IWACU 561

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IWACU N°561 – Vendredi 13 décembre 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

De mal en pis

POLITIQUE Mubuga : Derrière le « vol qualifié », des « mobiles politiques »

AU COIN DU FEU P.5

Avec Salvator Kaboneka

SOCIÉTÉ P.9

Giheta : A la découverte du Centre de formation rurale pour mineurs relâchés

P.11


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LA DEUX Editorial

Vendredi, 13 décembre 2019 - n°561

En coulisse

Passer par le centre de rééducation avant l’octroi des certificats

Par Léandre Sikuyavuga Directeur des Rédactions

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Rukinzo judo club en lice dans un championnat à Dar-es-Salaam Neuf filles et neuf garçons de Rukinzo judo club, équipe de la police nationale, se sont envolés vers la Tanzanie pour représenter le pays dans le championnat de judo de l’Afrique de l’Est. Ce championnat se déroulera à Dar-esSalaam et va durer du 11 au 15 décembre 2019.

La coopération API et TCX, une solution au manque de devises L’agence de promotion des investissements (API) compte coopérer avec une organisation hollandaise Currency Exchange Found (TCX) pour pallier le problème de manque de devises. Cette société s’est engagée à approvisionner les principales banques commerciales en devises.

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our sa deuxième place dans la compétition « M i s t e r St re n g t h Africa», lors du concours Mister Africa International organisé, du 7 au 8 décembre 2019, au Nigéria.

Directeur des Rédactions adjoint : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza

En baisse

L’équipe nationale Intamba mu Rugamba,

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©Droits réservés

e comportement responsable, la retenue, la tolérance, le respect de l’autre. Ce sont entre autres valeurs demandées par le président de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH) aux acteurs politiques. Il est conscient que la période électorale est le moment où le risque est grand de voir des affrontements, des débordements chez les politiques. Des violations des droits humains sont possibles. « Le pays chemine vers les échéances électorales, période pendant laquelle les esprits s’échauffent »,a-t-il déclaré à l’occasion du 71ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. « S’il y a des contentieux, il faut saisir les instances habilitées». L’appel vient à point nommé. En effet, les enquêtes menées par Iwacu dans la zone Mubuga, commune Gitega et à Kanyosha, en mairie de Bujumbura, démontrent noir sur blanc que des arrestations, des emprisonnements, des intimidations à mobile politique refont surface. Malheureusement, ces exactions, ces bavures ne sont pas l’apanage des seuls politiques. Certains administratifs et forces de sécurité entrent dans la danse. Pourtant, les réunions mensuelles entre le ministère de l’Intérieur et les partis politiques avaient donné une lueur d’espoir de la tolérance politique. Nous sommes déjà en plein processus électoral. La Commission électorale nationale indépendante et ses démembrements sont en place, l’opération de l’enrôlement partiel des électeurs vient d’avoir lieu. Certains partis politiques commencent à dévoiler au public leurs projets de société, d’autres implantent les permanences dans tout le pays, mobilisent. A moins de six mois des élections, les responsables à différents niveaux sont appelés à prendre des initiatives pour faire face aux risques de conflits, de violences à l’instar du patron de la CNIDH. Notamment par des échanges entre acteurs politiques et civils, la mise en œuvre d’activités de renforcement de confiance surtout entre les jeunes affiliés aux partis politiques, l’impartialité de l’administration, la dépolitisation des corps de défense et de sécurité. La tenue des élections libres, justes et paisibles se prépare en amont.

96 élèves, dont 93 de la mairie de Bujumbura et 3 de la province Bubanza, ont déchiré leurs uniformes après l’Examen d’Etat, selon une enquête menée par le ministère de l’Education. Ils devront passer dans un centre de rééducation où une formation patriotique leur sera dispensée avant l’octroi de leurs certificats.

Jospin Migisha, © Droits réservés

Elections, tout se joue en amont…

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

En hausse

Sur le vif

our ses 3 défaites consécutives face à l’Ouganda, l'Erythrée et Djibouti et son élimination du Tournoi de CECAFA Senior Men Challenge Cup 2019 en Ouganda.

COMMUNICATIONS GROUP «Pour toutes vos publicités, édition et impression»

IMPRESSION OFFSET ET NUMÉRIQUE FINITION, INFOGRAPHIE ET PRÉ-PRESSE

Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société : Clarisse Shaka Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza, Edouard Nkurunziza, Jérémie Misago Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

28 milliards BIF est l’enveloppe débloquée par le gouvernement pour soutenir les coopératives collinaires

Source : Ministère de l’Agriculture

Flyer Carte de visite Dépliant Livret

Affiche Brochure Papier en tête Magazine

Papier Autocollant Bloc-note Calendrier

Quartier INSS, Av.Mwaro N°18, Tél:22 27 82 21

Une pensée « La différence entre le politicien et l'homme d'Etat est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération. »

James Freeman Clarke www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org


L'ÉVÉNEMENT

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La chute persistante des devises inquiète Le stock de devises ne cesse de dégringoler. La BRB explique que cette baisse est causée par la diminution des dons extérieurs. Selon un expert, le niveau de devises actuel révèle que l’économie est en danger. Et d’appeler l’état à contracter un prêt d’urgence.

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es réserves officielles ont diminué de 10,9% et couvraient 1,0 contre 1,7 mois d’importations de biens et services en 2017 », lit-on dans le rapport annuel de 2018, publié le 22 novembre 2019. Les réserves officielles sont le stock de monnaies étrangères accumulé par la banque centrale, en liquide, obligations et actifs financiers. Dans ce rapport, la BRB ne dévoile pas la composition de ces réserves. Cette publication montre que le stock de devises a battu un nouveau record. Elles restent à un niveau critique jamais atteint depuis longtemps. De 2014 jusqu’en 2018, les réserves en devises ont fondu de plus de trois quarts: de 317, 3 à 70 millions de dollars américains. D’après Jean Ciza, gouverneur de la BRB, ce faible niveau des réserves de change est principalement lié d’une part à la suspension de dons courant et, d’autre part, à la diminution des dons en capital des partenaires extérieurs. De 2017 à 2018, explique-t-il, les appuis extérieurs en capital ont régressé de 27,6%. Ils sont passés de 292,8 à 211,8 milliards BIF. Sur 372,25 milliards BIF prévus, les décaissements de ces dons ont été réalisés à hauteur de 56,9%. Cela s’ajoute à un déficit commercial chronique. Les importations ont augmenté de 7,6% alors que les exportations ont baissé de 7,4% en 2018. Pour lui, cette baisse des réserves de change est une caractéristique commune des pays de la CEA qui n’ont pas atteint le critère de convergence, soit 4,5 mois d’importations, à l’exception du Rwanda et de la Tanzanie.

L’article 14 de cette loi stipule que tous les comptes en devises des entités et projets de l’Etat et ceux des ONG recevant de l’aide extérieure doivent être ouverts à la BRB. En outre, cet article concerne également les entreprises et coopératives minières. Ces dernières doivent ouvrir les comptes en devises au niveau de la BRB pour rapatrier les recettes minières. Cet expert déplore que malgré ces mesures, les stocks des devises n’ont pas cessé de dégringoler. « Le gouvernement a tapé à côté. L’économie nationale est en danIl faut chercher les solutions ail- ger. Il ne peut réaliser aucun projet leurs », conclut-il. de développement. » D’après Faustin Ndikumana, les Par ailleurs, ces réserves de réserves en devises révèlent que le devises montrent que le gouverpays se trouve dans une situation nement ne peut pas réaliser son très préoccupante et difficile. C’est plan national de développement la preuve que le pays se trouve 2018-2027. Le pays n’est pas capadans une situable d’importer tion économique «Il faut contracter les matières prefragile et délicate. nécesun prêt d’urgence mières Et de marsaires pour mettre pour renflouer le en œuvre ce proteler que personne n’ignore stock de réserves de jet costaud. que les réserves Pour sauver le changes.» en devises sont pays, Faustin Ndivitales pour kumana appelle l’économie. Sans le stock adéquat, le ministère des Finances à le Burundi serait dans l’incapacité intervenir rapidement. « Il faut de faire ses opérations quotidi- contracter un prêt d’urgence pour ennes à savoir l’importation et le renflouer le stock de réserves de paiement de la dette extérieure. changes. » Ce qui permettrait aux M. Ndikumana va plus loin. investisseurs d’avoir des devises Avec cette faible capacité suffisantes pour importer. d’importation, le pays fait face à Enfin, l’Etat doit initier des un risque élevé. A tout moment, politiques pour promouvoir les il peut se retrouver dans une situ- exportations et attirer les invesation de cessation de paiement « tissements directs étrangers.

La baisse se poursuit Depuis 2018, l’économie nationale tourne. Les indicateurs ne sont pas restés statiques. D’après les données disponibles des banques centrales, le stock de devises se réduit chaque trimestre. Selon le rapport du mois de mars 2019, la situation s’est dégradée. Les réserves officielles ont reculé de 20,1% par rapport au trimestre précédent, s’établissant à 56,13 contre 70,25 milliards de dollars américains. Elles ont baissé de 22,2% et couvraient 0,7 contre 1,0 mois d’importations de biens et services au même trimestre de 2018 alors que le niveau plancher est fixé à 4,5 mois dans les critères de convergence de la CEA. Selon ce même rapport, au premier trimestre 2019, la balance commerciale s’est également caractérisée par le creusement du déficit de la balance commerciale.

Elle s’est établie à 328,3 contre 253,09 milliards de BIF au dernier trimestre de l’année dernière. Et de préciser que les exportations ont diminué de 39,53 milliards BIF. Tandis que l’augmentation des importations s’élève à 35,68 milliards BIF. Depuis 2016, la BRB se veut rassurante, mais les chiffres sont têtus. Les réserves de change ont baissé. Depuis, ces mêmes réserves n’ont jamais pu revenir au même niveau. Pour le moment, les devises sont à un seuil alarmant : 0,7 mois d’importation. L’économie nationale est dans le tournant. En effet, le matelas de réserves a baissé d’environ 14,12 millions de dollars entre janvier et avril de cette année, soit en trois mois. Pour certains, ceteris paribus, les réserves s’épuisent le premier trimestre de l’année prochaine. Pierre Claver Banyankiye

L’urgence pour sauver l’économie

Le stock de devises est alarmant Selon l’expert Faustin Ndikumana, cette chute des réserves est le résultat normal du gap entre les activités qui génèrent les recettes en devises pour le pays et les sorties en devises nécessaires pour les importations. Pour cet économiste, cette dégringolade continuelle et effrénée montre que les politiques initiées par la BRB ont été sans effet. Il rappelle que par la loi des Finances publiques pour l’exercice 2016, l’Etat retire aux banques commerciales la gestion des comptes en devises des organisations non gouvernementales.

Jean Ciza : « Les réserves officielles ont diminué de 10,9% et couvraient 1,0 contre 1,7 mois d’importations de biens et services en 2017.»

Faustin Ndikumana : « L’économie nationale est en danger. Il ne peut pas réaliser aucun projet de développement. »

Le retard ne se rattrape jamais en économie. Pour s’en sortir, les autorités monétaires doivent prendre des mesures d’urgence afin d’éviter de revivre le même scénario des années antérieures, marquées par le recours au FMI, avec la menace de cessation de paiement. Un tel scénario aura un impact direct sur la valeur du BIF. Celle-ci est soutenue par les réserves, la croissance et la balance commerciale. Si un de ces trois éléments est déstabilisé, la valeur en BIF est affectée. Par ailleurs, tous ces piliers affichent de mauvais

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signaux. Le taux de couverture des importations est proche de zéro. La croissance économique stagne. La balance commerciale est toujours déficitaire. Si la situation ne se redresse pas, le recours à l’endettement extérieur sera inévitable. Vaut mieux prévenir que guérir. Il est préférable que les autorités empruntent de l’argent sur le marché financier international avant l’épuisement de ses réserves. Pour le moment, nous doutons que le pays soit en position de force pour négocier.

P.C.B


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L'ÉVÉNEMENT

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Endettement public

Risque d’une banqueroute? La dette publique ne cesse de s’accroître, selon le rapport 2018 de la Banque de la République du Burundi (BRB). Une situation inquiétante selon les économistes. L’Olucome n’hésite pas à parler d’un risque d’une banqueroute.

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a dette publique a augmenté de 13,5%, passant de 2.426,1 à 2.753,5 milliards de BIF. Cet accroissement a porté aussi bien sur la dette intérieure (+17,6%) que sur la dette extérieure (+4,8%). Rapportée au PIB, la dette publique totale représente 45,8% en 2018, contre 43,6% en 2017 », a écrit la BRB dans son rapport annuel, exercice 2018. Selon la Banque centrale, l’encours de la dette intérieure s’est accru de 17,6%, passant de 1.647,8 à 1.937,8 milliards BIF. « Cette augmentation est particulièrement liée à l’accroissement des engagements de l’Etat envers les banques commerciales, soit 277,06 milliards de BIF ». Par contre, poursuit-elle, les engagements de l’Etat envers la Banque Centrale ont baissé de 15,09 milliards de BIF. L’encours des titres du Trésor a augmenté de 33,4%, passant de 829,8 à 1.106,8 de BIF. Cet accroissement a porté sur les obligations du Trésor, soit 681,4 milliards de BIF tandis que l’encours des bons du Trésor ont baissé de 404,3 milliards de BIF. Quant à la dette extérieure, elle s’est accrue de 4,8%, passant de 778.292,4 à 815.659,1 milliards de BIF d’une année à l’autre. «Cette augmentation a résulté des tirages sur emprunts extérieurs de 41,2 milliards de BIF et des plusvalues de réévaluation de 8,05 milliards de BIF qui ont contrebalancé l’amortissement de la dette en principal de 11.9 milliards de BIF». D’après la BRB, les nouveaux tirages ont porté sur la dette directe provenant de l’OPEP (11,6 milliards de BIF), de la BADEA (7,4 milliards de BIF), d’EXIM BANK (3,3 milliards de BIF), du Fonds Koweït (12,4 milliards de BIF) et du Fonds saoudien (6,6 milliards de BIF). « Ces financements ont été orientés vers le secteur routier (30,5 milliards de BIF), les projets de développement agricole et d’élevage (6,8 milliards de BIF) et les projets divers, essentiellement dans le domaine des mines et énergies (3,9 milliards de BIF) ». Et d’ajouter que la dette extérieure

Gabriel Rufyiri : «Il y a risque grave de tomber dans la banqueroute si nous ne sommes pas déjà dedans.»

a principalement financé les rigueur dans la gestion du budget équipements publics (47,8%), les et des finances publiques explique projets divers (26,4%), les secteurs en grande partie l’accroissement productifs (18,9%) et démesuré de la les secteurs sociaux dette. « La mon« Cette dette de (6,9%). tée en flèche de 2753 milliards de l ’e n d e t t e m e n t Une situation BIF est presque le intérieur moncatastrophique que le secteur double du budget tre « Le Burundi est privé est en soufnational.» entre le marteau et france ». l’enclume en matière Selon lui, d’un économique parce que la situacôté, l’Etat ne parvient pas à payer tion de la dette actuelle est très tous les biens et services consompréoccupante », relève Gabriel més. De l’autre, il ne rembourse Rufyiri, président de l’Olucome. pas en totalité les prêts consenIl fait savoir que son organisatis dans le secteur financier. De tion avait déjà tiré la sonnette en 2016 lorsque la dette oscillait autour de 700 milliards de BIF. « Elle continue de s’accroître d’année en année d’une façon extraordinaire. Cette année, la dette vient d’atteindre un record jamais atteint dans l’histoire du Burundi ». Selon Gabriel Rufyiri, les recettes publiques qui tournent autour de 800 milliards de BIF ne peuvent pas financer le paiement des salaires et les services que le gouvernement est appelé à offrir à ses citoyens. « Tout cela prouve que nous sommes dans une situation gravissime. Cette dette de 2753 milliards de BIF est presque le double du budget national car les prévisions budgétaires oscillent autour de 1500 milliards de BIF ».

ce fait, les factures impayées entravent les activités des entreprises fournisseuses. Faute de moyens financiers suffisants, certaines ne parviennent pas à s’approvisionner en matières premières. Ce qui entraîne la baisse de la production et de revenus. Souvent, elles sont contraintes à diminuer le personnel. D’après cet économiste, ces entreprises sont également sous pression de leurs prêteurs parce qu’elles peinent à rembourser les prêts contractés. « Pour celles qui ne parviennent pas à tenir le coup, elles risquent de fermer. Ainsi, leurs

Des conséquences énormes…. D’après Prosper Niyoboke, enseignant à l’Université du Lac Tanganyika, cette augmentation de la dette intérieure est causée, d’une part, par la mauvaise affectation des ressources publiques. D’autre part, le manque de

employés perdront l’emploi ou se retrouveront au chômage. Du coup, il y a risque du ralentissement de l’activité économique et la réduction des recettes publiques s’en suivra ». Pour Gabriel Rufyiri, ces dettes sont indues surtout qu’elles ne vont pas générer des intérêts. « Nous ne devrons pas vivre audessus de nos moyens ». Il relève plusieurs conséquences sur l’économie. Selon lui, l’économie burundaise ne peut pas se relever avec une situation de dette à ce niveau. Il indique que les importations risquent de s’arrêter, aucun projet important au niveau social ne peut être mené que ce soit au niveau de l’éducation, de la santé, de la culture, etc. « Il y a risque grave de tomber dans la banqueroute si nous ne sommes pas déjà dedans. Dans certains pays, c’est même une infraction grave pour les gestionnaires de l’Etat ».

….mais aussi des pistes de solutions « La stabilisation politique est la base de tout avec bien-sûr la démocratisation du pays. Il faut que les partenaires du Burundi aient confiance en l’actuel gouvernement. Il faut également rassurer les investisseurs étrangers pour qu’ils amènent des devises », propose Gabriel Rufyiri. De plus, ajoute-t-il, il faut investir dans le secteur de l’agriculture surtout dans les cultures industrielles comme le thé, le café et le coton mais aussi dans le secteur de l’énergie et mines. Pour lui, des mesures d’encouragement pour le secteur privé s’imposent. « L’endettement intérieur ou extérieur ou la dévaluation de la monnaie sont des mesures suicidaires qui hypothèquent malheureusement l’avenir des générations futures ». Pour lui, il faut rompre avec ce genre de raccourcis mais plutôt recourir à l’investissement afin d’accroître la production. « Il y a plusieurs pistes de solutions mais comme nos politiciens ont la tête ailleurs, personne ne fait aucun effort pour les exploiter. La situation est devenue catastrophique car les corrompus ont pris le devant». Pour s’en sortir, M. Niyoboke suggère à l’Etat d’identifier et supprimer toutes charges improductives alourdissant le budget de l’Etat. Il demande aussi la création d’un fonds de la dette publique pouvant rembourser régulièrement les arriérés de la dette. Fabrice Manirakiza Pierre Claver Banyankiye

Prosper Niyoboke : « La montée en flèche de l’endettement intérieur montre que le secteur privé est en souffrance. »

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POLITIQUE

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Gitega/Mubuga

Du «mauvais chargement» au «vol qualifié»

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es témoignages recueillis concordent : «Innocent Irakoze et Léonce Hakizimana sont victimes de leur appartenance politique.» Aux yeux des habitants de Mubuga, plusieurs facteurs l’expliquent. Les deux hommes sont arrêtés en deux temps, mercredi 27 novembre aux environs de 10h. Selon ces habitants, au moment de son arrestation, Léonce Hakizimana, un motard natif de la colline Kimanama, est accusé de «mauvais chargement». Ce qui était vrai. «Il transportait deux personnes sur sa moto». Néanmoins, disent-ils, les circonstances de cette arrestation étaient d’autant plus inquiétantes que ceux qui l’ont arrêté n’en avaient pas la compétence. «Il a été arrêté par le chef de poste de Mubuga, le représentant zonal des Imbonerakure et le chef de la zone Mubuga». Des inquiétudes qui se vérifient. Selon nos sources, Léonce Hakizimana a subi un court interrogatoire avant son passage à tabac. Une scène pleine d’émotions. «Nous n’avons pas compris. En principe, quand vous êtes arrêtés pour mauvais charge-

ment, on vous fait payer une amende, selon ce qui est prévu par la loi», explique un jeune homme qui dit avoir assisté à la scène. Incapable de gérer son émotion, Innocent Irakoze, le représentant du CNL en zone Mubuga, a tenté d’intervenir. «Pourquoi vous le traitez ainsi?», aurait-il demandé, expliquant que «s’il a commis une infraction, le mieux serait de le conduire devant la justice». Loin de contribuer à la libération de son copartisan, il venait de signer sa propre arrestation. « Il a été vite cueilli et a rejoint son ami». Selon ces témoignages, les deux hommes ont été malmenés, tabassés dans le grand mépris avant d’être emmenés au cachot de la commune Gitega. «Leurs bourreaux leur répétaient sans cesse: ‘Appelez votre Rwasa (patron national du CNL) pour qu’il vienne vous libérer’».

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Les représentants communaux du CNL à Gitega se disent préoccupés par l’incarcération de deux militants de ce parti dont un responsable zonal. Ils demandent leur libération sans condition.

«Nous demandons une libération sans condition» Léonce Hakizimana et Innocent Irakoze ont été jetés au cachot de la commune Gitega, le même jour. Depuis, ils n’ont jamais comparu. Selon nos sources, l’accusation aurait fini par changer. «Ils sont maintenant accusés de vol qualifié». Des militants du CNL de la zone Mubuga accusent François Nsanzerugeze, le chef de poste de cette zone, d’être l’instigateur de cette affaire. «Il n’était pas en bons termes avec Innocent, depuis août dernier». En qualité de responsable zonal du CNL, Innocent Irakoze avait porté plainte contre le chef de poste pour vandalisme de la permanence collinaire de Kimanama. Le dossier aurait été remis au commissariat provincial

Ernest Irakoze aurait été victime d'un différend qu'il avait avec le chef de poste de Mubuga.

de Gitega qui n’en aurait réservé aucune suite. Cet agent de police aurait depuis gardé une dent contre Irakoze. Nos sources considèrent que son intervention sur le passage à tabac de M. Hakizimana aurait servi de prétexte au policier pour se venger. Ils s’étonnent que des

policiers s’immiscent dans les affaires des partis. Léopold Ntatama, le responsable communal du CNL à Gitega, demande la libération sans condition de ces Inyankamugayo. Il se dit convaincu qu’ils sont emprisonnés pour des mobiles politiques. «Les mots qu›on leur

lançait au moment du passage à tabac prouvent à suffisance les raisons cachées de leur détention». Et de plaider pour une justice équitable. Interrogé, François Nsanzerugeze n’a pas voulu communiquer. Pour sa part, Jean Marie Vianney Nshimirimana, le représentant zonal des Imbonerakure à Mubuga, affirme qu’il était sur place au moment de l’arrestation des deux Inyankamugayo, sans plus de commentaire. Quant à Placide Manirambona, le chef de la zone Mubuga, il nie toute implication dans cette détention. «Ils avaient été arrêtés, suite à un différend qu’ils avaient avec le chef de poste de Mubuga». Selon lui, les deux hommes auraient tenté un montage contre le chef de poste afin qu’il soit jeté en prison. «Ils auraient appelé le commissaire provincial de police et lui auraient menti qu’ils ont donné un pot de vin de 30 mille BIF au chef de poste». Ce dernier l’aurait su à temps pour signaler ce « montage ». Placide Manirambona rejette toute allégation faisant état de détention aux mobiles politiques. «Non, les policiers ne s’ingèrent pas dans les affaires des politiques. Ils n’avaient jamais porté plainte contre le chef de poste de Mubuga». Pour lui, leur détention n’a rien à avoir avec l’histoire de la permanence de Kimanama. «Si c’était le cas, ils ne dirigeraient pas leurs plaintes contre le chef de poste. Car c’est plutôt moi qui ai ordonné sa fermeture». Signalons qu’au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons que les deux détenus viennent d’être libérés. Edouard Nkurunziza

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© Droits réservés Pour Léopold Ntatama, représentant communal du CNL, les deux détenus ont été victimes de leur appartenance politique.

Placide Manirambona balaie les allégations d'un revers de main.

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POLITIQUE

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Gitega/Elections 2020

L’enrôlement des électeurs au compte-gouttes Pas d’affluence massive sur certains centres d’inscription des communes Gitega et Giheta en province Gitega pour la campagne d’enrôlement partiel pour les élections de 2020. Faible sensibilisation ? La Ceni donne son éclairage

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usqu’à la mi-journée de mardi 10 décembre, certains centres d’inscriptions enregistrent encore zéro inscrit. Des agents recenseurs devisent silencieusement entre eux, guettant un nouvel arrivant. D’autres font des navettes çà et là. Ils sont désœuvrés. Les deux agents dépêchés au centre de l’école sociale de Gitega (Ecoso) semblent avoir du travail, lundi à 14h30, mais il n’en est rien. Les quelques jeunes filles (environ une dizaine) devant la petite table d’inscription ne font que des recours. Des transferts, des rectifications au niveau de l’âge, des noms mal écrits, etc. «C’est ce que nous faisons, depuis ce matin. Il n’y a vraiment pas de nouveaux qui viennent se faire enrôler», souligne un des agents, précisant qu’une seule personne s’est faite inscrire. Situation similaire au centre d’inscription de l’école d’excellence de Musinzira. Les deux jeunes recenseurs attendent les gens, en vain, depuis ce

lundi matin. Au bilan, deux personnes sont venues demander des recours. Aucune autre personne enrôlée. Il est 15h10. Les agents recenseurs semblent ne pas comprendre la situation. «C’est fatigant de rester assis, désœuvré. Peut-être qu’on va proroger le délai prévu, le temps que les gens sachent que l’enrôlement est en cours», commente l’un d’eux. Sauf celui du CNL, les mandataires des partis politiques qui étaient sur place sont partis. «Ils sont partis, au vu du mouvement. Rester ici quand rien n’est en train d’être fait, c’est décourageant !» Pour lui, les gens n’ont pas été sensibilisés.

Plus de 36 mille inscrits Sur la colline Bwoga de la commune Gitega, le tableau est le même, mardi 10 décembre. Des gens viennent un à un pour vérifier les inscriptions faites, lors de l’enrôlement pour le scrutin référendaire en 2018. Idem au centre d’inscription de l’Ecole

Au centre d’inscription de l’Ecofo Gisuru en commune Giheta, personne ne s’était encore fait enrôler à la mi-journée de mardi.

fondamentale (Ecofo) de Giheta en commune Giheta. Les gens viennent au compte-gouttes. A l’Ecofo Gisuru de cette même commune, depuis lundi, les agents recenseurs attendent, en vain, ceux qui voudraient se faire enrôler. Jusqu’à 11h3o, mardi 10 décembre, pas le moindre individu à l’horizon. Les recours ? Il n’y en a que deux cas. «Les gens ignorent si la campagne d’inscription est en cours. Il aurait fallu les sensibiliser suffisamment, via notamment des communiqués lus dans les églises».

«Ne vous attendez pas à de longues files car la grande partie de la population électorale s’est déjà faite inscrire», a déclaré, mercredi 11 décembre, Pierre Claver Kazihise, président de la commission électorale nationale indépendante (CENI), lors d’un point de presse sur l’évaluation à mi-parcours du processus d’enrôlement. Il précise que la population a été suffisamment sensibilisée quant à ce processus via des réunions, des médias et par le biais des administratifs à la base.

Sur les deux premiers jours de campagne d’enrôlement partiel, le président de la CENI signale que plus de 36 mille personnes se sont faites inscrire sur une population attendue d’environ 100 mille, pour la plupart des rapatriés. Débutée lundi 9 décembre, la campagne d’enrôlement partiel pour les élections de 2020 a pris fin jeudi 12 décembre. Edouard Nkurunziza

Elections de 2020, un grand cru ?

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es partis politiques devraient mettre en avant les projets de campagne aux élections de 2020 répondant aux vraies préoccupations des citoyens burundais. » Ainsi est formulé l’objet de la lettre de l’Olucome du 3 décembre 2019 adressée aux « partis politiques, candidats aux élections de 2020 au Burundi ». En attendant, l’Ancien Monde trône en politique. « (…), nous assistons souvent avec regret que des candidats des partis politiques dans leurs discours de propagande utilisent la démagogie politique, se justifient sur l’une ou l’autre question ou alors se disputent (…).» Pour le prochain marathon électoral, ses animateurs pourraient recourir au jeu des chaises musicales, le « Otetoi de là, que je m’y mette » comme tactique à une stratégie de conservatisme. Jadis, si bien formulée par l’écrivain italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa : « Il faut que tout change pour que rien ne change. » Une autre pratique sentant le rance de l’Ancien Monde épinglée. « Qu’ils exigent que les moyens de l’Etat ne soient pas utilisés par un parti au pouvoir comme dans le

passé lors des campagnes électorales.» C’est plutôt au gouvernement qu’il conviendrait d’adresser cette recommandation. Et ce d’autant plus qu’il est censé se placer au-dessus de la mêlée. Reste à dépoussiérer la ligne de démarcation…

Les acteurs politiques de l’Ancien Monde n’apportent pas des solutions nouvelles aux pressions socio-économiques et défis persistants, ils s’arrangent, ils font avec… Les sources d’inspiration sont légion. Hantés par l’inaccessible Graal de

l’inamovibilité, ils font feu de tout bois pour être dans les petits papiers du prince. Quid du profil des acteurs politiques du Nouveau Monde? Etre porteur d’une nouvelle offre politique réglée sur les aspirations profondes des citoyens burun-

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dais n’est que la partie émergée de l’iceberg. L’« ubushingantahe qui a comme base l’ubuntu » sera leur boussole intérieure. Doublé d’un savoir-faire, il inspirera à ces hommes d’Etat en gestation, ceux qui pensent à la prochaine génération, de nouvelles actions qui deviendront des habitudes, lesquelles donneront de nouveaux résultats. 2020, un grand cru ou un autre rendez-vous électoral pour l’éternel retour ? Les étatsmajors des futurs candidats aux élections en 2020 ont-ils opéré leur aggiornamento? Sont-ils devenus des vigies pointilleuses de la bouilloire sociale? Ferontils figurer en position utile sur les listes bloquées ceux et celles qui œuvreront à l’avènement du Nouveau Monde? Ou la loi d’airain de l’oligarchie consistant en « la captation du pouvoir par des dirigeants devenus indépendants des masses et coupés de leur contrôle » continuera à donner le tempo ? C’est la question... Guibert Mbonimpa


POLITIQUE

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« Le langage polarisant n’a pas de place » Un langage polarisant utilisé notamment en période électorale porte préjudice à la cohésion sociale et partant peut conduire à la violence de masse. L’historien Eric Ndayisaba, enseignant-chercheur à l’Ecole normale supérieur, rappelle aux politiciens leur responsabilité devant la société et l’histoire.

Q

ue peut-on comprendre par langage polarisant ?

Pourquoi un groupe fabrique son ennemi ?

Un langage polarisant est une communication violente utilisée par les membres de groupes, notamment les Eglises, les associations, les catégories sociales et plus particulièrement les partis politiques. Il consiste en des paroles blessantes, insultes, préjugés et stéréotypes, des accusations, etc. Tout cela porte atteinte à la dignité humaine. Des paroles qui sont adressées aux membres d’un groupe ou d’une catégorie sociale. Un groupe se croit être seul patriote, détenteur de la vérité et considère les autres comme des ennemis du pays, des traîtres. Chacun campe sur sa position. Ce langage évolue dans un contexte d’une société basée généralement sur l’oralité et soumise à la hiérarchie. Là où la parole d’un leader revêt une importance capitale.

Un groupe a besoin d’un ennemi pour consolider son unité, quand il y a manque d’arguments. C’est un langage cher aux politiciens, lors des compétions politiques. L’objectif étant la discréditation, la diabolisation et la disqualification de l’adversaire. On l’a vécu dans la région des Grands-Lacs et le processus électoral de 1993 en est une illustration. Les adversaires politiques n’hésitaient pas à se considérer mutuellement comme des animaux, des corbeaux, des grenouilles etc. C’est la déshumanisation. Que peuvent être les conséquences d’un tel langage dans la société ? Nous sommes dans une société communautariste où l’individu compte beaucoup sur son groupe

d’appartenance. Toucher son groupe, c’est toucher son cœur. Ce langage porte préjudice à la cohésion sociale. Il mûrit une frustration chez les membres du groupe indexé. Ces derniers ne peuvent pas baisser les bras. Ils inventent des stratégies pour se redonner de la dignité car la violence appelle la violence. Ils se mettent dans une situation de défense et peuvent attaquer. On passe de la violence symbolique à la violence physique. C’est la violence de masse qui s’invite. Nous sommes en période électorale. Que doit être le comportement des acteurs politiques pour prévenir de telles conséquences? Les gens vivent dans la psychose et n’ont pas besoin d’autres blessures. Il faut que les leaders politiques comprennent cette fragilité de la société. Avoir de l’empathie et tenir des discours

constructifs. La compétition politique doit être franche. Pouvoir gérer la victoire et la défaite est important. Après les élections, la vie continue. Qu’ils sachent qu’ils ont une responsabilité devant l’histoire. Car la société les observe et l’histoire les jugera. Pour les militants, il faut savoir décortiquer les messages allant

dans le sens de la polarisation. Eviter la manipulation politicienne, faire preuve de moins de fanatisme pour construire une société juste. Parce qu’ils ont aussi une responsabilité devant la société et l’histoire. Propos recueillis par Jérémie Misago

ÉCONOMIE

Un souffle nouveau pour les petites commerçantes transfrontalières Le projet « femmes dans le commerce transfrontalier », initié par l’ONG Trademark East Africa, vient d’être lancé officiellement. Objectif : relever les défis auxquels font face ces femmes.

M

almenée et empêchée de travailler. Souvent obligée de payer de l’argent pour exercer tranquillement son commerce… Un grand défi que rencontre Médiatrice, 31 ans, mère de cinq enfants. Lors du lancement officiel de ce projet, cette vendeuse de légumes qui exerce sur la frontière burundo-congolaise de Gatumba confie que les « petites commerçantes » font face à de nombreux problèmes. L’a b s e n c e d e Nu m é ro d’identification fiscale (NIF) et des documents requis par l’OBR. Le non-accès à l’information sur les mécanismes de facilitation du commerce. Des infrastructures quasi inexistantes (mauvaises routes, manque de dépôts de stockage) qui rendent la vie

Les petites commerçantes font face à de nombreux défis.

très difficile... et bien d’autres problèmes sont vécus par ces petites commerçantes. « Tous ces manquements les exposent à la corruption», affirme le ministre du Commerce, Jean-Marie Niyokindi, qui a lancé ce projet. 400 femmes sont bénéficiaires directes de ce projet qui sera exécuté sur trois frontières: Gatumba, Ruhwa dans la province Cibitoke, Mugina dans la

province Makamba et le port de Rumonge. D’après la représentante légale de l’Association des femmes rapatriées du Burundi (Afrabu) qui exécute le projet, l’un des objectifs majeurs est de fournir à ces femmes une information suffisante sur les mécanismes de commerce transfrontalier et les lois qui les régissent. « Le résultat sera d’établir les Bureaux

d’information commerciale (BIC) aux frontières de Makamba et Rumonge».

De l’informel au formel Les femmes représentent 90% des commerçants transfrontaliers. L’informel constitue une part importante dans le commerce transfrontalier avec 70% des femmes œuvrant dans ce secteur, d’après le ministre du

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Commerce. « Mais elles ne sont pas suffisamment reconnues pour leur valeur dans la société malgré leur rôle clé dans l’accroissement de l’économie et des problèmes qu’elles endurent dans leur vie quotidienne». La représentante de l’Afrabu assure que ce projet va radicalement changer les vies de ses bénéficiaires. Elles seront organisées dans des associations et coopératives afin qu’elles puissent quitter l’informel pour le formel et avoir accès à des financements pour diversifier et augmenter la quantité de leurs marchandises. Comme résultats à la fin du projet, 2000 femmes ont accès aux services des bureaux d’information du commerce aux frontières. 400 commerçantes deviennent des formatrices certifiées. 300 femmes font partie du réseau d’échanges d’information et de partage de connaissance. 4000 femmes commerçantes transfrontalières ont accès à l’information en temps réel sur leurs marchés respectifs. Ce projet est financé par le Royaume de Belgique avec un budget de plus de 640 mille USD. Clarisse Shaka


ÉCONOMIE

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Interview

« L’industrie burundaise fait face à plusieurs défis »

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eut-on dire qu’il y a des industries au Burundi ?

L’industrie burundaise est encore au stade embryonnaire. On ne peut pas la comparer à celle de certains pays africains ayant une tradition industrielle comme l’Afrique du Sud. Quels sont types d’industries qui opèrent au Burundi ? L’industrie burundaise est surtout dominée par des industries agro-alimentaires. Ces dernières produisent de la bière, des limonades, de la farine, etc. Par ailleurs, certaines industries se sont délocalisées à l’intérieur du pays. L’industrie manufacturière occupe une place aussi importante. On constate également que l’industrie textile, des imprimeries et d’autres commencent à se développer. Récemment, de nouvelles catégories d’industries sont entrées dans la gamme des industries burundaises. Il s’agit de l’industrie de traitement des terres rares et celle qui fabrique l’engrais. Quelle la part de l’industrie dans la création de richesse ? Selon les données de 2017, l’industrie burundaise représente 17% du PIB (Produit intérieur brut) et emploie 2% de la population burundaise. Quid de l’industrie touristique ? Au Burundi, l’industrie touristique est peu développée par rapport certains pays de l’East Africa Community, notamment le Kenya et la Tanzanie. Deux principales raisons expliquent ce retard. D’abord, le Burundi est enclavé. Le coût de transport est élevé. Les compagnies aériennes reliant Bujumbura au reste du monde facturent des billets assez dissuasifs qui peuvent empêcher les touristes de venir visiter notre pays. Ces derniers veulent toujours voyager à moindre coût. Ensuite, le Kenya et la Tanzanie disposent de pôles d’attraction comme les parcs qui hébergent une grande variété d’animaux sauvages. Sur base de ces atouts,

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Mardi 3 novembre dernier, le Burundi a célébré la journée mondiale pour l’industrialisation de l’Afrique. Audace Ndayizeye, président de la Chambre fédérale du Commerce et d’industrie du Burundi, soulève les principaux défis de l’industrie burundaise et propose quelques solutions. ils ont développé une industrie hôtelière pour héberger les touristes. Quel est l’état des hôtels ? Les infrastructures hôtelières ne sont pas au point, malgré que le Burundi a connu une avance significative en termes d’investissement dans le domaine hôtelier, depuis 2010. Mais les choses commencent à s’améliorer. Dans chaque province, les touristes peuvent trouver un hôtel décent. Il y a un développement visible, depuis ces dix dernières années. Quel est le plus important défi ? Le secteur industriel fait face à plusieurs défis. Le manque d’accès au financement est le plus important. Les hommes d’affaires burundais manquent de capitaux suffisants pour se lancer ou l’Océan indien comme le Kenya innover dans ce secteur. Par ail- et la Tanzanie. Les matières preleurs, la construction d’une usine mières qui passent par la voie demande beaucoup d’argent. maritime doivent transiter dans Pour réaliser un tel projet, les d’autres pays. Ce qui alourdit les opérateurs doicharges. vent se ressourcer Ainsi, les « Les hommes dans les banques industriels d’affaires commerciales. dépensent beauburundais coup d’argent Quelles sont les pour payer le manquent de conséquences des capitaux suffisants transport de la pénurie de matières prepour se lancer ou mières impordevises ? tées. Ce qui innover. » L’impossibilité hausse les coûts d’importer des de production. machines indispensables pour Les produits finis sont chers sur monter une usine demande des le marché. Du coup, l’industrie liquidités suffisantes de devises. burundaise est évincée sur le Ce handicap bloque égale- marché international. ment les industries en activité. Ils ne peuvent ni importer les Quid de la concurrence matières premières ni rem- étrangère ? placer immédiatement une machine défectueuse. Ainsi, les La concurrence étrangère conséquences s’accumulent. La menace également les induschaîne de production est brisée. tries burundaises. On constate Ce qui entraîne des coûts supplé- que la politique de la suppresmentaires. sion des barrières tarifaires profite aux grands pays industriLa position géographique du alisés. On constate que les biens Burundi est-elle favorable à importés de Chine, par exemple, l’émergence de l’industrie ? sont moins chers par rapport à ceux fabriqués au Burundi. Ce Pas du tout ! Les frais de trans- qui étouffe les initiatives indusport représentent aussi un grand trielles de petits pays, dont le défi pour les industriels burun- Burundi. dais. Notre pays n’accède pas à L’industrie burundaise souffre

aussi du manque d’emballages adéquats et de qualité. Cela diminue la compétitivité de nos produits. Nos produits n’ont pas accès aux marchés. Enfin, la certification des biens produits au Burundi pose des problèmes aux industriels. La capacité du Bureau burundais de Normalisation et de contrôle de qualité ne suit pas le rythme de production industrielle.

Cotebu sous une autre forme. Si l’Etat n’avait pas investi dans le Cotebu, l’Afritextile ne serait pas là. A l’époque, aucun entrepreneur national ne pouvait construire Cotebu ou Verundi. Comment s’en sortir ?

Deux principales solutions peuvent réduire ces défis. Il faut réduire le taux d’intérêt et mettre à la disposition des Peut-on espérer la réouverindustriels des devises sufture des industries publiques fisantes. Pour le moment, les fermées ? industriels doivent profiter de la dispo« En l’absence Oui, il y a de sition mise en place du secteur l’espoir. On voit par par la BRB pour exemple le Cotebu, privé, il faut que accéder au financejadis fermé, a relancé l’Etat développe ment. Le secteur ses activités sous une industriel mettant le secteur autre forme. un accent particuindustriel. » D’ici peu, une lier sur les activités industrie russe créatrices de valeurs, TLLINNO va produire des la promotion des exportations bouteilles et des verres. Une est prioritaire. réflexion est en cours. Elle s’est Désormais, le coût déjà installée dans les enceintes d’investissement est ramené de l’ancienne Verundi. à un prix raisonnable. Le taux d’intérêt maximal à appliquer L’Etat a échoué dans au dernier bénéficiaire sera de le secteur industriel ? 5% pour les microfinances. Pour les établissements de crédit qui L’Etat n’a pas complètement financent directement les proéchoué. En l’absence du secteur jets, le taux est fixé à 6%. privé, il faut que l’Etat dévelPropos recueillis par Pierre oppe le secteur industriel. Mais, Claver Banyankiye cela a permis qu’on relance le

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AU COIN DU FEU

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Avec Salvator Kaboneka Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Salvator Kaboneka.

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otre qualité principale ? Je suis diligent et déterminé. Quand je me fixe un objectif, je fais tout ce qu’il faut pour l’atteindre. Certaines autres personnes me trouvent généreux et idéaliste.

Le voyage que vous aimeriez faire ? Israël, le fascinant pays de Jésus de Nazareth.

Votre défaut principal ? Là, certains me trouvent un peu trop passionné et intolérant. Intolérant surtout vis-à-vis de la médiocrité sociale, intellectuelle et surtout professionnelle.

Votre plat préféré ? Je préfère ne pas répondre à la question. Je considère celle-là comme une indiscrétion.

Votre rêve de bonheur ? Voir tous mes cinq enfants fonder leurs foyers.

Votre chanson préférée ? Je ne suis pas et je n’ai jamais été mélomane pour dire vrai. Mais je trouve du plaisir à écouter des chansons douces du genre country music, comme celles de Don Williams. Je considère aussi Amissi Canjo, Africa Nova, David Nikiza comme de très bons chanteurs et moralisateurs.

La qualité que vous préférez chez les autres ? Honnêteté doublée de modestie. L’amour du travail, loin de la routine qui pollue l’imagination et anesthésie l’innovation et la créativité qui sont les clés du progrès. Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? Honnêtement, je ne supporte pas l’hypocrisie, la médisance. Ce sont de véritables poisons pour le bon fonctionnement de toute organisation, fût-elle familiale, publique ou privée. La femme que vous admirez le plus ? Ce devait être ma mère forcément, mais je l’ai juste aperçue. Elle nous a quittés, elle, jeune et moi et mes frères enfants. Il y a de cela 45 ans. A côté d’elle, j’ai une grande admiration pour des femmes courageuses comme Rosa Parks, la noire américaine et beaucoup d’autres de ce calibre. L’homme que vous admirez le plus ? Sans hésitation aucune mon Père David Kaboneka. Ainé de famille devenu orphelin de père et de mère, très jeune et encore célibataire, il a pu accompagner ses frère et sœurs jusqu’à leur maturité et mariage. Comme un malheur ne vient jamais seul, il est devenu veuf (de ma mère) juste une dizaine d’années après son mariage. Dans toutes ces épreuves et dans un contexte social peu favorable, il a gardé courage et optimisme jusqu’aujourd’hui à 85 ans.

Quelle radio écoutez-vous ? Isanganiro, BBC et RFI. Il m’arrive d’écouter Radio Maria, surtout quand je suis en mission à l’intérieur du pays. Votre plus beau souvenir ? La naissance de mes cinq enfants. Peut-être aussi, mais à un autre niveau, l’obtention du certificat d’école primaire en 1974 et celle de mon diplôme de Doctorat en 1998. Le départ et le couronnement d’un long processus éducatif.

je me dis que le plus haut fait de l’histoire burundaise est à venir. La plus belle date de l’histoire burundaise . L’indépendance du Burundi en 1962.

La plus terrible ? Il y a eu plusieurs terribles Votre plus triste souvenir ? dates dans l’histoire du Burundi La mort de ma mère et celle plus indépendant : 1965, 1972, 1988, tard de mon frère alors étudiant 1993. C’est terrible et innomfinaliste à l’Université mable chaque du Burundi. « C’est terrible fois qu’un voisin le sang de et innommable verse Quel serait votre plus son voisin. Dans chaque fois grand malheur ? le processus, la Au niveau familial, communauté et qu’un voisin perdre un membre de pays perdent verse le sang de le ma famille. A une autre deux vies, l’une son voisin. » échelle, voir le Burundi physiquement, replonger dans la zizaquand l’autre, nie et la crise socio-politique qui dans son ignoble acte perd son ont marqué son histoire post- âme, son « Ubuntu ». indépendance. Le métier que vous auriez Le plus haut fait de l’histoire aimé exercer ? burundaise ? Je suis bien content et fier de La victoire de Mwezi Gisabo mon métier d’agronome et enseisur les troupes esclavagistes de gnant. Jeune, je rêvais devenir Rumaliza. Mais tout compte fait, Médecin. Je considère cette caté-

gorie de professionnels comme des acolytes de Dieu sur terre. Ils y entretiennent sa création. Votre passe-temps préféré ? Quand j’étais encore jeune, j’aimais jouer au basket. Aujourd’hui amorti, je m’occupe à lire de bons livres essentiellement bibliographiques et des articles scientifiques glanés sur Google. Votre lieu préféré au Burundi ? Indéniablement Kirerama, ma sous-colline natale, située dans une sorte de cuvette entre quatre des plus hautes montagnes du Burundi. Les plus connues étant Mukike qui a donné son nom à la commune et Heha enregistrée comme le plus haut sommet du pays. Le pays où vous aimeriez vivre ? Le Burundi bien entendu. Le beau pays où je suis né et ai grandi. Et pourtant j’ai eu l’opportunité de voir du monde.

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Avez-vous une devise ? Oui. Deux. ‘’Ne fais pas à autrui ce que tu ne souhaiterais pas que l’on te fasse’’. ‘’Ne remets jamais à demain ce que tu peux/ dois faire aujourd’hui’’. Votre souvenir du 1er juin 1993 ? Aucun. Car, j’étais très loin. Aux études dans le Sud Profond des Etats-Unis. Votre définition de l’indépendance ? C’est une utopie. La dépendance est naturelle chez l’homme, l’animal et le végétal. Quel animal se suffit-il ? Quelle personne se suffit-elle ? Quelle nation se suffit-elle ? L’interdépendance est le juste mot. Du donnant donnant. Au mieux de manière équitable. Votre définition de la démocratie ? Il ne devrait pas y en avoir de personnelle. Les textes de loi nous disent que c’est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Un idéal en somme.


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AU COIN DU FEU

Votre définition de la justice ? Liberté et droit d’expression et de mouvement sans aucune discrimination de quelle que forme que ce soit. Un autre idéal. Si vous étiez ministre de l’Environnement, Agriculture et Elevage, quelles seraient vos deux premières mesures ? Non vraiment, je n’ai aucun rêve de devenir cette personnelà. Par contre, je pourrais donner quelques conseils à la personne élue. Ce que je considère comme une urgence est la formation des spécialistes dans les domaines du génie rural (irrigation, drainage), des forêts, vétérinaire, amélioration génétique. Au moment où les effets des changements climatiques sur

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les écosystèmes sont évidents, ces compétences deviennent une nécessité. Si vous étiez ministre de l’Education supérieure et de la Recherche, quelles seraient vos deux premières mesures ? Il y a une probabilité nulle d’occuper ce poste un jour. Si un tel miracle arrivait, je me concerterais avec les différents ministères techniques pour fixer ensemble les priorités de formations dont le pays a besoin, de manière urgente. Croyez-vous à la bonté humaine ? Absolument. Puisque j’en ai bénéficié moi-même dans ma vie, surtout dans ma vie scolaire et académique. J’ai fait toute l’école secondaire sous une

totale assistance financière d’un oncle maternel. Ma formation doctorale de 4 ans a été entièrement supportée par mon superviseur de master à l’Université d’Arkansas à Fayetteville (USA).

Bio express

D

r Ir Salvator Kaboneka est né en 1962 à Mayuyu en Commune Mukike, Province Bujumbura. Il a fait ses études primaires à l’Ecole Primaire de Mayuyu (1968-1974) et ses études secondaires, successivement au Petit Séminaire de Kanyosha (1974-1978) et au Collège du Saint Esprit (1978-1981). Il est lauréat (1986) de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université du Burundi et de l’Université d’Arkansas à Fayetteville (1993, 1998). Spécialiste en Sciences du Sol, Salvator Kaboneka est aujourd’hui Professeur à la Faculté d’Agronomie et de Bio-Ingénierie de l’Université du Burundi, après un parcours professionnel qui l’a conduit à l’ISABU comme chercheur et à la FAO Burundi comme consultant. Son principal intérêt de recherche scientifique porte sur la gestion intégrée de la fertilité des sols. Salvator Kaboneka est marié et père de cinq enfants.

Pensez-vous à la mort ? Oui bien sûr. Surtout quand je vais à Mpanda. Mais toute vie doit avoir une fin. C’est la loi de la nature. Si vous comparaissez devant Dieu, que lui diriez-vous ? Je me prosternerais très humblement devant LUI et LUI dirais : Merci pour tout ce que VOUS m’avez fait et donné, Seigneur Miséricordieux, malgré mes pêchés. Propos recueillis par Renovat Ndabashinze

ENVIRONNEMENT

« Il est urgent d’avoir une cartographie détaillée des zones à risque » Jeudi 12 décembre, inhumation de 26 personnes victimes de glissement de terrain dans la nuit du 4 au 5 décembre, à Mugina, province Cibitoke. D’autres dégâts ont été enregistrés. Le géographe Jean-Marie Sabushimike donne son éclairage.

L

a commune Mugina a récemment été touchée par une catastrophe…. Oui et c’est déplorable. Il y a eu des mouvements de terrain qui ont emporté plusieurs vies humaines. Il y a aussi des blessés et des portés disparus. Et ils ne sont pas les premiers dans le pays. Rappelez-vous de Gatunguru en 2014, de Kijejeti, de Gasenyi, Gitaza, etc. Ce sont des phénomènes naturels associés aux mouvements de terrain, soit des éboulements, soit des glissements de terrain. Quelles sont les causes ? Il faut signaler d’abord les prédispositions naturelles. La composition des roches qui se présentent sous une forme de vulnérabilité très poussée dans un contexte climatique très favorable à leur altérabilité très profonde. C’est-à-dire ? Ce genre de glissement se produit généralement dans des roches qu’on appelle les roches granitiques et gneissiques. Elles sont composés par des minéraux très altérables. Il y aussi la tectonique. Ce sont des roches fracturées à l’échelle du terrain, c’est-à-dire sur des étendues très développées mais aussi au niveau de leur composition minéralogique (la fracturation des minéraux). Tout cela entraîne une forte vulnérabilité

dans un contexte climatique très favorable : la pluviométrie et des températures très élevées. Citons aussi les prédispositions géomorphologiques. Dans les Mirwa, par exemple, on observe partout qu’il s’agit d’escarpements de faille très disséqués. Ils ont été marqués par des glissements de terrain très anciens. Aujourd’hui, ils se réactivent. Pour le cas de Mugina, je pense que la roche en place est très susceptible à l’altération: le contexte du changement climatique en général et en particulier dans les montagnes jeunes du pays. Lesquelles? Les Mirwa et la Crête CongoNil. Ces zones reçoivent des précipitations souvent exceptionnelles, de très grandes quantités de pluie. Ces mouvements de terrain sont associés aux pluies diluviennes qui trouvent déjà un terrain très favorable sur le plan physique. Et il faut signaler que les changements climatiques se manifestent par ces phénomènes de glissement de terrain, d’inondation ou de sècheresse. Les aménagements du territoire non respectueux de l’environnement sont aussi à la base de ces catastrophes, en cas de pluies exceptionnelles. Idem pour la forte pression démographique. Et les conséquences de ces mouve-

ments de terrain sont sociales, économiques et environnementales. Que faire alors ? L’identification des zones à très haut risque de glissement de terrain ou d’inondation est une nécessité. Il est impératif et urgent d’avoir leur cartographie

détaillée. Nous avons besoin d’un renforcement des capacités en matière d’aménagement des bassins versants. Et cela doit passer par une législation solide et une coordination cohérente. Il faut aussi intégrer les notions de risque de catastrophe dans les programmes de développement au niveau communal et provincial.

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Car il faut s’attendre à des situations pires. Enfin, il est important de développer la culture du risque et de trouver des mécanismes de financement des actions de prévention. Propos recueillis par Rénovat Ndabashinze


SOCIÉTÉ

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Giheta

Le CFR au chevet des mineurs relâchés Depuis 2015, le Centre de formation rurale accueille les mineurs libérés des différentes prisons. Ils y apprennent différents métiers dans le cadre de leur réinsertion socio-économique. Certains ne tarissent pas d’éloges. A la découverte du CFR.

L

undi 9 décembre. Nous sommes sur la sous- colline Karukona, commune Giheta, en province Gitega, à 1km de la route nationale Bugarama-Gitega (RB2). Sur cette colline juche le Centre de formation rurale (CFR). La localité est verdoyante. Des cultures variées : haricots, maniocs, riz, arbres fruitiers et des eucalyptus. Un centre qui apprend différents métiers aux mineurs sortis des différentes prisons depuis 2015. Il est dans les mains de la congrégation des Frères de Saint Joseph. Certains bâtiments sont flambant neufs, d’autres un peu vétustes. Hormis le bruit dans les ateliers, l’endroit est calme. Il n’y a pas d’autres habitations aux alentours. Il est 9h frère, Tharcisse Batungwanayo, directeur dudit centre, nous reçoit. Son bureau est spacieux, beaucoup de dossiers sur la table. Des certificats qui vont être remis, le lendemain, à la 9e promotion. Une visite du centre est décidée. Beaucoup de bâtiments qui abritent plusieurs activités. On y trouve des ateliers pour la cordonnerie et la maroquinerie : fabrication des souliers, sacoches et des habits en cuir. Un atelier pour la fabrication métallique : la soudure. Et un autre pour la couture. « Depuis 2015, nous sommes à la 9e promotion. Nous avons déjà formé 270 jeunes. Nous acceptons dix candidats dans chaque section et nous les formons sur une période de trois mois », explique frère Batungwanayo. Il précise qu’il collabore avec la fondation « Terres des Hommes ». Cette dernière visite les centres de rééducation des mineurs en conflit avec la loi. Elle récupère les mineurs, soit qui bénéficient de la grâce présidentielle, soit acquittés ou ceux qui purgent leurs peines. « Nous avons échangé avec la fondation. Nous avons réalisé que ces jeunes ont besoin d’être formés non seulement sur le plan social, mais aussi ils ont besoin de connaissances professionnelles pour qu’ils puissent réintégrer leur milieu de vie habituelle », précise frère Batungwanayo.

Olivier Irakoze, 17 ans, de la zone Mungwa, commune Gitega. Libéré du centre de rééducation pour mineurs de Ruyigi, il affirme qu’il va se débrouiller dans la vie avec ce métier. Satisfecit du côté de Jonas Toyi, 16 ans, venu lui-même du centre de rééducation de Ruyigi après avoir purgé une peine d’une année et 4 mois pour vol. « Je suis content d’avoir appris le métier de cordonnerie et maroquinerie. J’ai une occupation. Fini les balades ». ll invite les autres jeunes à venir fréquenter ce centre. Joselyne Nifasha, 16 ans, ne tarit pas d’éloge. Elle a appris la couture. « Ce métier va me faire vivre. Je vais l’apprendre aux autres jeunes ». Révérien Ndikubwayo, 17 ans, ne cache pas sa joie et ses ambitions : « Je compte installer un atelier de soudure. Et je vais donner du travail aux jeunes désœuvrés. Je vais contribuer au développement de mon entourage.»

Des défis ne manquent pas « Ramener la confiance en ces jeunes est l’un des défis majeurs auxquels nous faisons face », fait savoir frère Tharcisse Batungwanayo. Il n’est pas aisé d’encadrer ces jeunes venus de milieux divers, certains ayant consommés des stupéfiants. Et de préciser : «Nous fournissons beau-

Frère Tharcisse Batungwanayo : « Ramener la confiance en ces jeunes est l’un des défis majeurs auxquels nous faisons face.»

coup d’efforts pour les ramener progressivement à la raison.» Il se réjouit du fait que ces jeunes apprécient le cheminement qui est adopté par rapport à la réinsertion sociale. Il accorde un entretien à ces mineurs chaque soir. L’accent est mis sur la citoyenneté. « Nous leur apprenons comment se comporter quand on est jeune devant les autres jeunes, devant les adultes ». Pour ce faire, renchérit-il, la coutume burundaise est mise en avant. Il interpelle les responsables des établissements pénitentiaires d’inculquer à ces mineurs les valeurs humaines. Pour lui, il faut que ces jeunes reçoivent un encadrement social là ils sont incarcérés. Un encadrement qui rappelle d’abord les droits de la personne humaine, qui continue à entretenir les coutumes des

Burundais. Il faut qu’il y ait une fraternité vivante. « Quand on leur dit qu’ils sont condamnés, il y en a qui en sortent condamnés moralement ». Selon ce religieux, le centre a besoin d’un bâtiment spécifique pour les filles. Il y en a qui viennent avec leurs enfants. « Le besoin d’une crèche se fait sentir». « La période de formation est courte », fait remarquer frère Batungwanayo. Pour lui, trois mois ne suffisent pas. Et de constater que c’est juste pour se lancer dans un métier. Ils rentrent après avoir seulement accumulé les théories exécutées sur des exercices différents pendant une période d’un mois et demi. Il plaide pour la prolongation de la formation sur six mois. Et de confirmer : «Nous avons vu qu’un jeune qui a subi

Les bénéficiaires satisfaits « Non seulement, j’ai appris le métier de soudure, mais aussi j’ai bénéficié d’une formation sur la cohabitation pacifique», se réjouit

Atelier de soudure du Centre de formation rurale de Giheta.

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une formation sur six mois réussit bien ses affaires.» Frère Tharcisse Batungwanayo déplore l’absence de formation de ces jeunes sur la section agroalimentaire. Or, fait-il observer, la formation sur la technique agroalimentaire se révèle être une filière qui donne des emplois et valorise l’agriculture. Interrogé sur le suivi des jeunes ayant quitté le centre, frère Tharcisse Batungwanayo fait savoir que c’est la fondation « Terres des Hommes » qui s’en charge. Et de souligner que les personnes en charge du suivi donnent des témoignages positifs au sujet de l’impact de la formation. « Au moins 90% de ceux qui sont formés sont fidèles, réussissent et s’améliorent dans le métier ». Félix Haburiyakira


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SANTÉ

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Epilation du torse : danger ! Douleurs intenses à l’intérieur de la poitrine, vomissements, fièvre… Certains hommes confient avoir vécu une expérience des plus douloureuses en épilant leurs poils du torse. Eclairage d’un dermatologue.

S

i raser les poils du torse semblait des plus normal comme la barbe, pour quelques témoins, cette expérience s’est avérée dangereuse pour leur santé. Un beau matin, D.N, alors 17 ans, décide d’enlever ses poils du torse. Il ne voulait pas paraître « ridicule » devant ses amis qui n’avaient pas encore eu ce signe de puberté. « Nous avions un programme de natation. Il fallait que je sois propre pour mon premier jour torse nu en public». A l’aide d’un rasoir et du savon, il s’épile en rasant bien tous les poils. « Ma poitrine est devenue

plus lisse qu’avant l’apparition des poils». Deux jours après, D.N. attrape une légère toux. Au fil du temps, la toux s’accompagne de douleurs intenses à l’intérieur de la poitrine. « La douleur était tellement forte que quand quelqu’un me bousculait, j’avais très mal dans la poitrine». Quelques jours après, des envies de vomir et une fièvre. D.N affirme avoir été très surpris. C’est après avoir parlé à un médecin que la raison de son malaise est confirmée. Il ne sera soulagé qu’avec la réapparition des autres poils. « Dès lors, je ne touche plus à ma poitrine », indique ce jeune homme, aujourd’hui la trentaine. C.R. confie avoir vécu exactement la même expérience durant l’adolescence. Alors coiffeur, il s’amuse avec la tondeuse pour raser complétement son torse. Deux jours après, des douleurs physiques et internes intenses, puis une envie de vomir.

Attention aux poumons ! Selon le dermatologue Elie Mupera, les techniques d’épilation

L’épilation complète du torse met en danger les poumons, selon un dermatologue.

du torse ou des autres poils sont différentes. « Certains utilisent une lame de rasoir, la technique classique, d’autres des bandes qui fonctionnent comme du scotch, imbibées de produits chimiques». Une pratique non sans effets désagréables, assure le dermatologue. La douleur physique ressemble à celle des piqûres. De surcroît, explique-t-il, la zone d’épilation est très sujette aux microtraumatismes, de petites plaies qui vont servir de

porte d’entrée aux différents germes et microbes. Pire, les poils thoraciques sont près des poumons, l’organe majeur responsable de la respiration. Ces microbes entraîneront des infections qui vont naturellement déclencher des douleurs thoraciques. « Quand les poumons sont infectés, cela affecte profondément la mécanique respiratoire». Ce dermatologue ne déconseille pas de raser les poils thoraciques : « Enlever la partie la plus super-

ficielle et ne pas toucher la peau.» Il recommande aussi d’éviter certains produits à base du soufre qui enlèvent même les racines des poils. Le risque, prévient-il, c’est que les poils ne poussent plus. Dr Mupera conseille également d’éviter les produits à base du mercure, toxiques, qui peuvent affecter le sang et mettre en danger les reins. Clarisse Shaka

ANNONCE

AVIS D’APPEL D’OFFRE POUR LES PRESTATIONS DE SERVICES DE JARDINAGE, D’ENTRETIEN ET DE NETTOYAGE DES LOCAUX DU BUREAU DE LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT AU BURUNDI (BUJUMBURA)

1.

La Banque africaine de développement (ci-après dénommée ‘BAD’ ou la ‘Banque’) invite les soumissionnaires potentiels à soumettre leurs propositions pour « Les Prestations de Services de jardinage, d’entretien et de nettoyage des locaux du Bureau de la Banque Africaine de Développement au Burundi (Bujumbura) ; comme spécifier dans la demande de proposition (DP) à récupérer au bureau Pays de la BAD au Burundi, à l’adresse suivante :

Kiriri - 10, Rue des Travailleurs, de 8h00 à 12h30 et de 14h00 à 17h30, les jours ouvrables à partir 03 Décembre 2019 2. Les offres devront parvenir à la Banque, sous enveloppes scellées, au plus tard le 27 Décembre 2019, à 12h00, heure locale de Bujumbura à l’adresse indiquée ci-dessus. 3. Les propositions doivent être envoyées à l’adresse suivante et l’enveloppe extérieure doit porter les informations suivantes :

Banque Africaine de Développement, Bureau Pays du Burundi 10, Rue des travailleurs – Kiriri, Bujumbura-Burundi B.P : 7543 Tél : +257 22 27 78 23 / 24, Adresse électronique: rdge_tender@afdb.org DC – NE PAS OUVRIR JUSQU’AU JOUR DE L’OUVERTURE DES PLIS Référence : ADB/RFP/COBI/2019/0253 - Prestations de Services de jardinage, d’entretien et de nettoyage des locaux du Bureau de la Banque Africaine de Développement au Burundi (Bujumbura) Date et heure de clôture de dépôt des offres : 27 Décembre 2019 à 12h00, heure de Bujumbura

4. Afin de permettre aux soumissionnaires de mieux préparer leurs offres, pour avoir une idée sur les prestations et disposer de toutes les informations nécessaires, une visite des lieux suivie d’une réunion préparatoire est prévue

le 17 Décembre 2019 à 10h00. Les soumissionnaires sont invités à se présenter à la date indiquée à 09h30, munis de leurs cartes d’identité, à l’adresse ci-haut mentionnée.

AVIS D’APPEL D’OFFRE POUR LA FOURNITURE D’UN SERVICE DE REPARATION ET DE MAINTENANCE DES EQUIPEMENTS DU BUREAU DE LA BAD AU BURUNDI

1.

La Banque africaine de développement (ci-après dénommée ‘BAD’ ou la ‘Banque’) invite les soumissionnaires potentiels à soumettre leurs propositions pour « Fourniture d’un service de réparation et de maintenance des équipements du bureau pays de la BAD au Burundi » ; comme spécifier dans la demande de proposition (DP) à récupérer au bureau Pays de la BAD au Burundi, à l’adresse suivante : Kiriri - 10, Rue des Travail-

2.

3.

leurs, de 8h00 à 12h30 et de 14h00 à 17h30, les jours ouvrables à partir du 03 Décembre 2019 Les offres devront parvenir à la Banque, sous enveloppes scellées, au plus tard le 23 Décembre 2019, à 12h00, heure locale de Bujumbura à l’adresse indiquée ci-dessus. Les propositions doivent être envoyées à l’adresse suivante et l’enveloppe extérieure doit porter les informations suivantes :

Banque Africaine de Développement,Bureau Pays du Burundi 10, Rue des travailleurs – Kiriri, Bujumbura-Burundi B.P : 7543 Tél : +257 22 27 78 23 / 24, Adresse électronique: rdge_tender@afdb.org DC – NE PAS OUVRIR JUSQU’AU JOUR DE L’OUVERTURE DES PLIS Référence : ADB/RFP/COBI/2019/0171 - Fourniture d’un service de réparation et de maintenance des équipements du Bureau Pays de la BAD au Burundi Date et heure de clôture des offres : 23 Décembre 2019 à 12h00, heure de Bujumbura

4. Afin de permettre aux soumissionnaires de mieux préparer leurs offres, pour avoir une idée sur les prestations et disposer de toutes les informations nécessaires, une visite obligatoire des lieux suivie d’une

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réunion préparatoire est prévue le 16 Décembre 2019 à 10h00. Les soumissionnaires sont invités à se présenter à la date indiquée à 09h45, munis de leurs cartes d’identité.


AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

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Gitega

Le comportement des rabatteurs de plus en plus honni Sur la route Gitega-Bujumbura près des parkings des agences des bus Volcano, Tramwex, Gibuco, les rabatteurs se disputent les clients et malmènent les usagers qui sont sur les vélos et les motos. Les voyageurs soulignent qu’ils en ont marre. un tel comportement », indique Goreth qui habite à Bwoga. Selon ses propos, la plupart des femmes hésitent à passer sur cette route quand elles sont sur une moto car elles ont peur d’être tirées et tomber au milieu de la route goudronnée.

De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

N

ous sommes sur la route Gitega-Bujumbura qui sépare les quartiers Magarama et Yoba. Du matin au soir, les rabatteurs, communément appelés Kokayi, des agences de voyage Volcano, Tramwex et Gibuco y font régner le désordre d’après les passants et les clients. Ils se pointent tout le long de la route pour se disputer les clients. « Ces gaillards les tirent par derrière sans même attendre que le conducteur s’arrête », déplore Isidore un commerçant des alentours. Selon les témoins, il y a deux jours une femme a failli y laisser sa vie en voulant protéger sa valise dont trois garçons cherchaient à s’emparer. Surpris par la violence, elle a cru que c’étaient des voleurs et a résisté sans tenir compte que la moto roule encore. « Dans cette bagarre entre rabatteurs qui voulaient à tout prix l’amener vers leurs agences, un taxi-moto a reçu un coup de coude au visage et a freiné bru-

Région Sud

Souhait d’une intervention de l’administration et de la police! »

Les rabatteurs se disputant une cliente se trouvant sur le vélo

talement. C’est par chance qu’il n’est pas entré dans le camion qui venait à toute allure devant lui», se désole Hussein, un conducteur de voiture. Pour beaucoup de

voyageurs interviewés, ce comportement est d’un autre âge et les dégoûte. « C’est de l’acharnement, je n’ai pas d’autres mots pour qualifier

Les usagers de cette route et les voyageurs ne comprennent pas pourquoi les agences de voyage ont besoin de rabatteurs. Pour eux, ils ont des parkings propres à eux, engager alors des gens qui viennent perturber le trafic relève du désordre. « Les rabatteurs doivent rester à l’intérieur de leurs parkings et non sur la route. Etre rabatteur, c’est être courtois et poli. D’ailleurs, ils ne sont pas membres de notre association », affirme Majaliwa Nzeyimana, un des membres du comité mixte de sécurité sur le parking Gitega-Bujumbura. Pour lui, des mesures à l’encontre de ces soi-disant kokayi seront prises si rien ne change. Même

Rumonge

Le Frodebu dévoile son projet de société Le candidat du parti Sahwanya Frodebu aux élections présidentielles de 2020 dénonce des tentatives de violer la laïcité de l’Etat du Burundi. Il annonce également les grands points du projet de société de son parti. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

L

es membres du parti sahwanya Frodebu venus des cinq communes qui composent la province de Rumonge étaient réunis dimanche 8 décembre au stade de Rumonge pour accueillir le candidat de leur parti aux prochaines élections. Léonce Ngendakumana a rappelé que l’idéologie de leur parti est basé sur la démocratie et que par conséquent sa formation politique ne soutient pas les coups de force ou d’autres arrangements pour atteindre le pouvoir. Il a rappelé que le respect des droits de l’homme, la libre expression de la population, les élections libres et transparentes, la diversité des médias et des partis politiques, une justice équitable constituent des valeurs démocratiques que le parti Frodebu défend.

son de cloche chez Mossi .D’après lui, c’est scandaleux ce que font ces travailleurs des agences des bus qui travaillent à Gitega. Quant aux gérants de ces agences pointés du doigt, la réponse est du moins surprenante.« J’ai déjà averti mes collègues que cette situation ne peut pas perdurer, mais apparemment ils se bouchent les oreilles. Moi aussi j’ai honte de ce comportement », a souligné Hussein Nahimana responsable de l’agence Volcano à Gitega. Egide Nshimirimana de l’Agence Tramwex estime que c’est de la jalousie. Pour lui, le travail des rabatteurs, c’est d’attirer les clients. Ils ont peur de la concurrence. « Comme nous devons nous partager les clients qui étaient habitués à une seule agence de voyage, le travail de guide est indispensable pour les détourner vers nous. » Pour éviter de tels désordres, les voyageurs demandent l’intervention de la police et de l’administration.

M. Ngendakumana se dit fier que le Frodebu soit le premier parti à dévoiler son projet de société à la communauté nationale et internationale. Il a indiqué qu’il y a des tentatives de violer l’article de la constitution du Burundi qui consacre la laïcité de l’Etat. Ce que le Frodebu va combattre. Pour lui, le Burundi doit rester un Etat laïc pour garder l’unité et la cohésion sociale des Burundais. Sur le plan politique, il a appelé à un vaste rassemblement pour opérer un changement au cours des prochaines élections en vue d’asseoir la démocratie, la justice et le développement.

« Non à l’instrumentalisation des corps de défense et de sécurité » Il a dénoncé certains agissements visant à instrumentaliser l’armée, la police et le service

Le président du parti Sahwanya Frodebu annonce les points saillants de son projet de société

national de renseignement. Le candidat du parti Frodebu

demande à ces corps d’être professionnels et de défendre tous

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les Burundais. D’après lui, le Burundi va améliorer et renforcer la coopération avec la communauté internationale pour redorer l’image du Burundi dans le concert des Nations. Il a ajouté que l’indépendance de la magistrature sera leur priorité pour que la population puisse avoir accès à une justice équitable. L’autre priorité du Frodebu sera de faire des réformes profondes du système éducatif « afin de relever la mauvaise qualité de l’enseignement qui s’observe aujourd’hui. » Certaines personnes sont aujourd’hui plus riches que l’Etat burundais. Elles devront expliquer l’origine de leur richesse et au cas échéant restituer ces richesses dans le trésor public. « Il est inadmissible qu’une poignée de gens s’enrichisse illégalement alors que la grande majorité des Burundais croupissent dans une pauvreté et une misère sans nom. » Des efforts seront consentis pour moderniser l’agriculture et l’élevage, le secteur du tourisme pour générer des devises comme cela se fait dans les pays de la sous-région.


AU CŒUR DU PAYS

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Cibitoke

Région Ouest

Des riziculteurs impuissants devant les destructeurs de leurs champs La ferme de Nyakagunda, ancienne propriété de la société agro-alimentaire, Rugofarm, de la commune Rugombo est en train d’être détruite par le projet mis en place par l’Etat afin d’exploiter ces terres de manière moderne. La population qui y avait pratiqué la culture du riz est désespérée. De notre correspondant Jackson Bahati

F

erme Nyakagunda, ancienne propriété de Rugofarm se trouvant dans le secteur Gabiro-Ruvyagira, moins de 3 km du chef-lieu de la commune Rugombo province Cibitoke, les riziculteurs se plaignent d’un nouveau projet mis en place pour développer cette propriété de manière moderne. D’après les cultivateurs rencontrés sur place, le personnel engagé par ce projet se déplace d’un champ à l’autre en détruisant les rizières qui n’ont qu’un mois pour être récoltées. Les propriétaires de ces champs sont surpris de cette situation. Selon eux, ils ont contracté des prêts auprès des banques et des dettes

auprès d’amis et voisins mais ils ne voient pas comment ils vont les rembourser alors que leurs champs ont été détruits. Certains avaient cultivé du riz sur plus de 3 hectares et compte tenu de l’impossibilité de ne pas trouver cet argent , ces riziculteurs pensent déjà à quitter le pays pour vivre ailleurs de peur d’être emprisonnés. Pourtant, les champs de la coopérative Sangwe n’ont pas été touchés. Ces riziculteurs s’indignent contre cette mesure qui leur rend la vie très difficile alors qu’ils espéraient avoir une bonne récolte et développer leur famille.

« Ces riziculteurs ont fait la sourde oreille » C’est du moins la déclaration de Prudent Mahoromeza, le coordi-

Vue partielle d'un champ de riz détruit

nateur du projet mis en place pour exploiter cette ancienne propriété de l’industrie agroalimentaire Rugofarm. Il dit que ces riziculteurs ont été avertis depuis longtemps de ne pas continuer à exploiter cette terre, mais ils ont fait la sourde oreille. Il leur

demande de respecter la loi car personne ne peut accepter que les projets de l’Etat tombent en faillite. Le gouverneur de Cibitoke déplore cette situation. Selon lui, au lieu de détruire ces champs, ils devraient avertir ces riziculteurs où au moins, leur donner un délai

ou attendre la période de récolte. Joseph Iteriteka appelle ces riziculteurs à faire preuve de retenue et au projet, de faire des rencontres avec eux afin d’éviter les pertes.

ANNONCE

Appel à manifestationd’intérêt aux associations locales PREAMBULE : GVC via le projet Kura Kibondo lance un appel à proposition pour appuyer les associations locales dans la mise en œuvre des projets qui répondent aux besoins de sous-nutrition et en même temps assistent les ménages à améliorer leur alimentation et à adopter des autres stratégies de résilience et d’adaptation, basées sur l’autopromotion, la cohésion sociale, une meilleure préparation et mitigation des risques, et à la diversification et la gestion intégrée, durable et productive de leurs activités agricoles. L’objectif général de l’appel à propositions est de soutenir l’implication active de la société civile et des communautés locales dans la promotion des dispositifs et des pratiques favorables à la sécurité alimentaire et la nutrition.

ARTICLE 1 : ELIGIBILITE Le demandeur doit satisfaire aux conditions suivantes pour pouvoir prétendre à une subvention : - être une organisation locale/Association locale/ONG agréée et reconnue - être une association de droits burundais - être directement chargé de la préparation et de la gestion de l’action et ne pas se limiter à un rôle d’intermédiaire; - cumuler une expérience établie dans le domaine visé par la proposition, de minimum une année; ARTICLE 3: Forme DE LA CONSULTATION Le présent appelpasse sous la forme d’un appel à proposition national ouvert.

Le soumissionnaire éligible et intéressé par le présent avis peut retirer le dossier d’appel à propositiondans les locaux de GVC Burundi : Bujumbura, avenue du Ravin, 13 – Gatoke Cibitoke c/o bureau PAM Tr 7 (en face du Marché de Cibitoke) Bubanza c/o Immeuble Saint Joseph (Caritas Bubanza) Rumonge c/o Paroisse Catholique de Rumonge, bureau COOPED - Rn 3 (à cote de la BRB)

Numéro de référence de l’appel d’offre : «KK/SUB/2020» La date limite du retrait du dossier complet de l’appel à proposition est fixée au 20/12/2019 à 16h30

Le Dossier sera disponible : En format papier En format numérique pour les soumissionnaires munis d’adresse mail ou clé USB.

La date limite de soumission des offres est fixée au 22/01/2020 à 12h00

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Pour information : kura.kibondo@ gvc-italia.org – Tél : 222 417 65 Lors du retrait les soumissionnaires devront signer un accusé de réception de toute la documentation constituant le dossier d’appel à proposition.

GVC se réserve le droit de donner une suite ou non à cet avis de consultation


SPORT

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Football

De l’eau a coulé sous les ponts du grand Vital’o Le remplacement en catimini de l’emblématique Gilbert Kanyenkore alias Yaoundé, coach des mauves et blancs, mardi 3 décembre, n’a pas plu aux fans du club. Depuis, ils se demandent si cela ne serait pas une volonté cachée de le chasser du club. Ce que la direction réfute. © Droits réservés

A

ucune raison d’écarter Yaoundé du club. Seulement, il faut plus que tout redynamiser le groupe pour la phase retour et les autres compétitions en vue », s’est empressé de rassurer Djamali, président du club. Dans une réunion tenue samedi 7 décembre, dans la foulée de cette « mini fronde », il a expliqué qu’en aucune manière, au regard des services qu’il a rendus au club, Yaoundé n’a été relevé de ses fonctions pour être viré. «Un simple réaménagement technique puisqu’il sera directeur technique du club ». Et d’ajouter : «Cela a été dicté par les aléas du moment.» Avec ses qualités d’extraire le meilleur des joueurs moyens, indique Evariste Mukurarinda, vice-président, en plus de sa facilité à communiquer avec les jeunes joueurs, nous avons jugé utile qu’il peut apporter sa pierre à l’édifice dans la nouvelle académie qui sera créée d’ici l’année prochaine. Et de rappeler : « Après tout, Yaoundé est membre fondateur du club. Il aura toujours sa place chez les mauves et blancs. » Pour les fans, un leurre. Au risque de faire la même erreur que Benjamin Bikorimana en 2016.

Le club le plus titré du pays vit un malaise.

Des « non-dits » Alors président, ce dernier l’avait limogé au sortir d’une bonne saison, causant des dissensions au sein du club. « Cette

fois-ci, un stratagème pour éviter les divisions », confie A.F., un fan depuis 1989. A l’origine de cette volonté cachée d’écarter Yaoundé, expli-

que-t-il, son désaccord avec certaines manigances des dirigeants du club. Entre autres, leurs incessantes injonctions à faire jouer tel ou tel autre joueur. Des pratiques,

poursuit-il, qui commençaient à agacer Yaoundé. Car elles commençaient à se répercuter sur les résultats. Bien qu’il n’ait pas voulu faire trop de commentaires, une décision qui l'a laissé de marbre. Sur les ondes de nos confrères de Buja FM, Il a indiqué qu'il était prêt pour le nouveau poste. «Seulement il faut qu'ils s'impreignent des modèles des académie internationalement reconnues». Encore une preuve du malaise qui persiste au sein du club, le récent licenciement de plus de 15 joueurs. Pour les fans, de quoi encore s’interroger sur le bien-fondé de telles « décisions ». Au risque d’une implosion, assure A.F., dans toutes les provinces du pays, des comités de fans ont été mis en place. Objectif: parler d’une seule voix. Quant à Omar Ntakagero, nouveau coach, le vice-président fait savoir que son contrat tient sur une obligation de résultats. « Au minimum finir dans les 4 premières places en Primus ligue et arriver le plus loin possible en Coupe du président ». Hervé Mugisha

Mutombola, une défaite de trop... Battue, mercredi 11 décembre, par le Djibouti (2-1) en Coupe de la Cecafa, la sélection nationale est aux abois. D’après nombre d’analystes sportifs, un faux pas qui risque de sceller la fin de l'aventure du sélectionneur avec les Intamba.

A

berrant, consternant, angoissant... Tout un florilège de qualificatifs de fans pour exprimer leur désolation après l’élimination des Intamba de cette compétition. Evoluant dans la poule A, avec l’Ouganda (pays hôte), Djibouti,l’Érythrée et la Somalie, tout le monde voit le Burundi tirer son épingle du jeu, franchir le 2e tour. D’autant plus qu’avec un bilan médiocre lors des rencontres précédentes, Olivier Niyungeko alias Mutombola et ses poulains se doivent de se ressaisir. Un rendez-vous manqué. En plus du faux pas en ouverture, contre l’Ouganda (2-1), la sélection nationale se fait sur-

prendre par l’Érythrée (1-0). Pour les fans, une pilule difficile à avaler, cette défaite étant synonyme d’une élimination. Raison de plus pour bon nombre d’observateurs avisés de se demander s’il n’est pas temps que Mutombola cède sa place à un autre. Avec une victoire qui remonte à mars 2018 (contre le Soudan du Sud), toutes compétitions confondues, les Intamba restent sur une série de 14 matches sans victoire. Certes, des contre-performances, tente de justifier le staff technique, imputables à plusieurs facteurs. « Après la CAN 2019 ratée, il nous

Mutombola dans la tourmente.

disait qu’il allait tout faire pour remonter la pente. Mais il continue à s’enfoncer davantage », peste Didier, un fan. Pour lui, aucune autre alternative, c’est le temps de quitter le navire. « Cela au moins

lui permettrait de ne pas davantage entacher son CV ». Un avis contraire pour A.N., journaliste sportif : « Au lieu de faire de Mutombola le bouc émissaire, un besoin de refonte de tout

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le système s’impose ». Après tout, analyse-t-il, les responsabilités sont partagées. C’est la clé, conclut-il, pour espérer au moins se qualifier en 2023. H.M.


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Mango Tree group : Une solution pour le transport maritime

Ce mardi 10 décembre 2019, l’entreprise chinoise Mango Tree Group (MTG) a tenu une conférence de presse. L’objectif de cette conférence était de faire connaître au public ses activités.

B

asé en Ouganda, son siège, la société chinoise Mango Tree a signé un protocole d’accord avec le gouvernement du Burundi par son ministère des transports, le 14 mars 2019. En partenariat avec le gouvernement Burundais qui fournira le chantier naval, Mango Tree va construire trois bateaux ferries mixtes ayant une capacité de transporter 300 passagers et 2000 tonnes de fret cargo, chacun. «L’objectif principal est de développer les activités commerciales au long du Lac Tanganyika», annonce Franck Menard, directeur des opérations de Mango Tree au Burundi. En plus du développement commercial, s’ajoutent la promotion de l’échange libre de la région et l’amélioration des importations et des exportations. Edouard Nyandwi, conseiller technique du ministère des transports indique que l’idée de ces bateaux vient du gouvernement Burundi. Il indique que la société chinoise l’aidera dans la construction de ces bateaux. Quant à l’Etat, il s’est engagé

à donner le chantier naval. En plus de ces bateaux, M. Nyandwi précise aussi qu’avec le Japon, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, le port de Bujumbura et celui de Rumonge seront réaménagés. «Avec ces ports et ces bateaux, le transport sur le Lac Tanganyika va s’améliorer». Franck Menard annonce que le premier ferry sera prêt d’ici décembre 2020.

Quels en seront les avantages ? La réduction de la pauvreté et le développement du commerce, tels sont les premiers avantages que le Burundi gagnera. Franck Menard indique que dans une étude faite par la Banque mondiale, le transport sur le Lac Tanganyika est le plus rentable. «Les taxes vont augmenter». Sur ce même point, le directeur des opérations de cette société avoue qu’eux seuls, ils n’y arriveront. Il demande le soutien du gouvernement. M. Ménard indique qu’avec ces bateaux, le coût de transport va se réduire. «Le transport sur le Lac Tanganyika est de 40% moins couteux que la voie routière». Soit le chantier naval ou le bateau ; il y a nécessité du personnel nombreux mais aussi qualifié. Au Burundi, Franck Menard déplore l’insuffisance du personnel qualifié qui pourra construire mais aussi naviguer avec ces bateaux. Il assure que l’implantation de leur société va créer des emplois nouveaux et pérennes et la créa-

Franck Menard, directeur des opérations de Mango Tree Group au Burundi à côté de Edouard Nyandwi, conseiller Technique au ministère des transports

tion d’un centre de formation pour le personnel qui sera affecté dans la construction des bateaux et d’aide à la navigation.

Une entreprise industrielle soucieuse de l’environnement L’impact environnemental, est l’une des questions posées par les journalistes, lors de cette conférence. «Avant de commencer les travaux, il va falloir une enquête qui sera une étude de faisabilité sur l’impact environnemental des activités de notre projet sur le Lac Tanganyika», assure le directeur des opérations

de Mango Tree D’après lui, il est important de tenir compte de l’environnement. Après la demande du terrain pour le chantier naval, première phase de ce projet, Franck Menard précise que les phases qui vont suivre seront l’enquête environnementale et le dégagement du financement. Il souligne aussi que cette enquête sera fournie au gouvernement. C’est à ce dernier de l’approuver. Les journalistes sont revenus aussi sur les questions du tourisme et de la concurrence. Edouard Nyandwi, conseiller technique au ministère des

Un drague de 4000 tonnes construite par le MTG dans leur chantier naval de Kawuku

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transports annonce que MTG ne sera pas intéressé seuleument à construire des bateaux. Il y a aussi le volet touristique sur ce lac. Première entreprise à s’engager dans la construction d’un ferry sur le lac Tanganyika, au Burundi. Le groupe Mango Tree se déclare toujours prêt à accueillir toute sorte de concurrence. Cette entreprise chinoise Mango Tree Group est implantée dans cinq pays de la région des Grands Lacs : Burundi, Ouganda, Kenya, République démocratique du Congo et le Sud Soudan.


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