L'hebdomadaire IWACU 568

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IWACU N°568 – Vendredi 31 janvier 2020 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Condamnés pour « tentative impossible... »

DROITS DE L’HOMME Maltraitance infantile : plus de 50 cas en un mois !

SOCIÉTÉ

AU COIN DU FEU P.8

Avec Valentin Kavakure

P.13

CVR : controverse autour des exhumations

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LA DEUX

Vendredi, 31 janvier 2020 - n°568

Editorial

En coulisse

En hausse

Sur le vif

EARC: le Burundi accueille la finale en octobre

Ma prière pour les juges Par Léandre Sikuyavuga Directeur des rédactions

L

’attente a été longue, interminable, anxieuse. Le réquisitoire de l’audience publique du 30 décembre 2019 est tombé comme un couperet, un cauchemar: une peine de 15 ans de prison ferme avec 5 ans sans droit de voter pour Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Térence Mpozenzi et Egide Harerimana, journalistes d’Iwacu. Demande de Jean Marie Vianney Ntamikevyo qui représentait le ministère public. Selon les us et les pratiques de la Justice, les juges devraient prononcer le verdict endéans trente jours. Cela ne pouvait pas laisser indifférents leurs familles, collègues, amis et connaissances. Nous avons espéré que d’un moment à l’autre, ils pouvaient être libérés. On pensait, par exemple, que le lendemain, à la Saint-Sylvestre, on allait entendre la « bonne nouvelle. » Hélas, ils ont fini l’année en prison à cause d’une mauvaise blague que le ministère public a brandie comme preuve irréfutable d’ « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. » Chaque jour qui passait nourrissait espoir et suscitait parfois des spéculations, jusqu’à la dernière date, jeudi 30 janvier. Il n’y a rien de pire que les cinq à dix dernières minutes d’une longue attente. A 12 h 50, l’information tombe : « Les membres du siège se sont enfermés dans un des bureaux du tribunal, d’après mon antenne à Bubanza. » Je retiens mon souffle, je crois et j’espère. Trente minutes plus tard, la même source envoie un autre message qui fait froid dans le dos : « Sauf le chauffeur qui est acquitté, les quatre journalistes sont condamnés à deux ans et six mois et une amende d’un million pour chacun. » Ô rage, ô désespoir… Agnès, Christine, Térence et Egide pensaient jouer un rôle essentiel en voulant faire la lumière sur la question qui touchait à l’intérêt général et ne devraient pas être poursuivis pour le travail qu’ils accomplissaient en toute légitimité. Ils n’ont commis d’autre « crime » que l’exercice de leur profession. Même si je n’ai pas encore une copie du jugement en ma possession, le constat est qu’il y aurait eu une requalification de l’accusation. De la ’’complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat’’, les quatre journalistes sont aujourd’hui condamnés pour « tentative impossible d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. » Est-ce que la justice a dit le droit ? Je n’ai pas cette compétence de qualifier, jauger, critiquer la décision de ce troisième pouvoir. Tout de même, Agnès, Christine, Térence et Egide vont passer d’autres jours de trop en prison. Iwacu va interjeter appel. Je ne veux pas jeûner comme une amie d’Iwacu est en train de faire. Je veux seulement prier pour nos juges afin que Dieu leur donne la force et le courage de redire le droit…

Le Kenya, le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie et le Burundi accueilleront le Championnat des Rallyes d’Afrique de l’Est (EARC). Il débutera au Kenya du 8 au 9 février, se poursuivra au Rwanda (16-17 mai), en Ouganda (15-16 août), en Tanzanie (19-20 septembre). Il se clôturera au Burundi (17-18 octobre). Les trois premiers pilotes seront couronnés.

East African Revenue Authorities : une réunion à Bujumbura

Yvonne Irakoze,

P

our avoir décroché une médaille d’or au 100 m chez les filles, lors de la première édition des Jeux Panafricains de ‘Special Olympics’, qui s’est tenue du 23 au 31 janvier 2020 en Egypte.

Burundi, 2e pays le plus corrompu de l’EAC Cela ressort du dernier rapport de l’indice de perception de la corruption (IPC) de 2019 réalisé par Transparency International et publié la semaine dernière. Avec 19%, le Burundi vient après le Sud Soudan (12%). Le Kenya et l’Ouganda occupent la troisième position avec un score paritaire de (28%). Respectivement avec 37% et 53%, la Tanzanie et le Rwanda sont considérés comme de bons élèves de la région de l’EAC.

En baisse

Sem Nimpaye, Directeur provincial de l’Enseignement dans la province Makamba,

P

our avoir intimé l’ordre aux autorités éducatives de cette province d’adhérer a la Coalition Spéciale des Syndicats pour la Solidarité Nationale(Cossesona).

AVIS DE RECRUTEMENT UNDP – Trois postes, BURUNDI (Trois postes) Le Programme des Nations Unies pour le Développement au Burundi (PNUD) recrute pour le compte de son Projet Services Energétiques Ruraux pour la Résilience de la Population au Burundi - SERR – PNUD Burundi.

Un(e) Assistant(e) Administratif(ve) et Financier(ère) du Projet

Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa

Sécurité : Fabrice Manirakiza Edouard Nkurunziza Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société: Clarisse Shaka Jérémie Misago Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza

ANNONCE

Un(e) Expert(e) National(e) Infrastructure Un(e) Expert(e) National(e) en Finances et Suivi et évaluation

Directeur adjoint des Rédactions : Abbas Mbazumutima

Economie : Pierre-Claver Banyankiye

Le Burundi abrite, du 30 au 31 janvier, la 4e réunion du comité régional conjoint de coordination du projet de renforcement des capacités. Thème : la facilitation du commerce et le contrôle des frontières.

Titre

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

Grade

Durée

Type de contrat

SB-5

Une année avec possibilité de renouvellement

Contrat de Service

SB-4

Une année avec possibilité de renouvellement

Contrat de Service

Le 08 février 2020

Une année avec possibilité de renouvellement

Contrat de Service

Le 10 février 2020

SB-3

Date limite de réception des candidatures Le 08 février 2020

Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

47 mille tonnes Est la production du café pendant la campagne 2019-2020

Source : Ministère de l’Agriculture

Toutes les informations y afférentes se trouvent sur le site global du PNUD : http://jobs.undp.org/. La soumission des candidatures se fait uniquement en ligne via le site http://jobs.undp.org/ Les candidatures féminines qualifiées sont fortement encouragées.

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Une pensée

« Rien n’affermit plus les réconciliations que la franchise et l’honnêteté. » Tite-Live


L'ÉVÉNEMENT

Vendredi, 31 janvier 2020 - n°568

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Deux ans et six mois d’emprisonnement Jeudi 30 janvier, le verdict tant attendu pour Agnès, Christine, Egide, Terence et Adolphe le chauffeur vient d’être rendu. Les quatre professionnels des médias viennent d’écoper de 2 ans et 6 mois d’emprisonnement.

A

l’issue d’une audience publique tenue au tribunal de Grande Instance de Bubanza, seul Adolphe, le chauffeur en liberté provisoire depuis un mois, a bénéficié d’un acquittement. Quant au matériel saisi auprès des prévenus (véhicule, téléphones, enregistreur, appareil photo et carnets de notes), il sera remis à Iwacu. Absents lors de l’audience, les quatre journalistes d’Iwacu n’ont toujours reçu aucune notification de leur jugement. Selon des sources présentes sur place, les juges du Tribunal de Grande Instance de Bubanza se sont basés, pour rendre leur verdict, sur l’article 16 du Code pénal qui stipule : « Il y a tentative impossible lorsqu’un délinquant en puissance a fait tout ce qui était en son pouvoir pour commettre une infraction, alors que celle-ci ne pouvait se réaliser par suite d’une impossibilité qu’il ignorait.»

Les quatre journalistes d'Iwacu, lors du procès du 30 décembre dernier.

vincial de Bubanza avant d’être acheminés au commissariat communal. Là-bas, un cauchemar. Ils passeront une nuit blanche,

impossible de bouger dans ces cellules exiguës. Aucune charge n’est jusque-là retenue contre eux.

Samedi 26 octobre, quatre jours après leur arrestation, le couperet tombe. Après avoir été entendu par le juge d’instruction au par-

Retour sur un feuilleton judiciaire Mardi 22 octobre. Vers midi, Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Terence Mpozenzi, Egide Harerimana et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza, débarquent à Bubanza pour enquêter sur des affrontements signalés dans la région de Bubanza. Une information qui circulait sur les réseaux sociaux depuis la matinée de ce mardi-là. Arrivés sur le terrain, ils seront appréhendés avant même d’avoir commencé leur travail. Leur matériel de travail et leurs téléphones sont saisis. Ils passeront leurs trois premières nuits sous les verrous du cachot du commissariat pro-

Alphonse Yikeze Le tribunal de Grande Instance de Bubanza

« La vérité finira par triompher » J

quet de Bubanza, le procureur les inculpe pour « Complicité d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat. » Ils seront immédiatement transférés à la prison de Bubanza. Jeudi 31 octobre, le parquet de Bubanza annonce le maintien en détention préventive d’Agnès, Christine, Egide, Terence et Adolphe. Mercredi 20 novembre, la Cour d’appel de Ntahangwa décide de maintenir la décision du parquet de Bubanza : les quatre journalistes sont maintenus en détention préventive, seul le chauffeur sera libéré provisoirement. Le 30 décembre, à l’occasion d’une audience publique tenue au Tribunal de Grande Instance de Bubanza, le ministère public avait requis 15 ans d’emprisonnement contre les quatre journalistes d’Iwacu et leur chauffeur pour « Tentative de complicité d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ». Un message d’Agnès adressé à un confrère avait particulièrement retenu l’attention des juges. Elle avait écrit : « Nous nous rendons à Musigati ’pour appuyer la rébellion.» « C’est un élément matériel prouvant la complicité des 4 journalistes d’Iwacu et leur chauffeur avec les rebelles », avait chargé le substitut du procureur de Bubanza. Agnès Ndirubusa, juriste de formation et journaliste senior, responsable du service politique à Iwacu, avait expliqué que ce message destiné à un de ses confrères est à placer au registre de l’humour noir pour déstresser. « Nous avons notre propre langage et il ne faut pas dissocier ce message de son contexte et le prendre mot pour mot. Si une maman dit à son enfant qu’il va le tuer, tout le monde sait qu’elle ne le fera pas », se défendra-t-elle. Et ce n’est pas tout. « Le ministère public ne brandit que ce message en omettant un autre où je dis que ‘’Nous allons en découdre avec ces gens qui veulent perturber la paix et les élections’’ (Tugiye gutuza abo bantu bashaka guhungabanya amahoro n’ugutoba amatora) », avait ajouté Mme Ndirubusa.

oint par téléphone, Antoine Kaburahe, fondateur d’Iwacu, s’est dit « choqué » et « attristé » par le jugement rendu. « Depuis trois mois, nous avons gardé confiance en une justice dont nous espérions un acquittement de nos collègues qui ne faisaient que leur travail», s’indigne-t-il. Tout en parlant d’injustice par rapport à cette condamnation, il a appelé les journalistes d’Iwacu à ne pas fléchir. «Nous allons interjeter appel, comme la loi nous l’autorise et poursuivre notre lutte pour le relâchement de nos chers camarades », a-t-

il affirmé avec détermination. M. Kaburahe ne perd pas espoir et a estimé que « la justice dira le droit tôt ou tard » et que « la vérité et la liberté finiront par triompher ». Enfin, le fondateur du média indépendant a tenu à remercier les amis et soutiens d’Iwacu et leur a demandé « de rester mobilisés face à une justice qui est toujours loin de dire le droit ». A.Y.

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POLITIQUE

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Vendredi, 31 janvier 2020 - n°568

Elections 2020 Non à la présentation de l’extrait du casier judiciaire dans le dossier Les représentants des partis politiques réunis ce mardi 28 janvier 2020 sur l’initiative de la Ceni s’inscrivent en faux contre l’exigence de cette Commission d’avoir dans le dossier de candidature l’extrait du casier judiciaire. La Ceni semble rétrograder.

L

a Commission électorale nationale indépendante a présenté les éléments constitutifs des dossiers des différentes candidatures aux élections. L’extrait du casier judiciaire qui est dans le viseur des représentants des partis politiques est exigé dans tous les dossiers sur tous les échelons. Noé Mbonigaba, chargé de l’idéologie au parti CNL dénonce ce qu’il qualifie de ’’tracasseries administratives inutiles’’. Il a précisé que l’exigence de ce document délivré seulement à Bujumbura risque d’être une entrave pour plusieurs candidats aux élections compte tenu du temps restant. Il a suggéré à la CENI de ne considérer cette pièce que pour les candidats élus.

Pour Pierre claver Nahimana, président du parti Sahwanya FRODEBU, ce document n’est pas obligatoire à la lumière du Code électoral en vigueur. Selon lui, c’est ’’matériellement impossible à l’état actuel des choses’’ pour un service à guichet unique de produire plus de 60 mille documents en un mois. « Supposons 3 candidats par colline et par parti. Cela fait plus de 60 mille documents au niveau national. C’est pratiquement irréalisable». Kefa Nibizi, président du parti Sahwanya FRODEBU Nyakuri, abonde dans le même sens. Il a rappelé que la situation s’est compliquée en 2015, ce qui a amené la CENI à opérer des arrangements de dernières minutes. « Cette commission a dû abandonner certains

Les participants à la rencontre organisée par la Ceni.

documents, sinon elle ne pouvait pas s’en sortir». Pour lui, faire de l’extrait du casier judiciaire un préalable pour les candidats surtout aux élections au niveau des collines risque de rééditer le même scénario. D’après lui, l’article 184 du Code électoral donne la possibilité à la

CENI d’établir des conditions particulières de présentation des dossiers de candidature. Il est encore possible, fait-il savoir, de les modifier pour des élections inclusives. Pierre-Claver Kazihise, président de la CENI, juge pertinentes les appréhensions des principaux

intéressés. Il a promis que la commission se penchera sur la question dans le strict respect de la loi. Signalons que les élections communales, législatives et présidentielles sont cumulées. Ce sont les premiers scrutins prévus le 20 mai 2020. Jérémie Misago

ANNONCE

EXTERNAL ADVERT – INTERNAL AUDITOR _IRC: 8636

The Position: Reporting to the Head of Internal Audit, the Audit Manager verifies the financial status and operating procedures of the bank through a systematic Risk based audit program. Responsibilities • Interface between demand holders (users and departments) and suppliers to fulfil procurement needs. • Use best practice procurement procedures and tools to develop and implement the sourcing strategies. • Negotiate contractual and framework agreements with suppliers to ensure that goods and services are procured at the most optimum value considering cost, quality, time and suppler capability. • Lead the effort in supplier prequalification and management of the supplier database. • Develop and manage supplier relationship for the bank to deliver breakthrough performance in cost, service and quality. • Ensure periodic performance evaluation of suppliers. • Ensure that all purchases of goods, services and works is done through the documented tender process as per the KCBB Procurement Manual and

Standard Operating Procedures. Manage the Tender Evaluation process in KCBB to ensure that it is conducted in a fair and transparent manner, and that only those tenders that meet the set criteria are considered Maintain all records and documentation relating to facilities and Procurements functions for KCBB and provide management information on a regular basis. Management of the Bank’s facilities and contracted service providers to ensure a safe and conducive work environment and best value for money. Provide support to the development of new processes, procedures, and solutions for the procurement department and identify any category specific requirements. Coordinate with Finance for payments to suppliers

The Person For the above position, the successful applicant should have: • An undergraduate Degree in a Business related Degree. • ACCA or CPA professional qualification/ongoing ACCA or CPA qualification • Minimum two years of audit experience.

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• • •

Demonstrate experience managing internal or external audit assignments within a complex operational and regulatory environment. Excellent analytical skills, including the ability to anticipate issues and to design appropriate solutions. Strong verbal and written communication skills.

The above positions are demanding roles and the Bank will provide a competitive package for the right candidates. If you believe you can clearly demonstrate your abilities to meet the criteria given above, please log into our Recruitment Portal and submit your application. https://irecruitment.kcbbankgroup.com:8000/OA_ HTML/IrcVisitor.jsp Your application must be received by 6th Feb, 2020. To be considered, your application must have: Updated CV A copy of your Identity (ID) Degree certificate. Birth certificate (of self). Police Clearance Certificate (less than 3 months old). Only short listed candidates will be contacted


POLITIQUE

Vendredi, 31 janvier 2020 - n°568

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«Guide suprême du patriotisme», l’émule des héros nationaux?

L

e Conseil des ministres a adopté, mercredi 22 janvier, une proposition de loi qui élève le président sortant au rang de «Guide suprême du patriotisme». Assisterons-nous à une autoélévation par promulgation du primus inter? En vertu de l’article 104 de la Constitution du 7 juin 2018 : « Le mandat du Président de la République débute le jour de sa prestation de serment et prend fin à l’entrée en fonctions de son successeur. » Ou à charge pour son dauphin accédant à la magistrature suprême - au nom du principe de continuité de l’Etat - de lui conférer ce titre à classer dans la catégorie des «mystères de la foi»? Que faut-il entendre par «Guide suprême du patriotisme»? Un patriote inégalable ? Un modèle de patriotisme? La quintessence voire l’incarnation du patriotisme ? Quid de l’archéologie de la notion de «Guide» dans le champ politique? La fouille de son terrain d’apparition exhibe ses racines dans les deux idéologies totalitaires du 20e siècle. « Le Guide suprême du patriotisme l’a dit.» Entendrons-nous désormais dans l’espace du

débat public cette sentence sans appel? En écho au fameux «Magister dixit» («Le maître l’a dit.»), une référence à Aristote au temps médiéval. Celui sur lequel «l’Eternel a porté son

choix», marchant désormais sur les traces de «Moïse», semble apporter un début de réponse : «C’est mon maître à penser, je vais l’imiter.» Propos de circonstance d’un homme «reconnaissant

et dévoué» ou préfigurant une ombre tutélaire planant sur les affaires du pays, en cas de victoire de son dauphin à la présidentielle du 20 mai? Après le héros de l’indépendance

fourni par l’Uprona, puis celui de la démocratie par le Frodebu, place au «Guide suprême du patriotisme» du Cndd-Fdd. Son secrétaire général, à l’occasion du quatrième anniversaire de la désignation du président sortant comme candidat du parti, posa les jalons, le 25 avril dernier, pour cette sortie pour le moins par la grande porte : « Le Parti CNDD-FDD félicite Son Excellence Pierre Nkurunziza, Président de la République du Burundi et Visionnaire de notre Parti, l’homme du Peuple, pour sa bravoure, son leadership patriotique et sa fermeté dans son combat contre l’impérialisme. Son attachement à la défense de la souveraineté et de la démocratie devrait inspirer les générations futures.» Ainsi propulsé au sommet de la gloire, le costume de « Visionnaire éternel» du Cndd-Fdd devenait étriqué. Forger ce nouveau titre lui permet de souffrir la comparaison avec ses deux illustres prédécesseurs, de marcher dans leur sillage comme digne héritier. Guibert Mbonimpa

Chronique sur les messages de haine

« Les discours vindicatifs transforment une vérité en une fatalité » Les discours vindicatifs ont des effets déstabilisateurs sur la société. Ils sapent les efforts de réconciliation. Merius Rusumo, juriste et expert en justice transitionnelle, préconise la sensibilisation des gens et des sanctions contre les auteurs.

Q

ue peut-on entendre par discours vindicatifs ? Ce sont des discours tenus par des gens animés d’un esprit de vengeance. Ils ont une influence transformative négative par une substance de haine, une incitation à une action collective négative. C’est une influence délibérée à commettre la violence. Il vise notamment à soulever une frange de la population contre une autre. Cette dernière est accusée d’être responsable des événements malheureux du passé. Ce genre de discours transforme une vérité en une fatalité.

sur le qui-vive et montent des stratégies pour traiter les autres comme qu’ils ont été traités. Cela s’est manifesté dans plusieurs pays à l’instar du Burundi. Nous avons vécu des crises cycliques. Ceux qui s’étaient réconciliés se rentrent dedans. Ce sont des actes qui conduisent à des violences de masse. L’Afrique du Sud en est un exemple éloquent. Si des messages vindicatifs avaient été véhiculés à la fin de l’Apartheid, les Noirs s’en seraient pris aux Blancs. Si vous ne maitrisez pas votre langage, il y a risque de commettre des crimes internationaux.

Quelles peuvent être les conséquences sur la société ? Ce sont des discours destructeurs de la société qui amènent un groupe social à emboîter le pas à des individus qui ont commis des violations des droits de l’Homme. Les gens sont

N’y-a-t-il pas des spécificités chez les adultes et les jeunes ? Bien sûr, il y en a. Ces discours vindicatifs ont souvent plus d’impact négatif chez les jeunes que chez les adultes. Ils sont souvent plus manipulables car ils sont encore ambitieux. Les

adultes ont un haut niveau de discernement. Ils doutent de tout. Que faut-il faire pour prévenir le chaos ? Les professionnels des médias doivent accorder une importance capitale à la sensibilisation sur ces discours vindicatifs. Il faut inventorier les discours qui ont été tenus dans le pays et à travers le monde, mais aussi mettre en lumière les conséquences qu’ils ont engendrées. Plus particulièrement, les jeunes doivent s’abstenir de prêter oreille aux auteurs des messages vindicatifs afin d’éviter les violences de masse. Ils en sont les premières victimes. Des auteurs de ces discours destructeurs doivent être punis sévèrement pour décourager ce comportement. Propos recueillis par Jérémie Misago

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POLITIQUE

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Vendredi, 31 janvier 2020 - n°568

Du passé composé au futur simple

Parler du passé pour un futur meilleur Comment était l’organisation sociopolitique de la royauté? Qu’en est-il du choix du roi ? Comment se passait son intronisation? Qui étaient ses collaborateurs ? Débat entre les jeunes.

S

ur la question de savoir comment on choisissait le roi, les jeunes ont longuement débattu. Autour du thème : «Organisation socio-politique de la royauté», le débat a eu lieu ce jeudi 23 janvier 2020. «Notre société est patrilinéaire, c’est-àdire que l’enfant devait succéder à son père. On choisissait le dernier fils du roi. C’était la coutume. Ce prince héritier devait naître avec des semences», lance Kennedy Ntakarutimana, un jeune historien. «Le roi venait de la famille royale. On choisissait un prince qui ne présente aucune anomalie physique. De plus, il devait naître avec des semences», ajoute Fidèle Bavumiragiye, étudiant en sciences de l’éducation. Richard Nkurunziza, un autre étudiant, n’est pas convaincu. «Dire qu’il venait de la famille royale, j’en conviens. J’ai des doutes sur sa naissance avec des semences. Pour moi, au moment de céder le trône, le roi choisissait un prince qui présente les qualités d’un roi. Alors, on annonçait que c’est lui qui est né avec des semences». Kennedy Ntakarutimana abonde dans le même sens : «Ce sont les dépositaires des secrets royaux qui les mettaient

Les jeunes en train de débattre.

dans les mains du prince héritier.» Pour Blaise Nzeyimana, étudiant en sociologie, on voulait montrer que le futur roi est différent de ses sujets. «C’était une façon de légitimer le prince héritier. Du coup, il était respecté par toute la population», fait savoir Vanessa Kaneza, étudiante en Sciences politiques. «C’était pour qu’il soit adulé parce qu’il n’est pas né comme les autres. C’était aussi une façon de prévenir des conflits entre les frères», ajoute Zabulon Nshimirimana, licencié en Sociologie.

Comment se passait l’intronisation du roi? «L’intronisation du nouveau roi se passait au confluent des

rivières Mucece et Nyavyamo. Un abreuvoir (Urugomero) était préalablement aménagé où l’on attachait un jeune garçon du clan des Bahirwa. Les vaches longtemps tenues loin de l’abreuvoir, suite au deuil, s’y ruaient. Elles piétinaient le jeune homme. Le nouveau roi devait planter son arbre de règne appelé «Ikigabiro», raconte Richard Nkurunziza. Selon lui, cet arbre de règne était le signe de son intronisation. Les jeunes se sont interrogés pourquoi ce sont les jeunes hommes du clan des Bahirwa qui étaient sacrifiés. Certains se demandaient même si les droits de l’Homme étaient respectés à cette époque. «Les différents clans

avaient des fonctions à remplir. Je crois que le clan des Bahirwa avait hérité de cette fonction», indique Zabulon Nshimirimana. Pour Ernest Murwaneza, historien, ce rituel voulait montrer que le roi avait le droit de vie et de mort sur ses sujets. «C’était un prestige pour le clan des Bahirwa d’être choisi. C’était un clan très respecté. On ne choisissait pas n’importe quel clan», renchérit Richard Nkurunziza.

Quid des collaborateurs du roi ? «Il y avait des clans qui étaient très puissants à la cour royale. Il s’agissait des clans d’Abahanza, Abashubi, Abavumu et Abajiji. Il y

avait d’autres personnes, les clans des reines, qui étaient très proches du roi», souligne Zabulon Nshimirimana. «Certains clans ont aidé Ntare Rushatsi à conquérir le pouvoir. Ce sont eux qui ont continué à occuper des postes stratégiques auprès du souverain», ajoute Fidèle Bavumiragiye. Apollinaire Ndayisenga, historien, fait savoir que certains clans n’étaient pas admis à la cour royale. «C’est pourquoi, par après, il y a eu des problèmes au niveau politique». Fabrice Manirakiza

Le professeur Emile Mworoha explique Invité pour aider ces jeunes à comprendre cette partie de l’histoire du Burundi, cet éminent historien indique que le prince héritier ne naissait pas avec des semences. «Ce qui était important, c’est que la population le croyait et cela devenait la vérité. C’était un instrument pour légitimer le prochain roi auprès de ses sujets. Quand l’idéologie est puissante, elle devient l’histoire». Concernant le choix du prince héritier, Emile Mworoha souligne qu’on choisissait parmi les jeunes princes et pas nécessairement le benjamin. Selon lui, le roi, ses conseillers et les grands sorciers se concertaient pour choisir le prochain souverain. «Il y avait une grande rivalité chez les reines. C’était un rapport de force. La reine qui avait des princes forts était aidée par les conseillers et les grands sorciers». Le professeur Mworoha raconte que le roi était intronisé dans la vallée des rois au confluent des rivières Mucece et Nyavyamo. Plusieurs rituels étaient prévus. «On montrait au nouveau roi toutes les cultures qui poussent

dans son royaume. Il y avait aussi le sacrifice d’un jeune homme du clan des Bahirwa. On donnait à ce garçon de l’hydromel jusqu’à ce qu’il soit ivre». L’historien met en garde les jeunes : «Pour donner un jugement en ce qui concerne l’histoire, il faut éviter l’anachronisme. Il ne faut pas comparer le présent avec ce qui s’est passé il y a 100 ou 200 ans. Il ne faut pas juger en pensant aux droits de l’Homme car c’est une autre époque. Les sacrifices étaient pratiqués partout ailleurs, même en Europe.» Selon le professeur Mworoha, le nouveau roi devait planter des arbres de règne, à savoir le ficus (umuvumu) et l’érythrine (umurinzi). «Ces arbres étaient très impor-

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tants dans la culture burundaise. Les Burundais fabriquaient des habits dans le ficus. L’érythrine était un arbre sacré pour l’ensemble de la région des GrandsLacs». La fête se poursuivait sur la colline Kivyeyi où un troupeau de vaches et d’autres cadeaux étaient offerts au nouveau roi. Parmi les proches collaborateurs du roi, le professeur Mworoha cite les grands princes, les Abatware (Hutu et Tutsi), les délégués (Ivyariho), les conseillers (Abishikira) et d’autres fonctionnaires de la cour comme Abakevyi et Abakamyi qui étaient au service de la bouche du roi. «Le roi avait aussi des émissaires chargés de transmettre des informations et de donner des rapports sur l’état du royaume». Selon Emile Mworoha, les représentants de Kiranga (sorciers) avaient eux aussi un pouvoir énorme à la cour royale. «Le royaume du Burundi a fait plus de 300 ans. Il a tout fait pour défendre la souveraineté du pays. Pour pouvoir bien préparer l’avenir, il faut d’abord connaître le passé», a conseillé aux jeunes, le professeur Emile Mworoha.

F.M.


ÉCONOMIE

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Interview exclusive avec Oscar Barankiriza

« C’est un signe éloquent d’engagement et de soutien aux initiatives locales » technique et financière des projets communaux sont produits par le Fonic et transmis à la hiérarchie avec copie au ministère en charge des Finances.» En substance, le Fonic a pour rôle de financer les investissements communaux tandis que les sociétés coopératives sont gérées, promues et régulées par l’Anacoop. Le Fonic est un canal entre le gouvernement du Burundi et les communes. Il a pour rôle de faire le suivi des fonds alloués aux communes pour les projets communautaires.

Dix millions de BIF ont été distribués par le gouvernement à chaque coopérative collinaire. Un fonds remboursable ? Qui va assurer le suivi de la gestion de ces fonds. Quid de l’insolvabilité d’une coopérative ? Eclairage d’Oscar Barankiriza, directeur général de l’Agence de promotion et de régulation des sociétés coopératives.

Q

uelle appréciation faites-vous de la promotion des coopératives dans les collines ? La promotion des coopératives au niveau des collines est très appréciable. Chaque coopérative collinaire du Burundi a bénéficié d’un fonds de dix millions de BIF. Un prêt qui a été accordé par le gouvernement du Burundi et qui est remboursable endéans deux ans sans intérêt. Cela se trouve dans une ordonnance ministérielle conjointe (ministère de l’Intérieur et celui des Finances) du 28 septembre 2019 sur les modalités pratiques de répartition, de transfert, d’utilisation et de remboursement des fonds alloués au développement des collines. C’est un signe éloquent d’engagement et de soutien aux initiatives locales. Quelle sera la valeur ajoutée de ces coopératives par rapport à la vie de la population ? La valeur ajoutée est vérifiable. 30 milliards 200 millions de BIF ont été distribués sur tout le territoire national. Il est évident qu’un tel montant va laisser des traces au niveau du développement communautaire.

Est-ce que les bénéficiaires ont été déjà sensibilisés sur la loi régissant les sociétés coopératives ? Ils sont en train d’être sensibilisés. C’est même l’une des missions spécifiques de l’Anacoop de vulgariser les lois et les textes réglementaires en rapport avec les sociétés coopératives. Nous sommes dans le processus. Nous avons commencé par la province Bubanza. Nos équipes ont déjà sillonné les provinces Kirundo, Muyinga, Ngozi pour sensibiliser la population. Qui va assurer le suivi de la gestion des fonds alloués à ces coopératives ? Il faut d’abord savoir qu’il y a des organes dirigeants de ces coopératives qui sont impliqués. Il s’agit de l’assemblée générale, le conseil d’administration, le comité de surveillance. Ce sont des organes qui sont là pour bien gérer ces coopératives que ce soit au niveau financier, du personnel ou des membres de ces sociétés coopératives. En outre, l’administration communale a la qualité d’un avaliseur. Les coopératives ont reçu ce fonds en provenance des finances publiques via l’administration

Ne craignez-vous pas d’éventuels cas de malversation ou de détournement au niveau de la gestion de ces fonds ? Je ne le pense pas. Mais en cas de malversation ou détournement, les lois en vigueur vont être appliquées. Les cours et tribunaux réprimeront quiconque se rendra coupable de tels délits.

communale. Selon l’article 8 de l’ordonnance, « La commune est le garant du crédit octroyé par l’Etat pour financer les projets de développement de ses collines ». Donc la commune a intérêt à ce que le suivi et la gestion de ce fonds soient efficaces. L’Anacoop, quant à elle, appuie et assiste ces sociétés coopératives. Elle a aussi une mission spécifique d’inspecter les comptes de ces coopératives. Après l’inspection, l’Anacoop formule des recommandations allant dans le sens de bien gérer ces fonds.

Quid du rôle du Fonds national pour l’investissement communal (Fonic) ? L’ordonnance ministérielle conjointe ci-haut citée souligne le rôle du Fonic en ces articles 12 et 13. L’article 12 stipule : « En plus de l’appui conseil du renforcement des capacités des acteurs impliqués dans le processus, le Fonic, en tant que mandataire du gouvernement, est chargé du suivi technique et financier des projets communaux sur financement de l’Etat.» L’article 13 dispose : « Des rapports trimestriels et annuels faisant état du niveau global de mise en œuvre

Quelle est la suite qui sera réservée à l’une ou l’autre coopérative qui sera incapable de rembourser les fonds qui lui ont été accordés ? Selon l’article 17 de l’ordonnance, « La coopérative bénéficiaire a l’obligation de réaliser le projet et de rembourser le prêt dans les délais convenus avec la commune ». Au cas contraire, des mesures seront prises pour réajuster la situation. Et si elle tombe en faillite. Y aura-t-il des sanctions ou dissolution de cette coopérative ? Il y a des lois qui réglementent la faillite. Elles seront appliquées. Propos recueillis par Félix Haburiyakira

ANNONCE

AVSI BURUNDI porte à la connaissance du public qu’elle ouvre la candidature pour les postes suivant: Responsable de la Communication, Coordinateur Energie Solaire, Coordinateur Cuisson Propre. Les TDRs de ce poste sont sur le site web de NFT consult et aux différents bureaux de AVSI. Les candidats (es) intéressé(es) sont priés de déposer leurs dossiers dûment rempli à NFT Consult, N°42, Boulevard de La Liberté, Rohero, Bujumbura, Burundi ou envoyer leur dossier électroniquement au : https://career.nftconsult.com/home_page. php

Les dates limites de dépôt des candidatures sont fixées comme suit : • Responsable de la communication : le 06/02/2020 à 16h • Coordinateur Energie Solaire et Coordinateur Cuisson Propre : le 10/02/2020 à 16h Seul(e)s les candidat(e)s présélectionné(e)s seront contacté(e)s, pour participer à la procédure de recrutement. Les dossiers ne correspondant pas au profil ci-dessus ne seront ni considérés ni remis.


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ÉCONOMIE

Vendredi, 31 janvier 2020 - n°568

Filière café

ARFIC cède la place à ODECA En vue de redynamiser et de pérenniser le secteur café, le gouvernement décide de remplacer l’Agence de régulation de la filière café (ARFIC) par une nouvelle structure dénommée Office pour le développement du café au Burundi (ODECA). D’autres organisations sont aussi radiées.

V

ia le ministère de l ’ E nv i ro n n e m e n t , d e l’Agriculture et de l’Elevage, le gouvernement accuse SODECO et les Sociétés de gestion des stations de lavage (SOGESTALS) de ne pas payer les caféiculteurs. S’exprimant ce mercredi 29 janvier, dans une conférence de presse, le ministre Déo-Guide Rurema indique que ces sociétés n’ont pas contribué à l’augmentation quantitative et qualitative du café. Et de préciser que l’ODECA, une nouvelle société publique soustutelle du ministère en charge de l’agriculture, va faire tous les travaux qui étaient assignés aux associations CNAC Murima w’Isangi et l’Intercafé, les sociétés SODECO et toutes les SOGESTALS.

M. Rurema demande à ces organisations supprimées de remettre tous leurs outils à l’ODECA. A ceux qui ont exporté le café et qui n’ont pas encore donné les devises et ceux qui n’ont pas encore payé les taxes communales, il leur demande de régler ces dettes, avant la nouvelle saison. Quant aux sociétés de déparchage, il leur a recommandé de payer leurs dettes auprès du gouvernement, la Regideso. Sans oublier l’argent dû aux caféiculteurs.

La CNAC dit ne pas être au courant de la nouvelle mesure Contacté, Jean Pierre Ntabomenyereye, président de la

Déo-Guide Rurema : « L’Agence de régulation de la filière du café au Burundi (ARFIC) a été remplacée par une nouvelle société publique, l’Office pour le développement du café du Burundi(ODECA). »

Confédération nationale des associations des caféiculteurs du Burundi (CNAC-Murima

w’Isangi), confie qu’ils ne sont pas au courant de cette nouvelle mesure.

En rapport avec la demande du ministre, il assure que son association n’a aucun outil à rendre au gouvernement. Le président de la CNAC promet de s’exprimer ultérieurement après avoir parlé avec le ministère de l’Environnement et de l’Agriculture. Dans cette nouvelle perspective de redynamisation et de pérennisation de la filière café, le ministre a annoncé aux associations privées qu’elles devront s’adresser à l’ODECA pour connaître les conditions de travail. Il souligne aussi que ces associations devront présenter les cautions soumises par leurs banques comme preuve qu’elles vont payer les caféiculteurs. Et d’ajouter qu’il n’y aura pas de soutien du gouvernement. Déo-Guide Rurema informe que lors de la dernière saison de café de 2019-2020, plus de 7000 tonnes de café ont été exportés. Et pour la prochaine saison de 2020-2021, le ministère en charge de l’agriculture s’attend à une récolte de plus de 136 mille tonnes de café. Mariette Rigumye

DROITS DE L'HOMME

Violences faites aux enfants : plus de 50 cas en un mois !

1.140 cas de violation des droits de l’enfant ont été répertoriés par la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance (Fenadeb) en 2019. Depuis le début de cette année 2020, cette fédération a déjà documenté 52 victimes de violence contre les enfants, la plupart âgés de moins de 13 ans, partout dans le pays. Ce sont des cas de meurtre, infanticide, viol, maltraitance grave, trafic, rafles des enfants de la rue, enlèvement, abandon, etc. Les derniers cas remontent à la semaine dernière, entre le 15-19 janvier. Un enfant de 12 ans poignardé et tué par son voisin, dans la province Ngozi. Un autre de 3 ans brûlé aux testicules par son père, à Muyinga. Un autre de 6

© Droits réservés

Torturés, tués, violés, enlevés, abandonnés… Les enfants sont victimes de toutes formes de violences chaque semaine. Une psychologue explique ce comportement « inhumain ».

Un enfant de 12 ans tué par son voisin, le 19 janvier, à Ngozi.

ans a failli être amputé de ses testicules par son père, à Rutana. La Fenadeb se dit très préoccupé par ces actes « ignobles » dont les enfants sont victimes. Le coordonnateur de la fédération, Isidore Nteturuye, demande à l’administration locale d’être très sévère envers les auteurs de ces violences. Il relève un grand défi : certaines autorités locales protègent les criminels pour cause de corruption ou degré de parenté. D’après lui, certains officiers de

police judiciaire (OPJ) au niveau communal, corrompus, reçoivent les plaintes mais libèrent, par la suite, les auteurs. Il parle de quatre OPJ déjà connus dans les provinces Karusi et Gitega. « S’ils ne changent pas, nous allons les dénoncer».

Les crises, les mauvaises conditions de vie... à l’origine Selon la psychologue Annick Nikokeza, coordinatrice de la plateforme des intervenants en

psychosocial et en santé mentale (PPSM), certains parents sont atteints de traumatisme dû aux circonstances dans lesquelles ils ont grandi. « Du coup, ils n’ont pas d’empathie, de pitié envers leurs enfants». Ces parents ont, en outre, évolué dans un contexte de crise sociopolitique. « Certains se sont déplacés, ont vécu dans les camps de réfugiés. Même ceux qui n’ont pas été victimes directement ont assisté à des scènes de violence». Cette psychologue évoque un

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autre facteur. Dans la société burundaise, la tolérance diminue au fil du temps. Les gens ont tendance, poursuit-elle, à beaucoup plus recourir à la violence même face à de petits problèmes. « Les parents sont convaincus que la meilleure punition est de battre l’enfant plutôt que de communiquer avec lui pour mieux comprendre pourquoi il fait ceci ou cela ». De surcroît, explique la coordinatrice de la PPSM, beaucoup de ménages, surtout ruraux, vivent dans la pauvreté. Ils sont malheureux et instables. Et les enfants deviennent victimes de cette misère. Les enfants sont comme un fardeau. Et les parents se défoulent sur eux. Comme conséquence, ces enfants victimes peuvent développer une blessure psychologique grave qui conduit au suicide, assure Mme Nikokeza. Ils peuvent s’adonner à la délinquance, notamment la drogue pour oublier cette mauvaise passe. Ces violences se répercutent aussi sur leurs études. « L’enfant perd la concentration au point d’abandonner l’école. » Clarisse Shaka


ENVIRONNEMENT

Vendredi, 31 janvier 2020 - n°568

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Quartiers sud de Bujumbura

Quand les eaux de pluie et rivières sèment le désastre Les inondations dues à la pluie de ce mardi 28 janvier ont causé d’énormes dégâts matériels dans plusieurs localités du sud de la capitale économique.

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2h. Nous sommes dans le quartier Gisyo de la commune Muha. Les époux Tharcisse Nkeshimana et Vénérande Kwizera sortent les dernières affaires de leur maison largement détruite, à la suite de la crue de la rivière Kanyosha. Canapés, tabourets, étagères, matelas, habits, matériel électroménager, etc. L’essentiel de leurs biens meubles est dehors. A l’intérieur comme à l’extérieur de la maison, la boue règne en maître. Les murs encore debout tanguent et menacent à leur tour de s’effondrer. Le couple ne sait plus à quel saint se vouer. « Nous nous sommes tellement démenés pour nous offrir un logement et voilà le résultat », se lamente Vénérande. « Cela fait dix ans que je réside ici et c’est la première fois qu’une telle catastrophe s’abat sur nous », témoigne

Un avenir sombre s’annonce pour nous », ajoute-t-il d’une voix résignée. L’orphelin demande à l’Etat une aide d’urgence.

A Musaga, certains habitants s’organisen

Les époux Tharcisse Nkeshimana et Vénérande Kwizera au milieu des biens meubles sortis de leur domicile.

l’employé de l’ONATEL qui n’a pu se présenter, ce matin, au travail. Il précise que la Kanyosha qui coule à quelques dizaines de pas de sa demeure dévastée est à l’origine de son cauchemar. « Elle a dévié de sa trajectoire habituelle et s’est déversée dans nos domiciles». Tharcisse avance que lui et son épouse dorment maintenant au ras du sol. Les Nkeshimana demandent l’intervention des autorités concernées pour un aménagement efficace des berges de la rivière Kanyosha à l’aide de tracteurs. Jean de Dieu Ntaconizigiye est voisin de Tharcisse. Orphelin,

il est propriétaire, avec ses onze frères et sœurs, d’un enclos formé de cinq maisonnettes. Difficile d’accéder à l’intérieur de la parcelle habitée. Un torrent de boue obstrue l’entrée. Tharcisse explique que les logements ont tous été fortement endommagés. Le jeune homme explique que l’enclos hérité des parents décédés subvenait aux besoins de la fratrie grâce aux loyers collectés mensuellement. « Comment pourrais-je désormais débourser les frais de scolarité de mes frères et sœurs ? », se demande Jean de Dieu avant d’estimer les dégâts matériels à 20 millions BIF. « Nous n’avons nulle part où aller.

La chaussée qui passe devant le marché de Musaga est méconnaissable. Suite à la pluie de ce mardi 28 janvier, les eaux en provenance des collines surplombant cette zone inondent une grande surface de la route, bloquant ainsi la circulation. Des hommes vigoureux et dans la force de l’âge sont entrain de déboucher la seule voie de canalisation. De l’autre côté de la route, des jeunes du coin ont improvisé une barrière constituée de morceaux de moustiquaires pour mettre à contribution les passagers au volant de véhicules qui empruntent la voie. De nombreux habitants curieux sont rassemblés aux bords de la rue pour assister à cette scène inédite. Elvis Niyomwungere, la vingtaine entamée, tient avec fierté un des côtés de la barrière. « C’est important que ceux et celles qui usent de cette route comprennent qu’il y a des personnes qui travaillent

d’arrache-pied, depuis le matin, pour curer le ravin qui borde la route. La somme récoltée servira à leur offrir une petite rémunération surtout que certaines d’entre elles ont mis de côté leur métier de porteur au marché pour filer un coup de main», avance-t-il. Niyomwungere précise qu’un vélo qui passe par là débourse 100 BIF, une moto paie 200 BIF et une voiture s’acquitte d’un montant de 500 BIF. Selon la police, quatre maisons se sont effondrées dans le quartier Gisyo de la commune Muha, suite aux pluies diluviennes de ce mardi, au moment où deux clôtures se sont écroulées dans Kibenga rural de la même commune. Dans une interview, le ministre de la Solidarité, Martin Nivyabandi, a affirmé que son ministère a mis sur pied des comités de soutien au niveau communal pour venir en aide aux victimes des intempéries. « Nous sommes prêts pour agir à l’endroit des sinistrés en termes de nourriture, de logement et de soins de santé pour les blessés occasionnés par les calamités naturelles», a-t-il déclaré. Alphonse Yikeze

SANTÉ

Coronavirus : le Burundi n’est pas à l’abri Depuis fin décembre 2019, cette nouvelle pathologie a causé plus de 130 décès en Chine. Au vu de sa contagion, une menace que le monde entier prend désormais au sérieux.

L

’épidémie de pneumonie virale ne cesse de gagner du terrain. Avec plus de 6000 cas enregistrés dans plus de 15 pays, la terre entière est en alerte constante. En témoignent plusieurs rapports de l’OMS, des craintes exacerbées par la célébration du Nouvel an chinois et les relations tant commerciales qu’amicales que certains pays africains entretiennent avec l’Empire du Milieu. Au regard des compagnies aériennes africaines qui desservent la Chine via notamment Kenya Airways, Ethiopian Airlines, en plus des flux des voyageurs sino-burundais (étudiants, commerçants, etc.), c’est une menace qui guette le Burundi. Selon l’OMS, ce virus touche aussi bien l’homme que les animaux. Ressemblant à une couronne solaire, sous microscope, la transmission par les voies respiratoires est la plus probable. Chez les humains, le coronavi-

rus cause des infections respiratoires allant du simple rhume à des pneumopathies sévères parfois létales. Et d’après certaines études de l’OMS, il peut être accompagné par des troubles digestifs, telles que les gastroentérites. Parmi ses symptômes, font savoir les experts, une fièvre élevée récurrente souvent suivie d’une toux prolongée. Et dans la plupart des cas, expliquent les experts de l’OMS, la personne atteinte a des céphalées et a du mal à respirer. « Eu égard au système de surveillance du Burundi et de ses frontières poreuses, ce sera une épidémie difficile à contenir si des cas viennent à s’observer », révèle un épidémiologiste sous anonymat. De surcroît, renchérit- il, le personnel médical qualifié dans la prise en charge fait défaut. « Hormis les thermoflashes donnés dans le cadre de la lutte contre Ebola, aucun autre matériel pour le diagnostic ni médica-

ment pour les soins de base ». Quant aux robinets d’eau installés, poursuit-il, peu restent fonctionnels. Idem pour les ambulances en cas d’évacuation des cas suspects vers les structures sanitaires appropriées. En plus de la mise en place d’un centre pour le dépistage, il demande que le personnel médical soit équipé en matériels de protection, tels que les gants ou les masques de protection et. « Aussi faudrait-il des séances de sensibilisation à l’endroit de la population sur son mode de transmission».

Prêt à faire face Bosco Girukwishaka, porteparole du ministère de la Santé, se veut rassurant : «Depuis l’apparition de cette épidémie, nous avons renforcé la surveillance sur tous les points d’entrée.» M. Girukwishaka fait savoir que deux centres sont déjà disponibles pour le traitement des malades. « En plus du centre d’isolement de Gatumba, un centre de traitement des maladies de caractères épidémiques se trouve à Mudubugu (commune Gihanga) ». Il ajoute que la surveillance a été

D’après le ministère de la Santé, la surveillance à l’aéroport a été renforcée

doublée à l’aéroport international Melchior Ndadaye. « Tous les passagers doivent passer devant les caméras thermiques ». Toutefois, pour permettre une surveillance efficace, il leur demande d’être coopératifs. « Si des températures élevées se remarquent, ils doivent suivre le protocole, de la sorte, rejoindre les structures sanitaires mises en place à cet effet ». Il fait savoir que les traitements thérapeutiques sont disponibles. Le porte-parole du ministère de

la Santé conseille à la population d’adopter une bonne hygiène : « Il faut se laver les mains, en cas d’éternuement , le faire dans le creux de la coude ou utiliser des mouchoirs à usage unique , etc. » Et de conclure : « En face de cas suspects, des numéros gratuits, notamment le 109 pour la Croix Rouge, le 113 pour la protection civile et 117 pour le ministère de la Santé, ont été mis à la disposition de la population.» Hervé Mugisha

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PRODEMA se clôture avec des réalisations satisfaisantes Le projet de Productivité et de Développement de Marchés Agricoles (PRODEMA) clôture ses activités au 31 janvier 2020. Les productions au niveau de toutes les filières sont satisfaisantes et les coopératives bénéficiaires se réjouissent des interventions du PRODEMA. Toutefois, certaines d’entre elles sont toujours en attente d’équipements et demandent à qui de droit et surtout au gouvernement d’intercéder en leur faveur. Il est à noter que les signatures des contrats de fourniture desdits équipements ont eu lieu entre les coopératives bénéficiaires et l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA).

L

e Projet de Productivité et de Développement des Marchés Agricoles (PRODEMA-FA) est un projet de développement initié et exécuté depuis le 7 avril 2017 par le Gouvernement de la République du Burundi en partenariat avec l’Association Internationale pour le Développement (AID/IDA). Il était chargé d'appuyer la stratégie et les activités du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) ainsi que tout récemment, le Plan National de Développement du Burundi 2018-2027 (PND Burundi) en vue de contribuer à la croissance économique et à la création d’emplois en milieu rural. Le PRODEMA-FA consolide et intensifie ainsi les activités réalisées dans le cadre du projet PRODEMA initial. Il a aidé les petits agriculteurs à conserver leurs actifs par le maintien et l’expansion des investissements réalisés dans le cadre du PRODEMA initial. Le PRODEMA visait l’amélioration de la sécurité alimentaire, par l’augmentation de la production et l’amélioration de l’accès au marché des produits agricoles et d’élevage importants pour la consommation domestique.

Le PRODEMA vise la productivité des petits producteurs et l’accès au marché pour les chaînes de valeur ciblée Les indicateurs clés pour la mesure de l’atteinte de cet objectif sont le rendement moyen des chaînes de valeur ciblées (tonnes/ ha ou litres/lactation/vache) et le pourcentage du volume de production mis au marché par les bénéficiaires du projet. Pour atteindre cet objectif, le PRODEMA devrait appuyer le transfert des technologies améliorées dans les chaînes de valeur ciblées et la réhabilitation des infrastructures d’irrigation pour augmenter la productivité. Il devrait également renforcer les capacités des producteurs et de leurs partenaires pour les connecter au marché, à travers l’amélioration des infrastructures post- récolte, la diffusion des informations sur les marchés et la réhabilitation des pistes d’accès. Les chaînes de valeur sélectionnées sont celles pour lesquelles des marchés existent et ayant un potentiel de gain de productivité important à travers l’adoption

Jean Paul Gasiga, à la fois chef de zone Nyagasasa et président de la coopérative « Twijukire uburimyi bwa kijambere » : « PRODEMA n’a ménagé aucun effort pour nous soutenir.

de nouvelles technologies. Le PRODEMA a été financé par un don d’investissement d’un montant de 43 millions USD octroyé par l’IDA équivalent à vingt-huit millions cent mille de Droits de Tirage Spéciaux (28 100 000 DTS) et des contributions supplémentaires de la part des bénéficiaires d’environ 2,14 millions USD. Le Projet a été initialement mis en œuvre pour une période de cinq ans, la date de clôture des activités était prévue au 30 avril 2016. PRODEMA-FA était aussi un projet du Gouvernement d’une durée de 3 ans financé par la Banque Mondiale (BM) pour un montant de 25 millions USD. Le projet est articulé autour de 3 composantes : la composante A concerne l’appui à la productivité agricole et à l’accès aux marchés, la composante B consiste au développement de l’irrigation et à la réhabilitation des pistes de desserte tandis que la composante C est en rapport avec la gestion et la coordination des activités du projet.

Les bénéficiaires et l’administration admirent les interventions du PRODEMA Les bénéficiaires et les responsables administratifs apprécient positivement les interventions du PRODEMA. En effet pour ce qui est de la mise en œuvre des sous - projets sur les deux phases du PRODEMA (phase initiale et phase additionnelle), 2762 sous-

projets et autres ont été réalisés. Aussi, les sous- projets productifs réalisés dans la phase initiale ont été au nombre de 2179 et ceux réalisés dans la phase additionnelle au nombre de 174, soit un total de 2353. Les sous- projets post- récolte réalisés dans la phase initiale sont évalués à 25 tandis que pour la phase additionnelle, ils sont évalués à 47, soit un total de 72. D’autres réalisations sont estimées à 260 pour la phase initiale et 77 pour la phase additionnelle, soit un total de 337. Pour la filière riz, 6 marais totalisant une superficie irrigable de 936 ha ont été aménagés au cours de la phase additionnelle et des pistes d’accès à ces marais totalisant une longueur de 86, 65 km ont été réhabilitées. Ces aménagements s’ajoutent à ceux de la phase initiale totalisant 1203 ha de superficie irrigable et 43 km de pistes de desserte. De plus, pour mettre en valeur ces marais, 51 Organisations Communautaires de Base(OCBs) rizicoles ont été appuyées en intrants agricoles dans les huit (8) marais. De même, huit (8) hangars de conservation du riz et des équipements de transformation ont été construits. Au niveau de la filière lait, en plus des vaches introduites pendant la phase initiale (7 521 femelles et 609 mâles), près de 600 vaches sont en cours d’importation de l’Ouganda. Ce retard a été dû à la mesure de suspension des importations par

la Banque Mondiale depuis avril 2018 jusqu’en août 2019 suite à l’apparition de l’épizootie caprine. Cinq(5) centres de collecte de lait ont été construits et équipés, 3 points d’achat et deux(2) points de vente de lait ont été construits et équipés. Les bénéficiaires sont en cours de formation pour le marketing, la commercialisation et la contractualisation. La mini laiterie de Matana sera équipée pour la pasteurisation du lait. Concernant la filière Fruits et Légumes, trente-six (36) Organisations des Producteurs (OPs) ont été appuyées en intrants agricoles, trois(3) unités de transformation et de production de jus de maracuja, de jus d’ananas et de jus de tamarillo ont été construites et équipées respectivement à Bugarama (Muramvya), à Cankuzo et à Nyagasasa (Mugamba-Bururi), 5 centres de collecte et des séchoirs de fruits et des légumes ont été construits et équipés. Quant à la filière banane, treize (13) pépinières de production vitro plants de bananier ont été construites et les équipements sont en cours d’installation. Deux (2) unités de transformation de banane ont été construites à Bubanza et à Muyinga. Les équipements sont en cours d’importation par l’IITA. Pour la filière manioc, le PRODEMA a fait un encadrement de proximité aux différentes coopératives bénéficiaires dans la production en leur accordant des intrants sous formes de sous- projets, la construction et l’équipement des Unités de transformation standard et spécialisée du manioc, la construction des centres de collecte du manioc. La farine de manioc, une fois produite, sera désormais compétitive sur le marché de la sous-région. En plus des multiples interventions, le PRODEMA a également apporté un appui important à la communauté Batwa, l’une des trois (3) composantes ethniques du Burundi, pour laquelle 297 maisons améliorées couvertes de tôles ont été construites.

L’arrivée tardive des équipements, une préoccupation des coopératives bénéficiaires depuis juin 2019 Après une descente effectuée du 10 juin au 15 juin 2019 pour voir l’état d’avancement de l’exécution du projet en sa phase

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additionnelle, Dismas Nsengiyumva, chargé du suivi-évaluation et de la communication au PRODEMA a fait remarquer que les infrastructures étaient en train d’être finalisées. Chose due, chose faite actuellement, la construction des infrastructures est déjà terminée. Ainsi, le taux d’exécution était évalué de 80 à 90 % que ce soit pour la filière riz, les constructions avaient également démarré pour la multiplication de la banane. « Ce qui reste préoccupant c’est l’arrivée tardive des équipements de transformation attendus depuis fin juillet 2019 », explique M.Nsengiyumva Cependant, certains équipements sont déjà arrivés et d’autres sont en cours de route. Les bénéficiaires des filières manioc et banane sont surtout eux qui éprouvent d’énormes difficultés dans l’obtention de ces équipements. Et pour cause, l’IITA qui a signé des contrats de fourniture de ces équipements de transformation aux coopératives n’a pas encore honoré son engagement et les délais sont largement dépassés. Au sujet de cette préoccupation, M. Nsengiyumva indique qu’un rapport sera prochainement transmis au Ministère ayant l’agriculture dans ses attributions pour que ce dernier prenne la question en main.

Promesse tenue à la filière fruit (prunes du japon et ananas) et lait Les filières lait et fruit illustrent bien les réussites du PRODEMA puisque même les équipements sont déjà arrivés, il ne reste que leur exploitation. Jean Paul Gasiga président de la coopérative « Twijukire uburimyi bwa kijambere » en même temps Chef de zone Nyagasasa n’y va pas par quatre chemins, il témoigne que le PRODEMA a été de leur côté depuis l’idée d’initier le projet jusqu’à nos jours où leurs plantations tendent à donner les fruits. La coopérative « Twijukire uburimyi bwa kijambere » a son siège sur la colline Nyakigano, zone Nyagasasa, commune Mugamba, province Bururi. Elle s’occupe de la production, de la transformation et de la commercialisation des prunes du Japon, elle compte 116 membres dont 58 hommes et 58 femmes.


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« Grâce au PRODEMA, nous avons bénéficié des formations, des intrants agricoles, des plants de pruniers du Japon, des pesticides, des infrastructures… .Bien plus, nous venons d’acquérir très récemment des équipements pour transformer nos produits », précise M.Gasiga et dans l’optique de pérenniser le projet, la coopérative a sur son compte un montant de 5 millions de FBu. Il a précisé qu’ils comptent commencer à produire le jus très bientôt. Celui-ci sera commercialisé dans le pays et dans la sousrégion,cequi contribuera au développement du pays via le paiement d’impôts et taxes». Gaspard Bangerezako, viceprésident de l’association « Garukira isi ndimwa », une des cinq associations de la coopérative « Twijukire uburimyi bwa kijambere » affirme que la culture des prunes du Japon est très rentable. « Par exemple, la coopérative dispose de 12 000 plants de pruniers du Japon emblavés sur 6 ha. Un plant peut fournir 4 kg de prunes par récolte. Il produit deux fois le mois, les prunes sont récoltées tous les six mois sans alternance, c’est-à-dire que la récolte est faite 12 fois sur une période de six mois. En définitive, la récolte équivaut à 576 000 kg (576 tonnes) de prunes pour les 12 000 plants et pendant six mois. Or, 1 kg de prunes du Japon s’achète à 2 000 FBu. Ce qui fait que l’on pourra encaisser sur une période de 6 mois une somme de 1 152 000 000 FBu », indique M.Bangerezako. Il rappelle que les pruniers du Japon sont remplacés par de jeunes plants après trois ans.

La filière ananas affiche de bons résultats « Les équipements pour transformer les ananas sont déjà là et c’est grâce au PRODEMA que nous avons franchi pas mal d’étapes jusqu’à arriver à l’étape de la transformation du jus d’ananas », fait remarquer Josélyne Nsavyimana, trésorière de la coopérative « Duhingure umwimbu ». Une coopérative basée sur la colline Cankuzo, zone Cankuzo, Commune et province Cankuzo . La cooopérative est constituée de cinq associations et composée de 126 membres dont 57 femmes et 69 hommes. La trésorière explique que la majorité des membres de la coopérative est au chômage c’est pourqoui la transformation des ananas en jus permettra de créer des emplois non seulement pour les membres de la coopérative, mais aussi pour la communauté toute entière. Précisons que l’L’équipement

la machine qui est dans le contrat n’est pas celle fournie, raison pour laquelle la coopérative ne l’a pas réceptionnée. La machine a trois systèmes pour fonctionner, soit en utilisant la plaque solaire, soit en utilisant les rayons solaires soit en utilisant le charbon mais tout ces systèmes ne fonctionnent pas, poursuit M.Nsengiyumva. « Pire encore, l’IITA devrait nous fournir une chambre froide mais il ne nous a octroyé que les accessoires », s’exclame-t-il.

Les filières manioc et banane, toujours en attente des équipements

Nestor Nsengiyumva, vice-président de la coopérative « Murima w’isangi » : « La machine qui est dans le contrat n’est pas celle fournie.

offert à la coopérative aura une capacité de produire environ 300 litres de jus d’ananas par jour, d’après toujours, Mme Nsavyimana

Les maracujas ne sont pas oubliés La coopérative « Turwanire ubuzima » de la colline Mpehe, zone Bugarama, commune Bugarama, province Muramvya illustre bien l’intervention du PRODEMA dans la filière. « Turwanire ubuzima » est composée de 225 membres dont 81 femmes et 144 hommes. Pour Sébastien Ndagijimana, président de la coopérative « Turwanire ubuzima », rien à reprocher ce que PRODEMA a fait pour la coopérative. « Pour le moment, nous avons bénéficié des équipements pour la transformation du jus de maracuja. Seulement, les équipements restent non fonctionnels suite au problème lié au manque de courant électrique et de l’eau », annonce-t-il. Une fois que le problème sera résolu et que les équipements seront fonctionnels, M.Ndagijimana certifie que la coopérative projette de transformer 500 kg de pommes de maracujas en jus par jour.

Les bénéficiaires des filières manioc, banane veulent être régularisés par l’IITA Les bénéficiaires du projet PRODEMA qui n’ont pas encore eu les équipements et ceux qui en ont eu doutent de leur bon fonctionnement et demandent que le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage intercède pour eux. Cela via la Banque Mondiale qui a financé le projet et qui a débloqué de l’argent pour l’achat de ces équipements.

Filière légume : équipement qui sème confusion Le contrat de fourniture d’équipements lie la coopérative « Murima w’isangi » de la colline Gahaga, zone Bukeye, commune Bukeye, province Muramvya et l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA). La coopérative comprend 446 membres dont 323 femmes et 123 hommes. Nestor Nsengiyumva, viceprésident de la coopérative « Murima w’isangi » regrette que

C’est le cas de la coopérative « Igitoke kazoza kacu » de la colline Mukoni, zone Muyinga, commune Muyinga, province Muyinga. La coopérative compte 249 membres dont 106 femmes et 143 hommes. Elle dispose déjà de plus de 13 millions de FBu pour pérenniser le projet. Malgré que la volonté et les moyens pour pérenniser le projet existent, Hassan Cimpaye, secrétaire de la coopérative s’inquiète que l’IITA n’a pas encore fourni la machine pour transformer les régimes de bananes en krafts. « Les représentants de la coopérative ont peur au cas où l’équipement ne serait pas disponible. Les membres de la coopérative vont nous traiter d’escroc et croire que nous aurons volatilisé l’équipement », fait-il savoir. Toutefois, M. Cimpaye applaudit ce qu’a fait le PRODEMA pour la coopérative. « Il nous a donné des formations, des infrastructures… », renchérit-il. Et d’éclaircir que la transformation des régimes de banane en kraft profiterait aux cultivateurs de la banane. Ceuxci vendaient leur production en Tanzanie à un prix dérisoire. La situation est presque la même pour le Groupement PréCoopérative Appui au Développement de l’Agriculture et de l’Elevage (ADAE) de la Colline

Un projet debout à la filière lait Les équipements pour la filière lait sont installés comme l’atteste les bénéficiaires, membres de la coopérative « Amata y’akanovera » de la colline Mukoni, commune et province Muyinga. Ils sont au nombre de 730 dont 319 femmes et 411 hommes. L'équipement de transformation et de conservation du lait aura une capacité de 1 000 litres par jour, un groupe électrogène, une plaque solaire… M. Gahungu de demander un moyen de transport frigorifique pour transporter le lait ainsi que la clôture du siège de leur coopérative.

Venant Gahungu, président de la coopérative « Amata y’akanovera » : « La coopérative a obtenu un équipement de transformation et de conservation du lait d’une capacité de 1 000 litres par jour, un groupe électrogène, une plaque solaire…

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Nyankerera, Commune et Province Cankuzo. Celle-ci compte 52 membres dont 25 femmes et 27 hommes. Avec l’appui du PRODEMA, elle comptait multiplier les plants de banane. « La tâche du PRODEMA est déjà terminée. Le projet nous a aidé dans la confection des pépinières et la construction des infrastructures. Maintenant nous attendons les équipements pour la multiplication des plants de bananes. Ceux-ci devraient être fournis par l’IITA au mois de septembre 2019. Le groupement Pré-Coopérative de Buhumuza (GROUPCO), situé sur la colline Muyaga, Commune Cankuzo de la Province Cankuzo vit le même cauchemar que les coopératives ci-haut citées. Ce groupement est formé de 172 membres dont 79 femmes. Il dispose d’une unité standard de transformation du manioc comme le souligne Denis Mosozi, trésorier du GROUPCO Buhumuza. « Le groupement attend impatiemment la machine de transformation du manioc. Le contrat de fourniture a été signé entre le groupement et l’IITA. Nous attendons cette machine depuis le mois de juillet 2019. Le groupement dispose d’environ 12 hectares de manioc prêts à être récoltés à partir de la même date. Maintenant, le manioc est en train de se détériorer (décomposer) dans le sous-sol », s’exclame M.Mosozi.

IITA tranquillise Dr Emmanuel Njukwe, représentant d’IITA au Burundi reconnaît que « Les équipements pour la transformation du manioc spécialisé sont déjà à Dar-esSalaam depuis le 27 novembre 2019. Cependant, les équipements pour la transformation du manioc standard et de la banane sont encore au Nigéria et les contrats signés avec Ethiopian Airlines pour amener ces équipements indiquent que ces derniers doivent arrivés à Bujumbura avant le 31 janvier 2020 », déclare-t-il. Et de marteler : « D’ici mi-février, je pense qu’on aura terminé avec l’installation des équipements et puis l’IITA va par après former les bénéficiaires sur l’utilisation de ces équipements ». Le PRODEMA intervenait dans onze provinces, à savoir : Makamba, Bururi, Rutana, Mwaro, Muramvya, Bubanza, Ngozi, Muyinga, Kirundo, Cankuzo et Rumonge. Dix ans au service du développement des petits producteurs regroupés au sein des associations de producteurs en collaboration avec les Opérateurs de proximité (ODP : Caritas Burundi, Coped, UCODE, Twitezimbere et INADES Formation Burundi), UNIPROBA et les Agences internationales IITA et IRRI.


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ENVIRONNEMENT

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Avec Valentin Kavakure Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Valentin Kavakure. Avez-vous une devise ? Avec la volonté, tout est possible.

© Droits réservés

V

otre qualité principale ? La confiance en ma personne. Beaucoup peuvent penser que je suis prétentieux. Mais quand j’entreprends une chose, je ne doute jamais de mes capacités.

Votre souvenir du 1er juin 1993 ? D’un côté, un visage défaitiste que mon père dissimulait à peine (il était Uproniste, ndlr). D’un autre, l’espoir d’un Burundi meilleur que l’avènement d’un président démocratiquement élu faisait miroiter.

Votre défaut principal ? Je ne sais si c’est de la naïveté ou pas. Mais, j’ai une fâcheuse tendance à faire trop de confiance à autrui.

Votre définition de l’indépendance ? Le fait qu’un peuple puisse vivre en jouissant pleinement de ses droits, avoir la liberté d’élire ses dirigeants et définir ses lois. Bref, jouir de sa souveraineté sans contrainte aucune.

La qualité que vous préférez chez les autres ? L’honnêteté. Les gens hypocrites, je les déteste par-dessus tout. Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? L’hypocrisie.

Votre définition de la démocratie ? Le fait de cohabiter pacifiquement, s’exprimer librement dans nos différences d’opinions, d’ethnies, de race, etc. Tout cela dans le strict respect de la loi.

La femme que vous admirez le plus ? Ma mère. Celle que mes enfants appellent affectueusement « super mamy ». C’est une femme unique de par sa générosité et son amour. L’homme que vous admirez le plus ? Mon père, Julien Kavakure. L’abnégation, l’amour du travail, etc. J’ai tout appris de lui. Enfant, avec mes frères, nous pensions qu’il était trop dur envers nous. Mais, au fil des années, nous avons compris qu’il voulait que nous soyons de vrais hommes, utiles pour la nation. Votre plus beau souvenir ? J’en ai deux. Le 4 août 2012, le jour de mon mariage et la naissance de mes enfants. Votre plus triste souvenir ? 25 octobre 2018. La mort de ma femme .Une date qui a secoué ma vie. Elle donnait naissance à notre 3ème enfant. Lorsqu’elle est entrée au bloc opératoire, elle était en parfaite santé. Pour tout dire, je pensais que tout allait se passer à merveille. Malheureusement, elle n’en est pas sortie. Par après, on m’a dit que suite à trop d’anesthésie, elle ne s’est plus réveillée.

Quel serait votre plus grand La plus terrible ? malheur ? Vu les massacres qui s’en sont suiMourir sans avoir œuvré pour vis, la mort du président Ndadaye, le la postérité. M’éteindre pour de 21 octobre 1993. bon sans avoir Le métier que vous impacté posi« Et si je meurs auriez aimé faire ? tivement sur demain, quel la vie de mes Je pense que je l’exerce proches et héritage laisserai- déjà. Partager avec les celle du pays. je à mes enfants, à autres mon savoirfaire, les astuces à user la postérité ? » Le plus pour l’amélioration de haut fait de la qualité des services, l’histoire burundaise ? l’organisation de l’événementiel, etc. Le 28 août 2000, la signature de l’Accord d’Arusha. PersonnelleVotre passe-temps préféré ? ment, une date à marquer d’une Jouer au basketball pierre blanche. Outre qu’elle ait permis au pays de recouvrer Votre lieu préféré l’accalmie, les ennemis d’hier au Burundi ? ont compris qu’ils pouvaient Une petite réserve située à cohabiter, vivre en parfaite har- Makamba, lorsqu’on roule vers monie, malgré leurs différences Kigoma. L’endroit est unique par sa d’ethnies, d’opinions, etc. verdure. La plus belle date de l’histoire burundaise ? L’indépendance du Burundi, le 1er juillet 1962.

Le pays où vous aimeriez vivre ? Le Burundi. Mais, faut-il qu’il soit apaisé et prospère

Le voyage que vous aimeriez faire ? Bethlehem, la ville qui a vu la naissance du Jésus Christ. Votre rêve de bonheur ? Un Burundi apaisé et prospère. Votre plat préféré ? Des Ndagalas frais frits avec n’importe quelle pâte .Mais, généralement, j’adore tout ce qui est traditionnel. Votre chanson préférée ? Notre hymne national, Burundi Bwacu. Ses paroles sont exaltantes. Quelle radio écoutez-vous ? Je n’aime pas trop la radio. Mais dès que le temps me le permet, je fais le tour des réseaux sociaux. Histoire de m’enquérir de ce qui se passe ici et là.

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Votre définition de la justice ? Un traitement équitable de tout un chacun devant la loi. Hélas, dans notre cher Burundi, c’est "0une denrée" en perpétuelle quête. L’actuelle Constitution vous satisfait-elle ? Loin de là. Elle donne trop de pouvoir à l’exécutif. Il suffit de voir comment sera faite l’organisation des communes. Dans cette nouvelle configuration, le conseil communal n’aura aucune latitude alors qu’il est censé réguler l'action de l'administrateur communal. Un état de fait qui risque d’empiéter sur le bon fonctionnement de la commune, si une fois, il dicte la loi selon sa guise. Pressenti comme candidat indépendant, pourquoi avoir choisi le parti FPN Imboneza ? Quand j’ai rencontré les responsables de ce parti, j’ai vite compris que nous pouvions former une équipe solide. Nous avions tant de convergences de vues sur nombre de sujets que j’ai dû


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changer l’idée de faire cavalier seul. Candidat à la prochaine élection présidentielle, si vous êtes élu à la magistrature suprême, quelles seraient vos urgentes mesures ? La finalité, c’est un Burundi apaisé et prospère. C’est écœurant d’encore entendre qu’il y a des gens qui fuient à cause de la faim, en plus de craindre pour leur sécurité. Et cela passe par quatre chemins : -assainir le climat social : instaurer un système judicaire plus équitable et efficace, mettre en place des services de sécurité et de protection civile moins agressifs, etc. - assainir le climat politique : mettre fin aux listes électorales bloquées, mettre fin à l’ingérence des pouvoirs publics dans la gestion des partis politiques, restituer tous les biens privés confisqués par l’Etat, libérer les prisonniers politiques, etc - relancer l’économie nationale : en finir avec les budgets de consommation pour instaurer des budgets d’investissement,

ne sais pas si c’est à causes des circonstances malencontreuses de la vie, mais la valeur se fait rare. Pensez-vous à la mort ? Si je peux me permettre, une donne qui m’a motivé à entrer dans l’arène politique. Lorsque ma femme est morte, je me suis demandé : « Et si je meurs demain, quel héritage laisseraije à mes enfants, à la postérité ? ». Et partant, j’ai su qu’il fallait d’une certaine manière que j’apporte ma pierre à l’édifice d’un Burundi nouveau.

diminuer le nombre des ministères (de 24 à 21), etc. - faciliter les innovations telles que le lancement d’une politique de crédits bancaires pour de jeunes entrepreneurs, faire du Burundi une Duty Free, un

centre commercial régional par excellence. Croyez-vous à la bonté humaine ? Absolument. Cependant, je dois avouer que de nos jours, je

Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direzvous ? J’imagine que quand vient ce moment, il n’y a pas de négociations. C’est pourquoi, je conseille à tout chrétien de s’atteler à faire le bien de son vivant, de la sorte, éviter des désagréments lors de sa comparution.

Bio express

C

adre à l’Office National de Tourisme, Valentin Kavakure est né le 9 juin 1979. Récemment désigné par le Front Populaire National (FPNImboneza) pour le représenter aux présidentielles de 2020, M .Kavakure est aussi connu pour être fondateur de l’association Better BurundiBurundi Bwiza. Une ONG locale qui œuvre dans la prise en charge maternelle. Il est aussi responsable d’Akeza Creations, une société spécialisée dans l’événementiel. Licencié en Gestion et administration à l’Université Lumière de Bujumbura, Valentin est aussi titulaire d'un Master 2 du programme en ligne de l’AUF à l’Université Mohammed 1er (Rabat) avec spécialisation : patrimoine et tourisme. Veuf, il est père de trois enfants (deux garcons et une fille).

Propos recueillis par Hervé Mugisha

ANNONCE

AVIS D’APPEL D’OFFRES NATIONAL POUR TRANSFERT MONETAIRE VIA MOBILE MONEY ET PAR LA MODALITE DE L’ARGENT EN ENVELOPPE INTERNATIONAL RESCUE COMMITTEE Contexte et bref historique d’IRC au Burundi: Basée à Bujumbura avec des antennes provinciales à Muyinga, Ruyigi, et Gitega, l'IRC est l’une des plus grandes ONG au Burundi. Il a pour objectif de fournir de l'aide d'urgence, des services de développement et de réintégration après les conflits, de travailler pour la protection des droits de la personne humaine et de défendre les personnes déracinées. L’IRC a ouvert son bureau au Burundi en 1996, répondant aux besoins urgents des personnes déplacées, en mettant l’accent sur l’assainissement de l’eau, les programmes de santé environnementale et la protection des enfants vulnérables. Aujourd’hui, l’IRC Burundi

dispose d’un programme post-conflit dynamique comprenant la prévention et la réponse à la Violence Basée sur le Genre, la Protection des enfants, l’Accès aux droits et la bonne gouvernance, le Relèvement Economique, l'Eau, Hygiène et Assainissement. L’International Rescue Committee, Burundi lance un avis d’Appel d’offres pour la sélection des fournisseurs contractuels pour transfert monétaire via mobile money et par modalité de l’argent en enveloppe pour une période de 24 mois à partir de la date de signature du contrat :

Transfer monétaire via mobile money

Opérateur de téléphonie mobile

Transfert monétaire par la modalité de l’argent en enveloppe

Banque, Institutions de micro finance (coopératives d’épargne et de crédit), commerçants,

Les fournisseurs intéressés remplissant les conditions juridiques, techniques et financières requises sont invités à concourir. NB : Les fournisseurs pour les services susmentionnés doivent être à mesure de fournir ces services dans tous les sites actuels d’intervention de l’IRC (Bujumbura, Gitega, Muyinga et Ruyigi), ainsi que dans des potentiels nouveaux sites dans lesquels IRC pourrait avoir des projets durant la période du contrat. Un fournisseur peut postuler pour les deux modalités et s’il reconnait ne pas avoir la capacité et/ou les compétences techniques nécessaires pour les deux modalités de transfert monétaire demandées, il peut postuler pour un des modalités de son choix dans

lequel il reconnait avoir les capacités et compétences requises. Les dossiers comprenant les spécifications techniques détaillées peuvent être retirés au Bureau de l’IRC Bujumbura sis au Boulevard de la Nation Avenue Bunogera N° 7 Route de l’aéroport de Mercredi 29 Janvier au Lundi 17 Février 2020 pendant les jours ouvrables, de 7h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h00. Vendredi c’est de 8h30 à 12h00. Les offres rédigées en langue française ou anglaises seront adressées au Directeur Pays de l’IRC Burundi au siège de l’IRC à Bujumbura et devront être déposées au siège de l’IRC à Bujumbura à l’adresse indiquée ci-dessus au plus tard le Lundi 17 Février 2020 à 16 heures.

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Pour plus d’informations, veuillez appeler aux numéros 79 992 318 ou 75 992 318 N.B: Les règles de l’IRC ainsi que de tous ses donateurs interdisent à toute personne interne ou externe d’offrir des cadeaux, pourboires ou paiements de facilitation. C’est ainsi que « Acheter » ces bonnes relations avec des petits cadeaux ne marche pas sur le court ni sur le long terme. En plus, le conflit d’intérêt et l’escroquerie ne sont pas acceptables ni tolérables et sont punis par la loi. SI VOUS ETES TEMOIN D’UNE IRREGULARITE, SIGNALEZ-LA AU : Integrity@rescue.org


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Des exhumations polémiques Après Kamenge et pour une durée d’au moins trois semaines, la CVR exhume, depuis ce lundi 27 janvier, des restes humains au site de la Ruvubu, commune Shombo, province Karusi. Des activités néanmoins différemment appréciées. Par Jean-Noël Manirakiza & Rénovat Ndabashinze

E

ntre la province Gitega et Karusi le grand pont enjambe la rivière Ruvubu. Tout autour de cette rivière, des champs verdoyants de manioc, de maïs déjà mûrs, des espaces rizicoles inondés par les eaux. Lundi, vers 9 heures. Il fait froid. Une fine pluie arrose la région. Une matinée pas comme les autres. Tout le staff de la CVR est sur place. A quelques mètres du pont, vers Karusi, une pancarte toute neuve. « Chantier CVR-Ruvubu : accès interdit, hari ibikorwa vya CVR (Il y a les travaux de la CVR) », lit-on. Un petit sentier y est aménagé. Sur une autre banderole, il est écrit en majuscules : « La CVR à la recherche de la vérité. Les fosses communes de 1972 » Sur place, trois gouverneurs (Gitega, Karusi, Mwaro), un représentant du gouverneur de Kayanza, des députés élus à Gitega et Karusi, le ministre de la Recherche scientifique, le président de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (Cnidh), des autorités policières et militaires,… Des centaines d'habitants des collines environnantes ont fait également le déplacement.

lins et des écrits consultés, ce site de la Ruvubu compte plus de 14 fosses communes renseignées. « Nous confirmons sept charniers vérifiés. Nous avons déjà vu les ossements humains. » Selon lui, cette tragédie s’est abattue sur le Burundi dès avril 1972 et les mois qui ont suivi. Elle a emporté des compatriotes et des étrangers. Parmi les victimes, il y a des enseignants, des élèves de l’école primaire et du secondaire, des militaires, des religieux, des commerçants, etc. « Il faut prier Dieu pour que la tragédie ne se répète plus. Ici, il n’y a pas seulement 1000, 2000, 3000 ou 4000personnes. Les livres consultés, les témoignages, les mémoires des étudiants en histoire de l’Université du Burundi nous renseignent sur un minimum de

Des restes humains dans une des fosses communes du site de la Ruvubu.

Commission vérité réconciliation (CVR). D’après les premières

investigations, les témoins oculaires, des survivants, des orphe-

Un endroit de triste mémoire « C’est un lieu de la tragédie, c’est un lieu de la mémoire blessée, un lieu d’un silence qui fait peur », va déclarer Pierre-Claver Ndayicariye, président de la

Pierre-Claver Ndayicariye : « La vérité que la loi nous demande de chercher est une vérité libératrice. »

Des souvenirs traumatisants Les survivants, leurs descendants, des témoins oculaires… se rappellent de ces événements comme si c’était hier. Leurs témoignages sont effrayants.

C

’était un dimanche comme les autres quand nous nous préparions pour aller à la messe. Un camion rempli des militaires est venu chercher notre conseiller collinaire. Personne ne doutait que les massacres ont commencé. Ils l’ont amené à Gitega. Et c’était la dernière fois que sa famille l’a vu », se souvient Roger Ntimpirangeza, 69 ans, colline Rusange, commune Shombo province Karusi. La mort de cet administratif

Des habitants de la localité venus assister à l’opération d’exhumation.

a été suivie par des arrestations, assassinats de plusieurs personnes et surtout de ses proches et ses voisins.

Selon ce rescapé, les membres du mouvement Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore (JRR) étaient chargés de traquer les

personnes à exécuter. « Ils avaient des papiers sur lesquels sont écrits les noms des personnes à capturer. C’était une chasse à l’homme.»

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7000 âmes jetées-là. » Il précise que dans ces fosses communes, il y a des Burundais de toutes les catégories, de toutes les ethnies. Et certaines victimes y ont même été jetées vivantes. Ces charniers étaient creusés par des engins mécaniques pendant la nuit. Des camions de type bennes faisaient des navettes amenant des morts ou des personnes encore vivantes, des détenus sortis de la prison centrale de Gitega, etc.

A la recherche d’une vérité libératrice D’après M.Ndayicariye, l’exhumation est une première phase. « La loi nous demande d’exhumer ces restes humains, de les traiter avec respect, de les conserver provisoirement. » Après les enquêtes pour éclairer l’opinion, ces restes seront enterrés en toute dignité. Il est convaincu que ce travail va sûrement libérer les esprits: « Gardons le courage. Car, la vérité que la loi nous demande de chercher est une vérité libératrice. Elle libère les victimes et les présumés auteurs. » Les victimes et les présumés bourreaux souffrent. Pour arriver à cette ‘’libération’’, M.Ndayicariye souhaite que le pardon soit mis en avant. Et ce, pour que les générations présentes et futures ne soient pas en otage des erreurs du passé. « Elles ne sont pas responsables».

Ces tortionnaires travaillaient jour et nuit. « Quand ils arrivent chez la personne désignée, ils lui ordonnaient de les suivre jusqu’au chef-lieu de la commune Nyabikere. C’est à partir de là que les militaires et les gendarmes les embarquaient vers la prison de Gitega », raconte-t-il, d’une voix tremblotante. En 1972, Maxime Barampama était prisonnier à Gitega. « J’ai participé plusieurs fois dans le transport et l’’enterrement’’ des morts. Les militaires nous réveillaient pour les aider à charger et décharger les cadavres dans les camions », avoue-t-il. Avant de continuer son récit écœurant: « Quand nous arrivions ici, un tracteur nous attendait pour couvrir de terre les cadavres jetés dans ces fosses. Ceux qui étaient encore agonisants étaient achevés par balles. » Ce témoin oculaire affirme avoir


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SOCIÉTÉ

vu certaines personnes enterrées vivantes. « Je les ai vues de mes propres yeux supplier les bourreaux, en vain.»

Remuer le couteau dans les plaies des survivants ? Les habitants affirment que ces fosses communes sont restées dans la mémoire collective. Certains n’osent même pas y mettre les pieds. « Il doit y avoir des mauvais esprits », lâche Sylvane

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Ntakimazi, une mère qui observait de loin. « On nous raconte que pendant la nuit, on y voyait des lumières et on entendait des personnes crier au secours. Nous considérons ce lieu comme un cimetière. » Libérâte, la soixantaine de la même localité, ne doute pas que les restes de ses trois proches tués en 1972 se trouvent là. « C’est un lieu de triste mémoire où reposent nos bien-aimés.»

Ses joues inondées de larmes, cette mère n’est pas d’accord avec ces exhumations. « Si c’était moi qui prends les décisions, je n’autoriserais pas qu’on ouvre ces fosses communes. Le plus important serait d’y ériger un monument sans toutefois remuer le couteau dans nos plaies.» Idem pour Thérèse, une autre maman qui regardait de loin un membre de la CVR montrant un crâne, des ossements … aux

journalistes. « C’est horrible. C’est comme planter un couteau dans nos cœurs. C’est traumatisant. Tout le monde pense que c’est son mari, son frère ou son père.» De passage vers Gitega, Marc abonde dans le même sens et craint que ces activités ravivent la haine ethnique. « Quand vont-ils nous montrer là où ont été jetés les nôtres assassinés en 1993. Certains peuvent se cacher derrière ces charniers

pour dire que les massacres de 1993 rentrent dans le cadre de légitime défense.» Pour lui, le temps n’est pas opportun pour procéder à ces exhumations. « Il faut d’abord préparer les esprits et éviter de se focaliser sur une ou telle autre crise. Certains Burundais risquent de se sentir non impliqués», conseille-t-il avant de redémarrer sa moto.

Une manipulation de l’histoire ? Pour Tatien Sibomana, politicien, la CVR actuelle n’est plus la CVR que les Burundais s’étaient convenus à Arusha. A travers l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation, il était question de mettre en place un double mécanisme. Un mécanisme judiciaire qui par l’évolution des choses avait été appelé tribunal spécial pour le Burundi. Tandis que le mécanisme non judiciaire était appelé Commission nationale pour la vérité et la réconciliation. Il indique que les missions étaient bien claires et leur mandat bien précisé. Aujourd’hui, déplore-t-il, la loi portant création, fonctionnement, organisation de la CVR a complètement vidé de toute substance les doubles mécanismes convenus entre les Burundais. « Le nom a changé et le volet judiciaire a été omis sciemment. La CVR est déjà dénaturée de par l’essence même. » Il mentionne que le champ d’action avait été bien circonscrit c’est-à-dire que son travail devrait s’étendre sur la période allant du 1er juillet 1962 date de l’indépendance du Burundi jusqu’à la signature de l’Accord d’Arusha, le 20 août 2000. Mais avec la nouvelle loi, analyse-t-il, elle va travailler sur les crimes qui ont endeuillé le Burundi depuis 1885 jusqu’en 2008 date qualifiée de l’arrêt de la belligérance. Il était également prévu la fixation d’une journée nationale de toutes les victimes, érection d’un monument commun à toutes les victimes et une date commémorative pour

Tatien Sibomana : « Pourquoi on s’acharne à montrer que les crises burundaises ont toujours emporté les victimes d’une ethnie telle ? »

tout le monde. « Est-ce qu’aujourd’hui l’exhumation de ces gens rentre dans cet ordre ? Je ne crois pas. Est-ce que les crises qui ont endeuillé le Burundi ont emporté

des gens d’une seule ethnie ? Parce qu’à y regarder de près, on dirait qu’elle ne vise que l’exhumation des restes d’une ethnie avec le risque même de fausser l’identité des victimes. » Ce politicien trouve que le travail actuel de la CVR semble donner une orientation à la vérité comme si les crises n’avaient emporté que les Hutu. « Nous savons très bien que bien des Tutsi ont été emportés par des crises depuis 65 jusqu’aujourd’hui même. Est-ce que la Commission peut se dire qu’elle n’a jamais été informée des fosses communes où pourraient être logés les restes des Tutsis ? » M. Sibomana se demande aussi pourquoi ces exhumations à la veille des élections de 2020. « Pourquoi on s’acharne à montrer que les crises burundaises ont toujours emporté les victimes d’une ethnie telle ? N’est-ce pas une manipulation de l’histoire ? N’est-ce pas pour des fins de campagne électorale ? » Aloys Batungwanayo, commissaire à la CVR, rassure que la CVR ouvre toute fosse commune signalée. « Que toute personne ayant l›information sur une fosse commune l›amène et se rende compte qu›il n›y a pas de sélection. » Il ajoute d’ailleurs que ce travail d’exhumation a enregistré un retard. Pour lui, cela aurait dû être fait depuis 2001 selon l’Accord d’Arusha.

Interview exclusive

Abbé Venant Mpozako : « Notre pays a été blessé » Feu Abbé Michel Kayoya est un des religieux jetés dans ces fosses communes du site Ruvubu. Rencontré sur place, Abbé Venant Mpozako, membre la Commission du procès de la canonisation de ce prêtre, des 40 Martyrs de Buta et trois missionnaires de Buyengero dans la Paroisse de Bururi, s’exprime.

A

bbé Michel Kayoya est peut-être dans un de ces charniers. Quel est votre sentiment ? Cela me fait de la peine. C’est vraiment une tragédie. Je crois que notre pays a été blessé. Ce que je viens de vivre à travers les fosses communes, ça m’a fait penser à ma patrie, le Burundi. Vraiment, nous avons pêché contre le Bon Dieu, le Dieu de la vie. Trop de souffrance ? Oui. Trop de souffrance. Je vois une mémoire blessée. En même temps, je me dis que l’église a beaucoup à faire pour panser ces plaies, ramener les Burundais à la réconciliation. C’est tout un cheminement qu’il faudra entreprendre.

Avez-vous des souvenirs de 1972 au vu de ce qui se passe ici ?

Quel est le message à la CVR ? Je l’encourage fortement. Je pense que c’est une très belle initiative. Je lisais la tristesse sur les visages des gens. Mais en même temps voir les ossements des leurs, ça les réconforte. Le jour où ils vont les enterrer dignement, ça sera un soulagement, une joie. Et votre appel à la classe politique burundaise pour que ces tragédies ne se répètent pas ? Il faut que le message soit clair. Le message de la réconciliation, l’Evangile de l’amour fraternel. Que nous ne puissions plus retomber dans cette bêtise, cette animosité. Il faut ramener les Burundais à une véritable réconciliation. C’est plus qu’urgent.

A cette époque, j’avais 10 ans. Donc, à ce moment-là, je ne savais pas exactement ce qui se passait. Mais au fur et à mesure que je grandissais, j’ai su quelque chose. Mon oncle est mort dans cet évènement. Je demandais où est notre grand-père Munihiri ? Où est Paul ? Ils sont tous ici. Et quand je visitais ces fosses, j’ai eu tous ces souvenirs. Avez-vous eu des réponses ? Mes parents me disaient : non, il ne faut pas poser ces questions. Ils ont été emportés par la pluie, etc. Maintenant j’ai réfléchi. Il faut que les responsables politiques aident les Burundais à entrer résolument dans une voie de réconciliation.

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AU CŒUR DU PAYS

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Région Ouest

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Cibitoke/Buganda

Deux personnes enlevées Deux familles résidant en commune Buganda vivent la peur panique après que des hommes en uniforme de police enlèvent les leurs et les conduisent à un endroit qui n’a pas encore été identifié jusqu’à présent. La justice et l’administration disent avoir ouvert les enquêtes. De notre correspondant Jackson Bahati

A

la transversale 2 Gasenyi Rurale de la commune Buganda province Cibitoke à moins de 100 mètres de la RN 5 vivent deux familles où la peur et l’anxiété se lisent sur leurs visages. C’est après l’enlèvement de Seth Gabriel Butoyi âgé de 30 ans, un entrepreneur qui avait créé une école maternelle et fondamentale privée dénommée « Lumière de Développement »

Région Sud

Isaïe Ndayahundwa

Seth Gabriel Butoyi

et Isaïe Ndayahundwa âgé de plus de 70 ans père de 6 enfants, vivant de l’agriculture. Ces familles expliquent que le 18 janvier, elles ont vu des hommes en uniforme de police entrer dans leurs maisons vers 20 heures et ont arrêté Butoyi et Ndaya-

hundwa. Ils les ont embarqués dans un véhicule aux vitres teintées et conduits dans un endroit non encore connu. Au lendemain de cette journée, ces familles disent avoir parcouru dans tous les cachots des communes de la province pour voir où ces deux

personnes ont été emmenées, mais en vain.

L’administration tranquillise La famille de Butoyi ne voit pas comment elle va vivre car il en était le pilier et ses parents

atteints de diabète étaient pris en charge par leur fils. Du côté de l’école, les collègues ne voient pas non plus le sort de cette école en l’absence de Butoyi car c’est lui qui en était responsable. Ces familles disent avoir signalé ce cas à l’administration, au parquet de Cibitoke et au commissariat de police communale. Emmanuel Bigirimana, administrateur communal de Buganda ainsi que le procureur de la République dans la province de Cibitoke disent avoir été informés de ces arrestations mais affirment ne pas connaître le lieu où ils ont été emmenés et les délits qu’ils auraient commis. Ces autorités calment ces familles et les assurent avoir ouvert les enquêtes. Les voisins et les familles de ces disparus pensent qu’ils seraient victimes de conflits liés à la haine et à la jalousie. D’autres disent que ces enlèvements auraient des mobiles politiques derrière. Les défenseurs des droits humains à Cibitoke décrient ce comportement et demandent que ces deux familles soient accompagnées dans les enquêtes.

Rumonge

La Cossessona tente de convaincre Tournée dans les provinces du Sud de ce consortium des syndicats des enseignants. Objectif : expliquer ses missions et les avantages d’en devenir membres. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

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ictor Ndabaniwe président de la Coalition des syndicats pour la solidarité nationale et la défense des intérêts socioprofessionnels (Cossessona) a tenu une réunion dans la salle du lycée de Rumonge avec les intervenants dans ce secteur, ce mercredi 29 janvier. Accompagné par le directeur provincial de l’enseignement et le représentant du syndicat Conapes en province de Rumonge, M. Nbabaniwe a tout d’abord expliqué aux enseignants la politique salariale en vigueur aujourd’hui. D’après lui, les syndicats des enseignants se sont battus bec et ongle pour décrocher auprès du gouvernement l’ajustement salarial sur quatre ans et les a informés

qu’une ordonnance autorisant l’ajustement salarial sur six mois vient d’être signé. Il a par après expliqué le fonctionnement de la Fondation du personnel de l’enseignement (FLE) en sigle dont il assure la présidence. Il a indiqué que depuis ce mois de janvier les cotisations des enseignants à cette fondation vont doubler passant de six mille francs à douze mille francs dans le but d’augmenter le volume de crédit octroyé aux enseignants. Victor Ndabaniwe a regretté le fait qu’il y ait eu des malentendus autour de la contribution mensuelle demandée à chaque enseignant. Pour lui, c’est dû au manque d’information ou à l’intoxication. Il a indiqué que c’est au cours de la réunion de la famille syndicale tenue à Kayanza au mois de juillet 2019 que six syndicats des enseignants ont décidé librement que chaque enseignant doit donner cinq cents francs chaque mois pour répondre à l’esprit de solidarité qui a toujours caractérisé le peuple burundais.

Inquiétudes sur la transparence dans la gestion Ndabaniwe Victor a dit que la Cossessona va octroyer une

Victor Ndabaniwe: "L'adhésion à la Cossessona est libre et volontaire."

assistance aux enseignants grâce à cette cotisation notamment les tickets pour les soins médicaux à l’étranger, l’assistance pour les maladies que la Mutuelle ne couvre pas, les frais funéraires. Dans leurs interventions, certains enseignants ont exprimé des inquiétudes sur la transparence de la gestion de ces fonds. Ils ont demandé qu’il y ait un document écrit montrant comment l’unité de gestion de ces fonds va opérer pour assurer la transparence et la redevabilité. D’autres

ont déploré que les enseignants à la base n’aient pas été consulté préalablement afin qu’ils donnent leurs avis. Ils ont aussi suggéré que cette cotisation soit versée par les syndicats réunis au sein de ce forum et ne pas imposer d’autres contributions aux enseignants membres des autres syndicats. Après un débat houleux et vif, le président de la Cossessona a déclaré que l’adhésion à cette coalition est libre et volontaire, l’enseignant qui le désire com-

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plétera une fiche d’adhésion sans aucune pression. « Ceux qui ne sont pas convaincus pourront rejoindre la Cossessona tard, la porte reste ouverte. » Signalons que le président de la Cossessona est en tournée dans les provinces du sud du Burundi où le taux d’adhésion à cette coalition reste faible. Il poursuivra cette tournée dans les provinces de Makamba, Rutana, Bururi et Mwaro.


SPORT

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Athlétisme

En attendant Tokyo Discipline souvent pourvoyeuse de médailles, les athlètes burundais peinent aujourd’hui à se distinguer. A quelques mois des JO de Tokyo, Salvator Nizigama, entraîneur du club Les Ambassadeurs Burundais d’Athlétisme (ABA), donne quelques pistes pour revenir sur le devant de la scène internationale.

Q

uasi absents des podiums internationaux, les athlètes burundais peinent à se faire une place dans le gratin mondial. Quelles en sont les causes? Outre une préparation quelque peu tronquée, leur gestion et leur suivi laissent à désirer. Des lacunes qui se répercutent directement sur leurs résultats.

Deuxième sur 10.0000 m, lors des JO de la Jeunesse de Rio en 2014, le natif de Bururi est arrivé à une seconde près des minima de ces mêmes jeux en 2016 dans la catégorie senior. Une preuve qui montre à suffisance que s’il avait été bien suivi, son corps bien ménagé, il figurerait parmi les 5 lièvres mondiaux sur cette distance.

Concrètement? Il suffit de voir parmi ceux qui partent s’entraîner à l’étranger, peu reviennent en pleine possession de leurs moyens. Les exemples sont légion. A trop vouloir plus d’argent, ils commencent à évoluer sur les routes. Certes, cela leur permet de gagner un peu de sous pour aider leurs familles. Mais le revers de la médaille, c’est que s'ils font beaucoup de courses sur les routes, à la longue, cela peut altérer leurs corps et impacter sur leurs performances. Et lorsque débutent les compétitions officielles, ils sont éreintés.

Suite à son hyper androgénie, Francine a été contrainte de migrer vers le 1500m et le 3000m. La voyez-vous à mesure de s’adapter? Absolument. Toutefois, rester aussi performante que sur le 800m, je pense que cela prendra du temps. Pour y arriver, elle ne doit pas forcer les choses. Techniquement, elle est explosive, résistante. Seule lui manque l’endurance. Et, d’après certaines sources, son adaptation sur ces distances se passe bien. Tout récemment, elle s’est classée 6e sur 3000 m au Kenya.

Les athlètes de fonds (5000m, 10.000m) ne doivent donc pas faire les courses sur pistes? Au contraire, cela leur permet d’être plus endurants. Je dis

simplement qu’il faut arriver en forme dans les compétitions officielles pour être explosif durant les 2 derniers tours de piste. Au regard de l’actuelle forme des uns et des autres, combien estimez-vous être à mesure de décrocher les minimas pour Tokyo? Le problème avec nos dirigeants, c’est qu’ils veulent

s’impliquer alors qu’ils restent peu de temps de préparation. Quand une olympiade se termine, débute la préparation de la suivante dans d’autres pays. Un calendrier spécifique pour une préparation assidue de toutes les compétitions qualificatives est mise en place. Toutefois, les espoirs restent. Avec 10 athlètes boursiers olympiques et les compétitions à venir, j’ose bien

espérer que l’objectif d’en qualifier 5, en plus du marathonien Olivier Irabaruta déjà qualifié, sera atteint. Beaucoup de jeunes talentueux qui peinent à éclore au haut niveau. Pourquoi? La raison est simple: ils ne sont pas suivis. Les performances de Thierry Ndikumwenayo en sont l’exemple le plus emblématique.

Propos recueillis par Hervé Mugisha

Zoom sur les possibles chances de minima • Sur 10.000 m : Rodrigue Kwizera, Thierry Ndikumwenayo et Onésphore Nzikwinkunda

Distance de prédilection des Kenyans et des Ethiopiens, les athlètes burundais ont à cœur de bousculer cette hiérarchie. Pour jouer dans la cour des "grands", il faut d’abord accrocher les 28 ‘05’’, le chrono qualificatif sur 10.000m. Incapables de terminer les 25 tours de piste lors des Mondiaux de Doha en octo-

bre dernier, ils attendent de pied ferme le début des compétions (il intervient en mars, ndlr). Idem que Rodrigue. Seizième à Doha, il conserve des chances de se qualifier directement. Pour cela, faut-il que le comité d’organisation considère les 25 premiers.

• Sur marathon : Olivier, Elvanie, Cavaline

Le billet pour Tokyo déjà en poche, c’est un Olivier Irabaruta ultra motivé qui tentera d’accrocher à son palmarès une récompense mondiale. Allusion faite à sa dernière olympiade de Londres ratée. Il avait péché par manque d’expérience, laissant filer sa chance, suite à un rythme soutenu de ses adversaires.

A l’instar de Cavaline, lors des mondiaux de Doha, Elvanie est passée à côté de son tournoi. « Un affront à tout à prix que je dois laver », jure-t-elle. A Trieste (Italie), où elles s’entraînent, leur manager confie qu’elles sont en pleine forme. De quoi rassurer à un mois du retour des compétitions officielles.

• Sur 800m : Antoine Gakeme, Eric Nzikwinkunda Avec 1’46’’20’’’, lors de sa dernière course en Espagne, Gakeme retrouve peu à peu la forme. Une nouvelle rassurante, après une année 2019 dans le vide. Quant à Eric, avec ses JO, il espère éclore au grand jour et peut-être

marcher dans le sillage de Francine. Toutefois, une question : pourrait-il descendre sous les 1’45’’40 ‘’’ ? Un sacré challenge, avant le début de la campagne qualificative pour ces olympiades.

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Signalons que sur cette liste, d’autres athlètes sur d’autres distances peuvent s’ajouter. Les Jeux Olympiques se tiendront du 24 juillet au 9 août. H.M.


CULTURE

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Slameur à 8 ans !

Il affirme avoir été très surpris par sa réussite : « Je me disais qu’il ne peut même pas bien mémoriser et déclamer tout le texte. Mais il a prouvé le contraire. » D’après lui, le public ne s’attendait pas à ce qu’un enfant de cet âge mémorise un si long texte et réussisse à le présenter sur scène. Les autres slameurs avaient plus de 17 ans. Reconnaissant toutefois que Landry n’a pas encore pris le vrai ton et le rythme du slam, le grand frère promet d’être son mentor. Il y a trois ans, témoigne-t-il, je ne savais pas ce qu’est le slam. « Fraîchement rentré de l’internat à l’intérieur du pays, j’ignorais tout de cet art d’expression». C’est grâce à un camarade de classe qu’il l’a découvert. Il veut à tout prix inculquer cet art à son petit frère. Il indique que leurs parents les soutiennent : « Ils assistent souvent à nos scènes. » A la question de savoir son cours préféré en classe, la réponse de Landry fuse avec candeur : « Les récitations pour les présenter sur la scène slam. » Son grand frère dira plutôt qu’il est fort en français.

Landry Ntirampeba, écolier âgé de 8 ans, n’a pas manqué d’éblouir le public, lors de sa première scène slam. A la rencontre de ce petit talent.

A

ux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années.» Cette réplique célèbre de Rodrigue s’applique aussi pour Landry. Cet écolier, 8 ans, en 3e année primaire, a impressionné à l’occasion de sa prestation, à l’Institut français du Burundi (IFB). C’était le 9 janvier, lors de la toute première scène slam de cette nouvelle année. Des scènes slam organisées par le collectif de slameurs « Jewe slam » chaque 2e jeudi du mois. Encouragé et aidé par son grand frère également slameur, le petit Landry, plutôt timide, a su mémoriser parfaitement un texte de 2 pages rendant hommage aux parents comme l’exigeait le thème de cette soirée slam. « Mes chers parents… vous vous êtes privés du vin pour que je reçoive du pain… Votre sacrifice sera ma fierté, votre bonheur sera mon bonheur… » Un texte qu’il a appris dans son cours de récitation. Slameur depuis 3 ans et membre

du collectif Jewe slam, le grand frère indique qu’il écrit ses textes, fait ses répétitions à la maison, au vu de tout le monde, y compris Landry. « Un jour, il me dit avoir un texte qu’il veut à tout prix se présenter sur scène. Je ne le prends pas au sérieux. Mais il insiste. Il me harcèle même…» C’est ainsi qu’il commence à coacher son petit frère. Il l’aide à mémoriser son texte qui collait bien avec le thème de l’évènement : « Discussion parents-enfants ».

La découverte d’un talent… Le grand frère, en classe de terminale, décide d’emmener Landry aux répétitions pour la première scène slam de l’année. Les autres membres de l’équipe poussent un ‘’waouh’’ d’admiration. Le garçonnet sera retenu pour l’évènement. « Il n’a pas eu peur, c’est ce qui m’a beaucoup plu. Il a même réussi à improviser en

Landry sur sa première scène slam à l’IFB.

oubliant un paragraphe de son texte, ce qui est passé inaperçu »,

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lance, d’un air admiratif, le grand frère.

Clarisse Shaka

PUBLIREPORTAGE

Programme Apprendre, un aspect innovant dans l’enseignement burundais Le programme d’appui à la professionnalisation des pratiques enseignantes et au développement des ressources (Apprendre) a organisé un atelier de formation à l’endroit des inspecteurs pédagogiques et des cadres du Ministère de l’Education du 20 au 24 janvier 2019. Une sorte de professionnalisation des pratiques des enseignants.

L

’ouverture de l’atelier sur « l’analyse et l’observation des pratiques enseignantes au Burundi » couplée au lancement officiel de APPRENDRE a eu lieu ce mardi 21 janvier 2020 en présence du Secrétaire Permanent du Ministère de l’Éducation de la Formation Technique et Professionnelle, Monsieur Herménégilde Burikukiye et du Directeur de l’Antenne Afrique des Grands Lacs (AAGL) de l’AUF, Monsieur Alexis Kwontchie. Renforcer les capacités en termes d’analyse et de pratiques enseignantes, tel est l’objectif principal de l’atelier initié par le programme APPRENDRE, mis en œuvre par l’AUF avec le financement de l’Agence Française de Développement (AFD). Cet atelier a été organisé par l’Antenne Afrique des Grands Lacs de l’AUF, basé à Bujumbura. T h a rc i s s e N I YONG A B O, inspecteur général au ministère de l’éducation indique qu’en plus du renforcement en termes d’analyse, cet atelier aidera les inspecteurs et les conseillers pédagogiques ainsi que les cadres du ministère de l’Éducation

Les inspecteurs pédagogiques et les cadres du ministère de l'Education en plaine formation

à améliorer leurs prestations. Cependant, il confie que lors de leurs inspections dans différents établissements, certaines lacunes ont été soulevées. La régression du niveau du Français, la langue d’apprentissage a été soulevée comme la lacune majeure observée. Et d’ajouter qu’il y a certains enseignants qui restent derrière les différentes innovations faites au niveau de l’enseignement. Pour Herménégilde BURIKUKIYE, Secrétaire Permanent au

Ministère de l’Éducation, de la Formation Technique et Professionnelle, le programme APPRENDRE a un aspect innovant pour l’enseignement au Burundi. Il appelle tout inspecteur à valoriser ce qu’ils vont apprendre de cette formation. Dans son discours, il salue l’Agence Universitaire de la Francophonie pour son appui financier et technique. Notamment son Antenne Afrique des Grands Lacs, dirigé par M. Alexis KWONTCHIE.

Les axes d’intervention Ce dernier dans son allocution a précisé les objectifs généraux du programme APPRENDRE, tout en résumant les 4 axes d’actions prévues pour le Burundi en 2020-2021, constitués d’une douzaine d’activités au total. La mise en place et le renforcement des réseaux scolaires, tel est le premier axe du programme APPRENDRE. À ce premier axe, Marguerite ALTET,

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Professeur émérite, animatrice de l’atelier et experte dans ce programme ajoute l’amélioration des conditions et des pratiques d’enseignement en français, l’amélioration des pratiques et des conditions d’enseignement en sciences. Et Ainsi que le renforcement des compétences des enseignants dans l’évolution de leurs pratiques pédagogiques. Elle indique que l’objectif de cet atelier est d’appuyer les inspecteurs pédagogiques et les conseillers pédagogiques chargés d’élaborer les manuels et la matière d’enseignement à travailler avec les enseignants dans l’observation et l’analyse de leurs pratiques. D’après cette experte, ces inspecteurs et ces conseillers pédagogiques devront travailler sans jugement pour ramener les enseignants à réfléchir sur leurs difficultés pédagogiques ainsi que celles des élèves afin d’y remédier. Signalons qu’après le BurkinaFaso, premier pays bénéficiaire de ce programme, le Burundi y a adhéré en décembre dernier. Marguerite ALTET confie que la plus-value pour le Burundi dans ce programme est l’amélioration de la qualité des élèves. Plus d’information sur le programme :https://apprendre.auf. org/presentation/


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Plan annuel conjoint 2020 : secteur connexe, le nouvel associé dans les réalisations des couvertures sanitaires Le Bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) conjointement avec le ministère de la Santé publique et la lutte contre le sida ont organisé du 23 au 24 janvier l’atelier de planification annuelle conjointe, exercice 2020.

L

’exercice de cette année a été conduit avec la participation des différents partenaires œuvrant dans les domaines connexes à la santé. Une approche qui a été fortement appréciée par les concernés et promet de booster les interventions en faveur de la promotion de la santé au Burundi. L’exercice de planification conjointe pour cette année s’est basé sur 4 des 5 priorités stratégiques retenues dans le cadre de la Stratégie de Coopération OMS-Burundi 2019-2023. Cette dernière a été alignée sur les priorités sanitaires du Burundi telles qu’énoncées dans le Plan National de Développement Sanitaire III, en application de la Politique Nationale de Santé 2016-2025 et du Plan National de Développement 2018-2027. Dans son allocution, Dr. Walter Kazadi Mulombo, représentant du Bureau de l’OMS au Burundi avait annoncé que pour que les objectifs de ce plan puissent être atteints, il faudra renforcer la complémentarité et la coordination des différents intervenants dans la santé, y compris ceux des secteurs connexes. Joselyne Nsanzerugeze, assistante du ministre de la Santé publique, a quant à elle annoncé que l’objectif principal de cet atelier, c’est de ramener le gouvernement burundais et tous les intervenants dans le secteur de la santé à avoir les mêmes objectifs afin de pouvoir évaluer les résultats atteints. Durant les trois jours de travaux, les participants ont passé en revue et approuvé les interventions prioritaires à réaliser dans le domaine de la santé, au cours de cette année. Les différents participants ont aussi eu l’opportunité d’être briefés sur la teneur des principaux documents stratégiques de l’Organisation mondiale de la Santé, dont le 13e Programme Général de Travail, ainsi que la Stratégie de Coopération OMS-Burundi pour la période 2019-2023. L’audience a aussi été mise à jour sur les procédures administratives de l’OMS pour la

Dr Walter Kazadi Mulombo, représentant du bureau de l'OMS au Burundi à côté de Joselyne Nsanzerugeze, assistante du ministre de la Santé publique

mise en œuvre des programmes. L’exercice de planification conjointe pour l’année 2020 s’est aussi inspiré des récentes réalisations du pays et sur les acquis de l’exécution de la précédente stratégie de coopération, en s’inscrivant dans la complémentarité avec les interventions des autres secteurs connexes et des partenaires au développement ; car beaucoup des déterminants de la santé nécessitent des actions multisectorielles. Les secteurs connexes de la santé publique sont les différents ministères et les institutions étatiques, les organisations non-gouvernementales (ONG) ainsi que les organisations de la société civile.

collaboration entre l’OMS conjointe au MSPLS et le secteur

connexe ainsi que les différents partenaires dans le domaine de

De la nécessite de faire une planification intégrée Lors des échanges du premier jour, le Représentant du bureau de l’OMS au Burundi n’a pas caché son inquiétude sur le rythme de

Les cadres de l'OMS et du MSLPS et ceux du secteur connexe de la santé en pleine activités de planification

Photo de famille des participants lors de l'atelier de la planification annuelle conjointe OMSMSPLS 2020

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la santé. « Allons-nous continuer à croire que c’est au ministère de la Santé de se charger de donner les soins ou c’est une affaire concernant tous les intervenants ? », a-t-il demandé. À ce souci, il a proposé une harmonisation des projets selon leurs différents axes dans les différents secteurs intervenant dans le domaine de la santé. Et de déplorer l’insuffisance des financements qui constitue un obstacle à la réalisation de ces objectifs. « Nous devons nous entendre sur la distribution des rôles et des responsabilités », a-til confié. Les délégués des différents secteurs connexes présents, ont salué cette initiative de l’OMS conjointe avec le ministère de la Santé de les associer pour une planification intégrée. Jeanine Ihorihoze, directrice générale de l’enseignement fondamental et post fondamental, indique qu’à ce plan, son ministère de tutelle compte collaborer avec le MSPLS dans son service de la santé en milieu scolaire. « Nous allons collaborer avec le ministère de la Santé afin que tous les travaux planifiés pour promouvoir la santé dans le milieu scolaire puissent être réalisés ». Quant à l’Association nationale du soutien aux séropositifs et malades du Sida (ANSS), une des organisations de la société civile, Déogratias Ndayitwayeko, son chargé de programme confie qu’avec certains de ses activités annuelles qui s’inscrivent dans la droite ligne de ce plan, l’association contribuera à la réalisation des quatre piliers du plan annuel conjoint OMSMSPLS. Signalons que la participation des secteurs connexes à la santé à cet exercice de planification conjointe, fait suite aux recommandations de la première Conférence Nationale sur la Santé tenue au mois de septembre 2019, et s’inspire de l’approche « Santé dans toutes les politiques » préconisée par l’OMS. L’Organisation mondiale de la Santé considère en effet que la réalisation de la Couverture Sanitaire Universelle, passe à travers l’action multisectorielle, car la santé des populations est directement dépendante de la situation économique, des droits et de l’équité, des politiques menées dans d’autres secteurs socio-économiques comme l’agriculture, les transports, le logement et l’éducation, ainsi que de l’environnement dans lequel vivent les gens.


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