IWACU 542

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IWACU N°542 – Vendredi 2 août 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Minago

Victimes de l'intolérance politique

POLITIQUE Gasorwe: chasse aux représentants du CNL

AU COIN DU FEU

SOCIÉTÉ P.5

Bugendana: un espoir de réconciliation

P.12

Avec Charles Nditije

P.15


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LA DEUX Editorial

130 kilomètres pour rien Par Léandre Sikuyavuga Directeur des Rédactions

L’

En coulisse

En hausse

Sur le vif

Centrale Ruzizi III, c’est parti ! Le lundi 29 juillet 2019 à Kinshasa, le Burundi, la RDC et le Rwanda ont signé des accords du projet de construction de la centrale de Ruzizi III. Le ministre de l’Energie, des Mines et de l’Hydraulique du Burundi, Côme Manirakiza a représenté le pays à la signature de ces accords. Avec un coût estimé à environ 400 millions d’euros, 50 % du financement total du projet sera apporté par les bailleurs de fonds européens.

Un consulat du Burundi ouvert en Australie La Première Dame du Burundi, Denise Nkurunziza a ouvert le consulat du Burundi en Australie mardi 30 juillet 2019 à Perth. L’homme d’affaires, Barry Court a été chargé par le Burundi de représenter ce consulat. M. Barry avait récemment était au Burundi avec une importante délégation visant à lancer des échanges entre le Burundi et l’Australie.

Les anciens billets de banque irrecevables à partir de ce 2 août Le délai d’utilisation des anciens billets de 500 BIF, 2.000 BIF, 5.000 BIF et 10.000 BIF prendra fin ce 2 août 2019. Il faut les déposer dans des banques. Jean Ciza, gouverneur de la BRB, avait donné trois mois pour mettre fin à la circulation des anciens billets.

Juvénal Bigirimana, gouverneur de Rumonge,

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga Directeur des Rédactions adjoint : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa

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our avoir donné une semaine à la police afin de traquer et traduire devant la justice les auteurs de l’incendie de la permanence du CNL, à Gatete en commune de Rumonge.

En baisse

Ferdinand Nkurikiye, administrateur de Nyarusange,

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Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa et Arnaud-Igor Giriteka Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza

© Droits réservés

article 9 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples du 28 juin 1981 énonce : «Toute personne a droit à l’information ». A son article 31, la Constitution de la République du Burundi stipule : « La liberté d’expression est garantie. L’Etat respecte la liberté de religion, de pensée, de conscience et d’opinion. » La nouvelle loi sur la presse stipule dans son article 45 que « Le journaliste exerce son métier en toute indépendance et en toute responsabilité sur l’ensemble du territoire national du Burundi. » Dans ce même article, il est précisé que ‘’ dans l’exercice de son métier, il a le libre accès aux sources d’information et peut enquêter et commenter librement sur les faits de la vie publique’’. Théoriquement, ces articles devraient faciliter le travail des journalistes . « La théorie nous montre le but à atteindre, la pratique nous montre le terrain à parcourir », disait Eugène Marbeau. Ce qui vient d’arriver à nos journalistes reporters est l’antipode de toutes ces théories. Un administrateur, celui de Nyarusange, qui promet une entrevue. A l’arrivée des journalistes, il fait volte-face. Avec suffisance, il leur lance :« Je ne connais pas ce journal. J’ignore ses publications et son mode de travail». Les détenteurs de l’information doivent donc savoir la «nature» de l’organe de presse avant de l’autoriser à y accéder ? « Waste of time and money », diront les Anglophones. Les journalistes venaient de parcourir plus de 130 kilomètres, pour recueillir la version de l’administration de la commune Nyarusange qui aurait imposé un couvrefeu à partir de 20 h. D’ailleurs, sur la colline Gasenyi, sept personnes auraient déjà été arrêtées. Iwacu a toujours le souci d’informer les citoyens avec exactitude, au nom de l’intérêt public. L’exigence d’équilibrer l’information, n’en déplaise à nos détracteurs. Sur la colline Kizi, commune Gasorwe, nos reporters vont vivre un autre calvaire. Là, deux maisons des membres du parti au pouvoir ont été brûlées et les membres du CNL seraient pointés du doigt. En menant une enquête, ils se retrouvent entourés des policiers accompagnés d’une vingtaine de jeunes hommes hostiles. Ils sont menacés, subissent un interrogatoire, leurs documents confisqués. Pire, un député, représentant du peuple, au lieu de compatir énormément avec ce qui est arrivé à nos journalistes, semble les menacer… Informer n’est pas un délit. La mission d’Iwacu n’est pas de plaire ou déplaire..C’est du devoir des autorités de permettre aux journalistes d’exercer librement leur travail.

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our avo i r re f u s é d’accorder une interview aux reporters d’Iwacu alors qu’il leur avait donné un rendez-vous Ils avaient même déjà ouvert le micro.

Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société : Clarisse Shaka Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza, Edouard Nkurunziza, Jérémie Misago

ANNONCE

AVIS DE RECRUTEMENT

UNDP – Trois postes, BURUNDI (Trois postes) Le Programme des Nations Unies pour le Développement au Burundi (PNUD) recrute pour le compte de l’Unité de Gestion du Programme Fonds Mondial au Burundi, Deux Analystes Financier(e)s – VIH/TB - PALUDISME et Un(e) Assistant(e) Administratif(ve) - Fonds Mondial Burundi à Bujumbura Titre

Grade

Un(e) Assistant(e) Administratif(ve) - Fonds Mondial Burundi

SB-3

Deux Analystes Financier(e)s – VIH/TB - PALUDISME

SB-4

Durée Une année avec possibilité de renouvellement Une année avec possibilité de renouvellement

Type de contrat Contrat de Service

Contrat de Service

Date limite de réception des candidatures Le 04 août 2019

Le 04 août 2019

Toutes les informations y afférentes se trouvent sur le site global du PNUD : http://jobs.undp.org/. La soumission des candidatures se fait uniquement en ligne via le site http:// jobs.undp.org/ Les candidatures féminines qualifiées sont fortement encouragées.

www.iwacu-burundi.org – abakunzi@iwacu-burundi.org

Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi Un chiffre

8000 est le nombre de demandeurs d’emploi enregistrés auprès de l’Office Burundais de l’Emploi et la Main d’œuvre

Source : Office Burundais de l’Emploi et la Main d’œuvre Une pensée

« La démocratie, c'est la différence, avec la tolérance, avec la liberté et le respect. Et nous devons vivre dans ces différences ». Shimon Peres, ancien premier ministre israélien


L'ÉVÉNEMENT

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Rumonge

Recrudescence de l’intolérance politique

Destruction ou incendies des permanences, arrestations, bagarres, vols des drapeaux. Tels sont certains actes qui montrent que l’intolérance politique monte d’un cran ces derniers jours.

O

n dirait une série noire. Une permanence du parti CNL sur la colline de Gatete en commune de Rumonge a été incendiée par des personnes non encore identifiées au cours de la nuit du 30 juillet, selon des sources administratives locales. Deux portes ont été endommagées par le feu. Le 28 juillet, des écrits sur les murs de la permanence du parti CNL sur la colline de Murenge en commune de Burambi ont été effacés pendant la nuit. Le 26 juillet, une permanence du parti CNL en zone de Minago, commune de Rumonge, a été démolie par des personnes non encore identifiées. 4 personnes dont deux grièvement ont été blessées au cours d’échange de lancement de pierres entre ceux qui gardaient cette permanence et un autre groupe. En date du 25 juillet, un drapeau du parti de l’opposition du Cndd a été volé dans la localité de Magara en commune de Bugarama par des personnes jusqu’ici non encore identifiées. En date du 24 juillet, des excré-

ments humains ont été étendus sur les murs de la permanence du parti CNL en zone de Kizuka de la commune de Rumonge par des personnes non identifiées. Erasme Muke, représentant le parti CNL en commune de Rumonge indique que leurs membres sont régulièrement arrêtés arbitrairement, leurs permanences détruites, leurs réunions interdites. Ils n’ont pas accès à certains lieux comme les stades. Il demande que des enquêtes fouillées soient menées pour déterminer et identifier les présumés auteurs. Selon lui, cela risque d’influer négativement sur le bon déroulement des élections de 2020.

Pour un traitement équitable Diomède Niyonsaba, le secrétaire du parti Cndd-Fdd en province de Rumonge, a annoncé dans une réunion des responsables des partis politiques, des autorités administratives, policières et judiciaires que ce sont les membres du parti CNL qui détruisent ou incendient

Deux militants du CNL battu à Minago

leurs propres permanences pour incriminer le parti au pouvoir. Il a cité le cas la permanence de Nyabiraba dans Bujumbura rural comme un cas « parlant ». Il a demandé aux services chargés de mener des enquêtes d’identifier les auteurs et d’appliquer

la loi avec rigueur de la Samuel Manirakiza, représentant le parti Cndd a demandé que les partis politiques soient traités au même pied d’égalité, car ils sont en compétition électorale pour conquérir le pouvoir par les urnes.

Il a demandé que l’espace politique soit ouvert à tous les partis politiques sans deux poids deux mesures. Le gouverneur de la province a ordonné que des permanences qui sont logées dans des boutiques, des bars, dans des restaurants y soient retirés pour ne pas semer la confusion. Il a indiqué que cela s’observe surtout en commune de Burambi. Il a donné un délai d’une semaine aux services chargés de mener des enquêtes pour identifier ceux qui de près ou de loin ont participé à des actes de destruction ou à l’incendie des permanences. Il a promis aux responsables des partis politiques que des réunions d’évaluation du processus électoral vont se tenir régulièrement afin de rectifier le tir au cas échéant afin de mieux se préparer aux élections. Les responsables des organisations de la société civile indiquent qu’ils observent un climat de méfiance entre militants des partis de l’opposition et ceux du parti au pouvoir. Ils demandent aux responsables des partis politiques d’éduquer leurs jeunes aux valeurs démocratiques, à la citoyenneté responsable, à la tolérance politique et à la résolution pacifique des conflits. Félix Nzorubonanya

Mpanda, trois bureaux du CNL attaqués Les attaques contre les permanences du parti d’Agathon Rwasa se multiplient. Trois en ont fait les frais en fin de semaine dernière en commune de Mpanda. Le CNL pointe du doigt des Imbonerakure. Pour le parti au pouvoir, il faut éviter toute spéculation et laisser les enquêtes suivre leur cours

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’étaient au tour de la commune Mpanda d’accueillir le président CNL pour procéder à l’inauguration de ses permanences. Cinq au total. Des militants de ce parti ont donc été mobilisés pour une opération de relooking complet : Achat de pots de peinture et de tout matériel nécessaire, réquisition d’un dessinateur. Tout était prévu pour que les locaux soient flambant neufs vendredi 26 juillet. Mais des trouble-fêtes se sont invités dans la danse. En colline Rubira, le relooking n’avait pas encore commencé qu’un groupe d’hommes a investi les lieux, semé la panique. Les membres du CNL ont fui laissant ce groupe d’hommes devant la permanence. Lorsqu’Iwacu s’y rend lundi 29 juillet, soit 4 jours après l’attaque, surprise! C’est le drapeau du parti de l’aigle qui flotte dans les airs, comme pour

La permanence du parti CNL en commune de Murengeza vandalisée

narguer les Inyankamugayo (membres du parti CNL) qui se félicitaient déjà d’avoir une

permanence sur leur colline. A notre arrivée les langues se délient. «Trois hommes sont

venus, suivis de près par d’autres, inconnus ici. C’est ainsi que la bagarre a éclaté. Ils ont dispersé les

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marchands et leurs cannes à sucre qui se vendaient ici et s’en sont pris au gens sur place. Les membres du CNL sur place ont pris le large,» témoigne une jeune femme qui a assisté à la scène. « Ils ont alors creusé un trou et fixé le drapeau et nous ont appelés pour que nous chantions ensemble l’hymne national. Après, ils sont partis,» indique une femme qui dit avoir assisté à la scène depuis sa maison, en panique. Dieudonné Mvuyekure, responsable collinaire du CNL est déboussolé. Il a du mal à se remettre de l’affront subi. Il accuse les jeunes du parti au pouvoir dirigés par Désiré Sindayigaya, chef du parti Cndd-Fdd dans cette localité, d’être à l’origine de l’attaque. « Il y avait Désiré Sindayigaya, Jérôme Nkurunziza, le secrétaire du parti au pouvoir et un certain Eric qui dirige les Imbonerakure ici. Nous les connaissons. Ce sont nos frères,


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L'ÉVÉNEMENT

nos cousins. C’est pourquoi on n’a pas voulu envenimer la situation. On attend que la justice fasse son travail. » Sur la colline Murengeza, des habitants vivent dans la peur. La petite maison siège du parti était déjà peintes des couleurs verte, rouge et noir sur un fond blanc. Ils ne restaient plus que de petites touches finales jeudi 25 juillet, lorsque des personnes accompagnées par un certain Ceusi, chef des Imbonerakure qui habite dans le coin ont arrêté le travail de finition. « Ils sont entrés dans une mai-

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son en face et demandé une houe et ont gratté les écrits sur les murs de la permanence. Il faisait encore jour tout le monde voyait ce qu’ils faisaient, » témoigne un habitant sur les lieux.

mes surpris qu’il ait pu assister les fauteurs de trouble, » commente un homme sur place « Nous avons peur que la situation ne dégénère si les deux camps viennent aux mains. « Nous avons constaté que c’est toujours la population qui après subit les conséquences de la crise, » indique une femme qui lance directement un appel au chef de l’Etat. « Vous avez permis au CNL de travailler dans la légalité. Mais il y a ceux qui ne semblent pas d’accord avec votre décision en s’en prenant aux permanences d’autres partis. Faites que ça s’arrête. »

Peur à Murengeza Une femme habitant juste en face indique que d’autres sont revenus dans la nuit. Ils y ont trouvé des jeunes du CNL qui montaient la garde. « On a pu identifier Busenga, Baptiste et un certain Ntawuhinda et chef d’antenne de la police. Nous som-

Au centre de la commune de Mpanda, en zone Musenyi, c’est un peu le remake de ce qui s’est passé dans d’autres zones. Des militants de ce parti avaient tout prévu pour rendre le bureau de cette localité flambant neuf. Ils n’ont pas réussi à le faire. Des militants du parti Cndd-Fdd sont passés par là. Selon le secrétaire général du parti CNL sur cette localité, Barthelemy Ngendabanyikwa ils étaient dirigés par Désiré Sindayigaya, Ntahondereye et Jean Hakizimana dit Niyombare qui se dit agent du service national de renseignement.

La propriétaire de la maison, Joselyne Nijimbere n’en revient pas. « Ils sont venus avec un cadenas et ont bloqué la porte et sont partis avec la clé. Je ne sais quand ils reviendront ». L’administrateur de la commune Mpanda a réuni lundi les leaders des partis politiques. Quelques interdictions ont été émises : Eviter une permanence d’un parti politique à côté de celle d’une autre formation concurrente, éviter les marchés, les écoles et les églises. Agnès Ndirubusa

Réactions • Agathon Rwasa : « On ne peut pas s’attaquer à un parti qui ne pèse pas.»

• Nancy Ninette Mutoni : « Le parti Cndd-Fdd laisse le soin aux instances habilitées pour tirer au clair cette affaire »

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our le président du parti CNL, il y a la peur. La peur de changement, la peur de compétition. Il regrette que les autorités policières et judiciaires ne fassent pas leur travail car les auteurs de ces vandalismes courent toujours. Ces instances sont saisies mais ces actes se multiplient. Pour Agathon Rwasa, les premiers suspects à interroger seraient les membres des comités mixtes de sécurité et la police qui patrouillent nuit et jour. En tout cas l’Etat doit prendre ses responsabilités et mettre les hooligans hors d’Etat de nuire. « Cela ne fait renforcer notre détermination. On ne peut pas s’attaquer à un parti qui ne pèse pas. »

La commissaire chargée de la communication et de l’information au sein du parti au pouvoir estime qu’il s’agit d’une stratégie de la terreur qu’il faut condamner au lieu d’accuser les uns et les autres sur base de différences politiques. Le parti Cndd-Fdd laisse le soin aux instances habilitées pour tirer au clair cette affaire, le cas échéant, informer l’opinion nationale et internationale par des canaux habituels. En attendant l’aboutissement des enquêtes, on a tous intérêt à ne pas verser dans la spéculation et aux accusations non fondées. « Nos permanences ont aussi fait objet de vandalisme le mois dernier. Nous suggérons à d’autres formations politiques de laisser la justice et la police faire leur travail ». A.N.

Une autre tournure L’intolérance politique prend une autre tournure. La destruction des permanences traduit une certaine nervosité, une tendance à ralentir le mouvement de certains partis. Selon un observateur, ce qui s’est passé Rubira n’est pas anodin. C’est un symbole fort. Mettre un drapeau du parti Cndd-Fdd à la place de celui de son adversaire est catégorique. Il s’agit de marquer son territoire, se revendiquer maître des lieux. Tous les autres doivent aller voir ailleurs. A quelques mois des élections, cette recrudescence est loin d’apaiser les esprits. Si rien n’est fait

pour tranquilliser, le pays court vers l’intolérance politique exacerbée qui risquerait d’entacher les élections qui se veulent libres, démocratiques et apaisées. Interrogé sur la recrudescence des attaques, actes de vandalisme des permanences, le président de la CENI, Pierre Claver Kazihise indique brièvement que la commission électorale nationale indépendante Ceni ne suit pas ce dossier. Il nous a renvoyés plutôt aux "instances concernées". Or il s’avère que nous sommes en période pré- électorale.

A.N.

Annonce

AVIS D’APPEL D’OFFRE POUR LE RECRUTEMENT D’UN(E) CHEF DE PROJET : « SANTE » Dans le cadre de l’exécution du projet qui s’intitule « TwitehoAmagara ». HealthNet TPO désire recruter un(e) chef de projet « Santé ». Ce poste est à pourvoir pour une durée de 12 mois et est basé à Bujumbura au Burundi avec de nombreux déplacements sur le terrain dans les provinces de Cibitoke, Kayanza et Ngozi. Les termes de référence détaillés sont affichés au tableau à l’entrée HealthNet TPO situé dans le quartier Rohero I : Avenue Muyinga n°17 Tél ; +257 22 24 77 87/ +257 75 24 77 87 ou visiter le site : www : healthnettpo. org

Pour postuler, veuillez envoyer votre CV (maximum 3 pages) et votre lettre de motivation (maximum 1 page) à : rf@burundi.hntpo.org , copié à cdc@burundi. hntpo.org, au plus tard Samedi10 Août 2019. Les candidatures seront examinées au fur et à mesure qu’elles seront reçues et ce, avant la date limite. Veuillez inclure dans le sujet de votre email: Chef de projet » Santé ». Tout dossier ne respectant pas le minimum requis (Lettre de motivation, CV actualisé, niveau d’étude, expérience…) ne sera pas considéré. Les candidatures féminines sont fortement recommandées

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POLITIQUE

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Peur sur Gasorwe

Les militants du CNL, particulièrement les représentants, en commune Gasorwe de la province Muyinga vivent la peur au ventre. Ils accusent l’administration et les responsables du parti Cndd-Fdd en cette commune de les priver de leur liberté politique, de circulation, d’exercice des activités génératrices de revenus, etc. «Ils mentent », rétorquent les accusés.

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si une fois nous réagissons, ils commettent leurs forfaits». Des habitants de Gasorwe accusent François Mpitabavuma, un député élu dans la circonscription de Muyinga et natif de cette commune, d’être l’instigateur de ces agressions. «Il ne digère pas que quelqu’un de Gasorwe soit d’un autre parti que le CnddFdd. Il parle haut et fort que nous sommes des ennemis du pays», dénonce un Inyankamugayo de la colline Kiryama.

Les accusés rejettent les allégations

Au chef-lieu de la commune Gasorwe

«Quand je me suis plaint chez l’administrateur, il m’a répondu que si je ne regagne pas le Cndd-Fdd, ils pourront même m’éliminer», dénonce l’un d’eux. Au niveau des représentants zonaux du CNL en cette commune, l’intolérance politique en est à son comble après la réunion du 5 juillet. Selon des sources concordantes, le représentant du CNL en zone Gasorwe, un certain Hassan Nzeyimana, est presque mis en quarantaine. Outre qu’il ne peut plus tenir des conversations avec quiconque, les gens, de quelque parti que ce soit, ne peuvent plus aller travailler chez lui, dans ses champs. «Travailler chez lui, chercher de l’argent chez lui, c’est

comme un crime», s’accordent des habitants de Gasorwe. «Car si vous êtes vus chez lui, vous êtes pris pour un militant du CNL, et vous devez en payer les frais».

Rentrer avant 18h, un devoir pour tout militant du CNL Et à la colline Nyungu, où vit Jean Nibizi, le représentant du CNL en zone Bwasare, c’est la panique, depuis le 14 juillet. Ce jour-là, racontent des habitants de Nyungu, Nibizi avait reçu des visiteurs. Des fidèles de son église étaient venus rendre visite à sa femme, qui n’avait pas été à la prière par cause de maladie. Des hommes et des femmes de différents partis politiques, venus de différentes collines.

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out part d’une réunion, organisée le 5 juillet dernier par l’administrateur communal, Jean Claude Batungwanayo, à l'intention des représentants au niveau local des différents partis politiques. Officiellement, l’objectif est que ces derniers soient connus, reconnus au niveau de l’administration. Sauf que, dénoncent des militants du CNL, la suite a révélé un autre agenda : «Il semble que c’était une stratégie pour connaître nos représentants, afin de les traquer. Car, depuis, ils sont intimidés». A Kiryama, en zone Gasorwe, les gens sont avertis. Toute proximité, toute conversation avec Joachim Murekerisoni, le représentant du CNL à cette colline, est interdite. «Celui qui sera appréhendé sera exemplairement corrigé», auraient menacé Révocat Barutwanayo, président du Cndd-Fdd à la colline Kiryama et Amissi Mbonihankuye, le président du CnddFdd en zone Gasorwe. Après moult menaces, Joachim Murekerisoni se verra contraint de fermer son cabaret. Car, Idrissa Miburo, un habitant de la localité qui a outrepassé la mise en garde en étanchant sa soif dans ce cabaret, s’est vu tabasser par des Imbonerakure. Le prétexte : ce cabaret abriterait des réunions clandestines des militants du CNL. A la colline Bihogo, la situation est identique. Damas Kwizerimana, le représentant du CNL à cette colline, subira le même type de menaces. Sa boutique est fermée, le 8 juillet dernier, par des Imbonerakure pilotés par Dismas Ntandikiye, le président du Cndd-Fdd à la colline Bihogo. Ils avaient sur eux, rapportent les témoignages, une correspondance de l’administrateur communal. Cette dernière exigeait la ‘‘fermeture des boutiques de ce centre pour des raisons de sécurité’’. Hormis ceux-là, Joseph Niyonkuru et Joël Karimunda, représentants du CNL respectivement aux collines Rusimbuko et Kinama, disent passer des nuits blanches, ces derniers jours. Des Imbonerakure, dont un certain Onesphore Nduwimana, le président du Cndd-Fdd à Rusimbuko, les auraient menacés de mort s’ils poursuivent leur activité politique dans le parti d’Agathon Rwasa. D’après les témoignages recueillis, tous ces Inyankamugayo se sont confiés à l’administration, y compris à l’administrateur communal. Néanmoins, aucune suite n’a été apportée à leurs plaintes.

Le député François Mpitabavuma appelle ceux qui se disent malmenés à lui confier leurs plaintes

De retour chez eux, vers le soir, poursuivent nos sources, ils ont rencontré un groupe de jeunes affiliés au parti au pouvoir conduit par leur représentant, un certain Nzeyimana. Ces derniers les ont ensuite tabassés avant de les relâcher. Il les accusait de revenir d’une réunion illégale. Quelques heures après, Jean Niragira est allé voir ce qui arrivait à ses visiteurs. Il a été arrêté, tabassé et conduit manu-militari au cachot de la commune Gasorwe. Il restera emprisonné pendant trois jours, accusé de tenir une réunion illégale. Depuis cet évenement funeste, le domicile de Jean Niragira ne connaît plus de visiteurs. «Les gens ont peur ici. Ils savent que tout mouvement est surveillé». A Gasorwe, les menaces de fermeture des cabarets, des boutiques,… ne concernent pas que les militants du CNL. «Le 14 juillet, Amissi Mbonihankuye, le président du Cndd-Fdd en zone Gasorwe, a interdit publiquement, lors d’une réunion à l’intention des cabaretiers du chef-lieu communal, de donner de la bière aux Inyankamugayo, spécifiquement aux représentants du CNL, sous risque d’arrêt de leur commerce», confient des sources. Suite aux intimidations tous azimuts, à la peur généralisée en cette commune, les militants se sont imposés une forme de couvre-feu. «C’est une consigne. Tout Inyankamugayo doit regagner son ménage avant 18h», confie un responsable du CNL. Avant d’ajouter : «Juste pour nous éviter des confrontations avec les Imbonerakure. Nous savons qu’ils ont un plan de nous provoquer pour que,

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Interrogé sur les propos lui reprochés, Amissi Mbonihankuye, président du CnddFdd en zone Gasorwe, s’est voulu d’un langage dur. «Celui qui vous a dit cela est tout simplement fou», nous a-t-il sèchement répondu, avant de nous raccrocher au nez. Jean-Marie Barekebavuge, le président des jeunes Imbonerakure en commune Gasorwe, n’a pas voulu réagir aux accusations. «Il y a de la hiérarchie dans les organes du parti. Demandez à mes supérieurs hiérarchiques», nous a-t-il laconiquement rétorqué. Et d’ajouter toutefois : «De toutes les façons, moi je n’en sais rien». Quant au président du CnddFdd en commune Gasorwe, il soutient ne pas être au courant de ces cas d’agression politique. «A ce que je sache, il n’y en a vraiment pas là où j’habite». Pour lui, si jamais une telle situation s’était produite, le représentant du CNL à Gasorwe lui en aurait parlé. «C’est ce qu’il fait normalement. Mais pour ces cas, il ne m’en a jamais parlé». Pour sa part, le député François Mpitabavuma a rejeté en bloc les allégations. «Moi, je suis représentant de tout le peuple, la Constitution le clarifie très bien. Je ne dirige aucun parti politique». Il appelle plutôt ceux qui se disent malmenés à lui confier leurs plaintes afin qu’il plaide pour eux. Joint par téléphone, Claude Barutwanayo, administrateur de la commune Gasorwe, n’a pas voulu y apporter tout commentaire. « Venez à mon bureau, on va en discuter.» Il se fait que ce mardi, ce même administrateur avait refusé de nous recevoir. Or, dans la soirée de lundi, il nous avait promis un entretien dans l’avant-midi de mardi. Edouard Nkurunziza & Rénovat Ndabashinze


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MÉDIAS

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Le reportage sur terrain, un véritable calvaire Des responsables administratifs à la base qui refusent de parler aux journalistes, des menaces, des interrogatoires, des brimades,… la recherche de l’information sur terrain est chaque jour de plus en plus compliquée. Deux reporters d’Iwacu racontent leur dernière mésaventure à Nyarusange et Gasorwe. Dossier réalisé par Edouard Nkurunziza et Rénovat Ndabashinze

Et à Muyinga...

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G

itega, 8h 45. Parmi les témoignages recueillis la veille à Gasenyi, commune Nyarusange, nous avons appris que l’administration aurait imposé un couvre-feu à partir de 20h. Un communiqué aurait été lu à l›église. A Gasenyi, sept personnes ont été déjà arrêtées. Tous membres du Congrès National pour la liberté (CNL) d’Agathon Rwasa. Ces gens sont accusés de violer le couvre-feu. Comme il se doit, il nous faut équilibrer l’information, avoir une réaction de l’administration. De Gitega à Nyarusange, cela fait plusieurs kilomètres. Une route en latérite, accidentée par endroits. Nous hésitons. A un moment, nous pensons qu’il serait mieux de faire un coup de fil pour recueillir une réaction. Mais ces derniers temps, certains officiels exigent la présence physique. Nous sollicitons alors un rendez-vous. La réponse de l’administrateur est positive.

Revirement Nous démarrons. Un trajet de trente minutes. Nous arrivons à Gitaka, à la jonction des quatre communes : Nyabihanga (Mwaro), Nyarusange (Gitega), Gitega et Kayokwe (Mwaro). Une pancarte nous accueille : ’’Bienvenue en commune Nyarusange’’. Nous empruntons une autre route pleine de nids de poule. Presque 20 minutes après, nous sommes enfin au chef-lieu communal. Nous nous dirigeons vers le bureau du secrétaire. Nous nous présentons. Le secrétaire va nous annoncer à l’administrateur. A son retour, nous sommes autorisés à rencontrer M. Nkurikiye. Dans son bureau, les salutations d’usage. Ce n’était pas notre première rencontre avec lui. Avec courtoisie, il nous demande nos badges. Il vérifie. Ferdinand Nkurikiye se montre à la fois gentil, exigeant, bureaucrate. « C’est bon. Soyez les bienvenus». Il prend quelques minutes pour signer quelques cartes nationales d’identité (CNI) devant lui. Entretemps, nous mettons en place notre matériel. Le temps file. Notre agenda est surchargé. Il faut faire vite. Nous allumons notre enregistreur, apprêtons l’appareil photo. D’un coup, l’administrateur nous arrête, et exige d’éteindre. Il change de ton. Etonnés, nous arrêtons tout. Il parle avec quelqu’un au téléphone. Environ deux minutes. «Ce sont des journalistes du journal Iwacu. Mais, moi je ne connais pas ce journal. Je ne connais pas

Pour Ferdinand Nkurikiye pas question e donner l'information à un média dont il ne maitrise pas le mode de travail

ses publications et son mode de travail».

Rétention de l’information Avec ces mots, nous nous disons que l’entrevue risque de n’avoir pas lieu. Nous tentons de plaider: «Le journal Iwacu est légal, il est reconnu par la loi. Et ce n’est pas pour la première fois qu’on visite votre commune. Nous avons même un correspondant à Gitega.» Il ne semble même pas nous écouter. Indifférent, il reprend la signature des CNI. Finalement, il nous dit : «Il faut avoir la permission du gouverneur pour que je puisse vous parler». Devant ce refus, nous lui proposons de lui passer le contact du président du Conseil national de la Communication (CNC). En vain. Nous insistons, mais l’administrateur Nkurikiye campe sur sa position. Nous sommes perdus. Nous passons un coup de fil à notre directeur des rédactions. Après quelques échanges avec M. Nkurikiye, notre Chef nous recommande de vider les lieux. Stupéfaits, nous repartons vers Gitega, bredouilles. Pourtant, dans son article 45,

la nouvelle loi sur la presse, du 14 septembre 2018 est clair : «Le journaliste exerce son métier en toute indépendance et en toute responsabilité sur l’ensemble du territoire national du Burundi».

Dans ce même article, il est stipulé que «…dans l’exercice de son métier, il a le libre accès aux sources d’information et peut enquêter et commenter librement sur les faits de la vie publique».

Comme si le cas Nyarusange ne suffisait pas, les reporters d’Iwacu ne sont pas également les bienvenus en commune Gasorwe de la province Muyinga. Dans l’après-midi de lundi, nous prenons la direction vers Muyinga. Destination : colline Kizi en commune Gasorwe. Là, deux maisons des membres du parti au pouvoir ont été incendiées. Les CNL seraient pointés du doigt. Une enquête s’impose. Autour de 17h30, nous avions un rendez-vous, avec Ramadhan Barutwanayo, représentant du CNI à la colline Kizi. Après l’entretien, vers 18 heures, nous prenons la route vers Kiremba. Arrivé à la colline Kivubo, sur la petite bourgade dénommée ’’Kwikona’’, un policier non armé, accompagné d’une vingtaine d’hommes, certains avec des lunettes fumées,, nous intime l’ordre de nous arrêter. Nous sommes directement entourés. « Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? », lançons-nous à ce policier. « Rien », réplique-t-il, tout en demandant tous les documents au chauffeur. Ce dernier s’exécute sans hésitation. Le policier récupère aussi nos badges et s’éloigne un peu de nous. Un autre policier, cette fois-ci armé d’un fusil kalachnikov, vient se joindre à lui. Des bousculades. Avec leurs téléphones portables des jeunes tentent de nous prendre en image. D’autres font

À Gasorwe, les journalistes d'Iwacu n'ont pas été facilités dans leur travail

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MÉDIAS

Vendredi, 2 août 2019 - n°542

semblant de téléphoner. Nous, on s’interroge : «Qu’est-ce qui va se passer ? Qu’avons-nous fait de mal ?» Là, nous sommes obligés de descendre du véhicule. Nous tentons de nous expliquer, de récupérer nos badges. Mais le pol-

icier dit qu’il a reçu un ordre de nous arrêter. De qui ? Pourquoi ? Aucune réponse. Mais quelques voix dans cette foule hostile s’élèvent timidement. « Ce sont des journalistes. Il faut les laisser partir.» D’autres, protestent, à haute voix, avec vio-

lence: « Pas question. Turabakorerako.» (Nous allons vous corriger. NDLR). Impuissants, nous attendons dans l’angoisse que notre sort soit fixé. Nous décidons alors d’appeler Jean Claude Barutwanayo, administra-

teur de la commune Gasorwe. Nous le mettons en contact avec le policier. Cette fois-ci, ce dernier change de ton. «Ce sont des journalistes d’Iwacu. Ils ont tous les documents.» La foule se calme un peu. A son tour, l’administrateur lui

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intime l’ordre de nous laisser partir et de nous remettre nos documents. Et de déclarer à l’un des reporters de notre équipe: « Si tu n’étais pas à bord de ce véhicule, on allait… »

Nyarusange : Cinq militants CNL sous les verrous Sept personnes de la colline Gasenyi en commune Nyarusange de la province Gitega croupissent dans les cachots à Gitega depuis mercredi dernier. «Elles ont été arrêtées par des policiers accompagnés par des Imbonerakure vers 20 heures», font savoir des sources concordantes. Elles ajoutent que cinq parmi elles ont des liens familiaux et rentraient d’une autre famille de la localité où elles prenaient un verre. D’après elles, sur le coup, ces détenus ont été accusés d’avoir violé le couvre-feu. Ils passeront la nuit de mercredi au cachot communal avant d’être transférés au commissariat de police à Gitega. Là, elles ont été entendues, samedi, sur l’accusation de tenir une réunion

clandestine. Lundi, 15 juillet, elles ont été transférées à la prison centrale de Gitega. Parmi ces détenus, cinq sont des militants du CNL. Un emprisonnement aux mobiles politiques selon un représentant de ce parti. Contacté, dans la foulée de cette arrestation, Ferdinand Nkurikiye, administrateur communal avait reconnu l’emprisonnement des sept personnes. « J’ignore leur identité politique et les raisons derrière cette arrestation », avait-il confié. Quant au couvre-feu dans sa commune, il avait signalé qu’il n’en savait rien.

Parler aux journalistes d’Iwacu, une infraction ? Accusé d’avoir parlé aux journalistes, l’une de nos sources, a été attaquée à son domicile, tabassé. Il a été arrêté dans l’avantmidi de mardi. Il est actuellement emprisonné au cachot de la commune Gasorwe. Récit

I

l s’appelle Ramadhan Barutwanayo, représentant du CNL à la colline Kizi. C’est un jeune homme, la trentaine, vivant avec un handicap. Il porte une prothèse, il boîte. En cette soirée, rapportent les témoignages, après l’entrevue avec les journalistes, Ramadhan Barutwanayo rentre directement chez lui à moto. Mais avant d’arriver, il est arrêté par deux jeunes hommes de sa colline. Un certain Jafari, président des Imbonerakure à Kizi et un certain Rucobe, un jeune Imbonerakure de cette colline.

Rhamadan Barutwanayo, détenu à Gasorwe, et victime d'avoir accordé une interview aux journalistes d'Iwacu

Ces deux Imbonerakure l’emmènent soudainement

devant le chef de colline pour interrogatoire. Barutwanayo est

interrogé sur l’interview accordée aux journalistes. Ceux qui l’ont arrêté l’accusent d’avoir accueilli des ‘‘perturbateurs de l’ordre public’’, qui ‘‘veulent semer une insécurité sur la colline Kizi’’. Après l’interrogatoire, le chef de colline libère le ’’prévenu’’. Mais à quelques mètres de chez lui, il est de nouveau arrêté. Plusieurs Imbonerakure de Kizi, poursuivent les témoignages, se mettent à tabasser Ramadhan Barutwanayo, sans expliquer pourquoi. Nos sources parlent notamment de Stany Nayigugu, Gérard Nitunga un certain Nzambimana et un certain Karikurubu. «Nous avons pensé qu’en le relâchant, le chef de colline savait ce plan B» Ces jeunes du ’’parti de l’aigle’’ profiteront de l’occasion pour lui dépouiller de son téléphone portable. «Il a également révélé qu’ils lui ont pris 27 mille francs». Il est enfin laissé, évanoui. Il reprendra connaissance plus tard.

«Vous avez rencontré un CNL qui est contre le pouvoir». Un crime ? Dans la matinée de mardi, Ramadhan Barutwanayo va réclamer ce qu’il lui avait été dépouillé la veille. Mais, il ignorait que l’ordre de l’arrêter avait déjà été donné. C’est vers 9heures que des Imbonerakure, conduits par leur chef, l’ont arrêté et conduit au cachot de la commune Gasorwe. Nos sources ignorent le traitement qui aurait été réservé à Barutwanayo avec cette arrestation. Sur téléphone, à chaud, Jean Claude Barutwanayo, administrateur communal de Gasorwe, a indiqué que ce militant du CNL est accusé d’avoir appelé des journalistes pendant la nuit. Dans la foulée, François Mpitabavuma, un député élu dans la circonscription de Muyinga, natif de la commune Gasorwe, a téléphoné à l’un des reporters d’Iwacu. Des menaces à peine voilées.

Extrait de la conversation Député : Allô Journaliste : Allô Député : Moi, c’est honorable Shirira. Et toi, tu me connais parce que tu es de Kaguhu. Journaliste : Ah, l’autre de Gasorwe ? Député : Toi, hier, tu es venu à Kizi pendant la nuit ! Journaliste : Non, pas pendant la nuit. Député : Vous, vous êtes venus à la rencontre d’un militant du CNL au lieu de chercher les autorités reconnues par les organes du gouvernement. Journaliste : J’y suis passé autour de 17h, et je suis allé à la rencontre de celui qui pouvait me donner l’information. Député : Qui ? Est-ce que toi tu avais la permission de l’administrateur ? Journaliste : Non, je n’avais pas la permission de l’administrateur. Mais j’avais mes documents de travail reconnus par la loi. Député : Est-ce que toi tu peux entrer à l’intérieur du pays sans passer par les administratifs à la base ? Journaliste : Non honorable, avec nos documents, nous allons à la recherche de l’information partout où nous pouvons en trouver sur le territoire national.

Député : Est-ce qu’aviser les administratifs est une faute ? Journaliste : Non, les administratifs, nous les cherchons quand nous avons à leur demander. Même aujourd’hui, j’avais sollicité une interview chez l’administrateur. Député : Non, n’essaie pas de me tromper, c’est nous qui votons les lois. Tu devais passer par l’administration. Journaliste : Non honorable, ce n’est pas ce que dit la loi. Député : Alors, si on endommageait ta voiture, si on te faisait du mal, tu allais te plaindre à qui ? A ton institution ? Journaliste : Non, ce serait de la pure criminalité. Ai-je commis une faute moi ? Député (avec un ton plutôt dur) : Bien sûr, t’en a commis. Tu es allé à la rencontre d’un militant du CNL qui est contre le pouvoir, n’est-ce pas ? Le journaliste l’interrompt : Ce qualificatif de ‘‘qui est contre le pouvoir’’, moi je l’ignore. En tant que journaliste, je n’ai pas de parti. Professionnellement, je dois faire parler tout le monde… Le député François Mpitavumana raccrochera.

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ÉCONOMIE

Vendredi, 2 août 2019 - n°542

Kajeke, un barrage mal parti Après avoir englouti plus de 13 milliards de francs, les travaux de construction du barrage hydroagricole de Kajeke sont à refaire. Désemparés, les agriculteurs se rabattent sur les motopompes pour l’irrigation. Ils broient du noir. Le gouvernement peine à redresser les torts.

U

n lac de boue s’étend de la colline Kagirigiri de la zone Mitakataka jusqu’à Cabara de la zone Buvyuko. Un petit cours d’eau s’est frayé un passage au milieu de cette mare. La famille d’Herménégilde Gatozi, tout comme d’autres paysans des environs y puise de l’eau pour l’arrosage des champs. «Cette étendue de gadoue est le résultat de l’échec des travaux de construction du barrage de Kajeke», déplore cet agriculteur. Sur ce chantier en ruine, la nature a repris ses droits, des herbes et des arbustes ont poussé dans des craquelures. Des signes des travaux mal exécutés sont visibles à plusieurs endroits : des fissures un peu partout, des murs des conduits d’eau en béton,... «Et dire que cela a englouti des milliards de nos francs, c’est du délire», se désole un autre paysan devant ce gâchis. A Rugunga en zone Gihanga, à moins de trois kilomètres de ce barrage, s’étale le périmètre irrigable. Le canal principal s’est écroulé. Ce dernier devait traverser la rivière Kajeke pour alimenter la plaine de Rugunga, Gihungwe, Busongo…. Pour rappel, la construction de ce barrage a commencé en 2009. Ce chantier avait été attribué aux entreprises ETAMCO, BTCE, BETUCO-PACIFIC. Les travaux devaient durer au maximum trois ans. Le ministère en charge de l’agriculture a déclaré toutes ces entreprises défaillantes. Il était prévu que ce barrage puisse pour irriguer 1.013 hectares dans sa première phase. La zone allait s’étendre par la suite jusqu’à 2.813 hectares. Pour le moment les agriculteurs de Rugunga, Gihungwe, Busongo qui auraient pu profiter de ce barrage hydroagricole sont dans la désolation. La majorité ne vit que de la culture du riz et du maïs.

Les riziculteurs se lamentent Joseph Ntahondi, riziculteur rencontré à Rugunga en commune Gihanga ne cache pas son désarroi : «Je suis malheureux. J’ai cultivé du riz en 2017 en espérant que je récolterai plus grâce à ce barrage.» Ce dernier indique qu’il avait 54 ares de cultures. Malheureusement, à cause du manque d’eau pour irriguer ses champs, il n’a pas eu la production escomptée. «J’ai perdu 520 mille BIF dans ce projet.» L’année

agricole précédente, ajoute-t-il, je n’ai rien fait. «Je n’avais pas d’argent pour me lancer». Face à cette situation, M. Ndorukwigira n’a pas baissé les bras. Il a encore une fois planté du riz au début de l’année 2019. Pour se procurer de l’eau lui permettant d’irriguer son champ de 96 ares, il s’est procuré d’une motopompe à 1 million BIF. Cette machine a été installée sur la rivière Kajeje. «Au mois de mars, j’ai constaté que je ne pouvais pas tenir. Je dépensais 60 mille BIF par semaine pour le carburant», raconte ce cultivateur. Travaillant à perte, il s’est retrouvé contraint d' arrêter. Pour survivre, il s’est abonné à un des particuliers possédant des motopompes sur la Kajeke. Ces derniers les font louer aux riziculteurs. A la récolte, le riziculteur ayant irrigué un demihectare donne au propriétaire de la motopompe 250 kg du riz. En plus de cela, c’est lui qui se charge du carburant et c’est une somme de 572 mille BIF à débourser, à côté de l’engrais chimique et de la main d’œuvre. Le malheur ne vient jamais seul, la récolte n’a pas été bonne. Sa culture du riz a été ravagée par des rongeurs. «Je devrais perdre à tout prix. J’espérais en tirer au moins 3 millions BIF pour me con-

Lieu de captage du barrage mal construit

struire une maison. Mais, mon rêve pompes en attendant la recons’est volatilisé. Je struction de ce bar« Je devrais récolterai une rage. Sinon, précise-tseule tonne.» il, nous continuerons perdre à tout Et de souligner exploités par prix. J’espérais en àlesêtre que si l’Etat propriétaires de tirer au moins 3 motopompes. avait construit ce barrage, il millions BIF pour L’Association agron’aurait pas pastorale (Asapa) me construire une profite de ce manque déboursé une maison. Mais, mon d’eau pour l’irrigation telle somme. Cet agriculteur rêve s’est volatilisé. des champs. Elle a demande au neuf motoJe récolterai une installé gouvernement pompes. Cette assoseule tonne. » de mettre à la ciation les fait louer disposition des à une trentaine de paysans aux moins trois moto- riziculteurs de Rugunga. Pour irriguer un demi-hectare, le cultivateur paie une somme de 300 mille BIF. Ce dernier doit acheter du carburant. «Ces propriétaires de motopompes nous exploitent», a lâché un des riziculteurs. A Gihanga, les agriculteurs ne savent plus à quel saint se vouer. Depuis 2010, Jean Nahayo déplore avoir connu un manque à gagner énorme suite au retard de ce barrage de Kajeke. «La pluie tombe durant six mois au plus et d’une façon irrégulière». En 2018, la pluie était insuffisante et la récolte de maïs fut mauvaise. Il soutient que si le barrage de Kajeke était fonctionnel, il aurait pu récolter entre 2 et 3 tonnes de maïs sur une superficie de 110m2. « Je n’ai récolté que 500 kg». Par ailleurs, ajoute-t-il, j’aurais pu planter du riz. «Avec les nouvelles semences améliorées du riz, j’aurais pu récolter trois fois par an.» Après la récolte du riz, il aurait pu également cultiver du maïs ou de la patate douce. Il soutient que ces cultures sont Emérence Nirera : «Répondre à ces questions n’est pas prioritaire pour le moment. Le ministère a d’autres dossiers très urgents»

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parmi les aliments de base de la population de Gihanga.

Des questions… sans réponses A quand la reprise des travaux sur ce chantier abandonné ? Pouvons-nous espérer un jour voir nos champs bien irrigués par ce barrage sur la Kajeke ? Les quatre entreprises défaillantes sont-elles poursuivies en justice ? Telles sont les questions que se posent tous les habitants de Bubanza rencontrés. Au vu de toutes ces questions, le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage semble avoir mis de côté cette affaire. Émérence Nirera, porte-parole de ce ministère est catégorique : «Répondre à ces questions n’est pas pour le moment prioritaire. Le ministère a d’autres dossiers très urgents.» Peut-être qu’il s’agit de la demande d’engager des poursuites contre des responsables des quatre sociétés défaillantes. Au mois de février, ce ministère a reçu un don de la part du gouvernement japonais composé de 5.716,08 tonnes de riz d’une valeur estimée à plus de 7 milliards BIF. Le gouvernement burundais a annoncé par la suite que ce riz sera vendu pour que le montant obtenu puisse servir à sauver le barrage de Kajeke. Cette infrastructure aujourd’hui en ruine avait été construite sur financement du gouvernement burundais avec un budget s’élevant à 13 milliards BIF. Pierre-Claver Banyankiye


Vendredi, 2 août 2019 - n°542

ÉCONOMIE

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Conflits dans les Grands Lacs

"L’économie burundaise n’est pas la moins touchée" Au cours de la 4e Conférence du réseau de recherches sur le Burundi tenue à Nairobi au début de juillet, Dr François-Xavier Mureha, professeur à l’Université du Lac Tanganyika a démontré que les conflits civils dans les pays des Grands lacs ont des effets sur leur croissance économique. Eclairage

L

a région ne bénéficie pas pleinement de son potentiel d’intégration économique ? Absolument oui. Sur l’échantillon des six pays, cette étude montre que les conflits civils bloquent le commerce régional. Ce qui affecte directement la croissance économique de ces pays. Depuis 1990 jusqu’en 2010, la croissance de ces pays a chuté. Quel est le pays le plus touché ? Pourquoi ? Il est difficile de se prononcer sur le pays le plus affecté par les conflits civils dans la région. Mais lorsqu’on observe la dynamique des conflits ces dernières années, on peut se rendre compte que l’est de la RDC a enregistré plus de cas de conflits que partout ailleurs dans la région. On peut présumer que c’est la partie la plus affectée par les conflits armés sévissant dans la région. La richesse de cette région en ressources naturelles, susceptibles de financer les groupes rebelles et d’attiser les appétits des seigneurs de guerre, en est la principale cause. Quid pour le Burundi ? Le Burundi n’est pas moins affecté par les conflits civils, internes et régionaux. Déjà, depuis pratiquement les années 90, en raison de son instabilité, le Burundi n’a pas eu le temps de se consacrer véritablement à l’investissement en infrastructures, en industrie manufacturière, en éducation,… Toute chose de nature à handicaper la croissance économique de grande envergure. Comment les conflits affectent la croissance économique ? La guerre n’est pas une bonne chose. John Kennedy a dit, dans son discours prononcé le 25 septembre 1961 à la Tribune des Nations unies, que «l’humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l’humanité». En premier lieu, les conflits civils affectent la croissance économique à travers la destruction des infrastructures tel que les routes, les ponts, les bâtiments, etc. En outre, les guerres civiles nuisent à la croissance à travers la perturbation du commerce extérieur du pays en guerre avec ses partenaires régionaux et internationaux.

Dr François-Xavier Mureha : «En cas de conflit civil dans un pays, il peut y avoir des externalités négatives»

Deuxièmement, les conflits tent négativement la croispays en guerre étant obligé de privcivils engendrent la destruction sance économique d’un pays ilégier l’achat des armes. de la force de travail à travers à travers la perturbation de les décès, les son commerce Comment ces effets se trans« Les guerres maladies et avec l’extérieur, mettent d’un pays à l’autre ? En cas de conflit civil dans un pays, famines qui son commerce provoquent des régional étant le il peut y avoir des externalités négas’en suivent. masses de réfugiés plus affecté tel tives sur les économies voisines et En plus, les et des déplacements qu’on l’a observé les canaux de transmission sont guerres proentre le Burundi pluriels. voquent des internes de et le Rwanda à la La perturbation du commerce masses de populations. » suite de la crise avec les voisins est l’un des canaux réfugiés et de 2015. majeurs par lesquels le conflit civil des déplacements internes de populations à dans un pays peut peser sur la croiscause de la prise de contrôle de Quel est l’impact des consance des pays de la région. leur territoire par les rebelles ou flits civils sur les investisseBien plus, en cas de combats la destruction de leurs maisons. ments ? frontaliers ou transfrontaliers (il en Au-delà de l’aspect Les investissements sont est souvent le cas dans la RGL), les démographique, le conflit parmi les principaux facteurs voisins d’un pays en guerre peuvent civil peut entrainer des distor- de productions qui sont touendurer des dommages collatéraux sions dans l’affectation de la chés par les guerres. D’abord, en termes de destruction de stock force de travail pour cause de on observe une baisse de de capital notamment les ponts, l’enrôlement dans les groupes l’investissement en éducaroutes, installations électriques, etc. armés ou dans la force régulière. tion en raison de Ensuite, la guerre la fermeture ou de envoie un mauvais « La guerre Quid de la main d’œuvre la destruction des signal aux investisenvoie un qualifiée ? écoles, le recruteseurs potentiels qui, La guerre civile affecte aussi le ment des combat- mauvais signal dans la plupart des capital humain, c’est-à-dire le tants parmi les aux investisseurs cas, veulent minisavoir-faire et les compétences élèves, les étudiants miser le risque lié potentiels. » de la force de travail. En effet, en et les enseignants, à l’investissement. situation de guerre, les ressources les déplacements Ceux-ci voudront humaines fuient le pays et, sou- forcés des familles, etc. fuir, non seulement le pays directevent, les travailleurs instruits et Le conflit civil décourment touché par le conflit mais qualifiés sont les premiers à quit- age aussi les investisseaussi la région environnante, craigter le pays pour la simple raison ments privés en raison de nant que le conflit ne gagne les pays qu’ils disposent de moyens pour l’incertitude qui caractérise frontaliers. s’exiler. une période de guerre et du En outre, les pays voisins sont susEnfin, les conflits civils affec- manque de financement, le ceptibles de souffrir de la masse des

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réfugiés qui, lorsqu’ils sont pauvres et non qualifiés, constituent un fardeau pour le pays hôte. Le dernier canal est naturellement le risque que le conflit luimême s’exporte chez les voisins, suite aux interconnexions régionales, notamment les affinités ethniques transnationales tel qu’il en est le cas pour les pays de la région. Certains pays en paix ne profitent pas de ces conflits ? Lorsque, à la suite d’un conflit, les entreprises étrangères et les organisations non gouvernementale sont tentées de délocaliser les activités vers les pays voisins plus stables, ce serait là un phénomène potentiellement bénéfique pour les pays voisins de celui en conflit, les candidats potentiels à la délocalisation étant les voisins non directs. Néanmoins, pour le cas de la RGL, étant donné les affinités ethniques au niveau régional et le degré de relations commerciales qui caractérisent ces pays, les ondes de choc d’un conflit peuvent atteindre même les pays non directement voisins de celui en guerre. Propos recueillis par Pierre-Claver Banyankiye


Vendredi, 5 avril 2019 - n°525

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ENVIRONNEMENT

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ÉCONOMIE

Vendredi, 2 août 2019 - n°542

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Karusi

Affaire méga SSD fermé : la Brarudi bientôt poursuivie en justice Fermé le 20 décembre 2018 sur injonction du gouverneur de la province, le méga SSD n›a pas encore rouvert. Pour assurer la distribution de ses produits à Karusi, la Brarudi a donné le droit à d’autres distributeurs. La propriétaire compte porter plainte.

U

ne violation flagrante du contrat. Tant que la Brarudi n’a pas encore résilié le contrat qui nous lie, de droit, hormis la commune Gihogazi, la tâche de distribuer les boissons Brarudi dans la province Karusi me revient », proteste la propriétaire du méga SSD. Mine évasive, quelque peu fébrile des yeux. Théodosie Cishahayo n’est plus la même. D’habitude joviale, depuis peu, la propriétaire dudit méga SSD dissimule à peine son incompréhension. « Des fois, je pense tout laisser tomber, mais, une voix de l’intérieur me dit de m’accrocher et d’aller jusqu’au bout », raconte-t-elle non sans peine. Face à la situation qui perdure, sans autre recours, elle confie s’être résolue à intenter un procès contre la Brarudi. « Je ne peux rester assise sans rien faire. Autant que la justice tranche ». Avec un contrat d’exploitation du méga SSD de trois ans, au lieu d’œuvrer pour la rétablir dans ses droits, elle s’étonne que la Brarudi se soit empressée à lui trouver des remplaçants. D’après Me Fabien Segatwa, son avocat, une violation flagrante du contrat en vigueur. « A aucun moment la Brarudi ne lui a signifié d’un quelconque manquement pour qu’elle la retire le droit de vendre ses produits à Karusi ». Pour lui, une preuve que derrière ce délit, il y a même avec une volonté explicite de nuire à sa cliente. «A plus d’une fois, Mme Cishahayo a demandé qu’elle récupère ses bouteilles et casiers ou que ses véhicules de transport lui soit restitués. Mais, chaque fois, le délégué commercial de la Brarudi à Karusi a torpillé l’opération ». Depuis, Mme Cishahayo craint qu’à cause des intempéries, elle ne trouve ses bouteilles cassées.

D'après la propriétaire, les bouteilles cassées sont nombreuses

inutiles « Dans l’entretemps, mes bouteilles cassées se comptent par centaine et le taux d’intérêt de mon crédit bancaire ne cesse pas de croître suite au retard de paiement …. » D’habitude bruyant, le centre urbain de Karusi cède peu à peu à la platitude. Les petits bars des alentours souvent bondés les après-midi sont quasi déserts. La cause: si ce ne sont pas le prix des boissons qui montent en flèche, ce sont les boissons qui manquent.

Des conséquences incommensurables Dans l’après-midi de ce lundi 22 juillet, les quelques per-

Théodosie Cishahayo : « Quand tu te vois dépouillée, la peur ne peut pas manquer »

sonnes rencontrées toutes sont unanimes. « A notre péril, la situa-

tion doit changer », clament-t-il en chœur non sans humour. Ils

Peur du lendemain… Mme Cishahayo ne cache que la peur du lendemain, des fois, effleure son esprit. « Quand tu te vois dépouillée, en tant que mère, l’on commence à penser si la scolarité de tes enfants n’est pas comprise.» Pour « précaution », elle révèle qu’elle a dû fermer le bar qu’elle tenait à son domicile. Du côté de la Brarudi, la sérénité totale. « La priorité est la satisfaction de nos clients. Dans le cas échéant, nous travaillons d’arrachepied pour qu’une issue favorable soit trouvée », assure Rémy Ndayishimiye, en charge de la communication. Pour la propriétaire du méga SSD, des berceuses à tue-journée

Rémy Ndayishimiye : «Nous travaillons d’arrache-pied pour qu’une issue favorable soit trouvée »

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affirment qu’il est désormais impossible de distinguer un mini bar simple et celui d’un standing VIP. « Si dans des endroits pareils, le prix de la Primus est de 1700BIF, celui d’un Amstel 2500BIF, quelle est la différence avec les autres bars fréquentés par les ‘’intellectuels’’ ? » Pour les grossistes, c’est une situation intenable, difficile à expliquer. Contraints désormais de s’approvisionner soit à Gitega ou à Muyinga, ils ne cachent pas qu’à cause du prix du transport élevé, ce sont les consommateurs qui en font les frais. « C’est contre nous si non l’on travaillerait à perte », indique Consolate, vendeuse de boissons dans un dépôt. Pour elle, la Brarudi doit vite trouver une solution. « Parce qu’il est inconcevable qu’un casier d’Amstel s’achètent à 24500BIF, alors que du temps où le méga SSD était fonctionnel, il s’achetait à 19500BIF ». Contactée pour savoir à quand la levée de la mesure, Mme Calinie Mbarushimana, gouverneur de Karusi, sans vouloir faire trop de commentaires, indique que les produits Brarudi sont disponibles. Il n’ ya pas à s’alarmer, selon elle. Hervé Mugisha


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SOCIÉTÉ

Vendredi, 2 août 2019 - n°542

Massacre de Bugendana

23 ans après, un espoir mitigé Cohabitation pacifique, entente avec ceux qui sont restés sur les collines et présence administrative lors de la commémoration des leurs,… entre autres sources d’espoir pour les déplacés du site de Bugendana en province Gitega. Néanmoins, beaucoup reste à faire pour un apaisement total. Reportage.

L

e petit bourg de Bugendana est très animé. De part et d’autres de la route, de nouvelles boutiques, des bistrots, … Des jeunes femmes, des jeunes hommes, sirotent doucement leur bière, trinquent tout en goûtant la belle brochette de la vache de Bugendana. A presque 10 mètres de cette route macadamisée, des boutiques vétustes, en tuiles. Des réparateurs de radios, de vélos, des salons de coiffure, etc. s’activent. De géants eucalyptus rafraîchissent cette localité. Tout paraît calme. Cependant, derrière les boutiques, les bars, les quelques sourires des passants, se cachent des cœurs brisés, des cauchemars. Des centaines de rescapés du carnage de 1996 à Bugendana se recueillent devant le monument des victimes. Une grande croix noire. Un vaste cimetière où reposent 648 Tutsis, sauvagement massacrés dans la matinée du 21 juillet 1996. Une histoire douloureuse. Leur monument est aujourd’hui en train d’être bétonné. Cette grande croix d’environ 3 mètres de haut, annonce de loin ce lieu de recueillement. Sur elle, une sorte d’épitaphe : «Au matin du 2/7/1996. Génocide des 648 Tutsi rescapés de 1993 à Bugendana». Elle est soigneusement plantée au milieu de cette nécropole. En bois, comme des acolytes, une trentaine d’autres petites croix entamées par la moisissure. A une cinquantaine de mètres de là, le site des déplacés de Bugendana. Plus de 665 ménages, aux maisons essentiellement en tuiles, abritent les rescapés de la crise de 1993 et du massacre de 1996. Ils sont principalement originaires des collines Cishwa, Mwurire, Mugitega, Runyeri, Kibungo, Mukoro et Kibimbi, indique Oswald Ntirampeba, le chef du site.

terres. Nos récoltes ne sont plus volées ou abîmées», confie un des déplacés. Il n’a plus peur de passer la nuit chez un ami hutu laissé sur la colline. De Cishwa, il partage souvent et tranquillement un verre avec ceux de sa colline d’origine : «Quand la nuit tombe, je ne me presse pas de rentrer. Ils m’accompagnent.» Désiré, un autre déplacé renchérit : «La cohabitation est bonne. Par ailleurs, nous partageons le même destin.» 23 ans après la tragédie, il signale que son esprit est en peu apaisé. « Ce ne sont pas ces paysans-là qui ont commandité ce massacre. Les auteurs doivent être des gens aujourd’hui haut placés». Oswald Ntirampeba, Chef du site, se dit aussi optimiste : « Si la collaboration continue sur la même lancée, il y a lieu d’espérer. Les relations s’améliorent de plus en plus.» Selon lui, les déplacés de Bugendana cultivent leurs terres. « Il arrive même qu’un déplacé partage un même champ avec un ami Hutu resté sur la colline. A la récolte, ils se partagent la moisson.» Et certains Hutus travaillent dans les champs des déplacés. Ils sont payés en nature ou

Les rescapés du site de déplacés de Bugendana lors de la 23ème commémoration des leurs

en argent, précise M. Ntirampeba. Et de remercier l’administration : « Aujourd’hui, les administratifs se joignent à nous lors de la commémoration. Contrairement aux années passées, même notre sécurité est assurée».

Les défis subsistent Malgré cette bonne collaboration, M. Ntirampeba indique

Des relations au beau fixe, mais… Malgré les multiples défis auxquels ils font face, ces déplacés affirment que les relations avec ceux qui sont restés sur les collines se rétablissent petit à petit. «Aujourd’hui, nous labourons nos

Oswald Ntirampeba : « Si la collaboration continue sur la même lancée, il y a lieu d’espérer »

que ces déplacés ne sont pas «Mais, à sa surprise, quelqu’un de tranquilles. «Nous ne sommes l’administration communale lui pas totalement rassurés. Car, nos a signifié, par après, qu’il n’aura bonnes relations sont souvent perpas la vache tant qu’il reste dans turbées par des propos divisionle site.» Un cas de discriminanistes des politiciens surtout lors tion, commente-t-il, car, pas des élections». mal d’habitants du site sont des Au lieu de tenir éleveurs de vaches. un langage rasHormis les grands « Les sembleur, motive- administratifs projets, les déplacés de Bugendana n’ont t-il, ils divisent la à la base qui même pas accès aux population sur base ethnique. confectionnent petites opportunités « Au lieu de parler les listes nous occasionnelles. «Les des projets clairs, administratifs à la base ignorent. » concis et réalisqui confectionnent les ables, ils se servent listes nous ignorent.» de la politique de ’’diviser pour Idem pour diverses formations régner’’ comme du temps de la et les camps de travail. colonisation». Une situation décrite ainsi Ces rescapés se disent aussi disalors que les déplacés devaient criminés. «Nous ne bénéficions être prioritaires, critique Paspas des projets de développecal Ntahonkuriye, secrétaire ment comme les autres habigénéral de l’Association des restants de Bugendana», se lamente capés du Génocide de Bugendana Bernard, un jeune homme. Il ’’ARGEBU’’. donne l’exemple du Programme En effet, justifie-t-il, beaude développement des filières coup de ces déplacés sont vieux, (Prodefi), un projet du gouverveufs ou handicapés physiques. nement financé par le FIDA. «A mon avis, l’administration «L'administration exige que nous devrait retenir en priorité ceux rentrions sur nos collines pour du site, histoire de leur montrer être bénéficiaires des vaches. Elle qu›il n›y a plus de discorde, de avance que nous n’avons pas de panser leurs blessures», ajoute propriété, des pâturages pour les une femme, déplacée. Par ailnourrir». leurs, M. Ntahonkuriye souligne D’après lui, Léonard Nahindorque ces déplacés vivent dans la eye, déplacé, avait pu figurer sur précarité totale. « Les enfants resles listes des bénéficiaires. Même capés de 1996 ont aujourd’hui 23 les agents du Prodefi avaient ans. Ils ont besoin de fonder leur visité ses propriétés. Il avait foyer. Or, le site ne s’agrandit pas». planté des herbes fourragères. Un problème d’eau s’y pose

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aussi. Le site de Bugendana compte six robinets. « Mais aucun n’est plus fonctionnel.» A la périphérie, il y a trois robinets, tous fonctionnels. « C’est essentiellement pour la population environnante». Plusieurs déplacés s’accordent à dire que cette question a été soumise à l›administration communale. « Cependant, elle n›a rien fait. C’est comme si l’administration négligeait nos préoccupations», glisse un autre rescapé. Ces déplacés de la crise de 1993 demandent qu’ils soient traités de la même façon que le reste de la population de Bugendana. « En appliquant le cas échéant, lors des opportunités, les quotas ethniques prévus par la Constitution. A savoir 40% pour les Tutsi et 60% pour les Hutus.» Pour sa part, M. Ntahonkuriye demande que ce site et quelques maisons environnantes soient considérées comme une entité administrative à part. Le projet d’installation d’un aéroport international dans cette localité ne les rassure pas. « Il y a risque de démantèlement de notre site, même du cimetière où reposent les nôtres».

Saul Ntakarutimana : « Il faut intégrer les coopératives Sangwe où se retrouvent les autres habitants de la commune.»

L’administration se justifie De son côté, l’administration retourne la balle dans le camp des déplacés. Saul Ntakarutimana, conseiller social de

l’administrateur de Bugendana estime que ces déplacés s’autodiscriminent. Il précise que cette commune avait deux sites : Mugera et Bugendana. «Il y a plus de dix ans, ceux de Mugera

sont tous rentrés. Même ici, certains ont regagné leur colline». Il leur demande d’intégrer les comités mixtes de sécurité. «Car, en cas d’insécurité, le site ne sera pas épargné.» A ceux qui veu-

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lent que ce site soit une entité indépendante, M.Ntakarutimana tranche : « C’est impossible. Le site s’étend sur deux collines de recensement à savoir Mukoro et Nyabitare. Et là, les organes dirigeants sont au complet.» Cet administratif indique que la commune soutient toute personne qui veut rentrer. « Si elle est très vulnérable, la commune aide à construire sa maison et même des tôles sont octroyées.» Il déplore néanmoins que les demandes ne soient pas nombreuses. « Probablement que certaines personnes leur font peur, et les incitent à rester dans le site.» Pour le cas de l’aéroport, M.Ntakarutimana signale qu’il s’agit d’un projet du gouvernement et non communal. Il espère que les exécutants trouveront des solutions justes aux préoccupations de ces déplacés. Il appelle ces rescapés du massacre de 1996 et leurs descendants à plus d’ouverture. « Il faut intégrer les coopératives Sangwe où se retrouvent les autres habitants de la commune.» Edouard Nkurunziza & Rénovat Ndabashinze

Patriotisme à géométrie variable Les Burundais de la diaspora ont transféré 257 millions USD dans leur pays d’origine sur la période 2013-2018, selon le dernier rapport de la Banque mondiale. Même si comparaison n’est pas raison, la diaspora rwandaise (5e position dans la liste des pays de l’EAC) a plus que quadruplé ce chiffre avec 1,13 milliards USD. © Droits réservés

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conomie de subsistance, le maître mot. Améliorer les conditions de vie des ménages est, pour l’heure, la préoccupation de la majeure partie de la diaspora burundaise. Sous le thème «Diaspora, partenaire important pour la mise en œuvre du Plan national du développement», le gouvernement burundais a organisé du 22 au 26 juillet la semaine de la diaspora burundaise, édition 2019. L’expérience marocaine a été partagée avec les participants, mercredi 23 juillet. Elle est à des années lumières de celle de la diaspora du «Pays des Mille et une Collines». En termes d’histoire, taille, formation, contribution au tourisme, participation aux grands débats nationaux, politique migratoire marocaine efficace. Et le royaume chérifien est considéré comme une «opportunité» par les Marocains de l’étranger. En quoi ce qui s’apparente au jour (3e diaspora à l’échelle continentale) peut-il servir de modèle à ce qui se rapproche le plus de la nuit - la diaspora burundaise porte le bonnet d’âne dans l’EAC et pas de donnée officielle sur sa taille ? Performances marocaines en

Lancement officiel de la semaine dédiée à la diaspora burundaise.

pleine lumière, socle de cette réussite dans un trou noir où la lumière ne s’aventure pas par crainte d’être absorbée. Cette juxtaposition sert à escamoter le nœud du problème dans le contexte burundais.

A quand le dénominateur commun ? Les mêmes raisons qui empêchent les investisseurs étrangers d’investir s’appliquent aussi à la diaspora burundaise. Un climat de confiance, base

de la stabilité politique et de la performance économique d’un pays, fait défaut. Et pour cause ! Les standards internationaux en matière de bonne gouvernance, de respect des principes de démocratie, des droits de l’Homme et de l’Etat de droit ne sont pas convaincants. En deçà de ces seuils, ce qui divise est amplifié, mis en exergue et finit par donner le la. Le gouvernement est ainsi perçu par un large pan de la diaspora burundaise comme la clé de

voûte du «système DD». Et tout système polarise le débat. Dès lors, envoyer des fonds pour des projets d’investissements productifs équivaut à l’affermir. Dans un contexte politique si clivant, la notion d’«intérêt général» sonne creux, mobilise moins car marquée du sceau de la suspicion, aussitôt évoquée. Seule celle de « système », sa conservation ou sa destruction, parle aux uns et aux autres, détermine la ligne de fracture. Du coup, un dialogue de sourds s’installe

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durablement : l’accusation en filigrane d’un manque de patriotisme est attrapée au vol pour un meilleur retour à l’envoyeur : le bien commun est le cadet des soucis du pouvoir. Tant que ces standards internationaux seront une vue de l’esprit, le gouvernement burundais criera dans le désert. Guibert Mbonimpa


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Buganda

Eglise Adventiste du 7ème jour : Une croisade perturbée Les chrétiens de l’Eglise Adventiste du 7ème jour de Buganda déplorent le comportement du représentant légal évincé. Ils lui reprochent d’avoir perturbé la croisade organisée samedi dernier. Le président de cette mission appelle ces chrétiens à ne pas céder à la provocation.

S

amedi 27 juillet. Il est 11 heures. Lors de la prière à l’Eglise Adventiste du 7ème jour au siège de la mission du Nord-Ouest du district évangélique de Buganda, en province de Cibitoke, une armada de policiers débarquent sur les lieux. Les chrétiens sont à quelques 150 m de l’église dans un endroit bien aménagé. Une croisade bat son plein. Les chrétiens ne sont pas dérangés. Ils continuent leur prière. Après quelques minutes, des fidèles, venus de Bujumbura, conduits par l’ex-représentant légal, Joseph Ndikubwayo dernièrement chassé de cette église, font irruption. «Ils viennent se joindre à nous. Le pasteur Ndikubwayo a une mission d’évangélisation», murmurent quelques chrétiens présents à la croisade. Pas du tout. Le pasteur et ses fidèles se dirigent plutôt vers l’église. Un jeune, parmi les chrétiens venus de Bujumbura, défonce les portes de l’église. Ils entrent dans l’église. Ils veulent investir le pasteur déchu. Coup de tonnerre. Les chrétiens de Buganda interrompent la prière. Au rythme des chants, ils se dirigent vers le groupe. Le risque d’affrontement est réel. La police intervient vite. L’irréparable est écarté. Par après, le pasteur et son groupe tentent de défoncer les portes des bureaux de la mission mais la police les en empêche. Ils ont tenu la réunion sous un arbre où le pasteur a mis en place les nouveaux organes dirigeants de la mission de Buganda. Selon Alfred Nshimirimana, chargé de la communication dans l’église de Buganda, et qui suit de près les événements, indique que les chrétiens ont gardé le calme. «Les chrétiens sont restés tranquilles et ont continué à prier». Les adventistes, tient-il à rassurer, respectent scrupuleusement les décisions prises par les organes dirigeants. Il dénonce le comportement du pasteur. « Je tiens à vous préciser que deux représentants, le responsable de la mission et son secrétaire exécutif, qui avaient été nommés par Joseph Ndikubwayo, ont tous rejeté l’offre après son départ».

Les chrétiens se disent choqués «Il est en perte de vitesse. Et il veut user de la force. Nous n’avons pas peur. Nous gardons notre foi. Personne ne va le suivre», s’indigne un des chrétiens. «Il est étonnant qu’un pasteur viole les lois », lâche un autre fidèle. Et de rappeler qu’il est interdit de faire des activités le jour du sabbat. «Il disait qu’il est venu pour une mission d’évangélisation. Et voilà, il perturbe la croisade», s’étonne-t-il. De son côté, M.B. un pasteur rencontré sur le lieu, ne cache pas sa colère. Il fait savoir que le pasteur Ndikubwayo soutenu par le ministre de l’Intérieur avait mobilisé l’administration provinciale et les forces de sécurité pour mettre en place les nouveaux organes dirigeants de cette mission. «On ne peut pas tolérer son comportement. Qu’il aille fonder sa propre église». Elias Ndayikengurukiye, un autre chrétien, dénonce les agissements du pasteur déchu et son équipe. « Nous n’accepterons

Eglise Adventiste du 7ème jour de Buganda

jamais les dirigeants tombés du ciel ». Il trouve aberrant de voir un pasteur remercié s’arroger le droit de nommer et de mettre en place des organes dirigeants en violation des lois régissant l’église.

Il demande au ministère de l’Intérieur de respecter la décision prise par les pasteurs. Et de marteler : « Ledit ministère devrait plutôt l’interpeller et l’arrêter pour qu’il cesse de perturber l’église». « Que ce pasteur déchu cesse de torpiller les activités de l’église », s’indigne Célestin Niyonkuru. Il interpelle l’administration de faire respecter la loi. « Il n’appartient pas à ce pasteur de nous choisir et de nous imposer les dirigeants ».

« Qu’ils restent soudés »

Alfred Nshimirimana : «Le responsable de la mission et son secrétaire exécutif, nommés par Joseph Ndikubwayo, se sont rétractés juste après son départ»

Siméon Niyorugira, président de la mission de Buganda, déplore la situation et dit que le pasteur était mal intentionné. Il tranquillise les chrétiens et leur demande de continuer à prier dans le calme et de respecter les lois et les responsables de l’église. « L’église appartient aux chrétiens et non à un individu». Et de rassurer que les chrétiens sont tranquilles. « Ils savent que l’église sera toujours en face des épreuves jusqu’au retour de Jésus Christ. Qu’ils restent soudés, sereins ». Il interpelle ceux qui sont en train de salir l’église affirmant qu’elle est contre les projets du gouvernement de se ressaisir. « Notre église aide et accompagne le gouvernement dans toutes ses actions ». Il remercie les forces de défense

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et de sécurité d’avoir fait preuve de professionnalisme et de neutralité. Néanmoins, il regrette que dans ce conflit le ministère de l’Intérieur a écouté une seule partie. De son côté, Rubin Tubirabe, conseiller économique du gouverneur, qui était sur les lieux, n’a pas voulu commenter sur les incidents. Il interpelle plutôt les responsables de l’église adventiste de respecter la loi régissant les confessions religieuses et la décision du ministère de l’Intérieur. Contacté à propos de ces agissements, le pasteur Joseph Ndikubwayo s’est gardé de tout commentaire. Rappelons que la crise de leadership au sein de l’Eglise adventiste du 7è jour date de novembre 2018. Le pasteur Joseph Ndikubwayo, représentant légal de ladite église, a été destitué par la conférence générale adventiste pour manquements graves dans la gestion de l’Eglise. Signalons également que 106 pasteurs (sur un total de 132) qui soutiennent Lamec Barishinga, nouveau représentant, se sont confiés en avril dernier, à l’Ombudsman pour lui demander de résoudre ce conflit de leadership. Félix Haburiyakira


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Avec Charles Nditije Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Charles Nditije.

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otre qualité principale ? La justesse et l’honnêteté dans mon comportement quotidien. Je suis très sensible à toute injustice et j’essaie d’être juste dans tout ce que je fais : avec mes étudiants, avec le personnel qui travaille avec moi, mes collègues, mes amis et même en politique, ce qui ne paie pas toujours en ce dernier domaine, mais je persiste et j’y crois toujours. Le mal ne triomphe pas totalement ni définitivement du bien. Votre défaut principal ? La nervosité : je suis parfois nerveux, face à des situations non maîtrisables et surtout face à des gens qui mentent ou qui racontent des contre-vérités par ignorance ou par cupidité. J’ai tendance à réagir au coup par coup et à ne pas cacher ma désapprobation. Comme nous sommes dans une société de dissimulation, (umurundi aguhisha ko akwanka, ukamuhisha ko ubizi) (Traduction libre : le Burundais te cache qu’il te hait, et tu lui caches à ton tour que tu en es au courant), cela me dessert parfois. La qualité que vous préférez chez les autres ? L’honnêteté. J’aime les gens dont je sais que ce qu’ils disent, ils le croient sincèrement et qui respectent les engagements pris. Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? Le mensonge et le vol. J’ai horreur des gens qui mentent ou qui volent et dans ma carrière professionnelle, j’étais sans pitié envers ce genre d’hommes. Malheureusement, ces deux vices sont aujourd’hui devenus monnaie courante depuis le sommet de l’Etat. La femme que vous admirez le plus ? Ma mère qui s’est éteinte le 7 février 2017, à l’âge de plus de 90 ans. D’abord, elle m’a allaité pendant près de 5 ans ; ce qui constitue pour moi, un bagage immunitaire énorme au niveau de la santé. J’admire sa grande

Rwanda, union qui était susceptible d’être étendue sur l’Ouganda et le Kenya.

lucidité et son intelligence qui sont restées vivaces, malgré son âge avancé. Elle me parlait même des questions politiques et me posait des questions sur le président burundais qu’elle n’aimait pas du tout. J’admire en elle aussi son sens élevé de la famille, sa sociabilité et sa serviabilité. Elle était très appréciée dans le voisinage pour les nombreux services et conseils qu’elle donnait (gutanga akunyu, akanike, etc.) (Traduction libre : octroi du sel, de la bière de sorgho). Elle aimait profondément ses petitsenfants et ma femme, qui par ailleurs l’aimait aussi comme sa propre maman. Elle avait une grande capacité de résilience qui me frappait beaucoup : elle a perdu tous ses enfants, sauf moi, et parfois dans des circonstances dramatiques, mais elle a toujours pu se relever, pardonner même et rester digne et équilibrée. L’homme que vous admirez le plus ? Le Prince Louis Rwagasore, pour sa forte personnalité qui s’est d’ailleurs forgée très tôt, à travers les épreuves qu’il a connues dès

Votre plus beau souvenir ? La signature de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi, à Arusha en Tanzanie, le 28 août 2000. Après plus de deux ans de négociations parfois houleuses, la signature de cet Accord historique qui est intervenu très tard dans la soirée, alors qu’elle était prévue dans la matinée, laisse pour moi un souvenir inoubliable. Il était permis de rêver que le Burundi allait enfin enterrer définitivement la hache de guerre, avec cet Accord signé par la quasi-totalité de la classe politique burundaise (19 signataires en tout) et la Communauté internationale qui s’en portait garante. Malgré la volonté du pouvoir actuel de vouloir l’enterrer, malgré que la paix n’a pas été totalement recouvrée, cet Accord a permis de stabiliser le pays pendant plus d’une décennie. Nous devons continuer à nous battre pour le réhabiliter et mieux l’appliquer, surtout au niveau des mécanismes de la justice transitionnelle, afin de mettre fin à l’impunité des crimes au Burundi.

son jeune âge, pour son courage et son amour incommensurable pour le peuple «murundi », pour reprendre son expression. C’était un rassembleur hors pair : Il a su galvaniser les Hutu, les Tutsi, les Ganwa, les Swahilis et même des Belges et des Allemands pour Votre plus triste que le Burundi puisse accéder souvenir ? à l’indépendance immédiate, Le jour où j’ai appris la mort de au moment où ces concur- ma mère, c’était le 7 février 2017, rents la voulaient dans les 50 dans la soirée, étant en exil et ans. Je l’admire aussi comme un seul, sachant que je ne pourrai grand visionnaire qui avait vite pas me rendre au Burundi pour compris que la l’enterrer dignelibération polialors que « Le 1er juillet 1962: ment, tique doit aller j’étais le seul c’est une page qui a enfant qui lui de pair avec la libération restait. Elle était été définitivement économique. d’ailleurs trautournée pour le Dans cette matisée à l’idée Burundi et rien ne même vision, il que je puisse préconisait déjà mourir avant sera plus comme l’intégration surtout avant, qu’on le veuille elle, régionale. En avec la crise ou non.» mars 1961, à d’avril 2015. Elle l’occasion de la vivait chez moi à réunion annuelle de la commis- Bujumbura et récitait son chapesion de Tutelle, le prince Rwa- let plusieurs fois par jour. Parmi gasore fut le premier à proposer ses demandes quotidiennes, elle la Constitution d’une union implorait la Sainte Vierge Marie économique et politique entre d’intercéder auprès de son fils le Burundi, le Tanganyika, et le Jésus pour qu’elle soit appelée

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avant moi, ce qui a été exaucé. Merci Seigneur, merci chère Maman, que ton âme repose en paix. Merci aussi à tous mes apparentés, amis et connaissances qui l’ont dignement enterrée, en mon absence. Quel serait votre plus grand malheur ? Trahir : je serai malheureux et inconsolable de trahir ma famille, mes amis et la cause que je défends sur le plan politique, celui d’un Burundi paisible et réconcilié et qui tourne définitivement le dos aux conflits cycliques et récurrents qui ont tant endeuillé le Burundi et les Burundais de toutes les ethnies. Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? L’accession du Burundi à l’indépendance nationale. Malgré les problèmes divers que le Burundi a connus après l’indépendance(crimes de génocide, crimes contre l’humanité, violations massives des droits de l’homme, mauvaise gouvernance politique et économique), le Burundais, même moyen est conscient de vivre dans son propre pays, d’assumer son identité et son avenir qui est désormais dans les mains de ses compatriotes et non des étrangers. «Kabe gato kabe akiwawe karamara agahinda», dit-on. (Traduction libre : petite chose soit-elle, quand elle t’appartient, elle t’épargne du chagrin). La plus belle date de l’histoire burundaise ? Le 1er juillet 1962, jour de l’indépendance nationale. C’est une vérité quasi universelle : c’est une page qui a été définitivement tournée pour le Burundi et rien ne sera plus comme avant, qu’on le veuille ou non. Se sentir chez soi et délivré du joug colonial, que ce soit psychologiquement ou réellement vécu par les citoyens. Les responsables politiques et administratifs qui se comportent parfois pire que le colon, qu’ils dénoncent pourtant à longueur de journée, doivent savoir que tôt ou tard, ils répondront de leurs forfaits devant le peuple souver-


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ain. C’est un grand acquis de l’indépendance ; ce qui n’est pas le cas sous la colonisation. La plus terrible ? Le 13 octobre 1961, le jour où le héros de l’indépendance nationale a été assassiné. Je suis pertinemment convaincu que si Rwagasore n’avait pas disparu aussi brutalement et prématurément, l’évolution socio-politique du Burundi aurait connu une autre trajectoire plus positive, sans les drames qu’il a vécus depuis la disparition tragique de cet illustre et inégalable digne fils du Burundi. Comme on dit : «ahavuye umugabo ntihaboneke igisoko, aba atawahari ». (Traduction libre : Quand un homme qui n’est plus, ne laisse pas un vide, c'est qu’il ne valait rien) Le métier que vous auriez aimé faire ? Celui que j’ai toujours exercé : être un enseignant. C’était mon rêve depuis que j’étais petit enfant. En effet, les deux personnalités qui étaient les plus respectées à la maison, c’étaient le Chef (umutware) et l’enseignant du primaire. Quand l’un d’eux venait à la maison, mon père nous demandait d’aller chercher une chaise, car il ne fallait pas les faire asseoir sur une natte, comme les autres visiteurs ou invités. Par ailleurs, si j’ai fréquenté l’école, c’est à cause d’un enseignant qui s’appelait Vital Vyandaraye. Il est venu à la maison et a demandé à mon père de nous envoyer, mon grand frère et moi à l’école. Mon père lui a rétorqué qu’il ne pouvait envoyer qu’un de nous deux, l’autre devant rester à la maison pour garder le grand troupeau de vaches que nous avions. Après un petit entretien qu’il a eu avec nous deux, son choix s’est porté sur moi. C’est ainsi que je suis allé à l’école et mon grand frère, jamais. Pour moi, c’est le plus beau métier, car aucun pays ne peut se développer, sans un bon système éducatif, qui est notamment l’œuvre des enseignants compétents et motivés. L’on est fier de rencontrer des gens que l’on a formés et qui vous en remercient. On est d’autant plus heureux, quand il y en a parmi eux qui ont réussi et qui rendent de loyaux services à la nation. « La meilleure joie du maître, c’est de se faire dépasser par son disciple », disait un grand pédagogue, dénommé GUSDORF, dans son livre « Pourquoi des professeurs ? » Votre passe-temps préféré ? Depuis que je suis en exil, je lis, j’écris et j’écoute aussi des émissions télévisées ou radiophoniques sur des sujets politiques.

se passe au pays. J’ajoute aussi de temps en temps RFI et VOA, surtout à l’époque où elles émettaient encore au Burundi. Avez-vous une devise ? Etre juste et éviter autant que faire se peut de faire du mal à des gens.

Votre lieu préféré au Burundi ? Le sanctuaire des « martyrs de la fraternité de Buta » au petit séminaire du même nom en province Bururi. C’est un lieu extraordinaire de recueillement, qui nous donne une leçon sublime de courage et du sacrifice suprême de ces 40 jeunes qui ont refusé de suivre les démons de la division et de la désunion ; qui aurait fait plus de dégâts. A quand leur béatification ? Le pays où vous aimeriez vivre ? Au Burundi, s’il devenait un pays paisible, expurgé de dirigeants médiocres et criminels, exempt de violences et drames cycliques, un Burundi où les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs, où la vie est sacrée, un pays dirigé par des gens qui aiment tous les Burundais, sans distinction et qui s’attèlent prioritairement à son développement harmonieux. Le voyage que vous aimeriez faire ? Le voyage de retour dans mon pays, après l’exil pour retrouver la famille, les amis, les collègues, bref les Burundais dans

leur diversité politico-ethnique, dans un pays qui a retrouvé la paix et la sécurité pour tous. Cela passera, bien entendu par le départ du pouvoir actuel. Votre rêve de bonheur ? Voir tous mes enfants réussir sur le plan humain, moral et socioprofessionnel et nous retrouver tous rassemblés à nouveau en famille. Votre plat préféré ? Je mange tout ce qu’on sert gentiment, sans préférence particulière. Comme plat traditionnel, j’aime le petit pois sec assaisonné au beurre de vache mélangé aux bananes vertes ou aux pommes de terre. Votre chanson préférée ? L’hymne national, à cause de sa signification politique, des belles paroles qu’il contient et de sa belle mélodie. Dommage que les jeunes générations soient en train de l’oublier puisque l’on ne chante plus cet hymne à l’école. Quelle radio écoutez-vous ? J’écoute HUMURA, INZAMBA pour suivre tant soit peu, ce qui

Votre souvenir du 1er juin 1993 ? Une grande défaite pour le parti Uprona auquel j’appartenais et appartiens toujours, mais qui ne m’a pas personnellement surpris, eu égard à ce que j’avais constaté pendant mes études doctorales en Belgique et pendant la campagne électorale. Il y avait une mobilisation et une prise de conscience des Hutu, sans précédent qui voulaient un changement dans la conduite des affaires de l’Etat. Mais cette date me rappelle surtout les événements tragiques intervenus le 21 octobre 1993, soit moins de 5 mois après ces élections présidentielles qui ont porté au pouvoir M. Ndadaye Melchior, du Frodebu, premier président hutu à diriger le pays. L’assassinat ignoble de ce dernier suivi de massacres atroces de milliers de gens, essentiellement des Tutsi et des Hutu de l’Uprona. Pour moi, rien ne peut justifier ni l’un ni l’autre de ces crimes crapuleux, n’en déplaise à ceux qui tentent de justifier l’injustifiable. Votre définition de l’indépendance ? Un pays dirigé par de grands patriotes soucieux du bien-être et de l’intérêt général de la population. Un pays dont les citoyens ont accès aux services de base de qualité : éducation, soins de santé, logement décent, eau potable. Un pays qui décide de la gestion et de l’exploitation de ses ressources sur base des dividendes que la population en tire et non les grandes puissances mafieuses en connexion avec des dirigeants nationaux corrompus. Un pays qui entretient de bonnes rela-

Le professeur Charles Nditije avec le professeur Evariste Ngayimpenda (à gauche), son rival à la tête de l'Uprona de l'opposition

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tions politiques, économiques et diplomatiques mutuellement avantageuses avec les voisins et d’autres pays, dans l’intérêt général de la population. Votre définition de la démocratie ? Pour moi, la meilleure définition ou plutôt la bonne conception de la démocratie est celle donnée par le héros de l’indépendance, le prince Louis Rwagasore. Je vais donner quelques extraits qui me paraissent fort pertinents : « La démocratie, voilà au moins la meilleure chose que les Belges ont pu nous suggérer. Le peuple burundais a droit à la dignité et à la liberté, nous devons donc le diriger par la démocratie. Si demain le peuple ne veut plus de mon père (Mwambutsa IV), je serai le premier à lui conseiller d’abdiquer. » -Les dirigeants sont là de par la volonté du peuple et doivent se soucier de son bien-être. Rwagasore prône une démocratie adaptée aux réalités de chaque pays : «Je suis pour la démocratie progressive qui doit se bâtir sur des bases réelles et solides, car une démocratie véritable ne s’instaure pas à coups d’arrêtés ou de décrets, ni à coups de crosse ou de baïonnettes » La démocratie rime toujours avec la justice sociale : «C’est aussi le triomphe de la démocratie telle que le peuple murundi la comprend et la veut, c’est-à-dire la véritable justice sociale plutôt que des formes extérieures d’une démocratie de surface ». Il faut un jeu libre et honnête entre les partis et selon les règles convenues de commun accord : «Il faut qu’un jeu libre et honnête entre partis soit permis et encouragé…et ma foi, gagnera celui qui gagnera !!! ». La démocratie, c’est aussi un pays où les élus doivent régulièrement rendre compte au peuple, lui sont redevables et sont sanctionnés ou reconduits lors des élections suivantes sur base de leur rendement et promesses tenues. La séparation réelle des pouvoirs (Exécutif, Judiciaire, Législatif) est également un grand indicateur d’une vraie démocratie, tout comme le respect des droits de la personne humaine. Votre définition de la justice ? C’est l’égalité des gens devant la loi, personne ne peut prétendre être au-dessus de la loi, pour quelque raison ou fonction que ce soit. C’est aussi le respect du droit inaliénable à la vie. C’est aussi l’équité dans l’accès des citoyens aux services de l’Etat : éducation, santé, logement, emploi, etc. C’est aussi le respect de la loi et la lutte contre


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l’impunité. J’ajoute aussi la neutralité et l’indépendance de la magistrature.

-Evaluer l’état de mise en application de la réforme LMD ou système de Bologne, (dont je suis par ailleurs Si vous étiez président de la Répubun des grands artisans) pour procéder aux ajustements nécessaires, car lique, quelles seraient vos deux prej’ai l’impression que mières mesures ? 1. Libérer tous les plutôt un échec, « Pour moi, l’homme c’est prisonniers politiques alors que la réforme n’est ni bon ni et d’opinion. s’imposait. 2. Commanditer mauvais par nature. Ces deux mesures perun audit général de mettraient de prendre Je pense plutôt que des décisions approl’Etat pour faire l’état des lieux dans tous les l’homme est le fruit priées pour rendre secteurs, afin de pou- de son éducation et notre enseignement voir élaborer un plan compétitif de la culture dans supérieur Marshall pour sortir et performant sur les le pays de son effon- lesquelles il évolue. » plans académique et drement généralisé, professionnel, comme mais aussi pour connaître avec exacça l’était par le passé. titude les vrais auteurs de nombreux crimes commis et les traduire devant Croyez-vous à la bonté humaine ? les juridictions compétentes, dans J.J. Rousseau disait que « l’homme le strict respect de leurs droits à la naît bon et que c’est la nature qui le défense et à un procès équitable. corrompt » ; tandis que le psychanalyste S. Freud disait que « l’enfant est Si vous étiez ministre de un pervers polymorphe ». Les psyl’Enseignement supérieur et de chologues ajoutent que l’homme est la Recherche scientifique, quelles l’animal le plus indiscipliné pour 3 raiseraient vos deux premières sons essentiellement : 1. c’est le seul mesures ? animal qui tue gratuitement ; 2. c’est -Commanditer une étude interle seul animal qui boit sans avoir soif ; nationale de l’Assurance-qualité de 3. c’est le seul animal qui « copule » l’enseignement supérieur, tant public tout le temps. que privé pour évaluer sans complaiPour moi, l’homme n’est ni bon ni sance la qualité de notre enseignemauvais par nature. Je pense plutôt ment supérieur qui a lamentablement que l’homme est le fruit de son édubaissé. cation et de la culture dans lesquelles

il évolue et qui modulent sa personnalité de base. Il peut devenir bon ou mauvais en fonction de son éducation, de sa trajectoire sociale, de l’environnement dans lequel il évolue et des expériences vécues tout au long de sa vie. Pensez-vous à la mort ? Oui, j’y pense et je me dis qu’elle peut frapper à ma porte à tout moment. Mais comme je sais que quand l’heure sonnera, je n’y changerai rien, il vaut mieux ne pas y penser trop et s’y préparer tous les jours en essayant de ne pas faire du mal aux gens, à défaut de faire du bien. Et ainsi laisser une bonne image de soi, à cause de ce que l’on a accompli de bon pour les humains. Si vous comparaissiez devant Dieu, que lui diriez-vous ? Je lui dirais : Merci mon Dieu pour m’avoir comblé de tant de privilèges : une famille avec des enfants, tous en vie et en bonne santé. Merci pour ma carrière bien meublée. Merci de m’avoir aidé à remplir assez correctement mes obligations diverses, en essayant d’être juste avec tout le monde. Soyez indulgents pour mes manquements de ne vous avoir toujours pas accordé la place qui était la vôtre dans ma vie. Propos recueillis par Egide Nikiza

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Bio express

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harles Nditije, actuellement en exil en Belgique, est à la fois homme politique et universitaire. Après son doctorat en octobre 1992 en psychopédagogie à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, il devient depuis lors professeur à temps plein à l’Université du Burundi. De 2010 jusqu’en 2015, Charles Nditije siégeait à l’Assemblée nationale dont il a d’ailleurs été vice-président de la Commission des Affaires politiques, administratives, des relations extérieures et de la Communauté Est-Africaine. Et de 2010 jusqu’en 2012, il était président du groupe parlementaire du parti Uprona dont il a hérité la présidence en 2012 à la suite du congrès de Gitega. Charles Nditije est né le 22 mars 1954 à Mutsinda en province Bururi. Après sa licence en 1979 à l’Université du Burundi, il en deviendra assistant à partir de 1982. Plus tard, il sera notamment coordonnateur de la recherche à l’Université du Burundi et directeur administratif et financier de la même Université. Charles Nditije a été entre octobre 1999 et 2005, directeur de l’Ecole normale supérieure, celui de l’Ecole nationale d’Administration de 2007 jusqu’en 2008 et le directeur du Centre de Perfectionnement et de Formation en cours d’Emploi (CPF) de janvier 2007 à Août 2007. Charles Nditije a été ministre à la présidence chargé de la lutte contre le sida de janvier 2005 jusqu’en août de la même année.

CULTURE

Miss Burundi devient Miss ’’Mazi ya teke’’ Alors que l’évènement Miss Burundi était moribond, Japhet Legentil Ndayishimiye, président de la diaspora burundaise, annonce, il y a un an, voler à la rescousse de ce grand rendez-vous culturel. Mais jusqu’aujourd’hui, rien ! Rencontre avec ce mécène qui avait promis de réanimer cette compétition.

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ous avez promis de prendre la relève de Miss Burundi. Où en êtes-vous?

Effectivement, nous l’avons promis. L’évènement de Miss Burundi demande une bonne organisation, de manière à ce qu’il soit véritablement un évènement national. Les préparatifs continuent de manière à éviter les erreurs du passé. Nous sommes en train de discuter avec les ministères concernés pour assurer une meilleure organisation, quel que soit le temps que cela prendra. Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre cette initiative ? D’abord l’organisation de l’évènement avait échoué. Puis la culture burundaise n’y avait pas une place digne de ce nom et les jeunes de la diaspora étaient exclus de cette compétition. De surcroît, la beauté de la campagne n’était pas impliquée

directement. Nous voulons corriger tout cela. Comment comptez-vous le faire alors que vous êtes basé à l’extérieur du pays ? Plusieurs acteurs nous ont contactés pour cette question de Miss Burundi et nous l’apprécions beaucoup. C’est pourquoi nous avons pris la décision de contacter les ministères concernés pour se pencher sur les modalités et le calendrier de cet évènement. Du côté de la diaspora, les préparatifs vont bon train. La Chine, la Norvège, l’Afrique du Sud,… ont déjà des candidates. Nous sommes représentés partout dans le monde, même au Burundi. La faisabilité ne pose pratiquement aucun problème. S’agit-il de Miss Burundi de la diaspora ? Une importante précision: ce n’est pas la relève de Miss Burundi comme telle, mais

Japhet Legentil Ndayishimiye : «Faut pas chanter la victoire avant la bataille»

plutôt une autre compétition de Miss, «Mazi ya teke w’Uburundi», en kirundi. Elle sera étendue à la diaspora burundaise avec des innovations. Comment comptez-vous relever les défis constatés dans les éditions précédentes? Nous sommes en train d’étudier les raisons de l’échec pour préparer l’évènement à la satisfac-

tion de tout le monde. Il peut y avoir de petits changements sur le fond et la forme. Il suffira d’agir d’une manière transparente avec tous les acteurs concernés. Avez-vous déjà assez des moyens pour vous lancer ? Quand le travail est collectif, il est bien organisé. L’image du Burundi compte beaucoup. Sur le

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plan financier, il faut chaque fois, dans un business, avoir un point de départ. Le reste n’est qu’une question de complément. Mais il faut chaque fois éviter de chanter la victoire avant la bataille. Propos recueillis par Clarisse Shaka


AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

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Gitega

Le loyer monte en flèche Dans les quartiers populaires, les propriétaires ont revu à la hausse le prix du loyer même si beaucoup ne remplissent pas les conditions. Quant aux locataires, la vie devient de plus en plus difficile. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

D

ans les quartiers Nyamugari, Magarama, Yoba, Mushasha et Nyabututsi, les propriétaires des maisons s’activent à construire dans leurs parcelles ne fût-ce qu’une chambrette. Plus question de voir une partie de la parcelle vide. Même ceux qui étaient réticents par prestige à cohabiter avec des locateurs sont aujourd’hui résolus à changer de comportement. « Avant je ne voyais pas où l’intérêt de vivre avec une ou deux familles dans une même parcelle. Mais maintenant, avoir une chambrette à louer influe beaucoup sur la vie du ménage », déclare Claver un fonctionnaire qui soutient que l’argent perçu sur ses deux maisons louées la préserve de demander dans sa banque des découverts répétitifs. Dans ces quartiers, les gens

Région Nord

ne veulent plus construire une grande maison spacieuse. Les quatre chambres avec salon qu’on observait chez certaines familles n’existent plus. Ils préfèrent vivre en promiscuité au profit de l’argent. Sur le longs des clôtures, des boutiques, salons de coiffure ou autre sont construits souvent à la hâte. Ceux qui cherchent des maisons à louer à Gitega sont très nombreux

D’autres problèmes, cependant… Certes, les revenus mensuels se sont arrondis, mais des problèmes nouveaux apparaissent. En plus de vivre en promiscuité, l’hygiène laisse à désire dans plusieurs ménages. Comme on l’a constaté dans les quartiers Magarama, Yoba et Nyamugari, certains boutiquiers et coiffeurs n’ont pas des lieux d’aisance. Quand on leur demande où ils vont pour se soulager pendant la nuit, la réponse souvent enten-

Des boutiques et salons de coiffure échelonnés tout le long de la clôture

due c’est : « Nous faisons nos besoins avant que le propriétaire ferme le portail ! » Et pourtant, il y a des essaims de mouches non loin de ces lieux. Des excréments humains sont visibles ici et là. Les rues et les

caniveaux sont remplis de toute sorte de déchets. Apparemment, les propriétaires ne se soucient plus de la santé de leurs locataires. Bukuru du quartier Yoba fait savoir qu’il mène la vie d’un prisonnier. Selon lui, pour accéder

aux lieux d’aisance, il doit contourner la parcelle. Pour ces locataires, l’administration devait contrôler que les maisons louées ont le nécessaire pour permettre à ceux qui y logent de vivre décemment.

Ngozi

Camp des vacances désormais sanctionné de certificats Le camp de vacances de cette année a débuté officiellement, en province Ngozi, mercredi 31 juillet . L’administration communale prévoit octroyer des certificats de participation au terme des activités.

une maman ayant participé au traçage de courbe de niveau.

L’administration satisfaite

De notre correspondant Apollinaire Nkurunziza

D

es travaux physiques comme le traçage des courbes de niveau, aménagement des pépinières, plantation des haies antiérosives, ainsi que des séances de moralisation sont au menu de l’organigramme du camp de travail.. Alors que l’année passée, les activités étaient centrées au niveau des collines, désormais les chefs de zone sont, en collaboration avec des directeurs d’écoles. Des élèves rencontrés sur la colline Kinyami en Ngozi Mai-

Des élèves en train de tracer les courbes de niveau

rie, en pleine activité de traçage des courbes de niveau confient que les travaux organisés leur sont utiles. « C’est une bonne occasion de se faire des connaissances. En plus, nous apprenons et sommes conscientisés à protéger l’environnement à travers les activités que nous effectuons. »

D’autres indiquent un gain matériel dont ils bénéficient : « Ils nous donnent des cahiers et des stylos. C’est une bonne chose pour les élèves dont les parents n’ont pas assez de moyens financiers.» Des parents, quant à eux, se réjouissent des travaux organ-

isés en vacances. Ils apprécient l’aide qu’apporte le camp dans l’encadrement de leurs enfants. « D’habitude, lors des vacances, mes enfants se baladaient en ville. Je ne les voyais presque pas. Pour le moment, ils savent qu’ils doivent participer au camp de travail. Ainsi, restent-ils à la maison », rassure

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Mais, il y a des élèves qui n’y participent pas. Certains expliquent leur absence par des occupations domestiques. « C’est une bonne occasion d’aider en famille. Chez moi par exemple, je suis la fille aînée, quand je rentre pour les vacances, mes parents trouvent en moi une main-d’œuvre importante», affirme une fille du quatrième cycle fondamental, qui préfère s’exprimer sous anonymat. Il y en a aussi qui prétendent trouver dans les vacances une opportunité de faire des visites à leurs connaissances. Pour l’administration communale, le conseiller en charge du développement se dit plutôt satisfait du taux de participation des élèves aux travaux de camp de travail. Toutefois, il y a des sources qui indiquent que pour toute demande de documents administratifs la présentation dudit certificat sera recommandée.


AU CŒUR DU PAYS

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Région Ouest

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Cibitoke/Buganda

Peur du choléra suite au manque d’eau potable Depuis le début du mois de juillet, il n’y a pas d’eau potable au cheflieu de la commune Buganda. La population craint le choléra. Le responsable de la Regideso à Cibitoke tranquillise. De notre correspondant Jackson Bahati

ont déjà frappé dans sa famille. « En moins de deux semaines seulement, trois de mes enfants ont été atteints de maladies diarrhéiques, fréquentes dans cette localité. » Selon lui, ils puisent l’eau dans la rivière Kabumenge. Selon Consolatte Nizigama, mère de 6 enfants, elle doit parcourir plus de 3 km pour avoir de l’eau à Gasenyi rural. « Pour y arriver, je dois payer 500 fbu pour un bidon de 20 litres, le taxi-vélo alors que les moyens financiers font défaut. »

es bidons sur la tête des femmes, des taxis-vélos qui circulent avec des jerricans, des files indiennes devant quelques rares robinets … Telle est la situation qui prévaut actuellement au chef-lieu de la commune Buganda. Parfois, l’eau disparaît avant que tout le monde soit servi. Certaines personnes sont alors obligées de boire de l’eau des caniveaux. Pour les habitants, cela peut causer des maladies des mains sales. C’est le cas de Jean Ndikumasabo, 38 ans et père des 4 enfants, qui affirme que de telles maladies

C’est du moins l’inquiétude exprimée par de nombreux habitants du chef-lieu de cette commune face à la pénurie de l’eau portable. Selon le conseiller collinaire de Gasenyi rural rencontré sur place, il y a trois semaines que l’épidémie de choléra s’est déclarée dans la zone Ndava, village située à moins d’une dizaine de km. Et, si rien n’est fait, selon lui, cette maladie peut se répandre dans d’autres collines. Les habitants de cette commune demandent au service en

D

« Nous risquons de devenir des victimes du choléra »

Ils attendent le retour de l'eau dans le robinet. Mais après combien de temps?

charge de distribution de l’eau potable de trouver une solution à ce problème avant que les maladies liées à la saleté n’apparaissent. Le responsable de la Regideso à cibitoke, Georges Icintije, indique que la ville s’agrandit de jour en jour

alors que les sources de l’eau sont toujours peu nombreuse. Cette autorité précise, cependant, que certaines sources d’eau sont en cours d’aménagement à Murwi et le travail connaît des avancées très significatives. Il demande aux autorités administratives de tran-

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quilliser les habitants car l’eau va bientôt être disponible pour cette commune. Il demande à cette population de respecter les règles d’hygiène pour prévenir le choléra dans leurs familles.


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ANNONCES

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LA SEMAINE DE LA MICROFINANCE, EDITION 2019 PROJETEE AU MOIS D’AOUT 2019 ICCO-Coopération en partenariat avec le Réseau des Institutions de Microfinance du Burundi (RIM) et la Fondation Allemande des Caisses d’Epargne pour la Coopération Internationale (SBFIC) organise la Deuxième semaine de la Microfinance au Burundi. Projetée au début du mois d’Aout 2019 à Bujumbura, cet évènement est une réponse au vœu formulé au cours de la célébration de sa première édition qui s’est déroulée du 18 au 20 mai 2016. Au cours de cet événement, les participants avaient exprimé le souhait de pérenniser cette activité en l’organisant au moins tous les trois ans. La même idée avait été soutenue par le Gouvernement du Burundi à travers son représentant au cours de la séance de clôture de l’évènement. Sur le plan organisationnel, la deuxième semaine de la microfinance au Burundi, est un évènement qui sera organisé sur 5 jours et en trois temps : •

Une visite Inter-IMF. Les participants à la semaine qui sont principalement les représentants des Institutions de MicroFinance(IMF) et certains invités internationaux effectueront une journée de visite dans les IMF qui ont réussies avec les produits innovants comme le mobile banking, le crédit solidaire, le warrantage, le crédit agricole etc. Ces visites auront lieu avant l’ouverture officielle de la semaine. Un plateau intellectuel matérialisé par des conférences et échanges autour des principaux défis du secteur de la microfinance au Burundi. Les débats seront animés par des experts internationaux et l’intelligentsia locale qui proposera à l’auditoire ses réflexions sur la situation de la microfinance au Burundi et les innovations possibles pour accroitre le niveau de l’inclusion financière au Burundi.

Qui sont les participants à cet évènement ? La deuxième Semaine de Microfinance au Burundi voudrait rassembler le plus vaste public national de la microfinance, tant du côté de l’offre que du côté de la demande. Sans être exhaustif, il s’agit de : • • • • • • • •

Les praticiens locaux et sous régionaux seront conviés à partager leur vécu avec l’ensemble des participants. •

Une Foire Financiere : matérialisé par une exposition permettant aux exposants de faire connaître aux visiteurs la diversité de l’offre de microfinance, que ce soit l’offre d’intermédiation financière (IMF), l’offre des services d’appui et de supervision (Administrations en charge de la supervision), les acteurs en charge de l’éducation financière auprès des jeunes, des femmes, des organisations paysannes, etc. En collaboration avec d’autres partenaires techniques et financiers, ICCO Coopération au Burundi très est engagé pour la réussite de cet événement mais aussi pour la visibilité du secteur de la microfinance.

A cet effet, une émission interactive sera transmise en direct. Les conférenciers, les détenteurs des stands, les dirigeants des IMF, les clients des IMF, les partenaires au développement etc. vont intervenir. Certes les conférenciers auront l’occasion de résumer leurs présentations et les détenteurs des stands pourront présenter leurs produits et services financiers qu’ils offrent à leurs clients.

Les prestataires de services de microfinance (IMF et banques), les ONG ayant des activités d’encadrement de la population autour des caisses d’épargne ou d’éducation financière, la Poste finance); Les administrations en charge de la promotion et de la supervision de la microfinance; Les partenaires au développement intervenant en microfinance; Les prestataires de services divers à la microfinance (cabinets de formation, cabinets d’audit et de commissariat aux comptes, consultants, fournisseurs de matériels et logiciels informatiques; Les opérateurs de téléphonie, de monétique et autres moyens de paiement innovants; Les universités et centres de recherche s’intéressant à la microfinance; Les organisations paysannes, les Coopératives et autres formes de regroupement des usagers de la microfinance… Les représentants de l’Administration locale, etc.

Quel est le calendrier ? • •

Du 05 au 06 Août 2019, visite d’échanges entre Institutions de Microfinance ; Du 07 au 09 Août 2019, organisation des conférences- débats autour du thème central ‘’La finance rurale et l’innovation pour une inclusion financière effective’’ à l’Hôtel Royal Palace, Avenue du Large. Des experts nationaux et internationaux seront là pour animer les débats. Du 07 au 09 Aout 2019, une foire financière sera organisée au terrain dit ‘’Tempête’’.

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