IWACU 546

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IWACU N°546 – Vendredi 30 août 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Cessez-le-feu, un processus en marche ?

Au lendemain d’un cessez-le-feu annoncé par les politiques, à Mubimbi, un deuil : la violence politique a fait une victime.

POLITIQUE Réfugiés burundais en Tanzanie : rapatriement forcé ?

AU COIN DU FEU

ÉCONOMIE P.5

Chute vertigineuse des exportations de l’or

P.7

Avec Mgr Jean Ntagwarara

P.13


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LA DEUX Editorial

Vendredi, 30 août 2019 - n°546

En coulisse

Un jeune burundais au sommet des Nations Unies sur le Climat et la Jeunesse

Par Abbas Mbazumutima Directeur adjoint des Rédactions

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ans mauvais jeu de mots, on peut dire que le cessez-le-feu pour mettre un terme à l’intolérance et à la violence politiques annoncé jeudi 22 août 2019 et convenu par les leaders des partis politiques n’a pas fait long feu. Tout au moins à Mubimbi dans la province de Bujumbura. «Un feu de paille », diraient les mauvaises langues. Mais ’’Honni soit qui mal y pense !’’ Mais visiblement, le message n’est pas encore parvenu aux militants du CNL et du Cndd-Fdd de la colline Burenza dans cette commune où les échauffourées entre les partisans de ces deux formations politiques ont fait un mort, 7 blessés et plusieurs arrestations dans la nuit de dimanche à lundi. L’épouse de la victime pleure toujours. Elle est inconsolable. Cette veuve a désormais sur les bras cinq orphelins à élever, seule. Sacrifié sur l’autel de l’intolérance ou de la violence politique, son mari, un membre du comité ’’mixte’’ de sécurité essentiellement constitué de militants du parti au pouvoir, ne rentrera pas. Que d’espoirs déçus ! Pourtant, les belles paroles avaient été saluées et applaudies des deux mains. Les politiques présents dont les ténors des partis politiques et le premier vice-président de la République, se sont donné un mois pour conclure un ’’cessez-le-feu définitif ’’ afin de cheminer vers des élections apaisées. Mais ces incidents malheureux sont autant de points d’interrogation, des questions : Cessez-le-feu ou effet d’annonce ? De la poudre aux yeux ? Pas de procès d’intention. Ces leaders ont tapé du poing sur la table pour dire non à l’intolérance politique avec ses allures inquiétantes n’augurant rien de bon pour le prochain scrutin. D’ici 2020, le chemin est encore long, parsemé d’embûches et d’inconnus. Pourvu qu’il n’y ait pas d’autres Mubimbi ou d’autres Rugari. Qu’il n’y ait plus d’autres permanences vandalisées ou d’autres empoignades suivies d’arrestations…’’sélectives’’. Mais que les mêmes politiques annoncent surtout des mesures d’accompagnement. Que les gouverneurs conviés à cette grand’messe de la semaine dernière prennent le relais. Qu’il y ait des « comités mixtes de sécurité » réellement mixtes ou inclusifs. Qu’il n’y ait pas de ces discours officiels incitant à la haine ponctués de ces chansons peu rassurantes.

Rallye à Gitega

Pr Léonce Ndikumana,

P

our avoir été élevé au rang de professeur distingué de l’Université de Massachusetts par le conseil d’administration de cette université.

Pékin a fourni le 1er lot médical au Burundi, le 28 août, pour prévenir et contrôler le virus d’Ebola. Le 2e et 3e lots arriveront incessamment, selon le ministre des Relations Extérieures et de la Coopération.

Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa et Arnaud-Igor Giriteka Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza

Le club automobile du Burundi organise du 31 août au 1er septembre une compétition de rallye baptisée ‘Rallye de Gitega’. Cette compétition se déroulera à Kibimba et à Bugendana dans la province Gitega.

La Chine s’investit dans la prévention et le contrôle d’Ebola

Directeur des Rédactions adjoint : Abbas Mbazumutima

© Droits réservés

Cessez-le-feu,… parti en fumée ?

Kaze Delphin Nduwayo, un étudiant à l’Université Polytechnique de Gitega et responsable de Kaze Green Economy, une entreprise de fabrication de charbon écologique à base de rafles de maïs, représentera le Burundi au premier sommet des Nations Unies sur le Climat et la Jeunesse qui se tiendra le 21 septembre à New York.

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

En hausse

Sur le vif

En baisse

Les assassins de la commune Ntega,

P

our avoir tué, lundi 19 août, Jean Prosper Hitimana et Révérien Kamarampaka, respectivement des collines Murungurira et Rushubije de la commune Ntega, province Kirundo.

Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société : Clarisse Shaka Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza, Edouard Nkurunziza, Jérémie Misago

ANNONCE

Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

COMMUNIQUE DE RECRUTEMENT INTERCONTACT SERVICES recrute pour le compte d’une organisation internationale des Encadreurs des partenaires d’un Projet répondant aux conditions suivantes: Avoir au minimum un Baccalauréat réussi, maitriser les outils informatiques et être apte à rédiger des rapports qualitatifs et quantitatifs. Etre apte à conduire une moto serait un atout. Le/ La candidat(e) devra bien parler et écrire le Kirundi et le Français, être habitué(e) à parler en public, à travailler sur terrain de façon régulière. Il/ Elle doit avoir de bonnes connaissances sur la production, la commercialisation et l’utilisation des foyers améliorés.Une qualification en marketing ou communication constituerait un avantage. Les TDRS complets sont postés sur le site : www.intercontactservices.com dans la rubrique « offres d’emplois ». Les dossiers de candidature constitués d’une lettre de motivation, d’un CV actualisé, des copies de diplômes/certificats de réussites (copies conformes à l’original) et trois personnes de référence (numéros de téléphone, adresses e-mail) seront obligatoirement soumis à travers le lien http://cv.intercontactservices.com/Accueil/postuler_ acceuil/PO-3413 et également envoyés par courriel à recrutements@ intercontactservices.com avec la mention « Candidature au poste d’Encadreurs des partenaires d’un Projet ». La date limite d’envoi des candidatures est fixée au 09 septembre 2019 à 17h00.

2000 est le nombre de réfugiés burundais qui seront rapatriés par semaine à partir du 1er octobre prochain.

Source : Ministère de l’Intérieur et de la Formation patriotique Une pensée « Des hommes convaincus que leur virilité résidait dans leur fusil et qui n’étaient même pas gênés de savoir que, coup de feu ou pas, les renards se moquaient d’eux. »

Toni Morrison www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org


L'ÉVÉNEMENT

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Un cessez-le-feu viable ? Une semaine après le « cessez-le-feu » adopté par les leaders des partis politiques et les gouverneurs, des réunions se multiplient pour faire barrage à l’intolérance politique. Mais l’accalmie n’est pas totale comme en témoignent les échauffourées de la colline Burenza.

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ne personne a succombé à ses blessures, 8 autres ont été blessées dans des échauffourées qui ont éclaté à la colline Burenza, en commune de Mubimbi de la province de Bujumbura. La bagarre a opposé des membres du CNL aux Imbonerakure. Les membres du CNL armés de machettes et de gourdins ont pris le dessus. Serge Nsengiyumva du groupe du parti Cndd-Fdd a reçu des coups de machette qui lui ont été fatals. Dépêché à Bujumbura, ses amis l’ont conduit à la structure sanitaire Médecins Sans Frontières qui n’a pas pu gérer le cas, selon un des amis. Ils l’ont acheminé vers l’hôpital Militaire qui n’avait plus de place et l’a finalement transféré à l’hôpital Roi Khaled. « Là, il a bénéficié des

Deuil à Burenza, des voisins sont venus soutenir la famille de la victime

premiers soins. Le cas toujours difficile à gérer, Serges Nsengiyumva a été transféré à Kira Hospital pour des examens approfondis avant son retour vers le Roi Khaled où il a fini par rendre l’âme, indique Prosper Niyongabo, un voisin de la victime. Parmi les huit blessés, sept sont également des Imbonerakure et un du CNL.

Tension à Burenza Nous sommes arrivés sur les lieux, deux jours après les échauffourées, la localité paraît calme. Le centre n’est pas encore très animé. « Pour ça il faut attendre

17 heures, » indiquent des jeunes garçons rencontrés sur les lieux. Des enfants accompagnent leurs sœurs plus âgées en train de puiser de l’eau. Burenza cache pourtant très mal la tension qui y plane. Juste à côté du centre de santé Ineza, les vestiges d’un commerce, réduit en cendres. « Là, il y avait une maison en bois avec trois pièces, un salon de coiffure, une boutique et une sorte de petit dépôt de bière. La maison a été détruite quelques minutes après les échauffourées, » témoigne un habitant proche du lieu de l’incendie. Même si tous s’accordent pour

dire qu’il s’agit d’un « incendie criminel », les hypothèses sur les auteurs du crime sont nombreuses Les membres du parti CNL parlent de « vengeance des Imbonerakure après leur défaite dans la bagarre ». Une hypothèse rejetée par le chef de colline, Léopold Bigirimana qui indique que deux des trois pièces incendiées appartenaient à deux Imbonerakure. Ses soupçons portent plutôt sur un militant du CNL, Claver Nzeyimana arrêté une machette à la main. « Il était accompagné par quatre militaires qui étaient

très remontés contre les Imbonerakure du comité mixte de sécurité, les accusant de tous les maux. Je dis ça, je ne dis rien, mais un des militaires s’est faufilé vers les lieux de l’incendie juste avant que la maison ne prenne feu. Attendons voir ce que diront les enquêtes. » La police est arrivée sur les lieux et a embarqué tous ceux qui étaient mêlés à la bagarre. « Ils n’ont pas fait le tri et les ont embarqués tous, membres du CNL et du Cndd-Fdd, » a indiqué un témoin. Difficile de dire combien croupissent actuellement dans les cachots de la zone de Mageyo. Trois personnes arrêtées ont été acheminées à Bujumbura par le commissaire de police provincial qui a fait le déplacement, selon les dires des habitants. La tension est loin d’être apaisée. Mardi 27 août, une autre bagarre probablement consécutive à celle du dimanche a éclaté. Malgré les appels au calme, la pilule ne passe pas. Des jeunes du parti au pouvoir veulent venger leur ami mort. Le parti CNL a évoqué deux blessés dans son camp qui ont été embarqués ce mercredi par la police pour des raisons d’enquêtes. Thérence Manirambona, porte-parole du parti CNL appelle les militants des partis politiques à respecter les appels au calme lancés par leur hiérarchie. Agnès Ndirubusa

Intolérance politique : vers une désescalade? J

eudi 22 août, une rencontre organisée par le premier viceprésident de la République réunit les leaders des partis politiques, et les gouverneurs de province. Un seul point à l’ordre du jour : l’intolérance politique. L’heure est grave. « C’est sur injonction du président Nkurunziza,» dira le premier vice-président, Gaston Sindimwo. Durant cette réunion, tout le monde s’accorde à dire que l’intolérance politique frise la violence : Permanences vandalisées, attaques, riposte disproportionnée, arrestation pour motif politique. Les photos des personnes tuées et d’autres blessées commencent à s’accumuler. Il faut faire quelque chose pour éviter l’embrasement à quelques mois des élections. Le diagnostic posé, l’idée d’un cessez-le-feu d’un mois est émise par le patron du parti au pouvoir. Evariste Ndayishimiye appelle à des actions concrètes durant ce mois pour apaiser la situation. Il taxe les gouverneurs qui se laissent influencer par les responsables des partis au niveau pro-

niqueront aux chefs de secteur. Ceux qui n’auront pas lutté contre l’impunité d’une façon exemplaire seront démis de leur fonction, toute affaire cessante. » Des recommandations adoptées par toute l’assemblée présente.

L’influence du secrétaire général du parti Cndd-Fdd

Le secrétaire général du parti Cndd-Fdd, Évariste Ndayishimiye appelle à un cessez-le-feu pour éviter l'embrasement.

vincial de démissionnaires. « En période électorale, les administratifs démissionnent et prennent la casquette de militants du parti. Il faut qu’ils aient à l’esprit qu’ils doivent gouverner pour tous. Sinon ils seront accusés de haute trahison. » Pour le secrétaire général du parti Cndd-Fdd, les administra-

tifs tout comme les responsables politiques devraient se désolidariser avec ceux qui commettent des délits et jettent l’opprobre au sein du parti. « Dans un mois retrouvons nous ici pour une évaluation. D’ici-là, chaque gouverneur aura rencontré les administrateurs qui à leur tour commu-

Une semaine après l’annonce, le parti au pouvoir, déclare que mardi 27 août, une réunion a été organisée à l’intention des responsables du parti Cndd-Fdd au niveau provincial ainsi que les gouverneurs de province. L’objectif de cette réunion était d’adopter des mécanismes pour communiquer le mot d’ordre et mettre en place des stratégies pour lutter contre l’intolérance politique. Selon la commissaire chargée de l’information au sein de ce parti, Nancy Ninette Mutoni, la décision reste la même : multiplier les réunions avec les administratifs à la base et les responsables locaux du parti et lutter contre l’impunité au sein du parti et de l’administration.

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Des gouverneurs commencent déjà à se mobiliser. Ce mercredi, le gouverneur de Gitega a réuni dans sa province les leaders des partis politiques et les administratifs à la base. De même que celui de Ngozi. Si on est encore loin d’une accalmie générale comme en témoigne la tension qui règne sur la colline de Burenza, il n’en demeure pas moins que la semaine a été beaucoup plus marquée par des réunions et des discours d’apaisement. Une chose est sûre, s’il faut juger l’influence du secrétaire général du parti au pouvoir, c’est maintenant. L’évolution de la situation sur terrain après son discours fort sera un bon test pour savoir si Evariste Ndayishimiye est l’homme de la situation. Il sera intéressant de voir si les administratifs (en majorité du CnddFdd), les Imbonerakure et leurs responsables vont rentrer dans les rangs. Nous verrons, dans un mois, à l’heure du bilan promis, si les têtes « des démissionnaires » vont tomber. A.N.


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POLITIQUE

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Kirundo/Ntega

Les dessous d’une double exécution

En commune Ntega de la province Kirundo, deux militants du CNL, ont été tués dans la soirée du 18 août sur les collines Murungurira et Rushubije. Entre violences politiques et règlement de compte, les avis sur ce double assassinat divergent. Iwacu a mené une enquête. Enquête réalisée par Edouard Nkurunziza et Fabrice Manirakiza

D

u 18 au 19 août, une nuit cauchemardesque chez l’un des représentants du CNL à Kirundo. «Gahungu n’est plus. Son cadavre vient d’être retrouvé au centre Murungurira». Le message nécrologique tombe sur son téléphone vers 3 heures du matin. Deux heures plus tard, un autre SMS. Cette fois-ci, c’est le cadavre de Révérien Kamarampaka de la colline Rushubije qui vient d’être repêché dans la rivière Kabamba. Au vu de cette concomitance, ce responsable pense sans hésitation aux violences politiques. Les deux victimes avaient un dénominateur commun. C’étaient des militants du CNL. Néanmoins, pour le cas de Jean Prosper Hitimana (dit Gahungu) de Murungurira, le dossier semble un peu complexe. Iwacu a rencontré des habitants de Murungurira qui parlent d’un assassinat planifié depuis longtemps

Le lendemain, Jean Prosper Hitimana dénonce ses bourreaux. «C’étaient tous des Imbonerakure de Murungurira. Ntukabumwe, son directeur, était aussi sur les lieux du crime, il assistait son passage à tabac». Une semaine après, la police arrête les ‘’attaquants’’ dénoncés: Jean Marie Nsengiyumva, Jean Marie Munyentwari, Noël et Nemeyimana alias Masamba. Ils passeront la nuit du 24 au 25 mai dans le cachot du commissariat de police à Kirundo avant d’être libérés. «Une pression des responsables du parti de l’aigle en commune Ntega », estiment différentes sources. Selon elles, outre que tous les ‘’bourreaux’’ étaient des Imbonerakure, Ntukabumwe est le petit frère du président du Cndd-Fdd en commune Ntega, un certain Sindyibigori, ‘’très influent’’ à Kirundo. Depuis leur remise en liberté, poursuivent nos sources, ces jeunes hommes se sont juré de l’achever. Jean Bosco Hitimana a encaissé le coup. Il ne lui restait qu’une option : se faire soigner. Mais des rumeurs d’un plan de son assassinat couraient toujours.

Des agressions en cascade A l’origine, une mésentente entre deux éducateurs autour d’un retard de remboursement d’une dette. L’affaire remonte à fin 2017. Jean Prosper Hitimana, enseignant de l’Ecole primaire de Murungurira, prête de l’argent (325 mille BIF) à Gérard Ntukabumwe, directeur de cette école. Ce dernier veut s’acheter des tôles pour achever la construction de sa maison. Une convention de remboursement est signée par les deux collègues. Gérard Ntukabumwe doit s’acquitter de la dette avant fin 2018. Hitimana attendra en vain. Selon les témoignages, les relations entre les deux hommes se détériorent après le délai de remboursement. Le créancier réclame son argent. En retour, le débiteur lui profère des menaces. «Dès qu’il a réclamé son dû, il a reçu sans cesse des demandes d’explication aux moindres manquements.» Mais des tensions plus graves apparaissent début 2019, au mois de février. Le directeur tente d’arrêter le jeune homme de ses fonctions. «Il a instrumentalisé les écoliers pour qu’ils se révoltent contre leur instituteur. Quand il entrait, ces derniers protestaient : le directeur nous a signalé que tu n’as plus le droit de nous enseigner». Désemparé, Jean Prosper Hitimana va se confier au directeur

Le cadavre d’un des militants du CNL exécutés le 18 août a été repêché dans la rivière Kabamba.

communal de l’enseignement (DCE) à Ntega. «Il lui a dit que tout a pour origine la dette non payée». En réponse, ce dernier lui conseille de porter plainte au niveau de la Justice. Vincent Nzisabira, le DCE de Ntega, confirme les faits. Il soutient néanmoins ne pas être au courant de la suite de ce dossier. L’enseignant ne va pas se précipiter à porter l’affaire devant la justice. Il attendra plus d’un mois, dans l’espoir d’un

règlement à l’amiable. C’était sans savoir qu’un événement tragique l’attendait… Dans la soirée du 17 mai, au centre Murungurira, des querelles éclatent avec le directeur toujours au sujet de la dette. Quelques heures plus tard, de retour chez lui, il est intercepté par un groupe de ‘’malfaiteurs’’, gourdins à la main. Ils se mettent à le tabasser. «Ils l’ont laissé à demi mort. Ils exigeaient de lui de ne plus parler de la dette».

Aboutissement d’une vendetta?

L’exécution de Jean Prosper Hitimana a eu lieu à son domicile. Il vivait seul. Après l’exécution, ses bourreaux ont déplacé le cadavre vers le centre de Murungurira. Un jeune homme habitant à ce centre, à travers la fenêtre, a vu et reconnu certains de ceux qui déposaient le cadavre. Il a témoigné à Iwacu. C’était vers 2 heures du matin, se souvient-il, la nuit était éclairée par la lune. Au total, il dit avoir compté six jeunes hommes. Parmi

Dans la commune Ntega, des militants du CNL se disent pourchassés.

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eux, Jean Marie Nsengiyumva, l’un des agresseurs du 17mai et un certain Bibonimana. Tous des Imbonerakure de Murungurira. «Quand je suis sorti pour constater ce qui se tramait là-bas, ils m›ont sommé de regagner la maison». D’après lui, en cette nuit, rien ne permettait de conclure à un meurtre: «Il n’y avait visiblement pas de sang à cet endroit. Et puis, le jeune homme portait des habits plutôt propres». Les 6 hommes sont restés là, debout près du cadavre. C’est grâce à notre source que cette mauvaise nouvelle s’est répandue dans la matinée de lundi 19 août... A l’aube du 19 août, avec la découverte du cadavre, les enquêtes ont commencé. Dans la foulée, dix hommes de Murungurira ont été interpellés. Parmi les 10 prévenus, 4 ont été relâchés. Les deux présumés bourreaux cités par notre source font partie des 6 maintenus en prison. «Deux des prévenus ont plaidé coupables devant un OPJ, arguant avoir exécuté une mission pour 1,2 million de BIF», confie une autre source sans préciser les noms des deux. Dans tous les cas, des habitants de Murungurira s’étonnent que Gérard Ntukabumwe n’ait pas été inquiété : «Il est sûrement le commanditaire de l’assassinat »

«Il faut que la justice fasse son enquête» «Je lui avais déjà remboursé ses frais, le procureur est témoin. Je n’avais donc rien contre lui». Ainsi se justifie Gérard Ntukabumwe face aux allégations. D’ailleurs, il assure que le courant passait plutôt bien ces derniers jours entre eux. «Sa famille a certes une dent contre moi. Mais je ne pouvais vraiment pas commanditer un meurtre pour une somme aussi maigre.». Gérard Ntukabumwe soutient qu’une petite mésentente entre eux était née en juin, vite réglée par le procureur de la République à Kirundo. «J’ai remis l’argent de Hitimana, le 17 juin, entre les mains du procureur .J’ai même le reçu sur moi». Interrogé sur sa responsabilité dans le passage à tabac de Hitimana le 17mai, Ntukabumwe réplique : « Beaucoup de personnes se sont bagarrés ce jourlà. Seulement, il m’avait cité suite au conflit né de la dette». Ce directeur déplore la mort de son enseignant: «Il sera difficile de le


POLITIQUE

remplacer. Il avait suffisamment d’expérience » Pour lui, il faut que la justice fasse son travail. Pour sa part, Gérard Niyokindi, procureur de la République à Kirundo, dit ne pas trouver de lien entre la mort de Hitimana et la dette: «Cette dernière avait déjà était remboursée» Et puis, poursuit-il, personne parmi les prévenus n’a accusé ce directeur. Il appelle tout détenteur d’informations susceptibles d’aider à élucider ce meurtre à les lui fournir. Existe-t-il un lien entre cette mort et l’attaque du 17mai? Le procureur Niyokindi se veut clair : «Chaque dossier est unique.»

Mort de Kamarampaka: suicide ou exécution? Les militants du CNL de la colline Rushubije soutiennent que la mort de Révérien Kamarampaka est la conséquence de son appartenance politique. L’administration parle au contraire d’un probable suicide suite à une mésentente familiale. Différents témoignages de la zone Rushubije convergent sur une exécution. Selon ces témoignages, Kamarampaka a répondu à un coup de téléphone vers 21h, dimanche 18 août. Il prend la route pour le centre de négoce de Rushubije dans un bistrot d’un

certain Halidi Havyarimana. Dans le bar, il se retrouve dans un groupe de jeunes Imbonerakure. Six jeunes hommes pilotés par Emmanuel Rwasa, le chef de la zone Rushubije. Nos sources évoquent : Alexandre Karenzo, Shirakumutima, un surnommé Gasongo, Pascal Birihanyuma, Nestor Minani et un certain Ndayisenga surnommé Kagongo. La plupart de ceux qui le verront vivant pour la dernière fois sont ceux qui l’ont vu dans le bar. Il est retrouvé mort le lendemain à la petite rivière de Kabamba. Un jeune homme passant près de la rivière, dans les heures avancées, avait pu cependant se dissimuler derrière des arbres quand Révérien Kamarampaka était emmené à la rivière pour y être abattu. Il n’oubliera jamais cette scène horrible : «Révérien était tiré par une corde, vers la rivière.» Il affirme avoir distingué, dans la nuit, parmi ceux qui l’emmenaient, le chef de la zone Rushubije. Des habitants se disent indignés que le cadavre ait été enterré très vite sans expertise médicale.

«Nettoyage du CNL avant l’inauguration de la permanence communale » Selon des sources concordantes, Révérien Kamarampaka

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a été la première victime sur une longue liste. Des militants du CNL de Rushubije seraient en effet à «nettoyer» avant l’ouverture de la permanence du CNL en commune Ntega. Elle est prévue le dimanche 1er septembre. Révérien était en outre, depuis peu, accusé d’un autre «tort» : reconnu comme membre du Cndd-Fdd depuis belle lurette, sa participation, début juin dernier, dans l’inauguration de la permanence provinciale du CNL à Kirundo avait fâché plus d’un dans le camp de ce parti de l’aigle. «C’était comme une épée dans les cœurs des Bagumyabanga

Gérard Ntukabumwe: «Je lui avais déjà remboursé ses frais. Je n'avait donc rien contre lui.»

de Rushubije». La colère a été à son comble. Certains Imbonerakure auraient juré entre les dents et menacé ouvertement : «L’ouverture de la permanence communale aura lieu sans Inyankamugayo à Rushubije». Kamarampaka subira personnellement des insultes comme quoi c’est un traître. Cependant, très tôt, comme pour lever toute équivoque, il a tourné l’épée dans la plaie: «Il a participé dans une fête organisée chez Célestin Habiyambere, le président du CNL à Rushubije.» Selon les témoignages, certains des militants du parti de l’aigle à Rushu-

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bije auraient interprété le geste comme une forme de moquerie. Aujourd’hui, à Rushubije, la peur est totale. Suite aux rumeurs quant à l’existence d’une fameuse liste de «nettoyage» des militants du CNL avant dimanche 1er septembre, bon nombre d’Inyankamugayo ont pris la fuite. Entre autres Joseph Nzimpora, Banani, Nzinahora et Niyongere. Pour Emmanuel Rwasa, chef de la zone Rushubije, ces informations sont des rumeurs. «Pourquoi allait-il être poursuivi par des Imbonerakure? Il ne représentait aucun danger, il n’y avait aucun différend entre lui et les militants du Cndd-Fdd». Et d’ajouter qu’il ignore l’appartenance politique de Kamarampaka: «Je le connais uniquement comme un habitant de Rushubije» Cette autorité estime que Kamarampaka se serait suicidé. «Il ne s’entendait plus avec sa femme depuis un moment». S’agissant de ceux qui auraient pris la fuite suite cette histoire d’une liste noire, Emmanuel Rwasa dément : «C’est une très fausse information qui cache des intentions politiques». Toutefois, cet administratif affirme ne pas avoir pas fait d’enquête sur de probables fuites. «Mais dans tous les cas, j’ai pas encore reçu de rapport»

Cacophonie sur le retour des réfugiés burundais Du 23 au 24 août, le ministre burundais de l’Intérieur et son homologue tanzanien ont effectué une visite dans les camps de Nduta et de Mtendeli. Ils ont décidé que tous les réfugiés doivent rentrer. Le HCR met en garde contre tout retour forcé.

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u retour de sa visite, Pascal Barandagiye, ministre de l’Intérieur, n’a pas mâché pas ses mots. Il accuse le Hautcommissariat pour les réfugiés d’entraver le processus de rapatriement volontaire. Selon lui, les agents de cette agence onusienne voient les camps de réfugiés comme un important fonds de commerce. « Si les réfugiés rentrent tous, ils n’auront plus de travail. D’où ils traînent les pieds dans l’enregistrement de ceux qui veulent retourner au pays ». Pascal Barandagiye et Kangi Lugola, son homologue Tanzanien, ont signifié aux réfugiés qu’il n’y a plus de raison de s’inquiéter. La paix et la sécurité règnent au Burundi. « Nous allons arrêter tous ceux qui empêchent les réfugiés de ne pas rentrer chez eux. Personne ne doit jouer avec le gouvernement de John Pombe Magufuli. », a menacé M.Lugola. Lors de la réunion tripartite (Burundi, Tanzanie et HCR), tenue le 28 mars 2018 à Bujumbura, M. Barandagiye rappelle

qu’ils se sont engagés à rapatrier deux mille réfugiés par semaine. Cependant, il déplore que cet engagement n’a été respecté qu’une fois. Les semaines suivantes, affirme-t-il, l’effectif a chuté jusqu’à atteindre cent cinquante personnes par convoi. « Le HCR a toujours clamé que c’est le gouvernement tanzanien qui était derrière le non-respect de cette prescription », fait savoir le ministre Barandagiye. Il explique également que les autorités tanzaniennes s’interrogent sur ce dysfonctionnement et veulent en savoir les raisons. « La capacité d’accueil du gouvernement burundais est insuffisante », leur répliquait le HCR Tanzanien.

«Le HCR travaillait de façon occulte» Le ministre de l’Intérieur burundais réfute ses allégations. Selon lui, plusieurs actions ont été entreprises par le gouvernement pour faciliter le retour des réfugiés. Notamment la rénovation des camps de tran-

Pour le ministre de l’Intérieur, les agents de cette agence onusienne voient les camps de réfugiés comme un important fonds de commerce.

sit de Muyinga et de Ruyigi pour accueillir un plus grand nombre de personnes. Ainsi que la construction d’une route à Ruyigi menant vers la Tanzanie. Dans son réquisitoire, M. Barandagiye a aussi épinglé le déroulement des enregistre-

ments des candidats au retour au pays natal : « Le HCR travaillait de façon occulte à tel point que même les responsables des camps n’étaient pas associés à ce travail. Désormais, ils doivent y participer.» Et d’affirmer que certains se sont vus refuser l’enregistrement

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au motif qu’ils n’avaient pas 18 ans. « Ridicule » Aux yeux du ministre. Au-delà des réfugiés, il existe 15.000 irréguliers vivant dans les camps de réfugiés. Le gouvernement burundais se dit aussi prêt à les accueillir. « Ce n’est pas parce que le Cnared a dit qu’il va participer aux élections que les Etats voisins doivent dire que la paix règne », a réagi Anicet Niyonkuru, secrétaire exécutif de la plateforme des opposants en exil. D’après lui, ils désirent rentrer pour s’enquérir de la situation. S’ils trouvent que le pays est stable, ils vont appeler au retour massif des exilés. « Même si la sécurité s’est améliorée, le HCR considère que les conditions au Burundi ne sont pas propices à la promotion du retour au pays », a dit Dana Hughes, porte-parole du HCR dans la région des Grands Lacs sur les ondes de la RFI. Par ailleurs, elle exhorte les gouvernements de la région à maintenir ouverts les frontières et l’accès à l’asile à ceux qui en ont besoin. Selon toujours cette fonctionnaire onusienne, des centaines de personnes fuient encore le Burundi. Signalons que depuis septembre 2017, près de 75 mille réfugiés burundais sont volontairement retournés au pays. Arnaud Igor Giriteka


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POLITIQUE

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CNL, le tilapia de la politique

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.G., ex-cadre du MSD au nord, B.N., ex-cacique de l’Uprona pro Nditije au sud, et E.S., ancien responsable de l’Uprona au centre du Burundi. Se trouvant à la croisée des chemins, ces trois politiques aux trajectoires différentes ont bifurqué vers le CNL, poids lourd de l’opposition burundaise. Transhumance politique liée au calendrier électoral ou simple illustration du constat d’Aristote : «La nature a horreur du vide.» Tel un tilapia pouvant s’acclimater à un milieu toxique pour les autres poissons, le climat politique hostile ambiant semble glisser sur le CNL. Mieux qu’une faculté d’adaptation, le négatif se révèle être le ferment de sa vitalité. Le verrouillage de l’espace politique, consécutif à l’éclatement de la crise politique d’avril 2015, s’avère être un tremplin, son ressort. Dans un contexte de manque d’espace vital pour s’épanouir, et qui plus est de violence politique - quasi exclusivement à son encontre -, la première force de l’opposition parvient à tisser des liens empreints de ferveur avec sa base. « Twop-

fuma dupfa hako duheba umugambwe wacu » (« Plutôt mourir que d’abandonner notre parti », soutiennent des militants du

CNL de la zone Rugari dans la commune et province Muyinga. Autre tour de force, quand les autres leaders de l’opposition

reculent - « main tendue vers le pouvoir » - sous l’effet des vents violents contraires, celui du CNL a appris à naviguer dans les

eaux sinueuses de l’adaptation - manoeuvres dilatoires pour l’agrément de son nouveau parti -, durant les quatre années écoulées, évitant les écueils de la compromission. Son entrée à l’hémicycle de Kigobe, considérée par certains comme une capitulation, est aussi une autre manière de slalomer sur le champ de bataille qu'est l'échiquier politique. Mieux, il siphonne par le haut les autres partis politiques de l’opposition dans un état de conscience politique minimale. Des cas isolés ou début d’hémorragie? Quid de leurs bases désormais orphelines d’un leadership charismatique in situ? Des dynamiques souterraines de reconfiguration du paysage politique font déjà affleurer un constat : la polarisation de la vie politique burundaise autour d’un corps-à-corps entre deux titans. En résulte l’immobilisme, pas de véritable nouvelle offre politique. Le combat d’idées pour remettre le pays sur les rails du développement socio-économique, l’échange fécond dans lequel « Autrui est mon Maître » passent ce faisant à la trappe. Guibert Mbonimpa

Accord d’Arusha

19 ans après, quel bilan ?

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’est le parti Cndd-Fdd qui a mis en application l’Accord d’Arusha », déclare Nancy Ninette Mutoni, chargée de la communication au sein du parti au pouvoir. Les différents commissions et conseils prévus par cet accord ont vu le jour pendant le règne du parti de l’Aigle. Pour elle, le parti Cndd-Fdd accorde une place de choix à l’Accord d’Arusha. Pour preuve, la Constitution en vigueur a intégré différentes dispositions de cet accord. Abel Gashatsi, président de l’Uprona, reconnaît les bienfaits de l’Accord d’Arusha : « Il a mis fin à la guerre civile et instauré la paix et la stabilité dans le pays. En témoignent les différentes échéances électorales qui se sont déroulées dans le calme.» Par ailleurs, poursuit-il, l’Accord d’Arusha a restauré l’unité entre les Burundais et consolidé le tissu social. Il assure que l’Uprona accorde une place primordiale à cet accord historique. Et de mar-

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Réunis en Tanzanie le 28 août 2000, les protagonistes dans le conflit burundais se sont serrés la main en signant l’Accord d’Arusha accouché au forceps. 19 ans après, la classe politique burundaise s’accorde sur ses bienfaits, mais diverge sur son avenir.

teler : « Les Badasigana ont voté pour la Constitution en vigueur qui est respectueuse de cet accord dans ses grandes lignes.»

L’avenir de l’accord est hypothéqué Léonce Ngendakumana, viceprésident du Frodebu, soutient que l’Accord d’Arusha été arraché dans la douleur. L’Accord a mis fin au conflit, à la dictature militaire et a abouti au partage du pouvoir entre Burundais. Pour lui, l’accord reste et restera le pilier de la démocratie, la paix et la stabilité au Burundi. Mais, il déplore que des détracteurs de cet accord subsistent : « L’accord est constamment violé. Des cas de corruption s’observent ici et là ». M. Ngendakumana appelle les Burundais à rester soudés et à défendre cet accord. Et de renchérir : « Aucun autre accord ne sera au-dessus de l’Accord d’Arusha. Il est gravé dans la

Les parties prenantes, lors de la signature de l’Accord d’Arusha, en Tanzanie, le 28 août 2000.

mémoire des Burundais. Il reste une référence.» De son côté, Kefa Nibizi, président du Frodebu Nyakuri, considère l’Accord d’Arusha comme le fondement de la bonne gouvernance politique et démocratique au Burundi. Il a été une porte de sortie d' une crise qui avait endeuillé le Burundi. Et d’ajouter : « Une culture de dialogue s’est installée entre Burundais. Cependant, fait-il observer, l’Accord d’Arusha a terminé son

mandat. « Il a été remplacé par la Constitution qui s’en est largement inspirée ». M. Nibizi soutient qu’il faut respecter et mettre en avant la Loi fondamentale. Pour rappel, après de longues et difficiles négociations, les protagonistes dans le conflit burundais ont abouti à la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Burundi, le 28 août 2000 à Arusha, en Tanzanie, sous l’égide de Nelson Mandela.

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L’Accord d’Arusha a mis fin à une décennie de guerre civile et aux divisions ethniques qui ont endeuillé le Burundi. La Constitution du 18 mars 2005 s’est inspirée de cet accord et a imposé des quotas ethniques pour le partage de pouvoirs entre les différentes couches sociales du pays. Félix Haburiyakira


ÉCONOMIE SOCIÉTÉ

Vendredi, Vendredi, 30 30 août août 2019 2019 -- n°546 n°546

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Mugina Mabayi

Bonheur Niyonkuru n’aura pas le bonheur de vivre longtemps

La production de l’or en baisse La chasse aux albinos reprend. La victime La suspension de a disparu mardi dernier. certaines coopératives Sa mère vit minières, desdans sitesune peur panique et réclame inexploités, la hausse justice et protection. du prix du matériel… L’association « Albinos font chuter la production frontière » demande àsans Mabayi, province à la police diligenter Cibitoke. Lesdeorpailleurs leslamentent. enquêtes afin de se punir les coupables.

LB

a production de l’or a chuté plus de 70%. Au premieralbitrionheur Niyonkuru, e extrait mestre, nous n’avons nos et écolier en 5 année à que 996 grammes. Au deuxième l’Ecofo Mugerera, en comtrimestre, elle se chiffre à 1016 mune Mugina, province Cibitoke grammes », confie André Gitun’est plus. Il a été sauvagement rashamba, le président de la tué dans la fleur de l’âge, mardi coopérative extractive de l’or dernier. Le cadavre a été trouvé « Dukorerehamwe ». sur la colline Kagazi àSalacoopéra4e transtive avait enregistré producversale, communeune Rugombo tion de plus 3 kg d’or au premier dans un buisson au bord de la trimestre de l’année 2018. Au 2e rivière Rusizi. Sa jambe droite, la trimestre 2018, se main gauche etlalaproduction langue ont été chiffrait à plus de 8kg. amputées. IlMardi est 10 20 h. Sur la colline et zone août. 11h 30. Une Ruhororo de la commune Mabayi, délégation de 7 membres de une galerie ferme de sans plusfron30 l’association « Albinos mètres de profondeur. L’obscurité tières », conduite par le représentest est éclairée pars’est un anttotale. légal Elle Kassim Kazungu, groupe électrogène. Une vingjointe à la famille éprouvée. Une taine creuseurs couverts, de la foulede calme est assise devant la tête aux pieds de boue jaunâtre, maison. C’est le deuil. La mère travaillent à la du regretté sechaîne. lève etMunis salue de les pioches, de pelles, de casquettes visiteurs. La tristesse se lit sur et devisage. bottes,Les certains creusent et son larmes tombent. remontent la terre. D’autres se Après un instant, elle raconte ce préparent à charger le camion qui s’est passé. pour acheminer les produits Le récit extraits vers le centre de lavage situé à 200Violette mètres. NtibaziyandD’après Mêmes lamentations la emye, l’enfant a disparuchez mardi coopérative « Dukomezumderchrendre pour les répétitions wuga l’or dans ». unCelle-ci club de exploite comédiens. au site minier de Kabere de la Chemin faisant, une femme même commune. Donatien l’interpelle et lui dit qu’elle a Bahinyure, son en président, ne vu son enfant compagnie cache pas sa déception : « Cette d’un garçon ayant une boucle année, laempruntant production le estchemin maud’oreille vaise. Au premier trimestre, nous estimons avoir produit 1, 5 kg

vers la localité dite Rugeregere. Elle emprunte le même chemin et croise 2 kg au second trimestre ». un autre homme qui lui Une production de loin inféridonne la même version. eure à celle premiers Après tousdes cestrois témoignages, mois de l’année passée. Il indique elle rebrousse chemin et tente de que la quantité produite variait chercher le garçon. « Inutile de de 7 àd’autres 8 kg. enquêtes. J’ai averti faire la police. Celle-ci me dit d’amener Des causes les personnes qui ont témoigné ». multiples La chance lui sourit. Elle obtient André Giturashamba les contacts du garçonfait quisavoir était que, depuis janvier 2019, le gouavec son fils. Un coup de télévernement accordé la société phone, maisa c’est uneàvoix fémiTanganyika Mining nine qui décroche. C’estBurundi sa sœur. le lesn’asites Ellecontrat répondd’exploiter que son frère pas miniers jadis exploités par les de téléphone. « Alors j’ai décidé de coopératives. PlusieursKazungu d’entre descendre à Bujumbura. elles étésommes délogées. « Notre et moiont nous rendus chez coopérative a perdu trois cette fille. Du coup en nous sites voyminiers : et Gasant, elle Gahoma, tremble. Gitovu Elle contacte arabuye.» En outre, poursuit-il, le son frère sur téléphone. Et nous de site Ruhororo, exploité depuis plus répliquer : ‘Hier tu disais qu’il n’a de n’est plusLes rentable. « Il pasdix deans, téléphone’». enquêtes est presque épuisé. Les minerais se poursuivent. seVendredi trouvent 16 loin. Les creuseurs ne août, la mauvaise peuvent pas y arriver. Il nous faut nouvelle tombe. Un corps sans des machines. »et punis. Elle dit appréhendés Cet déplore cette vivreorpailleur la peur au vendreque avec sa société minière n’ait pas encore benjamine, Claudia Iranzi, qui commencé à exploiter les sites est aussi albinos. « Ma fillette est de Gitovu et Gasarabuye, ce son qui traumatisée depuis la mort« de réduit la production». Il savoir frère. Elle ne sort plus de fait la maison. que ces sites étaient exploités par Elle risque d’être la prochaine cible. des coopératives. Et Domitien Je demande sa protection ». Bahinyuye de protéger compléter : «Les Il faut sites miniers de Rwabo, Nyamuces minorités sumo et Kivogero, jadis exploités, sont aujourd’hui «Nous sommes abandonnés. » tellement attrise Selon lui, l’Etat a diminué la tés. Il fait la 26 et d’ailleurs la 30e superficie de ces sites. Ainsi, il victime, si on y ajoute celles qui souligne que les coopératives n’ont pas pris le risque de verser à la BRB la redevance annuelle de 5 000 USD et une contribution annuelle d’un million de BIF pour la réhabilitation du site. « Elles ont peur de travailler à perte. » Elles estiment qu’elles ne peuvent pas récupérer les fonds engagés. Et certaines coopératives n’ont pas bénéficié de nouveaux contrats d’exploitation. « Faute de moyens, elles n’ont pas fermé les

Violette Ntibaziyandemye en train de causer avec Kassim Kazungu

ont été portées disparues. Nous L’autre, une fillette de 4 ans, a été Les creuseurs extraient de l’or au site minier de Kabere. connaissions l’enfant. C’était un portée disparue en octobre 2018 sites comme l’exige le codetémoigne minier. » chantiers enfant très intelligent », à Cankuzo.ont jeté l’éponge, D’après lui, on les accuse de laissuite à laàhausse de prix. des albiKassim Kazungu, président Quant la protection ser derrière des trous béants proPour augmenter la producl’association « Albinos sans fron- nos, M. Kazungu insiste sur la voquant des accidents mortels. tion, M. Bahinyuye suggèreconà tières », très angoissé. sensibilisation. Il s’insurge Ces orpailleurs assurent que les l’Etat de donner aux coopéraSelon lui, cela faisait au moins tre le regroupement des albinos pluies ont bloqué creuseurs. lescentre. sites miniers nontrois ans sans qu’onles n’entende des tives dans un Il estime que cela « tueries Tous les matins, les galeries exploités accordés à la société des personnes atteintes serait une discrimination. «La étaient remplies d’eau. Ils ne pou- Tanganyika mining Burundi. Il le d’albinisme. sécurité de chaque citoyen est vaient pas arriver loin », signale propose, en outre, de combiner L’identité des présumés assas- devoir de tout Burundais». Et de M. Bahinyuye. sites qui ont sins n’est pas« L’année encore dernière, connue, les regretter : « Il y aété desmorcelés complicités nous pouvions creuser jusqu’à 25 pour encourager les coopéraselon Kassim Kazungu. Seule- dans l’entourage, dans le voisinm de profondeur. Au cours en du 2008 pre- tives à prendre desde risques. ment, tient-il à rappeler, age, dans ce genre tueries.» mier trimestre 2019,ceux nousqui étions et 2009, à Ruyigi, ont Par ailleurs, M. Kazungu Chômage vs réduction du bloqués à 10 m». commis ce forfait ont été arrê- réclame un deuil national de salaire La hausse prix d’une du matériel, tés, jugés etdu écopés perpé- deux ou trois jours pour que tout de l’essence et des vivres est évaà la Plus de sache 140 creuseurs de tuité. Mais certains se sont Burundais ce qui s’est passé. base de la chute de la producla coopérative « Dukoreredés. Il pense que ce sont ceux-là « Cela réconforterait la famille tion. Le prix d’achat d’une motosont aules chômage. qui reviennent commettre les hamwe éprouvée» et tous albinos ». pompe, détaille-t-il, est passé de En 2018, cette coopérative forfaits. Le dernier en date, préA propos des enquêtes, aM. 600 en 2018 à tué 800 en mille BIF en embauché plus dequ’il 250 acreucise-t-il, a été août 2016. Kazungu affirme saisi la 2019. « Les moins nantis étaient seurs. Aujourd’hui, elleque neles police. Elle nous confirme obligés d’arrêter l’extraction». Six compte que 90 creuseurs, préenquêtes ont déjà été entamées Emmanuel et qu’elles se déroulent très bien. Habiyambere : « Il Contacté à ce propos, la police ne s’inquiétait de Cibitoke dit avoir entamé des de rien et se enquêtes. Deux suspects ont été promenait arrêtés à Bujumbura et sont sous librement avec les interrogatoire. autres. »

André Giturashamba « La production de l’or a chuté de plus de 70% au premier semestre 2019 par rapport à celle du premier semestre 2018.»

L’administration promet de redoubler de vigilance cise M.Giturashamba, « Nous avons apprisson avecprésitristdent. esse la mort de l’écolier. C’est Les concernés ne savent plus àIl regrettable. Un enfant aimable. quel saint se vouer. Isaac Ndine s’inquiétait de rien et se promkuriyo, un creuseur, est au chôenait librement avec les autres », mage, depuis avril dernier. Il contémoigne Emmanuel Habiyamfie que son métier était sa seule bere, chef de zone Buseruko. source de survie. Son employeur Il affirme que cela ne s’était lui a expliqué réduisait le jamais produitqu’il auparavant dans nombre des travailleurs parce la localité. Et de promettre que que le site était petit. l’administration va redoubler de Ce père de cinqque enfants peine à vigilance pour la fillette soit faire vivre sa famille. « Je ne vois protégée ainsi que d’autres albipas nos.où trouver l’argent pour payer leur lâche-t-il, désesUnscolarité », des administratifs à la péré. base regrette que l’enfant soit Une situation différente chez victime de préjugés et de croy‘’Dukomezumwuga’’. Au lieu de ances obscurantistes. Il ne tarit les mettre au chômage, cette pas d’éloges : « Le regretté était dernière a plutôt à la un comédien quirevu avait le baisse talent led’imiter salaire des creuseurs. Le salaireet les cris des animaux mensuel varieIldésormais 20 des oiseaux. animait etentre égayait etla25foule millependant BIF contre 50 mille BIF différentes fesl’année tivités.»passée. D’après la récente publication Félix Haburiyakira de l’Institut de Statistiques et Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU), les exportations de l’or ont diminué. Au premier trimestre, le Burundi a exporté 100kg contre 800 kg à la même période en 2018, soit une baisse 700 %. Pierre claver Banyankiye et Jackson Bahati

Annonce Avis de Recrutement INTERCONTACT SERVICES recrute pour une organisation internationale les profils ci-après : 1. Project Finance Administrator / Specialist https://www.intercontactservices.com/interhuman/ poste/project-finance-administrator-specialist-2/ 2. Value Chain & Inclusive Finance Advisor https://www.intercontactservices.com/interhuman/ poste/value-chains-and-inclusive-finance-advisor/ 3. Youth & Women Employment Officer https://www.intercontactservices.com/interhuman/

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ANNONCES

Vendredi, 30 août 2019 - n°546

AVIS D’APPEL D’OFFRE DE RECRUTEMENT ASBL Burundi Leadership Training Program, BLTP en sigle, lance un appel d’offre de recrutement d’un comptable et d’un chauffeur logisticien disposant chacun dans son domaine d’une expérience de trois (3) ans minimum dans une organisation non gouvernementale nationale ou internationale. • Termes de référence Les termes de références sont affichés à l’entrée du BLTP,sis à BUJUMBURA, Quartier Rohero I, Chaussées Prince Louis Rwagasore n° 42 (Immeuble UNESCO) , BP 3193 Bujumbura, Burundi.

AVIS DE RECRUTEMENT INFINITY GROUP recrute pour le compte d’une Clinique œuvrant au Burundi un Stagiaire professionnel. Les termes de référence complets ainsi que ce communiqué peuvent être consultés sur le site : www.esoko.bi, ou la page Facebook : @ InifinityGroupBurundi ou au bureau d’INFINITY GROUP situé au 7, Avenue de France, Immeuble Ruhara, 2ème étage. Les dossiers de candidature (CV, CNI, Lettre de motivation adressée à Madame le Directeur Général d’Infinity Group, Attestations de service, Diplômes, Certificats et autres documents pertinents) devront être envoyés dans un seul document PDF à l’adresse recrutement@ infinitygroup.bi et doivent porter la mention « Recrutement Clinique – Stage Professionnel ». La date limite est fixée au plus tard le 04 Septembre 2019 à 23 :59 (GMT+2).

• Dossier de candidature Le dossier de candidature devra comprendre un Curriculum Vitae détaillé ; une lettre de motivation de demande d’emploi adressée au Coordonnateur ; un diplôme certifié conforme à l’original ; des attestations de services rendus ; des lettres de recommandations. • Langue de présentation de l’offre L’offre rédigée en langue française est à glisser dans une enveloppe portant la mention « Candidature au poste de ………………………… du Projet GIRA EJO. Cette offre est à adresser au Coordonnateur du BLTP • Date limite de dépôt de candidature La date limite de dépôt de candidature est fixée au 13 Septembre 2019 à 15 h30 au plus tard. Pour toute autre information complémentaire, veuillez contacter le secrétariat du BLTP ; Téléphone +257 22 25 21 20 • Durée du contrat La durée du contrat est d’une année (12 mois) d’octobre 2019 à septembre 2020 dont trois mois (3) de période d’essai.

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Vendredi, 30 août 2019 - n°546

Nous aidons les agriculteurs et les petites Entreprises à se développer

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e Burundi est un pays enclavé avec une superficie de 27 834 km². Il fait partie des cinq pays les plus pauvres de la planète. La pauvreté est principalement rurale et touche essentiellement les petits agriculteurs.

Pour améliorer ce tableau non lumineux, s’appuyant sur le Plan National d'investissement agricole (PNIA), ICCO Coopération Burundi, une organisation non gouvernementale internationale, appuyée par l’Ambassage des Pays-Bas au Burundi a mis en place depuis 2014 pour 4 ans, le programme Microfinance, Agrifinance et Chaîne de valeurs ( MAVC) visant la sécurité alimentaire et l’augmentation des revenus des populations.

Je suis le seul jeune garçon membre de l’association Abanyamwete, normalement constituée par des femmes. Tous les membres de cette association, y compris moi même, avons bénéficié et profité des formations organisées en techniques agricoles modernes et en éducation financière.

Il y a trois ans, ce champ dans lequel je cultivais le riz, me rapportait 1 tonne par saison culturale. Pour atteindre cette quantité, il me fallait abattre un travail de longue haleine exigeant des moyens financiers colossaux en vue de l’acquisition des semences, des fertilisants et pour payer la main d’oeuvre. Depuis, deux ans, la production s’est accrue en passant, pour la même superficie de 1 ha, de 1 tonne à 4 tonnes. Cela a été possible grâce aux nouvelles connaissances en pratiques agricoles modernes qui ont contribué à alléger la charge de mon travail dans le champ, mais surtout à diminuer sensiblement les dépenses relatives à l’achat des fertilisants et au paiement de la main d’ouvre. J’avoue qu’il n’est pas loin le temps où je gardais mon sordide revenu à la maison ou dans un noeud noué sur un pagne que je portais au quotidien. En conséquence, au moindre besoin, je le dépensais sans trop réfléchir n’ayant ni perspectives claires, ni projets à part des rêves que je nourrissais sans espoir de les réaliser un jour. Les connaissances acquises pendant

Grâce aux connaissances acquises, j’ai pu ouvrir un compte courant à la CECM. Je vous assure que cela m’a beaucoup aidé à toujours planifier mes dépenses et quelques mois après, j’ai pu bénéficier d’un crédit de 2 millions de francs burundais. Pour moi, les retombées ont été extraordinaires. En plus de l’augmentation de ma productivité agricole, j’ai pu acheter une vache qui me donne actuellement 9 litres de lait par jour. Une partie de ce lait est consommé à la maison par les membres de ma famille et le reste est vendu chez mes voisins. J ‘avoue que depuis bientôt deux ans, je me sens vraiment comblé. Egide Nsavyimana, Jeune producteur de riz

les formations données par les agents des micro finances m’ont poussé à ouvrir un compte courant sur lequel je fais des dépôts et des retraits planifiés. J’ai aussi bénéficié, trois fois consécutives, de crédits qui m’ont permis entre autres, de payer les frais académiques de mes trois enfants inscrits à l’université, de construire des maisons que je fait louer et de pourvoir aux autres besoins quotidiens que je n’aurais jamais imaginé assouvir. J‘avoue que depuis bientôt deux ans, je me sens vraiment comblée. Mme Bukundiye Adélaide, Membre de l’association Abanyamwete

Grâce aux techniques et connaissances acquises, nous sommes convaincus que nous irons de l’avant et que nous serons capables d’avoir un vaste marché. Avant, nous transformions la farine de manioc à un niveau peu satisfaisant. Maintenant, nous avons acquis de nouvelles connaissances dans la gestion des projets, la gestion des finances et dans les techniques de transformation des produits agricoles. Nous avons appris à transformer les feuilles de manioc, à faire la pâte de manioc et faire des beignets en mélangeant la farine de manioc et la farine de blé. Avant, nous transformions autour de 386 kilos de manioc pour avoir 50 kilos de farine de manioc main-

tenant nous sommes capables de produire 2 tonnes de farine de manioc par semaine ou par mois durant la période de pluie. Actuellement nos produits dérivés du manioc sont certifiés par la CNTA et le BBN. James Ndayisaba, Directeur de la Coopérative Urumuri de transformation de manioc

IMPACT

Le programme MAVC a contribué à augmenter le revenu et asseoir une sécurité alimentaire pour plus de 190. 000 exploitants agricoles et plus de15.000 ménages

C’est grâce aux formations en techniques agricoles MAVC et post récoltes que nous avons pu augmenter la qualité et la quantité de notre production agricole. Ce n’est pas tout ! Cela a été encore plus bénéfique quand ICCO Coopération nous a mis en contact avec IMENA SPRL, une unité de transformation de bananes basée à Kayanza. Un contrat a été signé entre notre coopérative et cette grande société. Dans les clauses du contrat, il était convenu qu’on fournisse en moyenne, chaque semaine, 4000 tonnes de régimes de bananes. Nous avons pu atteindre cette quantité requise en bénéficiant d’un crédit chaine de valeur. Auparavant, cette société nous payait directement de la main à la main . Dès que ICCO nous a sensibilisé, nous avons opté pour un paiement via un compte bancaire au nom de notre Coopérative Duserukire Igitoke qu’on a ouvert à cet effet. Pascal Majambere , Producteur de banane et Président de la Coopérative Duserukire Igitoke

LE PROGRAMME MAVC A PERMIS DE RENFORCER : Le développement du secteur agricole par la modernisation des techniques agricoles, la facilitation d’accès au crédit agricole financière permettant aux petits exploitants le changement du mode de vie. La création et la mise sur le marché des produits financiers adaptés aux besoins des populations agricoles et rurales La capacitation en finance rurale pour au moins 13 IMFs partenaires L’amélioration en éducation financière et en gestion de la performance sociale (GPS)

N° 47, Boulevard Mwezi Gisabo B.P. 5920, Bujumbura- Burundi Contact :+ 257 22 27 90 28 + 257 22 27 90 29 www.icco-cooperation.org

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Vendredi, 30 août 2019 - n°546

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« Médecins Sans Frontières, une journée au projet ARCHE MSF au Burundi »

Transfert d'un patient victime de traumatisme accidentel, centre traumatologique de l'Arche. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

Clarisse Iratubona, promotrice de santé MSF sensibilise des patients dans la salle d'attente du service ambulatoire. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

Il est 8 heures passées de quelques minutes au centre traumatologique de l’Arche de Kigobe à Bujumbura, et une équipe de brancardiers s’active. Un patient arrivé la veille au soir à cet hôpital de Médecins Sans Frontières (MSF) suite à un accident de circulation doit d'être référé dans un autre hôpital de la ville. « Nous le référons vers un hôpital partenaire qui possède un plateau technique plus élevé afin de procéder à un scanner crânien », explique Docteur Ferdinand Niyonzima, responsable des activités médicales à l'Arche de Kigobe. Les soins au centre traumatologique de l’Arche sont gratuits et les frais pour les patients qui sont parfois référés dans d'autres structures de santé privées ou étatiques sont couverts par MSF tant que le patient reste dans les critères d'admission de l'organisation médicale. Plus loin, à quelques mètres de l'ambulance, Clarisse Iratubona, promotrice de santé de MSF, profite de l’attente de patients qui viennent pour des soins en ambulatoire, afin de les sensibiliser notamment sur les bonnes pratiques pour éviter une infection de plaies. « Il arrive souvent que les patients appliquent des solutions à base d’herbes ou d’autres mélanges sur leurs plaies. Ces pratiques très répandues entrainent beaucoup d’infections, c’est pourquoi nous les sensibilisons. C’est aussi l’occasion de leur expliquer le travail médical de MSF ou encore les différents paquets de soins qu’offre le projet Arche ».

LE PROJET ARCHE, UN CENTRE TRAUMATOLOGIQUE GRATUIT AU CŒUR DE BUJUMBURA Le Centre Traumatologique de l’Arche avait été lancé en juin 2015 suite à la crise que traversait le Burundi. A l'époque, la structure sanitaire ne recevait que des cas de traumatismes violents. La diminution des cas violents a conduit, en juin 2016, à un élargissement de critères d'admission aux traumas accidentels, aux brulés et aux victimes de violences sexuelles. En 2018, les équipes de l’Arche de Kigobe ont effectué 22 400 consul-

tations en salle d’urgence et plus de 4 000 interventions chirurgicales. « Le centre possède une unité de soins intensifs de 6 lits et une capacité en hospitalisation de 62 lits. Actuellement, 90% de nos patients sont des victimes d’accidents notamment ceux de la route. Au premier semestre 2019, nous avons réalisé 11 912 consultations aux urgences et 1 909 interventions chirurgicales.», note Vicent Onclinx, coordinateur du projet.

Vincent Onclinx à droite, Coordonnateur du projet Arche et son assistant Ramadhan Nzobonimpa discutent devant le centre traumatologique de l'Arche. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

Abdoul Karim, opéré à l'avant-bras suite à un accident de circulation et hospitalisé depuis deux semaines. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

Dans la partie réservée à l'hospitalisation des hommes, un groupe de personnel médical procède à un tour de salle. Le groupe hétéroclite est composé de chirurgiens, anesthésiste, kinésithérapeute, psychologue, infirmier et aides-soignants. Chacun d'eux note la part de travail à faire par son service plus tard à l'issue de discussions engagées sur le cas de chaque patient. Cette complexité de matière grise, Abdoul Karim arrivé il y a deux semaines et ayant subi une opération chirurgicale sur son avant-bras, l'apprécie beaucoup. Comme la plupart d'autres patients ici, il a été victime d'un accident de route.

Intervention chirurgicale en cours au centre traumatologique de l'Arche. Les chirurgiens procèdent à une réparation tendineuse sur le bras d'un jeune garçon après un traumatisme par accident de la voie publique. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

« Lorsque je me suis réveillé à l'Arche ce jour-là, soit plus d'une heure après que je me sois évanoui, je ne savais pas où j'étais et comment j'y étais arrivé. Puis, petit à petit j'ai commencé à revoir des flashs. Je me suis souvenu de cette voiture qui venait à vive allure et que j'avais brusquement vue à ma droite alors que je traversais la rue pour vendre mes pois-

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sons à un client. J'ai eu beaucoup de chance d'être acheminé ici. J'ai été très touché par l'attention du personnel. Ils m'ont opéré et se sont occupés de moi comme si j'allais leur donner de l'argent. Je ne suis qu'un pauvre pécheur, si je devais payer pour ces soins, où-est-ce que j'aurais pu trouver les moyens ? »


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Les couts financiers liés à une prise en charge de qualité pour les cas de traumatismes constituent une grande barrière pour la population au Burundi. Un patient victime d'accident de voie publique reçu à l'Arche mobilise souvent, au fil de jours, plusieurs services.

Des urgences à la kinésithérapie en passant par la radiologie, le laboratoire, le bloc opératoire, l'orthopédie, la pharmacie, etc. toute la chaine de soins que ce denier peut recevoir à l'Arche, la sera gratuitement ce qui n'est pas le cas dans d'autres établissements hospitaliers.

Une patiente soumet sa main à un examen de radiologie au centre traumatologique de l'Arche. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

Nous nous retrouvons vers 10 heures dans une salle de rééducation à l'ambiance bon-enfant. Amina, sept ans, a connu une fracture de deux os de sa jambe gauche. Après avoir passé un mois avec un plâtre, l'examen radio a confirmé aujourd'hui une bonne consolidation des os. Elle suit dès lors une première séance de rééducation sous le regard satisfait de son père qui regarde sa fille apprendre à remarcher.

Une séance de pose de plâtre au centre traumatologique de l'Arche. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

Une kinésithérapeute MSF fait faire des exercices de rééducation à un patient dont le plâtre vient d'être enlevé du bras. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

LE PROJET ARCHE, UNE DECENTRALISATION GRACE A DES CENTRES DE SANTE PARTENAIRES L'élargissement de critères d'admission aux traumas accidentels en 2016 a entrainé une augmentation de la fréquentation au centre traumatologique de l'Arche. Le projet a alors décidé au mois de juin 2019 de faire la ”décentralisation” des cas de traumatisme simples vers deux centres de santé (CS) du Ministère de la Santé : le CS de Buterere II et de Ngagara ainsi que vers deux hôpitaux de district, celui de Kamenge et de Bwiza Jabe. MSF rembourse les frais liés à la prise en charge de patients qui y sont soignés. L'organisation médicale procède également aux fournitures d'intrants et à des formations du personnel soignant pour une meilleure prise en charge de patients.

Une équipe médicale administre des premiers soins à un patient blessé au front, salle de petite chirurgie de l'hôpital de Bwiza-Jabe, structure de santé partenaire-décentralisation du centre traumatologique de l'Arche. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

A l'hôpital de Bwiza Jabe, alors que trois patients blessés attendent cet avant-midi dans le couloir, l'infirmier superviseur de MSF et une infirmière de l'hôpital viennent de terminer l’administration des premiers soins à un patient d'une vingtaine d'année. Ce menuisier vivant au quartier Bwiza a été touché au front par une pierre projetée par une voiture roulant à vive allure. « La pierre a causé une blessure profonde. Il doit partir à l’Arche car il a besoin d’une suture interne et externe. », affirme Alain Muluvia, Infirmier MSF.

Une équipe médicale administre des premiers soins à un patient blessé à la jambe, salle de petite chirurgie de l'hôpital de Bwiza-Jabe, structure de santé partenaire-décentralisation du centre traumatologique de l'Arche. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

Cela fait déjà un mois depuis que le projet centre traumatologique de l‘Arche de MSF à Bujumbura a lancé le processus décentralisation. Pour tenir au courant les populations des quartiers ciblés, MSF procède à des séances de sensibilisation communautaire grâce à sa promotrice de santé qui travaille en collaboration avec des relais communautaires. Et pour s’assurer de la qualité de services offerts ou de leurs amélioration, ces relais et d‘autres leaders communautaires sont fréquemment consultés par MSF afin de récolter leurs plaintes et trouver ensemble des solutions.

Nicole Niyoyankunze, promotrice de santé sensibilise des menuisiers du quartier Bwiza sur la politique MSF de décentralisation des soins pour des cas de traumatismes simples. © MSF/ Evrard Benjamin NGENDAKUMANA

Environ 240 staffs nationaux et une dizaine d'expatriés travaillent pour le projet Arche de MSF au Burundi. Pour eux, chacun dans son domaine, chaque jour qui passe constitue une vraie course contre la montre pour arrêter des hémorragies, remettre en place des os fracturés, veiller à la guérison des plaies, sauver des vies, bref sécher les larmes de victimes de traumatismes.

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Trademark East Africa

TMEA, toujours engagé à démanteler les barrières non tarifaires Les participants à l’atelier ont échangé sur les barrières non tarifaires qui entravent le commerce transfrontalier. Le comité national leur a promis de les soumettre au comité régional de l’EAC.

BBN. En conséquence, les commerçants perdent du temps dans les contrôles. Par exemple, si ce dernier est en congé ou tombe malade, les commerçants devraient à attendre son retour. Et d’ajouter que ces postes ne délivrent pas le certificat phytosanitaire international. Ils donnent aux exportateurs une attestation d’inspection sanitaire non reconnu par les pays de l’EAC. Pour se procurer le certificat international phytosanitaire, les commerçants doivent se rendre à Bujumbura. Même cas pour le poste de Mugina en province Makamba.

L

a Chambre Fédérale du Commerce et d’Industrie et le Comité National de suivi des mécanismes de l’élimination des barrières non tarifaires, avec l’appui de Trade Mark East Africa (TMEA), ont organisé ce jeudi 22 août, à l’Hôtel Royal Palace de Bujumbura, un atelier de consultations nationales sur l’identification et l’élimination des barrières non tarifaires. Cet atelier a vu la participation des acteurs du secteur public et privé. On citerait les membres du Comité National, les représentants des différentes Chambres Sectorielles et transversales impliquées dans le commerce frontalier, l’Office Burundais des Recettes (OBR), l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi (AFAB). Les chefs d’agence BBN à Kobero, Mugina et Ruhwa ainsi que les services chargés d’inspections sanitaires de Kobero et Gasenyi étaient aussi présents à cet atelier. Sans oublier, les pétroliers et l’Association Burundaise des Consommateurs (ABUCO) qui étaient également représentés à l’atelier. Dans son mot d’ouverture, le président du Comité National de suivi des mécanismes de l’élimination des barrières non tarifaires, Emile Ndigiriye a fait savoir que cet atelier des parties prenantes vise à promouvoir les exportations par la facilitation du commerce transfrontalier via le corridor central. Il a rappelé qu’avec la construction des postes frontaliers communs aux pays membres de l’EAC, le comité régional d’élimination des barrières non tarifaires a été mis en place. Ainsi, les comités nationaux ont été mis sur pied afin d’identifier ces barrières et de les rapporter au comité régional pour les éliminer. Selon lui, depuis 2009, les comités nationaux des pays de l’EAC ont supprimé 132 barrières non tarifaires : «Le Burundi en a identifié trente. Dix ont été déjà supprimées. » M. Ndigiriye a signalé que les barrières non tarifaires ne ces-

Visa de séjour très court

Emile Ndigiriye:« Le Burundi a identifié trente barrières. Dix d’entre elles ont été déjà supprimées. »

sent de naître. Ces dernières entravent le commerce transfrontalier, et les petits commerçants sont les premières victimes. En effet, il appelle les participants à dénoncer les nouvelles barrières non tarifaires afin de les supprimer. Et de proposer les moyens de leur élimination.

La lourdeur administrative freine les affaires Dans les interventions, les participants ont identifié quelques barrières non tarifaires. Moussa Mabati, président de l’Association des conducteurs des poids lourds, déplore la lenteur et la lourdeur administrative au poste frontalier de Kobero Ce qui occasionne des pertes énormes aux commerçants surtout ceux transportant des produits périssables. Ce conducteur constate que les activités sur ce poste commencent à 8h alors qu’il est ouvert à 6h du matin du côté de la Tanzanie. « Nous perdons beaucoup du temps. Nous dépensons plus.» En outre, il trouve que le parking est exigu. Des fois les déclarations terminent à 18h. Ainsi, les camions se voient obliger de dégager pour donner la place aux autres. « Ce qui expose les marchandises au vol et aux accidents. Car, nous descendons à Bujumbura la nuit». Cyprien Sindayihebura, chef du service phytosanitaire à Kobero, abonde dans le même sens que

Moussa Mabati. Il fait remarquer le manque de collaboration entre les agents de l’OBR et ceux du service phytosanitaire, ou alors les vérificateurs de l’OBR autorisent des marchandises d’entrer sans la vérification du BBN. Si les produits importés sont périmés ou ne remplissent pas les normes, ils n’entrent pas sur le territoire alors que les commerçants ont déjà payé les frais de douanes. M. Sindayihebura signale que le personnel est insuffisant. Ce poste n’a qu’un seul agent du

Quant aux commerçants qui utilisent le poste frontalier de Gatumba, les barrières non tarifaires sont très nombreuses. Jeanne d’Arc Bayubahe, commerçante, déplore que la RDC accorde aux commerçants burundais un visa d’une semaine alors que le Burundi donne un visa de trois mois. « Cette durée est très courte. Nous retournons sans faire les affaires de peur des pénalités. » Cette commerçante regrette également que le Burundi n’ait pas encore ratifié le régime commercial simple avec la RDC, la petite corruption sur les Frontières, plusieurs arrêts du côté de la RDC, etc. La courte durée du visa de séjour a été aussi dénoncée par les commerçants qui vont en Tanzanie. Ce pays accorde aux Burundais un visa de séjour d’une semaine alors que la loi régissant l’EAC donne une durée de six mois.

Les participants à cet atelier de consultations nationales

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Les hommes d’affaires ont considéré également le certificat international de vaccination comme une barrière non tarifaire. Cette carte est toujours demandée à l’entrée de la Tanzanie et de la RDC. Or, soutiennent ces commerçants, ce document a été levé par l’organisation internationale de la Santé. Aussi, la petite corruption entrave le commerçant frontalier. Face à ces barrières non tarifaires, les participants ont soumis des recommandations au comité national de suivi des mécanismes de l’élimination des barrières non tarifaires. Concernant le visa de séjour, les participants ont demandé que les pays membres de l’EAC accordent la durée prévue par la loi de la communauté. Il a été recommandé de construire des stations de repos aux transporteurs, le parking et d’augmenter le personnel. Ces hommes d’affaires ont plaidé pour l’accélération des procédures de mise en place du guichet unique électronique pour éviter la lenteur et la lourdeur administrative. Le représentant pays du TradeMark East Africa (TMEA), Christian Nibasumba fait savoir que TMEA vise la promotion du commerce transfrontalier. « Nous sommes engagés à appuyer l’identification et élimination de toutes les barrières non tarifaires dans les pays de l’EAC.» Pour y arriver, explique-t-il, TradeMark East Africa encourage et soutient les échanges entre le secteur public et privé pour trouver des moyens d’éliminer ces barrières. Il a assuré que le projet du guichet unique électronique sera bientôt mis en place.


AU COIN DU FEU

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Avec Mgr Jean Ntagwarara Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Mgr Jean Ntagwarara.

V

otre qualité principale ? C’est difficile à dire, parce qu’on ne se donne pas des qualités, ce sont les autres qui apprécient les qualités, je ne dirais pas ma qualité parce que je ne peux pas la définir moimême.

permettent à chaque personne d’être digne. Votre plat préféré ? J’aime manger de tout. Si je devais choisir, ce serait des légumes cuits ou crus, mais avec bien sûr des aliments qui permettent d’avoir une certaine vigueur, comme du haricot, du petit pois vert.

Votre défaut principal ? C’est peut-être quand quelqu’un ne communique pas avec moi, je ne l’aide pas à communiquer, je constate et puis je laisse tomber.

Votre chanson préférée ? Non, vraiment pas. Mais les chansons vulgaires, les chansons sans aucun message riche ne me disent rien.

La qualité que vous préférez chez les autres ? L’attention à l’autre en ce sens qu’une personne doit entrer en communication avec les autres et partager ce qu’elle sait, ce qu’elle peut. Elle ne doit pas se fermer sur elle-même.

Quelle radio écoutez-vous le plus ? Radio Maria, et de temps en temps, j’écoute RFI. Avez-vous une devise ? Ma devise comme évêque, c’est «Dieu nous a aimés le premier», qui se trouve dans la première lettre de Saint Jean, chapitre 4, verset 19.

Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? Le mutisme. La femme que vous admirez le plus ? La Vierge Marie bien sûr. Mais aussi il y a des femmes extraordinaires, notamment Sainte Thérèse de Calcutta et Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, je les admire beaucoup sans parler alors de Marthe Robin, qui a fondé les Foyers de charité. L’homme que vous admirez le plus ? Martin Luther King, Mandela et Gandhi. Il y a quelque chose de commun chez eux : la nonviolence active. Votre plus beau souvenir ? Quand j’ai vu par le passé des gens capables de se réconcilier, au Burundi surtout. Je donne un exemple d’un papa qui pardonne à celui qui a tué son enfant, qui lui pardonne réellement, franchement. Votre plus triste souvenir ? J’ai vu une maman qui abandonne ses enfants pour courir derrière d’autres hommes. Quel serait votre malheur ? C’est d’être loin de Dieu, ce serait un malheur.

Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? D’abord l’indépendance, mais après, le fait qu’on soit arrivé à permettre à la population de faire des élections libres, démocratiques est aussi un autre plus haut fait qui m’a marqué.

naire, j’ai entendu, j’ai su. Mais aussi le 21 octobre 1993 quand le héros de la démocratie a été tué, contrairement à toutes les attentes du pays, en tout cas mes attentes.

Le métier que vous auriez aimé faire ? C’est ce que je fais aujourd’hui, comme prêtre. Mais au début «Je suis sûr j’avais choisi trois qu’il y aura métiers : médecin, un pape noir, pilote et prêtre et mais il suffira je suis devenu prêtre.

La plus belle date de l’histoire burundaise ? Le 1 er juin 1993, quand Melchior Ndadaye a été élu alors que les proque l’Eglise nostics donnaient le Votre passecontraire parce qu’on elle-même s’y temps préféré ? disait que le score investisse. » Je lis pour pouaurait été l’inverse voir m’informer, de ce que nous avons meubler mon esprit et être au vu et les Burundais ont décidé service des autres. autrement. La plus triste ? Le 13 octobre 1961, correspondant à la mort de Rwagasore. J’étais déjà au Sémi-

Votre lieu préféré au Burundi ? C’est le lieu qui m’enrichit et celui-ci n’est pas les montagnes,

les étoiles, etc. C’est plutôt la Chapelle, devant le Seigneur. Le pays où vous aimeriez vivre ? C’est le Burundi parce que j’y suis né et j’aimerais que mes talents –si je peux dire mes talentsdisons ce que j’ai reçu, puissent être au service de mes frères et sœurs au Burundi. Le voyage que vous aimeriez faire ? Celui qui me permettra de découvrir ce que je n’ai pas encore découvert. Je connais beaucoup de pays européens. Mais j’aimerais découvrir l’Amérique parce que je ne connais pas ce continent. J’ai déjà été aux Etats-Unis d’Amérique, mais pas au Canada. Votre rêve de bonheur ? C’est que les Burundais puissent vivre dans la paix, mais pas une paix superficielle, une paix vraie, vécue et avoir un développement humain qui

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Votre souvenir du 1er juin 1993 ? L’étonnement d’abord parce que tous les pronostics étaient tout à fait en dehors de ce que les Burundais avaient décidé. Pour moi, c’était une joie qui m’allait droit au cœur non pas simplement que je connaissais le vainqueur de l’élection, mais parce que nous avions passé toute une année ensemble en préparant la Constitution de 1992. Cette joie exprimait ce que j’espérais dans le sens d’un changement de la société burundaise parce que je connaissais l’homme. Après l’avoir écouté, écouté ce qu’il partageait dans la commission de 35 membres, je me disais que quelque chose allait changer, on aura une tournure neuve qui va nous porter vers le développement et une entente entre les Burundais. Votre définition de l’indépendance ? C’est que les citoyens d’un pays puissent se prendre en charge, décider de ce qu’ils veulent, mais sans exclure d’être aidés par les autres, sans exclure l’aide si celleci ne vient pas nous ravir cette


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AU COIN DU FEU

indépendance dans le sens où on nous impose ce que nous choisissons. Votre définition de la démocratie ? C’est que le peuple ait à dire par rapport à la manière dont il est gouverné. Votre définition de la justice ? Elle doit faire respecter le droit de la personne humaine, doit défendre le bien commun, personne n’a le droit d’utiliser le bien commun comme il veut. Mais le bien commun doit être commun effectivement, il doit servir à tous, pour le développement de tous, pour l’épanouissement de tous. Si vous redeveniez jeune fraîchement sorti du secondaire, orienteriez-vous votre vie dans la prêtrise ? Absolument parce que je suis heureux comme prêtre. Si vous deveniez conseiller du pape, quelles seraient vos deux propositions au sujet de la pédophilie ? Je lui dirais qu’il doit dénoncer avec force la pédophilie parce qu’elle tue la personnalité de l’enfant, tue l’avenir de l’enfant. La deuxième chose, c’est d’aider

ENVIRONNEMENT

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les adultes à savoir respecter l’enfant dans ce qu’il est et dans ce qu’il est appelé à devenir et l’aider à l’atteindre non pas l’étouffer dans l’œuf. Pensez-vous que l’Eglise catholique aurait un jour un pape noir ? Bien sûr, moi je suis sûr qu’il y aura un pape noir, mais il suffira que l’Eglise elle-même s’y investisse. Quand je dis Eglise, c’est l’Eglise locale dans les pays où vivent les noirs, où nous vivons, mais aussi l’Eglise universelle, c’est-à-dire reconnaître les talents des prêtres, des évêques qui peuvent être vraiment utiles à l’Eglise et je pense que cela peut être discerné à l’aide de l’Esprit saint. Pensez-vous que l’Eglise pourra un jour autoriser le mariage des prêtres ? Je ne le pense pas parce que ce n’est pas la volonté de Jésus. En ce sens que dans la parole de Dieu que lui-même a laissée, rappelez-vous du jeune homme riche qui est allé demander ce qu’il peut faire pour aller au Ciel, il lui a dit : «Vends ce que tu as, donnele aux pauvres et suis-moi ». Il ne lui a pas dit d’aller s’installer quelque part loin de Jésus, mais de le suivre, lui qui n’était pas marié, lui qui est venu vivre et annoncer l’évangile, de l’aider à annoncer l’Evangile librement parce que si un prêtre se marie, il n’est plus libre de ses mouvements,

il n’est plus disponible pour l’Evangile et à Jésus pour qu’il l’envoie là où il veut. Quel avenir des enfants nés des prêtres ? Les prêtres qui procréent tout en étant prêtres, qui ont des enfants de femmes qui ne sont pas mariés à eux, parce qu’en le faisant, le prêtre sait que s’il choisit de se marier, il quitte le sacerdoce, et s’il reste, c’est en sachant qu’il n’est pas dans la régularité. Normalement l’avenir de ces enfants, c’est que le prêtre prenne la décision de sortir du sacerdoce et de les prendre en main, c’est le droit de l’enfant et aussi de la personne à qui le prêtre s’est lié, il doit nécessairement aller prendre en charge ses enfants. Croyez-vous à la bonté humaine ? Oui, j’y crois beaucoup parce que moimême j’en ai bénéficié. Des gens qui sont bons, je les ai rencontrés étant jeune, et je les rencontre aujourd’hui encore. Pensez-vous à la mort ? Mais bien sûr, j’y ai pensé depuis longtemps, depuis longtemps. Personne ne peut échapper à la mort. Si vous comparaissiez devant Dieu, que lui diriez-vous ? Maintenant je ne sais pas ce que je lui dirais parce que devant lui je serais d’abord émerveillé certainement de ce qu’il est. Je ne sais pas ce que je lui dirais. Propos recueillis par Egide Nikiza

Bio express

M

gr Jean Ntagwarara est l’évêque du diocèse de Bubanza depuis le 14 février 1998. Né en septembre 1947 en commune Kiganda de la province Muramvya, il a fait sa scolarité primaire à la succursale de Buziracanda et à la paroisse Kiganda et sa scolarité secondaire au petit séminaire de Kanyosha (cycle inférieur) et à Burasira (cycle supérieur). Tout en étant grand séminariste, l’évêque l’enverra à l’Université du Burundi durant l’année académique 1967-1968. Même s’il était lauréat de la section gréco-latine au secondaire, il se fera inscrire en chimie faute des mathématiques qu’il aimait, dont la faculté n’existait pas encore. Mais Jean Ntagwarara a dû d’abord passer l’examen de mise à niveau. Il y fera deux années de candidature et les deux années de licence en Belgique, à l’Université catholique de Louvain. De retour au pays, sa licence en poche, il est envoyé à Gitega et il enseignera de 1971 jusqu’en 1974 dans différents établissements, dont le lycée Notre dame de la sagesse et l’Ecole normale de garçons(ENG). Il n’est pas encore prêtre, car il sera ordonné en 1976. Deux ans après, l’évêque Makarakiza de Gitega l’envoie poursuivre ses études à Strasbourg en théologie biblique. Il y apprend l’hébreu pour bien étudier la Bible et rentrera 5 ans plus tard, en 1983 avec un doctorat. Jean Ntagwarara enseignera pendant plus d’une décennie au Grand séminaire de Bujumbura avant de succéder à Mgr Evariste Ngoyagoye, à la tête du diocèse de Bubanza qui venait d’être consacré évêque de Bujumbura.

Rumonge

Le lac Tanganyika de plus en plus préservé Fermeture de certaines unités de production de l’huile de palme, lutte contre l’érosion, etc. Des actions menées pour protéger le lac Tanganyika.

A

ctuellement, tous les déchets organiques solides sont traités sur place. Ils ne sont plus déversés dans les rivières pour éviter que cela finisse dans le lac Tanganyika », affirme Anicet, un des propriétaires d’une unité de transformation d’huile de palme, à Rumonge. Désormais, toute unité doit se doter d’un système de traitement des déchets. Ce père de quatre enfants indique que trois ou quatre fosses interconnectées à l’aide des tuyaux sont creusées. Après l’extraction de l’huile, décrit-il, les déchets solides et liquides se dirigent vers la première fosse. « Après un certain temps, les déchets liquides seront séparés des déchets solides. Ces derniers deviennent du fumier tandis que d’autres s’infiltrent dans le sol au fil du temps». Il assure que cette

nouvelle technique a un double avantage : « Elle nous permet de protéger notre lac et d’avoir des fertilisants organiques.» Le respect de l’article 5 du Code de l’Eau du 26 mars 2012 est devenu une condition sine qua non pour toute installation d’une unité de transformation d’huile de palme. I.K., propriétaire d’une unité de fabrication d’huile de palme aux environs de la rivière Rugata, à Minago, souligne que toutes les ‘’usines’’ sont désormais installées au moins à 25 m des rivières. « Celles qui étaient près des rivières, dépourvues du nouveau système de traitement de déchets, ont été fermées ».

Implication de l’administration D’après Ferdinand Niyokindi, conseiller technique de l’administrateur de Rumonge, il a été démontré que les unités de transformation d’’huile de palme polluent le lac. « Ainsi, un contrôle régulier s’y fait pour vérifier si leurs activités se conforment aux normes environnementales requises». Il cite, entre autres, l’installation d’un système de traitement des déchets, l’emplacement de l’usine

Des fosses interconnectées pour le traitement des déchets à Minago.

par rapport aux affluents du lac Tanganyika, etc. M.Niyokindi signale que plusieurs petites unités artisanales de transformation d’huile de palme hors normes ont été fermées. Et d’annoncer une série d’autres actions en cours pour préserver ce patrimoine : la protection des montagnes surplombant ce lac, le traçage des courbes de niveau et la plantation des arbres et herbes fixatrices. « Des travaux de collecte des

immondices déposés ici et là ou emportés par les eaux pluviales sont aussi régulièrement organisés. Rassemblés, ils sont par après mis au feu». Cet administratif évoque aussi la plantation des arbres et d’autres herbes tout le long du lac, l’interdiction de la lessive dans le lac, l’installation des latrines et douches sur les plages de pêche. « Une façon d’éviter que les riverains ou les pêcheurs continuent de se soulager dans le lac ».

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Alors que la jacinthe d’eau tente de reconquérir ce lac, M.Niyokindi signale que des travaux d’enlèvement de cette plante envahissante y sont organisés. L’administration communale s’efforce également d’installer des dépotoirs appropriés. « Cela nous permettrait de mieux gérer les déchets ménagers qui constituent une autre menace pour notre lac». Rénovat Ndabashinze


SANTÉ

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Interview avec Dr Aimé Ndayizeye

« Des progrès immenses restent à accomplir » Un mois après le congrès international tenu à Mexico sur le sida, le directeur du Programme National de lutte contre le Sida (PNLS) rappelle que la pandémie n’est pas encore vaincue.

S

elon l’OMS, chaque année environ 1,9 millions de personnes sont infectées par le VIH/Sida. Qu’en est-il du Burundi? La situation n’est plus alarmante, si du moins, on la compare avec l’année 2002, où la séroprévalence avait atteint 6%. Parce que si l’on s’en tient aux rapports de 2016-2017, la séroprévalence a chuté à 0,9% .Malgré ces avancées, des disparités existent. Les centres urbains accusent toujours une séroprévalence aiguée par rapport aux zones rurales .Un taux de 2,5% contre 0,7% en milieu rural. L’Onu sida voudrait qu’il n’y ait plus de cas de transmissions mères-enfant... C’est notre préoccupation. Malheureusement, la marche est encore longue. Parce qu’environ 13% des enfants sont contaminés après l’allaitement alors que l’objectif est de les réduire jusqu’

à 5%. Normalement, chaque femme doit se faire consulter dès le 1er trimestre de la grossesse. Dans les zones rurales, c’est un protocole qu’elles semblent ignorer. Seules 70% le font, le reste ne s’en soucie guère ou consultent tardivement, souvent durant le dernier mois de la grossesse. Une période délicate, car, les risques de transmissions sont énormes. La population, a-t-elle cette propension à se faire dépister ? Les gens ont une certaine réticence, oubliant que le dépistage est la porte des autres interventions. C’est-à-dire si la personne est dépistée positive, elle est directement mise sous traitement. Pour vaincre cette réticence, nous avons mis en place de nouvelles stratégies. Du temps où la séroprévalence était de 6%, nous faisions des dépistages de masse. Mais, avec la diminution de la séroprévalence, nous avons

D’après les projections de l’OMS, en 2020, chaque pays devrait avoir atteint les trois «90%». Qu’en est-il du Burundi? A ce niveau, des efforts sont encore à consentir. Pour le 1er 90%, je vous dirais que nous sommes à 75%.C’est pourquoi, tout est mis en œuvre avec les nouvelles stratégies, afin que les 15% des personnes encore réticentes connaissent leur statut sérologique. Pour le 2e 90%, le taux de personnes vivant avec le VIH sous ARV est de 98%.Une satisfaction. Quant au 3ème 90%, seuls 49% des personnes sous ARV ont une charge virale supprimée. compris qu’il fallait changer de stratégie parce que sur 1000 personnes dépistées, nous pouvions trouver seules 2 ou 3 personnes séropositives. Et d’après les données, en termes de rendements de dépistage, les chiffres montrent que la nouvelle stratégie commence à porter ses fruits. 2 à 5% des personnes sont dépistées positives contre 0,01% du temps où nous utilisions les dépistages de masse. En quoi consiste cette nouvelle stratégie ? Dorénavant, le dépistage se fait sur initiative du prestataire

des services de santé. Au cours, de l’interrogatoire, il évalue les risques de contamination du patient. Si dans une famille, la mère ou le père est séropositif, vous comprenez qu’il y a urgence à dépister les enfants. De même pour les travailleuses du sexe. Le prestataire cherchera à la convaincre afin qu’elle lui montre ses partenaires. L’objectif de ces stratégies, c’est d’utiliser peu de tests dans l’optique de trouver beaucoup de cas. Cela permet de réorienter les coûts .L’argent affecté à l’achat des réactifs peut servir à d’autres fins, telle l’achat des médicaments, etc.

La rupture des stocks est- elle toujours d’actualité ? Une question que tous les intervenants dans le secteur ont prise à bras le corps. Le gouvernement et ses partenaires ont compris qu’il fallait conjuguer les efforts. Pour plus d’efficacité, nous commençons à introduire de nouveaux schémas thérapeutiques à base de nouvelles molécules, notamment, le dolutegravir. Selon, les expériences, cette molécule réduit rapidement la charge virale et est tolérable .Car, il n’y a pas d’abondons. Propos recueillis par Hervé Mugisha

ANNONCE

ANNONCE DE RECRUTEMENT Dans le cadre du Projet « Lake Tanganyika Water Management (LATAWAMA) », financé par l'Union Européenne, et mis en œuvre par Enabel, l'Agence Belge de Développement, en collaboration avec l'Autorité du Lac Tanganyika (ALT), une équipe d'expert nationaux est recherchée. Le projet a pour objectif d'améliorer durablement la gestion et le contrôle de la qualité des eaux transfrontalières du bassin du Lac Tanganyika, en développement un outil de suivi de la qualité des eaux du lac, en mettant en oeuvre des projets pilotes de réduction de la pollution dans 5 villes ciblées, et en renforçant les capacités de l'ALT. La zone d'intervention est constituée des villes de Bujumbura (Burundi), Uvira (RD Congo), Kigoma (Tanzanie), Mpulungu (Zambie) et Rusizi (Rwanda). Enabel, l'Agence Belge de Développement au Burundi recrute actuellement quatre (04) Assistants Techniques Nationaux (ATN) pour les postes ci-après : 1. Expert en cartographie et développement de bases de données 2. Expert en communication et renforcement des capacités 3. Expert en assainissement liquide 4. Expert en assainissement solide / gestion des déchets. Les candidats doivent remplir les conditions suivantes : • Être de nationalité burundaise (Les ressortissants des pays d’intervention jouissant du statut de résident et ayant le permis de travail sur le territoire burundais, intéressés par ces postes et qui sont prêts à accepter les conditions de travail locales peuvent postuler) ; • avoir un diplôme de niveau licence (ou master), ingéniorat (A0 ou A1) dans

• •

le domaine spécifique à chacun des 4 postes ; avoir une expérience pertinente de minimum 5 ans dans le domaine ou un domaine similaire ; maîtrise excellente du français et de l'anglais tant oral qu'écrit. La connaissance des langues locales des zones d’intervention constitue un atout.

Les termes de références détaillés pour ces postes peuvent être téléchargés sur le site: www.enabel.be Les dossiers de candidature dûment constitués (CV, copies certifiées des diplômes, lettre de motivation, attestations de services rendus auprès des employeurs précédents, trois personnes de référence professionnelle, copie de permis de travail pour les candidats étrangers résidant au Burundi) seront adressés à Monsieur le Représentant Résident de Enabel au Burundi et déposés en ligne via le site www.enabel.be ou envoyés à l'adresse électronique : recrutement.enabel.bdi@gmail.com , au plus tard le lundi 09/09/2019 à 17h00. NB. - Seuls les candidats remplissant les critères décrits dans les termes de référence seront contactés pour le test. Pour toute question, veuillez contacter le Service des Ressources Humaines au 22 22 39 31.

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AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

La chenille légionnaire de retour ? Les cultivateurs s’inquiètent encore une fois, des chenilles légionnaires commencent à se manifester dans leurs champs de maïs. Ces paysans appellent à l’aide, les insecticides disponibles sur le marché coûtent cher. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

C

’est la deuxième fois que j’essaie de chasser ces chenilles depuis le semis. Comme solution, il me faut pulvériser encore une fois dans un mois », raconte un cultivateur de Zege, rencontré dans la vallée de Karonga, pompe pulvérisateur sur son dos. Pour certains agriculteurs interrogés, il y a deux ans que cette maladie est apparue dans leurs champs de maïs. Depuis, elle est devenue un cauchemar car elle a une prédilection pour le maïs alors que c’est une des céréales très prisées aujourd’hui par la population. «En plus de s’alimenter des feuilles, ce qui freine le développement de la plante, ces chenilles attaquent aussi les épis », explique Madeleine. Et d’ajouter : «sa capacité de dispersion est forte.

En une seule nuit, elles peuvent se disséminer dans tout le champ!» Selon Patrice, cultivateur habitant à Giheta, l’année passée, il avait essayé de combattre ces chenilles en pulvérisant les insecticides et en enlevant à la main celles qui restaient dans les tiges et sur les feuilles et ils avaient cru avoir éradiqué voire décimé ces bestioles. «Cette fois-ci, elles attaquent très tôt les plants, je crois que la récolte sera mauvaise», explique-t-il. Comme il l’affirme, ces ravageurs sont voraces et très répandus, si les paysans et les services d’agriculture ne prennent aucune mesure, ces chenilles légionnaires pourront causer des dommages importants aux cultures de maïs. «Comme les plants sont encore jeunes, les chenilles attaquent les jeunes pousses en coupant leurs tiges à la base et ses larves attaquent les jeunes plants quand ces derniers n’ont encore que

Un agriculteur entrain de pulvériser son champ

trois feuilles », souligne Odette. D’après cette dame, les papillons adultes des chenilles légionnaires pondent leurs œufs la nuit sur les feuilles situées plus bas.

Son retour est préoccupant Les dégâts causés par la chenille légionnaire sont préoccupants pour la récolte. Depuis l’attaque de la mosaïque du manioc, qui a réduit sa production, les gens

sont devenus friands de la pâte de maïs ou de ses épis grillés. La plupart des paysans de la région de Kirimiro interrogés indiquent que les conséquences seront énormes. Face à cette maladie, les insecticides sont certes efficaces mais son prix reste exorbitant selon ces agriculteurs. «Ces insecticides sont disponibles dans les pharmacies vétérinaires mais un seul flacon coûte aujourd’hui 7.000 francs. Quand

le champ est plus ou moins vaste, c’est difficile de pulvériser tous les plants », précise Isidore. D’après lui, ces chenilles qui provoquent des dégâts sont plus actives tôt le matin et à la tombée de la nuit. Et pour les autres paysans, à côté du prix des insecticides s’ajoutent la pompe pulvérisateur, en dehors de leur pouvoir d’achat. Pour l’instant, indiquentils, la priorité, c’est de pouvoir trouver l’argent pour l’achat du matériel scolaire avec la rentrée qui s’annonce. «Un voisin m’a confirmé que cette pompe coûte à peu près 100. 000 francs. A ce prix, elle est inaccessible pour moi », s’inquiète Jean, un agriculteur de Giheta interrogé. Ces paysans n’ont qu’un seul espoir : la saison des pluies. Quand il pleut, ces chenilles ont tendance à diminuer et se réduire. «C’est ce que nous avons observé pendant les saisons culturales précédentes». Contactée ce mercredi, la Direction Provinciale de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage à Gitega n’était pas encore disponible pour donner un peu de lumière sur les actions à mener contre ce péril.

Région Sud

La CNTB a plus de 13.000 dossiers sur la table à Makamba et Rumonge A moins de 3 ans de son exercice, la Commission nationale des terres et autres biens (CNTB) enregistre aujourd’hui plus de 20 mille dossiers non encore traités au niveau national dont plus de 13 mille dossiers dans les provinces de Makamba et Rumonge. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

A

u vu du nombre de cas litigieux, les dossiers non clôturés risquent d’être confiés aux juridictions ordinaires, trois ans ne suffiront pas pour épuiser ces dossiers», s’inquiètent la plupart des justiciables interrogés. Selon Dieudonné Mbonimpa, le porte-parole de la CNTB, tous les membres de la CNTB se sont déployés dans ces deux provinces du sud du Burundi pour essayer de traiter les nombreux dossiers y enregistrés : plus de 13 mille dossiers non encore traités. «C’est plus de la moitié par rapport aux dossiers enregistrés au niveau national». Pour le porte-parole de la CNTB, des efforts restent à consentir dans ces provinces afin d’accélérer le traitement des dos-

siers qui restent sur la table afin que les sinistrés des différentes crises que le Burundi a connues puissent rentrer dans leurs droits. D’après lui, au regard de la nouvelle loi régissant cette commission, celle-ci a 3 ans depuis mars 2019, date de promulgation de cette loi par le chef de l’Etat, pour traiter les dossiers enregistrés. «Passée cette période, ces dossiers non traités seront reçus par les juridictions ordinaires». Cette nouvelle loi dispose que les faux témoignages, les commissionnaires et les autres actions pouvant entraver le travail de cette commission, seront sanctionnés, a-t-il tenu à rappeler. Pour celui ou celle qui ne répondra pas à trois convocations, la commission a la latitude de trancher, sortir une décision et dresser un procès-verbal. Il a souligné que les plaintes relatives aux autres biens comme

les véhicules, les maisons, les comptes en banque représentent un petit pourcentage. Le porte-parole de la CNTB a indiqué que cet organe n’a pas encore reçu des plaintes des personnes dont leurs biens ont été volés ou confisqués au cours de la crise de 2015. «Si de tels cas se présentent, la commission est disposée à les traiter car cela rentre dans sa mission».

«La commission traîne les pieds» Un des rapatriés rencontré sur la colline de Mugara en commune de Rumonge trouve que la CNTB ne traite pas avec célérité les dossiers enregistrés afin que les rapatriés puissent accéder à leurs biens. «Il y a peu de descentes des membres de cette commission dans les communes et collines où se remarquent beaucoup de conflits entre rapatriés et résidents. Je ne suis pas satisfait du bilan de cette commission », s’indigne-t-il. Selon lui, les rapatriés sont laissés à eux-mêmes surtout au niveau de la Commission spéciale des terres alors que la majorité des rapatriés ne connaissent ou ne maîtrisent pas la loi burunda-

Des membres de la CNTB en plein travail de médiation à Gatete

ise contrairement aux résidents. Pour lui, la véritable réconciliation passe par l’accès aux biens spoliés. Un des résidents rencontré à Kigwena en commune Rumonge indique que l’objectif de la CNTB n’est pas atteint car l’objectif est la réconciliation. Selon lui, au lieu de rassembler les Burundais, les décisions de cette institution dressent certains résidents contre certains rapatriés. Ce résident propose qu’il y ait un

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fonds d’indemnisation comme le suggère le chapitre 4 de l’Accord d’Arusha. «C’est pour ne pas déshabiller Pierre pour habiller Paul». Rappelons que la CNTB est la 4ème commission mise en place au Burundi pour trouver des solutions aux problèmes des terres des rapatriés burundais depuis le premier organe mis en place pour cette fin en 1976 connue sous le nom de la Commission Mandi.


ANNONCES

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Offre d’emploi : Administrateur & responsable Genre et inclusion sociale Date d’emploi : 1er Octobre 2019 Durée du contrat: 18 mois, renouvelable Lieu de travail: Bujumbura

CONTEXTE

Swisscontact encourage le développement économique, social et écologique en aidant les personnes à s’intégrer avec succès dans la vie commerciale locale. Ses interventions systémiques dans le secteur privé sont axées sur le renforcement des chaînes de valeur locales et mondiales. À travers ses projets, Swisscontact permet l’accès à la formation professionnelle, encourage l’esprit d’entreprise local, crée un accès aux prestataires de services financiers locaux et encourage l’utilisation efficace des ressources dans le but de promouvoir avec succès la création d’emplois et de revenus. Swisscontact met actuellement en place un programme de développement des compétences de la DDC (Direction du Développement et de la Coopération Suisse) au Burundi et recherche un professionnel compétent pour pourvoir le poste vacant suivant basé à Bujumbura.

Assurer le suivi des données relatives à la paie, aux congés, aux remboursements des frais de personnel et à l’assurance maladie du personnel ; • Préparer les paiements mensuels et trimestriels liés à la paie-pensionINSS -OBR-assurance maladie ainsi que les tranches de paiement liés à tous les contrats de prestations de service en cours d’exécution. • Remplacer le Project Manager en son absence.

Qualifications et compétences requises • •

L’objectif principal de cette fonction d’administrateur, est de soutenir le programme de développement des compétences orientées vers les besoins du marché dans tous ses aspects administratifs, à savoir la rédaction des contrats de prestation et leur suivi administratif, la passation des marchés et la mise en œuvre du manuel de procédures administratives et de gestion ainsi que la prise en charge de la gestion des ressources humaines au Burundi .

Un second rôle clé du titulaire du poste consiste à appuyer le programme pour toutes les questions liées à l’inclusion sociale et au Genre, en assurant la coordination de la thématique transversale « Genre »: fournir des informations et des conseils, coordonner les activités, renforcer les capacités et faciliter l’échange d’informations.

Responsabilités

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Participer aux réunions de coordination et échanges en vue d’harmoniser la stratégie du Programme. Elaborer les contrats de prestations de service et assurer leur validation juridique auprès de l’avocat et leur conformité budgétaire. Elaborer les termes de références des activités en lien avec le Genre, participer aux comités de lecture de l’ensemble des termes de référence ainsi qu’aux comités de sélections des prestataires. Documenter les procédures de passation de marché liées à la sélection des consultants Assurer un suivi régulier de l’exécution des prestations de service et des demandes de paiement des différentes tranches, en lien avec les agents de terrain et responsables directs d’activités. Renforcer et documenter les relations avec les partenaires institutionnels locaux élaborer les actes relatifs à la gestion du personnel avec l’appui de l’avocat-conseil; Veiller à une bonne intégration et gestion de la dynamique transversale Genre et à ce que le projet soit inclusif pour tous les groupes vulnérables, et évite toute forme de discrimination. Appuyer le Project Manager pour la planification des activités et le contrôle qualité des différents rapports techniques, de missions, d’évaluation et de suivi ;

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Être détenteur d’un diplôme de licence ou plus (Administration, Planification ou organisation sociale) ou domaine équivalent Une formation continue dans les domaines : droit, méthodologie, genre, formation, gestion de projet Être un professionnel avec un minimum de 7 ans d›expérience de travail dans l’administration et gestion de projet, très bonne expression orale et écrite, expérience dans l’élaboration et le suivi des contrats, de leur chronogramme et de la qualité des prestations et leur suivi budgétaire. Avoir une bonne capacité à rédiger et interpréter les contrats, délimiter les responsabilités et droits des parties et une approche rigoureuse dans la gestion et le suivi des contrats. Avoir de solides compétences en planification budgétaire et participer au suivi financier des activités. Avoir une expérience de management d’équipe et management de projets basé sur les résultats. Une expérience dans des projets ayant une forte dimension « Genre » est un plus. Avoir un intérêt pour l’éducation et la transmission de compétences, de savoirs faires et de savoirs êtres aux jeunes, et en particulier une sensibilité pour les publics défavorisés et spécifiquement les jeunes filles/femmes. Participer efficacement à un environnement basé sur le travail d’équipe, le partage de l’information, la collaboration et la coopération avec les autres. Avoir une bonne connaissance pratique des technologies de l’information et de la communication (logiciels correspondants ainsi que téléphone, courrier électronique internet) ainsi que des applications informatiques telles que MS Office Manifester un engagement à la mission de SWISSCONTACT, à sa vision et à ses valeurs Planifier et produire des résultats de qualité pour atteindre les objectifs visés Une bonne maîtrise du français et une connaissance de l’anglais ainsi que le swahili et kirundi sont recommandés

Les candidates intéressées et qualifiées -les candidatures féminines sont vivement encouragées-peuvent postuler en envoyant leur candidature (avec lettre de motivation en français, CV / curriculum vitae et copies de leurs certificats académiques) à bu_info@swisscontact.org avant le 10 Septembre 2019. Nous ne contacterons que les candidats présélectionnés. Veuillez reporter en objet du mail votre nom et le poste pour lequel vous postulez.

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PUBLIREPORTAGE

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PAIVA-B compte un bilan largement positif En collaboration avec le FIDA, le Ministère de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage a organisé, ce mardi 13 août 2019, une réunion de restitution des résultats de la mission de revue d’achèvement du Projet d’Appui à l’Intensification et à la Valorisation Agricoles du Burundi (PAIVA-B).

P

rocédant à la présentation de la revue d’achèvement, Damien Ngendahayo, Chef d’équipe de la mission de revue d’achèvement a montré que les résultats ont atteint plus de 90% pour chacune des composantes techniques. Ces dernières étant le renforcement et protection du capital productif, la valorisation de la production agricole et la facilitation de la mise en œuvre et coordination du projet. Avec le but d’accroître et de protéger le capital productif et la productivité agricole de petits agriculteurs dans les zones retenues et d’assurer une sécurisation foncière et un accès à la terre aux groupes vulnérables, la revue montre que les résultats de la première composante sont largement satisfaisants. Cas de l’augmentation de la productivité et de la production agricole. Et ce, a-t-il justifié, grâce à un meilleur accès à des parcelles de marais irrigués et drainées et à celles des collines protégées contre l’érosion. Concernant l’aménagement, sur 3.292 ha prévus, 2.408,64 ha ont été aménagés ou réhabilités. Des infrastructures hydro-agricoles installées sont de bonne qualité et fonctionnelles. D’ailleurs, M.Ngendahayo constate que PAIVA-B a facilité la mise en place et le renforcement des capacités de 34 associations d’usagers des marais (AUM). Pour les aménagements de bassins versants (BV), il a indiqué que sur 35 mille ha prévus, 27.017 ha ont été protégés contre l’érosion.

prévues ont été certifiées par l’ONCCS. Citons aussi la construction de 22 hangars de stockage munis de boutiques d’intrants servant aux coopératives pour la conservation et la distribution des semences et des engrais subventionnés par l’Etat. Des champs écoles paysans (CEP) vivriers ont été installés : « Sur 281 CEP vivriers prévus, on a atteint 100% au profit de 8.935 bénéficiaires sur 8.430 prévus, soit 106%.» Ils servent de champs d’expérimentation et de démonstration. 132 CEP plus dynamiques sur 181 mis en place ont reçu une subvention de 800 mille BIF par CEP destiné à financer les activités génératrices de revenus. Parmi les bénéficiaires, nuance-til, 32 ont évolué en groupements de multiplicateurs de semences et 50 autres vont en bénéficier prochainement. Secteur bovin, M.Ngendahayo parle de 5.155 bovins distribués aux bénéficiaires directs avec des kits d’accompagnement sur une prévision de 5.360 têtes. 4.176 veaux sevrés sur 6.000 prévus ont été remboursés dans le cadre de la chaîne de solidarité communautaire bovine (CSCB) avec des résultats comme l’augmentation de la productivité et la production agricole, l’augmentation quantitative et qualitative du repas, consommation du lait, etc. PAIVA-B est aussi soucieux du petit élevage. En effet, sur une prévision de 4.495 têtes, 4.030 caprins ont été distribués dans le

M. Ngendahayo lors de la présentation de la revue

cadre de la facilité alimentaire de l’Union européenne (UE) d’une part et dans le cadre du partenariat avec l’ONG Caritas sur le financement additionnel d’autre part.

De la valorisation, la facilitation et coordination ? L’étude des marchés des produits agricoles, appui à la FENACOBU pour la diversification de services financiers, appui à l’amélioration de la qualité des produits, l’accès au marché, … quelques autres réalisations du PAIVA-B. Selon cette revue, cela entre dans le but de permettre aux bénéficiaires de saisir les meilleures opportunités au niveau des marchés pour valoriser leur production. Là, PAIVA-B a accompagné la FENACOBU pour la conduite

d’un processus d’identification, de test et de diffusion de nouveaux produits financiers. Quatre nouveaux produits ont été développés à savoir le warrantage, le crédit solidaire, des crédits intrants et équipements et le crédit commercial. 2,66 milliards de BIF ont été mobilisés avec l’appui du projet auprès de la FENACOBU pour financer sept coopératives rizicoles comprenant 14.516 membres dont 4.064 femmes. Sur une prévision de 642 millions BIF pour tout le projet, 664.142.000BIF ont été octroyés à 455 groupes de caution solidaire. Citons aussi l’installation d’infrastructures rurales. D’après cette revue, sur 124 km de pistes prévus, 97,906 km sont déjà réceptionnés et 24,078 km sont en cours de finalisation. Huit centres de collecte de lait

Quid de la sécurisation foncière ? La revue montre qu’au 30 juin 2019, les dix services fonciers communaux (SFC) appuyés sur les dix prévus avaient déjà produit 35.803 certificats fonciers (CF) et délivré 23.911 CF sur 20 mille prévus, soit 116,7%. Ce qui a fait chuter les conflits fonciers et permis l’accès aux crédits. « 664 détenteurs de CF dont 52 femmes ont bénéficié de 763.208.500BIF de crédit en hypothéquant ces CF», indique cette revue. Côté production des semences, elle fait état de 20 groupements de multiplicateurs de semences avec une production de 308,3 tonnes de semences de riz sur 300 tonnes prévues, soit 102,8%. Et là, précise-t-elle, 277,4 tonnes de semences de riz sur 270 tonnes

Vue partielle des participants à cette séance de restitution

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pour une capacité totale de 10 mille litres dotés d’équipements de contrôle de qualité, six points de collecte secondaires, 18 comptoirs de vente de lait et une unité de pasteurisation semi industrielle du lait ont été installés. « Le tout étant lié aux producteurs par 74 collecteurs équipés de moyens de collecte et de transport.» 22 hangars de stockage pour les coopératives rizicoles d’une capacité totale de 2100 tonnes dotés d’aires de séchage d’une superficie de 6700 m2 ont été construits. Evoquons aussi sept hangars pour les coopératives de maïs d’une capacité de 700 tonnes dotés d’une aire de séchage d’une superficie de 1050 m2, de trois cribs, cinq décortiqueuses, et trois unités de mouture de farine en cours d’installation. Dans tous ces travaux, les femmes, les autochtones (Batwa) n’ont pas été mis de côté. Et à M. Ngendahayo de se résumer : « Le projet a quasiment réalisé tous les objectifs assignés et sa performance est jugée satisfaisante. » Côté gouvernement, Emmanuel Ndorimana, Secrétaire permanent au ministère de l’environnement, agriculture et élevage a été satisfait des réalisations du projet. Idem pour les représentants des provinces concernées. Couvrant six provinces durant une période de 10 ans, PAIVA-B est un projet du gouvernement financé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) de l’Union Européenne et du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Son but étant de transformer la vie de 123.373 ménages.


SPORT

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Rallye

Après Bubanza, le tour de Gitega Samedi 31 août et 1er septembre, la capitale politique vrombira au son des bolides du Club automobile du Burundi (CAB). « Au vu du parterre des pilotes ayant déjà confirmé leur participation, une compétition qui promet », avance Adon Negamiye, directeur de la course.

S

ur piste, à commencer par Giancarlo Davite, récent vainqueur du rallye de l’Imbo en avril, tous les grands noms du circuit seront présents. Une attention particulière pour les revenants Momo Roshanali et Valéry Bukera. Pour ce retour sur les routes poussiéreuses et dans la chaleur de Gitega, les pilotes de la fraîchement créée Académie de Ngozi effectueront leur 2e sortie. « Une occasion de rectifier le tir après celle manquée à Bubanza », assurent-ils. Etabli à Kibimba, le point de lancement de la course, les pilotes joindront la localité de Bitare, en commune Bugendana. Il y est prévu un circuit de 16 km. Après,

les pilotes joindront NtundaRuvubu pour la 3e et dernière étape de la journée. Sur la piste principale où les pilotes effectueront des slaloms décapants, les bordures du parc d’assistance ont été entièrement aménagées, renforcées avec des rambardes pour prévenir d’éventuels accidents. Les secteurs de liaison entre l’arrivée et le départ des véhicules sont séparés des zones des chronométreurs et celles des ambulanciers par des grillages. « Un vrai parcours sportif, digne des circuits internationaux », se frotte déjà les mains le directeur de la course. D’après M. Negamiye, la 2e journée de dimanche suivra le

Au regard du parterre des pilotes, les débats s'annoncent houleux

même tronçon. « Toutefois, avec un bonus ». Allusion faite au Super spécial prévu sur la route Bugendana-Bitare. En contournant différents obstacles, fait-il savoir, les pilotes devront bou-

cler un circuit de5 km. Au total 18 automobiles prendront part à cette course automobile. Parmi les pilotes qui seront de la partie, il faut signaler le retour du Grec Tissarchontos (copilote de Rudy).

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Les autres attendus sont : Valery Bukera, Davite Giancarlo, Rudy, Momo, Christian Remezo, Zafar Nizerte, Awan Illias, Mayaka, etc. Hervé Mugisha


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Actionaid engagée pour la bonne gouvernance du secteur minier L’ONG Actionaid a animé, vendredi 16 août, un atelier de validation de l’étude sur la mobilisation des ressources internes et la gouvernance des ressources naturelles au Burundi. Un atelier riche d’échanges et plein de recommandations quant à la bonne gestion du secteur minier. Zoom

A

ssurer l’accroissement des ressources en provenance du secteur minier et la bonne gouvernance des ressources naturelles, tel était le souci de l’ONG Actionaid. En partenariat avec d’autres organisations dont Christian aid et Initiative Citoyenne pour l’Environnement et le Développement Durable (ICED), elle a commandité une étude sur la ‘‘mobilisation des ressources internes et la gouvernance des ressources naturelles au Burundi’’. Ceci dans le cadre d’appuyer les objectifs du Gouvernement du Burundi en vue de la mobilisation des ressources financières intérieures et l’amélioration de l’accès des citoyens aux services publics. Les résultats de ladite étude ont été présentés, vendredi 16 août, lors d’un atelier de sa validation devant des personnalités de différentes institutions. Des parlementaires, des autorités issues d’institutions financières paraétatiques comme l’Office burundais des mines, l’Office burundais des recettes, des cadres du gouvernement et de la société civile, etc. Il fallait restituer les résultats de la recherche, y apporter des commentaires et formuler des recommandations là où il le faut. Une séance riche d’échanges, de débats…

Faible contribution du secteur minier au budget de l’Etat Selon cette étude, le Burundi détient 6% des réserves mondiales de nickel. En outre, son soussol regorge de ressources en or, tantale, étain, tungstène, terres rares ainsi que des minéraux industriels dont le kaolin, les phosphates et les calcaires. Ainsi, analysent Damien Mbonicuye et Jean Berchmans Ndikumana (les chercheurs), l’exploitation minière pourrait considérablement contribuer à la création d’emplois et diversifier l’économie au Burundi. Néanmoins, déplorent-ils, ce secteur ne contribue qu’à raison de 1 % dans le PIB et 3 % dans les recettes d’exportation du pays. Et, le secteur minier étant dominé par l’exploitation artisanale, les entreprises minières artisanales (EMA) n’emploient que 10 mille artisans, faisant vivre, selon les estimations de la Banque mondiale environ 200 mille personnes Entre autres facteurs à la base cette situation, Almamo Barrow,

sation des ressources intérieures parce qu’elles permettent à l’Etat de compter sur ses propres efforts à réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur». Pour le directeur pays d’Actionaid, l’utilisation rationnelle des ressources qui en provient peut améliorer le bienêtre général et stimuler d’autres secteurs de développement. Il insiste sur la bonne gouvernance et la transparence du secteur minier burundais pour faciliter, augmenter les recettes étatiques issues des minerais. Et de rappeler que l’exploitation rationnelle et responsable des ressources minières doit permettre aux citoyens, essentiellement aux populations établies sur les lieux de gisements de trouver des moyens d’existence alternatifs et durables. Pour les chercheurs, l'exploitation minière pourrait considérablement contribuer à la création d'emplois et diversifier l'économie du Burundi

directeur pays d’Actionaid au Burundi parle des «revenus du secteur minier qui échappent à l’imposition mais surtout sur les pratiques immorales des entreprises». A savoir la corruption à grande échelle, l’exploitation illicite des contrats et des règles commerciales internationales. «Des pratiques qui finissent par défavoriser les pays producteurs de ces ressources ou vont jusqu’à les déstabiliser ». Ce faisant, les espoirs suscités par l’exploitation de ces ressources s’estompent vite au regard du produit financier dérisoire et des effets qui en résultent, notamment les frustrations nées de l’écart entre le bien-être d’une minorité de riches et d’une masse de pauvres.

Urgence de s’adapter à la crise financière internationale Selon Almamo Barrow, le Burundi, comme de nombreux pays, a compté pendant des années sur l’aide extérieure pour le financement de la bonne marche de certains services publics de base. Particulièrement des services comme l’éducation, la production alimentaire, la santé, l’eau potable et la construction de diverses infrastructures (routes, ponts, électricités, terrains de sport, etc.) Néanmoins, dit-il, pour l’heure, les temps sont révolus. L’environnement n’est plus favorable en raison de la crise financière internationale qui bat le plein. Ainsi le gouvernement doit-il prendre des mesures qui

s’imposent, allant dans le sens d’exploiter de manière transparente le potentiel de ce secteur afin d’accroitre les ressources budgé-

taires internes. «Actionaid Burundi et les partenaires que sont Christian Aid et ICED se sont engagés à prendre une part active dans la mobili-

Almamo Barrow insiste sur l'exploitation transparente du secteur minier afin d'accroitre les ressources budgétaires internes

Les participants à l'atelier de validation ont convenu sur bon nombre de recommandations qui seront transmises au niveau des décideurs

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«Il faut un cadre légal et formel d’exploitation pour tous les exploitants» A l’issue d’une longue séance de débats, les participants ont convenu sur multiples recommandations qu’Actionaid s’engage à faire parvenir aux décideurs gouvernementaux pour la bonne gestion du secteur minier et la sauvegarde des ressources naturelles. Selon ces participants, il sied notamment d’instaurer un véritable climat, de collaboration et de confiance à travers un cadre légal et formel des artisans miniers. Les ressources minières sont épuisables avec le temps, il est urgent de penser à une vision du secteur minier pour le développement durable. Ainsi convient-il qu’il y ait souvent un audit environnemental pour évaluer les impacts négatifs sur l'environnement et les coûts de réparation, la formation et le renforcement des capacités des artisans miniers, des responsables des coopératives et des agents de l’Office burundais des Mines(OBM) et celui des recettes (OBR) ainsi que la création d’une micro finance minière. De plus, renchérissent-ils, les pratiques influant sur la diminution des recettes minières, telles les restrictions en équipements performants pour les coopératives, les lenteurs au niveau des formalités d’adhésion des coopératives et des comptoirs à la norme iTSCi et l’interdiction faite aux coopératives de vendre leurs productions sur les marchés étrangers devraient être levées.


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