IWACU 569

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IWACU N°569 – Vendredi 7 février 2020 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Domitien Ndayizeye

« Un milliard de trop! »

POLITIQUE

SANTÉ

AU COIN DU FEU

Du passé composé au passé simple : coup de projecteur sur le passé conflictuel

P.5

Avec le Père Guillaume Ndayishimiye Bonja

P.11

Cancer : le diagnostic désormais possible

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P.12


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LA DEUX

Vendredi, 7 février 2020 - n°569

Editorial

En coulisse

En hausse

Sur le vif

Un magistrat condamné pour outrage au chef de l’Etat

Par Léandre Sikuyavuga Directeur des rédactions

L

a Commission Vérité et Réconciliation, CVR, a entamé depuis le 27 janvier, des travaux d’exhumation des ossements humains des personnes tuées en 1972 au site de la Ruvubu. Les journalistes d’Iwacu étaient sur les lieux lors du lancement. L’opération doit durer au moins trois semaines. Une activité à saluer. En effet, si la déshumanisation des « ennemis » a eu lieu, c’est leur ré-humanisation qu’il s’agit lors du ré-enterrement. Toutefois, l’opération est interprétée différemment et commence à provoquer de vives réactions et émotions dans l’opinion. En effet, l’ouverture des fosses confronte les proches des victimes à des os, parfois à un amoncellement d’os dans le cas des enterrements multiples comme le cas du site de Ruvubu, qui n’ont plus grand-chose à voir avec l’image de la personne disparue. « Je ne crois pas à mes yeux. C’est horrible, traumatisant. C’est comme planter un couteau dans nos cœurs. Tout le monde pense que c’est son mari, son frère ou son père.» Des propos émouvants d’une femme qui regardait de loin un membre de la CVR montrant un crâne et d’autres ossements aux journalistes. L’opération est en train de se dérouler à la veille des élections. Certains politiques se demandent si le moment est vraiment approprié. « Pourquoi remuer ciel et terre pour exposer des restes humains de la crise de 1972 à la veille des élections ? » Cette activité soulève aussi une polémique quant à l’identification de ces fosses communes et l’identité des restes excavés. « Pourquoi on s’acharne à montrer que les crises burundaises ont toujours emporté les victimes d’une telle ethnie ? N’est-ce pas une manipulation de l’histoire ? », s’est interrogé notamment Tatien Sibomana, un politique burundais. Récupérer un corps qui a été violenté, parfois torturé, exécuté sommairement et enterré clandestinement, engendre plusieurs autres interrogations : Comment traiter ces restes ? La manière de les ré-enterrer ? Y a-t-il une préparation psychologique des victimes ? Le Burundi a été endeuillé à différents moments de l’histoire. Les violations massives ont toujours pris malheureusement un caractère ethnique. Certes, la CVR fait son travail, une tâche qui devrait par ailleurs être menée en 2001. Cependant, elle devrait prendre en considération toutes ces préoccupations, expliquer, tranquilliser, apaiser, faire un travail pédagogique et psychologique en amont. Sinon, il y a risque de créer des frustrations inutiles, de choquer les uns et les autres, de susciter un malaise et une gêne à certaines familles de victimes.

L’équipe de Handball Golden Team,

Ladislas Niyongabo, m agistrat au Tribunal de résidence de Burambi, province Bururi, a été condamné, le 31 janvier, par la cour d’appel de Bururi, à 2 ans de prison et une amende de 50 mille BIF pour outrage envers le chef de l’Etat. Il avait été arrêté à Rumonge, le 24 janvier, pour des propos tenus dans un bar.

P

our avoir été sacrée championne en battant Muzinga en finale du championnat national de Handball (2019-2020), dimanche 2 février 2020.

La Regideso vers le numérique Le Directeur Général de la Regideso a signé, avec la société d’informatique ITEC, un contrat d’acquisition d’outils de gestion moderne, mardi 4 février. Ces outils vont permettre à la Regideso de devenir une entreprise totalement numérisée et par conséquent d’améliorer sensiblement ses prestations de services, a assuré le DG de la Regideso.

Lancement de la campagne de l’impôt locatif

©Droits réservés

CVR, des exhumations controversées

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

En baisse

Certains malfaiteurs de la ville de Nyanza-lac,

L’Office burundais des recettes (OBR) et la mairie ont lancé, jeudi 6 février, la campagne de déclaration et de collecte de l’impôt locatif de l’exercice fiscal 2019. Les propriétaires d’immeubles sont appelés à déclarer et à payer l’impôt pour leurs biens immeubles jusqu’à fin mars.

P

our avoir tenté d’incendier la nouvelle permanence du parti CNL en commune Nyanza-lac, mardi 4 février 2020.

Directeur adjoint des Rédactions : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza Edouard Nkurunziza Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société: Clarisse Shaka Jérémie Misago Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza

ANNONCE

Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

GVC – APPEL D’OFFRE Réhabilitations WASH au niveau des CDS avec service STA/SST Dans le cadre des Projets « Kura Kibondo, financé par l’Ambassade des Pays-Bas » et « TWITEHO AMAGARA - Ngozi, Kayanza, Cibitoke co-financé par l’Union Européenne, GVC lance un Appel d’Offre pour l’exécution de travaux de réhabilitation WASH dans 15 CDS STA/SST pour améliorer l’accès à l’eau et l’hygiène. Province de Cibitoke et Province de Kayanza-Gahombo L’objectif de cet appel d’offres est de solliciter des offres compétitives pour 4 lots Le dossier d’appel d’offres peut être obtenu à l’adresse suivant : GVC- Secrétariat de GVC sis à : bureau GVC, 13, Av. Du Ravin, Quartier Gatoke, Bujumbura Disponibilité du dossier de l’appel d’offre du 05 au 12 février 2020 (09h à 16h, hors samedi et dimanche) La date limite de remise des offres est fixée au 26 février 2020 à 12 :00h.

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5.126.351 est le nombre des Burundais inscrits sur les listes électorales

Source : CENI

Une pensée « Au lendemain d’une élection présidentielle, le deuil des convictions se porte sous le bras et dans un portefeuille ministériel. »

Philippe Bouvard


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L'ÉVÉNEMENT

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Interview exclusive

« Les Burundais en ont ras la casquette !» Iwacu a rencontré Domitien Ndayizeye, l’occasion de revenir sur l’actualité de l’heure avec l’ancien président de la République. Un entretien sans concessions.

L

e Parlement a récemment voté un projet de loi qui accorde de nombreux avantages au statut d’anciens chefs d’Etat. Votre réaction ?

Par rapport à la loi existante en la matière, cette loi apporte un changement sur deux points majeurs : la distinction qu’elle établit entre les anciens chefs d’Etat élus au suffrage universel et les autres ayant accédé à la tête de l’exécutif, soit par coup d’Etat ou consensus. Personnellement, un ancien chef d’Etat n’a pas à être jugé sur la manière dont il a pris le pouvoir mais plutôt sur le bilan de ses réalisations. Un chef d’Etat peut gagner des élections avec des scores fabuleux mais justifier d’un bilan largement médiocre au bout de cinq, voire même dix années de pouvoir. En outre, vouloir insister sur l’élection au suffrage universel direct d’un président, c’est prendre la situation par le mauvais bout. Aux Etats-Unis d’Amérique, le futur président de la République est élu au suffrage universel indirect (Par un collège de grands électeurs) et là, on parle de la plus grande démocratie du monde ! L’autre facette du projet concerne l’arrêt du mandat de sénateur à vie pour les anciens chefs d’Etat non élus au suffrage universel. En ce qui me concerne, j’ai toujours considéré que le rôle d’un ancien président n’est pas d’aller voter des lois mais d’exercer des missions consultatives auprès de personnes morales ou physiques, au Burundi ou à l’étranger, qui puissent vouloir profiter de son expérience d’ancien dirigeant à la tête d’un pays. Quant aux aspects financiers de cette loi, il se dit beaucoup de choses……. Certains dénoncent un véritable hold-up du trésor public. Votre avis ? Je suis absolument d’accord. Dans l’ancienne loi qui avait été votée sous ma présidence, l’allocation unique d’un milliard de francs burundais à un ancien président n’existait pas. Et avec une situation financière du trésor public qui est loin d’être confortable, de tels émoluments à l’égard d’un ancien chef d’Etat ne

sont pas raisonnables. Pour parler franc, au vu de l’état actuel de la caisse, le président pourrait se passer de ces sommes mirobolantes sans que ça l’empêche de vivre douillettement après son départ de fonction.

des deux Etats de communiquer. qui saturaient l’espace tant poliDu temps de mon exercice du tique que social. Vingt-six ans pouvoir, il me suffisait d’engager après, la donne a changé. La un échange par téléphone avec notion de ‘bonne gouvernance’ des autorités rwandaises pour a pris le pas sur l’appartenance régler un certain nombre de dif- ethnique qui n’est plus le moteur férends majeurs ou mineurs avec de la vie politique. Les burunnotre voisin du nord. C’est ainsi dais dans leur ensemble aspiLe Burundi et le Rwanda sont que beaucoup de litiges entre rent à une bonne gouvernance en froid depuis nos deux pays dans tous les domaines : poliun moment. Votre n’ont d’ailleurs tique, économique et social. « Un ancien commentaire. pas eu besoin C’est d’autant frappant que les président doit d’être portés à la tentatives d’ethnicisation de la être jugé sur La tension qui connaissance du crise de 2015 de la part d’huiles règne actuellement public. En plus, du régime actuel n’ont eu aucun le bilan de ses entre le Burundi et comme ce con- effet auprès de la population. Vu réalisations. » le Rwanda découle flit part de prob- cela, peut-on se féliciter que les des conséquences lèmes internes au choses aient évolué. de la crise de 2015. Ce qui est Burundi, nos leaders politiques gênant, c’est la manière dont les doivent s’atteler à les résoudre En tant que membre fondadirigeants actuels gèrent cette avant de se lancer dans teur de la dissension avec notre voisin du des discussions avec le plateforme, « De tels nord de la Kanyaru. Ils sont dans Rwanda. Là-dessus, je qu’est-ce qui émoluments une véritable fuite en avant. En pense à la question des explique le à l’égard d’un témoignent les manifestations milliers de burundais revers du récurrentes des jeunesses du qui ont trouvé refuge CNARED ? ancien chef parti CNDD-FDD dans nos rues au Rwanda à l’issue de d’Etat ne sont pas Le gouvernecriant des slogans anti-rwandais la crise de 2015. raisonnables.» ment burunou les démonstrations de force de ces mêmes jeunes et autres miliVous étiez l’un des dais a tout fait tants du parti au pouvoir devant ténors du parti Sahwanya-Fropour que les négociations avec la frontière burundo-rwandaise. debu à l’origine de l’avènement la plateforme n’aboutissent pas. Ces agitations n’honorent pas du de la démocratie au Burundi. Mais sur un autre registre, l’une tout notre pays et sont plutôt le Aujourd’hui, que diriez-vous des revendications principales du reflet d’une crise d’humeur. La de l’état actuel de la démocraCNARED portait sur la contestameilleure solution pour ce type tie dans le pays ? tion du troisième mandat que de crise entre deux pays qui parts’était octroyé le président actuel. agent de surcroît des frontières En 1993, les premières élec- L’annonce récente du départ du communes, c’est le dialogue. Rien tions démocratiques ont eu lieu président Pierre Nkurunziza est n’empêche par exemple aux min- mais le contexte de l’époque était peut-être le fruit du militantisme istres des relations extérieures dominé par des enjeux ethniques à l’encontre du troisième mandat.

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L’objectif de la plateforme était aussi d’installer une véritable culture démocratique basée particulièrement sur la reconnaissance d’une diversité d’opinions au sein d’une même tendance politique. Ce n’est pas le parti au pouvoir qui dirait le contraire, au regard des frondes observées ces dernières années à l’intérieur du parti CNDD-FDD. Donc, le CNARED a eu son utilité et peut toujours jouer un rôle notamment dans la consolidation des accords de paix d’Arusha. Nous sommes à trois mois du scrutin. Votre analyse du climat pré-électoral ? L’incertitude plane sur les esprits, d’autant que le pays est plongé dans une crise politique depuis 2015, laquelle a fracturé la société. : D’un côté, une frange de la population qui soutient le pouvoir, de l’autre, une frange proche des idées de l’opposition …. Cette dernière dénonce la montée de l’intolérance politique à l’approche des élections ? Qu’en dites-vous ? La multiplication d’actes d’intolérance politique est une réalité indéniable. La vigueur politique qu’incarne le parti CNL en fait naturellement une cible privilégiée du parti au pouvoir en termes d’agressions à l’endroit


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L'ÉVÉNEMENT

de l’opposition. Ce que le régime en place a visiblement du mal à saisir, c’est que les Burundais en ont ras la casquette des pouvoirs oppressifs et aspirent à une refonte des pratiques politiques qui doivent reposer sur la sauvegarde de la paix et la sécurité, le respect des droits de l’Homme, la lutte contre la pauvreté, la fin de la corruption, etc. C’est aussi mon conseil à l’endroit des jeunes qui projettent un jour de diriger le pays.

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le cadet de mes soucis. Je ne serai le candidat, ni du RANAC, ni du CNARED qui ne m’a jamais mandaté pour cela. C’est ce que j’ai d’ailleurs clarifié à un journaliste d’un média en ligne qui faisait courir le bruit sur ma possible candidature à la présidentielle au nom du CNARED. Je me sens vieux maintenant pour l’exercice du pouvoir et à mon âge, devrais-je plutôt penser à ma sortie de ce monde (Rire). Propos recueillis par Alphonse Yikeze

L’ex-président de la République pense-t-il à un retour aux manettes ? (Rire). Se présenter candidat au poste de président est vraiment

Le regard de l’ancien chef d’Etat sur la condamnation des quatre journalistes d’Iwacu. Rien ne justifie leur mise en détention. Ils exerçaient simplement leur métier, à savoir la vérification et l’enquête sur une information faisant état d’affrontements armés à Musigati. La tâche du journaliste est de communiquer à l’opinion autant des nouvelles alarmantes que des nouvelles enthousiasmantes. Une déontologie qui régit son métier est là pour encadrer cette diffusion de l’information. Donc, à mon sens, les quatre journalistes d’Iwacu sont l’objet d’une injustice notoire ! Pire, qu’ils soient condamnés essentiellement sur la base de leur présence sur les lieux à Musigati est de la pure fantaisie de la part de

la justice qui a plutôt intérêt à fournir des arguments mieux élaborés qui justifieraient l’incarcération de ces braves hommes et femmes. En plus, avec ces arrestations, quel journaliste se risquera dorénavant à traiter des sujets sensibles? A ces quatre professionnels des médias, je leur souhaite de garder courage sachant combien il est frustrant de croupir en prison alors qu’on est innocent. Une situation dont j’ai moi-même fait l’expérience. De ma part, j’ai espoir qu’un jour, une réelle justice leur sera rendu, leur permettant ainsi de recouvrer la liberté.

A.Y.

POLITIQUE

Présidentielle 2020 : la foire aux candidats

A

raison de 200 au moins par région, le reste réparti, sans quota, partout dans le pays et à l’étranger. » Ainsi amendé, l’article 97 éloignerait le risque de voir la présidentielle virer à la foire aux candidats. Comment collecter les parrainages? Que prévoir en cas de signatures multiples d’un même électeur? Ces deux autres questions connexes devraient également être fixées par le Code électoral. Cette multiplication des candidatures survient in tempore suspecto, la communauté internationale n’ayant de cesse d’appeler à l’ouverture de l’espace politique dans la perspective des élections de 2020. L’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, John Peter Pham, lors de sa visite de travail au Burundi, mercredi 11 septembre, a enfoncé le clou transformé en objet contondant sous l’effet du langage diplomatique : « Même si le pays est souverain, ces élections seront plus crédibles et plus transparentes, s’il y a des observateurs

burundais de la société civile, des observateurs venus de la sousrégion, de l’UA et même de la communauté internationale.» La réponse du berger à la bergère. « On n’a besoin ni de Belges, ni de Français, ni d’Américains pour observer le déroulement des prochaines élections générales qui débutent par la présidentielle, en mai prochain », a tranché dans le vif, vendredi 10 janvier, le président du Sénat, Révérien Ndikuriyo, sur les antennes de la RTNB. On donne d’une main pour mieux reprendre de l’autre. Cinq ans plus tard, la crise politique a-t-elle eu raison du lien de confiance nécessaire entre les élites gouvernantes et les gouvernés ? Ou l’explication de cette fièvre créatrice de candidatures se niche-t-elle ailleurs ? Début 2000, le terme « Imperekeza »(Accompagnateurs) est entré dans le jargon politique. Fait-il florès à la faveur de cette présidentielle ?

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u 7 février 2020, 12 candidats se disputent le fauteuil présidentiel. « Chaque candidature aux élections présidentielles doit être parrainée par un groupe de deux cents personnes formé en tenant compte des composantes ethniques et du genre. Les membres du groupe de parrainage doivent eux-mêmes réunir les conditions de fond requises pour l’éligibilité aux élections législatives », dispose l’article 100 de la Constitution du 7 juin 2018. Ce libellé est repris à l’article 97 du Code électoral du 20 mai 2019. Avec un ajout : « Ce groupe doit revêtir un caractère national. » Croire qu’à l’évocation de cette formule - en renfort d’un seuil de signatures insignifiant par rapport au corps électoral (5 126 351) -, l’envergure nationale du candidat apparaîtra se ramène à recourir à la pensée magique. « Le nombre de signatures exigées est de 1000. Une partie de ces parrainages devrait obligatoirement provenir de 3 régions sur les 5 que compte le Burundi. Et ce à

Guibert Mbonimpa

ANNONCE BNDE – SOCIETE MIXTE

La Banque Nationale pour le Développement Economique «BNDE» met en vente un véhicule dont les caractéristiques sont les suivantes: une Jeep Toyota Fortuner, plaque n° C 2796 A, dédouanée, année de fabrication 2011. Le véhicule est vendu dans l’état où il se trouve et peut être visité dans les enceintes de la

AVIS DE MISE EN VENTE

Banque de Lundi au Vendredi de 8h à 11h30’ et de 14h à 17h à partir du Lundi 10/02/2020. La participation est ouverte à toute personne ayant versé une caution de soumission de Bif 500 000 (Cinq cent mille francs burundais) à la caisse de la Banque ou au compte n° 53766-75 ouvert à la BCB au nom de la BNDE. Cette caution sera déduite du montant

de l’achat pour le soumissionnaire gagnant et remboursable au soumissionnaire non retenu.

achat d’une Jeep Toyota Fortuner, plaque n° C 2796 A » au plus tard le 20/02/2020 à 15h30’.

Les personnes intéressées peuvent remettre leurs offres sous plis fermés au Secrétariat de la Direction Générale de la BNDE, sise Rohero I, Rue du Marché n°3, B.P.1620 Bujumbura,Tél. 22 22 28 88, avec mention « Offre pour

L’ouverture des enveloppes aura lieu le 21/02/2020 à 09h00’ dans la salle des réunions de la BNDE. Le soumissionnaire dont l’offre aura été retenue dispose d’un délai de 5 jours ouvrables

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à compter de la date d’affichage pour le règlement du montant de son offre. Le soumissionnaire gagnant qui n’aura pas payé le montant dans les délais, ne se verra pas remboursé sa caution. La BNDE se réserve le droit de refuser toute offre jugée inférieure à la valeur réelle du véhicule.


POLITIQUE

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Du passé composé au futur simple

«Nous avons soif de connaître le passé!» Le thème du débat du jeudi 30 janvier 2020 était intitulé : «Mwezi Gisabo, le roi contesté : les failles dans le système d’accès à la royauté». Les jeunes ont débattu sur la guerre de succession entre Mwezi Gisabo et Twarereye, le conflit Batare-Bezi, les différentes rébellions qui ont caractérisé le règne de Mwezi Gisabo, etc.

E

st-ce que le mode d’accès au trône qui stipulait que le prince héritier devait naître avec des semences était unanimement accepté par tous. Il n’y avait pas des contestations ? » Telles étaient les questions posées aux jeunes. «Après la mort de Ntare Rugamba, son successeur devait être Twarereye. Mais, il y a eu des magouilles à la cour royale. C’est Bijoga, qui a pris par après le nom de Mwezi Gisabo, qui a été intronisé. Twarereye et ses soutiens ont contesté et un conflit a éclaté», explique Gilbert Nkurunziza, étudiant en Histoire. «Pendant ce conflit, Mwezi Gisabo, qui était très jeune, a été aidé par son frère-aîné, le prince Ndivyariye. Les troupes de Twarereye ont été vaincues à Nkondo et Twarereye a été tué», ajoute Eric Bizimana, étudiant en Histoire. Pour Blaise Izerimana, cette guerre de succession ne pouvait pas manquer de conséquences. «Cette guerre a provoqué un conflit entre les Batare et les Bezi. Un conflit opposant deux lignées de la famille royale». Fidèle Bavumiragiye, étudiant en Sciences de l’éducation, n’est pas du tout d’accord. «Etant très jeune, Mwezi Gisabo ne pouvait pas régner. C’est le prince Ndivyariye qui a assuré la régence. Devenu adulte, le roi Mwezi Gisabo s’est inquiété de la puissance de son frère-aîné. Il a réussi à se débarrasser de lui. C’est

à ce moment que le conflit BatareBezi est né».

Des rébellions tous azimuts Le roi Mwezi Gisabo a fait face à plusieurs mouvements rebelles : Twarereye, Maconco, Kirima, etc. «Ntare Rugamba avait eu un autre fils avec une femme du groupe des Bashi. Il s’appelait Gihanamusango. Ce dernier voulait lui aussi le trône de son père. Il a été battu par les troupes de Mwezi Gisabo. Par après, son fils Kirima est revenu pour réclamer le trône», indique Ernest Murwaneza, étudiant en Histoire. «Le mythe de naître avec les semences avait été brisé avec le conflit Mwezi GisaboTwarereye. Du coup, n’importe qui pensait pouvoir être roi», fait savoir Samuel Mbonimpa. «A voir comment Mwezi Gisabo est monté sur le trône, il n’avait pas une légitimité totale. Il était considéré comme un usurpateur. C’est pourquoi Kirima et Maconco se sont rangés du côté des colonisateurs allemands pour combattre le roi Mwezi Gisabo», ajoute Gilbert Nkurunziza.

Quid des conséquences de ces conflits sur la population ? D’après ces jeunes, ces conflits ont eu des conséquences néfastes sur la population du royaume. «Ces conflits ont eu un impact sur

Les jeunes ont débattu sur le thème: «Mwezi Gisabo, le roi contesté : les failles dans le système d’accès à la royauté»

la culture burundaise. La croyance en Imana et en Kiranga a perdu sa valeur. La cohésion sociale des Burundais a pris un grand coup», relève Emelyne Hakizimana, étudiante en Droit international. «Après la dislocation du mythe de naître avec des semences, la population a constaté qu’elle a été dupée», renchérit Richard Nkurunziza. Pour Zabulon Nshimirimana, licencié en Sociologie, ces conflits ont affaibli le pouvoir du roi. «Le système qui était verrouillé est devenu faible. Pour moi, les dissensions entre les Burundais proviennent de ces conflits. Les colonisateurs ont trouvé un terrain déjà déblayer pour diviser les Burundais».

Et les histoires de Hutu et Tutsi? Nombre de ces jeunes pensent que le conflit Batare-Bezi est à l’origine de l’introduction des ethnies au Burundi. «Dans leur politique de diviser pour régner, les Allemands voulaient affermir leur pouvoir en s’appuyant sur les détracteurs du roi. Ce conflit Batare-Bezi est à l’origine de l’introduction des ethnies par les colonisateurs», lance Providence Niyogusabwa. «Dans le temps, un homme riche était appelé un Tutsi tandis qu’un homme au service d’un autre était un Hutu. En arrivant, les Allemands ont trouvé un peuple divisé. Pour nous diviser encore plus, ils ont introduit ces histoires de Hutu et

Tutsi», fait savoir Lin Niyukuri. Darcy Itangiteka, étudiant en Sciences politiques, ne trouve pas une corrélation entre le conflit Batare-Bezi et les ethnies. «Ces dernières ont été créés dans les années 1930. C’est l’œuvre des colonisateurs». Plusieurs jeunes ont constaté qu’ils ont des informations différentes sur l’histoire du Burundi. «Il faut une étude approfondie afin que les jeunes aient une même lecture de notre passé. Il subsiste un flou autour des évènements du passé. Des écrits manquent. Je constate que les jeunes ont la soif de connaître notre histoire», relève Emelyne Hakizimana. Fabrice Manirakiza

Eclairage du professeur Denis Banshimiyubusa Selon le professeur Denis Banshimiyubusa, invité dans ce débat, il y avait des intrigues à la cour royale. «Tout n’était pas toujours blanc. Le roi avait plusieurs reines. Chacune d’entre elles voulait que son fils soit le prince héritier. Elles utilisaient alors les conseillers du roi». D’après lui, le conflit Batare-Bezi a commencé avec l’éviction du prince Ndivyariye, son régent. Il souligne que lors de ce conflit Batare-Bezi, aucun clan parmi les deux n’était Hutu ou Tutsi. «Lors de l’assassinat de Rwagasore, on

dit que le conflit Batare-Bezi a joué un grand rôle, mais on ne parle pas d’ethnies». Concernant les rebellions de Maconco et Kirima, le professeur indique que ces derniers voulaient eux aussi le pouvoir. «Kirima disait qu’il venait revendiquer le trône de son père. Les colonisateurs les ont utilisés pour affaiblir le roi. Après la signature du Traité de Kiganda, ils ont reçu des territoires. Par après, les colonisateurs se sont retournés contre eux. Maconco été tué par les Allemands et

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Kirima a été déporté». Le professeur Banshimiyubusa affirme que ces conflits ont eu plusieurs conséquences. «Le roi Mwezi Gisabo a été affaibli. C’est la démystification de la royauté. Se révolter contre le roi devient une chose banale. Si au niveau du sommet on rencontre des problèmes, ces derniers se répercutent jusqu’à la base. Ce conflit a eu également un impact sur la création des partis politiques au Burundi avec l’Uprona affilié au Bezi et le PDC aux Batare».

F.M.


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POLITIQUE

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Intolérance politique Ngozi

Des emprisonnements tous azimuts En moins de trois mois, plus de 70 opposants, membres du parti CNL, sont sous les verrous. Les responsables de ce parti parlent d’un acharnement contre les opposants.

L

undi, 3 février 2020, cinq membres du CNL sont arrêtés sur la colline Ragwe, en commune Kiremba. Selon Jonas Nahimana, un des représentants de ce parti à Ngozi, ils ont été arrêtés par des Imbonerakure. Puis, ils les ont amenés chez le chef de colline. « Après bastonnades, ils ont été conduits au chef-lieu de la zone Gakere où ils sont emprisonnés depuis ce mercredi 5 février. » Selon lui, on les accuse de collecter les cotisations du parti CNL. Dans cette province, plusieurs témoignages affirment que des intimidations, des emprisonnements, … ne datent pas d’aujourd’hui pour les militants du CNL. Ils font état de plus de 70 cas d’emprisonnements depuis octobre de l’année dernière. La commune Marangara vient en tête avec une vingtaine des membres du CNL arrêtés et emprisonnés. Là, raconte M. Nahimana, tout commence avec l’attaque du domicile de feu Evariste Nyabenda, le 11 novembre, dans la zone Nyamugari, colline Burenza. Nyabenda avait été battu à mort, le 13 octobre 2019, par des jeunes affiliés au parti au pouvoir. « Evacué vers l’Hôpital de Kiremba, il va finalement succomber à ses blessures dans la nuit du 7 novembre », déplore-t-il. Enterré le 11 novembre, des gens qui faisaient le deuil seront attaqués pendant la nuit. Des blessés. Malheureusement, déplore ce responsable du parti CNL à Ngozi, « ce sont eux qui seront arrêtés et emprisonnés. » Le 15 décembre, le climat s’envenime. Alors que c’est le jour d’ouverture de la permanence communale du parti d’Agathon Rwasa, à Marangara, des Imbonerakure (jeunes affiliés au parti CNDD-FDD) décident de s’y opposer. Ils bloquent les axes menant à cette permanence. « J’ai vite alerté la police et le secrétaire du Cndd-Fdd. Ils ont vite intervenu et l’ouverture a bel et bien eu lieu sans incident. » C’est après l’ouverture que les choses vont se compliquer. En effet, explique-t-il, à la fin des festivités, les CNL de Kiremba seront attaqués sur leur chemin

En province Ngozi, en moins de 3 mois, plus de 70 militants du parti CNL sont sous les verrous.

de retour. Des affrontements éclatent entre les deux camps. Et des blessés sont enregistrés de tous côtés. « Dès lors, la chasse des CNL commence jusqu’aujourd’hui. » Des sources à Marangara signalent même que des policiers auraient ouvert le feu, blessant deux personnes. A Busiga, 6 octobre 2019, quatorze membres du CNL sont arrêtés. Accusation : assassinat de Martin Nyabenda, un jeune Imbonerakure, dans la nuit du 5 octobre. Or, déplorent nos sources, ce jeune serait parmi ceux qui ont mené une attaque sur la colline Munyange, sous-colline Kabutaro. « Son cadavre a été retrouvé sur la sous-colline Kamusonga. Et des enquêtes de la police ont

révélé qu’il a été étranglé.» Pourquoi ? Des sources indiquent que la victime ne serait plus en bons termes avec ses amis Imbonerakure. « Même son épouse aurait reçu des menaces pour ne pas dévoiler l’identité de ceux qui sont venus à la maison prendre son mari quelques heures avant l’attaque de Munyange. » Du côté Nyamurenza, excepté Antoine Rwasa, Eric Niyonkuru, Jean-Marie Muhimpundu, Célestin Nduwayo, toutes les autres arrestations datent du 11 novembre. Motif : Les affrontements qui ont eu lieu le 10 novembre entre les Imbonerakure et les CNL de Kiremba et Gashikanywa sur leur chemin de retour. A Kiremba, les personnes incar-

cérées sont dans deux groupes. Un groupe accusé d’avoir pris part dans les échauffourées du 10 novembre 2019 à Nyamurenza, et une autre équipe arrêtée pour le compte de l’incident du 15 décembre 2019 à Marangara. Et des arrestations se poursuivent, ajoute M. Nahimana.

« Que ces arrestations cessent! » Même si ce n’est pas trop prononcé, la commune Mwumba n’est pas épargnée. Accusé ‘’ de tentative d’assassinat’’, Honoré est arrêté le 14 novembre 2019. « Ils m’ont arrêté sur mon lieu de travail, à l’Hôpital Ngozi. Or, je n’étais ni de près, ni de loin impliqué en ce qui s’est passé à

Nyamurenza.» Avec trois autres membres du CNL, Honoré a été relâché ce mardi 4 février 2020. Selon Jonas Nahimana, mise à part la commune de Ngozi, les membres du CNL sont devenus la cible des arrestations, des intimidations, … dans d’autres communes. Ce responsable demande que les droits politiques comme l’adhésion volontaire dans un parti politique soient respecté. Par ailleurs, souligne-t-il, les lois telle la Constitution de la République du Burundi reconnaissent le multipartisme. « Tout burundais a droit d’adhérer dans un parti de son choix. Que les gens ne continuent pas à être persécutés, intimidés à cause de leurs idéaux politiques. Que ces arrestations cessent. » Contacté par Iwacu, ce jeudi 6 février, le gouverneur de Ngozi, Albert Nduwimana répond qu’il doit d’abord s’informer si le journal Iwacu travaille encore. Presque deux minutes après, Iwacu le rappelle. Cette fois-ci, c’est son Agent de transmission qui décroche : « Il est dans les travaux communautaires. Vous allez rappeler. » Quelques temps après, on passe encore l’appel. Le gouverneur décroche. Juste quelques secondes, il raccroche. Un autre appel s’impose. Cette fois-ci, c'est une autre personne qui répond : « Vous êtes d’Iwacu ? », lance-t-il. Avant d’ajouter : « Le gouverneur est pris par d’autres occupations. Vous allez le contacter pour un autre jour et fixer un rendez-vous. » Rénovat Ndabashinze Fabrice Manirakiza

Jonas Nahimana : « Tout burundais a droit d’adhérer dans un parti de son choix.»

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POLITIQUE

Vendredi, 7 février 2020 - n°569

7

Liste des membres du CNL emprisonnés jusqu’au 7 février 2020 A) commune MARANGARA 1. Ntirandekura Emmanuel: colline Burenza 2. Ndayishimiye Vincent: colline Burenza 3. Sibomana Elias: colline Burenza 4. Miburo Fabien: Colline Burenza 5. Rwasa David: Colline Burenza 6. Rwasa Emmanuel: Colline Burenza 7. Kabura Étienne: Colline Burenza 8. Ciza Innocent : Colline Runda 9. Minani Gabriel: Colline Runda 10. Karenzo Emmanuel: Colline Runda 11. Ndoricimpa Charles: Colline Rugomba 12. Ndayishimiye Tharcisse: Colline Rugomba 13. Rwasa Laurent: Colline Rugomba 14. Macumi Melchior : Colline Rugomba 15. Miburo Pierre : Colline Rugomba 16. Nimpaye Geneviève : Colline Rugomba 17. Semarushwa Innocent : Colline Gikomero 18. Degardi: Colline Kagina 19. Ndikumana Elias : Colline kagina 20. Ndikumagenge Félicien : Colline Kagina 21. Bajinama Richard: Colline kagina 22. Girukwishaka Pasteur: Colline Kagina B) Commune Gashikanwa 1) Citeretse Christian: Colline Ngoma 2) Ngendabanyikwa Daniel: Colline Ngoma 3) Ndayizeye Frédéric: Colline Ngoma 4) Niyonzima Innocent : Colline Rutanga 5) Nemeyimana Helmes: Colline Butaha

6) Habayo Ismaël: Colline Buhoro 7) Ntunzwenimana Marc: Colline Buhoro 8) Girukiwishaka Emmanuel: Colline Buhoro 9) Ndagijimana Jean-Marie: Colline Buhoro 10) Minani Emmanuel : colline Buhoro 11) Nkunzimana Vianney: Colline Buhoro 12) Niyorugira Tharcisse: Colline Buhoro 13) Manirakiza Gabriel: Colline Ngoma C) commune Busiga/colline Munyange 1. Havyarimana Obed 2. Miburo Faida 3. Buhungu Jean-Claude 4. Nyandwi Salomon 5. Bucumi Jacques 6. Pfagutunga Salvator 7. Nsaguye Zabulon 8. Nduwimana Melchior 9. Nyandwi Pascal 10. Habineza Jean-Marie 11. Bihorubusa Paul 12. Minani Renovat 13. Nsaguye Samuel 14. Irakoze Jean

5. Ndayikengurutse Jean-Marie : Colline Rwimbogo 6. Nkunzimana Désiré : Colline Rwimbogo 7. Nduwimana Rémy: Colline Masasu 8. Minani Salvator: Colline Masasu 9. Nduwaporona Julius: Colline Gahororo 10. Kayobera Léonard: Colline Ruyumpu 11. Niyonzima Frédéric : Colline Ruvumu 12. Rwasa Jean: Colline Gitaro 13. Nzambimana Serges: Colline Buhama 14. Cishahayo Bonaventure: Colline Buhama 15. Kadafi Cédric: Colline Buhama 16. Ntaryamira Thomas : Colline Buhama E) Commune Nyamurenza 1. Bizimana Saleh: Colline Masama 2. Niyonkuru Viateur: Colline Shoza 3. Bizimana Frédéric: Colline Shoza 4. Barakamfitiye Herménégilde : Colline Shoza 5. Bucumi Antoine : Colline Shoza 6. Ngendakumana Gordien: Colline Shoza 7. Nyandwi Protais: Colline Shoza 8. Rwasa Antoine: Colline Shoza 9. Niyonkuru Éric: Colline Shoza 10. Muhimpundu Jean-Marie : Colline Shoza 11. Nduwayo Célestin : Colline Shoza

D) Commune Kiremba 1. Uwizeyimana Égide: Colline Kiremba 2. Rwasa Marc: Colline Kiremba 3. Bucumi Mathias: Colline Kiremba 4. Nsengiyumva Renovat: Colline Kiremba

R.N. F.M.

Gashoho

Chasse aux Inyankamugayo? Deux militants du Congrès national pour la liberté (CNL) de la colline Musama II de la commune Gashoho en province Muyinga viennent d’écoper respectivement 3 ans et une année et demi de prison. Les militants du CNL dénoncent une chasse à l’homme.

C

’est une injustice sans nom», s’écrient les militants du CNL dans la commune Gashoho. Eric Kimoshori, étudiant à l’Université, et son frère, Jean Baptiste Basama, sont écroués à la prison de Muyinga. Le Tribunal de Grande Instance a condamné, ce mardi 4 février, Eric Kimoshori à 3 ans de prison et son frère à une année et demi. Ils sont accusés d’avoir blessé une personne. «Ce sont eux qui ont été attaqués. C’est incompréhensible. Mais nous en avons l’habitude», s’indigne un Inyankamugayo de la colline Musama II de la zone Nyagatovu. Tout commence le 27 janvier dernier. «Eric Kimoshori et son frère étaient avec d’autres amis à environ 20 m de leur domicile. Un groupe des Imbonerakure venu de la colline Buvumbi est arrivé. C’était 18h 30 minutes. Ils ont commencé à les insulter», raconte un témoin oculaire. Selon lui, ce groupe était conduit par le chef du parti Cndd-Fdd, Melchiade Nduwimana. «Les Imbonerakure disaient : voilà les Ibinyabari. C’est un terme péjoratif qui veut dire les opposants. Ils ont commencé à menacer Kimoshori». Selon nos

sources, les Imbonerakure lui ont lancé un caillou à la jambe.

L’arrestation Selon les témoins, les Imbonerakure des autres collines ont accouru sur la colline Musama II. Les militants du CNL affirment avoir prévenu l’administrateur de la commune Gashoho, Désiré Bigirimana, et le responsable communal du parti au pouvoir, Ernest Icishatse. «Personne n’a levé le petit doigt». Toutefois, le chef de zone Nyagatovu du nom de Fabien est venu à moto en compagnie d’un Imbonerakure du nom de Sirahenda. Vers 20 heures, les échauffourées ont commencé. «Les Imbonerakure ont voulu étrangler Kimoshori avec une corde. Ils lui ont donné un coup d’une barre de fer à la jambe», raconte un habitant de la colline Musama II. Eric Kimoshori et Jean Baptiste Basama sont arrêtés par des Imbonerakure et la police et conduits dans les cachots de la zone Nyagatovu. «Arrivés à mi-chemin, les Imbonerakure ont voulu enlever Eric Kimoshori mais un policier les en a empêchés. Nous remercions vivement la police pour ce qu’il a fait

A Gashoho, les militants du CNL se disent persécutés.

ce jour-là. C’est un travail remarquable», confient les militants du CNL. «Eric a du mal à marcher à cause des coups qui l’a reçus. Sa jambe est peut-être fracturée. Nous demandons qu’on le laisse aller se faire soigner», plaide un proche.

Un Imbonerakure grièvement blessé Dans cette bagarre, un Imbonerakure du nom de Sirahenda a été grièvement blessé. «Il recouvre petit à petit la santé. Il commence à parler. Il est hospitalisé à l’Hôpital de Karusi», fait savoir Ernest Icishatse. Sur les évènements du 27 janvier, il donne une autre version. «Nous avions organisé une descente du parti sur la colline Musama I. Alors que les militants de la colline Buvumbi

rentraient chez eux, ils ont été interceptés par les militants du CNL de la colline Musama II». Ernest Icishatse indique qu’il a été informé de la situation. «J’ai demandé au chef de zone Nyagatovu de prendre un policier et d’aller voir ce qui se passait. Il y est allé à moto avec Sirahenda. Lorsqu’ils sont arrivés, Sirahenda a reçu un coup d’une barre de fer sur la tête. Il est tombé par terre». Le responsable communal du Cndd-Fdd ne doute pas sur l’identité de l’assaillant. «C’est Eric Kimoshori. Dire que ce sont les Imbonerakure qui ont commencé, c’est faux. Dans de tels cas, on veut toujours se dédouaner». Et d’ajouter que même le père d’Eric Kimoshori est le responsable du parti Cndd-Fdd sur la colline

Musama II. «Dans nos réunions, on parle de lui. Peut-être que c’est cela qui l’a mis en colère. Nous disons à son père que nous ne comprenons pas comment un enfant à qui il paie le minerval ne peut pas entrer dans le système». Selon les militants du CNL, c’est la peur qui règne sur la colline Musama II et les collines environnantes. « Plus de 10 Inyankamugayo ont déjà fui leurs domiciles. Nous sommes pourchassés. Même les témoins oculaires de la bagarre n’ont pas osé aller témoigner de peur d’être arrêtés». Iwacu a essayé de joindre l’administrateur de la commune Gashoho sans succès. F.M. R.N.


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Vendredi, 7 février 2020 - n°569

Quand la Regideso fait sa révolution numérique Ce mardi 4 février à l’hôtel Roca Golf, le Directeur Général de la REGIDESO a signé avec la société ITEC, un contrat d’acquisition d’outils de gestion moderne (SIG-SIG : Système Informatique de Gestion-Système d’Information Géographique) qui va permettre une évolution vers une entreprise totalement numérisée et qui verra, par conséquent, une amélioration sensible de ses prestations de services à l’endroit de ses clients. Une vraie révolution.

D

ans son discours d’allocution, le Directeur Général de la REGIDESO, Siméon Habonimana, a souligné que le matériel livré vient en réponse aux multiples défis organisationnels et de gestion auxquels fait face la Regideso à savoir notamment des pertes de distribution de plus de 20% pour l’électricité et 40% pour l’eau, un taux de recouvrement annuel moyen de 66%, une défaillance dans la gestion des ressources humaines, l’efficacité commerciale et la gestion financière de l’entreprise, une fiabilité des informations financières et comptables qui n’est pas assurée, un nombre d’abonnés d’eau et électricité par employé ( 1 employé pour 185 abonnés) très faible par rapport à des entreprises de taille comparable, un déficit de capacité de production d’électricité aux heures de pointe, qui a motivé en septembre 2017, la signature d’un contrat pour l’achat d’énergie à partir d’une centrale thermique privée de 30 MW et sans oublier une défaillance d’entretien des installations de production, de transport et distribution d’électricité et d’eau : Vétusté d’une grande partie du réseau de transport et distribution, cela expliquant une partie des délestages. « Par l’acte de signature du présent contrat, nous engageons l’entreprise dans une phase déterminante de sa modernisation pour répondre efficacement aux besoins de sa clientèle et aux objectifs de développement du Gouvernement du Burundi, en alignement au Plan National de Développement 2018-2027 », a déclaré le patron de la Regideso. Et d’ajouter que le 9 janvier dernier, l’entreprise a signé un contrat de fourniture de compteurs dits ‘compteurs communicants’, avec l’entreprise INHEMETER pour un montant de 942.573,5 dollars américains. Ces compteurs vont permettre la gestion efficiente de 600 grands clients de la REGIDESO, en facilitant la communication des informations de comptage, le contrôle de la qualité et de la régularité de la fourniture du courant et la réduction maximale des erreurs de facturation. Le dirigeant de la REGIDESO a par ailleurs rappelé que l’entreprise a procédé au lancement officiel du recensement de tous les points de distribution d’eau et d’électricité, un recensement destiné à mieux nettoyer

Signature entre le Représentant de l’ITEC, Hubert Fournis et le Directeur Général de la REGIDESO, Siméon Habonimana, du contrat d’acquisition des outils de gestion moderne (SIG-SIG)

le fichier clients pour permettre d’avoir une base de données actualisée, d’assurer une meilleure communication avec les clients de la REGIDESO et de réduire de manière sensible les erreurs et irrégularités dans la facturation. Cette acquisition d’outils de gestion informatisée (SIG-SIG) a été financée par la Banque Mondiale, la Banque Européenne d’Investissement, l’Union Européenne et la Banque Africaine d’Investissement pour un montant de 4.941.770 dollars américains et permettra à la REGIDESO d’améliorer son mode de facturation des consommations, de communication avec chaque client, de développement des services innovants au bénéfice de la clientèle. Ces solutions mèneront l’entreprise vers une numérisation complète, corrigeant au maximum les erreurs de facturation et abandonnant progressivement les supports papier. M. Habonimana n’a pas manqué de révéler que l’entreprise est en plein recrutement d’un cabinet

expérimenté de renom international pour assister le personnel dans l’implémentation et l’exploitation de ces nouveaux systèmes de gestion pour les fonctions d’appui (Comptabilité, finances, ressources humaines,

passation des marchés, logistique, planification institutionnelle, contrôle), les fonctions commerciales, les fonctions d’études et de planification, ainsi que pour les fonctions de l’exploitation. « Le chantier sur lequel nous

nous sommes engagés est de faire de la REGIDESO une entreprise performante, tournée vers la satisfaction de ses clients et un levier de développement du Burundi. », a dit le Directeur Général de l’entreprise avant de compléter que la réussite de ces ambitions de l’entreprise publique appelle l’engagement et la détermination de toutes les parties prenantes : le personnel de la Regideso, les clients, le Gouvernement du Burundi et les différents partenaires techniques et financiers de la REGIDESO. Siméon Habonimana n’a pas oublié de remercier le Gouvernement du Burundi « pour ses multiples soutiens dans les efforts de modernisation de la REGIDESO », la Banque Mondiale et les différents partenaires techniques et financiers pour leur soutien financier et enfin les clients abonnés auxquels il a lancé un appel pour une meilleure collaboration avec la REGIDESO « en vue d’une satisfaction réciproque ».

Siméon Habonimana : « Par l’acte de signature du présent contrat, nous engageons l’entreprise dans une phase déterminante de sa modernisation pour répondre efficacement aux besoins de sa clientèle »

Vue partielle des participants à la cérémonie de signature

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Vendredi, 7 février 2020 - n°569

La KCB Bank désormais présente à Gitega

Après ses agences de Bujumbura et de Ngozi, la KCB Bank s’installe à Gitega. La capitale politique du Burundi a désormais sa propre agence. Placé en face du marché, la nouvelle Agence vient faciliter la vie des habitants de Gitega en leur offrant toute la panoplie de services qu’offre la KCB Bank. Le souci de la banque d’être au plus près de ses clients se confirme.

P

résente au Burundi depuis 2012, la KCB Bank a, au fil des années, démontré sa volonté d’offrir des solutions financières efficaces à sa clientèle. C’est dans cette optique que sa nouvelle Agence à Gitega ouvre ses portes. A l’instar de toutes les autres Agences de la KCB Bank au Burundi, l’Agence de Gitega offrira toute la gamme de ses produits et services financiers. Il s’agit notamment des différents types de compte que fournis la banque : compte courant, compte épargne, compte étudiant, compte business ou encore le compte pour enfants. Les services de dépôt et de retrait d’argent via les guichets de l’agence. Mais également le distributeur automatique de billets (DAB/ ATM) qui sera disponible 24h/24 pour les clients possédant des cartes bancaires. Comme l’indique Mr Pasteur Nkezabahizi, Chef de l’Agence KCB Bank/Gitega, tout est mis en place pour que le client trouve satisfaction. Il a par ailleurs rappelé que la KCB Bank dispose

aujourd’hui d’une ligne téléphonique ouverte et entièrement dédiée au client. A travers celleci, le client pourra avoir accès à toutes les informations en rapport avec son compte à la KCB Bank et bien d’autre service. Une plus-value qui place la banque en tête en termes d’innovation dans la prise en charge clientèle. Pour les habitants de Gitega, l’ouverture de cette nouvelle Agence est une bonne nouvelle, comme le témoigne Evode RWOGERA, commerçant de Gitega. « Nous accueillons avec joie l’ouverture de cette Agence

L'agence KCB Gitega, en face du marché

KCB à Gitega. Cela va nous faciliter dans les différentes opérations que

nous avons à faire. Nous n’aurons plus besoin de nous déplacer vers

Un agent KCB qui accueille un client

Bujumbura ou Ngozi. En même temps, c’est une bonne chose que la ville de Gitega ait enfin sa propre Agence. En tant que capitale politique, il était important que les infrastructures se trouvant à Bujumbura puisse également être présentes ici », explique-t-il. Avec l’ouverture de cette nouvelle Agence, la KCB Bank veut s’affirmer entant que partenaire financier fiable auprès des habitants de Gitega en lui apportant des solutions viables et efficaces pour le développement de leurs activités.

ANNONCE AVIS DE RECRUTEMENT AVIS DE RECRUTEMENT

UNDP – Trois postes, BURUNDI (Trois postes)

UNDP – Un poste, BURUNDI

Le Programme des Nations Unies pour le Développement au Burundi (PNUD) recrute pour le compte de son Projet Services Energétiques Ruraux pour la Résilience de la Population au Burundi - SERR – PNUD Burundi. Titre

Grade

Durée

Type de contrat

Date limite de réception des candidatures

Un(e) Expert(e) National(e) Infrastructure

SB-5

Une année avec possibilité de renouvellement

Contrat de Service

Le 08 février 2020

Un(e) Expert(e) National(e) en Finances et Suivi et évaluation

SB-4

Une année avec possibilité de renouvellement

Contrat de Service

Le 08 février 2020

Une année avec possibilité de renouvellement

Contrat de Service

Le 10 février 2020

Un(e) Assistant(e) Administratif(ve) et Financier(ère) du Projet

SB-3

Toutes les informations y afférentes se trouvent sur le site global du PNUD : http://jobs.undp.org/. La soumission des candidatures se fait uniquement en ligne via le site http://jobs.undp.org/

(Un poste) Le Programme des Nations Unies pour le Développement au Burundi (PNUD) recrute Un(e) Expert National Activités génératrices de revenus (Energie) pour le compte de son Projet Services Energétiques Ruraux pour la Résilience de la Population au Burundi - SERR – PNUD Burundi. Titre

Grade

Durée

Type de contrat

Un(e) Expert National Activités génératrices de revenus (Energie), SERR PNUD Burundi

SB-5

Une année avec possibilité de renouvellement

Contrat de Service

Date limite de réception des candidatures Le 12 février 2020

Toutes les informations y afférentes se trouvent sur le site global du PNUD : http://jobs.undp.org/. La soumission des candidatures se fait uniquement en ligne via le site http://jobs.undp.org/ Les candidatures féminines qualifiées sont fortement encouragées.

Les candidatures féminines qualifiées sont fortement encouragées.

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POLITIQUE

Vendredi, 7 février 2020 - n°569

Chronique sur les messages de haine

« Les discours ethnicisants provoquent les actes les plus violents » Les discours ethnicisants embrasent la société et peuvent enclencher la guerre ethnique. Le sociologue Patrice Saboguheba préconise la tolérance.

Pourquoi les gens ont-ils recours à de tels propos ? Ils visent des intérêts soit politiques soit économiques. Il s’agit de faire perdre à un leader ou un groupe, un ordre politique, un marché économique et le rang social qu’il occupe. Il en est de même pour ce à quoi il aspire dans le futur. Il y a des gens très estimés socialement, qui participent dans l’édification de la société paisible. Du coup, il y a des gens jaloux de leur notoriété. Ces derniers conçoivent alors des slogans de discrimination.

Q

ue doit-on entendre par discours ethnicisant ? C’est un message discriminatoire, diffamatoire, qui disqualifie un individu ou un groupe d’individus en course politique, économique et même sociale, se basant sur des appartenances ethniques, religieux etc. Celui qui veut vous disqualifier peut vous considérer comme une maladie fatale. Ou un animal de très mauvais présage. Cela veut dire coller à un individu ou catégorie de gens une étiquette discriminatoire dans la société ou dans le groupe professionnel ou politique qu’il espère conquérir. De fait, il est

déshumanisé, quittant la société humaine pour celle animale.

Ainsi, une incapacité de gouverner une société humaine.

Quelle est l’identité de ceux qui profèrent ces discours ? Il y a une catégorie qui le fait innocemment. Un laboratoire conçoit des chansons véhiculant la haine. Ces slogans tombent dans les oreilles d’enfants, un groupe sans intention de nuire à qui que ce soit. Des gamins dansant et scandant ces discours de haine sans savoir ni les auteurs ni les destinataires.

L’autre catégorie est celle qui constitue ce laboratoire. Ce sont des gens qui visent leurs intérêts politiques et économiques. Que peuvent être des conséquences ? Dans plusieurs situations en Afrique, on considère les ethnies comme base des divisions. Cette discrimination, la mise en quarantaine de certains groupes tue. Il peut y avoir des révoltes. Ces provocations verbales peuvent dégénérer en combat physique. Les discours ethnicisants provoquent les actes les plus violents, c’est-à-dire les tueries de masse. Comment faire pour prévenir l’irréparable ? Je tiens à conseiller aux gens d’éviter la provocation, de s’abstenir des mensonges et des langages discriminatoires et diffamatoires. De tels propos ne peuvent qu’embraser la société. Propos recueillis par Jérémie Misago

ÉCONOMIE

Spéculation sur le ciment Buceco, une fatalité ? Pénurie, spéculation et distribution illégale du ciment Buceco. Ce sont les points au menu de la synergie du 3 février. Une représentante de l’entreprise Buceco, un sénateur et le représentant des consommateurs s’expriment.

I

l y a plusieurs mois, le ciment Buceco produit localement est vendu à un prix élevé par rapport à celui fixé par l’Etat : de 27 mille à 30 mille BIF au lieu de 24.500 BIF, prix officiel. Au marché de la province Muyinga, au nord du pays, un sac de ciment Buceco se vend à 27 mille, 28 mille voire 29 mille BIF, selon le correspondant de la radio Isanganiro sur place. « Les vendeurs de ce ciment savent très bien que le prix officiel est de 24.500 BIF. Mais ils ne veulent pas perdre car ils s’approvisionnent à un prix élevé. » Traqués par la police, certains ont préféré abandonner leur métier. Le conseiller économique du gouverneur de Muyinga affirme qu’il ne cesse de contrôler le commerce du ciment. Mais d’après lui, le contrôle est difficile car la quantité qui sort de Buceco, réservé à la province Muyinga, n’est pas connu. Dans la province Gitega, au centre du pays, le ciment Buceco se

fait rare. Or, certains habitants, interrogés, affirment qu’ils voient souvent les camions qui déchargent le ciment. « Mais le lendemain, les vendeurs nous disent qu’il n’y a plus de ciment». Jean Nibigira, conseiller principal du gouverneur et président de la commission provinciale chargée du suivi du commerce du ciment, affirme que des mesures ont été prises pour réguler le commerce du ciment: « Celui qui demande plus de 50 sacs de ciment doit avoir l’autorisation de la commission pour s’assurer qu’il a vraiment un chantier. » En mairie de Bujumbura, le même problème se pose.

« Il faut rayer de la liste les grossistes spéculateurs » Vera Izere, chargée de la communication dans l’entreprise Buceco, affirme que la quantité produite est suffisante. Elle fait savoir que Buceco travaille avec

Le ciment Buceco fait objet de spéculation.

les différentes autorités partout dans le pays. « Notre rôle n’est pas seulement de produire et distribuer le ciment. Mais aussi de faire le suivi de son commerce. Sensibiliser les grossistes à respecter le prix officiel». « Si l’entreprise produit une quantité suffisante et qu’elle s’assure que le ciment est parvenu dans les stocks de tous les grossistes dans tout le pays, le reste n’incombe pas à Buceco. C’est aux autorités de contrôler la vente

du ciment », estime Mme Izere. Quant au sénateur Martin Ninteretse, il insiste à l’endroit des administratifs provinciaux et communaux : « Il faut arrêter les commerçants qui spéculent et les punir sévèrement. » Il demande à Buceco de rayer de sa liste les grossistes qui ne respectent pas la règle. Le président de l’Association burundaise des consommateurs (Abuco), Pierre Nduwayo, indique,

www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org

quant à lui, que la question du ciment Buceco devient un cassetête. « Ce problème s’aggrave au point qu’il n’est plus une question commerciale, mais sécuritaire. » Il salue, toutefois, que l’Etat ait pris en main cette question. Il demande que l’on retire le permis de commerce aux commerçants qui spéculent. Le ministère du Commerce a été contacté, sans succès. Le 26 décembre 2019, à Gitega, le président Nkurunziza a demandé à toutes les autorités du pays de dénoncer et de punir les spéculateurs du ciment Buceco. Il a, en outre, fait remarquer que l’entreprise Buceco a eu des avantages, notamment l’exonération des matières premières pour l’accès facile à ce ciment. Mais le ciment n’est toujours pas disponible dans tout le pays. « L’entreprise a demandé beaucoup plus d’avantages pour plus de production. Ce qui va bientôt être fait», a rassuré le président Nkurunziza. Cette synergie, qui réunit les radios Isanganiro, Rema FM, Izere FM, le journal Iwacu, Burundi Eco et Yaga, est organisé par l’ONG Benevolencija. Clarisse Shaka


AU COIN DU FEU

Vendredi, 7 février 2020 - n°569

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Avec

le Père Guillaume Ndayishimiye Bonja Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, le Père Guillaume Ndayishimiye Bonja.

V

Votre chanson préférée ? L’ Halleluyah d’Haendel.

otre qualité principale ? La générosité.

Quelle radio écoutez-vous ? Voix de l’Amérique, BBC, RFI, des radios locales.

Votre défaut principal ? La dilapidation, je crois que c’est le défaut de ma qualité.

Avez-vous une devise ? « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 9).

La qualité que vous préférez chez les autres ? La maîtrise de soi. C’est une qualité présente chez beaucoup de mes compatriotes.

Votre souvenir du 1er juin 1993 ? Une grande liesse, avec des réserves de crainte. L’on aurait dit que cette joie comportait une hypothèque, des peurs, des conditions.

Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? La duplicité. Un défaut également beaucoup présent chez mes compatriotes, qui est doublé d’ingratitude.

Votre définition de l’indépendance ? Une autonomie, une autodétermination au niveau idéologique et culturel, et une certaine autosuffisance au niveau matériel dans la gestion politico-sociale de la nation.

La femme que vous admirez le plus ? Ma mère Mathilde Kubandi, dans sa vie et dans sa mort. Une grande discrétion, une générosité et une perspicacité sans mesure. J’ai vu ma mère aborder sa mort avec une très grande sérénité, et une tranquillité immuable. L’homme que vous admirez le plus ? Mon père Athanase Bonja, dans sa grande générosité, dans ses visions ambitieuses et son amour des personnes et du travail. Sa notabilité est respectable. Il nous a laissé un admirable modèle de générosité et d’affabilité. Votre plus beau souvenir ? Le jour de mon ordination sacerdotale. Un jour de liesse pour moi, pour mes parents et tous ceux qui m’ont accompagné. Un jour tant attendu, depuis plus de vingt ans. Votre plus triste souvenir ? La nuit qui a précédé l’assassinat du président Melchior Ndadaye, lorsque j’ai entendu des coups de canons en ville, vers le palais présidentiel : j’ai eu des sentiments de désespoir et j’ai senti que l’irréparable qu’on craignait venait d’arriver. Les jours qui ont suivi l’assassinat du président Ndadaye nous ont plongés dans un cauchemar dont nous ne pensions plus nous relever. Nous en subissons encore les conséquences jusqu’à nos jours.

Votre définition de la démocratie ? Une liberté de décision sur ses propres dirigeants et le projet de société, comme un pouvoir des différentes couches du peuple.

Quel serait votre plus grand malheur ? Mourir et trouver que je me suis sacrifié pour du néant. Ce serait une très grande déception de m’être donné sans compter. Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? La victoire du Roi Mwezi sur les Allemands, source d’une grande fierté pour mon peuple. La plus belle date de l’histoire burundaise ? Le 1er Juillet 1962, date de l’indépendance. La plus terrible ? Le 21 octobre 1993, date de l’assassinat du président Melchior Ndadaye. Le métier que vous auriez aimé faire ? Médecin et professeur.

Votre passe-temps préféré ? Ecrire sur le Kirundi, en découvrir les significations cachées. Votre lieu préféré au Burundi ? Le sommet de Gisozi avec une vue sur une très grande étendue du pays.

connais également, pour ne citer que ceux-là. Le voyage que vous aimeriez faire ? Israël. Pour découvrir la familiarité des lieux bibliques, et marcher dans les traces de Jésus. J’ai raté ce voyage alors que j’étudiais à Rome.

Le pays où vous aimeriez vivre ? Votre rêve de bonheur ? Australie (J’y ai Donner de l’eau passé cinq mois, à et de l’électricité « Que les personnes au village. Sydney et à Melcoupables soient bourne). Je trouve que c’est un pays traitées avec justice Votre plat prébeau et paisible, féré ? et qu’on instaure avec des gens symDu jambon au des structures pathiques et sans melon comme retords. Un clihors d’œuvre, protectrices des mat physique et du sangala aux mineurs... » humain très sain épinards comme et serein. Je préfère plat de consisl’Australie aux Etats-Unis, au Can- tance, des madeleines avec une ada, à l’Italie, au Rwanda que je salade de fruits comme dessert.

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Votre définition de la justice ? La concorde et l’équité des droits et des devoirs des citoyens, exemptées de corruption et d’oppression. Si vous redeveniez jeune fraîchement sorti du secondaire, orienteriez-vous votre vie dans la prêtrise ? Oui dans la prêtrise sinon dans la carrière médicale. C’est pour dire que je ne regrette nullement ce qu’aujourd’hui je suis. Je pense à de très bonnes opportunités que j’aurais ratées si je n’avais pas été prêtre, comme des rencontres avec de saintes personnes, des hommes et des femmes d’une très grande qualité de vie. Si vous étiez cardinal, quelles seraient vos deux propositions pour la gestion de la question de la pédophilie ? Que les personnes coupables soient traitées avec justice et qu’on instaure des structures


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AU COIN DU FEU

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Bio express

protectrices des mineurs partout où cela s’impose.

N

Pensez-vous que l’Eglise pourra un jour autoriser le mariage des prêtres ? J’estime que le mariage des prêtres serait un grand recul par rapport à la discipline de la continence cléricale. Par ailleurs, je pense qu’on pourra envisager dans certains coins, vu la carence des prêtres, l’ordination des hommes mariés, afin de sauvegarder la célébration eucharistique essentielle et constitutive de l’Eglise. Croyez-vous à la bonté humaine ? Oui, elle vient de Dieu et se manifeste dans certaines circonstances. On expérimente par exemple de la compassion chez certaines personnes. Pensez-vous à la mort ? Souvent. A plusieurs reprises, j’ai échappé à la mort. J’ai participé à plusieurs deuils et enterrements, aussi bien des membres de parenté que des

amis. J’accompagne souvent des mourants et des morts.

J’implore ta miséricorde infinie. Nul humain n’est juste devant toi. Ta justice est justificatrice !

Si vous comparaissiez devant Dieu, que lui diriez-vous ? J’ai fait de mon mieux.

Propos recueillis par Egide Nikiza

é à Gikonge en juillet 1952, dans le terroir des veilleurs du Tambour royal Karyenga, commune Bukeye, en province de Muramvya, le Père Guillaume Ndayishimiye Bonja, prêtre jésuite, dirige une maison d’étudiants jésuites à Butare, où il s’occupe de l’aumônerie universitaire à la paroisse universitaire saint Dominique de Huye (Rwanda). Après sa scolarité secondaire au Petit Séminaire Notre Dame de Fatima à Bujumbura de 1964 à 1971, il entre dans la Compagnie de Jésus en septembre 1971 à Cyangugu (Rwanda). Il y passe deux ans de noviciat et poursuit ses études universitaires à Kinshasa et à Lubumbashi d’où il sort étant gradué en philosophie et à l’Université Grégorienne de Rome, dont il détient une licence en théologie biblique. Le religieux a aussi une licence en Langues et littératures Africaines à l’Université du Burundi. Le Père Guillaume Ndayishimiye Bonja reçoit l’ordination le 28

août 1983, à Bukeye sa paroisse natale. Il dirige le Lycée du Saint Esprit de Bujumbura, établissement tenu par des Pères Jésuites, de 1990 à 2000, puis de 2012 à 2016, ainsi que le Centre Spirituel Emmaüs des Jésuites (Bujumbura, Burundi) de 2000 à 2012. Le Père Ndayishimiye Bonja a aussi enseigné la linguistique bantoue à l’Université du Burundi et au Grand Séminaire de Burasira (Burundi). Ses publications concernent la grammaire et la littérature rundie, la politique linguistique au Burundi et la dévotion du Sacré-Cœur de Jésus. Il a écrit plusieurs articles dans « Tubane », la Newsletter de la Région Jésuite du RwandaBurundi, ainsi que dans la revue « Akanuma » du Lycée du Saint Esprit. Depuis 1994, le Père Guillaume Ndayishimiye Bonja a accompagné la naissance de l’Institut religieux des Oblates du Cœur de Jésus et poursuit ses publications spirituelles et linguistiques.

SANTÉ

Enfin le diagnostic du cancer au Burundi Sur 351 échantillons reçu par un nouveau centre privé de dépistage et diagnostic du cancer au cours des six derniers mois, 130 ont été dépistés positifs. Le cancer de l’appareil digestif l’emporte.

L

e cancer colorectal ou du côlon (partie de l’intestin qui conduit à l’anus), le cancer de la peau puis de l’estomac. Ce sont respectivement les trois cancers les plus diagnostiqués, ces six derniers mois par « Bujumbura pathologie center » (Bujapath), un centre de dépistage et de diagnostic du cancer, qui a ouvert ses portes en août 2019. Une réalité dévoilée, lors de la célébration de la journée mondiale contre le cancer, mardi 4 février. D’après le directeur de ce centre, Dr Jean Marie Harimenshi, Anapath ou spécialiste en anatomie et cytologie pathologique (diagnostic microscopique du cancer), le centre a reçu 351 échantillons pour dépistage du cancer. 130 avaient le cancer. 31% de ces cas représentent le cancer colorectal. La plupart sont des hommes, plus de 80%. D’après ce médecin, ce cancer est essentiellement causé par la viande rouge. Le cancer du sein, de la prostate,

Une jeune femme en train de se faire dépister le cancer du col à Bujapath

du col, de la peau, de la vessie et des os sont les autres cancers qui ont été diagnostiqués positifs. Le coût du dépistage varie entre 30 mille et 400 mille BIF, selon la complexité de l’examen. Seul le cancer du col de l’utérus

est dépisté directement à 50 mille BIF sur demande de la patiente. Les autres types de cancers doivent être prescrits par les médecins pour être dépistés par ce centre, selon ce directeur.

Absence de traitement, un grand défi Dr Harimenshi affirme que le Burundi ne dispose pas jusqu’aujourd’hui de moyen de traitement du cancer. « Ce qui constitue

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un grand défi pour le pays». Les patients sont contraints d’aller se faire soigner à l’étranger. Le représentant légal de l’organisation « Burundi action against cancer » (Buraca) ajoute que les cancers les plus fréquents au Burundi sont le cancer du col de l’utérus, de la peau, de la prostate, du sein et du colorectal. D’après lui, le Burundi dispose du traitement du cancer par chirurgie, mais seulement pour des cas dépistés précocement. L’OMS alerte. La directrice régionale de cette organisation onusienne, Matshidiso Moeti, affirme qu’en Afrique subsaharienne, le taux de mortalité par cancer a augmenté de 13%. Plus de 500 mille personnes sont mortes en 2018 des suites du cancer. Plus de 2/3 de ces décès ont été causés par le cancer du col, du sein, du foie et de la prostate. D’après elle, la charge du cancer devrait augmenter dans la région africaine, passant de plus d’un million de nouveaux cas en 2018 à plus de 2 millions de nouveaux cas en 2040. A l’échelle mondiale, un cas de cancer sur cinq est diagnostiqué avant l’âge de 75 ans. Dr Moeti relève comme grand défi l’accès insuffisant aux services de dépistage et de traitement surtout pour les enfants, les femmes et les personnes âgées. Clarisse Shaka


ENVIRONNEMENT

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Pont Ntahangwa

Les usagers réclament sa réhabilitation Le pont sur la rivière Ntahangwa reliant la commune Kanyosha à celle d’Isare, province Bujumbura, risque de s’écrouler. Ses usagers se plaignent du ralentissement des échanges commerciaux entre les deux communes. L’administration tranquillise.

S

itué à mi-chemin entre les communes de Kanyosha et Isare, dans la province Bujumbura, ce pont est dans un état piteux. Il est sur la route baptisée « Astrida » tracée pendant la colonisation allemande. Une route qui reliait jadis la capitale de Bujumbura à Bugarama, en province Muramvya. Les rives de la rivière Ntahangwa ne cessent de s’élargir. Elles deviennent fragiles et risquent de s’écrouler. Les madriers qui se trouvaient sur ce pont ont été emportés. Les véhicules n’empruntent plus cette route. Les piétons peinent à franchir ce pont, passant sur de petites planches installées par la population environnante. Le risque de tomber dans la rivière est grand. Pourtant ce pont est un atout pour la population de ces deux communes et même pour celle de la mairie de Bujumbura. Une voie qui constituait un raccourci pour accéder au marché de Rushubi. Un vaste marché qui dessert aussi les communes de Mubimbi, Muramvya, Mugongomanga, Nyabiraba et la mairie de Bujumbura. Il s’observe un impact négatif sur la vie des habitants de la commune Kanyosha et de la mairie de Bujumbura. Les échanges de biens et de personnes s’amenuisent de plus en plus. Les habitants de la commune Kanyosha peinent à s’approvisionner sur le marché de Rushubi en commune Isare. Les passagers rencontrés à proximité de ce pont se lamentent. Serges Ngendakumana, originaire de la colline Caranga, signale qu’il y a un bout de temps que les véhiculent ne franchissent plus ce pont. Les commerçants contournent et empruntent la voie de la mairie de Bujumbura. Un long trajet, dit-il. D’autres s’y rendent à pied. « Si le pont s’écroule, ils n’auront plus accès au marché ou bien ils passeront par la rivière avec un risque de noyade ». Faute de véhicules, les commerçants transportent les marchandises sur la tête. « Transporter les marchandises sur la tête est un travail fatigant. Ils apportent peu de marchandises ». Il plaide pour la réhabilitation de ce pont. Oscar Mukeshimana, de la colline Mbare, souligne que le pont est infranchissable par les véhicules. « Les denrées alimentaires en provenance de Rushubi se raréfient dans notre localité et le peu qu’on transporte sur la tête ou à vélo coûte cher ». Et de donner un exemple :

Le pont sur la rivière Ntahangwa reliant les communes de Kanyosha et d’Isare.

«Un régime de bananes qui coûtait trois milles BIF revient maintenant à cinq mille BIF ». Et de préciser que des promesses de réhabilitation ont été longtemps exprimées, mais elles n’ont pas été mises en pratique. Il estime que ce pont devrait être reconstruit. « Nous demandons aux autorités de réhabiliter cette route et ce pont pour que la circulation des biens et des personnes revienne à la normale entre les deux communes (Kanyosha et Isare) d’une part, et entre les deux communes et la mairie de Bujumbura, d’autre part ». Mêmes lamentations du côté de M. Ndimubandi, un commerçant de la colline Kirombwe. Il s’approvisionne au marché

de Rushubi à l’aide d’un vélo, faute de véhicule. « Le vélo ne peut pas transporter beaucoup de marchandises. Je travaille au ralenti ». Jacqueline Bigirimana, de la colline Kirombwe, fait le labour au bord de la rivière Ntahangwa, près du pont. Elle fait un constat amer : « La pauvreté est à nos portes, suite à ce pont qui n’est plus praticable. Les denrées alimentaires se raréfient. Le peu qu’on peut avoir est transporté sur la tête. Cette voie était un raccourci pour les commerçants de Kanyosha et ceux de la mairie de Bujumbura. Ils sont obligés de contourner en empruntant la RN1. D’où la cherté des produits.»

Peur panique chez les écoliers et leurs parents Désiré Mugisha est un écolier à l’école fondamentale de Shingamano. Il passe sur ce pont pour aller à l’école. L’état du pont lui fait peur. « Un jour nous risquerons de tomber dans la rivière ». Et d’interpeller les autorités administratives de réhabiliter la route et le pont pour protéger les écoliers contre d’éventuels accidents. Claude Hakizimana se rend à l’école fondamentale de Kirombwe. Il assure traverser le pont péniblement. « J’ai des frissons quand je passe sur ce pont. Quand il a plu abondamment, j’hésite à traverser. J’ai des vertiges ». Céline Mpawenimana, de la colline Kirombwe, est en train de

cultiver au bord de la rivière Ntahangwa, près du pont. Elle a peur quand elle voit les écoliers en train de traverser le pont en s’appuyant sur de petites planches. « Le pont est en état piteux, depuis belle lurette ». Elle fait savoir que les planches qui étaient sur ce pont ont été emportées par de fortes pluies. Dès lors, elle signale que la population s’est organisée et a mis quelques planches sur ce pont pour que les enfants puissent avoir accès aux écoles. Mais, prévient-elle, le risque de noyade est grand.

L’administration se dit préoccupée mais tranquillise Gilbert Niyonkuru, administrateur de la commune Isare, reconnaît que le pont jouait un grand rôle dans les échanges commerciaux entre les communes de Kanyosha et d’Isare. « C’était un trait d’union entre ces communes donnant accès facile au centre de négoce de Rushubi ». Il informe qu’il y a un projet de réhabilitation du pont et de la route « Astrida ». Selon lui, des études ont été faites. La route sera reliée à la RN1 et la RN7. Mais en attendant, il indique qu’il s’est déjà concerté avec son homologue de la commune Kanyosha pour faire de petits travaux sur le pont pour sécuriser ses usagers. Félix Haburiyakira

Des commerçantes de Kanyosha en provenance du marché de Rushubi.

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AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

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Gitega

Un seul parking dans toute la ville Après la délocalisation de tous les parkings des voitures et bus de transport vers la colline Rukoba à Zege, les chauffeurs et les voyageurs indiquent que le nouveau parking est exigu pour tous les véhicules. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

D

epuis trois jours, le nouveau parking flambant neuf de Zege est fonctionnel. L’endroit est clôturé, le parterre bétonné. Tous les véhicules de transport venant et partant de Gitega sont obligés de charger et décharger dans le nouveau parking de Zege. Mais selon les usagers, le parking se révèle déjà trop petit pour accueillir tous les bus et voitures de transport. Les chauffeurs indiquent qu’ils ont un sérieux problème quand il s’agit de garer ou de sortir sa voiture. Des files compactes de

Région Sud

Vue partielle du nouveau parking à Zege

bus, minibus, voitures, des chauffeurs énervés ou des rabatteurs débordés sont autant de scènes stressantes qui prédominent dans le paysage. « Tous les véhicules partant de Bujumbura, Rutana, Ruyigi, Makamba, Ngozi etc, sont entremêlés. Il n’y a pas encore des pancartes qui indiquent telle ou telle destination des véhicules. Ce qui nous complique la tâche », souligne Selemani un chauffeur

venant de Bujumbura. Pour ces automobilistes, il fallait plusieurs parkings sinon cela génère le désordre pour tout le monde. « Parfois, les clients surtout les femmes et les vieux montent dans une voiture sans savoir de quelle direction elle se dirige et le chauffeur le constate tardivement », précise Gérard, un rabatteur. Et à Yves le chauffeur d’ajouter : « Hier j’ai été obligé de revenir dans le parking alors que

j’étais déjà à trois kilomètres !» D’après Jean-Claude Nizigiyimama, président de l’Association des rabatteurs de la région Centre-Est (Urunani rw’abakokayi), il est encore trop tôt pour que tout soit bien organisé. « Nous sommes ici depuis deux jours seulement et le parking est encore nouveau. Notre travail consiste alors à délimiter l’emplacement des véhicules selon leurs destinations.» Même son de cloche chez Yussuf Bucanayandi vice-président de l’Association des transporteurs Privés de Gitega (A.T.P.G). Selon lui, il faut faire vite pour ne pas fatiguer leurs clients. « Mélanger les bus privés, les agences de voyage et les voitures dans un seul enclos est difficile pour les voyageurs et aussi pour nous. Prochainement nous comptons bien nous organiser pour mettre de l’ordre !»

Le malheur des uns profite aux autres Selon les voyageurs interviewés dans ce parking, le ticket de transport est devenu cher. Profitant de l’éloignement de ce parking, les motards fixent le prix comme ils l’entendent. Et pour-

tant, l’administration avait fixé le prix à 5 00Fbu. Il faut se munir donc à la fois de l’argent pour le bus et les mototaxis pour arriver à destination. « Ce parking est loin de la ville, quelqu’un qui est venu avec un régime de bananes ou un autre bagage est obligé de prendre une moto de 1 000Fbu ou plus », déplore une maman qui venait de Cankuzo pour rendre visite à son fils qui habite au quartier Bwoga. Cette mère de famille n’est pas la seule à critiquer la décision d’empêcher les bus et les voitures de stationner en dehors du parking. Non seulement la délocalisation de ce parking génère plus de revenus aux taxis motos, mais les personnes qui ont des parcelles à Zege tout près de ce parking se frottent les mains. Des kiosques, cabarets, petits restaurants poussent comme des champignons. Selon les gens, les maisons à louer et les parcelles à construire ont pris de la valeur. Pour un terrain de 10 mètres sur 10, il faut débourser plus de 5 millions de Fbu et un kiosque peut être loué à plus de 100mille Fbu par mois.

Rumonge

Les villages de paix débordés Créés il y a plus de 10 ans, les villages de paix où résident les rapatriés et autres personnes vulnérables souffrent de l’insuffisance ou du manque de certaines infrastructures sociales. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

I

nstallés en 2007 et 2008, les villages de paix ont été construits sur les collines de Mutambara et Busebwa en commune de Rumonge pour accueillir uniquement les rapatriés sans adresses et sans références ainsi que d’autres personnes vulnérables. Mais selon Jacques Ntunzwenimana, chef de zone Gatete, ils se sont transformés en grands villages. Certaines infrastructures sociales dont les écoles, les marchés, les centres de santé, les centres pour jeunes et les terrains de jeux ont été construites. Aujourd’hui, elles sont débordées compte tenu du nombre élevé de personnes qui y vivent. Le village de paix de Mutambara ressemble à un véritable bidonville car beaucoup de personnes ont construit plusieurs maisons à côté le rendant un quartier cosmopolite comme l’indique Boni-

face Ndikuriyo, chef de colline. La gestion des personnes devient de plus en plus difficile à cause de leur diversité culturelle et de leurs croyances religieuses.

Ecoles, centres de santé et marchés dépassés De grands effectifs des élèves dans les salles de classe sont visibles, les centres de santé accueillent beaucoup de malades en soins ambulatoires, les marchés n’ont plus la capacité d’accueillir tous les commerçants et clients, les terrains de jeux sont insuffisants. Un plan d’extension des infrastructures sociales s’avère urgent pour rendre la vie dans ces villages de paix facile et adéquate. Des unités de police devraient être déployées dans ces villages de paix pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité compte tenu de la montée du banditisme, de la dépravation

Un nouveau marché s'improvise au rond point de Mutambara, l'ancien étant débordé

des mœurs et autres infractions de droit commun. Les malades de ce village disent se rabattre sur d’autres centres de santé voisins pour se faire soigner car tous les jours le centre de santé est bondé de malades et ils y passent beaucoup de temps pour être consultés. Mariam Niyukuri, une habitante du village de Mutambara demande à ce qu’il soit alimenté en courant électrique pour per-

mettre un accès aux différents services. L’eau potable n’est pas suffisante dans ce village. Certaines personnes se rabattent sur l’eau de la rivière Murembwe, ce qui occasionne de temps en temps des maladies des mains sales. Contacté, Célestin Nitanga, administrateur communal de Rumonge indique que le problème est connu et que des efforts sont en train d’être consentis avec l’appui des partenaires. D'après lui,

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certains marchés viennent d’être construits par la commune avec l’appui du PNUD pour désengorger les marchés locaux. La population s’organise pour la fabrication des briques et la province leur donne des tôles pour la construction des écoles. Sachez que la commune de Rumonge compte aujourd’hui 5 villages ruraux intégrés et un site qui héberge les victimes des catastrophes naturelles.


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Education : Pour un apprentissage pertinent, efficace et équitable à l’enseignement post-fondamental général et pédagogique. Le Projet d’Appui aux Organisations burundaises par le Renforcement des Compétences des Ressources humainesFormation des Enseignants (PAORC-FE) de l’Enabel, présente les résultats capitalisables ayant marqué son intervention.

C

’est le lundi 3 février que le Projet PAORC-FE de l’Agence belge pour le développement (Enabel) a débuté le premier atelier de 3 jours sur la capitalisation qui avait comme objet : les processus de formation et coaching des formateurs d’enseignants et enseignants du cycle post-fondamental général et pédagogique. Ce premier atelier vise entre autres les évaluations des processus de formation ainsi que des acquis. Les interventions du Projet PAORC-FE apportent des innovations et améliorations dans l’enseignement post -fondamental général et pédagogique du Burundi. Il a vu la participation des représentants de différentes directions de l’enseignement secondaire et universitaire, les partenaires techniques et Financiers. La Pédagogie de l’Intégration (PI), qui consiste, entre autres, à mettre l’élève en situation dans les évaluations, est devenue l’approche dominante pour ce niveau d’enseignement. Quatre grands changements ont été apportés par ce projet (2015-2019) dans ce système post fondamental : Le 1er Changement concerne l’opérationnalisation d’un cadre conceptuel, didactique et organisationnel de la pédagogie de l’intégration. Il fera objet d’un 2è atelier de capitalisation prévu du 24 au 27 février 2020. Le 2è changement concerne la qualification des acteurs de terrain capables d’œuvrer à la mise en place d’un processus d’enseignement de qualité. Une large campagne a été organisée depuis juillet 2016 pour la formation des formateurs. Ensuite un vaste chantier de recyclage des enseignants à travers les « journées pédagogiques » organisées dans quatre sites de formation répartis à Bujumbura, Gitega, Ngozi et Makamba. En tout, 200 formateurs des formateurs formés. Près de 1300 formateurs d’enseignants et autour

Les bénéficiaires du PAORC-FE, les structures du niveau central, l’enseignement supérieur et les partenaires techniques et financiers, ont participé au premier atelier de capitalisation.

de 20 mille enseignants formés. Le 3ème changement était celui de consolider le pilotage de changement en renforçant les capacités des responsables pédagogiques (inspecteurs, directeurs et préfet des études) dans le domaine de la pédagogie de l’intégration pour accompagner les enseignants. Le dernier changement était de renforcer la compétence d’auto formation chez les différents acteurs de l’éducation. Face à l’insuffisance de matériels pédagogiques qui freine les inspecteurs à faire le suivi de tous les enseignants dans tout le pays, le PAORC-FE a mis en place des outils didactiques exploitables à distance, par des mécanismes de plateforme. En outre, l’écriture et la vulgarisation des planches didactiques pour les nouvelles technologies de l’information et de la communication offrent une opportunité de fournir une solution au défi de carence des ordinateurs dans les classes du post-fondamental.

Satisfaction pour la plupart des bénéficiaires Le coordonnateur du PAORCFE, Joël Leroy, montre dans sa présentation des évaluations satisfaisantes tant pour les formateurs d’enseignants que pour les enseignants.

Pour les enseignants formés, chiffrés à 20 mille, c’est la satisfaction pour les quatre années de formation. Les évaluations montrent que la majorité d’enseignants évalués sont totalement satisfaits et se sentent capables de mener des activités d’enseignement - apprentissage

Joël Leroy, coordonnateur du PAORC-FE, indique que le projet est évalué au degré satisfaction par les bénéficiaires.

La Directrice Générale des Curricula et des Innovations Pédagogiques assure que le Ministère va assurer la pérennisation des acquis.

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selon l’approche de la pédagogie de l’intégration. , a montré M. Joël LEROY, lors de ses présentations. Certains participants à l’atelier, lors des interventions, soulèvent la question de la durabilité des acquis à la fin du projet. Le Ministère de l’Education, de la Formation Technique et Professionnelle, présent dans l’atelier, tranquillise. La Directrice Générale des Curricula et Innovations Pédagogiques précise que le Ministère va assurer le suivi des enseignements sur terrain pour pérenniser les acquis. Selon elle, le projet a opérationnalisé ses interventions conjointement avec le Ministère Partenaire, ce qui a présenté une plus-value pour l’appropriation des processus et changements. .

L’expertise apportée est rassurante. Dans le souci d’apporter un changement, d’améliorer la qualité des apprentissages des élèves burundais en les rendant « pertinents, efficaces et équitables », une Equipe d’Experts Internationaux a accompagné les processus et les changements qui ont suivi. Selon Alexia PEYSER, une Experte Internationale en Education , la Pédagogie de l’Intégration est un vrai vecteur pour véhiculer le changement identifié, avoir un impact sur les apprentissages scolaires des élèves, améliorer les pratiques professionnelles des enseignants et assurer un dispositif de transfert des acquis de la formation sur les lieux du travail. « Cette approche intégrale est à la fois curriculaire, didactique et pédagogique. » D’après elle, les défis étaient de garantir : • l’adhésion de tous les acteurs au changement et faire évoluer les pratiques professionnelles de ces acteurs. • Assurer le transfert des compétences acquises sur le terrain à tous les niveaux des acteurs techniques et méthodologiques du système. Grâce aux innovations, les résultats atteints sont capitalisables. Le seul souci à contrôler constamment est la pérennisation par les acteurs. Un souci évoqué aussi par la Directrice générale des curricula et des innovations pédagogiques, Madame Chantal BAJINYURA. Mais elle se dit confiant quant à l’adhésion de tous les enseignants à la nouvelle réforme. « Nous allons les accompagner jusqu’au fond », a –t-elle précisé.


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L’Union européenne et ses Etats membres auprès des populations des provinces sud du Burundi

Du 23 au 25 janvier, l’ambassadeur de l’Union européenne au Burundi, Claude Bochu, les ambassadeurs et représentants de certains Etats membres au Burundi (Allemagne, Belgique, France, PaysBas, Suède et Irlande), ont effectué une tournée des projets de coopération dans les provinces Bujumbura, Rumonge et Makamba.

L

a visite a débuté le jeudi 23 janvier à Gitaza dans la province Bujumbura avec le projet de Renforcement des compétences des ménages dans la prévention de la malnutrition chronique au Burundi. Un responsable de la Croix-Rouge rencontré sur place, Edward Ntezakaviyo, a pris le temps d’expliquer aux ambassadeurs européens présents que ce projet, financé à hauteur de cinq millions d’euros par l’Union européenne, a notamment permis le dépistage de 80% des enfants répartis dans 440 collines d’intervention du projet, la mise en place de 400 foyers d’apprentissage et de réhabilitation nutritionnels pour la prise en charge des enfants atteints de malnutrition aiguë modérée. 7400 jardins de cuisine avec production de fumure pour enrichir les jardins de cuisine à travers la dotation de 1150 ménages en petit bétail avec un système de chaînes de solidarité. A quelques kilomètres de là, le centre de santé de Gitaza a accueilli d’octobre 2018 à novembre 2019 la mise en œuvre d’un programme informatique (piloté par l’Agence de développement belge et financé par l’UE à hauteur de plus d’un milliard d’euros) qui sert à l’élaboration des Stratégies Plaintes Traitement. Rencontré dans son bureau par la délégation de l’Union européenne et celle de ses Etats membres, le médecin titulaire de l’établissement hospitalier, Dieudonné Mbonimpaye, a souligné que ce programme permet dorénavant au centre de santé d’enregistrer les dossiers des malades dans un fichier électronique.

en grande pompe par une foule d’élèves de l’Ecole fondamentale de Mugweji (Rumonge) accompagnés par leurs éducateurs. Le directeur de l’établissement, Alexis Tuyisenge, a précisé que le projet Social for Action Development (SAD) de lutte contre les grossesses précoces en milieu scolaire (financé par l’Ambassade de France à hauteur de 27.760 euros), a permis la formation de 240 élèves de six écoles fondamentales (180 filles et 60 garçons), de 160 parents formés comme pairs éducateurs sur le respect et la protection des droits de la femme et la prévention des grossesses précoces en milieu scolaire. « Depuis huit mois, nous n’avons enregistré aucune grossesse dans notre école. », révèle Tuyisenge et ajoute que le tabou de la sexualité au sein des familles est le défi majeur à relever pour lutter contre les grossesses non désirées en milieu scolaire. A l’occasion de cette visite, les ambassadeurs de l’Union européenne et de ses Etats membres ont eu l’occasion d’assister à un sketch portant sur le respect de la dignité des filles présenté par les élèves de l’établissement. 14 heures. Nous sommes dans la zone Buruhukiro de la commune Rumonge. La GIZ, en coordination avec l’ONG Conseil pour l’Education et le Développement (COPED), a mis en place un projet de captage d’eau dans la colline Gitwe (financé par le ministère allemand de la Coopération à hauteur de 930.000 euros). L’objectif poursuivi est de réduire les maladies liées à l’eau ainsi que la malnutrition en aménageant des périmètres de protection des captages. « Nous

Les élèves de l'ECOFO Mugweji en compagnie de la délégation de l'Union Européenne et certains de ses Etats membres, venue en visite dans l'établissement.

n’avons plus à nous inquiéter pour la santé de nos enfants grâce à cet accès à l’eau potable. Les maladies diarrhéiques ont fortement diminué », se félicite Honorine Nibizi, responsable de la source érigée sur la colline. A 15 heures, la délégation de l’Union européenne et celle de ses Etats membres a visité le Centre de formation professionnelle de Gatete dans la province Rumonge (financé par la Belgique à hauteur de six millions d’euros). Ce centre abrite quatre sections : menuiserie, soudure, informatique et couture. Toutes les sections sont équipées. L’atelier de soudure a bénéficié de manuels pédagogiques qui appuient largement les formateurs dans leur tâche. « Avant le soutien du projet Enabel, les enseignants étaient dépourvus d’outils adéquats et du coup, mélangeaient les contenus

des formations. », explique un des enseignants dans ce domaine. Dans l’atelier d’informatique, une bibliothèque électronique a été créée par les élèves du centre. Le vendredi 24 janvier, c’était au tour du Service Foncier Communal de Mabanda dans la province Makamba de bénéficier de la visite des ambassadeurs de l’Union européenne et de ses Etats membres. Pour Nkurunziza Léopold qui dirige ce service, ce projet s’inscrit dans le cadre de la résolution des conflits fonciers assez nombreux à Mabanda. « Les gens s’entretuaient à cause des conflits fonciers, surtout entre résidents et rapatriés. », témoigne Léopold. Il avance que le programme a permis l’enregistrement de 20 mille parcelles dans les bases de données du Service Foncier Communal. « Avec ce projet, 79% des conflits fonciers ont été résolus. »,

Zéro grossesse à l’ECOFO Mugweji La délégation des ambassadeurs de l’Union européenne et de ses Etats membres a été accueillie

Claude Bochu, ambassadeur de l'Union européenne au Burundi lors d'une interview à la presse après la dernière étape de sa tournée des projets de coopération

www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org

atteste M. Nkurunziza. Notons que ce programme a été financé par les Pays-Bas à hauteur de plus de trois millions d’euros. 13 heures. Nous sommes dans la commune Makamba. Ici, l’Union européenne appuie un projet de valorisation des produits agricoles et de promotion de l’artisanat. Yves Igiraneza, directeur du projet, a déclaré que ce programme, qui s’articule dans les domaines de l’agriculture, la pêche et l’artisanat, a permis à 562 producteurs de bénéficier d’animaux domestiques (bovins, porcins et petits ruminants), la mise en place de 12 boutiques d’intrants agricoles et d’élevage, le démarrage de 11 unités de transformation et la mise en place de 77 activités génératrices de revenus non agricoles. Ce projet a été financé par l’Union européenne à hauteur de plus d’un million d’euros. Au cours de cette journée, la délégation de l’Union européenne a visité trois autres projets dans cette province dont un projet d’électrification à l’aide de panneaux solaires dans les villages de Buheka et Kazirabageni (Financé par l’Union européenne), un projet d’introduction de la culture Patchouli et un projet de pisciculture moderne à Nyanza-Lac, financés par le Royaume des Pays-Bas en partenariat avec ELAGA. Dans le cadre d’un point de presse, Claude Bochu, ambassadeur de l’Union européenne au Burundi, s’est dit satisfait du bilan des réalisations et a informé que l’UE a prévu une enveloppe de 332 millions d’euros en faveur de projets de développement au Burundi pour une période de sept ans. A l’avenir, il a promis un appui dans le secteur de l’énergie solaire.


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