IWACU 559

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IWACU N°559 – Vendredi 29 novembre 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Maire de Bujumbura

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Des mesures polémiques

DROITS DE L’HOMME

ECONOMIE Manque de la bière Skol : les emplois en font les frais

P.6

Violences conjugales, le relativisme persiste

AU COIN DU FEU P.7

Avec Francis Rohero

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LA DEUX

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Editorial

Vendredi, 29 novembre 2019 - n°559

En coulisse

Le théâtre burundais sur les scènes de Kampala Le second souffle souffre… Par Léandre Sikuyavuga Directeur des Rédactions

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Le théâtre burundais est représenté, depuis le 26 jusqu’au 30 novembre, dans la 6e édition du festival international du théâtre ougandais. Les artistes burundais vont se produire sur les scènes de Kampala à travers la pièce ‘’Children of amazi’’ (‘’Les enfants de l’eau’’). Cette pièce sera jouée en cinq langues : anglais, français, kirundi, kinyarwanda et kiswahili.

Le Burundi participe à la compétition America’s Got Talent Samedi 23 novembre, les tambourinais burundais ont participé à la 15e saison de America’s Got Talent. Cette émission était organisée en plusieurs mini-spectacles dévoilant, entre autres, le talent de chanteurs, danseurs, magiciens, comédiens concourant pour le premier prix d’un million USD.

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

Le comédien Michael Sengazi,

Directeur des Rédactions adjoint : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa

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our avoir remporté le prix RFI talents du rire 2019, une enveloppe de 4.000 euros.

Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza

En baisse

19 stations-service de la mairie,

Réseau du secteur privé pour la nutrition voit le jour Le réseau secteur privé pour la nutrition au Burundi a été ouvert, mardi 25 novembre, au niveau du Chambre Fédérale du Commerce et d’industrie du Burundi. Ce réseau a été lancé sous le thème « la nutrition et l’innovation alimentaire au service du bien être durable ».

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our avoir servi des quantités insuffisantes aux clients. Elles ont été sanctionnées d’une amende totale de plus de 25 millions BIF.

ANNONCE

© Droits réservés

ffets dominos ou exécution des injonctions venus d’ « en haut ? » La question est sur toutes les lèvres après que différents administratifs ont pris des mesures presque identiques. « Les débits de boisson sont ouverts de 17 h à 21 h les jours ouvrables et de 13 h à 21 h pour les jours fériés », avait ordonné vendredi 22 novembre le maire de Bujumbura, capitale économique. C’est entre autres décisions du Conseil municipal « dans le but de favoriser la croissance économique et préserver la santé de la population. » Mercredi 27 novembre, l’administrateur de la commune de Gitega, capitale politique, reprend la même mesure pour question de sécurité. Le même jour, le gouverneur de Muyinga énonce la même décision que les administrateurs communaux de sa province doivent mettre en application. Plusieurs mesures ont été annoncées. Mais celle restreignant les heures d’accès aux bistrots est tombée comme un couperet et a suscité moult réactions aussi bien chez les propriétaires que les consommateurs. Frustrations, spéculations, rumeurs, questionnement… « Etat d’urgence ou couvrefeu ? », « Une mesure unilatérale prise sans tenir compte de la réalité du pays », « Nous avons droit au loisir », laisse-t-on entendre. Face au chômage, au revenu non régulier pour certains, au salaire qui n’arrive pas à joindre les deux bouts du mois, la plupart des Burundais essaient de se débrouiller. Face au quotidien difficile, ils vont à la recherche d’un second souffle. Une des activités génératrices de revenus prisée est l’ouverture d’un bistrot. Non sans raison. Fréquenter les bistrots et les bars est pour les Burundais une pratique inscrite dans les mœurs. Ils sont pour eux des lieux de vie, de convivialité, de plaisir, de rendez-vous. Il suffit d’inventorier leur dénomination, aucune autre activité n’a trouvé aussi de synonymes que les bistrots au Burundi : taverne, tripot, gargote, guinguette, mastroquet, troquet, tapis-franc, etc. Certes, il faut réguler, prendre des mesures pour la bonne marche de la société. Mais, il est aussi sage d’en étudier l’impact, jauger si elles ne peuvent faire plus de mal que de bien. Nous faisons partie de la Communauté Est-africaine où la tendance est de travailler 24heures/24. Pourtant, ils boivent. Mais « baada ya kazi » (après le boulot). Par ailleurs, il sied de s’interroger si tout administratif a la latitude de prendre de telles mesures. Autrement dit, si l’on a pas mordu à la parcelle du gouvernement qui devrait les imposer avec l’accord du parlement sous le regard vigilant du judiciaire. Surtout en ce qui concerne le respect de la Constitution !

En hausse

Sur le vif

Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société : Clarisse Shaka Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza, Edouard Nkurunziza, Jérémie Misago Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

Appel à manifestation d’intérêt pour fourniture NFI (No Food Item) Dans le cadre de la mise œuvre du projet TWITEHO AMAGARA - Ngozi, Kayanza, Cibitoke co-financé par l’Union Européenne (contrat de subvention : FED/2019/405306), l’ONG italienne GVC lance un Appel d’Offre National Ouvert. Réf : «DAO2019/GVC/TWITEHOAMAGARA/FOURNITURE NFI_01» pour fourniture NFI : • Lot 1 - Ustensiles de cuisine • Lot 2 - Matériel en plastique Le soumissionnaire éligible et intéressé par le présent avis peut retirer le dossier d’appel d’offre dans les locaux de GVC Burundi : Avenue du Ravin n° 13, Quartier Gatoke, Bujumbura Tél : 22 24 17 65 La date limite du retrait du dossier complet de l’appel d’offre est fixée au 05/12/2019 à 16h00 Les horaires d’ouverture du bureau sont : du lundi au vendredi de 08h30 à 16h00.

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Plus 2 millions est le nombre des préservatifs utilisés en 2018

Source : Programme National de Santé de la Reproduction

Une pensée

« L’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant. » René Char


L'ÉVÉNEMENT

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Mairie de Bujumbura, des mesures qui ne passent pas Le vendredi 22 novembre, le maire de la ville, Freddy Mbonimpa, a instauré une série de mesures visant «à préserver la santé de la population et à redynamiser l’économie du pays». C’est un tollé au sein de la population de la capitale économique.

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orénavant, les débits de boisson ouvrent à partir de 17h pour fermer à 21h (les jours ouvrables) et de 13h à 21h pour les jours fériés ; les comités mixtes de sécurité doivent être mis en place là où il n’y en a pas et renforcer ceux existants, renforcer le contrôle des mouvements de la population en contrôlant régulièrement les cahiers de ménages; les points de rencontre des jeunes désœuvrés (ligala) doivent être démantelés; au moins deux lampadaires doivent être installés et allumés sur chaque parcelle, le commerce des cartes de recharge au bord des rues et sous les parasols est strictement interdit à Bujumbura, suspendre le commerce ambulant dans la commune Mukaza ; les propriétaires des bistrots doivent installer des projecteurs pour éclairer les lieux, etc. Ce sont entre autres les mesures prises par le maire de la ville. Depuis l’annonce, des lamentations fusent de partout. Les commerçants des cartes de recharge et de transfert d’argent ne comprennent pas la décision du maire de la ville. «En quoi les parasols constituaient-ils un problème? Ils n’étaient pas une source d’insécurité. De plus, nous payons des taxes au niveau de la Mairie de Bujumbura». Aujourd’hui, ils s’abritent sous les arbres pour pouvoir vendre leurs produits. «C’est ce commerce qui fait vivre nos familles. Avec cette décision, il me sera désormais difficile de subvenir aux besoins de ma famille»,

indique un commerçant du rentrent du travail à cette heure, centre-ville. Selon lui, avant la d'autres rentrent chez eux en provprise de cette décision, il pouvait enance des bistrots du centre-ville. avoir un bénéfice de 15 mille BIF A 20h, nous avons généralement par jour, mais depuis l’entrée en 3 ou 4 clients. Avec ces décisions, vigueur des décisions du maire vaut mieux mettre la clé sous la de la ville, il ne peut pas dépasser porte», se lamente un tenancier 4500 Fbu. de Kinanira. «Avec ces mesures, Pour Jean Claude, un autre com- je risque de fermer boutique. On merçant des cartes de recharge ne peut pas travailler 4 heures téléphonique, ces parasols leur et espérer gagner de l’argent. J’ai permettaient de se faire remar- 15 employés à mon service qui quer. Et de se demander com- risquent de perdre leur travail. ment ils vont D’ailleurs, pourattirer les cli« Avec ces mesures, quoi fermer à ents sans aucun heures alors je risque de fermer 21 signe distinctif. qu’on nous dit «Ils vont nous boutique. On ne peut que le pays est en prendre pour pas travailler 4 heures paix ?», ajoute des escrocs. Nous autre cabaet espérer gagner de un avons aussi retier de Kanl’argent . » peur de la police yosha. Quant qui peut venir à la mesure nous arrêter à tout moment». d’installer des projecteurs pour Quant à Nestor, il fait du trans- éclairer leurs bistrots, la réponse fert d’argent depuis qu’il a ter- des propriétaires est sans équiminé ses études universitaires. voque: «Pourquoi l'éclairage «Je suis au chômage depuis 3 ans. public ne marche pas? Le maire Nos autorités nous demandent de la ville ferait mieux de trouver constamment de créer nos pro- une solution à ce problème». Tous pres emplois. J’avais contracté un demandent à Freddy Mbonimpa petit crédit pour commencer mon de surseoir à ces mesures. commerce. Depuis, je subvenais Après ce tollé suscité par ses facilement aux besoins des miens. mesures, Freddy Mbonimpa a Aujourd’hui, mon avenir est incer- tenu à éclaircir certains points tain». polémiques. «Que les gens se détrompent .Contrairement à ce Rétropédalage qui se dit sur les réseaux sociaux, du maire ces mesures ne visent pas à renLes propriétaires des bistrots forcer la sécurité parce qu’elle est tirent eux aussi à boulets rouges totale. Nous les avons prises pour sur ces mesures du maire de la préserver la santé de nos concitoyville. «Chez nous, on reçoit les ens », a-t-il expliqué. clients à partir de 21h. Certains Selon lui, les rapports du per-

Freddy Mbonimpa : «Contrairement à ce qui se dit sur les réseaux sociaux, ces mesures ne visent pas à renforcer la sécurité parce qu’elle est totale.»

sonnel de la mairie montrent que dans certaines localités, les gens commencent à boire à partir de 9h du matin. C’est cet état de fait qui aurait motivé la prise de ces décisions. «Ces personnes deviennent improductives au travail». Toutefois, il fait savoir que les stations-service, les boutiques, etc., continueront à travailler comme à l’accoutumée. De même que les boîtes de nuit ou les snack-bars. Même cas de figure pour ceux qui ont des cérémonies (mariage, dot …). « S’ils avisent l’autorité administrative à la base, ils pourront aller au-delà de l’heure convenue, car il n’y a pas de couvre-feu ». Et de prévenir les tenanciers de bars que s’ils résis-

tent à fermer leurs bars, ils écoperont d’une amende. Concernant les vendeurs de crédits téléphoniques sous les parasols, il indique que la décision a été motivée par le désordre qu’ils engendrent, avant de relativiser : « Toutefois, nous sommes en train de nous concerter avec les responsables de ces sociétés de télécommunication pour voir dans quelle manière agir ». Idem pour les vendeurs ambulants. « Comme on ne peut pas connaître qui paie l’impôt et qui ne le fait pas, nous avons jugé bon de les éloigner de la commune Mukaza en attendant que la Marie construise un autre endroit pour les relocaliser ». Fabrice Manirakiza

Réactions • Gabriel Rufyiri : «La mesure de suspendre le commerce ambulant est attaquable en justice.»

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e président de l’Olucome s’inscrit en faux contre les mesures prises par le maire de la ville. « Elles ne sont pas de son domaine». Et de rappeler la loi No 1/01 du 16 janvier 2015 portant révision de la loi No 1/07 du 26 avril 2010 portant le Code de commerce. Les articles 45 à 51 de cette loi montrent à suffisance que le commerce ambulant est légalement accepté. Selon lui, aucune autorité ne peut changer ce Code du commerce, car c’est une loi qui émane du parlement et promulguée par le président de la République. «Ceux qui exercent le commerce ambulant sont reconnus et régis par des lois qui doivent être respectées par tout le monde. Si quelqu’un est enregistré comme commerçant ambulant, il est protégé par ce Code du commerce». Pour le président de l’Olucome, cette mesure est attaquable devant la justice et la personne qui l’a prise risque d’être sanctionnée. Aux yeux de

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l’Olucome, il est plus qu’urgent de redresser la situation. «Si ces commerçants ont été enregistrés en bonne et due forme par les services habilités, il peuvent se constituer en association puis chercher un avocat et porter plainte contre cette décision du maire de la ville. Une autorité ne doit pas improviser, il doit agir en commun accord avec les lois et textes en vigueur». Et de rappeler la loi No 1/22 du 25 juillet 2014 portant réglementation de l’action récursoire et directe de l’Etat et des communes contre leurs mandataires et leurs proposés qui peut frapper tous les mandataires publics qui usent abusivement de leurs pouvoirs en violation des règles et lois du pays. «Il ne faut pas que nos serviteurs se considèrent comme des superpuissances en faisant fi des lois comme par exemple ce code du commerce. Nous encourageons les commerçants lésés à porter plainte contre ces mesures».


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L'ÉVÉNEMENT

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• Jean Bosco Ndayikengurukiye: « Les dernières mesures du maire de la ville sont aussi inopportunes qu’inefficaces. » Selon le secrétaire général de la Coalition des forces de l’opposition burundaise pour le rétablissement de l’Accord d’Arusha (CFORArusha), ces mesures sont intervenues au lendemain de la réunion conjointe du ministre de l’Intérieur et celui de la Sécurité publique avec tous les responsables de l’administration locale à l’issue de laquelle des mesures caractéristiques d’un Etat d’urgence ont été prises. Selon lui, ces mesures en cascade cachent mal une peur panique au sein du pouvoir au lendemain de la résurgence des attaques rebelles dont celle qui s’est déroulée à Mabayi dernièrement.

• Hamza Venant Burikukiye : «La survie de la population devrait aussi être tenue en compte.» «S'il agit de garantir la sécurité de la population, les mesures qui s›imposent sont non seulement nécessaires mais aussi absolues», indique Hamza Venant Burikukiye, représentant légal de l’Association CAPES+. Toutefois, poursuit-il, la survie de la population devrait aussi équitablement être tenue en compte. « C›est pourquoi nous restons persuadés que d›autres mesures d›accompagnement seront prises aussi vite que possible pour que la population continue à jouir de ses libertés et droits fondamentaux». Surtout que, ajoute M. Buriku-

kiye, la paix et la sécurité règnent dans le pays comme l’a dit le maire de la ville. «Même si les détracteurs ne manquent pas».

Pour Jean Bosco Ndayikengurukiye, oser mettre la ville de Bujumbura en état d’urgence relève d’une lâcheté. «Le pouvoir est supposé avoir assez de moyens techniques et administratifs pour éviter d›être surpris et, partant, procéder à une défense stratégique contre ceux qu›il appelle sans raison les ennemis de la nation». Il fait savoir que ces mesures vont saper l’économie nationale déjà à genoux. «Le citoyen ordinaire déjà incapable de joindre les deux bouts du mois est sacrifié. Le secteur du tourisme, de l›hôtellerie et de l›investissement s'en trouvera absolument touchés».

Pour le secrétaire général du CFOR-Arusha, seule la garantie par le pouvoir des droits et libertés fondamentaux à chaque citoyen constitue un gage de sécurité stratégique nationale, au service de la paix durable. «Aujourd›hui, le pays n›a nullement besoin des mesures de sécurité typiques à l›état d›urgence, il a besoin des négociations inclusives pour créer un cadre politico-légal consensuel à même de faire respecter les acquis de l'Accord d›Arusha. La paix et la sécurité durables en dépendent. Toute autre mesure de sécurité ponctuelle est une perte de temps».

• Abdoul Kassim : «La mesure de réguler les heures d’ouverture des bistrots est venue à point nommé.» Pour Abdoul Kassim, président du parti UPD Zigamibanga, cette mesure de réguler les heures d’ouverture des bistrots était nécessaire. «Voir les gens en train de consommer la bière à 8h, c’est inadmissible. Cette décision est venue à point nommé». Concernant la mesure qui interdit le commerce des cartes de recharge sous de parasols, Abdoul Kassim indique qu’il ne comprenait pas, dans un premier temps, le bien-fondé de cette décision alors que c’est un commerce qui fait vivre beaucoup de personnes. «Aujourd’hui, je vois qu’ils continuent de travailler. Ce qui a changé, ce sont seulement les parasols qu’on a enlevés. Je trouve qu’il n’y a pas de problème». Pour le président de l’UPD Zigamibanga, les

Burundais doivent changer de mentalité et travailler dans le système formel. «Ces commerçants peuvent se constituer en associations de 5 ou 10 personnes et chercher les documents nécessaires afin de travailler tranquillement. Les empêcher de travailler n’est pas suffisant. Il faut les sensibiliser à intégrer le système formel». Pour ceux qui parlent d’une instauration déguisée d’un état d’urgence, Abdoul Kassim balaie cette idée d’un revers de main : «Aujourd’hui, il n’y a rien qui peut expliquer son instauration. D’ailleurs, ce n’est pas le maire de la ville qui peut prendre cette décision.» Pour lui, ce sont des rumeurs. «Au Burundi, il y a trop de désœuvrés. Ils passent leurs temps à colporter de fausses informations». F.M.

POLITIQUE

L'art de l'insignifiant en politique

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ans une allocution diffusée à la télévision nationale, lundi 18 novembre, le major Emmanuel Gahongano, chef du Bureau de la communication au sein de l’état-major général de la Force de Défense Nationale, a confirmé l’assaut : « La position attaquée est située sur le Mont Twinyoni, près de la frontière avec le Rwanda. » Il a, en outre, assuré que cette attaque a été perpétrée le 17 novembre vers 2h du matin par «un groupe armé de fusils en provenance du Rwanda. Ce groupe s’est replié au Rwanda après le forfait». Les partis Radebu, Sahwanya Frodebu Nyakuri, PMP Abagenderabanga et APDR « condamnent avec énergie cette agression militaire du Rwanda contre son voisin paisible le Burundi occupé aujourd’hui à renforcer de manière résolue la Démocratie, notamment par la préparation des élections de 2020 », dans un communiqué du 21 novembre, lu par le président du Radebu, Jean de Dieu Mutabazi. La division horizontale des tâches se voit ainsi transposée à la communication politique. La grande muette a donné le la sans pour autant porter l’ultime accusation à l’encontre du voisin du nord, laquelle pourrait pousser le chef de l’Etat à déclarer l’Etat de guerre avec son corollaire : arrêt des calendriers nationaux en cours d’exécution. Toutefois, cette éventualité est hautement improbable, l'une des deux priorités gouvernementales venant de se confirmer. « Analyser les voies et moyens pour la tenue des élections paisi-

bles » était la question débattue lors de la réunion tenue, jeudi 21 novembre, par le ministre de l’Intérieur, en collaboration avec celui de la Sécurité publique, à l’intention des gouverneurs et des commissaires provinciaux. Le rôle de « J’accuse » est dévolu, entre autres, à ces 4 planètes de la galaxie « DD » qui s’empressent de charger la barque. Une accusation gravissime sans le moindre début de preuve pour la soutenir. Du reste, son inconsistance s’enfonce dans les sables mouvants d’une incohérence soucieuse de préserver l’illusion d’une investigation dans les règles de l’art. Ces partis politiques signataires du présent communiqué « demandent également au Gouvernement burundais de saisir les instances judiciaires habilitées de la sous-région en particulier, de l’EAC et de l’UA pour diligenter une enquête neutre en vue d’établir les responsabilités et appliquer les sanctions appropriées contre l’agresseur rwandais. » Et la cerise sur le gâteau arriva. Ces formations politiques « invitent les pays voisins précisément ceux qui ont déjà été agressés par le Rwanda, à savoir la RDC, la Tanzanie et l’Ouganda à arrêter des mécanismes pour mettre ce voisin belliqueux et hégémonique hors d’état de nuire. » Du coup, le fameux « Sans effet » résonne comme le « Tout ce qui est excessif est insignifiant », maxime célèbre de Charles Maurice De Talleyrand-Périgord. Guibert Mbonimpa

Le président du Radebu soutenant que Kigali est derrière l’attaque du 17 novembre.

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POLITIQUE

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Chronique sur le message de haine

« Par intimidation, la tolérance cède la place à la violence» D’après certains jeunes, l’intimidation, surtout en période électorale peut-être un facteur de déstabilisation de la société et conduire à des violences de masse.

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iolences physiques, rumeurs, menace, isolement de la personne ou dans le cyberespace, etc. Ce sont quelques exemples des différentes formes que peut prendre l’intimidation, selon les témoignages des jeunes. Ils expliquent que l’intimidation n’est pas nécessairement de nature criminelle. « Au contraire, elle peut blesser profondément les personnes qui en sont victimes ». M.P. garde un souvenir amer de 2015. Habitant un quartier du nord de la ville de Bujumbura, il a été contraint d’intégrer un parti politique. « Comme il présentait des projets fantaisistes, j’ai refusé. Par après, j’ai été flagellé à maintes reprises. Ma famille qui n’appartient à aucun parti politique vivait dans la panique. Nous avons failli nous exiler», raconte-t-il.

Pour Divine Ininahazwe, étudiante en master en socio-anthropologie à l’Université du Burundi, l’intimidation reste un instrument de domination dans les pays dont le niveau de démocratie est encore bas. « Par manque de terrain d’entente, la tolérance cède la place à la violence. Le droit d’expression, d’opinion et d’appartenance sont bafoués». Cette étudiante déplore que le contenu des messages d’intimidation soit devenu viral sur les réseaux sociaux. « Les

militants des partis politiques se lancent des injures contenant des menaces. Les adversaires politiques se considèrent comme des ennemis.» Comme déjà observé dans le passé, poursuit-elle, les membres d’un groupe intimidés sont frustrés, à la longue, ils sont sur la défensive. « Le dénouement devient malheureux. C’est la violence de masse qui s’abat sur le pays. Nous vivons alors ses conséquences néfastes».

Des conséquences en cascade Blaise Iserimana abonde dans le même sens. Il considère qu’en période électorale, les actes d’intimidation deviennent monnaie courante. Le but ultime, analyse-t-il, est de gagner l’électorat par la terreur. « Les adversaires sont même tabassés et menacés de mort. Mon ami a reçu un message proférant des menaces sur le réseau social Facebook. Il s’est exilé, depuis ».

Les conséquences sont fâcheuses. Les membres indexés peuvent se coaliser pour préparer la riposte. Il s’ensuit une violence de masse et des pertes de vies humaines. Christophe Niyongendako, lui, juge que les pratiques d’intimidation n’ont pas de place dans la démocratie. « L’objectif pour les auteurs d’intimidation, c’est d’arriver à leurs fins avec facilité. Mais la compétition doit être franche». Ces jeunes convergent sur l’importance du respect de l’autre, pour une réussite des échéances électorales de 2020. « Ne pas considérer un adversaire politique comme un ennemi». Permettre à chacun, recommande M .Niyongendako, de défendre son projet de société d’une façon honnête pour l’intérêt général. Ces jeunes insistent sur la nécessité de faire recours à la justice pour les victimes de ces agissements : « Peu importe la situation, il est important d’agir, malgré la peur que l’on peut ressentir. Et de s’assurer que notre sécurité et celles des autres n’est pas menacée.» Jérémie Misago

ÉCONOMIE

Accès à l’emploi : les personnes handicapées haussent le ton Le non accès à l’emploi pour les personnes handicapées reste un grand défi au Burundi. L’Union des personnes handicapées du Burundi (UPHB) plaide pour la ratification de la convention 159 de l’OIT, le meilleur moyen de changer la donne.

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es personnes handicapées représentent entre 15 et 20 % de la population burundaise. Seulement 2% ont un emploi dans les entreprises, selon une enquête de l’ONG Handicap International de 2012, dans 5 provinces. C’est dans un atelier organisé jeudi 28 novembre que l’UPHB relève les différents défis auxquels font face les personnes vivant avec un handicap en matière d’emploi. D’après le président du Conseil national de surveillance (CNS) à l’UPHB, Jean Claude Niyongabo, les personnes handicapées sont les plus touchées par le chômage et la discrimination en matière d’emploi par rapport au reste de la population. Citant toujours la même enquête, il indique que 60% des entreprises ont affirmé ne pas avoir de personnes handicapées parmi leur personnel. Sur un total de plus de 25 mille emplois, 391 personnes handicapées sont

employées, soit un taux de 2%. L’inaccessibilité physique des milieux de travail est un autre problème important révélé par cette enquête. Seule une entreprise sur 317 visitées avait effectué l’aménagement des locaux pour faciliter l’accès aux différents lieux à tout le monde. M. Niyongabo évoque aussi les stéréotypes et attitudes négatives dans les milieux de travail : 17% des entreprises ont affirmé que les personnes handicapées sont victimes de stigmatisation sur le lieu de travail. 95% de ces entreprises affirment ne pas avoir reçu des séances de sensibilisation sur le handicap. L’exigence du certificat d’aptitude physique dans plusieurs appels d’offres constitue un autre défi important, pour l’UPHB. Le directeur exécutif de l’UPHB ajoute la quasi-absence des centres socio-professionnels pour

L'assistant du ministre de la Fonction publique (au milieu) promet de fournir au conseil des ministres un projet de ratification de la convention 159 de l'OIT

les personnes handicapées. « Il n’existe que deux centres au niveau national».

La ratification d’une convention spéciale, meilleure solution L’objectif majeur de cet atelier est de plaider pour la ratification, par le Burundi, de la Convention 159 de l’Organisation internationale du travail (OIT) relative à la réadaptation professionnelle et l’emploi des personnes handicapées de 1983. Un instrument juridique important pour cette catégo-

rie de personnes discriminées. Dans son article 2, cette convention stipule que « tout membre devra, conformément aux conditions et à la pratique nationale et en fonction de ses possibilités, formuler, mettre en œuvre et revoir périodiquement une politique nationale concernant la réadaptation professionnelle et l’emploi des personnes handicapées. » Et dans son article 4, « ladite politique devra être fondée sur le principe d’égalité de chances entre les travailleurs handicapés et les travailleurs en général… » L’assistant du ministre de

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la Fonction publique, Didace Nzambimana, reconnaît que l’insertion économique des personnes handicapées reste un défi majeur au Burundi. Selon lui, les programmes ministériels, internationaux devraient faciliter l’accès à l’emploi décent aux personnes handicapées. Il affirme, dans son discours, qu’après cet atelier, le ministère va proposer un projet de document de ratification de la Convention 159 de l’OIT qui pourra être présenté au conseil des ministres. Clarisse Shaka


ÉCONOMIE

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Emplois perdus avec le manque de la bière Skol La boisson Skol n’est plus disponible sur le marché burundais. Pour les commerçants, le manque à gagner est énorme. Dans les bars, les serveurs ont perdu leur emploi. Le ministère du Commerce dit ignorer la raison du manque de cette boisson en provenance du Rwanda

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epuis le mois de septembre, un capital de 6 millions BIF investi dans le commerce du Skol ne génère rien », se lamente Célestin Mutima, propriétaire du Bar-resto « Nobel. » Il fait savoir que cette somme a été seulement investie dans l’achat des tables et chaises plastiques de Skol de couleur jaune. Ce commerçant indique que si cet argent avait été investi dans une autre affaire, il aurait rapporté facilement 600 mille BIF. Ce jeune homme témoigne qu’il utilisait 8 millions BIF pour s’approvisionner en boisson Skol. « Je ne me plaignais pas. Je gagnais plus d’un million et demi par mois ». Il tient à préciser que cette bière rwandaise avait une grande marge bénéficiaire par rapport aux autres boissons. Elle rapportait 8000 BIF par caisse de vingt bouteilles. Par ailleurs, Skol était devenu l’une des boissons préférées par le consommateur à revenu moyen. Là où le bât blesse, c’est que le manque de produits Skol a provoqué également la baisse du chiffre d’affaires d’autres boissons et des produits de la cuisine. D’après lui, suite au manque de Skol, le bénéfice a chuté de plus de 40%. Cet homme d’affaires explique que les consommateurs de cette bière ne venaient pas seuls. Ils étaient accompagnés par leurs familles, amis et parentés consommant d’autres boissons. Ainsi, ce bar en profitait pour écouler les produits de la cuisine. La suspension de la commercialisation de ce produit n’a pas seulement affecté les commerçants, les serveurs ont été touchés aussi. Au bar-resto « Nobel », cinq serveurs qui avaient été recrutés pour servir Skol sont en chômage technique. « C’est triste de mettre au chômage un employé qui travaille bien. Mais, nous n’avons pas de choix. Ils n’ont pas de travail », indique le propriétaire.

La situation risque de perdurer M. Mutima confie qu’il ne pouvait pas garder des employés alors qu’il ne sait pas quand cette boisson sera de nouveau disponible. « C’est déplorable. Personne ne sait où se trouve le problème». Cette situation risque

de perdurer. Il explique que son fournisseur ne le rassure pas, il a même déjà pris les caisses vides. Mêmes lamentations chez le gérant du bar « La confiance » située au centre-ville de Bujumbura. Le manque à gagner est énorme. Les consommateurs du Skol ne viennent plus. « Regardez la cour extérieure est vide. Il y a trois mois, cette rue était occupée par plusieurs consommateurs», s’indigne-t-il. Depuis le mois de septembre, les serveurs et les agents commerciaux sont les premières victimes de l’arrêt de commercialisation de cette boisson. Ils ont perdu leur emploi. Ces hommes et femmes sont plongés dans l’amertume et le désespoir. « Je ne sais où mettre la tête. Je suis au chômage depuis le mois de septembre », déplore l’un des agents commerciaux de l’entreprise fournisseuse de cette boisson. Par ailleurs, précise cette même source, je ne suis pas le seul. Cinq agents commerciaux sont aujourd’hui au chômage. « Imaginez le calvaire que nous endurons avec la cherté de vie actuelle». Cet emploi était leur seule source de revenus. Parmi eux, il y a des pères et mères de famille. Ils ont des familles à prendre en charge. Ils payaient le loyer et frais de scolarité. Leurs familles croupissent dans la misère.

Célestin Mutima : « Depuis le mois de septembre, un capital de 6 millions BIF investi dans le commerce du Skol ne génère rien.»

Emploi perdus

commencé la promotion de cette explique-t-il, les clients étaient bière rwandaise depuis 2010. Les des amis. « Ils me donnaient tou« Je ne comprends pas ce qui se consommateurs conjours un pourboire. passe. Nous avons été mis au chô- naissaient déjà la bière «Le problème Je recevais plus de mage technique alors que la situ- Skol, introduite en 2009 d’importation 30 mille BIF par ation financière de notre entre- au pays. de cette bière semaine. » Pour prise est bonne », s’indigne notre « Pourquoi un tel produit le moment, John rwandaise craint que le prosource. qui a créé l’emploi n’est D’après elle, cet arrêt brusque plus disponible sur le date du mois priétaire le chasse est tombé au sol burundais de la maison qu’il d’août. » moment où alors que la loue. «Pourquoi un tel cette boisson brasserie rwancommerproduit qui a créé daise n’a aucun pro- çants, serveursCes commençait et agents coml’emploi n’est plus blème ? », s’interroge merciaux demandent le débà gagner le marché. locage de la situation. disponible sur le cette source. « C ’é t a i t Même son de cloche A l’origine sol burundais alors chez John, qui était un coup de que la brasserie massue pour serveur au bar-resto Un agent commercial, sous nous, qui « Nobel ». Ce père de couvert d’anonymat d’une des rwandaise n’a avions sué famille ne sait plus à sociétés qui vend ce produit, aucun problème ? » quel saint se vouer. révèle la genèse du problème : pour faire des publicités et Depuis le mois de « Le problème d’importation de des promoseptembre, il n’a pas cette bière rwandaise date du mois tions. », fulmine-t-elle. Nous encore payé le loyer. « Cet emploi d’août.» espérions récolter le fruit de était ma seule survie». Ce serveur C’est au mois d’août, deux notre labeur et cette bière gag- témoigne que même si le patron véhicules qui transportaient nait du terrain. lui demandait de travailler sans des caisses de Skol du Rwanda Cette source fait savoir qu’elle a être payé, il accepterait. Car, étaient bloqués à la frontière

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burundo-rwandaise située à Kirundo. Selon cette source, ces deux sociétés ont négocié avec l’administration. Après quelques jours, ces véhicules ont traversé la frontière. « Nous avons écoulé cette boisson, mais depuis lors aucun camion n’a été autorisé d’entrer sur le territoire burundais. », indique notre source Cette boisson d’origine rwandaise a inondé le marché burundais depuis 2010. Aujourd’hui, deux sociétés assurent l’importation. A ce propos, le secrétaire permanent au ministre du Commerce, Samson Ndayizeye, ne va pas par quatre chemins : « J’ignore les raisons du manque de cette boisson rwandaise sur le territoire burundais. » Iwacu a essayé de contacter le représentant de l’entreprise Skol au Burundi en vain. Pierre Claver Banyankiye


ÉCONOMIE

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Polémique autour de la nouvelle réglementation des changes Tout voyageur devra désormais déclarer la somme d’argent à sa disposition à l’entrée comme à la sortie de chaque frontière. Ces déclarations se feront via un formulaire. Les agents de l’OBR et du service des migrations se demandent la finalité des fonds saisis.

S

elon les nouvelles règles des changes de la Banque de la République du Burundi du 17 septembre dernier, le montant déclaré ne devra pas dépasser la somme en cash de 200 mille BIF ou 10 mille USD. Le montant qui dépassera ce plafond sera saisi. «Quelle sera la finalité des fonds saisis ?», demande Sébastien Barahinyura, chargé des postes des douanes dans les régions ouest. Lors de cette réunion d’échange organisée, mardi 26 novembre, par la BRB et les agents de l’Office des recettes Burundais et le service des migrations. Bonaventure Nimirije, chargé des opérations sur la frontière de Mubimbi, a exprimé la préoccupation de savoir à qui incombe la responsabilité entre l’Office

des douanes et le service des migrations. Il indique que sur le formulaire, seul l’agent des douanes a le droit de signer. «On s’est convenu que les agents de l’OBR et le service des migrations ont une part de responsabilité pour assurer la sécurité de ces fonds saisis», répond Prosper Ngendanganya, directeur de la supervision à la BRB. Il précise que les fonds saisis seront acheminés à la Banque centrale. Quant aux responsabilités des signatures, les agents des douanes et le service des migrations devront collaborer. Mais le directeur de la supervision souligne que c’est aux agents des douanes de prendre le devant. Dans tous les cas, une faible sensibilisation des voyageurs sur

Les agents de la douane et le service des migrations lors de la réunion d'échange organisée à leur endroit par la BRB

la nouvelle réglementation des changes reste l’une des lacunes observées par la BRB dans différ-

entes frontières visitées. Prosper Ngendanganya se dit, toutefois, optimiste quant à la mise en

application de cette réglementation. Audrey Rigumye

DROITS DE L'HOMME

« Enceinte de trois mois, il m’avait tellement rouée de coups que je me suis évanouie » Au lendemain de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, quelques victimes de violences conjugales racontent leur calvaire.

L

e cauchemar de K.L. commence en 2015. De petite taille, en robe noire, elle raconte que la violence de son conjoint s’est éveillée par le fait d’une relation extraconjugale de la part de ce dernier: «Tu n’as plus ta place dans cette maison! Je vais en épouser une autre plus instruite que toi!» lui balance son conjoint. Par la suite, ont suivi des menaces de mort: «Je vais te mettre en pièces et t’enterrer dans cette chambre!» K.L. prend peur, mais hésite à quitter le foyer conjugal malgré les accès de violences quasi-quotidiennes de son époux. «Une nuit, j’ai fait un mauvais rêve où je voyais mon mari m’abattre avec une machette. Le lendemain, j’ai pris mes cliques et mes claques pour partir. M’ayant surprise au moment de franchir la porte, mon conjoint a fondu sur moi pour m’arroser de coups». K.L. témoigne que ce jour-là, les voisins sont intervenus et lui ont conseillé

d’aller déposer plainte auprès de la justice. Ce qu’elle a fait. «Après presque deux ans de procédure judiciaire, le divorce a été prononcé et j’ai obtenu la pleine possession de la maison que je partageais avec mon conjoint.» Son ex-époux n’a pas arrêté pour autant de lui nuire: «Un jour, il a débarqué chez moi et m’a frappée. J’ai pu joindre à ce momentlà l’administrateur communal de Rohero qui l’a fait incarcérer. Après un séjour de quelques jours au cachot de la commune, il a juré de ne plus recommencer et il fut relâché.» Aujourd’hui, K.L. rapporte que son ex-mari violent vit aujourd’hui avec sa concubine et que malgré la décision judiciaire, son mari a réussi à lui arracher leurs enfants qu’il tient très à distance de leur mère : «Cela fait deux ans que je n’ai pas vu mes enfants. A un moment donné, un d’entre eux a tenté d’entrer en contact avec moi, mais son père dont il utilisait le téléphone m’a mise sur liste noire», raconte cette jeune maman avec une voix douloureuse.

Un époux violeur D.S. est une jeune femme un peu timide au visage rieur. Comme avec K.L., tout part d’une infidélité conjugale: «J’ai

K.L. : « Cela fait deux ans que je n’ai pas vu mes enfants.»

été mariée en 2011. Les premiers mois, je nageais en plein bonheur avec mon ex-époux.» Dès 2012, la situation se corse: «Il a commencé à rentrer à des heures assez tardives. Entre 23h-24h.» Quand D.S cherche des explications, elle se voit rétorquer «de se mêler de ce qui la regarde». Très vite, D.S. découvre que son conjoint la trompe: «Au début, il le dissimulait, mais après, ayant pris de l’assurance, il s’est mis à se vanter sur ses conquêtes ‘mille fois plus intéressantes que moi’.» Et d’ajouter : «Quand

je me confiais à des membres âgés de ma famille et ma belle-famille, j’ai eu droit à ‘’ainsi va la vie de couple’’ pour toute réponse, un classique de la culture burundaise.» Son couple prend l’eau, mais D.S s’accroche, pas question pour elle de mettre un terme à ce mariage. En 2014, elle tombe enceinte de son premier enfant: «Cette grossesse l’a rendu furieux. Pour lui, ce n’était pas le bon moment pour concevoir.» Les violences physiques démarrent: «Une nuit, alors que j’étais

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enceinte de trois mois, il m’avait tellement rouée de coups que je me suis évanouie. Je me suis réveillée saignant du nez.» Son ex-conjoint a dû l’emmener à l’hôpital où il a expliqué aux médecins que son épouse «avait glissé sur le carrelage de la douche». Tout à coup, D.S. a le regard fuyant. Elle est prête à révéler quelque chose dont elle a encore de la peine à parler aujourd’hui: les viols conjugaux qu’elle a endurés. «A un moment donné, nous faisions chambre à part. Toutefois, il faisait régulièrement irruption dans la mienne pour exiger des rapports sexuels ‘’auxquels il avait droit’’. Parfois, suite au traumatisme psychologique, je souffrais d’écoulement vaginal, mais il n’en avait cure. A la fin, j’avais des douleurs terribles.» Grâce à l’aide de l’AFJB (Association des femmes juristes du Burundi), elle obtient le divorce en février 2017 après avoir quitté son ex-époux en décembre 2016. Interrogée sur les liens que son fils, aujourd’hui âgé de cinq ans, entretient avec son père, sa réponse est sans appel : «Mon fiston ne veut même pas entendre parler de son père. De toutes les façons, ce dernier ne s’était jamais soucié de son fils.» Alphonse Yikeze


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Droits de l'Homme

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Commune Mutimbuzi

Régularisation des unions libres, un bilan mitigé taire dans la zone Gatumba estime qu’il faut une protection de ces femmes : « Ces femmes ont été mises dehors par leurs partenaires masculins, sans possibilité de réclamer ni dommages ni intérêts. Elles sont déstabilisées. Leurs droits ont été bafoués.» Il interpelle les autorités communales à prendre des mesures d’accompagnement pour venir en aide à ces femmes délaissées.

Plus de 5 mille couples ont régularisé leur mariage dans la commune Mutimbuzi, depuis l’appel lancé par le président Nkurunziza déclarant hors la loi l’union libre et le concubinage. Les femmes délaissées en payent le lourd tribut.

La loi doit être respectée

J

’ai été délaissée. Mon mari a préféré se marier légalement avec la première femme. Je m’occupe seule de mes quatre enfants. Il m’est difficile de nouer les deux bouts du mois », se lamente N.C., rencontrée tout près de la zone Rubirizi. La situation reste préoccupante pour ces femmes non choisies. De son côté, Bernadette ne cache pas son angoisse : «Je ne sais sur quel saint me vouer. J’ai été abandonnée. Je ne parviens pas à payer le loyer», raconte-telle en sanglots.

Joël Habiyambere : « C’est une obligation qui leur sera bénéfique car cela va leur éviter beaucoup de problèmes dans l’avenir.»

Les enfants ne sont pas épargnés des conséquences néfastes d’une telle situation. « Les enfants risquent d’être affectés par une séparation imposée à leurs parents. La vie partagée entre

parents reste fondamentale pour l’épanouissement des enfants surtout sur le plan affectif », fait observer Jeannette Ndayikeza, leader communautaire. Un autre leader communau-

Joël Habiyambere, conseiller de l’administrateur chargé des questions administratives et sociales, fait savoir que la loi sur les VBG doit être respectée. Il estime qu’il y a respect des droits de la femme dans un couple légalement marié. Il met en avant les avantages que les couples tirent de la légalisation de leur mariage. Pour lui, c’est une obligation qui leur sera bénéfique car cela va leur éviter beaucoup de problèmes dans l’avenir. Il promet des sanctions à l’encontre des récalcitrants. Par ailleurs, il estime que la légalisation a porté des fruits. Avant le mariage officiel des

couples vivant en unions libres, fait–il remarquer, il y avait des abus envers les femmes dans les ménages. Elles étaient répudiées sans aucune autre forme de procès et leurs enfants en payaient le lourd tribut. Et de marteler : « Les ménages sont stables. Les enfants sont enregistrés à l’état-civil et bénéficient des extraits d’acte de naissance leur permettant la gratuité des soins et des études.» A propos de la gestion des femmes délaissées, cet administratif indique qu’il y a eu un problème pour les hommes dans le choix de la femme à marier. Mais il se veut rassurant : « Avant de célébrer le mariage, le concerné devrait nous dire comment il va prendre en charge la femme non choisie et ses enfants.» Pour rappel, le président Nkurunziza avait déclaré hors la loi l’union libre et le concubinage, dans un discours prononcé le 1er mai 2017. Les couples vivant en union libre devaient mettre fin à cette relation et se marier officiellement. Félix Haburiyakira

SANTÉ

Allaitement maternel exclusif pour une bonne santé du nourrisson Selon le ministère de la Santé publique, l’allaitement maternel exclusif revêt une importance capitale pour la santé du nourrisson et de la mère. 83% des femmes le pratiquent pendant les 6 premiers mois.

L

e lait maternel comble les besoins nutritifs et affectifs liés à la croissance optimale des mutations du nourrisson. « Pas besoin de complément alimentaire. En plus d’être propre, il contient des anticorps qui protègent contre les maladies telles que la diarrhée et les infections respiratoires. Il réduit la morbidité et la mortalité infantile», a indiqué Fidèle Nkezabahizi, directeur du programme national intégré de l’alimentation et de la nutrition. Un atelier média a été organisé ce mardi 26 novembre en prélude à la semaine mondiale de

l’allaitement maternel qui sera lancé le 29. Ce médecin assure que l’allaitement maternel exclusif est avantageux pour une mère allaitante. Il réduit les risques de cancer du sein, de l’ovaire et l’ostéoporose ». Il représente également un contraceptif à 89% pendant les premiers 6mois. Pour lui, il est essentiel d’amener les deux parents, la famille et la communauté à faciliter l’allaitement exclusif au lait maternel. Actuellement, l’allaitement maternel exclusif de 0 à 6 mois représente 83%. Ces chiffres varient en fonction des milieux. « En milieu rural, les femmes qui allaitent exclusivement au lait maternel, donc sans autres compléments d’aliment y compris l’eau, représentent 86 % tandis qu’en milieu urbain, elles ne sont que 78 %. Nous sommes avancés par rapport aux autres pays.» Fidèle Nkezabahizi demande aux employeurs de créer des conditions favorables permettant aux femmes allaitantes d’aller nourrir leur nourris-

Les journalistes participant à l’atelier média en rapport avec la semaine mondiale de l’allaitement maternel.

son au lait maternel. « Elles sont beaucoup occupées par le travail au bureau ou à d’autres services et leurs enfants restent à la maison. C’est la raison pour laquelle

le taux d’allaitement en milieu urbain est bas». La semaine mondiale de l’allaitement maternel, célébrée la première semaine d’août, le

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sera au Burundi du 29 novembre au 5 décembre sur le thème : « Autonomiser les parents-Faciliter l’allaitement maternel.» Jérémie Misago


AU COIN DU FEU

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Avec Francis Rohero Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Francis Rohero.

V

Votre plat préféré ? Le poisson frais du lac Tanganyika sous toutes ses formes.

otre qualité principale ? L’amour du prochain. Je ne supporte pas voir les gens souffrir. Ceci pour vous dire qu’à chaque instant, je cherche à résoudre les problèmes des autres.

Votre chanson préférée ? La musique douce me va. Cela étant, je n’ai pas de chanson particulière.

Votre défaut principal ? L’impatience. Des fois, il m’arrive de me mettre en colère quand quelqu’un me fait trop attendre.

Quelle radio écoutez-vous ? Plusieurs radios. Au quotidien, je change de fréquences à tout moment selon que je veux les journaux ou la musique.

La qualité que vous préférez chez les autres ? La joie, l’ambiance. J’adore voir les autres heureux et profiter de la vie.

Avez-vous une devise ? Je dirais oui : « Etre frère de tous ».

Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? L’égoïsme, la cupidité, la recherche à tout prix de l’intérêt personnel.

Votre souvenir du 1er juin 1993 Une joie immense, un espoir que le Burundi n’allait plus reculer, une conviction que l’avenir dès cet instant nous ferrait oublier le passé.

La femme que vous admirez le plus ? Mère Teresa, un exemple de l'amour du prochain.

Votre définition de l’indépendance ? C’est quand le peuple est heureux quand il est gouverné par ses propres fils. Si non à quoi bon d’être indépendants si les populations doivent souffrir et fuir leurs pays à cause des intolérances fondées sur diversités culturelles, religieuses, professionnelles, géographiques et morales.

L’homme que vous admirez le plus ? Martin Luther King, un exemple de détermination dans la nonviolence. Votre plus beau souvenir ? La naissance de mon fils en 2001. Votre plus triste souvenir ? Ne pas avoir connu mon père. D’après ses contemporains, il était un homme très joyeux et amusant. Quel serait votre plus grand malheur ? Mourir sans avoir vu une génération burundaise plus consciente. Vieillir en entendant encore dans les médias des hommes et des femmes qui pensent que leurs ethnies valent plus que leur nationalité. Bref, partir pour de bon, sans avoir vu une alternative qui ose dire non à cette hérésie politique. Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? La fondation de la Nation burundaise par le premier roi, Ntare Rushatsi. Un acte fonda-

teur, car il a pu fédérer les petits royaumes.

Le métier que vous auriez aimé faire ? L’architecture. J’aime dessiner, j’adore les belles villes, les constructions ingénieuses, les routes et les ponts, l’aménagement du territoire.

La plus belle date de l’histoire burundaise ? L e 1 e r j u i l le t 1 9 6 2 , l’indépendance du Burundi. « La haine ne peut

Votre passetemps s’ériger en mode de préféré ? La plus terrible ? vie. » Toutes les dates La Télévision, suroù un Burundais tout quand il s’agit meurt à cause de l’intolérance des documentaires économiques et politique, de ce qu’il est, de ce de sport de compétition. qu’il pense (ethnie, opinion, etc). C’est terrible! Parce que la Votre lieu préféré haine ne peut s’ériger en mode au Burundi ? de vie. Les bordures du lac Tanganyika.

Le pays où vous aimeriez vivre ? Sans aucun doute le Burundi. Le voyage que vous aimeriez faire ? Survoler le monde et admirer la géographie mondiale qui me fascinait durant mes études secondaires : l’Amazonie, les océans polaires, l’Himalaya, la Sibérie. Bref, visiter toutes ces cités qui sont le berceau des grandes civilisations millénaires. Votre rêve de bonheur ? Voir un Burundi réconcilié.

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Votre définition de la démocratie ? Croire juste au fond de soi que l’autre a exactement besoin de tout ce dont tu as besoin et qu’il ne doit pas lutter pour l’avoir, mais que l’on peut se l’offrir mutuellement. Votre définition de la justice ? Une mise à découvert de la vérité et uniquement de la vérité. J’ai horreur d’une procédure judiciaire qui se soucie de consoler les victimes en fabriquant des bourreaux probables sans pouvoir rétablir la vérité. La nouvelle Constitution vous convient-elle ? Laquelle ? On en a deux ! Je crois plus en moi et aux idées qui


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AU COIN DU FEU

rassemblent un peuple avant de juger n’importe quelle loi. Une loi ne peut pas être une barrière tant qu’un peuple est conscient de son avenir et qu’il est déterminé à atteindre son objectif. Pourquoi avez-vous choisi de vous présenter en tant que candidat indépendant ? Parce que je crois en une relation entre un peuple et un leader, et non à un nom et à des insignes. Parce que je veux quelque chose d’inédite et quitter le moule. Et surtout parce que j’aime les challenges : entrer en profondeur en parlant des idées du salut public et éviter de mobiliser la population sur les erreurs des autres, leur habillement, les noms qu’ils se donnent, les différences corporelles ou historiques. Je veux prendre le temps de convaincre chaque burundais sans lui donner une casquette et un parti, sur son éducation, sa santé, son habitat, son travail, son revenu, son accès au crédit, ses droits élémentaires, sa liberté et son épanouissement, sa retraite et sa précarité… Et dans ce cas de figure, il n’y a pas de différence avec les autres Burundais pour que je les distingue en leur promettant le meilleur si les autres coulent. Après soixante ans d’expérience des partis politiques, les

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burundais peuvent comprendre que leur véritable réussite dépend en quelque sorte de la limite qu’ils s’imposeront à offrir complètement leurs esprits aux groupes qui font de l‘antagonisme un mode de vie.

Dieu, ils savent qu’Il n’agit qu’à travers des âmes de bonne foi qui sont tout autour de nous. C’est dommage que nous soyons marqués par les quelques bêtises humaines qui nous empêchent de constater l’immense « Les Burundais amour humain qui n’ont pas besoin nous accompagne partout.

Candidat à la prochaine élection présidentielle, si d’urgentes vous êtes élu à la magismesures. Parce trature suprême, quelles Pensez-vous à la seraient vos urgentes mort ? l’expérience mesures ? Naturellement. Elle aidant, ceci Les Burundais n’ont pas est ce qui suit après la peut tourner en naissance et la vie sur besoin d’urgentes mesures. Parce l’expérience aidant, terre. Je n’ai pas pensé populisme. » ceci peut tourner en popuà ma naissance, mais je lisme après quelques lunes. Ils ont besoin prépare ma mort heureuse après avoir d’une vision bien pensée et surtout réaliaccompli ma noble mission sur terre. ste, plus d’un homme rassembleur. Je suis Je crois que je la mène avec plaisir. de ceux qui pensent que tout ce qui a été dit comme étant un problème politique Si vous comparaissez devant Dieu, n’est que conséquence malheureuse que lui direz-vous ? d’un manque de leadership pouvant Depuis que je vis, je dis toujours à donner une vision économique qui sert beaucoup de mes semblables que je le Murundi afin qu’il cesse de croire que les aime, alors qu’elles ne sont que son bonheur ne sera possible que si les des humains comme moi. Avec tout autres sont à son merci. son amour sans limite, indéfectible, comment hésiterai-je un instant dire Croyez-vous à Dieu que je l’aime ? à la bonté humaine ? Absolument! Même ceux qui parlent de Propos recueillis par Hervé Mugisha

Bio express

E

nfant unique, Francis Rohero est né à Bujumbura, le 16 janvier 1972. Chrétien catholique pratiquant, il a vécu une enfance heureuse avec sa maman veuve depuis 1972. Il dit qu’il tient sa piété de sa maman. Il a fait ses études à l’Athénée primaire avant d’être orienté au Lycée du Saint Esprit puis au Séminaire de Buta. A l’université, il a commencé par embrasser la carrière de prêtrise avant de se raviser et d’intégrer l’Université de Yaoundé II. Passionné de politique, depuis 2006, il anime un courant de pensée qui se réclame de la maturité publique (l’orange mûre est son symbole, ndlr). Son objectif : promouvoir le leadership, la non-violence pour un « Burundi Prospère Ambitieux et Paisible ». Et tout récemment, il vient d’annoncer qu’il briguera, lors des élections de 2020, le poste de président de la République en tant que candidat indépendant. Comme carrière professionnelle, M. Rohero a travaillé à la Deuxième vice-présidence de la République comme conseiller économique. Actuellement, il est cadre administratif à l’Université du Burundi. Francis est marié et père de trois enfants.

SANTÉ

Contraception : environ 1/3 de la population concernée

35% est le taux moyen d’utilisation des méthodes contraceptives modernes au niveau national, en 2018. Le non accès géographique à ces méthodes, les contraintes socio-culturelles et religieuses, entre autres barrières.

L

e taux d’adhésion aux méthodes de planification familiale est passé de 42% en 2016 à 35 % en 2018, selon le bilan 2018 du Programme national de la santé de la reproduction (PNSR). Le taux d’abandon de la contraception moderne est estimé à 39%, en 2017, selon l’Enquête démographique de santé (EDS 2016-2017). L’une des causes est l’absence de maîtrise de gestion des effets secondaires de certaines méthodes (saignements, perturbation du cycle menstruel, etc.), d’après Sadique Niyonkuru, chargé de communication au PNSR. L’Association burundaise pour le bien-être familial (Abubef) a déjà enregistré plus de 21 mille clientes au cours du premier semestre de cette année, dont plus de 7 mille âgées de moins de 25 ans. En 2018, plus de 41 mille femmes ont adhéré aux méthodes contraceptives. La grande préoccupation reste la Vision 2025 qui consiste à diminuer le taux de croissance de la population avec 3 enfants par femme. Or, l’indice de fécon-

Taux d’adhésion à la contraception moderne par province

dité est de 5,5 enfants par femme, aujourd’hui. Pour atteindre cet objectif, il faut avoir un taux d’utilisation de la contraception de 60%, au niveau national. Un objectif très difficile à atteindre, assure Sadique Niyonkuru.

Des défis à relever Sadique Niyonkuru relève les obstacles majeurs à l’adhésion massive aux méthodes contraceptives : le non accès géographique aux services contraceptifs. L’EDS évalue à 18% les femmes qui veulent adhérer aux méthodes mais qui n’y ont pas accès. Le faible niveau de scolarisation des clientes. La non adhésion des deux conjoints aux services de planning familial. « Souvent, c’est l’affaire de la femme seule». L’insuffisance du personnel qualifié pour l’offre de certaines méthodes à longue durée. Les contraintes socio-culturelles et religieuses, etc. Ce chargé de communication au PNSR évoque certaines solutions en cours : la formation des prestataires de soins sur la technologie des méthodes contraceptives. « Il

Provinces

Taux

1. Ngozi

68%

2. Ruyigi

54

3. Karusi

43,8

4. Muyinga

43,5

5. Rumonge

43,4

6. Bururi

43,2

7. Bubanza

42,5

8. Cibitoke

37

9. Mairie

34,3

10. Makamba

27,7

11. Kirundo

27,4

12. Cankuzo

26,9

13. Muramvya 21,4 Plus de 2 millions de préservatifs masculins ont été écoulés en 2018.

faut que chaque centre de santé dispose d’au moins deux unités formées». La mise en place des postes secondaires offrant des services de planification familiale pour minimiser les barrières géographiques, etc. Le préservatif masculin et les injectables (DMPA) sont les méthodes les plus utilisées en 2018 avec respectivement plus de 2 millions et plus de 800 mille, selon le bilan du PNSR.

L’implant, les contraceptifs oraux ou pilules, le dispositif intra utérin (DIU) ou stérilet, le préservatif féminin, la ligature des trompes et la vasectomie chez les hommes sont les autres méthodes utilisées par les Burundais. Ces deux dernières sont les moins pratiquées.

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Clarisse Shaka

14. Bujumbura rural

20,3

15. Rutana

19,6

16. Gitega

17,7

17. Mwaro

16,3

Source : Bilan 2018 du PNSR


ENVIRONNEMENT

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Où est passé le ‘‘Clean and Waste Free Bujumbura’’ ? Le projet Clean and Waste Free Bujumbura (CaWFB) a été signé en 2014, entre le ministère de l’Environnement et l’ORIO, le programme néerlandais de développement des infrastructures. Cinq ans après, sa réalisation se fait toujours attendre.

A

travers la construction de trois stations de transfert (à Buterere, Mpimba et Nyabaranda) ainsi qu’un site de réserve appelé Ntahangwa, le CaWFB visait une mise en œuvre d’un système de collecte, de recyclage, de compostage des ordures sauvages, ménagères, industrielles et sanitaires couramment produites à Bujumbura. Outre ces stations, une nouvelle décharge devait être mise en place à Muzinda, avec une capacité suffisante pour servir de dépôts d’ordures non recyclables pendant au moins 10 ans. Initié par le ministère de l’Environnement, ce projet devait être exécuté par les services municipaux de la ville de Bujumbura sur un financement de 11,8 millions d’euros, dont 80% de l’ORIO. Néanmoins, sa mise en œuvre était conditionnée à un Certificat de conformité environnemental et social délivré par le ministre de l’Environnement, après con-

sultation d’une étude d’impact environnementale et sociale (EIES) faite sur le projet.

Des défis pour la réalisation du projet Dans le cadre de l’accord de partenariat entre le ministère de l’Environnement et la Commission néerlandaise pour l’évaluation environnementale(CNEE), le ministre a adressé fin 2013 une correspondance à la CNEE demandant son avis sur l’EIES faite sur le CaWFD. «Nous avons l’honneur de vous demander votre appui technique dans les préparatifs du projet ‘‘Clean and Waste Free Bujumbura (CaWFB)’’ financé par le programme ORIO», écrivait Jean Claude Nduwayo. Un avis défavorable à l’exécution du projet finira par tomber, une année après. «La CNEE constate que l’EIES et sa documentation présentent des défauts essentiels et est d’opinion que dans sa forme actuelle, elle ne pourra pas servir de base pour l’octroi du permis environnemental pour le projet proposé», lit-on dans l’étude

A travers le CaWFB, la gestion des ordures allait passer aussi par leur recyclage

sortie le 12 décembre 2014. Dans cette étude, l’équipe de la CNEE dépêchée à Bujumbura, qui assure avoir collaboré avec celle du ministère ayant fait l’EIES, relevait plusieurs défis. Et ce, après notamment des entretiens avec le promoteur du projet, les populations environnantes des stations prévues pour la gestion des ordures, la visite de ces dernières, etc.

« On est à la quête de nouveaux bailleurs » Parmi les principaux défis, la CNEE déplorait que la durabilité

et la pérennité du système de gestion de déchets après projet ne soient pas suffisamment justifiées. En outre, l’EIES ne présente pas les points de vue et opinions des populations avoisinantes des sites pour les stations de transfert et la décharge. Et elle n’évalue pas suffisamment les risques du transport de matériaux dans la phase de construction. La commission néerlandaise recommandait en conséquence de revoir tous les défis relevés. Depuis, l’exécution du CaWFB se fait toujours attendre. Une source digne de foi, qui a requis

l’anonymat, confie que le projet a été suspendu, suite à «de grands enjeux », ajoutant que «tout n’est pas néanmoins perdu». Interrogé, Ramadhan Nkurikiye, conseiller principal du maire de Bujumbura, soutient qu’il ne sait pas grand-chose sur ce projet. Il assure, toutefois, que suite aux questions politiques, les Hollandais se sont désistés alors que les études sur le projet étaient terminées. Et de conclure que le projet est toujours d’actualité : «On est à la recherche de nouveaux bailleurs qui peuvent l’exécuter. L’objectif est le traitement des déchets.» Edouard Nkurunziza

«Les gens ici ne dorment plus» Un ravin géant menace les infrastructures de la 5e avenue du quartier Gisyo en commune Kanyosha. Les habitants et un élu local sonnent l’alerte.

M

ercredi 27 novembre, 10h30. La 5e avenue du quartier Gisyo est en voie d’être coupée en deux. En cause, un immense ravin situé à la jonction du cimetière de Kanyosha, du lycée de la Convivialité et des maisons d’habitation est en train de s’écrouler à vive allure. Au départ, une canalisation construite par les Chinois mais qui a tenu le temps d’un éclair. «L’écroulement a commencé petit à petit et, par la suite, a pris de l’ampleur», témoigne un natif du quartier, un homme d’âge mûr. Il informe qu’une villa appartenant à un colonel s’est déjà effondrée. En face de l’ancien emplacement de la demeure du colonel, une maison a été désertée par ses occupants. «D’autres

Une maison qui menace de s’écrouler.

maisons courent le risque d’effondrement. Avec la période actuelle des pluies, les gens ici sont très inquiets et ne dorment plus». Et d’ajouter que des sépultures du cimetière de Kanyosha se sont déjà effondrées. Marc Nteturuye, élu collin-

aire, avance que le problème a été soumis en haut lieu, depuis longtemps : «A chaque fois, on nous dit d’attendre. Entretemps, les locaux du lycée convivialité sont menacés et des maisons d’habitation ont déjà été emportées par l’écroulement. C’est une grosse perte pour les gens

qui ont construit leurs domiciles dans ce secteur.» Joint au téléphone, Jean-Bosco Ntunzwenimana, ministre des Transports, des Travaux publics et de l’Equipement, a affirmé que cette situation est connue du ministère, depuis un an. Celui-

www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org Sensibilisation à la prévention du choléra au marché de Buterere

ci est à la quête de moyens suffisants pour effectuer les travaux de réparation de ce ravin. Alphonse Yikeze


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SPORT

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Basketball

Kararuza éjecté du siège de la Febabu ? la non transparence dans la gestion des ressources financières de cette nouvelle discipline , l’absence de formation pour les arbitres internationaux, son manque d’investissement pour construire des infrastructures appropriées, les récents rapports faisant état de la vente de ballons à des particuliers, le peu d’investissement pour la participation de l’équipe nationale et clubs champions à des compétitions régionales, etc.

Douze présidents des associations affiliées à la fédération de basketball du Burundi(Febabu), via une motion de défiance, ont signifié à Augustin Kararuza, son président, qu’au vu de ses manquements, ils lui retirent leur confiance.

Kyrielle de motifs

I

ncapable de tenir en compte les multiples recommandations pour redynamiser la fédération, au contraire, s’obstinant à torpiller davantage ses activités, sans oublier son parti-pris pour le club Dynamo, nous avons pris la décision de le suspendre et son comité de ses fonctions », résume en substance le communiqué du 27 novembre. Entre autres accusations, ces présidents lui reprochent d’avoir toujours voulu la jouer solo, privilégiant le club Dynamo. « Son rôle dans la pénalisation de l›équipe championne les Gazelles au tournoi régional de

Kararuza poussé vers la sortie.

la zone 5, son manque d’initiative pour promouvoir le développement du basketball burundais en sont le parfait exemple », martèle Sef Sabushimike, président par intérim. Les récents rapports faisant écho de son implication dans les forfaits de l’équipe les Gazelles, explique-t-il, ont été

un coup dur pour les jeunes basketteuses, dont les rêves et les ambitions ont été sérieusement mis à mal. La liste des manquements n’est pas exhaustive. Outre l’opacité dans la sélection des joueurs qui participent aux tournois du Basket 3×3, M. Sabushimike déplore

Pire encore, se désole-t-il, c’est sa propension à toujours favoriser l’équipe Dynamo. « Une collusion sans nom que nous ne pouvons pas tolérer ». Allusion faite au championnat national, édition 2017. Plusieurs associations l’avaient boycotté, suite à son forcing de laisser jouer Jean Hakizimana, meneur de Dynamo, alors qu’il n’était pas homologué. Pour M. Kararuza, des allégations infondées. Dans une correspondance adressée à la ministre du Sport, il explique : « Selon

le réglement de la Febabu, en son article 221, le président du comité ne peut être jugé que si les 2/3 de l’assemblée générale sont réunis. Or parmi les signataires, il y a ceux qui ne sont plus membres de la Febabu ». Il cite notamment l’association de Muramvya, de Kirundo et celle de Rutana. Avant de s’interroger sur la procédure de succession : « En vertu de l’article 74, si le président du comité exécutif démissionne ou est démis de ses fonctions, il est remplacé par son vice-président ».Or dans ce cas de figure, poursuit-il, M. Sabushimike qui s’est autoproclamé président par intérim n’a pas été élu. D’après lui, il devrait préalablement démissionner. Preuve que ces présidents sont décidés d’aller jusqu’au bout, sur 14 associations membres de la Febabu, douze ont déjà donné leur accord pour sa destitution. Selon le réglement d’ordre intérieur de la Febabu, les élections du nouveau comité exécutif se tiendront après 30 jours. Hervé Mugisha

Football

Primus ligue : la phase retour promet

L

eader au classement avec 32 points, avec la phase retour en vue, la formation en provenance de Ngozi aborde un virage de tous les dangers. En embuscade, Flambeau du Centre et Musongati FC. Respectivement 2e et 3e au classement, ces équipes guettent son moindre faux pas. Intraitable à domicile, ses deux matches nuls contre BS Dynamique et Kayanza United ont montré qu’il est prenable. «Une baisse de rendement, conséquente à un léger coup de fatigue », tente de justifier son coach. La Cecafa Cup, se profilant à grands pas, il espère récupérer des joueurs en pleine forme et désireux d’accrocher un 2e titre à leur palmarès. Deuxième avec 29 points, à sa 2e saison dans l’élite, Flambeau du Centre est la surprise

de cette phase-aller. Une bonne dynamique, en grande partie, explique Hassan, fan, fruit d’une bonne communication entre le staff technique et les joueurs. « C’est la famille, on ne se cache rien». Solide au milieu du terrain, elle est l'une des meilleures défenses du championnat. Quant à son voisin et poursuivant direct au classement, Musongati FC espère continuer sur sa bonne série de victoires. Avec une rencontre en retard, nombre d’observateurs estiment que contrairement à l’année passée, il a la carrure d’un champion. « L’expérience, elle l’a. Aux joueurs de bien gérer la fin de saison. ». Une erreur, tranquillise Hassan, capitaine, que nous devons à tout prix éviter. Avec le retour des joueurs expatriés au Rwanda (expulsés suite à l’affaire

© Droits réservés

Dimanche 24 novembre, la phase-aller s’est clôturée. Et malgré son nul contre BS Dynamique (1-1), Messager Ngozi reste leader. « Au vu du faible écart de points avec ses poursuivants directs, un statut qui lui sera difficile de conserver », s’accordent à dire nombre d’observateurs avisés.

Messager Ngozi caracole en tête du classement.

des cartes nationales d’identité, ndlr), ce dernier espère qu’ils auront une largeur de banc amplement suffisant.

Des élèves à la traîne Cinquième avec 23 points, les mauves et blancs semblent mal embarqués pour l’exercice 2019/20. Et ce, malgré un changement de son comité exécutif. Même cas de figure pour Aigle Noir. Pointant à la 7e place, les noirs et blancs alternent le bon et le moins bon. Avec plus

de 3 défaites, le champion en titre sortant a montré certaines faiblesses. « Certes, les départs de ses cadres a occasionné un coup de frein, mais aussi ces joueurs pèchent par trop de confiance, oubliant qu’ils sont la cible à abattre», opine Musa, fan. Cette saison, une exception. De la 7e place jusque l’avant dernière place, les équipes se tiennent dans un mouchoir de poche. Seuls 3 points les séparent .D’emblée, poursuit Musa, une situation qui présage une lutte acharnée pour le maintien.

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Et contrairement aux saisons antérieures, cette année, les promus tirent leur épingle du jeu. Bumamuru pointe à la 4e place, BS Dynamique est 7e tandis qu’Inter Star est 8e. Une attention particulière aux faiseurs de champions, en l’occurrence Les Lierres, Kayanza United. Leurs propensions à battre les cadors leur donnent un statut d’adversaires redoutables. Signalons que la phase retour démarre avec janvier 2020 avec le retour des U 23 de la Cecafa Cup. H.M.


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Région Sud

AU CŒUR DU PAYS

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Rumonge

Des latrines publiques inexistantes ou mal entretenues Sur certains lieux publics dont certaines écoles, les marchés, les ports de pêche, les églises, les axes routiers, il s’observe un manque criant de latrines. Des voix s’élèvent pour demander la construction et l’entretien des latrines pour se prévenir contre les maladies liées au manque d’hygiène. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

A

u niveau de certaines écoles de la ville de Rumonge, des latrines existent mais leur entretien laisse à désir. Au niveau du marché central, des latrines sont insuffisantes compte tenu du nombre de personnes qui y fréquentent et certains indiquent qu’ils se rabattent dans d’autres lieux hors du marché pour se soulager. Sur certains ports de pêche, des latrines sont inexistantes. Les pêcheurs, les commerçants et les consommateurs font leurs besoins dans le lac Tanganyika avec toutes les conséquences, comme le souligne un des pêcheurs qui a requis l’anonymat. H.A, un chauffeur d’un bus de transport en commun dit que les latrines sont inexistantes sur les différents axes routiers, les voya-

Région Centre

geurs sont obligés de se soulager dans la brousse le long des axes routiers. Il interpelle les autorités administratives et sanitaires à mobiliser la population pour construire des lieux d’aisance le long des axes routiers afin de permettre aux voyageurs de se soulager dans des latrines publiques. Ce conducteur interpelle les opérateurs économiques à construire des latrines au niveau des axes quitte à faire payer les voyageurs afin d’assurer l’entretien de celles-ci et partant aider à la prévention des maladies des mains sales.

Encourager les initiatives privées Au niveau même de certains ménages, il s’observe un manque de latrines ou des latrines mal construites ou mal entretenues. Certaines personnes rencontrées dans la ville de Rumonge encouragent les opérateurs privés

Marché de Mutambara, commune Rumonge, sans latrines publiques

qui commencent à investir dans la construction des latrines payantes pour pallier ce problème. Ces latrines tenues par des privés sont propres par rapport aux latrines publiques. Les autorités administratives devraient encourager les initiatives privées de construction des latrines pour aider à la prévention des maladies et à la promotion de l’hygiène. La province de Rumonge est une province à risque compte tenu des épidémies cycliques de choléra qui l’ont secouée dans un

passé récent. Le lac Tanganyika qui héberge une biodiversité et qui est considéré comme un réservoir d’eau douce devient de plus en plus une poubelle. Les autorités administratives en collaboration avec les autorités sanitaires et les responsables des églises doivent arrêter des stratégies pour que la population s’approprie les mesures d’hygiène en commençant par la construction et un bon entretien des latrines, suggèrent les sources locales.

Certains responsables des organisations de la société civile demandent d’inclure dans les critères d’évaluer les performances des communes le critère « présence des latrines ». Dans l’immédiat les conseils communaux devraient mettre en place un budget pour la construction des latrines sur les lieux publics. Signalons que le 25 novembre est la journée internationale dédiée aux latrines.

Gitega

Une étrange maladie frappe les porcs Plusieurs éleveurs ont déjà perdu leurs bêtes suite à une maladie non encore identifiée. Ils appellent les services d’élevage d’intervenir le plus rapidement possible. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

D

ans les communes Bugendana et Mutaho, les éleveurs ont la peur au ventre. Ils se demandent si leurs bêtes ne vont pas succomber à une maladie qui reste jusqu’ici mystérieuse et que personne n’a pas encore identifiée. Selon les habitants qui ont vu leurs porcs mourir sans rien y faire, l’animal commence à perdre l’appétit, la température corporelle monte en flèche, les oreilles perdent le poil et au bout de deux jours le porc succombe. « Quand je me lève tôt le matin, la première chose à faire est d’aller inspecter si tous mes porcs sont tous debout. Si je n’entends pas de grognement dans la porcherie mon cœur cesse de battre », a confié un habitant de Bugendana rencontré au chef-lieu de la commune. Les habitants de Bugendana

et Mutaho rencontrés sont toujours inquiets. Il ne se passe pas un jour sans que quelqu’un de l’entourage ne signale qu’une ou deux de ses bêtes ne mangent plus et ne peuvent plus se tenir sur leurs pattes. « Ce qui nous angoisse plus, c’est d’entendre que même le vétérinaire communal a perdu tous ses porcs. Dans ce cas, nous doutions qu’elle ne serait pas une maladie nouvelle qui résiste à tous les médicaments », souligne une femme qui affirme avoir perdu tous ses 7 porcs en un seul jour. D’après ces hommes et femmes éleveurs, la situation est d’autant plus inquiétante dans la mesure où ni l’administration ni les services d’élevage ne sont en mesure d’identifier cette maladie. Le seul geste qu’ils ont pu faire, c’est d’interdire un moment la vente et l’abattage des porcs mais que cette interdiction n’a duré qu’une semaine sans fournir aucune autre justification. Les grillades de porcs étaient servies

Les porcs meurent chaque jour d'une maladie non encore identifiée

à qui veut manger dans les bistrots ce mardi 26 novembre.

Attente des résultats du laboratoire Contactée, la direction provinciale de l’agriculture, l’environnement et de l’élevage à Gitega dit que pour le moment cette maladie n’est pas généralisée dans toutes les communes ou sur plusieurs collines de la

province de Gitega. « Nous avons envoyé des échantillons dans le laboratoire à Bujumbura pour faire des diagnostics et nous attendons les résultats», a lancé le directeur provincial de l’agriculture, l’environnement et de l’élevage tout en promettant de donner plus de détails prochainement. Actuellement, la population est déboussolée. Elle ne peut pas

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préciser si c’est une pandémie ou une maladie ordinaire .Mais ce qui est vrai, c’est qu’aucun médicament n’est venu à bout de cette attaque mystérieuse qui a laissé des pleurs et du chagrin dans beaucoup de ménages de Bugendana et Mutaho. En attendant, les bouchers et les commerçants spéculent sur la vente des porcs. Pour les uns, il faut faire vite en se débarrassant des animaux encore sains pour ne pas perdre tout avant que cette maladie ne se généralise. Et pour les autres, il ne faut pas dépenser beaucoup d’argent et surtout ne pas acheter plus car ils ne sont pas sûrs si la situation ne pourra pas être chaotique, si par malheur on déclare les porcs invendables ou interdits à l’abattage. « J’ai un mauvais souvenir de la maladie qui a attaqué les chèvres ici même à Bugendana. J’avais plus de vingt chèvres destinées à vendre mais quand la zone a été mise en quarantaine j’ai tout perdu, l’argent et les bêtes », a déclaré un commerçant de Bugendana. Et aux éleveurs de déplorer : « Nous sommes obligés de brader notre élevage, nous ne savons pas ce que demain nous réserve ! »


AU CŒUR DU PAYS

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Région Ouest

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Cibitoke

Timide commerce entre Rugombo et la RD Congo Les autorités de la commune Rugombo ont pris des mesures pour réduire les exportations de produits alimentaires vers la RD Congo depuis une semaine. Les Congolais n’autorisent pas non plus le commerce vers le Burundi. L’administration communale à Rugombo promet une rencontre avec celle de l’autre côté de la frontière. De notre correspondant Jackson Bahati

P

oste frontalier de Rubenga, commune de Rugombo, frontière avec le groupement d’Itara-Luvungi territoire d’Uvira en République Démocratique du Congo. La population, surtout les commerçants d’Itara-Luvungi sont frustrés. Pour cause, plus de 270 kg de farine ont été saisis la semaine passée et conservés au bureau de la commune Rugombo. Ce lundi 25 novembre, un de ces Congolais s’est présenté au bureau de la commune pour réclamer ses 30 kilos de farine saisis, sans succès. Ces Congolais ne comprennent pas cette décision soudaine car ces deux pays échangent normalement les produits commerciaux et les relations sécuritaires et sociales sont bonnes depuis longtemps. Des familles

Pas de marchandises au poste de Rubanga entre la commune Rugombo et le groupement d' ItaraLuvungi

organisent des mariages entre les populations des deux pays et autres cérémonies. Des commerçants burundais rencontrés à la rivière Rusizi qui exportent les produits Brarudi (Amstel, Primus, Limonades) au Congo et de retour importent

d’autres produits de ce pays ont aussi été dépouillés de leurs biens.

Bientôt une rencontre entre les autorités Les autorités du territoire d’Uvira sont indignées contre cette mesure qui pourrait affecter

les bonnes relations existant entre le Burundi et le Congo. Ombeni Kimbumbu Joseph Mbabaro, parlementaire provincial élu dans le territoire d’Uvira, affirme qu’au Congo de nombreux Burundais poursuivent leurs études et s’approvisionnent

au Burundi. Ce représentant du peuple demande à l’administration de la commune Rugombo de revoir cette décision « car le Burundi et le Congo sont des pays frères ». Béatrice Kaderi, administratrice de la commune Rugombo, souligne que cette mesure a été prise pour réglementer les exportations de denrées alimentaires vers les pays voisins afin de bien gérer la récolte dans le pays. « Les Burundais ont besoin d’argent, mais ils doivent aussi garder la nourriture et la consommer pour une bonne santé », estime-t-elle. Cette autorité communale précise que cela ne devrait pas entraver les bonnes relations entre les deux pays. Elle promet de se concerter avec les autorités du groupement d’Itara-Luvungi pour voir comment gérer ensemble cette situation.

Publireportage

S.A.D : « Non aux grossesses en milieu scolaire ! » Prévenir et réduire les grossesses précoces en milieu scolaire, le souci de l’association Social Action for Development (S.A.D). Elle vient de lancer officiellement le projet visant le respect de la dignité des filles, soutenu par l’Ambassade de France.

R

enforcement du respect des droits de la femme à travers la lutte contre les violences faites aux filles dans les familles et en milieu scolaire ». C’est le projet, initié par S.A.D et soutenu par l’Ambassade de France au Burundi, lancé ce mardi 26 novembre dans la province Rumonge. Baptisé « Action Nyubahiriza : Respectez mes droits et dignité », ce projet qui s’étend sur 10 mois, vise à améliorer la prévention et la réduction des violences faites aux filles par le renforcement des capacités de différents acteurs sur le respect des droits de la femme et la dignité de la fille, selon Bienvenue Munyerere Magorwa, représentant légal de S.A.D. Educateurs, représentants du ministère des droits de l’Homme, des associations œuvrant dans la protection des droits de l’enfant, des administratifs de la province Rumonge… étaient réunis, lors de ce lancement, pour proposer des

stratégies concrètes d’éradication des grossesses précoces en milieu scolaire. Dans son discours, l’Ambassadeur de France au Burundi, Stéphane Gruemberg, affirme que les femmes et les jeunes filles burundaises sont encore confrontées à de nombreux défis dont les grossesses précoces. « Certes les causes de ces grossesses sont multifactorielles. Mais protéger les enfants relève en général du devoir de la communauté, des parents et du système éducatif en particulier », soutient l’Ambassadeur. Il indique que les résultats de ce projet déjà obtenus dans six écoles pilotes de Rumonge démontrent que les grossesses précoces sont une triste réalité mais pas une fatalité. « Il est possible de combattre ce fléau. » Quant à la représentante du département enfant et famille au ministère des droits de la personne humaine, des affaires

sociales et du genre , la problématique des grossesses précoces en milieu scolaire doit interpeller tout le monde car elle est l’une des causes d’abandon scolaire pour les jeunes filles, chaque année. L’autorité provinciale de Rumonge reconnaît également cette problématique des grossesses et mariages précoces. Vu les résultats que le projet a déjà générés, il a plaidé au côté de l’Ambassade de France au Burundi d’étendre ce projet dans toute la province Rumonge. Le même plaidoyer a été réitéré par le Directeur communal de l’enseignement, de la formation technique et professionnelle.

Abandon scolaire, des chiffres alarmants ! Dans sa présentation, le spécialiste en développement communautaire, Serges Claver Nzisabira, montre que de 2009 à 2016, plus de 14 mille filles burundaises ont abandonné l’école suite à la maternité précoce. Jusqu’en 2018, plus de 2000 cas se sont ajoutés. Quelques stratégies pour mettre fin au phénomène de grossesse en milieu scolaire seront proposées par les participants. Il faudra retenir : la sensibilisation

De gauche à droite, les représentants du ministère des DH, du gouverneur de Rumonge, l’Ambassadeur de France, sa conseillère et le représentant légal de S.A.D.

des enfants et des parents sur les établissements scolaires. La création des clubs d’encadrement dans les écoles. L’organisation des séminaires pour les jeunes et les parents pour les convaincre que l’éducation est une priorité pour les enfants, pas le mariage. Encourager la communication entre les parents et leurs enfants. Dans le cadre de ce projet, 240

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élèves de six écoles pilotes ont été encadrés pendant les camps de vacances et ont été formés comme pairs éducateurs. Dans 8 quartiers de la commune Rumonge, 160 parents ont été également formés comme pairs éducateurs et ces derniers collaborent avec 60 enseignants de six écoles pilotes, d’après le représentant légal de S.A.D.


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Dr Obeng, pour une chirurgie de qualité accessible à tous Le chirurgien plasticien de Beverly Hills Dr Michael K Obeng et Global Health Solutions s’engagent à renforcer le domaine de la chirurgie au Burundi. Une initiative qui entre dans le cadre de l’amélioration de la qualité de vie de la population des pays en voie de développement

D

qués dans la mise en œuvre, dont les produits et services couvrent la portée de l’initiative. Global Health Solutions préparera une planification de projet complète et de bout en bout qui couvrira divers aspects de la gestion et du financement du projet, notamment la conception, la construction, l’adaptation des protocoles opérationnels et de soins aux patients.

u 23 au 26 octobre, le Dr Michael K.Obeng et Global Health Solutions ont pris part à un mouvement qui vise le renforcement des capacités du secteur chirurgical au Burundi. Venus sur invitation du ministère de la santé publique et grâce à l’initiative de la Fondation Lance d’Afrique, Dr Obeng et son équipe ont eu l’occasion de mener des évaluations approfondies des installations et infrastructures chirurgicales existantes dans l’ensemble du pays afin de renforcer les capacités chirurgicales. «Lancé en 2016, GHS est issu de mes nombreux voyages à travers le monde, où j›ai constaté le besoin de soins de santé de première classe dans les pays en développement. Mon équipe et moi-même veillerons à ce que les citoyens burundais, en particulier les professionnels de la santé, bénéficient de la meilleure éducation possible en matière de santé grâce à cette initiative », a déclaré le Dr Obeng Le Dr Obeng a pour objectif de fournir des solutions de soins de santé durables et de haute qualité dans les régions défavorisées du continent.

Une relation transparente et coopérative Contrairement à de nombreuses autres solutions de santé, Global Health Solutions introduit des solutions technologiques de pointe et de classe mondiale pour améliorer la vie des citoyens ayant besoin de soins médicaux. « Les gens ne devraient pas mourir juste parce qu’ils ne peuvent pas avoir accès à des interventions chirurgicales localement par manque de matériel », estime le Dr Obeng. De son côté, le ministre de la santé publique et de la lutte contre le SIDA Thaddée Ndikumana s’est dit satisfait de la visite du Dr Obeng et son équipe. « Nous avons apprécié positivement cette visite et nous espérons que le partenariat entre le MSPLS et Global Health Solution apportera une plus-value aux malades burundais » a déclaré le ministre Ndikumana. Global Health Solutions vise à établir une relation transparente,

Plus de 100 chirurgies gratuites en 2020

DR Obeng

proactive et coopérative avec le gouvernement du Burundi et le

ministère de la Santé publique, en créant un consortium dirigé

par Global Health Solutions et composé de partenaires impli-

Le Dr Obeng dirige aussi l’initiative annuelle RESTORE Worldwide Inc. qui propose une assistance médicale et une éducation aux soins de haute qualité. Avec son équipe de professionnels de la santé, il conduira plus de 100 chirurgies reconstructives gratuites en 2020 dans le cadre du programme médical annuel. Des missions seront effectuées dans des pays en voie de développement et dans le monde entier. La formation de R.E.S.T.O.R.E est le résultat d’inspirations de mentors et d’autres organisations similaires. De manière plus significative, elle a été inspirée par ses propres modestes débuts au Ghana, où le Dr Michael K.Obeng a été témoin des effets dévastateurs des maladies et des conséquences négatives des difformités.

Ministre de la santé publique Thaddée Ndikumana avec Dr Michael K Obeng

À propos de Michael K. Obeng, MD, FACS Dr. Obeng est le fondateur et PDG de R.E.S.T.O.R.E. Il est un chirurgien plasticien diplômé et diplômé de Harvard, pratiquant dans le triangle médical de Beverly Hills. Il est membre de l’American College of Surgeons et fait actuellement partie du personnel du

Cedars-Sinai Medical Center à Los Angeles. Ancien chef de la chirurgie plastique au Centre de santé St. Elizabeth Boardman dans l’Ohio, aux États-Unis, le Dr Michael K Obeng est maintenant directeur du centre de chirurgie plastique MiKO et du centre de chirurgie

MiKO à Beverly Hills. Il est président et chef de la direction de Global Health Solution, une société de conseil en soins de santé qui comble le fossé entre la morbidité et un mode de vie sain. Le Dr Michael K Obeng estime qu ‹«un pays en bonne santé est un pays riche».

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Mes études d’abord, les élèves s’engagent Mes études d’abord ». Tel était le thème d’un atelier de sensibilisation envers 140 jeunes filles élèves et leurs 28 encadreurs (tantes et pères) de 14 écoles de la Mairie de Bujumbura tenu ce 23 novembre 2019.

C

et atelier a été organisé par le ministère en charge de l’éducation conjointement avec le Ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida avec l’appui technique et financier du Fonds des Nations Unies pour la Population « UNFPA » et Higherlife Foundation d’Econet. Les jeunes présents ont eu l’occasion d’échanger sur les causes, les auteurs et les conséquences des grossesses chez les élèves ainsi que les solutions pour les éliminer afin de contribuer à l’accomplissement du potentiel des jeunes filles. Pour Jeanine Ihorihoze Directrice Générale de l’enseignement fondamentale et post fondamentale général et pédagogique, les grossesses figurent parmi les causes d’abandon scolaire.

1792 grossesses en 2019 Dans son échange avec ces jeunes filles, elle leur a montré que selon la troisième enquête démographique et de santé effectuée sur la période 2016-2017, 8 % d’adolescentes de 10 à 19 ans avaient au moins un enfant contre 11% en 2010. Mme Ihorihoze cite certaines causes de grossesses des élèves comme le manque d’information : « il y a notamment la dégradation des mœurs, et les valeurs culturelles burundaise ont perdu leur sens. Mais aussi la pauvreté dans les familles et les causes liées au matérialisme des élèves filles, le manque d’information correcte pour éviter les grossesses. Les autres causes sont entre autre l’usage abusive des outils de communication, le manque d’encadrement dans les familles où nous constatons que certains parents ont démissionné dans leur rôle d’éducation parentale ». Mme Ihorihoze appelle ces élèves à se tenir informé mais aussi à échanger ces informations : « À ces jeunes filles, nous demandons de pouvoir approcher les parents et les éducateurs pour avoir de bonnes informations afin d’adopter un comportement sain et responsable mais également partager cela avec leurs pairs ». Les élèves présentes à cet atelier ont pris conscience qu’une grossesse peut les pousser à abandonner l’école et ne pas avoir un bel avenir. Elles disent s’engager à suivre les conseils de leurs parents et des enseignants mais aussi à sensibiliser leurs camarades à prendre au sérieux les études afin

de lutter contre ces grossesses. Pour Clarisse Akimana, élève en 3ème sciences sociales et humaine au lycée municipal de Nyakabiga, les jeunes filles élèves devraient apprendre à dire non à tout ce qui pourrait les inciter à abandonner les études et à faire le bon choix des amis. Mlle Akimana souhaite à l’avenir devenir un modèle pour ses camarades : « Les connaissances acquises m’aideront à adopter un meilleur comportement à la maison, à l’école et être un modèle pour les autres ».

L’objectif premier, c’est l’école Quant à Hafsa Mpawenimana élève au lycée municipal de Ngagara, les jeunes filles ne savent pas très bien comment cohabiter avec certaines personnes ce qui les attirent dans le vagabondage sexuel et par là elles arrêtent leurs études. Pour elle, l’objectif premier, c’est l’école et promet de tout faire pour sensibiliser ses amies : « Je vais dire à mes camarades que notre priorité est d’abord nos études, partager les connaissances sur le comportement sain et responsable pour éviter les grossesses chez les élèves ». Mlle Mpawenimana souhaite

Jeanine Ihorihoze : La dégradation des mœurs, et les valeurs culturelles burundaise ont perdu leur sens.

que les jeunes filles augmentent les occasions de dialoguer avec leurs parents pour recevoir

d’eux des conseils sur la santé de la reproduction. De leur côté, les pères et tantes

Hafsa Mpawenimana : Je vais dire à mes camarades que notre priorité est d’abord nos études

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encadreurs au niveau des écoles disent être engagés pour accompagner les élèves à sensibiliser leurs pairs à la lutte contre les grossesses. Désiré Simbizi, un des pères encadreurs du lycée municipal de Musaga, se dit joyeux du thème de l’atelier. Pour lui, la jeune fille doit se concentrer aux études et non aux choses qui nuiraient à son avenir et épanouissement : « Ces grossesses chez les élèves sont à bannir et nous devons conjuguer les efforts pour y arriver ». Mr Simbizi encourage également les parents à dialoguer avec leurs filles sur ces sujets dits tabou afin d’éviter que ces jeunes aillent chercher des informations au mauvais endroit. Précisons que deux tiers de toute la population burundaise (65,7%) ont moins de 25 ans dont 21,6% varie de 15 à 24 ans. De plus, 25% des décès maternels enregistrés dans les hôpitaux ont moins de 25 ans. C’est pour cela que selon le Fonds des Nations Unies pour la Population «UNFPA», « Quand les filles sont instruites, en bonne santé et peuvent éviter le mariage et grossesse précoces ainsi que le VIH, elles peuvent contribuer pleinement à leur épanouissement et autonomisation mais également au développement durable et équitable du pays ».


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