IWACU 548

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IWACU N°548 – Vendredi 13 septembre 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Burundi-Tanzanie

Une convention de rapatriement décriée

ÉCONOMIE Six projets de la Banque mondiale tombés en annulation

AU COIN DU FEU

SOCIÉTÉ P.5

Peste caprine : les communes réclament l’indemnisation

P.6

Avec Marie Nzigamye

P.9


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LA DEUX Editorial

Vendredi, 13 septembre 2019 - n°548

Une conférence nationale sur la santé

Par Léandre Sikuyavuga Directeur des Rédactions

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es réfugiés burundais vivant dans les camps en Tanzanie sont sommés de revenir au bercail « de gré ou de force ». Un accord de rapatriement a même été conclu entre les ministres burundais et tanzanien de l’Intérieur. Ce document qualifié de « top secret », signé sans le HCR qui serait « une des barrières au rapatriement », est passé entre les mailles du filet. Les réseaux sociaux en ont fait une grande diffusion. Il précise dans les moindres détails le déroulement des opérations. Le rapatriement débute le 1er octobre, au rythme de deux mille par semaine. Avec fin décembre, tous les réfugiés devraient être dans leur pays d’origine. Par ailleurs, le ton est donné, les dés sont jetés : les marchés et les boutiques, à l’intérieur du camp de Nyarugusu, sont fermés. Ces décisions ont provoqué un vif tollé, des ricanements chez les défenseurs des droits humains et au niveau de la communauté internationale. Pour l’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands lacs, le rapatriement forcé est un crime contre les droits humains. En effet, tout rapatriement doit être volontaire, durable et conduit dans la sécurité et la dignité. Comme on n’avise pas son exil, le retour devrait être spontané, automatique. Néanmoins, il y a certains préalables. Le réfugié craint entre autres l’insécurité, la stigmatisation et la discrimination, l’impossibilité de poursuivre l’éducation après le rapatriement, la difficulté de trouver un emploi, le non accès à des soins de santé essentiels. Ces appréhensions doivent préoccuper nos autorités, les hanter. Je salue le discours centré sur la tolérance politique, la cohabitation pacifique, le respect de l’être humain que le secrétaire général du parti au pouvoir est en train de tenir. Cela rassure, apaise et calme les esprits déjà chauffés quelques mois avant les élections. Les tensions, voire les violences de ces derniers jours, surtout entre certains militants de sa formation politique et ceux du CNL n’auguraient rien de bon. Au contraire la peur, la méfiance, la haine entre les filles et les fils d’une même Nation. Car comme l’a dit Voltaire : « La tolérance n’a jamais excité de guerre civile ; l’intolérance a couvert la terre de carnage. » Une raison de plus qui décourage les réfugiés à rentrer « pour ne pas subir le même sort. » Que les autres responsables prennent leur courage à deux mains et lui emboîtent le pas pour répondre aux préoccupations de ces réfugiés. Le rapatriement viendra de soi.

Le ministère de la Santé publique organise une conférence nationale sur la santé du 16 au 18 septembre sur le thème « Droit à la santé et bien-être pour tous à travers une action multisectorielle ». Elle permettra d’affronter d’une manière horizontale les défis liés à la couverture sanitaire universelle.

Mise en disponibilité pour les candidats au master Dans une correspondance adressée au recteur de l’Université du Burundi, le ministre de l’Education demande l’exigence d’une copie de la mise en disponibilité pour les candidats au master. Car certains personnels quittent leurs postes d’attache pour continuer leur formation soit à l’Université du Burundi, soit à l’ENS.

Le flambeau de la paix 13e édition lancé à Karusi Le flambeau de la paix 13e édition a été lancé par le chef de l’Etat au chef-lieu de la province Karusi, mardi 10 septembre, sur le thème « Notre pays avant tout». Il s’arrêtera le 20 septembre prochain.

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

Emmanuel Niyoyabikoze, environnementaliste, © Droits réservés

Non au rapatriement forcé

En hausse

Sur le vif

En coulisse

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our avoir reçu le prix Global Peace Excellence Award ainsi que trois médailles dans une formation Global Youth Peace Ambassador Training Program 2019 aux Maldives.

Directeur des Rédactions adjoint : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa et Arnaud-Igor Giriteka Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza

En baisse

Le couple Gabriel et Candide Mpozagara,

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ugé coupable pour traite d’être humain à l’encontre de Méthode Sindayigaya durant la période 2008-2018 en France.

ANNONCE

Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société : Clarisse Shaka Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza, Edouard Nkurunziza, Jérémie Misago Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

APPEL A PROPOSITION - RFP Ref: PBF Burundi RFP 235BDI3000 La Maison de l’UNESCO pour la culture de la paix au Burundi a bénéficié d’un financement PBF pour projet conjoint UNFPA/UNICEF/UNESCO, intitulé « Appui à la résilience des jeunes face aux conflits sociopolitiques au Burundi ». Dans ce cadre, elle lance un appel à proposition pour des services de « Renforcement des capacités des jeunes bénéficiaires et des réseaux communautaires des jeunes en matière de résilience par le théâtre interactif, dans la production et le montage des pièces de théâtres et leur accompagnement pour des représentations en vue du changement dans la communauté face au passé douloureux du Burundi ‘’ conformément au présent document d’invitation à soumissionner. Les candidat(e)s intéressé(e)s (personnes physiques ou morales) sont invités à consulter le site de l’UNESCO : http://www.unesco.org/new/fileadmin/MULTIMEDIA/FIELD/Yaounde/ images/Appel_a_propositions_RFP_Theatre_Interacif_PBF_Burundi_R.pdf La date limite de soumission des offres est le 27 septembre 2019.

Plus de 3,2 millions est l’effectif des élèves inscrits pour l’année scolaire 2019-2020

Source : Le ministère d’Education

Une pensée

« La forme supérieure de l’opposition, c’est la création.» De Lev Kopelev

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L'ÉVÉNEMENT

Vendredi, 13 septembre 2019 - n°548

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Rapatriement coûte que coûte des réfugiés burundais Depuis le 9 septembre, les réfugiés burundais du camp de Nyarugusu sont privés de marchés. Une situation intenable exacerbée par l’accord signé entre le Tanzanie et le Burundi de lancer une vaste campagne de retour en masse des réfugiés à partir du 1er octobre prochain. prise quelques jours avant. Le gouvernement a stoppé tout rapatriement volontaire prévu ce mois de septembre dans le cadre de la tripartite Tanzanie, Burundi, HCR. Les réfugiés censés revenir au pays devront attendre le retour massif début octobre. Il semble donc que le pouvoir de Magufuli campe sur sa position de renvoyer les Burundais chez eux. Une décision prise à l’issue de la visite du ministre de l’Intérieur burundais du 23 au 24 août. Il a été reçu par son homologue tanzanien et ensemble, ils ont visité les camps de Nduta et de Mtendeli. Les ministres burundais et tanzanien de l’Intérieur ont signé un nouvel accord de rapatriement des réfugiés burundais. Cet accord indique que les Burundais doivent regagner leur pays, car la paix est totale.

L’accord prévoit un retour de 2000 réfugiés par semaine d’ici le 1er octobre « Ils doivent rentrer chez eux, coûte que coûte. Le Burundi a recouvré la paix et la sécurité.

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es marchés du camp de Nyarugusu sont dorénavant fermés depuis le 9 septembre. Des réfugiés qui se ravitaillaient dans les trois marchés que comptait le camp se disent exaspérés. Pour des commerçants de fruits et légumes, le manque à gagner est énorme. Ils ont dû liquider la marchandise en les vendant à perte. « La situation est intenable. J’ai dû vendre ma marchandise à la sauvette par crainte qu’elle ne soit avariée. Pour ce qui est de la farine de manioc par contre, j’ai décidé de la garder chez moi, » témoigne un petit commerçant. Le communiqué annonçant la fermeture des marchés a été laconique. Silence radio sur les raisons de la privation de commerce qui permettait pourtant d’améliorer les conditions de vie des réfugiés. Un silence qui donne lieu à des hypothèses et à des spéculations des réfugiés de ce camp. « Pas de doute, le gouvernement tanzanien nous fait comprendre qu’il ne veut plus de nous sur son territoire, » se murmurent des voix inquiètes à Nyarugusu. Cette décision succède à celle

Le ministre de l’Intérieur Tanzanien Kangi Logola: «Ils doivent rentrer chez eux»

Nous ne voyons pas pourquoi ils ne veulent pas retourner dans leur pays natal, » a déclaré le ministre de l’Intérieur Tanzanien Kangi Logola à l’issue de la rencontre. Assez remonté notamment contre le Haut-commissariat et les organisations internationales qui découragent le retour des Burundais, il a prévenu : « Ce rapatriement ne doit en aucun cas être interrompu par qui que ce soit

: Burundais, Tanzaniens ou HC. Nous savons qu’il y a des gens ou des organisations internationales qui disent aux réfugiés que le Burundi n’est pas en paix, ce qui est faux. Celui qui sera attrapé en train de dire aux réfugiés que le Burundi n’a pas de paix, aura à affronter le feu du président tanzanien John Pombe Magufuli, ». Depuis l’annonce de cet accord, les protestations fusent de partout. Des défenseurs des droits

de l’homme, des politiques, la société civile burundaise, tous s’insurgent contre la mesure. Les mots expulsion, refoulement, rapatriement forcé sont vite évoqués. Tous dénoncent une violation de la convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés. Gitega, lui exulte. Il se dit prêt à accueillir tous les réfugiés burundais. Le ministre de l’Intérieur burundais Pascal Barandagiye dément les accusations de rapatriement forcé. Il indique que le retour sera volontaire. « Quoique je me demande ce qu’ils sont en train de faire en exil alors que la sécurité est garantie ici au pays. » Il demande au HCR-Tanzanie et au HCR-Burundi de se tenir fin prêts à aider au retour des réfugiés burundais. Il prévient : si le HCR refuse de coopérer, les deux pays vont s’en charger tous seuls. « Nous n’allons plus subir les réticences d’une organisation qui a fait des réfugiés burundais un business, un fonds de commerce. » Agnès Ndirubusa

Réactions • Le HCR est d’avis que les conditions au Burundi ne sont pas propices à la promotion des retours frontières ouvertes et l’accès à l’asile pour ceux qui en ont besoin. L’organisation onusienne assure qu’il continue d’aider les réfugiés qui indiquent avoir choisi librement et en toute connaissance de cause de rentrer volontairement. HCR prie les gouvernements de la Tanzanie et du Burundi de s’engager à respecter les obligations internationales et de veiller à ce que tout retour soit volontaire,

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Dana Hugues, porteparole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés déclare que bien que la sécurité globale se soit améliorée, le HCR est d’avis que les conditions au Burundi ne sont actuellement pas propices à la promotion des retours. Des centaines de personnes fuient encore le Burundi chaque mois et le HCR exhorte les gouvernements de la région à maintenir les

• Les Etats-Unis d’Amérique sont prêts à aider si le rapatriement est volontaire

conformément à l’accord tripartite signé en mars 2018.

J. Peter Pham, envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, a déclaré qu’une des missions que le secrétaire d’Etat lui a confiées est de faciliter le dialogue afin que les réfugiés de tous les pays de la région rentrent chez eux. Il rappelle, toutefois, que tous les pays ont signé les conventions internationales sur les droits des réfugiés qui stipulent

que le rapatriement des réfugiés est volontaire et pas forcé. Il espère que le rapatriement prévu pour octobre sera volontaire. J. Peter Pham indique que si le processus est volontaire, les Etats-Unis sont prêts à aider comme ils l’ont déjà fait dans les années passées. « Mais il faut que ce soit vraiment volontaire. Parce que le rapatriement forcé n’est pas seulement une injus-

tice, mais aussi un crime contre les droits humains internationaux». A.N.

Les indésirables de la Tanzanie L’insécurité dans les camps, attaques par ailleurs confirmées par les autorités tanzaniennes, marchés bannis, les réfugiés burundais en exil semblent en voir de toutes les couleurs. Les discours des autorités tanzaniennes parfois menaçant, appelant au retour des réfugiés se succèdent. Le 20 juillet 2017, lors de la visite de Nkurunziza à Ngara en Tanzanie, le président tanzanien John Pombe Magufuli a adopté la rhétorique de son homologue appelant les Burundais au retour. On se souvient également du ministre de l’Intérieur tanzanien de l’époque Emmanuel Maganga. Lors d’une visite au camp de Nduta le 24 juillet 2018, il a lancé : « Ceci est un dernier avertissement. Tout le monde doit se faire inscrire sur la liste de rapatriement volontaire.» Pire, le ministre Kangi Logola, lui, menace de rapatriement « de gré ou de force » les Burundais.

La Tanzanie montre une fois de plus qu’elle est « proche » avec le Burundi. Elle joue le jeu de son voisin et ami. Le retour des réfugiés burundais serait du pain béni pour Gitega. Par effet domino, il pourrait entraîner le retour des autres réfugiés et couper court l’argument avancé par des réfugiés et tous ceux qui ne sont pas favorables au retour, à savoir la persistance de la crise. Reste à savoir le sort que réservera par la Tanzanie aux réfugiés qui vont résister au rapatriement. Va-t-elle procéder à leur expulsion et faillir ainsi à sa réputation historique de pays d’accueil ? La question se pose…

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A.N.


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POLITIQUE

Vendredi, 13 septembre 2019 - n°548

« Notre coalition s’inscrit totalement en faux contre les élections de 2020 »

Des leaders des partis politiques et des acteurs politiques en exil viennent de créer la Coalition des forces de l’opposition burundaise pour le rétablissement de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation (CFOR-Arusha). Charles Nditije nous en dit plus sur ses objectifs.

L

a CFOR-Arusha, n’est-ce pas une CNARED bis ? La nouveauté, c’est que nous continuons à nous inscrire dans la logique du rétablissement de l’Accord d’Arusha au moment où nos compagnons de lutte d’hier, encore membres du CNARED, ont capitulé en s’inscrivant dans la logique des élections de 2020.L’autre nouveauté, c’est que la CFOR-Arusha veut être une structure plus ouverte aux autres forces vives de la nation et un cadre d’analyse des problèmes burundais à travers la création de pôles régionaux et de commissions techniques. Nous voulons aussi proposer un projet de société pour le peuple burundais qui va au-delà de la crise actuelle. Quelle est la position de votre plateforme par rapport aux élections de 2020 ? Notre coalition s’inscrit totalement en faux contre les

des violences. L’exemple le plus patent est celui des militants du CNL qui sont toujours malmenés. Alors que le président de ce parti se trouve dans les institutions. Nous voulons montrer au monde entier que ces élections ne vont pas résoudre la crise. Plutôt, ils vont l’aggraver. Quelle stratégie mettrezvous en place pour remporter votre combat sur le rétablissement de l’Accord d’Arusha ? S’agissant de la manière dont nous allons procéder pour le rétablissement de l’Accord d’Arusha, c’est une question hautement stratégique qui va s’analyser dans des cadres appropriés, notamment à travers la Cellule d’analyse stratégique qui fait partie des organes de notre coalition. élections de 2020. Elles vont s’organiser dans un cadre légal

biaisé, tronqué et monocolore. En plus, l’environnement politique et

sécuritaire ne le permet pas. Sur le terrain, les opposants subissent

Propos recueillis par Arnaud Igor Giriteka

Imbonerakure hors de contrôle ?

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ors des travaux communautaires, samedi 7 septembre, le ministre de l’Intérieur à Rumonge et l’ombudsman à Kayanza sont entrés dans la danse, exhortant les populations à mettre en œuvre le « cessez-lefeu à l’intolérance politique ». Trois semaines après cette déclaration, des cas de violence politique persistent. Deux militants du CNL tués à Ntega, des Imbonerakure impliqués. D’autres ont déféqué en groupe devant une permanence du CNL à Gihogazi en province Karusi. Des clôtures d’habitations dans le site de déplacés de Makebuko incendiées par des Imbonerakure, dans le sillage de menaces de passer à l’attaque en cas de refus de déguerpir des lieux, etc. Pouvait-il en être autrement ? Au commencement était la poursuite des manifestations anti-troisième mandat, au lendemain du putsch manqué du 13 mai 2015 - au plus fort de la crise politico-sécuritaire. L’envoyé spécial de l’UE dans la région des Grands Lacs va alors jusqu’à qualifier les Imbonerakure de « supplétifs des corps de défense et de sécurité ». Des Imbonerakure ont, par la suite, parfois endossé le rôle de l’armée dans la « protection » des frontières communes avec le

voisin du nord. Souvenez-vous, ils en ont été remerciés par le secrétaire général adjoint du parti de l’Aigle, Joseph Ntakarutimana. Des reportages d’Iwacu ont également révélé des cas de rançonnage de la population par des Imbonerakure. Aujourd’hui, les Imbonerakure portent la tension électorale à son climax par une violence politique ciblant principalement les militants du CNL. Et une incitation à la haine - un cran au-dessus de ce refrain agressif qui, début avril 2017, a fait grand bruit : ‘’Engrossez les adversaires pour qu’ils enfantent des Imbonerakure’’ - contre les opposants. « Ces petits hommes de l’opposition, nous leur avons conseillé de nous rejoindre, mais ils n’ont pas voulu. Le jour J, nous allons les ‘’nettoyer’’…» Paroles d’une chanson entonnée à la gloire du parti de l’Aigle, lors de l’Imbonerakure day du 17 août dernier. Pour la direction du parti au pouvoir, désavouer les Imbonerakure érigés au rang de « véritables piliers du développement au Burundi » serait un non-sens et un suicide politique à 9 mois des premiers scrutins . Difficile aussi d’assumer une telle rhétorique aussi belliciste qui va jusqu’à nier le droit à la liberté d’opinion.

Des Imbonerakure, lors d’un défilé.

Face à ce dilemme, le silence ou le déni n’étant plus une option, le secrétaire général du parti CnddFdd a escamoté la réalité d’un problème interne. La question de l’intolérance politique se ramène désormais à un problème de gouvernance. Lequel justifie

son avertissement donné jeudi 22 août: « Après 30 jours, nous nous rencontrerons. S’il y a des partis politiques qui grognent, le gouverneur sera convoqué pour s’expliquer comme au tribunal. S’il échoue, il sera renvoyé. Un représentant qui fait honte à

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l’Etat c’est une haute trahison.» En tordant la réalité pour faire passer son message politique, il a ainsi procédé à un transfert de responsabilités. Guibert Mbonimpa


ÉCONOMIE

Vendredi, 13 septembre 2019 - n°548

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Six projets régionaux annulés

« Le Burundi ne perd rien » La Banque mondiale a annulé six projets régionaux en cours de préparation au Burundi. Le ministère des Finances tranquillise, évoquant « une réaffectation des ressources ».

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ompte tenu de la nouvelle stratégie de la Banque mondiale sur les projets régionaux, seul le projet de facilitation du commerce dans la Région des Grand-lacs est maintenu. », a annoncé directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Burundi, Jean-Christophe Caret jeudi 5 septembre, dans une correspondance adressée au ministre des Finances, Domitien Ndihokubwayo. Selon ce cadre, six autres projets en cours de préparation tombent en annulation sur le programme actuel de la Banque mondiale au Burundi. Les projets annulés sont : le projet de transformation de l’agriculture en Afrique de l’Est et du Centre (ECAAT), le projet de gestion environnementale du lac Victoria (LIVEMP III), le projet de transport sur le lac Tanganyika, le projet régional de gestion envi-

ronnementale du lac Tanganyika, le projet d’intégration régionale accélérée de la communauté Estafricaine et celui du développement hydroélectrique de Ruzizi III. M. Jean-Christophe Caret appelle l’équipe technique de la Banque mondiale à entrer en contact avec les services techniques et les ministères sectoriels concernés pour la gestion des fonds de préparation qui avaient été accordés dans le cadre de ces différents projets. Du côté du ministère des Finances, la décision n’est pas surprenante. Dans une interview du 10 septembre, son porte-parole, Désiré Musharitse, tranquillise : « C’est une décision consensuelle. Nous nous y attendions.» Ce dernier tient à préciser que la Banque mondiale a consulté le

Désiré Musharitse : « Le Burundi ne perd rien. C’est une réaffectation des ressources.»

gouvernement du Burundi avant de prendre cette mesure. Par ail-

leurs, d’autres pays concernés ont aussi été consultés.

M. Musharitse explique que cette suspension vise à privilégier les projets régionaux qui épousent la nouvelle stratégie de la Banque mondiale et la mise en place du marché commun africain. Selon lui, les gouvernements africains ont demandé à cette institution de Bretton Woods de soutenir les projets régionaux orientés vers la mise en œuvre du marché commun africain. « Le Burundi ne perd rien. C’est une réaffectation des ressources qui sera discutée de commun accord avec la Banque mondiale», rassure Désiré Mushariste. Ce cadre du ministre assure que les fonds destinés à financer ces projets restent sur le compte du Burundi. Mais cette enveloppe sera allouée aux nouveaux projets du marché commun africain. En outre, il promet que sous peu au Burundi va élaborer de nouveaux projets s’intégrant dans la logique du nouveau marché commun africain. Pierre Claver Banyankiye

SÉCURITÉ

Bugarama-Muramvya : la RN2 en piteux état Des nids de poule, des caniveaux bouchés ou presqu’inexistants… La Route Nationale N°2 (RN2) sur le tronçon Bugarama-Muramvya est défectueuse. Les usagers réclament sa réhabilitation.

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’est un vrai calvaire. Le tronçon Bugarama-Muramvya est fatigant. Pour le traverser, on doit faire des manœuvres, enjamber de larges nids de poule, éviter de cogner un autre véhicule… Il n’y a plus de priorité », se lamente Bruno, un chauffeur de bus, croisé près de la Mubarazi. « Avant, cela me prenait une dizaine de minutes, mais aujourd’hui ce tronçon me prend presqu’une demie heure ». Bruno ajoute que leurs véhicules en font également les frais. Il affirme que les pneus s’usent vite tandis que d’autres pièces comme les amortisseurs, les suspensions, les transmissions s’abîment peu à peu. Des accidents y sont devenus fréquents. « Quand un poidslourd se renverse, la circulation est presque paralysée». Issa, conducteur d’un camion type Fuso, se dit dépassé : « Je dois ralentir, manœuvrer pour que ma cargaison ne se retrouve pas dans la vallée.» Et un jeune motard rencontré à Muramvya n’en revient pas. Il

estime qu’une route menant vers la capitale politique du pays ne devrait pas être dans une situation pareille. « Presque tous les dignitaires du pays passent par là. Mais voilà rien n’est encore fait pour sauver cette infrastructure d’une importance capitale». Et d’ironiser, avant de redémarrer sa moto: « Peut-être qu’ils ne sentent pas les secousses. Ils roulent dans de bonnes et confortables jeeps. » Sur ce tronçon de plus d’une dizaine de kilomètres s’observent de larges nids de poule, des caniveaux d’évacuation d’eaux pas fonctionnels, etc. La ligne de démarcation des priorités n’est plus visible. Une situation qui se trouve très prononcée surtout entre Bugarama et la rivière Mubarazi. Idem à Rweza non loin de la grande pancarte de la Bancobu et de l’Hôtel Restaurant Bois Fleuri (Green land). Les eaux pluvieuses ont aussi fait leur oeuvre. Avant d’arriver au centre-ville de Muramvya, la route s’effondre petit à petit. Un petit ravin s’est formé devant les boutiques

Suite au mauvais état du tronçon Bugarama-Muramvya, les accidents y sont fréquents.

érigées près d’un dos d’âne à l’endroit appelé « Kumugumya ». De là, un petit sentier mène vers Shombo.

L’administration se veut rassurante « Nous sommes au courant de l’état de cette route. Et la question a été soumise auprès de l’Office national des routes », rassure Dieudonné Nsabimana, administrateur de la commune Muramvya. Il affirme que cet office a promis

de la réhabiliter dans les jours à venir. Au vu de l’état de délabrement de cette voie publique, cet administrateur estime que les travaux doivent être exécutés dans les meilleurs délais. « Sinon, la situation va s’empirer et la circulation sera paralysée». Entre temps, les chauffeurs évitent les larges et profonds nids de poule et se voient contraints d’improviser des chemins en dehors de la route. « Ce qui cause des accidents ». M. Nsabimana rappelle l’importance

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économique de la RN2 : « Presque tous les poids-lourds transportant des marchandises et autres produits importés empruntent cette route. » Quant à Aimable Nibayubahe, directeur général de l’Office national des routes, il tranquillise : « Nous sommes au courant. Nos services sont en train de finaliser les préparatifs de la réhabilitation de ce tronçon.» Rénovat Ndabashinze & Edouard Nkurunziza


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SOCIÉTÉ

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Peste caprine

Les communes pleurent leurs chèvres Des administrateurs qui ont été touchés par la peste caprine, début 2018, réclament l’indemnisation pour leurs communes. Ils avancent des pertes énormes, au niveau des recettes communales, suite à ce fléau. Pour le ministère de l’Elevage, des doléances non fondées.

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es doléances font suite au lancement, mardi 27 août à Bugendana, des activités de réhabilitation des ménages touchés. Une indemnisation de 100 mille BIF par chèvre morte suite à cette peste. Denis Niyomuhanyi, administrateur de la commune Mutaho déplore que les communes ne soient pas concernées par l’indemnisation. Car, justifie-til, ces dernières tiraient beaucoup de taxes, d’impôts du commerce des chèvres. Or, neuf mois se sont écoulés sans qu’aucune chèvre ne soit abattue. Les marchés des caprins étaient fermés. M. Niyomuhanyi souligne que chaque dimanche, au marché de Mutaho, les taxes sur le commerce des chèvres faisaient entrer 250 mille BIF dans la caisse communale. Et mercredi, ces recettes encaissées variaient entre 100 mille BIF et 130 mille BIF. Par ailleurs, sur chaque peau vendue, il y avait une part qui entrait dans la caisse communale. Pendant neuf mois la commune Mutaho a perdu plus de 15 millions BIF. Elle enregistre des pertes mensuelles de plus de 1.500.000 BIF. Pour cet administratif, une telle somme aurait aidé à achever des travaux de construction de beaucoup de salles de classe, à assister des vulnérables, etc., En raison de cette peste, la commune a perdu plus de 30 millions BIF sur le budget communal préalablement prévu. « Raison pour laquelle il faudrait tout faire et indemniser aussi les communes ».

Les caisses communales affectées Même son de cloche à Tangara, province Ngozi. D’après Mme Marguerite Mpabonimana, administrateur communal, le commerce des chèvres constituait la première source de recettes communales. Les taxes issues de cette activité renfl-

A Tangara, province Ngozi, les éleveurs touchés par la peste caprine ne sont pas encore indemnisés.

tantes durant les neuf mois. » En effet, motive-t-il, Muramvya étant proche de Bujumbura, beaucoup de bouchers venaient s’y approvisionner en caprins. Ce qui faisait entrer dans la caisse communale une somme importante. Sans préciser le montant exact des pertes, il estime que les communes devraient aussi être dédommagées. « Suite à ce manque à gagner, la commune Muramvya a été obligée de réviser son budget annuel ». Interrogé, Emmanuel Ndorimana, secrétaire permanent au ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, balaie du revers de la main les réclamations des administrateurs. « Elles ne sont pas fondées », assure-til, arguant que « c’est l’Etat qui dédommage sa population ». Et l’administrateur, poursuit-il, est un représentant de l’Etat dans sa commune. Désiré Nsabimana : « Suite à ce manque à gagner, la commune Muramvya a été obligée de réviser son budget annuel. »

Grande satisfaction chez les éleveurs indemnisés

ouaient les caisses de la commune. « Nous collections au moins, par semaine, 800 mille BIF». La commune Tangara, dit-elle, a ainsi fortement besoin de ces indemnités. «Cela nous aiderait grandement». Pour elle, il serait question de réajuster l’enveloppe budgétaire. La suspension du commerce des caprins, pendant environ deux mois, ayant occasionné un déficit au niveau du budget communal. « Cette indemnisation de la commune aiderait à récupérer les pertes ».

« Mon étable était restée vide. J’ai perdu trois chèvres. Et voilà, on m’a accordé 300 mille BIF», se réjouit Gaspard, un éleveur de la colline Gitongo, commune Mutaho, province Gitega. Content, il avoue qu’avec cet argent, il est prêt à repeupler son étable. Joseph, un autre éleveur de Masango, même commune, apprécie aussi cette action : « On était déboussolé. Tout mon troupeau avait été décimé par la peste. Je n’avais plus où trouver du fumier pour mes champs.» Se gardant de dévoiler la somme

Elle déplore d’ailleurs que les éleveurs de sa commune n’aient pas encore bénéficié de ces indemnités. « Nous ne savons même pas si nous les aurons », se soucie-t-elle. Et de rappeler que « la peste s’est pourtant déclarée pour la première fois à Tangara». Selon elle, ce fléau a emporté autour de 500 chèvres. Désiré Nsabimana, administrateur communal de Muramvya, abonde dans le même sens : « Même si notre commune n’a pas été directement touchée, elle a enregistré des pertes impor-

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reçue, il affirme qu’il compte redynamiser son élevage : « En plus des petits ruminants, je vais utiliser l’argent pour me lancer dans l’élevage des volailles aussi. » A Mutaho, Denis Niyomuhanyi, administrateur communal indique que quatre collines ont été touchées par la peste des petits ruminants. Il s’agit de Mwumba, Masango, Gitongo et Muyange. En tout, annonce-t-il, 65.350.000BIF ont été distribués aux ménages touchés. Il rejette tout reproche d’une opération émaillée d’irrégularités : « Je n’ai pas encore reçu de plaintes de ce genre. Seulement, tout le monde voulait être servi. Même ceux dont les noms étaient mal écrits sur les listes, la question a été vite résolue.» Il annonce d’ailleurs que prochainement, une enquête sera menée pour vérifier si cet argent n’a pas été gaspillé. «Il doit être utilisé pour le repeuplement du cheptel caprin». Un appel lancé également par Emmanuel Ndorimana. Une façon, selon lui, de contribuer au développement de l’élevage caprin ou des volailles très utiles aux ménages moyens. 7820 chèvres provenant de 4201 ménages répartis sur 101 collines et 18 communes de huit provinces ont été emportées par la peste. L’opération d’indemnisation des ménages victimes se fait sur financement de la Banque mondiale. Edouard Nkurunziza & Rénovât Ndabashinze


SOCIÉTÉ

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Buterere

Des habitants remontés contre FXB

Une centaine d’habitants de la zone Buterere en mairie de Bujumbura sont fâchés. Ils dénoncent des détournements de fonds qui leur étaient destinés par des responsables locaux d’une ONG suisse. «Problème d’ignorance», jugent ces derniers, rejetant en bloc les plaintes.

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ls se disent dans le désarroi. L’histoire remonte à 2014. L’ONG internationale François Xavier Bagnoud (FXB) identifie 100 familles démunies dans trois quartiers de la zone Buterere : Buterere II (A et B) et Kabusi. Elle entend leur assurer un appui nutritionnel pendant environ une année. En outre, FXB doit les encadrer durant trois ans pour qu’elles puissent lancer de petites activités génératrices de revenus(AGR). Selon les témoignages de ces habitants, l’appui alimentaire par la distribution de vivres durera 8 mois. Gisèle Ndereyimana, représentante légale de FXB au Burundi, parle d’une étape qui prend 9 mois au maximum. Pendant ce temps, l’encadrement aux AGR se poursuit. Il va aboutir à la proposition de projets par les bénéficiaires de la formation. «Nous leur avons conseillé de nous donner des projets qui ne demandent pas trop de moyens. Car il fallait juste de petites activités»,

explique Mme Ndereyimana. Les bénéficiaires soumettent différents projets. «Moi, j’avais, entre autres projets, celui d’une pisciculture à hauteur de 70 millions de BIF», confie un vieil homme, très triste. «Un Blanc qui s’était dépêché sur les lieux nous avait promis tous les financements». D’autres présentent des projets modestes dont le financement oscille entre 200 et 300 mille BIF. Les projets sont acheminés au siège local de l’ONG. Les habitants bénéficiaires attendent les financements avec impatience.

Le désenchantement Ils vont vite déchanter. Selon leurs témoignages, en 2016, les représentants de FXB leur disent, lors d’une réunion, que les financements sont arrivés. «Jamais, nous n’avons donné une telle information », dément la représentante de FXB. Les derniers espoirs sont douchés avec la remise, en trois tranches, d’un montant de 210

Gisèle Ndereyimana: « Certains de leurs projets étaient utopiques, spéculatifs »

mille BIF pour chacun. Cette aide va susciter des suspicions. «Cela nous a montré que notre financement avait été débloqué par les représentants à l’international. Ils ne nous en ont donné qu’une petite part», accuse une vieille femme. FXB les met en groupes de 10 personnes. Elle leur fait, pour chaque groupe, un champ de champignons. Dans le même temps, elle leur achète une machine décortiqueuse de riz. Les doutes iront crescendo. Ils estiment que tout est fait grâce à l’argent qui leur était destiné. « L’enveloppe remise correspondait bel et bien au montant prévu. Chacun devait bénéficier

de cette somme pour lancer une petite AGR. Sinon, certains de leurs projets étaient utopiques, spéculatifs », rétorque Gisèle Ndereyimana qui évoque un « problème d’ignorance ». Quant au projet de la culture des champignons et la machine décortiqueuse, elle assure que c’était un financement à part. Chez FXB, Iwacu a pu vérifier les budgets alloués à certains des projets, lesquels confirment les propos de la représentante légale de FXB au Burundi.

Une goutte qui fait déborder le vase Après ces 100 familles de Buterere, l’ONG François Xavier Bag-

noud a introduit, fin 2016, un autre projet pour un autre lot de démunis de Kiyange et Mutimbuzi. Une centaine de familles devait bénéficier de la même assistance que celles de Buterere. Néanmoins, en cours de projet, fin 2018, elle a construit des maisons en dur pour 33 des familles. Les anciens bénéficiaires ne décolèrent pas, parlant d’un deux poids, deux mesures. Ils se sont confiés à l’un des représentants de cette organisation à l’international, alors en déplacement au Burundi. « Nous avions soumis des projets pour la construction de maisons, mais ils n’ont rien fait. Cela montre qu’ils ont détourné notre argent». Ces habitants de Buterere demandent d’être rétablis dans leurs droits. La représentante légale de FXB au Burundi leur demande de ne pas confondre les choses. Certains des bénéficiaires du projet en cours ont été, début 2018, victimes des inondations. Leurs maisons se sont écroulées. «Nous avons alors lancé des alertes au niveau de nos bailleurs parce que leur situation s’empirait». Et de déplorer qu’ils aient refusé de travailler collectivement. Edouard Nkurunziza

Nyabugete IV

Des constructions anarchiques pullulent Sans attestation d’appartenance ni autorisation de bâtir, les propriétaires de parcelles dans le site Nyabugete IV, commune Muha en mairie de Bujumbura, continuent de construire. L’Office burundais de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction (Obuha) demande l’arrêt de ces constructions et met en garde contre les risques de démolition.

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es maisons poussent comme des champignons dans le site de Nyabugete IV. Il est 10h, mardi 10 septembre. Les maçons s’activent. Certaines maisons sont à la phase de la fondation. D’autres sont au niveau de la charpente. Les camions-bennes continuent d’acheminer des briques, du sable, des pierres, du moellon... Le site est viabilisé. «Le quartier va être très beau», s’émerveillent les ouvriers. Des propriétaires des parcelles supervisent les travaux. «On doit faire vite pour éviter la saison de la pluie». Le hic, aucun propriétaire de ces parcelles n’a ni attestation d’appartenance ni l’autorisation de bâtir. Du moins, selon le commissaire général de l’Obuha, Jean Claude Ngenzi. «Personne n’est encore venu nous empêcher de tra-

vailler», affirme un propriétaire. «Nous connaissons nos parcelles. Pourquoi attendre? Les documents pourront être délivrés plus tard».

Des risques de démolition «Ces gens sont en train de violer la loi», indique Jean Claude Ngenzi. Selon lui, ils devaient attendre la délivrance par les autorités habilitées des documents requis avant de commencer à construire. «On se demande pourquoi ils s’acharnent à continuer à construire alors qu’ils n’ont pas de papiers». D’après le commissaire général, ce site a été viabilisé dans le cadre de la viabilisation par intégration. «C’est vrai que certains propriétaires connaissent leurs parcelles, mais ils peuvent se tromper». Toutefois, Jean Claude

Ngenzi reconnaît qu’il y a eu une lenteur dans la délivrance de ces documents mais que cela est dû à la réorganisation de ce secteur et à la création de nouvelles structures comme l’Obuha. «Les détenteurs des parcelles en ont profité pour construire». Dans une correspondance adressée à l’administrateur de la commune Muha, le commissaire général de l’Obuha lui a demandé de prêter main forte à ses services afin d’arrêter ces «constructions anarchiques». Jean Claude Ngenzi assure qu’avant d’écrire cette lettre, ils se sont rendus sur terrain afin de les ramener à la raison. «Au lieu d’obtempérer, les constructions ont continué de plus belle». Le commissaire général prévient sur les risques qu’encourent

Sur le site Nyabugete IV, les gens continuent de construire alors qu’ils n’en n’ont pas l’autorisation.

ceux qui sont en train de construire. «Au moment de l’établissement des documents, des litiges peuvent survenir ou on peut trouver des gens qui n’ont pas respecté les normes. Cela sera suivi par des démolitions de maisons». Jean Claude Ngenzi fait savoir que son service ne privilégie pas la démo-

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lition : «Si nous sommes obligés, on ne va pas faire autrement.» Il leur demande de patienter un peu. «Les documents seront disponibles prochainement». Iwacu a essayé de joindre l’administrateur communal, Pasteur Daniel Kabura, sans succès. Fabrice Manirakiza


ÉDUCATION

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1er cycle fondamental

Anglais et swahili supprimés, une réforme « à tâtons » La suppression de l’apprentissage de l’anglais et du swahili en 1ère et 2e année est l’une des réformes pour cette nouvelle année scolaire. Un expert en éducation parle d’une bonne mesure mais « prise par tâtonnement ».

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ésormais, les écoliers du premier cycle fondamental (1 ère et 2 èannée) n’apprendront que le kirundi et le français dans leur cursus de langues. C’est le porte-parole du ministère de l’Education, Juma Edouard, qui a annoncé, mercredi 11 septembre, que les langues anglais et swahili sont supprimées. L’anglais sera dispensé à partir de la 3e année, de l’oral à l’écrit progressivement. Le swahili ne sera appris qu’à partir de la 5e année. Le souci est de réduire les interférences linguistiques qui perturbent la maîtrise de ces langues, affirme Juma Edouard. L’expert en éducation, Pr Libérat Ntibashirakandi, estime que cette réforme n’est pas mauvaise, « mais elle s’ajoute à d’autres déjà prises par tâtonnement». D’après lui, ces réformes incessantes désorientent les élèves, les enseignants, les parents et tous

les acteurs du système éducatif burundais. « Pourquoi elle est prise au lendemain de la sortie médiatique de la ministre qui a reconnu l’échec de la réforme fondamentale ? C’est encore une mesure populiste pour manipuler la population à la veille des élections de 2020». Pr Ntibashirakandi estime que cette mesure seule n’apportera rien de plus à la qualité de l’enseignement au Burundi : « Il faut une vision globale de restructuration du système éducatif burundais. » Quelques propositions de cet expert en éducation: former les enseignants de l’école maternelle, du primaire et du secondaire en nombre suffisant. Revoir le programme des cours et l’adapter aux réalités d’aujourd’hui et aux besoins du pays. Construire assez de classes pour désengorger les écoles. Produire assez de livres et rendre disponible, dans les délais,

Les écoliers de la 1ère et 2e année n’apprendront plus l’anglais et le swahili

le matériel didactique. Renforcer l’inspection des écoles. Dépolitiser le système éducatif burundais. Améliorer la gestion administrative et financière des écoles. Encourager les enseignants par une augmentation des salaires, etc.

Urgent : former les enseignants Quant au syndicaliste et enseignant Emmanuel Mashandari, cette mesure est à encourager. Ce n’est pas facile, souligne-t-il, pour les enfants de la 1ère année,

d’apprendre quatre langues à la fois. « Cela doit se faire progressivement ». Le plus important et urgent, selon lui, c’est de former les enseignants qui dispensent ces langues. Dans les écoles publiques, explique-t-il, les enseignants sont insuffisants. L’anglais et le swahili sont dispensés par des formateurs qui n’en ont aucune notion. « Ils ne font que mentir aux enfants». Ce syndicaliste estime que cette réforme ne devrait pas toucher les écoles privées qui font une

prestation de qualité. Elles ont des enseignants formés et les écoliers privés arrivent en 1ère année avec des notions dans ces langues. Le président adjoint de l’association des parents, Sévérin Nyamuyenzi, salue cette réforme. Pour lui, les enfants de la 1ère année n’ont pas la capacité d’assimiler plus de trois langues à la fois. « C’est pourquoi plusieurs enfants rentrent avec des échecs dans les langues. Ils les mélangent aussi en parlant». Clarisse Shaka

ANNONCE

BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT AVIS D’APPEL D’OFFRE POUR LA FOURNITURE ET L’INSTALLATION D’UN GROUPE ELECTROGENE POUR LA RESIDENCE DU RESPONSABLE PAYS DU BUREAU DE LA BAD AU BURUNDI La Banque africaine de développement (ci-après dénommée ‘BAD’ ou la ‘Banque’) invite les soumissionnaires potentiels à soumettre leurs offres de prix pour « La fourniture et l’installation d’un groupe électrogène pour la résidence du Responsable Pays du bureau de la BAD au Burundi », spécifiées dans la

demande de cotation (DC) à récupérer au bureau Pays de la BAD au Burundi, à l’adresse suivante : Kiriri - 10, Rue des Travailleurs, de 8h00 à 12h30 et de 14h00 à 17h30, les jours ouvrables à partir du 02 septembre 2019 Les offres devront parvenir à la Banque, sous enveloppes scellées, au plus tard le 25 Septembre

2019, à 15h00, heure locale de Bujumbura à l’adresse indiquée ci-dessus. Les cotations doivent être envoyées à l’adresse suivante et l’enveloppe extérieure doit porter les informations suivantes :

Banque Africaine de Développement, Bureau Pays du Burundi 10, Rue des travailleurs – Kiriri Bujumbura-Burundi B.P : 7543 Tél : +257 22 27 78 23 / 24 Adresse électronique: rdge_tender@afdb.org DC – NE PAS OUVRIR JUSQU’AU JOUR DE L’OUVERTURE DES PLIS Référence : ADB/RFQ/COBI/2019/0172 - Fourniture et installation du groupe électrogène pour la résidence du Responsable Pays Date et heure de clôture des offres: 25 Septembre 2019 à 15h00, heure de Bujumbura Afin de permettre aux soumissionnaires de mieux préparer leurs offres, pour avoir une idée sur les prestations et disposer de toutes les informations nécessaires, une visite obligatoire des lieux suivie d’une réunion préparatoire est prévue le 18 septembre 2019 à 10h00. Les soumissionnaires sont invités à se présenter à la date indiquée à 09h45, munis de leurs cartes d’identité, au plus tard, à l’adresse suivante :

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AU COIN DU FEU

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Avec Marie Nzigamye Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Marie Nzigamye.

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otre qualité principale ? Les gens qui me connaissent répondraient sans doute mieux à cette question. Mais je pense que je suis gentille, que je traite les gens avec bienveillance, que j’essaie d’écouter ceux qui m’ouvrent leur cœur.

défendre son pays contre toute invasion. Il croyait à son rôle. Sa grandeur se confondait avec son pays. Il prenait son devoir au sérieux. Il était prêt à mourir pour l’accomplir. Il n’attendait en retour que l’honneur et la reconnaissance de son pays, de son peuple. La plus belle date de l’Histoire du Burundi ? Le 1 juillet 1962, le jour de l’indépendance de mon pays. Un changement significatif nous était donné de construire un pays souverain, libre. Cela représentait des droits et des devoirs, pour les dirigeants et pour toute la population burundaise. Au-delà des mots, avons-nous pris conscience de ce que cela nous exigeait ? La question reste posée.

Votre principal défaut ? J’ai tendance à pardonner sans conditions. Il y en a qui peuvent ne pas comprendre que cette façon d’agir leur ouvre ma porte une deuxième fois, mais que j’attends de leur part des efforts pour ne plus me décevoir. Je n’explique mon attitude qu’à ceux qui montrent des signaux de bonne volonté, sinon je m’éloigne, parfois pour longtemps.

La date la plus terrible ? Il n’y en pas une mais plusieurs : ce sont ces dates depuis 1965, jusqu’à ce jour ces dates où le Burundi a connu la mort des dirigeants et des simples citoyens, paisibles, à cause des mensonges et des manipulations d’une classe politique qui a souvent, trop souvent, été défaillante par rapport à ses devoirs. A mon humble avis, c’est la somme de ces mensonges et ces manipulations qui font que le Burundi est devenu un pays éphémère.

La qualité que vous préférez chez les autres ? La sensibilité, l’humilité, l’ouverture d’esprit. Le défaut que vous avez du mal à supporter chez les autres ? Le mensonge qui mène souvent à la manipulation. Cette combinaison peut être à la base de beaucoup de mauvaises actions. Je détecte facilement ce genre d’attitude qui provoque chez moi une grande méfiance alors que je fais confiance aux gens. La femme que vous admirez le plus ? Il y en a plusieurs mais je choisis Simone Veil parce qu’elle a fait avancer la cause de la Femme. Ministre de la Santé, sous Valéry Giscard d’Estaing, elle a fait adopter la loi sur la dépénalisation de l’avortement (IVG), une loi qui touche à présent tous les pays qui considèrent que la femme a le droit de ne pas garder un fœtus qu'elle n'a pas désiré. Une loi qui aussi les bébés et qui leur permet de naître et de vivre dans des conditions optimales : être aimé est un besoin vital pour les bébés , un besoin aussi bien physique que psychologique. Simone Veil a réalisé beaucoup de choses, elle a aussi écrit des livres remplis d’idées lumineu-

ses et profondes tout en restant discrète.

réflexion profonde et dans une liberté totale.

L’homme qui vous a le plus marquée ? Martin Luther King pour son combat, son intelligence, sa vision de la société, son charisme, sa disponibilité pour le combat qu’il a initié et mené à bon port.

Votre plus beau souvenir J’ai senti un tel bonheur à chaque naissance de mes enfants, que j’avais le sentiment de participer à un miracle.

Qui aimeriez-vous être ? Rester profondément celle que je suis et avancer dans le combat que je partage avec des amis que je respecte et que je salue. Réaliser avec eux la volonté de faire connaître l’ idée d’une vraie paix pour le Burundi et pour d’autres pays africains qui souffrent des mêmes maux que nous. Cette idée de paix, le sans-ethnisme, nous la faisons avancer par une

Le plus triste ? Mon plus triste souvenir est familial : le jour où j’ai perdu ma mère et ensuite mon père, j’ai eu le sentiment de perdre une partie de moi, la partie qui me servait de rempart. Je n’ai pas aimé et je n’aime pas ce sentiment de vulnérabilité que j’ai gardé en moi et qui se réveille chaque fois que je pense à eux. Vivre loin d’eux pendant une très grande partie de mon âge adulte m’a créé une sensibilité toute particulière qui me donne

envie de vous dire qu’il faut profiter des vôtres le plus que vous pouvez. Quel serait votre plus grand malheur ? J’ai du mal à le définir, par pudeur et aussi je crois qu’il n’est pas nécessaire de décrire une situation négative et irréelle qui ne peut rien apporter ni aux autres ni à moi. Sans doute parce que je suis réaliste dans ma vie de tous les jours et que je trouve un certain confort à raisonner à partir de données contrôlables. Le plus haut fait de l’Histoire burundaise ? La résistance de Mwezi Gisabo face à l’arrivée des colons. Il a suivi les leçons de ses ancêtres qui l’avaient éduqué pour

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Le métier que vous auriez aimé faire ? Ayant vécu d’une manière complètement atypique, je m’intéresse à beaucoup de domaines différents dans lesquels j’aurais pu m’épanouir. Tout ce dont je suis sûre c’est que cela aurait été en rapport avec les conseils donnés aux autres. Votre passe-temps préféré ? La lecture, la musique, et les débats politiques. Je lis beaucoup et à travers les livres, j’ai embrassé des domaines aussi différents que la politique, la psychologie, la sociologie, la philosophie, l’histoire du Burundi et du Monde. J’aime les bons romans qui me permettent d’étudier les personnages d’une époque, d’un moment. Une source infinie qui m’aide à comprendre la réalité. La musique : je la sélectionne


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AU COIN DU FEU

en fonction de mes états psychologiques : quand je ne suis pas sereine j’écoute une musique forte et dont les paroles ne déteignent pas sur moi parce que je ne comprends pas la langue. Et ainsi de suite. La source est inépuisable et tellement riche, tellement belle. Votre lieu préféré au Burundi ? Je ne vais pas innover, il s’agit de ce qui a constitué mon chez moi pendant 20 ans . Mon petit coin de paradis : Busimba. J’y ai passé une enfance heureuse, entourée des miens et des voisins adorables. Le pays où vous aimeriez vivre ? J’ai quitté le Burundi en 1971 à la fin de mes études secondaires (D7 à l’Ecole Normale de Bukeye) et depuis lors j’y ai vécu pendant seulement quatre années. Le reste du temps j’ai été dans une errance constructive, qui m’a permis de constater que le Burundi n’est pas un paradis pour plusieurs raisons et qu’aucun pays n’est un paradis quand on y reste suffisamment longtemps pour tout comprendre. J’aime le Burundi mais j’ai aimé et j’aime d’autres pays. Sinon j’aurais mal vécu, dans les regrets permanents, ce qui ne permet de construire une vie épanouie. C’est plus facile de se faire une petite place parmi les siens, mais pour encourager ceux qui ,pour mille raisons, seront obligés de vivre en dehors du Burundi, je dis qu’il ne faut pas culpabiliser car à l’heure d’aujourd’hui nous vivons tous ensemble. L’essentiel est de garder une place dans notre cœur pour notre pays d’origine. Le voyage que vous aimeriez faire ? Découvrir La Nouvelle Zélande pourrait être une destination très satisfaisante pour moi. Un pays simple. L’image d’une première ministre qui amène son bébé dans une conférence des Nations Unies m’a beaucoup touchée. L’image d’un président du Parlement tenant sur ses genoux un bébé a fini par me convaincre de la volonté de ce pays à établir des rapports humains entre les citoyens et leurs dirigeants. Votre rêve de bonheur ? Le bonheur est constitué de la somme de ces petites choses de la vie qui font que nous nous sentons bien, calmes, équilibrés, satisfaits du moment présent. Adepte de plusieurs méthodes de méditation, j’essaie de trouver de petits moments de bonheur dans ici et maintenant. Jouer avec un enfant, le faire rire, le regarder s’épanouir, lui faire manger ce qu’il aime. Les enfants ont beaucoup à donner et sont une source de bonheur intarissable. Profiter

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de l’amour et de l’amitié qui nous sont offerts et le bonheur est là. Vivre dans un pays paisible. Se retrouver dans un beau paysage et garder l’idée de l’admirer et d’être reconnaissant. Donner et recevoir. Il y a plusieurs façons simples de faire du rêve de bonheur une réalité. Échanger avec des personnes sincères qui n›hésitent pas à vous corriger et à enrichir vos idées dans les domaines que vous partagez. Se sentir proches des personnes que vous ne connaissez que grâce à des discussions interminables procure une satisfaction induisant le bonheur. Le bonheur n’est pas un rêve. Il est une réalité.

pas le temps de passer par les journaux écrits, j’aime RFI, BBC, et d’autres radios qui s’intéressent à l’Afrique, sans oublier les radios burundaises qui se multiplient et qui permettent de comparer les infos. Avez-vous une devise ? J’en ai eu quelques-unes quand j’étais membre d’un mouvement de jeunesse et certains sont restés dans ma tête et dans mon esprit. Depuis que je suis responsable d’autres vies que la mienne je me dis que je dois tout faire pour simplifier la vie de mes proches et de mes amis. C’est devenu ma seconde nature, une réflexe devenue automatique.

erté, ses choix sont protégés quoi qu’il arrive. Lorsque ce citoyen sait que l’État va trouver des solutions justes aux problèmes qui peuvent se poser chez lui et chez les autres. J’aime cet aspect d’une justice qui donne la tranquillité aux citoyens. A côté de cela toutes les personnes qui jouent un rôle dans le domaine de la Justice doivent être bien formées, non seulement dans la connaissance du Droit mais également de l’éthique qui doit les guider. Quand les juges, magistrats et leurs services sont corrompus, c’est la Justice qui est corrompue ; Elle devient alors dangereuse.

Votre plat préféré ? Si vous êtes ministre de la Ce plat change selon l’endroit Votre souvenir du 1er juin Promotion féminine… où je me trouve. Dans le domaine 1993 ? je montrerais d’abord au chef culinaire je suis aussi éclectique Je n’étais pas au Burundi. Mais du gouvernement et à mes colque dans les autres domaines. Il j’étais heureuse de lègues que ce « Si j'étais ministre ministère est y a de très bons produits sur tous la naissance d’un les continents et de très bonnes pays démocratique. parmi les plus de la Promotion recettes dans tous les pays du J’avais des rêves de féminine, j’exigerais importants. monde. liberté et de paix. Je Il s’occupe d’inclure dans le Votre chanson priais pour que tous de plus de la préférée ? les dérapages soient programme scolaire moitié des Je n’en ai pas une mais plusieurs. évités Je souhaitais électeurs. Il une formation C’est l’état dans lequel je suis qui que le Burundi ne peut pas décide. trouve un équilibre concernant les droits être un leurre. Mais il y en a une qui me parle apaisé. Sinon c’est un de la femme. » spécialement quand je pense à la manque de vie de mon pays. La chanson antiVotre définition respect. extrémisme comme l’a appelée de l'indépendance ? J’exigerais d’inclure dans le une de mes filles : « Né en 17 à Tous les Burundais face à leur programme scolaire une formaLeidenstadt » de J.J. Goldman. destin. Des dirigeants plus sention concernant les droits de la Une chanson que je conseille à sibles à l’amélioration de la vie femme. Une formation comchaque Burundais. Une chan- de chaque citoyen. Des citoymençant avec le primaire et se son qui relativise les différences ens écoutés, respectés, qui ont terminant à la fin du secondaire. humaines, pour nous ethniques ; l’alternative de refuser un dirigeCela va permettre d’aborder tous qui relativise notre supériorité ant qui va clairement à l’encontre les aspects et d’influencer la vie pendant des moments chao- du bien. de chacun. Cette sensibilisation tiques de notre histoire.... est indispensable. Le Burundi Nous réfléchissons et agissons doit être humble et reconnaître Votre définition de la comme si nous avions un choix démocratie ? que des problèmes existent dans de naître Hutu, Pour moi la démocrace domaine et accepter d’y faire « Si je ne suis Tutsi, Twa etc. Ce tie doit influencer ma face. choix-là n’existe vie de tous les jours L’acceptation de ces deux pas démocrate pas. Si vous vous dans ma façon de dans les moindres mesures et le budget qui va avec croyez Hutu détails. Elle doit guider serait un gage de démarrer un vivre, de penser, mes rapports avec vrai changement de mentalité pensez ce qui serait advenu autrui. Si je ne suis indispensable pour un déveld’agir...C’est de vous si vous pas démocrate dans oppement digne de ce nom. inutile de me étiez né Tutsi ma façon de vivre, de faire confiance penser, d’agir...C’est et vice versa. Et si vous étiez ministre des J’ai choisi de inutile de me faire conAffaires étrangères ? si je deviens renoncer à mon fiance si je deviens un Je suis convaincue qu’un pays, un personnage « ethnie » depuis personnage politique. tout comme un individu, a politique. » 2005. A force La démocratie suppose besoin d’avoir des amis pour de réfléchir et du respect envers son s’épanouir. Je veillerais donc à ce d’essayer de comprendre les cri- pays, ses proches, ses amis. La ses mortelles que connaît mon démocratie ne doit pas tolérer pays, j’ai acquis beaucoup de les mensonges, les manipulasérénité, beaucoup de capac- tions, « amayeli ». La démocratie ité de décider par moi-même, doit se baser sur une proposition ée en 1951 à d’être juste et tolérante que je claire, compréhensible pour tous Busimba-Muramvya, ne regrette pas mon choix. C’est et qui permet à chacun de faire Marie Nzigamye vit un choix de VIE comme nous un choix satisfaisant de ce qui en dehors du Burundi depuis l’appelons entre adeptes. engage sa vie, celle de ses enfants, 1971. Elle mène une vie, de tout un pays qu’il a en comselon elle « complètement La radio vous écoutez ? mun avec des millions d’autres atypique » avec plusieurs Je ne suis pas très radio. Les nou- citoyens. Nous arriverons ainsi à déménagements dans huit velles je préfère les lire accom- respecter réellement le choix des pays différents. « J’ai quitté pagnées d’une analyse. Cela me urnes. le Burundi avec une formapermet à mon tour de faire mes tion solide, riche et capable commentaires, d’approfondir Votre définition de m’ouvrir beaucoup de la nouvelle. Les radios sont très de la Justice ? utiles pour connaître les nouPour un simple citoyen, la jusvelles du jour. Et lorsque je n’ai tice existe lorsque sa vie, sa lib-

que ce ministère remplisse correctement ce rôle. Des relations épanouies exigent le respect de tous les accords qui engagent le Burundi. Cela permet aux autres pays de vous faire confiance et de vous écouter avec respect lorsque vous avez besoin de soutien pour atteindre certains objectifs ou vendre des idées et des biens. Ce principe guiderait donc toutes les personnes travaillant dans ce secteur. Une réflexion serait permanente pour ne pas rater le cours de l’Histoire. Croyez-vous à la bonté humaine ? Spontanément je dirai oui, car je suis loin d’être blasée. Si vous m’accordez un petit moment j’ajouterai très vite qu’au Burundi comme dans le Monde et tenant compte de notre époque, cette bonté doit être encadrée afin de mettre un barrage aux manipulations de toutes sortes. Il ne faudrait pas pouvoir passer par « la bonté » pour aboutir à des actions nuisibles surtout pour les plus démunis. Pensez-vous à la mort ? J’y pense quand la mort touche mes proches, quand elle touche mon pays. Elle arrive qu’on y pense ou qu’on n’y pense pas. Le langage populaire dit que chacun a son jour. A mon avis, la pire mort est celle qui est donnée à quelqu’un par une autre personne, par pure méchanceté ou parce que l’on croit être assez puissant pour sacrifier des vies humaines. Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ? Qu'est ce que je dirai à Dieu quand je comparaîtrai devant Lui : Même devant les humains je suis peu bavarde et vous voulez que je trouve à dire à Dieu après ma mort ? (silence) Je dois me concentrer sur mes échanges avec Lui de mon vivant et surtout pratiquer autant que possible le commandement suprême : « Fais à ton prochain ce que tu aimerais qu’on te fasse » Propos recueillis par Antoine Kaburahe

Bio express

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portes », dit-elle. Autodidacte, elle a fait des formations variées et elle est à l’aise dans l’analyse politique et sociologique. Marie Nzigamye s’intéresse naturellement au Burundi, mais aussi à d’autres pays. Elle a publié plusieurs articles et un livre, “ La voix d’une femme “, qui est sa contribution à la paix pour son pays.


AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

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Gitega

La viande de bœuf déserte la table Au niveau du marché de bétail, les vaches qui venaient des provinces Cankuzo, Ruyigi se raréfient. Le peu qui se vend coûte les yeux de la tête. Les bouchers indiquent que le prix d’un kilo de viande pourra d’ici peu atteindre 10 mille francs si rien ne change. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

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l est midi au marché central de Gitega. La partie où on vend la viande est presque vide. Seules deux « carcasses » de vaches sont suspendues sur les crochets. Les clients se bousculent avec billets d’argent dans la main à un seul gigot qui restait. Sur le lieu, le kilo de cette viande rouge est encore sur 7 500 Fbu, mais tous les bouchers affirment que même demain le prix peut monter. « Il n’y avait pas de bétail sur le marché. Hier à Rutegama (marché de bétails à Gitega) les acheteurs et les commissionnaires étaient plus nombreux que les vaches .Les bœufs n’arrivent plus. Je me suis résolu à acheter un seul bœuf car le prix était trop élevé »,a précisé Bernard. Avec cette rareté, certains bouchers attribuent cette situa-

Région Sud

tion au faible taux de change de la monnaie burundaise. Selon eux, les marchands tanzaniens qui amenaient leurs vaches au Burundi préfèrent les vendre sur place car le shilling tanzanien serait supérieur au franc burundais. Une version confirmée par les marchands de bétail de Mishiha et Kigamba (Cankuzo) « Nous étions habitués à nous ravitailler en Tanzanie. Aujourd’hui, il est difficile de voir quelqu’un qui amène cinq vaches alors qu’avant c’était des dizaines ou des centaines de tête de bétail. Ils sont cher», explique Isidore. Pour combler le vide, les bouchers se rabattent sur les vaches de Mwaro et Muramvya, mais elles sont hors de portée des maigres bourses. Cette tendance n’est pas prête à s’inverser, selon Albert, qui affirme qu’elle se poursuivra jusqu’à la fin de l’année. « Au vu de ces tarifs, il devient évident que les bouchers de Gitega

Place des bouchers au marché central de Gitega

manqueront des vaches à abattre car nos collègues de Bujumbura et de la RD Congo raflent toutes les vaches disponibles sur le marché.»

Répercussion sur d’ autres animaux Habitués à croquer à belles dents les brochettes de viande de bœuf dans les bistrots à la 1ère avenue au quartier Nyamugari, lieu appelé communément CPGL, Joseph et ses amies, font un constat.

« Même la viande de porc et de chèvre est de plus en plus cher. Une chèvre s’achète à 100 mille francs alors qu’il y a deux mois, je l’achetais entre 60 et80 mille francs », précise un vendeur des brochettes. Dans certains restaurants, un morceau de viande cuite coûte 2 mille francs au lieu de 1 500 BIF habituel. Conséquence : dans la majorité des bistrots, une brochette de porc est à la mode, une chose impensable dans la ville de Gitega, il y a quelques mois. Quant

aux poules, sa viande reste un mets des gens très fortunés. Les consommateurs qui ne peuvent pas s’arrimer, se voient obligés de payer le prix fort pour l’obtenir ou s’abstenir. Pour que la situation se normalise, il est urgent de renforcer l’accompagnement du secteur bétail, plaide Simon un éleveur de Songa, afin d’impulser une certaine dynamique de compétitivité face aux importations de vaches venues de la Tanzanie.

Rumonge

La spéculation bat son plein Les prix des produits Brarudi, des matériaux de construction, du sucre et de la viande ainsi que le ticket de transport ne cessent de monter sans qu’aucune justification ne soit fournie. Les consommateurs demandent que cette spéculation soit jugulée. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

D

epuis le début de la saison sèche, il s’observe une spéculation sur certains produits. Les produits Brarudi dont les limonades « fanta » ont passé de 700 à 800 Fbu et l’Amstel 65 cl à de 2 000 FBU. Il en est de même pour les matériaux de construction où un sac de ciment Buceco varie entre 29 000 francs et 31 000FBU. Une spéculation sur le prix du sucre et de la viande s’observe et varie d’une localité à une autre et souvent les balances

Les prix de la plupart des produits ont été revus à la hausse

sont truquées. Au lieu d’acheter un kg de viande, on trouve 850 grammes, selon les consommateurs.

L’autorité administrative interpellée K.N , un consommateur rencontré au marché de Rumonge demande aux autorités, du gouverneur au chef de colline, de faire respecter les prix fixés par

le gouvernement . « Les spéculateurs ne peuvent pas être forts plus que le gouvernement » a-t-il martelé. Un autre consommateur qui a requis l’anonymat dénonce certaines autorités qui ferment les yeux devant telle situation.Une femme commerçante de poisson s’insurge contre la montée du ticket de transport sur certains axes .Elle indique que les voyageurs sont laissés à eux-mêmes car les chauffeurs

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des véhicules imposent des tickets de transport à leur volonté. « Le ministère des transports et les autorités administratives ont la responsabilité de remettre à l’ordre ces chauffeurs zélés qui imposent des tickets de transport exorbitants surtout pendant la saison sèche » a-t-elle demandé. Juvénal Bigirimana, gouverneur de la province de Rumonge demande à la population de collaborer avec les autorités administratives, policières et judiciaires en dénonçant toute personne qui s’adonne à la spéculation surtout pour les produits dont le gouvernement a officiellement fixé les prix . Il a cité notamment les produits Brarudi, le sucre, le ciment, le carburant ainsi que le ticket de transport. Il a mis en garde les contrevenants et les spéculateurs qu’ils seront punis selon la loi. Le représentant de l’association burundaise des consommateurs, ABUCO en province de Rumonge demande aux consommateurs d’être solidaires pour défendre leurs droits et dénoncer ces spéculateurs.


AU CŒUR DU PAYS

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Région Nord

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Ngozi

Ils s’engagent à la non-violence

Réunis par l’organisation Ntabariza, des jeunes de diverses couches sociales, politiques et ethniques ont appris la résolution pacifique des conflits. Ils se disent engagés à profiter de leur diversité pour l’auto-développement. De notre correspondant Apollinaire Nkurunziza

C

’est une grande joie de rencontrer et m’asseoir avec un Inyankamugayo du CNL », confie Hamza Selemani Nduwimana, un des représentants du CNDD-FDD à l’université de Ngozi. Il dit être indigné des affrontements qui, des fois, éclatent quand ils se retrouvent sur un même terrain de travail. Il parle aussi de la peur des uns envers les autres craignant des violences qu’ils peuvent s’infliger. Hamza le dira au sortir d’une formation des jeunes de différentes formations politiques et ethniques, au chef-lieu de la province Ngozi. Cette formation étant organisée par Ntabariza, un organisme chargé de la plaidoirie des prisonniers et leurs familles. Lui comme son voisin du CNL, ils apprécient le contenu de la

Région Ouest

formation sur la résolution pacifique des conflits. Ils s’accordent que pendant les périodes électorales et post-électorales, les jeunes sont visés et manipulés. Souvent, ils en sont victimes. D’après B. Elias, le manque de formation et d’information est à la source des dérives perpétrées par les jeunes. Là, il pointe du doigt les jeunes démunis. « Ils croient que faire violence à celui avec qui on ne partage pas une conviction politique, c’est un signe de force. Mais, ils ignorent que le pays ne peut en aucun cas se construire par des violences. » Alors pour lui, ces jeunes au bas niveau ont à fortiori besoin d’une formation sur la non-violence et la résolution pacifique des conflits.

« Non à la brutalité » Les églises ne sont pas non plus épargnées des violences. Comme l’indique Anne Marie Nsabimana de l’église FECABU, malgré la foi

Les jeunes, dans leur diversité, participent aux travaux communautaires

religieuse, des jeunes au sang encore chaud se retrouvent dans des formations politiques. Ils s’acharnent et se brutalisent. « La bonne solution n’est pas de se brutaliser. Plutôt, les jeunes devraient mettre ensemble leur force pour l’auto développement», proposet-elle. Les jeunes classent le chômage au premier rang parmi les causes des conflits. Par conséquent, ils proposent une voie sûre de sor-

tie : « Que nos dirigeants nous trouvent des occupations. Pris par des activités génératrices de revenus, nous ne pouvons plus tendre l’oreille aux politiciens ». Conscients que leur diversité tant sociale, politique, religieuse que ethnique constitue une force commune, ils assurent que leur union construirait quelque chose de grandiose. « Nous avons constaté qu’après 2015 les prisons regorgent sur-

tout des jeunes. Ils sont facilement maniables.Ils ont été trompés par des politiciens », constate Jean Marie Nshimirimana, le patron de Ntabariza. Selon lui, Pour éviter le même scenario en 2020, Ntabariza a songé à les conscientiser par des formations en résolution pacifique des conflits. Et enfin, les regrouper en associations pour les soutenir matériellement.

Cibitoke/Mabayi

Plus de 5 ans sans eau potable à Ruhororo Les habitants de la colline et zone Ruhororo commune Mabayi viennent de passer cinq ans dans des conditions sanitaires très critiques liées au manque d’eau potable. Ils demandent à l’administration de trouver une solution à ce problème. De notre correspondant Jackson Bahati

A

rrivée sur la colline et zone Ruhororo à moins de 13 km du chef-lieu de la commune Mabayi, un centre qui grandit du jour au jour, l’on voit un grand nombre de personnes qui cherchent de l’eau potable sans succès. D’après les habitants rencontrés sur place, ils viennent de passer plus de 5 ans sans eau potable et ne consomment que l’eau des marais et celle de la rivière Nyamagana. Selon Claude Nsanze, père de 8 enfants et âgé de 60 ans, le manque d’eau est un

Ils sont obligés de parcourir des dizaines de kilomètres pour trouver de l'eau potable

problème majeur dans sa famille et surtout que ses enfants sont toujours victimes de maladies des mains sales. Cette situation remonte à l’an 2015 lorsque les relations entre le Burundi et le Rwanda se sont détériorées. Avant cette période,

ils consommaient de l’eau puisée dans la rivière Ruhwa qui sépare ces deux pays. Selon Immaculée Ndikumana, mère de 6 enfants, personne ne peut s’approcher de cette rivière car l’endroit est sous contrôle de forces de sécurité des deux côtés.

Plus de 10 km pour trouver de l’eau C’est du moins la déclaration de ces habitants qui disent parcourir une dizaine de kilomètres pour trouver de l’eau potable. Et, ceux qui parviennent à apporter cette

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eau la vendent à des prix exorbitants. Un bidon de 20 litres peut se vendre à 1 000 francs . Pendant la saison pluvieuse, la majorité de la population du centre Buhororo boit l’eau de pluie. Certains parents contactés disent que leurs enfants se présentent à l’école avec des uniformes très sales suite au manque de l’eau pour la lessive. Ce centre Ruhororo abrite également une structure sanitaire et divers postes militaires assurant la sécurité à la frontière. Tout le monde a peur des maladies des mains sales et en particulier ce centre de santé qui enregistre parfois des cas de maladies vénériennes. Les habitants de ce centre demandent à l’administration communale de trouver une solution à ce problème avant que les dégâts ne soient énormes. Pascal Basarurwuzuye, administrateur de la commune Mabayi reconnaît que ce problème du manque d’eau potable est un défi majeur à Ruhororo. Selon lui, des études sont en cours pour rendre l’eau disponible. Il demande à la population de faire preuve de patience en attendant la solution.


SPORT

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Athlétisme Mondiaux de Doha : le Burundi sera sans Francine ni Gakeme Du 27 septembre au 6 octobre, la capitale qatarie est hôte des 15e championnats du monde. Pour cette édition, la vice-championne olympique en titre sur 800m et le médaillé d’argent aux mondiaux en salle de Portland en 2016 sur cette même distance ne seront pas de la partie. urgente, à ses yeux, qui doit trouver une issue favorable au risque de se généraliser. Pour ce rendez-vous émirati, seuls 6 athlètes ont pu décrocher les minima qualificatifs. Onesphore Nzikwinkunda, Rodrigue Kwizera, Thierry Ndikumwenayo sur 10.000m, Elvanie Nimbona, Olivier Irabaruta au marathon et Eric Nzikwinkunda sur 800m. Un parterre de jeunes athlètes qui, pour la plupart, en seront à leur 1ère grande compétition internationale. Nombre de Burundais s’interrogent alors : « Saurontils être à la hauteur, avoir les épaules assez larges pour porter les espoirs de tout un peuple ». Pour pas mal d'analystes, c’est un sacré challenge, mais à leur portée.

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C’

est une délégation burundaise qui s’apprête à aborder cette ultime compétition de la saison sans ses deux vedettes. Disqualifiée à cause de son hyper androgénie, pour la 1ère fois depuis 2012, Francine Niyonsaba manquera à ce rendez-vous. « Un coup dur pour toute une nation, car elle nous avait habitué à rentrer avec une médaille », déplore Sylvère Nsengiyumva, directeur technique nationale de la Fédération d’athlétisme du Burundi(FAB). Egalement forfait, Antoine Gakeme. L’officier militaire en Hautes Etudes du Sport paie le lourd tribut de sa piteuse saison. « Faute d’une bourse de solidarité olympique, il n’a même pas pu participer aux derniers Jeux Africains, alors qu’il pouvait décrocher les minima qualificatifs », fait savoir M.Nsengiyumva. Une situation

Hervé Mugisha La semi-fondeuse est disqualifiée pour Doha

Coup de projecteur sur les possibles chances de médailles • Sur 10.000 m, enfin la consécration ?

son cardio. « Juste, un peu de footing pour rester en phase avec son corps ». Idem pour Elvanie. Souvent aux abonnés absents sur 10.000m, sur avis de son entraîneur, elle a troqué le 10.000 m pour le marathon. Et depuis qu’elle s’est initiée au marathon, la native de Bururi semble avoir retrouvé ses jambes d’antan. Une bonne nouvelle à une dizaine de jours du tournoi.

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• Sur 800m Eric Nzikwinkunda, la grande attraction © Droits réservés

C’est un Olivier Irabaruta ultra motivé qui tentera d’accrocher à son palmarès une récompense mondiale. Allusion faite à sa dernière olympiade ratée. Il avait péché par manque d’expérience, laissant filer sa chance, suite à un rythme soutenu de ses adversaires. Pour y arriver Adrien Sabukiza estime qu’à deux semaines du début de la compétition, ce qui importe pour lui, c’est de maintenir

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coach de Messager Bururi. Aussi, faut-il qu’il apprenne à ménager un peu son corps durant ces deux semaines. Même cas de figure pour Rodrigue Kwizera et Onesphore. Respectivement 11e et 14e, lors des championnats du monde de cross- country, c’est avec un esprit revanchard qu’ils aborderont la compétition. Onesphore a à cœur de briser la malédiction qui lui court derrière durant les compétitions internationales. Une situation aux antipodes de Rodrigue. Pour son baptême de feu, il rêve de faire mieux qu’il y a 3 semaines à Rabat, lors des Jeux Africains.

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Réputée être une distance de prédilection des Kenyans et des Ethiopiens, ils seront trois athlètes burundais à vouloir inscrire leur nom au palmarès de cette compétition. Contrairement à Rodrigue qui en sera à son baptême de feu, Thierry et Onesphore abordent le tournoi en sérieux challengers. Très en vue depuis les derniers mondiaux de cross-country tenus à Aarhus (Danemark) en mars, où il s’était classé 9e, Thierry n’a qu’une envie : descendre sous les 28’. «En dessous de ce chrono, nul doute qu’il pourrait tenir tête aux lièvres kenyans, etc », laisse entendre Adrien Sabukiza,

• Sur marathon, Olivier et Elvanie saurontils tirer leur épingle du jeu ?

Souvent décrit comme un talent brut, l’ancien sociétaire de Messager Bururi ne rêve que de ce rendez-vous. Pour lui, c’est une occasion d’éclore au grand jour et peut-être de marcher dans le sillage de Francine Niyonsaba la clé: descendre sous les 1'45''. En attendant un éventuel retour sur piste de la vice-championne olympique sur 800, M. Nsengiyumva explique qu’ils ne peuvent qu’attendre la décision du tribunal arbitral du sport(TAS). H. M.


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Quatrième étape : •

Évaluation de processus avec tous les acteurs clés impliqués;

ACTEURS CLÉS IMPLIQUÉS Le système est organisé autour de quatre (4) parties prenantes: • • •

Les Organisations paysannes (OP) et leurs membres agriculteurs; Les institutions de Micro finances (IMF)/Banques; Les Structures d’appui technique et de renforcement de capacités (encadrement des OP) pour assurer la maîtrise de conservation et de l’accès aux marchés; Acteurs au développement des filières par exemple les distributeurs d’intrants et produits phyto en faveur des OP, le secteur privé.

BESOINS DES RESSOURCES EN TERMES DU TEMPS DU PERSONNEL, AUTRES RESSOURCES EXPLICATION DU PRODUIT Le crédit warrantege c’est un financement pour les producteurs agricoles liés regroupés en leurs organisation paysanne (OP). Les récoltes des producteurs sont gardées dans un entrepôt sécurisé en contrepartie d’un récépissé ou warrant, comme garantie pour solliciter un crédit, généralement entre 60% et 80% de la valeur du stock, donné par IMF. Le crédit octroyé à l’agriculteur lui permet de faire face à ses obligations à la récolte ou autres activités génératrices de revenu.

PRINCIPAL GROUPE CIBLE Le principal groupe cible sont les Organisations Paysannes (OP) et leurs membres, les agriculteurs pauvres, mais avec des moyens de production. Avantages du warrantage •

Pour les membres des OP : Le crédit warrantage c’est une opportunité pour les membres des OP d’épargner en nature et ne pas vendre toute sa production au moment de la récolte. Le producteur est protégé contre la spéculation et l’usure au moment de la récolte et avoir du revenu au moment de la vente après stockage en période de pénurie où les prix sont hauts. Pour les OP : Le crédit warrantage sécurise le stock des membres et augmente l’autonomie de gestion de l’OP. Aussi le système

peut améliorer la marge sur le vente de produit au niveau des OP et inclus la vente des produits dérivés comme le décorticage et la vente du son de la récolte. Pour les l’IMF : Avec le crédit warrantage, les IMF peuvent accroître son impact social. Aussi l’IMF peut accroître son portefeuille en crédits avec un crédit à faible risque à cause d’une garantie très fiable de stockage. L’IMF obtient une occasion,de promouvoir d’autres produits d’épargne et crédits, et utiliser la structure des OP pour lancer des campagnes de,sensibilisation et d’éducation financières.

LES ÉTAPES DE MISE EN OEUVRE DU PRODUIT Première étape est la préparation •

Evaluation de campagne précédente considère la réalisation et les risque déjà connu, analyser les opportunités ; Planifier le nouveau campagne par identification des OP, capacités des hangars, et identifier les besoins des crédit par agence de crédit ; Introduire le produit de warrantage au niveau des agences de crédit et des OP, et renforcer leurs capacités. Introduire tous les outils au sein des agences de crédit : CAM.

• •

Disponibilité des agents et superviseurs + contrôle des opérations par le service audit ; Préparation bien avant de commencement dans les saisons ; Disponibilité des liquidités, immédiatement après leur stockage.

PRINCIPAUX DÉFIS : • Deuxième étape : Implémentation • Sensibilisation des OP et collecte des dossiers de demander des OP; • Assurer une bonne collaboration entre les OP et les agences de crédit et l’IMF • Analyse d’éligibilité des OP avec les utile d’analyse de performance, • Approbation et déblocage de crédit.

Troisième étape : Suivi • •

Suivi l’introduction et opérationnalisation des crédit s; Stockage/Déstockage, observer le processus de remboursement dans le vente de récolte ;

• • •

Pratique du warrantage sociale qui doit profiter plus aux producteurs et moins aux commerçants ; Respect du timing des opérations de crédit warrantage ; Ressources humaines & financières de l’IMF ; Harmonisation des interventions des divers partenaires qui accompagnent les producteurs/OP.

Mr Crescent MBONIGABA, Président de la Coopérative Tuziganirize Kazoza atteste que le système de warrantage est d’une importance capitale pour leur coopérative. Il leur permetd’emprunter des fonds sans avoir à gaspiller leurs productions au moment où les prix sont les plus bas, de réaliser d’autres activités génératrices de revenus, mais aussi de pouvoir profiter des hausses des prix au moment de la période de soudure et/ où de disposer de leur production pour leur propre consommation. Mr Crescent MBONIGABA précise aussi que les membres de la coopérative doivent leur réussite au respect des principes fondamentaux du système de warrantage. Le coopérative est cliente de l´IMF UCODE MF, partenaire de ICCO COOPERATION.

Nous aidons les agriculteurs et les petites entreprises à se developper

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ANNONCES

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Activités sociocommunautaires à l’intention des bénéficiaires du projet Gira Ejo Le projet Gira Ejo mis en œuvre par Burundi Leadership Training Program (BLTP) a organisé vendredi 6 septembre une série d’activités pour clôturer la semaine d’activités sociocommunautaires en commune Muha. Une façon de renforcer la cohésion sociale entre les bénéficiaires du projet d’une part, et les autres membres de la communauté d’autre part.

P

lus d’une centaine de jeunes garçons et femmes ont convergé vers 8 heures sur la rive du lac Tanganyika, du côté du quartier Kibenga, en commune Muha de la ville de Bujumbura. Un but précis : procéder à l’arrachage de la jacinthe d’eau. Une activité d’intérêt communautaire et environnemental. La jacinthe d’eau a fait sa réapparition sur les rives du lac Tanganyika et elle est une menace pour la biodiversité aquatique. Durant deux heures, ils se sont activés pour arracher cette plante verte, dans la bonne humeur. Ces jeunes ont quelque chose en commun : ils sont tous bénéficiaires directs du projet Gira Ejo. Le projet vise la cohésion sociale. A cet effet, il a organisé plusieurs formations sur la gestion pacifique des conflits, le leadership et l’entrepreneuriat. Le projet Gira Ejo s’intéresse à 500 jeunes, en raison de 250 hommes et 250 femmes dont l’âge va de 16 à 35 ans. Ils sont répartis dans quatre communes, deux communes de la Mairie de Bujumbura : Ntahangwa et Muha ainsi que deux autres communes de la Province de Bujumbura : Kanyosha et Mutimbuzi. Les quartiers et collines ciblés sont ceux des périphéries où se concentrent plusieurs jeunes sans activités. L’arrachage de la jacinthe d’eau sera l’une d’une série d’activités prévue tout au long de la journée du 6 septembre 2019. Après les deux heures allouées à cette cause, les jeunes se sont rendus au Petit Séminaire de Kanyosha. Cette fois il a été question de sport, de danses traditionnelles et de sketches. Un match de football a opposé les jeunes du quartier Kajiji à ceux de Kinanira I. Un match riche en émotion qui s’est conclu par deux buts à zéro en faveur de l’équipe de Kinanira I. Ensuite est venu le temps de la compétition de manifestations culturelles. 10 groupes étaient en lice pour se disputer cinq prix. Le quartier Kibenga a raflé le premier prix. Le groupe représentant le quartier Kajiji a occupé la deuxième place du classement suivi par le quartier Gisyo. Les

quartiers Gitaramuka et Kamesa ont occupé respectivement la quatrième et cinquième place. Les membres du jury ont par la suite primé tous les petits sketches présentés. La zone Kinindo prenant la première marche du podium, ensuite la zone Musaga pour finir par celle de Kanyosha. Selon Pélagie Gahungu, la Chargée du projet Gira Ejo, cette journée s’inscrit dans le cadre des activités du projet qui a un focus sur la résilience économique des jeunes et la cohésion sociale. Pour cimenter cette cohésion sociale entre les bénéficiaires du projet, des activités culturelles, sportives et des activités conjointes d’intérêt communautaire ont été organisées à l’intention de ces jeunes et des autres membres de la communauté. Mme Gahungu se félicite du bilan positif durant les deux ans du projet. « Après différentes formations, les bénéficiaires ont écrit des plans d’affaire qui seront financés avec l’aide de USAID, » a-t-elle indiqué. Selon elle, la sélection des bénéficiaires a été participative. Dès le commencement du projet, les responsables du projet sont allés à la rencontre des communautés pour demander de dresser le profil des bénéficiaires directs. En plus de l’âge et de la parité

Arrachage de la jacinthe d'eau au bord du Lac Tanganyika, quartier Kibenga

de sexe évoqués ci-haut, d’autres critères mis en avant ont été la provenance des différents partis politiques, ne pas exclure ceux qui

n’ont pas été à l’école et ne pas inclure ceux qui sont diplômés. Les jeunes se sont regroupés en petites associations basées

Compétition sportive organisée par le projet Gira Ejo

Fabien Nsengiyumva, Coordonnateur de BLTP (Burundi Leadership Training Program) organisation initiatrice du projet

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sur la convergence sur un même micro-projet et la proximité géographique. Chaque groupe a reçu une reconnaissance juridique au niveau de la commune. Ils ont alors écrit des plans d’affaires qui ont été validées. «Les bénéficiaires ont ouvert des comptes dans des institutions de microfinances. D’ici peu le projet va passer à l’étape du financement des projets soutenus par USAID, » a promis Fabien Nsengimana, Coordonnateur de BLTP (Burundi Leadership Training Program), organisation initiatrice du projet Gira Ejo en partenariat avec l’organisation locale Ikibiri Coalition avec le financement de l’agence américaine de developpement USAID .

Les bénéficiaires de leur côté ne tarissent pas d’éloges sur ce projet. Yan Ndayishimiye, 27 ans du quartier Kamesa de la zone Musaga témoigne d’un « miracle de vie ». « J’étais drogué, passant mes journées dans la rue avec des groupes de jeunes désœuvrés dans les ligala. Depuis que j’ai intégré le projet Gira Ejo, j’ai reçu plusieurs formations en leadership et entreprenariat et gestion des conflits. Je vends des crédits téléphoniques en attendant le financement de notre micro projet qui va nous permettre de débuter le commerce de charbon de bois. » Janette Igiraneza, 27 ans est une jeune mère de 2 enfants. Le projet Gira Ejo lui a permis de voir grand. « Avec les formations d’entrepreneuriat et un appui financier, je vais pouvoir avec mon groupe me lancer dans la grande de production et la commercialisation à grande échelle des amarantes (lengalenga) ».


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