IWACU 517

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IWACU N°517 – Vendredi 8 février 2019 – 2000 Fbu Quartier INSS, Avenue Mwaro n°18 Bujumbura - Burundi Tél. : 22258957

Sommet EAC

Le dialogue burundais renvoyé aux calendes grecques © Droits réservés

ECONOMIE Marché de Matongo, un projet mal pensé

AU COIN DU FEU

SOCIÉTÉ P.4

Kirundo : Mobilisation générale contre la famine

P.9

Avec Alfred Mugenzi, alias Kigingi

P.12


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LA DEUX Editorial

Vendredi, 8 février 2019 - n°517

En coulisse

Sur le vif

En hausse

La loi fixant la capitale politique à Gitega promulguée Tout le monde est coupable…

La société d’assurance SOGEAR et KIRA Hospital,

Le président de la République a promulgué, lundi 4 février, la loi portant fixation de deux capitales du Burundi : Gitega devient la capitale politique et Bujumbura, la capitale économique.

Par Léandre Sikuyavuga Directeur des rédactions

F

inalement, il a été incompris, involontairement ou par mauvaise foi. Arbitre partial, mauvais stratège, l’antipode de Nyerere et de Mandela… Autant de qualificatifs qu’on collait à l’ancien président Benjamin William MKapa, facilitateur dans la crise burundaise, après les cinq rounds infructueux qu’il a organisés. Il a fallu le rapport qu’il a adressé aux chefs d’Etat de la Communauté est-africaine, EAC, pour bien comprendre à qui incombe la responsabilité. Tous les intervenants ne lui ont pas rendu la tâche facile. A travers les observations et recommandations émises, Mkapa ne mâche pas les mots. D’abord au gouvernement burundais, parti au pouvoir et ses alliés, il dit avoir été profondément déçu par leur absence au cinquième et dernier round du dialogue inter burundais. La Facilitation a été presque ignorée lors du processus visant l’amendement de la Constitution et la révision de certains éléments de l’Accord d’Arusha. Ensuite l’opposition basée à l’extérieur a boycotté les troisième et quatrième sessions en imposant des conditionnalités pour leur participation. Par ailleurs, l’absence d’un Sommet des chefs d’Etat de l’EAC dédié à la crise burundaise a été perçue comme un manque de leur soutien à la Facilitation. Les mécanismes de financement des activités de cette dernière n’étaient pas aussi clairs. Au niveau régional et international, Mkapa dénonce l’incohérence et le manque de coordination parmi les intervenants dans la résolution de la crise burundaise. Avant de déposer le tablier, le président Mkapa recommande aux chefs d’Etat de l’EAC d’œuvrer pour une feuille de route consensuelle pour les élections de 2020 au Burundi. Mais de par quelle baguettemagie ? Avec le communiqué du dernier Sommet des chefs d’Etat de l’EAC, une opinion estime que le pouvoir burundais sort «la tête haute», contrairement à l’opposition. Celle-ci constate, par contre, que l’EAC a échoué sur ce dossier. « On devrait délocaliser le processus et le confier à l’ONU. » En oubliant qu’avec le principe de subsidiarité, cette organisation ainsi que l’Union Africaine avaient confié cette mission à la Région. Pour autant que l’on agisse dans la logique de la mondialisation, la clé semble se trouver là-bas. Il faut absolument une solution négociée. Que personne ne charge l’autre. Mkapa vient de démontrer que tout le monde est coupable, peu importe ce qu’il dit. Les Burundais devraient le comprendre au premier chef, car ce sont eux qui souffrent dans l’ensemble. Une chose est sûre : personne ne sort gagnant…

L’UE au Burundi lance un concours de dessin

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our être parvenu à un accord afin que soit libérée la dépouille mortelle d’Alain Gahungu, retenue depuis 3 décembre dernier.

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars, la délégation de l’Union Européenne au Burundi organise un concours de dessin, peinture et arts graphiques. Le thème est : «La femme innovante, la femme dans les affaires, la femme dans la vie publique. »

En baisse

Les habitants de Gasenyi réclament des indemnités

Vincent Hakizimana, enseignant à l’Ecofo Gihanga,

Depuis le 28 décembre 2016, des habitants de la zone Gasenyi ont reçu l’ordre d’interrompre l’exploitation de leurs parcelles d’une superficie totale de 160 ha. Ces propriétaires ne peuvent ni y construire ni les vendre. Ils réclament des indemnités.

P

our avoir blessé grièvement à l’œil le jeune Amos, lundi 28 janvier. Motif : le gamin n’avait pas fait son devoir à domicile.

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73 Est le nombre de cas d’assassinat enregistrés de septembre 2018 à janvier 2019

Source : Ministère de la Sécurité Publique

Une pensée

« Ce sont toujours dans des petites choses inattendues, des détails, des gestes ou des faits divers que nous apprenons tout. » Suzanne Daigle


L'ÉVÉNEMENT

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Sommet EAC

Le dialogue burundais relégué aux faits divers © Droits réservés

Mkapa qui annonce la fin d’une facilitation en panne, les chefs d’Etat de l’EAC qui décident que la question du dialogue va être étudiée plus tard, etc. Un sommet qui a ignoré la crise burundaise.

I

ls ont renvoyé la question du dialogue inter-burundais aux calendes grecques. Le 21 ème point sur les 22 que constituent les conclusions du sommet des chefs d’Etat de l’EAC est très laconique. En gros, ils accusent réception du « rapport de Mkapa », le remercient pour son travail de facilitateur et concluent : « Nous parlerons du dialogue burundais plus tard. » « Une victoire», a pourtant jubilé Gaston Sindimwo, le premier vice-président de la République qui a représenté le Burundi à ce sommet. Depuis la guerre épistolaire entre le médiateur dans le conflit inter-burundais, le président Museveni et son homologue burundais, certains s’attendaient à des étincelles lors du sommet. Le patron sortant de l’EAC avait exprimé son ras-le-bol au président Nkurunziza. L’EAC a des responsabilités dans la réglementation de la crise que traverse le Burundi depuis 2015 et entend bien les prendre au sérieux. Selon l’EAC, plus question de se laisser dicter sa conduite sur la façon de gérer

Les chefs d’Etat de l’EAC décident de remettre à plus tard la question du dialogue burundais

la crise par une partie au conflit. Finalement, la fermeté attendue au sommet n’a pas été au rendez-vous. Une déception pour l’opposition qui croisait les doigts et parlait même de ‘sommet de la dernière chance’. Certains de ses leaders en exil avaient encouragé Museveni à maintenir cette fermeté affichée dans sa correspondance à Nkurunziza. Ils étaient même allés plus loin, en demandant des sanctions contre le pouvoir en place. Au final « Rien de surprenant, » indique Charles Nditije, l’un des opposants en exil à l’origine de la correspondance

adressée au président ougandais. Selon lui, ces chefs d’Etat de l’EAC n’ont jamais affiché la ferme volonté d’imposer à Bujumbura la voie du dialogue. « Bien au contraire, ils l’ont même encouragé directement ou indirectement par leur complicité ou leur manque d’engagement à aider le Burundi à sortir de la grave crise. Ils ont laissé faire, » a déploré Nditije. Du côté de l’opposition interne, le vice-président du parti Sahwanya Frodebu parle d’un échec des Burundais eux-mêmes. « Les chefs d’Etat de l’EAC n’avaient plus d’autres choix que de reléguer la question

de la crise burundaise au rang des faits divers, » a annoncé Léonce Ngendakumana. Le leader de la coalition Amizero y’Abarundi, Agathon Rwasa quant à lui demande à l’EAC d’assumer la responsabilité de son échec.

Mkapa jette l’éponge L’ancien président Mkapa a annoncé que sa facilitation arrivait à son terme. « Nous souhaitons bonne chance aux Barundi pour la suite, » a déclaré sur Twitter son assistant, Macocha Tembele. Au total, 5 sessions en 3 ans dans

lesquelles les protagonistes ne se sont jamais réunis en plénière pour amorcer une véritable discussion. L’ancien président tanzanien est allé de consultation en consultation, à coup de boycott et de claquement de porte des parties prenantes. Benjamin Mkapa avouera vers la fin être « fatigué par les exigences de Bujumbura. » Un dialogue qui en réalité n’a jamais commencé et qui finit en queue de poisson. La sous-région a néanmoins décidé de garder la main. Pas question de suivre Mkapa et d’admettre sa défaite. Se faisant, elle exclut l’intervention de l’Union africaine qui l’avait mis sur le coup. Le premier vice-président de la République, Gaston Sindimwo a révélé qu’il a été convenu que les présidents ougandais et tanzanien entrent en contact avec le président Nkurunziza pour établir « la suite à porter au dialogue». A ce stade, difficile à dire quand elle reprendra. Avec une facilitation organisatrice qui a déclaré ne plus être de la partie et un sommet qui n’a fixé aucun calendrier, repoussant cette décision à plus tard. A l’évidence, c’est un temps précieux gagné par Bujumbura. Les élections de 2020 approchent à grands pas et le pouvoir en place s’active. La Constitution a été révisée, la feuille de route de Kayanza adoptée et le code électoral analysé. Il n’en faut pas plus au pouvoir en place de continuer sur sa lancée. Agnès Ndirubusa

Le contentieux burundo-rwandais, même pas évoqué par le Rwanda qui semble ne pas vouloir débattre de la question. Très prolifique sur tweeter, l’ambassadeur rwandais, Olivier Nduhungirehe a rejeté l’idée d’un sommet extraordinaire sur le sujet. « Un sommet extraordinaire sur le conflit Burundi contre Rwanda … sans le Rwanda ? », a-t-il lâché. En tout cas, il faut être deux pour danser le tango. Et visiblement, cette possibilité est loin de plaire aux deux…partenaires. « Le Burundi peut patienter car nos deux pays survivront à nos dirigeants. Ce sommet spécial aura lieu un jour, avec ou sans vous,» a répondu le porte-parole du président burundais, Jean Claude Karerwa. A.N.

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a promesse non tenue sur le conflit qui mine les relations entre les deux pays de la Communauté Est Africaine. Le président sortant de l’EAC avait pourtant promis à son homologue burundais que cette affaire sera évoquée au cours du sommet, « pour le bien de la région. » Au final, ce conflit a été ignoré, au grand dam du gouvernement burundais. Le chef de l’Etat avait pourtant qualifié le Rwanda d’ennemi du Burundi. Il l’avait accusé d’être derrière le putsch manqué de 2015 et de recruter dans le camp de Mahama des Burundais et leur octroyer une formation paramilitaire dans le but de déstabiliser le Burundi. Des accusations rejetées

Les chefs d’Etat du Rwanda et du Burundi ont du mal à normaliser les relations entre les deux pays comme avant

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ÉCONOMIE

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Kayanza

Marché moderne de Matongo, un joyau abandonné Environ dix ans après sa construction, le marché moderne de Matongo en province Kayanza boycotté par la population n’est pas exploité. Un projet mal pensé, une perte pour la commune.

L

e silence. Aucun mouvement. Un espace déserté. Voilà ce qu’offre, dimanche autour de 14 h, ce 3 janvier, le marché installé à une centaine de mètres de la route Bujumbura-Kayanza, côté droit. Pourtant, ailleurs de façon globale, les marchés ou centres de négoce sont très animés, et très mouvementés. Il était beau, ce marché construit en matériaux durs. Trois hangars et sept blocs servant de magasins. Malheureusement, depuis 2009, année de sa construction, selon les témoignages, le marché n’a jamais fonctionné. Ce joyau délaissé comprend plusieurs blocs : des magasins, des sanitaires, des chambres frigorifiques et des bureaux administratifs. Et même un système anti-incendie. L’intérieur est cimenté. Des lignes pour délimiter les stands sont visibles. Mais aucun stand n’y a été érigé. Aujourd’hui, trois arbres géants occupent ce terrain délaissé. L’ensemble est dans un état piteux. Les lavabos, les tubes, les compteurs, les serrures sur les portails, les tuyaux… ont été soit abîmés, détruits ou volés. Néanmoins, presqu’à 1km de là, le centre Bandaga est très animé, très fréquenté. C’est dans une sorte de large couloir entouré de boutiques, la plupart en briques adobes, que les vendeurs exposent leurs produits et articles. On y trouve des habits, des denrées alimentaires comme les patates douces, les bananes, etc. Quelques kiosques en bois y sont érigés. Des vendeurs étalent leurs produits à même le sol. Dans ces boutiques, les commerçants présentent à leurs visiteurs des pagnes, des pantalons, des ustensiles de cuisine, des denrées alimentaires comme le riz, le haricot, etc. C’est là même que des gens se rencontrent pour étancher leur soif. Il y a même un parking pour Bujumbura et d’autres destinations.

« Mais, ils sont vite repartis vers le centre Bandaga à cause du manque des clients ». Les commerçants ne mâchent pas leurs mots. « Les autorités ont essayé de nous déloger et de nous pousser, à trois reprises, vers ce marché, en vain », raconte un des vendeurs. En signe de contestation, au lieu d’y aller, ils ont préféré fermer leurs boutiques et cacher leurs produits. D’après lui, l’administration n’a pas pris en compte l’histoire et l’emplacement du centre Bandaga avant d’ériger le nouveau marché. « Avant la crise de 93, Bandaga était un carrefour commercial. Un site de déplacés y a été installé. Avec la fin de la guerre, les activités commerciales ont repris et il a été de nouveau très fréquenté », témoigne I.K., un enseignant de la localité. D’après lui, après la construction du nouveau marché, les propriétaires des boutiques sur le centre Bandaga ont refusé de démolir leurs maisons. Ainsi, les magasins du nouveau marché ont manqué de locataires. A Bandaga, les propriétaires de maisons ont des annexes qui servent de boutiques ou de lieux de rafraîchissement. Pour sa part, Niyongabo, un vendeur des chaussures, signale que ce nouveau marché est victime de son emplacement : « Ici, au centre de Bandaga, c’est un car-

Le marché de Matongo déserté et fermé depuis sa construction

refour où se rencontrent des gens sortis de la messe. Nous avons tout autour les catholiques et les pentecostes. Et depuis longtemps, les gens se ravitaillent ici. » « Quand, je viens de la messe, je passe ici pour me procurer ce dont j’ai besoin avant de retourner à la maison», confie Scholastique Nahimana, la quarantaine. Cette mère de cinq enfants dit ne pas comprendre pourquoi les autorités ont éloigné ce nouveau marché du centre Bandaga qui compte, selon elle, un grand nombre de ménages, de fonctionnaires et des commerçants. Une autre source ajoute qu’au lieu d’occuper un stand payant, les gens préfèrent exposer leurs

produits tout au long de la route Bujumbura-Kayanza. « C’est très rentable à voir le trafic sur cette route. Chaque jour, je rentre avec au moins 50 mille BIF », témoigne un de ces vendeurs. Et là, il ne paie pas de taxes ou de location de stands.

Des pertes énormes A l’entrée nord de ce marché moderne, la microfinance UCODE y avait déjà installé son guichet. Selon les témoignages, elle espérait que les vendeurs viennent y verser leur argent. Au sud, on y trouve une agence de la COOPEC. Dans sa partie orientale, quelques maisons y avaient été déjà construites. « Elles étaient

Un boycott du marché moderne « Les commerçants l’ont boycotté. Ils disent que ce marché est éloigné de la route, dans un lieu non habité», raconte Isidore, un habitant de la localité. Il explique qu’il y avait une plantation d’eucalyptus sur ce site. Après son ouverture, en 2009, quelques commerçants s’y sont installés.

A Bandaga, les vendeurs exposent leurs produits à même le sol

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destinées à servir d’entrepôts. Mais, comme le marché ne fonctionne pas, nous avons enregistré des pertes », se lamente un des propriétaires croisé sur place. A Bandaga, des témoignages s’accordent à dire qu’il s’agit d’une grande perte pour la commune. « Normalement, la population devrait être consultée avant de décider l’emplacement du marché », estime un fonctionnaire de la localité. Si cela avait été le cas, il ne doute pas que la commune aurait déjà encaissé beaucoup d’argent. « Mais, voilà qu’aujourd’hui, ce marché ne fait rentrer aucun sou dans la caisse communale». Contacté, dimanche 3 février, Alexis Hacimana, administrateur de Matongo, a confirmé que ce marché a été boycotté et n’a jamais fonctionné. Et ce sans donner plus d’informations. « Je suis dans une réunion », a-t-il avancé. Recontacté mercredi, après plusieurs promesses de s’exprimer sur ce marché, c’est dans l’aprèsmidi qu’il a finalement refusé. Quant à l’Agence burundaise de réalisation des travaux d’intérêt public, (ABUTIP), chef d’œuvre de ce marché, un de ses cadres n’a pas voulu faire beaucoup de commentaire sur ce cas. Selon lui, cette agence s’occupe tout simplement de la construction en tenant compte des préférences du demandeur. «Une fois les travaux terminés, le reste incombe aux propriétaires.» Le marché a été construit sur financement de la Banque mondiale, un projet IDA. Jérémie Misago


SÉCURITÉ

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Un taxi-vélo abattu par un policier

Johnas Ndayisenga, conducteur de taxi-vélo en mairie de Bujumbura a été tué par un policier, mardi 5 février. Ses collègues parlent d’une bavure policière. Le porte-parole du ministère de la Sécurité publique évoque au contraire la légitime défense.

C

e conducteur de taxi-vélo a été abattu par un policier mardi 5 février vers 14 heures, sur l’avenue Muyinga tout près du chef-lieu de la zone Rohero en mairie de Bujumbura. Les témoins rencontrés sur place indiquent qu’il a été arrêté par deux policiers en tenue civile. Ceux-ci étaient accompagnés par trois autres policiers armés. «Ils se sont présentés comme de simples clients.» Quand le taxi vélo s’est arrêté, les deux policiers ont saisi son vélo en lui signifiant qu’il a violé le périmètre réservé aux taxis-vélos. Après deux minutes de discussion, racontent-ils, d’autres conducteurs de taxis-vélos sont intervenus pour soutenir leur collègue. Ils ont récupéré son vélo saisi. D’après T.K., un autre témoin oculaire, le forcing des taxis-vélos a frustré les deux policiers. «Un d’entre eux a demandé à ses collègues armés de tirer sur le conducteur de taxi vélo et celui-ci a été mortellement touché dans le dos.» Un autre conducteur de taxi vélo croisé sur les lieux dénonce la brutalité et le harcèlement des policiers : «Ils nous arrêtent tout le temps pour nous demander de

l’argent. Ils exigent souvent deux à cinq mille BIF pour la restitution du vélo saisi. Sinon, ils embarquent le vélo vers un endroit inconnu.» Il soutient que parfois les policiers saisissent leurs vélos même quand ils sont en ordre. T.K., lui-même conducteur de taxi-vélo, ne mâche pas ses mots. Les policiers perturbent la sécurité des Burundais, alors qu’ils sont censés les protéger. Pour lui, il est regrettable qu’un policier tire dans le dos d’un civil non armé. « Même en cas de délit, rien ne peut justifier le recours à l’arme. » Il demande au ministère de la Sécurité de les laisser travailler tranquillement. Pour évacuer le corps du conducteur de taxi-vélo, la police a dû faire reculer des collègues qui tentaient de bloquer l’ambulance.

« Les policiers ont le droit de se défendre » Dans une conférence de presse animée, mercredi 6 février, Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de la Sécurité publique, a balayé du revers de la main toutes les accusations. Il affirme que les conducteurs des taxis-

Le corps du taxi vélo tué

vélo ont attaqué les policiers qui les empêchaient d’accéder au centre-ville de Bujumbura. Un de ces policiers a arrêté un conducteur de taxi-vélo qui avait franchi la zone interdite. Il a saisi son vélo. Une fois le vélo confisqué, ce conducteur de taxi vélo a appelé ses collègues pour le soutenir. «Ils sont venus en masse et ont commencé à lancer des pierres sur les policiers. » Thad-

dée Nduwimana, un de ces trois policiers, a été blessé à la tête. D’après lui, ces conducteurs de taxi-vélo voulaient prendre par la force son fusil. En se défendant, il a tiré par mégarde sur un conducteur de taxi-vélo et celui-ci a été mortellement touché. M. Nkurikiye rappelle, par ailleurs, que les policiers ont le droit de se défendre quand ils sont attaqués ou lorsque leur

sécurité est en danger. Il déplore le comportement de certains conducteurs de taxi-vélo ou de taximoto qui s’attaquent aux policiers quand ils franchissent délibérément la zone qui leur est interdite. Et de mettre en garde : « Tous ceux qui veulent créer du désordre dans le pays seront arrêtés et punis conformément à la loi. » Parfait Gahama

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• • • 1. 2. 3.

4.

trise avérée de l’environnement juridique du Burundi et du droit commun ; Etre disponible immédiatement et travailler sous pression; Avoir des capacités exceptionnelles de communication écrite et orale à la fois en Français, en Anglais et en Kirundi; Une offre financière. L’offre financière devra être libellée en francs burundais BIF toutes taxes comprises. Les candidats présélectionnés seront contactés individuellement et les dossiers déposés ne seront pas récupérés. Les offres techniques et financières rédigées en anglais ou en français seront remises en deux exemplaires dont un original dans une enveloppe fermée portant la mention « Offre pour le recrutement d’un cabinet pour adapter les conventions de crédits à l’environnement juridique du Burundi» et adressées à Monsieur le Directeur Général de la CRDB Bank Burundi S.A à son siège situé à Bujumbura, ROHERO I, chaussée du Prince Louis Rwagasore, No 490/A, B.P 254 Bujumbura-Burundi. La date limite de dépôt des offres est fixée au Jeudi, Le 18/02/2019 à 17h30.

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SOCIÉTÉ

Vendredi, 8 février 2019 - n°517

Kayogoro

«On tâtonnait comme leader et médiateur, le bon sens en bandoulière»

Tenue à la fin du mois de janvier 2019 à Kayogoro en province Makamba, la formation axée sur la promotion du leadership féminin, la résolution pacifique des conflits, la médiation et le plaidoyer, apportera à coup sûr des changements. Les bénéficiaires se disent épanouis.

I

nitiée dans le cadre du projet de promotion du leadership féminin piloté par l’ONG, SFG, cette formation d’une semaine sera facilitée par les associations, APFB (Association pour la promotion de la fille burundaise) et Afrabu (Association des Femmes Rapatriées du Burundi). Une quarantaine de participants identifiés dans différentes localités de cette commune de Kayogoro y prennent part. Ils sont unanimes dans leurs attentes : «Nous voulons être de vrais leaders et des médiateurs confirmés dans nos communautés.» Le conseiller socio-culturel de l’administrateur de cette commune est sollicité pour procéder à l’ouverture de cette session. Selon Antoine Ndayiragije, même si certains sont déjà des leaders sur leurs collines et d’autres aspirent à devenir des médiateurs, cette formation sera bénéfique surtout dans leurs entités. Pour cet administratif, ce projet d’appui aux femmes leaders d’aujourd’hui et de demain pour faire avancer la paix vient à point

nommé. «C’est louable d’avoir associé les leaders et médiateurs déjà à l’œuvre et les jeunes pour qu’ils puissent s’imprégner des bonnes pratiques de recours à la conciliation. C’est une action préventive et la relève sera assurée». Le conseiller socio-culturel de l’administrateur de cette commune fera une commande spéciale aux formateurs : «Il vous faut beaucoup insister sur la résolution pacifique des conflits car, cela permet de faire régner la concorde et l’entente dans nos communautés.» Sylvère Ndayizeye, un enseignant en zone Dunga à Kayogoro, est un des bénéficiaires de cette formation. Je comprends maintenant qu’il ne faut pas prendre à la légère tout conflit, petit soitil. «Avec le ressentiment éprouvé, les frustrations accumulées, des malentendus ou des désaccords peuvent se transformer en conflit ouvert. Il faut alors colmater les brèches tant qu’il est temps». Selon ce jeune enseignant, c’est là qu’intervient un médiateur, un pont entre les deux par-

«Mettre les femmes à l’écart est contre-productif.»

ties. «Et comme nous venons de le voir dans cette formation, ce trait d’union ne doit surtout pas se considérer comme un juge». Sylvère Ndayizeye se dit convaincu qu’une fois les enseignements reçus mis en pratique dans différentes entités, cela va contribuer à diminuer le nombre de cas portés devant les instances judiciaires. «Les litiges dans les

tribunaux iront decrescendo, bon nombre d’entre eux seront déjà réglés, à l’amiable». Ce que je retiens de cette formation, témoigne Alice Hatangimana, cheffe de cellule Butare en commune Kayogoro, c’est de changer de tempérament, parler calmement, donner la parole aux deux parties, les écouter attentivement, pour

mieux cerner le nœud du problème, la source du conflit. «Il faut écouter tout le monde, avoir un grand cœur, être posé, attentionné, discret». Lorsque quelqu’un vient à vous, raconte-t-elle, il ne faut pas qu’un appel téléphonique perturbe votre écoute attentive. Même s’il nous arrive de le faire, nos formateurs nous disent que cela ne se fait pas. «La personne en face comprend que vous ne vous souciez pas de son problème. Il faut regarder dans les yeux la personne qui vous confie sa peine. Elle sent que vous vous intéressez à ce qui la tourmente». Jean-Bosco Haragirimana, enseignant à l’Ecofo Mayange dans la commune de Kayogoro, est également bénéficiaire de cette formation au nom de la coopérative Sangwe. «Cette opportunité est une aubaine pour tout leader dans sa communauté comme moi. Il y a une plus-value en matière de médiation, de résolution pacifique des conflits et de plaidoyer». Abbas Mbazumutima

Témoignages • Je suis parmi les leaders de l’association ’Tubafashe ni abacu’’ (Volons à leur secours, ce sont les nôtres) qui couvre la zone de Dunga en commune Kayogoro. Cette formation, dont le but est l’émergence du leadership féminin des femmes leaders et la résolution pacifique des conflits, vient nous renforcer. Il y a des impairs que je ne peux plus me permettre. C’est comme le fait de prononcer moi-même le jugement au lieu d’être une sorte de conciliateur et laisser

Jacqueline Inamahoro : «Je vais agir en bon médiateur maintenant »

les deux parties en litige trouver une solution à leur mésentente. Là, mon rôle est d’être témoin de leurs engagements. Il m’arrivera même de sermonner une des deux parties que je juge fautive et d’exiger à cette personne de demander pardon à l’autre. Avec cette formation, nous apprenons qu’une telle démarche est à bannir de nos pratiques. Il faut avant tout une écoute attentive des doléances de chaque partie. En cas de concubinage,

des filles qui tombent enceintes ou des litiges fonciers entre les résidents et les rapatriés, il ne faut pas vouloir précipiter les choses, conclure à la va-vite. Il ne faut surtout pas avoir un penchant, même si c’est une femme. Maintenant j’ai quelques galons comme leader ou médiateur. Je me sens confirmée. Je suis même une ambassadrice auprès des autres femmes. Je les invite à avoir confiance en elles, en leurs capacités.

Zèlpe Nihorimbere : « Je commettais des erreurs dans la médiation » Je représente l’Association ‘’Garukira umukenyezi’’, dans la zone Nyabitare. Je suis souvent sollicitée pour démêler les embrouilles ou résoudre les quelques mésententes qui surgissent entre les membres de notre association et de ma communauté. Je joue le rôle de leader et de médiateur quand il y a des désaccords. Je le fais à ma façon, mais avec ces modules et à la lumière des connaissances acquises, je pense qu’il y a des erreurs que je ne peux plus me permettre de commettre. Il arrive que je tranche carrément

et que je prenne une décision, une sorte de verdict sans appel. Pour le moment, je dois essayer d’amener les parties en conflits à trouver elles-mêmes une solution durable, je ne ferai désormais que la facilitation, plus question de jouer les juges ou les justiciers. Il ne faut pas être non plus une sorte de redresseur de torts. Les deux parties doivent me faire confiance. Mais à côté de cela, comme femme, je dois encourager mes collègues à avoir confiance en leurs capacités, à ne pas se sous-estimer, mais plutôt à se valoriser au lieu de mettre les

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hommes en devanture. Et il faut expliquer à nos hommes, nos maris ou nos frères que sans notre participation, point de développement. Il y en a qui sont compréhensifs et d’autres qui ne le voient pas d’un bon œil. Mais avec le module sur le plaidoyer, nous allons mettre à profit ce que nous avons appris pour convaincre ces gens encore réticents, sous le poids de l’emprise culturelle. Il faut bien identifier la problématique, faire une sorte de synergie pour recueillir plus d’idées et identifier un bon messager».


SOCIÉTÉ

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Annonciate Niyomwungere : «Toute proposition de solution durable revient aux parties en conflit »

Je suis de la coopérative Sangwe ici à Kayogoro. Après cette formation, la plus-value est que je ne confonds plus dirigeant, administratif et leader. Un dirigeant donne des ordres, des directives. Un leader est un conciliateur, il a une vision, il voit loin, il ne prend pas de décision à la place des membres de sa communauté, de son association. Un bon leader fait tout pour que règne la concorde et l’entente dans sa communauté. Je comprends maintenant que tout salut, toute proposition de solution durable revient aux parties en conflit, pas au médiateur.

L’autre aspect de la formation qui m’a intéressée, en rapport avec ma coopérative Sangwe, c’est le module en rapport avec le plaidoyer. Il nous arrive souvent de ne pas bien identifier et circonscrire le problème et parfois il nous arrive de le confondre avec l’auteur du tort donné. Ensuite pour convaincre de manière efficace, il faut un bon message bien convenu et un bon messager. Un messager mal choisi peut altérer un message pourtant bien défini et par voie de conséquence rater son objectif.

Alice Hatangimana : «Mon travail sera amélioré» Je suis cheffe de cellule ici à Butare, c’est au chef-lieu de la commune de Kayogoro. Ce que je retiens, c’est m’approcher des petites gens, celles qui se mettent à l’écart ou que la société semble rejeter, ignorer, particulièrement les femmes qui n’ont pas confiance en elles, c’est la première leçon. L’autre engagement, c’est d’essayer d’apporter ma contribution dans la résolution des conflits qui surgissent ici et là. Cette formation me permettra d’améliorer mon travail dans la médiation. Je ne peux plus par exemple me permettre de prendre une décision en cas de litige.

Je ne peux non plus faire directement des remontrances à une des parties en exposant ses manquements. Ajouter que tel ou tel autre est fautif et trancher en faveur d’une partie est déconseillé. Quand il s’agit d’une femme, là le mari va croire directement qu’il s’agit de solidarité entre femmes. Quand c’est visiblement la femme en tort, je lui dis la vérité tout autant que l’homme et une décision s’en suit sur le champ sans me demander si c’est bien de le dire sur le coup ou pas. Mais maintenant, je sais qu’il faut prendre du temps pour réfléchir et inviter les deux parties à trouver une

solution. Les formateurs nous disent que c’est contre-productif de prendre une décision. Le travail de chef de cellule demande beaucoup d’abnégation et d’engagement et de temps. Ce n’est pas facile pour une femme comme moi. Il y a beaucoup de sollicitations, il n’y a pas de répit. Penser à être chef de zone me traverse l’esprit mais il faut avoir confiance en soi et un mari compréhensif. Certains hommes n’entendent pas voir une femme prendre des responsabilités, jouer un rôle dans sa communauté. A.B.

Station d’épuration de Buterere

Les ‘’futurs’’ expropriés réclament justice

Les propriétaires des maisons situées dans le périmètre de la station des eaux usées de Buterere ont fait un sit-in chez l’ombudsman, mercredi 6 février. Face à l’ultimatum de déménager, ils demandent à l’ombudsman d’intercéder en leur faveur.

L

a cour intérieure des enceintes abritant l’institution de l’ombudsman est bondé, silencieuse. Une cinquantaine des propriétaires des maisons situées dans le périmètre de la station d’épuration des eaux usées de Buterere font un sit-in devant cette institution, mercredi 6 février. Des enfants, des femmes et des hommes brandissent, en silence, des banderoles. «Excellence ombudsman, aidez-nous pour que nous ne soyons pas jetés dans la rue par l’Etat qui devrait normalement nous protéger», lit-on sur une banderole brandie par deux fillettes. «Durant tout ce temps écoulé, pourquoi le gouvernement ne nous a-t-il pas interdit d’y construire ? Nous avons utilisé des moyens qui devaient assurer la survie de nos familles», peut-on lire sur une autre. D’autres décrient une «chasse injuste» au moment où des infrastructures communautaires ont été érigées dans cet espace au vu et au su des services de l’Etat. «Pourquoi cette action mus-

clée contre nous maintenant?», s’interroge Immaculée Munkurikiye, une quinquagénaire. Elle habite dans cet endroit depuis 1998. «Nous détenons des titres de propriété de nos parcelles offertes par les services habilités de l’Etat. Et nous avons payé pour la viabilisation de cet espace». Cette mère de dix enfants, grand-mère et arrière-grandmère, ne sait pas à quel saint se vouer : «Une fois chassée, ou vaisje mettre mes enfants, mes petitsenfants et arrière-petits-enfants? Nous habitons tous dans ce périmètre». Pour rappel, ces propriétaires ont été sommés, mercredi 30 janvier, de dégager les lieux endéans un mois. Lors d’une descente, les ministres de l’Intérieur, des Travaux publics et de l’Environnement ont indiqué que ces habitants occupent frauduleusement cet espace.

«Il y a anguille sous roche… » «Nous ne sommes guère des usurpateurs. Nous avons élevé les murs

Ceux qui font le sit-in demandent à l’ombudsman de plaider en leur faveur auprès du gouvernement

de nos maisons au grand jour», se lamente un homme, assis, désespéré, dans un coin. Il rejette les raisons invoquées pour la démolition des maisons, notamment l’idée d’hygiène: «Certains

occupants non concernés par la mesure sont plus exposés que nous». Pour lui, il y a anguille sous roche. Ces habitants des zones Ngagara, Buterere et Kinyankonge de-

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mandent à l’Etat de revoir sa décision. «S’il a tellement besoin de cet espace, qu’il nous indemnise, conformément à la loi. Il peut nous donner d’autres parcelles et commanditer une expertise de tout ce dont disposait chacun de nous». Ils font savoir que si l’Etat passe à la vitesse supérieure en recourant à la force, ils invoqueront la loi. « Nous ne sommes pas des irréguliers !» Une équipe du bureau de l’ombudsman a reçu les représentants de ces propriétaires. Il a été décidé une descente sur les lieux pour s’enquérir du bien-fondé de leurs doléances. Cette équipe va intercéder auprès du gouvernement pour reporter le deadline. Jérémie Kekenwa, un des conseillers de l’ombudsman, a indiqué que l’ombudsman va réagir sur ce sujet dès son retour de l’étranger. Plus de 350 ménages sont concernés par l’ultimatum du gouvernement. Edouard Nkurunziza


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SOCIÉTÉ

Vendredi, 8 février 2019 - n°517

« We4Unity »

L’unité nationale dans toute sa créativité Des milliers de jeunes citadins étaient réunis, samedi 2 février, au cœur de la mairie de Bujumbura pour célébrer la fête de l’Unité nationale dans un évènement baptisé «We4unity ». Musique, danses, spectacle… l’ambiance était au rendez-vous.

E

ntre la fraîcheur du matin et un doux soleil, c’est un samedi qui s’annonce beau pour des jeunes qui vont passer plus de 5h, debout, en pleine rue du centre-ville de Bujumbura. A deux jours de la fête de l’Unité nationale (chaque 5 février), c’est le tour des jeunes de la célébrer pour la première fois depuis 28 ans. Il est 10h. Le rond-point de la Place de l’Indépendance regorge de jeunes venus de tous les coins de la capitale. Ils entourent l’écran géant où le drapeau du Burundi, le drapeau de l’Unité et le slogan « We4unity » (Tous pour l’Unité) s’affichent alternativement. 10h30, le maire de la ville de Bujumbura, Freddy Mbonimpa, arrive. Tout de blanc vêtu, il est accueilli en roi du jour. Il sera entouré par quelques cadres du gouvernement comme le secrétaire permanent au ministère de la jeunesse durant tout l’évènement. Le « dress code » est plus ou moins respecté chez tous les participants: une tenue décontractée, un tee-shirt de couleur unique (sans aucun logo ou insigne d’une organisation religieuse, parti politique, etc.). Etudiants, élèves, entrepreneurs, artistes et bien d’autres jeunes regroupés dans des associations n’ont pas manqué à ce rendezvous tant attendu. Quelques jeunes influents sont remarquables pour ne citer que miss Burundi 2018 et sa dauphine. Deux jeunes filles, toutes petites de taille, arborant des tee-shirts blancs attirent l’attention. Elles semblent perdues. Agées de 10 ans et élèves à l’école « Les Lierres » en 7e année, elles ne savent pas ce qu’elles font sur place. Elles ont juste obéi à l’ordre de leur directeur. « C’est le 28e anniversaire de…..je ne sais pas », confie naïvement l’une d’elles.

L’unité sous toutes ses formes Au programme, acrobaties, tam-

Des milliers de jeunes sont réunis au rond-point place de l’indépendance pour célébrer le 28ème anniversaire de l’Unité nationale

bours, animation de musiciens burundais et autres numéros. Mais au menu principal : un flash mob, la chorégraphie de la chanson qui promeut l’unité interprétée par une dizaine de musiciens burundais à cette occasion spécialement. Il faudra aux participants une trentaine de minutes pour maîtriser la danse. Mains dans les mains, tous les participants chanteront et danseront au rythme des chansons glorifiant le pays des anciens artistes Léonce Ngabo et Sylvestre Ciza. Vers midi, plusieurs participants commencent à se fatiguer sous un soleil de plomb. Certains songent à quitter les lieux. Ils seront retenus par un numéro « agréable »: le relâchement de 28 colombes par 28 jeunes, le maire parmi eux, formant un cercle autour de l’écran géant. Un spectacle qui a provoqué des cris d’admiration. Dans son discours, le maire de la ville appelle ces jeunes à être

des « apôtres de la paix » dans leurs quartiers respectifs. Il se montre touché par cet évènement qui prouve, à ses yeux, que les jeunes sont soucieux de reconstruire cette capitale déchirée par la crise de 2015.

Plus qu’une simple ambiance André Hakizimana, chargé de communication pour le comité organisateur, indique que cet évènement vise le rassemblement et la communion des jeunes au cœur de leur capitale. « Le choix de l’endroit n’est pas un hasard. Ce rond-point donne sur les axes de tous les quartiers de la capitale. » Le souci est d’offrir une occasion pour les jeunes de la capitale, issus de différents milieux, de tisser des liens d’amitié, d’échanger leurs idées, leurs expériences... « Je suis sûr que, durant les 5h que nous venons de passer ici, plusieurs jeunes ont fait connaissance, ont gagné de nouveaux amis. Cet

28 jeunes vont relâcher 28 colombes, symboles de la paix

évènement va renforcer l’amitié et l’unité entre eux. » L’autre objectif, poursuit-il, est de promouvoir la charte de l’Unité nationale à travers la chanson du flash mob. « Des paroles touchantes pour tout Burundais patriote. Le mes-

Les participants exécutant le flash mob

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sage de l’unité est bien passé ». Cet évènement est le fruit d’un groupe de jeunes connus dans l’évènementiel. Selon André Hakizimana, l’idée leur est venue à quelques jours de la fête de l’Unité nationale. « Nous étions assis quelque part. Nous nous sommes rappelé que c’est bientôt le 28ème anniversaire de l’unité nationale ». Et comme ils ont l’habitude d’organiser des évènements festifs nocturnes, ils ont pensé à créer quelque chose pour l’unité, mais toujours dans l’ambiance. « Pourquoi pas un évènement qui réunit beaucoup plus de jeunes pendant la journée ? » Nombre de jeunes ignorent la signification du 5 février. « La fête de l’Unité nationale est née alors que nous étions petits ou pas encore nés ». André Hakizimana affirme que plus de 5.000 jeunes ont participé à cet évènement contre 2.500 attendus. Clarisse Shaka


SOCIÉTÉ

Vendredi, 8 février 2019 - n°517

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Kirundo

La famine frappe la commune Busoni Certaines zones de la commune Busoni en province Kirundo sont durement touchées par la sécheresse, causant la famine, depuis ces trois derniers mois. L’administration provinciale mobilise la population pour la collecte des vivres.

A

u moins 31 ménages de la commune Busoni dans la province Kirundo ont déjà migré vers d’autres localités, suite à la famine. Les zones Gatare et Gisenyi sont les plus touchées, notamment les collines Rwibikara et Gatete. Le manque de précipitations depuis la saison culturale A - débutant en octobre - en est la cause majeure. Dans la zone Gatare, à 12 km du chef-lieu de la commune de Busoni, près du lac Rweru, un soleil accablant. Des femmes désespérées, avec leurs enfants, quelques-uns nus, se précipitent vers tout passant, espérant tomber sur une âme charitable venue les assister. Marie Miburo, 37ans, mère de sept enfants, habite la colline Nyakizu de la zone Gatare. Les larmes aux yeux, elle confie que sa famille risque de mourir de faim, suite à la sécheresse qui sévit dans cette zone depuis trois mois.« Nous avons semé au mois de novembre, mais faute de pluies, les plantes n’ont pas poussé. Mes enfants ne vont plus à l’école. Comment peuvent-ils étudier alors qu’ils n’ont rien mis sous la dent? » Sur la sous-colline Rusenyi de la zone Gatare, à quelques mètres du lac Rweru, Sicaire Rivuzimana, un quinquagénaire, cherche désespérément quelques épis de maïs dans son champ pour la survie de sa famille.Ce père de quatre enfants raconte que toutes les semences qu’ils ont plantées sont restées dans le sol. Certains de ses voisins ont préféré fuir dans d’autres communes ou provinces, voire dans les pays voisins, comme le Rwanda. « Avant de partir, ils vendent d’abord les tôles de leurs maisons pour trouver quelques frais qui faciliteront leur déplacement vers leurs lieux d’exil». A quatre kilomètres du centre de cette zone, sur la sous-colline Gatete, un spectacle désertique : plus aucun signe de vie. Marie Rose Ngendakumana confie que sa famille n’a plus qu’un repas par

Sicaire Rivuzimana : «Toutes les semences que nous avons plantées sont restées dans le sol.»

jour. Un enfant dans ses mains, cette mère de trois enfants, 32 ans, se dit désespérée : « Récemment, un de mes enfant a montré des signes de malnutrition. Je l’ai amené tout de suite à l’hôpital et effectivement on a confirmé qu’il s’agissait de malnutrition. Je dois donc lui assurer une alimentation équilibrée. Ou vais-je trouver des légumes dans ce désert ou rien ne pousse plus ? »Si j’avais de la force, insiste-t-elle, je fuirais aussi à la recherche d’une vie meilleure.

Gordien Sirabahenda, Directeur de l’enseignement dans la commune Busoni, affirme que la famine sévissant dans cette commune, depuis le début du premier trimestre, a occasionné des abandons scolaires. «Dans toutes les écoles fondamentales de cette commune, 1607 cas d’abandon scolaire ont été enregistrés et 57 cas dans les écoles post-fondamentales. La famine c’est comme la guerre. Quand les élèves ont faim, ils ne peuvent pas étudier.»

L’administration provinciale mobilise la population… Alain Tribert Mutabazi, Gouverneur de la province Kirundo, fait savoir que la commune Busoni est la plus menacée par la sécheresse. « La commune Busoni compte quatorze collines qui regroupent 15 000 ménages qui sont affectés par la sécheresse ». D’après lui, l’administration locale est entrain de mobiliser les natifs de cette province, les fonctionnaires et les communes

Alain Tribert Mutabazi : « Les natifs de la province sont en train de collecter des vivres. »

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où la récolte a été bonne pour venir en aide aux familles les plus menacées. Il confirme également le manque de pluie, depuis le début de la saison culturale A, comme cause majeure de cette famine.« Ce n’est pas la première fois que la sécheresse frappe cette province. La population devrait pratiquer l’agriculture des plantes qui résistent à la sécheresse. Elle devrait aussi pratiquer l’irrigation collinaire comme la plupart des collines affectées sont proches des lacs. Ainsi, nous pourrions faire face à cette sécheresse récurrente au cours de ces dernières années ». M.Mutabazi invite la population à bien gérer la récolte en travaillant en association plutôt qu’à la vendre.« C’est une honte pour notre province naguère considérée comme le grenier du pays, mais qui est devenue, ces derniers temps, une province menacée par la famine, suite au changement climatique ». Et d’appeler ceux qui ont migré vers d’autres localités de rentrer au bercail : « Qu’ils regagnent leurs ménages parce que ils seront bientôt assistés. Les natifs de la province sont entrain de collecter des vivres. A l’heure où je vous parle, le ministère de la Solidarité vient de nous annoncer l’envoi des camions contenant des vivres pour venir en aide aux victimes les plus affectées.» Pierre Emmanuel Ngendakumana


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SANTÉ

Vendredi, 8 février 2019 - n°517

Karusi Malaria : «Nous faisons face à une recrudescence périodique » Les chiffres des dépistés de la malaria au centre de santé de Gitaramuka sont en augmentation. La population appelle à la distribution régulière des moustiquaires. Les mois de novembre et de décembre connaissent toujours une flambée de cette maladie, soutient le médecin provincial.

L

’ampleur de la malaria est inquiétante dans la province Karusi, depuis les deux derniers mois. Lundi 4 février. Vers 11 h. Une présence fortement féminine est remarquable dans la cour du centre de santé de Gitaramuka. Une bonne partie est assise dans un local sous un toit. Le climat est bienveillant. Toutes enceintes, elles sont venues particulièrement pour l’examen de l’état de la grossesse. La malaria les préoccupe également. Au retour, chacune a droit à une moustiquaire pour protéger son enfant. Dans la cour intérieure, la fréquentation est plutôt mixte. De jeunes femmes et enfants dominent. Le nombre y est aussi impressionnant. Dans une petite chambre non loin de la pharmacie, le dépistage de la malaria est en cours. Deux infirmiers sont à l’œuvre. Ils sont éreintés, suent, etc., en raison du grand nombre de leurs hôtes. A quelques mètres, ceux dont le dépistage a donné un résultat positif attendent des médicaments. Ils entrent un à un dans une pièce voisine. Pendant que l’un d’entre eux est à l’intérieur, les autres échangent. Ils disent en chœur que la malaria sévit sur les collines. Un phénomène qu’ils trouvent habituel. Cette maladie est très récurrente pendant la saison des pluies. Différentes causes en sont à l’origine d’après Léandre Ntunzwenayo, titulaire adjoint du centre de santé Gitaramuka. Il rappelle que durant la période pluvieuse, les moustiques abondent. Or, on remarque un peu partout des eaux stagnantes. En plus, les moustiques se multiplient dans les champs de culture. Particulièrement dans les champs de maïs et la riziculture très pratiqués dans le marais. Ceux-ci leur servent de champs de prolifération.

Accès difficile à la CAM Ce jeune infirmier parle aussi de l’insuffisance alimentaire. Les gens manquent de quoi manger pendant les mois de décembre, de janvier, etc. Ils attendent la récolte de la saison culturale précédente. N’ayant pas de provisions en suffisance, les femmes et les enfants sont généralement sujets à la malaria. L’ignorance y est aussi pour quelque chose. Enock, jeune âgé de 20 ans, habitant de la com-

Ceux dont le dépistage est positif attendent des médicaments

Des flasques d’eau dans les champs notamment de riziculture facilitent la multiplication des moustiques

mune Buhiga, soutient que les moustiquaires sont faites pour les enfants. «Je suis assez grand pour dormir dans une moustiquaire». Cependant, il reconnaît une recrudescence des cas de malaria dans les environs de chez lui. Marthe Ntakimazi, femme issue de la communauté Batwa âgée de 40 ans, évoque des difficultés d’accès à la carte d’assurance acceptée à ce centre. Les possesseurs des cartes d’assurance maladie (CAM) ne sont pas les bienvenus à cet établissement. Celui-ci exige une mutuelle de la santé (Munasa). Avec la présentation de cette carte, il faut 500 BIF pour une personne adulte et 800 BIF pour un enfant dont l’âge est compris entre 5 et 13 ans. Les enfants de moins 5 ans sont soignés gratuitement en raison de la mesure du gouvernement. Faute d’argent, il lui est difficile de se faire soigner.

Etienne Ndihokubwayo, 55 ans, appelle à la distribution régulière des moustiquaires. Celles qu’ils ont acquises en 2017 se sont vite usées. Cela est dû à l’état délabré de leurs maisons d’habitation. «Certains d’entre nous font la cuisine à l’intérieur de leurs maisons. Les fumées entraînent rapidement l’usure. Par manque de nouvelles, certains les recousent en vue de l’utilisation».

Des tests rapides dans les ménages Pour faire face à cette maladie, des agents de santé communautaire soignent les gens chez eux. Ils font le dépistage par de tests rapides et envoient au centre de santé les dépistés positifs. Ces agents ont été formés par l’ONG World vision. Diomède Ndayisenga, l’un d’entre eux, indique que les agents de santé communau-

taire apprennent aux habitants des environs du centre notamment la bonne utilisation des moustiquaires. Ils ont organisé au mois de janvier des visites dans des ménages pour une sensibilisation sur l’importance de dormir dans des moustiquaires. Il espère que les chiffres vont diminuer avec les mois à venir. Léonidas Nzisabira, médecin provincial à Karusi, tranquillise :

« C’est une recrudescence périodique toujours en augmentation vers les mois de novembre et de décembre.» Comme le titulaire adjoint du centre de santé de Gitaramuka, il explique cette recrudescence par de fortes précipitations et les flaques d’eau dans lesquelles se multiplient les moustiques. M. Nzisabira assure que des sensibilisations sont en cours entre autres dans la commune de Gitaramuka : «Elle est la plus peuplée par rapport à d’autres communes dans toute la province». La pulvérisation en commune Gitaramuka a eu lieu respectivement au mois de novembre 2017 et d’août dernier. La couverture sanitaire du centre de santé (CDS) Gitaramuka porte sur 11.775 personnes soit 2658 ménages. Ce sont des habitants en provenance des collines Rubuga, Gitaramuka et Kibenga. Toute la commune Gitaramuka comprend 26 collines réparties en 5 CDS. Egide Nikiza

L’évolution de la malaria, ces quatre derniers mois, au CDS Gitaramuka Mois

Cas dépistés

Cas positifs

Janvier 2019

1.981

1.468

Décembre 2018

1.933

1.445

Novembre 2018

1.172

789

Octobre 2018

1.181

771

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E.N.


SANTÉ

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Centre de santé de Rugombo

Des malades désemparés Les patients au centre de santé de Rugombo en province Cibitoke se disent négligés par les infirmiers. D’après le responsable de ce centre, 14 infirmiers ne peuvent pas servir 56 mille personnes.

A

l’entrée du centre, on aurait l’impression que tout va bien. L’enregistrement des enfants va bon train. Les femmes font la queue dans le corridor pour faire vacciner leurs enfants. Derrière ce bâtiment se trouve la salle d’accueil. Une quarante de femmes y sont assises. Elles veulent se faire enregistrer pour être admises au service de consultation. L’agent faisant l’enregistrement se dit débordé : «Nous avons déjà enregistré plus de 70 malades adultes. Le nombre des enfants dépasse de loin celui des adultes.» Lundi 4 février. Il est 11 heures. Au niveau du service consultation, c’est la désolation totale. Quelques centaines de patients, certains accompagnés de leurs proches, attendent désespérément d’être accueillis. Un bon nombre sont des enfants qui agonisent. Ils sont allongés par terre sans couverture. Certains enfants toussent et d’autres vomissent. Tous gémissent de douleurs. Les mamans observent leurs enfants souffrir. Mines renfrognées, elles ont l’air fatiguées. Grâce, une petite fille de 4 ans allongée par terre, respire avec peine. Elle transpire beaucoup, n’arrête pas de pleurer. Sa mère, Consolate Ndikumana, portant un bébé d’une année au dos, se dit abattue et fatiguée. « Je suis debout depuis le matin, j’ai faim ». Elle est originaire de Rubuye à 5 km du centre de santé. Découragée, cette mère soutient que sa fille ne dort pas la nuit. Elle a une fièvre et des vomissements. « Elle nous dit qu’elle souffre beaucoup. Elle n’arrive plus à tenir debout», précise la maman. Enfin, la mère de l’enfant pousse un ouf de soulagement. Son enfant s’endort. L’attente perturbe le quotidien de sa famille. Remontée, Consolate est arrivée très tôt le matin. Elle espérait retourner à la maison pour préparer le repas de ses autres enfants qui sont à l’école. Consolate craint que ses enfants manquent à manger. Anne, habitant à 5 km de ce centre de santé, se dit déçue par les services de santé publique : « C’est catastrophique. Je suis arrivée ici

Les femmes font la queue devant le service maternité

à six heures du matin. Il est 11h, j’attends encore la consultation.» Chantal, depuis la veille, souffrante, sa fillette de trois ans ne cesse de vomir. Sa mère est inquiète car l’état de santé de son enfant se détériore de plus en plus. « Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux pas payer les soins de santé dans les centres de santé privés», se lamente cette maman découragée.

La pharmacie et le laboratoire clos A côté d’elle, une autre femme épuisée. La sueur coule sur le visage. Elle ne peut pas se retenir : «Je suis arrivée la première, mais aucun enfant n’a été reçu depuis le matin». Plus grave encore, Marcelline, qui accompagne sa fille au centre

de santé, est désespérée. Sa fille Alice court le risque d’une fausse couche : « Elle va très mal, elle a une grossesse de 6 mois.» Démoralisée, Marcelline précise que sa fille vient de passer plus de trois heures d’attente. Assise par terre, Alice balbutie entre ses dents qu’elle ne peut pas tenir debout. «J’ai des vertiges. Je saigne du nez ». La tête dans ses bras, sa mère s’irrite à cause de «l’indifférence du personnel soignant qui n’a pas daigné offrir ne serait-ce qu’un regard vers elle ». Elle ne veut pas voir les infirmiers faisant la navette de la salle de consultation à l’accueil. « Personne ne se soucie de ces enfants et femmes souffrants exposés sous un soleil de plomb ». Si elle savait qu’elle ne serait

pas soignée, regrette-t-elle, elle serait restée à la maison. « Je préférerais mourir à la maison. A quoi bon venir dans un centre de santé dont le personnel est indifférent à nos souffrances ?» Le même phénomène s’observe du côté de la pharmacie. Il est 11 h 05. Les portes de la pharmacie sont verrouillées. Une dizaine de patients font la queue. Ce sont les adultes consultés à 9 h 30, qui attendent toujours des médicaments. Nestor Ahigombeye, un diabétique, ne cache pas son désarroi : «Ce n’est pas un cas isolé. Ce problème s’observe souvent.» Ce sexagénaire, originaire de Munyika II, témoigne qu’il s’est habitué. Il est rare que les infirmiers soignent avant 10h. Il les accuse

de manquer de professionnalisme. « Ils n’aiment pas les patients ». Il vient se faire soigner dans ce centre de santé parce qu’il n’a pas d’autre choix. « Si cette situation persiste, la population mourra un à un.»

Insuffisance du personnel soignant Du côté du laboratoire, c’est le même scénario. Devant les portes fermées, une vingtaine de patients fait la queue. Ils se demandent pourquoi le laboratoire reste fermé, alors que des infirmiers sont là, désœuvrés. « Ils sont dans les bureaux. Ils causent». Cette femme venue faire soigner son enfant de 8 ans n’en revient pas : «Les infirmiers s’adressent aux patients avec un ton sévère. Venir se faire soigner ici, c’est les déranger !» Et de conclure que le patient réclamant ses droits est considéré comme un rebelle. Jean-Paul Nsabimana, responsable du centre de santé de Rugombo, reconnaît les griefs de la population et les retards dans les services qui accueillent les patients. D’après lui, c’est parce que l’un des infirmiers est alité. Il évoque aussi l’insuffisance du personnel. Ce centre de santé ne compte que 14 infirmiers sur une population de 56 mille habitants. « Nous accueillons plus de 500 patients par jour. Nous dépassons de loin l’hôpital de Mabayi ». Si l’un des infirmiers s’absente, observe-t-il, tous les services sont paralysés. Pierre Claver Banyankiye

Les mamans attendent de faire vacciner leurs enfants

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Au coin du feu

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Vendredi, 8 février 2019 - n°517

Avec

Aubin Alfred Mugenzi, alias Kigingi

Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Aubin Alfred Mugenzi, alias Kigingi

V

otre qualité principale ?

Je pense bien la simplicité et l’accessibilité. Je ne sais pas si c’est lié au fait que je sois comédien. Mais, communiquer avec les personnes de tout âge m’est facile. Votre défaut principal ? Des fois, je doute de ma personne La qualité que vous préférez chez les autres ? Plus que tout, l’honnêteté. Malheureusement, une qualité qui se fait rare ici-bas sur terre. Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ? L’hypocrisie. Les gens qui parlent des autres derrière leur dos, je les déteste par-dessus tout. Des vraies langues de vipères qui empêchent notre société d’évoluer. Aussi, je ne supporte pas les gens imbues de leurs personnes qui pensent que leurs idées valent mieux que celles des autres. La femme que vous admirez le plus ? La reine Elizabeth II d’Angleterre .Un vrai symbole de stabilité et une vraie preuve que la femme est capable. En plus de 65 ans au trône, elle a renforcé le pouvoir de l’une des grandes dynasties encore vivantes au monde et a permis à son royaume de garder sa quintessence. L’homme que vous admirez le plus ? Feu président Nelson Mandela. Une preuve du pardon et que l’intérêt supérieur de la nation surpasse de loin l'intérêt personnel. Votre plus beau souvenir ? Le jour où j’ai obtenu mon

diplôme A2 de fins d’études secondaires. Franchement, je ne peux pas décrire la joie et le bonheur que j’ai éprouvés. Après 7 ans d’échec, je pouvais enfin me soulager d’avoir décroché ce précieux sésame. Pour la petite histoire, je l’ai eu en 2007 alors qu’avec un cursus normal, je devrais avoir terminé mes études en 2000. Votre plus triste souvenir ? Le jour de la mort de mon père. Un coup de tonnerre. Parce que la nuit de la veille de son décès, il nous (moi et mon grand frère) disait de bien fermer les fenêtres avant d’aller nous coucher .Et le lendemain, notre mère se réveillait en pleurs. Il avait été terrassé par un accident vasculaire cardiaque(AVC). Quel serait votre plus grand malheur ? Une mort inopinée, tel un accident de route ou un AVC. Malheureusement ou heureusement, on ne peut pas prédire cela. Votre plus triste souvenir ? Quand j’étais incarcéré dans les geôles du service national de renseignement. C’était en mars 2016.Au regard des durs moments que le pays traversait, je ne pensais pas m’en sortir indemne.

Personnellement, une date inoubliable. Parce qu’après cette signature, nous avons recouvré une période d’accalmie, les ennemis d’hier sont devenus des amis, pas mal d’exilés ont regagné le bercail. Bref, les Burundais ont montré au monde entier qu’ils peuvent vivre ensemble malgré leurs différences d’idées, d’ethnies, etc. La plus terrible ?

Le plus haut fait de l’histoire burundaise ? La solidarité et la maturité dont les Burundais ont fait preuve lors des élections de 1961 pour se défaire du joug colonial. La plus belle date de l’histoire burundaise ? Le 28 août 2000, date qui marque la signature des Accords d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation.

Toujours le jour où j’étais coffré par les agents du SNR. C’était le 15 mars 2016. Le métier que vous auriez aimé exercer? Militaire. Depuis tout enfant, je me suis toujours vu en tant que Colonel Mugenzi Alfred. Malheureusement, en classe les résultats n’étaient pas assez fameux pour que je puisse embrasser cette carrière. Cependant, je dois reconnaître

qu’à cette époque, la carrière était très prisée. Votre passe-temps préféré ? Un verre de bière en bonne compagnie des amis. Un moment de grâce. A travers leurs blagues, je puise mon inspiration. Votre lieu préféré au Burundi ? Mukike, précisément à Rukina, chez mes grands- parents. Un moment de pur bonheur quand j’y rencontre les cousins, les tantes et les oncles. On parle du tout et de rien, on se lance des blagues salaces, etc. Souvent, toute cette bonne ambiance, autour d’une bonne bière de sorgho et d’un plat de petit pois mélangé aux pommes de terre. Le pays où vous aimeriez vivre ? En Espagne, plus précisément dans l’archipel des Baléares, sur

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les îles Ibiza. J’entends souvent dire que là-bas, il fait bon vivre, avec ses belles plages. Je ne m’opposerai pas à l’idée d’une retraite dorée avec ma future femme. Le voyage que vous aimeriez faire ? J’aimerais visiter l’Australie, Un vaste pays, à mes yeux, qui demeure encore inconnu, à l’instar de ses terres sauvages. Votre rêve de bonheur ? Comme n’importe quel parent, j’imagine, je rêve de vivre assez longtemps pour assister au mariage de mes petits-enfants. Votre plat préféré ? Je ne sais pas si les gens vont me croire, mais je raffole du plat que les Burundais appellent communément mélangé (du riz, mélangé au haricot et aux pommes de terre).


Au coin du feu

Vendredi, 8 février 2019 - n°517

Votre chanson préférée ? Mendiant d’amour d’Enrico Macias. Il y a des mots tellement forts qui rappellent qu’il n’y a plus beau que l’amour.

revenait pas. Autant dire que pour eux, la victoire de l’Uprona était prévisible. Il était vain d’envisager une défaite de l’Uprona. Votre définition de l’indépendance ?

Quelle radio écoutez-vous ? Buja FM Avez-vous une devise ? Je n’en ai pas .Mais si je devrais en avoir. Je dirais de profiter de chaque instant de plaisir comme étant le dernier. Votre souvenir du 1er juin 1993(le jour où le président Melchior Ndadaye a été élu) ? A l’époque, j’avais 10 ans, donc bien grand pour comprendre certaines réalités. Et, je vous dirais que la nouvelle a pris de court tout le monde. A commencer par mes parents, les voisins, tout le monde est tombé des nues. Personne n’en

C’est quand tu es en mesure de prendre tes propres décisions sans recevoir des injonctions d’autrui. Et ce, dans l’intérêt général de la population quand il s’agit d’un pays. Votre définition de la démocratie ? Un état de droit où tout ce qui se décide dans un pays, se fait avec l’aval du peuple, ceci pour son intérêt. Un gouvernement du peuple pour le peuple et par le peuple, comme les politiciens aiment le dire.

Si vous étiez ministre de l’Economie, quelles seraient vos premières mesures ? Ne dit-on pas que trop d’impôts tuent l’impôt. J’exempterai ceux qui œuvrent dans l’informel de payer l’impôt directement. A mon avis, une façon qui stimulerait leur esprit d’initiative. Toutefois, ceci ne veut pas dire qu’ils ne contribueraient pas. Je chercherai un cadre (associations…) dans lequel ils contribuent sans pour autant se faire saigner. Si vous étiez ministre de l’Environnement, quelles seraient vos premières mesures ?

scène. Surtout, les mauvais amis qui feindront de pleurer alors qu’ils n’en ont pas envie. Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?

Pensez-vous à la mort ? Souvent même ! Quand je reviens d’un enterrement d’un être cher, je m’imagine cette

J’implorerai son pardon pour tous mes péchés. En cas de refus, je lui demanderai qu’il m’accorde ne fût-ce que le purgatoire. Propos recueillis par Herve Mugisha

Bio express

D

Je ferai du reboisement, un devoir citoyen. Croyez-vous à la bonté humaine ?

Votre définition de la justice ? Un état de fait où personne n’est sensé être au-dessus de la loi.

once de l’Ubuntu. Regardez combien ils sont bienveillants les uns envers les autres dans les moments de peine. Une vertu rare de nos jours.

Je pense que cela est relatif .Toutefois, je peux affirmer que les Burundais ont gardé cette

euxième d’une famille de trois enfants (deux garçons et une fille), Kigingi est né le 29 décembre 1983 en commune urbaine de Mukaza dans le quartier Mutanga Sud. Comédienhumoriste attitré depuis fin 2015, il ne cesse pas de surprendre son public par la variété des thèmes qu’il explore dans ses sketches. De la vie des sœurs dans leurs couvents, en passant par celle des filles amoureuses aux attitudes « peu orthodoxes » de jeunes banquiers dans les bars. Ce sont tous les aspects de la vie quotidienne qu’il effleure. A côté de sa carrière de comédien, il est animateur à la radio Buja FM dont il occupe également le poste d’assistant du directeur de la radio.

Annonce

AVIS DE RECRUTEMENT

Dans le cadre du programme de prise en charge médiconutritionnelle des réfugiés au Burundi, le GVC lance un appel d’offre aux candidat(e) s pour le poste d’un responsable administrateur financier (Diplôme de licence en gestion financière) avec une expérience d’au moins 5 ans. Le lieu d’affectation : Bujumbura Les TDRs sont disponibles au bureau de GVC sis à Bujumbura, avenue du Ravin n° 13 et à l’INTERCONTACT Conditions Le poste est ouvert à toute personne de nationalité burundaise ou étrangère détenant un permis de travail au Burundi. Les candidatures sont à soumettre par courriel électronique à l’adresse email recrutement. burundi@gvc-italia.org au plus tard le 12 février 2019 à 16h30. Les dossiers incomplets ne seront

pas considérés. Uniquement les candidats présélectionnés seront contactés. Des candidatures féminines sont fortement encouragées. Tous les candidats sont invités à mentionner les numéros de téléphone et de la carte d’identité nationale dans leur CV. N. B : a) L’objet de votre courriel/ email doit contenir le nom et prénom du candidat ainsi poste comme suit : «Nom et prénom poste » b) Les trois documents sont à annexer séparément à votre courriel/email et doivent être nommé de façon suivante : «Nom et prénom – type de document (cv, lettre, diplôme) » Documents à soumettre obligatoirement : une lettre de motivation (en format MS Word ou PDF), un curriculum vitae (en format MS Word ou PDF) et une copie légalisée de diplôme (scan en JPG ou PDF).

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COMMUNIQUE DE RECRUTEMENT INTERCONTACT SERVICES recrute pour un Client un Directeur Administratif et Financier (DAF) remplissant les conditions suivantes : avoir un diplôme de licence ou Master en Economie, maîtriser la langue anglaise, justifier d’une expérience d’au moins 5 ans dans un poste de Direction et être âgé de moins de 40 ans au moment du recrutement. Avoir travaillé dans une structure privée et dans un environnement de travail visant la performance constituera un atout. Le texte de ce communiqué est posté sur le site : www.intercontactservices.com dans la rubrique offre d’emploi. Les dossiers de candidature constitués d’une lettre de motivation, d’un CV actualisé, une copie du diplôme seront envoyés à l’adresse électronique: interhuman@intercontactservices.com. La date limite de d’envoi des candidatures est fixée au 18 Février 2019 à 17 h00.

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ENVIRONNEMENT

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Commune Kanyosha

Effrayés, des habitants en quête de déplacement La population de la colline Kukamabuye en commune Kanyosha demande d’être déplacée. Elle craint d’être emportée par les éboulements de montagne.

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es enfants, des hommes et des femmes sont encore sous le choc sur la colline Kukamabuye, zone Muyira, commune Kanyosha de la province Bujumbura. Une famille de six personnes a été emportée par un éboulement d’un talus dans la nuit de 18 au 19 janvier à cause des fortes pluies. « Ce qui s’est passé ici est vraiment terrifiant. On ne sait pas quoi dire. Malheureusement, si le gouvernement ne nous délocalise pas, il faut s’attendre à d’autres scènes dramatiques », s’alarme Simon, un habitant de cette localité. Vu l’ampleur des précipitations, ce quadragénaire ne doute pas que d’autres maisons vont s’écrouler d’ici avril. « Nous dormons la peur au ventre. Car, notre quartier se trouve sur une forte pente et nous n’avons pas les moyens pour construire des maisons en dur ». Une mère rencontrée sur place indique que deux autres maisons

en chantier ont été emportées sans faire de dégâts humains. Sur place, la situation est effrayante. Construire une maison sur cette pente abrupte donne du fil à retordre. « Nous devons d’abord niveler le terrain », raconte un habitant de cette localité. Il faut plusieurs mois pour que le terrain soit asséché. La maison est dominée en amont par un talus. « En cas de fortes pluies, le risque de s’écrouler est grand. Ainsi, la maison et ses occupants en font les frais ». Et de rappeler la scène dramatique de la nuit du 18 janvier où l’effondrement d’un talus a effacé toute une famille : quatre enfants et leurs parents.

Une peur justifiée « L’endroit n’est pas vraiment constructible. C’est une zone à risques comme plusieurs autres des montagnes qui surplombent la capitale », analyse un expert environnemental sous couvert d’anonymat. Il affirme que la

Vue partielle des maisons construites dans la localité Kukamabuye, commune Kanyosha.

peur de ces populations est justifiée. « Malheureusement, leurs cris risquent de ne pas être entendus par ceux qui devraient les protéger ». Malgré tant de menaces, de signes avant-coureurs, de morts, il déplore que les priorités des décideurs semblent être ailleurs. « Quel est finalement le premier

rôle de l’administration, n’eût-été celui de protéger la population et leurs biens ? » Cet expert estime que le gouvernement devrait veiller à ce que les gens ne s’installent pas dans des zones à risques. Sans pour autant négliger la part de responsabilité des habitants. « Avant de construire, toute per-

sonne devrait quand même penser à la durabilité de sa maison, à la qualité du sol, à la localisation, etc. » Quant au Pr Jean-Marie Sabushimike, il avait déclaré, dans une interview accordée à Iwacu, l’année passée, que la province Bujumbura se situe dans une zone sismique. « En cas de tremblement de terre, les maisons des zones comme Kiriri, Sororezo … seront les premières cibles. » Il avait, en outre, alerté sur la fréquence des glissements de terrain dans les Mirwa. La végétation naturelle a complétement disparu, explique-t-il, suite à l’explosion démographique. « Il ne reste que des pratiques culturales qui ne protègent plus le sol ». Pour Ladislas Baziruwiha, conseiller administratif et social de l’administrateur de Kanyosha, la décision de déplacement définitif d’une partie de la population revient au gouvernement. Il comprend néanmoins que certains habitants des Mirwa doivent être déplacés en attendant la fin des fortes précipitations. Rénovat Ndabashinze

Kayanza

La pénurie d’eau potable en passe d’être résolue Différentes sources d’eau potable sont en cours de construction dans plusieurs coins de la province Kayanza. Les bénéficiaires poussent un ouf de soulagement.

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es réservoirs de distribution, des bornes fontaines sont en train d’être construits sur trois sites de la province Kayanza. A Ngoma, commune Kabarore, se trouvent un réservoir de distribution d’eau potable et une borne fontaine. Tout est alimenté par une adduction d’eau potable de Mananga, une source qui approvisionne la localité de Jene. A Murambi, commune Matongo, les travaux sont en cours de finalisation. Pour alimenter la ville de Kayanza où des hôtels, des restaurants, des établissements scolaires… se plaignaient de pénurie ou de coupures intempestives d’eau, une station de traitement

Au chef-lieu provincial, des coupures d’eau étaient fréquentes.

d’eau potable est installée sur la colline Ruganza, commune et province Kayanza. Des robinets publics et des sources d’eau dans les vallées ont aussi été installés. « Nous avons demandé aux chefs collinaires d’identifier toutes les sources susceptibles de fournir de l’eau », assure Jean-Marie Manirakiza, administrateur communal de Kayanza. Après l’identification, la commune fournit du ciment, des plombiers. La population apporte, à son tour, du sable, du moellon, etc. Ainsi, 26 robinets sont déjà fonctionnels.

« Notre but est de fournir de l’eau potable à 100% de la population de Kayanza », déclare M.Manirakiza. Ces travaux sont financés par le Fonds national d’investissement communal (FONIC).

Satisfaction des bénéficiaires « C’est vraiment un excellent travail, très louable. L’eau, c’est la vie », se réjouit un habitant de Bandaga, commune Matongo, province Kayanza. Ce fonctionnaire indique qu’il y avait beaucoup de coupures d’eau. L’approvisionnement se faisait

alors à partir des sources d’eau aménagées dans les vallées. « C’est une bonne chose. Nous n’aurons plus besoin de faire des kilomètres pour avoir de l’eau », glisse une mère de la même localité. « C’est nous ou les enfants qui étions condamnés à puiser l’eau. Aujourd’hui, pas question de descendre dans les vallées. Des robinets sont déjà là ». Au chef-lieu provincial, un hôtelier estime qu’avec la disponibilité de l’eau potable, leurs clients se sentiront à l’aise. « Des clients préféraient parfois aller loger à Ngozi, suite au manque

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d’eau.» Il ne doute pas que leurs établissements vont désormais être plus fréquentés. L’administrateur communal apprécie le pas franchi, même si cela a pris du temps. « Avec l’installation des robinets publics, le coût d’un bidon de 20 litres va diminuer jusqu’au moins à 20 BIF. Il était vendu entre 100 BIF et 200BIF. » Et de signaler que là où les robinets sont déjà opérationnels, il coûte 50BIF. M. Manirakiza appelle la population à les sauvegarder : « Sans eau potable, pas de vie, pas de bonne santé. Nous les interpellons à veiller sur ces robinets. Qu’ils ne laissent pas des malfaiteurs les abîmer. Qu’il y ait un suivi régulier. » Et de recommander, le cas échéant, une réparation rapide du matériel endommagé. Par ailleurs, il a annoncé que tous les eucalyptus plantés près des sources seront bientôt remplacés par d’autres types d’arbres. « Il a été constaté que ce type d’arbres assèche les marais. On va y planter les arbres qui n’exigent pas beaucoup d’eau », conclut-il. Rénovat Ndabashinze


AU CŒUR DU PAYS

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Région Centre

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Gitega

« Pas d’unité sans équité » La célébration du 28ème anniversaire de l’adoption de la charte de l’unité nationale a été célébrée en grande pompe à Gitega sous le haut patronage du président de la République. Pour la population de la ville de Gitega, seule l’équité pansera les maux du passé. De notre correspondant Jean-Noël Manirakiza

R

ompant avec la tradition de débuter par la messe la célébration de l’anniversaire de l’adoption de la charte de l’unité nationale, les cérémonies ont commencé par la pose d’une gerbe de fleurs par le couple présidentiel sur le monument de l’unité nationale sur la colline Musinzira. Les festivités ont continué au stade de Gitega où une foule nombreuse attendait. Le président de la République a expliqué le discours à la Nation qu’il avait prononcé la veille. «L’unité nationale n’a pas commencé en 1991. Son origine vient de notre Dieu Créateur qui nous a appelés Burundais », a déclaré Pierre Nkurunziza au stade Ingoma de Gitega. D’après le numéro un burundais, cette unité qu’avait le peuple burundais a été détruite par les colonisateurs.

Région Nord

« Depuis longtemps, les Burundais étaient unis autour de leur Roi et de leur pays. C’est avec l’arrivée des colonisateurs que la division sur base ethnique a commencé. Depuis Ntare Rushatsi premier roi du Burundi, l’histoire nous apprend que tous les rois qui se sont succédé au trône ont toujours combattu pour l’unité des Burundais. Même un épi de sorgho qui symbolisait la royauté était un signe éloquent de l’unité nationale. Les blancs ont semé, entretenu la division au Burundi.» Dans ce discours, le président Nkurunziza a fustigé ceux qu'il a appelés des collaborateurs des colonisateurs qui continuent, selon lui, de diviser notre peuple. « Vous les connaîtrez sur leur comportement. A chaque fois qu’ils échouent dans leur sale besogne, ils se réfugient vers leurs protecteurs, c’est-à-dire les colons », a-t-il souligné tout en déclarant que lui et le peuple

Pose de gerbe de fleurs sur le monument de l’unité à Gitega par le couple présidentiel

combattront bec et ongle pour l’unité déjà acquise après de dures épreuves.

«L’équité bannira les divisions !» Pour certains habitants de la ville de Gitega, l’unité sera acquise quand ce qui a divisé le peuple burundais disparaîtra complètement. Selon eux, le mal qui a rongé le pays a développé le régionalisme, l’ethnisme et la discrimination, etc.

« Dire bahutu, batutsi ou les batwa n’a rien de spécial car c’est Dieu qui a créé toutes ces catégories. Mais le problème réside dans l’exploitation de ces qualificatifs humains», a indiqué Alphonse après les cérémonies. D’après lui, si les Burundais ne font pas attention, sans doute que cette unité âprement acquise restera dans les chansons et les discours des autorités. D’après lui, tant que la richesse du pays ne sera pas équitablement partagée, l’unité natio-

nale sera toujours en danger. « Beaucoup ont des diplômes mais faute d’emploi et d’opportunités, ils sont faciles à manipuler surtout par les politiciens qui cherchent leurs propres intérêts.» Sans pour autant minimiser les progrès déjà atteints dans la lutte contre le régionalisme et l’ethnisme, ce quincagenaire conseille aux autorités faire plus d’effort dans la lutte contre le chômage. Selon ses propos, là où il y a la pauvreté et le chômage règnent des divisions de tout genre.

Ngozi

A quand l’usage des latrines du projet LV WATSAN II ? Il a construit des toilettes pour des écoles et lieux publics. Malgré le besoin urgent dans certains endroits, elles ne sont pas fonctionnelles depuis trois ans.

sage en cours. Il y en a qui ont été réceptionnées mais malheureusement ne fonctionnent pas. Malgré ce besoin urgent dans certaines écoles, les directeurs disent s’être butés sur un problème majeur de manque d’eau. Ces toilettes modernes exigent de l’eau après chaque utilisation. « Sans eau, il est pratiquement impossible de les utiliser. Et d’ailleurs, nous avons décidé de les céder au personnel enseignant car, les enfants sont nombreux par rapport à ces dernières.» indique le directeur de l’Ecofo Ngozi I qui déplore le vol déjà de certains robinets.

De notre correspondant Apollinaire Nkurunziza

D

es latrines en état critique sont remarquables aux différents établissements. Celles qui ne sont pas délabrées sont sans portes ou ne ferment pas. Il y en a même qui n’ont aucune porte comme au lycée de la Comibu. Les élèves n’arrivent pas à se soulager sans faire recours aux lieux d’aisance des particuliers. La situation est presque pareille à l’Ecofo Kanyami qui s’est retrouvée les toilettes écroulées suite à l’état vétuste dans lequel elles étaient. La réhabilitation a été hâtive pour

Les latrines de l'Ecofo Ngozi I

pouvoir procurer aux enfants des lieux de soulagement. Mais, à côté ou en face, des latrines modernes, en briques cuites, aux tôles colorées en vert, avec lavabos sont construites. Elles sont également partout dans les places publiques comme des terrains de football, des prisons pour hommes et femmes, etc. Cependant, elles sont cadenassées. Durant environ trois ans,

elles sont là, ne fonctionnent pas. A travers les grillages, on remarque des toiles d’araignées qui foisonnent dans les angles. Du projet LV WATSAN II en parallèle avec l’adduction d’eau dans la ville, elles ont été mises sous le contrôle de la Regideso après la fin du projet. Le retard dans la réception est justifié par les autorités communales par des travaux de finis-

Des opinions divergent A côté du besoin en eau, le caractère lucratif de ce don ralentit leur usage. Les directeurs sont sommés de payer les factures de la Regideso mensuellement. Pourtant, ils se plaignent du manque de frais de fonctionnement pour l’école, surtout dans les ECOFO. Nonobstant, certains se sont organisés, avec l’aide des parents,

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pour y faire face. « Nous avons convoqué une réunion des parents pour réclamer leur soutien dans le payement des factures et l’achat des tanks pour conserver l’eau. Ainsi, on s’est convenu de contribuer chacun cinq cents francs par trimestre», a annoncé le maître responsable à l’ECOFO Kanyami qui lance la balle à la Regideso d’accorder l’eau. Bien que le tort soit imputé à la Regideso, certains enseignants trouvent en cela une lâcheté de la part des responsables d’écoles qui, selon eux, devraient s’organiser afin de faire fonctionner ce don « précieux ». « Ils devraient s’entendre avec tous les concernés et recueillir les eaux de pluie et les mettre dans un réservoir et s’en servir sans d’autres consommations ». En somme, un délai d’un mois et demi a été accordé à la Regideso par le ministère de l’Energie et des Mines pour avoir terminé tous les travaux de finissage, comme le confirme le conseiller communal chargé du développement en commune Ngozi.


AU CŒUR DU PAYS

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Région Sud

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Rumonge

Grogne des transporteurs burundais par pirogue Ils demandent la levée de la mesure du gouverneur interdisant les Burundais de se rendre en R.D.Congo en passant par le port de Rumonge. C’est après le refoulement brutal des dizaines de ressortissants burundais par les autorités du sud Kivu. De notre correspondant Félix Nzorubonanya

C

ette mesure pénalise uniquement les transporteurs burundais par pirogue car les transporteurs congolais continuent à faire le transport des biens et des personnes entre le port de Rumonge et les différentes localités, selon un des transporteurs burundais. Ils indiquent que les militaires congolais qui ont malmené, torturé et volé des biens de certains ressortissants burundais il y a 3 semaines ont été arrêtés par leurs supérieurs hiérarchiques. Pour eux, la mesure n’a plus raison d’être car il y a maintenant la sécurité et la paix dans la localité de Karamba dans le territoire du Sud Kivu où ils ont été arrêtés. Ils

Région Ouest

disent qu’ils ont des difficultés à faire nourrir leurs familles car ils ne vivent que de cette activité de transporter les biens et les personnes dans leurs pirogues entre Rumonge et les différentes localités du Sud Kivu. Ils ne comprennent pas pourquoi les pirogues congolaises continuent à faire ce transport. Cette grogne s’observe aussi chez les Burundais qui se dirigeaient souvent vers les différentes localités du Sud Kivu pour diverses activités car ils ne sont plus autorisés à embarquer à partir du port de Rumonge. « Nous sommes obligés de passer par le port de Kabonga en commune de Nyanza-lac pour nous rendre au Sud Kivu. Cela coûte cher », ont indiqué des Burundais qui se dirigeaient dans la presqu’île d’Ubwari pour le travail de la

Des pirogues appartenant aux Burundais attendent la levée de la mesure pour reprendre le transport

terre. Ils demandent que cette mesure soit levée car ses conséquences sont nombreuses sur le plan économique, social. Ils demandent aux autorités de la province de Rumonge de rencontrer les autorités de la province du Sud Kivu pour discuter de la libre circulation des biens et des personnes et surtout de discuter de l’incident qui s’est produit pour trouver des solutions durables.

Une suspension temporaire Juvénal Bigirimana, gouverneur de la province de Rumonge a précisé que la mesure a été prise après que des ressortissants burundais, dont une soixantaine de sa province, ont été arrêtés, détenus, certains torturés puis refoulés par les autorités congolaises, il y a deux semaines. Il a indiqué que la République Démocratique du Congo sort

des élections générales et pour le moment, les nouvelles autorités administratives au niveau des provinces ne sont pas encore mises en place pour pouvoir discuter de cet incident. Il précise que la mesure prise est provisoire car « on ne peut pas permettre que nos compatriotes continuent à se rendre dans ces localités pour avoir des problèmes. » Il est de l’intérêt des Burundais d’attendre la mise en place de ces nouvelles autorités et nouveaux chefs de service dans ces localités du Sud Kivu pour pouvoir y aller en toute sécurité et sérénité. Il a clarifié que les échanges commerciaux entre Burundais et Congolais se poursuivent car les congolais sont les bienvenus à Rumonge. Rappelons qu’il y a trois semaines , 114 ressortissants burundais et 4 membres d’équipage de 2 pirogues en provenance du port de Rumonge ont été arrêtés par des militaires congolais au niveau de la localité de Karamba, située sur le littoral du lac Tanganyika dans le territoire de Fizi dans la province du Sud Kivu.

Cibitoke

Trois familles se réfugient au bureau de la zone pour sorcellerie Depuis trois mois, le bureau de la zone Cibitoke abrite 3 familles en provenance de la commune Murwi pour des raisons de sécurité. Ces familles demandent à l’administration de prendre des mesures pour leur sécurité. De notre correspondant Jackson Bahati

A

rrivé au chef-lieu de la province Cibitoke en commune Rugombo, on voit des femmes, des hommes et des enfants qui passent tout le temps devant la zone de Cibitoke. Ces derniers ont survécu à la mort; des gens voulaient les tuer en les accusant de sorcellerie. Le cas le plus éclatant est celui de Jacques Ndinduruvugo, un cinquantenaire père de 5 enfants, qui a échappé de justesse à la mort lorsqu’il était recherché par les voisins sur la colline de Gitohera de la commune Murwi. Il signale que les gens qui ont voulu le tuer portaient des gourdins et des pierres. Il a été sauvé par la police qui est intervenue à temps en l’évacuant jusqu’au chef-lieu de la commune.

Un autre exemple est celui de Fabien Sinzinkayo. Ce sexagénaire père de 8 enfants précise que pour le moment il ne peut pas visiter ses champs de culture. Les voisins l’accusent de sorcellerie et ont voulu le tuer pour cette raison. Cette situation est également signalée dans presque toutes les communes de la province Cibitoke, plus précisément à Mabayi, Mugina, Rugombo et Murwi comme nous indiquent nos sources. Ces familles indiquent qu’elles mènent une vie de misère car elles ne trouvent pas facilement de quoi mettre sous la dent. Des fois, elles sont obligées de chercher du petit travail au chef-lieu de cette province afin de pourvoir aux besoins de leurs familles. Ces familles craignent pour le moment de retourner à la maison craignant d’être tuées ou menacées par leurs voisins. Elles

Les trois familles accusées de sorcellerie hébergent toujours au bureau de la zone Cibitoke

pensent que leurs biens ont été volés.

Une mise en garde Des sources reçues sur place indiquent que les conflits fonciers et familiaux causent beaucoup de problèmes et les gens veulent s’entretuer en s’accusant mutuellement de sorciers. Ces familles voient que les conditions de vie qu’elles mènent au bureau de cette zone Cibitoke se

détériorent et comptent regagner les maisons une fois que leur sécurité est assurée. Ils demandent à l’administration provinciale et communale de s’asseoir ensemble afin de trouver la solution à ce problème. D’après le gouverneur de Cibitoke , Joseph Iteriteka, l’accusation de sorcellerie est devenue monnaie courante dans cette province. Cette autorité provinciale met en garde toute

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personne qui veut se faire justice. Il estime que ce sont parfois des accusations sans preuve et qu’elle sera punie conformément à la loi. M. Iteriteka tranquillise cette population et indique que des réunions de sensibilisation ont déjà commencé. Les procédures de faire rentrer ces familles ont déjà débuté. Il demande aux élus locaux de prendre les devants dans la lutte contre cette pratique dans toutes les communes.


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PUBLIREPORTAGE

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Bubanza Les bénéficiaires satisfaits par les projets financés par le FIDA Mercredi 30 janvier, en visite officielle au Burundi, Madame Sara MBAGO-Bhunu, Directrice Régionale de la Division de l’Afrique de l’Est et Australie du FIDA a visité les projets réalisés sous financement de ce Fonds en province de Bubanza.

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uatre sites des projets et programmes financés par le FIDA ont été visités. Le hangar de stockage de la coopérative rizicole « Twizigirane », le Foyer d’apprentissage et de réhabilitation nutritionnel de la colline Nyabikere, les vaches données par la PRODEFI sur la colline Gahwazi, la coopérative laitière Shirukubute de la commune Musigati et le centre d’Innovation et de transformation agroalimentaire (CITA). Après avoir visité ces réalisations et échangé avec les bénéficiaires, Sara MBAGO-Bhunu s’est dit satisfaite par les résultats déjà atteints grâce aux projets financés par le FIDA dans cette province. « Nous constatons que les initiatives de FIDA donnent des fruits.» Selon elle, le pas franchi par les petits riziculteurs est appréciable. Ils ont développé le système de warrantage. « Ils produisent, stockent et commercialisent le riz à bon prix.» Ce système de caution solidaire, poursuit-elle, a encouragé les riziculteurs à augmenter la production. « C’est notre objectif de départ.» Mme Mbago-Bhunu a également apprécié l’accès facile de riziculteurs au financement. Concernant l’élevage, cette directrice régionale du FIDA assure que les activités menées se traduisent par l’augmentation de la production du lait et des revenus. En outre, elle soutient que le lait produit par les bénéficiaires est de bonne qualité. Sara MBAGO-Bhunu relève néanmoins certains défis auxquels font face les bénéficiaires des projets. Elle cite notamment le manque du marché d’écoulement de produits laitiers et agricoles. « Nous avons constaté qu’il existe un marché local. Mais nous ne disposons vraiment pas des données suffisantes sur ce marché. » Pour y répondre, il faut d’abord mener des études pour connaître les opportunités de marché local et sous régional. Après, promet-elle, nous pourrions réorienter des petits producteurs organisés en coopératives ou en

Malaisie Baranyikwa, présidente de la coopérative Twizigirane vante les bienfaits du hangar de stock.

association déjà mis en place. Sara MBAGO-Bhunu fait savoir que le FIDA compte former les coopératives dans la transformation et la conservation de leur production. « Nous prévoyons également intégrer les jeunes dans les projets d’avenir. »

Les riziculteurs s’en réjouissent Pour l’heure, les bénéficiaires ne tarissent pas d’éloges envers le FIDA. Malaisie Baranyikwa, présidente de la coopérative Twizigirane, sourire aux lèvres, se réjouit de l’appui du FIDA. Elle témoigne que le PNSADRIM, un des projets financés par le FIDA, est venu au bon moment. Selon cette représentante, avant ce projet, les membres de cette coopérative connaissaient beaucoup de difficultés. « Nous n’avions pas de hangar de stockage, notre récolte était gardée dehors, exposée aux voleurs et à la pluie.» Avant l’acquisition

de ce hangar, explique-t-elle, après la récolte, nous vendions immédiatement la production. « Nous perdions énormément. Car, au moment de la récolte, le prix est très bas ». Désormais, elle rassure qu’ils stockent leur production en attendant que les prix se réchauffent sur le marché. Ndayisenga Eliane, jeune femme originaire de la colline Gifurwe en commune Mpanda et membre de cette coopérative ne cache pas sa joie. « Je suis ravie que le PNSADR-IM nous ait appuyés.» Cette mère de 4 enfants et épouse d’un mari paralysé depuis 4 ans explique que grâce à cet appui, sa famille s’est développée. Grâce à la production du riz vendu au bon prix, explique-t-elle, nous avons acheté des tôles de 326 mille BIF et trois chèvres d’une valeur de 210 mille BIF. De surcroît, elle fait savoir qu’elle a contracté un crédit de 300 mille BIF. « Quand l’un des membres de la famille

tombe malade, nous pouvons le faire soigner.»

La malnutrition éradiquée Pour la maman lumière du Foyer d’apprentissage et de réhabilitation nutritionnelle de la sous colline Nyabikere, c’est un sentiment de satisfaction. Aucun enfant de cette colline ne meurt plus suite à la malnutrition. «PROPA-O nous a appris comment préparer un repas équilibré à partir des aliments disponibles dans les ménages et nourrir nos enfants convenablement», se félicite Goreth Ndayishimiye, l’une des bénéficiaires. Aux yeux de cette femme, n’eût été les ‘’Maman-Lumières’’, son enfant ne serait plus encore en vie. Elle indique qu’elle prépare désormais le repas équilibré comprenant des protéines, lipides et glucides ainsi que des oligo-éléments. Selon elle, une bonne alimentation n’exige pas beaucoup de

MBAGO-Bhunu félicite Rose Ndayisenga pour le pas franchi.

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moyens: « Tous les produits sont accessibles.» Rose Ndayisenga, veuve et mère de trois enfants vante les bienfaits de la vache qu’elle a obtenue de la part du PRODEFI en 2013. A cette période, Rose ne pratiquait pas l’élevage même de petits ruminants ou d’animaux de basse-cour. « J’étais une femme très pauvre, vivant dans une maison en pailles et sans clôture. » Elle raconte que cette vache s’est vite reproduite. Elle a mis bas quatre fois. Grâce aux revenus tirés de la vente du lait, elle confie qu’elle paie facilement les frais scolaires de ses trois enfants « Mon fils ainé a terminé les études universitaires, le deuxième est en troisième baccalauréat et ma fille cadette termine l’école secondaire l’année prochaine.» En outre, elle soutient qu’elle s’est acheté une autre vache, 3 porcs et des poules. Avant que le PRODEFI me donne cette vache, confie Rose Ndayisenga, j’exploitais des étendues énormes pour récolter une quantité minable. « 5 kg de semences de haricot ne me donnaient qu’une récolte de 100 kg. » Grâce au fumier de ces vaches, cette femme éleveuse indique qu’elle produit 500 kg de haricots. De plus, ce projet a été bénéfique à son entourage. Cette femme soutient qu’elle a créé de l’emploi. En 2013, elle a embauchait déjà un travailleur. Aujourd’hui, elle en a trois. La visite de la directrice régionale de la Division de l’Afrique de l’Est et Australie du FIDA s’est clôturée dans une vente-exposition des produits des bénéficiaires des projets financés par le FIDA.


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OPAB : Une organisation pour la dignité des albinos OPAB, basée à Gitega, est une organisation de défense des droits des personnes atteintes d’albinisme. Elle plaide notamment pour l’intégration socioéconomique de ces dernières. Un projet en cours de réalisation grâce au financement de l’ambassade de France au Burundi leur permet d’atteindre certains de leurs objectifs.

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éfense des droits de la personne humaine en faveur des personnes vivant avec l’albinisme et d’autres personnes vulnérables, intégration socioéconomique des personnes vivant avec l’albinisme et d’autres vulnérables», entre autres missions de l’Organisation des personnes albinos du Burundi (OPAB), créée en 2014. Selon Moise Nkengurutse, son président et représentant légal, cette organisation est aussi un cadre d’expression pour les droits des personnes sans mélanine. Ceux-ci font l’objet de discrimination. Ils ont aussi des problèmes de santé, de vue, d’obtention des pommades anti soleils, etc. Des enfants atteints d’albinisme sont victimes de discriminations dans leurs propres familles. Celles-ci les considèrent comme une malédiction. Il en est de même à l’école où certains enseignants croient encore que ces derniers n’ont pas le quotient intellectuel requis pour suivre normalement les programmes dispensés. «Une confusion est parfois entretenue par le corps enseignant entre la vue défectueuse de l’élève atteint d’albinisme et la compréhension des matières enseignées en classe ». Les filles atteintes d’albinisme restent célibataires à défaut de jeunes hommes leur proposant le mariage. Néanmoins, elles sont le plus souvent victimes des violences sexuelles en raison des croyances obscurantistes. L’atteinte à l’intégrité physique des personnes atteintes d’albinisme est en effet une réalité. Du mois d’Aout 2008 jusqu’aujourd’hui janvier 2019, 24 cas de meurtres rituels ont été enregistrés au Burundi. Ces crimes liés à des croyances superstitieuses sont imputables à des réseaux secrets. Les auteurs prélèvent le sang et amputent certaines parties du corps des victimes à des fins commerciaux. Pour faire face à toutes ces questions, OPAB a postulé un projet en 2018 auprès de l’ambassade de France au Burundi pour l’intégration socioéconomique des personnes atteintes d’albinisme. C’est à la suite d’un appel à projet à l’intention de la société civile et des medias.

aux enfants atteints d’albinisme de bien étudier. L’OPAB intervient via le volet de l’éducation. Les enfants atteints d’albinisme ayant des problèmes de vision, éprouvent beaucoup de difficultés pour étudier comme tant d'autres. Ainsi, grâce au financement de l’ambassade de France, OPAB a fait fabriquer des meubles pour 76 élèves/écoliers atteints d’albinisme en plus de matériels scolaires. En ont été bénéficiaires, les élèves et écoliers ressortissant de 7 provinces. Gitega, Karusi, Cankuzo, Ruyigi, Ngozi, Muramvya et Rutana. L’OPAB a également organisé des séances de sensibilisation sur l’albinisme au niveau des médias. Elle s’est investie aussi pour la réinsertion scolaire des enfants atteints d’albinisme qui avaient abandonné l’école. Entre autres réalisations, l’OPAB a ouvert un centre d’accueil pour l’accompagnement des jeunes atteints d’albinisme pour la formation des métiers en vue de la préparation de leur bon avenir. Avec ce projet appuyé par l’Ambassade de France, 6 groupements d’intégration socioéconomique affiliés à l’OPAB ressortissant de 6 provinces bénéficient d’un soutien pour la réalisation des AGR. L’OPAB a accordé, pour la première saison culturale, des semences de pomme de terre aux quatre groupements. Dans l’objectif de leur procurer du fumier, chacun des groupements a eu cinq porcs. Ils devront s’en donner les uns aux autres en raison de la reproduction pour pérenniser la chaîne de solidarité communautaire. Ils auront droit

Moïse Nkengurutse(au milieu avec une casquette) dans un champ avec certains des bénéficiaires du projet

aux semences de haricots et de riz et autres intrants agricoles aux mêmes regroupements au cours de la deuxième saison culturale.

Satisfaction chez les bénéficiaires L’OPAB prévoit l’assistance de médicaments à l’intention de 76 personnes sans mélanine ayant des lésions cutanées. C’est pour la prévention contre le cancer de la peau. Dans ce volet de la santé, les élèves du secondaire qui ont des difficultés de vision sont également traités pour qu’ils puissent bien étudier. Les bénéficiaires se disent satisfaits du soutien de l’OPAB. Jean

trer de quoi ils sont capables » Le président de l’OPAB appelle les autorités à s’investir pour la protection et le développement socioéconomique des personnes sans mélanine en élaborant et en mettant en œuvre des projets à leur intention spécifiquement étant donné que la population atteinte d’albinisme au Burundi ne dépasse pas un effectif de 1500 individus. En plus, OPAB leur demande de collaborer avec des autorités tanzaniennes dans la lutte contre le massacre des personnes atteintes d’albinisme. Aux bailleurs de fonds de rester auprès de la population atteinte d’albinisme burundaise. Enfin, un grand remerciement est adressé a l’ambassade de France qui reste préoccupé par la problématique d’albinisme Son engagement pourrait inspirer d’autres intervenants pour l’amélioration positive du quotidien des personnes atteintes d’albinisme au Burundi

Les objectifs de l’OPAB • •

Octroi du matériel scolaire Ce projet contribuera à doter l’association du matériel bureaucratique de base. En outre, l’exécution du projet permettra

Baptiste Nimbona, habitant de la commune BUHIGA en province Karusi, n’en revient pas. Son groupement a pu planter un champ de pommes de terre grâce aux semences qu’il a eues de la part d’OPAB. Ce jeune marié de 26 ans demande aux partenaires de l’OPAB d’en faire profiter à tous les albinos. Désirée Nduwumuremyi, élève en 1ère année post-fondamentale au lycée communal de Musongati en commune Musongati de la province de Rutana, abonde dans le même sens. Elle a bénéficié du matériel scolaire et d’un bureau adapté à sa vue. Déplaçable, ce meuble lui permet d’approcher le tableau pour voir et bien lire. Pour ce, soutient-elle, les élèves albinos réussissent actuellement mieux en classe. Au sujet des groupements, Moise Nkengurutse évoque une stratégie d’intégration des personnes atteintes d’albinisme dans la vie socioéconomique : «C’est une façon de mon-

• • • Un albinos bénéficiaire des meubles en train de suivre le cours

Mettre en place un cadre d’expression des personnes sans mélanine et leurs familles au Burundi, Identifier tous les problèmes des personnes sans mélanine en vue de trouver des solutions adéquates et durables ; Conscientiser les familles des personnes sans mélanine à la nécessité de l’éducation de ces dernières, Combattre pour la bonne santé des personnes sans mélanines au niveau oculaire et cutané Appuyer les initiatives des personnes sans mélanine qui concourent à l’amélioration de leurs conditions de vie;

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SPORT

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Football

CAN U 20 : Le Burundi face à son destin Après son match nul obtenu à l’arrachée, contre le Niger (33) la sélection nationale des moins des 20 ans est dans l’obligation de battre l’Afrique du Sud, vendredi 8 février, pour se qualifier pour le tour suivant.

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vec un seul point en deux rencontres, les Intamba juniors jouent leur destin, vendredi 8 février. Ils doivent à tout prix battre les Sud-Africains et espérer, dans la foulée, que le Nigéria terrasse le Niger. « Au vu des deux matches déjà livrés, un scénario plus que possible », estiment un bon nombre de leurs fans. Menés au score deux fois contre le Niger, ils ont su revenir à la marque. « Compte tenu de l’enjeu, ce scénario ne doit pas se répéter, car ils auront en face une équipe avide de victoire », prévient Kamran, un fan. Ce dernier estime qu’un but pré-

Les Intamba juniors dans l'obligation de gagner pour se qualifier

coce permettrait aux Burundais de s’installer dans le match, et ainsi d’imposer leur tempo. Et M.N., un ancien joueur, abonde dans le même sens : « S’ils courent derrière le score, il leur

sera difficile d’avoir une emprise sur le cours de la rencontre.»

Blinder le milieu Pour lui, un milieu de terrain doublé d’un second rideau

est nécessaire. « En plus des 2 milieux récupérateurs, Joslin doit excentrer deux autres, un peu sur les côtés ». Ceci permettrait explique-t-il, de contrer la montée des latéraux et de

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protéger une défense parfois mis à mal à cause du manque d’anticipation. Malgré un état d’esprit irréprochable du groupe, tous les observateurs sont unanimes. Le sélectionneur Joslin doit remanier son effectif. Allusion faite au défenseur Selemani, jugé trop lent pour les couvertures. Autre inquiétude, les fans craignent qu’en cas d’une ouverture de score précoce des Burundais, ils veuillent se barricader derrière au lieu de faire le jeu. « Une tactique avec des risques énormes, parce qu’au final, ils subissent le jeu au lieu de le faire ». Pour rappel, cette Coupe d’Afrique des Nations se joue du 2-17 février. Les 4 demifinalistes auront validé le ticket pour la Coupe du monde de la catégorie. Cette dernière se tiendra au mois de mai en Pologne. Hervé Mugisha


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Enabel pour une gestion scolaire efficace des CEM L’Agence belge de développement (Enabel), à travers le projet Appui Complémentaire à la Formation Technique et Professionnelle (ACFPT) vient de lancer un Progiciel de Gestion Scolaire (PGS) au profit de 13 Centres d’Enseignement des Métiers (CEM). Les directeurs de ces centres se frottent les mains.

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es rapports en un clic, la transparence de toutes les activités, des services désormais rapides… les Centres d’Enseignement des Métiers(CEM) se targuent d’une gestion scolaire dorénavant automatique et efficace. Ce Progiciel de Gestion Scolaire (PGS) a été lancé jeudi 31 janvier 2019 à Karurama dans la province Cibitoke en présence des directeurs des CEM bénéficiaires. Développé au profit de 13 CEM soutenus par Enabel, le PGS est un outil numérique complet pour l’administration et la gestion intégrée du centre. Il a été développé pour permettre aux responsables d’un centre scolaire d’avoir la maîtrise permanente et totale de la gestion des activités principales du centre, d’après le représentant adjoint d’Enabel, Etienne Rodenbach. Ce système contribue de surcroît à aider les directions des centres appuyés par le projet ACFPT à s’acquitter de leurs devoirs et responsabilités d’une manière transparente. Cette application a été conçue en tenant compte des contraintes du système éducatif de l’enseignement technique et professionnel. Il obéit à deux contraintes majeures : l’efficacité et la simplicité. Dans son ensemble, le progiciel comprend huit modules : modules de gestion des élèves ; Modules de gestion d’insertion des lauréats ; Modules de gestion de ressources humaines ; Modules de gestion de stock ; Modules de gestion financière ; Modules des infrastructures et équipements techniques ; Modules de gestion des ressources numériques ainsi que la gestion de livraison de matériel.

Les représentants d’Enabel et les directeurs des CEMs lors du lancement technique du Progiciel de Gestion Scolaire.

Le représentant adjoint d’Enabel parle d’un progiciel qui offre une meilleure gestion des Centres de formation.

suit-il, inutile de se déplacer. Il l’écrit dans le progiciel et les concernés le voient directement. « Je ne fais qu’approuver ou rejeter sa demande». Une technique qui, selon lui, permet de réduire les dépenses.

« Avant, il fallait écrire ou remplir les formulaire à imprimer… » Même son de cloche chez le directeur du CFP Rumonge, Gaspard Nibaruta. Avant la conception de ce progiciel, témoigne-til, la gestion du personnel était

difficile. « Ce progiciel va nous permettre de contrôler les retards et absences des enseignants et des élèves. » De surcroît, la gestion financière sera désormais facile et transparente. « Il n’y aura plus de détournements. Le comptable ne pourra plus faire une dépense à l’insu de la direction. » Ces directeurs indiquent que la plupart des chefs de service de leurs centres savent déjà utiliser ce progiciel. Ils évoquent toutefois quelques défis : les ordinateurs sont insuffisants. Certains chefs de service ne savent pas manier l’ordinateur. La connexion internet pour synchroniser les données est quelque fois limitée.

La Direction générale applaudit Le Directeur général de la formation technique et professionnelle, Pascal Nshimirimana, n’a pas caché sa satisfaction. Pour lui, les rapports étaient un casse-tête.

Des directeurs des CEM soulagés Les responsables des CEM bénéficiaires se frottent les mains. Ils parlent d’un progiciel qui va rendre les activités faciles et rapides dans leurs établissements. C’est un directeur du CFP Karurama satisfait, rencontré dans son bureau lors d’une visite de ce lancement technique. Devant son ordinateur, il semble maîtriser le progiciel. « J’ai entre les mains toute la situation du centre. Je n’ai pas besoin de demander les données au secrétaire », lance-t-il, l’air satisfait. Si un employé a besoin du matériel ou d’un congé, pour-

La secrétaire du CFP Karurama montre aux participants, lors d'une visite, l'utilisation du Progiciel de Gestion Scolaire

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Il fallait se déplacer à l’intérieur du pays pour s’enquérir de la situation. Il indique que les rapports lui parvenaient très difficilement, très tardivement. D’après lui, les Centres de formation envoyaient leurs rapports par courrier dans des véhicules de transport avec risque de disparaître. A cause de ces difficultés, les rapports étaient trimestriels alors qu’ils devraient être hebdomadaires. « Mais avec ce progiciel, tout est automatisé. Tout est sous contrôle. Il suffit de me connecter au PSG dans ma machine pour voir tout ce qui se passe dans ces 13 CFP. » M. Nshimirimana loue un outil digital qui permet une gestion transparente et intégrée des CEM chaque jour. « Plus de magouilles, de malversations…tout est transparent. » D’après lui, les présences des enseignants et des élèves sont désormais contrôlées. Et de rassurer qu’il va plaider auprès du gouvernement pour étendre ce progiciel dans tous les Centres de formation du Burundi. Ce progiciel a été conçu dans le cadre du projet « Appui complémentaire à la formation professionnel et technique (ACFPT) » qui date de plus de 4 ans, d’après le représentant adjoint d’Enabel. « Il nous est apparu très important de concevoir ce logiciel », indique M. Rodenbach. Deux objectifs majeurs à l’origine : une meilleure gestion de tous les différents aspects du centre et la centralisation de toutes les données. « Car dans ce secteur, l’on a souvent du mal à quantifier les activités. » Etienne Rodenbach affirme que le développement de ce progiciel a coûté 40 mille euros.


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