IWACU 572

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IWACU N°572 – Vendredi 28 février 2020 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Qui sont ces « criminels armés » ? © Droits réservés

ECONOMIE

SOCIÉTÉ

AU COIN DU FEU

Banque mondiale : une partie de l’aide finit dans les paradis fiscaux

Avec P.8

Blaise Nijimbere alias Baconib

P.9

VBG : les hommes, pas à l’abri!

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LA DEUX

Vendredi, 28 février 2020 - n°572

Editorial

Sur le vif

En coulisse

Brarudi : le personnel annonce un mouvement de grève Non au « plus jamais ça » qui recommence Par Léandre Sikuyavuga Directeur des rédactions

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ncore des morts de trop. A moins de trois mois des élections, on observe une recrudescence des violences dans plusieurs parties du pays. Dans la province de Bujumbura, des affrontements ont opposé ces derniers jours des « criminels armés » aux forces de l’ordre. Des images choquantes de ces « malfaiteurs », majoritairement jeunes, ont bondé les réseaux sociaux. Vingt-deux d’entre eux ont été tués ainsi que deux policiers, selon le porte-parole de la police. Les correspondants d’Iwacu à l’ouest et au sud du pays brossent aussi un tableau assez sombre de la sécurité. Des personnes non encore identifiées armées de grenades sèment la panique dans la commune Mugina, province Cibitoke. Des gens sont morts, un homme et son épouse sont amputés des jambes sur la colline et zone Ruziba de la même commune. A Bururi, en commune de Matana, des personnes en armes ont tiré sur deux jeunes gens sur la colline Mahango dans la nuit du 24 février. Un corps sans vie a été retrouvé sur la colline Ruzira. La police a procédé à une série d’arrestations pour des raisons d’enquête. Toutefois, certains partis politiques de l’opposition, dont le CNL, dénoncent des arrestations aux relents politiques. Des observateurs lient ces attaques aux prochaines élections. La période électorale est souvent un moment plein de tensions dues essentiellement aux enjeux politiques immédiats. Pour assouvir leurs intérêts égoïstes, certains politiciens recrutent chez les jeunes, plus malléables psychologiquement, vigoureux physiquement, faciles à mobiliser et instrumentaliser. Chômeurs pour la plupart, ils leur promettent monts et merveilles, un enrichissement rapide et facile pour les dresser les uns contre les autres. La théorie de Jacques Sémelin, dans Purifier et détruire, s’invite et gagne la jeunesse : détruire le « eux » pour sauver le « nous ». La barrière symbolique de la différence demeurant infranchissable, « il » n’a plus rien de commun avec « nous ». Une terrible idéologie à décourager. Ce qui vient de se passer dans ces localités cihaut citées est inacceptable. Rien ne peut justifier pour le moment la violence. On ne veut pas ce « plus jamais ça » qui recommence. Le pays a besoin de connaître l’identité de ces « criminels armés » et leur mobile. Les politiques doivent laisser la police et la justice mener des enquêtes neutres et indépendantes. Ils doivent aussi éviter des discours accusateurs. Par contre, ils sont dans le devoir d’inculquer aux jeunes les bonnes mœurs démocratiques basées sur la tolérance, la promotion de la paix, le dépassement des logiques ethniques et régionalistes, etc. C’est une condition sine qua non des élections libres, démocratiques, inclusives et apaisées.

En hausse

La direction de l’hôpital Roi Khaled,

Les employés affiliés au syndicat libre des travailleurs de la Brarudi SYLITRAB ont lancé, mercredi 26 février, un préavis de grève pour 6 jours, à compter du 27 février. Ils s’insurgent contre une « mutation hors du commun » du président et vice-président de leur syndicat.

Construction d’un centre olympique de référence pour bientôt Le comité national olympique (CNO) compte construire un centre olympique de référence dans la commune Mugamba de la province Bururi avec le début du mois de mars. Le CNO voudrait permettre aux athlètes burundais de mieux s’entraîner afin de décrocher des minimas nécessaires pour participer aux compétitions internationaux.

Compétition interscolaire de slam 13 écoles secondaires publiques et privées de la capitale sont candidates à la finale de la compétition nationale de Slam, samedi 7 mars, à l’Institut français du Burundi (IFB). Promouvoir l’art du slam et la poésie ainsi qu’encourager la prise de parole en public des jeunes élèves, tels sont les objectifs de ce concours organisé chaque année par le groupe « Yetu Slam ».

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga Directeur adjoint des Rédactions : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction

P

our avoir prohibé l’utilisation des smartphones pendant les heures de travail, dans le but d’améliorer les soins offerts aux malades.

Politique : Agnès Ndirubusa Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza Edouard Nkurunziza

En baisse

Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira

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Société: Clarisse Shaka Jérémie Misago

es jeunes qui seraient responsables des exécutions extra-judiciaires dans la province Bujumbura.

Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza

ANNONCE

Ambassade du Royaume des Pays-Bas au Burundi

Communiqué de Recrutement L’Ambassade des Pays-Bas à Bujumbura en collaboration avec Intercontact Services, voudrait recruter un Conseiller (H/F) à l’Education, l’Emploi et l’Entrepreneuriat des jeunes qui sera responsable de la mise en œuvre de la politique des Pays-Bas dans le domaine de l’ « Education, Emploi et Entrepreneuriat » au Burundi. Le profil recherché est un(e) cadre junior, loyal(e) et de bonne intégrité avec une attitude dynamique, proactive, coopérative et communicative, qui est créatif (-ve). Il/Elle doit avoir de fortes capacités de planification et organisation, être flexible et résistant(e) au stress. Il/Elle doit avoir un Baccalauréat ou Maîtrise dans un domaine lié aux tâches décrites dans les TDRs et justifier d’une expérience minimale de 3 ans. Les Tdrs complets sont affichés sur le site : www.intercontactservices.com dans la rubrique : offres d’emplois. Le dossier doit contenir une lettre de motivation d’une page au maximum; un Curriculum Vitae (CV) mis à jour et signé; les copies des diplômes; des attestations d’emplois et de formations/stages antérieurs; des lettres de recommandation et/ou des références professionnelles vérifiables et à contacter au besoin; une photocopie de la pièce d’identité. Les candidats intéressés doivent obligatoirement soumettre leur dossier de candidature à travers le lien suivant: http://cv.intercontactservices. com/Accueil/postuler_acceuil/PO-437E. avant le Jeudi 5 mars 2020 à 23:59 Heure de Bujumbura.

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Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

3,5 millions de dollars américains est le don du FUAP offert au Burundi pour améliorer la santé reproductive

Source: Ministère de la Santé Publique

Une pensée

« Toute catastrophe doit avoir son bouc émissaire. » Serge Brussolo


L'ÉVÉNEMENT

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Province Bujumbura

L’identité des «assaillants» reste un mystère 22 combattants sur 30 ont été tués, 8 autres capturés. La police n’a pas encore dévoilé l’identité de ce groupe armé qui s’est manifesté depuis le mercredi 19 février 2020 en province Bujumbura. Des questionnements fusent de partout. Des spéculations vont bon train. Dans la foulée, une vague d’arrestations des militants du Congrès national pour la liberté (CNL) s’observe depuis cette «attaque». Par Fabrice Manirakiza et Edouard Nkurunziza

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enquêtes sont en cours pour pouvoir les identifier, surtout qu’il y a les deux hommes arrêtés». Il poursuit son récit : « Des citoyens se sont mis à leur poursuite et ce groupe s’est dirigé vers Musenyi avant de rejoindre la localité de Kinama où ils ont échangé des tirs avec des éléments de la police appelés pour intervenir et là il y a eu des pertes en vies humaines. Des coups de feu ont commencé à retentir vers 13 heures ». Les 14 présumés combattants abattus sur la colline Kinama seraient, selon Déo Bigirimana, le commissaire de police dans la province Bujumbura, des rescapés d’un groupe armé signalé mercredi 19 février dans les collines surplombant la mairie Bujumbura. Ce dernier avait échangé des tirs avec des éléments de la police et de l’armée, surtout à la colline Kirombwe de la zone Muyira en commune Kanyosha. Des habitants de Kirombwe qui disent avoir vu ces présumés combattants parlent d’une trentaine de jeunes hommes vêtus en civils, bibles dans les mains et portant plusieurs bagages. Ils se réclamaient, disent-ils, parfois de Rémy Gahutu, parfois de Rwasa. Visiblement, ils étaient de passage en provenance de la commune Isare. Selon ces témoins oculaires, ce groupe qui disposait pourtant des effets militaires disait n’avoir aucune intention de nuire. Il entendait uniquement rappeler

© Droits réservés

imanche 23 février, des photos impressionnantes envahissent la toile: WhatsApp, Facebook, Twitter… Des jeunes ensanglantés sont ligotés ensemble. C’est un groupe d’hommes armés capturés en commune Nyabiraba. Ils sont entourés par beaucoup de militaires et policiers lourdement armés. Beaucoup de civils sont aussi présents. Certains ont des gourdins. Sur certaines images, ils sont en train de tabasser ces hommes capturés. Sur une des photos, on voit un jeune homme en civil avec une kalachnikov. « Je le connais. Il s’appelle Juvénal. C’est un Imbonerakure de Nyabiraba», s’exclame un habitant de la commune Nyabiraba. Des vidéos circulent aussi. Dans l’une d’entre elles, on attend quelqu’un déclarer : « aho harivyo kubabika, nibafyondere ngaha (Pas besoin de les emprisonner, éliminez-les ici, sur le champ).» Peu après, des photos montrant des cadavres jonchant le sol commencent à circuler. Certains avaient de profondes blessures à la tête. «Ça s’est passé sur la colline Kinama de la commune Nyabiraba. Après leur capture, ils ont été tués», témoigne un habitant de la colline Kinama. «C’était un groupe de 14 jeunes. Certains ont été tués à la machette, d’autres ont été égorgés. Il y en a qui ont été achevés par balles», raconte un autre habitant de cette localité. «Deux ont survécu. Il s’agit d’un jeune de la commune Mubimbi et un enseignant du Lycée Gatara en province Kayanza. On ne connaît pas ces gens dans les parages», ajoute un autre habitant. Selon des sources à Kinama, les dépouilles auraient été enterrées lundi dernier par la population sur la colline Kinama. «Certaines avaient été déjà dépecées par des charognards».

Les « combattants » qui auraient été exécutés en commune Nyabiraba.

à l’ordre le gouvernement du Cndd-Fdd par la parole de Dieu. Au niveau de la colline Kirombwe, ces hommes auraient même rencontré deux agents de police. «Soyez rassurés, nous ne voulons pas perturber l’ordre public », leur auraient-ils dit, avant de poursuivre leur route. Deux Imbon-

erakure rencontrés au chef-lieu de la zone Muyira indiquent toutefois que ces inconnus visaient à décimer les membres de la jeunesse du Cndd-Fdd. D’après le commissaire Bigirimana, le groupe se composait alors de 30 hommes détenant 14 fusils. «Des ‘‘affrontements’’

Première «attaque » à Kirombwe Dans la foulée, l’administrateur de cette commune, Ferdinand Simbananiye, parle de 12 hommes armés et d’un policier tué. Il y a eu une saisie d’armes : 6 fusils d’assaut, un pistolet et une grenade à manche chinoise. «Nous ne savons pas encore qui sont ces hommes armés, mais des

Kirombwe, où auraient eu lieu des affrontements, se trouve au fond de ces collines.

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entre eux et les forces de l’ordre se sont soldés par 3 morts et 2 captifs parmi les présumés rebelles». Un vieil homme de Kirombwe présent à Muyira lors de la réunion de sécurité de ce mercredi pense néanmoins qu’il n’y ait pas eu d’affrontements. «On doit parler de combats pour justifier les morts. Je doute que ces hommes-là aient tiré. Au-delà de ce qu’ils disaient, ils n’avaient visiblement aucune expérience ». Le ‘‘groupe rebelle’’ se serait ensuite désagrégé, poursuit l’officier de police, dans la foulée des combats. «Il s’est scindé en deux. Certains ont continué, d’autres se sont cachés dans la brousse». Ces derniers seront appréhendés tour à tour, certains avec leurs fusils, à travers des fouilles perquisitions qui ont été conduites dans différents endroits avoisinant Muyira. Ce dimanche 23 février, il ne restait alors que les 14 « combattants » qui ont échangé de tirs avec de forces de sécurité dans la commune Nyabiraba. «Tout le groupe a été complètement démantelé» s’est félicité Déo Bigirimana lors de la réunion.

Des arrestations tous azimuts Après l’attaque de Kirombwe, le CNL déplore une vague d’arrestations de leurs militants. «On a ciblé les responsables locaux du parti qui figurent sur les listes électoraux. 23 Inyankamugayo ont été arrêtés dans les communes d’Isare et Mubimbi», indique Térence Manirambona, porte-parole du CNL. Les Inyankamugayo de la commune Mubimbi font savoir que les arrestations étaient opérées par la police accompagnée par des Imbonerakure. D’après eux, les premiers ont été arrêtés sans mandat d’arrêt, mais pour les autres qui ont suivi, ils étaient accusés d’«atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat». «Un Inyankamugayo du nom de Félix Ndikuriyo est mort dans les cachots de la commune. Il avait été battu par les Imbonerakure lors de son arrestation à son domicile sur la colline Kiziba. L’administration a refusé de donner la dépouille à la famille. Il a été enterré sans la présence de ses proches». Iwacu a cherché à joindre l’administrateur


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L'ÉVÉNEMENT

de la commune Mubimbi, Léonidas Ntirandekura, sans succès.

Des allusions à peine voilées Dans la réunion de sécurité organisée dans la zone Muyira, ce mercredi 26 février, l’administrateur de la commune Kanyosha, Jean Berchmans Munzerere, a parlé d’un groupe de bandits. «Des chèvres et porcs disparaissent sur les collines depuis un certain temps. Nous pensons que ce sont ces mêmes bandits». Pour lui, la sécurité est totale dans sa commune. «Nous ne savons pas si ce sont des bandits ou des rebelles, mais les forces de l’ordre et tous ceux qui les ont aidés ont fait un bon travail», a lancé Nadine Gacuti, gouverneur de la province Bujumbura. Selon elle, les ennemis du pays sont toujours aux aguets. «Je sais qu’il sont ici dans la salle, mais je voulais leur dire qu’ils n’arriveront à rien». Nadine Gacuti a mis en garde ceux qui ont aidé ces hommes armés. «Ce qui est étonnant, c’est que la plupart de ces hommes sont originaires de la province Bujumbura. Certains habitants ont aidé à les traquer, mais d’autres sont restés les bras croisés. Celui qui cache un ou deux parmi les rescapés, il doit le signaler tout de suite aux forces de l’ordre». Le conseiller principal du gouverneur de la province Bujumbura, a lancé la première salve : «Les assaillants capturés ont dénoncé leurs complices. Après cette attaque, un climat malsain s’est installé dans certaines communes où on disait que les gens sont en train d’être arrêtés à cause de leur appartenance politique.

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La police a exploité les aveux de ceux qui ont été appréhendés. Je pense qu’un criminel doit être traité comme tel sans évoquer son appartenance politique». La gouverneure a tenu à expliquer l’idée de son conseiller principal : «Au lendemain des attaques, j’ai reçu un message du représentant du CNL en province Bujumbura me demandant pourquoi nous sommes en train d’arrêter leurs membres. Je lui ai répondu que ce sont les rebelles qui sont en train d’être interpellés. Je lui ai demandé si ces rebelles sont des militants du CNL. Il a dit non. J’aimerais qu’on ait une même lecture de la situation, car aucun autre représentant d’un parti ne m’a appelé». Didace Nzambimana, représentant du CNL dans cette province, recadre le débat : «Je ne parlais pas des gens qui ont été capturés lors des combats. J’étais préoccupé par les membres de notre parti qui ont été arrêtés dans leurs ménages après lesdites attaques. Il ne faut pas confondre les choses. D’ailleurs, l’administrateur de la commune Kanyosha avait déjà dit que c’est un groupe de bandits. Je tiens d’abord à remercier quelques administratifs, car certains de nos militants de Mubimbi ont été relâchés». Nadine Gacuti ne désarme pas. «Celui qui veut gagner les élections, qu’il aille expliquer ses projets à la population. Ça se pourrait qu’en 2015, tu aies beaucoup de sympathisants dans la région, suite aux autres enseignements qu’ils ont reçus, ils sont allés voir ailleurs. Ils ne peuvent pas revenir par force. Pour avoir des militants,

Nadine Gacuti : «Il faut être vigilant. Il se peut qu’ils se cachent parmi nous, que nous les côtoyons tous les jours. Ce n’est pas un nouveau parti. »

il faut prendre les armes?» Et de se poser la question : Est-ce un nouveau parti ou il existe déjà ? «Il faut être vigilant. Il se peut qu’ils se cachent parmi nous, que nous les côtoyons tous les jours. Ce n’est pas un nouveau parti. Continuez les enquêtes, vous allez trouver que je vous dis la vérité».

« Décourager les belliqueux » Nadine Gacuti pose alors des questions à l’assistance : Celui qui a écrit à propos de moi sur les réseaux sociaux, vous ne le connaissez pas ? J’ai oublié son nom, qui est-ce ? Aimé Magera, répondent certains participants. Il est de quel parti politique? Pourquoi vous ne le dites pas? CNL, clament-ils en chœur. «Premièrement, il a dit que je veux emprisonner Rwasa. Est-ce que moi Gacuti, j’ai le pouvoir d’emprisonner Rwasa ? Deuxièmement, il a écrit que c’est moi,

en complicité avec un ministre et un député, qui avons envoyé ce groupe perpétrer cette attaque. Si vous n’avez rien à faire, tenezvous tranquille. Mais n’allez pas mentir aux gens, car ils ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Magera a des gens qui l’ont mandaté. La preuve, ils ne l’ont jamais désavoué». Toutefois, elle tranquillise les responsables du CNL. «En province Bujumbura, nous ne ménagerons aucun effort afin de leur faciliter la tâche comme nous l’avons toujours fait. Il y a des gens qui aiment profiter de la guerre. A chaque fois que les élections approchent, il y a toujours des troubles en province Bujumbura. Il faut en finir avec cette situation». Réagissant sur la situation sécuritaire, Agathon Rwasa, président du CNL, trouve qu’elle n’est pas alarmante, mais qu’on peut être inquiet par les agisse-

ments de certaines bandes de gens qui se disent vouloir lutter militairement. «Ce qui est dommage, c’est qu’il y a certains administratifs qui font de l’amalgame et veulent attribuer cette barbarie au parti CNL. Nous réaffirmons encore une fois que le CNL est un parti politique. Nous n’avons rien à voir avec tout ce qui a trait à la violence». Selon lui, depuis que le parti a été agréé, leur leitmotiv a toujours été la retenue en évitant la violence. «C’est quand même déplorable qu’il y ait des attitudes de ce genre. Des fois on peut comprendre parce qu’il y en a qui ne veulent pas l’épanouissement de la démocratie et qui aimerez que l’on vive une situation de monopartisme de fait alors que la loi consacre le multipartisme». Pour lui, il faut que tous les Burundais se lèvent comme un seul homme pour décourager tous ces gens qui ont des velléités bellicistes.

Qui sont ces hommes ? Difficile d’identifier ce groupe armé pour l’heure. Les différents témoignages recueillis par Iwacu restent confus.

et leur patron étaient sur toutes les lèvres. Mais après que des éléments du groupe arrêtés aient été tués, nous avons pensé que cette info ne tenait pas, du moins totalement». Dans tous les cas, les différents participants aux réunions de sécurité de ce mercredi s’accordent sur un constat : «Ce groupe était composé exclusivement par les natifs de la province de Bujumbura». La gouverneure Nadine Gacuti soulignera en passant que les recrutements se sont déroulés pour la plupart en commune Mubimbi…

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elon les habitants de Muyira, ces « combattants » ont été bloqués à Kirombwe alors qu’ils venaient de la direction de la commune Isare. La gouverneure de la province Bujumbura souligne même qu’ils auraient séjourné dans Isare pendant une bonne semaine. Les avis des habitants de cette commune semblent infirmer ces propos. « Nous avons appris l’existence de ce groupe ce jour des ‘’affrontements’’. Et il semble que parmi ceux qui ont été arrêtés ou tués, personne n’est natif de notre commune ». Ceux qui disent avoir essayé de trouver l’identité des membres dudit groupe affirment avoir buté à un obstacle :

Des recrues dans Mubimbi? Oui.

Agathon Rwasa : «Ce qui est dommage, c’est qu’il y a certains administratifs qui font de l’amalgame et veulent attribuer cette barbarie au parti CNL. »

«Dans les rues d’Isare, les rumeurs d’un groupe d’Imbonerakure qui

auraient été instrumentalisés pour un montage visant en défin-

itive la suspension du CNL et/ou l’arrestation des militants du CNL

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Centre de négoce de Mubimbi, non loin de la RN 1, il est 13h. Une fine pluie tombe au-dehors. Sur le balcon d’un bistrot, un groupe de cinq hommes autour d’un homme qui grille des brochettes. La conversation est bon enfant. Ils parlent des départs pour une rébellion. «Ce ne sont que des jeunes de


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18 ans pour la plupart», lance l’un d’eux, entre deux gorgées de bière. «Je pense qu’ils sont un peu fous ces jeunes. Comment peuventils prétendre nous combattre, nous qui avons passé des années et des années dans le maquis ?», réplique un homme teint clair, dans un veston. « On les fait miroiter de l’argent», tente d’expliquer un troisième. Les échanges sont nourris. D’autres disent ne pas être d’accord avec cet argument. Ils donnent l’exemple d’un jeune homme de la localité qui est parti alors qu’il ne manquait de rien chez lui. « Il y’a sûrement un homme politique qui les instrumentalise ». D’après eux, ceux qui vont «s’enrôler dans cette rébellion » partent avec le matériel de construction comme s’ils vont vers un chantier en construction. Ils partiraient ensuite pour le Congo où ils recevraient une formation militaire. La preuve ? « Ceux qui se sont fait tirer dessus où arrêter avaient en poche de la monnaie congolaise ». Ces « jeunes combattants » traqués auraient pris le chemin vers la « rébellion » il y a deux semaines, confient ces hommes de Mubimbi avant d’ajouter qu’ils n’ont pas d’expérience dans les combats : «A leur retour, ils avaient des fusils avec uniquement 20 cartouches chacun. Ceux

qui ont été arrêtés n’avaient plus de balles».

« Des rebelles venus du Congo… » Selon Déo Bigirimana, commissaire provincial de la police à Bujumbura, ce groupe armé est venu du Congo en deux parties. Douze sont entrés par la réserve naturelle de la Rukoko, douze autres via Rumonge. Ceux qui sont arrivés par Rumonge n’auraient atteint la colline Nkona de la commune Isare qu’à 10. De l’autre côté, les douze qui étaient passés par Rukoko auraient rencontré un autre groupe de 8 autres hommes au niveau de la commune Gihanga en province Bubanza. Ils rejoindront les autres à Nkona pour faire un groupe de 30 hommes. A son arrivée, ce dernier ne disposait alors que de six fusils. Cet officier de police qui dit détenir les informations des combattants arrêtés ajoute que celui qui pilotait le groupe était un directeur d’internat au Lycée fondamental Maranantha de Kivoga, un certain Jean Bosco Minani…

Des arrestations en perspective Les informations recueillies par Iwacu à Kivoga soutiennent que Jean Bosco Minani avait disparu depuis peu de l’école.

Déo Bigirimana : « Si demain ou après-demain, il y a l’un ou l’autre qui se fait tirer les oreilles, ne soyez pas étonnés.»

D’autres indiquent qu’il était en congé de travail depuis près de deux semaines. Opérant pour le compte d’un parti politique ? Les différentes sources disent ne

pas être en mesure de fournir quelque information que ce soit à ce propos. Un jeune homme de Mara-

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natha, le lycée de Kivoga, tente d’expliquer le parcours politique de Jean Bosco Minani. Il parle de lui au passé. Il avait été combattant dans le mouvement armé FNL-Palipehutu. Au sortir du maquis, il aurait intégré le parti Frodebu Nyakuri. «Je le connais en 2014-2015 comme membre de ce parti ». Selon lui, le défunt Minani n’avait plus été par la suite actif dans aucun parti politique… A la colline Nkona, dixit le commissaire Déo Bigirimana, le groupe a bénéficié un armement, de la part d’un pasteur, de 8 fusils pour compléter les 6 achetés au Congo. Ce pasteur les aurait achetés dans le quartier Kamesa de la commune Kanyosha avant de les déplacer, dans des sacs de farine de manioc, par voiture de type Probox pour Rushubi où ils devaient être déchargés. M. Bigirimana indique que des 14 fusils, 12 ont été saisis. Et tous ceux qui ont participé dans le déplacement de ces armes, arrêtés. Et d’ajouter : « Si demain ou après-demain, il y a l’un ou l’autre qui se fait tirer les oreilles, ne soyez pas étonnés, car ce sont les captifs qui les dénoncent». En passant, il criera à qui veut l’entendre de ne plus partager les photos et/ou vidéos sur les réseaux sociaux. «Ils ternissent surtout l’image de ces jeunes qui font le travail ».

POLITIQUE

Nouvelles recrues dans la fabrique des faits alternatifs

N

e pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre », dixit Spinoza. « Udashoboye guhenura umusozi urawegamira » (« Si tu ne peux pas faire tomber un colosse, tu prends appui sur lui »). Lors de la 13e édition du Flambeau de la paix sous le thème « Notre pays avant tout », lancée mardi 10 septembre jusqu’au vendredi 20 septembre 2019. Dans la capitale économique, la mairie, en collaboration avec des jeunes, a organisé une soirée de gala, jeudi 19 septembre, à la Place de l’Indépendance. Dress code et foulard blanc noué au poignet ou agité au rythme d’une danse entraînante, chansons et slams célébrant la paix ont agrémenté la soirée. De jeunes gens aux talents reconnus se voient ainsi sollicités pour construire des faits alternatifs, mettant la réalité parfois crue et cruelle sous une cloche de mots. Sans pour autant être encartés au Cndd-Fdd ou cautionner le rétrécissement des libertés publiques - à commencer par les libertés d’expression, de

réunion et de manifestation - et de l’espace démocratique. Ces nouvelles recrues dans la fabrique des faits alternatifs sans attache idéologique - sont un effet de l’« impuissance apprise », un concept inventé

par le psychologue américain Martin Seligman. « Quoique je fasse, je ne peux rien faire pour changer la donne. » Ainsi pas d’ouverture d’une lucarne dans le mur de la sclérose politique et sociale : pas d’espaces de délibéra-

tions démocratiques irrigués par la culture de la contradiction, pépinière d’un personnel politique qui a à cœur de doter le pays d’institutions fortes et d’une société civile dynamique et progressiste.

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Ces apôtres du business as usual transforment le plomb de l’événementiel en or politique. Au point de devenir des piliers de l’ère post-vérité made in Bujumbura, l’appel aux émotions - toucher la fibre patriotique - et aux opinions étant prioritaire. Le primat de l’émotion sur les faits. Le Palais Ntare House leur ouvre ses portes : « Mi casa es su casa » (« Ma maison est votre maison »). A coups de posts, cette « collaboration » s’affiche sur les réseaux sociaux. Ils frayent avec le gotha politique de Bujumbura, tantôt le maire, tantôt un ministre ou le locataire du Palais Ntare House. Une nouvelle forme de mercenariat est à l’œuvre avec comme cheville ouvrière les jeunes citadins les plus en vue. C’est du winwin : le storytelling politique sur « le pays ruisselant de lait et de miel » où règne la paix s’avère être une arme de distraction massive tandis que ses conteurs déployant l’étendue de leur savoir-faire, deviennent incontournables. Guibert Mbonimpa


POLITIQUE

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Chronique sur les messages de haine

« La glorification de la violence pourrait inciter d’autres à participer dans des actes similaires » La glorification de la violence sape les efforts de réconciliation. L’historien Eric Ndayisaba, professeur d’universités, préconise la cohabitation pacifique pour éviter les violences de masse.

E

n quoi consiste la glorification de la violence ?

Il consiste à légitimer la violence perpétrée contre les membres d’un groupe politique, une catégorie sociale ou ethnique donnée. C’est une affirmation et justification du bien-fondé de la violence. Elle peut se faire avant ou après les actes dans un contexte de mobilisation. La violence, qui au départ était une déviance communautaire, devient normale contre les ennemis réels ou supposés. Pour les membres du groupe, commettre une violence est un service au nom de son groupe d’appartenance.

Pourquoi ce recours à la glorification de la violence ? La violence devient l’un des moyens privilégiés pour la survie politique de certains contre des groupes opposés. En tant que moyen pour atteindre leurs intérêts personnels, la violence est considérée comme un acte de bravoure. Chacun veut sortir de la masse pour se faire remarquer. C’est un basculement complexe dont parle Jacques Sémelin dans son livre Purifier et détruire, usages politiques des massacres et génocides. Quid des conséquences éventuelles pour le pays ? La glorification d’actes violents pourrait inciter d’autres personnes à participer à des actes similaires motivés par la haine et l’intolérance. Cette glorification peut inspirer les autres à reproduire ces actes violents. Pour les victimes, c’est raviver les douleurs des blessures. Elles peuvent rester sur la défensive afin de contrer toute autre vio-

lence à leur encontre. Le cas échéant, la vengeance peut être envisagée. Dans ce cas, il est difficile de penser à la réconciliation. Tous les efforts de rapprochement sont étouffés, le tissu social ayant été brisé. Le risque, c’est d’aboutir à des violences de masse. En plein processus électoral, quel comportement les acteurs politiques doivent adopter? Les violences du passé font que les gens restent toujours en alerte. Ils ont tendance à considérer que la période électorale est propice à la déstabilisation et aux crises. Ce n’est pas une fatalité, il faut avoir l’audace d’espérer. Il n’y a jamais de demande sociale de la guerre. Les hommes politiques ont intérêt à ce que le pays soit stable. Ils doivent présenter des projets porteurs du développement pour le bien-être de la population. La cohésion sociale, la cohabitation pacifique, l’amour du prochain doivent être des principes directeurs pour construire un Burundi meilleur.

Y-a-t-il un espoir ? Il y a une lueur d’espoir quand on écoute les messages d’apaisement des leaders politiques. Ceux de la majorité et de l’opposition se félicitent, lors de

la désignation pour la présidentielle de mai 2020. Qu’ils joignent les actes à la parole . Propos recueillis par Jérémie Misago

« Le langage manipulateur des événements du passé engendre un cycle vicieux de violence » La CVR a entamé l’exhumation des restes humains des victimes des crises cycliques que le Burundi a connues. Victimisation et manipulation des évènements ont récemment enflammé la Toile. Certains allant jusqu’ à nier les souffrances des autres.

C

hartier Niyungeko, expert en transformation des conflits, explique le langage manipulateur du passé comme un travestissement des faits historiques par ignorance, idéologie ou doctrine et une non reconnaissance des souffrances des autres. « Un des groupes antagonistes se fait seul victime et ne veut pas comprendre que les autres ont souffert. Le groupe qui uti-

lise ce langage se sent victimisé et réclame toujours justice par rapport à ce qui s’est passé ».

Selon lui, c’est un signe que dans le passé s’est produit des événements malheureux contre des

groupes de gens. « Des évènements ne sont pas bien traités pour réhabiliter les victimes et la mise en place des mécanismes de non répétition. En cause l’endoctrinement ou l’idéologie d’un groupe. Ces dernières ayant entendu beaucoup de mauvaises choses par rapport à l’autre groupe pensent détenir la vérité sur l’histoire ». Chartier Niyungeko rappelle que le pays a été tant meurtri que la reconnaissance de la mémoire s’avère importante. « Depuis les années 61, 65, 72,88, 93, il y a eu des massacres. On se pose la question de savoir si dans 20 ou 30 ans, on ne va pas observer la répétition de ces événements malheureux ». Il souligne que ne pas reconnaître leur histoire douloureuse, c’est retourner le couteau dans la plaie des rescapés. « Les mémoires blessées dues à l’histoire du passé peuvent créer un sentiment et une haine envers l’autre groupe ».

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A la longue, explique M Niyungeko, cette situation peut causer des vengeances et des violences de masse. « Ils doivent tout faire pour se donner de la dignité. L’objectif étant de les amener à comprendre que les autres ont aussi souffert». Chartier Niyungeko conseille à la population d’éviter ce genre de messages qui pourraient à la longue diviser les enfants de la nation. « Il faut que les gens apprennent à écouter les autres. Si les membres d’une catégorie donnée disent qu’ils ont eux aussi connu des problèmes dans le passé, il faut que je prenne l’initiative de comprendre ». Ce spécialiste appelle les leaders politiques à faire attention quand ils prononcent des discours. Ils ont, conclut-il, un pouvoir d’influencer positivement ou négativement leurs audiences. J.M.


POLITIQUE

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Du passé composé au futur simple

Mwezi Gisabo mort, Ririkumutima se lance à la conquête du pouvoir Des guerres d’influences, des intrigues… ont été observées dans le cercle royal après la mort du roi Mwezi Gisabo. Ce qui a abouti à la montée en puissance de Ririkumutima, la ‘’reine’’ prête à tout. Débat.

E

n 1908, le roi Mwezi Gisabo est mort, à Buhonga, aujourd’hui commune Kanyosha, province Bujumbura. Invités à débattre autour du thème : « Comment Mwezi Gisabo a-t-il préparé sa succession », les jeunes affirment qu’avant sa mort, ce roi a désigné son successeur. « Il avait choisi le jeune prince Mutaga Mbikije comme son remplaçant», raconte Ernest Mugwaneza, un jeune historien de l’Université du Burundi. Et malgré les tentatives de la reine Ririkumutima d’influencer la décision du roi, ce dernier va rester attaché aux principes de succession. Et finalement, indique Félicité Niyomwungere, lauréate de l’Université Espoir d’Afrique, Mutaga Mbikije sera intronisé jeune. Et la reine Ririkumutima va faire partie du comité de régence.

Les ‘’tricheries’’ de Ririkumutima Déçue de voir que le choix de Mwezi Gisabo n’est pas porté sur un de ses fils, la ‘’ reine’’ Ririkumutima enclenche des démarches de conquête du pouvoir. Grâce à sa position, aux relations qu’elle entretenait avec le roi Mwezi Gisabo, Lin Niyukuri,

étudiant en Sciences politiques, précise que Ririkumutima était surnommée ‘’ Bizima bitazimiza Mwezi’’. Ce qui signifie que le roi avait confiance en elle, qu’elle était la plus aimée de toutes les reines. « Ainsi, elle pensait qu’elle avait le dernier mot sur le roi, qu’elle pouvait même avoir le privilège de mettre au monde un successeur du roi». Avant la mort du roi, raconte-t-elle, elle va tenter de convaincre le roi Mwezi Gisabo pour qu’un de ses fils soit son successeur. « Après son échec, elle parviendra néanmoins à intégrer le cercle fermé des régents. C’est elle qui va assurer la régence de Mutaga Mbikije après l’avoir arraché à sa mère l’accusant à tort et à travers de se méconduire.» Le jeune roi va alors grandir chez Ririkumutima. Une stratégie, selon Ernest Murwaneza, pour faire croire à l’opinion qu’elle était sa ‘’mère biologique’’. « Ce qui va lui conférer directement le titre de reinemère et plus tard en profiter pour placer ses propres fils. »

Une femme ambitieuse Insistant sur ce comportement de Ririkumutima, Belinda Iradu-

Quelques jeunes invités au débat.

kunda, lauréate de l’Université Espoir d’Afrique, la décrit comme une femme prête à tout pour arriver à son objectif. D’autres jeunes la considèrent comme une femme intelligente, ambitieuse et très attachée à sa descendance, à ses fils. « En tout cas, c’était une femme extraordinaire, qui savait placer ses pions, ses enfants », souligne un jeune invité au débat. C’était faire preuve de courage que de chercher à influencer les décisions du roi vu l’organisation

de la monarchie burundaise. Il ajoute que cette femme savait mesurer les rapports de force : « Grâce à ses stratégies, elle parvenait parfois à influencer les conseillers du roi et les grands-chefs dans la prise des décisions.» D’autres jeunes estiment que Ririkumutima n’est pas un modèle à suivre. « Même si elle a réussi à placer ses fils, à faire tuer le roi Mbikije, elle le faisait en violation de la loi, des principes », analyse une jeune participante au débat. Or, ajoute-t-elle, ce sont

ces principes, la loi qui faisaient la force de la monarchie burundaise. « Tout était bien planifié en ce qui est de la succession du roi, des rôles des conseillers, des grands-chefs, des reines dans la gestion des affaires du pays. Or, pour Ririkumutima, la fin justifie les moyens». Elle estime que son arrogance a poussé ses fils à la violence jusqu’à tuer le roi Mutaga Mbikije. Rénovat Ndabashinze

Eclairage

Professeur Emile Mworoha

Selon l’historien Emile Mworoha, le roi Mwezi Gisabo a bel et bien préparé sa succession. La mère de Mbikije était Ntibanyiha. Et dans ce système monarchique, c’était le prince le plus jeune qui était souvent investi roi. Et Mutaga Mbikije avait alors été confirmé par les conseillers du roi comme successeur. En 1908, le roi Mwezi Gisabo est venu à Bujumbura pour dire au revoir au Résident allemand. Et c’était pour la troisième fois. Et sur son chemin de retour vers Muramvya, le roi Mwezi Gisabo est mort à Buhonga, chez son Mutware Mareza. D’après le Professeur Emile Mworoha, c’est durant cette période, avant que cette mauvaise nouvelle arrive à Muramvya et que son corps soit transporté à l’Inganzo de Kayanza, que les choses ont mal tourné. Ririkumutima, du clan Abanyakarama, va en profiter pour assouvir ses ambitions. « Cette femme aspirait beaucoup au titre de reine. Elle avait des fils forts, influents comme Nduwumwe, Karabona, Bishinga, Bangura et Nganguzi. » Elle était tellement mécontente de voir qu’elle n’est pas la reine. Elle élimine Ntibanyiha et ses tricheries vont aboutir

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à sa désignation comme la mère de Mbikije. Et cela s’est propagé dans l’opinion. Par la suite, d’autres acrobaties vont déboucher sur la mort du roi Mutaga Mbikije après son mariage avec Ngezahayo, la mère de Mwambutsa, précise M. Mworoha. Résultat d’un deal organisé par Ririkumutima. En effet, explique-t-il, Bangura, le demi-frère du roi et fils de Ririkumutima est allé « commettre l’adultère chez la reine Ngezahayo en l’absence du roi. » Quand il est rentré, raconte-t-il, Mutaga Mbikije se défend et le blesse. Les autres fils de Ririkumutima vont chercher à venger leur frère. « Dans les combats, le roi est blessé et il en est mort. Ngezahayo du clan Abavubikiro sera aussi liquidée». Ce qui va déboucher sur le massacre de plusieurs personnes du clan d’Abavubikiro ordonné par Ririkumutima, les accusant à tort et travers d’avoir empoisonné le roi Mbikije. Ririkumutima passera de vie à trépas en 1917. Ses descendants étaient devenus forts et sont restés en place même durant la colonisation.

R.N.


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…CONOMIE ÉCONOMIE

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Aide de la Banque mondiale

103 millions de dollars détournés par les élites Un rapport récent révèle qu’une partie d’aide au développement accordée au Burundi finit dans des paradis fiscaux. Le gouvernement du Burundi semble réservé. L’Olucome demande aux candidats à l’élection présidentielle de 2020 de mettre l’audit des projets financés par la Banque mondiale dans leur agenda.

E

n moyenne, 5% des aides de la Banque mondiale octroyés aux pays pauvres partiraient vers des paradis fiscaux. Cette fuite atteindrait même 15% pour sept pays les plus dépendants des aides de cette institution dont le Burundi », lit-on dans l’étude rendue publique mardi 18 février voulant répondre à la question : les élites accaparent-elles l’aide financière? Cette étude intitulée « La mainmise des élites sur l›aide étrangère. Preuve de comptes bancaires offshore » a été menée par trois chercheurs : Jørgen Juel Andersen, Niels Johannesen et Bob Rijkers. Elle révèle qu’une partie de l’argent versé par la Banque mondiale pourrait avoir été détournée dans les paradis fiscaux. Cette étude porte sur la période de 1990-2010. L’étude se focalise sur 22 pays les plus pauvres. Dix-neuf de ces derniers se situent en Afrique, avec des dépôts annuels représentant dans certains Etats des sommes très importantes. Le Burundi est classé dans les cinq premiers pays avec 103 millions de dollars. Néanmoins, ces experts tiennent à préciser que les sommes incriminées sont sûrement sous-estimées. Car, cette étude ne retient que les transferts vers des comptes logés dans les paradis fiscaux, sans intégrer les possibles dépenses en immobilier ou en biens de luxe. Pour y parvenir, les auteurs ont croisé des données sur les décaissements de l’aide de la Banque mondiale et les dépôts étrangers de la Banque des règlements internationaux (BRI). Et de constater que les trimestres où l’institution de Brettons Woods débloquait des fonds, il y a systématiquement une importante augmentation des dépôts d’argent de ressortissants burundais dans des paradis fiscaux. Cette étude va loin, elle chiffre ce détournement. Pour un trimestre durant lequel le pays recevait une aide égale à 1% de la production nationale(PIB), ses dépôts dans les paradis fiscaux accroissaient de 3,4% par rapport à un pays qui ne bénéficie pas de l’aide de cette institution. « Et il

n’y a pas de hausse des dépôts bancaires dans des pays qui ne sont pas des paradis fiscaux. »

Les élites sont pointées du doigt L’étude estime aussi, mais sans le démontrer, que les élites du pays ont détourné cette aide financière. S’il est plus difficile d’identifier le mécanisme précis par lequel les apports d’aide provoquent des sorties de capitaux vers les paradis, explique ce rapport, la capture de l’aide par les politiques au pouvoir, les bureaucrates et leurs acolytes sont un élément saillant et plausible. Tout en écartant les autres hypothèses qui pourraient expliquer de tels transferts d’argent: des catastrophes naturelles ou des crises économiques, par exemple. Ces trois auteurs se disent que des interprétations alternatives existent. « Mais nous les trouvons difficiles à concilier avec toutes les données», concluent-ils. La destination de ces transferts d’argent? Ces économistes précisent que les élites dissimulaient l’argent volé dans les centres financiers appelés l’offshore ou paradis fiscaux connus pour leur opacité et leur gestion privée de fortune. Ils citent notamment la Suisse, le Luxembourg, les îles Caïmans, les Bahamas et Hong Kong et Singapour. Pour nuancer, ces chercheurs reconnaissent que leur constat n’est pas une preuve de cause à effet. Ils parlent au conditionnel du lien de causalité entre les fonds débloqués par la Banque mondiale et ceux déposés dans les paradis fiscaux. Face à ces révélations de détournements de l’aide financière de la Banque mondiale, Prosper Ntahorwamiye, porte-parole du gouvernement burundais, n’y va pas par quatre chemins : « Le gouvernement ne réagit pas par commande. Il réagit par programme. »

Prosper Ntahorwamiye : « Le gouvernement ne réagit pas par commande. Il réagit par programme. »

structures sont en piteux état alors que celles construites avant sont bonnes. C’est déplorable, poursuit-il, cette somme colossale détournée sera remboursée par les citoyens burundais alors qu’ils n’en ont pas profité. « Nous demandons aux candidats présidentiels aux élections 2020 de mettre dans leur agenda l’audit des projets financés par la Banque mondiale. » Cela permettra de savoir les montants détournés et l’identité des personnes impliquées dans ces crimes. Ces dernières seront

traduites devant la justice. Ainsi, la bonne gouvernance politique et économique sera une réalité au Burundi. Selon un professeur d’université sous couvert d’anonymat, cette étude révèle que la Banque mondiale n’a pas pris des mesures nécessaires pour suivre et faire la traçabilité de l’aide qu’elle accorde aux pays les plus pauvres dont le Burundi. En outre, les conclusions de cette étude placent l’institution de Brettons Woods dans une situation inconfortable. Car, une

L’Olucome demande un audit urgent Pour Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, rien n’est surprenant. Les faits sont têtus. Certaines infrastructures routières construites en cette période en disent beaucoup. Ces infra-

Gabriel Rufyiri : « Nous demandons aux candidats présidentiels aux élections 2020 de mettre dans leur agenda l’audit des projets financés par la Banque mondiale. »

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partie de l’aide au développement qu’elle octroie nourrit la corruption au bénéfice des élites burundaises corrompues et au profit des pays plus riches. Ce qui relance le débat quant à l’efficacité des aides versées par la Banque mondiale. Pour enfoncer le clou, ce spécialiste en économie fait remarquer que ce rapport est la preuve qu’une organisation qui essaie de promouvoir le bien-être des ressortissants des pays en développement contribue peut-être, sans le savoir, à exacerber le fossé entre les riches et les plus pauvres. La Banque mondiale, de son côté, salue avec ce rapport une démarche de «transparence» et estime qu›il s›agit «des premières étapes pour régler ce problème». Ce phénomène de transferts «doit être combattu et éradiqué, pour que tous les fonds parviennent à ceux qui doivent en bénéficier». Pour rappel, au mois d’août de l’année dernière, deux professeurs burundais dans les universités occidentales, Professeur Léonce Ndikumana et Docteur Janvier Désiré Nkurunziza ont révélé que depuis 1985 jusqu’en 2015, plus 5,1 milliards de dollars américains se retrouvaient illégalement dans les pays étrangers. C’est une véritable saignée, un manque à gagner inestimable pour l’économie burundaise. Cette hémorragie est estimée à 10,5% de son produit intérieur brut actuel et 149% de son investissement. Une colossale hémorragie de capitaux. Pierre Claver Banyankiye


AU COIN DU FEU

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Avec

Blaise Nijimbere alias Baconib Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Blaise Nijimbere alias Baconib. actualité), regarder des séries télé (action, espionnage, drame ou thriller).

V

otre qualité principale ? Selon mes proches, en plus d’être franc et honnête, je suis persévérant et déterminé.

Votre lieu préféré au Burundi ? Les plages de Rumonge. Les plus belles, en tout cas, du Burundi.

Votre défaut principal ? Parfois têtu et impulsif, selon mes proches. Après tout, on l’est tous plus ou moins occasionnellement et dans des situations spécifiques. D’ailleurs, être têtu ou même impulsif sont d’abord des qualités. C’est l’excès qui pose problème. Comme tout être humain, il m’arrive parfois d’être trop opiniâtre et spontané. Heureusement, j’y travaille et je suis très fier de mes progrès. La qualité que vous préférez chez les autres ? Ouverture d’esprit, cohérence dans leurs actes, la sincérité et surtout l’amour de l’autre. Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? L’égocentrisme et l’hypocrisie. Je n’aime pas les manipulateurs et, par conséquent, les menteurs. Car un manipulateur est un menteur né. La femme que vous admirez le plus ? Ma mère est ma première source d’inspiration. Une mère et une femme très aimable, sociable, généreuse, et surtout très courageuse, optimiste, résiliente et déterminée. L’homme que vous admirez le plus ? Général Robert Stephenson Smith Baden-Powell, fondateur du scoutisme. Il fut réellement un grand leader, magnanime et humble, dans sa volonté de faire grandir les jeunes et les hommes qui lui étaient confiés, de les faire avancer, afin qu’ils puissent ensuite bien servir la société et leur pays. Dans sa pratique du commandement, il a à cœur d’éduquer plutôt que de diriger. Le pouvoir de l’officier, selon lui, permet de développer chez ses hommes les vertus et qualités qui feront d’eux de bons citoyens patriotes telles que « la maîtrise de soi, le sentiment de l’honneur et du devoir, la responsabilité, la confiance en

Le pays où vous aimeriez vivre ? Sans doute, le Burundi, ma patrie, en période de paix et sécurité pour tous. Le voyage que vous aimeriez faire ? Prioritairement, les grandes et belles villes des USA et du Canada. Mais, comme j’aime voyager, je ne me limite pas à ces quelques endroits, j’aimerais voyager partout dans le monde.

soi, l’esprit d’observation, le raisonnement, l’esprit d’initiative, la débrouillardise, la prudence, l’ingéniosité et le sens de l’équipe ...»Je suis content d’avoir évolué dans le scoutisme. Qui aimeriez-vous être ? Pour tout dire, je suis fier de celui que je suis, bien sûr sans mes défauts que j’essaie de corriger. Votre plus beau souvenir ? Le jour où j’ai appris les résultats de l’examen d’Etat. Votre plus triste souvenir ? La mort des miens (dont mon père, mon cousin et mes oncles). Qui sont morts, tous, à cause de maladies. Quel serait votre plus grand malheur ? Ne pas voir mon pays retrouver la paix et la sécurité ou que la justice ne soit pas rendue un jour aux victimes des crimes commis depuis l’indépendance du Burundi. . Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? Les exploits de Ntare IV Rugamba qui a agrandi le terri-

toire du Burundi en doublant sa superficie. La plus belle date de l’histoire burundaise ? Le 28 août 2000. Date de la signature de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi. Certes, il n’est pas parfait, mais il nous le fallait. Malheureusement, nos dirigeants successifs ont failli à leur devoir de l’appliquer tel qu’ils s’étaient convenus. La plus terrible ? Nous en avons plusieurs, mais je citerais trois périodes et non les dates exactes : l’an 1972, de 1993 à 2000, de 2005 à aujourd’hui. Le métier que vous auriez aimé faire ? Devenir un médecin pour aider et sauver des vies. J’ai essayé, sans succès malheureusement. J’aurais également aimé être journaliste. Heureusement pour moi, même si je ne suis pas un professionnel, je me contente d’informer librement via les réseaux sociaux ou/et blogs et les sites internet. Ça me va ainsi. Votre passe-temps préféré ? La lecture (livres, internet &

Votre rêve de bonheur ? Sur le plan personnel, voir mes enfants et ma famille s’épanouir en bonne santé et en toute sécurité. Sur le plan national, voir mon pays sortir du cycle de violences et devenir un pays jadis rêver, de paix et sécurité, où la cohésion sociale règne vraiment du sommet de l’état à la base. Un état de droit, réellement démocratique et surtout prospère. C’est presque utopique, mais, je suis convaincu qu’un jour on y parviendra. Votre plat préféré ? Natif de l’Imbo, sur les rives du lac Tanganyika, mon plat préféré est un bon poisson frais grillé ou frit avec la patte de manioc (Ubuswage), de Minago de préférence (elle a une certaine réputation, à ce qu’on raconte). Mes poissons préférés sont Mukeke et Kuhe (Inguhe). Seuls les connaisseurs savent à quel point ces deux poissons sont les meilleurs qu’ils soient cuits, frits ou grillés. Votre chanson préférée ? Sans doute « Get up, Stand up » de Bob Marley est la meilleure. À part que je suis particulièrement son fan (et du reggae, en général), le texte de cette chanson (comme toutes ses chansons,

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d’ailleurs) est très profond. Au niveau national, la chanson « Umugabo w’ukuri » de Canjo Amissi est très instructive. Quelle radio écoutez-vous ? Elles ont été brûlées malheureusement. Aujourd’hui, je n’écoute pas souvent les radios, sauf la Radio France Internationale (RFI) de temps en temps. Avez-vous une devise ? Ma devise est une citation tirée du dernier message de Baden-Powell à l’intention des scouts : « Tâchez de quitter cette terre (ce monde) après l’avoir rendue meilleure plus que vous l’avez trouvée. Et quand viendra votre tour de mourir, mourrez heureux, en songeant que vous n’aurez pas perdu votre temps, que vous aurez fait de votre mieux. [...] Soyez prêts dans cette voie de manière à vivre et à mourir heureux. Souvenezvous de votre promesse scoute ... toujours ! même quand vous ne serez plus (jeune) et que Dieu vous aide à la tenir ! » Scout et homme de principe et d’honneur, je tiens et tiendrai ma promesse toujours ! Votre souvenir du 1er juin 1993 ? J’étais encore gamin, mes souvenirs ne sont pas très excellents pour cette date exacte. Mais, je me souviens vaguement que des militants du Frodebu jubilaient partout, tandis que les Upronistes (en général) et les Tutsi (en particulier) avaient peur pour leur sécurité. Votre définition de l’indépendance ? Pour un pays (nation ou Etat), c’est d’avoir les moyens politiques, financiers, militaires et diplomatiques pour s’autogouverner et d’assurer la sécurité de sa population et l’intégrité de son territoire. Cependant, cela ne doit pas empêcher un pays indépendant de nouer des relations multilatérales avec d’autres nations. Après tout, on est tous interdépendants, certes, à des niveaux différents.


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AU COIN DU FEU

Votre définition de la démocratie ? C’est une doctrine politique qui veut dire que la souveraineté appartient avant tout au peuple. Ce dernier doit donc être associé efficacement, de près ou de loin, à la gestion des affaires publiques et d’intérêt général, dans le but de conférer aux actions politiques du gouvernement une légitimité. Il exerce ce droit directement (actions citoyennes, société civile, etc.) ou indirectement via les représentants qu’il a élus d’une manière directe (démocratie participative). C’est pour cela que je pense que notre système des listes bloquées est à proscrire. Les candidats aux élections doivent être élus d’abord dans les primaires organisées par leurs partis respectifs (sauf les indépendants). Votre définition de la justice ? Par la justice on entend la reconnaissance et le respect du droit des autres, ainsi que le pouvoir d’agir pour faire reconnaître et respecter ces droits. Cela veut dire en résumé le fait de respecter et faire respecter les lois établies par et pour tous, équitablement. Si vous étiez ministre de l’Information, quelles seraient vos deux premières mesures ? Tout d’abord, il faut préciser que les prérogatives (ou missions)

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du ministre et son pouvoir réel d’agir sont deux choses distinctes. Tout dépend de la politique du président élu et du parti au pouvoir. Supposons que j’ai ce pouvoir d’agir et que les médias fermés et brûlés ont été déjà rouverts ou/et indemnisés : - En tant que garant de la liberté de la presse, je ferais en sorte que le Conseil national de la communication (CNC) soit un organe réellement indépendant et au service des médias et des professionnels des médias. Sa composition, son fonctionnement, ses missions et même son autonomie de gestion devraient être revus pour mettre en application cette mesure. Cette mesure nécessite également l’abrogation de toutes les lois liberticides et la proposition de nouvelles lois issues du dialogue avec les différents acteurs de la société burundaise. - Je ferais en sorte que les médias publics aient une réelle indépendance, transparence et une autonomie de gestion, des équipements adaptés et une formation du personnel afin que l’information qu’ils transmettent soit professionnelle et bien équilibrée. Ils devront donner la même importance à l’opposition, au parti au pouvoir ou au gouvernement étant donné que leurs budgets proviennent des

contributions de tous les citoyens et non pas uniquement d’un quelconque parti politique. Croyez-vous à la bonté humaine ? Sans être rousseauiste, je crois qu’elle existe. Sur ce sujet, je suis d’accord avec le psychologue français Jacques Lecomte qui affirme que « nous, êtres humains, ne sommes prédestinés ni au mal ni au bien. Il s’agit de prédispositions. L’homme conserve sa lib-

erté de choix. » Et comme tout change et tout évolue, même les plus méchants peuvent devenir des bons et vice versa. Tout dépend des circonstances et du choix humain. Pensez-vous à la mort ? Oui, souvent. Mais, comme elle est inévitable et inopinée, elle n’influe pas sur mes projets de vie. L’essentiel c’est de faire son mieux afin de laisser un bon souvenir et de vivre pleinement la vie.

Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ? Premièrement, je Lui demanderais pardon pour tous mes péchés. Puis, je Le remercierais pour sa bonté, clémence et miséricorde et pour tout ce qu’Il m’a donné. Et enfin, je Lui demanderais de sauver mon peuple et mon pays. Propos recueillis par Antoine Kaburahe

Bio express

P

endant longtemps, beaucoup d’internautes ont pensé que « Baconib » n’existe pas. Mais, Blaise Nijimbere existe bel et bien. Originaire de la zone Minago (de l’actuelle province de Rumonge), il a 34 ans et il vit en France où il est réfugié depuis quatre ans. Ce « cyberactiviste », comme il se présente lui-même, est un passionné de la politique, de l’information et des réseaux sociaux. Il a été très actif avant, pendant et après les manifestations contre le troisième mandat présidentiel de Pierre Nkurunziza. Sur ses comptes Facebook (Blaise Baconib Nijimbere)

et Twitter (@Baconib), il relayait, presque en temps réel et tous les jours, les images, audios, vidéos et commentaires sur le déroulement des manifestations partout dans la capitale et à l’intérieur du pays. Très suivi, sur Twitter où il compte plus de 13.000 abonnés (followers), Baconib est devenu très populaire surtout après la fermeture des médias privés au Burundi. Grand lecteur, ouvert et curieux, il a tâté la médecine, puis l’ingéniorat technique, pour finir dans les chiffres avec un diplôme en gestion. Courageux, il signe et assume toujours ce qu’il publie.

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La pharmacie Salama, désire recruter un comptable.

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Age : Maximum 40 ans

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Education : Licence/ Maitrise dans la Comptabilité

Education: Licence/ Maitrise dans la gestion des Finances

Expérience : Minimum 3 ans dans le domaine. Les dossiers de candidature qui devront comprendre : Une photocopie du diplôme universitaire certifié conforme à l’original, les attestations de services rendus, un cv détaillé et tout autre document jugé utile par le candidat seront envoyés par courriel à l’adresse suivante: salamarecrutement@yahoo.com ou au plus tard le 06/03/2020 à 17 h 00. Seules les personnes présélectionnées seront contactées.

Les dossiers de candidature qui devront comprendre : Une photocopie du diplôme universitaire certifié conforme à l’original, les attestations de services rendus, un cv détaillé et tout autre document jugé utile par le candidat seront envoyés par courriel à l’adresse suivante: salamarecrutement@yahoo.com ou au plus tard le 05/03/2020 à 17 h 00. Seules les personnes présélectionnées seront contactées. Le cahier des charges peut être visité au site web : www.intercontactservices.com

Le cahiers des charges peut être visité au site web : www.intercontactservices.com Les éventuelles précisions peuvent être obtenues en téléphonant au 75 886 886 ou au 79 515 555.

Les éventuelles précisions peuvent être obtenues en téléphonant au 75 886 886 ou au 79 515 555.

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DROITS DE L'HOMME

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Accessibilité aux infrastructures

Les personnes handicapées montent au créneau La plupart des constructions ne facilitent pas l’accès physique aux personnes vivant avec handicap au Burundi. Ces dernières appellent au respect de leur droit.

barrière à l’accès à l’emploi». Ce responsable à l’UPHB demande que dans les plans de construction, l’on exige les normes internationalement reconnus, qui facilitent l’accès physique aux personnes handicapées. Et la mise en place d’un organe d’inspection pour contrôler le respect de ces normes.

L’Etat pas encore à l’œuvre

U

ne enquête de l’ONG Handicap International de 2012, effectuée dans 5 provinces, a montré que seule une entreprise sur 317 visitées avait effectué l’aménagement des locaux pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite. Elle a été présentée lors d’un atelier organisé en novembre 2019 par l’Union pour les personnes handicapées du Burundi (UPHB). « Presque toutes les infrastructures publiques et privées ne facilitent pas l’accès pour les personnes vivant avec handicap au Burundi », déplore Vianney Kirajagaraye, responsable de l’insertion socioéconomique des personnes handicapées à l’UPHB.

La plupart de constructions au Burundi ne facilitent pas les personnes handicapées.

D’après ce responsable présentant un handicap physique, le taux des bâtiments qui respectent les normes au Burundi n’atteint pas 1%. « J’ai l’impression que les personnes handicapées n’ont pas de place dans la vie du pays, surtout en matière d’accès physique aux infrastructures. Même les bâtiments construits au niveau des travaux communautaires ne

respectent jamais le minimum d’accès». L’autre exemple, déplore M. Kirajagaraye, ce sont les bâtiments offrant des services d’emploi. Nombreux avec escaliers constituent un obstacle pour les personnes handicapées, notamment pour celles qui se déplacent en chaise roulante. « Et cela constitue une véritable

Le représentant légal de la Fédération nationale des personnes handicapées, Cassien Bizabigomba, déplore également l’absence de facilités, surtout dans les structures publiques. « Prenons, par exemple, les grands bureaux comme le ministère de l’Intérieur, de l’Education ou de la Justice… Ce sont de longs escaliers qui ne facilitent pas du tout les personnes à mobilité réduite». Or, souligne-t-il, ce sont des structures publiques sollicitées par beaucoup de gens. M. Bizabigomba salue plutôt les quelques privés qui essaient de respecter les normes. Il cite un nouveau bâtiment commer-

cial privé qui se trouve juste en face du marché dit chez Siyoni. « Nous remercions beaucoup le propriétaire, il est un exemple à suivre». Il évoque aussi l’hôpital Kira, le nouveau bâtiment mèreenfant de l’hôpital militaire de Kamenge, etc. Le président du Comité national pour les personnes handicapées, Joseph Ndayisenga, indique que cette accessibilité aux infrastructures figure dans la politique nationale pour les personnes handicapées 2020-2024, mise en place mi-2019. D’après ce Directeur général de la Solidarité, l’accès aux infrastructures des personnes handicapées incombe au ministère des Travaux publics. Chaque ministère, représenté au comité, est appelé à établir une feuille de route pour mettre en application cette politique dans son secteur. « Mais le comité est nouveau. Pas encore d’actions concrètes». Les personnes handicapées représentent entre 15 et 20 % de la population burundaise, d’après l’UPHB. Clarisse Shaka

SOCIÉTÉ

VBG : les hommes ne sont pas épargnés ! Plus de 100 cas de violences basées sur le genre contre les hommes ont été enregistrés par deux centres à Bujumbura en 2019. La plupart sont des violences sexuelles à l’encontre des enfants âgés de 5 à 15 ans.

V

iol, violences physiques et économiques sont les principales formes de violence que subissent les hommes. Le centre Seruka affirme avoir enregistré 91 cas de VBG contre les hommes en 2019. Plus de 95% de ces cas sont des violences sexuelles sur les garçons âgés de 5 à 15 ans. Quelques cas aussi d’hommes de plus de 20 ans ou d’une trentaine d’années violés. Beaucoup de victimes proviennent de Bujumbura et des provinces limitrophes, Bubanza Cibitoke et Rumonge. L’association des femmes juristes (AFJ) a accueilli 20 cas de VBG contre les hommes sur un total de 772 cas en 2019. Les violences économiques dominent. Dr Scholastique Rubarika, assistante médicale, qui accueille en premier les victimes décrit l’état dans lequel elles débarquent : une honte énorme surtout chez les hommes plus ou moins âgés qui ont subi un viol. La victime perd complétement son estime de soi.

Il ne se sent plus « homme ». Il ne s’attendait pas le moins du monde à être violé. Ils croient que c’est l’affaire des femmes. Il est énormément traumatisé, suite au rapport anal, explique ce médecin. Elle fait savoir que les hommes sont très réticents à demander une assistance. Par conséquent, les victimes arrivent tardivement, après le délai de protection contre les maladies sexuellement transmissibles, 48 heures. « Et quand on l’explique aux victimes, elles ont du mal à l’accepter. Sous le choc, ils veulent à tout prix avoir les médicaments alors que ce n’est plus possible». Elle souligne un autre défi : « Il arrive que la victime vienne avec l’auteur ou sa famille. Ils se chamaillent au bureau, attendant de moi que je fasse la juge. Alors je ne suis là que pour soigner. Dans ce cas, nous sommes énormément désemparés.» Dr Rubarika évoque aussi un

Les hommes sont aussi victimes de VBG.

manque de médicaments de temps à autre. De surcroît, il faut qu’elle soit éveillée 24h/24, car à tout moment, une victime peut débarquer.

Quid des causes ? La psychologue Aline Shemezimana qui donne une assistance médicale explique que les enfants sont naturellement vulnérables. C’est pourquoi ils

sont plus touchés par le viol. « Il est plus facile de corrompre moralement les enfants que les adultes. Par manque de maturité, ils acceptent car ils ignorent ce qu’ils font». Pourquoi le viol sur les garçons ou les hommes ? Cette assistante psychologique explique que l’auteur veut découvrir comment fonctionne son corps. D’autant plus que dans

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l’éducation burundaise, la sexualité est un sujet tabou. Les parents n’osent pas en parler. « Puisque le garçon, au stade de la puberté, ignore comment fonctionne son corps, il ignore qu’il ne peut pas approcher un autre garçon». Et comme souvent les enfants de même sexe jouent ensemble, il lui sera facile d’explorer celui qui est tout près. Quand l’enfant grandit, ce comportement diminue. Cette psychologue affirme qu’elle reçoit parfois des cas compliqués. Les victimes arrivent hyper traumatisées. Ils auront déjà développé un dégoût pour les hommes. « Même si je suis une femme, quand la victime voit que je porte un pantalon, ce seul détail l’empêche de me parler. Il a l’image d’un homme devant lui». Dans ce cas, le centre réfère la victime à un centre psychiatrique. Mme Shemezimana confie que les victimes adultes sont souvent des domestiques, des taxis-vélos, des employés de restaurants… qui ont leurs familles loin en province et font la colocation. Le centre Seruka a enregistré 1.475 cas de VBG en 2019, plus de 1200 sont des violences sexuelles. Clarisse Shaka


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ENVIRONNEMENT

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RN1 et RN7 en ruine, Bujumbura risque de payer au prix fort A défaut de réhabilitation dans les délais, les routes nationales RN1 et RN7 pourraient bientôt être impraticables. Des nids de poule, des cassures, des affaissements, des effondrements, etc. Les usagers sont dans le désarroi.

B

ujumbura-Jenda(RN7), le calvaire commence déjà après le camp Muha. Des manœuvres à tout instant, les véhicules s’arrêtent sans cesse pour céder le passage. On redoute un accident à chaque minute. Un aide chauffeur, toute rancœur, se désole : «Beaucoup de véhicules pullulent dans les garages à cause de ces nids de poule. » Il faut attendre encore quelques mètres, puis atteindre la rivière Kamesa. Là, une situation encore plus préoccupante. Lundi 17 février, trois jeunes hommes appuyés sur les bordures du seul pont de cette rivière semblent abasourdis. Leurs regards se rencontrent sur une partie du pont qui «disparaît» petit à petit. A force de pluie, cette rivière, qui redescend lentement d’une montagne à pente abrupte de Kanyosha, a emporté une partie de la terre, en bas du pont. Le pont semble avoir glissé pour remplacer la terre partie, emportant avec lui environ trois mètres de la route. «Elle s’effondre du jour au jour. Dimanche, par exemple, elle ne montrait que des cassures», explique un homme de la localité. La partie de la route qui reste est elle-même en phase d’affaissement. «Suite aux camions qui passent à tout temps parci, l’effondrement va vite». Les véhicules se relaient sur la partie restante, la passerelle étant trop étroite.

Des conséquences multiples Outre le mouvement lent sur la partie qui menace aussi de finir dans l’eau, le poids des conséquences de l‘effondrement s’avère lourd. Depuis plusieurs semaines, les habitants des quartiers Kamesa (Kanyosha mairie) et Kinanira (Musaga) souffrent cruellement du manque d’eau potable. En cause, dans la foulée de la destruction de la route, un tuyau qui alimentait les deux quartiers s’est retrouvé cassé. «La Regideso a dû fermer cette ligne à la source pour bloquait l’eau qui se déversait dans tous les sens», commente David, un jeune homme de Kamesa. Depuis, pouvoir se procurer

Affaissement de la RN7 au pont Kamesa.

La RN1 s’est effondrée au niveau de Muberure.

de l’eau potable est un véritable parcours du combattant. «On doit escalader la montagne pour puiser là-haut, à Mutendeli. C’est très fatigant», regrette Jeannette, une nounou de Kinanira. «Quand il pleut, c’est comme de la manne ». Cette eau, car difficilement accessible, sera exclusivement à boire. «Pour la cuisson, la lessive, la propreté des ustensiles de cuisine, on se rabat sur l’eau de la Kanyosha». Dans ces conditions, Jeannette redoute les maladies des mains sales. Un chauffeur d’un bus, agence Buragane, se dit très inquiet : «Si la route n’est pas réhabilitée dans les plus brefs délais, nous risquons de vivre un cauchemar.» Il explique que si le pont s’effondre totalement, il n’y aura plus de communication entre plusieurs provinces du sud du pays et Bujumbura. Ce qui impactera négativement l’économie burundaise. «C’est par ici que transite notamment le gros du sucre Sosumo et du thé. Si la route devient totalement impraticable, il y aura à coup sûr une flambée de prix de ces produits. Car les véhicules vont devoir emprunter un long trajet en passant par d’autres voies ». Pour

l’heure, aucun travail de réhabilitation n’est encore engagé. Mais des employés de la Regideso sont à l’œuvre pour pallier la pénurie d’eau.

La RN1 n’est pas en reste Après la RN7, direction Bugarama sur la RN1. Des véhicules remorques poids lourds à tout instant, en direction ou en provenance de Bujumbura. De longs ou

de petits véhicules de transport en commun, également. La circulation est intense. Mais arrivé devant une petite déviation au niveau du centre Muberure (commune Isare), à environ 4 ou 5 km de la mairie de Bujumbura, il faut s’arrêter, ou tout au moins ralentir. Un grand ravin en pleine route. Il y a près d’un mois, à en croire les propos de la population environnante, cette partie com-

Pour Jean Bosco Ntunzwenimana, le gouvernement est en phase de mobilisation des fonds pour la réhabilitation des routes détruites.

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mençait à afficher des signes d’effondrement. La situation s’est empirée, au fil du temps, avec la pression des véhicules. A l’origine, des eaux de pluie en provenance de la montagne de Butuhurana ont détruit profondément la partie terrestre qui soutenait le pont érigé par là. La route a fini par s’effondrer. Il faudra attendre deux semaines pour tracer un petit itinéraire de déviation. Entre temps, la nuit tombée, un véhicule type Prado ira se jeter dans le fossé. Les habitants des collines Giterama, Gahwamo et Tenga (collines environnantes) traversent aujourd’hui un temps dur de pénurie d’eau. La démolition de cette route a endommagé un tuyau qui passait par là desservant ces collines en eau potable. Gahungu, un habitant de Giterama, peine à se remettre des effets de cette pénurie : «Je dois quitter Giterama pour aller puiser à Butuhurana, un trajet de plusieurs kilomètres. Cette fatigue me causera des maladies. Voyez mes mains déjà rugueuses à force de transporter de bidons sur cette longue distance.» Ces habitants demandent que cet axe routier soit réhabilité au plus vite. « Même la petite déviation sera bientôt atteinte, si rien n’est fait », avertit Gahungu, avant d’ajouter : «Outre que nous souffrirons les premiers, c’est toute l’économie nationale qui sera en danger. Je crois que c’est la principale route où passe l’essentiel des marchandises qui se vendent au Burundi.» «Le gouvernement est en train de chercher les fonds pour la réhabilitation de tous les axes routiers en piteux état », indique Jean Bosco Ntunzwenimana, ministre des Transports et des Travaux publics, sans plus de commentaire. Edouard Nkurunziza


SANTÉ

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Dora, le bébé miracle Une première au Burundi. Née avec 450 g, après quatre mois dans une couveuse, Dora est rentrée et se porte bien. Pourtant, les bébés nés avec une grande prématurité (moins de 500 g) ont peu de chance de survivre. Dora, une preuve que les parents confrontés à une grande prématurité peuvent garder espoir.

T

out sourire, sautillant sans cesse, épiant malicieusement tout visiteur qui le prend dans ses bras ... Difficile d’imaginer que ce bébé a passé plus de cinq mois dans une couveuse. Elle est née à la 25e semaine. Aujourd’hui, Dora Gitangaza étonne plus d’un par sa gaieté et son attachement à la chaleur humaine. « Elle apprend vite », lance avec affection Donatien Nsabimana, son papa. Dora sait déjà bien reconnaître les voix de ses parents. « Rien qu’à entendre nos voix, elle sursaute de joie », raconte le papa heureux. Depuis leur retour au domicile familial, c’est un bonheur que la famille a de la peine à décrire, tant le chemin a été long, semé d’embûches. Mi- juillet 2019, suite à une prééclampsie (hypertension gravidique), la santé, de sa maman ne cesse de se détériorer. Au plus vite, elle doit-être césarisée au risque de mourir. Hospitalisée dans un 1er temps dans une clinique privée pour voir si la tension

peut- être stabilisée, raconte M. Nsabimana, les médecins lui assurent qu’elle va s’en sortir. Mais ce n’est pas gagné. Au terme du 4e jour d’hospitalisation, M. Nsabimana fait savoir le médecin de la clinique César lui dit qu’au plus vite il faut la césariser. Compte tenu de son état, poursuit-il, l’intervention est risquée. « Avant tout, il fallait stabiliser sa tension ». Pour le papa, c’est le début d›une course contre la montre et d’un dilemme sans nom. Au plus vite, il faut l’évacuer dans un hôpital. Les souvenirs sont toujours là. Il confie, pensif : « Deux jours sont passés sans que je ferme l’œil de la nuit » .A tout moment, explique-t-il, j’imaginais mal vivre sans elle. Certains de ses proches, au lieu de le réconforter, ont déjà commencé à faire le deuil de l’enfant. Pas très réconfortant. In extremis, les médecins de l’hôpital Kira parviennent à stabiliser la tension. Pour la

AU COEUR DU PAYS

Région Centre

Dora a la sortie de l'hôpital

maman, le temps de se remettre en attendant la césarienne.

L’impensable se produit Quoique inquiet, témoigne Donatien, ma foi en Dieu m’a permis de rester serein, de continuer à croire au miracle. Seul hic: à six mois, même si l’intervention vient à réussir, le diagnostic des médecins est sans équivoque. Le bébé ne peut pas survivre : les organes tels que les

poumons, le cerveau n’ont pas atteint leur maturation. Et les risques d’apnée respiratoire et de paralysie cérébrale sont nombreux à cette période. Le protocole médical est très exigeant. Il doit signer une décharge. Le papa doit reconnaître qu’au cas où le bébé vient à mourir, son décès n’est pas imputable à l’hôpital. « En tant que futur père, c’est un terrible traumatisme. C’est comme si je signe son arrêt de mort ».

Par miracle, Dora, la forte, dédira les diagnostics du corps médical. Selon Dr Léopold Barutwanayo, pédiatre, malgré sa taille , sa croissance a étonné plus d’uns. « Après quelques jours sous assistance respiratoire dans la couveuse, elle a commencé à respirer d’elle-même. Une chance énorme parce qu’à cette période, la maturation des poumons n’est pas encore terminée ». Seule crainte : rester à savoir si elle peut manger d’elle-même. A notre grande surprise, témoigne-t-il, après avoir été allaitée, elle a fait ses besoins. « Une preuve que son appareil digestif est bien fonctionnel, sans aucune autre complication. Elle allait survivre ». En soins intensifs pendant cinq mois, sous une surveillance constante, le bébé, malgré une perte de plus de 250 g de sa masse corporelle, sortira de l’hôpital le 25 décembre dernier. Bien portante, Dora pèse actuellement 7 kg. Hervé Mugisha

Gitega

Hôpital Espoir de Kibuye : Mystère autour du cambriolage Moins d’une semaine seulement après le cambriolage à cet hôpital, le directeur indique qu’il n’y a pas eu de dégâts malgré les affirmations de la police. La population de Kibuye dit qu’elle est inquiète de cette attaque qui pourrait faire fuir des éléments indispensables du corps soignant. De notre correspondant Par Jean-Noël Manirakiza

C

e mardi 25 février, la situation semblait normale à l’Hôpital Espoir de Kibuye. Les patients continuent d’affluer vers cet établissement reconnu pour ses services de qualité depuis des années. Tous les services fonctionnent normalement. Le personnel semble oublier le cambriolage de ce samedi soir effectué par des bandits armés de fusils et des armes blanches dont un d’eux a y laissé la vie. Pour le moment à cet hôpital, rien ne filtre de l’enquête sur ces événements du week -end passé. Excepté les rares indiscrétions de certaines personnes qui parlent d’un blessé parmi le personnel de l’hôpital et un des malfaiteurs qui est mort sur les lieux de l’attaque,

pas précisé les détails, ce n’est pas moi qui mène des enquêtes, j’attends comme tout le monde les résultats des investigations. » Gêné par des questions de journalistes d’Iwacu, Dr Gilbert Kibinakanwa leur a conseillé de revenir une autre fois pour plus d’informations tout en refusant de lui prendre une photo.

La population s’interroge

le reste est flou surtout la somme d’argent qui aurait été volé. Le directeur de l’hôpital s’enferme dans cette logique de nier les faits. Interviewé dans son bureau, le révérend docteur Gilbert Kibinakanwa nie en bloc toutes les informations qui continuent de circuler ici et là. « S’il y avait une personne blessée, elle serait soignée dans notre hôpital. Ce sont des mensonges, tout le personnel ici est au complet », déclaré-t-il. Pour lui, quelque chose d’inhabituel a eu lieu mais le reste est faux. Concernant l’homme tué identifié comme un officier de police, il affirme qu’il n’en sait rien. « J’ai été informé que quelque chose s’était passé mais on ne m’a

D’après le personnel de cet hôpital, il fait semblant de garder le calme mais les évènements de la semaine passée les inquiètent énormément. « Comment un groupe de gens a-t-il réussi à s’introduire dans la maison du personnel soignant de l’hôpital alors qu’il y avait des gardes et des caméras de surveillance », s’interroge une infirmière. Selon cette dame, cela montre bien qu’il y a des complices œuvrant à l’intérieur de cet établissement. « J’ai entendu dire que le domestique de l’Américain blessé a été arrêté ce lundi mais personne ne veut nous éclairer davantage.» A Kibuye, ce n’est pas cette femme en blouse qui est seulement

Vue partielle de l’Hôpital Espoir de Kibuye

dans le noir, un homme qui se fait appelé Fabien affirme qu’on cherche à tout cacher sans savoir pourquoi. « Nous savons que c’était un policier qu’on a tué et je l’ai vu de mes propres yeux, un laborantin est toujours en cavale mais jusqu’aujourd’hui, on nous dit que la situation est normale, bizarre, non ? » Quant à la population des alentours, elle indique qu’elle a peur que cet établissement soit vidé de tout son personnel soignant qualifié. Elle donne l’exemple sur les expatriés qui pourraient partir de peur qu’ils ne soient victimes des autres attaques.

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« Il faut que les enquêtes soient menées d’une façon minutieuse et que les coupables soient punis exemplairement », demande un propriétaire d’un kiosque situé derrière l’enceinte de l’hôpital. Selon lui, même si la sécurité incombe à tout le monde, un renfort de la police ou des militaires est nécessaire. Et de conclure : « Cet hôpital est très précieux pour nous tous, vaut mieux le protéger pour que le personnel se sente en sécurité et continue de nous aider. Ce n’est pas n’importe quel hôpital où on rencontre 14 médecins spécialistes et 19 généralistes qui travaillent jour et nuit+ .»


AU CŒUR DU PAYS

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Cibitoke/Mugina

Région Ouest

Les victimes des grenades menacent de représailles

homme rencontré au cheflieu de la province Cibitoke. Suite à cette situation, certaines familles informent déjà l’administration qu’elles peuvent exercer des représailles.

Des personnes non encore identifiées armées de grenades sèment la panique dans la commune Mugina. A moins de deux mois, dix cas de victimes sont déjà enregistrés. Les familles des victimes demandent à l’administration et à la police d’agir.

L’administration prévoit des réunions de sécurité

De notre correspondant Par Jackson Bahati

S

ur les collines de Mugina et de Ruziba dans la commune Mugina, la population est prise de panique suite à un phénomène de lancement de grenades observé ces derniers jours. Le cas le plus récent a eu lieu vendredi 21 février sur la colline de Mugina zone Buseruko. Une grenade a été lancée au domicile d’Anésie Nibizi, veuve âgée de 58 ans, lorsqu’elle préparait le repas du soir. Actuellement au lit

Le gouverneur prévient les élus locaux et appellent la population à la vigilance

à l’hôpital, elle reconnaît pas qui ont commis cette barbarie. Sur la colline et zone Ruziba de la même commune, un certain Japhet Ndikumana et sa femme Jacqueline sont amputés des jambes suite à une attaque d’hommes armés qui ont largué des grenades à leur domicile. Sur la même colline, on signale trois morts et quatre personnes grièvement blessées dans

les mêmes conditions à moins de deux mois. La majorité des victimes alitées dans les différents établissements de soins disent ne pas savoir pourquoi elles ont été agressées et déplorent le cas des 3 détenus accusés d’avoir perpétré des attaques à la grenade et libérés quelques jours plus tard. Ces familles disent que ces

attaques à la grenade sont liées au règlement de comptes, surtout que les familles les plus ciblées sont financièrement à l’aise. « Ils veulent les tuer pour s’emparer de leurs biens », témoignent ces familles dont les victimes sont toujours à l’hôpital. « Nous avons quitté cette localité de peur de perdre mes enfants », s’inquiète un vieil

Le gouverneur de la province Cibitoke reconnaît que cette situation est liée aux litiges fonciers et aux croyances de certaines personnes qui veulent tuer en tentant de saisir les biens de leurs voisins. Joseph Iteriteka demande à la population de mettre fin aux croyances sataniques. Iteriteka promet de renforcer les réunions de sécurité comme cela a été le cas récemment dans les communes Murwi, Mabayi et Bukinanyana. Il souligne que les personnes qui larguent ces grenades sont animées d’esprits maléfiques. Il prévient les élus locaux que si de tels cas se présentent à nouveau, ils seront arrêtés pour complicité avec les fauteurs de troubles. Il rappelle ensuite à la population d’assurer la sécurité car celui qui sera arrêté sera sévèrement puni par la loi.

Bururi

Région Sud

Des arrestations en cascade

Vingt personnes ont été arrêtées en commune de Matana ce 24 février suite à l’insécurité survenue sur la colline Mahango en commune de Matana. Certains responsables des partis politiques dénoncent des arrestations arbitraires. De notre correspondant Par Félix Nzorubonanya

S

elon des sources administratives en commune de Matana, des personnes en armes ont tiré sur deux jeunes gens sur la colline Mahango dans la nuit du 24 février vers 19 heures tuant par balle un jeune homme du nom de Eric Niyongabo et blessant grièvement un autre jeune homme du nom de Innocent Ingabire. Un corps sans vie a été retrouvé sur la colline de Ruzira de cette commune. Il a été identifié comme celui d’un quinquagénaire du nom de Nikobamye . Les circonstances de sa mort ne sont pas encore élucidées. La police a procédé à l’arrestation de 9 personnes pour des raisons d’enquête. Ce mercredi 26 février, 9 autres personnes ont été arrêtées par la police. Selon des sources locales, les personnes arrêtées seraient des membres du parti Cnl et des militaires en retraite dont le chef de colline

Mahango où s’est produit cet incident. Certains responsables des partis politiques dénoncent des arrestations arbitraires et demandent que les enquêtes soient accélérées. L’émotion était vive ce mercredi où la victime a été inhumée sur cette colline. Le gouverneur de la province de Bururi s’y était joint ainsi que d’autres hauts cadres natifs de la province dont le premier vice-président du Sénat natif de cette commune de Matana.

Pourtant, il y a des initiatives de consolidation de la paix Cet incident est survenu au moment où se tenait une réunion au chef -lieu de la province de Bururi organisée par l’Eglise anglicane diocèse de Matana sur la consolidation de la paix en période électorale.

Immeuble abritant les bureaux de la commune Matana

Frédéric Niyonzima, gouverneur de la province de Rumonge a dit dans son discours d’ouverture que la paix et la sécurité règnent dans sa province et que les membres des partis politiques cohabitent bien. Il a indiqué que la tolérance et le respect des principes démocratiques sont une

réalité en province de Rumonge. Mgr Seth Ndayirukiye, évêque du diocèse de Matana au sein de l’Eglise Anglicane a demandé aux membres des différentes confessions religieuses d’être des modèles dans la consolidation de la paix en faisant preuve d’amour et de tolérance politique.

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Il a précisé que de tels ateliers de consolidation vont se tenir dans les communes et provinces se trouvant dans la couverture du diocèse de Matana dont la province de Mwaro et 5 communes de la province de Matana. Il a demandé à chaque partie prenante de faire des engagements en vue de consolider la paix en période électorale. Au cours de cet atelier, certains responsables des partis politiques ont demandé que les engagements pris ne soient pas lettre morte. D’où la nécessité de faire une évaluation chaque fois que de besoin. Signalons que les responsables des partis politiques, le président de la Cepi, les autorités administratives, les organisations de la société civile, les responsables des corps de sécurité, les responsables du cadre judiciaire, les médias ainsi que les représentants des confessions religieuses participaient à cet atelier qui a duré deux jours.


SPORT

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Volleyball

Coupe du président : la 2e édition débute ce week-end Samedi 29 février et dimanche 1er mars, marqueront le coup d’envoi de ce tournoi. Au vu du nombre des clubs en lice pour le titre, se frottent déjà les mains les spectateurs, de bons matches en perspective.

A

vec 13 équipes masculines inscrites, parmi lesquelles plus de la moitié en provenance de l’intérieur du pays, pour sa 2e édition, la Coupe du président aura une saveur particulière. «En plus que sur le terrain, c’est la crème de la crème des volleyeurs de tout le pays qui sera en train d’en découdre, ce tournoi permettra une opposition de styles entre les équipes amatrices de l’intérieur du pays et celles semi-professionnelles du championnat de Bujumbura», explique David Bigirimana,

De grandes affiches sont attendues.

directeur technique de la Fédération burundaise de volleyball. De surcroît, il assure que cette compétition permettra de détecter les nouveaux talents du fin fond du pays. D’ailleurs, rappelle-t-il, c’est l’un des objectifs de la fédération.

Réparties en 4 poules, avec comme tête de séries les formations en provenance de l’association de Bujumbura(AVAB), chez les hommes, les équipes telles que Rukinzo, Muzinga, Amical Sportif de Bujumbura(ASB)

et Gacosmos partent favorites. Toutefois, une donne qui n’effraie plus Charles Niyongabo, coach de l’équipe Bisoro, en provenance de Mwaro : « Au risque d’être surpris, les cadors ont intérêt à donner le meilleur d’euxmêmes.» M. Niyongabo salue ce

genre de tournoi : « Une bonne chose parce que cela permettra aux joueurs en provenance des équipes de l’intérieur du pays de gagner en expérience.» D’ores et déjà, une guerre des tranchées que semble prête à livrer la formation en provenance de Gisanze(Bururi), révélation de l’édition précédente. «L’occasion de montrer que le niveau des équipes communales n’est pas aussi bas comme beaucoup le pensent», résume son coach. Chez les femmes, M. Bigirimana fait savoir qu’ils attendent la confirmation de certaines équipes : « On procédera ensuite au tirage au sort.» A l’instar du football, les présidents des clubs demandent que le club champion ait l’opportunité de participer aux compétitions continentales. Les matches se dérouleront sur le terrain omnisport de la capitale politique et sur le terrain Toyota à Bujumbura. Hervé Mugisha

Annonce

AVIS DE MISE EN VENTE CARE INTERNATIONAL AU BURUNDI met en vente 12 motos et 25 pneus usagés dont la liste des motos est affichée aux bureaux de CARE à Bujumbura, Gitega, Muyinga et Ngozi. Toutes les motos seront vendues à l’état où elles se trouvent et peuvent être visitées au Bureau de CARE Bujumbura sis à Kinindo, Boulevard Mwezi Gisabo, n°30, (en face du Kiosque SANGWE). Les visites seront organisées du 02 au 09 mars 2020 de 9h00 à 16h00. Les offres sous plis fermes seront adressées à Monsieur le Directeur National de CARE BURUNDI et déposées dans les boites à soumission à l’entrée de CARE BURUNDI aux Bureaux de Bujumbura, Gitega, Muyinga et Ngozi au plus tard le 10 Mars 2019. Les offres devront être accompagnées d’un chèque certifie d’un montant de 200 000Fbu par moto. Un chèque libellé sous le nom de CARE INTERNATIONAL AU BURUNDI sera déposé à titre de caution au Bureau de CARE et un reçu officiel sera octroyé pour être déduit du prix de vente pour les soumissionnaires gagnants et restitue aux soumissionnaires non gagnants. Toutefois, celui-ci ne pourra pas être remis aux soumissionnaires gagnants qui se désisteront. CARE BURUNDI se réserve le droit de refuser toute offre jugée inferieur à la valeur réelle. L’ouverture publique des offres est fixe au 12 mars 2020 et la liste des gagnants sera affichée à l’entrée de CARE BURUNDI le 16 mars 2020. L’enlèvement de la moto ne sera autorisé qu’après versement de l’intégrité du montant correspondant et devra se faire dans les 15 jours calendriers après toutes les formalités douanières. Passe ce délai, une autre vente sera organisée.

AVIS D’APPEL D’OFFRES La Représentation du Bureau de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Burundi lance, pour le compte des Agences du Système des Nations au Burundi, une invitation à soumissionner pour les services de Location salle à Bujumbura. La date limite de dépôt des soumissions est fixée au vendredi 13 Mars 2020 à 12H00. Les sociétés et hôtels intéressés sont priés de se présenter au Bureau de la Représentation de l’OMS sis Boulevard de l’UPRONA (Tél : 22231247 & 22533400) pour retirer les dossiers complets relatifs au présent avis d’appel d’offres. Ces dossiers sont également disponibles sur le lien : http://www.bi.undp.org/Annonces d’Achat - Référence: RFP/ LTA/SNU/001/2020 – OMS.

Pour toute autre information complémentaire, prière vous adresser au service des ressources physiques de CAREBURUNDI, téléphones 22241662/ 241669/22241660./

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ANNONCES

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AVIS DE RECRUTEMENT Titre du Poste

: Secrétaire Réceptionniste

Durée

: Une année renouvelable

Lieux du poste

: Bujumbura

Type de poste

: Local

CONTEXTE FHI 360 est une organisation de développement humain à but non lucratif dédiée à l’amélioration des vies de manière durable basée sur la promotion de solutions intégrées et locales. Notre personnel comprend des experts en santé, éducation, nutrition, environnement, développement économique, société civile, genre, jeunesse, recherche et technologie - créant une combinaison unique de capacités pour relever les défis de développement interdépendants d’aujourd’hui. FHI 360 dessert plus de 70 pays et tous les états et territoires des États-Unis. Dans le cadre de l’exécution du Projet « Reaching an AIDS Free Generation in Burundi – RAFG Activity », projet de 5 ans financé par le Gouvernement des Etats Unis d’Amérique via PEPFAR/USAID, Family Health International (FHI 360) - Burundi cherche des candidat(e)s qualifié(e)s au poste de « Secrétaire Réceptionniste ». DESCRIPTION DU POSTE

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PROFIL RECHERCHE ET QUALIFICATIONS REQUISES

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Le / La Secrétaire Réceptionniste exécute une variété de tâches administratives et de bureau. Le poste exige une connaissance des politiques et procédures organisationnelles afin de communiquer des informations concernant les programmes et les services. Les tâches accomplies peuvent inclure la préparation de documents et de rapports, la bureautique, la compilation de dossiers, l’organisation et le classement des documents, la publication d’informations, l’accueil et l’orientation des visiteurs, la distribution du courrier et la photocopie ainsi que l’inventaire. Au niveau avancé, le / la Secrétaire Réceptionniste peut servir de chef de file ou peut superviser d’autres employés.

• • • •

PRINCIPALES RESPONSABILITES : Sous la supervision directe du Représentant de FHI 360, le / la « Secrétaire Réceptionniste » sera chargé(e) de : • • • • • • • • • • •

Orienter tout visiteur du bureau ; Réceptionner et faire la distribution du courrier entrant et sortant ; Assurer les travaux de dactylographie, de rédaction, de correction, de mise en forme et revue des lettres, des rapports et autres documents ; Assister dans la traduction des documents ; Faire/superviser les travaux de photocopie et reliure des documents du bureau FHI360 ; Faire le classement des documents au secrétariat de la direction, ordonner et organiser les lieux de travail ; Assurer le travail de réception : répondre au téléphone, prendre et/ou transférer les coups de fil, accueillir et trier tous les visiteurs au bureau et notifier au staff de leur arrivée ; Composer les numéros des correspondants pour le staff quand c’est nécessaire ; Configurer et gérer les classements, préparer les rapports, donner des fournitures de bureau aux employés, effectuer la saisie des données, faire la relecture et compiler des rapports spéciaux ; Fournir un soutien dans la préparation des lieux de tenue de réunion (Ex. Organisation des salles de conférence, coordination, appui logistique, etc.) ; Assurer la gestion des véhicules de FHI 360 affectés au bureau et autres véhicules loués ;

Faire le suivi de consommation de carburant ; Assurer la gestion et suivi des stocks du matériel Exécuter d’autres tâches jugées nécessaires par son superviseur.

Être de nationalité Burundaise ou avoir un permis de travail au Burundi ; Avoir au minimum un Diplôme de licence en secrétariat, gestion et administration avec un minimum de 3 ans d’expériences ou dans un domaine connexe ; Maîtriser parfaitement le Français et avoir une bonne connaissance de l’Anglais : Etre capable d’écrire / communiquer facilement en anglais et en Français ; Etre à l’aise avec l’usage de l’outil informatique notamment : Microsoft Office (Word, Excel, PowerPoint, Outlook, etc.), e-mail, téléphone, imprimantes, photocopieuse et d’autres outils bureautiques ; Être ordonné, avoir les aptitudes à travailler en équipe et maintenir de bonnes relations professionnelles avec les autres membres du staff FHI360 et de ses partenaires ; Capacité de rassembler, de recommander et de résumer des données pour des rapports, de trouver des solutions à divers problèmes administratifs et de hiérarchiser les tâches ; Avoir une attention particulière aux détails dans la composition, la dactylographie en établissant les priorités et en respectant les délais ; Avoir occupé un poste similaire pour une organisation non gouvernementale (ONG) serait un atout.

Cette description de poste résume les principales fonctions du poste. Il ne prescrit ni ne restreint les tâches exactes qui peuvent être assignées à l’exercice de ces fonctions. DEPOT DE CANDIDATURES Les candidat(e)s intéressé(e)s sont prié(e)s de postuler en suivant ce lien : https://fhi.wd1.myworkdayjobs.com/FHI_360_External_Career_Portal/job/ Burundi-Bujumbura-Rohero-II-Blvd-Uprona-F/Secretary-Receptionist_ Requisition-2020200347 Le dossier de candidature est composé d’un Curriculum Vitae, une lettre de motivation adressée au « Représentant de FHI 360 Burundi » ainsi que les copies certifiées conformes du diplôme ou certificats attestant les qualifications.

La date limite de dépôt des candidatures est fixée au Jeudi 05 Mars 2020 à 23h59’. Date de début de fonction : Aussitôt le processus terminé. NB : Seul(e)s les candidat(e)s présélectionné(e)s seront invité(e)s à passer les épreuves de recrutement.

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ANNONCES

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AVIS DE RECRUTEMENT Poste

: Gestionnaire – Analyste des données

Durée

: Une année renouvelable

Lieu

: Bujumbura

Type

: Local

CONTEXTE FHI 360 est une organisation de développement humain à but non lucratif dédiée à l’amélioration des vies de manière durable basée sur la promotion de solutions intégrées et locales. Notre personnel comprend des experts en santé, éducation, nutrition, environnement, développement économique, société civile, genre, jeunesse, recherche et technologie - créant une combinaison unique de capacités pour relever les défis de développement interdépendants d’aujourd’hui. FHI 360 dessert plus de 70 pays et tous les états et territoires des États-Unis. Dans le cadre de l’exécution du Projet « Reaching an AIDS Free Generation in Burundi – RAFG Activity », projet de 5 ans financé par le Gouvernement des Etats Unis d’Amérique via PEPFAR/USAID, Family Health International (FHI 360) Burundi cherche un (e) candidat(e) qualifié(e) au poste de « Gestionnaire – Analyste des données ». DESCRIPTION DU POSTE

PRINCIPALES RESPONSABILITES

• • • • • • •

QUALIFICATIONS REQUISES : 1. 2. 3. 4.

6.

Développer, mettre à jour et maintenir les bases de données du Projet ; Assurer la gestion et l’analyse des données du projet et en déduire des présentations pour les différentes audiences ; Apporter une assistance technique aux partenaires dans la conception et la mise à jour des bases de données et dans la gestion et analyses des données ; Participer à la conception des outils de collecte des données de routine ou questionnaires d’évaluations ; Prendre le lead dans le développement des masques de saisie des données et en assurer la supervision au niveau de tous les bureaux du projet ; Fournir une assistance technique dans le renforcement des capacités des chargés de la saisie en matière d’utilisation des outils de Suivi & Evaluation et de gestion des données ; Déterminer les exigences liées aux insertions et à la modification dans les bases de données à partir des formulaires de rapport de cas et d’autres instruments du système de collecte de données ; Assurer l’Assistance Techniques dans la mise en place des stratégies visant l’amélioration de la gestion et de la qualité des données du projet ; Coordonner l’équipe support du projet en matière de suivi-évaluation et collecte des données sur terrain ; Maintenir l’intégrité des données dans les systèmes en analysant les

Être de nationalité Burundais ou avoir un permis de travail au Burundi. Avoir au moins un diplôme de niveau Licence dans des domaines comme les statistiques, la démographie ou un domaine similaire avec une expertise avérée dans la conception des bases de données. Avoir une expérience professionnelle d’au moins 5 ans dans la gestion et analyse approfondie des données du secteur de santé publique. Maitrise de l’outil informatique spécialement les logiciels statistiques comme EpiInfo, EpiData, CSPro, SPSS, STATA, etc.., la connaissance du système d’information géographique (GIS) constitue un atout. Avoir une expérience minimale de 3 ans dans la conception des outils de collecte des données et de programmation informatique. Être capable de travailler en équipe, à développer et maintenir des bonnes relations de travail avec le personnel du Projet, les partenaires et autres bénéficiaires du projet.

Compétences clés: 1. 2.

Sous la supervision du Responsable de Suivi & Evaluation au projet RAFG Activity, le/la Gestionnaire – Analyste des données aura pour principales responsabilités suivante :

5.

Le Gestionnaire – Analyste des données est responsable de diverses composantes techniques de l’activité, y compris l’aspect clinique de la prestation des services liés au VIH / sida. Il/elle doit assurer l’atteinte en temps opportun des objectifs requis et des livrables de haute qualité. Il/elle participe aux réunions techniques, comprend les directives nationales et organise la formation, le tutorat, la supervision pour assurer une orientation, une fourniture et une documentation précise de la prestation de services et des résultats cliniques.

• •

données, en vérifiant les changements, en identifiant les irrégularités et en établissant des partenariats avec des équipes inter fonctionnelles pour rechercher et faciliter la résolution des problèmes ; Exécuter d’autres tâches lui assignées par ses superviseurs hiérarchiques.

3.

Une bonne maitrise des applications Microsoft Office comme MS Word, Excel, Access, PowerPoint. Compétences avérées en communication à l’écrit et à l’oral en Français. La connaissance de l’Anglais constitue un avantage. Capacité à discerner les priorités dans un volume de travail important et exigeant des délais serrés avec un minimum de supervision.

Cette description de poste résume les principales fonctions du poste. Il ne prescrit ni ne restreint les tâches exactes qui peuvent être assignées à l’exercice de ces fonctions. DEPOT DE CANDIDATURES Les candidat(e)s intéressé(e)s sont prié(e)s de postuler en suivant ce lien : https://fhi.wd1.myworkdayjobs.com/FHI_360_External_Career_Portal/job/ Bujumbura-Burundi/Data-Manager_Requisition-2020200346 Le dossier de candidature est composé d’un Curriculum Vitae, une lettre de motivation adressée au « Représentant de FHI 360 Burundi » ainsi que les copies certifiées conformes du diplôme ou certificats attestant les qualifications. La date limite de dépôt des candidatures est fixée au Jeudi 05 Mars 2020 à 23h59’. Date de début de fonction : Aussitôt le processus de recrutement terminé. NB :Seul(e)s les candidat(e)s présélectionné(e)s seront invité(e)s à passer les épreuves de recrutement.

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Vendredi, 28 février 2020 - n°572

AVIS DE RECRUTEMENT

Comité international de la Croix-Rouge Délégation de Bujumbura – Burundi Route de l’Aéroport - Parcelle n° 3513 - B.P. 3257 Tél. : 22212908 / 22212865 - Fax : 22229837

La délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Burundi désire recruter :

UN(E) RESPONSABLE TIC qui assurera les taches suivantes : •

• • •

Veiller à ce que l’infrastructure TIC fonctionne, soit conforme aux normes du CICR et à la réglementation locale et soit utilisée convenablement. Veiller à ce que des politiques, règles et procédures adaptées au contexte local et aux besoins opérationnels soient en place et soient respectées par les utilisateurs. Négocier les contrats et les accords concernant les installations avec les fournisseurs locaux et défendre les intérêts du CICR. Veiller à ce que l’infrastructure de communication soit installée, entretenue et suivie, conformément aux lignes directrices et politiques institutionnelles et aux conditions locales. Faire en sorte que les consignes de sécurité en matière de TIC soient conformes aux règles de sécurité opérationnelles. Gérer et diriger le personnel TIC. Anticiper les besoins des utilisateurs en termes d’utilisation quotidienne et de solutions innovantes ; veiller à ce que ces

solutions soient intégrées au système global d’information du CICR.

• •

Connaissances, expérience et critères minimum requis : • • • •

• •

• •

Bonnes aptitudes à la communication et aux relations interpersonnelles. Posséder un permis de conduire est un atout.

v Le processus de recrutement au CICR est libre et gratuit !!!

Formation universitaire en informatique ou équivalent. Avoir un diplôme de Master ou un diplôme en télécommunication est un atout Connaissance de base en énergie solaire Bonne connaissance générale des communications Radio et Satellite, ordinateurs et système d’exploitation (Windows) et les réseaux informatiques (câble, Switch, protocoles). Excellente maîtrise (écrite et orale) de l’anglais et du français. Minimum 4 ans d’expérience dans la résolution des problèmes dans un domaine du catalogue de services TIC (p. ex. services sur le lieu de travail, télécommunications, informatique, help desk, etc.). Minimum 2 ans d’expérience dans l’encadrement de personnes. Bonnes capacités d’analyse et d’organisation.

Les personnes intéressées peuvent déposer sous pli fermé leur dossier de candidature à l’adresse : Bujumbura, Route de l’aéroport, Parcelle n° 3513 ou envoyer à l’adresse électronique suivante buj_ hrrecruitment_services@icrc.org avec la mention «Candidature au poste de Responsable TIC» comme titre. Le dossier doit comprendre un CV (max 2 pages), une lettre de motivation adressée au Chef de Délégation (max 1 page), une copie certifiée conforme du diplôme et une attestation de service du dernier poste occupé. v Les candidatures féminines vivement recommandées.

sont

La date limite de dépôt des candidatures est fixée au Vendredi 06 mars 2020 à 16h00. Seules les personnes présélectionnées seront contactées et les dossiers déposés ne seront pas rendus.

AVIS DE RECRUTEMENT

Comité international de la Croix-Rouge Délégation de Bujumbura – Burundi Route de l’Aéroport - Parcelle n° 3513 - B.P. 3257 Tél. : 22212908 / 22212865 - Fax : 22229837

La délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Burundi désire recruter :

UN(E) OPERATEUR(TRICE) DE SAISIE DE DONNEES L’opérateur de saisie des données effectuera le traitement des données pour soutenir les activités au nom des personnes ayant droit à la protection et à l’assistance du CICR en vertu du droit international humanitaire à l’aide du logiciel PEARL. Il/elle assurera les taches suivantes : • • • • •

Effectuer le traitement des données, y compris les décomptes, etc., conformément aux normes établies. Effectuer de simples travaux de bureau tels que dactylographie, classement, photocopie, etc. Assurer la mise à jour des fichiers de données. S’assurer qu’il existe un système de gestion des données de bonne qualité en effectuant des contrôles de données. Peut être amené à traduire des formulaires et des données de la langue locale vers l’anglais ou le français et vice versa.

Connaissances, expérience et critères minimum requis : • • • • • • • •

Avoir au minimum un diplôme A2 en secrétariat, gestion, administration ou un domaine similaire. Avoir 3 ans d’expérience professionnelle dans poste similaire. Très bonnes connaissances et maîtrise des outils informatiques (Word et Excel). Maîtrise du Kirundi, du français et de l’anglais (écrits et parlés). Capacité à travailler en équipe, sous stress et de manière indépendante. Bonnes capacités d’analyse et d’organisation. Disponibilité et flexibilité Bonnes aptitudes à la communication et aux relations interpersonnelles.

v Le processus de recrutement au CICR est libre et gratuit !!!

Les personnes intéressées peuvent déposer sous pli fermé leur dossier de candidature à l’adresse : Bujumbura, Route de l’aéroport, Parcelle n° 3513 ou envoyer à l’adresse électronique suivante buj_ hrrecruitment_services@icrc.org avec la mention «Candidature au poste d’Opérateur de saisie de données» comme titre. Le dossier doit comprendre un CV (max 2 pages), une lettre de motivation adressée au Chef de Délégation (max 1 page), une copie certifiée conforme du diplôme et une attestation de service du dernier poste occupé. v Les candidatures féminines vivement recommandées.

sont

La date limite de dépôt des candidatures est fixée au vendredi 06 mars 2020 à 16h00. Seules les personnes présélectionnées seront contactées et les dossiers déposés ne seront pas rendus.

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Vendredi, 28 février 2020 - n°572

Education : La réforme curriculaire à l’enseignement post-fondamental général et pédagogique. En phase de clôture, le Projet PAORC-FE /Enabel organise un deuxième atelier de capitalisation des activités de production des outils pédagogiques qui ont marqué le processus.

E

nabel a organisé un 2ème atelier (24-27 février) portant sur les différents processus de production des manuels ayant servi à la mise en œuvre de la nouvelle réforme curriculaire sur la pédagogie au post-fondamental général et Pédagogique. Un atelier qui a vu la participation des concepteurs de ces manuels, inspecteurs, Directeurs Provinciaux de l’Enseignement, de la Formation Technique et Professionnelle, les représentants des universités et instituts qui forment les enseignants, les partenaires techniques et financiers et les préfets des études représentants les écoles pilotes. Environ 70 mille manuels pour les élèves et 20 mille ouvrages pour les enseignants ont été rendu disponibles par l’Enabel, année après année, dans le cadre de son « Programme d’Appui aux Organisations Burundaises par le Renforcement des Compétences des ressources humaines-Formation des Enseignants » (PAORCFE). Le coordinateur du PAORCFE, Joël Leroy, indique que cette activité s’inscrit dans le cadre de trois ateliers successifs de capitalisation, le projet arrivant à son terme. « Nous avons fait le point d’importantes activités qu’Enabel a réalisées en partenariat avec le Ministère de l’Education, de la Formation Technique et Professionnelle. » Ce 2ème atelier était centré sur la didactique, c’est-à-dire la production des manuels scolaires qui répondent aux besoins en matériaux pédagogiques pendant la réforme, selon une approche nouvelle ‘’la Pédagogie de l’Intégration ‘’, tant pour les élèves que pour les enseignants du cycle post-fondamental. D’après M. Leroy, il s’agira de faire le point avec les concepteurs des manuels, année par année, avec aussi les nouvelles disciplines introduites dans le cycle post-fondamental : le swahili, l’anglais, le kirundi, l’entreprenariat, etc. « Comment ils ont vécu ce processus de formation à la conception, d’écriture…les défis qu’ils ont rencontrés, etc. »

Un processus complexe « Globalement, je suis satisfait de ce processus extrêmement complexe que le Bureau d’Etudes et Curricula de l’Enseignement Post-Fondamental Général et

Pédagogique BECEPFGP a mis en œuvre avec l’appui de Enabel », se félicite le coordinateur du PAORC-FE. D’après lui, l’Enabel a appuyé la création des ouvrages de mathématiques, de physique, de chimie, etc. « Cela nécessitait un important travail de formation à la rédaction des manuels. » Car le pays est désormais passé à la Pédagogie de l’Intégration, une approche en pédagogie active qui met l’apprenant au centre des apprentissages pour mieux contextualiser, faire le lien de ce qu’on apprend à l’école et ce qui se passe dans la vie quotidienne au Burundi, explique le coordinateur. Un pool d’experts internationaux, dont deux facilitateurs du présent atelier, ont aidé le BECEPFGP à réaliser tous les manuels de la 1ère année, 2è, 3è post fondamental et la 4ème année pédagogique. « En tout, nous avons livré, par année scolaire, plus ou moins 20 mille manuels scolaires à destination des enseignants et plus de 70 mille ouvrages pour les élèves du post fondamental. » Et de préciser que tous les ouvrages ont fait l’objet d’un an d’expérimentation dans 11 écoles pilotes avant d’être distribués dans les autres écoles du pays. Quelques défis observés, d’après M. Leroy : environ 20% des enseignants ont du mal à s’habituer à la réforme, ils traînent les pieds. Globalement, 80% d’enseignants se sont impliqués dans la réforme, heureusement.

Les débuts sont difficiles… Canesius Nakintije, conseiller pédagogique au Bureau d’Etude et des Curricula de l’Enseignement Post-fondamental Général et Pédagogique, a participé dans la conception de ces manuels. Il partage son expérience: « Quand il s’agit d’une nouvelle pédagogie, c’est difficile de maîtriser les différentes compétences. Au début, il y avait des lacunes. Mais suite aux différents appuis d’experts internationaux, nous avons amélioré nos compétences. » Le grand problème, d’après lui, était au début de la réforme la mise en application de nouvelle méthodologie dans les écoles. Certains enseignants gardaient

Le coordinateur du Projet PAORC-FE

Les participants au 2ème atelier de capitalisation

une certaine réticence, ils appliquent toujours l’ancienne pédagogie. «Pour pallier ce problème, nous associons les encadreurs de proximité provinciaux et communaux, les directeurs d’écoles, les préfets pour conscientiser les enseignants ». Quant à Gaspard Kanyugunyugu, préfet des études au Lycée Ruyigi, l’une des écoles pilote, il parle des débuts très difficiles

mais au fil du temps, les enseignants se sont habitués à la nouvelle réforme. De surcroît, explique ce préfet, le matériel didactique était insuffisant au début, cela ne facilitait pas aux enseignants l’intégration de la nouvelle réforme. Un système qui contraint les enseignants à changer complétement les mécanismes d’enseigner et d’évaluer. L’apprenant est mis

Expert International ayant contribué à la mise en œuvre de la réforme

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dans la situation et doit trouver une solution à un problème donné dans la société, grâce à ce qu’il a appris durant le cursus. « C’était difficile pour les élèves au début. La réussite a chuté. Mais aujourd’hui, ils se sont habitués. La réussite est bonne même au concours national. » Le grand problème qui s’observe jusqu’aujourd’hui, selon lui, c’est l’utilisation de la langue française comme langue d’enseignement, par les élèves. Ce préfet des études demande que la pédagogie d’intégration soit apprise même au fondamental pour que les élèves aient des bases solides quand ils arrivent en 1ère année post-fondamental. Signalons que le premier atelier a porté sur le processus de formation et de coaching des enseignants du post-fondamental. Le dernier atelier (30 mars-2 avril) fera le bilan et la capitalisation des innovations durant le processus d’appui au cycle postfondamental général et pédagogique.


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Vendredi, 28 février 2020 - n°572

Rivière Ntahangwa : Les travaux de stabilisation des rives sauvent les infrastructures et sécurisent les populations La dégradation des berges de la rivière Ntahangwa en aval du pont de la République était une menace pour les infrastructures publique et privées et des populations. A 70% des travaux de stabilisation des rives, les riverains se disent satisfaits. Ceux et celles qui avaient déserté leurs maisons commencent à regagner leurs domiciles.

A

ppuyés par le programme des Nations-Unies pour le développement au Burundi, PNUD sous financement du Fonds pour l’Environnement Mondial et le Gouvernement du Burundi, les travaux de stabilisation des berges de la rivière Ntahangwa synonyme de destruction des infrastructures socio-économiques, publiques et privées sont à plus de 70% de réalisation sur le site Kigobe-sud. Les débordements de cette rivière provoquaient des éboulements et glissements de terrain successifs. Ceux-ci ont largement agrandi son lit et menaçaient d’effondrement les habitations des riverains. Les travaux ont consisté d’abord à casser le méandre en aval du pont de la république et la déviation du lit de la rivière Ntahangwa. Ces travaux interviennent après la phase 1 effectuée sur le site Nyakabiga, pour réduire la vulnérabilité des communautés riveraines. Cette dernière a déjà permis de stabiliser la berge sur une distance linéaire de 314 m. L’objectif étant de protéger l’ouvrage réalisé dans la phase 1 pour protéger l’école du jardin public et les maisons riveraines du côté de Kigobe-sud. Mais aussi rétablir l’avenue Mukarakara, restée longtemps impraticable.

sauver des ménages qui étaient au bord du gouffre. Ils se disent ravis de cette l’intervention du PNUD Burundi et des autres partenaires dans l’accompagnement du gouvernement du Burundi. Joseph Ngoti habitant de Kigobe-sud depuis 2012 se dit extrêmement content de ces réalisations. « L’effondrement progressif des maisons et de cette route a commencé en 2013. Plus de cinq maisons se sont partiellement écroulées au fil du temps. Moi -même je vivais la peur panique », témoigne-t-il. Et de se réjouir « pour le moment nous pouvons dire un ouf de soulagement. Ils sont en train de travailler et ont mis beaucoup de moyens. Nous sommes tranquilles, les choses sont rentrées dans l’ordre ». Même sentiment de satisfaction pour Serges Baranyikwa qui habite seul dans la maison. «La maisonnette pour la cuisine s’est écroulée et les autres membres de la famille ont déménagé par peur du ravin. Nous étions dans le désarroi mais, Dieu merci nous sommes tranquillisés. Ceux qui avaient déserté les lieux vont pouvoir regagner leurs domiciles », raconte-t-il avec joie. Jean Kabura, un passant, salue des bienfaiteurs exceptionnels. « Protéger les infrastructures publiques et privées dépasse toutes

Avant la déviation de la rivière Ntahangwa: l’avenue Mukarakara totalement effondré et les maisons sur place au bord du gouffle.

formes d’aide qu’on puisse donner. Nous remercions vivement le PNUD et le gouvernement pour ce projet vital », a-t-il raconté joie au visage. Cet habitant demande plus d’initiatives pour la stabilisation des rives de la Ntahangwa surtout en amont pour une solution à long terme. Pour Ir Marc Rugerinyange, responsable du chantier, ces travaux ont permis la déviation de la rivière Ntahangwa pour casser les méandres et les obliger à ne plus faire des affouillements, explique Ir Marc Rugerinyange, responsable du chantier. Cela a permis de stabiliser les berges en fonction du nouveau tracé et enfin remblayer l’ancien lit et y poser des gabions pour la stabilité des berges. « Les maisons environ-

nantes ont été complètement protégées car la rivière ne va plus les détruire ». Selon Ir Rugerinyange, les travaux avoisinent les 75% de réalisation n’eût été les pluies diluviennes qui se sont abattues sur Bujumbura et les montagnes surplombant la ville. « Un cas de force majeure qui est survenue entre les 26 et 27 janvier qui a emporté quelques gabions déjà posés si non on serait déjà vers la fin », s’est-il exprimé. Marc Rugerinyange tient à tranquilliser les habitants de Kigobesud et Nyakabiga qu’il n’y a plus de menace. Les activités de stabilisation ont été exécutées en bonne et due forme suivant la déontologie de l’art. Les maisons de Kigobe sont éloignées à plus

Des riverains dans la satisfaction Arrivés vers 10h, on trouve la piste Mukarakara reliant Kigobesud et ouest est pour le moment praticable. Des automobilistes, des motocyclistes et piétons circulent librement. Il y a quelques mois, la situation était autre car toute communication était coupée, l’emplacement de cette avenue n’était plus visible. Des habitants qui avaient déménagé commencent à regagner leurs domiciles et entamer leur réhabilitation. Les chantiers qui avaient été suspendus ont repris après les activités de déviation du lit de la Ntahangwa source de menace pour les maisons de Kigobe. Les riverains et les usagers de la piste Mukarakara ne cachent pas leur satisfaction. Ils saluent des travaux d’urgence qui viennent de

A 70% de réalisation des travaux, la circulation est rétablie et les maisons riveraines sauvées.

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de 100 mètres des berges de la rivière ». L’avenue Mukarakara jadis impraticable, est aujourd’hui large de plus de 30 mètres.

Les mêmes travaux sont indispensables en amont Pour lui, ce n’est pas la rivière qui menace mais plutôt une dégradation de l’environnement en amont dont les répercussions se manifestent en aval. « La vitesse des eaux de la rivière augmente. Des écoulements d’eaux, d’abord des infiltrations car la végétation qui freinait cette vitesse n’existe presque plus en amont. La vitesse des eaux augmente et arrache tout sur leur passage », a-t-il tenu à préciser. En amont du pont de la République, la dégradation des berges de la rivière Ntahangwa ne cesse de faire des dégâts. Des maisons effondrées, des routes coupées etc. L’effondrement de l’avenue Sanzu, du quartier Mutanga-sud en zone Rohero a coupé toute communication entre Mugoboka I et II. Les maisons environnantes sont littéralement au bord du gouffre. Les habitants sont dans le désarroi. Cette route longeant la rivière Ntahangwa, avait déjà été partiellement coupée à l’entrée de la sous-colline Mugoboka. Une barrière métallique bloque l’avenue Sanzu, les véhicules ne peuvent plus joindre le petit marché de Mugoboka. La population tire la sonnette d’alarme, un véritable cri de détresse. Elle demande à l’Etat de mener des travaux d’urgence pour rétablir la communication entre ces deux quartiers et protéger les maisons.


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