IWACU 562

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IWACU N°562 – Vendredi 20 décembre 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Kirundo/Intolérance politique

Même les vaches paient

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ÉCONOMIE Les nouveaux tarifs des documents des véhicules critiqués

AU COIN DU FEU P.7

Avec Aloys Niyoyita, journaliste rasta ou rasta journaliste

SOCIÉTÉ P.8

Plaidoyer pour la détaxation des serviettes hygiéniques

P.14


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LA DEUX Editorial

Vendredi, 20 décembre 2019 - n°562

Par Léandre Sikuyavuga Directeur des Rédactions

L

es images viennent de marquer les réseaux sociaux. A première vue, la scène paraît énigmatique. Des jeunes en train de sarcler un champ de maïs, les drapeaux des partis politiques plantés le long du champ. Le phénomène soulève beaucoup d’interrogations et d’incompréhensions surtout pendant cette période où l’intolérance politique gagne du terrain sur plusieurs collines. Un cas d’école : des jeunes de la colline Rusuguti, commune et province Ngozi sont réunis dans la « Coopérative des jeunes unis pour le développement, CJUD ». Ils produisent des biens et des services, créent l’emploi, promeuvent l’entreprenariat. Ils sont de sept formations politiques différentes : Cndd-Fdd, Cnl, Frodebu, Ranac, Fnl, Upd, Uprona. La pauvreté et le chômage sont les principales causes qui poussent les jeunes vers des aventures sans issue. Leur marginalisation économique les fragilise et les conduit à l’extrémisme violent. Pour assouvir leurs intérêts égoïstes, certains politiques les dressent les uns contre les autres en leur promettant monts et merveilles. Ils mettent à profit la frustration des jeunes qui n’arrivent pas à concrétiser leurs ambitions. Ceux de Rusuguti l’ont bien compris. Ils savent qu’ils peuvent réaliser leur potentiel à travers l’apprentissage, l’entreprenariat, les coopératives. Ils réalisent qu’ils ont un destin commun, qu’ils peuvent bâtir ensemble un avenir fondé sur le partage de valeurs fondamentales notamment le respect de la diversité politique. Ils devraient être encouragés, soutenus afin de mieux canaliser leur énergie, inspirer les autres. Car il y a vraiment à faire. Les reporters d’Iwacu ont pu se rendre dans les communes Kirundo, Busoni et Gitobe où l’intolérance politique fait parler d’elle. Ils ont pu se rendre compte que des gens sont malmenés, agressés physiquement, emprisonnés pour des mobiles politiques. Des cultures sont saccagées, du bétail abattu ou blessé. C’est choquant, aberrant, irrationnel, insensé. A l’instar des jeunes de Rusuguti, ceux de ces communes qui se regardent en chiens de faïence doivent sortir de cet « obscurantisme » d’une intolérance absurde et barbare. Ils doivent dire non à ceux qui les poussent au fanatisme, à l’ignominie, au non-respect et au rejet de l’ « Autre » qui continuent de sévir et de semer les troubles. Leur montrer plutôt que ce qui les unit est plus fort que ce qui les divise.

La ministre de l’Education exige que les élèves ayant lacéré leurs uniformes après l’examen d’Etat édition 2019 de suivre une formation patriotique et humaine. C’est après cet exercice qu’ils pourront obtenir leurs diplômes et les résultats de l’examen d’Etat. La formation sera organisée du 26 au 28 décembre 2019 au Lycée Mwaro.

Suspension de l’ONG, ’’Burundi Leadership Training Program’’ Le ministère de l’Intérieur a suspendu le 18 décembre 2019 les activités de l’ONG, Burundi Leadership Training Program sur le territoire national. Elle est accusée d’avoir tenu des propos « jugés inacceptables »lors d’un séminaire à Muramvya.

Mgr Georges Bizimana, nouvel évêque à Ngozi Le Pape François a nommé le 17 décembre 2019, Mgr Georges Bizimana au poste d’évêque du diocèse de Ngozi. Il était jusqu’ici évêque coadjuteur de Bubanza.

Ornella Munezero et Yacinthe Habonimana ©Droits réservés

La formation patriotique, condition pour obtenir le diplôme et les résultats de l’examen d’Etat A l’école de Rusuguti

En hausse

Sur le vif

En coulisse

P

our avoir respectivement remporté, les concours de Miss Speaker 2019 et Miss Entrepreneur 2019. C’était le 13 décembre à Kigali. La compétition est organisée par Miss Carreer, un programme visant à promouvoir les talents en Afrique de l’Est.

En baisse

Les responsables du Bar Chez Damas

S

e trouvant à Cibitoke à la 6ème avenue pour avoir séquestré le chef de zone venu leur demander de respecter les heures de fermeture des bars et débits de boissons fixées à 21 heures par le mairie de la ville de Bujumbura.

AVIS D’APPEL D’OFFRE POUR LES PRESTATIONS DE SERVICES DE GARDIENNAGE ET SURVEILLANCE DU BUREAU DE LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT AU BURUNDI (BUJUMBURA)

2. 3.

Directeur des Rédactions adjoint : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza

ANNONCE

1.

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

La Banque africaine de développement (ci-après dénommée ‘BAD’ ou la ‘Banque’) invite les soumissionnaires potentiels à soumettre leurs propositions pour « Les Prestations de Services de gardiennage et de surveillance du Bureau de la Banque Africaine de Développement au Burundi (Bujumbura) ; comme spécifier dans la demande de proposition (DP) à récupérer au bureau Pays de la BAD au Burundi, à l’adresse suivante : Kiriri - 10, Rue des Travailleurs, de 8h00 à 12h30 et de 14h00 à 17h30, les jours ouvrables à partir 16 Décembre 2019 Les offres devront parvenir à la Banque, sous enveloppes scellées, au plus tard le 30 Décembre 2019, à 12h00, heure locale de Bujumbura Les propositions doivent être envoyées à l’adresse suivante et l’enveloppe extérieure doit porter les informations suivantes :

Banque Africaine de Développement, Bureau Pays du Burundi 10, Rue des travailleurs – Kiriri Bujumbura-Burundi B.P : 7543 Tél : +257 22 27 78 23 / 24 Adresse électronique: rdge_tender@afdb.org DC – NE PAS OUVRIR JUSQU’AU JOUR DE L’OUVERTURE DES PLIS Référence : ADB/RFP/COBI/2019/0254 - Prestations de Services de gardiennage et de surveillance du Bureau de la Banque Africaine de Développement au Burundi (Bujumbura) Date et heure de clôture de dépôt des offres : 03 Janvier 2020 à 12h00, heure de Bujumbura 4. Afin de permettre aux soumissionnaires de mieux préparer leurs offres, pour avoir une idée sur les prestations et disposer de toutes les informations nécessaires, une visite des lieux suivie d’une réunion préparatoire est prévue le 24 Décembre 2019 à 10h00. Les soumissionnaires sont invités à se présenter à la date indiquée à 09h30, munis de leurs cartes d’identité, à l’adresse ci-haut mentionnée.

www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org

Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société : Clarisse Shaka Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza, Edouard Nkurunziza, Jérémie Misago Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

6,9 millions est le nombre de moustiquaires imprégnés qui seront distribués dans tout le pays, du 16 au 26 décembre 2019.

Source : Ministère de la Santé Publique Une pensée

«Un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses chaussures». Mark Twain, acteur, écrivain


L'ÉVÉNEMENT

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Kirundo/Intolérance politique

Les Inyankamugayo, leurs bétails et leurs cultures menacés Des cultures saccagées, du bétail abattu en plus des agressions physiques et des emprisonnements, l’acharnement contre les Inyankamugayo (militants du CNL) à Kirundo semble généralisé. Des reporters d’Iwacu ont mené une enquête dans les communes Kirundo, Busoni et Gitobe.

L

es deux dernières victimes peinent à se remettre des suites des agressions. Cinq jours après, Emmanuel Coyitungiye, un militant du CNL de la colline Kiravumba en commune Busoni, ne parvient toujours pas à bouger. «Il reste cloîtré chez lui», confie un proche qui dénonce une «intolérance politique folle». En déplacement samedi 14 décembre au centre de la colline Bombanzira pour une réunion d’un groupe de tontine, Emmanuel Coyitungiye est surpris par une invitation. Anatole Rugemintwaza, le chef de la zone Mukerwa, l’appelle pour un «entretien». Inquiétant pour cet Inyankamugayo qui, rapportent les témoignages, n’avait jamais été en odeur de sainteté avec cet administratif. Aussitôt arrivé sur les lieux, Emmanuel apprend vite, mais sans être convaincu, l’objet de l’invitation : s’asseoir à même le sol. Ce dernier ordonne. Pourquoi ? demande Emmanuel. Aucune réponse. Rugemintwaza lui redonne l’ordre. L’autre résiste : «Qu’ai-je fait ?». Face à la résistance, le chef de zone l’accuse de «traiter de chiens» tous les militants du Cndd-Fdd. Emmanuel Coyitungiye comprend que l’accusation est grave. «Il a vu que la situation allait devenir plus compliquée», raconte un proche. Aucun autre réflexe, il prend ses jambes à son coup. Des Imbonerakure qui étaient jusque-là avec le chef de zone le poursuivent et l’attrapent sans peine. Et son calvaire commence. «Il a été tabassé sans ménagement comme s’il s’agissait d’un serpent qu’on battait», témoigne un jeune homme qui dit avoir assisté à la scène. «On lui disait que c’est strictement interdit aux CNL de passer par cet endroit». Selon les témoignages, Emmanuel Coyitungiye est abandonné, dégoulinant de sang, dans une petite brousse près de la route, non loin du centre Bombanzira. «C’était vers 14h30», se rappelle le témoin oculaire, «on le croyait mort». Il va être retrouvé lundi 16 décembre en commune Vumbi (province Kirundo) sur la colline Canika. «Il était parti s’y cacher de peur que ses bourreaux reviennent l’achever», explique son frère, ajoutant qu’Emmanuel

craint toujours pour sa vie. Des témoignages font état d’une liste d’Inyankamugayo qui devraient être malmenés lors de leurs déplacements. Elle aurait été dressée par le chef de zone Anatole Rugemintwaza et Emmanuel Coyitungiye en ferait partie… Interrogé sur ces allégations, Anatole Rugemintwaza dit ne pas être au courant d’une quelconque violence physique contre Emmanuel Coyitungiye : «Je me rappelle de lui samedi, il assistait à une dance. Peut-être que quelqu’un l’aurait piétiné, car ils étaient nombreux sur place. Ou alors, de retour chez lui, peut-être qu’il aurait rencontré un malfaiteur. Dans tous les cas, je ne saurais donner des éclaircissements sur ce cas». Toutefois, cet administratif estime que la victime aurait ‘‘exagéré les choses’’. «S’il a été agressé physiquement, il ne se serait pas confié aux médias. Il aurait plutôt fallu qu’il se rende à l’hôpital pour que la violence soit attestée». Pour lui, Emmanuel Coyitungiye aurait donc des intérêts cachés dans cette affaire.

Un autre Inyankamugayo passé à tabac à Gitobe Après Busoni, la commune voisine de Gitobe. Selon des sources concordantes à la colline

Jérôme Misago de la commune Kirundo aurait été victime d’avoir quitté le Cndd-Fdd pour le CNL

Tonga, Célestin Simbarakiye, un des représentants du CNL à

Gitobe, n’a pas eu le temps de se rendre à la prière dominicale.

Surpris vers 7h30 dimanche 15 décembre par une foule d’Imbonerakure pilotés par leur représentant communal, un certain Zappy Georges Ntahombaye, Célestin Simbarakiye est d’abord dépouillé de son téléphone avant d’être passé à tabac. Sans en connaître la cause, il est emmené manu militari au cachot de la commune. «Ces Imbonerakure l’accusaient d’avoir lancé des pierres dans un groupe d’Imbonerakure qui faisaient du sport à l’aube de samedi, la veille», indiquent certains témoignages à Tonga. Loin de là, rejettent les militants locaux du CNL qui avancent des mobiles politiques. «Il était tellement actif au sein du parti que sa compétence faisait peur dans les autres camps, surtout le Cndd-Fdd».

Une persécution accrue contre les anciens du Cndd-Fdd

Emmanuel Coyitungiye de Busoni aurait été tabassé avant de s’enfuir vers Vumbi

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En commune et province Kirundo, les militants du CNL, anciens membres du parti au pouvoir, seraient les plus visés par


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L'ÉVÉNEMENT © Droits réservés Les cultures sont aussi concernées par l’intolérance politique

l’a emmené, j’ai décidé qu’on lui donne quelques coups de bâtons pour correction. On ne lui a fait que quatre petits coups, pas même une gifle de plus… Car autrement, on allait le conduire en prison, ce qui n’est pas bon pour des voisins.» Pour sa part, le chef de la souscolline Nyange parle d’une

mésentente personnelle avec Virginie, une des femmes plaignantes. Selon lui, Virginie l’aurait accusé d’adultère auprès de son épouse et c’est la source de leur mésentente. «Il n’y a rien de politique là-dedans. C’est vrai qu’elles ont quitté le Cndd-Fdd pour le CNL, mais je n’ai vraiment rien

contre elles de ce côté», s’explique Havyarimana.

Les biens des Inyankamugayo ne sont pas épargnés Bernard Habimana, un habitant de la colline Sigu en commune Busoni, serait en passe de

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des agressions. «Quitter le CnddFdd est considéré comme un crime de lèse-majesté», s’accordent différents témoignages. Nzoyisaba, un ex-Imbonerakure de la colline Kanyinya, qui s’est converti au CNL en août dernier vit dans une peur panique depuis vendredi 6 décembre. «Il a payé le prix de ce que les Imbonerakure appellent trahison», raconte un jeune homme de cette colline. Ce jour-là, relate-t-il, Nzoyisaba rentrait, vers 21 h, des bistrots quand il a été arrêté par Ildephonse Niboye dit «Nusu», le chef de cette colline, accompagné par quelques Imbonerakure. Il cite entre autres Tombola, le président des Imbonerakure à Kanyinya, et un certain Alexis. Selon notre source, Nzoyisaba a été conduit au domicile de Nusu pour «être corrigé». Là, il aurait été sévèrement battu avant d’être emmené dans une grande plantation d’eucalyptus non loin de ce domicile. Il va recevoir encore plusieurs autres coups avant d’y être abandonné sans connaissance. Par la suite, poursuit notre source, il aurait été menacé de mort si jamais il dénonçait ses bourreaux. De quoi avoir peur et se taire pendant une bonne période. «Il n’a même pas pu chercher les soins médicaux». Le représentant du CNL à la colline Kanyinya dit l’avoir appris une semaine après. «Ça ne m’a pas surpris outre mesure. Je savais que des Imbonerakure avaient une dent contre lui depuis son intégration au CNL». A la colline Kanyinya, hormis le cas Nzoyisaba, deux femmes anciennes Bakenyererarugamba (= dénomination des femmes membres du Cndd-Fdd) de la sous-colline Nyange, vivraient traumatisées depuis leur conversion au CNL. Virginie et Cogori auraient été menacées à maintes reprises par un certain Havyarimana, le chef de cette sous-colline. «Elles sont comme en clandestinité. Elles ne sortent plus de chez elles», témoigne un habitant de Nyange. Ce n’est pas tout. Dans cette même commune de Kirundo, à la colline Mwenya, Jérôme Misago a été blessé, à coup de machette dimanche 15 décembre, par des inconnus. «Il avait été transpercé au niveau des épaules avec une épée», raconte un jeune homme qui dit l’avoir vu après l’acte. «Ses agresseurs l’accusaient d’avoir quitté le Cndd-Fdd sans en avoir avisé les organes compétents». Les deux accusés rejettent catégoriquement les allégations. Ildephonse Niboye reconnait avoir «infligé une petite punition» à Nzoyisaba mais nie tout motif politique. Il tente ainsi d’expliquer la ‘‘petite punition’’: «Lui et un certain Nahayo avaient malmené Jean Bosco Ndabishemeze, un agent du comité mixte de sécurité. Quand on me

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s’exiler. A l’origine, des intimidations multiformes. Tout a commencé mardi 3 décembre. «J’ai connu une mauvaise matinée ce jour-là», se rappelle-t-il. Ce mardi, très tôt le matin, Habimana est réveillé par une mauvaise nouvelle. Le gardien de sa seule vache vient lui annoncer que cette dernière présente des entailles au niveau des jambes et qu’elle ne peut pas se relever. «Nous avons ensuite constaté qu’elle avait été blessée à la machette». La vache sera vite abattue puis vendue à crédit, à vil prix. Selon les témoignages à Busoni, alors que Bernard Habimana cherchait encore sans succès les mobiles et les auteurs de ce crime, son gardien aurait reçu un message inquiétant. «Que ton boss prenne ce qui s’est passé comme un dernier avertissement», aurait menacé Onesphore Miburo dit «Muzehe», le vice-président du Cndd-Fdd dans la commune Busoni. Avec ce message, Bernard Habimana a pu soupçonner que les auteurs du crime seraient certains des militants du CnddFdd. «Au-delà de cette menace, je ne voyais vraiment pas d’autre ennemi qui puisse me faire une telle chose», lâche-t-il désespéré. Les soupçons iront crescendo dans les jours suivants. Dimanche 10 décembre pendant la nuit, des inconnus toquent sur la porte de Jean Pierre Ntahondi, son fils. Il refuse d’ouvrir. Le lendemain, la scène est effrayante. La bananeraie de Jean Pierre Ntahondi a été saccagée tandis que, dans des étables de plusieurs autres militants du CNL de cette colline de Sigu, des porcs ont été blessés à la machette. «C’était atroce. Nous regardions éberlués, sans comprendre les faits», indique une femme de Sigu. Entre autres victimes, Benjamin Murondererwa, Berchmans Bicamumpaka, Félicien Nkezayabo, Daniel Minani et Théoneste Ndaruseheye. Un habitant du centre Nyagisozi (commune Busoni) dit ne pas comprendre une «certaine sorte de folie» qui s’empare des gens. Il s’interroge : «Ceux qui commettent ce genre de crime, que visent-ils vraiment ?». A ce propos, les explications qu’Iwacu a pu recueillir ne se réduisent qu’au cas de Jean de Pierre Ntahondi : «C’est un grand commerçant au centre Sigu. Certains des Imbonerakure ne digéreraient pas qu’il ait un commerce si florissant alors qu’il n’est pas des leurs». Réagissant à ces accusations, Onesphore Miburo a parlé d’un montage monté de toutes pièces, s’obstinant à connaître les sources de ces informations. «Soyez vigilants ces derniers jours, il y a beaucoup de rumeurs» Edouard Nkurunziza et Fabrice Manirakiza

La vache victime de l'appartenance politique de son patron

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POLITIQUE

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Nyabiraba

Funérailles de feu Désiré Ntahondabasigiye Désiré Ntahondabasigiye, un pro Rwasa, a été inhumé ce mardi 17 décembre. Sa famille demande justice et plus de protection. Le CNL, quant à lui, exhorte l’administration à mettre fin à l’intolérance politique.

I

l est 9 heures à Nyabiraba. Une foule nombreuse se dirige vers l’église. Ce n’est pas dimanche mais elle est noire de monde. Les derniers hommages pour Désiré Ntahondabasigiye, militant du CNL commencent par une messe. Le moment est solennel. De hautes personnalités du Congrès National pour la Liberté, dont son président Agathon Rwasa, des militants de son parti, l’administrateur communal, la famille du défunt et une foule nombreuse assistent à cette messe de requiem. Dans son homélie, l’abbé Maneno insiste sur l’amour du prochain. Pour lui, tuer son semblable, créé à l’image de Dieu, relève de l’ignorance. Il exhorte les chrétiens à s’atteler aux travaux de développement et d’éviter la vengeance. Après l’église, la dépouille mortelle sera conduite au cimetière dénommé «Kwaziganyure». ’’Calendrier chargé’’, Agathon Rwasa n’assistera pas aux obsèques. Il délègue un émissaire. Le dit cimetière est de l’autre rive de la rivière Kanyosha, à un km du chef-lieu de la commune Nyabiraba. Le corbillard n’y accède pas. Les amis du défunt se relayent pour transporter à pied la dépouille mortelle à sa dernière demeure. Les militants du CNL et la foule suivent dans le calme. Le chemin est un peu glissant. Mais tout le monde tient le coup. Les ténors du CNL parviennent à arpenter la colline. Il faudra 30 minutes pour arriver à ce cimetière pour les derniers adieux au disparu. Il est 11 h30. Les fossoyeurs sont à l’œuvre. Ils font les travaux de finissage. La sécurité est renforcée aux alentours du cimetière. Des policiers et quelques jeunes affiliés au CNL sont sur le qui-vive. Jusque-là, l’émotion se lit sur les visages. Malgré le choc, la veuve et la famille parviennent à contenir les larmes trahies par quelques sanglots. Les enfants curieux, regardent et s’étonnent. Apparemment, ils ont des questions mais ils gardent le silence qui en dit long.

mort de son père. Il s’attèle alors à l’agriculture pour faire vivre ces petits frères et petites sœurs. Il sera durant son séjour sur terre en bons termes avec ses voisins. Il ne connaît pas de bagarre causée par lui sur cette colline ». Le récit continue. Le défunt, poursuit M. Tuyisenge, participe aux manifestations de 2015. Une chasse à l’homme s’en suit. Il reçoit une balle dans sa jambe. Il sera arrêté et emprisonné à la prison centrale de Mpimba. Il sera relâché le 19 avril 2019. Il regagne sa famille. Mais la traque reprend. Il est constamment filé. Il reçoit des menaces, c’est presque tous les jours. Il n’y a pas de répit. Jeudi 12 décembre, la date fatidique. Dans la matinée, il se rend se faire enrôler pour les élections de 2020 quand des inconnus en profitent pour l’assassiner. A ces mots, la foule se met à grincer les dents. Des murmures dénoncent cet acte ignoble. Nestor Girukwishaka, chargé des relations extérieures au sein du CNL, ne cachera pas son amertume. Il articule son message sur trois éléments. Il déplore le départ d’un fervent militant, victime d’une intolérance politique. « Le disparu est un artisan de la paix, de la vérité. Ses assassins sont des ennemis de la paix. Ils ne veulent pas que le Burundi sorte

Une foule assiste aux funérailles

du cycle infernal de la violence, de l’insécurité, de la pauvreté ». M. Girukwishaka se met à dénoncer plusieurs abus qui selon lui, ternissent l’image de la commune. « Des cas d’’intolérance politique, d’exclusion, d’emprisonnements arbitraires, de montages, de destructions

Des moments durs

Des messages poignants Un des voisins du disparu, Emmanuel Tuyisenge Nabwenda, dont le défunt est son parrain de baptême, brosse brièvement son parcours. « Il interrompt ses études primaires suite à la

d’habitations, de cultures et de permanences sur base politique,… sont légion ». Il exhorte l’administration à prendre le taureau par les cornes afin de redorer son blason. « Nous demandons à l’administration de se ressaisir et de ramener la paix dans cette commune, la sécurité et le respect des droits de l’Homme, sans exclusion aucune ». Cet émissaire demandera à la justice de faire la lumière sur cet assassinat. « Nous voulons des enquêtes qui aboutissent ». De son côté, Pascal Barankamfitiye, représentant de la famille du defunt, tiendra à remercier tous les participants pour leur soutien moral et matériel. « Je n’ai pas de mots pour exprimer mes sentiments de gratitude. Soyez toujours aux côtés de ces orphelins, de cette veuve ». Il demande plus de protection pour la famille.

Nestor Girukwishaka : « Nous voulons des enquêtes qui aboutissent »

A 12 h30, le défunt est descendu dans sa dernière demeure. Des sanglots étouffés pendant toute la matinée fusent de partout. La veuve ne parvient pas à retenir ses larmes, elles dégoulinent de ses joues creusées par la douleur. Elle tentera même de se jeter dans la tombe. Quelques militantes du CNL accourent et l’en empêchent. Elles l’assistent. Des cris, des pleurs s’élèvent parmi

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les familles de la victime. C’est la contagion. Certains militants du CNL qui se retiennent depuis un bon bout de temps se mettent à pleurer. Des gémissements en chœur, impossible de les calmer. Un moment de silence. Le modérateur annonce le début des derniers hommages. Le moment s’avère être très douloureux pour les familles. Successivement, la veuve, les enfants et la famille proche aspergent de l’eau bénite la dépouille, certains moyennant une certaine assistance. La foule suivra. Le dépôt des gerbes de fleurs s’en suit. Avec une assistance, la veuve parvient à poser le geste. Les proches mêmement. La famille politique du défunt n’est pas en reste. Du sommet à la base, les gerbes de fleurs sont déposées. Le calme revient petit à petit. Le modérateur annonce la fin des funérailles. En marge des cérémonies, des sources nous révéleront qu’un des suspects parmi les présumés auteurs est déjà appréhendé. Rappelons que Désiré Ntahondabasigiye a été tué par balle par des personnes non identifiées dans la nuit de jeudi à vendredi sur la colline Musenyi, commune Nyabiraba, en province de Bujumbura. Il laisse une veuve enceinte et cinq enfants. Félix Haburiyakira


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POLITIQUE

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Chronique sur les messages de haine

Un langage polarisant, source de malheurs Utilisé surtout en période électorale, un langage polarisant conduit à la violence de masse s’il n’est pas dénoncé. Les jeunes interpellent les politiciens à faire preuve de responsabilité pendant les échéances électorales de 2020.

V

iolence de masse, génocide, violence physique, déchirements, affrontements, déstabilisation de la société, isolement», sont entre autres les conséquences d’un langage polarisant selon les jeunes rencontrés. Ce langage prend notamment la forme de stéréotypes, de préjugés, de stigmatisation, d’accusations, d’insultes, … Pour ces jeunes, il se crée un climat de méfiance. La cohésion sociale est mise en cause. Les gens sont indifférents à la souffrance des autres simplement par le fait que les victimes n’ont pas la même idéologie. Il est plus grave à l’approche d’une élection quand il est question de séduire un électorat devenu « radicalisé et sectaire ». Jean Kabura est un jeune habitant l’un des quartiers de la ville de Bujumbura, dits « contestataires». Vêtu de pantalon noir et une chemise bleue, longue manche, il garde un souvenir amer de 2015. Pour lui, les discours polarisants nourrissent un sentiment de culpabilité mais aussi de vengeance. Il explique que les manifesta-

tions contre le ’’troisième mandat’’ du président Pierre Nkurunziza ont nourri un sentiment de polarisation entre quartiers sous l’impulsion de certains politiciens. «Presque dans tous les discours des autorités à l’endroit des quartiers dont les habitants ont participé activement aux manifestations, étaient considérés comme repères des traitres, ennemis du pays depuis longtemps. Cela a créé la psychose», s’est-il rappelé avec regret.

«La globalisation crée un sentiment de méfiance » Même sentiment de désolation pour Didas Ndayisaba, jeune de Kamenge. «Selon les idées reçues, il m’était impossible de passer dans le quartier Cibitoke. Ce dernier était considéré comme une base des criminels et j’en étais convaincu. Malheureusement, même les jeunes de Cibitoke nous traitaient de la sorte», déplore-t-il. Et d’ajouter : «Cette globalisation créait un sentiment de méfiance pouvant conduire à la violence de masse ». Claude Nitunga, lauréat de l’Université du Burundi revient

Au nord de la ville de Bujumbura en 2015 : Quand les jeunes de la zone Kamenge voulaient descendre en découdre avec ceux de la zone Ngagara

à la genèse du génocide comme conséquence du langage polarisant. «Ce n’est pas un phénomène qui arrive du jour au lendemain ou sans signes précurseurs. Un génocide suppose de l’organisation et constitue en fait une stratégie délibérée, qui, le plus souvent est mise en œuvre par des gouvernements ou par des groupes influenceurs de l’appareil étatique ». D’après ce bachelier, Il est important de comprendre comment un génocide survient et reconnaître les signes qui conduisent à ce calvaire. «L’un des signes les plus évidents est le discours de stigmatisation, polarisé que certains leaders manipulent

pour dresser les communautés les unes contre les autres. Des bons à soutenir et à protéger, des mauvais à combattre ou à faire disparaître». N.K, un jeune de la zone Musaga, au sud de la ville de Bujumbura, met en cause la nature humaine qui, pour lui est égoïste. «Considérer le côté positif d’un autre groupe ou ses membres devient difficile. Mais, il est plus aisé de le traiter de tous les maux. Il devient pour lui, source des malheur.» Et de préciser « la nature aime accuser l’autre. Voilà ce qui nourrit les antagonismes de tout le temps ». Ils convergent sur l’importance

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de ne pas considérer un adversaire politique comme un ennemi pour une bonne réussite des échéances électorales de 2020. Et de marteler : « Par contre, chaque parti doit défendre son projet de société d’une façon honnête pour l’intérêt général. Il serait indigne que certains citoyens se sentent humiliés, blessés, opprimés ou lésés », avertissent ces jeunes. «Par contre, il faut unir nos efforts pour bâtir un monde de paix, une communauté humaine fière et libre dans un environnement apaisé», ont-ils conclu. Jérémie Misago


ÉCONOMIE

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Permis de transport, une hausse de prix décriée

Le prix du permis de transport augmente de 475%. L’association burundaise des transporteurs déplore la hausse. Les conducteurs de taxis se disent victimes de cette mesure. Pour les propriétaires, la situation devient intenable

D

epuis le 9 décembre dernier, l’autorisation de transport est remplacée par le permis de transport. D’après l’ordonnance conjointe du ministère des Finances et celui du Transport, son prix passe de 4.000 BIF par semestre à 19.000 BIF, soit une augmentation de 475%. Le carnet de bord sécurisé est le nouveau document qui suscite également une polémique. Son prix varie entre 38.000 et 47.000 BIF. Ces mesures ont provoqué la grogne chez les conducteurs et les propriétaires de véhicules. Bosco Minani, le président de l’Association des transporteurs du Burundi (Atrabu) a haussé le ton, au cours de l’assemblée générale tenue mardi 17 décembre dernier « L’Etat n’a pas donné les raisons expliquant l’augmentation du prix d’autorisation de transport d’une validité de six mois ». Pour Charles Ntirampeba, secrétaire permanent de l’Atrabu, ces mesures ont été prises sans la concertation des transporteurs. «Il fallait nous consulter avant de prendre ces décisions», se désolent certains des chauffeurs présents à cette réunion. »

Les conducteurs de taxis remontés Mêmes lamentations chez les taximen rencontrés, ce mercredi 18 décembre, devant l’hôpital Prince Louis Rwagasore. Plus

Les propriétaires haussent le ton

Bosco Minani : « L’Etat n’a pas donné les raisons expliquant l’augmentation du prix de l’autorisation de transport d’une validité de six mois ».

d’une dizaine de taximen ne décolèrent pas. Ils se disent victimes de cette hausse. John, père de quatre enfants, ne cache pas son indignation. « Ce sont les conducteurs qui seront victimes de cette augmentation. Sans doute, le propriétaire n’acceptera ni de diminuer son bénéfice ni de perdre. Il va augmenter le versement ». Suite à cette ordonnance, ce conducteur indique que son patron lui a signifié qu’à partir du mois de janvier, il va verser 20.000 BIF par jour. Ce jeune homme ne sait plus où donner de la tête. Il se demande où il trouvera cette recette quotidienne. Pour le moment, il verse au propriétaire 15.000 BIF par

jour. « Recueillir cet argent est un parcours de combattant », précise-t-il Pour s’en sortir, une seule voie : la hausse du prix d’une course. Mais, cette stratégie ne marchera pas, le pouvoir d’achat des usagers ne cesse de s’effondrer. Aujourd’hui, peu de gens se permettent de prendre un taxi. Pour John, la hausse du prix de l’autorisation de transport vient ajouter le drame au drame. « Pour le moment, j’ai la corde au cou. Je dois au propriétaire 100.000 BIF», se désespèret-il. Ce conducteur ne parvient pas avoir souvent une telle recette. Si rien ne change, alerte ce jeune homme, nos familles vont mourir de faim.

Sylvestre Ngezahayo, président de l’association des transporteurs- propriétaires, ne cachent pas son indignation. « Nous travaillons à perte depuis des années. Cette décision vient nous enfoncer». Et de dénoncer que l’Etat ne se soucie pas des transporteurs en fixant les taxes et les impôts. « Si le transport ne rémunère pas. Le propriétaire se retire et vend le véhicule», prévient ce transporteur. Dans ce cas, le conducteur se retrouve dans la rue. Et de s’interroger sur quels critères le ministère s’est basé pour augmenter le prix de 2000 BIF à 19000 BIF. Pire, cette hausse risque d’attiser les conflits entre les conducteurs et les propriétaires. Selon lui, ces derniers vont demander l’augmentation des versements journaliers. Au prix actuel, les conducteurs disent qu’ils ne seront pas à mesure d’avoir le montant exigé. Et bonjour les conflits. C’est la désolation totale du côté des propriétaires. « Cette augmentation vient encore grever nos maigres revenus », s’indigne Ernest. Ce dernier craint qu’il risque d’abandonner ce métier si l’Etat ne revoit pas cette mesure. Le malheur ne vient pas seul, con-

fie-t-il, en 2015, il s’est lancé dans le transport parce qu’il venait de perdre son emploi à cause de la crise. Il a acheté deux taxis pour subvenir aux besoins familiaux à cette époque. Du coup, la hausse du prix de carburant, la taxe de stationnement, ont perturbé cette affaire. La situation s’empire avec la hausse du prix de certains documents de transport. Chaque taxi, explique-t-il, lui rapporte 150.000 BIF par mois. Cet argent ne lui permet pas d’acheter les documents. Et de détailler : « Le carnet de bord sécurisé coûte 38 .000 BIF, la carte d’assurance revient à 72 200 BIF, le certificat de contrôle technique coûte 56.000 BIF et le permis de transport coûte 19.000 BIF. Au total, il faut dépenser 175.000 BIF ». Avant cette mesure, ces papiers valaient 120.000 BIF. Par ailleurs, les prix des pièces de rechange ont augmenté. Le segment qui s’achetait à 120 mille BIF l’année dernière, coûte actuellement 240.000 BIF. La révision de la voiture se faisait à 300.000 BIF. Elle se fait à 700. 000 BIF. Le prix d’huile de vidange de dernière qualité est passé de 3000 BIF à 7000 BIF. Et de marteler : « A ce rythme de la hausse des taxes et des prix, personne ne peut tenir longtemps dans ce métier ». Pierre Claver Banyankiye

Le nouveau tarif de documents de transport Activité

Caractéristiques du document

Catégorie du véhicule

Prix en BIF

Délivrance du carnet de bord sécurisé

Carnet de bord sécurisé de 30 pages (sous forme passeport)

Pour tous les véhicules

38.000

Carnet de bord sécurisé de 60 pages (sous forme passeport)

Pour tous les véhicules

47.000

Autocollant sécurisé à mettre dans le carnet de bord sécurisé

Motos

22.000

voiture

56.000

Jeep

68.000

Bus/ Mini bus

70.000

Camionnette

85.000

Camion Fuso

120.000

Grand camion

137.000

Véhicule tracte

150.000

Motos

19.000

Voiture/ Jeep

19.000

Véhicules de 10 à 18 places assises

22.000

Camionnette

22.000

Camion et benne (3 à 10 tonnes)

45.000

Camion et benne de plus de 10 tonnes)

68.400

Camion remorque

106.400

Voiture/ jeep

38.000

Véhicules de 10 à 18 places assises

40000

Véhicules de 18 à 30 places assises

45.000

Véhicules de 30 à 60 places assises

60.000

Véhicules de plus 60 places assises

100.000

Camion

150.000

Contrôle technique des véhicules

Délivrance du permis de transport local

Délivrance du permis de transport international

Autocollant sécurisé à mettre dans le carnet de bord sécurisé

Autocollant sécurisé à mettre dans le carnet de bord sécurisé

Camion remorque

200.000

Source: Ministère de transport


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AU COIN DU FEU

Vendredi, 20 décembre 2019 - n°562

Avec

Aloys Niyoyita Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Aloys Niyoyita.

V

otre qualité principale ? L’empathie. Quand je vois les enfants et les jeunes, je les compare toujours aux miens et j’ai envie de les voir réussir et avancer mieux que moi.

à la violence. Ces dirigeants sont pourtant censés travailler pour l’unité et le développement du peuple burundais. Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? Je pense que c’est la signature de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi. Pour moi ce document historique marquait la fin des violences et le début d’une vie paisible au Burundi.

Votre défaut principal ? J’aime être en compagnie des gens et surtout des femmes. Mais attention j’aime et respecte mon épouse. Je m’impose des limites.

La plus terrible ? Le vote du «oui» à la nouvelle Constitution le 17 mai 2018, si vraiment le «oui» a remporté, ce dont je doute très fort.

La qualité que vous préférez chez les autres ? Je pense que c’est également l’empathie. Je souffre toujours avec celui qui souffre et je me sens dans l’obligation de l’aider à s’en sortir. Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? L’extrémisme ethnique et toute forme de ségrégation. C’est exécrable, des gens rongés par ce défaut n’ont rien compris de l’«Ubuntu », de l’humanisme de toutes ces valeurs qui font de nous des hommes. La femme que vous admirez le plus ? Ma femme, bien sûr. C’est ma conseillère, ma consolatrice, c’est la mère de mes enfants, c’est ma sœur, c’est ma mère, elle est tout pour moi. L’homme que vous admirez le plus ? Il y en a plusieurs, mais sans hésiter je dirais Nelson Mandela. Il avait des qualités qui sont de plus en plus rares de nos jours. Il reste et restera une source d’inspiration pour moi. Et pas mal de nos dirigeants devraient s’inspirer de sa lutte, de sa vision. Votre plus beau souvenir ? A Roben Island quand j’ai visité la prison de mon héros Nelson Mandela, m’étendant sur son petit lit de prison, cassant les pierres en utilisant le même marteau qu’il a tenu pendant longtemps dans ses mains lors

Le métier que vous auriez aimé faire ? Je fais mon métier de rêve déjà, le journalisme. C’est un métier passionnant, plein de surprise, avec beaucoup de rencontres, du petit peuple aux grands de ce monde, ceux-là qui nous gouvernent, qui décident, qui font et défont. Quel serait votre plus grand malheur ? Je vis déjà mon plus grand malVotre plus triste souvenir ? heur, l’exil. Même professionnelUne fois adolescent et à l’internat, lement, je suis touché. Je pense j’avais été aperçu en que ceux qui ont compagnie d’une suivi mes émis« Je me sens amie de classe. Tout sions radio au malheureux de suite, la direcStudio Ijambo ou trice de l’internat quand j’entends Radio Isanganiro nous a convoqués lisent mes de la bouche de ou dans son bureau articles peuvent et nous a renvoyés certaines autorités témoigner. pour deux semaines Je me suis toudes discours nous exigeant de jours battu pour divisionnistes » qu’il y ait plus revenir avec nos parents. d’amour et de Honteux, je n’ai pas pu oser rent- respect entre Burundais. Je me rer à la maison et raconter cette suis toujours inscrit en faux histoire. Je suis resté chez un ami contre toute forme de violence. à Muyinga. Je lui ai demandé Malheureusement, c’est un cycle d’intervenir comme le feraient infernal, c’est recurrent ce que des mes parents. politiciens sans foi ni loi impoJe l’ai payé pour ce service. Il sent aux Burundais, un peuple a bien joué son rôle. Il l’a pris au socialement doux et uni dans ses sérieux. Il m’a même adminis- différences. tré quelques coups devant la Hélas, aujourd’hui, je me sens directrice d’internat. Il me tapait malheureux quand j’entends de fort, je ne comprenais pas ce qui la bouche de certaines autorim’arrivait. Je pensais à l’argent que tés des discours divisionnistes, je lui avais donné. (Rire) transpirant la haine et incitant des travaux forcés imposés par le régime d’apartheid.

Votre passe-temps préféré ? Les boîtes de nuit. Attention je ne suis pas un soulard et ceux qui me connaissent le savent très bien. Seulement j’aime voir les gens se lâcher, heureux, trinquant et riant, même entre inconnus. Il y a là la joie de vivre. J’aime quand les gens te piétinent et te demandent pardon. Et ces filles qui passent, qui défilent les unes après les autres dans des tenues élégantes les unes plus que les autres, rivalisant pour qu’on les regarde. Après je rentre heureux. Le lendemain matin, je dois aller à l’Eglise pour suivre la deuxième messe dominicale. Les choses mondaines ne me font pas perdre ma spiritualité de chrétien catholique. Dans les boîtes de nuit, j’y rencontre des gens heureux qui célèbrent la vie et non des gens qui parlent sournoisement des autres. Votre lieu préféré au Burundi ? ’’Home, sweet home’’. Là, sans hésiter, c’est ma ville natale de Muyinga. Elle m’a vu grandir, je

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l’ai vue s’épanouir, se développer avec beaucoup d’ambiance. Le pays où vous aimeriez vivre ? C’est le Burundi, ma patrie, ma terre natale, ’’my motherland’’ comme disent les Anglais. Je trouve le mot plus profond que son équivalent en français. Il y a beaucoup d’endroits paradisiaques, mais le Burundi reste mon eldorado malgré ses problèmes. Le voyage que vous aimeriez faire ? En Jamaïque avec l’objectif de m’incliner devant la tombe de Bob Marley, le roi ou peut-être le prophète du reggae. Sa musique me berce depuis mon enfance, ses textes sont profonds et me font toujours rêver. Votre rêve de bonheur ? Voir mes enfants grandir heureux entourés par l’affection parentale. Devenir grand-père et mourir avant tout le monde. Je n’aimerais pas assister aux funérailles de qui que ce soit de ma petite famille. J’aimerais vivre vieux et mourir de ma mort naturelle, entourée par ma femme, mes enfants et petitsenfants. Mais mon grand rêve, c’est de voir nos politiciens faire tout pour unir le peuple. Il faut que les gens deviennent des Burundais et non des Hutu ou des Tutsi, des Ganwa ou des Twa. Votre plat préféré ? Les gens seront surpris par mes goûts culinaires. J’adore le riz et le haricot. Je ne suis pas un fan des plats exotiques. J’aime ce plat simple. Si tout Burundais pouvait en avoir, je serais comblé. Votre chanson préférée ? C’est la chanson de Bob Marley, ’’One Love’’, un hymne à l’amour, à l’unité, à l’harmonie. C’est plein d’humanité et d’humilité. Quelle radio écoutez-vous ? J’en écoute plusieurs, mais ma préférée c’est RFI pour ses innovations et sa créativité. Elle m’inspire dans mon travail de formateur en production radio.


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Avez-vous une devise ? Elle n’est pas de moi, mais je la tire du rastafarisme: ’’amour et respect de l’autre’’. Si tout le monde pouvait s’en imprégner, il y aurait pas mal de changements positifs. Votre souvenir du 1er juin 1993 ? Des tensions entre étudiants au campus universitaire de Mutanga, il y a eu des déçus, des mauvais perdants d’un côté et un peu de triomphalisme pour les autres.

le parti ayant obtenu la majorité des voix dirigerait pour tous dans le strict respect d’un Etat de droit et des Accords d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi.

Votre définition de la justice ? C’est faire faire respecter la loi par et pour tous, et ce, de manière équitable et « Il faut un C’est tout CNC réellement indépendante. faire pour lutter contre indépendant l’arbitraire.

où les médias et les associations des journalistes choisiraient eux-mêmes les membres de cet organe. »

Votre définition de l’indépendance ? Une certaine autonomie des Burundais responsables et intègres à gérer des affaires du pays pour le bien de tous les Burundais et les étrangers vivant dans notre pays. Votre définition de la démocratie ? Pour notre pays, il faudrait d’abord des élections libres et transparentes avec des résultats acceptés par toutes les parties prenantes, sans tricherie. Ensuite

SOCIÉTÉ

Si vous devenez ministre de l’Information, quelles seraient vos premières mesures ? Ma première proposition serait d’avoir un Conseil national de la communication réellement indépendant. Les médias et les associations des journalistes choisiraient eux-mêmes les membres de cet organe. Ils mettraient en place un tribunal des pairs pour qualifier et sanctionner les délits de presse. Le gouvernement devrait se tenir éloigné du travail des journalistes. Croyez-vous à la bonté humaine ? Je crois fermement dans le principe que l’homme ou la femme naît

naturellement bon, c’est le voisinage qui le transforme en loup ou en agneau. Pensez-vous à la mort ? Oui, mais bizarrement quand même ! Quand j’accompagne un cortège funèbre et j’assiste à un enterrement, j’ai toujours l’idée que c’est un accident qui lui est arrivé parce que la personne a été peut-être imprudente, donc que c’est de sa faute. Mais je pense que je me trompe, c’est un mystère. Sinon quand je pense que je mourrai un jour, c’est avec l’idée que ce n’est qu’un changement de lieu de vie, que c’est une réincarnation pour aller renaître ailleurs. Et je me fais toujours l’idée de naître dans un pays riche et famille aisée. Si vous comparaissez devant Dieu, que lui diriez-vous ? Beuh, qu’il savait tout de moi. Qu’il m’a créé en connaissant mes défauts et qualités. Donc que s’il m’est arrivé de pécher, il savait déjà depuis le jour ou le spermatozoïde de mon père a fécondé l’ovule de ma mère que je pécherai le jour «J» et la seconde «S». Donc que ce n’était pas de ma faute, mais la sienne car il aurait pu me créer parfait comme Jésus. Je lui demanderai donc de me pardonner et de me laisser rejoindre les autres au paradis.

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Bio express

J

e suis né en 1969 à Muyinga, marié et père de 5 enfants. Je suis détenteur d’une licence en langue et littérature anglaises. J’ai fait mes études à l’Université du Burundi au campus de Mutanga. Il faut dire que je suis un touche-à-tout. A l’université, je faisais un peu de photographie et j’ai été DJ les weekends au campus et animateur dans des mariages à l’intérieur du pays. Ceci me faisait gagner un peu d’argent en plus des 3.000 Fbu de bourse universitaire. Apres mes études j’ai été d’abord enseignant d’anglais au Lycée du Saint-Esprit. Mais les après-midi je devenais taximan ou je conduisais les camionnettes communément appelés ’’transville’’ assurant le transport des biens ou des marchandises dans la ville de Bujumbura. C’est en 1998 que j’ai rejoint le journalisme en apprenant sur le tas, aidé par une collègue, Agnès Nindorera. Plus tard, j’ai suivi des formations de renforcement dans la production radiophonique en Angleterre, en Hollande et en Afrique du Sud. Aujourd’hui, je suis formateur en production des émissions radiophoniques, sur le thème, «Radio participative pour la construction de la paix». Un travail que je fais dans beaucoup de pays subsahariens.

Propos recueillis par Abbas Mbazumutima

Interview avec Pierre-Claver Ndayicariye

«La CVR n’est pas contre le développement »

Du 16 au 20 décembre, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) effectue des travaux de recherche des restes humains au site situé tout près du marché de Kamenge. Pierre-Claver Ndayicariye, président de cette commission fait le point.

P

ourquoi la CVR s’est-elle déployée à Kamenge ? Nous avons travaillé avec la population. Nous avons consulté l’administration de Ntahangwa et les autorités de la mairie. Ils nous ont renseignés sur l’existence probable des fosses communes à ce site. Quelques citoyens Burundais même des étrangers, victimes de la crise de 1993 et les années qui ont suivi y auraient été jetés. Nous avons aussi appris que des familles y auraient enterrés les leurs dans la précipitation. Etait-ce un cimetière reconnu ? Non. L’insécurité régnant en 1993, 1994,1995,… ne permettait pas aux gens ayant perdu les leurs d’aller enterrer dignement leurs morts dans les cimetières légalement reconnus par l’administration. En ce qui nous concerne, dans la procédure prévue par la loi, les ossements humains découverts sont provisoirement conservés. Nous faisons un rapport d’enquête et de recherche de la vérité pour informer les pouvoirs publics. Le but étant de lancer un dialogue et de préparer un enterrement en dignité plus tard.

parlent presque la même langue, la vérité est connue à 90%. Le miracle divin fait qu’on fauche 100 personnes, mais il y a toujours un rescapé qui témoigne plus tard. Avez-vous une idée sur le nombre des personnes ’’enterrées’’ ici ? Le nombre de victimes, nous le découvrons au fur et à mesure que l’on découvre le nombre de crânes. Mais, le chiffre importe peu. Ce qui compte pour la population, c’est leur donner l’occasion de pleurer les leurs et de les enterrer dignement.

Comment allez-vous distinguer les morts naturelles et les victimes de la crise ? Selon les informations recueillies, sur ce site, les fosses communes se trouvent le long de la rivière Nyabagere. Il s’agit des personnes tuées dans les quartiers, descendues des bus ou véhicules, etc. Il faut savoir qu’il y a des gens

qui sont morts à cet endroit mais qui n’habitaient pas à Kamenge. Parce qu’ils étaient de passage. Il y a aussi des résidents de Kamenge qui ont été fauchés. Est-ce une tâche facile pour distinguer ces gens ? Dans un petit pays comme le Burundi, dans une petite ville comme Bujumbura où des gens

Ces travaux de recherche de restes humains à cet endroit seraient motivés par un projet d’y ériger un building. Qu’en dites-vous ? Actuellement, nous intervenons sur appel de l’administration ou de la population. Nous disons tout simplement à ceux qui lancent des travaux de développement que la CVR n’est pas contre les projets de développement. Mais lorsque vous tombez sur des ossements humains, une fosse commune, il faut appeler la CVR. Nous dégageons ces

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restes et le chantier se poursuit. Heureusement, ce message est bien capté par les opérateurs économiques. Des exemples ? Les fosses communes de Mabanda, de Kivyuka, de Bugarama, … ont été découvertes parce qu’il y avait des travaux de développement communautaire. Nous avons travaillé récemment dans la vallée de Ndurumu dans la province de Ngozi. Il y avait un projet de construction d’irrigation agricole. Nous avons demandé à l’entreprise de suspendre les travaux pendant deux semaines. Nous nous sommes déployés et nous avons dégagé les ossements et les travaux ont continué. Bref, nous encourageons les opérateurs économiques à travailler mais avec un respect aux morts, à nos frères et sœurs happés par différentes crise. Ici nous tenons à être clairs et bien compris : nous interviendrons partout où nous serons appelés pour que les travaux de développement se poursuivent. Propos recueillis par Rénovat Ndabashinze


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Femmes, osons embrasser les métiers des sciences! Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a organisé ce mardi 17 décembre un forum débat à l’endroit des jeunes filles et des femmes. Le forum avait pour objectif : discuter sur la problématique de l’insertion des femmes dans les métiers des sciences.

L

es préjugés, les stéréotypes et les pesanteurs culturelles, tels sont les principaux défis relevés par les différentes femmes qui exercent dans les métiers des sciences. C’était lors d’un forum organisé par le PNUD en partenariat avec le ministère du commerce et l’association des femmes ingénieures. Le thème était : «Les opportunités, défis et leadership des femmes dans les métiers des sciences». Gladys Iteriteka, informaticienne a mis en exergue « la mentalité burundaise et le faible taux des filles dans les sections scientifiques, sont un frein à l’entrée des femmes dans les métiers scientifiques ». Elle a également soulevé les questions « d’auto stigmatisation et d’auto censure des jeunes filles et femmes ». Pour Nicole Kouassi, Représentante Résidente du PNUD cette conférence visait deux objectifs : créer une plateforme d’échanges des femmes et des jeunes universitaires. Et sensibiliser les jeunes filles à embrasser les métiers des sciences. «Il est fondamental que les jeunes filles soient sensibilisées sur les opportunités et les potentialités dans les métiers de sciences», a indiqué la Représentante Résidente du PNUD, avant d’encourage les étudiantes à

s’engager dans ces métiers qui sont également à la hauteur de leur compétence.

Des avancées à l’insertion des femmes dans le domaine des sciences Dans son intervention, Nicole Kouassi mentionne que l’objectif de ce forum : c’est de partager les différentes expériences, partager les défis rencontrés et même les opportunités Nadia Muhima, une des panelistes révèle qu’elle a dû travailler dur pour gagner la confiance des clients et de son entourage. Diplômée en informatique, Nadia Muhima décidera de devenir mécanicienne des automobiles. Et grâce à son père mécanicien qui lui a servi de modèle, elle embrassera sa passion de mécanicienne. Et aujourd’hui, elle est cheffe d’un garage automobile. Dans son témoignage, Nadia Muhima a soulevé comme défi certains stéréotypes. Claudette Ngendandumwe, ingénieure en sciences appliquées témoignera que pour gagner la crédibilité de ses clients, elle a dû travailler de longues années sous la couverture de son mari, qui est aussi ingénieur. Pour Delphine Bazuri, représentante de l’association des femmes ingénieures et urban-

Le public présent lors du forum débat à l'endroit des jeunes universitaires avant le début des activités

istes, par rapport aux années antérieures, il y a de grandes avancées en ce qui concerne l’insertion des femmes dans les métiers des sciences. Selon elle, beaucoup de jeunes filles et femmes commencent à se lancer dans ce domaine. Toutefois, elle ne manque pas de déplorer qu’il y a encore certains défis qui persistent.

Encouragement et Recommandations « Allez-y, foncez! », tel est le mot d’encouragement de Galina Asanabi-

Au moment du panel portant sur les défis et opportunités des femmes dans les métiers des sciences

wabo, ingénieure en énergie solaire, lancé à ses amies. Dans le but d’encourager les filles à faire des études scientifiques, elle demande au gouvernement d’octroyer aux jeunes filles des bourses d’étude. « Osez embrassez tout métier de science !», recommande Nadia Muhima. Selon elle, il n’y a pas de travail fait spécialement pour les hommes. Delphine Bazuri a encouragé toutes ces jeunes filles qui ont

la volonté d’embrasser les métiers des sciences. Elle ajoute aussi que c’est une occasion pour les étudiantes de contribuer au développement socio-économique de leur pays. Signalons que ce forum organisé par le PNUD était la 1ère conférence organisée à l’endroit des filles et des femmes sur la problématique de leur insertion dans les métiers des sciences.

Nicole Kouassi, représentante résidente du PNUD au milieu des panélistes à la fin des activités.

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Selon un nouveau rapport du PNUD, de nouvelles inégalités émergent à mesure que l’Afrique gagne du terrain sur le plan du développement

Le ministre Martin Nivyabandi: « Le ministère collabore avec le PNUD dans l’élaboration d’un registre national où toutes les personnes vulnérables seront recensées catégorie par catégorie. »

L

ancé le 09 décembre à Bogota, le Rapport sur le développement humain 2019 du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) intitulé « Au-delà des revenus, des moyennes et du temps : les inégalités de développement humain au XXIe siècle », a été présenté par Nicole Flora Kouassi, Représentante Résidente du PNUD, ce mardi 16 décembre 2019 à l’université du Burundi, en présence du Ministre des droits de la personne humaine, du Genre et des affaires sociales, du Coordinateur résident du Système des Nations Unies au Burundi, du doyen, des professeurs, des étudiants et étudiantes de la faculté des Sciences économiques. Dans son discours d’ouverture, le ministre des droits de la personne humaine, du genre et des affaires sociales, Martin Nivyabandi, a fait observer que le Burundi a enregistré des progrès significatifs en matière de développement humain en donnant l’exemple de l’âge d’espérance de vie qui

est passé de 49 ans en 2005 à 60 ans aujourd’hui. Le ministre Nivyabandi a dit également que les objectifs de développement durable font partie des priorités du gouvernement. « L’engagement de l’Etat burundais dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable s’est matérialisé d’une part par le lancement à Kayanza de la priorisation des ODD (Objectifs de développement durable) par le président de la République le 1 Février 2019 et d’autre part par l’intégration globale des priorités nationales des ODD dans le plan national de développement 20182027. Au premier rang de ce plan, figure la lutte contre les inégalités. » Le ministre a aussi tenu à remercier le PNUD et d’autres organismes onusiens pour leur soutien au gouvernement dans la mise en œuvre des politiques de réduction de la pauvreté et des inégalités. « Nous sommes partenaires avec le système des nations unies dans la mise en place de la politique nationale

La représentante du PNUD, Nicole Flora Kouassi : « Il est urgent d’agir rapidement sur ces nouvelles inégalités pour empêcher qu’elles s’empirent et se répandent en cascade. »

genre et la politique nationale de protection sociale. » Et d’affirmer que le ministère collabore avec le PNUD dans l’élaboration d’un registre national « où toutes les personnes vulnérables seront recensées catégorie par catégorie. » Il a ajouté aussi que le système onusien appuie le gouvernement dans la lutte contre toutes les discriminations.

« L’avenir des inégalités de développement humain au XXIe siècle est entre nos mains. » Pour sa part, Madame Nicole Flora Kouassi, Représentante résidente du PNUD au Burundi, a relevé que « L’accès aux nouvelles technologies et le changement climatique sont les nouveaux défis du XXIème siècle et sont devenus des sources majeures d’inégalité entre les États. » « Alors même que les disparités de niveau de vie de base s’estompent et qu’un nombre sans précédent de personnes échappent à la pauvreté, à la

faim et aux maladies », poursuitelle, « de nouvelles inégalités se creusent, en particulier au niveau de l’enseignement supérieur et des effets sismiques des technologies et de la crise du climat. … Les inégalités de pouvoir des hommes et des femmes au sein du ménage, dans le milieu professionnel ou en politique demeurent très prononcées. … Plus l’on grimpe l’échelle du pouvoir, plus l’on s’éloigne de la parité. L’écart atteint 90 % dans le cas des chefs d’État et de gouvernement. » Elle a conclu son propos en appelant les États et toutes les instances concernées à agir dans l’urgence. « Nous pouvons et nous devons impérativement agir sans attendre. Il ne s’agit plus de ne laisser personne de côté, mais de faire avancer tout le monde. Les politiques publiques doivent s’attaquer aux déterminants sous-jacents des inégalités au lieu de ne voir que leurs symptômes. Les règles du jeu sont en train de changer et nous devons nous assurer que les populations sont bien placées aujourd’hui pour avancer demain. »

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Jeanine Hashazinka, économiste nationale au PNUD et présentatrice du rapport, a spécifié que celui-ci indique que les conditions de vie des populations se sont améliorées de manière générale dans beaucoup de pays par rapport à ce qu’elles étaient dans le passé, ce que confirment les indices de développement humain mis en exergue dans le rapport. Cependant, a précisé Mme Hashazinka, les écarts de niveau de vie restent assez préoccupants. «Nombreux sont ceux et celles qui, malgré les efforts fournis, restent privés de leurs besoins fondamentaux.» Elle a avancé également que la lutte contre les inégalités doit s’effectuer dès le bas âge. «Il s’observe par exemple dans toutes les études menées qu’un enfant évoluant dans un milieu favorisé a plus de chances d’accomplir des études supérieures qu’un enfant issu d’un milieu pauvre.»


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Vendredi, 20 décembre 2019 - n°562

PACSC, plus qu’outillé pour l’augmentation de la production du café et l’amélioration de sa qualité

Du 4 au 5 décembre, le Projet d’Appui à la Compétitivité du Secteur Café(PACSC) avec différents responsables des fédérations des caféiculteurs des provinces Kirundo et Muyinga, de concert avec les administrations locales respectives ont effectué une visite de terrain. Objectif : se rendre compte du pas déjà franchi dans l’amélioration de la capacité productive des petits producteurs de café et le rajeunissement des vieux caféiers à travers la replantation et le recépage des plants caféiers. Ce fut également une occasion de s’enquérir de l’évolution du recensement général des caféiers et des caféiculteurs en cours.

A

vec la 2ème campagne de pulvérisation des plantations de café pour lutter contre l’Antestiopsis orbitalis au cours des 3 premières semaines du mois de novembre et la distribution des engrais organiques aux bénéficiaires des activités du PACSC (de plus de 99 tonnes d’engrais chimiques disponibles dans le stock de la Fédération Mfashangufashe qui regroupe les associations des caféiculteurs de la province Kirundo) , la campagne caféicole 2019 est sur la bonne piste pour une récolte satisfaisante d’ici 3 ans. « Au regard de l’engouement de la population pour le rajeunissement des vieux caféiers et de l’affluence des gens pour s’approvisionner en fumures organiques et minérales, la campagne est prometteuse », se frotte les mains Richard Giramahoro, responsable de la communication au sein dudit projet. Depuis la mise en œuvre de ce projet gouvernemental avec l’appui financier de la Banque Mondiale en octobre 2016, une bouffée d’air frais s’observe dans le secteur caféicole. Dans les 6 provinces d’intervention prioritaire du projet (Kayanza, Ngozi, Muyinga, Kirundo, Karusi et Gitega), grâce à la technique de recépage qui consiste à couper tous les vieilles tiges pour permettre aux caféiers de se régénérer et de produire plus, ainsi qu’à la technique de replantation qui consiste à remplacer les vieux caféiers de plus de 30 ans par de nouveaux plants des pépinières, les champs caféicoles ont un nouveau visage porteur d’espoir pour la production en quantité et en qualité. En plus, Dans le cadre de la sécurité alimentaire, les cultures intercalaires de haricots ou de soja qu’ils cultivent entre les jeunes plants ont permis à la population de lutter contre la faim attendant la première récolte du café . Un appui que salue la population bénéficiaire. En témoigne, M. Fabien Ngendakumana, caféiculteur de la colline Rurira de la commune Busoni en province Kirundo. «Grâce aux cultures intercalaires, plus besoin de craindre d’éventuelles disettes car nous les cultivons et les récoltons toute la saison», arguet-il. Ladite descente fut aussi une occasion de s’enquérir de l’état des lieux du rajeunissement en cours dans certaines localités.

La replantation bat son plein

« Cette technique est bien ancrée dans les habitudes des pratiques caféicoles de tous les caféiculteurs encadrés par le PACSC », se félicite Bienvenu Rwantabana, responsable technique de la Fédération Mfashagufashe de nouveaux plants sont en train d’être replantés dans la commune Busoni.

Un recensement qui vient à point nommé Effectué par l’Isteebu sur financement du PACSC, le recensement général des caféiers et des caféiculteurs, Edition 2019, doit dresser un tableau général du secteur caféicole d’autant plus que le dernier remonte à l’an 2007. Outre le nombre de caféiculteurs répartis de part et d’autre sur tout le territoire national du Burundi, sauf la Mairie de Bujumbura, explique M. Ruberintwari, chef de recensement en commune Busoni, ce recensement doit permettre aussi de connaître le nombre de plants caféiers replantés et recépés, ainsi que plusieurs autres informations nécessaires pour le développement de la filière caféière. Hélas, une opération, selon un enquêteur qui risque de durer plus que prévu. Devant s’étendre sur un mois et demi, ce dernier explique que c'est suite aux aléas climatiques moins cléments qui limitent les déplacements. Ce qui fait que répertorier tous les ménages de caféiculteurs devient difficile. « A cause des pluies, nous sommes perturbés dans notre travail.» L’absence des moyens de locomotion est l’autre lacune. Allusion faite aux problèmes rencontrés quand ils se déplacent d’une montagne à une

autre pour inventorier différentes plantations des caféiculteurs. Toutefois, les responsables et les agents recenseurs demandent que le délai du recensement soit prolongé de quelques semaines « afin d’avoir des données fiables qui reflètent une réalité sur terrain », tempère Ferdinand Ruberintwari, agent recenseur dans la commune Busoni.

Satisfaction des bénéficiaires du PACSC La population en chœur salue l’accompagnement du PACSC. A travers la CNAC, le projet permet un encadrement- sensibilisation et un suivi régulier des caféiculteurs. Les moniteurs cafés et les moniteurs agricoles reçoivent souvent des renforcements de capacité en matière de dével-

Bienvenu Rwantabana : « Grâce aux cultures intercalaires, la population mange à sa faim »

Grâce à la pulvérisation des plantations de café pour lutter contre l’Antestiopsis orbitalis, une bonne récolte est à prévoir

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oppement des bonnes pratiques caféicoles à travers l’installation, la conduite et l’utilisation des sites de démonstration qui servent de champs- écoles pour les caféiculteurs. Et sur terrain, souligne M. Giramahoro, les sites de démonstration sont en nette augmentation et on compte installer un par commune pour six provinces d’intervention prioritaire du PACSC. A l’instar de Leonard Buhinja, de la commune Busoni, colline Kirira qui ne tarit pas d’éloges pour les interventions du PACSC. En pleine campagne de rajeunissement de ses plants de caféiers, cet instituteur fraîchement retraité compte replanter plus de 500 nouveaux plants de caféiers qui s’ajouteront aux 3500 autres qu’il avait déjà plantés. De quoi espérer, se targue-t-il, des lendemains qui chantent d’ici 3 ans. Idem pour les caféiculteurs visités autour des sites de démonstration en communes Muyinga, colline Kivoga. Dorénavant, ils s’estiment en sécurité alimentaire grâce aux cultures intercalaires. Ils saluent également toutes les actions du PACSC qui ne ménage aucun effort dans l’accompagnement du petit producteur tout au long de la chaine de valeur de production. Pilier du développement familial, grâce aux appuis multiformes du PACSC, la femme est au centre de la production caféicole. L’association « Mukenyezi Garukira Ikawa » en est le parfait exemple. Réunissant plus de 30 femmes de la commune Butihinda, sur la colline Kibande, leur association est la preuve vivante de l’implication du PACSC pour un développement non discriminatoire de la population. Des efforts salués par Consolate Minani, leur présidente. Ainsi, explique-t-elle, chacune des membres devant planter 100 plants de caféiers dans la propriété familiale, elles espèrent en replanter au total 3000 plants de caféiers. Du côté de l’administration, un travail qui commence à induire ses effets escomptés. Dans toutes ces deux provinces, l’administration locale se dit satisfaite par les appuis multiformes du PACSC d’autant plus que les catégories des jeunes, des femmes et des Batwa sont également prises en compte dans le développement de la filière café.


SOCIÉTÉ

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Karusi

Les revenantes de Buhiga

En commune Buhiga de la province Karusi, deux femmes «ont réapparu» après leur décès et leur enterrement. Familles et voisins confirment Ces deux cas suscitent beaucoup d’interrogations au sein de la population. La sorcellerie est évoquée. Iwacu a mené l’enquête

I

l est 16 heures. Nous sommes sur la colline Gisenyi de la zone Buhinyuza. C’est à une dizaine de kilomètres du centre urbain de la province Karusi. Des montagnes surplombent cette localité. Les cultures sont luxuriantes. Des enfants jouent au football sur un terrain tout près d’une école primaire. On pose des questions sur une fille qui aurait réapparu après sa mort. Apparemment, le cas est connu. «Il faut faire demitour. C’est à une centaine de mètres d’ici». Un homme d’une cinquantaine d’années se propose pour nous guider. Il faut y aller à pied, car la route est impraticable en voiture. A l’intérieur d’une plantation d’eucalyptus se trouve la maison d’Evariste Butoyi. Ce dernier est absent. En chemin, nous rencontrons son épouse, Sofie Nsavyimana. On se présente. «Ma fille est à la maison. Aujourd’hui, elle se porte bien. Elle est même allée puiser de l’eau cet après-midi». Aline Singirankabo, la fille «réapparue», est à l’intérieur de la maison. Sa «mère» la presse de sortir pour saluer les visiteurs. Elle ne veut pas sortir de la maison. Les voisins et les badauds accourent. Après un bref conciliabule avec sa «mère», la fille décide de se montrer. Toutefois, il faut aller à l’arrière-cour.

«Elle est morte au mois de mai de cette année» Teint clair, la jeune fille ne parle pas beaucoup. Toutefois, elle rit tout le temps. Selon sa «maman», elle a 18 ans. Elle présente des boutons noirs au niveau du cou. «Mon enfant est morte le 22 mai 2019». Selon Sofia Nsavyimana, ils pensaient que c’est la malaria quand elle est tombée malade. Nous lui avons donné des médicaments, mais elle les a vomis tout de suite. La jeune fille a été évacuée à l’Hôpital de Karusi. «Les médecins ont fait beaucoup d’examens sans rien trouver. Ils ont dit par après qu’ils ne peuvent rien pour elle. Le lendemain, ma fille a rendu l’âme». Aline Singirankabo a été enterrée le même jour au petit cimetière de Gisenyi. Selon Sofia Nsavyimana, sa maman, la jeune fille a été vue pour la première fois au mois de juillet dernier au chef-lieu de la province Karusi. D’après elle, elle agrippait son mari quand il se rendait au cheflieu de la province. «Au mois de juillet, mon mari a attendu la jeune fille dire : Tu es mon père. Tu es Butoyi mon papa. Mon mari

me l’a raconté et je suis allé le dire à l’administrateur communal. J’ai passé toute la nuit dans la rue à Karusi en la cherchant. Le lendemain, je l’ai ramené à la maison». Les preuves que la famille avance pour affirmer que c’est son enfant, ce sont les cicatrices sur les pieds et d’autres traits caractéristiques encore sur les pieds, les bras et au niveau de la poitrine. «Elle est gauchère et ma fille utilisait aussi le bras gauche. De plus, elle ressemble trait par trait à son frère». Sofia Nsavyimana et les voisins affirment que la jeune fille reconnaît ses parents et ses voisins. Pour expliquer la «réapparition», la «mère» de la jeune fille évoque la sorcellerie. «Ces sont des sorciers qui l’ont ressuscité. Ils l’auraient mis dans une maison et peut-être elle s’est échappée». Alors qu’ils étaient en train d’être battus, dit-elle, des sorciers ont admis, en novembre dernier, avoir ensorcelé ma fille? «C’était devant les autorités administratives et une foule de gens. Un d’entre eux a été immédiatement lynché par la population». Ce que confirment certains administratifs à la base sur la colline Gisenyi.

Polémique autour de cette affaire Après la présentation de la jeune fille «réapparue» à la Télévision nationale par les autorités provinciales comme une «ressus-

Sofia Nsavyimana montrant les cicatrices prouvant que c’est sa fille

citée», une autre famille de la Mairie de Bujumbura réclame cette jeune fille. Son nom serait Clélia Iradukunda, originaire du quartier Nyabugete en commune Muha. D’après cette famille, elle présente un handicap mental et aurait été portée disparue depuis le 2 janvier dernier alors qu’elle était hospitalisée au Centre neuropsychiatrique de Kamenge communément appelé Chez « le Gentil. » La «mère» de Clélia Iradukunda, Renilde Kwizera, a présenté aux différentes autorités de Karusi l’extrait d’acte de

naissance de la jeune fille, une lettre de l’administrateur de la commune Muha demandant aux administratifs de Karusi de remettre l’enfant à sa propre famille. Renilde Kwizera a été déboutée. «Les autorités de Karusi n’ont pas voulu laisser partir la jeune fille», indiquent des sources à Karusi. D’après elles, les autorités de cette province seraient dans l’embarras parce qu’elles avaient déjà présenté la jeune fille à la Télévision nationale. «De plus, il y a une personne qui a été lynchée par la population qui l’accusait d’avoir ensorcelé cette même jeune fille». Sofie Nsavyimana affirme mordicus que c’est sa fille. «Personne ne me la prendra. Ils doivent d’abord me tuer». Les voisins eux aussi attestent que c’est la fille d’Evariste et Sofie. «Nous l’avons vue grandir. Nous avons participé à son enterrement. C’est bien elle», affirme des voisines de la famille. Dossier à suivre.

Un autre cas sur la colline Gasenyi

Béatrice Nitanga, la femme «réapparue»

Dans cette même commune de Buhiga vit Béatrice Nitanga. Cette femme d’à peu près 40 ans présente un handicap mental. Ses paroles sont incohérentes. Elle est hébergée par sa tante, Salomé Gakobwa. «On doit la surveiller constamment, car elle veut s’enfuir tout le temps. On doit aussi l’aider à faire ses besoins». Selon sa tante, elle l’a recueilli quand elle a «réapparu» au mois de novembre dernier. «Personne ne voulait d’elle». Sur la colline Gasenyi, à une dizaine de kilomètres de Shanga,

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cette histoire suscite toujours la peur au sein de la population. Avant «sa mort», Béatrice Nitanga vivait dans cette localité avec Nestor Niyongabo, «son mari». Ce dernier affirme que c’est bel et bien sa femme avec qui il a eu 5 enfants. «Ça faisait plus de trois ans qu’elle était morte. Elle est subitement tombée malade. Elle est morte trois jours après». Béatrice Nitanga a été enterrée le lendemain.La sorcellerie à l’origine de ces réapparitions selon la population «Elle a été vue pour la première fois à Rubavu. Des voisins sont venus me dire qu’ils ont vu ma femme. Je pensais que mes voisins étaient des affabulateurs ». Inquiet, Nestor Niyongabo est allé voir. «Je l’ai trouvé endormie dans la brousse. Je l’ai longuement regardé et je ne l’ai pas reconnue. J’ai trouvé une personne un peu grosse alors que ma femme était maigre». Le lendemain, il y retourne avec le chef de colline. «Elle a tout de suite reconnu le chef de colline et son père. Je l’ai encore une fois regardé les traits de son visage, ses doigts et ses pieds et cette fois-ci j’ai vraiment reconnu ma femme». Nestor Niyongabo indique qu’il ne pouvait pas reprendre une femme qui était morte et qui venait de réapparaitre après plus de 3 ans. «D’autant plus que j’avais épousé une autre femme. C’est sa tante qui l’a récupéré». Nestor indique qu’il a eu aussi peur. «Même ses frères n’ont pas voulu l’accueillir. Ils disent que ce n’est pas leur sœur». Les voisins affirment aussi que la femme «réapparue» est Béatrice Nitanga. «C’est moi qui l’est mise dans le cercueil. Lors de sa réapparition, elle avait la jupe qu’elle portait le jour de l’enterrement», renchérit Barthélemy Ndakoraniwe, un habitant de cette colline. Tous les voisins de Nestor Niyongabo ne doutent pas de l’identité de la femme et ils ont une explication : «Il n’y a rien qui explique cela à part la sorcellerie», affirme Edouard Nimpagaritse. Quant à Salomé Gakobwa, elle demande de l’aide des bienfaiteurs. «Aujourd’hui, je ne peux rien faire à part la surveiller. Les autorités administratives passent de temps en temps, mais ce n’est pas suffisant. Il faut qu’elle soit soignée dans un établissement spécialisé pour ce genre de cas». Edouard Nkurunziza et Fabrice Manirakiza


SOCIÉTÉ

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Hygiène menstruelle : assez les tissus et autres bouts de matelas ! Plus de 500 mille filles en milieu scolaire, au niveau national, n’ont pas accès aux serviettes hygiéniques pendant leurs menstruations. Une campagne demandant la détaxation des serviettes est en cours.

M

orceaux de matelas, de tissus, des feuilles de banane… en guise de serviettes hygiéniques. Certaines filles/femmes, en désespoir de cause, y ont recours, faute de moyens. « Chaque mois, je déchire des bouts de matelas, les utilise et les réutilise, pendant mes règles… » R.K., 16 ans, de la zone Buterere, confie s’absenter souvent à l’école pendant sa « période rouge », par peur de tâcher son uniforme. Une dizaine d’autres filles rencontrées à Buterere dont l’âge est compris entre 14 à 17 ans, affirment qu’elles n’ont jamais utilisé de serviettes hygiéniques. Démunies, elles sont contraintes de déchirer des pagnes usées. Ou carrément porter deux jupes, deux sous-vêtements… « Quand je lave un bout de pagne, je dois rester à la maison jusqu’à

AU COEUR DU PAYS

Les serviettes hygiéniques devraient être détaxées

ce qu’il soit séché », confie l’une de ces élèves.

Détaxation des serviettes, meilleure solution ? Le collectif de blogueurs Yaga a lancé une campagne afin de plaider pour la détaxation des serviettes importées qui coûtent 2.000 BIF. Sur les banderoles tenues par quelques jeunes femmes de ce collectif qui circulent sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, l’on peut lire que sur 3,5 millions de Burundaises concernées par les menstruations, 80% n’ont pas accès aux serviettes hygiéniques. Pour Nicole Uwimana, direc-

Région Ouest

trice de l’entreprise « African Woman in action » qui fait la promotion de l’hygiène menstruelle, la détaxation n’est pas une solution optimale. D’après elle, la détaxation aiderait certes. Mais la meilleure solution est la mise en place d’une politique de distribution gratuite en subventionnant les serviettes lavables et réutilisables, naturelles, produites localement. Un paquet de 5 serviettes coûte 10 mille BIF, utilisable pendant un an environ. M me Uwimana estime qu’il serait difficile de subventionner les serviettes importées utilisées couramment. « Elles sont chères et polluent l’environnement, fabri-

quées à base de produits chimiques ».

L’Etat se dit « conscient » du problème… « Si le chiffre de 80% des filles qui n’ont pas accès aux serviettes hygiéniques est réel, ce serait horrible », déplore le président de la Commission parlementaire chargée des affaires sociales, Adolphe Banyikwa. D’après lui, si cela nécessite la détaxationpour l’accès à tout le monde, rien n’empêchera de discuter avec le ministère habilité. « Nous n’avons pas encore vu un projet de loi gouvernemental qui demande l’exonération.» Si ce projet est proposé, le parlement

va l’étudier, selon lui. « Car l’hygiène passe avant tout ». La directrice générale de la promotion de la femme et du genre au ministère des Droits de l’Homme, Donatienne Girukwishaka, a refusé de s’exprimer sur cette campagne de détaxation. « Le ministère n’a pas été associé ni informé». Elle indique toutefois que le ministère est conscient du problème de l’accès aux serviettes hygiéniques. Elle évoque une distribution des serviettes réutilisables dans la province Bubanza en 2017. Elle parle également de la journée internationale de la fille célébrée chaque 11 octobre, le ministère distribue des vivres et non vivres aux jeunes filles dont les serviettes hygiéniques, depuis 2017, selon cette DG. Quant à la question de la gratuité, M me Girukwishaka indique que chaque chose a son début. « Nous allons continuer à discuter avec ces filles et voir ce qui est nécessaire.» Un pas franchi, d’après elle : les menstruations ne sont plus une question taboue. D’après une étude menée par l’ONG locale Sacode, 545 mille filles en milieu scolaire n’ont pas accès aux serviettes hygiéniques, au niveau national. Clarisse Shaka

Cibitoke

Les agriculteurs réclament des engrais chimiques Cinq mois viennent de prendre fin sans engrais chimiques dans toute la province de Cibitoke. Les agriculteurs demandent ce produit aux responsables provinciaux. Le bureau provincial en charge de l’agriculture appelle à la retenue. De notre correspondant Jackson Bahati

D

ans les communes Rugombo, Mugina et Buganda, les agriculteurs se plaignent du manque d’engrais chimiques depuis 5 mois. Les agriculteurs rencontrés dans les champs disent que le maïs, le riz plantés durant cette saison culturale A sont en mauvais état faute d’engrais chimiques. Cette situation est également signalée dans les communes Murwi, Bukinanyana et Mabayi . Les agriculteurs disent ne pas comprendre pourquoi ils n’ont pas d’engrais chimiques pour leurs champs alors qu’ils ont déjà payé l’argent. Certains disent qu’ils ont contracté des prêts auprès d’institutions financières et d’amis afin de pouvoir payer

pour ces engrais chimiques dans l’espoir de rembourser après la récolte. Selon eux, ils avaient l’intention de vendre une partie de la récolte pour s’acquitter des dettes.

Cela pourrait engendrer la famine Ce manque d’engrais chimiques, expliquent ces agriculteurs, est susceptible de causer la famine dans les familles puisque la grande partie des agriculteurs de cette province vivent de l’agriculture et de l’élevage. Pour eux, l’État ne devrait pas percevoir les frais d’achat d’engrais chimiques sans que ces derniers soient déjà disponibles dans la province ou même sur tout le territoire national. Cela leur permettrait d’utiliser cet argent pour acheter d’autres biens. À l’approche de la saison

Un des agriculteurs du riz estime que son champ est en mauvais état faute d'engrais chimiques

des cultures B, ces agriculteurs semblent perdre espoir et demandent à l’État de leur rembourser leur dû. Béatrice Nyabenda, ayant le bureau provincial de l’environnement, de l’agriculture

et de l’élevage dans la province de Cibitoke dans ses attributions, dit que cette situation est compréhensible et que les plaintes de ces agriculteurs sont bien fondées. Toutefois, elle demande à cette population d’être patiente

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car l’Etat est déjà conscient de ce problème. Elle espère que bientôt, ce dernier sera résolu afin de répondre aux doléances de ces agriculteurs en colère.


AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

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Gitega

La flambée des prix alimentaires touche durement les familles

Au marché central de Gitega, dans les boutiques, tous les produits sont disponibles. Cependant, les prix sont montés d’une façon vertigineuse et les consommateurs crient à la spéculation.

« Personne n’est responsable ! »

De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

A

rrivé au marché central de Gitega, les stands et les échoppes sont pleins, les vendeurs ont presque tous les mêmes produits. Debout devant le propriétaire du commerce, Claudine est venue se ravitailler en huile, farine de maïs, oignons. A sa grande surprise, la cliente constate que les prix ont augmenté. « Le riz est cher, les tomates sont cher, tout est cher», se plaintelle. Presque tous les clients qui font les courses au marché central de Gitega déplorent la manière dont les prix changent dans un si petit lapse de temps. Le prix du riz « plus ou moins de meilleure qualité » est passé de 1800 à 2000 Fbu, le kilo de haricot est maintenant à 1 400 Fbu avec une hausse de 300 Fbu, explique un détaillant. Même son de cloche chez Lionnella trouvée sur place qui souligne qu’elle achetait le kilo d’huile de palme 3000 Fbu, mais maintenant il est à 5 000 Fbu. D’après elle, le poisson

Région Sud

Des sacs des denrées alimentaires au marché central

Mukeke est presque introuvable et devenu très cher, de même que la viande qui coûte 8000 Fbu. Un

kilo de farine de manioc est à 550 Fbu avec une hausse de 150Fbu. Selon plusieurs clients, la mon-

tée rapide des prix des denrées alimentaires frappe particulièrement les moins nantis.

Erica, mariée et mère de trois enfants, vit dans le quartier Magarama. Elle déplore cette flambée des prix des denrées alimentaires. « Tous les aliments sont devenus très chers. Certains sont de véritables produits de luxe.» La montée des prix se fait durement ressentir chez les clients mais aussi chez les commerçants. Partout, on entend les commerçants et les clients marchander. D’après ces derniers, les prix sont dictés par la conjoncture économique. « Même si ces prix grimpent, notre marge bénéficiaire n’augmente pas pour autant », indique Sylvestre. Tentant de donner une explication à la hausse des prix de ces denrées, les commerçants avancent que cette situation est liée à l’augmentation des taxes sur les marchandises et la dépréciation de la monnaie burundaise. Selon leurs propos, ce ne sont pas les petits vendeurs qui profitent des prix élevés mais plutôt les grossistes spéculateurs.

Rumonge

Plus de 100 hectares de cultures inondées

Les berges des rivières Dama et Murembwe sont détruites par de fortes pluies occasionnant des inondations de plus d’une centaine de hectares de cultures. Les agriculteurs sont dans la désolation, les services techniques et les autorités administratives promettent d’agir. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

S

elon les services techniques de l’Office de l’huile de palme, des champs de palmiers à huile, de manioc, de riz, de patates douces ont été envahis par des eaux des rivières Dama et Murembwe suite à la destruction de leurs berges bordures causée par des fortes pluies. Certains agriculteurs rencontrés sur place ne savent plus à quel saint se vouer. On dirait des petits lacs artificiels. Léonidas Ntirampeba dont la propriété d’un hectare de palmiers à huile est pour le moment sous l’eau dit que ce champ était la seule source de revenu pour sa famille. Il demande à l’office de l’huile de palme qui se charge de l’encadrement technique du palmier à huile d’agir vite pour protéger les bordures de ces rivières pour éviter d’autres

inondations. Il affirme que les conséquences de ces inondations sont énormes sur les familles et sur l’environnement.

Des actions urgentes doivent être menées C’est pour protéger ces rivières sinon même la ville de Rumonge est en danger car elle pourra être victime des inondations. Safia Bizimana, une veuve, ne sait plus comment elle va nourrir ses quatre enfants après que ce champ de riz a été détruit par la rivière Dama. Elle indique que ce n’est pas la première fois que ces inondations surviennent mais précise que pour cette année-ci elles sont d’une grande ampleur. « Toute la communauté devrait se lever comme un seul homme pour prévenir une catastrophe naturelle qui pointe à l’horizon et personne ne sera épargné. » Les montagnes qui surplombent la ville sont aujourd’hui nues.

Des inondations ont envahi de champs de cultures autour de la rivière Murembwe

Tous les arbres ont été coupés et l’érosion est forte. Ce qui occasionne des inondations. Selon un spécialiste des questions environnementales, il faut un travail technique qui consiste à protéger les berges de cette rivière par la plantation des plantes fixatrices tels que les bambous et les roseaux et aussi sensibiliser la population à ne pas cultiver jusque sur les berges. La plateforme provinciale chargée de la gestion des catastrophes

avec les services techniques de l’Office de l’huile de palme et les autorités devraient se réunir vite pour demander un appui afin de protéger ces deux rivières, a-t-il indiqué. Célestin Nitanga, administrateur communal de Rumonge précise que des séances de sensibilisation à la protection de ces deux rivières ont été menées afin de les sensibiliser à ne pas détruire les berges de ces rivières en cultivant leur champs. Pour lui, la protec-

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tion de ces rivières constitue une priorité et a promu de mener des actions urgentes avec l’appui des services techniques et d’autres partenaires. Des campagnes de sensibilisations de lutte contre l’érosion vont continuer à être menées à l’endroit de la population. Rappelons que la province de Rumonge est souvent confrontée à des catastrophes naturelles dont des inondations et des éboulements de terrain.


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SPORT

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Karaté

Anna, une guerrière dans l’âme s’occuper durant les vacances, raconte Alexandre Vedernicova, son père, nous l’avons fait inscrire dans le club de son école, Zanshin Karaté Club. Un coup de foudre pour la jeune Burundo-russe. Difficile de la mettre de travers. Elle cumule les heures d’entraînement. « Même quand c’était le temps des plus grands, elle voulait en faire partie », se souvient Christophe Nkurunziza, à l’époque président du club Zanshin. A la manière de quelqu’un qui doit manger pour rester en bonne santé, le karaté s’invite dans son quotidien. M. Vedernicov témoigne que plusieurs fois, il a été contraint de revoir son agenda « au risque qu’elle ne rentre pas tard pour réviser ses notes, je devrais attendre pour qu’elle termine son entraînement».

A peine 17 ans, elle est la seule karateka burundaise ceinture noire à cet âge. Pour un sport qui demande autant de sacrifices et d’efforts, une singularité. Portrait.

R

egard impassible, le cœur qui bat la chamade, kimono tout mouillé…L’image qui reste d’une Vedernicova au sortir de son kata, une sorte de simulation de combat. C’est samedi 7 décembre. A cet instant, des applaudissements fusent de partout dans le grand Dojo national. Le moment d’esquisser leur habituel salut qui marque la fin d’une démonstration, Anna Vedernicova est toute émue. Seul hic : elle ne réalise pas qu’elle vient de passer avec brio la ceinture noire. L’apothéose pour tout karateka digne de ce nom, mais, plus que tout, une preuve que même dans le sport féminin, « aux âmes bien nées, la valeur n›attend point le nombre des années ». Pour elle, le moment de se remémorer tous ces plaisirs gâchés à la

Une envie de toujours faire mieux

Anna, après avoir passé sa ceinture noire

quête de ce précieux sésame. «Une route parsemée de tant d’embûches», confesse- t-elle. A 5 ans, la gamine étonne tout le

monde par son courage. Ce qui est une simple occupation pendant les grandes vacances devient son obsession. Pour mieux

A cette philosophie d’avoir « un esprit sain dans un corps sain », confie son coach, une propension de briser les barrières. En témoigne, son goût de se mesurer aux garcons de son âge en kata. De par son physique plutôt frêle, à peine 1m70 pour seulement 50 kg, Anna Vedernicova est

une source d’inspiration. Outre ses amies de l’école, après l’avoir vue, ont commencé à pratiquer le karaté, ses aînées dans le club Zanshin et en équipe nationale. « A première vue, sa rapidité dans l’exécution des mouvements et sa concentration durant les combats te laisse pantois », fait savoir Gilbert Havugimpundu coach de l’équipe nationale. Et malgré un palmarès garni (plus de 15 médailles glanées en tant que championne chez les cadets, ndlr) et le début des études universitaires, elle confie avoir encore soif. «Le karaté féminin burundais n’a encore rien donné au pays. Il faut continuer à travailler. » Et avec les JO de 2020 à Tokyo en vue, poursuitelle, c’est une autre source de motivation. D’après elle, l’occasion pour le gouvernement de faire feu de tout bois afin que la Febuka (Fédération burundaise de karaté) ne rate aucune compétition qualificative pour cette échéance incontournable du sport mondial. Anna est cadette d’une famille de trois enfants. Elle est burundo-russe de par sa maman qui est burundaise. Hervé Mugisha

Basketball

Eliminatoires Zone 5 : un ultime test attend le Burundi

A

vec une liste élargie de 24 joueurs sélectionnés pour le rendez-vous, l’ébauche de la sélection se met en place petit à petit. Sur le terrain d’entraînement, une envie folle de se donner à fond. Tout cela sous l’œil conquis des supporteurs et d’Olivier Ndayiragije et d’Aaron Kagabo, les deux sélectionneurs de l’équipe nationale. Entre replacement en défense et attaque placée, M. Ndayiragije affirme que des ajustements s’imposent, quoi qu’en général les joueurs se donnent à fond. «Tactiquement, de petits déchets persistent, surtout dans les relances. Car, à cause des gabarits peu imposants de nos garçons, il

faudra qu’on joue vite sur des transitions rapides ». Dans cette liste des présélectionnés, une nouveauté. Mis de côté, Jean Hakizimana, meneur de Dynamo et Landry Ndikumana, pivot des Ougandais de City Oilers, habituels clients, de nouveaux visages ont intégré la sélection. Une preuve, se targue Olivier que petit à petit la relève s’installe. Toutefois, une incertitude. Bien que techniquement tout semble se mettre en place, les amateurs du ballon orange redoutent que le Burundi ne soit pas de ce rendez-vous suite au manque de moyens financiers. En témoigne, Arnaud, un fan rencontré au terrain

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Du 13 au 18 janvier 2020, l’équipe nationale prendra part à cette compétition qui se tiendra à Nairobi. Il est qualificatif pour l’Afrobasket, l’équivalent de la CAN. A trois semaines de son départ, zoom sur les préparatifs.

Les entraînements vont bon train

d’entraînement, communément appelé Parquet. « Ça craint. Parce que jusqu›à maintenant, aucun responsable du ministère des Sports ne s›est pointé pour rassurer les joueurs ». Et Alexis, un autre fan, de ren-

chérir : « Au vu de l’impasse et de soubresauts que traverse la fédération de basketball (Febabu), il faut tout prendre en compte ». Pour Mathias Manirakiza, directeur général des Sports, ces craintes n’ont pas lieu d’être. « Si

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la Febabu a introduit à temps sa demande de financement du voyage, sans doute qu’elle aura un avis favorable.» Signalons que dans cette liste des 24 joueurs, seuls 12 feront partie de celle définitive. Hervé Mugisha


Vendredi, 20 décembre 2019 - n°560

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ÉDUCATION

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ANNONCES

Vendredi, 20 décembre 2019 - n°562

Quartier Rohero II, Avenue Kunkiko N°32, BP. 6180Bujumbura, Tel: +27-22 216335,+257-22 251800, Fax:+257-22 241947 INVITATION AUX OFFRES (Réf. SFCG-BI / 2019/002) Search For Common Ground, une ONG Internationale dont le mandat consiste à promouvoir la collaboration, la paix et la réconciliation tout en respectant la diversité, dans le cadre de l’implémentation de son projet au Burundi, En partenariat avec Répub-

lique Fédérale d’Allemagne, SFCG entreprend Tubiri Tuvurana Ubupfu project au Burundi, Search lance un avis d’appel d’offre à toute personne morale jouissant de l’expérience et des capacités juridiques, techniques et financières suffisantes pour la fourni-

Spécifications techniques du véhicule : Type de véhicule

Véhicule de terrain 4x4 Tropicalisée, de marque connue et ayant fait preuves sur le sol Burundais

Type du Moteur

Diesel à six (6) cylindres en ligne, arbre à cames en têtes

Année de fabrication

2020

Capacité/ Cylindrée

Minimum 4 200 CC (Moteur économique avec preuve à l’appui délivrée par le fabricant)

Type de carburant

Diesel avec système de préchauffage rapide

Capacité du réservoir

Minimum 130 litres

Circuit d’Alimentation

Injection du combustible de type distribution

Boîtes à vitesses

Cinq (5) vitesses manuelles avant et une (1) arrière

Places assises

Dix (10) places

Nombre de portières

Cinq (5) : Quatre (4) latérales et une (1) arrière double à ouvrant latérale

Direction

Assistée et positionnable

Ceintures de sécurité

Avant et arrière

Poste de pilotage

A gauche pour conduire à droite

Garde au sol

Minimum 230 mm

Suspension avant

Pont rigide, ressorts à boudin

Suspension arrière

Pont rigide, ressort à lames semi-elliptiques bridé

Freins avant

A disque ventilé

Freins arrière

A tambours

Système de sécurité

Double air bag (côté chauffeur et côté équipier)

Refroidissement du bloc moteur

A eau

Carrosserie

Métallique

Climatisation

Avec

Retroviseur

(2) extérieurs et (1) intérieur ajustable

Compensateur d’altitude

Avec

Tropicalisation

Avec

Moyeu de roue

Libre

Cric et roue de secours

Avec

Extincteur

1 Extincteur garni type ABCD

Triangles de signalisation

Une paire

Outillage complet

Avec

Pare bête

Pare bête original en métal dure de marque connue et compatible avec le système air bag

Porte Bagages

Avec et en métal dure de marque connue

Radio Standard

Avec

Ouverture des portes

Centralisées et télécommandées

Notice d’utilisation

Avec

Garantie du fabricant

Avec document à l’appui

Autorisation du fabricant

Avec document à l’appui

Services après-vente

Assuré par un garage propre du soumissionnaire Des pièces de rechanges d’origine dont la liste est annexée aux présentes spécifications techniques doivent être disponibles dans les magasins du soumissionnaire en quantité suffisante.

Pièces de rechange

ture de deux véhicules de terrain en vue de faciliter la logistique du projet Tubiri Tuvurana Ubupfu avec les spécificités suivantes, ou leur équivalent

Présentation des offres Le soumissionnaire doit citer toutes les spécifications du véhicule et/ou services. Le soumissionnaire s’engage à maintenir les prix inchangés jusqu’à la date de livraison finale prévue dans l’appel d’offre, à moins qu’un autre délai ne soit spécifié dans un additif au présent appel d’offre. L’offre sera présenté en dollars américain (US$).

Validité de l’offre Les soumissionnaires restent engagés par leurs offres pendant un délai de trois mois calendrier à compter de la date limite de soumission des offres.

Délai d’exécution Les soumissionnaires proposent dans leur offre un délai d’exécution mais qui n’excède pas deux mois calendrier à partir de la date de signature de la lettre de commande.

Révision des prix Les prix sont fermes et non révisables. Une offre présentée avec une clause de révision de prix sera considérée comme ne satisfaisant pas aux conditions de l’appel d’offre.

Qualifications du soumissionnaire Le soumissionnaire doit prouver ses capacités juridiques, techniques et financières. Le soumissionnaire doit : • Fournir les documents prouvant sa qualité de fournisseur de véhicule demandé dans le dossier d’appel d’offre. • Fournir les documents prouvant sa capacité financière : Avoir des fonds propres ou disposer d’une ligne de crédit suffisante pour exécuter le marché. • Fournir des preuves attestant qu’il a exécuté avec satisfaction au moins cinq (5) marchés similaires au courant des deux (2) dernières années et dont le montant est supérieur ou égal au montant de la soumission. • Posséder une autorisation et une garantie du fabricant. • Garantir que les pièces de rechange d’origine dont la liste est annexée au présent appel d’offre sont disponibles dans le magasin. • Une copie du Registre de commerce • Une copie de l’Attestation d’identification fiscale (N.I.F). • Une attestation originale de non redevabilité aux impôts (OBR) en cours de validité au jour fixé de l’ouverture des offres • Une attestation de non redevabilité à la sécurité sociale délivrée par l’organisme habilité (INSS) en cours de validité au jour fixé de l’ouverture des offres.

Autres précision : • • •

Ne pas avoir eu de mauvais antécédents ou litiges avec l’Acheteur, Les types de véhicules à offrir devront avoir fait ses preuves sur le terrain burundais pendant au moins dix (10) ans, Disposer d’un garage pour assurer le service après-vente,

Lieu et date limite de soumission des offres Les offres seront déposées à la réception du bureau de Search for Common Gro und Burundi, sis Bujumbura, Rohero II, Avenue Kunkiko, n°32, tél. +257 22 25 18 00/+257 22 24 19 46. Au plus tard le 05 Janvier 2020 à 16h:00 (heure locale).

Ouverture des offres L’ouverture publique des offres aura lieu au bureau de Search for Common Ground Burundi le 06 Janvier 2020 à 11h:00 (heure locale). Critères d’évaluation : un comité interne sera mise en place pour l’évaluation des offres sur base de critères suivants : Le prix, Qualité et services aprèsvente,Délai de livraison et garantie.

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Vendredi, 20 décembre 2019 - n°562

Agahogo 2019 : L’AFJO prime trois artistes pour leurs chansons qui améliorent le statut social et culturel de la femme A l’issue d’un concours de la chanson « Agahogo 2019 » organisé par l’Association Burundaises des Femmes Journalistes (AFJO) en partenariat avec Cordaid dans le but l’amélioration du statut social et culturel dans la famille et la société, deux artistes ont été primés. La première a reçu un prix d’un million 500 mille, la 2ème un million tandis que le 3ème a eu 500 mille de nos francs.

O

rganisé vendredi le 13 novembre 2019 sous le thème «Les femmes et les jeunes sont indispensables dans la consolidation de la paix et le développement», Agahogo 2019 a pour but l’amélioration du statut social et culturel de la femme dans la famille et dans la société d'artistes intéressés s’étaient inscrire jusqu’au 5 décembre 2019. Après sélection, le jury ne retiendra que cinq finalistes pour le grand rendez-vous. Il s’agit notamment d’Ange-Bernice Irakoze, Anne-Marie Irahambaye, Inès Niyera, Tite Munyembabazi, le Groupe Buhonga Boys composé de Dieudonné et Jules. « Si le concours en chanson s’impose c’est parce que cette dernière est connue comme la propagande la plus efficace et la plus rapide », a indiqué Diane Ndonse, présidente de l’AFJO pour expliquer la pertinence de ce concours. Le jury se préparait à la cotation au moment où le groupe de Karaoké Peace and Love égayait le public par des chansons en l’honneur de la femme. « Justesse de la voix, entrée sur scène, performance de la musique, 5 minutes de durée de chanson sont les critères de sélection», explique Christian Nsavye, membre du jury. Les cinq compétiteurs se présentent sur scène un à un. A chaque fois, ils reçoivent des applaudissements de la part d’un public enthousiasmé. « C’est un travail de longue haleine pour les 6 jurés invités à départager les 5 finalistes ayant tous des performances exceptionnelles», a lancé le comédien Alfred Mugenzi dit Kigingi, modérateur des cérémonies.

Le premier prix d’un million 500 mille est revenu à AnneMarie Irahambaye. Cette dernière a chanté en jouant elle-même à la guitare. Elle est suivie par Inès Niyera avec un million de nos francs. Le 3ème a été Tite Munyembabazi qui a reçu une prime de 500 mille. Les autres se succèdent ainsi : le Groupe Buhonga Boys composé de Dieudonné et Jules (4è) et Ange-Bernice Irakoze en dernière position. Pour Anne-Marie Irahambaye, 20 ans, lauréate de l’école secondaire, classée première, c’était une joie immense. « Je suis ravie. Quand on m’a appelé à l’inscription, mardi alors que la compétition devait se tenir vendredi, donc deux jours avant, je me suis dite, je dois y aller coûte que coûte. C’était un travail de longue haleine. Avant de participer dans ce concours, je ne savais pas que je serais la première, mais j’espèrais que je dois être la première ou la deuxième», a-t-elle martelé avec assurance.

Les femmes appelées à ne pas se sous-estimer Elle a fait savoir également que ce concours signe son entrée sur la scène musicale en dehors de l’église. « Auparavant j’étais choriste dans l’église. Je n’avais pas encore sorti une chanson qui met à l’honneur le pays ou les femmes ». Et d’encourager les filles qui se sous-estiment encore : « N’enterrez pas vos talents. Ne vous sous-estimez pas. Vous êtes capables. Osez !» Inès Niyera, 20 ans est la 2ème.

Tous les compétiteurs soutenus par les responsables de l’AFJO et les membres du jury. De droite à gauche, Anne-Marie Irahambaye tenant son prix avec la présidente de l’AFJo, Diane Ndonse

Elève de la 3ème scientifique postfondamentale, elle s’est dite dépasser par la joie. « Je remercie vivement l’AFJO qui a organisé cet élément combien important ». Cette jeune fille a commencé la musique à 13 ans. Le secret qu'elle avait pour remporter le prix est l’estime de soi. Une détermination. Elle se distingue aussi dans le karaoké. Elle appelle elle aussi d’autres filles à fructifier leurs talents car dit-elle, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Diane Ndonse, présidente de l’AFJO n’a pas caché sa satisfac-

tion. Elle a tenu à adresser des félicitations à tous les participants en général et les gagnants en particulier tout en remerciant tous les partenaires techniques et financiers. « La culture burundaise ne donne pas suffisamment d’importance aux rôles de la femme. C’est pour promouvoir le statut de la femme que nous avons utilisé la musique car c’est un instrument qui peut transmettre la voix très loin», a-t-elle rappelé. Elle a demandé aux femmes de prendre conscience qu’elles sont capables. Elles peuvent assumer

les postes de responsabilité au même titre que les autres « Sans la femme, le progrès ne saurait s’accomplir. Elle est le pilier de la stabilité. Ses enfants grandissent et lui emboîtent le pas». Vous saurez que l’étape suivante sera la production des chansons retenues dans des studios. Les médias et tous les canaux de communication sont invités à les exploiter afin de contribuer à la promotion du statut social et culturel de la femme.

Honorés, Ceux qui honorent la femme Les jurés prendront quelques dizaines de minutes pour compiler les résultants afin de déterminer les gagnants du prix concours « Agahogo 2019 ». C’est Madame la présidente du jury qui a proclamé les résultats. Elle a commencé par préciser que le travail de déterminer les gagnants n’était pas facile n’eussent été le courage et l’expérience des membres. Elle a ajouté que pour chaque participant, AFJO lui a prévu une prime. « Je vous remercie vivement pour votre détermination. Vous avez montré vos talents et vous êtes excellents. Félicitations ! Chacun aura un certificat de participation et une enveloppe de 100 mille».

Sur scène, Anne-Marie Irahambaye (1ère) chantant tout en jouant à la guitare

Tite Munyembabazi (3ème) sur scène

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Vendredi, 20 décembre 2019 - n°562

10ans après, le bilan de l’API largement positif

Bien qu’il y ait eu pas mal de défis rencontrés, depuis 10ans d’exercice, l’Agence de promotion des Investissements, API se dit satisfaite des résultats atteints. Des réformes opérées dans le cadre des affaires, des milliers d’entreprises créées, une assistance et un accompagnement permanent aux investisseurs, etc., entre autres réalisations qui révolutionnent le secteur privé burundais, base du développement durable.

D

es réalisations multiformes. Durant ses dix ans de service, l’API a sur son actif notamment la création de 13635 entreprises/sociétés immatriculées au Guichet Unique depuis 2013, dont 8540 en 2018 et 2019 grâce aux immatriculations des coopératives collinaires. Depuis, elle a octroyé des avantages du code d’investissement à tous les ayants-droits. Dans l’ensemble, 375 sociétés en ont déjà bénéficié. Dans sa rubrique d’assistance et accompagnement aux investisseurs, l’Agence de promotion des investissements a appuyé plus de 300 sociétés. De quoi, en conséquence, permettre la fabrication à l’interne notamment du ciment, des tubes métalliques, du fer à béton, des chaises en plastique, etc., des biens par le passé importés de l’étranger. Elle a également mis en place un outil pour évaluer la conformité des entreprises certifiées aux engagements (certificat de conformité) et rendu disponibles les statistiques mensuelles, trimestrielles, semestrielles et annuelles sur les sociétés créées. Ce n’est pas tout. L’API a mis à jour les textes juridiques sur les investissements. Entre autres résultats de la mesure, la fixation des délais et procédure de traitement des dossiers, les frais du dossier fixés à 500 USD, un montant forfaitaire et non remboursable, la définition des devoirs de l’Agence et des obligations de l’investisseur, etc. Elle a contribué à la mise en place de trois grandes réformes pour améliorer le climat des affaires, à travers la mise en place de trois Guichets Uniques : le Guichet Unique pour la création d’entreprises à l’API, le Guichet Unique pour l’octroi du Permis de Construire et le Guichet Unique pour le Transfert de Propriété. Durant les dix ans, l’Agence burundaise de promotion des investissements a organisé, à travers le volet « développement du capital humain », des formations en techniques de rédaction d’un Plan d’affaires bancable à l’endroit de jeunes potentiels investisseurs. Cinq sessions de formations ont eu lieu dont quatre à Bujumbura et une à Gitega ainsi qu’une autre session de coaching à l’endroit de 30 femmes entrepreneurs issues de l’AFAB. Toute autre réalisation qu’il importe de citer est notamment la vulgarisation des docu-

ments contenant les informations relatives à l’investissement au Burundi. Entre autres le Guide des Investisseurs, celui de l’exportateur, le Bilan d’application du Code des Investissements, les Rapports annuels, etc.

Une combinaison d’un effort réel et d’un partenariat important Aussi l’API a procédé aux sensibilisations sur les mesures sanitaires et phytosanitaires, sur les opportunités des marchés existantes à l’endroit des exportateurs, aux sensibilisations des entreprises exportatrices à la certification des produits, à l’adéquation des normes d’emballages et d’étiquetage, etc. Si tout ce travail a pu être abattu, l’API s’est grandement investie appuyée en cela par un partenariat sans précédent. Elle s’inscrit en effet dans une logique coopérative et s’entoure de plusieurs partenaires tant nationaux qu’internationaux, de véritables

bailleurs pour certains projets. Citons-en notamment, d’abord à l’international la Société financière Internationale de la Banque Mondiale (IFC/World Bank), le PNUD, l’ONUDI, CNUCED, le Secrétariat Général de la Communauté Est-Africaine etc., ensuite, à l’interne, notamment l’ONT (Office Nationale du Tourisme) et la CFCIB (la Chambre Fédérale de

Commerce et d’Industrie). Sans oublier des ministères comme ceux des Affaires étrangères, du Commerce et de l’Industrie et Tourisme. Et si ce bilan est largement positif, il est le fruit d’un grand combat. L’API a su en effet composer avec moult défis qui tentaient de la bloquer sur son chantier. Entre autres l’instabilité du cadre juridique régissant les investissements, l’absence d’informatisation du guichet unique, le manque de plateforme d’échange d’informations, d’expertise entre les principaux producteurs des statistiques sur les sociétés (API, OBR, ISTEEBU). Mais encore d’autres institutions qui s’approprient la mission d’orienter les investisseurs, l’insuffisance des moyens matériels ainsi que la lenteur de la révision du code d’investissements. Et bien d’autres encore.

Dans l’avenir, des actions décisives Serges Nsabimana, le directeur ai de l'API lors de la présentation des réalisations de l'API pendant les 10 ans...

En perspective, L’API se dit engagée à poursuivre la campagne de sensibilisation à

l’endroit des investisseurs, notamment en ce qui est du développement à l’export ainsi que du respect des normes exigées pour les entreprises du secteur de construction. Elle envisage également le renforcement de la promotion proactive des investissements étrangers et de la recherche pour les investissements locaux étrangers. En outre, elle projette l’évaluation de l’impact des formations dispensées et des normes mises en place depuis 2010. Parmi les autres priorités à venir, l’API se dit déterminée à faire le suivi-évaluation de toutes les entreprises certifiées et surtout celles à haut risque, le suivi-évaluation/enquête des sociétés créées au Guichet Unique ainsi que des formations en entrepreneuriat et techniques d’élaboration d’un plan d’affaires bancable à plusieurs jeunes quitte à couvrir toutes les provinces du pays. Créée en 2009 et opérationnelle depuis 2010, l’Agence de Promotion des Investissements met en œuvre la Vision Burundi 2025 et le CSLP II qui font du secteur privé le principal moteur du développement économique et de l’accélération de la croissance. L’Agence veille également à une participation inclusive d’un secteur privé structuré et efficient comme l’un des objectifs fondamentaux du Burundi afin de, non seulement, créer une classe moyenne d’opérateurs économiques, mais aussi de développer les bases d’une croissance économique forte et durable, source de création de richesse et d’emplois, synonyme de sécurité et de paix sociale.

DES MISSIONS ET DES SERVICES L’API L’Agence de promotion des investissements a pour mission principale d’inciter les investissements et les exportations au Burundi, notamment en : • Informant les investisseurs sur tout ce qui touche à la promotion de l’investissement et de l’exportation ; • Assistant et appuyant les investisseurs en général et les exportateurs en particulier notamment dans l’obtention des documents et/ou l’accomplissement des formalités exigées par la loi ; • Concevant les réformes nécessaires à l’amélioration du climat des affaires ; • Interpellant les administrations sur les cas de non application ou de mauvaise application de toute loi ou réglementation en rapport avec la promotion des

• •

investissements et des exportations. Outre le Service Administratif et Financier, les autres services sont les suivants : Les Services « Appui et Assistance aux Investisseurs » et « Promotion des Exportations », permettent à l’API d’assister et appuyer les investisseurs et les exportateurs dans l’obtention de différents documents et informations ainsi que dans les formalités exigées par les lois, règles et procédures nationales et internationales ; L’API met également un accent particulier sur l’accroissement des Investissements Directs Etrangers (IDE) et locaux, et s’emploie à vendre l’image du Burundi et les opportunités d’affaires

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grâce au Service de Promotion des Investissements ; Par ailleurs, l’API, à travers son Service des Réformes et Développement du Capital Humain, travaille activement pour l’amélioration du climat des affaires et le renforcement des capacités de ses employés et partenaires ; Enfin le Service Guichet Unique de Création d’Entreprise qui est le seul organe au Burundi habilité pour créer toute entreprise commerciale, quelle qu’en soit la forme, la nature, la taille et la nationalité de ses associés ou de ses actionnaires (arrêté n°120/VP2/027 du 31/01/2013).


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