoyi, président de la fédération des pêcheurs du Burundi indique que les femmes sont aussi autorisées à pêcher car aucune loi ne leur interdit de pêcher. Par contre, il les encourage à aller de l’avant et de commencer à s’imprégner de la loi qui régit la pêche. Il demande à certaines femmes et aux hommes de cesser de les dénigrer ou de les discriminer Il précise qu’à travers ce métier ces femmes vont participer au développement de leur commune et de leurs familles. Radjabu Hamissi, chef de zone Rumonge soutient cette initiative. Pour lui, cela va réduire le taux de la débauche qui s’observe dans la ville de Rumonge .

Annonce AVIS DE RECRUTEMENT POUR DIVERS POSTES RED EEN KIND/HELP A CHILD BURUNDI

AVIS DE RECRUTEMENT UNDP – un poste, BURUNDI (Un poste) Le Programme des Nations Unies pour le Développement au Burundi (PNUD) recrute pour le compte du bureau de la coordination des Nations Unies au Burundi . Titre

Development Coordination Officer — Data Management &Results Monitoring/ Reporting

Grade

NOC

Durée

Une année avec possibilité de renouvellement

Type de contrat FTA Local

Date limite de réception des candidatures Le 16 Mars 2020

Toutes les informations y afférentes se trouvent sur le site global du PNUD : http://jobs.undp.org/. La soumission des candidatures se fait uniquement en ligne via le site http://jobs.undp.org/ Les candidatures féminines qualifiées sont fortement encouragées.

NOUS SOMMES: • Une ONG chrétienne internationale de secours et de développement, fondée en 1968 aux Pays-Bas et opérant au Burundi depuis 2009 ; • Contribuons pour un avenir meilleur aux enfants dans le besoin, à leurs familles et à toutes leurs communautés ; • En autonomisant les communautés vulnérables, nous les aidons à changer leurs propres conditions de vie et opportunités de manière durable; • Travaillons dans des zones à forte incidence de pauvreté ou dans des endroits où les enfants et les familles sont extrêmement vulnérables en raison de catastrophes ou de conflits (imminents). ; • Développons des programmes innovants, par exemple sur la jeunesse et le travail, le développement de l’enfant et la transition de l’aide d’urgence vers le développement durable ; • Travaillons avec différents partenaires néerlandais, internationaux et locaux ; • Travaillons dans les pays comme l’Inde, le Kenya, l’Éthiopie, le Malawi,

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le Burundi, le Rwanda, la RDC, l’Ouganda et le Soudan du Sud. NOUS RECHERCHONS: • Consultant: Gender and peacebuilding expert • Consultant: Formateur / facilitateur en renforcement des capacités • Program Officer • Chauffeur • Stagiaire : – Communication et Media • Gestion, Finances et Logistique Les candidats intéressés sont invités à consulter notre web site: www.helpachild. org/vacancies pour plus de détails avant le 20 mars 2020. Pour plus d’informations, veuillez nous contacter à info@hacburundi.org. Seuls les candidats sélectionnés seront contactés. Help a Child attend de son personnel qu’il se comporte avec intégrité; de ne pas nuire et de prendre soigneusement en compte les droits et intérêts d’autrui. Tout le personnel est tenu de signer et d’adhérer au code de conduite de Help a Child. Le recrutement est soumis à la réussite de toutes les vérifications des antécédents applicables, y compris la vérification du casier judiciaire.


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SPORT

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Football

Bientôt, le retour de l’enfant terrible du foot burundais en sélection nationale ?

S

alutaire, une décision qui vient à point nommé ... Dans le milieu footballistique, particulièrement sur la Toile, chacun y est allé de sa réaction pour saluer cette décision combien bénéfique. Pour nombre d’analystes, c’est l’espoir de revoir Saido Ntibanzokiza, Styve Nzigamasabo et d’autres porter de nouveau la tunique des Intamba. A l’approche de la rencontre contre la Mauritanie, c’est un retour qui, selon eux, pourrait être déterminant dans la relance pour la course aux qualifications de la CAN 2021. « Une bonne nouvelle pour notre équipe en manque d’un numéro 10 digne de ce nom », se frotte déjà les mains Patrick Sota, journaliste sportif indépendant. Vif dans ses relances et placements sur le terrain, ce dernier estime que s’attacher de nouveau ses services ne serait pas contre-productif. « C’est vrai que

Saido n’est plus le même qu’à 20 ans, capable de ratisser tout le terrain durant plus d’une heure, mais, au vu de son actuelle forme, il a sa place » .Un avis partagé par H.N., ancien coéquipier en équipe nationale (2013-2015), : « Il suffit de voir comment il oriente le jeu sans ou avec ballon.» Pour lui, ses aptitudes, combinées avec la fougue et la rapidité des Fiston, Mo Amissi, Cédric, peuvent donner du fil à retordre aux défenses adverses. Fin communicateur, cet ancien joueur trouve aussi que son entrée dans les 20 ou 25 dernières minutes et ses accélérations pourraient faire la différence. Toutefois, des espoirs qui risquent d’être douchés si Mutombola ne le convoque pas dans sa prochaine liste. L’intéressé, d’après certaines sources, ne semble pas exclure cette possibilité. Plusieurs analystes jugent qu’il doit faire connaître son choix tac-

tique au plus vite. « Avant ladite convocation tant attendue ».

Des calculs derrière... Actuellement 3e de la Primus ligue, malgré les quelques résultats mi-figue, mi-raison, Vital’o retrouve ses couleurs. Dans les gradins du stade Intwari, la fusion avec son public rejaillit petit à petit. Dans les coulisses, on parle de l’effet du retour de Saido. Une aubaine pour la Fédération de Football du Burundi(FFB). Selon une source à l’interne, depuis qu’il a rechaussé les crampons pour les mauves et blancs, les recettes ont presque doublé, lors des rencontres de Vital’o. Un coup marketing, laisse entendre cette source, sur lequel peut surfer la FFB en cas de sa sélection en équipe nationale. Autre donne: son envie de rebondir sur le devant de la scène internationale. A 35 ans, la pièce maîtresse de Vital’o reste une pioche de choix pour les recruteurs des championnats australiens, américains, etc. Un retour en équipe nationale, précise la même source, serait une opportunité qu’il lui permettait de conclure les entretiens avec une équipe australienne.

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Via une correspondance du 25 février, la FFB fait savoir que les joueurs exclus de l’équipe nationale en 2015 sont désormais sélectionnables. Pour les supporteurs, c’est l’espoir de revoir Saido, Styve… porter la tunique des Intamba.

Saido redevenu sélectionnable.

Dans l’attente d’un éventuel retour, le capitaine de Vital’o ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet. Pour rappeler, Saido, Emery Kadogo et Styve Nzigamasabo avaient été exclus de la

sélection nationale en mars 2015. Ils reprochaient à Ait Abdelmalek, sélectionneur de l’époque, de « ne pas être à la hauteur de sa tâche ». Hervé Mugisha

Sport féminin

Les sportives déplorent le manque d’implication des femmes politiques Afin que leurs voix portent encore plus loin, les responsables des équipes féminines estiment que les femmes présentes dans les instances de décision politique doivent s’investir davantage.

A

l’instar de leurs collègues hommes députés, ministres, il faut qu’elles soient nos hérauts, nos interlocutrices directes et privilégiées », martèle Liliane Nshimirimana, secrétaire générale du club de volleyball New Colombe et présidente de l’Association des journalistes sportifs (Ajsb).Une observation faite à la veille de la célébration

Mme Nshimirimana : « Pour le développement du sport féminin, les femmes politiques doivent s’impliquer.»

de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.

Anciennes basketteuses, volleyeuses, handballeuses pour la

plupart, du temps du secondaire ou de la fac, rares sont celles qui foulent les terrains de jeu après avoir raccroché le maillot. Sans parler de celles qui font partie des instances dirigeantes des clubs. A peine installées dans leurs fauteuils de représentantes du peuple, toutes s’éclipsent. Pour Mme Nshimirimana, un faible investissement, en plus des stéréotypes sociaux, contribue au recul du développement du sport féminin burundais. « A la manière des Gaston Sindimwo, Joseph Butore, respectivement présidents d’Inter Star et Bumamuru, elles doivent aussi prendre les devants, montrer leur bon vouloir. Parce que dans les coulisses, personne n’ignore qu’elles ont un club de cœur que ce soit au football, volleyball… ». D’après cette ancienne joueuse, leur implication est capitale pour l’éclosion des équipes féminines.

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Un des moyens, soutient-elle, qui permettrait de venir à bout de la question des finances exsangues des clubs féminins. « Unies, nul doute que les sponsors afflueraient ». Autre bémol, les terrains de jeu ne remplissant pas les normes. Allusion faite à l’absence de vestiaires pour les femmes. « Si le ministère des Sports désire réellement le développement du sport féminin, c’est une question qu’il doit résoudre au plus vite». La 32e olympiade de Tokyo se profilant à l’horizon, le Comité International Olympique(CIO) a fait de la parité homme-femme son cheval de bataille. « Un préalable nécessaire pour stimuler davantage les femmes », s’accordent à dire tous les experts. H.M.


ANNONCES

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AVIS DE RECRUTEMENT Dans le cadre du Programme d’appui Institutionnel au secteur de la Santé (PAISS), l’Agence Belge de Développement (Enabel) souhaite recruter un Assistant Technique National - Expert Ingénieur Biomédical, qui remplit les conditions suivantes : Être de nationalité burundaise, avoir un diplôme d’Ingénieur Electromécanique ou Electricien avec une expertise avérée en génie biomédical ; avoir une expérience professionnelle de 5 ans minimum dans la maintenance dans le domaine biomédical ; avoir une expérience dans l'élaboration et le suivi des stratégies en lien avec la maintenance ; dans l'accompagnement de parcours de formations et renforcement des capacités ; en communication constructive ; en présentation des résultats et facilitation ; en écriture des rapports d'analyses et d’autres documents administratifs et techniques et en suivi des marchés publics ; être capable de travailler en équipe et de promouvoir des relations harmonieuses de travail avec des personnes d’origines et de formations diverses ; excellente capacité de communication orale et écrite en Français. Une expérience préalable du secteur de la coopération au développement et une bonne connaissance des logiciels de Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur constituent un atout.

cahiers de charges et dossiers d'appels d'offres pour les marchés de fournitures ; réceptionner les marchés ; contribuer à la formation des agents locaux sur l'utilisation et la maintenance des équipements médicaux et non-médicaux ; contribuer à la mise à jour et à la duplication de la stratégie de maintenance ; coordonner le travail des techniciens de maintenance biomédicale positionnés au niveau des provinces Rumonge et Bujumbura Rural ; contribuer à la sensibilisation des populations concernées et aux activités de communication et de capitalisation ; rédiger des rapports d'avancement. Les termes de références détaillés pour ce poste peuvent être téléchargés sur le site : www.enabel.be ou sur GO4HR pour les candidats internes. Les dossiers de candidature dûment constitués (CV, lettre de motivation, copies certifiées des diplômes, attestations de services rendus auprès des employeurs précédents, trois personnes de référence professionnelle) seront adressés à Monsieur le Représentant Résident de Enabel au Burundi et déposés en ligne via le site www.enabel.be ou envoyés à l'adresse électronique : recrutement.enabel. bdi@gmail.com; au plus tard le vendredi 13/03/2020 à 16h00.

Principales responsabilités : Apporter un conseil technique sur les projets d'équipement et de maintenance biomédicale des structures sanitaires ; rédiger les spécifications techniques, des

Seuls les candidats remplissant les critères décrits dans les termes de référence seront contactés pour le test. Pour toute question, veuillez contacter le Service des Ressources Humaines au 22 22 39 31.

AVIS DE MISE EN VENTE CARE INTERNATIONAL AU BURUNDI met en vente 12 motos et 25 pneus usagés dont la liste des motos est affichée aux bureaux de CARE à Bujumbura, Gitega, Muyinga et Ngozi. Toutes les motos seront vendues à l’état où elles se trouvent et peuvent être visitées au Bureau de CARE Bujumbura sis à Kinindo, Boulevard Mwezi Gisabo, n°30, (en face du Kiosque SANGWE). Les visites seront organisées du 02 au 09 mars 2020 de 9h00 à 16h00. Les offres sous plis fermes seront adressées à Monsieur le Directeur National de CARE BURUNDI et déposées dans les boites à soumission à l’entrée de CARE BURUNDI aux Bureaux de Bujumbura, Gitega, Muyinga et Ngozi au plus tard le 10 Mars 2019. Les offres devront être accompagnées d’un chèque certifie d’un montant de 200 000Fbu par moto. Un chèque libellé sous le nom de CARE INTERNATIONAL AU BURUNDI sera déposé à titre de caution au Bureau de CARE et un reçu

officiel sera octroyé pour être déduit du prix de vente pour les soumissionnaires gagnants et restitue aux soumissionnaires non gagnants. Toutefois, celui-ci ne pourra pas être remis aux soumissionnaires gagnants qui se désisteront. CARE BURUNDI se réserve le droit de refuser toute offre jugée inferieur à la valeur réelle. L’ouverture publique des offres est fixe au 12 mars 2020 et la liste des gagnants sera affichée à l’entrée de CARE BURUNDI le 16 mars 2020. L’enlèvement de la moto ne sera autorisé qu’après versement de l’intégrité du montant correspondant et devra se faire dans les 15 jours calendriers après toutes les formalités douanières. Passe ce délai, une autre vente sera organisée. Pour toute autre information complémentaire, prière vous adresser au service des ressources physiques de CAREBURUNDI, téléphones 22241662/ 241669/22241660./

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SPORT

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S.A.D : L’Action NYUBAHIRIZA atteint les résultats satisfaisants dans la lutte contre les grossesses précoces en milieu scolaire Samedi, 29 février 2020, l’Association, Social Action for Development, a présenté le deuxième rapport synoptique de la lutte contre les grossesses précoces en milieu scolaire, dans son projet mené en zone Rumonge de la province Rumonge. L’Administration et les directeurs des écoles pilotes sont satisfaits. Aucun cas de grossesse n’a été signalé depuis le lancement du projet.

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inancé par l’ambassade de France au Burundi et exécuté par Social Action for development « S.A.D », l’Action NYUBAHIRIZA qui signifie « respecter mes droits et dignité », est en cours d’exécution en zone, commune et province Rumonge et couvre 6 écoles fondamentales pilotes et 8 quartiers. Pas mal d’activités ont été réalisées. « 240 élèves, 160 parents, 60 enseignants ont été formés comme pairs éducateurs sur la dignité, l’égalité du genre, le respect et la protection des droits de la femme. Des séances de sensibilisation sont organisées par les pairs éducateurs et chaque école dispose d’un club d’éveil», a indiqué Bienvenu Munyerere Magorwa,

représentant légal de S.A.D. Pour lui, le projet a vocation d’impulser un changement de comportement auprès des familles et d’adopter un nouveau regard visà-vis de la valeur de la fille. Le choix de la zone Rumonge se justifie par la forte recrudescence des cas de grossesses. « 116 cas ont été recensés en 2015-2016. A cet effet, les écoles pilotes sont notamment Mugweji, Rumonge I, Rumonge II, Rukinga I, Rukinga II et Iteba I ». M. Magorwa est satisfait des résultats déjà atteints. « Nos activités ont eu bien d’impact. Aucun cas de grossesse pendant cette période, dans les écoles pilotes, n’a été rapporté. Cela prouve que le projet chemine, assurément vers son succès

De gauche à droite, Bienvenu Munyerere Magorwa (SAD), Didier Kongolo Gahungu(MDPHASG), Nadège Yengayenge (Ambassade de France), lors de l’ouverture de la présentation du rapport

de zéro grossesse en milieu scolaire». Néanmoins, il a déploré quelques comportements à risque qui sont des cas prémices des grossesses. Il cite notamment le harcèlement sexuel, des propos contre l’éducation sexuelle, tentative de soudoyer les filles pour le sexe. « Il est donc important de renforcer les actions du projet pour éliminer ces comportements à risque », a-t-il insisté.

Des résultats du projet salués de toute part

Alexis Tuyisenge, directeur de l’Ecofo Mugweji ne tarit pas d’éloge. Il salue un projet qui est venu à point nommé. Dans les

grandes vacances de 2018-2019, 40 élèves, filles et garçons ont participé dans une formation organisée par S.A.D. Nous avons décidé de créer le club zéro grossesse pour la sensibilisation. Aucun cas de grossesse n’a été signalé contrairement aux années antérieures avec au moins 4 cas par année », a-t-il témoigné. Même son de cloche chez Radjabu Amisi, chef de zone urbaine de Rumonge. « En tant qu'une des zones de la région de l’Imbo en bordure du lac Tanganyika, les adolescentes sont plus exposées à la manipulation. C’est un projet salutaire qui donne des formations indispensables pour nos adoles-

cents». Son souhait est que ledit projet soit étendu sur toute la zone et province Rumonge car, dit-il, une grossesse précoce en milieu scolaire hypothèque l’avenir de l’adolescente. Didier Kongolo Gahungu, coordinateur de la ligne d’assistance de l’enfance (116), au ministère des Droits de la Personne Humaine, des Affaires Sociales et du Genre, a réitéré ses remerciements à l’association S.A.D pour les efforts fournis et le travail abattu. Il a promis un plein soutien de son ministère. « C’est une thématique qui est à la une et concerne toute personne intervenant dans la protection de l’enfant ». De son côté Nadège Yengayenge chargée des projets à l’Ambassade de France au Burundi, les actions de lutte contre les grossesses précoces en milieu scolaire menées par S.A.D méritent d’être soutenues. « Je promettrai que l’Ambassade de France continuera de soutenir de telles initiatives non seulement pour S.A.D mais aussi pour d’autres organisations qui œuvrent pour la lutte contre les violences faites aux femmes »a-t-elle conclu.

Annonce

AVIS D’APPEL D’OFFRES La Représentation du Bureau de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Burundi lance, pour le compte des Agences du Système des Nations au Burundi, une invitation à soumissionner pour les services de Location salle à Bujumbura. La date limite de dépôt des soumissions est fixée au vendredi 13 Mars 2020 à 12H00. Les sociétés et hôtels intéressés sont priés de se présenter au Bureau de la Représentation de l’OMS sis Boulevard de l’UPRONA (Tél : 22231247 & 22533400) pour retirer les dossiers complets relatifs au présent avis d’appel d’offres. Ces dossiers sont également disponibles sur le lien : http://www.bi.undp.org/Annonces d’Achat - Référence: RFP/LTA/ SNU/001/2020 – OMS.

AVIS DE RECRUTEMENT INTERCONTACT SERVICES recrute pour une grande société d’import, un Agent en Logistique à l’Importation (H/F) chargé de réaliser toutes les opérations administratives et logistiques liées à l’importation de marchandises. Le profil recherché est un(e) candidat(e) avec un diplôme de baccalauréat en Commerce, Gestion, Comptabilité ou tout autre domaine pertinent lié aux tâches décrites pour ce poste, justifiant d’une expérience d’au moins 5 ans dans le domaine de l’importation de marchandises, habitué à interagir avec les services de Douane, parfaitement bilingue et maîtrisant l’outil informatique. Les TDRS complets sont postés sur le site : www.intercontactservices.com dans la rubrique offre d’emploi. Le dossier de candidature comprenant une lettre de motivation, un CV actualisé, des copies de diplômes et attestations d’emploi / lettres de recommandation et 3 personnes de référence doivent être obligatoirement soumis par le biais du lien suivant disponible sur le site d’Intercontact Services, avant le 13 Mars 2020 à 23 h59. URL : http://cv.intercontactservices.com/Accueil/postuler_acceuil/PO-01F1

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Spécial Femme

Vendredi le 6-mars 2020 Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Journée internationale de la femme

Agnès et Christine, cœur sur vous

A celles qui étouffent de chagrin de revoir les leurs, de reprendre leurs micros. Dédicaces à celles qui aujourd’hui portent le vert de la prison car elles se sont engagées à éclairer le peuple. Force sur vous, femmes (Christine et Agnès), ils vous ont privées de votre liberté, mais pas de votre féminité. Ne désespérez pas chères collègues, vos sourires et votre bonne humeur sont le reflet de votre puissance. Ce ne sont que des mots, ils sont à vous et ils proviennent du fond de nos cœurs. Quelle que longue que sera votre nuit, le soleil apparaîtra. Nous n’en doutons pas ! Et ce jour-là, nous bondirons de joie ensemble. Les femmes d’Iwacu


Spécial Femme

Les femmes politiques à l’honneur Elles sont ministres, gouverneures, sénatrices ou représentantes des partis politiques… Qui sont ces femmes qui réussissent à faire grand écart entre leurs obligations familiales et leurs responsabilités politiques?

Aimée Laurentine Kanyana : carrière de juriste dans le sang

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ée dans la commune Ngozi, Aimée Laurentine Kanyana, 45 ans, a été nommée ministre de la Justice, de la protection civique et garde des sceaux en 2015. Licenciée en droit à l’Université du Burundi, elle fera la grande partie de sa carrière dans la justice. Juge au tribunal de résidence de Musaga, puis Substitut du procureur en mairie de Bujumbura, ensuite conseillère au ministère d’Etat chargé de la bonne gouvernance et conseillère à la Cour suprême. Avant d’être membre du gouvernement, elle était 2e vice gouverneure de la Banque de la République du Burundi (BRB). Avant de se lancer dans la carrière juridique, Mme Kanyana était ensei-

gnante au Lycée Islamique de Ngozi. Cette mère de quatre enfants affirme qu’elle a l’ambition de changer la mentalité de la femme burundaise. « Je veux qu›elle prenne conscience de sa capacité et son pouvoir de développer le pays. » Pour elle, le grand défi rencontré par les femmes politiques est qu’elles doivent fournir beaucoup d’efforts pour prouver leurs capacités de faire la politique. Quand elle est en famille, ce membre du gouvernement enterre son statut de ministre. « Je remplis parfaitement mon devoir de maman et d’épouse en respectant mon mari comme chef de ménage. » Clarisse Shaka

© Droits réservés

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inistre de la Jeunesse, des Postes et de la Technologie de l’Information, Evelyne Butoyi est née en 1975 dans la commune Mugongomanga, province Bujumbura. Mme Butoyi a fait le journalisme (2004-2006) dans le journal privé « Tanganyika info » puis au journal public le Renouveau. Licenciée en Sciences politiques à l’Université du Burundi, elle se lance dans la politique en 2005. Dès lors, elle occupe différents postes au sein du gouvernement : Conseillère du président de la République en matière de presse, information et communication. Puis sénatrice dans la circonscription de sa province natale. Elle sera l’une des parlementaires qui représentait le Burundi au sein du Parlement panafricain qui a son siège à Midland en Afrique du Sud. Mme Butoyi confie que la politique est le meilleur moyen pour la femme de s’exprimer librement et de pouvoir contribuer au développement de son pays et au changement des mentalités. D’après elle, pour y arriver, il faut adhérer à un mouvement politique ou une association. « Si tu n’adhères pas à un parti politique ou une association, comment comptes-tu contribuer au développement de ton pays ? ».

Jocky Chantal Nkurunziza, 2e vice-présidente de l’AN

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ée en 1976 dans la province de Gitega, Jocky Chantal Nkurunziza, 2e vice-présidente à l’Assemblée nationale, commence sa carrière professionnelle comme enseignante au lycée Notre Dame de Ruyigi (2003 à 2008). Elle se retrouve à l’ONG Health Net TPO (2009-2010). Elle deviendra ensuite coordinatrice provinciale du centre de développement familial et communautaire (CDFC) de 2012 à 2015. C’est en 2004 qu’elle se lance dans la politique en rejoignant

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le parti Cndd-Fdd. Elle deviendra trésorière de la ligue des femmes de ce parti. Depuis 2015 jusqu’en novembre 2016, elle siégeait comme députée élue dans la circonscription de Ruyigi. Elle deviendra 2e vice-présidente de l’Assemblée nationale. Avant de rejoindre le parti au pouvoir, Jocky Chantal Nkurunziza a évolué au sein du parti unique de l’époque, l’Uprona. La numéro deux de la chambre basse se dit satisfaite de servir la nation.

Vendredi, 6-mars 2020

Chimène Manirakiza

Evelyne Butoyi, la ministre-journaliste Vouloir donner sa contribution en tant que femme au développement de sa patrie, c’est sa motivation à s’engager dans la politique. Cette mère de quatre enfants confie qu’il est difficile pour une femme de concilier devoirs familiaux et devoirs d’Etat. Au point d’être surnommée « maman, toujours très occupée » par ses enfants. Frustrée de cette absence maternelle, elle dit avoir décidé de profiter de chaque seconde libre pour remplir son devoir de mère. Cependant, malgré les efforts qu’elle fournit pour gérer sa famille et ses fonctions de ministre, Mme Butoyi confie que les problèmes ne manquent pas : « J’ai dû faire recours à un encadreur pour aider les enfants à faire leurs devoirs.» A deux mois des échéances électorales de 2020, Evelyne Butoyi encourage les femmes et surtout les jeunes filles à se lancer en politique, en adhérant à n’importe quel parti politique ou une association de leur choix. « Il est temps que les femmes et les filles s’engagent dans la politique». Et pour y arriver, elle précise qu’il faut d’abord qu’elles développent une estime de soi et reconnaissent qu’elles ont des potentialités qui peuvent beaucoup contribuer au développement du pays. Mariette Rigumye


Spécial Femme

Euphrasie Mutezinka : la vaillante du CNL

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lue dans la circonscription de Kirundo, au nord du pays, Euphrasie Mutezinka, 35 ans, est députée de la coalition Amizero y’Abarundi. Mme Mutezinka a embrassé la carrière politique en 2000, alors qu’elle était encore sur le banc de l’école. Emprisonnée dès son jeune âge à cause de ses convictions politiques, elle n’a pas hésité à rejoindre le maquis comme membre du mouvement Palipe-Hutu FNL. La jeune fille venait d’interrompre ses études secondaires à Kirundo. Le monopartisme et l’intolérance politique sont les principales causes qui l’ont poussée à entamer la politique. Quand son mouvement Palipe-Hutu FNL dépose les armes en 2008, Euphrasie Mutezinka a 23 ans. Elle se marie par la suite et de cette union naîtront trois enfants. Elle reprend le collège et fera l’Ecole paramédicale de Kirundo. Elle s’engage dans le bénévolat à l’hôpital de Kirundo. Elle décroche par après un travail à l’Association burundaise pour le bien-être familial (Abubef) comme infirmière. Mais elle se verra licenciée de ce poste car l’association est apolitique.

Mme Mutezinka se lance dans le commerce des produits importés d’Ouganda sans toutefois lâcher la politique. En 2010, elle sera persécutée au point de se déplacer dans la province de Kayanza, elle recevait des menaces de mort. Son déplacement n’a pas empêché une tentative d’assassinat en 2011. La militante du parti FNL, dirigé alors par Agathon Rwasa, a passé deux semaines dans un état comatique dans un hôpital à Bujumbura. Heureusement, elle a pu être sauvée mais ces bourreaux ont éliminé « probablement par poison » les deux frères qu’elle avait. Sa famille et ses amis lui conseillent de mettre un terme à sa carrière politique pour sauver sa peau. « J’étais très déterminée, j’ai fait la sourde oreille. » Cette « vaillante » a été emprisonnée deux fois à Kirundo en 2010 et en 2013. D’après elle, c’est son courage qui lui a ouvert les portes, elle sera élue députée de sa province Kirundo. Une chance qu’elle a failli rater car, dans les papiers, elle avait été présentée comme un homme. Cette affaire a été tranchée par la Cour constitutionnelle.

Immaculée Ndabaneze : la sénatriceéconomiste

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conomiste de formation, Immaculée Ndabaneze embrasse la carrière bancaire pendant 20 ans, dès qu’elle finit ses études universitaires. La crise de 1993, le déclic pour se lancer dans la politique dès 1999. « La crise a éveillé ma conscience. Je me

Elle a commencé à siéger avec un retard de deux mois. Aujourd’hui membre du parti du CNL d’Ag-

athon Rwasa, Euphrasie Mutezinka est candidate aux élections collinaires, communales et législatives. Dorine Niyungeko

Alice Nzomukunda, la combattante

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suis sentie interpellée comme Burundaise et mère en voyant la souffrance des orphelins, des veuves, des mutilés et toute la souffrance du peuple burundais », confie cette élue du peuple de la province Bubanza. Clarisse Shaka

ée en 1966 dans la capitale de Bujumbura, Alice Nzomukunda est actuellement présidente de l’Alliance démocratique pour le renouveau(ADR). Sa carrière politique sera marquée par sa nomination à la 2ème vice-présidence de la République en août 2005. Elle démissionnera ensuite en septembre 2006. En 2007, elle sera élue Première vice-présidente de l’Assemblée nationale. Elle créera par après son propre parti politique ADR grâce auquel elle se présentera comme candidate aux élections de 2010. En 2015, son parti rejoindra la coalition Cnared réfugiée en Belgique, dont Mme Nzomukunda était trésorière. Mais cette ancienne 2e viceprésidente de la République décide de rentrer au bercail

en février 2017 après quatre ans à l’étranger. Mme Nzomukunda dira que le dialogue inter-burundais a été une occasion d’envisager sérieusement son retour au pays. Clarisse Shaka

Nadine Gacuti, la gouverneure-psychologue

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ouverneure de la province Bujumbura depuis 2015, Nadine Gacuti se bat pour les droits des femmes depuis qu’elle est toute jeune. Entrée dans la politique en 2004, son rêve est d’apporter sa pierre à l’édifice dans le développement du pays. « J’ai rejoint le parti Cndd-Fdd quand les négociations d’Arusha battaient leur plein. Je voulais donner ma contribution au développement du pays et à la promotion des droits de la femme ». Licenciée en psychologie clinique, Mme Gacuti a aussi travaillé au ministère de la Santé, au département de la lutte contre le sida. Elle évolue au sein du parti au pouvoir jusqu’aujourd’hui. Représentante du forum des femmes au niveau de sa province, Nadine Gacuti confie que cette plateforme l’a

aidée à escalader les échelons jusqu’ à devenir gouverneure de sa province natale. Les difficultés ne manquent pas, toutefois. D’après elle, les femmes engagées en politique font face à de multiples problèmes, notamment le manque de moyens pour rencontrer autant de membres qu’il faut. De surcroît, certains hommes constituent un obstacle pour leurs femmes qui veulent contribuer au développement du pays. Cette gouverneure appelle les autres femmes à rejoindre les différents partis politiques et à participer aux élections de 2020. « Nous ne voulons pas être cooptées, nous sommes capables et nous pouvons ». Diane Uwimana

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Spécial Femme

Rosine Rubuka : l’inspiratrice uproniste

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atif de la Province Cankuzo, Rosine Rubuka née en Juillet 1979, est une militante du parti Uprona et présidente de la ligue des femmes de ce parti, l’Union des femmes burundaises (UFB). Licenciée en Economie, elle a adhéré au parti Uprona en 2008, quand il était dirigé par son père, Aloys Rubuka, aujourd’hui chef de cabinet à la Première vice-présidence de la République. Elle compte se faire élire dans les prochaines élections législatives prévues en mai 2020. Engagée dans la promotion des droits des femmes, Rosine est connue pour son « sens d’organisation ». Elle représente plusieurs associations féminines d’épargne et d’entraide mutuelle. « Elle nous incite à former des associations d’épargne et d’entraide mutuelle qui nous permettent de conduire de petites activités génératrices de revenus » raconte un membre de l’UFB. Ceux qui la connais-

sent parlent d’une femme « inspiratrice ». « Aucune femme ne doit dépendre financièrement de son mari, sinon elle devient un joug pour lui », disait Mme Rubuka à l’endroit de ses camarades de cours à l’université. Ces anciennes camarades parlent de Rosine Rubuka comme d’une femme « forte et inspiratrice ». Elle faisait du commerce des pagnes importés de la RDC quand elle était étudiante. L’une d’elles indique que les conseils et les principes de Mme Rubuka l’ont aidée à exploiter ses talents. « Je ne savais pas que je disposais des capacités entrepreneuriales». Diriger et accompagner les associations féminines est sa passion. Elle accompagne les femmes à développer leur estime de soi, à se débrouiller financièrement, selon son ancienne camarade de cours. Lorraine Josiane Manishatse

Bonne fête aux femmes d’IWACU

Chères collègues, Nous partageons cette passion commune : informer. Ce n’est pas toujours facile. Mais heureusement que vous êtes là, avec votre détermination, votre courage, cette force derrière vos sourires. Oui, vous êtes parfois un peu « compliquées. « Nous aussi, c’est vrai. Mais sans vous, Iwacu ne serait pas ce qu’il est. Sachez que nous vous aimons ! Les hommes d’Iwacu

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