Hebdomadaire IWACU 541

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IWACU N°541 – Vendredi 26 juillet 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Jean Bigirimana

3 ans sans vérité POLITIQUE Ngozi/Karusi : Les représentants du CNL en ligne de mire

SANTÉ P.5

Giheta/Malaria : Plus de 50 nouveaux cas par jour P.12

AU COIN DU FEU Avec Spès Nihangaza

P.13


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LA DEUX Editorial

Vendredi, 26 juillet 2019 - n°541

En coulisse

Par Léandre Sikuyavuga Directeur des Rédactions

L

ors de la commémoration du troisième anniversaire de la disparition de notre collègue, Jean Bigirimana, un tweet a fait le tour des réseaux sociaux. « Iwacu ne doit pas manipuler une disparition. Et si Jean Bigirimana avait rejoint son oncle ‘Tout Autre’ président du PPD Girijambo ? » Ce tweet m’a choqué. Surtout que l’auteur est une autorité à la tête d’une commission nationale… Je me suis révolté, déchaîné. Tellement, je ne comprenais pas comment une telle autorité peut écrire des mots pareils sur un disparu. Une collègue m’a interpellé en me rappelant que le tweet a été écrit, il y a exactement trois ans. Avant les nouvelles fonctions de ce dignitaire. Peut-il écrire la même chose aujourd’hui ? Le fondateur d’Iwacu aime appeler aux journalistes à une plus grande prudence lorsqu’ils rédigent des articles. « Verba volant, scripta manent ». Oui, les paroles s’envolent, les écrits restent. En relisant ce tweet, que des internautes ont exhumé, je me suis mis dans la peau de Godeberthe, l’épouse de Jean. Ce qu’elle vit, ressent, en lisant un tel tweet. Ses sentiments, ses émotions. Cette jeune veuve pense faire le deuil, au moins partiellement, trois ans après. Je me suis mis surtout à la place de Timmy, cinq ans, un jour majeur quand il lira ce message. Est-ce que l’auteur a pensé à cet enfant en écrivant ces mots? Timmy contraint à l’exil à son âge. ..Celui-là qui réclame toujours son père, loin des tantes, des oncles, des cousins qui pouvaient le consoler, lui témoigner de l’affection. Je sais de quoi je parle. J’ai de l’empathie pour Timmy. Moi qui ai grandi sans père, assassiné en 1972. C’est une blessure que l’on traîne à vie. Timmy lira un jour ces mots. Il connaîtra alors une terrible blessure. L’auteur a blessé une famille. J’ose espérer qu’il écrira un jour un autre tweet pour demander pardon, pour panser un peu leurs blessures. « Celui qui élève un orphelin en est considéré devant Dieu comme le père», dit un proverbe juif. Car Jean Bigirimana n’est pas chez son oncle.

C’est ce dimanche 28 juillet que se déroule la finale de cette compétition musicale qui réunit les chanteurs talentueux de tout le pays. Six jeunes talents vont s’affronter à l’Ecole Technique Secondaire (ETS Kamenge). Ce tournoi organisé par la Brarudi sera agrémenté par le célèbre musicien tanzanien, Diamond.

Quatre Burundais aux mondiaux de natation L’équipe burundaise de natation est représentée par quatre jeunes nageurs à la 18ème édition des championnats du monde de natation, qui se dérouleront en Corée du sud, du 12 au 28 juillet. Il s’agit de Belly Cresus Ganira, Billy Scott Irakoze, Odrina Kaze et Kezimana Carlene.

Kidumu revient sur scène à Bujumbura La star de la musique burundaise, Jean Pierre Nimbona alias Kidumu, est de retour à Bujumbura. Dans son concert « telenovela tour », il promet de mettre le feu sur scène à Arena club, ce vendredi 26 juillet.

Sada Nahimana © Droits réservés

Six candidats en lice à la finale de la Primusic

Un autre tweet pour Timmy…

A

ctuellement 12ème au classement mondial des tenniswoman junior (ATP Women). Elle est la seule africaine à figurer dans le top 50 de ce classement.

En baisse

Burundi Quality Stoves (BQS)

P

our avoir détourné l’électricité de la Regideso à son siège sis au quartier 10 de la zone Ngagara en commune Ntahangwa. La Regideso avait coupé le courant à cette société au mois de décembre pour non-paiement de facture.

AVIS D’APPEL D’OFFRE POUR LE RECRUTEMENT D’UN(E) ASSISTANT(E) TECHNIQUE PROVINCIAL(E)

Ce poste est à pourvoir pour une durée de 12 mois et est basé dans une des provinces d’intervention à savoir Cibitoke, Kayanza et Ngozi avec de nombreux déplacements sur le terrain. Les termes de référence détaillés sont affichés au tableau à l’entrée HealthNet TPO situé dans le quartier Rohero I : Avenue Muyinga n°17 Tél ; +257 22 24 77 87/ +257 75 24 77 87 ou visiter le site : www : healthnettpo.org

Directeur des Rédactions adjoint : Abbas Mbazumutima Secrétaire de Rédaction : Guibert Mbonimpa Rédaction Politique : Agnès Ndirubusa et Arnaud-Igor Giriteka Economie : Pierre-Claver Banyankiye Sécurité : Fabrice Manirakiza

ANNONCE

Dans le cadre de l’exécution du projet qui s’intitule « Twiteho Amagara ». HealthNet TPO désire recruter un(e) assistant(e) provincial(e).

Directeur des Rédactions : Léandre Sikuyavuga

En hausse

Sur le vif

Pour postuler, veuillez envoyer votre CV (maximum 3 pages) et votre lettre de motivation (maximum 1 page) à : rf@burundi. hntpo.org , copié à cdc@ burundi.hntpo.org, au plus tard mardi 6 Août 2019. Les candidatures seront examinées au fur et à mesure qu’elles seront reçues et ce, avant la date limite. Veuillez inclure dans le sujet de votre email: Chef de projet « Assistant Technique Provincial ». Tout dossier ne respectant pas le minimum requis (Lettre de motivation, CV actualisé, niveau d’étude, expérience…) ne sera pas considéré. Les candidatures féminines sont fortement recommandées.

Droits de l'Homme et Justice : Félix Haburiyakira Société : Clarisse Shaka Environnement : Rénovat Ndabashinze Sport et Santé : Hervé Mugisha Culture : Egide Nikiza, Edouard Nkurunziza, Jérémie Misago Equipe technique: Danny Nzeyimana, Ernestine Akimana, Aubin Hicuburundi, Anaïs Hashazinka, Térence Mpozenzi

Un chiffre

5 millions est le nombre de cas de paludisme enregistrés au cours des six premiers mois de l’année 2019.

Source : OCHA Une pensée «Pleurer a toujours été pour moi un moyen de sortir les choses profondément enfouies. Quand je chante, je pleure souvent. Pleurer, c’est ressentir, c’est être humain ».

Ray Charles, musicien américain

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L'ÉVÉNEMENT

Vendredi, 26 juillet 2019 - n°541

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Jean Bigirimana, 3 ans dans l'attente de la vérité Lundi 22 juillet 2019, 3 ans après l’enlèvement du journaliste Jean Bigirimana à Bugarama dans la province de Muramvya, le Groupe de presse Iwacu a organisé une cérémonie en mémoire de ce disparu.

T

oute la rédaction se met d’accord. La commémoration doit commencer à l’heure du dernier coup de fil à notre confrère. C’était vers 12 heures et demie le 22 juillet 2016. 22 juillet 2019. Têtes baissées, regards perdus, tous les journalistes sortent de leurs salles de rédaction et convergent vers le portrait géant de Jean Bigirimana affiché sur un mur dans la cour intérieure du Groupe de Presse Iwacu. La matinée est morne. Avant le rassemblement, ses collègues sont déjà en recueillement. A la place des discussions parfois houleuses, un silence qui en dit long plane dans les différentes rédactions. Pensent-ils au sens de leur

Deux haies d'honneur à l'hommage de Jean Bigirimana

engagement après ce drame ? Quelques images de Jean intervenant pendant la conférence de rédactions leur reviennent ? Qui l’ont enlevé et pourquoi ? S’imaginent-ils les derniers moments de leur confrère ? Pourquoi la demande d’un test ADN sur les corps repêchés dans la Mubarazi est restée lettre morte ? Les questions sont nombreuses. Pourquoi est-ce qu’un des corps était décapité ? Pourquoi est-ce que les deux cadavres ont été

enterrés en catimini ? Pourquoi est-ce qu’un certain Abel qui a attiré Jean dans une sorte de piège est aujourd’hui introuvable ? Lui aussi, qui l’a enlevé ? Des questions et toujours des questions. Qui sont ces deux pauvres types retrouvés dans la Mubarazi ? Y avait-il parmi ces deux corps celui de Jean ? Rien n’est moins sûr. ‘’Pas de Jean’’, comme l’a vraiment ‘’tweeté’’ le porte-parole de la Police? Estce que certaines autorités qui

ont tenu à suivre les reporters d’Iwacu jusqu’au fond de cette vallée où les deux corps ont été repêchés n’en savaient rien? Pourquoi est-ce que la justice semble ankylosée sur ce dossier ? Nous faisons un métier qui nous oblige de douter, même de nous-mêmes, même de ce qui paraît évident. Encore une fois, rien n’est moins sûr. Autant de question ou de zones d’ombre sans réponses pour la trentaine de journalistes. Vêtus de noirs, ils forment deux haies d’honneur devant le portrait géant de Jean Bigirimana. Deux jeunes journalistes de la rédaction, un jeune homme et une jeune fille, le genre oblige, sont choisis pour porter la couronne jusqu’au pied de ce portrait. «C’est un message qu›Iwacu n’est pas tombé, que la relève est là, que Jean n’est pas disparu pour rien», dira Léandre Sikuyavuga, Directeurs des Rédactions. Tous les journalistes sont invités à observer une minute de silence. Un moment solennel plein d’émotions. La peine laissée par cette disparition de Jean Bigirimana et la douleur ressentie par toute

la rédaction face à ce drame transparaît dans le mot du Directeur des Rédactions : «C’est une épreuve, un traumatisme pour nous tous. Depuis la terrible date, nous vivons la peur au ventre, mais nous n’avons pas lâché. Nous avons continué notre travail ».

Un appel à plus de professionnalisme Dans son allocution, une pensée spéciale pour la famille de ce journaliste disparu : «En ce triste anniversaire, nous pensons à son épouse et à ses deux enfants en exil. Que cette famille sache qu’elle peut toujours compter sur Iwacu». Léandre Sikuyavuga appellera les journalistes d’Iwacu à ne pas baisser la garde : «Chers collègues, la situation n›est pas facile pour Iwacu, mais faites courageusement votre travail, soyez professionnels. Notre rôle est essentiel, les Burundais ont besoin d’une information diversifiée, de qualité. Iwacu, les voix du Burundi, c’est notre devise. Restons donc au service du Burundi et de tous les Burundais», conclura le Directeur des Rédactions. Abbas Mbazumutima

La famille Bigirimana épuisée par l’attente Trois ans sans aucune nouvelle de Jean. Trois longues années d’angoisse, de doute et de désespoir. Fataliste, son épouse, Godeberthe Hakizimana pense procéder à une levée de deuil partielle.

B

lasée. Epuisée. Pour Godeberthe Hakizimana, la justice burundaise semble tourner autour du pot. « Elle sait où débuter les enquêtes, qui interroger, mais elle affiche un manque de volonté. Elle ne veut pas suivre les indices, explorer aucune piste». Excédée, la famille du journaliste d’Iwacu pense organiser une levée de deuil partielle. «Ma famille et le journal Iwacu nous allons nous convenir de la date

et la manière d’organiser la cérémonie». La ’’veuve’’ pense qu’une cérémonie avec une prière et quelques discours pourraient les aider elle et les enfants à aller de l’avant. A faire leur deuil au moins partiellement. «Le petit John Timmy, me demande souvent pourquoi il n’y a pas eu un enterrement avec la mort de son père. Aucune cérémonie. Je pense que pour le bien-être psychique de mes enfants, il faut qu’on le fasse».

Pour la famille de Jean, faire son deuil n’exclut pas pour autant la soif de vérité, de justice. «Nous voulons toujours la vérité sur ce qui s’est passé, les coupables doivent être traduits devant la justice». La famille qui vit en exil est confrontée à de nombreux problèmes. Iwacu et la communauté des journalistes font de leur mieux pour la soutenir. La jeune veuve espère démarrer une petite activité génératrice de revenus au lieu d'attendre la compassion d'une âme charitable. Agnès Ndirubusa Godeberthe Hakizimana avec ses deux fils

Réactions • Reporters sans frontière : «Il faut un test ADN sur les corps repêchés trouvés peu après la disparition»

• La justice burundaise : «Aucun élément nouveau»

A

rnaud Froger, responsable du Bureau Afrique de RSF estime que les autorités burundaises ne manifestent aucune volonté de faire avancer l’enquête. Il demande que les corps retrouvés peu après la disparition de Jean Bigirimana fassent l’objet d’une identification scientifique. Ces corps ont été enterrés, sans qu’aucune analyse ADN n’ait été effectuée. «Trois ans après la disparition de ce journaliste, il est inadmissible que l’enquête reste au point mort alors qu’il existe au moins une piste sérieuse qui n’a pas été pleinement exploitée».

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Selon la secrétaire générale et porteparole de la Cour suprême, Agnès Bangiricenge, le procureur de la République à Muramvya où le dossier de l’affaire Jean Bigirimana a été ouvert indique que personne n’a depuis apporté un élément nouveau pour éclairage sur ce qui a été déposé dans le dossier. A.N


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L'ÉVÉNEMENT

Vendredi, 26 juillet 2019 - n°541

Que des zones d’ombre

Deux semaines après la triste nouvelle de l’enlèvement du journaliste du Groupe de Presse Iwacu, un appel, en début d’après-midi alerte la rédaction. Il y a des cadavres flottant sur la Mubarazi à Bugarama en province de Muramvya.

U

ne équipe de reporters est immédiatement dépêchée sur les lieux avec un fol espoir de retrouver leur confrère. C’est l’époque des disparitions forcées et de découvertes macabres de corps sans vie. Petit arrêt à Bugarama, histoire de faire quelques appels. L’équipe fonce directement vers la Mubarazi en direction de Muramvya. Les reporters sont vite repérés, les gens se montrent méfiants. Ces journalistes se séparent et toutes les tentatives de poser des questions sur ces ’’cadavres’’ aperçus dans la Mubarazi se soldent par un échec. Il se fait tard, ces journalistes ne veulent pas s’avouer vaincus, mais finissent pas se mettre à l’évidence qu’il faut revenir et marcher le long de cette rivière qui coule, insouciante. Le lendemain, un samedi, l’équipe a de la compagnie : il y a des policiers, des agents du Service national de renseignements (SNR), des commissaires

Un des deux corps repêchés dans la Mubarazi par des experts de la Police de la Protection civile

de la CNIDH (Commission nationale indépendante des droits de l’homme), un médecin légiste, des défenseurs des droits de l’Homme, même le procureur à Muramvya est là. Une sorte de battue est vite organisée tout au long de cette rivière avec tout ce monde. Résultat, zéro cadavre après des heures de recherches. «Vous vous êtes fait avoir», lancera malignement un berger du coin avant de s’éloigner avec ses quelques vaches. L’équipe ne lâche pas prise,

elle part le lendemain de bonne heure et retourne à Bugarama, mais décide de passer par un autre chemin indiqué par une source fiable. Le groupe de reporters laisse le véhicule quelque part pour faire le reste du trajet incognito à pied. Une randonnée d’un autre genre s’organise. Il faut faire des détours, contourner carrément plusieurs montagnes et descendre vers la Mubarazi. La pente est raide et le sentier emprunté escarpé. L’information dont dispose

l’équipe est que des cadavres se trouvent coincés dans les eaux de la Mubarazi au pied d’une falaise, tout près d’un rapide. Quand les reporters aperçoivent cette sorte de muraille rocailleuse, ils s’empressent à s’approcher de la rivière. Ils réalisent qu’ils ne peuvent pas s’en approcher, mais comme indiqué au pied de la falaise, un cadavre flotte au bord de la rapide. L’équipe se dit que les efforts finissent par payer, ces journalistes s’empressent à prendre des images, zooment pour avoir quelques détails sur cette trouvaille macabre. Quand ces journalistes se dépêchent pour gravir la pente escarpée, ils n’ont qu’une idée, avoir une connexion pour donner vite cette information, des images à l’appui. Quand ils examinent bien les photos prises, ils remarquent qu’il s’agit de deux cadavres. D’autres descentes vers la Mubarazi, avec l’escorte au complet du premier jour, seront

effectuées et finalement les deux corps sans vie seront repêchés par des experts de la Police de la Protection civile. L’un est décapité, l’autre lesté de pierres. Les deux cadavres sont acheminés vers la morgue de l’hôpital de Muramvya. Une demande d’un test ADN adressée à la CNDIH (Commission nationale indépendante des droits de l’Homme) par Iwacu ne sera pas honorée. Au vu de l’état de décomposition des deux corps, le verdict d’un médecin légiste dépêché sur les lieux est sans appel : l’identification sans analyse ADN s’avère impossible. La police indiquera par la suite que le journaliste Jean ne fait pas partie des deux corps retrouvés dans cette rivière. C’était après une brève identification physique par l’épouse du reporter disparu. «Il n’y a pas de Jean», ’’tweetera’’ Pierre Nkurikiye, porte-parole de la Police. A.M.

POLITIQUE

CNL : son chantre torturé à Bujumbura, une permanence « usurpée » à Mutimbuzi

Un chanteur du groupe d’animation du parti de Rwasa a été enlevé lundi 22 juillet puis torturé en mairie de Bujumbura. Deux jours après, un bâtiment loué par ce même parti pour en faire la permanence à Mutimbuzi, a fait l’objet d’une attaque à la grenade. Le porte-parole du parti CNL dénonce une intimidation.

A

imable Ndayishimiye, membre du Congrès national pour la liberté (CNL) a frôlé la mort lundi 22 juillet. Il a été enlevé vers 18 heures par des personnes non identifiées dans le quartier Mutanga nord, près de la permanence de ce parti en mairie de Bujumbura. D’après Térence Manirambona, chargé de la communication au CNL, à 17 heures, il était dans une réunion des organes de ce parti à la permanence en mairie de Bujumbura sise à Mutanga nord. «Il est sorti pour acheter des crédits pour recharger son téléphone et du coup des personnes non encore identifiées l’ont embarqué dans un véhicule». Il poursuit son récit: «Ceux qui était avec lui dans la réunion ont attendu qu’il revienne mais en vain. Ils ont essayé de le contacter par téléphone mais il était injoignable». Après, ajoute-t-il, ils ont reçu des informations que des gens venaient de l’embarquer dans un véhicule aux vitres teintées.

Selon toujours M. Manirambona, des recherches ont continué, jusqu’à 22 heures, ils n’avaient pas encore eu de nouvelles ni de traces : «A ce moment j’ai téléphoné et il a décroché me disant que ceux qui l’ont enlevé l’ont jeté à Buterere. Peut-être que les ravisseurs doutaient qu’il aurait informé les autres de sa situation». Le chargé de la communication au CNL indique que ce militant enlevé n’a été retrouvé que vers minuit à Buterere, au nord-ouest de la ville de Bujumbura, dans un état critique. Selon lui, il a été tabassé, torturé, il ressentait des douleurs au niveau du dos et des côtes. «Dieu merci ! Il l’a délivré et sauvé des mains de ces ravisseurs», s’est réjoui ce cadre du CNL. Il précise aussi que personne n’a pu les identifier. «La victime non plus». Il espère plutôt que les enquêtes détermineront les auteurs et les causes de son enlèvement. En plus d’être membre du

Aimable Ndayishimiye en train d’animer les Inyankamugayo lors de l’ouverture de la permanence provinciale à Ngozi.

CNL, Aimable Ndayishimiye est chanteur du groupe d’animation « Inkumbuzi» de ce parti. «Ses ravisseurs n’arrêtaient pas de lui poser des questions, ils voulaient savoir d’autres membres de ce groupe». Pour Térence Manirambona, c’est une façon de les intimider. Il appelle ceux qui s’adonnent à ce genre d’opération à arrêter ce qu’il qualifie de ’’sales besognes ’’.

Attaque à la grenade Dans la nuit de mercredi 24 juillet, une grenade a été lancée par des inconnus la nuit dans la

cour intérieure d’un bâtiment récemment loué par le parti CNL pour en faire une permanence communale .C’est dans la commune Mutimbuzi, province Bujumbura. C’est sur la colline Mushasha I de la zone Gatumba, plus précisément au niveau du poteau 3. Selon des témoignages recueillis sur place dans la matinée de ce jeudi, l’intolérance politique est l’origine de cet incident. Devant ce bâtiment, le drapeau du parti Cndd-Fdd y flotte et une pierre aux insignes de ce même parti y a été déposée.

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Toutefois, un hic ! Ces mêmes sources assurent que ces insignes du parti au pouvoir n’y étaient pas avant la remise de la caution : «Le drapeau et la pierre y ont été plantés après que les représentants du parti CNL l’ont donnée le 11 juillet pour la location d’une permanence communale», soulignent-ils sous anonymat. Hussein Ntahetwa, chef de zone de Gatumba, demande aux responsables du parti CNL de se conformer à la loi. Joint par téléphone ce jeudi, il fait savoir que le parti CNL n’est pas encore reconnu dans la zone Gatumba : «Qu’ils écrivent pour nous informer qu’ils veulent travailler dans la zone. Personne n’est discriminé dans notre pays, il est régi par la démocratie». A ce sujet, les représentants du parti CNL affirment avoir écrit à l’administrateur communal. Le chef de zone tient à souligner tout de même que deux partis ne peuvent pas avoir des permanences de leurs partis à un même bâtiment. Au sujet de l’explosion de la grenade, M. Ntahetwa indique qu’une enquête est en cours pour établir des responsabilités de ce forfait. La propriétaire, rencontrée sur place ce jeudi, s’est refusée à tout commentaire. Egide Nikiza


POLITIQUE SÉCURITÉ

Vendredi, 26 juillet 2019 - n°541

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Ngozi/Karusi

La chasse aux représentants du CNL ?

Plusieurs représentants du Congrès National pour la Liberté (CNL) sont derrière les barreaux dans les provinces de Ngozi et Karusi. Les militants de ce parti d’Agathon Rwasa parlent d’une chasse orchestrée par les administratifs à la base. Ces derniers rejettent ces allégations. Dossier réalisé par Fabrice Manirakiza et Edouard Nkurunziza

N

gozi. Dans les zones Ngoma, Gatobo et Gashikanwa de la commune Gashikanwa, tous les représentants du CNL sont tous en prison. Pierre Mvuyekure, représentant du CNL dans la zone Ngoma, est incarcéré à la police judiciaire de Gashikanwa depuis le 17 juillet. Les habitants de la colline Butaha accusent le chef de cette colline d’être derrière cette arrestation. «Ce dernier l’accuse de l’avoir impliqué dans la démolition de sa maison». La maison de ce représentant du CNL a été détruite le 15 juillet dernier. «Mvuyekure s’est lamenté contre certains Imbonerakure et a aussi cité le chef de colline. Ce dernier a porté plainte». Mercredi, le chef de zone a convoqué Pierre Mvuyekure. «Sans même prendre le temps de l’écouter, il a été conduit manu militari à la police judiciaire de Gashikanwa», indiquent des militants du CNL. D’après ces derniers, le nœud de l’affaire se trouve ailleurs. «Le CNL a acheté une parcelle sur la colline Butaha pour y ériger une permanence. Ce qui n’a pas du tout plu aux Imbonerakure. Pierre Mvuyekure est en train de construire tout près de cette parcelle». Comme Pierre Mvuyekure fabriquait des briques, poursuivent-ils, nous avons voulu en profiter pour les fabriquer ensemble afin que les Imbonerakure ne viennent pas les endommager. «Les jeunes du parti au pouvoir ont eu vent de notre stratagème d’où la démolition de sa maison». D’après des témoignages recueillis, confirmés par des messages audio, il aurait déjà reçu plusieurs menaces lui intimant l’ordre de quitter le CNL. Ce même jour, la maison d’un autre militant du CNL, Pascal Minani, a été vandalisée pendant la nuit, alors qu’il était à l’intérieur avec sa famille. «Les Imbonerakure ont lancé des cailloux sur le toit. Plusieurs tuiles ont été endommagées.» Samedi le 20 juillet, sur cette même colline, Innocent Nsabimana, chef de la ligue de la jeunesse du CNL dans la zone, a été arrêté par le chef de zone Ngoma et le chef de colline. «Il s’était indigné du comportement du chef de colline qui avait arraché un banc où les habitants venaient souvent s’asseoir pour discuter. Ce banc se trouvait tout près du bistrot de ce militant du CNL», racontent ses camarades.

En commune Gashikanwa, plusieurs représentants du CNL sont derrière les barreaux

«Ils ont été emprisonnés parce qu’ils avaient commis des crimes», se défend Gervais Miburo, chef de colline Butaha. Selon lui, Pierre Mvuyekure a menti en disant que c’est lui et le chef des Imbonerakure dans la zone qui sont derrière la destruction de sa maison. Quant à Innocent Nsabimana, poursuit-il, il m’a insulté, traité de fou. «Ces crimes se sont passés sur la place publique. En tant que chef de colline, je ne pouvais pas tolérer cela». Pour lui, ces militants du CNL se cachent derrière leur appartenance politique. Il affirme

tous les partis politiques cohabi- Gatobo. Ils ont arrêté Frédéric tent pacifiquement sur sa col- Rwasa, le représentant du CNL line. «Pierre Mvuyekure est parmi dans la zone Gatobo, rapportent mes conseillers colles représent« Lorsque tu linaires, mais c’est un ants du CNL es nommé irréductible. Il conteste en commune tout le temps les déciGashikanwa. représentant du sions du Conseil col«Ils voulaient CNL, tu deviens linaire». aussi arrêter automatiquement Bosco Kwiz«Un représentant era, secrétaire ennemi des du CNL, un de la Ligue des ennemi» administratifs. » jeunes, mais Mardi 16 juillet, il s’est enfui. les Imbonerakure ont fait une Aujourd’hui, il vit toujours en descente sur la sous-colline Kay- clandestinité», renchérissent des aga, colline Gitanga de la zone habitants de Gitanga.

Frédéric Rwasa a été arrêté après les échauffourées de Gitanga

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Avec 5 autres militants du CNL, ils sont incarcérés à la police judiciaire de Ngozi. Les militants du CNL se demandent pourquoi leur camarade a été appréhendé. «Si c’est pour les échauffourées qui ont éclaté le lundi 15 juillet sur la colline Gitanga, cela serait une injustice notoire. Notre représentant n’était pas sur cette colline ce jour-là». Quant à Léonard Bizimana, représentant du parti CNL dans la zone Gashikanwa, il est détenu à la prison centrale de Ngozi depuis juin dernier avec 3 autres militants du CNL et 3 personnes qu’on dit être des Imbonerakure. «Lors de leur arrestation, ils ont été accusés de posséder de gros bâtons. Notre représentant est accusé d’avoir donné aux CNL des bâtons pour se défendre contre les Imbonerakure». Selon des informations recueillies à Ngozi, tous les 6 ont été blanchis, mais ils n’ont pas encore été relâchés. «Lorsque tu es nommé représentant du CNL dans une zone ou sur une colline, tu deviens automatiquement ennemi des administratifs. Ces derniers disent qu’ils ne veulent pas d’une administration parallèle», se plaignent les militants du CNL. Et de poursuivre : «Nous avons donné, de bonne foi, à l’administration la liste de nos représentants sur les collines. Nous pensions que l’administration voulait qu’ils se connaissent et collaborent. Finalement, c’était une ruse afin de mieux les museler et les persécuter».


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POLITIQUE SÉCURITÉ

Vendredi, 26 juillet 2019 - n°541

Karusi

Grogne sur la détention de trois représentants Le représentant provincial du CNL, celui de district (représentant le CNL en quatre communes) à Karusi et le secrétaire du mouvement des jeunes de ce parti dans la région Buyenzi sont emprisonnés au cachot du commissariat de police à Karusi. Les Inyankamugayo dénoncent un «acharnement politique ».

E

ntre autres détenus, Nathan Barampama. Ce représentant du Congrès national pour la liberté(CNL) en province Karusi est arrêté le mardi 25 mai. Il est, alors, accusé de tenir une réunion illégale. Neuf jours après, le dossier change. Il est accusé de complicité avec un propriétaire d’un numéro de téléphone aux ‘‘messages menaçants’’ envers les autorités provinciales. Il plaidera non coupable… Recherché, le prétendu propriétaire du numéro sera appréhendé par la police. Philibert Ndihokubwayo, secrétaire du mouvement des jeunes du CNL dans la région de Buyenzi est arrêté le matin du 26 juin. Finalement, l’auteur des messages, utilisateur du ‘’numéroterreur’’, se révèlera un Burundais basé en Afrique du Sud.

ment Stanislas Manirakiza, secrétaire du Cndd-Fdd en province Karusi. «Lui et d’autres responsables provinciaux du Cndd-Fdd n’ont qu’un seul objectif : tout faire pour empêcher aux représentants du CNL de battre campagne lors des prochaines élections». Hormis cet objectif, un membre de la famille de Philbert Ndihokubwayo dénonce un autre plan de ce secrétaire provincial du parti de l’aigle : «Depuis le recrutement de Ndihokubwayo par l’OBR, Manirakiza a toujours une dent contre lui. Il a dit publiquement qu’il ne ménagera aucun effort pour lui faire perdre son emploi. Il ne digère pas qu’un opposant ait un tel job ». Dans tous les cas, s’accordent à dire nos sources, toute accusation qui a pour base l’utilisation du fameux numéro téléphonique reste sans fondement. Car ledit numéro envoie toujours les messages, alors que les deux accusés sont les verrous.

Les espoirs brisés Avec l’identification de cet auteur des ‘’menaces’’, Nathan Barampama et Philbert Ndihokubwayo se disaient, sans hésitation, convaincus de leur libération. «La justice burundaise va sûrement passer par l’Interpol pour arrêter le vrai coupable », se disaient-ils en euxmêmes. Un espoir vite brisé. Le 28 juin, au lendemain de leur comparution devant le procureur de la République à Karusi, Nathan Barampama reçoit l’ordonnance de sa mise en détention préventive. «On ne comprenait pas. Barampama devait plutôt être libéré dans l’immédiat. Car même ladite complicité n’était pas prouvée», s’indigne un membre de sa famille. Pour sa part, Ndihokubwayo attendra le lundi 8 juillet, dix jours plus tard, pour recevoir l’ordonnance. La chambre de conseil du 3 juillet avait décidé qu’il reste provisoirement emprisonné. Deux chefs d’accusation ont été retenus contre eux. A savoir l’«outrage envers les détenteurs de l’autorité publique» ainsi que les «actes de terrorisme et complicité». Désemparés, ils vont interjeter l’appel devant la Cour d’appel de Gitega.

«Ils ont un seul objectif : nous empêcher de battre campagne » Dans les familles de ces détenus, la colère est à son comble. Parmi les militants du CNL à Karusi, également. Selon les témoignages en effet, aucune suite de la part des autorités judiciaires de Karusi n’a été accordée à l’appel. Les détenus apprendront plus tard, le lundi 22

Les accusés rejettent les allégations Accusé de tenir une réunion illégale,puis de complicité avec l'auteur de ménace envers les autorités, Nathan Barampama est détenu au commissariat de police depuis le 25 mai.

Les proches de Philbert Ndihokubwayo accuse le secrétaire du Cndd Fdd à Karusi d'être derrière sa détention

juillet, que c’est parce que le parquet de Karusi n’a pas été signifié du recours. «Ce n’est pas une raison», estime un responsable du CNL à Karusi. A ses yeux, simplement, il y aurait des autorités qui ne veulent pas que les dossiers des deux Inyankamugayo soient transmis à la Cour d’appel.

Cela d’autant plus que, rappellet-il, même sans recours, après signification de l’ordonnance de mise en détention préventive, ils devraient être automatiquement transférés à la prison de Gitega. D’ailleurs, pourtant notifiés après Barampama et Ndihokubwayo, deux rounds de détenus ont déjà bénéficié de ce transfert.

A Gitega, analysent des sources concordantes, le procès serait plus ou moins équitable. «Il faut que leurs cas restent traités à Karusi où les décisions peuvent être influencées par des autorités locales». Parmi ces autorités qui «handicaperaient» ce transfert, ces sources pointent du doigt notam-

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Interrogé à ce propos, Stanislas Manirakiza rejette en bloc toutes ces accusations. «Est-ce le parti qui emprisonne des gens? », nous a-t-il répondu sèchement. «Qu’est-ce que serait cette Justice qui se laisserait influencer par un parti politique ? Elle n’en serait pas une». Pour lui, ce n’est pas logique qu’on veuille lui attribuer des ‘’compétences’’ qui le dépassent. Tout faire pour que Ndihokubwayo perde son emploi à l’OBR? «Je n’ai rien contre lui. Par ailleurs, j’ignore même l’emplacement et l’organisation de l’OBR.» Quant au refus de transfert des dossiers des deux détenus, représentants du CNL, François Harerimana, procureur de la République à Karusi, dément cette allégation. «Qui vous a dit cela ? La réalité est tout autre, vous pouvez vous informer auprès de leur avocat», a-t-il martelé sans plus de commentaire... A côté des deux ‘’gros poissons’’ au dossier commun, un autre représentant du CNL dans cette province sera arrêté, un peu après. Jean Marie Nshigikiwenimana,chef du district composé des communes de Gihogazi, Gitaramuka, Bugenyuzi et Buhiga est incarcéré depuis le 15 juillet, avec sa mère ainsi que ses deux frères.


POLITIQUE SÉCURITÉ

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Gihogazi Des Inyankamugayo victimes d’une attaque se retrouvent sous les verrous Attaqués par des Imbonerakure la nuit du 14juillet, quatre Inyankamugayo de la colline Gasenyi en commune Gihogazi de la province Karusi ont été arrêtés et emprisonnés. Du côté des ¨meneurs du raid¨ personne n’a été inquiété. La colère est totale dans les familles des victimes comme dans leur formation politique.

N

ombre d’habitants de la colline Gasenyi ont fait leur déplacement pour le chef-lieu de la province Karusi ce lundi 22 juillet. Ils sont venus à pied, certains nu-pieds, engagés à défendre Renate Nzeyimana ainsi que ses trois fils. A savoir Jean Marie Nshigikiwenimana, Emmanuel Ndayisaba et Cyprien Gahungu. Les quatre sont incarcérés depuis près d’une semaine au commissariat de police à Karusi. Un officier de la police judiciaire(OPJ) a convoqué les témoins pour une instruction sur le dossier… Parmi ces derniers, Edouard Nsavyamahoro, le petit frère des détenus. Iwacu le rencontre avec d'autres témoins au sortir de la séance d’interrogatoire avec l’OPJ. Leurs récits se recoupent…

L’attaque C’était dimanche 14 juillet, vers 2h du matin, se rappelle Nsavyamahoro. Lui et Renate Nzeyimana, sa mère, dorment depuis quatre bonnes heures. D’un coup, il perçoit un bruit inquiétant. Des inconnus sont déjà dans la maison. Ils essaient de forcer la porte de sa chambre. Il se met à crier fort, appelant au secours. «J’étais terrorisé ». Dans l’autre chambrette, sa mère fait de même. Les cris déchirent la nuit. Dans cette localité, les gens redoutaient quelque chose depuis la veille. Des rumeurs effrayantes circulaient. Au soir, le président du Cndd-Fdd dans la commune Gihogazi y avait tenu ‘’clandestinement’’ une réunion à l’intention des Imbonerakure. La population avait soupçonné que la réunion ait, en ligne de mire, l’arrestation de Jean Marie Nshigikiwenimana. Ce chef de district du CNL (quatre communes) arrivait fraîchement de chez sa femme établie à Bujumbura. Sur sa colline, il était ‘’persona non grata’’ aux yeux des militants du Cndd-Fdd. Ainsi, la population redoutait quelque chose Jean Marie Nshigikiwenimana a été vite prévenu. Lui, ses frères et des voisins sont rentrés dans leurs maisons, tout en restant vigilants. Les interventions ne tarderont pas. Aussitôt les cris, les trois fils de Renate Nzeyimana sont sur place. Des voisins accourent aussi rapidement. «Nous avons réagi immédiatement, nous pensions à des bandits. Ces derniers jours, les cas de banditisme sont légion dans notre localité », confie un

Les quatre militants du CNL sont détenus dans les cachots du commissariat de police au chef-lieu de la province Karusi.

jeune homme, l’un des voisins de Nzeyimana.

Les attaquants se révèleront être tous des jeunes affiliés du parti au pouvoir. Entre autres un " Les attaquants : tous des certain Pierre Vyandariye, présiImbonerakure " dent des Imbonerakure dans la D’après les témoignages de ces zone Rusamaza, Albert et Désiré voisins, dans la foulée, quatre de la colline Gasivya et un certain agresseurs ont été Emmanuel de la colattrapés. «Ils avaient line Gasenyi. « Ils sont forcé la maison et Interrogés par la victimes de s’étaient introduits à population, affirment la politique. des sources concorl’intérieur. Ils avaient sur eux des armes dantes, ces jeunes A cause de blanches, des couhommes ont admis leur parti, teaux et des machetavoir voulu exécuter ils sèment le une mission de Frédtes. Ils voulaient visiblement commettre désordre sur eric Ndikiminwe, le un meurtre». du Cnddnotre colline. » président Un cinquième Fdd à Gihogazi. attaquant sera très Pour les habitants vite arrêté, dans la bananeraie, de Gasenyi, l’attaque chez Renate essayant de se sauver. «Ils étaient Nzeyimana peut être doubledes dizaines. Certains sont entrés, ment interprétée. Mais dans tous d’autres sont restés dehors. Avec les cas, poursuivent-ils la cible l’arrivée des secours, ces derniers principale était son fils. Soit, ont pris la fuite». disent-ils, il s’agissait d’une sorte

de piège : «Ceux qui étaient restés dehors allaient abattre Jean Marie Nshigikiwenimana quand il sortirait pour aller intervenir chez sa mère». Ou alors les attaquants pensaient qu’il avait passé la nuit chez sa mère, comme il le faisait souvent. Ceux qui étaient restés dehors allaient alors bloquer les ‘’secouristes’’.

Arrestation des victimes et libération des attaquants Au petit matin de dimanche, vers 6h, l’administrateur et le commissaire communal se rendent à Gasenyi pour s’enquérir de la situation. Ils interrogent les "agresseurs" sur place. Ces derniers répliquent qu’ils n’ont pas attaqué. Ils disent t qu’ils ont été arrêtés un à un et conduits de force au domicile de Nzeyimana par ses fils. «Ils ont tenté

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de les libérer, nous avons protesté», témoignent les habitants de la localité. Par la suite, ils sont conduits au centre communal pour interrogatoire devant un OPJ. C’est vers 11h. La population est toujours nombreuse là-bas, elle attend la suite du dossier. Autour de 16h, les agents du service de renseignement à Karusi débarquent sur place. «Ces derniers n’ont interrogé que la victime et ses fils. Nous avons vu qu’il y a anguille sous roche». La population veillait. «Ils nous ont ensuite dispatchés en groupes. Les provoquateurs d’un côté, les victimes de l’autre et les témoins encore dans un autre groupe. Ils nous ont pris en photos ». Et puis, au bout d’un moment, une décision tombe. Les "attaquants" ainsi que la victime et ses trois fils sont embarqués vers Gasenyi, le théâtre des


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POLITIQUE

attaques. Raison : évaluer les dégâts et instruire le déroulement des faits. Selon les témoignages, la suite a confirmé les inquiétudes de la population. «Un espace de quelques minutes après leur départ, alors que j’étais dans un bistrot au centre communal, j’ai vu tous les 5 agresseurs entrer et commander de la bière», se rappelle un jeune homme vivant au centre de la commune Gihogazi. En fait, confient des sources dignes de foi, au bout du chemin vers Karusi, précisément à la sous-colline Kigwati de la colline Ramba, le véhicule qui les emmenait s’est arrêté. L’ordre a été donné que les "provocateurs" descendent. Ils devaient retourner au chef-lieu de la commune Gihogazi pour que leur cas soit traité là-bas. «Vous ne pouvez pas rester ensemble, vous vous agresseriez», a motivé un agent du SNR qui dirigeait cette opération. Ainsi, ils ont été libérés. De leur côté, les victimes attendront que le véhicule prenne le chemin de Gasenyi comme promis, en vain. Elles ont été conduites manu militari dans les cachots du SNR à Karusi. Là, on leur aurait exigé d’accepter que ce sont eux qui ont pris en otage les jeunes Imbonerakure, un à un, alors que ces derniers rentraient chez eux.

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A Karusi, les représentants du CNL se disent pourchassés

«Ils sont victimes de la politique» Les quatre victimes ont été finalement transférées, mercredi 17juillet, dans les cachots du commissariat de police où ils croupissent actuellement. Leur dossier est encore vide. Quant aux attaquants, ils restent libres. Les responsables locaux du parti CNL se disent outrés. Ils dénoncent une détention aux mobiles politiques. «Tous les quatre sont des militants de notre parti», reconnait un des responsables du CNL. Pour lui, aucune autre raison ne justifierait

l’emprisonnement des victimes d’une attaque, d’autant plus que même les auteurs avaient été appréhendés. Ils demandent leur libération et l’arrestation des "meneurs du raid". Contacté, Frédéric Ndikiminwe, le président du Cndd-Fdd en commune Gihogazi a soutenu ne pas être au courant de ce cas. Interrogé sur l’accusation de sa responsabilité dans l’attaque, il a répondu, avant de nous raccrocher au nez: «Nous n’en savons rien. Le dossier est dans les mains de la justice. » Au sujet de cette attaque, les

récits des officiels divergent. Le commissaire communal de la police à Gihogazi soutient que deux groupes de jeunes gens, l’un des militants du CNL et l’autre des Imbonerakure, se sont rencontrés lors d’une patrouille. Par ruse, indique Julien Nisubire, les militants du CNL ont emmené ces Imbonerakure dans une maison, non loin de là. «Ils les ont pris en otage et ont commencé à les tabasser. Ils se disaient attaqués». Par la suite, les services de la documentation ont embarqué ceux qui se disaient attaqués. «Les Imbonerakure avaient été blessés,

ils sont allés se faire soigner », conclut-il, soulignant ne pas être au courant de la suite. Pour sa part, Alphonse Bukuru, le chef de la colline Gasenyi, lâche mordicus que les quatre attaquées sont victimes de leur parti. «Ils sont victimes de la politique. A cause de leur parti, ils sèment le désordre sur notre colline. Moi personnellement, ils ne m’obéissent pas ». A ce que je sache, tient-il à souligner, ce dimanche, les Imbonerakure s’étaient rendus chez eux pour les arrêter. Parce que parait-il, ils avaient encore été à l’origine d’un désordre.

Observation des élections de 2020 : la Ceni octroie dix jours pour déposer les candidatures Les élections de 2020 pointent à l’horizon. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) invite les partenaires nationaux, qui veulent faire l’observation, à se faire connaitre au sein de cette institution.

L

es organisations de la société civile et les confessions religieuses, désirant accompagner le processus électoral, ont dix jours pour se faire enregistrer à la Ceni. Cela leur a été annoncé, ce mardi 23 juillet, au cours d’une réunion ténue à leur intention à l’Institut National de Santé publique. Le dépôt des dossiers va se faire du 24 juillet pour se clôturer le 02 aôut. En complétant la fiche d’enregistrement, ces organisations doivent signaler le domaine d’intervention dans lequel elles souhaitent opérer. Elles vont notamment spécifier si c’est dans l’éducation civique et électorale, l’observation électorale ou les deux à la fois. En outre, elles devront indiquer l’origine de leur financement. Au cas où, la source est externe, elles doivent préciser leur bailleur. « Nous avons aucun souci de montrer la source de nos financements car la transparence rend crédible notre action »,

affirme Hamza Burikukiye de la Plateforme intégrale pour la société civile au Burundi (Pisc Burundi). Durant les échanges, certains participants ont voulu savoir le sort réservé à ceux qui ne figurent pas sur les listes électorales. Ils font particulièrement allusion aux réfugiés qui sont retournés au pays. Pierre Kazihise, président de la Ceni, assure qu’ils n’ont pas été oubliés. «Nous avons prévu d’organiser un nouveau enrôlement d’électeurs au début de décembre. Mais cela se fera après la mise en place des démembrements de la Ceni au niveau provincial et communal en octobre. » Pour l’heure, cette activité d’enregistrement ne concerne que les nationaux. Pour les observateurs internationaux, le président de la Ceni a indiqué que leur tour viendra à l’approche des échéances électorales. Et d’ajouter que la priorité est aux nationaux car ils doivent par-

Les commissaires de la Ceni lors de la réunion avec les différents acteurs de la société civile et des confessions religieuses

ticiper dans la phase de sensibilisation à l’éducation civique qui précède les élections. « Les étrangers, quant à eux, ne peuvent pas donc y participer car ils ne peuvent pas enseigner ce qu’ils ne savent pas ». De son côté, Gabriel Rufyiri pré-

sident de l’Olucome fait savoir que le contexte actuel n’est pas favorable pour des élections crédibles. Pour lui, ce ne sont pas les élections qui vont trouver la solution à la crise burundaise. « La finalisation du dialogue inter burundais sous l’égide du

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facilitateur est un préalable pour qu’il y ait des élections apaisées. Sinon, nous ne pouvons pas nous hasarder à suivre un processus à sens unique.» Arnaud Igor Giriteka


ÉCONOMIE

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Marché de bétail de Gatwaro : fuite de taxes communales Les commerçants de petit bétail déplorent de payer la taxe au détriment des vendeurs. Le marché n’est pas clôturé, se justifie le commissariat du marché, raison pour laquelle la taxe est payée à la sortie. Ce dernier déplore qu’une partie de recettes soit détournée par des commissionnaires.

M

ardi 23 juillet à 10 heures, c’est le jour du marché de bétail. En face du stade en construction, l’effervescence règne au marché de Gatwaro. Sous un soleil de plomb et un nuage de poussière, des centaines de personnes marchandent. Les cris des chèvres, des moutons et des porcs s’entremêlent. Ce marché n’est pas clôturé. Tout le monde est pressé. Le temps file. Le marché se ferme à 13 heures. Dans ce marché grouillent plusieurs commissionnaires. A cette heure, Claude Niyongere, commerçant originaire de la colline Mparambo, a déjà acheté quatre chèvres à 180 mille francs. Il lui reste encore deux. Mais, il n’a pas encore payé la taxe communale. D’après lui, la taxe est de 1.500 francs par bête. Ce dernier déplore que la commune lui applique une taxe injuste. «Normalement, c’est le vendeur de la bête qui paie la taxe communale. Ici, c’est l’inverse ». Ce commerçant se dit confus. Il ne comprend pas la philosophie derrière la taxe sur le bétail. Il fait savoir qu’ailleurs, c’est le propriétaire ou le vendeur du bétail qui paie la taxe. « Allez voir au marché de Gashikanwa, le vendeur ou le propriétaire paie la taxe à l’entrée du marché.» S’il vend la bête, il donne la quittance à l’acheteur. Ce dernier la présente aux percepteurs à la sortie. «Je vais acheter six chèvres. Je paie à la commune 9 mille francs. C’est énorme. Un tiers du bénéfice. Si c’était à Gashikanwa, je n’aurais pas dépensé cet argent». Pour payer moins, révèle-t-il, les commerçants malhonnêtes donnent un pot-de-vin aux percepteurs pour ne pas payer la taxe. D’autres attendent l’heure de la fermeture du marché. Dans ce cas, ils ne paient pas la taxe. Ils se faufilent dans les bêtes qui ne sont pas vendus.

missionnaires et les percepteurs. D’après lui, cette stratégie de collecte a, du même coup, provoqué le mécontentement des acheteurs. Ils sont découragés. Ils font tout pour se dérober de l’administration fiscale. En outre, les éleveurs croient qu’ils sont exemptés de la taxe communale. Ce commerçant indique que les collègues n’évoquent pas la taxe communale lors de la discussion du prix de l’animal. Tout le monde est au courant. «C’est l’acheteur qui paie la taxe». Il dénonce également les commissionnaires opérant en marge de ce marché. Selon lui, ces derniers influencent les vendeurs de ne pas s’acquitter de la taxe communale. «Ils leur font attendre l’heure de la fermeture du marché. A ce moment, ils les aident à expliquer aux percepteurs que les bêtes ne sont pas vendues.» En retour, les commerçants leur payent une somme de 500 francs par animal. M. Ntahondi ajoute par ailleurs que les percepteurs travaillent en connivence avec les commissionnaires. Et de conclure que la moitié des recettes provenant de ce marché finissent dans les poches des gens. Pour les éleveurs, il n’est pas question de payer la taxe communale. Ce sont les acheteurs qui paient. Marie Kankindi vient d’entrer au marché tirant sa chèvre attachée à une corde. Cette dernière salue la décision

Le marché de Gatwaro bat son plein

de la commune. «C’est aux acheteurs de payer, ils ont de l’argent».

Commissionnaires accusés se dédouanent Du coté des commissionnaires, ils balaient d’un revers de la main ces accusations. Isaïe Ntawibagira, représentant des commissionnaires de ce marché, rejettent toutes ces accusations. «Ces propos viennent de ceux qui ne veulent pas s’acquitter de la taxe communale». Ce dernier soutient que les commissionnaires ne sont pas des aventuriers encore moins des voleurs. «Nous sommes reconnus par l’administration communale. Chacun paie une taxe commune de 20 mille francs par an. La commune salue notre contribution ». D’après lui, le rôle d’un commissionnaire est incontournable. Il facilite l’échange entre l’acheteur et le vendeur. Il leur fournit des informations du marché surtout

Les commerçants grognent À cet instant, un autre commerçant curieux interrompt notre conversation. C’est Sylvestre Ntahondi, originaire de la colline Musave. Ce dernier ne décolère pas. Ce dernier affirme avoir déjà acheté dix-sept chèvres. «J’ai déjà payé la taxe communale qi s’élève à 22.500 francs.» Il ne voit que des conséquences immédiates sur les recettes. L’argent qui aurait pu entrer dans la caisse communale est détourné par les com-

sur le prix. En outre, il joue le rôle de gardiens du marché. Tout voleur qui s’introduit au marché est vite identifié. Mais la réalité sur terrain est toute autre. Il arrive que les commissionnaires exfiltrent de ce marché des animaux sans payer de taxes. C’est le cas d’un homme, grand de taille bien connu des commerçants à Gatwaro, c’est un commissionnaire. Quand il sort de ce marché, il semble escorter deux jeunes hommes tirant à l’aide de cordes quatre boucs. Du coup, le percepteur leur demande de s’arrêter et de lui montrer les quittances. Les deux acheteurs ont la consigne de ne pas ouvrir la bouche. Par un simple clin d’œil au percepteur, ce commissionnaire les tire d’affaire : « Ne t’en fais pas. Je reviens», lancera-t-il avant de s’en aller avec les deux jeunes acheteurs et leurs quatre boucs. Ces deux hommes empruntent la route passant devant le stade de Gatwaro. A son retour, ce commissionnaire donnera au percepteur un billet de 2.000 francs. Face à ces accusations, les percepteurs de la commune qui travaillent au marché ne veulent pas s’exprimer. Ils nous renvoient au commissaire du marché. Selon Antoine Ntirwonza, commissaire des marchés en commune Kayanza, les acheteurs ne devraient pas payer la taxe communale. La loi est claire. Seul le vendeur doit s’acquitter de la taxe communale. Cette autorité tient à souligner que souvent, la taxe est payée par les acheteurs. «Nous avons adopté cette stratégie de faire payer celui qui sort l’animal du marché. Car, nous ne pouvons pas contrôler l’entrée du bétail au marché».

L’administration nuance

Antoine Ntirwonza: «Ces commissionnaires font perdre à notre commune beaucoup de recettes»

Ce dernier explique pourquoi la commune a pris cette décision. «Le marché n’est pas clôturé. C’est pratiquement impossible de taxer les

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bêtes à l’entrée». A propos des pots de vin perçus par les percepteurs, il fait savoir qu’il n’est pas au courant. Et de préciser : « Si l’un ou l’autre est impliqué dans cette pratique frauduleuse, il sera puni conformément à la loi». Le commissaire du marché accuse surtout les commissionnaires de ce marché d’influencer les acheteurs pour ne pas payer la taxe. «Ces commissionnaires font perdre à notre commune beaucoup de recettes. » Et d’expliquer comment cette fraude fiscale s’opère. Les commissionnaires parviennent à convaincre plusieurs acheteurs de sortir leur bétail à l’heure de fermeture de marché. Dans ce cas, ajoute-t-il, les acheteurs ne peuvent pas payer la taxe. Car, les commissionnaires les défendent en disant que leurs bêtes n’ont pas été vendues. D’autres, poursuit-il, vont plus loin. Ils rassemblent plusieurs bêtes. Ils demandent 500 francs par animal. Les acheteurs n’hésitent pas à payer cette somme parce qu’ils gardent 1000 BIF par bête. Ces commissionnaires sont intouchables. Ils sont agréés par la commune. Ils paient l’impôt. Et de proposer une solution : «Pour arrêter cette manœuvre frauduleuse, il faut construire la clôture du marché. Ainsi, les percepteurs pourront taxer les animaux à l’entrée du marché». D’après un des employés de la commune, ce projet n’est pas pour demain. Pour preuve, il ne figure pas dans le plan de développement communal de cette année. Il signale en outre que le marché de Gatwaro fait entrer dans les caisses communales entre 300 mille et 500 mille francs par semaine. Pierre-Claver Banyankiye


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ÉCONOMIE

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Quand l’urine booste la production agricole L’urine s’avère être un engrais qui accroît la production agricole. L’expérience que vit Joséphine Nininahazwe de la colline Kibimba, province Gitega, grâce à sa latrine qui stocke automatiquement ce liquide organique.

S

ur une petite colline de la commune Giheta, au milieu des bananiers, une venelle montante donne sur le domicile de Joséphine Nininahazwe. A côté du moutonnement de maisons le long de cette ruelle, une maisonnette en dur érigée en hauteur attire l’attention par ses multiples dispositifs. Curieux pour une toilette de fin fond du pays. Il faut monter quelques petits escaliers pour accéder à l’intérieur de cette latrine érigée depuis six mois. Deux trous séparés, une cuvette remplie de cendres à côté… et pas de moindre mauvaise odeur. Etrange. La propriétaire confie qu’après chaque «grand besoin», il faut jeter dans le trou une petite quantité de cendre pour éviter les mauvaises odeurs. A l’extérieur, un bidon de 20

JUSTICE

Joséphine dans son champ de bananiers fertilisé essentiellement par l’urine et d’autres types engrais

litres relié à la latrine par un tuyau stocke l’urine. Une fois le bidon rempli, Joséphine l’utilise (1 litre mélangé à 9 litres d’eau) pour fertiliser ses champs, essentiellement les légumes, parfois le haricot, maïs…, à la place de l’urée, un engrais riche en azote. Des regards envieux rôdent tout autour. «Une telle latrine… nous n’espérons jamais en avoir… la chance lui a souri… Si nous pouvions avoir une production comme la sienne », murmurent des voisines. L’une d’elle se lamente qu’elle n’a récolté que 2 kg de haricots faute de moyens pour se procurer des engrais.

Et la production qui double… Cette mère de trois enfants se frotte les mains. Sa production agricole a plus que doublé grâce à cette technique. « Dernièrement, j’ai récolté 250 kg de haricot contre à peine 100 kg d’avant». Elle confie que l’urines a une grande teneur en sels minéraux par rapport à l’urée et à tous les autres engrais chimiques, de par son expérience. «Désormais, je peux économiser les 100 mille francs que je dépensais pour l’urée», indique Joséphine, souriante. «Et mes enfants ne manquent plus de légumes… » Cette maman se targue de

n’avoir plus à creuser incessamment des toilettes avec l’hygiène qui laisse à désirer. « Cette latrine ne dégage pas de mauvaises odeurs. Et il y a aucune mouche gravitant tout autour».

Un engrais « incomparable » Leonidas Ntibatumakamwe, moniteur agricole qui supervise cette pratique dans la commune Giheta, indique que l’urine a une grande teneur en nutriments. D’après lui, cet engrais est encore plus efficace, mélangé avec du fumier organique comme les excréments d’animaux.

Selon des essais effectués, il y a quelques mois, dans les champs de choux, le lopin fertilisé à l’aide de cette technique a généré 8 sacs de 150 kg chacun. Les champs contenant d’autres engrais chimiques n’ont donné que 5 sacs, d’après M. Ntibatumakamwe. Ce moniteur agricole encourage d’autres agriculteurs à adopter cette technique de fertilisation des champs avec de l’urine. C’est également un des moyens pour protéger l’environnement. Certains agriculteurs affirment adopter ce système. Mais déplorent l’absence de sensibilisation et de démonstration. «J’ai dû jeter tout un bidon d’urine que j’avais stockée. Je ne savais pas comment l’utiliser. Avec tous les efforts que cela m’a coûtés», se lamente une paysanne rencontrée à quelques encablures de la colline Kibimba où cette pratique de fertilisation semble se vulgariser. Ce moniteur agricole de la commune Giheta signale qu’il n’est pas recommandé d’utiliser l’urine des personnes sous traitement ou des femmes qui ont leurs règles. Selon lui, cela peut contenir des éléments pouvant dénaturer les sels minéraux se trouvant dans l’urine. Clarisse Shaka

Affaire Germain Rukuki

La peine de 32 ans de prison confirmée en appel La Cour d’Appel de Ntahangwa a confirmé, ce 17 juillet dernier, la condamnation de Germain Rukuki en première instance de 32 ans de prison. Les organisations de défense des droits humains dénoncent un déni de justice.

C

’est une honte», s’exclament la famille ainsi que ces avocats, abasourdis et déçus par la décision de la Cour. Les défenseurs des droits de l’Homme et ses avocats ont toujours dénoncé beaucoup d’irrégularités dans ce dossier. D’après des sources proches du dossier, cet activiste des droits humains, ancien employé d’AcatBurundi (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) et président de l’Association «Njabutsa tujane» aurait été blanchi de plusieurs chefs d’accusation. «Il reste l’accusation d’atteinte à l’autorité de l’Etat notamment sa présumée participation au coup d’Etat du 13 mai 2015. Or, il n’était pas au pays ce jour-là». Ses avocats comptent interjeter appel devant la Cour Suprême, Chambre de Cassation, afin d’étaler

les manquements au droit et les vices de forme qui ont émaillé la procédure. «De plus, comme il y a eu changement de juges, le dossier devait reprendre dès le début. Ce qui n’a pas été fait».

«C’est un déni de justice» Les organisations de défense des droits humains s’insurgent contre la condamnation de Germain Rukuki et dénoncent un déni de justice. Pour Rachel Nicholson, chercheuse d’Amnesty International sur le Burundi, la décision de la Cour est un affront à la justice. Elle fustige la décision de la Cour d’Appel de Ntahangwa qui a confirmé la peine de 32 ans. Pour elle, Germain Rukuki est puni pour son travail en faveur des droits humains. Il doit être libéré immédiatement et sans condition.

La Cour d’Appel confirme la condamnation de Germain Rukuki à 32 ans de prison

L’organisation «Defend defenders» avec 20 organisations de défense des droits de l’Homme, condamnent toutes les irrégularités commises dans l’affaire de

M. Rukuki et appellent les autorités burundaises à le libérer immédiatement et à annuler sa condamnation et sa peine. Condamné à 32 ans de prison en

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première instance, le 26 avril 2018, pour rébellion, atteinte à l’autorité de l’Etat et participation à un mouvement insurrectionnel, Germain Rukuki a fait appel. Le 26 novembre 2018, la Cour d’Appel de Bujumbura s’est déplacée à Ngozi afin d’examiner son dossier. La décision devrait être rendue dans les 30 jours suivants. Son dossier avait disparu pendant plusieurs jours. Interrogée, la porte-parole de la Cour suprême, Agnès Bangiricenge, avait expliqué que le dossier aurait probablement disparu lors du déménagement des différentes cours après démembrement de la Cour d’appel de Bujumbura. Pour rappel, cet activiste des droits humains a été arrêté le 13 juillet 2017 par le Service national de renseignements (SNR) à son domicile situé dans la zone de Ngagara, commune Ntahangwa en Mairie de Bujumbura. Félix Haburiyakira


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SOCIÉTÉ

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Rumonge

SOS pour les déplacés de Mayengo Chômage, promiscuité, précarité alimentaire, manque d’assistance, … Des défis auxquels font face les déplacés du village de paix de Mayengo, zone Kigwena de la province Rumonge. Ils tendent la main à toute âme charitable.

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es hauteurs des montagnes surplombant Kigwena, le village de paix de Mayengo offre une vue splendide. Situé du côté gauche de la route Rumonge Nyanza-Lac, à plus ou moins 500 m de la réserve forestière de Kigwena. Il héberge les déplacés des inondations de 2015 à Gitaza et Nyaruhongoka, dans la commune Muhuta, province Rumonge. Des toitures en tôles ondulées toutes blanches, transparaissent à travers les champs verdoyants de manioc. Tout autour, des palmiers à huile dominent le paysage. Bref, une vue de carte postale. Mais, la réalité est toute autre. Entre les murs de ces maisonnettes en tentes, des gens souffrent, se meurent. Ils vivent un vrai calvaire. «Vraiment, la vie est très dure dans ce village appelé de ’’paix’’. Il est difficile de trouver de quoi manger. Car, nous n’avons pas de terres à cultiver», se lamente Dismas Ndabaneze, un déplacé, rencontré dans ce village. Famélique, ce père de cinq enfants affirme que sa famille passe souvent des nuits sans rien mettre sous la dent. Pour nourrir sa famille, ce déplacé est obligé de travailler dans les champs des riverains de ce site. Et là, il peut gagner entre 2.000 BIF et 3.000 BIF par jour. Malheureusement ces opportunités ne se présentent pas tous les jours. «Ce n’est pas rare que je passe toute une semaine sans être embauché. Et ce sont là des journées très compliquées pour ma famille». Selon ses dires, sept mois viennent de s’écouler sans aucune assistance alimentaire. «A notre arrivée, des bienfaiteurs ont donné des vivres, des pagnes pour dames et quelques ustensiles de cuisine.» Aujourd’hui, ses trois enfants ont été chassés de l’école suite au manque des frais scolaires. «Il m’a été demandé de payer une somme de 1.500 BIF par enfant. Or, je n’ai pas d’occupation rémunérée pour trouver cet argent pour les uniformes et les cahiers». Rémy Bitariho, Chef de ce village de paix de Mayengo ajoute que la situation sanitaire n’est pas bonne non plus. «Récemment, sur 34 personnes dépistées, 30 parmi ces gens souffraient de la malaria. Aujourd’hui, ils sont sous traitement». D’après lui, cela est lié à la précarité alimentaire prévalant dans

ce village de paix. «Ici chez nous, beaucoup de familles passent des nuits le ventre creux. Car, avant la catastrophe, nous vivions de l’agriculture, de la pêche et du commerce. Mais, aujourd’hui, impossible d’exercer ces activités». Des fois, poursuit-il, les personnes les plus âgées et les enfants tombent en syncope. «C’est l’inanition.» A titre d’exemple, il évoque le cas d’une veille maman qui a réveillé tout le village criant famine : «Je meurs de faim. Au secours. Au secours ! » Selon lui, c’est grâce à un gobelet de bouillie que cette dernière a retrouvé un peu de force.

Un léger mieux malgré tout Dans ce village de paix de Mayengo, les occupants affirment que l’eau y est disponible. « Nous avons quatre robinets et les condiRémy Bitariho: "Ce lopin de terre qu' on nous donne est tions hygiéniques sont remplies », insignifiant." témoigne M. Bitariho. Il précise qu’il abrite 1.400 personnes vivant avec un handicap. «C’est briques adobes. Cet état de choréparties en 174 ménages. en tout 28 maisons érigées par ses inquiète les déplacés engaEt de signaler que la Croix-Rouge et gés pour cette tâche : « Alors « Ici chez nous, le PNUD.» Actuel- que le paiement se faisait chaque la deuxième phase de construction de lement, poursuit- semaine, nous sommes déjà à beaucoup de nouvelles maisons en l’identification presque deux semaines sans être familles passent il, briques et couvertes porte sur les mai- payés.» Or, motive-t-il, c’est des nuits le de tôles est déjà en sonnettes qui ris- grâce à cet argent qu’il parvenait marche. Chacune est ventre creux.» quent de s’écrouler à rationner sa famille. composée de trois avec la saison pluPour rappel, les inondachambres et un salon. vieuse. tions de 2015 à Gitaza suivies Dans la première phase de ce Néanmoins, déplore-t-il, ce d’éboulement ont occasionné projet, la priorité a été accordée travail est aujourd’hui au ralenti des dégâts énormes. Dismas Ndaaux vulnérables et aux personnes suite à l’arrêt de fabrication des baneze garde un mauvais sou-

venir de cette date : « J’ai perdu tout ce que j’avais, ma maison en tôles, tous les ustensiles de cuisine, le matériel de couchage, mes six chèvres, sept poules et neuf lapins. Tout a été emporté par le courant d’eau vers le lac Tanganyika. » Pour dormir, sa famille n’a que trois nattes et trois couvertures, des dons des bienfaiteurs.

Les besoins restent énormes Pour sortir de cette situation, Rémy Bitariho demande que ces déplacés puissent avoir des terres cultivables. Car, expliquet-il, chaque ménage n’a que 15 m sur 20 m. «Ce lopin de terre est insignifiant, juste réservé pour y construire une maison, une petite cuisine et un lieu d’aisance.» Il se demande d’ailleurs où leurs descendants vont s’installer pour fonder leur foyer. Entre autres nécessités : de nouvelles écoles. « Nous avons plus de 400 jeunes qui ont besoin de salles de classe.» Il plaide aussi pour l’enseignement des métiers pour ces jeunes. Cet homme évoque aussi la nécessité de leur accorder des crédits remboursables à bas intérêts. D’après lui, cela permettrait à ceux qui faisaient du commerce de poursuivre leur métier. Il trouve aussi urgent que ce village ait un mini-marché propre. Contacté, Juvénal Bigirimana, gouverneur de la province Rumonge dit que la question d’attribution des terres n’est pas de son ressort. «Je me suis beaucoup exprimé sur cette question. Le gouverneur ne donne pas des terres. Il faut adresser cette requête au ministère ayant le foncier dans ses attributions». Concernant l’interdiction de cultiver du manioc dans leur lopin de terre, M. Bigirimana répond qu’il n’a jamais donné une telle injonction. Néanmoins, il signale que celui qui a ordonné cela n’a pas tort. «Dans un tel village, il faut privilégier des légumineuses. Ces dernières ne poussent pas beaucoup en hauteur. Et le village restera visible même de loin.» Il leur interdit cependant de ne pas dépasser les limites des parcelles qui leur sont attribuées. Pour sa part, Martin Nivyabandi, ministre en charge des droits de l’Homme comprend les doléances de ces déplacés. Néanmoins, il leur demande d’être patients. Il tient à les tranquilliser : «Nous sommes en train de chercher tous les voies et moyens pour leur venir en aide». Rénovat Ndabashinze

Quelques déplacés ont déjà de nouvelles maisons modernes

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SOCIÉTÉ

Vendredi, 26 juillet 2019 - n°541

Interview avec le démographe Déogratias Buzingo

« Le gouvernement doit investir en matière d’éducation» Co-auteur avec Aloys Kamuragiye du livre : Maîtriser la croissance de la population pour profiter du dividende démographique en Afrique subsaharienne : le cas du Burundi, M. Buzingo explique que si une fois la démographie est bien maîtrisée, elle pourra être rentable pour le pays au lieu d’être une charge.

L

a population est-elle un défi et une opportunité comme vous dites ? La population est toujours une richesse que tout pays rêve d’avoir. Dès qu’elle n’est pas maîtrisée, elle devient un fardeau, un frein au développement. Il suffit de regarder juste en face les chiffres de l’ISTEEBU. En 2016, une classe qui devait contenir 35 à 40 élèves contenait 80 voire 100 élèves, plus de 28 mille habitants se partageaient un seul médecin. Sans parler des conflits fonciers récurrents suite à la pression démographique. A travers cet ouvrage, nous montrons que si le gouvernement prend la question à bras le corps avec des mesures accompagnatrices claires, la population peut être maîtrisée, partant, devenir ce

gouvernement emprunte cette voie.

capital humain tant prisé dans certains pays. Justement comment réduire cette population ? Cela passe par une batterie de mesures, en amont desquelles la diminution du taux de fécondité. Et d’après les programmes nationaux de planification familiale, une nette amélioration s’observe. Estimé à 6,4 en 2010, l’indice synthétique de fécondité (ISF) a été ramené, en 2015, à 5,5 enfants par femme en âge de procréer. Une quête encore loin de notre portée, parce que l’objectif est de ramener l’ISF à 3. Toutefois, pour maîtriser la population, les hommes ont aussi leur part de responsabilité. D’ailleurs, plusieurs experts s’accordent à dire que c’est de cette manière que la prévalence

contraceptive se trouverait accrue. Parmi les préalables pour profiter du dividende démographique, la stabilité politique est une nécessité. Pourquoi ? Dans le livre, nous sommes partis du modèle des pays de l’Asie du sud-est parmi lesquels Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan (les Dragons asiatiques). Après avoir maîtrisé le taux de fécondité,

ces pays ont consolidé leurs institutions, mis en place une gouvernance où la culture du mérite prévaut (l’homme qu’il faut à la place qu’il faut), plus que tout défait des velléités politiques. Par après, ces pays ont vu affluer une kyrielle d’investisseurs étrangers. Une manne financière qui profite encore à leur population. Ces pays ont des taux de chômage les plus bas au monde. Un cas d’école qui servirait de modèle pour le Burundi, si le

Pour vous, la balle est donc dans le camp du gouvernement… Récolter les dividendes démographiques n’est pas automatique. Il faut une politique, des mesures d’accompagnement permettant aux jeunes en âge actif d’accéder au marché du travail étant bien outillés intellectuellement, aptes physiquement, etc. Pour y arriver, le gouvernement doit investir en matière d’éducation, de la santé, etc. Il faut qu’il y ait un personnel (des enseignants bien formés), des structures adaptées et suffisantes (salles de classe, hôpitaux), des médecins en cas de maladies qui pourront les soigner. Bref, un ensemble de structures permettant à ces jeunes de s’épanouir pleinement dans l’exercice de leur métier, ainsi, contribuer en tant que citoyen au développement de leur pays. Propos recueillis par Hervé Mugisha

SANTE

Giheta/Malaria : la Clinique St Joseph débordée 40 à 50 cas de paludisme dépistés positifs chaque jour... La clinique Saint Joseph de Giheta, en province de Gitega, est submergée. Maternité, pharmacie… se sont transformées en chambres d’hospitalisation.

T

out ce que cette structure sanitaire privée peut avoir comme salle d’hospitalisation est mis à contribution pour l’accueil des nouveaux patients. Lundi 22 juillet, il est 13 heures à ce seul hôpital sous convention de cette commune. A l’entrée de la clinique, une longue file d’attente s’étire au fil du temps dans un couloir. La plupart sont des mamans, bébés dans leurs bras, et des enfants. Elles guettent la moindre ouverture de la seule salle de consultation. Elle tourne à plein régime et le personnel soignant travaille sans répit. Quand la porte se met à crisser

Deux à trois patients atteints de malaria se partagent un lit à la Clinique St Joseph de Giheta.

et s’entrebâille, c’est un ouf de soulagement du patient qui voit son tour arriver. Ils peuvent passer des heures à attendre. « Je suis sûr que la plupart de ces patients souffrent de la malaria », indiquera le médecin qui consulte. De l’autre côté de la clinique, des chambres d’hospitalisation. Elles sont presque toutes occupées par les patients atteints de paludisme dont la plupart sont des enfants. Un petit lit d’à peine un mètre de large se partage à deux, voire

trois patients. Difficile de faire la différence entre la maternité et la pédiatrie. Les mères qui viennent d’accoucher se retrouvent dans une même salle ou un même lit que les patients souffrant de la malaria.

Autour de 1.000 cas chaque mois, depuis février Le directeur de cette clinique, Dr Vital Hatungimana, affirme que l’hôpital reçoit 40 à 50 cas de paludisme par jour. Actuellement, 90% de patients souffrent

de cette maladie dans toute la clinique. La plupart sont des enfants de moins de 5 ans. « La clinique est débordée. Des fois, nous sommes contraints de partager un lit à deux patients. Ou renvoyer ceux qui ne se sont pas totalement remis pour continuer leur cure à la maison». Et de confier que la pharmacie a été déménagée pour laisser place aux patients. De surcroît, la clinique a loué une ancienne école d’à côté pour faire face à ce débordement. Ce médecin indique que la malaria sévit à Giheta depuis le mois de février. Depuis lors, cette clinique enregistre autour de 600 à 1.500 cas chaque mois, parmi lesquels 7 cas de décès. Cette clinique offre un traitement gratuit pour les enfants de moins de 5 ans, comme d’habitude pour tous les soins. Pour tous les autres patients atteints de paludisme, le traitement de 2ème degré, la quinine, est payant. Mais le traitement de premier degré (stade non

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avancé) est gratuit. Ce dernier traitement, composé par une combinaison de deux médicaments (artesunate-amodiaquine) s’inscrit dans la politique du gouvernement de la gratuité des soins pour le paludisme. Ce médecin déplore toutefois l’inefficacité de ce traitement gratuit. «Plusieurs patients font la rechute». 5 millions de cas de paludisme sont enregistrés, au niveau national, durant ces six derniers mois, selon OCHA, l’Agence des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires au Burundi. Clarisse Shaka

Evolution des cas de paludisme à la clinique de Giheta Période

Nombre de cas

Nombre de décès

Février

664

2

Mars

853

0

Avril

930

2

Mai

1.358

0

Juin

1.551

0

Juillet (21/07)

1.000

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AU COIN DU FEU

Vendredi, 26 juillet 2019 - n°541

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Avec

Spès Nihangaza Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Spès Nihangaza.

V

otre qualité principale Je pense que je suis une femme tournée vers l’action, qui aime les réalisations concrètes.

pouvoir gérer, développer euxmêmes leur pays. Votre définition de la démocratie ? Un pouvoir qui émane de la volonté du peuple. La liberté de la population de dire oui ou non, sans pression.

Votre défaut principal ? Je suis parfois impatiente, j’aime le travail rapide. J’impose aux autres un rythme trop élevé par rapport à leurs capacités.

Votre définition de la justice ? Pour moi, la justice est un traitement équitable pour tous.

La qualité que vous préférez chez les autres ? Etre méticuleux, soigneux et profond. Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? Je ne supporte pas une personne superficielle. Qui commence une chose et ne le finit jamais. La femme que vous admirez ? Angela Merkel, la chancelière allemande. C’est une femme forte, très active, constante dans ses décisions. Elle dirige une grande puissance. C’est comme si elle dirigeait toute l’Europe. L’homme que vous admirez le plus ? Nelson Mandela. Il militait pour une cause : l’égalité. Et quand il a gagné sa bataille, il n’a pas effacé les adversaires. Cela m’a fort touchée. Votre plus beau souvenir ? Le jour où j’ai eu mon premier bébé. Votre plus triste souvenir ? Le choix est difficile. Mais j’opte pour le jour où j’ai perdu mon père, en 1986. Quel serait votre plus grand malheur ? C’est dur de parler de malheurs. Je suis très attachée à ma famille et à ce que j’ai réalisé au cours de ma vocation professionnelle. Donc le jour où je perdrais une de ces deux choses, ça me ferait très mal.

Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? L’indépendance du Burundi. La plus belle date de l’histoire burundaise ? Le 1er juillet 1962. La plus terrible ? Je vois les 29 avril 1972, 13 octobre 1961 et le 21 octobre 1993. Le métier que vous auriez aimé faire ? J’aurais aimé être psychologue. Je suis tout le temps confrontée à des cas psychologiques à résoudre. Votre passe-temps préféré ? Le jogging et la marche. Votre lieu préféré au Burundi ? Le jardin public. C’est là où je passe mon temps favori. Le pays où vous aimeriez vivre ? Je suis contente de vivre au Burundi. Mais j’aime aussi la Suisse, je trouve que c’est un pays calme, paisible. Le voyage que vous aimeriez faire ? Aller sur les îles, être tout près de la mer ou l’océan.

Votre rêve de bonheur ? J’ai beaucoup de rêves… Je rêve par exemple de voir le dernier de mes fils fonder son foyer. Votre plat préféré ? Les légumes. Une salade précisément. Je suis presque végétarienne. Votre chanson préférée ? « Nama ntangara… », Une chanson gospel pleine de sagesse et d’amour. Quelle radio écoutez-vous ? En général, j’écoute la radio Isanganiro. Mais aussi la radio nationale. Avez-vous une devise ? « Croire en ce que l’on fait. » Là on est inspiré, on a de l’énergie pour travailler et affronter les obstacles. Votre souvenir du 1er juin 1993 ? Rien de spécial. J’étais indifférente. Mais un souvenir vague : je me rappelle d’une ville troublée par des manifestations. Je paniquais pour mon fils qui était à l’école jusqu’à monter sur une benne pour aller le récupérer. Votre définition de l’indépendance ? La liberté des nationaux de

Si vous étiez ministre de l’Education, quelles seraient vos deux premières mesures ? Tout d’abord, doter des manuels scolaires à tous les enseignants, les affecter dans les filières selon leur niveau et orienter l’enseignement de façon que chaque jeune qui termine le secondaire soit capable de se créer un métier s’il n’a pas les moyens de faire l’université. Ensuite, récompenser les jeunes talents pour les encourager à aller le plus loin possible et réaliser leur potentiel.

Si vous étiez ministre de la Santé, quelles seraient vos deux premières mesures ? Former assez de médecins et d’infirmiers pour une bonne couverture de tout le pays. Renforcer la prévention en mobilisant beaucoup de ressources dans la prévention des maladies les plus courantes : malaria, maladies respiratoires, la malnutrition des enfants, etc. Croyez-vous à la bonté humaine ? Bien sûr. Je pense directement aux personnes charitables comme mère Teresa de Calcutta. Pensez-vous à la mort ? Bien sûr, j’y pense quand je perds un proche ou tombe malade. Mais pour moi, la mort n’est pas si terrible. C’est une évolution naturelle de la vie. On doit s’y préparer. Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ? Merci d’avoir soutenu mes petits efforts en faisant grandir des orphelins. Propos recueillis par Clarisse Shaka

Bio express

N

ée en 1958, Spès Nihangaza est une femme engagée dans la protection des enfants vulnérables. Licenciée en Chimie à la Faculté des Sciences et de la Technologie d’Alger en Algérie, elle est aujourd’hui représentante légale de l’association FVS-AMADE, œuvrant pour les enfants et la lutte contre le VIH sida, et de l’école secondaire de référence de Matana « Amie des enfants ». Avant de s’engager dans la protection de l’enfance, Mme Nihangaza a travaillé à l’Office Nationale Pharmaceutique du Burundi (ONAPHA) comme contrôleur de qualité des médicaments puis comme représentant du personnel. Spès Nihangaza est lauréate de plusieurs prix, entre autres : le prix honoraire mondial des droits des enfants, en mai 2019. Le prix international de la femme pour la promotion des droits et de la dignité des personnes vulnérables décerné en Italie, en décembre 2010. Le prix de la réconciliation, décerné en Allemagne en 2010. Le prix panafricain pour l’esprit d’entreprise dans l’éducation, en décembre 2016, à Durban.

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AU CŒUR DU PAYS

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Région Sud

Vendredi, 26 juillet 2019 - n°541

Burambi

Arrestation pour monnayage des points Deux enseignants du lycée communal de Muyange sont détenus aux cachots du commissariat de police à Rumonge depuis une semaine pour avoir monnayé des points auprès de leurs élèves. Les parents s’en réjouissent et demandent que la loi soit appliquée dans sa rigueur. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

S

elon des informations recueillies auprès des parents, Yoramba Aminadabu, enseignant des mathématiques et Nduwimana alias Macado, enseignant de français au lycée communal de Burambi sont retenus aux cachots de la police à Rumonge pour avoir demandé de l’argent aux élèves afin que ceuxci puissent avancer de classe. C’est juste avant la délibération que ces enseignants ont approché certains élèves pour les informer qu’ils ont des échecs et que par conséquent ils ne pourront pas avancer de classe. Un élève aurait enregistré toute la conversation avec ces professeurs et un autre aurait présenté à la police deux copies d’un même

Région Ouest

examen avec deux notes différentes. Certains élèves ont alors porté plainte à la police contre ces deux enseignants pour monnayage des points et ces derniers ont été directement arrêtés par la police en commune.

Une pratique fréquente Aujourd’hui, leurs dossiers sont en train d’être instruits au niveau du parquet de Rumonge. Les parents indiquent que cette pratique de monnayage de points était fréquente à cette école. Le représentant de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME) félicite ces élèves et leurs parents qui ont pu réunir des preuves tangibles. Il suggère que ce dossier soit traité au niveau de la brigade anticorruption dans la région sud. Il

Une foule devant le commissariat de police à Rumonge où sont détenus les deux enseignants

demande aux autorités scolaires de la province d’entamer des enquêtes sur d’autres écoles. Il interpelle les syndicats des enseignants à dénoncer ces pratiques et à entamer eux aussi des enquêtes surtout que la province scolaire connaît un taux d’abandon scolaire élevé dû aux grossesses non désirées. Il invite la brigade anti-corrup-

tion à collaborer de près avec la population pour recueillir les dénonciations en rapport avec la corruption. Les parents des élèves qui fréquentent le lycée communal de Burambi demandent des enquêtes plus fouillées afin que tous les présumés auteurs, les complices et les co-auteurs soient arrêtés et punis afin de

déraciner ce virus qui ronge cet établissement scolaire. La direction provinciale de l’enseignement indique qu’elle suit de près ce dossier et que des sanctions administratives seront prises aux auteurs et complices. Elle précise que des enquêtes sont en train d’être menées sur d’autres allégations pareilles dans d’autres écoles.

Cibitoke

Les anciens exploitants de Rugofarm appelés à former des coopératives Le comité chargé de la redistribution des terres commence à exproprier les anciens cultivateurs qui exploitaient ces propriétés. Ces derniers demandent à l’administration de les rétablir dans leurs droits.

l’administration de le rétablir dans ses droits.

Pour une exploitation moderne

De notre correspondant Jackson Bahati

A

rrivés dans les champs de Nyakagunda, anciennes propriétés de l’entreprise agro-alimentaire Rugofarm de la colline Gabiro-Ruvyagira située à 3 km du chef-lieu de commune Rugombo province Cibitoke, on constate un grand nombre de la population en détresse. Cette population, dont la majorité pratique la culture du riz, du haricot, du maïs depuis plusieurs années, est priée de former des associations et des coopératives pour pouvoir accéder à l’exploitation de cette propriété. Dans les coulisses, ces anciens occupants de champs de riz situés à la localité de Nyakagunda de

Les agriculteurs réclament les anciennes terres pour y cultiver

plus de 1500 hectares affirment que ces propriétés sont actuellement distribuées à des personnes disposant des moyens financiers plus élevés. D’autres indiquent

que la redistribution de cette propriété a été faite pour des raisons politiques. Japhet Nduwimana a exploité cette propriété pendant 15 ans.

Père de 7 enfants, il ne sait pas à quel saint se vouer. Selon lui, l’exploitation de cette propriété lui permettait de payer le minerval de ses enfants. Il demande à

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La directrice provinciale de l’environnement, de l'agriculture et de l’élevage dans la province Cibitoke, Béatrice Nyabenda, affirme que chacun sera rétabli dans ses droits. « Il suffit de s’unir dans les associations et les coopératives. » Cette autorité précise que cette propriété n’est plus entre les mains de Rugofarm. Pour cette raison, le gouvernement envisage de distribuer cette propriété aux associations et aux coopératives. Ainsi, toute personne ne faisant pas partie d’une coopérative ou d’une association est moins susceptible d’avoir quelque chose à exploiter. Pour Béatrice Kaderi, administrateur de la commune Rugombo, la politique de l’Etat est le développement de l’agriculture. « C’est pourquoi cette propriété sera exploitée de manière moderne afin de permettre une production importante et de qualité. » Elle appelle ces personnes à prendre des initiatives pour se regrouper en associations ou en coopératives.


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Région Centre

AU CŒUR DU PAYS

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Gitega

Elles se demandent à quand elles seront plus considérées Presque tous les points de vente des cartes de recharge pour les téléphones mobiles et les transferts d’argent par téléphone sont tenus par des filles et des femmes. Pour ces dernières, elles ne le font pas de gaieté de cœur mais parce qu’elles n’ont pas d’autres choix pour ne pas rester à la maison et être un fardeau pour la famille. De notre correspondant Jean Noël Manirakiza

A

u centre-ville, autour des marchés, le long des rues, devant les bistrots , boutiques et magasins, les jeunes filles et femmes (dont la majorité sont diplômées) occupent une place de choix dans la vente des unités de recharge pour le téléphone mobile et le transfert d’argent par téléphone. Depuis le matin jusque tard dans la nuit, elles s’abritent le soleil sous les parasols de la couleur orange (pour la compagnie Lumitel) et rouge (pour la compagnie EconetLeo). Elles se sont résolues à venir faire ce travail qui ne paie pas beaucoup après des mois, voire des années sans trouver une autre occupation lucrative.

« Après mon diplôme, je croyais que dans quelques semaines, j’allais dénicher un poste dans les banques d’après mes connaissances scolaires en banque et assurances. Mais c’étaient des illusions car j’ai réalisé que personne ne veut de moi », a confié Chantal qui travaille devant un bistrot au centre-ville de Gitega. Selon cette jeune fille de 23 ans, les filles et les femmes sont beaucoup plus exposées au chômage que les garçons du même âge. Elle compare les chiffres des garçons et des filles de sa promotion qui ont déjà trouvé un emploi ne fût-ce que journalier. « Ils sont plus favorisés que nous. Dernièrement j’ai déposé dans une coopérative d’épargne et de crédit et j’étais sûre d’être embauchée mais la question d’un permis de conduire m’a disqualifiée. Com-

Quelques-unes des vendeuses de crédit de recharge et transfert d’argent par téléphone mobile

bien de filles qui terminent l’école peuvent imaginer que savoir conduire une moto ou une voiture est un atout pour être recruté ?» D’après ses propos, les filles et les femmes sont toujours à la traîne.

Un capital consistant leur barre la route Dans ce nouveau travail pour les filles qui est en vogue dans la ville, le sexe masculin dirige tandis que le sexe féminin exécute.

Les filles occupent une fonction d’agent et les hommes comme super agents. Selon nos investigations dans la plupart de ces points de vente, ces filles n’ont pas un capital de plus de 200 mille Fbu. Pour qu’un client retire une somme d’argent supérieure à leur capital, elles doivent recourir à leurs super agents qui leurs fournissent des fonds et des crédits électroniques moyennant un partage des commissions.

« C’est lui qui est comme mon bailleur. Je ne peux pas payer plus de 5O mille Fbu en cas de besoin urgent. Etre un super agent demande un grand capital et c’est ce dernier qui gagne beaucoup. Plus tu investis, plus tu gagnes », indique Odette. Mathématiquement le gain est minime. Cependant son importance sociale pour ces jeunes diplômées est considérable, d’après leurs propos. Elles ne dépendent plus de leurs familles pour s’acheter une robe ou des produits de beauté à leur goût. «Je suis heureuse de ce que je fais. Avec mes 40 ou 50 mille par mois, je me procure des sandales ou une jupe», s’en félicite Chimène. « Je ne me plains pas. J’ai quitté ma colline natale sans rien, mais je suis capable d’envoyer un pagne à ma mère grâce à l’argent que je gagne », ajoute Clotilde. Néanmoins, ces filles et femmes même si elles ne se plaignent pas, selon leur propres propos, elles souhaitent occuper des places plus enviables dans la classes des super agents. Mais leurs désirs sont bloqués par le manque de confiance de la part des banquiers qui ne leur octroient pas des crédits faute d’hypothèques.

Région Nord

Hôpital de Ngozi : Lavez- vous les mains et entrez ! A dater de ce lundi 22 juillet 2019, l’hôpital autonome de Ngozi instaure un système de lavage des mains avant d’y fouler le pied. Le mobile est, selon son directeur, de minimiser les infections en provenance de l’extérieur. De notre correspondant Apollinaire Nkurunziza

L

a grande porte d’entrée est réservée aux véhicules. Les piétons n’accèdent à l’intérieur que par une petite porte. A deux ou trois pas de marche en son sein, les passants se heurtent à une barrière invisible. Deux à trois gardiens d’hôpital se tiennent debout, au milieu du chemin, l’air désintéressé. Pourtant, ils sont chargés d’orienter les gens, les petits et les grands, ceux qui entrent par la petite porte comme ceux de la grande. « Passez par-là », disentils gentiment. Leurs mots sont joints au geste orientant vers un robinet. Trois robinets neufs ont été récemment plantés au milieu d’un bloc de ciment à deux mètres de l’entrée. L’eau coule de ces derniers et disparaît à l’intérieur du

bloc. Et un petit trou a été également aménagé pour contenir le savon dont il faut se servir en se lavant les mains. Mais en un laps de temps, le savon est épuisé, le mouvement de va-et-vient étant considérable. Des fois, les gens sont obligés d’attendre au moment où tous les robinets sont occupés.

Une habitude lente à intérioriser Au troisième jour de l’introduction de la politique, les gens semblent toujours hésitants. « Je reviens de l’extérieur. Je m’étais lavé les mains quand je suis entré», disent les uns. Tandis que les autres sont détournés de leur chemin pour se laver les mains en s’excusant : « Nous ne savions pas. C’est du nouveau pour nous. » Ils argumentent que c’est leur première visite après l’introduction de la pratique. Selon ces gardiens, toute introduction dans l’hôpital est véri-

Ils sont obligés de se laver les mains avant d'entrer à l'hôpital

fiée qu’elle est passée au robinet. « Qu’on se lave cent fois, ça ne fait rien. L’eau est là pour ça. Et le stock de savons est plein », précisent-ils aux passants qui craignent pour le coût que le service entraîne. Cependant, certaines gens font semblant de se laver. Ils imprègnent les mains dans l’eau et partent. D’autres ne daignent même pas toucher le savon placé à côté du robinet.

Alors qu’il peut y avoir une certaine résistance parmi les entrants, les gardiens indiquent qu’ils ont reçu du directeur un droit de refus d’entrer aux récalcitrants. « Au cas où l’affaire nous dépasserait, le directeur nous a recommandés de traduire le concerné chez lui et il saura comment traiter avec lui. » Pour le directeur d’hôpital, Guillaume Ntawukuriryayo, cette méthode a été introduite dans le cadre de minimiser, voire éviter

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les maladies infectieuses, dont l’Ebola qui fait parler d’elle en République Démocratique du Congo, qui pourraient s’introduire à l’hôpital en provenance de l’extérieur. Et selon toujours ce responsable d’hôpital, cela a été fait sous l’injonction du ministère de tutelle qui recommande à tous les hôpitaux et centres de santé de se doter de robinet à leurs entrées.


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SPORT

Vendredi, 26 juillet 2019 - n°541

Football CHAN 2020 : les Intamba sereins avant d’affronter le Soudan du Sud A la veille de la rencontre comptant pour les éliminatoires au Championnat d’Afrique des Nations (CHAN 2020), la sélection nationale est confiante. Plus que tout déterminée à arracher une victoire.

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ucuns pépins physiques. Tous les joueurs sont en forme. En tout cas, ils semblent bien partis pour gagner le match», se targue fièrement K.M., membre du staff médical. Mercredi, 16h. A l'ancien stade Prince Louis Rwagasore, tout fraîchement renommé Stade Intwari, sous l’œil attentionné du sélectionneur Olivier Niyungeko, l’entraînement bat son plein. Tout le groupe est au complet,même les joueurs d'Aigle Noir. Ils viennent de rentrer d’une mise au vert en Tanzanie. Dans les gradins et sur les pourtours du stade, la satisfaction est à son comble. A chaque accélération du milieu offensif Nyange, le public exulte. Preuve qu’il attend de pied ferme la rencontre de samedi 27 juillet. «Toutefois, un excès de confi-

La sélection nationale lors du match amical contre Rukinzo FC

ance qui ne doit pas leur oublier qu’à ses côtés, ils auront un adversaire désireux de prendre sa revanche», prévient Kamran, un fan. Pour rappel, le Burundi a battu à deux reprises les Soudanais du Sud lors des qualifications à la CAN 2019 qui

vient de se terminer en Egypte. Très rugueux dans les contacts au milieu de terrain et surtout vifs dans le jeu des couloirs, le sélectionneur national est averti. Il doit renforcer son milieu axial et particulièrement être intransigeant avec ses latéraux. Notam-

ment Kassim, parfois plus offensif que défensif pour éviter les contre-attaques.

Donner la chance à tout le monde Nombre de fans demandent au sélectionneur de prendre en

compte tous les joueurs. «Qu’il ne se fie pas seulement aux noms. Il faut qu’il soit donne la chance à tout le monde. Spécialement à celui qui le mérite», insistentils. Allusion faite aux rumeurs, depuis peu qui circulent comme quoi le onze de départ risque d’être entièrement des joueurs du club champion de la Primus ligue. Autre crainte : le peu de temps pour la préparation. Toutefois, Mutombola tranquillise. «Plutôt, je m’inquiéterais pour leur physique, mais, vu qu’ils sont en parfaite condition physique, nous ferons le tout possible pour remporter ce match tant capital». Toutefois, une bonne nouvelle pour ce rendez-vous, le sélectionneur a convoqué les joueurs d'Aigle Noir. Et d'appeler le public à venir nombreux samedi. «Il faut qu’il ait à l’esprit qu’il reste le douzième joueur sur terrain». Avant de conclure avec un brin d’humour : « Aussi, faudra-t-il qu’il reste bouillant de la 1ère minute au coup de sifflet final ». Pour rappel le CHAN, c’est un tournoi qui réunit les joueurs évoluant dans les championnats locaux. En 2020, il se déroulera en Ethiopie. Hervé Mugisha

Volleyball Coupe d’Afrique des Nations : après six ans, le Burundi est de retour Depuis vendredi 19 juillet, la sélection nationale se trouve à Tunis. Elle prend part à cette grand’messe du volleyball continental.

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près d’amples tractations, le ministère en charge des Sports a enfin tenu sa promesse. Six ans à briller par leur absence, les volleyeurs burundais sont de nouveau sur la scène africaine. Dans les coulisses, s’accordent à dire tous les joueurs, une participation, rendue possible par les efforts de Pascal Barandagiye, ministre de l’Intérieur, un féru de ce sport. Toutefois, dans les gymnases de Tunis, les résultats peinent à suivre le pas. En deux rencontres, le Burundi n’a pas encore enregistré la moindre victoire. Deux défaites (respectivement contre l’Egypte 3 sets à 0 et le

Maroc 3 sets à 1 contre le Maroc). « C’est vrai que nos joueurs s’accrochent autant qu’ils peuvent .Mais, la compétition est d’un autre niveau», indique Arthur Baziri, coach adjoint. Evoluant dans la poule B, avec l’Egypte, le Maroc, le Congo Brazzaville et le Cameroun, d’ores et déjà, il ne cache pas que se qualifier pour le tour suivant relèvera du miracle. « Petit poucet du groupe ou pas, ce qui est sûr, c’est que nous n’avons pas les armes pour faire jeu égal ». Outre leurs tailles ’’petites’’ par rapport à leurs adversaires, il avance l’expérience. En témoigne leur 1er match contre l’Egypte. Pris au dépourvu par des systèmes de jeu venus d’ailleurs, en dépit de leur sursaut d’orgueil durant le 3ème set (25-17), les joueurs burundais n’ont pas fait le poids. « Suite à un rythme soutenu, ils ont laissé des failles défensives que l’adversaire n’a pas hésité à exploiter ». Idem contre le Maroc pour leur 2ème sortie.

Des débuts difficiles pour les Burundais

Malgré une bonne entame (2725 en leur faveur), ils ont fini par abdiquer.

Un mal pour un bien Au-delà de ces résultats peu reluisants, indique M. Baziri, cette compétition a le mérite

d’avoir rappelé aux autorités burundaises, qu’à défaut des compétitions internationales, rivaliser avec les grands du continent sera toujours difficile. Pour rappel, le tournoi prend fin le 30 juillet. Le vainqueur et ses deux dauphins valideront

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leur billet pour la Coupe du monde qui se tient au Japon en octobre. Au moment où nous mettons sous presse, nous venons d’apprendre que le Burundi vient d’enregistrer son 3è revers. Trois sets à zéro contre le Cameroun. H. M.


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CULTURE

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orsqu’elles sont économiquement et socialement autonomes, les femmes contribuent largement au développement de la sécurité alimentaire et à l’augmentation des revenus de leurs familles et de leurs communautés. Pourtant, leur statut, par rapport à celui des hommes les empêche souvent de réaliser pleinement leur potentiel. Elles ont nettement moins accès aux ressources qui rendraient leur travail plus productif et les soulageraient de leur dur labeur. Aux champs, elles plantent, désherbent, cueillent, récoltent mais gèrent rarement ces dernières. Bien plus, elles ont moins accès aux informations relatives aux meilleures pratiques agricoles et aux financements.

INVESTIR DANS LES FEMMES

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l’heure où l’agrifinance connait une mutation indéniable au Burundi, les femmes burundaises rurales productrices, ont besoin d’être soutenues pour apprendre à s’adapter et à saisir de nouvelles opportunités qui se présentent. ICCO, est une ONG internationale qui a plus de 50 ans d’expérience de travail avec les femmes, explique Netlyn Ber-

nard, la Directrice Regional des Operations d’Icco Coopération. « Nous nous sommes rendus compte que l’inclusion financière des femmes a travers les microfinances était une manière idéale et pérenne d’investir dans le développement économique du Burundi, donc nous avons investi nos ressources et expérience dans ce domaine. » Buku-

ndiye Adélaide, 57 ans, veuve, vivant en commune Gihanga, province de Bubanza possède un champ de 1 hectare légué par son mari décédé. Il y a trois ans, ce champ dans lequel la famille cultivait le riz, leur rapportait deux tonnes par saison culturale. Pour atteindre cette quantité, il leur fallait abattre un travail de longue haleine exigeant des moy-

ens financiers colossaux en vue de l’acquisition des semences, des fertilisants et pour payer la main d’oeuvre. Bukundiye raconte , reconnaissante que depuis, deux ans, le programme Microfinances, Agrifinance et chaines de valeurs MAVC exécuté par Icco Coopération Burundi lui a permis d’augmenter le volume de sa production en passant, pour

la même superficie de 1 hectare , de 2 tonnes à 4 tonnes. Bien plus, renchérit-t-elle, le programme MAVC de ICCO Coopération a fortement contribué à alléger la charge de son travail dans le champ, mais surtout de diminuer sensiblement les dépenses relatives à l’achat des fertilisants et au paiement de la main d’ouvre.

la rencontre des producteurs, des organisations de producteurs, y compris les femmes pour les former afin qu’ils puissant améliorer leurs connaissances sur l’importance de l’épargne, sur les différents produits financiers, sur la manière d’opérer des choix raisonnés en matière d’engagements financiers. Mme Bukundiye le témoigne: « Il n’est pas loin le temps où je gardais mon sordide revenu à la maison ou dans un noeud noué sur un pagne que je portais au quotidien. En conséquence, au moindre besoin, je

le dépensais sans trop raisonner n’ayant ni perspectives claires, ni projets à part des rêves que je nourrissais sans espoir de les réaliser un jour. ICCO Coopération est venue à point nommé chez nous à Gihanga. Grâce aux connaissances acquises pendant les formations données par les agents du micro finances, j’ai pu ouvrir un compte bancaire qui m’a permis de faire des dépôts et des retraits planifiés. J’ai aussi bénéficié, trois fois consécutives, de crédits qui m’ont permis entre

autres, de payer les frais de scolarisation de mes trois enfants inscrits à l’université, de construire des maisons que je fait louer et de pourvoir aux autres besoins quotidiens que je n’aurais jamais imaginé assouvir. » L’approche genre préconisée par ICCO Coopération consiste à inclure les femmes dans les activités du projet, à améliorer le bien être des femmes et à renforcer leurs capacités afin d’opérer des choix de vie stratégiques.

LA CAPACITATION

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’éducation financière, la transmission de nouvelles techniques agricoles incorporant la prise en compte des besoins sexo spécifiques des producteurs ont été les catalyseurs du changement opéré chez Mme Bukundiye mais également, chez plusieurs autres milliers de femmes burundaises productrices. Selon la Directrice exécutive du Réseau des Institutions de Microfinances, Marie Louise Kamikazi. Il est important d’équiper les femmes d’une variété de compétences. Le renforcement des capacités chez les

femmes est une approche essentielle entraînant des benefices pour les femmes, leurs ménages tout en générant du profit. Le développement des capacités aide les femmes à accéder aux marchés et aux services. En outre, il peut contribuer à jeter les bases permettant aux femmes de prendre des décisions au sein du ménage et de la communauté. Ajoute -t-elle. C’est dans ce cadre d’ailleurs que ICCO Coopération Burundi a noué un partenariat avec des institutions de micro finances, IMFs. Ces dernières sont parties à

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ANNONCES

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VENTE AUX ENCHÈRES

ORGANISEE PAR LE HCR au BURUNDI : Véhicules, Motos,…

Samedi 27 Juillet 2019 à 10H00

Centre de Transit de Kajaga, Rn4, Quartier Industriel, Route Uvira N0 3064, Bujumbura COMMENT ACHETER UN ARTICLE À LA VENTE AUX ENCHÈRES : • LA VISITE ET L’EXAMEN des véhicules et autres lots peuvent être fait au Centre de Transit de Kajaga. Les différents articles proposés à la vente aux enchères LE SONT EN L’ETAT, par conséquent les détails relatifs aux véhicules ainsi qu’aux différents lots ne peuvent être garantis ni par le commissaire-priseur, ni par le HCR.

A la demande du HCR, Best Group Limited organise la vente aux enchères comprenant: Toyota Land Cruiser Hard-top, Camion, Bus, Motos, Générateurs, matériels informatiques usagés.

• L’ENREGISTREMENT DES CANDIDATS : l’enregistrement est obligatoire afin de pouvoir participer à la vente aux enchères. Les personnes intéressées doivent payer une caution remboursable de 2,000,000 FBU (1,000 USD) par véhicule et par gros articles, ou de 1,000,000 FBU (500 USD) pour les motos et les petits articles. La caution doit être payée directement à BEST GROUP LIMITED et sera remboursée à la fin de la vente aux enchères, si le participant n’a rien acheté. Le Dépôt des cautions, ainsi que la distribution des catalogues s’effectueront entre le 22 et le 26 juillet 2019, de 9h à 16h, et le samedi 27 juillet 2019 jusqu’à 10 h à Bujumbura, au Centre de Transit de Kajaga, Rn4, Quartier Industriel, Route Uvira N0 3064.

PAIEMENT : • Le paiement des articles doit être effectué dans un délai maximum de 2 jours ouvrables, suivant la notification de l’adjudicataire le jour de la vente. Le paiement sera fait par VIREMENT BANCAIRE au numéro de compte qui sera communiqué par BEST GROUP LIMITED. Le non-respect du délai de paiement de 2 jours ouvrables entrainera la perte de la caution déposée en garantie et l’annulation de la vente (dernier jour pour le paiement : mardi 30 juillet 2019).

Pour plus de renseignements, veuillez contacter: BEST GROUP LIMITED

• Pour les soumissionnaires retenus (ayant acheté un article), la caution versée pour participer à la vente aux enchères sera immédiatement déduite de l'offre. Dans ce cas, la caution ne sera pas remboursable.

Centre de Transit de Kajaga, Rn4, Quartier Industriel, Route Uvira N0 3064 à Bujumbura.

• L’acheteur sera tenu responsable de tous les couts relatifs aux dédouanements et aux paiements des taxes.

Tél. portable : +257 72 22 13 53.

• Si les taxes et droits de douane ne sont pas payés dans les délais ci-haut cités, l’acheteur sera alors responsable de tous les coûts supplémentaires relatifs au transport du bien ou au frais de gardiennage.

E-mail : gkyatika@yahoo.com

• Toute vente est sujette à des prix de réserves raisonnables.

• Veuillez noter que tous les véhicules à moteur sont encore sous-douanes (non dédouanés). L’acheteur aura alors 5 jours ouvrables pour s’acquitter de ses droits et taxes, après le paiement du solde de 100%.

Le HCR ou le Commissaire-Priseur ne pourra pas être tenu responsable si l’adjudicataire n’est pas en règle avec les différentes autorités fiscales de l'État.

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L’ONG KIYO, en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap KIYO, ONG des droits de l’enfant, a sensibilisé les entrepreneurs à l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap dans le cadre du projet « Empowerment social et économique des jeunes au service de la paix et de la cohésion sociale » financé par l’Union européenne.

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travers le projet « Empowerment social et économique des jeunes au service de la paix et de la cohésion sociale », l’ONG KIYO a identifié puis accompagné 480 jeunes pour acquérir de nouvelles compétences et connaissances techniques, en adéquation avec le marché de l’emploi. Ensuite, ces jeunes sont rassemblés en groupes de solidarité, qui leur permettent de développer des stratégies de crédit et d’épargne. Ces jeunes ont donc bénéficié d’une formation professionnelle en métiers sur 13 niches de formation. 445 jeunes, soit 94,9%

Les participants à l’atelier organisé par KIYO-ONG des droits de l’enfant

des jeunes ciblés ont réussi les tests organisés en fin de formation dont 54 % de filles et 13 % en situation de handicap. « Le projet vise à permettre à ces jeunes vulnérables et/ou à risques, auparavant exclus du système économique – d’accéder à l’emploi et d’être activement engagés dans la consolidation de la paix et de la cohésion sociale dans leurs quartiers », a indiqué Joseph Bazikwankana, coordinateur du projet. C’était lors d’un atelier sur « l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap » organisé par l’ONG KIYO en collaboration avec ses partenaires FVS – Amis des enfants

et JJB ce mardi 23 juillet 2019 à Bujumbura. Différentes personnalités, les représentants de grandes entreprises et sociétés étaient invitées pour échanger sur ce thème. Ces jeunes, une fois formés, explique Mr Bazikwankana, sont soutenus dans la création d’activités génératrices de revenus de manière individuelle ou collective. « L’approche inclusive contribue à la réalisation des habitudes de vie et non à sa survie » a fait savoir le consultant, Alexis Rukezamiheto, dans son exposé sur comment comprendre le handicap. Il a souligné la nécessité d’adopter des actions visant spécifiquement

les personnes handicapées pour leur permettre de participer dans tous les programmes sur une base d’égalité avec les autres. Il plaide pour une amélioration de l’accessibilité des services et des infrastructures pour les personnes en situation de handicap. Bernard Quintin, Ambassadeur du Royaume de Belgique a remercié l’ONG KIYO qui témoigne la plus-value de la coopération avec des acteurs de terrain. Pour lui, la question d’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap est importante. « Même pour la Belgique, qui connait un système social stable, l’inclusion professionnelle des personnes handicapées reste une priorité même dans nos interventions dans les pays partenaires». « L’intégration sociale et professionnelle des personnes handicapées est un thème cher à l’Union Européenne », a pour sa part souligné Vetter Wolfram Ambassadeur de l’Union Européenne au Burundi. Il a précisé que l’UE finance ce projet à raison de 700 mille euros.

Un projet vital pour des personnes vivant avec handicap Des bénéficiaires ne tarissent pas d’éloges. Noé 24 ans de la mairie de Bujumbura, présente un handicap de sa jambe droite

suite à un accident de football étant plus jeune. Grâce au projet, il a été formé en soudure ; et l’argent qu’il gagne maintenant l’aide à vivre comme les autres personnes et à satisfaire à ses besoins. Son rêve, est d’ouvrir son atelier et aider les autres. « Avant d’apprendre ce métier, j’étais stigmatisé mais actuellement j’ai retrouvé la dignité », s’est-il réjoui. Jacqueline Nintunze, 19 ans est originaire de Gitega est atteinte d’une surdimutité. Elle raconte grâce à l’interprète en langage de signe: « Ma vie était difficile ; même la communication avec ma mère était impossible. Grâce au projet, j’ai suivi la formation en boulangerie avec difficulté mais j’étais déterminée». Actuellement, Jacqueline travaille dans une boulangerie de FVS-Amis des enfants à Gitega. « Je peux subvenir à mes besoins et mes petites sœurs peuvent compter sur moi ». Godefroid Nyawakira, Conseiller en assistance sociale au Ministère des Droits de l’Homme, a félicité cette ONG KIYO pour son engagement. « Avec le départ de Handicap international, le terrain est encore vierge dans ce secteur». Débuté en septembre 2017, ce projet qui couvre 34 mois, se clôturera en mai 2020.

CEPRODILIC, Asbl, une réponse pour vos besoins alimentaires 1. Historique semences des courges non consommables et décoratives. CEPRODILIC asbl, Centre de Production et de la DisIrumva Emmanuel, Assistant du Directeur General de tribution de la littérature Chrétienne à vue le jour en CEPRODILIC explique la qualité et l’originalité de ces l’an 1989. produits. Le riz étuvé, dit-il, a le mérite d’être consommé Le CEPRODILIC, est un centre à vocation chrétienne par toutes les catégories des personnes car il ne présente qui produit, traduit et distribue les livres chrétiens. aucun risque pour la santé. « Chez nous les diabétiques ont Son objectif étant de propager la bonne nouvelle de été pris en compte. Ils ne peuvent pas se refuser de consomJésus-Christ. mer du riz parce que cette variété du riz est dépourvue des Comment alors est-il arrivé à soutenir un projet glucides et d’autres calories néfastes pour l’organisme ». pareil ? La réponse ne se fait pas attendre et s’inspire Sont ces mêmes Associations qui se chargent de les des saintes écritures qui privilégient les œuvres au côté extraire avant sa commercialisation. de la foi. « Jacques 2 :17 : Il en est ainsi de la foi si elle n’a Des cultures anciennes difficiles à trouver ont une pas les œuvres, elle est morte en elle-même », a précisé grande place dans cette Association. La multiplication Emmanuel Iru des arbres en disparition est leur priorité. Via son visionnaire le Président et Représentant Spécialisé dans l’apiculture, des ruches modernes Légal de l’Association, Rév. Chanoine Paul Ntukamaétaient exposées. Leur miel est de bonne qualité, explizina a une vision très poussée jusqu’à créer en 2000 que Emmanuel IRUMVA. « Le miel est une source alimenune grande Institution dont « Université Lumière de taire d’antioxydants. Il permet de prévenir l’apparition des Irumva Emmanuel, Assistant du Directeur General de BUJUMBURA». maladies cardiovasculaires, de certains cancers et de cerIl n’a pas arrêté à penser à la population burundaise. CEPRODILIC tenant les emballages biodégradables dans le taines maladies neuro-dégénératives ». stand d’exposition numéro 26 C’est pour cela qu’en 2006, une Action de DéveloppeLa production d’une ruche est de 8 Kg du miel et de cela ment et de Protection de l’Environnement «ADEPE» trois fois l’année. a vu le jour. « La production s’explique par les compétences et expériences que nous avons dans ce C’est pour cette dernière que l’association a fait naitre les projets Village I muhira en secteur». Pour Irumva Emmanuel, Assistant du Directeur General de CEPRODILIC, la Province MURAMVYA et le projet Agro Pastoral en Province RUTANA. production est suffisante à tel point qu’elle peut satisfaire une demande de 500 Kg. Il continue à expliquer que s’occuper des cœurs des gens devrait aller de pair avec leurs 2. Développement Foire corps. « Comment voulez-vous que quelqu’un étudie la parole de Dieu sans avoir mangé ? », CEPRODILIC, centre de production et de distribution de la littérature chrétienne, à s’est-il interrogé avant d’ajouter que combattre la faim leur est cher. travers les différentes antennes dont Projet Village Imuhira en Province MURAMVYA Le CEPRODULIC, via Action de Développement et de Protection de l’Environnement et le projet Agro Pastoral en Province RUTANA., a participé dans une foire « Made in «ADEPE», a pris le devant dans la protection de l’environnement. Des emballages biodéBurundi » organisée par le ministère du Commerce du 19 au 28 juillet 2019 avec ses dif- gradables y sont en grande quantité et de différentes sortes. « Nous avons pris le devant férents produits de qualité dont le riz étuvé, du miel, des haricots certifiés, des livres et après l’appel du gouvernement du Burundi à abandonner des emballages en plastique. Nous emballages biodégradables. sommes fiers de contribuer à la protection du sol qui est devenu notre terrain de travail », Dans son stand numéro 26, produits variés, la plupart des produits agro-alimentaire y s’est réjoui un membre de cette coopérative. sont exposés. Du miel, du riz étuvé, du riz premier qualité, du haricot certifié, du blé, du Il fait savoir qu’il espère avoir plus de clients pendant et après la foire car une telle foire petit poids, caja, des semences de haricot appelé« ibiharo », de la pomme de terre, des permet d’ouvrir des horizons et de se créer de nouvelles opportunités.

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