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DPC À LA FMSQ : UNE HISTOIRE À CONNAÎTRE

Quelque huit années après la création officielle de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, l’Assemblée des délégués, lors de sa réunion du 5 décembre 1973, donne le mandat à l’équipe en place de faire l’inventaire des programmes d’éducation médicale continue par spécialité médicale et de voir ce qui se fait à l’extérieur du Québec.

Les délégués veulent avoir un programme qui réponde à leurs besoins, d’autant plus que le gouvernement, à cette époque, a procédé à une réforme majeure du système professionnel avec la création de l’Office des professions du Québec. S’appuyant sur les travaux de plusieurs comités dont la commission Castonguay-Nepveu, le gouvernement a modifié les rôles et les pouvoirs des « corporations professionnelles », leur réservant le rôle de protection du public. Toute autre fonction telle que la protection des intérêts socio-économiques des professionnels incomberait désormais à des associations de type syndical.

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LA FMSQ S’ORGANISE RAPIDEMENT

Profitant des remous causés par la création du CÉMCQ, la FMSQ crée, en 1974, une nouvelle direction qui aura pour fonctions :

• De faciliter la mise sur pied d’une infrastructure spécifique pour la formation médicale continue pour chaque association médicale affiliée ;

• De rechercher et d’employer les méthodes pour l’identification des besoins en formation médicale continue (FMC) tant au niveau du médecin spécialiste que de la spécialité médicale comme telle ;

• De faciliter l’introduction de méthodes andragogiques pour les activités de formation continue ;

• De donner aux activités de FMC un gage de qualité et d’efficacité évaluable pour l’atteinte des objectifs qui précèdent.

Dans la foulée de la création de l’Office des professions du Québec, la Corporation professionnelle des médecins du Québec – aujourd’hui devenue le Collège des médecins du Québec –, obtient également le mandat de créer un organisme paritaire chargé du maintien des compétences des médecins. Cependant, cet organisme, le Conseil de l’éducation médicale continue du Québec (CÉMCQ), ne fait pas l’unanimité autour de lui et soulève plus d’appréhension que d’adhésion : quelques associations médicales spécialisées invoquent une ingérence dans la liberté professionnelle et refusent de participer à toute réunion. On confère plutôt au CÉMCQ un rôle de concertation ; chaque groupe ou association pourra conserver son autonomie et le Collège devient l’organisme d’agrément pour les programmes d’ÉMC.

La Fédération veut ainsi que ses associations médicales affiliées et ses médecins membres conservent entièrement le contrôle de l’ÉMC (pendant que les autres organisations du genre utilisent le vocable d’éducation médicale continue, la FMSQ utilise la nouvelle appellation : formation médicale continue. Dr Osman Gialloreto deviendra le premier directeur de l’Office de formation médicale continue (OFMC).

L’Office met en place le Conseil de formation médicale continue (CFMC), composée d’un représentant de chaque association médicale affiliée. Une première réunion a lieu le 14 mai 1974 ; la Fédération réitère que ce sont ses associations qui auront le mandat d’organiser les activités de formation – la FMSQ, elle, veillera au support, à la coordination et à l’évaluation ainsi qu’au contrôle de la qualité des activités de formation.

Si certaines associations se lancent corps et âme dans leur nouveau projet, certaines y voient une menace à leur vocation syndicale. L’appréhension face à toute forme d’éducation médicale après diplomation n’est pas que l’apanage des associations médicales affiliées qui ont peur de devenir des chapitres locaux de sociétés savantes. Beaucoup de médecins y voient aussi une menace à leur liberté professionnelle ; certains se disent trop débordés pour pouvoir ajouter quoi que ce soit à leur horaire, d’autres n’aiment tout simplement pas se faire dicter de nouvelles lignes de conduite. L’OFMC rencontre alors chaque association médicale affiliée ; la vision fédérative réussit à rassembler tous les intervenants.

Dès 1980, les associations médicales affiliées doivent faire valider leurs activités de FMC par le CPMQ, chargé de délivrer l’agrément. La première visite du CPMQ se tiendra le 12 mars 1981 et, du premier coup, la FMSQ et ses 27 associations médicales affiliées d’alors reçoivent leur plein agrément (pour une période de quatre ans).

En 1985, le nouveau directeur de l’Office, Dr Jean Vincelette poursuit le travail entrepris auprès des associations médicales affiliées en vue d’une deuxième visite d’agrément en 1986 et une troisième en 1991. Il est remplacé, en 1995, par Dr Michel Brazeau qui, en quelques mois, doit organiser la 4e visite d’agrément. Dr Brazeau fait adopter un nouvel énoncé de mission pour l’Office de FMC, soit de « favoriser le maintien et le développement de la compétence des médecins spécialistes et de contribuer au développement de la qualité de la FMC et des conditions qui la facilitent ». Dr Brazeau sera remplacé, en 1999, par Dr Gilles Hudon. À cette époque, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada lance également son programme de développement professionnel et de maintien de la compétence pour ses Associés.

Une Re De Changements

La notion même de formation médicale continue, qui avait succédé à la notion d’éducation médicale continue, change afin de répondre aux nouveaux défis de la profession qui, en plus de s’occuper du volet de la connaissance, ajoute l’expertise et l’attitude (comportement). On parle maintenant de développement professionnel continu (DPC).

Suivant cette mouvance, l’Office innove et offre à tous les médecins souhaitant organiser une activité de DPC de suivre son atelier sur la formation des formateurs. Même que, depuis 2000, l’Office a multiplié les projets, et les visites d’agrément se sont succédé avec succès. La 100e réunion du Conseil de DPC de la FMSQ a lieu le 24 avril 2007 avec la mise en œuvre d’un projet qui pourrait devenir la plus grosse activité de développement professionnel continu au Québec. Ainsi naît le concept de Journée de formation interdisciplinaire (JFI) de la FMSQ. La première édition a lieu le 7 novembre 2008 et attire 233 participants. C’est le début d’une nouvelle ère en DPC. Le succès de cette activité ne cessera de grandir au fil des ans, démontrant que la FMSQ avait vu juste : les médecins doivent cesser de travailler en silo et bénéficier de l’interdisciplinarité, et ce, tant au bénéfice des patients que de leur pratique professionnelle. En quelques années, la JFI est devenue l’événement annuel incontournable, le plus gros congrès annuel de DPC pour les médecins spécialistes au Québec. La 8e édition (2015), tenue pour la première fois à Québec, réunit quelque 1 050 participants, surpassant le record d’assistance de l’édition précédente tenue à Montréal. Les associations médicales canadiennes s’intéressent à ce succès et tentent d’organiser des événements similaires.

En 2013, avec son nouveau directeur, Dr Sam J. Daniel, l’ODP multiplie les projets de développement pour s’arrimer aux nouvelles tendances.

L’année suivante, les instances donnent leur accord pour investir les sommes nécessaires à la création d’une plateforme d’apprentissage en ligne accessible en tout temps aux membres de la FMSQ. Véritable révolution dans les habitudes de formation des médecins ! Un projet considérable qui exigera la collaboration de toutes les directions. Désormais, il est possible de faire de la formation continue à son rythme, partout dans le monde.

En juillet 2015, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada a élargi le mandat de la FMSQ à titre d’organisme d’accréditation d’activités de développement professionnel continu, une première pour une organisation syndicale. Aujourd’hui, la majorité des médecins ont intégré l’apprentissage continu dans leur travail. Le DPC est devenu plus qu’une norme, il s’agit maintenant d’une obligation déontologique.

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