IWACU 543

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IWACU N°543 – Vendredi 9 août 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

CNARED

Exode électoral ou reddition ?

DROITS DE L'HOMME Lycée Murungurira: flou autour des viols

ENVIRONNEMENT P.8

Interview avec Albert Mbonerane sur "Conseil du lac Tanganyika" P.12

AU COIN DU FEU Avec Léonard Nyangoma

P.13


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LA DEUX Editorial

« Welcome, but don’t sit down » Par Léandre Sikuyavuga Directeur des Rédactions

I

ls ont proclamé haut et fort leurs couleurs. Ils les ont brandies, ont parlé avec conviction, ont séduit. Leur leitmotiv : la sauvegarde de l’Accord d’Arusha et la Constitution qui en est issue ainsi que la restauration de l’Etat de droit au Burundi. Une partie de la population a cru en eux. La Communauté internationale les a compris. De par les fonctions qu’ils ont occupées dans le passé, les membres du Directoire du Cnared ont au départ alléché, captivé plus d’un. C’est ainsi qu’on a qualifié leur plateforme de l’opposition radicale. Mais, hélas la « lune de miel » d’une cohésion dont chacun peut profiter ne durera qu’une saison. Défections tous azimuts de ses membres, conflits d’égo, violation des statuts, etc., les murs du Cnared ont vite affiché les fissures. Leurs actions ont contredit leurs engagements antérieurs. Je me souviens de quelques titres du journal Iwacu qui justifiaient la situation : « Un géant aux pieds d’argile ; requiem pour le Cnared ?; l’égo l’a tué ; extrême onction ; crash… » Avec un ton menaçant, un membre du bureau exécutif me dira que c’est la presse, surtout le journal Iwacu, qui cherche à précipiter la chute du Cnared. Puisqu’on doit trouver toujours un bouc-émissaire... Pour boucler la boucle, je lui ai répondu que la même presse favorisera peut-être son retour. La déclaration du secrétaire exécutif du Cnared qui vient d’annoncer leur intention de rentrer pour participer aux élections de 2020, a suscité moult réactions dans l’opinion. Pour les uns, il s’agit d’une reddition, d’une « capitulation », d’une trahison, d’une fatigue de l’exil. Pour d’autres, il est difficile de deviner les véritables intentions de ce retour dès lors qu’on ignore les clauses du contrat (si contrat il y a) qu’ils ont scellé avec le pouvoir en place. La participation aux élections est un alibi, une échappatoire, une diversion. C’est leur droit le plus absolu de retourner à la mère patrie, de regagner le bercail. « Ils ont des devoirs envers leur patrie », a précisé la commissaire chargée de l’information et de la communication au sein du parti au pouvoir. Toutefois, à entendre la communication des intéressés et celle d’une haute autorité de l’Exécutif burundais, on perçoit une dissonance entre les deux parties. Il sied aussi de noter le refus du porte-parole du même Exécutif de s’exprimer sur le sujet. Dans de pareilles circonstances, les Anglais disent : « Welcome, but don’t sit down. »

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En coulisse

En hausse

Sur le vif

Gashikanwa a un nouvel administrateur Théophile Nibizi est le nouvel administrateur de la commune Gashikanwa en province de Ngozi, depuis mercredi 7 août. Il succède à Jeanne Françoise Ndayiragije qui a récemment démissionné.

Le président du Sénat élu 2e vice-président de l’Association des élus panafricains

Inès Nezerwa alias Giti,

Le gouvernement japonais a accordé, jeudi 8 août, un million de dollars au Programme alimentaire mondial du Burundi pour venir en aide à 17 ménages vulnérables de la province Kirundo. Selon le PAM, le taux de malnutrition dans la province Kirundo est de 63%.

Directeur des Rédactions adjoint : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa

P

our avoir été élue meilleure athlète-étudiante de l’Université de l’Etat Iowa (USA), au cours de ces six derniers mois.

En baisse

Révérien Ndikuriyo, président du Sénat, a été élu 2e viceprésident de l’Association des parlementaires panafricains, mardi 6 août, en Afrique du Sud. C’était au Parlement panafricain, à l’occasion de la 10e Conférence des présidents des Assemblées nationales et Sénats d’Afrique.

Un million USD pour 17 mille ménages vulnérables de Kirundo

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

Jacqueline Uwimana,

P

our avoir tué son bébé, jeudi 8 août. Cette ressortissante de la colline Gisenyi, commune Busoni, province Kirundo l’avait mis au monde le 30 juillet dernier.

ANNONCE

Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa et Arnaud-Igor Giriteka Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société : Clarisse Shaka Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza, Edouard Nkurunziza, Jérémie Misago Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi Un chiffre

1400

AVIS DE RECRUTEMENT INFINITY GROUP recrute pour le compte de la nouvelle société monétique Burundaise BI-SWITCH S.M.: 1. 2. 3.

Un (1) Technicien de maintenance informatique Deux (2) Cadres technico-commerciaux Un (1) Technicien de Maintenance des Terminaux de Paiement Electronique Les termes de référence complets ainsi que ce communiqué peuvent être consultés sur le site : www.esoko.bi, ou la page Facebook : @InfinityGroupBurundi ou au bureau d’INFINITY GROUP situé au 7, Avenue de France, Immeuble Ruhara, 2ème étage. Les dossiers de candidature (CV, CNI, Lettre de motivation, Attestations de service, Diplômes, Attestations, Certificats) devront être envoyés dans un seul document PDF à l’adresse recrutement@infinitygroup.bi et doivent porter la mention « Recrutement BI-SWITCH – Intitulé du poste ». La date limite est fixée au plus tard le 11 Août 2019 à 23 :59 (GMT+2).

est le nombre de décès causés par le paludisme depuis le mois de janvier 2019.

Source : Ministère de la Santé publique

Une pensée

« Ceux qui sont prêts à abandonner une liberté fondamentale, pour obtenir temporairement un peu de sécurité, ne méritent ni la liberté ni la sécurité. » Benjamin Franklin

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L'ÉVÉNEMENT

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Retour du CNARED, le temps des questions Il n’est plus question donc d’un dialogue inter-burundais sous la médiation de la sous-région ni de l’Union africaine. L’horloge électorale n’attend pas. Pour que cela se passe plus rapidement, le Cnared a revu ses ambitions à la baisse. « Si même demain, le gouvernement nous appelle pour convenir des garanties en présence d’un tiers pour témoin, nous rentrerons ». Des garanties demandées sont essentiellement celles de sécurité, de levée de mandats d’arrêt de ceux qui sont accusés de tentative de putsch, ainsi que la garantie d’ouverture de l’espace politique.

La coalition de l’opposition en exil, Cnared, a annoncé sa volonté de rentrer au pays pour participer au prochain scrutin. Une décision saluée par le pouvoir en place et troublante pour l’opposition.

N

ous nous préparons à rentrer pour participer aux élections de 2020 ». L’annonce est faite par le Cnared après des mois de silence. Le secrétaire exécutif du Cnared, Anicet Niyonkuru, parle d’une réflexion mûrie au cours d’une rencontre du directoire de la plateforme du 2 au 4 août. « Nos militants au pays ont décidé qu’ils iront voter malgré tout,» se justifie la plateforme de l’opposition en exil. Pour elle, il est hors de question de faire un autre cadeau au Cndd-Fdd avec un nouveau boycott. D’où cette décision de rentrer au pays pour essayer de récupérer son électorat

Le Cnared veut revenir au Burundi pour participer aux élections.

laissé à lui-même. Un électorat actuellement siphonné par les deux plus fortes formations politiques actuelles actives sur le terrain: le Cndd-Fdd et le CNL. L’histoire du Cnared est loin d’être glorieuse. Un bilan plutôt mitigé pour ce bloc constitué de personnalités qui ont marqué l’histoire contemporaine burundaise mais qui n’ont pas pu capitaliser leurs compétences pour honorer les attentes de la population. Depuis, plusieurs

ont quitté le navire qui tanguait dangereusement, menant vers des horizons incertains. « S’il faut faire une réédition de cet échec, autant rentrer au pays pour voir ce que ça donne, » indique un politologue. Comme pour lui donner raison, Anicet Niyonkuru estime que « dix millions de Burundais qui sont au pays attendent le changement que nous ne pouvons pas apporter étant à l’étranger. D’où la nécessité pour nous de rentrer au pays ».

Eclair de lucidité ou suicide politique ? A moins d’un évènement fort improbable, les élections de 2020 auront lieu. Le calendrier électoral a été dessiné, le code électoral ainsi que le budget pour financer ces élections sont établis. Toutes les planètes sont donc alignées pour que d’ici quelques mois, le Burundi voie les visages de ses prochaines institutions. Selon plusieurs observateurs, la grande inconnue reste la transparence, la liberté pour

arriver à des élections crédibles. Que le Cnared décide d’y participer c’est comme un couteau à double tranchant. Rester en exil pour jouer quelle carte ? La communauté internationale en général, l’UA et l’EAC en particulier, a montré ses limites pour aider à résoudre la crise. Gitega a su se montrer intransigeant, a gagné du temps et poursuit son affaire interne sans grosse pression. D’ici-là, il y a peu de chance de voir un sursaut de la communauté internationale. Le retour au pays des personnalités du Cnared suscite plusieurs questionnements, notamment sur le respect des principes, des valeurs qui constituaient le socle de cette coalition. Ce qui est sûr, c’est du pain béni pour Gitega qui peut brandir ce « joker » devant la face du monde en annonçant la fin de la crise. Il n’en reste pas moins qu’il réfléchit à deux fois sur le fait de lever les poursuites judiciaires qui pèsent sur ses adversaires. Gitega veut encore plus faire taire toute velléité de fronde et de putsch. Agnès Ndirubusa

Réactions • Nancy Ninette Mutoni : « Ils ont des devoirs envers leur patrie et ce n’est pas à l’étranger qu’ils s’en acquitteront.»

• Charles Nditije : « Pour nous, ces gens-là ont trahi notre cause.»

L

a commissaire chargée de l’information et de la communication au sein du parti au pouvoir indique que le parti Cndd-Fdd a toujours lancé l’appel au retour des politiques en exil et les réfugiés. « Cela dans tous nos communiqués et communications,» insiste Nancy Ninette Mutoni. « Nous ne voyons pas pourquoi les fils et filles de la nation resteraient en exil. Politiques ou pas, ils ont des devoirs envers leur patrie et ce n’est pas à l’étranger qu’ils s’en acquitteront. »

• Gaston Sindimwo : « Ce serait un plaisir de les accueillir.»

Le premier vice-président de la République assure que ce serait un plaisir d’accueillir les opposants qui manifestent le désir de rentrer au pays.

Selon lui, le gouvernement burundais a à maintes reprises exhorté les opposants et les réfugiés en exil de revenir au pays pour participer au développement du pays. «Qu’ils répondent à notre appel maintenant, nous disons mieux vaut tard que jamais. » Gaston Sindimwo rassure ces opposants sur les garanties de sécurité. « Nous sommes là pour garantir la sécurité de tous les Burundais. Ceux qui ont besoin d’une protection spéciale le demandent et généralement ils en bénéficient. Ceux qui sont rentrés de l’exil avant eux peuvent en témoigner. »

« Nous avons quitté le Cnared parce que M. Minani et ses compagnons avaient complètement dévié de notre combat politique à savoir la lutte pour la sauvegarde de l›Accord d›Arusha et la restauration de l’état de droit

au Burundi,» indique le président du parti Uprona de l’opposition, en exil. Selon lui les membres du Cnared négocient leurs conditions de retour et la réhabilitation dans leurs biens uniquement, au mépris de la paix et de la sécurité des Burundais qui subissent violences et misère. Nous ne pouvons pas participer dans des élections qui ont pour cadre légal la Constitution de 2018 qui enterre définitivement l’Accord d’Arusha et instaure un monopartisme de fait. De plus les conditions politico sécuritaires ne permettent pas des élections crédibles. Pour nous, ces genslà ont trahi notre cause et ont décidé de se mettre sous l’allégeance du CNDD-FDD.

• Frédéric Bamvuginyumvira : « S’ils sont fatigués qu’ils rentrent.» Pour l’acteur politique en exil, le Cnared nage en pleines contradictions. « Il sollicite la clémence de Gitega pour l’annulation des mandats d’arrêt. Or on ne peut pas négocier avec le pouvoir qu’on est supposé combattre. » Frédéric Bamvuginyumvira du parti Sahwanya Frodebu estime que l’autre contradiction est dans la parole du président du Cnared Jean Minani. Il disait que si la Constitution est modifiée, cela serait franchir le Rubicon, la ligne rouge. Le référendum a eu lieu et le Cnared décide de rentrer. « Ceux qui veulent rentrer, qui sont fatigués, ils sont libres de rentrer sans trop de discours politiques pour justifier leurs actes. » Ceux qui voudront continuer la politique vont s’organiser autrement et militer pour l’avenir de leur pays. « On ne peut pas

prétendre rentrer au Burundi et penser organiser une politique claire. D’ailleurs même avant leur départ ils faisaient de l’opposition ou jouaient-ils le jeu du pouvoir ?» A.N.

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POLITIQUE

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Décentralisation

Vers la fin du calvaire des communes urbaines? Cela ne semble étonner personne, mais les communes de la Mairie de Bujumbura ne sont pas décentralisées. Cette lacune porte préjudice à leurs fonctionnements. Pourquoi ne sont-elles pas alors décentralisées? Eclairage.

A

u regard de la loi communale en vigueur, il est difficile voire impossible de déterminer pourquoi le fonctionnement des communes de la mairie de Bujumbura diffère de celles des autres provinces. En effet, elle stipule que la commune urbaine se dote des structures qui lui permettent de répondre aux besoins essentiels dans le cadre de la décentralisation. C’est donc pour cela que la mairie transfère le personnel ainsi que la gestion des ressources humaines et financières aux communes urbaines. Toute une panoplie de services revient alors sous la responsabilité des communes urbaines. Notamment, l’Etat Civil, la délivrance des cartes d’identité, l’élaboration du budget communal, la planification du développement communal, la gestion de l’environnement, la perception et la comptabilité des recettes… Bref, la loi communale consacre une autonomie de gestion aux communes urbaines. Cependant, la réalité sur le terrain est toute autre chose. En

dépit des prérogatives que la loi leur confère, la mairie détient toujours le monopole de toute la rouerie essentielle au fonctionnement des communes urbaines. C’est elle qui perçoit toutes les recettes fiscales de toute la mairie. Ce qui est aux antipodes de la loi. Cette dernière stipule que « les recettes fiscales et non fiscales, les recettes rémunératoires et les droits d’occupation sont recouvrés par les communes urbaines et gérés de façon autonome à l’instar des autres communes quitte à verser chacune dix pour cent du produit total des recettes réservées au fonctionnement de la Mairie de Bujumbura ».

Le bout du tunnel pointe à l’horizon Et pourtant, les attributions de la mairie de Bujumbura sont bien définies par ladite loi. Les services de la mairie qui dépendent du cabinet du maire s’occupent des activités de coordination des communes. En l’occurrence, le traitement des eaux usées,

Pontien Hatungimana : « Nous sommes au courant de ces dysfonctionnement et elles causent beaucoup de tort à ces communes.»

l’enlèvement des immondices et des déchets solides, l’entretien de la voirie et la gestion urbaine, le plan de circulation et de sécurité, l’éclairage public ainsi que l’exploitation et la maintenance des engins. « Nous sommes au courant de ces dysfonctionnements et elles causent beaucoup de tort à ces communes. », fait savoir Pontien Hatungimana, secrétaire permanent au ministère

de la décentralisation et de la réforme institutionnelle. Normalement, poursuit-il, les communes planifient leurs activités sur base de leurs potentiels fiscaux. Puisque toutes les recettes fiscales sont cumulées par la mairie, cela devient irréalisable pour les communes urbaines. Avec l’appui de la Banque mondiale, le ministère de la décentralisation accompagne les communes dans l’élaboration

des programmes communaux de développement communautaire (PCDC). Là aussi, le secrétaire permanent soulève le même problème : « Quand nous arrivons au niveau des communes urbaines, nous nous demandons quel engagement peuvent-elles prendre ? D’autant plus que dans la mise en œuvre de ce programme, la commune doit également participer en y injectant ses propres fonds. » Néanmoins, M.Hatungimana rassure que cette question sera vidée dans un délai proche. Par ailleurs, il rappelle que sous le haut patronage de Gaston Sindimwo, Premier vice-président de la République, une retraite a été organisée à Gitega pour se pencher sur cette question. Et une feuille de route y a été scellée. Entre autres recommandations, une ordonnance portant sur les modalités de transfert du personnel et des ressources financières et matérielles de la mairie dans les communes sera signée au cours de ce mois-ci. Après la signature, cela sera le tour de la mise en application de la loi portant sur la fiscalité communale. Et partant, les communes urbaines figureront dans l’indice d’évaluation des communes. Arnaud Igor Giriteka

Tour de chauffe du futur candidat du Cndd-Fdd ? © Droits réservés

L

e président du Palais Pierre Ngendadumwe a tenu des réunions, vendredi 2 août, avec des élus locaux et chefs des services déconcentrés dans les communes Songa et Rutovu de la province Bururi. Dans la province Cibitoke du 29 au 30 juillet, Révérien Ndikuriyo a réuni les élus locaux, les administratifs, les leaders politiques et religieux des communes Bukinanyana, Murwi, Mugina et Rugombo. Vendredi 26 juillet, il a visité les communes Burambi et Buyengero en province Rumonge. Deux jours plus tôt, rencontre avec les élus locaux, les chefs de services et les représentants des confessions religieuses des communes Mugamba et Matana en province Bururi. Simple poursuite de sa tournée des communes entamée en 2016 ou peaufine-t-il sa stature d’homme politique national, à près de 10 mois de la présidentielle ? En tout état de cause, le président du Sénat coche plusieurs cases pour prétendre à l’investiture du parti. Il est du premier cercle du pou-

Le président de la chambre haute du Parlement dans sa tournée des communes en province Rumonge.

voir. Qui plus est, son passage au maquis lui donne cette légitimité indispensable dans cette formation qui voue un culte au combattant. Tel le personnage éponyme de Bajazet de Racine, il peut soutenir : « Nourri dans le sérail, j’en connais les détours. » C’est un faucon, un tenant de la ligne dure du parti. En témoigne sa rhétorique si peu amène, au climax de la crise politique,

à l’encontre des manifestants anti-troisième mandat, au point d’alarmer ceux qui ont des « visées impérialistes et néocolonialistes ». Cocher cette case peut s’avérer un handicap disqualificatoire si le parti de l’Aigle table sur une bouffée d’oxygène nivelant les aspérités sur la route de la mandature du prochain locataire du Palais Ntare Rushatsi.

La dernière, mais non la moindre, c’est un civil rompu aux subtilités du jeu politique. Autant le pouvoir sortant resserre son emprise tous azimuts, en ces temps de dynamique ascendante de la tension électorale, autant un nouveau pouvoir montre des signes d’apaisement, d’ouverture. Une candidature d’un haut gradé enverrait un signal qui éteindrait cette lueur d’espoir d’un lâcher

du lest post-élections. D’autant plus que la grande muette et la police sont accusées par les milieux de l’opposition et les rapports des organisations internationales des droits de l’Homme d’être constitutives de l’«appareil répressif burundais ». Une seule certitude : la discipline à l’interne du parti écarte toute idée de faire cavalier seul. Guibert Mbonimpa

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ÉCONOMIE

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Marchés de Kanyosha et Kinama, la réouverture n’est pas pour demain

sion chargée de l’attribution des stands dans les marchés réhabilités en a attribué à certains plutôt qu’aux vrais acquéreurs. D’où la colère a monté d’un cran chez certains commerçants. La mairie, fait-il savoir, a été obligée de corriger ces imperfections. Mais les grognes subsistent. Certains bénéficiaires ne sont pas encore rétablis dans leurs droits.

Les commerçants déplorent le retard enregistré dans leur réouverture. Ils dénoncent du deux poids deux mesures. Les commissaires de ces marchés, quant à eux, tranquillisent.

Les commissaires de ces marchés rassurent

L

es alentours du marché de Kanyosha, en cours de réhabilitation, grouillent de monde. Ce sont des commerçants qui s’agglutinent avec des marchandises entassées pêlemêle. Certains occupent de petits kiosques en bois. D’autres étalent leurs marchandises par terre devant les maisons des particuliers ou dans les rues bloquant ainsi le passage. Il y en a qui sont en plein air sous un soleil de plomb. Certains se protègent avec des parapluies. Ils ne cachent pas leur ras-le bol. Monique Ngendakumana ne cache pas sa colère : «Nous étalons nos marchandises par terre sous un soleil accablant. Nous sommes obligés de déménager quand les véhiculent passent. C’est très gênant. Qu’on nous réintègre dans le marché réhabilité. » Elle estime que le montant exigé pour la construction des stands est exorbitant. « Voyez mes patates douces. Mon capital est faible. Je ne peux pas avoir 270000 BIF. » Elle demande à la mairie de parachever les travaux pour qu’elle puisse quitter l’endroit qui est très poussiéreux. J.B., commerçant des chemises, dénonce la lenteur mise dans la réhabilitation du marché : « Les travaux sont interminables. Notre chiffre d’affaire s’amenuise. Nous travaillons à perte.» Selon lui, les problèmes sont nombreux. «Bientôt, c’est la saison pluvieuse qui s’annonce. Nous allons patauger. Il y a risque de choléra. En plus, nos marchandises sont en insécurité ». Ce commerçant déplore aussi le manque de clients : « Nous étalons nos produits par terre et la poussière les envahit. Les clients boudent nos produits. Un client qui se respecte ne peut pas acheter un habit sale.» Minani Gaddy, représentant des commerçants de Kanyosha, fait savoir que le retard enregistré dans la réhabilitation de ce marché est dû au manque d’argent. A cause de la pauvreté, explique-t-il, certains commerçants n’ont pas pu s’acquitter de la somme exigée. C’est pourquoi, l’entreprise qui a gagné le marché a suspendu ses travaux. Il dénonce du deux poids deux

Des commerçants agglutinés aux alentours du marché de Kanyosha.

mesures : «D’autres marchés réhabilités sont déjà fonctionnels. Pourquoi pas le nôtre » ? Et de se lamenter : « On nous disait que la réhabilitation allait prendre 7 mois et voilà cela va faire bientôt 4 ans. Il y a un grand manque à gagner.» Il demande à l’entreprise Alubuco, qui a gagné le marché, de continuer les travaux pour que les commerçants qui ont déjà payé la totalité de la somme puissent intégrer le marché réhabilité.

Kinama n’est pas en reste Situation similaire au marché de Kinama. Les commerçants, rencontrés au marché provisoire, déplorent le retard enregistré dans sa réouverture. Leur souhait est la réouverture des portes du marché réhabilité pour qu’ils

exercent leurs activités dans de tains sont inaccessibles. «Les clibonnes conditions. Les com- ents désertent nos endroits et vont merçants interrogés ne cachent s’approvisionner ailleurs». pas leur désespoir. V.N., vendeur Du non-dit de chaussures, ne mâche pas ses mots : « Nous sommes fatigués. Certains commerçants fustigent Beaucoup de promesses non les raisons avancées par l’autorité tenues.» municipale pour justifier le retard Mêmes lamentations du côté de la réouverture de ce marché de S. N., vendeuse réhabilité. « Qu’elle « Les clients de denrées alimenn’évoque pas les diftaires. Elle déplore ficultés financières. désertent nos le manque à gagner s’en faut. Cerendroits et vont Loin qu’elle enregistre. tains stands ne sont Dans l’ancien s’approvisionner pas encore construits, alors que leurs marché, elle réaliailleurs. » propriétaires ont sait un bénéfice de 400 mille BIF par mois. Pour le payé la totalité », s’indigne G.H., moment, son bénéfice a sensi- un commerçant de pagnes. Il dénonce plutôt le manque de blement diminué variant entre 120 mille et 150 mille BIF. Elle transparence dans l’attribution s’attend au pire. En période plu- des stands. : « Ce ne sont pas les vieuse, précise-t-elle, les eaux vrais acquéreurs qui ont bénéficié envahissent nos kiosques. Cer- des stands ». Selon lui, la commis-

Marché de Kinama en cours de réhabilitation.

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David Ndayisenga, commissaire du marché de Kinama, reconnaît que les lamentations des commerçants sont fondées. Il explique que la réouverture de ce marché a été retardée par le manque de moyens financiers. L’entreprise Alubuco a suspendu ses travaux, faute de moyens. Il interpelle les commerçants de s’acquitter de la somme qui a été fixée dans les meilleurs délais. «Au cas contraire, nous allons procéder au recouvrement forcé ». Interrogé à propos des commerçants qui disent que leurs moyens ne leur permettent pas de payer la totalité du montant exigé, M. Ndayisenga fait savoir qu’ils peuvent payer ce montant en tranches. « La réouverture du marché réhabilité est pour bientôt », rassure Désiré Ndikumana, commissaire du marché de Kinama, sans toutefois préciser la date. Très prochainement, ajoute-t-il, les commerçants qui sont en ordre seront autorisés à réintégrer le marché. A propos du retard, il explique que la réouverture de ce marché a été retardée par le manque de moyens financiers. Néanmoins, déplore-t-il, il y a encore 811 commerçants qui n’ont pas pu payer la somme exigée pour la construction des stands. Interrogé sur leur sort, M. Ndayisenga se veut catégorique : « Nous allons travailler avec ceux qui sont capables d’honorer leurs engagements.» Concernant les faux acquéreurs de stands, M. Ndikumana reconnaît que les lamentations des commerçants sont fondées. Ce commissaire indique que les imperfections ont été étudiées et corrigées, au cas par cas. « Les commerçants lésés ont écrit des lettres de recours. Ils ont obtenu gain de cause ». Pour rappel, sur financement de l’Union européenne, six marchés de la municipalité de Bujumbura ont été réhabilités. Seuls les marchés de Jabe, Musaga, Ngagara, et Kinindo ont réouvert leurs portes. Félix Haburiyakira


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ÉCONOMIE

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Marché de Jabe

Plus de la moitié des stands inoccupés Un an après la réouverture du marché de Jabe, plusieurs stands restent fermés. Sur 2500 places que compte le marché, environ 1.500 ne fonctionnent pas.

L

undi 5 août, il est 14h au marché rénové de Jabe, réouvert en septembre 2018. Le marché est peu mouvementé. Les commerçants semblent s’ennuyer. Dans plusieurs couloirs, rien ne bouge. Les stands sont fermés. Allongée par terre, une jeune commerçante somnole. Elle tient un kiosque de vêtements pour enfants, au milieu d’un couloir qui compte une centaine de stands, tous fermés. Cette mère confie qu’elle passe facilement toute une semaine sans recevoir aucun client. C’est à peine si elle empoche 30 mille BIF par mois. A quelques mètres, dans un espace réservé aux articles vestimentaires, une dizaine de commerçants, apparemment désœuvrés, forment un groupe, parlant de tout et de rien. Contrairement aux

Plusieurs stands du marché de Jabe sont toujours fermés.

autres marchés où tout passant devient « tantine, tonton, chérie… », la situation est toute autre à ce marché de Jabe. La rareté de la clientèle saute aux yeux. « Si nous avions des moyens, nous serions partis depuis longtemps », lance un vendeur de chaussures. » Trois

autres commerçantes se déchaînent : « On s’endort, on se réveille… pas d’activités ici. » Elles indiquent perdre énormément en investissant dans ce marché. Pire, ces commerçants continuent à payer les taxes. Un vendeur explique ce vide par l’attribution des stands à des personnes qui n’exercent aucun

commerce. Ces dernières veulent vendre leurs places. Il dit avoir acheté un stand à un particulier.

Le commerce des chaussures jadis plus florissant Le représentant des commerçants du marché de Jabe, Apollinaire Ngendanzi, affirme que

sur 2500 stands, environ 1.000 fonctionnent. « Tout le reste est fermé». D’après lui, le commerce le plus florissant dans ce marché était celui des chaussures de seconde main. Plus de 50% des commerçants avaient investi dans ce business. C’est particulièrement celui-là qui faisait avancer le marché, selon ce représentant. Avec la réhabilitation du marché, explique-t-il, nombreux se sont installés au marché dit « Kwa Siyoni ». Ils ne veulent pas revenir. « Seuls ceux qui occupaient le marché provisoire de Jabe sont revenus ». Il demande à l’Etat de faire revenir, par force s’il le faut, les commerçants qui sont restés au marché « Kwa Siyoni » pour raviver ce marché de Jabe, jadis très mouvementé. Pour lui, il est dommage que les marchés privés soient plus achalandés que les marchés publics. « Il faut que les autorités fassent un effort pour convaincre les occupants de regagner le marché ». Nous avons essayé de contacter, sans succès, la mairie de Bujumbura. Clarisse Shaka

Bwiza ou le marché de chaussures Les abords des rues pavées de la zone Bwiza se sont transformés en marché de chaussures de seconde main.

D

ans la soirée, la 3e avenue du quartier Bwiza, au centre de la mairie de Bujumbura, est encombrée par le commerce de chaussures. Etalées à même le sol, elles s’imposent par leur nombre et leur variété. Il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Ce lundi 5 août, vers 19h, de jeunes femmes, pour la plupart, quelques hommes… venus de tous les coins de la capitale économique, prennent leur temps à essayer différents modèles de chaussures. Certaines sont de passage, d’autres se sont déplacés de leurs quartiers éloignés, à la recherche des chaussures « bon marché et de qualité ». Certaines sont étalées devant des boutiques où elles sont conservées, d’autres devant des habitations. Les propriétaires de ces maisons ne semblent pas le moins du monde gênés par ce mouvement. C’est plutôt un avantage pour le voisinage qui n’a pas à se déplacer en ville ou ailleurs, confiera une voisine. Une jeune femme vient d’acheter une paire de chaussures à talons. Elle vient du quartier 9 Ngagara, à environ 4 km de Bwiza. Mine satisfaite, elle confie qu’elle s’est

déplacée juste pour cette seule paire, moins chère qu’ailleurs. « Je viens de l’avoir à 10 mille BIF contre 15 à 20 mille en ville. Tu vois combien c’est joli ! », se targue-t-elle, brandissant un soulier. Deux autres jeunes femmes disent venir du quartier Kibenga, au sud de la capitale. Bwiza présente un même attrait pour tous ces citadins : de belles chaussures moins chères.

S’installer dans un marché, un luxe Aux alentours de ce « marché », des vendeurs ambulants de chaussures s’aperçoivent, évitant de s’approcher de l’endroit. D’après ces derniers, il leur est interdit de vendre les mêmes articles sur la même place que ces commerçants qui étalent et paient des impôts. « Ils nous en empêchent». Anicet, l’un des plus anciens commerçants exerçant sur cette 3e avenue, parle d’un commerce de chaussures qui date de très longtemps. Plus de 10 ans. Et de souligner que ces vendeurs ne proviennent pas du marché de

La 3e avenue de la zone Bwiza encombrée par le commerce de chaussures.

Jabe comme certains le pensent. D’après lui, ils ont commencé un à un. Au fil du temps, le nombre s’est accru. « Et nous payons des taxes régulièrement », faitil savoir en montrant de petits bouts de quittances accrochés au mur d’une boutique. Pendant la journée, explique Anicet, les chaussures restent

dans les boutiques ouvertes. Ce n’est que plus tard dans la soirée, à partir de 18h, qu’elles sont étalées sur les bords de la rue « pour attirer la clientèle ». Ces commerçants indiquent qu’ils sont là faute d’avoir les moyens de s’offrir une place dans un marché. « Parfois, ces articles sont partagés à deux, trois

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vendeurs. Ce qui est impossible au marché », fait-il remarquer, montrant un tas d’une vingtaine de chaussures. Outre ce business de chaussures florissant à Bwiza, le commerce de vêtements n’est pas en reste. C.S.


ÉCONOMIE

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Lamentations des détenteurs de vieux billets Les détenteurs de vieux billets s’attroupent devant la BRB. Nombreux sont les commissionnaires. Ceux qui habitent en province indiquent ne pas avoir été informés que les vieux billets ne sont plus en circulation. Reportage

I

l est 9h30. Sous un soleil de plomb, plus d’une soixante de personnes s’amassent devant la Banque de la République du Burundi(BRB). Elles veulent échanger leurs vieux billets. Le délai accordé par la BRB a expiré le 2 août dernier. Il n’y a pas de bancs. Certaines femmes s’assoient par terre. Épuisée, Jeanne Minani vient du quartier Kanyenkoko de la ville de Rumonge. Elle fait la queue, depuis hier, mercredi 8 août. Remontée, elle ne cache pas sa colère. «Il faut que la BRB se donne du temps suffisant pour sensibiliser la population. » Cette dernière témoigne qu’elle n’était pas au courant du changement des billets. «Ma fille m’a appelée de Bujumbura pour s’assurer que je suis au courant du changement de billets». Cette femme souligne que sa fille sait qu’elle fait la thésaurisation. Cette dernière a appris que la date limite a été annoncée à la radio, mais elle con-

fie ne pas avoir de poste-radio. Selon elle, la BRB n’a pas associé les autorités administratives locales. Ces dernières auraient relayé cette information à tout le monde. Si elles avaient communiqué cette mesure, précise-telle, j’aurais échangé mon argent à temps. Mme Minani vient échanger un montant de 700 mille BIF. Elle déplore qu’elle perd automatiquement une part de son épargne. Elle paie une décote de 5%, soit 35 mille BIF. Même lamentation Chez Evelyne Nahimana de la commune Giharo. Cette jeune femme est descendue avant-hier à Bujumbura. Elle est venue faire soigner ses yeux. « J’ai vendu ma chèvre, la semaine dernière. L’acheteur m’a donné de vieux billets », s’indigne-t-elle. Evelyne Nahimana fait savoir qu’elle ne sait pas distinguer les vieux des nouveaux billets. Par ailleurs, elle précise qu’elle n’a jamais été sur le banc de l’école. C’est lorsqu’elle payait les frais

Les détenteurs de vieux billets s’attroupent devant la BRB.

de consultation, mercredi 7 août, que le caissier l’a informée que ces billets ont été retirés de la circulation. Choquée, poursuit-elle, elle est venue dans l’après-midi. Comme il y avait beaucoup de monde, elle est rentrée bredouille. Malgré son désespoir, elle a refusé d’échanger son argent auprès des commissionnaires qui se faufilaient dans cette file d’attente.

Les commissionnaires se frottent les mains Pour James Ntahondi, il vient de la commune Kayogoro. Il veut échanger 2 millions BIF. « Je

suis ici depuis très tôt le matin. Je suis impatient », s’indigne-t-il. Ce commerçant indique qu’il ne veut pas donner la commission pour échanger cet argent. Le temps file. Il se décourage. Il ne veut pas passer une autre nuit à Bujumbura. Je n’ai pas de choix. Je veux payer 150 mille aux commissionnaires. Bouna Thian, un Malien, qui habite la zone Buyenzi vient échanger 1 million de BIF. Ce jeune homme fait savoir qu’il était parti au Mali depuis juin. Il a laissé cette somme à la maison. De son retour, il constate que les billets dont il dispose ont

été retirés. « Pour le moment, je vais perdre 50 mille pour rien». Il demande à la BRB d’accorder aux détenteurs des anciens billets au moins six mois pour les échanger. Cet endroit grouille de commissionnaires. Des liasses dans les mains, ils négocient avec les nouveaux arrivants ou ceux qui sont sur les files d’attente. Ces commissionnaires achètent de vieux billets pour ceux qui ne veulent pas faire la queue. Jean Claude nous confie qu’il s’y rend, depuis la matinée du 3 août. Il précise qu’il garde une commission de 10%. « Depuis, j’ai gagné plus de 200 mille ». Pour rappel, la BRB a émis le 2 mai dernier de nouveaux billets améliorés de 500, 2000, 5000 et 10000 BIF. Jean Ciza, gouverneur de la BRB, a donné un délai de trois mois pour mettre fin à la circulation des anciens billets. Les détenteurs des anciens billets étaient priés de les déposer auprès des banques et institutions de micro finance, qu’ils aient ou non un compte bancaire. Dépassé ce délai, le gouverneur de la BRB a averti que des pénalités seront appliquées. « Ces billets seront échangés uniquement à la BRB moyennant un décote de 5%. » Pierre Claver Banyankiye

Annonce Comité international de la Croix-Rouge Délégation de Bujumbura – Burundi Rte de l’Aéroport - Parcelle n° 3513 - B.P. 3257 Tél.: 22212908 / 22212865 - Fax: 22229837

AVIS DE VACANCE DE POSTE Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) désire recruter pour sa délégation de Bujumbura :

Connaissances, expérience et critères minimum requis :

UN(E) ACHETEUR qui assurera les tâches suivantes : •

Participer à la mise à jour des statistiques, rapports et à l’archivage des dossiers achat.

Apporter un soutien au processus d’achat conformément aux procédures et règlements du CICR.

Avoir au minimum un diplôme universitaire en logistique, gestion et administration ou un domaine similaire

3 ans d’expérience professionnelle dans un poste similaire

Effectuer indépendamment les achats ordinaires pour un ou plusieurs secteurs spécifiques jusqu’à concurrence d’un certain montant.

Effectuer des recherches sur la disponibilité des biens et services.

Capacité à travailler en équipe, sous stress, de manière indépendante

Rédiger les demandes d’offres / devis, les tableaux de sélection et les contrats et les soumet à son supérieur hiérarchique.

Très bonne connaissance du marché local

Disponibilité et flexibilité

Suivre les achats et les livraisons et vérifier qu’ils sont conformes aux spécifications et aux détails du contrat.

Maîtrise du français (écrit et parlé)

Très bonnes connaissances des outils informatiques (Word, Excel, PowerPoint, internet)

Gérer et assurer le suivi des fichiers et analyser les factures et les documents connexes.

Bonne capacité d’analyse et sens aigu de l’organisation

Les personnes intéressées peuvent déposer sous

pli fermé leur dossier de candidature à l’adresse mentionnée ci-dessus ou l’envoyer à l’adresse électronique suivante : buj_hrrecruitment_services@ icrc.org avec la mention «Candidature au poste d’Acheteur». Le dossier doit comprendre un CV (max 2 pages, avec trois références), et une lettre de motivation adressée au Chef de Délégation, les copies certifiées conformes des diplômes, les attestations de service, ainsi que tout autre document jugé utile.

v Les candidatures féminines sont vivement recommandées.

La date limite de dépôt des candidatures est fixée au mardi 13 août 2019 à 16h. Seules les personnes présélectionnées seront contactées et les dossiers déposés ne seront pas rendus. Organisation impartiale, neutre et indépendante, le CICR a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de la guerre et de la violence interne, et de leur apporter assistance. Il s’efforce également de prévenir la souffrance par la promotion et le renforcement du droit international humanitaire et des principes humanitaires universels.

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DROITS DE L'HOMME

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Ntega/Cas de viols

Entre calomnies et suspicions Seize jeunes filles du Lycée communal Murungurira à Ntega auraient été harcelées sexuellement par leur directeur. Des enseignants de cet établissement le dénoncent. Dans l’enquête d’Iwacu, des victimes ont renié l’acte. ‘‘Pudeur oblige ’’, analysent des sources concordantes. Zoom

O

uvrir des enquêtes pour des cas de viols et de grossesses sans oublier des questionnaires d’examens et des grilles de correction remis frauduleusement aux élèves par le directeur. Tel est l’objectif de la correspondance transmise, mercredi 24 juillet, au directeur de l’enseignement en commune Ntega de la province Kirundo. La lettre est signée par trois enseignants du Lycée communal de Murungurira. Les réseaux sociaux s’emparent de cette lettre. L’information défraie la chronique depuis mardi 30 juillet. Elle est poignante, un scandale. Seize élèves victimes de viols, c’est trop. Quand Iwacu s’engage pour une enquête sur ce dossier, une grande question est sur toutes les lèvres : «Quel serait ce ‘‘violeur en série’’?».

Echec d’un déroutage Les premières tentatives d’enquête sont plutôt décourageantes. De Bujumbura, Iwacu essaie les premiers contacts, avant de s’engager sur terrain. Il faut pouvoir fixer des rendez-vous avec les personnes citées dans la lettre, surtout les «victimes». A ce sujet, les enseignants signataires de la correspondance peuvent aider, pense-t-on. Cependant, sollicités, ils déclinent. «Nous allons vous aider, si et seulement si vous passez par l’administration ou les instances judiciaires de Kirundo. Sinon, ne perdez pas votre temps, vous n’aurez rien du tout.» La réponse laisse perplexe. Décidés à ne pas lâcher, les ordres de mission pour Kirundo sont signés. Au chef-lieu de la province Kirundo, les cas de viols de Murungurira sont sur toutes les lèvres mais à voix basse. Tout le monde en parle. Mais, pour toute information, il n’y a que cette lettre des trois enseignants. «Mais en tout cas, ce directeur est un cas et ce n’est pas nouveau», lâchent, entre deux gorgées de bière, de jeunes hommes. Ils se disent proches dudit directeur. Mener des enquêtes approfondies semble être une gageure. Les originaires de Ntega exerçant à Kirundo nous mettent en garde. «Aller à Ntega, cela ne vous sera pas une simple promenade de santé. A Murungurira encore moins. Des jeunes gens surveillent tout mouvement suspect». Et puis, renchérissent-ils, cette enquête est difficile à mener : «Même le procureur, le commissaire et

Certaines des présumées victimes de viol qualifient la correspondance de calomnie.

autres ont échoué. Les victimes de harcèlements citées ont refusé de leur parler». Embarrassant. Nous décidons tout de même de tenter le coup...

«Nous demandons des enquêtes» Le dossier part des inquiétudes. Au cours des examens des deux premiers trimestres, la plupart des élèves de la 3è Langues réussissent à des pourcentages très élevés. «Même ceux qui portent le bonnet d’âne obtiennent de bonnes notes», soulignent des enseignants. Des doutes,

l’on passe vite aux soupçons de tricherie. Au cours du troisième trimestre, certains élèves narguent leurs enseignants et leur racontent qu’aucun élève de cette classe n’échouera. «Le directeur nous l’a dit ainsi. Il saura comment faire», leur ont-ils dit. Or, ces enseignants savent qu’il y a, parmi les plus faibles, pas mal de filles soupçonnées d’entretenir des relations avec ce directeur. Très vite, les examens du troisième trimestre pointent à l’horizon. Trois semaines avant, le directeur demande aux ensei-

gnants de déposer les questionnaires et les grilles de correction. Certains professeurs ne cèdent pas à cette injonction. «Nous nous doutions que c’est au cours de cette période qu’il peut y avoir des fraudes. Car normalement, c’est trois jours avant le jour J». Une mésentente s’installe entre la direction et ces enseignants. Selon Jean Paul Nduwayo, l’un des enseignants, le directeur l’a appelé, lui et son collègue Philibert Rushemeza (enseignant d’anglais), pour leur demander de revoir la manière d’interroger. «Ce sera une fierté pour moi et

Le lycée communal Murungurira où se seraient commis plusieurs cas de viol.

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pour l’école que les élèves de la première promotion réussissent au maximum possible. Au contraire, ce serait un manquement de ma part», leur aurait-il conseillé. Les examens seront passés avec une surveillance renforcée. Mais avant la proclamation, un incident : la fiche des points du professeur d’anglais est falsifiée, au niveau de la case d’une certaine S. M, la première, selon ces enseignants, des élèves ’’chéries’’ par le directeur. Les suspicions se multiplieront. Iwacu a pu constater la fraude sur ladite fiche. Jean-Claude Nduwintwari et Jean-Paul Nduwayo, les titulaires de cette classe, dénonceront une fraude. Le titulaire d’anglais sera contraint de donner le palmarès original. Mais il ne sera jamais inquiété. «Et nous avons réalisé que le directeur en savait quelque chose». D’après ces enseignants, avec la proclamation, S.M et certaines des autres filles en relation avec le directeur, échoueront comme tout autre élève. Et la colère du directeur se déverse : «Jean Paul Niyomwungere a demandé aux élèves en situation d’échec de porter plainte contre les deux titulaires au niveau de la direction communale de l’enseignement pour réclamation des points». Peine perdue. En revanche, la réponse du berger à la bergère. Les deux enseignants diligentent une enquête. Des élèves, affirme Jean Claude Nduwintwari, nous parleront des cas de harcèlement sexuel et viols probable-


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ment commis dans le bureau du directeur. «En contrepartie, le directeur leur donnerait les questionnaires d’examens et les grilles de correction». Leurs enquêtes sont sans appel : seize victimes, certaines ayant déjà quitté l’établissement. La liste sera remise au directeur communal de l’enseignement. «Mais nous n’avons aucune preuve matérielle. C’est ainsi que nous demandons des enquêtes. Des enregistrements téléphoniques, des messages, des tests pour les cas de grossesses ou d’avortement, etc. peuvent faire l’affaire.» Qui a publié la correspondance sur les réseaux sociaux ? Ses auteurs l’ignorent.

Déni des viols, mais… Entre autres ’’victimes’’ de viols, S. M, une élève de la 3e année, dans la section Langues. Elle est de la colline Isusa de la zone Murungurira. Iwacu la rencontre dans la matinée de lundi 5 août, faisant de la vannerie, assise sur une natte, chez ses parents. Aux premiers abords, S. M se refuse à dire quoi que ce soit. Mais un peu rassurée, elle devient prolixe. Tout en reconnaissant une forme de harcèlement sexuel à maintes reprises, elle rejette tout viol, tout rapport sexuel avec le directeur Jean-Paul Niyomwungere. D’une voix plutôt difficilement audible, honteuse, elle marmonne : «J’ai été doyenne de l’établissement pendant 4 ans, de la 9e à la 2e Langues. Pendant ce temps, je me rendais souvent à la direction. Dans son bureau, le directeur n’arrêtait pas de me faire des avances en me disant : ’’mpa nkoreko’’ (laisse-moi faire ndlr). En vérité, j’ignore le genre auquel il faisait allusion. Je ne sais pas. Dans tous les cas, je n’ai jamais cédé à ses avances». Cette élève, loin de déculpabiliser le directeur, dénonce les mobiles qui seraient derrière les accusations contenues dans la correspondance. Pour elle, Jean-Paul Nduwayo, l’un des signataires, est pire. Elle s’en tient aux messages lui transmis par ce dernier. Au lendemain de la proclamation, le 4 juillet, lui reprochet-elle, il m’a écrit : «Condoléances S., tu viens d’être victime de ce que tu as voulu garder pour toi. Mais on verra où cela te mènera». S.M avait manqué son Certificat de fin d’études secondaires. Avec ce message, elle dit avoir compris que l’échec était dû à son refus de céder aux avances de cet enseignant. Et le message du dimanche 4 août, poursuit-elle, est venu pour lever toute équivoque : «Si tu comptes retourner à cette école, et que tu ne veux toujours pas me donner ce que je t’ai demandé, tu ne feras que perdre ton temps». Sur la correspondance, les victimes sont classées par catégorie. Il y en a trois. Des cas de viol ; des

Jean Paul Nduwayo soutient que ces messages échangés avec les élèves rentrent dans la logique d’enquête.

cas de harcèlement sexuel ainsi que des grossesses connues et couvertes par la direction. Après S.M, Iwacu est allé à la rencontre de J.U, classée dans le second groupe. Lundi, elle est dans les marais dans un champ de riz. Interrogée, elle se met à sangloter au lieu de répondre. Des larmes dégoulinent. Quelques minutes pour décharger sa colère. Et puis, très triste : «Je n’ai rien contre ce directeur. Je n’ai jamais été avec lui. Et ceux-là qui se mettent à nous calomnier, à nous vilipender, qui les avait mandatés ? Je me demande s’ils le font pour notre cause ou pour autre chose». Comme S.M, J.U accuse Jean Paul Nduwayo, un des signataires de la lettre d’y être pour quelque chose afin de se disculper. Elle raconte qu’au matin du 24 juin, cet enseignant l’appelle chez lui, pour ‘‘une information urgente’’. Arrivée là-bas, elle affirme que ce dernier tente de la violer : «Il était torse nue et ne portait qu’une serviette de bain autour de la taille. Nous étions dans son salon. Et tout d’un coup, il a tout jeté par terre. Quand il s’apprêtait à me sauter

dessus, son groom est entré. Dieu se répand comme une traînée soit loué. Je venais d’être sauvée, je de poudre. «C’est un crime qui ne peut pas se cacher». Cette suis partie». Ce jour-là, vers le soir, quand ’’victime’’ parle également de elle lui demande le sens de son l’enseignant, Jean-Paul Nduwayo. acte, il répond de manière évasive La plupart des jeunes filles menqu’il faut quelquefois se laisser tionnées dans la correspondance faire. Elle échangera beaucoup tiennent des propos presque de messages avec cet identiques. Néanenseignant. Iwacu a « Les cas de viol, moins, les enseipu se procurer de la gnants qui sollicitent plupart de ces mes- de harcèlement l’enquête persistent sexuel par le sages échangés. et signent. «Les cas Cap chez Evandirecteur sont de viol, de harcèlegeline Mizero, une ment sexuel par le une réalité à autre ‘‘ victime’’ directeur sont une notre école. » réalité à notre école». classée dans la catégorie des grossesses Des élèves du Lycée couvertes par la direction. C’est à communal Murungurira, sous Gisota, sur la colline Buringanire couvert d’anonymat rencontrés, de la zone Mugendo. Elle reste sont également de l’avis de ces cloîtrée chez elle. Elle dit avoir enseignants. peur des qu’en dira-t-on de Quand la pudeur l’entourage. «Tout le monde parle s’invite de moi ici. Je suis devenue injustement un sujet de conversation, la «Il y a dans tout cela des non-dits, risée de tout le monde», lâche-t- la tradition burundaise est pleine elle écœurée. de sujets tabous », chuchotent cer«C’est dur pour moi. Pourtant, tains camarades de ces ’’victimes’’ je n’ai jamais eu de relations sex- rencontrés à Isusa. Ils parlent de uelles avec ce directeur. Jamais.» ’’pudeur’’. En cas d’avortement, expliqueDes élèves taxent certaines t-elle, la nouvelle s’ébruite vite, de ces filles de ’’concubines’’ du

Le présumé auteur des viols habite au chef-lieu de la commune Ntega

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Directeur. «C’est un secret de polichinelle. S. M. est un deuxième bureau du directeur, c’est connu. Elle n’est pas parmi les élèves brillants. Rien n’explique comment elle a pu avancer de classe depuis son entrée au post-fondamental. Le directeur s’est toujours arrangé pour qu’elle puisse avancer de classe», confie une élève de la 2e Langues. Selon leurs témoignages, un petit matin de mai dernier, C.M, une élève de la 2e en Langues, sera réprimandée et corrigée par ses parents quand elle se permet ce jour-là de rentrer au petit matin. «Devant ses parents, cette fille a reconnu qu’elle était avec le directeur dans son bureau», raconte un élève qui assistera à cette scène. Début juin dernier, une certaine O.K, une autre ’’victime’’, poursuivent les témoignages, passe une nuit chez le directeur. «Ses parents l’ont cherché en vain. Le lendemain, au début des cours, elle s’est présentée à l’école, à moto appartenant à notre directeur et c’est ce dernier qui conduisait». Hormis ces exemples, ces élèves révèlent que Jean-Paul Niyomwungere aimait passer des weekends avec des filles de son établissement, à l’école comme ailleurs. A ce sujet, le veilleur du Lycée communal Murungurira s’est gardé de tout commentaire.

«Les enquêtes vont bon train» Suite à la publication de la correspondance, les autorités administratives, judiciaires et policières se rendent, mercredi 31 juillet, sur terrain pour mener des enquêtes. Le directeur Jean-Paul Niyomwungere est appréhendé et emprisonné au commissariat de police à Kirundo. Iwacu n’a pas pu avoir son avis sur les allégations lui reprochées. De sa part, Jean-Paul Nduwayo, l’enseignant accusé par les filles de calomnie, rejette les allégations. Il assure avoir uniquement eu de faibles relations avec une des filles sur la liste. «Car j’entretiens de bonnes relations avec sa famille depuis longtemps». Le reste des conversations avec ces élèves, soutient-il, se situe au niveau des enquêtes. «Il fallait leur parler pour récolter des informations auprès d’elles». Interrogé sur le cas de la fraude sur le palmarès, Vincent Nzisabira, le directeur communal de l’enseignement à Ntega rétorque que l’affaire est au niveau des juridictions. Quant à Gérard Niyokindi, procureur de la République à Kirundo, il soutient que le dossier est sous enquête : «Nous avons déjà interrogé quelques-unes des jeunes filles citées dans ce dossier. Mais de son côté, l’accusé réclame un avocat avant de dire quoi que ce soit». Edouard Nkurunziza


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5 RAISONS POUR INVESTIR DANS LA JEUNESSE 1. 2. 3. 4. 5.

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Les jeunes constituent plus de 60% de la population et ne parviennent pas à trouver de l’emploi dans le secteur public et privé. Ils sont par ailleurs défavorisés par rapport à l’accès aux ressources naturelles (terre), les intrants agricoles et l’accès aux financements et aux crédits par manque de garanti; La plupart des organisations des producteurs sont dirigées par des adultes et les initiatives des jeunes sont diluées au détriment des propriétaires des OP et UT; d’où le retard de développement de l’esprit entrepreneurial agricole; La population burundaise vit essentiellement de l’agriculture et les jeunes sont des acteurs importants qui puissent révolutionner ce secteur pour passer de l’agriculture de substance vers l’agribusiness (Agriculture orientée vers le marché) ; Les jeunes sont susceptibles de mieux adhérer aux technologies d’information et de communications qu’ICCO Coopération est en train d’introduire dans sa stratégie d’intervention dans le secteur de développement de la finance rurale. ex. : Digitalisation avec A-CAT ; Les politiques nationales de développement mettent un accent particulier à cette catégorie de la population, considérée comme pilier du développement du pays ; ICCO Coopération voudrait donc inciter les jeunes à s’intéresser de l’agriculture et non pas seulement la commercialisation des produits agricoles ;

elles sont les raisons majeures qui ont poussé ICCO Coopération à investir en impliquant et en touchant les jeunes à travers le programme Microfinance, Agrifinance et chaine de valeur mis en oeuvre depuis 2014 explique le Chargé de renforcement des capacités en entreprenariat à ICCO Coopération, Alexis Hatungimana. Ainsi, parmi les stratégies prônées par ICCO Coopération, citons d’une part, le renforcement et le mentorat des jeunes dans l’entreprenariat dans l’agribusiness qui consiste d’une part, à permettre aux jeunes d’acquérir des connaissances dans la création et la gestion des entreprises, dans l’élaboration des plans d’affaires mais d’autre part, dans l’apprentissage des métiers et dans les techniques agricoles améliorées . Egide Nsavyimana, un jeune orphelin de

la province de Bubanza et Sylvie Nimbona de la province de Ruyigi font partie de nombreux jeunes qui ont pu bénéficier du soutien de ICCO Coopération. « A travers le programme MAVC, Les agents de la Caisse Coopérative d'Epargne et de Crédit Mutuel CECM sont venus vers notre association Abanyamwete. Je suis le seul jeune garçon dans cette association, normalement constituée de femmes. Tous les membres de cette association, y compris moi même, avons bénéficié et profité des formations organisées grâce à ICCO Coopération. Ces formations ont porté sur les techniques agricoles et sur l’éducation financière. Grâce aux connaissances acquises, j’ai pu ouvrir un compte à la CECM. Je vous assure que cela m’a beaucoup aidé à toujours planifier mes dépenses et quelques mois après, grâce à un

outil qu’on appelle A-CAT, j’ai pu bénéficier d’un crédit de 2 millions de francs burundais. Pour moi, les retombées sont énormes. En plus de l’augmentation de ma productivité agricole, j’ai pu acheter une vache qui me donne actuellement 9 litres de lait par jour. Une partie de ce lait est consommé à la maison par les membres de ma famille et le reste est vendu chez mes voisins. J’avoue que depuis bientôt deux ans, je me sens vraiment comblé.» Même son de cloche chez Sylvie Nimbona de la province de Ruyigi. Elle se dit très heureuse et reconnaissante. « ICCO Coopération m’a d’abord permis de participer dans une formation sur les techniques de soudure, ensuite, elle m’a facilité dans l’acquisition d’un poste à souder et

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d’une meuleuse. Ces équipements sont utilisés dans un atelier de soudure que j’ai créé après la formation reçue. Je peux vous assurer que j’ai pu donner du travail à d’autres jeunes dans cet atelier, que je pourvois à mes besoins personnels et ceux de ma famille. J’ai pu fabriquer également des moulins à patte de manioc qui sont utilisés dans la transformation du manioc. Ces machines trouvent d’ailleurs facilement des acquéreurs surtout en province de Rumonge où le marché est propice.» Pour le Chargé de renforcement des capacités en entreprenariat à ICCO Coopération, Alexis Hatungimana, ces exemples de réussite sont très satisfaisants mais le besoin d’un mentorat régulier reste fondamental.


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Sasai, le nouveau joyau d’Econet leo Le leader des télécommunications au Burundi vient de mettre un nouveau produit sur le marché. Ce dernier est une application qui promet de révolutionner le secteur de téléphonie mobile au niveau national.

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ette application occupe la première place sur tout le continent africain », a indiqué Nepias Njaravaza, Directeur général d’Econet leo. C’était jeudi, 1er août 2019, lors de la présentation de Sasai, le nouveau-né dans la galerie des produits destinés à la clientèle du leader national de la téléphonie mobile. M .Njaravaza a expliqué que Sasai a été créé dans l’optique de satisfaire et de rendre la vie facile à ses clients. C’est avec la collaboration de Cassava Fintech, partenaire de longue date d’Econet leo, que ce chef-d’œuvre a pu voir le jour. Ainsi, cette plateforme combine trois fonctionnalités : Chatter, payer et explorer. Avec la première fonction, l’usager pourra

Avec Econet Leo,l'industrie de télécommunications ne va plus ,désormais,être la même au Burundi

écrire des messages, faire des appels simples ou vidéo jusqu’à cinq personnes. La seconde permettra de faire des achats ou des paiements en ligne. Quant à la troisième, son utilisateur aura la

possibilité de faire de différentes recherches, notamment écouter de la musique ou visionner des clips vidéo. « SASAi est accessible pour toute personne résidant sur le territoire

burundais mais la fenêtre des paiements en ligne est exclusivement pour les usagers du service d’EcoCash », a nuancé M. Njaravaza. En outre, il a affirmé que son entreprise ne ménagera

aucun effort pour satisfaire sa clientèle. Par ailleurs, il a profité de cette occasion pour rappeler les récentes mesures prises par sa compagnie dans le but de répondre aux exigences des clients. « En considérant les conclusions de Tubwire, un sondage fait par Econet pour ses clients, nous avons diminué les frais d’EcoCash de 16% et les tarifs d’appel de 20%. »Et d’ajouter, qu’avec Econet leo, l’industrie de télécommunication ne va plus, désormais, être la même. Wood Gitobu , Directeur de Cassava Fintech, s’est dit honoré d’être à la tête d’une équipe à l’origine des solutions innovantes sur le marché burundais. « Nous ne cesserons jamais de proposer des alternatives technologiques pour aider nos clients dans leurs transactions financières de tous les jours » Avec ses 3 millions d’abonnés, Econet leo reste le plus vaste de tous les réseaux de téléphonie mobile au Burundi. Elle est à 100% une filiale du groupe Econet. Un des plus grands groupes en Afrique de par sa croissance rapide en télécommunication. Il est présent dans plus de 15 pays en Afrique Sub–saharienne, au moyen Orient et en Europe.

ENVIRONNEMENT

Kabezi : Pénurie d’eau potable depuis un mois La commune Kabezi de la province Bujumbura vit la pénurie récurrente d’eau potable. 800 ménages en sont privés, depuis un mois. La population redoute les maladies des mains sales.

N

ous sommes à l’Hôpital du district sanitaire de Kabezi. Il est 10h. Le soleil tape fort. Les patients entrent un à un. Ce mardi 6 août, une situation inhabituelle : le dispositif qui permet de se prévenir de l’Ebola par le lavage des mains avant d’entrer n’était pas fonctionnel. «L’hôpital est frappé par une pénurie d’eau. Il y a deux semaines que tous les robinets de cet hôpital sont à sec », commente un des infirmiers. « Une situation dangereuse pour la santé de la population et du personnel de l’hôpital », renchérit son collègue. Cet établissement était jusquelà épargné. Pour les ménages et les restaurants, c’est le calvaire. Il est 11 heures au chef-lieu de la commune. Les habitants vaquent normalement à leurs activités. Les restaurants et cafétérias sont ouverts. Des clients sollicitent de l’eau à boire mais n’en trouvent pas. Seule l’eau du Lac Tanganyika est disponible. La pénurie d’eau

potable reste sur toutes les lèvres. Les habitants de la commune Kabezi, principalement la zone Kabezi, viennent de passer tout un mois sans qu’une goutte d’eau potable ne coule dans les robinets publics. Dominique Ndabazaniye, père de cinq enfants, raconte que trouver de l’eau à boire est un cassetête. « Nous effectuons de longues distances à la recherche de l’eau. Un bidon de 20 litres se vend actuellement à plus de 500 BIF. Cela constitue un problème pour le petit paysan qui gagne difficilement son pain quotidien », se désole-t-il. Et d’ajouter que certains commencent à se rabattre sur l’eau du Lac Tanganyika qui est impropre.

La peur des maladies est permanente N.P. tient un restaurant en face du marché de Kabezi. Aucun bidon d’eau potable n’est disponible. Elle déplore une situation néfaste à la santé et qui met

Vue partielle du centre de Kabezi

en péril son business. « La situation est devenue insupportable. L’eau potable est devenue une condition posée par le client avant de demander à manger faute de quoi il rebrousse chemin ». Ce manque criant d’eau potable inquiète la population. « Notre commune est vulnérable car secouée de temps en temps par l’épidémie de choléra. Si rien n’est fait, nous allons vivre le même calvaire », témoigne Joseph Ndayizeye, commerçant. Antoine Nicizanye, chef de col-

line Kabezi, déplore lui aussi l’ampleur du problème et redoute la résurgence du choléra. Pour lui, 800 ménages sont privés d’eau potable, ce qui constitue un danger mortel pour la population. Cette autorité précise que les sources aménagées dans les montagnes surplombant le chef-lieu de la commune ont tari. « Nous sommes en train de mener des enquêtes pour voir si il n’y aurait pas des gens qui ont détourné ces sources

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afin d’irriguer leurs champs ». Cet administratif lance un appel vibrant aux hautes autorités pour trouver des solutions à ce problème « devenu chronique». Il demande au service en charge de la distribution de l’eau potable d’intervenir dans les plus brefs délais avant que les maladies liées à la saleté n’apparaissent. Jérémie Misago


ENVIRONNEMENT

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Le lac Tanganyika « parle » Pollution du lac, constructions anarchiques dans sa zone tampon, menaces sur sa biodiversité … Via son livre, «Conseil du lac Tanganyika », Albert Mbonerane se fait l’avocat du lac. Rencontre.

la réhabilitation de la station d’épuration des eaux usées de Buterere en panne depuis un certain temps. Ce qui signifie que les déchets liquides se retrouvaient dans le lac sans traitement. Cette station à l’arrêt constitue une des grandes menaces. Si Buterere est réhabilitée, Tanganyika va un peu respirer.

V

Est-ce suffisant pour dire que le lac est réellement protégé ?

ous avez sorti un livre, ‘’ Conseil du lac Tanganyika’’. Pourquoi ?

Non. Il y a d’autres activités qu’on aurait pu programmer. Mais, il doit toujours y avoir un début. Peut-être qu’avec le lancement de ce projet LATAWAMA, d’autres partenaires vont investir dans les activités de protection de ce lac.

(Rires). C’était en 2008, le Pape émérite Benoit XVI a dit une phrase qui m’a beaucoup touché : ‘’La terre nous parle, écoutons ce que la terre nous dit si nous voulons survivre’’. Après, j’ai décidé alors de faire un exercice d’écouter ce que dit ce lac et d’être son messager, son avocat. D’où le titre : Conseil du lac Tanganyika. Les membres dudit conseil étant Tanganyika (président) et tous ses affluents.

Lesquelles ?

Quel est le message ? Bref, nous avons besoin de ce lac. Et vice-versa. Il devrait alors y avoir une cohabitation pacifique. Là, nous devrions nous demander : qu’est-ce que nous faisons pour que notre ami – le lac Tanganyika- garde une bonne santé ? On se plaint souvent qu’il n’y a pas de poissons en abondance, d’eau potable, etc. Or, c’est nous qui lui servons des déchets de tout genre. A son tour, il n’a pas d’autres choix que de nous donner de l’eau polluée, des poissons dangereux pour notre santé (le tilapia et le poisson-chat par exemple), … Ces deux poissons font partie des espèces tolérantes et résistantes qui se nourrissent des produits très polluants comme les métaux lourds (le plomb, le chrome, etc.) en provenance des usines, des stations-service, des ménages des quartiers proches du lac Tanganyika. Ils s’acclimatent à la pollution des eaux. Dans votre ‘’livre’’, vous dites que la situation est insupportable. Comment ? Oui. Elle est très alarmante. Tout est lié à ce qu’on appelle l’action humaine. Tous ces déchets tant solides que liquides proviennent de nos ménages, industries, etc. Des constructions anarchiques sont nombreuses et se poursuivent. Or, l’article 5 du Code de l’eau du 26 mars 2012 précise que Tanganyika a besoin, au minimum, d’une zone tampon de 150 m. Or, pour tourner, n’importe quelle industrie a besoin de l’eau

propre. Idem pour boire, préparer de la nourriture, se laver, faire la lessive, etc. Peu d’industries que compte le Burundi est installé à Bujumbura, non loin du lac. A Rumonge, des unités artisanales de production d’huile de palmier sont placées tout près des rivières telles Dama, Murembwe, etc. Toutes les deux se déversent dans ce lac.

mon avis, c’est incompatible. A nous de choisir. Si on opte pour les hydrocarbures, nous devons obligatoirement trouver un autre moyen d’importer de l’eau, des poissons et d’autres espèces aquatiques. Quelles sont les conséquences d’une telle situation ?

Elles sont dangereuses. Malheureusement, on n’est pas conscient de ce danger. Avec l’effet de la sédimentation, Je fais allusion aux études beaucoup de terres envahissent ce d’exploration des lac. Ces alluvions hydrocarbures l’espace « L’article 5 du occupent prévues dans le qui était réservé Code de l’eau lac Tanganyika. aux eaux de Comment est-ce bonne qualité du 26 mars qu’on peut investir ou des zones de 2012 précise dans une telle étude frayère. C’est là que Tanganyika que les poissons sans penser aux méfaits d’une telle pondent leurs a besoin, au entreprise ? pour se minimum, d’une œufs Alors si nous lui multiplier. Avec zone tampon de la pollution, les demandons de l’eau potable, des poissons sédiments … les 150 m.» et d’autres êtres poissons sont aquatiques, est-il obligés de fuir. capable de nous servir en même Dans les années 1980-85, la temps des hydrocarbures ? A Regideso captait de l’eau à 1,8 Vous parlez aussi de menaces industrielles...

Elles sont nombreuses. Mais, par priorité, je proposerais la protection des rivières qui alimentent le lac Tanganyika (ses affluents). Cela pourra contribuer à diminuer les effets de sédimentation. Il est important aussi de stabiliser leur lit. Car, ces rivières se plaignent que leur zone tampon est envahie, dénoncent des extractions abusives de matériel de constructions, des carrières, etc. Or, l’article 5 du code de l’eau stipule qu’une zone tampon d’au moins 25 m doit être respectée de part et d’autre de chaque rivière traversant la ville de Bujumbura. Le lit majeur doit être protégé. Ces activités d’extraction des carrières, du moellon … détruisent les lits. Et km. Mais aujourd’hui, elle est les impacts touchent d’abord obligée d’envoyer ses tuyaux capter l’eau à 3,5 les infrastructures, km vers les eaux « Soyons de bons mais aussi le lac congolaises. Ta n g a n y i k a . Il intendants de ce faut améliorer les Bientôt, si nous trésor que Dieu pratiques agricoles continuons à y jeter des déchets, et la lutte contre a mis à notre des sachets en l’érosion. Il est disposition.» plastique … cette également nécessaire entreprise se de protéger les verra obligée d’aller jusqu’à 7 km. montagnes surplombant la ville. Et là, on sera déjà à la frontière avec la RDC. Il y a risque de Quid de la gestion des conflit. déchets ménagers ? Heureusement, il y a le projet qui va s’occuper de la gestion des eaux du lac Tanganyika ? Effectivement. Il s’agit du projet LATAWAMA (Lake Tanganyika water management) financé par l’Union Européenne (UE) à hauteur de 6,9 millions d’euros. Je suis très content de voir que tout en étant loin de ce patrimoine, l’UE a pris une telle initiative. Le projet concerne les quatre pays riverains du lac (Burundi, Tanzanie, Zambie et RDC) et le Rwanda. Au Burundi, il se focalisera sur

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Il faut que le gouvernement prenne des mesures pour qu’il n’y ait plus d’entreposage de déchets domestiques ménagers au bord de ces rivières. Il y a enfin une urgence d’avoir un dépotoir moderne susceptible d’accueillir les déchets, créer un site de décharges bien approprié de triage de déchets. Et cela incombe en premier lieu au gouvernement. Bref, soyons de bons intendants de ce trésor que Dieu a mis à notre disposition. Propos recueillis par Rénovat Ndabashinze


AU COIN DU FEU

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Avec Léonard Nyangoma Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Léonard Nyangoma.

V

otre qualité principale ? Constance et persévérance de conviction pour les bonnes causes Votre défaut principal ? Très confiant dans l’avenir La qualité que vous préférez chez les autres ? L’honnêteté Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? Trahison et perfidie La femme que vous admirez le plus ? Ma femme (mais la question est personnelle) L’homme que vous admirez le plus ? Fidèle Castro (personnelle) Votre plus beau souvenir ? La victoire de notre candidat aux présidentielles le 1er juin 1993

Votre lieu préféré au Burundi ? Rutundwe ma colline natale Le pays où vous aimeriez vivre ? Le Burundi

Votre plus triste souvenir ? Le coup d’Etat sanglant et l’assassinat du Président Ndadaye Melchior le 21 octobre 1993

Le voyage que vous aimeriez faire ? Viet Nam, Cuba ou Danemark

Quel serait votre plus grand malheur ? Le Burundi en régression

Votre rêve de bonheur ? Une Afrique digne, unie, prospère et indépendante

Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? La victoire des guerriers burundais de Mwezi Gisabo contre les envahisseurs esclavagistes arabes conduits par Rumaliza La plus belle date de l’histoire burundaise ? Le 1er juillet 1962 et le 1er juin 1993 La plus terrible ? Le 29 avril 1972 et le 21 octobre 1993 Le métier que vous auriez aimé faire ? Professeur Votre passe-temps préféré ? Marche et lecture

Votre plat préféré ? Légumes et légumineuses Votre chanson préférée ? CNDD n’Inama y’Igihugu Igwanira Demokarasi nyakuri, l’hymne de mon parti Quelle radio écoutez-vous ? Je n’ai pas de préférence particulière pour telle ou telle autre radio; la plupart des médias sont devenus des médias mensonge, comme les nomme Michel Collon, des relais de la propagande des Etats ou des associations parfois téléguidées par des puissances impérialistes. Deux exemples types vous suffiront: le cas du Burundi ou tout medium plus ou moins indépendant a été banni de l’espace médiatique. D’un autre côté, connaissez-vous

L’indépendance est un tout qui combine l’émancipation coloniale politique, économique, sociale et culturelle d’un peuple anciennement colonisé et dominé, quel que soit l’acteur exerçant ladite domination. Dans mes discours lors des commémorations de la date anniversaire de l‘indépendance du Burundi le 1er juillet, j’explique régulièrement la signification de l’indépendance. L’indépendance, ce n’est pas seulement le drapeau, les armoiries ou l’hymne qui symbolisent et magnifient le pays. Il est plus juste de dire que tel pays est réellement indépendant si ses habitants s’auto-suffisent sur les plans alimentaires, énergétiques, économique, culturelle, etc.; quand ils peuvent disposer des ressources nécessaires à leur vie, sans devoir quémander et recevoir de l’assistance quasi vitale: c’est dire quand ils peuvent avoir beaucoup de média en occident des aliments suffisants propres «démocratique» qui auraient à soutenir leur santé et même dénoncé le mensonge américavoir des réserves ; quand ils ont ain quand une guerre dévastaun logement ; quand ils peuvent trice a été engagée contre l’Irak tous se faire soigner et poursuivre de Saddam Hussein pour la fallaleurs études jusqu’aux limites de cieuse et mensongère détention leurs potentialités, disposant de d’armes à destruction massive? Je ce qui est communément appelé pourrais en citer des tas d’autres des services sociaux substantiels, cas, Libye, Côte d’Ivoire, etc. et non de base. C’est également quand ils ont Avez-vous leur identité culturelle propre : une devise ? leur langue et leur religion non Démocratie, Dignité et prosempruntées des autres (jusqu’à périté leurs noms); «Si la démocratie quand ils ont Votre souvenir politique va de pair confiance en eux du 1er juin 1993 ? avec les élections, et ne tolèrent pas Souvenir d’un d’être dominés ces dernières n’en par des étrangers mélange de bonheur d’une victoire ou par quiconque sont qu’une des éclatante pour un formes définitoires y ressemble; radical changequand ils défenment historique ou son expression. » dent leur pays et au Burundi et consentent pour d’inquiétude que lui des sacrifices, les forces rétrogrades et conserjusqu’au sacrifice suprême en vatrices allaient mal digérer et cas de nécessité. L’autre critère laisser advenir et se consolider d’indépendance, c’est le fait que ce changement qui les sevrait les citoyens aient droit à la parole de juteux avantages illégaux et et s’expriment librement, ce qui illégitimes indus. donne à leur pays une audience et une stature internationale Votre définition de respectables. l’indépendance ? Les autres indices de Je préfère expliquer l’indépendance d’un pays sont : l’indépendance et non la définir. le degré de patriotisme dont font

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preuve les citoyens dans leur vie quotidienne ; l’unité entre les gens, entre les régions et les groupes sociaux (souvent qualifiés faussement des ethnies) qui le composent. Nous insistons sur cette question de l’unité au sein de la population, car, toutes les puissances colonialistes ont utilisé le principe colonial de diviser pour régner; la division «ethnique» notamment, afin de nous dominer pendant que nous nous entre-déchirions, comme ce fut le cas ici au Burundi; ces divisions nous ont laissé des séquelles qui n’ont pas encore tout à fait disparu ou plutôt sont exacerbées et exploitées à divers moments par des apprentis politiciens véreux en panne d’idées. En résumé, l’indépendance est la conquête, puis l’état de l’exercice permanent et de la jouissance de la souveraineté sous toutes ses dimensions : politique, militaire, diplomatique, économique, monétaire, scientifique, sociale, culturelle, linguistique, spirituelle. Votre définition de la démocratie ? La démocratie dans un Etat souverain (car la démocratie est inconcevable dans un pays sous domination coloniale ou néocoloniale, cas actuel de la majorité des pays africains) peut être définie comme le pouvoir de décision de la majorité dans une collectivité donnée (entreprise, famille, école, colline, commune, syndicat, parti politique, nation…) sur toutes les questions intéressant la vie de cette entité ou collectivité. Une véritable démocratie épouse deux formes complémentaires et indissociables : la démocratie politique au sens classique et la démocratie économique et sociale. La démocratie politique est la plus connue, elle est formalisée par les pactes internationaux des droits politiques et civils ; c’est par elle que les membres d’une collectivité désignent leurs dirigeants. Si la démocratie politique va de pair avec les élections, ces dernières n’en sont qu’une des formes définitoires ou son expression; elle suppose également la tolérance des différences idéologiques, sociales, culturelles


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AU COIN DU FEU

et politiques. Cette démocratie restera incomplète dans une collectivité, dans une société inégalitaire sans justice sociale ou sans justice tout court, en l’absence de ce qu’on nomme habituellement Etat de droits démocratique. Cela veut dire que la démocratie, pour être complète, doit se vivre réellement et permettre notamment une répartition équitable des richesses d’une collectivité, d’un pays ou du monde. La démocratie économique et sociale suppose la satisfaction des besoins sociaux de tous les membres de la collectivité. Ce genre de démocratie est fondé principalement sur la coopération entre les acteurs de la production. La propriété des moyens de production cesse d’être monopolisée par une minorité : tout doit être mis en oeuvre pour que le pouvoir de décision soit partagé par le plus grand nombre de personnes concernées à travers des mécanismes de participation à la planification, à la gestion de la collectivité. Cette deuxième forme de démocratie, économique et sociale, est formalisée au niveau international par les pactes internationaux relatifs aux droits socio-économiques. A titre d’exemple, nous pouvons considérer que les pays nordiques comme la Suède, le Danemark ont une bonne approche et combinaison des deux formes de la démocratie politique et socioéconomique; ils ont les meilleurs indices de développement humain dans le monde. Parmi les pays du Sud, le pays qui pratique avec beaucoup de succès la démocratie socio-économique est le Cuba, malgré l’embargo économique injuste que lui impose la première puissance économique du monde depuis plus de 50 ans. Ce petit pays, selon les rapports les plus récents du PNUD sur le développement, se classe parmi les dix premiers pays au monde ayant atteint les meilleurs indices de développement humain; il a fondamentalement réduit les inégalités sociales qui minaient le pays à l’époque des dictatures ou des démocraties de façade électoraliste. Votre définition de la justice ? La justice se définit comme un concept philosophique, juridique,

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Un moment de convivialité avec l’ancien ambassadeur de la Tanzanie au Burundi en marge du dialogue à Ngurdoto.

moral fondamental en vertu duquel les actes humains doivent être sanctionnés ou récompensés en fonction de leur mérite au regard du droit, de la morale ou d’autres sources normatives de comportements dans une société. Quoique la justice soit un principe à portée universelle, le juste apparaît pouvoir varier en fonction de facteurs culturels. En tant qu’institution, elle est jugée fondamentale pour faire respecter les lois de l’autorité en place, légitime ou pas. La justice est censée punir quiconque ne respectant pas une loi au sein de sa société avec une sanction ayant pour but de lui apprendre la loi et parfois de contribuer à la

L

réparation des torts faits à autrui, au patrimoine privé ou commun ou à l’environnement. Mais, il faut comprendre par-là qu’une justice équitable ne peut fonctionner que dans un Etat souverain et démocratique. Un état de droit n’est pas nécessairement démocratique. Si vous étiez président de la République, quelles seraient vos deux premières mesures Voici les deux premières mesures que mon parti le CNDD appliquera, dès le lendemain de notre victoire électorale. Il s’agira, dès le lendemain de la victoire, de mettre en route les mesures suivantes :

- Mesure pour restaurer un climat d’apaisement, de confiance et de sécurité dans tout le pays : l’absence de mesures concrètes pour décrisper le climat politique telles la libération des prisonniers politiques, l’annulation des poursuites judiciaires engagées contre les leaders des partis membres de l’opposition, la dissolution immédiate des milices, l’annulation des faux congrès qui ont abouti à déposséder les partis de leurs véritables leaders et la dissolution de toutes les dissidences créées dans le cadre de cette politique dite de nyakurisation, le retour dans des conditions de sécurité et de dignité de tous les réfugiés et des leaders politiques et de la société civile encore en exil, etc. - Organiser une conférence nationale de réconciliation pour jeter les bases et les fondements d’un Etat nouveau et moderne ; Si vous étiez ministre de l’Education, quelles seraient vos deux premières mesures ? Le ministre de l’éducation ne pourra prendre que des mesures définies par son parti ou la coalition de partis dont il est membre. Ainsi le ministre de l’éducation issu du CNDD prendra les deux premières mesures suivantes : - Porter le budget de l’éducation nationale, de la formation et de la recherche scientifique et technologique à 20% du budget national et déterminer, après une large consultation des acteurs clefs de la société burundaise,

les besoins en formation à court, moyen et long terme et engager ensuite, avec les professionnels de l’éducation, des universités et de la recherche, une vaste réflexion sur la refondation de l’enseignement et de la recherche afin de déterminer les finalités, les programmes, les moyens et les modalités organisationnelles de la Nouvelle Ecole pour le Développement (NED). - Connecter toutes les universités, les instituts d’enseignement supérieur, les lycées et les collèges au réseau internet. L’énergie solaire sera la source principale d’énergie. Croyez-vous à la bonté humaine ? La personne humaine est de naissance naturellement bonne. C’est la société qui corrompt l’homme, comme le philosophe français Rousseau l’a bien dit ou alors l’adage kirundi selon lequel ubana na suneba agusuneba nkawe Pensez-vous à la mort ? Ce n’est pas ma préoccupation première sinon j’arrêterais d’agir! Si vous comparaissiez devant Dieu, que lui diriez-vous ? Je ne réponds pas à ce genre de question spéculative qui ne correspond à rien de vraisemblable! Propos recueillis par Egide Nikiza

Bio express

éonard Nyangoma est l’un des membres fondateurs, aux côtés de Melchior Ndadaye, du parti Sahwanya Frodebu en 1988. Il est né à Rutundwe en province de Bururi le 31 décembre en 1952. Après l’obtention de sa licence en mathématiques avec distinction en 1979 à l’Université du Burundi, Léonard Nyangoma est nommé préfet des études à l’Ecole normale de Rutovu en province Bururi. Principal entraîneur d’athlétisme de cet établissement, de 1979 jusqu’en 1988, il l’aidera à remporter 18 coupes nationales et régionales. De 1980 à 1988, Léonard Nyangoma dirige la branche du Syndicat Union des Travailleurs du Burundi (UTB) au comité interprofessionnel dans la province de Bururi. Il en sera le secrétaire général adjoint au niveau national de 1988 jusqu’en 1991. M. Nyangoma participera aussi de 1985 jusqu’en 1992 à la création de la première ligue burundaise des droits de l’homme, la Ligue ITEKA, ainsi que du premier Syndicat Libre des Enseignants du Burundi (SLEB). A l’issue des élections de 1993 qui consacra la victoire à son parti, le Frodebu, Léonard Nyangoma est élu député dans la circonscription de Bururi. Dans le gouvernement du président Ndadaye,

il hérite la fonction de ministre du Travail, de la Fonction publique et du Rapatriement des réfugiés. Il sera aussi ministre d’Etat chargé de l’Intérieur et de la Sécurité publique dans le gouvernement du président Ntaryamira. Léonard Nyangoma fondera le 24 septembre 1994 le Conseil National pour la Défense de la Démocratie (Cndd), un mouvement rebelle pour faire face à l’armée régulière alors dominée par des Tutsi. En 1996, il sera le chef de la délégation du Cndd aux négociations avec le pouvoir du président Buyoya sous la médiation de la communauté Saint Egidio à Rome. Il signera le 28 août 2000, au nom du Cndd l’Accord d’Arusha. Aux élections de 2005, Léonard Nyangoma sera élu sous la bannière du parti Cndd, conseiller en commune Songa puis réélu député dans la circonscription de la province Bururi pour un mandat de cinq ans. Léonard Nyangoma sera désigné le 31 juillet 2015 à la tête du Cnared, plateforme de l’opposition burundaise opposée au troisième mandat du président Nkurunziza.

Annonce AVIS D’APPEL D’OFFRE POUR LE RECRUTEMENT D’UN(E) LOGISTCIEN Dans le cadre de l’exécution du projet qui s’intitule « Twiteho Amagara ». HealthNet TPO désire recruter un(e) logisticien . Ce poste est à pourvoir pour une durée de 12 mois et est basé à Bujumbura au Burundi avec des déplacements sur le terrain dans les provinces de Cibitoke, Kayanza et Ngozi. Les termes de référence détaillés sont affichés au tableau à l’entrée HealthNet TPO situé

dans le quartier Rohero I : Avenue Muyinga n°17 Tél ; +257 22 24 77 87/ +257 75 24 77 87 ou visiter le site : www : healthnettpo.org Pour postuler, veuillez envoyer votre CV (maximum 3 pages) et votre lettre de motivation (maximum 1 page) à : rf@burundi.hntpo.org , copié à cdc@burundi.hntpo. org, au plus tard Lundi 19 Août 2019. Les candidatures seront examinées au fur et à mesure qu’elles seront reçues et ce, avant la date limite.

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Veuillez inclure dans le sujet de votre email: « Logisticien » Tout dossier ne respectant pas le minimum requis (Lettre de motivation, CV actualisé, niveau d’étude, expérience…) ne sera pas considéré. Les candidatures féminines sont fortement recommandées


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Région Centre

AU CŒUR DU PAYS

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Gitega

Les vacanciers ne chôment plus

Les élèves se rencontrent dans les centres d’encadrement pour des activités éducatives. Les parents se frottent les mains. De notre correspondant Jean-Noël Manirakiza

A

lliance franco-burundaise, American Corner de Gitega, etc. Si ce n’est pas pour approfondir les connaissances dans la langue de Molière, ils apprennent la langue de Shakespeare, s’initient à l’informatique gratuitement. Des séances de lecture, des débats ouverts, des vidéos-forums, des colonies de vacances occupent les enfants. Le seul problème, c’est le nombre des demandeurs qui dépassent la capacité d’accueil. « Parfois nous devons les partager en groupes pour que tout le monde apprenne quelque chose », souligne Lydia Nzitunga, une des responsable du centre American Corner de Gitega. Ils sont par catégorie d’âges : ceux qui sont entre 7 et 13 ans apprennent l’anglais élémentaire. Pour ne

Région Nord

Groupe d’enfants jouant au football dans l’enclos d’Alliance franco-burundaise de Gitega.

pas les surcharger, ils clôturent l’activité par des jeux et des dessins animés en anglais. D’après cette responsable, l’initiative vise l’encadrement pendant les grandes vacances en vue de lutter contre la délinquance juvénile. « Des jeunes adultes suivent des leçons en informatiques et des cours de leadership sont dispensés par des encadreurs volontaires qui enseignent dans des lycées de Gitega », ajoute-t-elle. A l’Alliance franco-burundaise, l’ambiance est la même. Lecture, culture, divertissement, créativité, découverte sont au menu quotidien. Dans la bibliothèque,

la salle de télévision, dans la cour intérieure, les enfants sont toujours nombreux. Les jeunes vacanciers ne s’ennuient pas. Ceux qui ne jouent pas au football, lisent ou regardent la télévision. « Pour les jeunes enfants, nous favorisons les activités ludiques pour qu’ils ne se sentent pas comme en classe. Et pour les adultes, nous les initions à l’informatique », a indiqué Dieudonné Nshimirimana, encadreur animateur.

Fini les querelles à la maison avec les parents Pour les parents, c’est la satis-

faction totale. A Gitega, les parents craignent pour leurs enfants d’être emportés par l’alcool, les drogues, la délinquance juvénile. Selon eux, l’encadrement des jeunes pendant les grandes vacances éprouve généralement les parents. « Les jeunes ont besoin d’une bonne éducation, pour se préserver de la délinquance susceptible de les désorienter », a expliqué Léonce, parent d’une petite fille. Pour le moment, ils profitent du temps des vacances pour les envoyer vers les centres pour jeunes, limitant ainsi leur affolement dans la délinquance.

« J’ai des enfants turbulents. Avant, les domestiques restaient sur le qui-vive. Maintenant, ils ont de quoi faire avec les autres », souligne Venuste un parent de deux enfants. D’après lui, le seul souci est d’aller les prendre à midi sinon ils restent le cœur tranquille en ne se préoccupant pas de l’endroit où ils seraient allés la journée. « A vrai dire même si c’était pour payer de l’argent, je le ferais car les périodes de vacances sont très difficiles pour nous. Des coups de fil à chaque moment pour demander aux domestiques où ils sont, s’ils ne sont pas en train de se bagarrer, etc », a reconnu Isidore. Quant aux enfants, ces centres sont utiles pour apprendre sans toujours avoir la peur au ventre d’être examinés le lendemain. « Je sais comment s’appelle mes parties du corps, saluer quelqu’un et énumérer les nombres jusqu’à 1000 en anglais », déclare Ornella, 7 ans. Et Kenty Don Noël Irumva ,11ans, de compléter : « Si je suis à la maison, je n’ai rien d’autre à faire que de rester à la télévision. Ici, je rencontre les autres enfants. Nous jouons, nous lisons, nous apprenons le français surtout parlé. C’est très riche !»

Ngozi

La ville héberge plus de trois mille jeunes Depuis 2007, l’Eglise catholique organise chaque année un forum national des jeunes. Pour la 13ème fois, du 5 au 9 août 2019, ce forum se tient dans la vallée de Vyerwa, en commune et province Ngozi. Il rassemble plus de trois mille jeunes de tous les coins du pays. Ils sont tous logés dans les familles catholiques. De notre correspondant Apollinaire Nkurunziza

J

’avais soif de voir ce forum se réaliser. On nous communiquait régulièrement, nous invitant à nous préparer pour accueillir les jeunes des autres diocèses. Alors, j’ai reçu deux jeunes garçons », précise un fidèle de la paroisse cathédrale trouvé à Vyerwa, le deuxième jour, qui indique être venu récupérer ses hôtes à la fin de la séance journalière. La joie est également grande chez Anésie, une femme chrétienne habitant la colline Camugani. Elle se dit bientôt nouer une grande amitié avec celle qu’elle a accueillie. « Recevoir un inconnu, c’est recevoir Dieu lui-même chez soi », se résume Anésie, promettant d’honorer la demande de son hôte de l’aider à faire le tour de la ville de Ngozi.

Pour ces jeunes venus d’ailleurs, le forum est une bonne opportunité de vivre l’amour que prône l’Evangile. Et en plus, c’est une meilleure occasion qui s’offre de découvrir Ngozi. Hervé A. du diocèse de Gitega dira, plein de joie, que « l’amour de Dieu est déjà là ». « Je ne m’imaginais pas qu’on puisse trouver un accueil chaleureux chez les Burundais comme celui qui m’a été témoigné. »

Les demandes dépassent les offres Lundi, 5 août, une foule de catholiques était amassée au terrain de football de Vyerwa à la fin des cérémonies d’ouverture du forum. Ils attendaient tous, quelques uns impatients, de recevoir des jeunes à héberger. Cependant, il y en a qui sont rentrés bredouille. « Je suis vraiment désolé. Je m’étais fait inscrire à la paroisse parmi les premiers pour

Des jeunes en provenance de tous les diocèse suivent des enseignements au stade Vyerwa de la commune Mwumba.

recevoir deux jeunes. Mais voilà que je ne reçois personne», se lamente un chrétien de Rusuguti. Il se plaint que quelqu’un ait pris dix enfants. Pour lui, il serait commode de les partager avec les autres. Et ainsi, recevoir la bénédiction divine, le fruit de l’amour. Le curé de la paroisse cathédrale de Ngozi, Abbé Silas Nyandwi,

avoue avoir été excédé par le geste d’amour de ses paroissiens. « J’avais assez d’inquiétudes quant au logement de 3 400 personnes prévues. Ce qui était très inquiétant, au premier temps, la liste de ceux qui voudraient les recevoir ne s’allongeait pas. » Il indique avoir eu à se pencher sur le plan B : « Loger plus d’une centaine dans

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les salles de la paroisse. » Et des fidèles avaient collecté des vivres pour les nourrir. « A notre grande surprise, le jour de l’ouverture, il y en a qui ont manqué les jeunes à loger et qui se lamentaient. » Pour le curé de la paroisse Ngozi, « les chrétiens burundais ont déjà compris l’universalité de l’Eglise et la fraternité entre les chrétiens. »


AU CŒUR DU PAYS

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Rumonge

Région Sud

La crainte du virus Ebola est ressentie Les mouvements transfrontaliers entre la province de Rumonge et les différentes localités du Sud Kivu par le lac Tanganyika inquiètent beaucoup de gens suite à la frontière poreuse. Ils demandent que des centres de diagnostic du virus Ebola soient multipliés sur les différents points d’entrée pour renforcer la prévention. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

L

a province de Rumonge s’étend sur le lac Tanganyika sur une distance de plus de 60 Km et beaucoup de points d’entrée ou sortie s’observent. Des gens embarquent ou accostent à n’importe quel point d’entrée en provenance de la R.D.C avec une pirogue, sans passer sur des points d’entrée où des centres de diagnostic du virus Ebola ont été placés. La crainte augmente chez plusieurs personnes suite à la présence de la maladie à virus Ebola dans la ville de Goma qui est la capitale du nord Kivu. Surtout que les échanges commerciaux entre Goma et Bukavu qui est la capi-

SPORT

tale du sud Kivu sont nombreux. Elles sont surtout inquiètes des gens qui apportent surtout du poisson et d’autres produits. Les points d’entrée sont tellement nombreux qu’il faut une large sensibilisation afin que toute la communauté soit consciente de la gravité du virus Ebola. La population propose qu’il y ait une surveillance accrue des mouvements transfrontaliers de jour et de nuit sur ces points d’entrée en impliquant surtout ceux qui résident près de ces centres d’entrée.

« Les mouvements des pêcheurs sont contrôlés » Gabriel Butoyi, président de la fédération des pêcheurs du Burundi indique que pour prévenir la contamination de la maladie à virus Ebola, chaque pêcheur

Poste de surveillance du virus d'Ebola au port de Rumonge

en provenance de la République démocratique du Congo doit accoster au port de pêche doté d’un centre de diagnostic, sinon il s’expose aux sanctions. Il affirme que des séances d’information sur le virus Ebola ont été menées chez les pêcheurs et commerçants burundais et demande que de telles sensibilisations soient menées auprès des pêcheurs congolais.

La crainte de contamination de la maladie à virus Ebola est surtout axée sur l’inexistence des structures sanitaires dans plusieurs localités du territoire de Fizi qui font frontière avec la province de Rumonge, le manque de séances d’information et de sensibilisation chez les Congolais résidents dans ces localités. Des sources sanitaires en provinces de Rumonge indiquent que

des infirmiers ont été déployés sur les différents centres de diagnostic où ils contrôlent à l’aide d’un thermo flash le niveau de la température de toute personne en provenance de la R.D.C ou la Tanzanie. Ces sources précisent que des séances d’information sur le virus Ebola tenues à l’endroit de la population dans tous les centres de santé pour mettre un accent particulier sur la prévention. Les agents de santé communautaire ont été sensibilisés afin de relayer le message d’information dans la communauté. Certaines associations œuvrant dans le domaine de la santé indiquent que des efforts restent à consentir pour faire passer plus d’information sur le virus pour atteindre le maximum possible de personnes. Elles suggèrent que plusieurs canaux d’information puissent être exploités comme les affiches, les dépliants, les messages au cours des réunions publiques et surtout dans les églises et mosquées et dans les marchés.

Football

Aigle Noir et Rukinzo FC, prêtes à faire leur entrée dans l’arène ? © Droits réservés

Samedi 10 et dimanche 11 août, les deux formations burundaises débutent la campagne africaine. Un rendez-vous qu’elles attendent de pied ferme.

F

ini les habituelles éliminations au 1er tour. Pour leur baptême de feu en Coupes Africaines, le champion en titre sortant de la Primus ligue et le malheureux finaliste de la Coupe du président édition 2018/19, (comme le vainqueur était Aigle Noir, Rukinzo FC s’est directement qualifié, NDLR), rêvent grand. Objectif : au moins franchir la phase des poules. «Au regard de leurs préparations, une tâche à leur portée », laissent entendre bon nombre d’observateurs. Représentant le pays en Ligue des Champions, Aigle Noir croisera le fer avec les Kenyans de Gor Mahia, samedi 10 août au stade Intwari. «Un adversaire, certes, aguerri aux grandes compétitions, mais jouable », rassure, Kamran, un fan.

Aigle Noir doit éviter de se faire surprendre à domicile.

Victorieuse de la Premier Ligue Kenyane, malgré les quelques départs de ses cadres, le club en provenance de Nairobi est un candidat abonné au second tour. Une étape, bientôt 4 ans que les équipes burundaises n'ont pas franchie. Avec ce statut d'outsider, objectent ses fans,nos joueurs n’auront aucune pression et joueront aussi bien qu’ils le savent faire.

Autre argument : la fougue de sa jeunesse. Certes sans expérience, Joslin Bipfubusa, coach, ne cache pas que les quatre semaines passées en camp d’entraînement ont permis aux nouvelles recrues de se familiariser avec leurs coéquipiers. Et par-dessus tout permis de se fondre dans leurs systèmes tactiques. Evoluant à domicile, ses protégés doivent se sublimer pour arracher un résul-

tat positif. «De quoi nous mettre à l’abri pour le match retour ».

Rukinzo, attendu au tournant Fort de sa bonne fin de saison, la formation de la police devra redoubler de vigilance face aux Zimbabwéens de Triangle United, dimanche 11 août à Harare. Un challenge qui ne les effraie guère, à l’instar de leur coach Ramadhan

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Maulidi : « Nous sommes avertis que la moindre erreur se paie cash. Nous jouerons comme nous savons si bien le faire et le résultat viendra de soi.» Pour ce rendezvous, le club n’a pas lésiné sur les moyens. En témoigne les recrutements effectués en présaison. Pour espérer passer le 1er tour, Maulidi juge qu’ils doivent bien négocier le match-aller. «De la sorte, les chances seront de mise, lors du match retour à domicile ». Pour ces deux formations, un compartiment défensif bien rôdé est la clé. « Les défenseurs doivent être coriaces et anticipatifs », opine Harouna, fan. Autre point : ce fan insiste sur le réalisme devant les buts. « C’est le football moderne. Il faut marquer des buts. Sinon à quoi sertil de dominer tout le match et, au final, le perdre ? » Pour ce, il estime que les entraîneurs doivent mettre un accent particulier sur les exercices de finition, lors des entraînements. Les matches retour se joueront dans une semaine. Hervé Mugisha


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BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT AVIS DE VACANCE DE POSTE No ADB/ INTITULÉ DU POSTE : COMPLEXE :

INGÉNIEUR DES TRANSPORTS SUPERIEUR DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL, INTÉGRATION ET

PRESTATION DE SERVICE (RDVP) DÉPARTEMENT/DIVISION : DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL, INTÉGRATION ET PRESTATION DES SERVICES GRADE :

LP5

SUPÉRIEUR HIÉRARCHIQUE : DIVISION DES OPERATIONS REGIONALES - INFRASTRUCTURE ET INDUSTRIALISATION (RDGE3) LIEU D’AFFECTATION :

BUREAU-PAYS DU BURUNDI (COBI)

INFORMATIONS SUR LE POSTE : LE PRESENT POSTE NE DONNE PAS DROIT AUX CONDITIONS D’EMPLOI AFFÉRENTES AU STATUT LE GROUPE DE LA BANQUE Créée en 1964, le Groupe de la Banque africaine de développement est la première institution de développement panafricaine qui œuvre pour la croissance économique et le progrès social en Afrique. Elle compte 80 États membres, dont 54 pays africains (pays membres régionaux). Le programme de développement du Groupe de la Banque vise à fournir l’appui financier et technique aux projets porteurs de transformation qui permettront de réduire sensiblement la pauvreté grâce à une croissance économique inclusive et durable. Pour mieux se concentrer sur les objectifs de la Stratégie décennale (2013-2022) et réaliser un plus grand impact sur le développement, cinq grands domaines (High 5) dans lesquels les interventions devront s’intensifier pour accélérer l’obtention de résultats en Afrique ont été définis, à savoir : l’énergie, l’agro-industrie, l’industrialisation, l’intégration et l’amélioration de la qualité de vie des populations africaines. LE COMPLEXE : La Vice- présidence du développement régional, de l’intégration régionale et de la prestation de services, est chargée de garantir la pertinence opérationnelle, l’efficience et l’efficacité des activités et programmes opérationnels du Groupe de la Banque. La Vice - présidence du développement régional veillera à ce que la Banque mène efficacement ses activités dans l’ensemble de ses pays membres régionaux (PMR) et supervisera l’exécution complète de tous les aspects des directions régionales de la Banque. LE DÉPARTEMENT RECRUTEUR : Le centre de développement régional, d’intégration et de prestation de services pour l’Afrique de l’Est supervise 14 pays membres régionaux et 6 bureaux pays. Le Chef de bureau pays du Burundi rend compte au Directeur général pour la région d’Afrique de l’Est. Placé sous l’autorité administrative du Chef de bureau pays, l’ingénieur des transports supérieur relève directement du Chef de division Secteur Privé, Infrastructures et industrialisation (RDGE.3) de la Direction du

INTERNATIONAL. LE TITULAIRE DU POSTE SERA RECRUTÉ AU PLAN LOCAL ET NE BÉNÉFICIERA DONC PAS DU STATUT DE FONCTIONNAIRE INTERNATIONAL SEULS LES RESSORTISSANTS DU BURUNDI OU DES PAYS MEMBRES DE LA BANQUE AYANT LE DROIT DE SEJOURNER ET DE TRAVAILLER AU BURUNDI SERONT PRIS EN COMPT EPOUR CE POSTE. LA BANQUE NE PARRAINE PAS NI N’APPUIE LES DEMANDES DE PERMIS DE TRAVAI ET DE RELOCALISATION POUR LE POSTE EN QUESTION. Si vous rencontrez des difficultés techniques lors de l’enregistrement de votre candidature, veuillez envoyer un courriel avec une description précise du problème et/ou une capture d’écran indiquant le problème à : HR Direct HRDirect@AFDB.ORG RÉF.SAP DATE DE CLÔTURE :

développement régional, de l’intégration et de la prestation des services pour l’Afrique de l’Est. LE POSTE : Sous la supervision générale du Chef de Division Secteur Privé , Infrastructure et Industrialisation (RDGE.3), le/la titulaire sera en charge de toutes les activités liées à la gestion de projets et l'administration de prêts en relation avec le développement de l'infrastructure de transport et du développement urbain du portefeuille du Groupe de la Banque telles que définies dans les fonctions et responsabilités du bureau –pays du Burundi, y compris la coordination de programmes connexes avec le gouvernement, la société civile et les organes locaux, le secteur privé et les partenaires au développement. Le titulaire contribue aux efforts déployés pour la gestion du savoir et veille à ce que les meilleures pratiques et les leçons apprises dans le cadre de la gestion des transports et des approches institutionnelles/de la gouvernance transparaissent dans la conception des projets. Le poste d’Ingénieur des transports Supérieur vise les objectifs de travail suivants : • Agir comme expert de la Banque pour les services et les infrastructures en matière de transport. • Mettre au point et en place des projets relatifs au transport. • Renforcer et entretenir la compréhension de la Banque du secteur des transports et son rôle dans le développement du Burundi. • Mobiliser des ressources en vue d’activités ciblées dans le cadre du travail à la banque. • Fournir des conseils sur les investissements futurs de la Banque et du Burundi dans le secteur PRINCIPALES FONCTIONS : Sous la supervision de chef de Division Secteur Privé, Infrastructures et industrialisation (RDGE3), le titulaire du poste devra assumer les responsabilités suivantes: 1. Contribuer à la préparation et

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l’évaluation des stratégies et politiques concernant le développement des secteurs des infrastructures (transports, infrastructures urbaines, etc.) de concert avec les organismes publics, les partenaires au développement et d'autres parties prenantes; 2. Participer à la préparation des termes de référence et au suivi des études intéressant les secteurs des infrastructures, contribuer à l’examen et à la revue des rapports d’études et proposer à la Banque les actions à mener; 3. Participer aux missions d’identification, de préparation et d’évaluation des études, des projets/programmes d’infrastructures de transport et de développement urbain et des programmes d’appui aux réformes dans ces secteurs en soutien à la stratégie élaborée par la Banque et contribuer à la rédaction et à la revue des rapports; 4. Participer aux missions de lancement, de supervision, de revue à mi-parcours des projets, d’achèvement de projet du secteur des transports et de revue de portefeuille et contribuer à l’élaboration des rapports; 5. Appuyer en conseils et en expertise les responsables des organes d’exécution sur les questions et les priorités du secteur des transports , les aspects techniques des projets et les règles et procédures de la Banque, notamment en matière d’acquisition de biens et services, de procédure de décaissement; 6. Apporter son expertise lors de l’examen des rapports d’évaluation des offres et mener l’évaluation des propositions techniques et financières pour les contrats liés à l’exécution des projets; 7. Assurer le suivi des recommandations formulées dans les rapports de supervision, de revue à mi-parcours, de revue de portefeuille et d’audit en accordant l’attention voulue au suivi/évaluation des projets; 8. Effectuer un travail analytique et sectoriel pour informer et appuyer en aval l'intervention de la Banque dans la conception des projets et programmes du secteur du transport; 9. Collaborer avec d'autres partenaires au développement en vue de l’harmonisation des approches, du partage des expériences, et

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de l’amélioration permanente des pratiques, et intégrer les engagements de la politique sectorielle du transport dans la gestion des projets; 10. Développer des partenariats avec le secteur privé, les organismes bilatéraux et multilatéraux sur des questions relevant du mandat de la direction ; 11. Préparer les fiches de projet de transports identifiés avec les emprunteurs en vue de leur inclusion dans le pipeline de projet ; 12. Mener à bien toute autre tâche connexe confiée par le Chef de division des opérations régionales ou le Chef de bureau pays. COMPÉTENCES (qualifications, expérience et connaissances) 1. Être titulaire au moins d’un Master/ DEA /DESS ou d’un diplôme équivalent en génie civil ou Travaux Publics ou d’un diplôme équivalent dans une discipline liée au transport telle que la planification/génie des transports, ou en économie du transport. Une formation en politique publique ou en administration publique sera un plus; 2. Avoir de préférence au moins cinq (5) années d’expérience dans le secteur des transports et une capacité avérée à travailler sur la politique, les aspects institutionnels et financiers des projets d’infrastructures de transport, de construction et d'entretien, la gestion et la passation des marchés, la planification et la programmation du capital et des travaux d'entretien, la connaissance de la participation du secteur privé et le lien avec le développement économique et la réduction de la pauvreté;

3. Être capable d'appliquer des compétences techniques dans un rôle de direction d'équipe pour résoudre et gérer des questions liées à la conception et à la mise en œuvre de projets/programmes de transport en partant d'un objectif général de développement de réduction de la pauvreté ; 4. Avoir une expérience avérée dans la formulation des politiques et stratégies du transport, des programmes de développement du secteur du transport et de développement urbain et la mise en œuvre des réformes du secteur du transport, notamment des réformes juridiques, réglementaires, institutionnelles, ainsi qu’en matière de privatisation 5. Capacité à conduire un dialogue sectoriel sur les questions liées à la politique générale du transport (réforme du secteur public, de la finance publique, de la participation du secteur privé et de la réglementation) et de la capacité analytique d'intégrer des aspects politiques et de développement institutionnel dans un large éventail de questions liées au secteur du transport; 6. Avoir une bonne maîtrise des méthodologies et techniques d'analyse, de planification et de programmation, du secteur du transport, de la réglementation des tarifs, économique et de la sécurité, ainsi que des questions de gouvernance sectorielle et des impacts du changement climatique; 7. Compétence en matière de prise de décision, de travail en équipe et de motivation personnelle ; 8. Avoir la capacité à communiquer effi-

cacement (écrit et oral) en français, avec une bonne connaissance pratique de l’anglais; 9. Maîtriser l’utilisation des logiciels courants de la Banque (Word, Excel, Access et PowerPoint, SAP et/ou d’autres systèmes ERP constituerait un atout Seul(e)s les candidat(e)s répondant à tous les critères exigés par la Banque et retenu(e)s pour une évaluation plus approfondie seront contacté(e)s. Les candidat(e)s devront soumettre un curriculum vitæ (CV) concis et tout autre document complémentaire pouvant être requis. Le Président de la BAD se réserve le droit de nommer un candidat à un grade inférieur à celui du poste publié. La Banque africaine de développement est un employeur garantissant l’égalité des chances. Les candidatures féminines sont vivement encouragées. http://www.afdb. org Le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) ne perçoit aucun frais ou contribution de quelque nature que ce soit des candidats tout au long de son processus de recrutement (dépôt des candidatures, étude des CV, entretien d’embauche, traitement final des candidatures). En outre, la Banque ne demande aucune information relative aux comptes bancaires des candidats. Le Groupe de la Banque africaine de développement décline toute responsabilité de publications frauduleuses d’offres d’emploi en son nom ou, de manière générale, d’utilisation frauduleuse de son nom de quelque manière que ce soit.

Comité international de la Croix-Rouge Délégation de Bujumbura – Burundi Rte de l’Aéroport - Parcelle n° 3513 - B.P. 3257 Tél.: 22212908 / 22212865 - Fax: 22229837

AVIS DE VACANCE DE POSTE Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) désire recruter pour sa délégation de Bujumbura : UN(E) ASSISTANT(E) WELCOME qui assurera les tâches suivantes : •

Effectuer des recherches de vols, des réservations, achèter les billets pour des voyages professionnels et privés.

Organiser un hébergement approprié pour les nouveaux arrivants, les visiteurs en mission au Burundi et les employés en mission hors Bujumbura.

S’assurer que les conditions de voyage et d’immigration sont respectées (visas, assurance voyage,etc.) pour le personnel.

Gèrer les factures liées aux services de l’unité Welcome : hébergement, vols, location de salle de conférence etc.

Tenir à jour toutes les bases de données appropriées pour: les voyages, les missions du personnel, la validité des documents, les résidences, les compagnies aériennes et les hôtels et toute autre information pertinente.

Assurer le flux de communication en surveillant et en suivant les messages / communications dans la base de données.

Organiser des événements / réunions / séminaires en coordination avec les départements concernés.

Gèrer le classement et l’archivage des fichiers et information pertinentes. Connaissances, expérience et critères minimum requis :

Diplôme universitaire.

Minimum 3 ans d’expérience professionnelle dans un domaine similaire (agence de voyage, Industrie de l’accueil, etc).

Excellentes connaissances et maîtrise des outils informatiques (Word et Excel).

Excellente connaissance de l’anglais écrit et parlé.

Sens des responsabilités et capacité à prendre des initiatives et à travailler de manière autonome.

Bonnes capacités d’analyse et d’organisation.

Bonnes aptitudes à la communication et aux relations interpersonnelles.

Posséder un permis de conduire est un atout.

Les personnes intéressées peuvent envoyer leur dossier de candidature à l’adresse électronique suivante : buj_hrrecruitment_services@icrc.org avec la mention «Candidature au poste d’Assistant Welcome» comme titre. Le dossier doit comprendre un CV (1 page max ou recto verso), une lettre de motivation adressée au Chef de Délégation (maximum 1 page), une copie certifiée conforme du diplôme et une attestation de service du dernier poste occupé et des références professionnelles. v Les candidatures féminines sont vivement recommandées. La date limite de dépôt des candidatures est fixée au vendredi 16 août 2019 à 16h00. Seules les personnes présélectionnées seront contactées et les dossiers déposés ne seront pas rendus. Organisation impartiale, neutre et indépendante, le CICR a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de la guerre et de la violence interne, et de leur apporter assistance. Il s’efforce également de prévenir la souffrance par la promotion et le renforcement du droit international humanitaire et des principes humanitaires universels.

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L’OMS accompagne le Burundi dans la Prévention et le Contrôle des Infections Le Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida a organisé, du 16 juillet au 2 août, une série de formations en cascade sur la prévention et le contrôle des infections (PCI) à l’intention des prestataires de santé de 21 districts sanitaires dits « prioritaires », avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’OMS réitère son engagement à soutenir et accompagner le Burundi dans la préparation à faire face à la Maladie à Virus Ebola.

M

édecins, infirmiers, brancardiers, nettoyeurs, etc., ils ont en commun l’exercice de la profession de prestataires des soins. Ils proviennent de 21 districts prioritaires dans la préparation à la riposte contre la Maladie à Virus Ebola. Ils ont récemment suivi des formations, sur la prévention et le contrôle des infections(PCI). Ces formations avaient pour objectif de renforcer les capacités des districts sanitaires bénéficiaires sur les mesures de Prévention et du Contrôle des Infections de base, et former les prestataires de soins en PCI de base, triage et isolement. Les formations devaient aussi permettre de former le personnel d’appui sur la Maladie à Virus Ebola, ainsi que sur les mesures spécifiques de prise en charge de cas suspects. «Pour l’OMS, la Prévention et Contrôle de l’Infection est un pilier incontournable dans la préparation à la riposte contre la Maladie à Virus Ebola, de par sa mission de contrôle et de prévention des infections et associées aux soins et de combattre la résistance aux anti microbiens », a dit le Dr. Walter Kazadi Mulombo, Représentant de l’OMS au Burundi. « L’OMS a appuyé le MSPLS à travers ces formations, afin de s’assurer que les districts disposent des capacités requises afin d’être capables d’identifier, isoler et prendre en charge un cas suspect et/ou confirmé. C’était aussi une opportunité de contribuer au renforcement du système de santé du Burundi, car la PCI s’applique aussi dans la lutte contre d’autres maladies infectieuses, comme le Choléra. » Depuis la déclaration de la 10ème épidémie de la Maladie à Virus Ebola dans l’Est de la République Démocratique du Congo, le MSPLS, avec l’appui des partenaires dont l’OMS, a initié un certain nombre d’activités incluant notamment la classification des districts sanitaires en mode prioritaire pour tous les districts frontaliers à la RDC, le Rwanda et une partie de la Tanzanie. 1836 professionnels de santé dont 1029 prestataires des soins (médecins, infirmiers, techniciens de laboratoire et sages-femmes), 836 personnels d’appui (techniciens de surface ou nettoyeurs, des ambulanciers et des brancardiers), ont bénéficié de ces formations, qui ont été faites aux chefs-lieux des districts. Les formations étaient assurées par 89 formateurs nationaux en PCI

Dr Walter Kazadi Mulombo : «la prévention et le contrôle de l’infection est un plier incontournable dans la préparation à la riposte à virus Ebola ».

du niveau central du Ministère et de chaque district, avec l’appui technique des experts de l’OMS. Toutes les formations ont été accompagnées et supervisées par des équipes conjointes MSPLSOMS. «Les bénéficiaires ont vu leurs capacités renforcées dans la mise en pratique des précautions standards et spécifiques, nous dit le Dr. Jimmy Pacifique Nicimpaye, Médecin Directeur de l’Hôpital de Gatumba et formateur national en PCI. Les modules ont principalement porté sur l’hygiène des mains, le port et retrait des Equipement de Protection Individuelle (EPI), la décontamination du matériel de soins, l’hygiène de surface et des locaux, la gestion des déchets, la gestion du linge, la

prévention des accidents explosant au sang et liquides biologiques, et les préparations chlorées. »

Des formations qui arrivent à point nommé ! Dr. Arcade Hatungimana, médecin chef de district de Kabezi, indique que cette formation était nécessaire dans la mesure où elle leur a permis de renforcer les connaissances et leur a permis de profiter de l’expertise de l’OMS, pour mettre à niveau les formations sanitaires du district dont il a la charge. Carmen Terimbere est Chef des soins infirmiers à l‘Hôpital Kira. Elle indique que la formation a été pour elle une occasion de rafraîchissement de ses connaissances : « La PCI n’était pas une

notion nouvelle pour moi. Mais cette formation m’a permis en tant que responsable des soins infirmiers, de revoir où est j’en étais avec mon plan d’action, ainsi que dans la mise à niveau de l’hôpital Kira». Carmen s’est réjouie que cette formation ait été étendu aux structures privées, y compris la sienne : « Avant, j’avais de la peine à convaincre mes supérieurs sur la nécessité d’investir davantage dans la PCI ; que mes collègues aient été présents, cela va renforcer mon plaidoyer auprès de la direction, car cette fois-ci nous serons nombreux à parler un même langage et j’espère ainsi pouvoir faire avancer cette cause». Quant au Dr. Yvette Nahimana, médecin au centre de santé de la Croix rouge Burundi de Kinindo,

Ici, c’est à Kabezi, le professeur Chedly, expert de l’OMS, explique aux prestataires de santé l’importance de la PCI en vue de lutter contre Ebola notamment.

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elle témoigne avoir beaucoup appris, y compris par rapport aux gestes du quotidien ; du moins, dans la pratique : « La formation a été très bénéfique car elle nous a permis de nous rendre compte que même les choses basiques comme le port des gants, leur enlèvement, le lavage des mains, etc., nous ne le faisions pas correctement». Et d’ajouter qu’elle va faire une restitution et veiller à la mise en application des mesures PCI au sein de sa structure de santé : «je vais être un modèle dans la mise en pratique des connaissances que je viens de recevoir. Et en tant que future point focal PCI, je m’appliquerai dans la surveillance et le contrôle de qualité des prestations, notamment en ce qui concerne la décontamination du matériel des soins qu’on utilise à l’hôpital ; je veillerai à ce que tout le personnel suive les étapes principales pour que le matériel que nous utilisons soit stérilisé selon les règles ».

L’OMS réitère son appui au Burundi L’OMS prévoit de poursuivre son appui au Burundi dans la mise en œuvre de la PCI, à travers un accompagnement soutenu des districts de santé prioritaire dans la Mise en place des zones de lavage de main, ainsi que des zones de triage et d’isolement dans toutes les formations sanitaires. Les prochaines étapes consisteront aussi dans la mise en place des comités d’hygiène, prévention et contrôle de l’infection dans les hôpitaux des districts, à travers notamment la désignation des points focaux PCI, qui seront chargés de créer les comités d’hygiène et PCI sous la tutelle du directeur de l’hôpital. « Nous nous réjouissons que le Burundi ait accompli ce pas dans la préparation des districts à faire face à un cas éventuel de la MVE, car la PCI reste une approche pratique pour prévenir et contrôler les infections et éviter leur propagation dans la communauté, a poursuivi le Dr. Walter Kazadi Mulombo, Représentant de l’OMS au Burundi. En alignement avec sa mission qui est de promouvoir la santé, de préserver la sécurité mondiale et de servir les populations vulnérables, l’OMS continuera à appuyer le Burundi dans le renforcement des capacités des structures des soins à appliquer avec rigueur la PCI», a conclu le Représentant de l’OMS.


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