IWACU 563

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IWACU N°563 – Vendredi 27 décembre 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Incarcération des journalistes d’Iwacu

«Qu’il n’y ait pas d’injustice» ÉCONOMIE Notre dossier : Quand les cabaretiers paient l’addition

AU COIN DU FEU P.6

Avec Zénon Manirakiza

SPORT P.11

Basketball : FEBABU, le torchon brûle

P.17


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LA DEUX Editorial

Vendredi, 27 décembre 2019 - n°563

Par Abbas Mbazumutima Directeur adjoint des rédactions

A

u moment où Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Térence Mpozenzi et Egide Harerimana, les 4 journalistes d’Iwacu poursuivis pour ’’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat’’ totalisent plus de deux mois à la prison de Bubanza, le chef de l’Etat a émis quelques souhaits pour l’avancement de ce dossier. C’était au cours d’une conférence publique tenue ce jeudi 26 décembre 2019 à Gitega. Mais d’entrée de jeu, le Magistrat suprême a mis des gants : « Si une affaire est au niveau de la justice, c’est à la justice de se prononcer.» Il a tout de même demandé qu’ils soient défendus : «Il faut que ces journalistes aient des avocats, c’est leur droit. Ils ne sont pas incarcérés pour qu’ils soient maltraités. S’ils ont été arrêtés, c’est parce qu’il y a une raison, il y a des charges contre ces journalistes». Le président Nkurunziza a évoqué le principe de séparation des pouvoirs. «Nous nous en tenons au prescrit de la Constitution et au fonctionnement de l’appareil judiciaire. Même si le chef de l’Etat est en même temps Magistrat suprême, il n’a pas le droit de s’immiscer dans une affaire pendante devant la justice». Première promesse : «Tout ce que je peux demander dans ce dossier des journalistes, c’est qu’il y ait célérité et qu’ils aient des avocats pour leur défense». Mais là encore, le chef de l’Etat est revenu sur un autre principe : «Je ne peux pas entraver le travail de la justice. Ce serait aller contre l’indépendance de la magistrature. S’ils obtiennent gain de cause, c’est bien et au cas contraire, ils vont faire appel ». Deuxième promesse : «Je ne pourrais intervenir qu’après épuisement de tous les recours ». Faut-il ici espérer une sorte de grâce présidentielle au cas où ces 4 journalistes n’obtiendraient pas gain de cause ? Troisième promesse : «Je demande que le procès soit équitable pour qu’il n’y ait pas d’injustice ». Le chef de l’Etat a prononcé ces mots à trois reprises au cours de cette conférence publique. Et c’est ce qui est souhaitable : que la justice fasse tout pour dire le droit.

A partir de ce 26 décembre 2019, le boulevard de l’Uprona et celui de l’Indépendance passant à côté des anciens bureaux du président de la République sont accessibles. Et ce, après le déménagement de la présidence vers le nouveau Palais Ntare Rushatsi. Ces anciens bureaux sont aujourd’hui occupés par le ministère de la Justice.

Plus de 90 mille contribuables en 2019

L’équipe nationale de Beach Soccer ©Droits réservés

Deux boulevards ouverts de nouveau au public

Des promesses du Magistrat suprême à nos confrères

En hausse

Sur le vif

En coulisse

P

our sa 3ème place au Tournoi international de Dar-es-Salaam. Pour sa 1ère participation, une prestation convaincante. Elle a reçu une enveloppe de 15.000 dollars américains.

Le président de la République Pierre Nkurunziza a annoncé, jeudi, qu’en 2019, le nombre des contribuables est de 97 mille personnes. S’exprimant lors d’une émission publique, à Gitega, il a rappelé qu’en 2014, ils étaient seulement 9 mille. Et cette avancée est un des résultats positifs de sa politique de tolérance zéro contre la corruption.

En baisse

Mairie de Bujumbura,

Saisie d’une centaine de pagnes fraudés Mardi, 24 décembre, cent quarante-deux pagnes ont été saisis chez un fraudeur de Mparambo, commune Rugombo en province Cibitoke. Selon Roger Ndikumana, commissaire général de la police anti-corruption a indiqué que ces pagnes en provenance de la RDC n’avaient pas de vignettes fiscales. Cette saisie a été remise à l’Office burundais des recettes (OBR).

P

our être classée dernière avec un score de 43,18% dans le classement des performances des provinces du Burundi pour l’année 2019.

ANNONCE AVIS D’APPEL D’OFFRE POUR LES PRESTATIONS DE SERVICES DE GARDIENNAGE ET SURVEILLANCE DU BUREAU DE LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT AU BURUNDI (BUJUMBURA) 1.

2. 3.

La Banque africaine de développement (ci-après dénommée ‘BAD’ ou la ‘Banque’) invite les soumissionnaires potentiels à soumettre leurs propositions pour « Les Prestations de Services de gardiennage et de surveillance du Bureau de la Banque Africaine de Développement au Burundi (Bujumbura) ; comme spécifier dans la demande de proposition (DP) à récupérer au bureau Pays de la BAD au Burundi, à l’adresse suivante : Kiriri - 10, Rue des Travailleurs, de 8h00 à 12h30 et de 14h00 à 17h30, les jours ouvrables à partir 16 Décembre 2019 Les offres devront parvenir à la Banque, sous enveloppes scellées, au plus tard le 30 Décembre 2019, à 12h00, heure locale de Bujumbura Les propositions doivent être envoyées à l’adresse suivante et l’enveloppe extérieure doit porter les informations suivantes :

Banque Africaine de Développement, Bureau Pays du Burundi 10, Rue des travailleurs – Kiriri Bujumbura-Burundi B.P : 7543 Tél : +257 22 27 78 23 / 24 Adresse électronique: rdge_tender@afdb.org DC – NE PAS OUVRIR JUSQU’AU JOUR DE L’OUVERTURE DES PLIS Référence : ADB/RFP/COBI/2019/0254 - Prestations de Services de gardiennage et de surveillance du Bureau de la Banque Africaine de Développement au Burundi (Bujumbura) Date et heure de clôture de dépôt des offres : 03 Janvier 2020 à 12h00, heure de Bujumbura 4. Afin de permettre aux soumissionnaires de mieux préparer leurs offres, pour avoir une idée sur les prestations et disposer de toutes les informations nécessaires, une visite des lieux suivie d’une réunion préparatoire est prévue le 24 Décembre 2019 à 10h00. Les soumissionnaires sont invités à se présenter à la date indiquée à 09h30, munis de leurs cartes d’identité, à l’adresse ci-haut mentionnée.

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Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga Directeur adjoint des Rédactions : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza Edouard Nkurunziza Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société: Clarisse Shaka Jérémie Misago Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

96 est le nombre des lauréats qui suivent une formation patriotique et humaine de 2 jours au Lycée Mwaro. Et ce, pour avoir déchiré leurs uniformes.

Source : Ministre de l’Education

Une pensée

"Il n'y a rien de négatif dans le changement, si c'est dans la bonne direction". Winston Churchill


L'ÉVÉNEMENT

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Incarcération des journalistes d’Iwacu

Le président de la République plaide pour « un jugement équitable »

Après un bilan largement positif qu’il a dressé, pour ses bientôt 15 ans à la tête de la présidence de la République du Burundi, des recommandations pour son successeur, Pierre Nkurunziza a apporté, jeudi 26 décembre lors d’une émission publique, des éclaircissements aux préoccupations actuelles du peuple. Retour sur certaines des réponses… Bilan

D

es réalisations positives, selon le président Nkurunziza, dans tous les domaines, durant ses 14 ans et plus au pouvoir. C'est dans ces années, dit-il, qu'on a connu plus de prospérité en termes de développement socio-économique, mais aussi politique. «Aucun de nos prédécesseurs n'avait réalisé un tel progrès ». Un résultat dû essentiellement à la participation de la population aux décisions politiques. «Nous avons parlé une fois, ils ont entendu 5 fois». Notamment pour la sauvegarde de la paix et le développement. A ses yeux, au moins 90% des Burundais sont restés loyaux durant les 15 ans. Cela a fait que le Burundi jouit d’une autonomie financière. «Aujourd'hui, près de 90% du budget général de l’Etat proviennent des recettes intérieures alors qu'il était auparavant financé de l'extérieur à 50 ou 60%». Durant les 15 ans, les Burundais ont pu manifester leur patriotisme en participant à la construction du pays. « Les Burundais ont contribué à plus de 80% à la construction des infrastructures », assure le numéro un Burundais, citant la construction des marchés, des hôtels, des industries, etc. Parmi les obstacles rencontrés, le président Nkurunziza parle d’une ingérence étrangère, pointant du doigt entre autres le Rwanda. «Nous n'avons de problème interne». Il dit avoir mené un combat sans merci contre cette ingérence et déplore que celleci persiste toujours. « N'eût été cela, on serait déjà très avancé en termes de développement.» Pierre Nkurunziza invite son successeur à s’investir pour le patriotisme. Selon lui, les générations actuelles, et à venir, devraient être imprégnées des valeurs ancestrales pour aboutir au développement. Il évoque le retour aux mœurs et coutumes des ancêtres. «Sans culture, le développement est impossible». Parmi les autres priorités, le président de la République recommande la poursuite du processus de vérité et réconciliation. Les Burundais ont besoin de savoir quels ont été les défis, les obstacles rencontrés par leurs aïeux pour aller désormais de l’avant,

Le président Nkurunziza demande que le procès des 4 journalistes d’Iwacu ait lieu au plus vite

au lieu de retomber dans les mêmes bassesses.

Les journalistes d’Iwacu incarcérés… Au sujet de la question des journalistes Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi et Egide Harerimana incarcérés à Bubanza depuis le 22 octobre dernier, le président burundais soutient qu’il ne peut pas s’immiscer dans une affaire qui se trouve déjà devant les

juridictions. «Le président de la République, quoique magistrat suprême, ne peut pas s’ingérer dans un procès qui n’est pas encore tranché». Il avance le principe de la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la magistrature. Pierre Nkurunziza demande néanmoins que le procès soit fait au plus vite. «Qu’ils cherchent des avocats, présentent des preuves devant la justice et qu’ils soient jugés sans injustice. A notre niveau,

nous intervenons en dernier lieu quand il n’y a plus de recours ».

«Le Rwanda a attaqué le Burundi» Le président burundais appelle les Burundais à être attentifs au sujet de «l’agression du Rwanda» contre le Burundi. Pierre Nkurunziza veut surtout être clair sur l’attaque perpétrée à Mabayi de la province Cibitoke en novembre dernier : «Ce ne sont pas des militaires rwandais qui ont attaqué le

Burundi, c’est plutôt le Rwanda qui a attaqué le Burundi », affirme-til tout en précisant : «Nous avons toutes les preuves sur nous». Le chef de l’Etat p tient à préciser : «Ce n’est pas une position militaire qui a été attaquée par le Rwanda, c’est plutôt le Burundi qui a été attaqué». Ainsi les Burundais doivent le comprendre : «Il y a un ennemi qui attaqué le Burundi. Sachez-le». Et ce n’est pas la première agression. Il dit disposer des preuves que les attaquants de Ruhagarika et de Musigati étaient tous en provenance du Rwanda. Le commandant suprême des forces de défense soutient que le Burundi n’a pas de culture belliqueuse. «Cependant, si nous sommes attaqués, nous nous défendons et nous ne faisons si bien », conclut-il avant un appel : «Vous avez des oreilles pour entendre et des yeux pour voir. A bon entendeur salut».

La fermeture des cabarets «La fermeture des cabarets à 21h n’aura aucun impact négatif sur l’économie», dixit le président Pierre Nkurunziza. Il estime que les consommateurs peuvent tou-

Christine Kamikazi, Térence Mpozenzi, Agnès Ndirubusa et Egide Harerimana sont en prison depuis le 22 octobre 2019

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L'ÉVÉNEMENT

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jours commander leurs boissons et les prendre à la maison. Pour lui, il faut de la joie, mais en toute sécurité. Idem pour les jeunes qui exerçaient sous des parapluies à travers la ville de Bujumbura, en facilitant les services ecocash ou lumicash. «La plupart n’étaient pas connus de l’administration» Pierre Nkurunziza dit qu’il faut tout réguler pour préserver la sécurité. «Faisons nos activités commerciales en toute sécurité. Car sans celle-ci, le commerce est impossible »

Aussi des fonds détournés ont été retournés dans les caisses de l’Etat. Plus de 6 milliards de BIF « Nous arrivons à un niveau satisfaisant, mais il faut faire un autre pas. Les débuts étant difficiles ».

Déclaration des avoirs pour les autorités

L’impact des rencontres de moralisation… D’après le président Nkurunziza, les réunions de moralisation organisées ces dernières années à l’endroit des différentes couches de la population ont connu de bons résultats. Depuis ces rencontres, expliquet-il, le Burundi organise trois scrutins sur ses propres fonds. Il évoque les élections de 2015, le referendum constitutionnel de 2018 et les élections prochaines. «Les Burundais ont participé, chacun à la hauteur de ses moyens, parce qu’ils avaient compris l’importance d’être burundais».

POLITIQUE

L’Assemblée qui avait pris part à l’émission publique à Gitega

C’est aussi grâce à ces réunions qu’il y a une grande participation électorale au référendum constitutionnel dernier. «La mairie de Bujumbura a été la quatrième alors qu’elle se classait toujours dernière lors des autres scrutins. C’est que les habitants ont finalement compris ». Enfin, les Burundais ne ménagent aucun effort pour le développement. Pour le président Nkurunziza, les différentes infrastructures dont des établisse-

ments universitaires, des hôtels, des entreprises, des stades prouvent que les Burundais deviennent peu à peu patriotes.

L’état des lieux de la politique «tolérance zéro» ? Pour le président Nkurunziza, la politique de tolérance zéro à la corruption a bien réussi. Il s’en tient notamment sur le financement du budget général de l’Etat. « Avant cette politique, la part des fonds internes ne dépassait pas les

48%. Aujourd’hui, nous en arrivons à 90% ». Ceci est dû à une bonne éducation fiscale. Selon lui, l’OBR est passé de 9 mille contribuables en 2014 à 97 mille en 2019. «Il y a eu changement de comportement et les résultats sont palpables». En outre, la corruption et les infractions connexes sont sévèrement sanctionnées. Il parle de plus de 4 mille cas devant les juridictions tandis que mille autres ont été déjà rendus depuis l’introduction de cette politique.

Le président Pierre Nkurunziza se dit prêt à respecter le principe de déclaration des avoirs à l’entrée et à la fin des fonctions. « Nous y sommes préparés, nous le ferons au terme de notre mandat ». Il se dit satisfait que d’autres autorités l’aient également fait. «C’est une politique de transparence qui a été bien suivi par mon gouvernement.» Pour lui, ceux qui diraient que le président burundais est parmi les dirigeants les plus riches du monde ne seraient que des menteurs. « Tous nos biens se trouvent au Burundi et non à l’étranger. S’il y a des comptes à mon nom làbas, qu’ils soient gelés », admet-il, citant des vaches, des chèvres, des poules, véhicules, et « nous sommes à mesure de prouver leur origine. » Edouard Nkurunziza

Chronique sur les messages de haine

Mgr J-L Nahimana : «Des accusations infondées débouchent sur des rébellions, des révoltes…» Les accusations gratuites entre groupes d’appartenance surtout en période électorale, portent préjudice à la cohésion sociale. Elles conduisent à la violence de masse. Mgr Jean-Louis Nahimana, chargé de la commission justice et paix à l’Archidiocèse de Bujumbura s’exprime.

Q

ue peut-on entendre par ‘’accusations gratuites’’ ? Il s’agit d’un langage basé sur des prétextes pour écarter ou exclure les autres. Les membres d’un seul groupe ou d’une catégorie trouvent des prétextes fallacieux pour montrer que les autres ne valent rien, qu’ils sont à l’origine de leurs maux. Des propos qui déshumanisent l’autre catégorie. Par exemple ? Certains sont considérés comme des traîtres qui complotent contre le pays. Les membres d’un seul groupe montrent qu’ils sont les seuls patriotes. C’est souvent quand la société est en crise. Tout évènement trouve une explication. Et les auteurs ferment les yeux sur leurs propres responsabilités. C’est un langage utilisé quand les gens sont à la recherche d’intérêts individuels. Il y a des séquences historiques où le Burundi a subi des violations graves des droits de l’homme. Citons les années 1965,

1969. Et 1972 a été le sommet de la violence suivi de Ntega-Marangara en 1988. Et depuis 1993 à nos jours, nous avons connu une guerre civile fratricide. Les deux grandes communautés à savoir les tutsis et les hutus ne font que s’accuser mutuellement au lieu de regarder vers l’avenir et penser à la réconciliation.

Que faire alors pour prévenir des violences ? Chacun a une part de responsabilité. Il faut regarder la situation en face pour trouver une issue. Si nous n’acceptons pas de faire l’introspection, l’autocritique pour dégager notre propre responsabilité, il nous sera difficile de ramener la paix et la stabilité.

Quand est-ce qu’un tel langage est souvent utilisé ? C’est en période électorale dans des pays qui ont connu des divisions à grande échelle et de nature ethnique comme le nôtre. Les acteurs politiques ont peur de perdre leurs postes. Comment procèdent-ils ? Pour y parvenir, ils font recours à la discréditation des adversaires afin de les exclure. Tout cela pour leurs intérêts sans se soucier du bien de la nation. Un prétexte pour confisquer la gestion du pays, de la société en montrant que les autres sont plutôt des vermines qui ne valent rien, qui

ils continuent à digérer ces accusations de façon qu’à la fin, la colère éclate. Les gens marginalisés disent nous en avons assez. Des accusations infondées débouchent aux rebellions, aux révoltes, aux révolutions et la désobéissance civile. Ce qui fait naître des violences de masse et des crises cycliques comme on en a connu dans le passé.

n’ont aucun droit, des obstacles à éliminer. En période de crise, la politique du bouc-émissaire est très pratiquée. Et ce, au lieu de regarder en face la situation et reconnaître notre propre responsabilité. S’il y a des massacres, ces sont des Burundais qui s’entretuent. Mais vous entendrez souvent dire que

c’est le colonisateur. Je ne les dédouane pas car ils ont aussi une part de responsabilité. Qu’est-il des conséquences ? Les membres d’un groupe indexés ne peuvent pas rester les bras croisés. S’ils ne réagissent pas dans l’immédiat, on considère que c’est fini. Mais,

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Concrètement… Il faut un respect mutuel et adopter les valeurs d’Ubuntu (humanité). Il est important aussi de s’abstenir de tout acte de violence. Ce qui nous permettra de construire un Burundi meilleur, une société juste et prospère. Propos recueillis par Jérémie Misago


POLITIQUE

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Elections 2020 : les partis politiques signent un code de conduite 28 partis politiques et le ministère de l’Intérieur ont signé, lundi 23 décembre, un code de conduite consensuel pour la période électorale qui s’annonce. Mais certains signataires émettent des doutes quant au respect strict de ce document pendant la campagne électorale.

L

e code de conduite engage l’administration territoriale, les partis politiques, les coalitions des partis politiques et les candidats indépendants à contribuer à la création d’un environnement propice au bon déroulement des élections de 2020. S’agissant du ministère de l’Intérieur, le code l’engage « à traiter de façon neutre, impartiale et équilibrée tous les partis politiques, coalitions des partis politiques et candidats indépendants en évitant la globalisation en cas d’incident ». L’administration territoriale s’abstient à interdire la tenue des réunions des compétiteurs sans motif valable. Par ailleurs, l’administration territoriale s’engage à renforcer le dialogue entre les parties prenantes au processus électoral en créant des créneaux de communication et d’alerte.

Le même code interpelle l’administration à être disponible aux services pour délivrance des documents administratifs nécessaires au processus électoral. L’administration territoriale, en collaboration avec la CENI, doit veiller au respect du code.

Un code de conduite consensuel Quant aux partis politiques, aux coalitions politiques et aux candidats indépendants, ils s’engagent « à organiser et à mener leur campagne électorale dans une bonne atmosphère et de tolérance mutuelle pendant la période pré-électorale ». Ils doivent respecter et faire respecter la liberté d’expression, de mouvement et de réunion surtout le territoire national tout au long de la campagne électorale. Sur ce même registre, les signataires s’engagent « à interdire à leurs militants et sympathisants de déchirer, défigurer ou enlever les affiches de campagne d’un parti politique, coalitions des partis politiques et candidats indépendants, d’entraver la distribution de ses prospectus et dépliants de même que la pose des affiches électorales d’autres partis ou candidats ». Quant à la période électorale, les signataires s’engagent « à respecter l’entière liberté pour les électeurs d’exercer leur droit de vote sans risque d’être menacé ou soumis à des représailles ni de rencontrer des obstacles de toute

Tharcisse Niyongabo a représenté le ministère de l'Intérieur dans la signature du code de conduite

nature à l’exercice de ce droit ». En signant le code, les signataires s’abstiennent de provoquer du désordre, de faire de l’obstruction, d’interférer avec le travail des agents électoraux au cours des opérations de vote et de dépouillement des résultats. Par ailleurs, ils s’abstiennent de proférer à l’encontre des agents électoraux des menaces ou insultes, leur sécurité et la sérénité requises dans l’exercice de leurs fonctions.

Les signataires rejettent toute tentative de fraude électorale sous toutes ses formes et refusent d’organiser, de participer ou de cautionner toute manœuvre visant à empêcher l’expression d’un choix libre et indépendant des électeurs. Pendant la période post-électorale, le code stipule que les signataires s’engagent « à ne pas diffuser des déclarations susceptibles de semer la confusion dans l’esprit de la population et à inviter leurs

militants et sympathisants au calme ». Selon le même document, les signataires s’engagent encore à respecter les résultats des urnes. En cas de contestations, ils doivent emprunter les voies légales. Ils doivent coopérer avec toutes les autorités compétentes pour faire la lumière sur les allégations de fraude, de violence et intimidation liées aux élections. Félix Haburiyakira

Réactions • « Un code de conduite n’est pas une loi »

• « Il y a des témoins »

C

’est un engagement que les partis politiques ont pris pour le bon déroulement des élections de 2020 », indique Pierre Claver Nahimana, président du Frodebu. Interrogé sur le respect de ce code, M. Nahimana se veut optimiste. « Nous espérons que chacun va honorer ses engagements. S’il y en a un qui se dérobe et viole le code, il aura montré sa mauvaise foi et la loi va s’appliquer ». A propos de l’intolérance politique et certains administratifs qui discriminent les membres des partis politiques dans l’octroi des documents liés au processus électoral, le président du parti Frodebu recommande l’application stricte de la loi.

« Nous allons respecter le code de conduite », rassure Simon Bizimingu, vice-président du Cnl. Le code engage tous les signataires. Mais, s’inquiète-t-il, des doutes ne manquent pas. Il y a toujours des gens qui ne tiennent pas à leur parole. « En cas de non-respect du code par l’un ou l’autre signataire, nous allons recourir aux témoins qui étaient présents lors de la signature ».

• « C’est un engagement ferme » « Le code contient des balises pour qu’il n’y ait pas de bavures pendant les élections », indique Abel Gashatsi, président de l’Uprona. Il y a eu un engagement ferme de la part des leaders politiques. Et de préciser qu’il y avait des témoins, un représentant de l’église catholique et celui de l’Islam. Les parties prenantes, tient-il à affirmer, vont le respecter pour qu’il y ait des élections transparentes et paisibles. A propos des cas d’intolérance politique, M Gashatsi se veut catégorique. « Que chacun réponde individuellement de ces actes. Il ne faut pas impliquer la formation politique ». Il conseille aux administratifs de délivrer les documents exigés par la

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CENI à tout demandeur sans exception aucune. « Il faut qu’ils sachent qu’ils sont au service des citoyens et non au service de leurs formations politiques ». F. H.


ÉCONOMIE

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Mairie de la ville de Bujumbura

Des cabaretiers en colère

Les bistrots, sous peine d’amende doivent fermer plus tôt. La décision du maire de la ville de Bujumbura, entraîne des conséquences multiformes. Les cabaretiers accusent un manque à gagner énorme. Des plaintes fusent de partout. Dossier réalisé par Rénovat Ndabashinze, Alphonse Yikeze, Pierre Claver Banyankiye, Hervé Mugisha, Mariette Rigumye et Fabrice Manirakiza

N

ous revenons à l’époque du président Bagaza qui voulait nous faire boire du lait», lance avec un brin d’humour un propriétaire d’un bistrot. C’était lors d’une réunion organisée par le maire de la ville de Bujumbura, Freddy Mbonimpa, avec les cabaretiers le 19 décembre dernier. Tous ont fustigé la décision d’ouvrir les bistrots de 17 heures jusqu’à 21 heures. «Nous voulons travailler 24 heures sur 24 heures comme les autres pays de l’EAC», indique un autre cabaretier. Pour nombre de propriétaires de bars, ils ne comprennent pas cette décision. «Vous dites que la sécurité est totale. Pourquoi alors cette décision?», s’interroge un autre cabaretier. « Quid des impôts et des taxes qui n'ont pas diminué avec cette décision? », renchérit un autre. Les propriétaires des bistrots ont évoqué le risque de licencier leurs employés. «Nos travailleurs sont des étudiants. Nous risquons de les renvoyer. Que vont-ils devenir?». Plusieurs propriétaires de cabarets travaillant tout près des marchés ont demandé d’ouvrir à 10 heures, car les marchés sont déjà fermés pendant les heures fixées par la Mairie de Bujumbura. « La plupart de nos clients viennent de l’intérieur du pays. Ils doivent retourner chez eux, mais souvent ils ont envie de manger et de boire une bière. C’est difficile de leur refuser une bouteille d'alcool ». Les autres intervenants ont évoqué la question des fêtes comme les dots et des mariages. Le maire de la ville a répondu que, dans ce cas, il faut aviser les autorités administratives et policières. Toutefois, des propriétaires des cabarets se sont plaints du comportement de certains policiers. «Ils débarquent dans les tavernes et renversent les boissons de nos clients». Le commissaire régional de la police a reconnu que les policiers n’ont pas le droit d’entrer dans les bistrots. Dans l’émission publique de ce jeudi 26 décembre 2019, le chef de l’Etat, Pierre Nkurunziza, a indiqué que cette mesure ne cause aucun problème à l’économie nationale. « Nous sommes responsables de la sécurité des Burundais. Vous pouvez boire même à la maison ».

Des cabaretiers réunis dans une rencontre avec le maire de la ville de Bujumbura le 19 décembre

paré. « Avant cette décision du maire, nous pouvions écouler dix caisses de Primus, 20 d’Amstel et 5 de Fanta. Mais aujourd’hui, c’est à peine qu’on termine la moitié de ces caisses toutes catégories confondues », se lamentet-il. Selon lui, cela touche même la cuisine. « D’habitude, ici on commençait à servir vers 11 heures. Et nos clients commandaient des brochettes, ou déjeunaient ici. Et d’un coup,

ils prenaient aussi des boissons. » Aujourd’hui, il indique que les pertes sont déjà évaluées en millions de francs burundais. « Comment allons-nous continuer à payer les impôts, les loyers, … dans une telle situation ? », s’interroget-il. Et de signaler que si cette décision du maire reste maintenue, ils vont tout simplement fermer les portes. Dans les bars situés au centreville, ce cabaretier trouve que

l’heure de fermeture fixée à 21 heures ne pose pas beaucoup de problèmes. Et de demander qu’on fixe au moins l’heure d’ouverture à 12 heures. Mêmes lamentations à Bwiza qui compte beaucoup de bars. A la deuxième avenue, l’endroit appelé communément Ku Michopo, les responsables des bars et les rôtisseurs ne savent plus à quel saint se vouer. « Ici, c’est un endroit privilégié

Dans les quartiers, les pertes ne font que s’accumuler Au cabaret communément appelé «Mu Gatoke», non loin du siège de la BCB, le gestionnaire est désem-

Bwiza, à l’endroit communément appelé Ku Michopo

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pour les amateurs des Michopo. Aujourd’hui, la consommation a nettement diminué parce qu’avant, nos clients pouvaient rester jusqu’à 23 heures », raconte un rôtisseur rencontré sur place. Avec cette décision du maire, les gens préfèrent prendre quelques boissons et rentrer chez eux. Un autre cabaretier de Bwiza ajoute que chez lui, la consommation des boissons a diminué à plus de 50%. Par conséquent, trois de ses six serveurs ont déjà été renvoyés. Au Bar Nyabisumo, sis à la 5ème Avenue dans le quartier de Bwiza, le responsable de la cuisine indique qu’avant la décision du maire on écoulait en moyenne dix kg de viande par jour. « Mais actuellement, la consommation oscille autour de 4 kg par jour.» Ce jeune homme demande que l’heure d’ouverture soit fixée à 15 heures et celle de fermeture à 22 heures. Côté consommation des boissons, un homme rencontré non loin de ce bar est dépassé : « Que voulez-vous qu’on vous dise. Tout simplement, cette décision du maire fait reculer le pays et les familles. » Idem à Nyakabiga. Au Bar Umubano, sis à la 13ème avenue, le gestionnaire fait état de pertes énormes. Trois serveurs sont déjà au chômage. Lui, il préférerait qu’on fixe l’heure d’ouverture à 16 heures et celle de fermeture à 22 h 30.


ÉCONOMIE

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Les employés paient l’addition 1

5 heures. Nous sommes dans un bar-restaurant de la zone Rohero. Un coin plutôt calme. A l’entrée du bar, c’est le désert. Après quelques coups frappés au portail, un employé arrive pour ouvrir. Sa méfiance est perceptible. C’est que pour profiter d’une rasade de bière à cette heure-ci, il faut avoir avisé le patron des lieux pour éviter les visites surprises de la police. Iwacu explique à l’employé les motifs de sa présence. Ce dernier est circonspect, mais donne finalement accès à la taverne. Le périmètre d’accueil des clients est assez réduit. Une bande d’amis bavarde gaiement à une table. Ce sont les seuls clients de la pièce. «Il se peut que ce soient les seuls clients qu’on ait pour la journée», dit V.K, l’employé qui a ouvert la porte à l’entrée. 25 ans, taille moyenne, chemise bleue et jeans, il est dans le secteur des barsrestaurants depuis cinq ans et travaille comme cuisinier voilà presque un an. Il était présent lors de la récente réunion tenue par le maire de la ville et les cabaretiers. «Certains d’entre nous ont demandé l’ouverture des bars de 15h-23h. C’était un moindre mal, mais même cette proposition a été retoquée.» Il raconte que depuis l’annonce des mesures du maire, il a vu son salaire baisser de 30%. «Je suis célibataire, mais

Le Campero club récemment sanctionné suite au non-respect de la décision du maire de la ville de Bujumbura concernant les heures d’ouverture des bistrots.

je prends en charge une partie de ma famille. Quand je leur explique que je gagne beaucoup moins qu’avant, ils pensent que je mens. C’est pénible.» En plus, il doit supporter les récriminations du propriétaire de son logement alors que son salaire arrive au comptegouttes. «Quand j’ai commencé

ce métier, je fourmillais de projets pour l’avenir. Aujourd’hui, je nage dans le désespoir.» R.M était serveur dans un bistrot de Kinindo, une banlieue résidentielle au sud de Bujumbura. T-shirt blanc et pantalon noir, cet homme d’une trentaine d’années a perdu son emploi

suite à la restriction des heures d’ouverture des bars. Rencontré à son ancien lieu de travail, il révèle que le cabaret employait quatre personnes. «Aujourd’hui, il n’en reste qu’un.» Tout autour du comptoir, les chaises sont vides. Trois jeunes jouent au billard. «Je suis père de deux enfants. Mon

La commune Muha se meurt L

a décision du maire de la ville de fermer les débits de boissons à 21h ne cesse pas de se répercuter sur les activités des cabaretiers de cette commune de la capitale économique. A l’unanimité, ils demandent le réaménagement de ladite mesure. « Au risque de mettre la clé sous le paillasson. Que faire? Il faut bien continuer à vivre », la réplique lancinante sur toutes lèvres des tenanciers de bars de cette commune .De Kinindo à Kanyosha en passant par Musaga, tous les propriétaires de bars sont remontés. En témoigne Ndorere, le patron du très réputé bar se trouvant dans le quartier Kinanira III. Rien qu’en trois semaines, il témoigne que ses recettes ont chuté de 25% .D’après lui, si rien n'est fait dans les plus brefs délais, la situation risque de s'empirer et causer des dommages collatéraux. « Si la situation perdure, c’est inévitable, nous allons diminuer notre personnel. » Idem chez Gérard. Depuis la mise en application de cette mesure, les serveurs se lèvent la peur au ventre. « Nous sommes déjà prévenus qu’à tout moment nous pouvons nous retrouver dans la rue ». Un coup dur pour ces

jeunes, dont la plupart sont des lauréats des universités. Même cas de figure pour le bar appelé Casa Pedro, situé au Petit Séminaire de Kanyosha. Oscillant autour de 250 .000 BIF en temps normal, M.C., serveur, confie que les recettes ont chuté de plus de la moitié avec la récente mesure. Un vrai casse-tête qui s’ajoute à l’actuelle difficulté de s’approvisionner en boissons. Face à cet état de fait, certains débits ont été contraints d’augmenter le prix à la bouteille. Certains propriétaires de bars demandent qu’ils soient sanctionnés en fonction de leur chiffre d’affaires. « Certes, nous nous devons de respecter la loi, mais, faut-il qu’il y ait un peu d’équité. Un bar qui vend 5 casiers ne peut pas écoper de la même amende que celui qui en vend 30 ». Toutefois, une nouveauté. Dans la zone Kanyosha, certains boutiquiers déplorent qu'il y ait certaines « personnes assimilées » aux forces de l’ordre qui se cachent derrière cette mesure pour les racketter. Outre les propriétaires de bars, les conducteurs de taxi voitures sont touchés par cette mesure. Souvent garés près des bars, ces derniers ont vu leur bénéfice s’effriter.

Certains bars risquent de mettre la clé sous le paillasson

épouse ne peut même plus s’offrir du sel et de l’huile à l’épicerie. C’est à peine si moi-même j’arrive à me nourrir.» Au moment de partir, son ami assis à ses côtés et un peu ivre balance: «Les bars devraient ouvrir 24h/24 comme dans les autres pays.»


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Deux casiers écoulés par jour au lieu de six L

icenciement du personnel, un manque à gagner important, querelles entre clients et serveurs… sont les grandes conséquences de la décision du maire, dans les bars du nord de la capitale. Jeudi 26 décembre, il est 11 heures au Bar Kw’Iteka, quartier Kamenge. Innocent, le serveur, et son patron font le contrôle des quittances de l’OBR (Office burundais des recettes). «Depuis la nouvelle décision du maire, nous enregistrons une perte énorme », raconte le serveur. Il confie qu’avant la décision du maire, six casiers d’Amstel pouvaient être consommés en une seule nuit. Aujourd’hui, c’est à peine si deux caisses sont écoulées. «Je ne comprends pas pourquoi cette décision vient en 2019, alors qu’en 2015 nous travaillions même jusqu’à minuit.» Innocent et son patron ne sont pas les seuls à se lamenter. Au Bar Chez Célestin, de la 11ème avenue Twinyoni, le propriétaire indique qu’il enregistre une grande perte. Son bar a une certaine renommée pour sa bonne viande de porc « akabenz ». M. Ndayikengurukiye indique qu’avant la mesure, les clients pouvaient consommer 2 porcs, en une journée. Mais aujourd’hui, c’est à peine s’ils en consomment un. «Si les clients arrivent à consommer un porc et demi, je rends grâce à Dieu.»

Les clients et le personnel n’ont pas été épargnés. Anne Ndikuriyo, gérante du bar dit ‘’Kwa député’’, quartier Kigobe, soulève l’intensification des con-

Au bar Zanzibar, la mesure a entraîné le licenciement de plus de la moitié du personnel.

flits et des incompréhensions des clients à l’endroit des cabaretiers, depuis la décision du maire. Pire, le licenciement du personnel. «C’était à 21 h qu’on commençait à recevoir beaucoup de clients », témoigne cette gérante. « Comment oserais-je dire à mon client de laisser sa bière à peine consommée et rentrer ? » Elle confie que les querelles entre elle et ses clients se sont intensifiées. Et surtout quand l’heure de fermeture sonne. En

plus de ces querelles, Mme Ndikuriyo raconte aussi que pour ne pas être arrêtés par la police, les clients la mettent sous pression.À cause de cela, elle se trompe dans les factures des clients. Malgré la perte qu’enregistre son bar depuis la décision du maire, Anne Ndikuriyo se dit soulagée, le personnel n’est pas encore affecté. Cependant, elle précise que si la mesure persiste, il y aura diminution du personnel. Au Bar Zanzibar, à Ngagara, la

décision a entraîné le licenciement d’une partie du personnel. Sur les 11 employés (serveurs et rôtisseurs) que comptait ce bar, il en reste 7. D’après Thierry Nkurunziza, propriétaire de ‘’Kw’ibuye’’, un autre bar de la zone Ngagara, si le maire ne revient pas sur sa décision, les petits cabarets seront obligés de fermer les portes. «Comment pourrions-nous payer les impôts, les employés et nourrir nos familles, si nous travaillons à

perte ?», se demande-t-il. Sur les sept serveurs qu’il employait, il ne reste que quatre. Ces témoins précisent qu’ils ont fait plusieurs réunions avec leurs administratifs respectifs pour leur demander de plaider en leur faveur auprès du maire. Tous ces cabaretiers demandent au maire d’annuler ou de revoir cette mesure. Au moins rajouter une heure de plus…

Nouvelle épine dans le pied de l’économie elon certains analystes, cette mesure est un véritable coup de massue pour les tenanciers de bistrots. Elle réduit le nombre d’heures de travail. Désormais, ils n’ont plus que deux heures d’activité par jour. Avant la mesure, ils travaillaient jusqu’à l’aube, soit plus de 8 heures par jour. Plusieurs bars fermaient à 1h du matin. Après un mois, les faits sont têtus. Le trésor public en fait les frais. Une source proche de l’Office burundais des recettes (OBR), révèle sous couvert d’anonymat qu’un mois après l’entrée en vigueur des mesures du maire de la vie, l’OBR a encaissé un manque à gagner de plus de 2 milliards de BIF de taxe de consommation sur la bière, limonade et eau minérale. Stany Ngendakumana, porteparole de l’OBR, balaie ces informations d’un revers de la main. Il confie qu’il ignore d’où vient cette information. « Nous n’avons

peuvent être fournies par la Brarudi, le premier contributeur de la taxe de consommation sur les bières et les limonades. Pour rappel, dans le budget général de l’Etat 2019 /2020, sur plus 854 milliards BIF de recettes fiscales prévues, plus de 103 milliards seront rapportés par la taxe de consommation sur la bière, limonade et l’eau minérale. En outre, le trésor public perd également une partie de l’impôt sur le bénéfice et l’impôt locatif. Les bars fermés paient chaque année l’impôt sur bénéfice. Les propriétaires des bistrots en location s’acquittent annuellement de l’impôt locatif. Pour celles qui continuent à fonctionner tant bien que mal, elles verront leur chiffre d’affaires dégringoler et une hausse des impôts s'ensuivra.

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Stany Ngendakumana : « Nous n’avons pas encore évalué l’impact de cette mesure sur recettes générées par la taxe de consommation sur la bière, limonade et l’eau minérale »

pas encore évalué l’impact de cette mesure sur les recettes générées par

la taxe de consommation sur la bière, limonade et l’eau minérale »

Il indique que les informations fiables sur le manque à gagner

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Les emplois perdus Ce n’est plus un secret. Certains bars et bars restaurants ont été


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fermés pour avoir violé ladite mesure. On cite notamment Campero Club, Mutima Bar, Confiance Bar, la Confiance, Impérial Bar, Guerra Plaza Kamenge, Treibeka et Chez Damas (Cibitoke 6ème avenue)… des bars-restaurants fermés pour avoir fait fi des mesures prises par la mairie. Les conséquences sont multiples et complexes. Ces bars fermés employaient des serveurs. Ils ont embauché beaucoup de jeunes qui n’ont pas pu avoir un emploi sur le marché du travail. Ces derniers ont perdu leur travail et leurs familles souffrent en ce moment. Ces derniers ne peuvent pas se nourrir, payer leurs loyers, soigner leur famille et éduquer leurs enfants. L’impact de ces mesures touche également certaines entreprises publiques comme la Regideso. La consommation en eau et en électricité doit diminuer, car ces bars consomment beaucoup d’énergie pour conserver les boissons et

les aliments comme la viande. qui ont contracté des crédits ne En outre, ces derniers utilisent pourront pas rembourser. beaucoup d’eau pour laver les Les commerçants ambulants verres, nettoyer et entretenir les pénalisés toilettes, etc. Aussi, ils sont factuLes autres personnes frappées rés aux tarifs commerciaux. Suite à cette mesure, certains par cette mesure sont les combars doivent à tout prix diminuer merçants ambulants. Les venle personnel pour tenir le coup. deurs de cartes de recharges et les D’autres seront obligés de fermer commerçants ambulants en soufles portes parce qu’ils ne peuvent frent. Ils sont considérés comme ni payer leurs employés et le loyer des commerçants informels. ni rembourser Ici, il faut d’abord « La loi du les prêts contracrappeler que le tés auprès des secteur informel se commerce banques et des présente comme un burundais autorise véritable « amortismicrofinances. le commerce Malheur aux seur de choc » dans propriétaires qui les pays en voie de ambulant sur font louer leurs développement tout le territoire comme le Burundi. maisons aux tennational. » En effet, ce secteur anciers. Certains adoucit les condine vont pas percevoir leur loyer. D’autres verront tions de la création des emplois. les clients remettre les bâtiments. Par ailleurs, l’informel est l’un Ainsi, les propriétaires qui misent des outils de lutte contre la pausur le revenu locatif pour sur- vreté. Ce commerce ne se souvivre auront des problèmes. Ceux met à aucune règlementation ou

du moins partiellement, booste l’action des nouveaux entrepreneurs dans un monde à économie rampante.

Que dit la loi ? La loi du commerce burundais autorise le commerce ambulant sur tout le territoire national. Pour exercer ce métier, les commerçants sont tenus d’avoir un extrait du registre de commerce délivré gratuitement. Ils portent également des badges et des gilets d’identification. L’article cinq de l’ordonnance du 3 novembre 2016 stipule que : «Sur demande expresse du commerçant ambulant, un extrait du registre de commerce ambulant lui est délivré gratuitement.» Et l’article dix de cette ordonnance prévoit des sanctions aux contrevenants: «Le préposé à la délivrance de l’extrait du registre de commerce ambulant qui ne respecte pas cette ordonnance en soumettant la délivrance de

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l’extrait du registre de commerce ambulant à une condition ou qui, sans justification légitime ne délivre pas l’extrait sur-le-champ est passible d’une amende de 10 000 BIF à 200.000 BIF.» Selon l’article 2 de l’ordonnance du 3 novembre, certains produits sont interdits au commerce ambulant. Ce sont notamment les médicaments et les produits médicaux, les articles en métal précieux, les articles d’horlogerie, les pierres précieuses et semiprécieuses, les billets de loterie, les toxiques, les eaux distillées et non distillées, les appareils médicaux et orthopédiques, les boissons spiritueuses, les appareils d’optique et de lunetterie a l’exception des lunettes solaires sans effet correcteurs, les appareils électriques et électroniques ainsi que leurs accessoires, les bijoux et autres que ceux fabriqués en métal précieux, les produits d’imitation et les produits cosmétiques.


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Interview exclusive Chrysologue Mutwa: «Pas d’intérêt qu’il y ait un litige avec le Comesa» Le Comesa souffle déjà ses 25 bougies. Le Burundi étant membre de cette organisation régionale, quels dividendes ? Quels défis et quelles perspectives ? Eclairage par Chrysologue Mutwa, directeur général du commerce et point focal pour le Comesa.

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5 ans d’existence pour le Comesa, quels sont les dividendes pour le Burundi ?

Le Burundi a déjà tiré des avantages considérables de cette Communauté économique régionale. Le Burundi fait partie des membres fondateurs du Comesa. C’est un vaste marché de plus de 500 millions d’âmes. A travers le Comesa, il y a eu beaucoup de formations à l’intention des experts des différents ministères sectoriels. Il y a des appuis de différentes sortes que le Comesa donne au Burundi. Il y a un appui technique et financier de la part du Comesa au Bureau burundais de normalisation et de contrôle de la qualité. Ce bureau a bénéficié des équipements et même de la logistique qui lui permettront d’atteindre certains coins de l’intérieur du pays. L’OBR a également bénéficié d’un financement du Comesa. C’est à travers ou avec le Comesa que les bailleurs élaborent des programmes pour appuyer les pays membres, le Burundi y compris. D’autres projets sont en cours dont le projet de carte jaune assurance Comesa. Quels sont les défis ? Quand vous adhérez à une communauté, vous voulez avancer au même rythme que les autres pays membres alors que vous n’avez pas les mêmes bases ou les mêmes atouts. Le défi est de vouloir aller au même rythme que les pays qui sont déjà en avance du point de vue économique. Les projets et programmes ne vont pas au même rythme, qu’il y ait des retards dans leur mise en œuvre, c’est un autre défi. Qu’en est de la représentativité du Burundi dans cette organisation ? Il y a une faible représentativité du personnel burundais dans cette organisation. Et il y a plusieurs facteurs dont notamment le fait que nos compatriotes ne concourrent pas aux différents appels d’offre qui sont soumis à notre ministère du Commerce. A titre d’exemple, récemment il y avait un appel de recrutement pour huit postes. Il n’y a qu’un seul burundais qui a postulé alors que pour d’autres pays il y avait une trentaine d’experts, de

cadres qui avaient postulé à ces différents postes. N’y a-t-il pas de risque pour le Burundi d’appartenir à plusieurs unions douanières ?

déjà eu des dommages-intérêts ?

convergé sur le même point. Une équipe est allée négocier directement avec le secteur privé au sujet de ces remboursements pour régler le problème. Le deuxième volet concerne les dépenses engagées par le gouvernement burundais. A ce propos, le Comesa a déjà mis en place une équipe de son côté et a demandé au gouvernement burundais de désigner le sien pour pouvoir négocier et proposer des solutions. Un document devra être élaboré par le Comesa et sera présenté aux organes habilités.

Effectivement le 20e sommet des chefs d’Etats qui devait se tenir à Bujumbura a été délo« Il n’y a pas calisé par l’ancien Le Burundi appar- d’incompatibilité secrétaire général tient à l’union douadu Comesa sans à appartenir nière de la Commul ’ a c c o rd des à plusieurs nauté Est Africaine. organes habilicommunautés tés. Nous avons Pour le moment, c’est la seule à laquelle il déjà demandé économiques appartient. Il n’y a pas les dommagesrégionales. » d’incompatibilité à intérêts pour appartenir à plusieurs les pertes subies communautés économiques suite à cette délocalisation. Etes-vous confiant ? régionales. Il y a deux volets. Il y a le secteur Seulement, il faut voir les privé qui avait déjà eu des bons de Il y a des avancées considérables. objectifs de ces communautés. commande de la part du Comesa. Le secrétariat du Comesa est Des experts sont là pour pou- La nouvelle secrétaire favorable. Ce sont voir orienter les décideurs en la du Comesa a montré les procédures qui « Il y a des matière. Pratiquement, il n’y a pas sa bonne foi. Elle est restent et elles avancées de risque d’appartenir à plusieurs venue au Burundi. Elle doivent passer par unions douanières. a rencontré le ministre considérables. » les organes habilides Affaires étrangères, tés. La question a Le sommet qui devait se tenir le ministre du Commerce et été soulevée lors de la dernière à Bujumbura l’année passée a le secrétaire permanent au réunion du comité inter-gouété délocalisé pour Lusaka alors ministère des Finances. vernemental et celle du conseil que le Burundi avait investi Ils ont échangé en long et en des ministres. Elle a été reçue dans ses préparatifs. Avez-vous large sur la question. Ils ont positivement par les participants.

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Nous espérons que la question sera résolue favorablement. Et si les tractations n’aboutissent pas, comptezvous saisir la Cour ? Nous n’allons pas dans le sens négativiste. Les rapports qui ont eu lieu, la visite du secrétaire général, la constitution de cette équipe de haut niveau, tout cela démontre la bonne foi de résoudre ce problème qui ne devrait pas l’être. C’est un problème qui découle de la mauvaise gouvernance de l’ancien secrétaire général du Comesa. Nous nous en tenons à la parole de la secrétaire générale du Comesa lors de sa visite : «Il n’y a aucun intérêt qu’il y ait un litige entre le Comesa et le Burundi ». Il faut qu’on puisse résoudre ce malentendu. Nous restons optimistes. Propos recueillis par Félix Haburiyakira


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Avec Zénon Manirakiza Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Zénon Manirakiza.

V

otre qualité principale ? L’honnêteté. En fait, les qualités s’acquièrent au fil des engagements et expériences. Après avoir achevé le parcours initiatique exigé, j’ai été investi leader traditionnel, ’’Umushingantahe’’. Le serment prononcé en ce jour mémorable du 26 décembre 1998 souligne le devoir d’honnêteté en toutes choses pour être cette personne sur laquelle la communauté peut toujours compter. J’essaie donc de mériter la confiance des autres en recourant à cette qualité qui est pour moi un idéal vers lequel je dois toujours tendre. Votre défaut principal ? L’ambition. Je reconnais en moi ce défaut de rêver et planifier au-delà des possibilités et capacités qui sont réellement et présentement à ma portée. Ce défaut fait que certains chantiers restent inachevés. L’ambition poussée à outrance crée souvent en moi un sentiment d’imperfection voire de vacuité. La qualité que vous préfère chez les autres? L’honnêteté. En clair, j’attends la réciproque. J’élargis le cercle de mes amis chaque fois que cette qualité est constatée chez l’un ou l’autre. Je ne regrette jamais la perte de ceux qui ont été éjectés de mes réseaux. C’est pour moi une façon de «faire la purge». En effet, «qui se ressemble s’assemble». Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres? L’inconstance. C’est cette tendance d’une personne à changer de conduite ou de décision de façon régulière et sans fondement. L’inconstance est aux antipodes de l’honnêteté. Elle fait que le sujet chancelle entre l’hésitation et la détermination. On n’arrive jamais à se positionner, même pour défendre une cause juste. J’ai du mal à supporter ce défaut.

m’a permis de m’asseoir juste en face de lui à l’heure du repas. J’ai constaté que son repas n’était pas aussi frugal que celui qui était régulièrement servi aux enfants. Quand Rudori nous a quittés en 1976, J’avais 11 ans. Je n’en revenais pas. Ma boulimie ordinaire a vite cédé la place à l’anorexie prolongée. Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre cette perte inopinée et irrécupérable.

La femme que vous admirez le plus ? Pourquoi ? Anatolie Nahimana, ma mère. Sans faire abstraction de ma femme et des femmes célèbres qui ont marqué l’histoire du pays de Samandari et sous d’autres cieux. Je dois faire justice à celle qui m’a porté, à celle-là qui a supporté et redressé mes défauts pour m’aider à grandir. Je sais qu’elle a «transvasé» ses qualités en moi et que ma conduite est largement inspirée de ses remarques, gentilles punitions et compliments. L’homme que vous admirez le plus ? Pourquoi? Joseph Karubwenge, mon père. Encore une fois, c’est sans faire abstraction des hommes célèbres et vaillants qui ont marqué l’histoire de notre pays et sous d’autres cieux. Je dois faire justice à celui qui s’est sacrifié pour payer la scolarité d’une progéniture de sept enfants. Il a dépensé presque tous ses revenus pour être le «papa des intellectuels du coin». Sa maîtrise du lingala et du swahili a certainement influencé le choix de mon

profil académique : Lettres et Sciences Humaines.

nuit, à partir de la salle de classe au Petit Séminaire de Kanyosha, en train d’admirer ces petites lumières qu’émettent les lampes pour la pêche de nuit. Vu de plus près, précisément à la plage, ce lac n’était pas si bleu, si limpide que je le pensais. Tout n’est qu’illusion.

Votre plus beau souvenir ? La découverte du Lac Tanganyika : Une découverte dans le vrai sens du mot. Imaginez un tout jeune garçon qui débarque pour la toute première fois à Bujumbura. C’était un beau jour de septembre Votre plus 1979. triste souvenir ? Totalement dépaysé, surtout aux La mort inopinée de Louis prises avec des vertiges après un Rudori, mon grand-père. Il venait voyage de 98 km à de terminer sa carbord d’un camion rière de commis à « J'avais du genre «Ngeri la communication entendu des ngeri». J’ai condes ordres royaux récits idylliques pendant plus de 30 fondu cette vaste étendue d’eau à un concernant le lac ans. J’aimais rester tout près de lui le miroir posé à même Tanganyika et soir à écouter ses le sol. Il m’a fallu visiter à nourri l’espoir de conseils prodigués à travers des conmaintes reprises ce voir un jour ce tes et des fables. «lac merveilleux» «paradis». » Traditionnellepour constater de ment, au Burundi, plus près que ce miroir était un type d’illusion. De les chefs de ménage se retiraient ma colline natale j’avais entendu dans un endroit discret à l’heure des récits idylliques concernant le des repas. Les enfants pensaient lac Tanganyika et nourri l’espoir que les papas et les grands-pères de voir un jour ce «paradis» que étaient capables de vivre sans fendent les lumières pendant la manger. J’ai commencé à percer ce mysnuit. Je me surprenais très souvent la tère le jour où mon grand-père

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Quel serait votre plus grand malheur ? Mourir sans laisser de traces. Au fil des années, j’ai constaté qu’être riche sur cette terre, c’est avoir de quoi se nourrir, de quoi se vêtir et surtout quoi partager. C’est ainsi que mon plus grand malheur serait de quitter cette terre sans avoir partagé le maximum. Surtout avec mes six enfants, les penseurs contemporains et les leaders de ce monde. L’envie m’a déjà pris d’aiguiser ma plume pour exprimer à la face du monde mon optimisme, mes angoisses et mes déceptions. Je voudrais compter parmi les modèles qui inspirent les générations montantes. Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? La conquête de l’indépendance. Nous chanterons toujours la bravoure de nos aînés. Il faut toutefois souligner que cette indépendance si chèrement acquise n’a pas été valorisée par les différents régimes politiques. Je déplore le fait que les divisions à caractère ethnique constituent la négation même de cette indépendance qui devait être le point de départ de la pleine jouissance des droits civils, politiques et économiques par les leaders et les citoyens. Le mal est visiblement inventé, nourri, apprivoisé et mis en œuvre par des soi-disant intellectuels qui, au finish, en deviennent également victimes. C’est l’histoire de «l’arroseur arrosé». La jeunesse s’en trouve désabusée, déroutée. Je voudrais crier à tue-tête pour que cesse cette propension à tirer profit des idéologies de haine qui


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nants, grogne et contestations pour les perdants. A mon humble avis, il y a moyen de fêter la victoire sans afficher l’intention de nuire aux perdants. Il y a moyen de gérer la défaite avec responsabilité, sans réveiller les vieux démons. Le Président Pierre Buyoya s’est montré courageux et démocrate en passant le témoin au Président Melchior Ndadaye. Ce courage lui a valu l’honneur vite reconnu dans le concert des Nations. Et c’est sur cette lancée qu’il fallait bâtir pour valoriser ce geste et ouvrir au pays un horizon moins sombre.

n’ont pas fait mouche ailleurs. L’indépendance significative, qui ne soit pas un leurre, sera conquise à ce prix. La plus belle date de l’histoire burundaise ? Le 6 juin 1903. C’est la signature du Traité de Kiganda sous Mwezi Gisabo. Ce monarque a reconnu officiellement la souveraineté allemande. Cette date, symbolique du premier geste diplomatique du Burundi, marque également la fin des espoirs nourris par les rebelles Kirima et Maconco. Sans cette ouverture, l’indépendance politique n’aurait pas eu lieu en 1962, faute d’acteurs et de bénéficiaires. Pour les esprits pessimistes et malveillants, cette date a signé le début de la colonisation et la perte de l’indépendance. On peut ouvrir un débat làdessus et démontrer que la sage décision prise par le Roi Mwezi Gisabo a permis à pas mal de Burundais de survivre aux assauts impitoyables de la puissance coloniale. La plus terrible ? Le 21 octobre 1993 : cette date funeste marque l’hécatombe pour tout le peuple burundais. Il est vrai que quelques années auparavant, en 1972, le pays venait de vivre des événements tragiques quelque peu similaires. A cette époque, je n’avais que 7 ans. La date du 21 octobre 1993 marque le début d’une longue crise durant laquelle tous les aspects de la folie humaine se sont manifestés à travers tout le pays. L’assassinat de S.E. Melchior Ndadaye a signé la fin de tous les espoirs chez les Hutu. Plus grave encore, les Tutsi et les Hutu innocents ont été lynchés, une période de damnation. C’est également le début d’une véritable ’’descente aux enfers’’ de l’économie nationale et de l’accélération de la déculturation. Le métier que vous auriez aimé faire ? Pourquoi ? Musicien : pour transmettre des messages de paix à un grand public en peu de temps et arriver à changer le monde le plus rapidement possible. Ceci fait partie de mes ambitions, et c’est là mon plus grand défaut. En 1998, j’ai été élu vice-président de l’Amicale des Musiciens du Burundi. Et en 2001, les responsabilités professionnelles m’ont acculé à céder ce poste à d’autres prétendants. J’ai un album de 15 chansons que j’ai composées. Elles ont été interprétées par l’orchestre national à l’époque. Pour compenser ce que je n’ai pas pu

devenir, je me contente de publier mes recherches. J’espère que les musiciens actuels exploiteront à bon escient la poésie que je viens d’immortaliser dans le Livre «Ijambo Ryubaka» (Parole Edifiante), Presses Lavigerie, 2019, 215 pages). Votre passe-temps préféré ? La méditation. Suite aux années passées au Séminaire de Kanyosha et au Séminaire de Burasira, j’aime contempler la nature, disposer de moments de silence et d’isolement pour la méditation sur la vie présente, l’avenir personnel et le sort de ma patrie. Votre lieu préféré au Burundi ? Le Lac Tanganyika, lieu de détente, de distraction et de méditation par excellence. Je me surprends de temps en temps en train de déclamer un poème sans paroles pour louer l’Eternel qui a créé cette merveille. Coincé entre les monts Mitumba et les belles collines de Bujumbura, le lac Tanganyika est aussi la mère nourricière de la population riveraine. Le pays où vous aimeriez vivre ? Pourquoi ? Le Burundi : C’est une option que j’ai prise après avoir constaté que ce pays est finalement un paradis convoité par les anges et les démons. Pour moi, les crises cycliques et d’autres manifestations de la cruauté humaine ne sont que l’expression d’une concurrence effrénée qui se manifeste de temps en temps pour conquérir cette perle plutôt rare. Oui, le Burundi, cette entité, héritage de nos aïeux, marqué par un climat clément, un printemps ininterrompu et une verdure saisissante. Si les aînés ont appelé ce pays « la Suisse Africaine », c’était peut-être pour lui attirer les sympathies occidentales. Je n’oserais jamais le comparer à un quelconque autre pays, surtout que nos valeurs culturel-

les renferment quelque chose ne manquerai de rien... Quand je d’original, d’indescriptible, de marche dans la vallée de l’ombre subtil, de limpide. de la mort, Je ne crains aucun J’ai eu, à maintes reprises, mal, car tu es avec moi. Ta houl’occasion de voyager et de me lette et ton bâton me rassurent. retrouver dans les pays qui attirent beaucoup de compaQuelle radio écoutez-vous ? triotes, surtout en temps de Radio Maria et Beautiful crise. Je n’ai jamais été pris par Instrumentals (online) : Les l’envie de vivre à lignes éditorial’étranger même « La démocratie les de ces radios si mon pays fait rien de est le pire système n’apportent partie des plus contraignant à ma pauvres, des plus de gouvernement, conscience. Elles instables. Auraisà l'exception de me permettent je été envoûté ? de méditer, contous les autres Non, franchetempler. De temps qui ont pu être ment ! en temps, surtout expérimentés dans quand il y a des Le voyage que événements imporl'histoire. » vous aimeriez tants au Burundi, faire ? dans les pays voiLe voyage vers une île ensoleil- sins ou dans le monde, j’écoute lée perdue dans un océan: Mais la BBC. ce serait pour retourner au bercail aussitôt. Avez-vous une devise ? ’’Ma grâce te suffit’’ (2 CorinVotre rêve thiens 12 :9). du bonheur ? Compter parmi les ’’ImmorVotre souvenir du 1er juin tels’’ du Burundi. En France, 1993 ? les Immortels sont les élus de Jour mémorable pour tout l’Académie Française. La mise le peuple burundais : ceux qui en place de l’Académie Rundi est ont fêté la victoire électorale une promesse qui a du mal à se en grande pompe et ceux qui réaliser. ont essuyé la défaite. C’était une Mon rêve est de contribuer à première expérience de la comla protection et la promotion des pétition démocratique, une fierté valeurs culturelles véhiculées à et une source d’inspiration pour travers le bon usage du Kirundi. A nombre de pays africains qui travers leurs œuvres, les écrivains cherchaient à couper court à des survivent aux épreuves du temps. velléités dictatoriales trop à la mode. Votre plat préféré ? C’était l’aboutissement d’une Grains de maïs cuites avec du campagne électorale qui, malharicot, sans ingrédients ajoutés. heureusement, venait d’être Je ne sais pas s’il y a un nom pré- marquée par des écarts de lancis pour ce plat. Je regrette le fait gage qui cachaient mal le conflit qu’il n’y a jamais eu de débat pour ethnique. établir un consensus concernant Le vote référendaire de la le plat national du Burundi. Charte de l’Unité de 1991 avait pourtant, suscité l’espoir de Votre chanson préférée ? dépasser la sauvagerie sangL’Eternel est mon Berger lante d’antan. Je garde la convic(Psaume 23). C’est une chanson tion que la parole négative qui a religieuse qui me redonne cour- marqué le processus électoral de age au moindre fredonnement. 1993 devait générer le pire. C’est le Cantique de David. ’’Je Fêtes grandioses pour les gag-

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Votre définition de l’indépendance ? C’est le fait de disposer de soi, de réaliser sa propre volonté. Pour un pays, l’indépendance consiste à disposer du droit de gouverner, de légiférer et de défendre son territoire et ses intérêts, enfin, de présider aux destinées du peuple. Votre définition de la démocratie ? La célèbre définition « Gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » signifie que la souveraineté appartient au peuple. Et Winston Churchill de souligner que « La démocratie est le pire système de gouvernement, à l'exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l'histoire ». Pour moi, chaque pays doit définir la démocratie en tenant compte de ses propres réalités au lieu de copier/coller les modes de gouvernance inventés sous d’autres cieux. Par exemple, la monarchie burundaise en période précoloniale n’avait rien à envier aux systèmes soi-disant démocratiques de nos jours. Une analyse sommaire pourrait faire découvrir que nombre de pays africains ont juste importé le «label démocratique» pour le plaquer sur des dictatures subtilement implantées. Au Burundi, il y avait des mécanismes de destitution de monarques défaillants ou soupçonnés d’attirer le mauvais sort sur la patrie. L’institution des Bashingantahe offrait également des espaces d’expression de la volonté du peuple et de critique de l’agir des gouvernants. Parfois, la décision des Bashingantahe était irrévocable, suivie à la lettre par les gouvernants, y compris le Monarque lui-même. O tempora ! O mores ! La dépendance économique fait que, malheureusement, certains Etats sont gouvernés dans le sens voulu par les parrains qui sont généralement les dirigeants des grandes puissances militaires et économiques. Dans ce cas précis, la souveraineté du peuple devient une utopie. Les élections constituent un passage de légitimation de l’ordre imposé et la démocratie devient lettre morte. Et pourtant, il y a moyen d’inventer des systèmes électoraux peu onéreux et de sortir des sentiers battus.


AU COIN DU FEU

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Votre définition de la justice ? Pour moi, la justice est le maintien ou l’établissement de ce qui est juste dans une société. Cela passe par l’enquête pré-juridictionnelle, le jugement des délits et l’administration des sanctions conséquentes, dans le strict respect de la loi. Ce qui m’intéresse le plus, c’est la justice qu’un individu doit à d’autres, dans une logique de relations d’interdépendance. Si vous étiez ministre de la Culture, quelles seraient vos deux premières mesures ? Exiger l’usage du Kirundi dans toutes les instances de communication y compris au Conseil des ministres, les écoles, cours et tribunaux, établissements sanitaires,…lors des fêtes sociales et nationales. Ma deuxième mesure serait de valoriser davantage le Tambour, patrimoine mondial, de l’humanité. Il s’agirait d’aller au-delà de l’euphorie et de l’autosatisfaction pour créer des «industries» culturelles autour de l’élément « Tambour ». Si vous étiez ministre de l’Education, que serait votre première mesure ? Remplacer tous les enseignants

SOCIÉTÉ

défaillants ; ceux-là qui incarnent le contre-modèle des éducateurs. Croyez-vous à la bonté naturelle de l’homme ? Oui, je suis d’accord avec Jean-Jacques Rousseau : « L’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt». Je constate que la candeur enfantine, l’innocence à l’âge de la puberté, la fidélité aux premières heures d’un mariage, etc…. sont des indicateurs de la bonté naturelle. Cette bonté s’effrite au contact avec des âmes maléfiques ou des expériences ultimes qui font que l’instinct animal domine toute propension à agir de façon humaine. Je crois que tout homme est récupérable. C’est là toute la force de l’éducation, de la formation, de la conscientisation. Cet «enfant innocent» qui dort en chacun de nous est capable de se réveiller. Pensez-vous à la mort ? Oui, absolument. Je suis conscient que tout ce qui a eu la possibilité de naître, à un moment donné devra mourir un jour. La mort est l’instant le plus court de la vie individuelle. Cet instant-là est insaisissable et dure quelques secondes. Juste le temps de l’extinction de tout un parcours. Penser à la mort veut dire «être con-

scient de la réalité de cette fin qui guette les vivants. De ce triste événement qui frappe parfois à l’improviste. Cette fin qui peut être douce, brutale ou tragique ». Ni les craintes, ni les lamentations, ni la grogne, rien ne peut empêcher la réalisation du plan de l’Eternel sur nous. Loin de moi l’idée de conclure qu’il n’y a pas de vie possible dans l’audelà. Je crois en la vie éternelle. Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ? Comparaître devant Dieu, c’est aller subir le jugement dernier. Je crois que Dieu juge mes œuvres sur terre au fur et à mesure et que je ne pourrai rien dire devant sa face. Il est le Très-Haut, Omniscient, Omnipotent. En fait, je me considère comme le résultat de la bénédiction divine. Ma vie entière dépend de la volonté de Dieu. Ma devise se trouve ainsi justifiée : « Ma grâce te suffit ». Alors, si je comparais devant Dieu, je n’aurai rien à lui dire car rien de ce qui me concerne ne lui est caché, à chaque instant de ma vie, je comparais devant Lui. Propos recueillis par Mariette Rigumye

Bio express

N

é en 1965 à Kiganda dans la province Muramvya, Zénon Manirakiza est marié et père de six enfants. Il est engagé dans l’éducation à la non-violence active et à la communication non-violente. Il a créé et dirigé plusieurs organisations dont Nduwamahoro, le non-violent actif. Fondation Intahe et Action pour la Patrie, l’Excellence et le Développement (APEDBurundi Buhire). Il est membre du Conseil National des Bashingantahe dont il a assumé les responsabilités de Secrétaire Général et de Vice-Président. Connu pour ses nombreuses publications et ses prestations en tant que formateur des leaders, il vient de publier en novembre 2019, le livre IJAMBO RYABÁKA (’’Parole Edifiante’’). Zénon Manirakiza est spécialisé en gestion de projets et a œuvré non seulement au Bureau du Coordonnateur résident du Système des Nations Unies en tant que Coordonnateur du Programme de Consolidation de la Paix (PBF) au Burundi, mais également chez International Foundation for Electoral Systems et International Alert. Il a été pendant 15 ans au Centre de Recherches pour l’Inculturation et le Développement (CRID) en qualité de Directeur-adjoint.

Kamenge

Des restes de près de 70 de personnes déjà exhumés par la CVR

S

elon le bilan fourni par la Commission Vérité et Réconciliation ce mardi 24 décembre, des restes humains de 69 personnes ont été découverts depuis des recherches d’ossements des victimes de la crise des années 1993 et des années qui ont suivi. L’activité se déroule dans le périmètre de l’ancien marché de Kamenge en commune Ntahangwa, mairie de Bujumbura. «Ce lundi 23 décembre, nous avons pu découvrir plus de 37 corps enterrées dans des tombes proches. Il y a d’autres qu’il était difficile d’identifier car étant enveloppés ensemble. On a même constaté que la machette utilisée pour les tuer était dedans », a indiqué Elie Nahimana, commissaire de la CVR. Dans d’autres cas, fait-il savoir, nous avons trouvé des cordes, qui, peut-être ont été utilisé pour les étrangler, Et de préciser que plus de 5 fosses communes ont été déjà identifiées sur ce site. Pour M. Nahimana, dans la seule matinée de ce mardi 24 décembre, les restes de 30 personnes avaient été exhumés. «Ce qui est évident, c’est que plusieurs corps ont été jetés

dans ce site comme les rapports à notre disposition le montrent. Certaines victimes étaient assassinées ailleurs et amenées ici. Elles étaient soit enveloppées dans des couvertures, soit emballées dans des sacs, voire des moustiquaires», a-t-il tenu à préciser. Selon lui, ce que la CVR a recueilli dans différents témoignages et auditions viennent de se révéler vrais. D’après Elie Nahimana, les recherches vont continuer pour trouver d’autres corps qui seraient enfouis sous des amas de terre au vu des sédiments formés suite aux les fortes précipitations. Ce commissaire de la CVR a également informé l’opinion que l’étape suivante sera de mettre ces restes humains dans des sacs mortuaires avant de les inhumer dans la dignité. Les activités recherches des restes humains ont débuté lundi 16 décembre par le terrassement de site identifié en se basant sur les témoignages des habitants de ce quartier et des rescapés de la crise 1993 et des années qui ont suivi. Jérémie Misago

Un pantalon resté presque intact comme pour défier le temps afin de témoigner

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ENVIRONNEMENT

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Encore des morts au nord de la ville de Bujumbura

naître les fondations de ces maisons dans cette localité durement touchés. Des scénarii qui rappellent les inondations de Gatunguru de février 2014. Beaucoup de ménages sont détruits. Des maisons ayant des fondations résistantes sont pour la plupart remplies de boues. Sous le choc, un rescapé raconte : «C’est vers 3 heures du matin que l’on commence à entendre des éboulements de pierres provenant des montagnes. Et c’est à ce moment que les eaux des pluies envahissent nos ménages.» D’après lui, suite aux fortes pluies, le ruisseau Cari déborde de son lit et ses eaux furieuses emportent tout sur leur passage.

Plus de dix personnes sont mortes à Winterekwa et Nyabagere, zone Gihosha, commune Ntahangwa, au nord de Bujumbura suite aux fortes pluies de la nuit du 21 décembre 2019. Les rescapés de cette catastrophe naturelle crient à l’aide.

E

n tout, 15 morts et 45 blessés. C’est le bilan provisoire que fournit Floribert Sibomana, chef de zone Gihosha, mardi, le 23 décembre 2019. Soit deux jours après cette catastrophe naturelle. Cette autorité signale aussi que 57 maisons ont été totalement détruites, 57 autres l’ont été partiellement tandis que 132 maisons ont été inondées. Les ménages affectés étant au nombre de 219 selon M. Sibomana. Les rescapés sont regroupés à l’Ecole Fondamentale Winterekwa. « Ils sont 257 dont 129 adultes et 128 enfants », préciset-il. Et de nuancer qu’il y a 56 hommes, 73 femmes, 66 garçons et 92 filles. Jusqu’à lundi matin, ces sinistrés n’avaient bénéficié d'aucune aide alimentaire. D’autres étaient encore dispersés dans les familles. « Nous avons passé une nuit sans rien mettre sous la dent. Pas de couverture, pas de matériel de couchage, etc », déplore un des rescapés. Néanmoins, il reconnaît que là au moins, ils sont hors du danger : « C’est miraculeusement que je n’ai pas été emporté par les eaux. Des taxi-vélos qui vivaient non loin de moi n’ont pas eu cette chance. C’était vraiment affreux.» Lundi 22 décembre, à l’Ecofo Winterekwa, les rescapés sont enregistrés. Et quelques blessés légers bénéficient des traitements. Une équipe des psychologues est aussi sur place.

Des dégâts énormes

Quelques-uns des cadavres des victimes de ces intempéries

ces eaux dévalant des hauteurs surplombant cette zone. Spécialement à Winterekwa, la

désolation est totale. Toutes les rues et ruelles sont boueuses, plusieurs maisons en briques adobe

sont détruites ou des murs effondrés. Il est même difficile de recon-

Gatunguru "remix" Le lendemain de cette catastrophe, la Route Nationale N°1 et certains coins des quartiers Nyabagere et Uwinterekwa sont méconnaissables. La boue mélangée de pierres couvre le goudron. Des troncs de palmiers déracinés dans les montagnes, des grosses pierres charriés par les eaux du ruisseau envahissent les rues, les maisons, etc. Les caniveaux sont débordés. Ils ne sont plus visibles. Les eaux des pluies en provenance des montagnes coulent de part et d’autre de la RN1. Les ménages de la 6ème et la 13ème rue du quartier Kamenge sont très touchés par

Beaucoup de maisons ont été totalement ou partiellement détruites

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Dimanche matin, 22 décembre, avec à la tête Alain-Guillaume Bunyoni, ministre de la sécurité publique et de gestion des catastrophes, différentes autorités font le déplacement à Winterekwa et Nyabagere. Des policiers de la protection civile épaulés par des militaires, des agents de la Croix-Rouge Burundi s’activent pour retrouver les survivants ou les cadavres sous les décombres. Le constat est amer et le premier bilan provisoire est annoncé. Vers 12 heures, le ministre Bunyoni fait état de 12 morts et plus de 30 blessés. Des blessés sont évacués vers différentes structures


ENVIRONNEMENT

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sanitaires surtout à l’hôpital de Médecin Sans frontières à Kigobe, les cadavres vers la morgue de l’hôpital Roi khaled. Le ministre promet qu’avec l’appui des partenaires et de la population, le ruisseau sera canalisé. Il demande aussi aux habitants des endroits affectés et de l’entourage de vider provisoirement les lieux. Il lance aussi un appel à toute personne de faire un geste de solidarité avec les sinistrés. «Pour ceux qui pourraient ne pas avoir où passer la nuit, des centres d’abris provisoires sont en train d’être installés». A cette même occasion, le min-

quaires, un kit complet de cuisine, des bidons, des savons, des habits et des chaussures leur est octroyée. Une occasion pour le Au chevet ministre de suivre le travail des des rescapés agents de santé en train de désinLundi, 23 décembre, Thad- fecter les localités touchées. dée Ndikumana, ministre de la « Cela permet d’éviter des épidéSanté Publique et mies éventuelles. » de la Lutte contre Il annonce que les le Sida se rend à « Le gouvernement rescapés malades va se charger des vont être soignés l’Ecofo Winterekwa. C’est là que gratuitement à cérémonies des se trouvent prol’hôpital de disfunérailles des visoirement les trict de Kamenge. victimes. » sinistrés. « Un médecin, Une assistance une ambulance et composée de 2.5 tonnes de riz, d’autres médicaments sont dis860 kg de haricot, 186 mousti- ponibles. » istre Bunyoni fait savoir que les fortes pluies ont causé d’autres dégâts à Buterere et Carama.

Un appel est lancé aux rescapés de faire l’hygiène pour éviter les maladies liées à la promiscuité. Cette aide est venue de la Croix Rouge Burundi, AJAP, Caritas Burundi, ainsi que le ministère de la solidarité. Mardi 24 décembre, c’est le tour du 1er vice-président de la République Gaston Sindimwo. Il leur distribue une assistance constituée de 2350 Kg de riz, 2350 kg de haricots et 238 pagnes. Chaque famille recevra 25 kg de riz, 10 kg de haricot et un pagne. A cette occasion, M. Sindimwo annonce que le gouvernement va se charger des cérémonies des funérailles des victimes de ces

pluies torrentielles. De façon globale, ceux qui ont construit dans des zones à risques sont appelés à déménager. Un ordre est ainsi donné à l’urbanisme d’exiger la construction des puits perdus. Il estime que ces catastrophes naturelles sont liées au fait que les eaux de pluies en provenance de la toiture des maisons se déversent sur la ville. « Ce qui cause des dégâts énormes tant humains et matériels. » Il demande à la plateforme de penser à un système d’alerte efficace en cas des pluies torrentielles. Rénovat Ndabashinze

Restructurer les quartiers

D’après Bernard Sindihebura, spécialiste en Aménagement du territoire, la cause principale de cette situation est liée à la structuration des quartiers. S’exprimant sur la radio Isanganiro, il signale que dans cette localité, il y avait une carrière en cours d’exploitation. Après, il a accueilli une grande quantité d’eau en provenance du grand bassin versant de Karama mais qui était dégradé. Cette eau a constitué un lac de retenu. Suite à la quantité emmagasinée, ce lac a cédé. Et les eaux ont déferlé avec toutes les quantités de pierres, des blocs, des terres, etc. En bas de ces deux quartiers, cet expert indique qu’il y avait

une zone où on faisait la pisciculture. « Un autre facteur aggravant c’est que les deux quartiers Nyabagere et Uwinterekwa sont occupés anarchiquement. Il n’y a pas eu un travail de lotissement préliminaire.» Ce qui signifie que le tracé des voies d’accès, des pistes, des avenues n’a pas respecté les règles. Il existe des pistes qui suivent une pente critique qui dépasse 12%. «En général, on ne devrait pas avoir les pistes de ce genre. » C’est pour cela que tout le long de ces pistes, il y a des éboulis, des glissements, des fissures qui longent les routes. M. Sindayihebura estime que

ces deux quartiers devraient être restructurés. Il recommande aux élus locaux de faire la surveillance. En effet, les gens ont construit sur une très forte pente. « Les terrains devraient être aménagés pour atténuer ces pentes. » Aux services d’urbanisme, il leur rappelle les techniques appropriées d’aménagement des terrains. « Avant d’implanter un quartier, on devrait faire une étude de lotissement et assainissement. » Aux exploitants des mines et carrières, il leur demande de respecter les règles et les lois dont la remise en valeur des sites exploités.

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Les profils ainsi que les termes de références doivent être consultés au siège de GTS sis quartier industriel, avenue de l’OUA, à côté du marché Siyoni, tous les jours ouvrables de 8h00 à 17h00. La date limite des dépôts des candidatures est fixée au 15 janvier 2020 à 16 h au siège de la GTS. Les candidatures féminines sont encouragées.


AU CŒUR DU PAYS

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Région Sud

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Rumonge

Les partis politiques réclament la libération de leurs mandataires Après l’incarcération de certains délégués envoyés pour la supervision de l’opération d’enrôlement des électeurs, leurs familles politiques demandent leur relaxation. Ils sont accusés d’avoir torpillé l’opération d’inscription pour avoir dénoncer des irrégularités. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

C

es mandataires sont au nombre de quatre. Trois sont du CNL, l’autre est membre du parti Uprona. Ils ont été arrêtés, il y a deux semaines, dans les communes de Bugarama et Rumonge au moment où ils observaient l’opération d’inscription des nouveaux électeurs. La police les accuse d’avoir fait des déclarations mensongères visant à gêner l’opération d’enrôlement des électeurs, ce que nient leurs familles politiques qui félicitent leurs mandataires d’avoir osé dénoncer des irrégularités au cours de cette opération. Leurs familles politiques parlent d’inscriptions fictives qui se faisaient chez un des agents de

Région Sud

la Ceci en contradiction avec le Code électoral. Sur la colline de Minago en commune de Rumonge, une femme mandataire du nom d’Anitha Nshimirimana a été arrêtée pour avoir dénoncé l’inscription des personnes sans leur présence physique au bureau d’inscription. Sur la colline Karagara en commune de Rumonge, un certain Jérémie Ndayizeye, mandataire du parti CNL a été appréhendé par la police pour des ’’dénonciations calomnieuses’’ en rapport avec l’opération d’enrôlement des électeurs. Le représentant du parti CNL en province de Rumonge indique que leur mandataire dénonçait des personnes qui venaient faire inscrire des gens avec des cartes d’identité sans leur présence physique, ce qui pourrait fausser le fichier électoral avec l’inscription des personnes fictives.

Prison de Rumonge où sont incarcérés les quatre mandataires des partis politiques

«Arrêtés pour avoir dénoncé des irrégularités» Obède Ntakiyiruta, représentant le parti CNL en province de Rumonge demande la libération de leurs mandataire car selon lui, ils n’ont commis aucune infraction en dénonçant ces irrégularités. «Ils devraient être félicités pour avoir mis à nu des fraudes et autres irrégularités punies selon l’actuel code électoral». Il demande à la Cepi de mener des enquêtes pour que les auteurs de ces fraudes et irrégularités soient punies selon le Code électoral

afin de garantir des élections libres, transparentes et crédibles. Ce représentant provincial du parti CNL demande que ces mandataires soient libérés car la Chambre du conseil en a décidé ainsi, aucune infraction ne leur est reprochée. Même son de cloche pour David Mukanya, représentant du parti Uprona en province de Rumonge. Il demande la libération de son mandataire. Il en appelle à la vulgarisation du Code électoral, qu`'il soit largement vulgarisé auprès des

agents électoraux et des mandataires des partis politiques. La présidente de la Cepi Rumonge indique que l’opération d’enrôlement s’est globalement bien déroulée sauf ces quelques cas d’arrestation des mandataires qui ont voulu gêner le déroulement de l’opération. Il lance un appel aux responsables politiques de bien encadrer leurs mandataires afin de faire une observation responsable pour garantir le bon déroulement du futur scrutin.

Cibitoke

Quand la Kagunuzi sème la désolation à Buganda Suite aux pluies torrentielles qui se sont abattues, ces derniers jours, sur la commune de Buganda, plus de 1.700 ha de cultures ont été inondés par la rivière Kagunuzi. Les agriculteurs victimes de ces crues tirent sur la sonnette d’alarme. La DPEAE se dit inquiète pour ces familles. à procéder à la récolte. D’autres agriculteurs se disent dans le désarroi : « Je ne vois pas comment mes enfants vont pouvoir commencer le deuxième trimestre sans frais scolaires ni matériel scolaire nécessaire pour pouvoir étudier dans de bonnes conditions ». Ces pluies ont également endommagé le pont se trouvant sur la rivière Kagunuzi. «S’il continue à pleuvoir, ce pont sera détruit », ont noté ces agriculteurs et les usagers. Ces agriculteurs dans le désarroi appellent à l’aide : « Il faut que les bienfaiteurs et à l’administration nous donnent au moins des semences et quelques vivres pour nos familles».

De notre correspondant Jackson Bahati

I

l n’y a plus de ces champs verdoyants dans les marais de la rivière Kagunuzi qui a tout couvert. Les agriculteurs ne savent plus sur quel pied danser. Les pluies torrentielles de ces derniers jours ont détruit leurs champs. Il s’agit notamment des cultures de riz, de haricot, de manioc et de maïs. Tout avait été planté pendant la saison culturale A. D’après les informations reçues sur place, certains de ces agriculteurs avaient contracté des crédits pour exploiter ces champs dans l’espoir de rembourser après avoir récolté. Malheureusement, ces pluies ont tout gâché. «Pour le moment je suis candidat à la prison, je suis incapable de payer mes dettes et les crédits », se lamente un agri-

Des champs dévastés

culteur interrogé. Suite à cette situation, certains de ces agriculteurs révèlent qu’ils envisagent quitter le pays pour chercher mieux ailleurs.

Jacques Ndayongeje, agriculteur à Buganda, avait cultivé 5 ha de riz et tous ses champs ont été emportés par la rivière Kagunuzi alors qu’il s’apprêtait

Une liste a déjà été élaborée Selon Mme Béatrice Nyabenda, directrice provin-

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ciale de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage dans la province Cibitoke, ces pluies ont réellement endommagé de nombreux champs. «Nous en sommes conscients. La direction s’est empressée à procéder à l’identification des familles affectées et à l’établissement de la liste des victimes». Cette autorité appelle les bienfaiteurs et les âmes charitables à voler au secours de ces familles. A ces dernières, il faut ajouter plus de 1.000 ménages sinistrés victimes d’éboulement dans la zone Nyamakarabo commune Mugina. Certaines familles sont hébergées dans des églises de la place et d’autres chez des connaissances qui ont survécu à ces catastrophes naturelles qui ont emporté plus de 35 morts dans la nuit du 4 au 5 décembre de cette année.


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Région Centre

COSSESONA, pour un avenir radieux ? Pour les leaders syndicaux de la Coalition Spéciale des Syndicats des Enseignants pour la Solidarité Nationale(COSSESONA), la cotisation mensuelle de 500 BIF prélevée sur le salaire des enseignants est un esprit de solidarité nationale pour aider les plus nécessiteux. L’initiative divise. De notre correspondant Jean-Noël Manirakiza

A

Gitega, devant les enseignants, les directeurs d’écoles, les directeurs communaux et provinciaux de l’éducation, les dirigeants de COSSESONA n’ont pas lésiné sur les moyens. Durant deux jours successifs, ils ont tout expliqué. Passant des réalisations de la Fondation pour le Logement du personnel de l’Enseignement (FLE), de l’épargne des enseignants, ils ont fixé une cotisation mensuelle de 500 BIF par chaque enseignant dans le but d’être un exemple de citoyenneté. Ces responsables n’ont pas tari d’éloges pour la contribution du personnel enseignant qui d’après eux, sera bénéfique à tout le monde. « Aujourd’hui, les syndicats des enseignants ont tout fait pour améliorer la vie socioprofessionnelle de nos membres. Nous avons aussi mis en place un cadre légal et réglementaire pour assister la population victime des aléas climatiques,

SPORT

l’assistance aux enseignants en situation critique, plus particulièrement ceux ayant besoin des soins de santé qui exigent le déplacement vers l’étranger», se félicite Victor Ndabaniwe, président de COSSESONA. N’ignorant pas que tous les enseignants ne sont pas d’accord avec lui, Ndabaniwe prévient : « Nous mettons en garde ceux qui nous diabolisent, de ne pas saboter nos projets et nos réalisations. Personne n’est contraint de nous suivre, ils peuvent faire ce que le droit leur permet». Serge Ngendakumana, président du Conseil National de Dialogue Social (CNDS) de renchérir : « Cette contribution est un signe de solidarité envers le public et envers l’enseignant lui-même. Avec cet argent, il y’aura un fond pour venir en aide à ceux qui sont hospitalisés et qui sont incapable de payer les frais mais aussi les victimes des aléas climatiques ! » Dans cette réunion de Gitega, l’épargne de FLE était aussi à l’ordre du jour. « Elle épaule les enseignants à accéder à un logement décent sur base des crédits octroyés à des taux d’intérêts

Victor Ndabaniwe : «Nous mettons en garde ceux qui nous diabolisent, qu’ils ne sabotent pas nos programmes ! »

réduits. Elle n’est pas obligatoire comme les uns le prétendent. Ceux qui le veulent peuvent se retirer », assure ce président de COSSESONA.

« Touche pas à mon salaire ! » Malgré ces bonnes intentions proclamées par ce consortium des syndicats, pas mal d’enseignants n’épousent pas les idées du COSSESONA et ses dirigeants. Pour les uns, c’est un programme louable, pour les autres, c’est du détournement des fonds. « Ma seule inquiétude, c’est

la gestion de ces milliards sinon l’initiative était bonne », dira une enseignante de Mutaho. Dans un autre camp, les propos sont plutôt virulents. « Si un groupe de personnes se donnent le pouvoir de gérer notre salaire, c’est du vol pur et simple », affirme un enseignant de Gitega. Pour lui, le gouvernement se suffit lui-même avec le ministère de la Solidarité. Et ce n’est pas aux enseignants qui touchent un salaire de misère de supplanter les organes de l’Etat. « Nous contribuons aux élections, nous cotisons dans l’INSS et la Mutuelle de Fonction Publique,

etc. Pas question alors de continuer de toucher encore une fois à mon salaire », ajoute un autre enseignant interrogé. Tandis que certains ne veulent pas entendre parler de ces cotisations qu’ils considèrent comme obligatoires et injustifiées, les autres jugent le COSSESONA de rouler pour le gouvernement. « Au lieu de lutter pour les droits des enseignants qui sont les moins payés par rapport aux autres fonctionnaires, ils s’occupent de la politique et du clientélisme. C’est un groupe de gens qui se réclament syndicalistes alors qu’ils veulent s’enrichir sur notre dos », charge un autre invité à cette rencontre. Et pour les crédits aux logements, beaucoup sont allés même loin en pointant du doigt l’opacité qui règnerait dans le choix des bénéficiaires. Parmi les perspectives d’avenir, ces leaders syndicaux envisagent de voir à la hausse dès janvier prochain, l’épargne qui est de 5.000 BIF par enseignant. «La FLE ne serait pas en mesure de servir tous les enseignants si l’épargne n’augmente pas ».

Basketball

Sef Sabushimike vs Lydia Nsekera: la réponse du berger à la bergère Après que la présidente du Comité National Olympique, en conference de presse du lundi 23 décembre, ait fustigé les « manœuvres »des présidents des associations affiliées à la FEBABU de démettre Kararuza, son actuel son président. La réponse de Sef Sabushimike, leur représentant ne s’est pas fait attendre.

P

ourquoi veut-elle à faire croire à l'opinion que c’est elle la salvatrice, alors que son objectif est de sauver la face de Kararuza », proteste Sef Sabushimike, président par intérim. D’après lui, une vaine tentative. Outre que les amateurs du ballon orange, désormais, savent son côté penchant, fait-il savoir, Mme Nsekera doit se rappeler que le Comité National Olympique n’est qu’un organe consultatif. « En aucune manière, il peut prendre une décision ou interférer dans les décisions des fédérations ». A cet effet, il indique que le Réglement d’ordre intérieur(ROI) de la Fédération de basketball du Burundi(FEBABU) est clair : « Si nous autres présidents qui l’avons élu, nous lui retirons notre confiance, pourquoi la présidente du CNO s’obstine- t-elle à nous mettre

les bâtons dans les roues ? ». En tant qu’organe interlocuteur, comme elle le laisse entendre, elle devrait conseiller à Kararuza d’obéir la décision du quorum. « Sinon, l’histoire retiendra d’elle comme une personne qui a empiété au bon fonctionnement d’un organe alors qu’elle était censé insuffler son bon fonctionnement ». Il rappelle l’assemblée générale prévue ce samedi 28 décembre, est maintenue tel que convenu.

Le CNO s’oppose « Au risque que de telles pratiques se généralisent, le CNO combattra avec la dernière énergie de telles initiatives », a martelé Lydia Nsekera lors de la conference de presse. « S’ils veulent le destituer, ils n’ont qu’à suivre la procédure habitu-

La crise ne fléchit pas au sein de la Febabu

elle telle que le stipule le ROI ». D’après elle, il ne suffit pas qu’un membre d’une fédération ait un différend avec son président, qu’un bon matin, il se lève frustré pour le chasser de sa présidence : « S›ils veulent le démettre, il faut qu’ils se fient au ROI ». Et si ce passage en force vient à se confirmer, a-t-elle expliqué, la

Fédération internationale(FIBA) prendra des sanctions à l’encontre de la FEBABU. Face à ces risques, elle a conseillé à ces présidents d’attendre la fin de son mandat. « Pour un mandat qui se termine avec mars 2020, qu’y - a-t-il de si urgent pour qu’ils n’attendent pas ? ». Et de prévenir : « Si la volte-

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face persiste tous les amateurs du ballon orange doivent savoir une chose : la sortie annoncée de l’équipe nationale pour le compte de la zone 5 ne sera plus d’actualité ». Un coup dur pour les jeunes basketteurs qui viennent de passer trois semaines à s‘entraîner. Hervé Mugisha


AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

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Gitega

La mendicité comme moyen de survie

Les personnes présentant une infirmité envahissent les places publiques, devant les restaurants et les magasins chaque matin pour faire la manche. Pour ces derniers, c’est la seule issue pour survivre. Quant aux citadins, il faut que l’Etat s’y implique pour stopper ce phénomène. une bière comme les autres personnes qui ont un emploi régulier», raconte un vendeur de charbon de Giheta.

De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

L

e phénomène de la mendicité est devenu monnaie courante, partout dans toute la ville de Gitega. Devant les magasins, restaurants, au marché, boulangeries, stations-services, parkings etc, les mendiants sont de plusieurs catégories : ceux qui sont invalides, handicapés moteurs ou autres, les personnes âgées. Et dernièrement, de nouveaux cas qui s’imposent dans la ville : des escrocs qui se font passer pour des personnes qui sont dans les hôpitaux qui n’ont pas de quoi manger et sans garde malade. Les mendiants en général sont silencieux, tendant la main, repliés sur eux-mêmes et d’autres plus âgés vous regardent bien en face, comme pour vous culpabiliser. D’autres mendiants, au contraire, récitent des phrases apprises par cœur demandant une pièce de monnaie ou tout simplement du pain. Les enfants de la rue, sont eux, plus agressifs,

Région Sud

Des tentatives de solutions encore infructueuses

Un certain vendredi (jour dédié aux mendiants) devant une officine

ils vous poursuivent sur plusieurs mètres, implorant et suppliant pour une pièce. Cette pratique se généralise et se banalise. « Le matin, ils viennent à moto ou à vélo comme s’ils sont en retard au travail », indique un

marchand ambulant. D’après lui, ces mendiants gagnent par jour plus que les salariés moyens. A en croire certaines personnes, ces mendiants surtout les femmes qui habitent les environs de la ville louent des enfants qui sont

nés avec une infirmité pour aller les exposer dans les places publiques en vue d’attirer la compassion des passants. « Il y a ceux qui ont des propriétés, des chèvres et des vaches chez eux sur la colline. Le soir, ils s’achètent

Force est de remarquer que malgré toutes les tentatives de l’administration pour éradiquer le phénomène, le nombre des mendiants ne diminue point et leurs conditions ne s’améliorent guère. A Gitega, il y a un certain temps, les éléments de la police essayaient de chasser tous les mendiants dans les places publiques. Malheureusement, force est de constater qu’après quelques jours, les mendiants sont toujours là, même plus nombreux encore. Selon certains d’entre eux, ils le font malgré eux car c’est leur seul moyens de vivre. Il faut préciser cependant que la loi burundaise interdit de mendier mais pour beaucoup, l’aumône est un acte de générosité exercé volontairement pour soutenir un nécessiteux.

Bururi

Un recrutement mitigé

Certains candidats sont satisfaits de la transparence du recrutement des enseignants tandis que d’autres relèvent des irrégularités et demandent plus transparence. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

A

près l’affichage des candidats retenus après le test de recrutement des nouveaux enseignants dans cette province, parents, chômeurs, associations œuvrant dans le domaine de l’enseignement notent une avancée dans le recrutement des enseignants. Ils indiquent qu’avant, le recrutement se faisait dans une grande opacité où aucun critère n’était tenu en compte mais que cette fois les critères sont connus et ont été plus ou moins respectés. C’est la satisfaction pour beaucoup de gens dans cette province qui connaît un taux élevé de chômage chez les jeunes scolarisés. Un jeune homme et une jeune fille qui ont terminé l’école de formation d’instituteurs ressortissant de la zone de Bamba en commune et province Bururi

rencontrés sont très satisfaits d’être recrutés après 10 ans de chômage. Pour eux, les plus méritants ont été recrutés à base des critères objectifs. Ils encouragent la commission de recrutement à être plus performante dans les prochaines années afin que l’équité et la transparence transparaissent dans leur travail. Ce modèle de recrutement basé sur la transparence et l’équité devrait inspirer d’autres secteurs de la vie nationale pour que la culture de l’excellence et du mérite prime sur d’autres considérations non objectives.

Des irrégularités D’autres jeunes rencontrés à Bururi parlent de certaines irrégularités qui ont émaillé ce recrutement dont un test qui ne permettait pas de bien mesurer et d’évaluer la compétence. Ces jeunes recommandent que la publication des résultats du test puisse être faite un jour après la passation du test de recrutement

Bâtiment abritant la DPE Bururi

pour éviter toute spéculation ou manipulation. Selon eux, les représentants des parents, des associations œuvrant dans le domaine de l’éducation et les représentants des syndicats des enseignants devraient être associés à la commission de recrutement. Les critères genre et âge doivent être considérés pour plus

d’équité. Certains membres des comités des parents sont satisfaits de ce recrutement et indiquent que cela permettra d’avoir des enseignants compétents. Ils demandent aux jeunes chômeurs de revoir la matière afin d’être compétitifs dans les prochains recrutements. Ils encouragent le gouvernement à mettre en place des critères objec-

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tifs de recrutement dans tous les secteurs de la vie nationale pour asseoir la bonne gouvernance. Sachez que la province de Bururi enregistre un taux élevé de chômage chez les jeunes lauréats de l’enseignement secondaire et supérieur.


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Les bienfaits du projet « Bâtir l’avenir » La formation et l’insertion socio-professionnelle des jeunes déscolarisés et des travailleurs du secteur informel, le renforcement des organisations de la société civile en particulier l’AEB et la CHASAA, la création d’une application web pour l’offre et la demande de l’emploi et d’une microfinance sont, entre autre, les réalisations dudit projet.

O

rganisé conjointement par l’Association des Employeurs du Burundi (AEB), la Chambre Sectorielle d’Arts et Artisanat, et l’ONG Volontarioto per lo Sviluppo (VIS) le 20 décembre 2019 à Bujumbura, l’atelier de clôture du projet « Bâtir l’avenir » visait deux objectifs. Il s’agissait de la présentation des réalisations et lancement officiel du dispositif informatique de collecte des données sur la demande et l’offre d’emploi dans les secteurs privé et parapublique. Ledit projet a été financé par l’Union Européenne et la Fondation Museke. Dans son discours, Jumapili Radjabu, président de la CHASAA, a insisté sur les bienfaits du projet. « Il est non seulement un modèle pour construire l’avenir aux jeunes qui étaient jusque-là sans emploi». Selon lui, le projet a permis l’insertion socio-économique des jeunes apprenants. Il précise que la CHASAA a également été renforcé grâce à ce projet. Une micro-finance des artisans et artistes du Burundi dénommée Coopérative d’épargne et de crédit pour le Développement des Artisans et Artistes du Burundi a vu le jour. Elle va d’ailleurs commencer à octroyer l’accès aux services financiers aux artisans et aux jeunes bénéficiaires. De son côté, Bernard Selemani, vice-président de l’AEB, salue la bonne collaboration de tous les intervenants dans le projet. Il signale que le projet a connu quelques moments de frottement à son démarrage causés par des raisons externes liées essentiellement à la crise de 2015. Cependant, fait-il remarquer, le projet a à son actif plusieurs réalisations. «Les employés du secteur du bâtiment ont pu identifier eux-mêmes leurs besoins urgents en tant qu’ouvriers qualifiés». Ce n’est pas tout. Le projet a assuré différentes formations dans plusieurs domaines tels que la peinture, le carrelage, le coffrage, la soudure, l’utilisation des briques semi-industrielles. Cette nouvelle approche impliquant les opérateurs du marché du travail dans le développement de la formation a eu comme résultats l’augmentation de la productivité de ces derniers l’accroissement du taux d’insertion des jeunes ainsi que le rayonnement de l’AEB. Par ailleurs, tient-il à souligner, certains bénéficiaires ont pu avoir des qualifications et des compétences qu’ils n’avaient pas et d’autres qui en avaient ont pu les améliorer. Et de marteler : « Même leurs revenus salariaux ont été améliorés ».

De gauche à droite: Marco Ziliotto, Félix Mpozeriniga, Bernard Seleman et Jumapili Radjabu

Et de se féliciter du plein succès, avant d’interpeller : « C’est aussi le moment de prendre des résolutions pour pérenniser ce projet ». Prenant la parole, Marco Ziliotto, représentant légal de VIS, se dit satisfait des réalisations et des résultats du projet. Pour lui, l’application Web et la microfinance sont le fruit de l ‘appui et le renforcement que le projet a apporté à l’AEB et la CHASAA. Par ailleurs, souligne-t-il, l’insertion socio-professionnelle des jeunes déscolarisés et des travailleurs du secteur informel des provinces cibles sur le marché du travail a réussi. «1842 personnes ont été formées pendant le projet. 390 travailleurs ont fait les cours de perfectionnement, 100 artisans, avec lesquels on a collaboré, ont été certifiés dans leurs connaissances et expérience. En plus 1532 jeunes sans emploi et dehors du système scolaire ont été formés. Et parmi eux 852 ont été insérés dans le marché du travail ». « J’aurai préféré procéder à l’ouverture d’un projet qui commence qu’à la clôture d’un projet qui n’a duré pratiquement que deux ans », a déploré, Félix Mpozeriniga, ministre de la Fonction publique. Il a fait savoir que le Burundi a d’énormes besoins en formation et réinsertion socio-professionnelle. De tels projets diminuer-

aient le chômage . Il a insisté sur l’importance de la professionnalisation de la formation. Selon lui, la formation a un double objectif. Elle fournit à l’économie les ressources humaines valorisées capables de la booster. Elle donne à la population et à la jeunesse en particulier les capacités d’exercer un emploi rémunéré. Le ministre de la Fonction Publique, du Travail de l’Emploi Monsieur Mpozeriniga Felix qui a ouvert les travaux de cet atelier estime que la professionnalisation de la formation est une nécessité pour les entreprises et les services de l’administration publique. Ils ont besoins des ressources humaines directement productives après la formation. « La formation professionnelle, l’enseignement des métiers, et même de l’alphabétisation ont de la valeur parce qu’ils participent au développement de l’employabilité ». Pour lui, la participation par les entreprises au système de professionnalisation est une nécessité incontournable. Il interpelle ensuite les cadres de l’entreprise, les ingénieurs et techniciens ainsi que les employeurs de l’administration publique d’appuyer la professionnalisation de la formation notamment par l’accueil et l’encadrement corrects des stagiaires. Ils deman-

dent aux ingénieurs et autres cadres spécialisés de dispenser les cours dans les établissements de formation vu que la pénurie d’enseignants et de formateurs est une réalité dans les domaines techniques et technologiques.

Des fruits du projet « Il s’agit d’une application web incorporée sur le site de l’AEB (www.aeb-burundi.com) appelée « MY PROFILE » qui permettra aux chercheurs d’emplois de créer des comptes personnels », a indiqué, Prudence Nimpagaritse, consultant au cours de son exposé. Les chercheurs d’emplois, ajoute-til, vont y remplir un formulaire préétabli pour l’identification personnelle et la définition de son profil avec possibilité de l’actualiser d’une façon régulière et y attendre l’appel des employeurs en quête de profils donnés. Par ailleurs, poursuit-il, les employeurs en besoin de recrutement de nouvelles unités auront l’accès à ce système qui leur permettra de définir le profil recherché par l’aide d’un formulaire préétabli. Ils vont recevoir automatiquement la liste des chercheurs d’emploi répondant aux critères fixés ainsi que leurs dossiers en ligne. Selon le consultant, l’entreprise désirant recruter une mai-

Les participants à l'atelier

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son d’œuvre par le biais de l’application « MY PROFILE» pourra demander l’assistance technique de l’AEB ou le faire elle-même sur base d’un accès fourni par le secrétariat général de l’AEB. Il a en outre précisé que ce service sera gratuit pour les entreprises membres de l’AEB en ordre avec le paiement des cotisations. Les entreprises non membres ou ONGs souhaitant utiliser ce service pourront se voir demander des frais d’entretien du système. Les chercheurs d’emploi n’auront plus besoin désormais de courir ici et la pour déposer leurs dossiers de candidature aux appels d’offre publiés. L’application « MY PROFILE» va aussi répondre à la problématique du cout de recrutement pour les entreprises et rendra plus objective la sélection des meilleurs candidats. Celle-ci se fera en ligne mais l’employeur aura l’accès automatique aux CV des candidats sélectionnés. Il importe également de signaler que l’enregistrement des chercheurs d’emplois sur l’application my profile ne concerne pas uniquement les personnes résidant aux Burundi mais que les étrangers aussi peuvent y loger leurs CV. Pour faciliter son utilisation, le manuel d’utilisateur de l’application est également accessible sur le site web de l’AEB. Adalbert Hakizimana, directeur exécutif de CHASAA, quant à lui, a insisté sur la microfinance dénommée « Coopérative d’Epargne et de Crédit pour le Développement des Artisans et Artistes du Burundi (CECD d’Art) ». Selon lui, la CECD-Art va participer à la lutte contre la pauvreté de la population en général et des artisans en particulier en proposant des services financiers et non financiers aux artisans/artistes et l’insertion socioéconomique et professionnelle des jeunes et autres groupes défavorisés. La CECD-Art vise la promotion de l’épargne et crédit aux groupes défavorisés en général et aux artisans et artistes en particulier. Par ailleurs, ajoutet-il, la microfinance va octroyer les crédits de diverses formes tout en restant dans les limites réglementaires. En outre, poursuit-il, la CECD-Art va faciliter l’accès des artisans et artistes aux facteurs de production à travers le dispositif leasing et autres mécanismes d’accompagnement et d’insertion pour la création d’emploi.


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Education : Une Plateforme des outils pédagogiques pour un enseignement post-fondamental général et Pédagogique de qualité. Jeudi 19 décembre à Bujumbura, le Ministère de l’Education, de la Formation Technique et Professionnelle a procédé, en partenariat avec Enabel-Agence belge de développement, à l’inauguration d’une plateforme des outils pédagogiques et didactiques pour l’enseignement post-fondamental, général et pédagogique.

De gauche à droite : Leitar Carlos, ministre conseiller chargé des affaires à l’ambassade de Belgique. Tharcisse Niyongabo, inspecteur au ministère de l’Education, de la Formation technique et Professionnelle.

L

es innovations et améliorations dans les apprentissages au cycle post fondamental général et pédagogique, depuis 2012, visent un enseignement de qualité pour tous. Le Royaume de Belgique via Enabel / Agence Belge de Développement a contribué à hauteur de huit millions d’euros à la mise en œuvre des projets éducatifs ayant généré des changements importants et capitalisables. La pédagogie de l’intégration est devenue l’approche dominante pour ce niveau d’enseignement. Les changements qui ont fait évoluer les programmes de formation dans un contexte évolutif entre 2015 et 2019 sont notamment : •

l’opérationnalisation d’un cadre conceptuel, didactique et organisationnel de la pédagogie de l’intégration. En effet, de vastes chantiers étaient relancés pour réécrire les planifications détaillées, discipline par discipline, élaborer les supports des élèves et construire des situations d’intégration. Des matériaux innovants comme les planches didactiques en nouvelles technologies de l’information et les capsules vidéo ont été produits pour mieux

suivie d’un vaste chantier de formation des enseignants actuellement en activité au sein du cycle général/et ou pédagogique. Les journées pédagogiques enseignantes ainsi que les visites de classe suivies de séances d’accompagnement et coaching ont permis d’améliorer les pratiques enseignantes au fil des années.

appuyer les enseignants à privilégier des méthodes actives pendant les moments d’enseignement – apprentissage. •

La qualification des acteurs de terrain capables d’œuvrer à la mise en place d’un processus d’enseignement - apprentissage de qualité. Une large campagne était entreprise, à partir de juillet 2016 pour former les formateurs de formateurs. Celle-ci était

La consolidation du pilotage au changement, en

renforçant les capacités des responsables pédagogiques provinciaux et locaux (inspecteurs, directeurs et préfets des études) dans le domaine de la pédagogie de l’Intégration, en vue de l’accompagnement des enseignants. Le Projet d’Appui aux organisations Burundaise par le renforcement des compétences des Ressources PAORC- Formation des Enseignants a appuyé la mise en place d’une plateforme des

Vue partielle des participants au lancement de la plateforme

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outils pédago didactiques, en y intégrant les outils qui ont permis d’atteindre les changements. La présentation et le lancement de ladite plateforme étaient honorés par la présence de l’Inspecteur Général de l’Education, de la formation Techniques Professionnelle et le Ministre Conseiller Chargé d’Affaires à l’Ambassade de Belgique. Les deux personnalités sont revenues sur la plus-value des changements observés et la nette implication des différents acteurs tant du côté du Ministère de l’Education, de la Formation Technique et Professionnelle que celui d’Enabel /Agence Belge de Développement. La plateforme des outils pédagogiques est un levier nécessaire au développement de l’éducation, dans un contexte socio –économique où les moyens sont limités. Par ordinateurs et /ou téléphones portables, les enseignants vont accéder à un ensemble de ressources pédago didactiques. Le public aura aussi une opportunité d’être formé ou informé grâce aux outils générés par ces changements. Ainsi la société burundaise intègre les objectifs du millénaire, en mettant la digitalisation au service du développement des compétences.


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