IWACU 547

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IWACU N°547 – Vendredi 6 septembre 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

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Commission Diène

Attention avec 2020!

POLITIQUE Interview exclusive avec le président de la CVR

AU COIN DU FEU

SOCIÉTÉ P.5

Tensions sur le site de déplacés de Mutaho

P.8

Avec Désiré Manirakiza

P.13


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LA DEUX Editorial

Une crise « d’estomac » Par Léandre Sikuyavuga Directeur des Rédactions

O

En coulisse

En hausse

Sur le vif

Le Burundi joue sa survie, dimanche 8 août Après son match nul à domicile (1-1), mercredi 4 septembre à Bujumbura, la sélection nationale tentera de venir à bout des Tanzaniens. Cette manche retour se jouera dans le mythique « Uwanja wakima Taifa » de Dar-es-Salaam. C’est dans le cadre des éliminatoires du Mondial 2022.

Miss University Africa : le Burundi a déjà sa candidate Dative Uwimana, étudiante en Gestion et Administration à l’Université Lumière de Bujumbura, représentera le Burundi à la 9e édition de la Miss University Africa. Cette dernière aura lieu au Nigeria en novembre prochain.

Concours sur les meilleures idées pour un centre jeune Le ministère de la Jeunesse organise une compétition de récits d’un meilleur centre des jeunes. Les provinces Bujumbura-Mairie, Cibitoke, Cankuzo, Kayanza et Gitega sont en lice. Seuls les clubs des jeunes, les associations et toute autre structure des jeunes ont le droit de participer. Les candidatures sont ouvertes du lundi 9 septembre au 9 octobre.

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

Le ministère de la Justice,

Directeur des Rédactions adjoint : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa

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our avoir infligé des sanctions disciplinaires à certains juges du TGI Bubanza corrompus, qui ont acquitté un policier accusé de meurtre.

En baisse

L’administrateur de la commune Bwambarangwe, Fébronie Niyingabire,

P

Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa et Arnaud-Igor Giriteka Economie : Pierre-Claver Banyankiye

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n s’attendait à une mise en garde, un avertissement, un message fort. L’administrateur de la commune Bwambarangwe a passé à tabac trois jeunes filles. L’une d’elle est toujours hospitalisée. Il les accuse d’empêcher les gens de payer les taxes communales. La population de Butegana, leur colline de résidence, parle plutôt des mobiles politiques : «Elles faisaient des répétitions de danse pour les cérémonies d’ouverture de la permanence du parti CNL. ». Dans tous les cas, il y a erreur de procédure. Pour le premier cas, il y a des services habilités à traiter un tel dossier, à savoir la police et la justice. Si le deuxième cas s’avère vrai, cela démontrerait que l’intolérance politique arrive au paroxysme dans cette commune. En effet, une telle autorité doit se placer au-dessus des clivages politiques. Elle doit promouvoir la liberté et la dignité entre les personnes qu’elle dirige. Elle devrait promouvoir la cohésion dans sa commune. Ce qui s’est passé est un mauvais précédent, avec risque de provoquer un effet domino pour les autres communes. Attitude qu’il faut décourager à la veille des élections. L’administrateur devrait être ramené à l’ordre, recadré. Ce qui n’est pas le cas, apparemment. Aucun message. Par contre, les responsables provinciaux essayent de mettre un bémol pour calmer le jeu, pour ne pas heurter, choquer. « L’administrateur a pris un bâton et a donné quelques coups. A cause de la colère, elle a été prise par une crise d’estomac», explique le président du parti Cndd-Fdd en province Kirundo. Pour le gouverneur de province, l’administrateur communal n’avait pas l’intention de faire du mal à ces filles, mais « c’était une manière de corriger un enfant. » Des réponses simples, simplistes. Une langue de bois. Du politiquement correct. Comme disent les politologues, si une idéologie ignore certaines réalités, la réalité finit par se venger.

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our avoir tabassé trois filles, lundi 2 septembre. Des mobiles politiques seraient derrière.

Sécurité : Fabrice Manirakiza Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société : Clarisse Shaka Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza, Edouard Nkurunziza, Jérémie Misago

ANNONCE

INTERCONTACT SERVICES AVIS DE RECRUTEMENT MEMISA en collaboration avec INTERCONTACT SERVICES recrute pour les profils ci-après : 1.Un (e) Infirmier(e) Superviseur Agent de Terrain (H/F) https://www.intercontactservices.com/interhuman/poste/une-infirmieresuperviseur-agent-de-terrainh-f/ 2.Un Comptable des antennes de Muyinga et de Muramvya (H/F) https://www.intercontactservices.com/interhuman/poste/un-comptabledes-antennes-de-muyinga-et-de-muramvyah-f/ MEDECIN (H/F) 3.Médecin chargé de la Santé Sexuelle et Reproductive https://www.intercontactservices.com/interhuman/poste/medecin-chargede-la-sante-sexuelle-et-reproductive/ 4. Un Responsable Logisticien (H/F) https://www.intercontactservices.com/interhuman/poste/un-responsablelogisticien/ 5. SECRETAIRE CAISSIER ARCHIVISTE (H/F) https://www.intercontactservices.com/interhuman/poste/secretaire-caissier-archiviste-h-f/ Les DTRS complets sont postés sur le site : www.intercontactservices.com dans la rubrique offres d’emplois. Les dossiers de candidature constitués d’une lettre de motivation, d’un CV actualisé, une copie du diplôme et 3 références doivent parvenir à l’adresse électronique : recrutements@intercontactservices.com au plus tard le mardi 10 septembre 2019 à 17 :30.

www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org

Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi Un chiffre

100 est le nombre de ménages, jusque-là vivant à Bujumbura, retournés volontairement sur leurs collines d’origine.

Source : Ministre des Affaires sociales

Une pensée

« La méconnaissance et le mépris des droits de l'Homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité... » René Cassin


L'ÉVÉNEMENT

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La commission d’enquêtes appelle à la vigilance

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ans une conférence de presse tenue mercredi 4 septembre, la commission de Doudou Diène alerte la communauté internationale et appelle une vigilance accrue. Le tableau peint par la commission est sombre. Il se base sur 1200 témoignages, dont 300, depuis septembre 2018, date de reconduction de la commission. Exécutions sommaires, disparitions forcées, arrestations arbitraires, cas de torture et les violences sexuelles, la liste des violations des droits est longue. Les victimes sont pour la plu-

C’est une alerte sur la probabilité élevée d’atrocités criminelles imminentes. « Les risques sont réels et graves, » souligne Doudou Diène.

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Selon la commission d’enquêtes des Nations Unies sur le Burundi, à la veille des élections, les huit facteurs de risques établis par les Nations unies communs aux atrocités criminelles et de détérioration de la situation des droits de l’Homme existent au Burundi.

Alerte, alerte

La commission Diène alerte la communauté internationale.

part les opposants (surtout les membres du CNL). Les autres personnes visées sont également des jeunes accusés d’appartenir aux groupes armés, les rapatriés, les journalistes ainsi que les activistes des droits de l’Homme. « Les violations visent désormais l’ensemble de la population à l’intérieur du pays, des familles modestes sans activité politique apparente dans les zones rurales, reculées. Elles se passent souvent la

nuit, sans témoins,» assure Doudou Diène, président de la commission. Le rapport pointe du doigt les principaux auteurs. Il s’agit des Imbonerakure (jeunes du parti au pouvoir), des forces de l’ordre ainsi que l’administration. Le système judiciaire est également indexé. Il a continué de servir d’outils de répression contre les opposants tout en favorisant l’impunité des auteurs.

Le dernier rapport de la commission innove. Cette fois-ci, elle décide d’intégrer un nouveau concept dans son travail. Il s’agit de voir si les huit facteurs de risques identifiés par les Nations unies, communs aux atrocités criminelles, existent au Burundi. La commission a donc rassemblé ces huit facteurs et les a contextualisés avec la situation du pays. Le résultat est glaçant. Des violations graves des droits de l’Homme et de possibles crimes de droit international persistent depuis le début de la crise de 2015. La situation s’empire à la veille des élections de 2020. « Il y a l’instabilité économique, persistance de la question des réfugiés, l’impunité générale et l’absence de perspective de solution à la crise, » souligne Françoise Hampson, membre de la commission d’enquête. Elle évoque également un rétrécisse-

ment de l’espace politique et un multipartisme de façade. « Les facteurs de risques auraient peut-être permis que certaines violations des droits de l’Homme soient évitées. Certains génocides n’auraient pas eu lieu, » explique Doudou Diène. Il appelle à plus de vigilance de la part de la communauté internationale, du gouvernement burundais et de la population. Il s’agit d’une alerte précoce et préventive. Prudente, la commission prévient. L’existence de ces huit facteurs ne signifie pas que les atrocités criminelles vont se produire, ne détermine pas quand, à quel moment ni même dans quelle circonstance elles pourraient survenir. En réaction, le conseiller principal à la présidence de la République, Willy Nyamitwe a déclaré sur son compte twitter que le Burundi n’est plus intéressé à répondre aux mensonges et à la manipulation d’opinion de la part de certains occidentaux qui ne visent que la déstabilisation du Burundi. Agnès Ndirubusa

Les huit facteurs de risques communs aux atrocités criminelles 1. 2. 3. 4. 5.

Un environnement politique, économique et sécuritaire instable Un climat d’impunité générale pour les violations des droits de l’homme Faiblesse du pouvoir étatique pour faire cesser d’éventuelles violences et violations des droits de l’Homme notamment le système judiciaire. L’existence et l’intention de recourir à la violence pour se maintenir au pouvoir Capacité des différents acteurs à recourir à la violence et aux violations des droits de l’Homme

6. 7. 8.

L’absence de facteurs atténuants, telle qu’une société civile solide et organisée, des médias nationaux libres, diversifiés et indépendants Les circonstances et un climat propice à la violence et aux violations des droits de l’Homme L’existence de facteur déclencheur (les élections de 2020.)

A.N.

Réactions • Nancy Ninette Mutoni : « Le Cndd-Fdd dénonce une fois de plus la politisation des droits de l’Homme par l’ONU »

L

a commissaire chargée de la communication et de l’information du parti au pouvoir indique que le Cndd-Fdd ne reconnaît pas cette commission. « Nous ne pouvons en aucun cas commenter le fruit de son travail tellement nous nous imaginons quelles cal-

omnieuses faussetés elle peut forger contre nous, » indique Nancy Ninette Mutoni. Le Cndd-Fdd dénonce une fois de plus la politisation des droits de l’Homme par l’ONU. Ces manœuvres de déstabilisation par l’occident ont été mises à nues et ne peuvent plus distraire les Burundais en général, les Bagumyabanga et les Imbonerakure en particulier déterminés à prendre en main le destin de leur chère nation.

• Agathon Rwasa : « Ils ont quelque part raison de s’inquiéter » Selon le président du parti CNL considéré comme la grande victime des violences et violations des droits de l’Homme, les inquiétudes de la commission sont quelque part fondées. Selon Agathon Rwasa, les droits garantis par la Constitution sont bafoués. Le mauvais précédent étant l’affaire de Nyabiraba où la permanence du CNL a été incendiée. Les victimes ont été incriminées tandis que les vrais coupables courent toujours. « Cela a instauré l'impunité et a encouragé les autres à faire de même ». Le CNL affiche une trentaine de permanences

vandalisées. Les victimes d’intimidation se comptent par centaines et certains croupissent actuellement en prison pour des mobiles politiques quand d’autres sont blessés. « Les bons discours des autorités doivent s’accompagner d’actions pour restaurer un climat propice au bon déroulement des élections ». A.N.

Doudou Diène a-t-il des raisons de s’inquiéter ? Le rapport de la commission d’enquêtes sur le Burundi survient dans un contexte de tensions et de violences politiques exacerbées par les préparatifs des élections de 2020. D’une manière ou d’une autre l’alerte lancée par la commission Diène trouve son sens dans les récents évènements marqués par des attaques, des blessés, des emprisonnements et des actes de vandalisme des permanences, etc. Une situation qui a également interpelé le gouvernement. Le président de la République a mandaté le

premier vice-président de la République pour régler la question de l’intolérance politique. Une réunion a eu lieu jeudi 29 août avec les leaders des partis politiques et les gouverneurs de province. Tous se sont accordés pour dire que la violence politique est une réalité. Des décisions devraient être prises. Le secrétaire général du parti Cndd-Fdd a lancé une recommandation d’instaurer un cessez-lefeu d’un mois adopté par tous les participants. Une semaine après, la mesure n’a pas encore porté

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ses fruits. Certains commencent déjà à douter de son efficacité tandis que d’autres demandent de ne pas verser dans le pessimisme. Paris ne s’est pas faite en un jour. En tout cas le baromètre des 8 facteurs de risques des Nations unies pourrait servir même les leaders sur place. Pour détecter quand il faut dire stop si on ne veut pas plonger le pays dans les « atrocités criminelles».

A.N.


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POLITIQUE

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Interview exclusive

Mutaho veut redorer son blason Sécurité, développement socio-économique, les élections de 2020, etc. Denis Niyomuhanyi, administrateur communal de Mutaho, province Gitega, s’exprime.

C

es dernières années, l’insécurité était récurrente dans votre commune. Aujourd’hui, quelle est la situation ? La sécurité est bonne. Les comités mixtes de sécurité (la quadrilogie) sont à l’œuvre. Les cas d’insécurité sont vite gérés par cet organe. Il n’y a plus de bandits armés de grenades ou de fusils. La population circule librement. Certains accusent cette quadrilogie d’être l’apanage des seuls membres du parti au pouvoir… Mutaho est un centre presque urbain. On y trouve sept partis politiques à savoir Cndd-Fdd, CNL, Uprona, Sahwanya-Frodebu, Frodebu-Nyakuri, coalition Ranac et PPDR. Tous sont représentés dans les comités mixtes de sécurité. Les chefs de service, des religieux … en font aussi partie. Rwisabi est-elle aujourd’hui calme ? Oui en effet en 2017, dans cette zone, il y a eu des conflits entre les jeunes du Cndd-Fdd et les FNL. Ces derniers travaillaient en clandestinité, tenaient des réunions clandestines. Ils formaient des groupuscules dans des maisons, des vallées et des ruisseaux. Leur parti n’était pas encore agréé. Aujourd’hui, CNL est un parti légal. Ses membres tiennent des réunions, ont même ouvert une permanence et participent dans des réunions des partis politiques.

Il n’y a donc plus d’accrochage ? Quand cela arrive, on collabore avec le représentant communal du CNL pour gérer la situation. Il ne reste que quelques cas liés à l’ivrognerie. Et là, nous rappelons toujours aux jeunes que l’infraction est individuelle. Quand un Imbonerakure ou un Inyankamugayo commet une infraction, il est puni individuellement. Avec l’agrément du CNL, les échauffourées ne sont plus fréquentes. Rien à signaler ? Mutaho s’achemine paisiblement vers les élections de 2020 ? Tout à fait. Les signes sont là. Par exemple, nous avons pu collecter plus de 90 % des prévisions des contributions aux élections. Sur une prévision de 36 millions BIF et nous avons eu plus de 33 millions BIF. Ces contributions ont-elles été volontaires ? Oui. Nous avons seulement sensibilisé la population. D’ailleurs, depuis que le président de la République a annoncé l’arrêt de cette opération, on s’est exécuté. Et tous les documents administratifs sont octroyés sans exiger le reçu de cette contribution. Quid du développement de votre commune ? Notre but est de reconquérir le niveau de développement d’avant 1993. Elle occupait la 9e place sur la liste des centres à vocation urbaine. Quand je suis devenu administrateur en 2015, j’ai rassemblé tous les commerçants. Je leur ai fait remarquer par exemple que mettre un capital de plus de 10 millions BIF dans un minable kiosque en planche, c’est de la pire ignorance. Aujourd’hui notre commune est dotée d’un marché moderne. Ainsi, plus de 400 nouvelles

réhabilité et équipé. Néanmoins, il manque le scanner et la radiographie. Comment considérez-vous le travail des journalistes ? Ils jouent un rôle important dans le développement. Ils portent à la connaissance du public nos réalisations.

boutiques en briques cuites ont été érigées. Le coût unitaire étant estimé à 5 millions BIF. Cette modernisation en cours a déjà coûté plus de 2 milliards BIF. Certaines gens dénoncent une attribution illégale des places dans ce marché. Qu’en ditesvous ? Nous avons remplacé les kiosques en bois. Personne n’a été chassé. Seulement, ceux qui n’étaient pas capables de construire ont été contraints de quitter ou de vendre. Les propriétaires de larges places, sans moyens de construire, ont été obligés de céder une partie. Que gagne la commune ? Mutaho est devenu un modèle. D’autres communes sont venues apprendre ici. Par exemple, à Gishubi, ils ont, par après, construit un marché plus moderne. La caisse communale en profite aussi. Chaque dimanche, elle encaissait 600 mille BIF. Aujourd’hui, on est à plus d’un million BIF. Mercredi, on col-

lectait 170 mille BIF. Actuellement, on fait entrer 350 mille BIF. Ce qui fait, par mois, plus de 1.500.000BIF (mercredi) et environ 5 millions BIF (dimanche). Vendredi, le marché est constitué essentiellement des produits vivriers tels les tomates, les fruits …. On fait entrer au moins 100 mille BIF. Comment sont gérées ces recettes ? C’est avec ces recettes que nous développons des projets. Par exemple, la commune est en train de construire un stade moderne estimé à environ 200 millions BIF. On est à 40% des travaux. Cet argent nous aide aussi à construire des écoles, alimenter en eau et électricité d’autres coins. Quid des infrastructures sanitaires ? Nous avons six centres de santé (CDS). Soit trois par zone. Nous avons aussi l’hôpital de district de Mutaho construit en 1984 sur financement belge. En 1993, il a été détruit, pillé. Mais, en 2006, la coopération italienne l’a

Néanmoins, certains administratifs se méfient des journalistes surtout indépendants ? Je n’ai pas de leçon à leur donner. Mais, ne pas communiquer, c’est un défaut. D’ailleurs, moi je ne le fais pas seulement pour votre journal, mais, aussi mes réalisations sont postées sur You tube. Je ne comprends pas pourquoi ne pas communiquer, ne pas chanter de bonnes œuvres. Les journalistes permettent que des erreurs, des manquements soient corrigés. Bref, les administratifs qui sont réticents, je leur conseillerais de communiquer. Un message peut-être aux journalistes ? Il faut bien exploiter et utiliser les informations recueillies auprès des administratifs. Des journalistes non professionnels existent. Ils ternissent l’image des dirigeants du pays. Ils envoient des informations aux ‘’colonisateurs’’ qui les exploitent pour d’autres visées. Ils te prennent une photo, et le lendemain, tu la retrouves ailleurs exploitée à d’autres fins Les journalistes sont respectés et respectables. Mais, il faut qu’ils le méritent via un travail professionnel. S’il y a des défis, des erreurs… il faut aussi les soulever. Mais, toujours dans le souci de construire le pays. Propos recueillis par Edouard Nkurunziza Rénovat Ndabashinze

ANNONCE AVIS D’APPEL D’OFFRES NATIONAL OUVERT (AAON) POUR LE RECRUTEMENT D’UNE ORGANISATION NON GOUVERNEMENTALE (ONG) NATIONALE POUR LA MISE EN ŒUVRE DES MESURES D’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL DANS 8 COMMUNES DES PROVINCES DE MUYINGA ET GITEGA - N° AAON: IRC/BDI/01/ SEPT/019 - Date de Publication : 06 Septembre 2019 - Date limite de dépôt des offres : 03 Octobre 2019 à 16 heures - Date d’ouverture des offres : 04 Octobre 2019 à 10 heures Art. 1 : Par le présent Avis d’Appel d’Offres Ouvert National (AAON), International Rescue

Committee (IRC) au Burundi invite les Organisations Non Gouvernementales (ONG) locales intéressées à présenter leurs offres sous plis fermés, pour la mise en œuvre des mesures d’accompagnement social des bénéficiaires du Programme Eau, Hygiène et Assainissement pour Tous-PEHAT (Mobilisation communautaire, Mise en place et redynamisation des Comités de Gestion des Points

d’Eau, Promotion de bonnes pratiques d’hygiène etc.) dans les Communes Butihinda, Gashoho, Gasorwe et Muyinga Rural dans la Province de Muyinga et les communes Bugendana, Giheta, Mutaho et Ryansoro dans la Province de Gitega. Art.2 : Le Dossier d’Appel d’Offres peut être consulté et retiré tous les jours ouvrables à la réception du

Bureau de International Rescue Committee au Burundi, sis à Bujumbura de 9h 00 à 16 h 00, heure locale, à l’adresse ci-après : International Rescue Committee au Burundi, Boulevard de la Nation, Avenue Bunogera, No.42 ; B.P: 1540, Bujumbura, Burundi ; Tel : (257) 22 21 82 40/41. Email:burundi@Rescue.org Art. 3 : Toutes les Offres, sous plis fermés, devront être déposées

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à la réception du Bureau de International Rescue Committee au Burundi, sis à Bujumbura au plus tard le 03/10/2019 à 16 heures précises. Art.4: Les offres seront ouvertes en présence des soumissionnaires qui le souhaitent dans la salle des réunions d’International Rescue Committee à Bujumbura/ Burundi, le 04/10/2019 à 10 heures précises.


POLITIQUE

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Interview exclusive «Si la CVR subit des pesanteurs politiques, mieux vaut ne pas la mettre en place» La Commission Vérité et Réconciliation est confrontée à plusieurs défis. Son président, l’ambassadeur Pierre-Claver Ndayicariye, en appelle à la volonté des acteurs sociopolitiques pour réussir sa mission. Pour plusieurs chercheurs, de telles commissions n’atteignent que quelques objectifs.

Q

ue faire pour gagner le pari de la vérité et de la réconciliation et ne pas trahir les espoirs suscités chez les victimes ? Les CVR dans le monde sont l’émanation d’une volonté politique. Au Burundi, c’est le même schéma, la CVR est le fruit du dialogue politique qui a abouti à l’Accord d’Arusha signé en août 2.000. Les vérités recherchées par les CVR sont des vérités possibles quand uniquement la population, en général et les acteurs sociopolitiques en particulier acceptent de témoigner, de dire ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont fait et ce qu’ils ont vécu. Ceci est une dimension fondamentale. La dimension thérapeutique dans le processus de la justice transitionnelle prend une place importante. Dans les tragédies que nos pays ont connues, le temps du deuil, le temps du souvenir, le temps de la commémoration a souvent manqué. Lorsque le débat conduit par la CVR permet aux populations de s’exprimer, à 75%, à 80%, voire 90%, c’est déjà une chance. Une chance si les gens

qui s’expriment disent la vérité, éclairent l’obscurité. Quand il y a tragédie, il y a des morts et là, la CVR dit qu’il y a des présumés auteurs. Les victimes sont facilement identifiables. Identifier les présumés auteurs n’est pas chose aisée… Il faut qu'ils soient nommés. Il faut que ceux qui sont connus puissent demander pardon quand ils le peuvent. Ceux qui sont connus doivent être listés et c’est ce que la loi nous demande.

La vérité n’est pas facile à regarder en face, elle est dure à assumer parce que quand on a tué cent personnes, quand on a fauché deux cents familles, quand on a été le cerveau des tragédies politiques et sécuritaires qui ont décimé des millions de vies innocentes, on a peur d’affronter cette vérité. Mais pour les victimes et surtout pour les survivants, l’essentiel n’est pas de regarder derrière, l’essentiel se résume en deux mots : la vérité au moins et

la réconciliation surtout. Cela s’appelle : regarder devant. Pour les survivants, c’est aussi parier sur la réconciliation pour vivre ensemble, la réconciliation pour survivre ensemble. C’est pour protéger les générations présentes et futures parce que ces enfants qui tombent aujourd’hui dans la globalisation, accusés de tout et de rien, alors qu’ils n’étaient pas encore nés, cela est un autre crime. Si la CVR peut sauver les générations présentes et futures, ce serait déjà un résultat louable, un acte de salut public et communautaire. Mais c’est tout un défi ! C’est vrai, parce que nous avons passé plusieurs années d’impunité. C’est tout un défi également parce que nous avons connu des tragédies qui se sont répétées. La violence a appelé la violence, la justice n’a pas fonctionné. Les appareils de l’Etat sont tombés en déficience fonctionnelle, institutionnelle. Ceux qui devraient prendre la responsabilité de corriger le tir, ont eu peur d’affronter le passé douloureux, et ce passé ne passe pas. Il nous enchaîne, il crée l’ombre sur les innocents. Il angélise les présumés auteurs et tout le monde devient coupable alors que tout le monde

ne l’est pas. Tout le monde n’est pas innocent, tout le monde n’est pas responsable. Est-ce que le poids politique ne pèse pas sur votre travail, ce qui freinerait la manifestation de la vérité, hypothéquant la réconciliation recherchée ? Depuis ma nomination en décembre 2018, en toute sincérité, je n’ai jamais senti aucune pesanteur politique sur mon travail, sur la mission de la CVR. Si une telle commission subit des pesanteurs des acteurs sociopolitiques, mieux vaut ne pas la mettre en place. En toute vérité et je le dis parce que j’ai été ailleurs dans des fonctions où c’était difficile, je n’ai jamais senti le poids des pesanteurs externes. En réalité, ceux qui le disent ne savent pas comment nos commissions fonctionnent. Donc la réconciliation est à espérer ? Pour que la réconciliation soit possible, il faut que notre société sorte de la solidarité négative, il faut que notre peuple accepte de dire la vérité. Il faut que la CVR soit un outil technique au service de la recherche de la vérité et de la vraie réconciliation. C’est cette réconciliation qui permettra aux générations futures de vivre ensemble dans le respect de la vie Propos recueillis par Abbas Mbazumutima

Oser ou s’aligner

L

e président Macron a préconisé, mardi 27 août, à ses ambassadeurs de recourir à une «stratégie de l›audace» pour faire face à la « fin de l’hégémonie occidentale ». Quid de cette stratégie au Burundi, notamment au moment où les gouvernants appellent au changement de mentalité, indispensable à leurs yeux pour relever les défis du temps présent ? A l’instar du président du Sénat, Révérien Ndikuriyo, qui a insisté - au moins à deux reprises - lors de la reprise de sa tournée des communes, sur le changement de mentalité comme préalable au développement socioéconomique. Cette stratégie parle-t-elle aux Burundais dans leur quotidien? Le contexte culturel et politique s’y prête-t-il ? La mise en œuvre de la stratégie de l’audace revient à tenter des solutions nouvelles pour des problèmes inédits ou persistants. Oser, c’est avoir une grande liberté d’action, élargir le champ des possibles. Or, pour les Burundais,

en ce temps de crise politique, oser équivaut à de l’inconscience tant la phrase « Urazi aho uri ? »(Es-tu conscient du contexte dans lequel tu évolues?) se repète comme une litanie de la majorité silencieuse pour qui le ratio inconvénient/avantage est toujours en faveur de la première variable. Considérer l’adulte comme le dépositaire du savoir ou de la vérité dans son interaction avec « le Burundi de demain » est une pesanteur socio-culturelle qui n’incite pas à sortir des sentiers battus. « Kurya bike ukaryama kare » (Se contenter de ce que l’on a), une prudence qui confine à la léthargie. Même en cas de non-satisfaction des besoins primaires, certains mettent un point d’honneur à s’acquitter de leurs obligations sociales quitte à basculer dans le surendettement. Instinct grégaire, quand tu nous tiens ! Autre obstacle majeur à la stratégie de l’audace : l’éthique des Eglises évangéliques. Un opti-

Les Burundais entre audace et alignement

misme béat sous la forme « Dieu le fera» désamorce l’action, mais procure la force vitale minimale pour supporter le fardeau du quotidien. La prière devient rentable, la promesse d’un lendemain meilleur se suffisant en elle-même. La stratégie de l’audace à

l’échelle individuelle et nationale s’interroge à l’aune d’un horizon que l’on aurait configuré à l’avance. Pour ne pas se cantonner au stade de l’utopie, qui fait voir un ailleurs sans dire le chemin qui y mène, le changement de mentalité ne peut faire l’économie de cette stratégie.

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Le principal enjeu pour l'éducation de demain est de formé des individus libres mais reliés à leur environnement social. Des individus qui, par la stratégie de l'audace, laissent leurs empreintes sur leur temps. Guibert Mbonimpa


POLITIQUE

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La correction est-elle permise aux administratifs?

J

oséphine Mpfukamensabe est alitée à l’Hôpital de Mukenke. Sa famille est désespérée. Jacqueline Kanyange, sa mère, indique qu’elle peine à subvenir aux besoins de la malade. «Personne n’est encore venu nous soutenir». D’après la famille de cette jeune fille, l’administrateur communal, Fébronie Niyingabire, brille par son absence «alors qu’elle est responsable de notre malheur». La mère demande de l’aide afin de faire soigner sa fille. Lundi 2 septembre, Joséphine Mpfukamensabe (22 ans), Vestine Muhawenimana (18 ans) et Alphonsine Niyonsenga (15 ans) répondaient à une convocation, reçue le 30 août, de l’administrateur communal. Selon le document, les jeunes filles avaient un contentieux avec la commune. A 14h30, elles sont reçues par l’administrateur en personne. «Sans rien nous demander, elle a commencé à nous administrer des gifles. Elle nous a fait sortir de son bureau et elle nous a dit de nous coucher à plat ventre à

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L’administrateur de la commune Bwambarangwe en province Kirundo n’est toujours pas inquiété après avoir tabassé 3 jeunes filles. Mal en point, l’une d’entre elles est toujours hospitalisée à l’Hôpital de Mukenke. Nombre de personnes demande des sanctions contre cet administratif. l’extérieur. Elle nous tapait sur les fesses, mais Joséphine a été durement frappée dans le dos».

«Ce n’est qu’une petite punition» Fébronie Niyingabire n’a pas voulu réagir sur ce sujet. Par contre, le parti CnddFdd, branche Kirundo, a réagi sur son compte Twitter : «... l'Administrateur a fait recours de donner cette petite punition. Après, la fille est tombée en crise de l'estomac». Fabien Bizumuremyi, président du parti Cndd-Fdd en province Kirundo, indique qu’il s’est rendu, en compagnie du représentant provincial du Congrès national pour la liberté (CNL), au chevet de la fille. Selon lui, Joséphine Mpfukamensabe présente des ecchymoses au niveau des fesses. «Les filles n’ont pas été punies parce qu’elles sont membres du CNL, mais parce qu’elles avaient insulté un percepteur de taxes». Il fait savoir que l’administrateur

Fébronie Niyingabire est accusée d’avoir tabassé trois filles.

a opté pour des coups de bâton parce qu’elle ne pouvait pas leur infliger des amendes à cause de leur jeune âge. «L’administrateur leur a demandé de se corriger entre elles, mais Joséphine a refusé.

L’administrateur a pris un bâton et lui a donné quelques coups. A cause de la colère, elle a été prise par une crise d’estomac». Pour Fabien Bizumuremyi, chacun veut interpréter cette his-

toire selon ses intérêts. «Bien sûr qu’on ne peut pas accepter qu’une autorité se comporte comme elle veut. Mais laissons les autorités habilitées faire leur travail». Du côté des militants du CNL, des mobiles politiques se cachent derrière cette affaire. «Depuis deux semaines, elles faisaient des répétitions de danses pour les cérémonies d’ouverture de notre permanence. Cela montre qu’elles ont été victimes de leur appartenance politique». Ici et là, des voix s’élèvent pour demander des sanctions contre l’administrateur communal. «Demander des sanctions relève de la manipulation politique», rétorque Alain Tribert Mutabazi, gouverneur de la province Kirundo. Selon lui, l’administrateur communal n’avait pas l’intention de faire du mal à ces filles. C’était plutôt une manière de corriger un enfant. «Elle le fait souvent lorsque des filles affichent des comportements inadéquats. Il n’y a pas de mobiles politiques. C’est une coïncidence que cet incident s’est produit alors que les filles avaient dansé devant Agathon Rwasa». Le gouverneur indique qu’il était dans un voyage de travail au moment des faits. Il compte se rendre sur le terrain prochainement. Fabrice Manirakiza

ANNONCE

BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT AVIS D’APPEL D’OFFRE POUR LA FOURNITURE ET L’INSTALLATION D’UN GROUPE ELECTROGENE POUR LA RESIDENCE DU RESPONSABLE PAYS DU BUREAU DE LA BAD AU BURUNDI La Banque africaine de développement (ci-après dénommée ‘BAD’ ou la ‘Banque’) invite les soumissionnaires potentiels à soumettre leurs offres de prix pour « La fourniture et l’installation d’un groupe électrogène pour la résidence du Responsable Pays du bureau de la BAD au Burundi », spécifiées dans la

demande de cotation (DC) à récupérer au bureau Pays de la BAD au Burundi, à l’adresse suivante : Kiriri - 10, Rue des Travailleurs, de 8h00 à 12h30 et de 14h00 à 17h30, les jours ouvrables à partir du 02 septembre 2019 Les offres devront parvenir à la Banque, sous enveloppes scellées, au plus tard le 25 Septembre

2019, à 15h00, heure locale de Bujumbura à l’adresse indiquée ci-dessus. Les cotations doivent être envoyées à l’adresse suivante et l’enveloppe extérieure doit porter les informations suivantes :

Banque Africaine de Développement, Bureau Pays du Burundi 10, Rue des travailleurs – Kiriri Bujumbura-Burundi B.P : 7543 Tél : +257 22 27 78 23 / 24 Adresse électronique: rdge_tender@afdb.org DC – NE PAS OUVRIR JUSQU’AU JOUR DE L’OUVERTURE DES PLIS Référence : ADB/RFQ/COBI/2019/0172 - Fourniture et installation du groupe électrogène pour la résidence du Responsable Pays Date et heure de clôture des offres: 25 Septembre 2019 à 15h00, heure de Bujumbura Afin de permettre aux soumissionnaires de mieux préparer leurs offres, pour avoir une idée sur les prestations et disposer de toutes les informations nécessaires, une visite obligatoire des lieux suivie d’une réunion préparatoire est prévue le 18 septembre 2019 à 10h00. Les soumissionnaires sont invités à se présenter à la date indiquée à 09h45, munis de leurs cartes d’identité, au plus tard, à l’adresse suivante :

www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org

Kiriri Avenue Belvédère N°8 Bujumbura - Burundi


ÉCONOMIE

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Cibitoke

La taxe sur chargement étouffe les petits commerçants Les petits commerçants exerçant entre les communes de Mugina et Rugombo grognent. Ils dénoncent la taxe dite de ’’chargement’’. Selon ces derniers, elle les asphyxie. Les autorités communales divergent sur la légalité de cette taxe.

D

ix ans après la création du marché commun de la Communauté Est Africaine(EAC), au Burundi, les barrières tarifaires à l’entrée et à la sortie de certaines communes plombent les petits commerçants. Il est 11h. Sur la colline Butaramuka de la commune Mugina en province Cibitoke, les commerçants qui font le transport du vin de banane, du charbon et du haricot s’alignent sur la route où la barrière est érigée. Ces derniers se rendent à Rugombo et à Bujumbura. Aucune exception, tout le monde doit payer la taxe de chargement ou de transport. A cette barrière, Saïdi Ndikumana sue. Il transporte deux sacs de charbon sur son vélo. Epuisé, ce commerçant fait savoir qu’il vend du charbon à Rugombo. Ce jeune homme confie qu’il s’approvisionne sur les collines Gisumo, Ruziba et Rubona. Ce commerçant décrie une double taxation. « Ici, j'acquitte une taxe de 1000 BIF par sac de charbon. Je dois en plus décaisser 1000 BIF par sac à l’entrée de la commune Rugombo. » D’après lui, c’est incompréhensible et incohérent de verser deux fois une même taxe dans la même province. Remonté, il révèle qu’il paie la moitié de son bénéfice aux communes. En tout, il gagne 4000 BIF et reverse 2000 BIF aux communes Rugombo et Mugina. Derrière lui, Etienne Ntunzwenimana, commerçant du vin

Les camions paient la taxe sur chargement à Butaramuka.

de banane à Rugombo. Lui porte trois bidons du vin de banane sur son vélo. Découragé, ce dernier ne cache pas son indignation. « Le gros de mon bénéfice rentre dans les caisses communales », se plaint-il. M.Ntunzwenimana indique qu’il dépoche 6000 BIF sur cette barrière. Chaque bidon paie 2000 BIF. A l’entrée de la commune Rugombo, il débourse 6000 BIF. En outre, dans son cabaret, il acquitte une taxe communale de 500 BIF par jour. Au total, il s’acquitte de 12500 BIF. Ce tenancier ne gagne que 15 mille BIF. Ce dernier fait remarquer qu’il ne gagne que 2500 BIF. « Je peine pour renflouer les caisses communales. Souvent, je perds à cause de cette taxe», s’indigne-t-il. Et s’interroger si ailleurs, les autres contribuables versent la moitié de leurs bénéfices dans les caisses communales.

Les petits commerçants acculés Selon lui, cette taxe freine les initiatives des petits commerces intercommunaux. A ce rythme, confie ce jeune homme, nous

Narcisse Ntihabose : « Cette taxe a été instituée par le conseil communal. Elle est payée à l’entrée et à la sortie de la commune.»

ne pouvons pas tenir. Cette taxe va nous mettre sur la paille, s’emporte-t-il. Ce commerçant fait savoir que si rien ne change, il sera contraint de renoncer à cette activité. Même grogne chez les commerçants qui viennent de Bujumbura. Emmanuel Zirabakwiza fait le commerce du vin de banane depuis les années 90. Ce dernier règle la taxe à la sortie de la commune Mugina et à l’entrée de la

ville de Bujumbura. Ce commerçant fait savoir qu’à la sortie de la commune Rugombo, un bidon de 160 litres verse une taxe de 2000 BIF. A la barrière de la Mairie de Bujumbura, ce même bidon paie une autre taxe dite d’entrée de 1000 BIF. En plus, il décaisse à la mairie une taxe annuelle de 10 mille BIF « J’ai acheté 60 bidons. Je dois dépenser 120 mille BIF à la commune Mugina et 60 mille à la Mai-

rie de Bujumbura. Je règle deux fois la même taxe », constate le commerçant. Ces commerçants ne comprennent pas comment ils payent deux fois la même taxe à l’intérieur d’un même pays, sur un produit qui n’a subi aucune transformation. Ils demandent au ministre de l’Intérieur de supprimer cette taxe. Par ailleurs, ils s’interrogent sur la légalité de cette taxe. Car, la mairie perçoit 1000 BIF par bidon à l’entrée alors que les communes de Mugina et Rugombo perçoivent 2000 par bidon. La commune Mugina déclare que cette taxe a été instituée par le Conseil communal. « Elle est payée à l’entrée et à la sortie de la commune », affirme Narcisse Ntihabose, comptable communal. Il indique que cette taxe est connue sous la rubrique « taxe sur chargement ou taxe de transport ». Selon ce responsable, l’année dernière, cette taxe a généré plus de cinq millions et demi de BIF. Au mois de janvier de cette année, cette taxe a fait entrer dans la caisse 675 mille BIF. Le vin de banane, les légumes, les régimes de bananes, le haricot, les vaches sont les principaux produits frappés par cette taxe. M. Ntihabose soutient que cette taxe est allouée au développement de la commune. Il cite la réhabilitation de salles de classe, la construction des écoles, l’aménagement des marchés, etc. D’après Béatrice Kaderi, administrateur de la commune Rugombo, cette taxe génère une grande partie des recettes communales. N’eût été cette taxe, la commune n’aurait pas couvert toutes les dépenses. « Grâce aux mouvements intenses des commerçants, nous encaissons pas mal des recettes. », se félicite Béatrice Kaderi. Cette autorité indique que la commune de Rugombo compte trois barrières : la barrière Rugombo, Rukana et celle de Cibitoke. Pierre Claver Banyankiye

Que dit la loi ? La commune de Rugombo et de Mugina divergent sur la légalité de la taxe sur chargement. Selon Narcisse Ntahabose, comptable de commune Mugina, cette taxe revêt une particularité par rapport aux autres taxes. Cette dernière n’est pas prévue par la loi de fiscalité communale. Car, explique-t-il, cette loi se focalise sur les impôts et taxes annuels. Il révèle que cette taxe a été initiée par le conseil communal. Pour Béatrice Beatrice Kaderi, administrateur de la commune Rugombo, la commune n’a pas l’autorité d’introduire une nouvelle taxe. « Pour taxer, nous

nous basons sur la loi de fiscalité de commune. » Selon elle, toute marchandise qui entre pour être vendue en commune Rugombo ou sort doit verser la taxe de chargement. Que le commerçant ait payé dans l’autre commune ou pas. La loi n°1 /du 2 au 3 mars 2016 portant réforme de la fiscalité au Burundi n’institue pas la taxe de chargement au profit des communes. Sur la liste de dix catégories de taxes, cette dernière n’apparaît nulle part. Par ailleurs le conseil communal n’a pas le pouvoir d’instituer une taxe. La loi 1/ 33 du 28 novembre 2014

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portant l’organisation communale est claire. Dans son chapitre du budget et des finances, l’article 78 n’accorde qu’aux conseils communaux le pouvoir de proposer de nouvelles matières taxables. Ce même article lève toute équivoque. La perception de ces nouvelles taxes ne peut être effective qu’après la promulgation de la loi instituant ces taxes. Car, toute décision fixant une taxe fiscale relève du domaine de la loi.

P.C.B.


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SOCIÉTÉ

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Gitega

Les déplacés de Mutaho ont peur A Mutaho, la police a effectué une fouilleperquisition très mal vécue par les habitants. Les déplacés de ce site dénoncent un acharnement du nouveau commissaire communal qui aurait d’autres « visées. » L’administration joue à l’apaisement. Deux reporters d’Iwacu ont été à Mutaho. Récit.

Q

uelques vélos, quelques motos, des piétons. La circulation n’est pas intense au centre commercial de Mutaho, lundi 2 septembre. A l’entrée du marché, trois hommes enthousiastes finissent l’abattage d’une chèvre. Cinq jeunes hommes, désœuvrés, sont assis dans différentes paillotes du bar communal… L’atmosphère change néanmoins, à moins d’un kilomètre plus loin, dans le site des déplacés de Mutaho, près du chef-lieu communal. Tout commence vendredi 23 août. Des fouillesperquisitions qui y sont menées se soldent par plusieurs arrestations et des fuites. Selon les témoignages, la tension naît d'une campagne de saisie des motos qui ne sont pas en ordre avec le Code de la route, selon la police. Ce vendredi soir, au parc de stationnement du centre de négoce de Mutaho, des policiers, conduits par le commissaire communal de la police saisissent des mots. Mais la tâche n’est pas facile. Révoltés par cette saisie, certains jeunes motards du site engagent le bras de fer. Ils réussissent à arracher quelques motos des mains des policiers et prennent le large, empruntant toutes les directions. Les policiers, outrés par le ‘‘mépris’’, furieux, se dirigent vers le site des déplacés, non loin de là sur le lieu où plusieurs jeunes motards ont l’habitude d’attendre les clients. Néanmoins, déjà avertis, la plupart des motards ne sont plus sur les lieux. Sur le lieu, les policiers ne rencontrent qu’un certain « Richard. »

Il s’en suivra une ‘‘chasse’’ aux motards, taxi-vélo et ceux qui vendent du carburant dans le site. Dans la matinée de samedi 31 août, des agents de police se rendent chez un certain Prosper, chef des motards du site de Mutaho. Celui-ci devait les aider notamment à trouver le fameux Richard, mais aussi Epipode, Bosco, Jean-Marie… tous des motards. Mais dans la foulée des affrontements la plupart parmi eux ont déjà pris fuite, Les fouilles vont se poursuivre tout au long de ce samedi jusqu’à dimanche. Au total, sept jeunes hommes seront arrêtés et conduits manu militari à la prison centrale de Gitega. Le site reste assiégé. Terrorisés, d’autres déplacés vont prendre le large. Parmi les fugitifs, nos sources parlent notamment de Dieudonné, Bosco, Dévote, etc. Ces déplacés de la crise de 1993 dénoncent un acharnement. Ils se disent vaincus par la peur. «Nous allons aussi fuir. A l’approche des élections, nous savons qu’il y a toujours des plans de nous emprisonner.» Pour eux, ces fouilles-perquisitions auraient des « visées inavouées. »

Une fouille-perquisition aux mobiles politiques ? Selon des témoignages, la fouille-perquisition de vendredi 23 août, cacherait des visées politiques. Le parti CNL devait

Les affrontements La police essaie de saisir la moto de Richard de force. Depuis peu, les motards du site de Mutaho se disent dans le collimateur du nouveau commissaire communal de la police. «Il jurait depuis quelques jours de saisir nos motos pour nous les remettre contre des pots de vin», confie un des jeunes du site. Le motard prénommé Richard résiste, refuse de lâcher sa moto. Le bras de fer s’engage. Le motard bénéficie soudain des soutiens de ses voisins. Des querelles, des affrontements éclatent, la situation s’envenime. Des pierres sont lancées contre des policiers. Finalement, la moto ne sera pas saisie.

A Mutaho, certains motards se disent inquiets après les affrontements de vendredi 23 août entre eux et la police.

en effet inaugurer la permanence communale, dimanche 1er septembre. Or, les administratifs locaux et le parti au pouvoir considéreraient le site de Mutaho comme un fief, une « concentration des militants de ce parti». La fouille serait un prétexte de les empêcher à participer aux cérémonies d’ouverture de la permanence. «Depuis, nous sommes restés encerclés jusqu’à dimanche». Ce dimanche, disent ces habi-

tants du site, seules quelques femmes ont pu avoir accès aux cérémonies. «Les jeunes ne pouvaient pas s’aventurer sans se faire arrêter». Les déplacés de Mutaho dénoncent de graves menaces qui pesaient sur eux. «Nous avons été menacés de mort». Les jeunes de ce site seraient en effet accusés de vouloir torpiller le processus électoral imminent. «On nous taxait, avec les jeunes déplacés du site de Bugendana, de récalcitrants». Le nouveau commissaire communal de la police aurait dit avoir l’objectif de ‘‘ramener à l’ordre’’ ces jeunes. Ces déplacés affirment d’ailleurs que le courant ne passe plus entre l’administrateur communal et le nouveau commissaire communal de la police. Contacté, ce dernier s’est refusé à tout commentaire au sujet de ces allégations.

L’administration parle d’une situation normale

Selon Denis Niyomuhanyi, administrateur communal, la situation est actuellement normale.

« Personne ne peut nier que cet incident a eu lieu. Seulement, je ne suis pas le mieux placé pour parler au nom de la police », réagit Denis Niyomuhanyi, administrateur de la commune Mutaho. Selon lui, la fouille visait la vérification des documents des motos et contraindre les propriétaires à se conformer au Code de la route. « Elle n’était pas destinée au site de déplacés ». Il affirme que certains motards ont tenté

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de résister. Puis, des jeunes ont été arrêtés. « Après interrogatoire, certains ont été relâchés. » Il assure que la situation est actuellement normale. Cet administratif affirme que les relations entre lui et le commissaire communal de la police sont bonnes : « Car, au cas contraire, j’aurais déjà demandé sa mutation.» Néanmoins, il reconnaît qu’il a joué la médiation entre les jeunes et les policiers après cet incident : « Je lui ai proposé qu’on allège les punitions. Car, si les motards désertent Mutaho, c’est une grande perte pour la commune. » En effet, justifie-t-il, avec cette opération, beaucoup de motards ont pris le large vers les communes frontalières, d’autres ont caché leurs motos. « Or, ce sont ces motards qui assurent le transport des malades, des personnes, des marchandises, des fonctionnaires, etc. » L’administrateur conseille aux motards de se conformer au Code de la route au lieu de fuir la commune. Il encourage les policiers à poursuivre leur travail dans le respect de la loi. Quant aux inquiétudes des déplacés de Mutaho pour 2020, M.Niyomuhanyi tranquillise : « Soyez rassurés, il n’y aura plus de guerre au Burundi. Les forces de l’ordre et de sécurité sont apolitiques et sont là pour les protéger. » Edouard Nkurunziza Rénovat Ndabashinze


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Agroécologie, une pratique révolutionnaire et innovante pour une sécurité alimentaire durable Jeudi 4 et vendredi 5 juillet, l’ONG Food for the Hungry a effectué une mission sur terrain dans la zone de Jene située dans la commune de Kabarore pour s’enquérir de l’impact du projet centré sur l’agro écologie. Le constat a-t-il été que grâce audit projet, et surtout avec l’introduction des pratiques agro écologiques, les sols jadis infertiles redeviennent fertiles avec une augmentation significative de la production agricole.

C

’est une sécurité alimentaire qui ne cesse pas de s’améliorer. En témoigne Adelaïde Ntegamaherezo, une habitante de la colline de Ngoma et cultivatrice-bénéficiaire du projet : « Avec le labour minimum sous couvert végétal, le sol devient meuble et fertile ». Avec l’introduction des pratiques agroécologiques comme la technique de compostage à chaud en utilisant la biomasse végétale se trouvant dans la nature, cette technique nous revient non seulement très moin cher mais aussi et surtout augmente la fertilité de nos sols d’où une productivité en croissance affirme Mme Ntegamaherezo. Pour plus de résultats, Marc Ndayimirije, responsable du projet agroécologie au sein de Food for the Hungry Burundi, indique que le projet travaille avec des agriculteurs modèles et ses pairs -apprenants, moniteurs agricoles, écoles et églises pour la pérennisation de ces pratiques agroécologiques.

Pour faire le compostage à chaud, on commence par humidifier le sol

Le compost à chaud, une aubaine Les habitants de la zone de Jene de la commune Kabarore interrogés sont tous unanimes quant à la rentabilité de la nouvelle technique de compostage à chaud. Centrée sur le principe d’accélération du processus naturel de décomposition des matériaux organiques en humus et recyclage des matières destinées à être jetées, comme les déchets ménagers organiques, le compostage à chaud améliore la structure du sol et rend les sols plus fertiles. Le compostage à chaud se fait en plusieurs étapes sur une dimension de 2m x 2m x 2m indique Adelaïde. On commence par piqueter 4 branches de 2 m tous les 2 m. Une étape cruciale, parce que l’objectif comme elle laisse entendre est d’obtenir un compost d’environ 8m3. Après avoir mis en place les 4 piquets, on humidifie les sols grâce à l’eau, une façon d’activer les microorganismes. Après quoi, poursuitelle, on asperge de la cendre de cuisine, ensuite les morceaux de petits arbres ligneux, tels que le calliandra, les grevelia, avocatiers etc. Au cours de cette étape, Adelaïde explique qu’il est strictement conseillé d’éviter les pinus et les eucalyptus à cause de leur acidité.

Pour installer le compostage à chaud, une dimension de 2m x 2m x 2m est nécessaire, jusqu'à obtenir un compost d’environ 8m3

Cette étape terminée, on ajoute de la matière sèche surtout les restes des récoltes qui contiennent le phosphore et le potassium. Dans la plupart de cas, reste des récoltes de haricot, maïs, petit pois, feuilles sèches de bananiers etc. « Et ceci doit être d’une épaisseur de 30 cm », insiste-t-elle. Ensuite, on ajoute la matière verte, surtout le Tuthonia diversifolia (Bahanisutwa, ibamba et feuille verte de bananier). « C’est une biomasse très riche dans laquelle il y a trop d’éléments nutritifs en azote et en potassium », indique Adelaïde. Après, on ajoute le fumier du bétail pour accélérer l’activité des microorganismes qui vont faire la décom-

position de la matière sèche et de la matière verte. Chaque fois, elle indique que l’épaisseur de la

matière sèche doit être de 40 cm. A chaque couche, on arrose pour activer la chaleur. Cette première étape se clôture avec la cendre de cuisine. On répète la composition de la couche jusqu’à la 3ème ou la 4ème couche. Le compost à chaud mesure 2 m x 2m x 2m, c’est-à-dire 8 m3 et enfin on met l’ombrage pour protéger ce compost à chaud contre les effets des ultra-violets émanant du soleil. Toutefois, Adelaïde fait savoir qu’une tige d’arbre ou métallique est mise à l’intérieur du compost à chaud pour mesurer la température lors du retournement. Le retournement se fait une fois par semaine pendant 8 semaines (2mois).

Une production qui ne cesse pas de s’accroître Réputé être riche en N-P-K et

Grâce au compost à chaud, la production a doublé

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en sels minéraux, le compost à chaud peut agir sur les propriétés chimiques, physiques et biologiques du sol, améliore la rétention en eau du sol, la structure des sols plus compactes, la fertilité et la capacité d’échange cationique. Et depuis, son introduction, c’est la production qui ne cesse pas de s’accroître. Mme Ntegamaherezo Adelaïde salue la contribution de FH pour cette nouvelle technique qui lui a permis de majorer le rendement de ses champs. « Ici, j’ai 20 ares. Avant la sensibilisation sur l’utilisation du compost à chaud et le labour minimum sous couvert végétal par le FH, je semais 20 kg de haricots et je ne dépassais pas 350 kg de récolte » et sur la même superficie et avec la même quantité de semences, elle a récolté 680 kg, se réjouit-elle. Cerise sur le gâteau, révèle-t-elle, le coût de production a sensiblement diminué. Elle confie ne plus engager beaucoup d’ouvriers journaliers grâce à son sol qui est devenu meuble et fertile suite au labour minimum sous couvert végétal et l’utilisation du compost à chaud. Et tout récemment, grâce à ses initiatives compétitives, elle a été choisie parmi les multiplicateurs de semences de haricot, maïs et elle attend les résultats de l’ONNCCS pour le contrôle de qualité de ses semences déjà produites.


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L’agroforesterie, pour protéger et rendre les sols plus fertiles Mis de côté le compostage à chaud, Food For the Hungry enseigne aux agriculteurs les techniques de protection de leurs sols contre l’érosion, tout en les maintenant productifs.

D

ans toutes les communes où intervient le projet « agro-écologie », les agriculteurs maîtrisent l’importance économique de l’agroforesterie dans leurs champs. D’après Bosco, agriculteur, une aubaine incommensurable tant sur le plan agricole qu’environnemental. « Depuis que Food for the Hungry nous a initiés à la pratique d’agroforesterie, l’érosion a diminué sensiblement.» Selon Marc Ndayimirije, responsable du projet dans certaines communes de la province Kayanza, les racines des arbres agroforestiers contribuent dans la fixation d’azote dans le sol et diminuent l’érosion hydrique et éolienne. Plus que satisfait, Bosco confie que cette pratique leur a permis d’accroître leurs revenus. « Facilement, quand la situation oblige, on coupe les arbres pour en faire des planches, bois de chauffage, tutelles à vendre».

La Technologie de Push-Pull pour lutter contre la chenille légionnaire d’automne et autres insectes ravageurs de mais La technologie de Push-Pull ou (repousser-attirer) est un système de stimulo-dissuasion qui consiste à repousser l’insecte ravageur de la culture par le biais de plantes répulsives (« push ») et à l’attirer en bordure de la parcelle cultivée par le biais de plantes pièges (« pull »). Il y a le banna grass qui travaille comme plante de barrière. Il attire les insectes et le desmodium qui se trouve au niveau du champ entre les rangées de maïs repousse ces insectes; d’où le vocable PushPull Technology, En somme, indique Adelaïde Ntegamaherezo, cultivatrice de la colline Ngoma, commune Kabarore, province Kayanza. Et grâce à cette technique, elle témoigne que sa production n’a pas été endommagée contrairement à l’autre parcelle de contrôle. Non seulement, elle a protégé son champ contre la chenille, mais aussi elle nourrit son bétail avec du desmodium. Mme Adelaïde Ntegamaherezo a laissé se développer ces des modium pour produire des semences à distribuer aux mem-

Les racines des arbres agroforestiers contribuent dans la fixation d’azote dans le sol et diminuent l’érosion hydrique et éolienne

bres de son groupe et à ses voisins pour vulgarisation. C’est la FH qui lui a fourni des semences sélectionnées dans le but de protéger la culture de maïs contre les insectes ravageurs d’une façon agroécologique.

Des bio-pesticides pour protéger les cultures et préserver l’environnement. Soucieux de préserver l’environnement, Food for the Hungry apprend la population à utiliser les bio-pesticides. «C’est la clé pour protéger la biodiversité », fait savoir Marc. Dans cette optique, FH Burundi a fait apprendre aux fermiers modèles et ses pairs apprenants comment fabriquer les bio-pesticides à base des autres plantes trouvées

Marc Ndayimirije: « Les biopesticides, c’est la clé pour protéger la biodiversité.»

dans la nature et utiliser les plantes médicinales. Sur la colline Kabasazi, de la

La capuscine permet de traiter certaines maladies comme la grippe, les maladies cutanées, les maladies fongiques, la brûlure,etc.

commune Mwumba, en province Ngozi, Saidi Ndacarondera est un de ceux-là. « En suivant les proportions indiquées, on mélange quitte à ce qu’on obtienne des solutions pouvant être utilisées comme biopesticides ». Au-delà du coût des pesticides chimiques, Saïdi déplore l’impact des pesticides chimiques sur la santé humaine, la faune sauvage (terrestre et aquatique) et l’environnement (pollution des sols, des eaux…). « Une aubaine incommensurable, car ces plantes nous permettent de traiter certaines maladies comme la grippe, les maladies cutanées, les maladies fongiques, la brûlure, etc. » Et d’après certaines expériences, avance Saïdi, l’emploi de ces bios pesticides, permet dans certains

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cas d’accroître le revenu du ménage, coût d’achat faible par rapport à celui des pesticides de synthèse. Prenant fin avec 2019, M. Ndayimirije fait savoir que si une fois le projet est reconduit, la priorité pour FH d’étendre ses actions dans les autres collines « Plus que tout travailler avec beaucoup d’églises qui se trouvent dans cette localité, introduire ces techniques dans les zones où FH n’intervient pas ». Selon, l’ONG prévoit aussi d’établir des partenariats avec les autres organisations qui visent l’intensification agricole. Objectif : étendre ces techniques sur une grande étendue du territoire national. Un écho largement partagé par Jerry Kazadi, directeur pays de FH-Burundi. Ce dernier interpelle les autres communes et provinces d’adopter les pratiques agro-écologiques dans l’optique d’accroître la production agricole, de la sorte contribuer à la protection de la biodiversité et de l’environnement en général. Pour rappel, FH opère dans 7 communes réparties dans 4 provinces. Ce sont entre autres : Kabarore, Butaganzwa et Kayanza dans la province de Kayanza, la commune Mwumba de la province de Ngozi, les communes Busoni et Bugabira de la province de Kirundo et la commune Gisuru de la province de Ruyigi.


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Justice : Un site web pour l’information et la diffusion des textes de droit Le ministère de la Justice, de la Protection civique et Garde des sceaux a organisé ce jeudi 29 août 2019 un atelier de présentation et de validation du nouveau portail web d’information sur la législation burundaise. Après le Bénin, le Burundi est le second pays africain à se doter d’un tel portail. La mise en œuvre de ce projet par le ministère de la Justice a été appuyée par le PNUD, et s’inscrit dans le cadre plus général de l’accès au droit et à la justice pour tous.

L

e Burundi s’est doté d’un portail d’accès au droit et à la documentation juridique du Centre d’études et de documentations juridiques (CEDJ), avec l’appui technique et financier du Programme des NationsUnies pour le développement (PNUD). Cette plate-forme web « CEDJ-BURUNDI » permettra désormais une consultation instantanée des textes juridiques de toute nature pour les activités professionnelles et les préoccupations citoyennes. « Nous disposerons désormais d’un outil de sécurisation des textes nationaux. Quoique certains textes soient disponibles sur les réseaux sociaux, la plate-forme permettra d’instituer, un référentiel officiel sur lequel s’appuyer pour garantir l’authenticité des textes », a indiqué Aimée Laurentine Kanyana, Ministre de la Justice, de la Protection civique et Garde des sceaux, lors de l’atelier de présentation et de validation de la maquette du portail internet du CEDJ, ce jeudi 29 août 2019 à l’hôtel Club du Lac à Bujumbura. Parmi les nombreux participants, étaient notablement présents les responsables des juridictions et des autorités centralisées du ministère de la Justice, ainsi que les bâtonniers.

nels, la totalité du corps nominatif depuis l’indépendance». Pour autant, cette base de données, ne permettait pas la large diffusion de ces informations, a fait savoir Gérard Ngendabanka, directeur du CEDJ. Avec la création de ce portail web, « cette richesse d’informations juridiques parviendra désormais à tout un chacun : citoyen, chercheur, tous profils confondus, qu’ils soient liés à l’univers juridique au Burundi et même ailleurs », s’est réjoui Gérard Ngendabanka qui explique que le Burundi devient ainsi le deuxième pays à se doter d’un tel outil après le Bénin. La Ministre de la Justice a exprimé ses remerciements au PNUD, pour son soutien toujours renouvelé, depuis le développement de la base de données jusqu’à l’édification de ce nouveau portail, et a demandé qu’il poursuive son soutien. « Nous voudrions profiter de cette occasion pour demander au PNUD qui s’est déjà beaucoup investi dans ce domaine, de continuer à nous aider à équiper les structures judiciaires afin que ces dernières puissent grandement en tirer

Aimée Laurentine Kanyana, ministre de la justice (gauche). Mme Binta Sanneh, Représentante résidente a.i. du PNUD (droite) : « L›engagement du PNUD reste entier pour renforcer son appui à un domaine qui s›inscrit dans la deuxième priorité du nouveau Programme de coopération avec le Burundi pour la période 2020-2023 »

parti. Dans le même ordre d’idée d’engagement, nous sollicitons son appui pour le renforcement des capacités en vue d’une appropriation définitive du portail ».

« Il s›agit d›un pas important vers l›état de droit » Pour sa part, Mme Binta Sanneh, Représentante résidente a.i. du PNUD au Burundi, a rappelé que magistrats, avocats, huissiers, fonctionnaires de l’administration, ou même étudiants, ont souvent été confrontés, que ce soit pour des travaux de

recherche ou pour la production des textes législatifs et règlementaires, à « l’indisponibilité du corpus juridique en ligne, pourtant indispensable à leur travail professionnel au service de l’intérêt général et du droit des citoyens ». Pour relever ce défi, une initiative a débuté en 2014 dans l’objectif de pallier l’absence de sources exhaustives et fiables permettant d’accéder à la règle de droit burundaise par la création d’une base de données législative et jurisprudentielle. Son actualisation a été menée

« Une richesse d’informations juridiques disponibles pour tout un chacun » À l’occasion de cet atelier, la Ministre a expliqué qu’il est indispensable que chaque citoyen, indépendamment de sa profession et de son profil, puisse avoir accès à une source toujours disponible sur le système législatif, réglementaire et jurisprudentiel. Elle a également rappelé que le Centre d’études et de documentations juridiques (CEDJU) avait déjà mis en place, avec le soutien financier du PNUD et de la coopération Suisse, une base de données qui recense toutes les ressources documentaires sur la législation du pays depuis l’indépendance du pays en 1962. « Ladite base de données rendait disponible, pour un accès ouvert aux citoyens et aux profession-

Des responsables des juridictions et des autorités centralisées du ministère de la Justice, ainsi que les bâtonniers participant à l’atelier

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en 2017, toujours avec l’appui du PNUD et de la Coopération Suisse. Aujourd’hui, avec la mise en service du Portail web lié à la base de données, « il s’agit d’offrir au grand public un outil officiel gratuit, complet, consultable en temps réel, où l’accès pour tous est assuré, et surtout qui offre un archivage pérenne. Il s’agit d’un pas important vers l’état de droit, dont l’un des piliers est sans doute un citoyen informé et conscient de ses devoirs », explique Binta Sanneh. Toujours selon elle, ce portail va devenir un outil de travail incontournable pour tous les acteurs du développement : de la société civile, du secteur privé ou des Partenaires techniques et les financiers (PTF), car tous ont besoin, de se référer au cadre juridique et institutionnel en vigueur dans leurs domaines respectifs d’intervention. Mme Binta Sanneh a réaffirmé la disponibilité du PNUD pour accompagner le Burundi dans la poursuite de l’accomplissement de ce projet et parvenir au plus grand impact. « L'engagement du PNUD reste entier pour renforcer son appui à un domaine qui s›inscrit dans la deuxième priorité du nouveau Programme de coopération avec le Burundi pour la période 2020-2023 », a-t-elle ajouté. « Son objectif est d’améliorer les procès et la qualité des services administratifs et de santé ». Ce portail sera fonctionnel à partir du mois de novembre 2019. Il comprendra tous les documents législatifs depuis l’indépendance, en 1962, à nos jours.


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PNUD : projet Readiness, un levier pour mobiliser le financement de projets par le Fonds vert pour le climat

Le projet Readiness une réponse pour accompagner les différents acteurs

Olivier Abayisenga : « L’apport du projet Readiness est d’accompagner les acteurs qui, au niveau national, développent des projets répondant à la problématique du changement climatique »

Aimérance Nirera, porteparole du ministère en charge de l’Environnement et responsable de l’Autorité nationale désignée, a remercié vivement le PNUD et son projet Readiness qui va permettre au Burundi d’accéder au financement international pour la lutte et la résilience face aux effets néfastes des changements climatiques. De par sa position géographique, le Burundi est particulièrement vulnérable au changement climatique qui de nos jours est l’un des défis majeurs du développement socio-économique du pays. « Grâce aux études menées, les principaux défis auxquels le pays fait face sont : la diminution des ressources en eau à hauteur de 17

%, la hausse des températures et la variation de la pluviométrie, les éboulements et glissements de terrain, la dégradation des terres et des forêts », a déclaré Aimérance Nirera qui a dressé un bilan terrible du changement climatique au Burundi.

Un projet salutaire pour pallier les défis Afin de pallier ces défis, la problématique du développement durable est au centre du Plan national du Burundi 2018-2027 et des différentes stratégies sectorielles pour la réduction de la pauvreté. « Il n’est donc pas envisageable », a fait savoir la porte-parole du ministère « de réduire la pauvreté et promou-

voir la croissance économique sans tenir compte de la dimension environnementale dans les politiques publiques. Lors de l’élaboration de la politique et la stratégie nationale sur le changement climatique, une vision claire a été définie : Un État qui promet un développement résilient aux effets de changement climatique. Aimérance Nirera a fait également savoir que, malgré cette prise de conscience, de plus en plus accrue, et les efforts consentis, le chemin à parcourir reste long. « C’est ainsi que le financement climat constitue un levier important pour accompagner les efforts d’adaptation menés dans les pays en développement.

Au Burundi, celui-ci permet de renforcer les efforts de résilience du pays en matière de changement climatique et d’identifier les priorités d’investissement stratégique », s’estelle réjouie. Marius Ngendakuriyo, chargé d'analyse des politiques et programmes au forum des organisations des producteurs agricoles du Burundi ijwi ry umurimyi, FOPABU, considère que le renforcement des capacités des acteurs en matière de planification pour accéder aux financements internationaux, grâce à l’élaboration de projets bancables et multisectoriels, est salutaire. « J’espère tirer parti de cette initiative Readiness et bénéficier par son appui de ce financement FVC si important ». Il en est convaincu ce projet de préparation des acteurs, appelé Readiness, permettra aux États de tirer profit des opportunités du FVC. Il a appelé à une franche collaboration avec les autres acteurs, afin de présenter des projets gigantesques. 1 Le Fonds vert pour le climat a été créé par la Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique (CCNUCC), lors de sa session tenue au mois de décembre 2010 en Corée du sud. Il a pour objectif de réaliser le transfert de fonds des pays les plus avancés à destination des pays les plus vulnérables, afin de mettre en place des projets pour combattre les effets des changements climatiques, par la promotion dans les pays en développement d’un développement durable faible en émission de gaz à effet de serre, la lutte contre la déforestation et le développement de la résilience face aux conséquences du réchauffement climatique.

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L’apport du projet Readiness est d’accompagner les acteurs qui, au niveau national, développent des projets répondant à la problématique du changement climatique. « Le projet Readiness prépare et appuie la coordination de toutes les initiatives soutenues par le Fonds vert pour le climat au Burundi. Pour cela, il travaille en étroite collaboration avec le ministère en charge de l’Environnement, au moyen de l’autorité nationale désignée qui est chargée de coordonner toutes les parties prenantes au processus de soumission des projets et programmes au FVC, jusqu’à l’obtention d’un financement », a-t-il expliqué. L’objectif à moyen terme est de contribuer à la mise en place de mécanismes durables qui permettent la coordination intersectorielle de toutes les initiatives au niveau national, en rapport avec les priorités du Fonds vert pour le climat et les objectifs stratégiques nationaux ; à renforcer les capacités de tous les acteurs des secteurs publics et privés, pour qu’ils soient capables de planifier, d’avoir accès à un financement, d’utiliser les fonds obtenus et de notifier toutes les dépenses climat effectuées, dont les objectifs propres du projet Readiness au Burundi. À terme, l’identification et la consolidation des idées de projets développées par les ONG au Burundi permettra de bâtir une banque de projets qui seront soumis régulièrement au secrétariat du FVC. Olivier Abayisenga a lancé « un vibrant appel aux différents acteurs pour qu’ils coalisent leurs efforts et préparent de grands projets, car l’union fait la force ».

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ans le cadre de son projet Readiness, financé par le Fonds vert pour le climat (FVC), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a organisé du 28 au 30 août 2019, à Kayanza, un atelier destiné à partager avec les parties prenantes, surtout les Organisations non gouvernementales (ONG) présentes au Burundi, les critères d’éligibilité d’un projet à un financement par le FVC, comme les critères de sélection mais aussi les procédures de non objection : « c’est-à-dire le cheminement que chaque acteur devrait emprunter, de la conception du projet à l’obtention du financement FVC », a expliqué Olivier Abayisenga, coordinateur du projet Readiness.

Photo de famille des participants à l’atelier de préparation pour l’accès du fonds vert pour le climat organisé par PNUD via le projet Readiness

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Avec

Désiré Manirakiza Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Désiré Manirakiza.

V

otre qualité principale ? La détermination.

ieurs égards, joue les mêmes rôles qu’autrefois, ma génitrice jouait en l’absence de notre « Pater ».

Votre défaut principal ? En tant qu’être humain, j’ai beaucoup de défauts. Il m’est difficile d’en choisir le principal. Peut-être faudrait-il laisser ceux qui interagissent avec moi le soin d’en dire davantage. Mais comme il faut choisir, je dirais que mon principal défaut c’est le pessimisme. Paradoxal, n’est-ce pas, pour quelqu’un qui dit être déterminé ! Mais la vie est ainsi, ce n’est pas toujours ce qu’on aime qu’on soit et vice versa.

L’homme que vous admirez le plus ? Nelson Mandela. Pour moi, il est le parfait opposé du rancunier, de l’hypocrite et de l’extrémiste

La qualité que vous préférez chez les autres ? Ici aussi, difficile de choisir une seule qualité. La vie étant complexe, il y a trois qualités que je préfère chez les autres. Le pardon, l’empathie et la loyauté. Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? Je ne vais pas choisir ici un seul défaut. Sur base de mon expérience, trois défauts me sont insupportables chez les autres : la rancune, l’hypocrisie et l’extrémisme. Comme un ruminant, le rancunier revient sur le mal qu’on lui a fait et n’oublie donc pas. Il ressent le remboursement des blessures, des injustices, des dettes sociales comme un impératif tellement exigeant qu’il ne trouve la paix intérieure que lorsqu’il parvient à rendre les coups reçus. En pensant rembourser les dettes, le rancunier devient en réalité son propre ennemi, parce qu’en ne pardonnant pas, la douleur le ronge toute la vie et vit éternellement dans la peur. Alors que, ainsi que le disait Nelson Mandela, le pardon libère l’âme et fait disparaître la peur, alors que le pardon est une arme puissante pour désarmer les méchants, la rancune détruit l’âme et fait de la peur une réalité permanente. L’hypocrite, contrairement au rancunier, n’a pas nécessairement subi de préjudices. Il joue un double jeu ; il est malin et moqueur. Tel le Bakame de nos contes, il sait jouer du Lion et

du Renard. Il marche avec un Enfin, il y a l’extrémiste. Tout comme l’hypocrite, pour dévelpoignard dans la poche arriopper son extrémisme et sa ère et une rose entre ses mains. haine, il n’a pas besoin d’alibi ; Véritable caméléon, il a une il n’a pas besoin d’avoir subi émotion forte et est doté d’une quelque violence que ce soit. Il capacité du jeu hors du commun. est manipulateur, il a une haine Il peut donc embobiner tout le gratuite. Volontairement, il a une monde. Il est dit être le défenseur conception simplifiée et écornée de l’égalité, mais trouve du plaisir de la réalité. Là où les autres à dominer les autres ; officiellevoient la pluralité, il y décèle ment, il parle de paix, du vivreune simplicité binaire et ensemble, de manichéenne. Pour lui, l’amour, du « Le pardon entre le « Nous » interne, p a rd o n , d e libère l’âme et apaisé et non violent, retenue, de la tolérance, de fait disparaître et le « Eux » externe et menaçant, il n’y a que le l’inopportunité la peur ... la vide, le trou noir ; point de la guerre, mais éprouve rancune détruit d’intermédiaire, point du plaisir et se l’âme et fait de la de position médiane ou réjouit lorsque peur une réalité équidistante. De ce point de vue, il est un chantre des familles permanente. » de l’affrontement. entières sont Les trois catégories de décimées ; il personnages font de la manipuchante les idéaux de la démocralation leur mode opératoire ; ils tie, de la gouvernance, mais opèrent par séduction (à travers embrasse en coulisses les dicleurs discours), victimisation, tateurs et/ou est tyrannique culpabilisation et intimidadans ses relations ; il dit être tion. Leur point commun est pour la tolérance, mais ne supqu’ils dénient le vivre-ensemble, porte pas de remise en cause, invitent à l’affrontement et à la même lorsque celle-ci n’a rien haine de l’autre. Plus une société de méchant ; bref, les paroles de compte d’individus acquis à l’hypocrite sont belles, mais son la rancune, à l’hypocrisie et à intérieur est rebelle.

l’extrémisme, plus grand est le risque d’assister à l’érection de ce que Amin Maalouf appelle « les identités meurtrières », l’effritement du lien social et, conséquemment, à la déchéance du corps social. La femme que vous admirez le plus ? Sans doute, ma mère. Elle est décédée lorsque j’avais huit ans. J’ai peu de souvenirs d’elle, mais je garde d’elle le souvenir d’une femme très rigoureuse, presque autoritaire. Etant donné que la présence de mon père était en pointillé, son autoritarisme est ce qu’elle avait pour pouvoir dresser et canaliser l’énergie des gamins que nous étions (moi et mon grand frère). Son éducation dure et son intransigeance est, suis-je tenté de dire, ce qui m’aura permis de survivre dans ce monde après son décès. Personne ou presque pour nous (me) protéger (mon père et ma mère sont morts le même mois), je n’ai pu m’adapter que parce que très tôt, j’avais appris que se plaindre ne résout rien, à part se rendre ridicule. Je profite d’ailleurs de cette tribune pour rendre un hommage à mon épouse qui, à plus-

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Votre plus beau souvenir ? Ma réussite au redoutable Concours national en 1994. Un événement ne m’a jamais autant ému. L’émotion suscitée par cette réussite était à la mesure des traumatismes et désespoirs causés par les multiples échecs à ce même examen. J’ai passé ce concours à trois reprises sans succès. C’est à la quatrième tentative, dans un désespoir difficile à décrire, que j’ai pu l’avoir. Si je l’avais raté, sans doute que j’aurais abandonné les études cette année. Tout le village se moquait déjà de moi – j’étais le plus grand de tous les élèves et le short de mon unique tenue scolaire ne parvenait plus à couvrir tout mon corps. Mes anciens camarades de classe, qui avaient décidé d’aller à Bujumbura où certains avaient réussi à décrocher un job de domestique, revenaient, de temps à autre, à la campagne avec quelques biens de la ville, et je dois admettre que je commençais à être séduit par leur nouvelle vie. Quand je vois les maltraitances et le déni d’humanité que subissent les domestiques dans nos maisons, ceux que le vocabulaire hérité de la colonisation désigne sous le vocable de B « boy », je lève les yeux vers le ciel, fais un signe de croix et rends grâce au seigneur : je l’ai échappé belle !. Votre plus triste souvenir ? La disparition de ma mère, non pas tant parce qu’elle est morte, mais parce que je ne connais pas les circonstances de sa mort. Un jour, elle m’a envoyé lui chercher du jus de banane – Amake – chez ma tante qui devait préparer l’urwarwa. Ma mère était certes malade, mais pas agonisante. Je me suis rendu chez la tante ; le trajet faisait plus d’une heure de marche à pied. Arrivé, j’ai dû


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Votre lieu préféré au Burundi ? Les plages du lac Tanganyika, et plus particulièrement Saga plage, un lieu magnifique qui permet d’entrer en contact avec ce que la nature a de plus magique : l’eau. En plein midi, le vent souffle, les vagues vont et viennent, emportant avec elles certaines traces de l’humain, qu’elles ne tardent pas à ramener. L’ardeur de la chaleur de Bujumbura se voit éclipsée par plus forte qu’elle.

attendre quelque chose comme deux heures, le temps que le jus en question soit disponible. Lorsque, vers 15 h, je suis arrivé à proximité de chez nous, à un croisement de deux routes, j’ai aperçu de loin mon grand-père avec d’autres voisins, deux d’entre eux portant sur leurs épaules une litière – l’inderuzo – et d’autres des pelles et houes. Ils venaient d’enterrer ma mère. Je n’ai jamais eu d’explication, personne ne m’a jamais dit ce qui s’était passé et, aujourd’hui encore, j’ai peur de le demander. Ni les oncles, ni mon grand-père, ni mon grand frère, personne ne m’a même jamais montré sa tombe. Nous sommes d’une société qui n’a rien à faire avec la mémoire.

Le pays où vous aimeriez vivre ? Le Burundi. Je vis ailleurs non pas par choix, mais par nécessité. Le voyage que vous aimeriez faire ? Je ne suis pas très porté aux voyages et aux aventures.

Quel serait votre plus grand malheur ? Ne pas être en mesure de subvenir aux besoins de ma famille ; voir mes enfants souffrir de faim sans possibilité de leur donner à manger ; ne pas pouvoir les soigner, etc. Disparaître à jamais et les laisser seuls dans ce monde de brutes, sans défense, serait atroce pour moi. Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? La signature, le 28 août en 2000, de l’Accord d’Arusha. Si cet accord signifiait le partage du pouvoir entre les élites factionnelles, il était surtout pour le bas peuple le symbole de la fin de la guerre avec tous ses malheurs. Il était porteur d’espoir en ce sens qu’il établissait, au Burundi, ce qu’Alexis de Tocqueville appelait, l’égalisation des conditions. La plus belle date de l’histoire burundaise ? Le 1 er juillet 1962, jour de l’indépendance du Burundi. Certes, l’espoir placé en cette indépendance n’a duré que le temps des roses, parce que, cela n’est un secret pour personne, après le départ du colon blanc, il s’est installé des colons noirs – les blancs de remplacement – mais le 1er juillet représente à ne point douter (à mes yeux) la plus belle date de l’histoire du pays. La plus terrible ? Le 21 octobre 1993, date de l’assassinat du président Melchior Ndadaye et de certains de ses collaborateurs. Le 21 octobre 1993 et les mois qui ont suivi marquent, et je pèse mes mots, l’effondrement de l’économie symbolique de notre société et ses valeurs. Les outils comme la machette, la serpette, le couteau, la houe, le bambou ont cessé d’être reconnus pour leur seul rôle dans l’agriculture, la cuisine ou la construction, pour devenir, dans l’imaginaire des Burundais, des symboles de la mort, de la terreur. Durant la crise qui a suivi cet assassinat, les Burundais se montrèrent particulièrement

Le professeur Manirakiza a fait le Service Militaire Obligatoire (SMO) avant d'intégrer l'université.

barbares et cruels à travers des scènes de mise à mort d’une rare animosité : pilage de bébés, éventrement des femmes enceintes, mise à mort par empalement et/ ou par crucifiement, brûler vifs des victimes sans défense, etc. Le 21 octobre 1993 représente pour moi la date de notre dé-civilisation. Le métier que vous auriez aimé faire ? Quand j’étais encore élève, je voulais être « Muganga » : je ne savais pas établir le distinguo entre les différentes catégories qui composent le corps médical. Le « Muganga » était pour moi le modèle, il donnait la vie. Avec la crise, je me suis rendu compte que j’avais du mal à supporter la présence dans un hôpital, à manipuler le sang et à voir les morts. Après, mon désir a évolué, et j’ai voulu être avocat ; un désir qui, lui aussi, a vite été abandonné, lorsque j’ai pu me rendre compte que l’avocat, en tant que professionnel, ne faisait pas que plaider pour les justes martyrisés, mais qu’il plaide aussi pour les bourreaux, au grand

dam des victimes. Pour moi, dans certaines circonstances, l’avocat me paraissait être la preuve vivante de manque d’empathie. J’ai donc décidé d’être enseignant, un métier merveilleux. Beaucoup de personnes sont loin d’imaginer le bonheur que procure le fait de voir évoluer des étudiants que l’on a accompagnés en modifiant, souvent de façon collaborative ou sans leur consentement, leurs répertoires de réflexion.

Votre rêve de bonheur ? Sur le plan personnel et familial, mon rêve est d’accompagner mes enfants jusqu’à leur maturité, partir après qu’ils soient devenus «Ibiswi vyinobera » (Traduction libre : des enfants à mesure de subvenir seuls à leurs besoins). Sur le plan sociétal, je rêve d’un Burundi uni, prospère, débarrassé de tous les rancuniers, hypocrites, extrémistes et de toutes les idéologies et logiques suprémacistes ; un Burundi dans lequel tous les Burundais, « riches » comme « pauvres », « grands » comme « petits », ceux du Nord comme ceux du Sud, de l’Est ou de l’Ouest jouiraient d’une estime de soi, d’une reconnaissance et d’une dignité humaine. Un Burundi où le « principe de parité de participation », pour emprunter une terminologie chère à Nancy Fraser, guiderait toute relation sociale. Votre plat préféré ? A vrai dire, à part quelques caprices, je n’ai pas de plat préféré. Je mange tout ; du manioc au macabo, du poisson braisé au porc-épic en passant par des brochettes de chèvre ou du Ndolé aux crevettes.

Votre chanson préférée ? Je n’ai pas de préférence. J’écoute du tout, et « L'accord je choisis en foncd'Arusha était tion des émotions surtout pour du jour.

Votre passe-temps préféré ? Lorsque j’ai un peu de temps, je joue au football. Pendant mon séjour au le bas peuple le Quelle radio symbole de la Burundi, durant le écoutez-vous ? temps libre, je sacrifie fin de la guerre J’écoute, chaque à la tradition : comme matin à 6h30, le avec tous ses journal Afrique tous les hommes ou malheurs. » presque (Burundais) matin sur RFI je vais au bar, seul ou avec des amis. Le bar est un Avez-vous une endroit idéal pour créer des devise ? liens, mais aussi pour apprécier Oui et c’est celle-ci : « Ce qui les mutations de notre société fait la valeur et la grandeur de et sa culture. l’homme n’est pas ce qu’il fait

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par principe, mais plutôt ce qu’il fait un principe ». Votre souvenir du 1er juin 1993 ? Les réjouissances des partisans du Frodebu et l’angoisse de ceux de l’Uprona. Les premiers, à l’annonce des résultats de la présidentielle, se rendent, feuilles de bananiers en mains, chez les seconds pour les narguer. Cette réjouissance sera proportionnelle à leur angoisse/douleur le 21 octobre de la même année. Votre définition de l’indépendance ? L’indépendance, à mon avis, désigne l’absence de relations de domination, de suggestion et/ ou de coordination entre plusieurs faits ou événements. Du point de vue microsociologique, l’indépendance renvoie au fait pour un individu de ne pas subir d’injonctions dans ses prises de décisions, dans la formulation et l’expression de ses opinions. Dans le cadre d’un pays ou d’une collectivité quelconque, l’indépendance se réfère à sa capacité à s’autodéterminer, principalement dans le domaine politique, et, par conséquent, d’entretenir des relations non asymétriques avec les autres, quelle que soit leur puissance. Votre définition de la démocratie ? La démocratie est pour moi un système de gestion de la cité où tous les citoyens, quels que soient leur rang et leur statut social, jouissent d’une reconnaissance et d’une dignité humaine ; un système où la solidarité est à l’œuvre – ceux qui ont suffisamment soutiennent ceux qui n’en ont pas – ; où les droits des citoyens sont respectés, mais où ces derniers n’ont pas que des droits, mais aussi des devoirs. Contrairement à ce que pensent certains, la démocratie n’est pas, à mes yeux, une affaire de « tout ou rien », elle est un processus, une construction perfectible. Elle n’est donc jamais une donnée objective et objectivable. Par ailleurs, elle n’est pas réductible aux questions d’alternance et autres débats politiques de l’heure. Votre définition de la justice ? J’identifie deux acceptions de la justice. La première est d’ordre philosophique. Elle renvoie à un principe moral de la vie en société, fondé sur l’exigence qu’a chacun de nous de respecter la vie et les droits des autres. Ces droits sont ceux que chaque individu a par le simple fait qu’il est un être humain. La deuxième acception, liée à la précédente, est d’ordre théorico-juridique. En ce sens, la justice est un ensemble de normes et de lois institutionnalisées et dont le but est de veiller au respect des droits des citoyens.


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Elle prend la forme de « surveiller et punir », pour parler comme Michel Foucault. Si vous étiez ministre de l’Enseignement supérieur, quelles seraient vos deux premières mesures ? Premièrement, je donnerais plus d’importance à la recherche, sans discrimination aucune entre ce qu’on appelle les disciplines prioritaires et les autres. Dans un pays comme le Burundi, historiquement ravagé par des violences dont l’affrontement entre Hutu et Tutsi constitue la traduction la plus dramatique, tous les efforts de transformation de la société sont vains, tant qu’on ne connaît pas l’état intérieur de ces traumatisés. Etant donné que l’homme est le véritable acteur du développement, il est impossible de le maîtriser sans la maîtrise de sa pensée. Cela implique des recherches, notamment en sciences sociales, un domaine, hélas, marginalisé. Ma deuxième mesure serait de diminuer l’importance de la pratique du syllabus dans nos universités. Le syllabus est pour moi un fléau, à la fois pour les enseignants et les étudiants. Alors qu’il tend à faire des premiers de simples fonctionnaires du public faisant du service minimum, il transforme les seconds en perroquets répétant des énoncés dont ils ignorent le sens et la quintessence. Si vous étiez ministre des Sports, quelles seraient vos deux premières mesures ? Une seule mesure : je ferais du sport, dans son ensemble, sans distinction, un secteur d’activité et d’émulation pouvant faire vivre ceux qui y sont engagés.

Croyez-vous à la bonté humaine ? Oui. Certes, je suis conscient qu’en l’homme sommeille le bon et le mauvais, comme nous l’apprend la vie de tous les jours et comme nous l’indique d’ailleurs la philosophie classique, les travaux des rousseauistes et des hobbesiens sont éloquents à cet égard. Je sais aussi qu’en fonction des personnes et des circonstances, le démon de la méchanceté peut être plus puissant. Mais, de façon générale, dans nos différentes vies et à différentes époques, nous faisons l’expérience de la bonté humaine. Pensez-vous à la mort ? Oui, je pense à la mort ; je sais qu’elle rôde autour de moi, et je suis conscient qu’elle se rapproche de moi chaque jour qui passe. Mais je n’y perds pas trop de temps, parce que, de toutes les façons, je ne peux rien contre, je ne peux lui opposer aucun argument ; elle est la seule réalité objective qui ne souffre d’aucun doute et dont nous sommes tous sûrs et certains. Quand le moment arrive, la salope et faucheuse frappe et ne rate jamais sa cible. Si vous comparaissiez devant Dieu, que lui diriez-vous ? Je lui dirais, les yeux dans les yeux, que j’ai essayé de faire ce que je pouvais pour suivre ses deux principaux commandements. Je lui demanderais, dans son jugement, de ne pas mettre la barre très haute, parce que, simple humain, j’étais. Propos recueillis par Egide Nikiza

Bio express

D

ésiré Manirakiza, professeur associé et enseignant dans différentes universités, dont l’Université du Burundi et l’Université catholique d’Afrique centrale, est né le 24 mai 1978 sur la colline de Rutoke de la commune et province Gitega. Après ses études secondaires au Lycée Gitega et son Service militaire obligatoire, il s’envole au Cameroun où il s’inscrit à l’Université de Yaoundé I. Il y obtient une licence en sociologie en 2005, une maîtrise en 2007 et un DEA (Diplôme d’études approfondies) en 2009 dans la même filière. Parallèlement, à partir de 2006, il s’inscrit à l’Université de Yaoundé II-SOA où il poursuit des études en Sciences politiques. En 2007, il obtient une maîtrise de droit, option science politique et en 2009, il décroche un DEA en Sciences politiques. En 2010, il est lauréat de la bourse de mobilité de l’AUF (Agence universitaire de la francophonie) qui lui permet d’aller en France pour poursuivre ses études doctorales. Il s’inscrit à l’Université de FrancheComté où il soutient, en septembre 2013 son doctorat en Sociologie. La même année, il est recruté comme enseignant permanent à l’Université catholique d’Afrique centrale. En 2015-2016, il s’en va, après avoir

obtenu une bourse d’excellence de la confédération suisse, poursuivre ses recherches postdoctorales à l’Université de Neuchâtel. Désiré Manirakiza est impliqué dans des espaces de recherche aussi bien locaux qu’internationaux. Il est actuellement coordonnateur local du R4D (The Swiss Programme for Research on Global Issues for Development), un projet de recherche impliquant quatre institutions universitaires (Université catholique d’Afrique centrale du Cameroun, Université Gaston Berger de SaintLouis au Sénégal, Institut de hautes études internationales et du développement de Genève en Suisse et la Haute école spécialisée de Suisse occidentale-Lausanne) et dont le but est de montrer en quoi le football féminin est un enjeu de citoyenneté des filles et des femmes. Il a, à son compte, un nombre de publications dont les plus récentes portant sur le Burundi sont : «Du « Mess des officiers » à « Haleluya Fc » : politiques du corps, pratique sportive et inflexion de l’héritage nationaliste au Burundi », Politique africaine, n° 147, 2017 ; « Société civile et socialisation démocratique au Burundi. Retour sur une complicité ambigüe», Swiss Journal of Sociologie, vol. 44, n° 1, 2018.

ANNONCE

Comité international de la Croix-Rouge Délégation de Bujumbura – Burundi Rte de l’Aéroport - Parcelle n° 3513 - B.P. 3257 Tél. : 22212908 / 22212865 - Fax : 22229837

AVIS DE VACANCE DE POSTE Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) désire recruter pour sa délégation de Bujumbura : UN(E) MAGASINIER(E) qui assurera les tâches suivantes : •

S’assure de la manutention et du stockage des marchandises dans l’entrepôt, conformément aux règles et procédures en vigueur au CICR • Reçoit et vérifie les marchandises reçues par rapport au bon de livraison et signale toute anomalie • S’assure que les marchandises sont correctement stockées et emballées • S’assure que toutes les marchandises stockées sont correctement étiquetées (dates de péremption, numéros de lot, fabricant, etc.) et enregistrées. • Mises à jour de l’étiquetage et des fiches de stock lors de la supervision d’une transaction d’inventaire. • Participe aux dénombrements d’inventaire. • Responsable de la maintenance des équipements et matériaux de l’entrepôt • Veille au suivi des températures de l’entrepôt Connaissances, expérience et critères minimum requis : • •

Avoir au minimum un diplôme A2 en gestion et administration ou un domaine similaire Avoir 2 ans d’expérience professionnelle dans un poste similaire

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Bonne capacité d’analyse et sens aigu de l’organisation Capacité à travailler en équipe, sous stress, de manière indépendante Disponibilité et flexibilité Maîtrise du français (écrit et parlé) Très bonnes connaissances des outils informatiques (Word, Excel, PowerPoint, internet) Les personnes intéressées peuvent déposer sous pli fermé leur dossier de candidature à l’adresse mentionnée ci-dessus ou l’envoyer à l’adresse électronique suivante : buj_hrrecruitment_services@icrc.org avec la mention «Candidature au poste de Magasinier». Le dossier doit comprendre un CV (max 2 pages), une lettre de motivation adressée au Chef de Délégation (maximum 1 page), une copie certifiée conforme du diplôme et une attestation de service du dernier poste occupé et des références professionnelles. Les candidatures féminines sont vivement recommandées. La date limite de dépôt des candidatures est fixée au vendredi 13 septembre 2019 à 16h00. Seules les personnes présélectionnées seront contactées et les dossiers déposés ne seront pas rendus. Organisation impartiale, neutre et indépendante, le CICR a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de la guerre et de la violence interne, et de leur apporter assistance. Il s’efforce également de prévenir la souffrance par la promotion et le renforcement du droit international humanitaire et des principes humanitaires universels.

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AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

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Gitega

Remontés contre la Regideso Les clients de la Régie de production et de distribution d’eau et d’électricité (Regideso) à Gitega qui ont commandé des compteurs électriques s’en prennent à cette société qui tarde à honorer leurs commandes. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

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ans différents quartiers, ils sont nombreux à réclamer les compteurs électriques. D’après eux, la Regideso leur a joué un mauvais tour car ils viennent de passer toute une année sans les recevoir alors qu’ils ont payé toute la somme exigée. « Je vis dans l’obscurité alors que j’ai dépensé mon argent espérant avoir du courant électrique. Le montant déjà dépensé pour acheter des bougies est de loin supérieur à la somme que j’ai payée », déplore Berchmans, un habitant de Gahera. D’après les habitants, ils ont des informations très sûres selon lesquelles ils devront payer encore de l’argent pour acquérir ces compteurs. « Ce n’est pas officiel, mais à voir le temps écoulé, cette information pourrait être vraie. Ce qui nous agace, c’est que ceux qui ont fait

Région Sud

des commandes dans des magasins privés qui vendent des pièces de raccordement sont servis depuis longtemps », s’indigne Joseph.

« Ils nous cachent quelque chose ! » Les clients ont perdu tout espoir de recevoir les compteurs électriques. D’après eux, chaque mois, ils vont à la Regideso de Gitega pour savoir ce qui ne va pas mais la réponse est toujours la même : « Attendez, la liste est longue. Vous serez informés ultérieurement !» Comme ils l’indiquent, ce qui les tracasse, ils constatent chaque jour de nouveaux raccordements électriques dans leurs quartiers. Ces compteurs proviennent des magasins privés partenaires de la Regideso. « Pourquoi la Regideso ne nous rembourse pas notre argent pour aller les acheter dans ces magasins privés. Quelle que soit la provenance de ces compteurs, c’est elle qui percevra l’argent de la

Un compteur électrique de la Regideso installé dans un ménage

consommation de l’électricité », souligne Diomède qui déclare avoir fait la commande depuis le mois de février. Quant à Sylvestre, il déplore la manière dont ces magasins partenaires vendent les compteurs alors que les stocks de la Regideso sont vides. « La Regideso joue sur notre innocence. Qui pourrait m’explique comment le matériel de la Regideso se vend dans les magasins privés alors qu’elle n’est

plus capable de satisfaire ses propres clients ? », s’interroge Gilbert. Les services chargés de la communication à la Regideso indiquent que tous les clients seront servis et qu’aucune pièce de monnaie ne sera ajoutée à leurs devis. « Ce sont des rumeurs non fondées. Ils ont des reçus de paiement et ils seront servis par ordre de commande. » Concernant le retard pris dans

la livraison, ces mêmes services ajoutent qu’il y a eu une rupture de stocks mais que le problème est aujourd’hui résolu. « Ils sont nombreux et nous les servons suivant la période de leurs commandes.» En attendant, ces clients continuent d’acheter les bougies pour éclairer leurs maisons. Ceux qui ont des moyens ont déjà acheté des plaques solaires et se demandent toujours à quand leur tour.

Rumonge

Des arrestations en cascade Les responsables des partis de l’opposition s’inquiètent des arrestations alors qu’un climat de détente politique s’observait après la réunion tenue par le gouverneur. Ils demandent que la loi soit respectée. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

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es informations recueillies dans la localité de Mbuga, colline Mwange zone Kizuka font état de l’arrestation de trois personnes dont un militaire en activité dans un ménage, le 2 septembre vers 23 heures. Ces personnes ont été arrêtées par le chef de zone de Kizuka en compagnie des jeunes Imbonerakure du parti au pouvoir et ont été conduites vers une position militaire sise près du stade Ivyizigiro construit dans cette localité. Il s’agit d’ Adrien Nzambimana, chef du ménage et membre du parti

Cachot de la police Rumonge où sont détenues les personnes arrêtées

Cnl, Claude Nimubona et JeanClaude Mutemberezi un militaire en activité. Selon les mêmes sources locales, le responsable du SNR en province de Rumonge a embarqué, le lendemain matin , Adrien Nzambimana et Claude Nimubona dans sa camionnette

vers son bureau afin d’y subir l’interrogatoire. Les sources policières indiquent que des enquêtes sont en train d’être menées pour voir si ces personnes ne sont pas des malfaiteurs. La police indique avoir ouvert une enquête sur ce cas.

Un climat politique un peu détendu Il y a une semaine, un jeune homme du nom de Claver Haringingo a été arrêté par la police sur la colline de Gisenyi, zone Maramvya en commune de Burambi, selon des informations

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recueillies sur place et confirmées par la police. Des éléments de la police lourdement armés ont bouclé très tôt le matin la maison où résidait ce jeune homme et sont passés à son arrestation selon des sources locales. Même si le motif de son arrestation n’a pas été révélé sur place, ce jeune homme serait accusé de collaborer avec des groupes des malfaiteurs. Une autre personne du nom de Mutabazi de la commune de Burambi a été arrêtée par la police ce lundi 2 septembre au moment où il se déplaçait à moto de la commune de Burambi vers la ville de Rumonge. Il serait accusé de détention illégale d’arme à feu. Même s’il s’observe des arrestations ici et là certains responsables des partis politiques de l’opposition estiment que le climat politique se détend petit à petit par rapport aux semaines passées. Ils soutiennent les recommandations issues de la réunion tenue par le gouverneur à leur intention avec les autorités administratives, policières et judiciaires il y a une semaine afin d’assainir le climat politique sur terrain.


AU CŒUR DU PAYS

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Région Nord

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Ngozi

La prison centrale loin d’être désengorgée Elle compte aujourd’hui 1 465 détenus. Pour la direction de la prison, le nombre de détenus va decrescendo et elle s’en réjouit. Pourtant, des organisations de la société civile parlent de chiffres alarmants. De notre correspondant Apollinaire Nkurunziza

A

vant juillet 2019, un mois de la grâce présidentielle, les prisonniers s’élevaient au nombre de 1 686. Parmi eux, 1 060 étaient des condamnés tandis que 626 étaient des prévenus. Actuellement, la prison compte au total 1 465 dont 807 condamnés et 658 prévenus. Selon les chiffres donnés par le directeur de la prison, 339 prisonniers ont été relaxés suite à la grâce présidentielle. Et après cette libération, des recours ont été faits qui ont abouti à la relaxation de 23 autres détenus. La direction de la prison se dit satisfaite de la régression des chiffres. « Nous apprécions la réduction des chiffres. Avec l’effort des institutions judiciaires, beaucoup sont jugés et rentrent. Ainsi, désengorgent-ils la prison. » Il

CULTURE

fait appel, à titre d’exemple, de la réunion du 19 juillet 2019. Le ministère de tutelle a recommandé à l’appareil judiciaire de faire le tout possible pour libérer les ayant-droits. Alors, des tribunaux provinciaux se sont ces derniers jours déplacés pour siéger à l’intérieur de la prison. Ce qui a fait la mise en liberté de 149 personnes. Selon le directeur, ce désengorgement constitue un avantage multiple pour la prison: baisse du coût de restauration, gain d’espace de détente et de logement pour les prisonniers, etc.

Des chiffres supérieurs que prévus Des anciens détenus ne trouvent pas en la libération des détenus une amélioration. M. Benjamin a été locataire de cette prison en 2017. Il nie que les chiffres de prisonniers n’ont

La cour intérieure de la prison centrale de Ngozi

jamais baissé depuis son emprisonnement. Selon lui, c’est plutôt une montée. « En 2017, on nous comptait à 1300. Aujourd’hui, ils sont à plus 1400. Et cela pour une prison qui était censée accueillir 400 personnes. » De même, Ntabariza, une association des anciens détenus, renie la baisse des chiffres affirmée par des responsables de la prison. Jean Marie Nshimirimana, son représentant légal nuance : « Quand on sort

une cinquantaine, une centaine entre.» Pour lui, au lieu d’infliger une amende à ceux qui commettent de crimes moins lourds, des magistrats se précipitent à faire des emprisonnements. Ce qui gonfle les prisons. Cet état de chose entraîne des pertes énormes à l’Etat : la perte de la force physique des personnes détenues, qui devraient travailler pour le développement du pays, et la subvention des autres besoins fondamen-

taux. Le représentant légal de Ntabariza suggèrerait que le président de la cour d’appel et le procureur général de la région nord prennent des mesures qui s’imposent pour libérer les prisonniers nécessiteux. Et au gouvernement, poursuit-il, de mettre en œuvre une politique d’assister les relaxés quand ils sont au retour dans leur famille. « Ce sont les mêmes individus qui retournent en prison après avoir commis encore des délits. »

« Ntare Rushatsi »

Le Burundi précolonial dans un dessin animé © Droits réservés

Le tout premier film d’animation burundais retrace l’origine du premier roi du Burundi, Ntare Rushatsi. A la découverte de ce court métrage « réussi», signé Florian Nifasha.

D

es personnages dessinés, dans une tenue purement traditionnelle, un mélange de langues anglaise et kirundi sous-titrées en français, des voies empruntées aux jeunes acteurs burundais… C’est sur fond de l’instrument traditionnel « Inanga » que les premières images de « Ntare Rushatsi », the lion and the sheep » (le lion et le mouton) nous font remonter le temps jusqu’au 17e siècle. Les 20 minutes que dure ce court métrage animé sont consacrées à la version de Buha (Tanzanie actuelle), la plus connue parmi les deux principales versions de l’origine du premier roi. Réalisé sous un ton humoristique, ce film d’animation, principalement en anglais, garde

Florian et une scène de son dessin animé ( Ntare Rushatsi en train de combattre le lion pour devenir roi)

certains mots en kirundi pour leur caractère sacré à l’époque : Kiranga (l’intermédiaire entre Dieu et les Burundais), Umwami (roi), Ingoma (tambour)… Florian Nifasha, 30 ans, se dit extrêmement fier de son œuvre qui lui a pris 9 mois. Ce n’est pas sa première signature. Il dit avoir réalisé une dizaine d’autres films d’animation, mais jamais montré au public de par leur mauvaise facture.

Ce jeune entrepreneur parle d’un dessin animé tout public grâce au fond. « Un test fait avant le lancement de cette vidéo a montré que les enfants étaient moins intéressés par le film, ne comprenant rien à l’histoire, contrairement aux adultes. »

Le fruit d’un jeune épris du dessin Passionné par le dessin depuis son enfance, Florian réalise sa

première bande dessinée à 12 ans. Un souvenir « tout rigolo ». « J’étais tellement plongé dans les dessins que mes parents m’ont fait consulter un psychologue». L’idée de réaliser des films d’animation lui vient après ses humanités en 2010. « Je rêvais de voir mes dessins bouger, parler… » C’est en rentrant de l’Inde, en 2015, où il venait de faire l’université dans une filière cinématographique, qu’il

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se lance dans cette aventure. Après une dizaine d’essaierreurs, il vient enfin de réaliser un film d’animation « qui répond à ses attentes ». Il a été porté devant le grand public, le 29 août dernier. D’après le réalisateur, l’idée de travailler sur l’histoire du Burundi naît d’un souci d’informer le public sur le passé du Burundi. « C’est dommage de ne trouver sur Wikipédia que quelques lignes sur l’origine du premier roi du Burundi». Des éloges fusent de la part de quelques personnes qui ont regardé ce film d’animation, surtout sur sa forme. Quant au fond, un consultant qui s’intéresse à l’histoire du Burundi évoque un manque de recherches approfondies sur l’origine du premier roi du Burundi. Il parle d’un contenu qui prête à confusion pour des Burundais qui ignorent tout sur leur histoire. « Il fallait associer les chercheurs historiens et ne pas se fier sur ce que l’on a étudié en classe seulement». Sur la critique que le film est en anglais et pas en kirundi, Florian rétorque qu’il compte le vendre à l’étranger. Clarisse Shaka


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SPORT

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Football

Eliminatoires/Coupe du Monde 2022 : les Intamba jouent leur survie Accroché à domicile (11), mercredi 4 septembre, contre la Tanzanie, pour espérer franchir le tour suivant, le Burundi est dans l’obligation d’arracher un résultat positif, dimanche 8 septembre à Dar-esSalaam.

R

emporter par un but d’écart ou faire le deux partout est la mission qui attend les ouailles du sélectionneur Olivier Niyungeko alias Mutombola au stade Uwanja wa Taifa de Dar-esSalaam. D’ores et déjà, s’accordent à dire tous les observateurs, c’est une manche retour qui s’annonce incertaine. Dubitatif dans ses choix tactiques, c’est un Mutombola qui, une fois de plus, a raté l’occasion d’engranger les précieux trois points qui lui aurait permis d’aborder le

Pour passer ce tour, le Burundi doit gagner.

match en parfaite confiance. La faute : son incapacité à trouver un onze de départ idéal. « S’il veut se préserver des foudres des fans burundais, il doit remanier son onze de départ», préviennent bon nombre d’observateurs. Allusion faite au positionnement du

de Caleb. « Comment oser associer des joueurs qui n’ont jamais joué ensemble. Un risque incommensurable ». D’après eux, une attaque remodelée est plus qu’idoine. « C’est clair ! Pour apporter plus de punch en attaque, Fiston Abdoulazak et Mohamed Amissi

devraient commencer la rencontre ». Pour ce match retour, ils soutiennent qu’un 4-4-2 ferait l’affaire.

Faire le jeu Pour ces fans, un but précoce permettrait aux Burundais de

s’installer dans le match pour ainsi imposer leur tempo. « Mais, aussi faut-il qu’ils fassent le jeu et ne se barricadent pas derrière ». Pour ce faire, analyse A.M., journaliste sportif, un milieu de terrain doublé d’un second rideau est nécessaire. D’après lui, c’est une stratégie qui permettrait de contrecarrer la montée des latéraux adverses et de protéger une défense parfois mise à mal, suite au milieu de terrain poreux. Quant à Mutombola, il tranquillise : « La balle est dans notre camp, à nous d’être plus réalistes devant le but et de marquer ce but à l’extérieur qui nous mettrait à l’abri d’un retournement de situation.» Aux doutes des uns et des autres sur la fraîcheur physique de ses joueurs, il explique : « Pour la plupart, les championnats viennent tout juste de commencer. C’est normal qu’ils ressentent une légère fatigue parce qu’ils n’ont pas encore de match dans leurs jambes.» En cas de victoire, le Burundi intègrera la phase des poules pour un dernier écrémage. Hervé Mugisha

Handball

AHB : la phase retour reprend ses droits… Souvent au point mort, l’association de handball de Bujumbura (AHB) semble s’être débarrassée de ses vieux « démons ». Après une phase-aller parfaitement bien négociée, la phase retour débute ce week-end.

U

n pari gagné», se félicite Jean Paul Makara, en charge de la commission technique de l’AHB. Ce dernier fait savoir que dorénavant les membres de son staff privilégient la culture du dialogue. « Au lieu de nous jeter sans cesse le tort, nous avons compris qu’il était impérieux de privilégier la communication pour l’intérêt de la jeunesse ». Depuis le début du championnat, c’est une méthode qui semble porter ses fruits. Mis de côté des plaintes liées à l’arbitrage, tout est normal. Sur terrain, c'est la grinta.Golden Team, co-leader au classement avec Intwari (19 points) luttent à distance c’est une course contre la montre qui s’annonce. Au coude à coude durant la majeure partie de la saison, les deux clubs se sont affrontés à deux reprises

avec une victoire pour chacun. Grâce à son effectif expérimenté, certains observateurs estiment que Golden Team possède un léger avantage. Une donne qui n’effraie guère le coach d’Intwari : « C’est vrai que sur papier, ses joueurs titulaires semblent plus aguerris que les nôtres. Mais il ne faut pas oublier que leur banc n’est pas mieux fourni que le nôtre ». A deux semaines de leur choc, une perspective qui fait languir les fans.

Muzinga, SOS, Friends en embuscade… Dauphins au classement avec respectivement 17 points, Muzinga et SOS (17 points) espèrent bien rectifier le tir durant cette phase retour. « La clé, c’est une bonne défense. Si on arrive à corriger ces lacu-

Golden Team(en blanc) tentera de rester leader .

nes, nul doute que nous pourrons les surprendre », observe Kana, fan de Muzinga. Au regard de l’envie et de la détermination des équipes en bas du classement, c’est une course pour le titre qui promet. Et ce, d’autant plus que les 4 premiers valident leurs billets pour représenter l’association de Bujumbura en

championnat national. Quant au niveau des équipes, M .Makara rassure : « Certes, il y a un net écart entre certaines équipes, mais cela ne veut pas dire que leurs joueurs ne sont pas potentiellement bons. » A force de se frotter aux meilleurs, il indique qu’ils vont gagner en expérience. Cependant, une attention particulière pour

les filles. Leur championnat perd de sa superbe. Pour le club Galaxy, les joueuses ont pris de l’âge tandis que celles des clubs tels Ambassadors sont encore jeunes. «Elles se cherchent encore.» Un alléchant Intwari -SOS est programmé dimanche 8 septembre au terrain Cecinga (Zone Ngagara, Q4). Hervé Mugisha

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durée du prêt et les procédures globales d’évaluation du prêt et d’approbation de l’IMF. Troisième Etape : Pilotage et test du nouveau produit :

EXPLICATION DE LE PRODUIT PRÊT AGRICOLE Le programme MAVC a développé des outils pour évaluer les prêts pour des cultures spécifiques, à utiliser pour les cooperatives mais aussi pour les agriculteurs individuels. Un outil important d’évaluation du crédit agricole est l’A-CAT (Agriculture Credit Assessment tool), qui combine des informations sur les intrants spécifiques à une culture et d’autres coûts de production avec des projections de rendement pour les agriculteurs. Sur la base de ces informations, les agents de crédit peuvent octroyer des prêts spécifiques à une culture en fonction du cycle de production et des besoins de trésorerie liés à cette culture.

GROUPES CIBLES L’outil A-CAT est utilisé par donner les prêts aux petits agriculteurs qui produisent pour le marché, à titre individuel ou dans une coopérative. Ce sont des agriculteurs qui sortent de l’agriculture de subsistance pour une production plus commercialisée. Ils ont besoin de prêts individuels couvrant tous les besoins de production, adaptées au cycle de production. Avec de tels prêts, les agriculteurs peuvent acquérir de meilleurs intrants, tels que des semences certifiées, des engrais et des pesticides, et améliorer les techniques de récolte et leur rendement. Avantages au niveau de l’agriculteur : • Des prêts plus rapides et mieux adaptés aux besoins de l’agriculture, livrés au bon moment. • Investissements améliorés dans des semences de qualité, des engrais et d’autres intrants pour améliorer la productivité • Meilleures négociations entre l’agriculteur et l’agent de credit sur la base d’une analyse réelle des besoins en crédit et d’un niveau de confiance accru

entre l’agriculteur et l’IMF. • Construire les antécédents des agriculteurs qui permettent aux agriculteurs d’acquérir de plus gros prêts avec moins de garantie physique Avantages au niveau des IMF : • Les agents de crédit peuvent fonder leurs finances sur une meilleure analyse des données. • Les prêts correspondent mieux aux flux de trésorerie saisonniers des agriculteurs, ce qui réduit les risques de défaut et • d’utilisation abusive du crédit agricole et offre de meilleures possibilités de contrôle de l’utilisation du crédit. • Améliorer la planification des liquidités pour les cycles d’agro financement et de décaissement adaptés au flux de production • L’outil est relativement simple et permet de disposer d’informations de base sur l’agriculture, spécifiques à une culture, dans un format facile à utiliser au niveau de l’agent de crédit. • Il peut être ajouté aux informations générales d’évaluation de la clientèle utilisées pour l’évaluation du prêt.

LE A-CAT EST COMPOSÉ PAR Une fiche de référence technique pour une culture avec des informations agricoles : besoins en intrants spécifiques et utilization des intrants ; les conditions de base pour la production, telles que l’emplacement et le type de sol; productivité potentielle, durée du cycle de production et calendrier du calendrier des cultures; Résistance à la sécheresse ou à la maladie, risques de production et stratégies d’atténuation possibles. Un outil Excel contenant des informations spécifiques aux cultures sur les intrants, les coûts et d’autres données spécifiques aux cultures, ainsi que les intrants d’experts agricoles. L’outil estime les coûts de production totaux, les flux de trésorerie au cours de la période de production et le

rendement. L’A-CAT est utilisée comme annexe à la procédure d’évaluation régulière du prêt. Les montants des prêts, les décaissements et les dates de remboursement peuvent être determines en function de cette analyse basée sur Excel et des informations de la carte de référence.

LE PROCESSUS D’INTRODUCTION DE L’OUTIL A-CAT Première Etape : Recherche et analyse de marché. • Estimez le marché de ces cultures dans une zone spécifique et identifiez les souhaits des clients et des IMF en matière de produits spécifiques pour les prêts agricoles individuels. • Identifiez les principales données sur les caractéristiques agricoles et le marché pour la culture et la manière de les obtenir • du secteur en tenant compte de la saisonnalité et des risques de production d’une culture donnée. Deuxième Etape : Conception et designer un produit : • Établissant l’état du financement agricole et les produits agricoles actuels des IMF • Recueille des données pour établir des informations de reference sur le produit agricole et développer la feuille Excel. Les données sont validées par les organisations d’agriculteurs, les services de vulgarisation gouvernementaux et les experts en agro. • Utilisée l’information pour la conception des prêts agricole. Y compris la méthodologie de livraison, la tarification, la

• Un plan de test pilote est élaboré, comprenant le calendrier, les branches concernées, le nombre estimé de clients et les besoins en ressources pour le projet pilote. • Le personnel est formé sur le produit de prêt proposé et sur l’utilisation de l’A-CAT qui permet de connaître les besoins reels en financement et d’analyse rentabilité de chaque produit • La phase de test pilote commence, et permettre à l’IMF et à son personnel de faire l’expérience de la mise en oeuvre de l’outil, de ses possibilités et de ses défis. • La phase pilote est régulièrement contrôlée et évaluée sur la satisfaction de la clientèle, la convivialité pour le personnel et l’amélioration générale du processus de prêt agricole. Quatrième Etape : Évaluation du phase pilote • Après une saison de récolte, le phase pilote est évalué en function de la satisfaction et des réponses du client, de l’évaluation du personnel et de la rentabilité du produit. Dans tous les processus, les consultants travaillent avec une équipe de l’IMF. Après le phase pilot un plan de mise à l’échelle détaillé est élaboré, y compris les projections financières, l’intégration des outils dans les manuels, déployer le plan dans les agences, et identifier et solliciter le financement requis. Le phase d’extension aussi comprend la mise en place d’une unité de formation interne pouvant organiser une formation de rafraîchissement pour les agents de crédit, les directeurs de succursale et les personnels fonctionnels concernés. Il devrait y avoir un agri-champion en place capable de mettre à jour les informations des cultures pertinentes dans l’A-CAT chaque saison et de développer des A-CAT pour les nouvelles cultures.

suit l’introduction de l’A-CAT basé sur l’Excel et comprend en bref : • Analyse détaillée des systèmes SIG pour relier le système A-CAT au système SIG • Préparation de la version numérique de l’A-CAT et sa mise en oeuvre • Adaptations spécifiques de l’application et formation du personnel sur l’outil numérique • Évaluation de la phase de digitalisation. Avantages de digitalisation • Les IMF peuvent compiler des données historiques par agriculteur qui permet de meilleures conditions de crédit, telles que les garanties limitées. • Traitement et évaluation plus rapides des crédits via l’application numérique, • Possibilité de comparaison entre les agriculteurs avec la meme culture dans la même zone. • Amélioration de la décision au niveau des branches sur quelle culture et dans quelle zone financée • L’IMF stocke ces informations et construit progressivement des données historiques sur l’agriculteur, qui peuvent être utilisées pour les futures évaluations de prêt Les acteurs clés impliqués dans le processus d’introduction d’ACAT sont : Les agriculteurs ou les organisations de producteurs, l’IMF, les experts agricoles et les formateurs / consultants.

AUTRES RESSOURCES NÉCESSAIRES : Engagement de la direction et du personnel des IMF, accès à l’information agricole ou à une expertise agricole interne. Pour la numérisation il y a un besoin d´équipement tel qu’un ordinateur et des tablettes, Un volume de fonds important pour donner des prêts agricoles est aussi nécessaire.

LES PRINCIPAUX DÉFIS SELON L’EXPÉRIENCE DE ICCO 1. 2.

La phase de digitalisation : 3. Lorsque l’IMF décidera d’utiliser l’A-CAT digitalisé, un plan distinct sera élaboré par l’IMF et ICCO Coopération. Cette phase

Nous aidons les agriculteurs et les petites entreprises à se developper

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Obtenir régulièrement des informations sur les cultures, les intrants et les marchés Remplir les données réelles à la fin de la récolte Défis généraux de la digitalisation comme le pauvre connaissance des systémes digitalisés


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