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2006‑2014 LA PRÉSIDENCE DE Dr GAÉTAN BARRETTE
Trois jours après la démission de Dr Dugré, l’Assemblée spéciale des délégués procède à l’élection d’un nouveau président. L’un des candidats est le président de l’Association des radiologistes du Québec, Dr Gaétan Barrette.
Estimant que les moyens utilisés pour obtenir le maintien de l’engagement de 2003 et l’abrogation de la loi spéciale sont insuffisants, Gaétan Barrette promet qu’il se montrera plus ferme envers le gouvernement. Les délégués jugent qu’il est l’homme de la situation pour affronter le ministre Couillard et le portent à la présidence de la Fédération jusqu’en mars 2007.
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Radiologiste à l’Hôpital Maisonneuve Rosemont, Dr Barrette est issu de la lignée des premiers militants médico syndicaux et fondateurs de la FMSQ. Le contraste est saisissant avec la démarche conciliante de son prédécesseur. Le ministre Couillard aura donc devant lui un adversaire redoutable.
Un bras de fer s’engage rapidement. Le ministre Couillard souhaite reprendre les négociations, mais la Fédération refuse tant que la loi spéciale n’est pas retirée. La FMSQ exige aussi le règlement complet du litige : le respect des lettres d’entente sur la parité canadienne et le règlement de l’assu rance responsabilité professionnelle.
En plus des stratégies déployées, le président demande aux médecins spécialistes la cessation de tout enseignement non rémunéré, l’arrêt des procédures médico administratives et le refus d’accroître les activités médicales. L’affrontement s’effectue par médias interposés. Le ministre Couillard tergiverse. D’un côté, il dépose une offre bonifiée – aussitôt rejetée – et évoque la possibilité de retirer la loi spéciale. De l’autre, il menace de recourir au Conseil des services essentiels (CSE).
Les facultés de médecine des Universités Laval et Montréal sont contraintes d’annuler les stages cliniques des étudiants de 3e et 4e années ; les médecins spécialistes refusent d’encadrer les étudiants et de poursuivre les cours formels. À McGill, 60 % des stages sont affectés. À Sherbrooke, les stages d’externat sont annulés. Dr Barrette sait soulever les troupes et encourage la manière forte pour faire plier le ministre. Qui plus est, l’ultimatum de l’Association des obstétriciens gynécologues du Québec et de sa présidente Dre Diane Francœur, de ne plus pratiquer d’accouchements à partir du 1er janvier fait effet. Les radiologistes et les orthopédistes menacent d’en faire autant. Tous dénoncent l’absence d’une entente de remboursement.
Novembre 2006, le gouvernement fait de nouvelles propositions : selon le ministre, il s’agit d’une base solide pour la signature d’un accord cadre, mais, du côté de la Fédération, on juge cette offre insuffisante. Le ministre durcit le ton et s’en remet au Conseil des services essen tiels. Dr Barrette estime que le gouvernement a choisi la voie d’un bâillon social en prenant les médecins en otage. Respectant sa stratégie initiale, il réitère sa demande de retrait de la loi spéciale avant de s’asseoir à la table des négo ciations tout en exigeant un règlement global. La Fédération demande à nouveau la nomination d’un médiateur. Le ministre sait que cette mesure exceptionnelle risque de créer un précédent auprès d’autres groupes.
Convoquée devant le CSE au début décembre, la Fédération défend bien sa cause. Le Conseil admet que les stratégies mises en place ne contreviennent pas à la Loi 37, mais il ordonne aux spécialistes de prendre tous les moyens nécessaires pour ne pas mettre en péril la diplomation des étudiants. Or, le lendemain, le président Barrette appelle ses membres à « gérer le péril », et à ne reprendre la supervision des stages que dans les cas où la diplomation des étudiants est menacée. L’arrêt de la supervision des stages cliniques des étudiants de 3e et 4e années est donc maintenu, la seule activité d’enseignement qui demeure est la super vision clinique des résidents.
Forte du rapport du CSE, la FMSQ donne le mot d’ordre d’accentuer les stratégies mises en place. Le ministre Couillard parle d’une période de tension extrême. Les négociations reprennent en coulisse ; le 20 décembre 2008, la FMSQ annonce une trêve et convoque une assemblée générale le lendemain. Un accord de principe intervient quelques minutes à peine avant d’entrer en assemblée.
Un Premier Mandat De Deux Ans
Le 29 mars 2007, l’Assemblée des délégués procède à la réélection de Dr Barrette sans opposition. La priorité demeure la parité de la rémunération avec les autres médecins spécialistes du Canada, mais on souhaite aussi faire des gains au niveau des condi tions de pratique et obtenir des effectifs médicaux plus adéquats afin d’assurer une meilleure accessi bilité aux soins de santé partout au Québec.
Comme prévu, le 20 juin 2007, le gouvernement abroge la Loi 37. Cette embellie est suivie, le 31 août, par la conclusion d’une entente de principe. Afin de respecter la viabilité financière de l’État, la FMSQ accepte d’étaler le rattrapage consenti jusqu’en 2016. L’entente est aussi assortie de 24 mesures de relation d’affaires pour améliorer l’accès aux soins spécialisés, les conditions de pratique et l’organi sation des soins. La Fédération a bel et bien gagné la guerre.
En conférence de presse le 18 septembre, la présidente du Conseil du Trésor, Monique Jérôme Forget et le ministre de la Santé, Philippe Couillard, qualifient l’entente d’historique. Le gouvernement a accepté les arguments défendus par le président Barrette voulant que de nouveaux incitatifs financiers permettront de mettre fin à l’immobilisme et motiveront les spécialistes dans plusieurs tâches connexes auparavant non rémunérées.
LA FMSQ SUR LE TERRAIN !
Les spécialistes poursuivront leurs activités pédagogiques et reprendront leurs fonctions médico administratives ; les obstétriciens gynécologues continueront à effectuer des accouchements après le 1er janvier 2007 ; la Fédération obtient aussi la nomination d’un médiateur suivie, au besoin, d’une procédure d’arbitrage en cas d’impasse dans les négociations concernant le rattrapage de la rémunération. Finalement, on s’entend sur la formation d’un comité de médiation dont les travaux débutent en janvier 2007 et se poursuivront jusqu’à l’été.
Entre le 1er octobre et le 8 novembre 2007, Dr Barrette effectue une tournée dans 12 villes du Québec pour rencontrer les médecins spécialistes et les médias régionaux ; 4 vidéoconférences sont produites pour les régions éloignées. Dr Barrette y présente les détails de l’entente et appelle à une mobilisation continue puisqu’il s’attend à une difficile ronde de négociations en 2010. La méfiance se nourrit du passé !
La Fédération propose d’améliorer le fonction nement des blocs opératoires. En janvier 2008, une équipe tactique mixte composée notamment de représentants de la FMSQ et du MSSS entreprend une tournée qui la mènera dans 24 centres hospitaliers du Québec. Au terme de leurs visites, le comité constate qu’on pourrait augmenter de 5 à 20 % le nombre de chirurgies.

FMSQ
Il faut une meilleure structuration des activités chirurgicales en procédant à l’achat d’instruments et d’équipements, en comblant les postes vacants, en créant de nouveaux postes d’auxiliaires, d’infirmières, d’inhalothérapeutes et en ajoutant de nouveaux postes d’anesthésiologistes.
Certains sujets d’actualité nécessitent une action rapide. C’est le cas du projet de loi C 484, Loi sur les enfants non encore nés victimes d’actes criminels, déposé à la Chambre des Communes par un député conservateur de l’Alberta, Ken Epp. Ce projet de loi pourrait reconnaître un statut juridique au fœtus qui n’en détient aucun dans le cadre des lois actuelles et pourrait ainsi rouvrir la porte à la criminalisation de l’avortement et à des poursuites criminelles contre les médecins qui en pratiquent. La Fédération entreprend une vaste campagne d’opposition à ce projet de loi : relations de presse, pressions auprès des politiciens fédéraux et lancement d’une pétition sur son site Internet qui sera signée par plus de 40 000 personnes de partout dans le monde. Ces actions portent leurs fruits, comme l’indique la motion unanime adoptée par l’Assemblée nationale du Québec, le 17 avril 2008, soit deux jours après la conférence de presse dénonciatrice de la Fédération. Heureusement, le premier ministre Stephen Harper déclenche des élections fédérales et le projet de loi meurt au feuilleton.

Pendant ce temps, le projet de loi no 63, modifiant la charte des droits et libertés, est déposé à l’As semblée nationale en février. La Fédération présente un mémoire en commission parlementaire dans lequel elle invite les parlementaires à réaf firmer les principes d’égalité entre les hommes et les femmes. La FMSQ rejette toute forme de discri mination « tant d’un médecin à l’égard d’un patient que d’un patient envers son médecin ». Le mémoire souligne de nouvelles formes de discrimination, notamment en obstétrique gynécologie, devenues fréquentes dans certains établissements hospita liers de Montréal, qui se traduisent trop souvent par des demandes d’accommodement qui n’ont rien de raisonnable et qui s’opposent au fondement même de la médecine et de son code de déontologie.
La fin de l’été et le début de l’automne 2008 seront marqués par une intervention musclée de la part de la FMSQ qui exhorte les administrateurs du prochain Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) et le ministre de la Santé, Yves Bolduc, à bonifier le projet afin de « réaliser quelque chose dont nous serons encore fiers dans 10, 20 ou 30 ans ». Le message « Ne ratons pas la chance de mener à bien ce mégaprojet… pour une fois » est clair et entendu puisque, fin octobre, des éléments d’ajustement sont confirmés par la direction du CHUM.
Même si la négociation occupe passablement le président de la Fédération, d’autres dossiers avancent aussi à grands pas. C’est le cas des congés parentaux et de cotisation, dossier piloté active ment par Dre Josée Parent lors de son passage à la vice présidence. Fin 2008, la FMSQ annonce le programme Bienvenue Bébé, qui offre une réduction de cotisation aux membres qui vont avoir un enfant ou qui en adoptent un. Ce programme sera remplacé, le 1er octobre 2011, par un programme de congé parental comportant deux volets, le congé de maternité et le congé d’adoption.
En février 2009, la FMSQ devient partenaire majeur de la deuxième édition du Grand défi Pierre Lavoie qui veut promouvoir de saines habitudes de vie. Un succès sans précédent dans la communauté médicale alors qu’en juin, 17 équipes de médecins issues des associations affiliées sont sur la ligne de départ de ce tour vélo de 1 000 km !
Avril 2009, des centaines de femmes, qui ont reçu ou qui attendent le résultat d’une biopsie de dépistage du cancer du sein, sont ébranlées à la suite d’un reportage de Radio Canada qui démontre l’existence d’une variation diagnostique d’un labo ratoire à l’autre au Québec. La situation était connue par le ministère de la Santé qui n’a rien fait malgré les demandes répétées et les négociations en ce sens, et ce, depuis les dernières années. La FMSQ dénonce publiquement l’attitude du ministre Yves Bolduc et son inaction devant les probléma tiques connues : pénurie d’effectifs ; vétusté des installations, des laboratoires et des équipements ; absence d’un programme de contrôle de la qualité ; etc. En quelques semaines, après une crise média tique intense, la sortie publique de la Fédération a mené à un correctif de la situation, un réinvestis sement dans les laboratoires de pathologie et, surtout, elle a forcé le ministère à revoir une impor tante quantité de tests de cancer du sein et à mettre en place un programme de contrôle de qualité.
En octobre de la même année, la FMSQ dévoile les faits saillants d’un sondage effectué auprès de ses membres à propos de l’euthanasie. Le sujet est sensible et la Fédération est la première organisation médicale à l’aborder publiquement. Les médecins souhaitent que les autorités gouvernementales mettent en place des balises pour encadrer la pratique de l’euthanasie. Le sujet ne fait pas l’unanimité et la Fédération insiste : « Le médecin devra toujours demeurer entièrement libre de choisir d’accompagner un patient dans cette voie. » Le gouvernement de Pauline Marois lance une vaste consultation à laquelle participe la FMSQ. Une loi sera finalement adoptée en 2014.
Une Nouvelle Ronde De N Gociations
Une crise économique frappe le monde : le gouver nement profite de l’occasion pour souligner les difficultés engendrées par cette crise. Il se sert de cet argument pour démarrer les négociations avec le secteur public, y compris avec la FMSQ, dont les conventions arrivent à terme en mars 2010. Le gouvernement veut réduire la demande de rattra page pour obtenir la parité canadienne en martelant que les caisses de l’État sont mal en point. La FMSQ n’entend pas se laisser prendre à ce jeu. Déjà, dans les années précédentes, le président Barrette avait mis en garde les spécialistes sur un possible retour en arrière, misant sur le maintien de la mobilisation.
À l’hiver 2010, la FMSQ lance « L’expertise a un prix », une campagne informative qui présente des pistes de solutions, des mesures pour garnir les coffres de l’État sans impact sur les contribuables. La démarche est un succès : plusieurs animateurs, chroniqueurs et citoyens discutent de la perti nence des propositions de la FMSQ. Parallèlement, on développe une autre campagne « Passionnés pour la vie » afin de faire la promotion des diffé rentes spécialités médicales, certaines étant mal connues du public. Des capsules télé diffusées aux heures de grande écoute présentent des médecins qui expriment leur passion pour leur spécialité. Plus tard, une nouvelle initiative diffusée durant l’émission Les Docteurs fait place aux patients qui témoignent de la qualité des soins reçus par des médecins spécialistes. Ces initiatives procurent une belle visibilité.
Le 16 avril 2010, la FMSQ dépose ses demandes en vue du renouvellement de l’Entente terminée le 31 mars précédent. La négociation est ardue : une nouvelle tournée de mobilisation des membres est mise sur pied.
En mai 2011, après moult tergiversations, la Fédération lance un ultimatum de 48 heures au ministre de la Santé, Yves Bolduc. La FMSQ gagne, une entente est conclue sur les frais facturés dans le traitement de la dégénérescence maculaire : les patients n’auront pas à défrayer ce traitement. Cependant, toute la question des frais acces soires traîne en longueur, et ce, malgré le rapport du comité de travail créé par l’ancien ministre Couillard, déposé en octobre 2007. La factura tion « hors norme » de certains frais accessoires reflète un manque de revenus pour couvrir les frais de fonctionnement des cabinets privés, créant un risque d’érosion de la viabilité économique de ces cabinets et, à terme, une problématique de l’acces sibilité aux soins. Des recommandations insistent sur la nécessité d’agir rapidement, mais la problé matique demeure entière et on doit régler chaque problème à la pièce.
Une Nouvelle Entente Avec Le Msss
Alors que la FMSQ s’attendait à une longue et dure bataille pour obtenir une nouvelle entente qui correspond à ses objectifs et qui évite de retomber dans le spectre d’un écart croissant avec la parité canadienne, une entente est conclue à l’été 2011. Celle ci répond aux aspirations des membres de la FMSQ tout en mettant de l’avant la place et l’importance de la médecine spécialisée au Québec.
FMSQ ans
La stratégie adoptée par la nouvelle direction, qui visait à maintenir la mobilisation des membres, a bien fonctionné.
Dans son éditorial de l’édition de septembre 2011 du magazine Le Spécialiste, Dr Barrette avertit ses membres que « la prochaine distribution sera celle qui aura le maximum d’impact quant aux écarts de rémunération. Et qui dit diminution des écarts dit distribution asymétrique. Grande distribution veut possiblement dire grande asymétrie. […] Vous comprendrez qu’après la liesse entourant la conclu sion de cette entente s’ensuivra une période plus laborieuse de débats internes dont nous devons sortir encore plus forts et plus déterminés que jamais en vue de la prochaine ronde de négociations qui débutera... fin 2014 !!! » Le renouvellement de l’Accord cadre pour la période se terminant le 31 mars 2015 annonce donc des jours tumultueux au sein de la Fédération.
Après avoir rencontré toutes les associations médicales affiliées, le 16 février 2012 se tient une Assemblée spéciale des délégués que Dr Barrette qualifie « d’historique » en raison du fait qu’elle termine un cycle de dix ans où la direction de la Fédération avait reçu de ses membres deux grands mandats : obtenir la parité et diminuer les écarts de revenus entre les spécialités. À son avis, les deux objectifs ont été atteints. L’offre de distribu tion proposée lors de cette assemblée spéciale est acceptée à majorité.
Le Pr Sident En Lection
Après plusieurs années à la tête de la FMSQ, Dr Barrette se laisse tenter par la politique et décide de briguer les suffrages au sein du parti Coalition Avenir Québec, dirigé par François Legault. En congé sans solde, c’est la vice pré sidente, Dre Diane Francœur, qui le remplace à la présidence. Défait dans la circonscription de Terrebonne, Dr Barrette reprend ses fonctions avec l’aval des instances fédératives.
La FMSQ doit à nouveau intervenir pour contrer les initiatives conservatrices concernant la personnalité juridique du fœtus. Depuis 1987, les députés conservateurs d’arrière ban multiplient les tentatives pour rouvrir le débat sur l’avor tement en s’efforçant d’obtenir un amendement du Code criminel qui octroierait une personnalité juridique au fœtus, notion absente de ce code à ce jour. En 2012, la motion M 312 va dans ce sens et la Fédération lance un appel au premier ministre Harper afin que cessent les offensives conservatrices en la matière.
En avril 2012, la FMSQ met sur pied la Fondation de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FFMSQ), dans le but de soutenir les initia tives de répit pour les proches aidants. La FMSQ versera à sa fondation une contribution annuelle d’un million de dollars.
DR BARRETTE ENCORE RECONDUIT, MAIS… Puisque les délégués ont modifié les règlements internes afin de lui permettre de briguer un 4e mandat, Gaétan Barrette est réélu le 21 mars 2013.
Après trois années d’existence, le Programme québécois de procréation assistée fait l’objet d’un bilan et la Fédération dépose un mémoire au Commissaire à la santé et au bien être. Déjà, au jour même de l’annonce du programme, le 13 juillet 2010, la Fédération des médecins spécialistes du Québec, l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec et l’Association des pédiatres du Québec, ont conjointement et publiquement fait état de leurs préoccupations à l’égard de ce programme voté unanimement à l’Assemblée nationale. « Jamais un programme de santé publique de cet ordre n’aura été mis en place d’une façon aussi rapide et bousculante pour l’organisation du réseau de la santé du Québec », avait alors indiqué le président Barrette. La Fédération prône le maintien du programme public, mais uniquement sur la base du médicalement requis et en y apposant des balises et un guichet unique d’accès selon des critères balisés.
On recommande aussi que les tarifs soient à nouveau évalués par le biais d’un audit indépen dant et que les établissements publics doivent être les premiers dispensateurs du programme. La FMSQ insiste aussi sur la nécessité d’un registre dans lequel seront consignées, dès la première consultation, toutes les données indivi duelles relatives au programme avec un protocole de triage. Le programme public sera aboli en novembre 2015.
Février 2014, la FMSQ demande au ministre de la Santé et des Services sociaux de surseoir à l’exécution de son plan d’optimisation des laboratoires de biologie médicale du Québec (OPTILAB) tel qu’il est actuellement engagé.
La Fédération est favorable au projet, mais pas n’importe comment et surtout pas au risque de la sécurité des patients. OPTILAB exige la mise en place d’équipements, de services et de systèmes informationnels préalablement à toute réorganisation des laboratoires concernés. La faisabilité du transport sécuritaire des prélèvements et le déploiement des systèmes d’information requis pour la transmission des résultats doivent être démontrés, installés, testés et fonctionnels, et ce, à la grandeur du Québec. Seul un engagement formel et public du ministre Réjean Hébert d’implanter ce plan de la bonne façon peut permettre de garantir à la population sécurité et performance. Ce ne sera pas fait.
Fin Pr Matur E
Nouveau déclenchement d’élections en mars 2014. Dr Barrette décide à nouveau de se porter candidat, mais cette fois, au sein du Parti libéral du Québec. Le 3 mars, il démissionne de la prési dence de la FMSQ. Cette deuxième tentative est la bonne ; il est élu et retrouve Philippe Couillard à la tête d’un gouvernement majoritaire. Gaétan Barrette est nommé ministre de la Santé et des Services sociaux.
En quittant la Fédération, l’ex président Barrette touche une indemnité de fin d’emploi, situation qui le poursuivra à partir du moment où l’information est rendue publique dans les médias. Compte tenu de la situation aussi unique qu’improbable, les instances s’interrogent sur le devoir de réserve qui devrait s’imposer au président lorsqu’il quitte son poste à la Fédération.
Juin 2006. Fébrilité de fin de session à Québec. La Loi 37 tombe. Précipitée et bête. Fourre‑tout qui règle le cas des négociations avec les fédérations médicales tout autant que la réglementation des motoneiges et le financement du parc du Mont‑Orford. Un rhumatologue discret et plutôt réservé en état de dormance syndicale depuis 15 ans (ex‑membre du conseil d’administration de la défunte Association des internistes, rhumatologues et gériatres du Québec) fulmine. Le ministère et des grands argentiers de l’État misent sur la venue toute prochaine de l’été et son effet anesthésiant pour nous passer un méga‑sapin ! C’était mal nous connaître. Il nous faut réagir, et promptement. De juin à octobre 2006, je n’ai eu de cesse d’interpeller mes collègues, de distribuer des tracts, d’ameuter la gent journalistique (entretiens téléphoniques avec Lysiane Gagnon, mémorable tour de Sacré‑Cœur, mon hôpital, avec Katia Gagnon), d’établir mes premiers contacts avec les communications à la FMSQ. Puis vint l’automne et ses assemblées syndicales galvanisantes. Non, l’été n’aura pas eu l’effet amnésiant escompté. Solidaires, nous affrontâmes la partie adverse. Le reste est de l’histoire. Novembre 2006 : nouveau CA où j’espérais m’immiscer. Mais la réalité syndicale voulait que j’attende quatre mois pour me faire élire. « So be it », disait le grand boss d’alors. Ce fut fait.
L’extraordinaire cohésion de notre mouvement d’une saison (je frissonne à l’évocation de la fameuse assemblée générale du 21 décembre) aura bel et bien transcendé les barrières appréhendées de générations et de sexes. Jeunes et moins jeunes, docteures et docteurs, tous nous montâmes au front, et ce, c’est tout à notre honneur, sans la moindre interruption de services. La Fédération n’allait jamais plus être la même. Elle devenait, dès lors, un acteur incontournable du système de santé québécois.
Après avoir siégé six ans au camp Barrette, le rhumatologue discret et réservé que j’étais allait devenir un militant aguerri, convaincu et plutôt satisfait. Longue vie à notre Fédération !