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LA PRÉSIDENCE DE Dr YVES DUGRÉ
Succédant au Dr Gauthier, Dr Yves Dugré, un ORL pratiquant à Trois‑Rivières, possède une longue expérience des luttes syndicales. Il veut non seulement poursuivre les dossiers amorcés par son prédécesseur, mais aussi en accélérer la résolution.
Parmi ceux‑ci, la diminution de l’écart de rémunération avec les médecins spécialistes canadiens est LA priorité. Dr Dugré privilégie des relations empreintes de coopération avec le gouvernement, qui y souscrit, lui aussi. La FMSQ entend accroître son implication dans divers dossiers cruciaux pour la santé des Québécois. La stratégie de communication et de relations publiques contribue à transformer le rôle et l’image de la Fédération, qui entend demeurer un intervenant majeur dans l’organisation des soins de santé.
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C’est ainsi qu’en 2002, la négociation pour le renouvellement de l’entente qui lie les spécia listes au gouvernement fait place à une plateforme assez large qui dépasse la simple question de la majoration de la rémunération. Elle s’oriente, en effet, vers une négociation globale, une charte de la médecine spécialisée en quelque sorte, qui inclut l’accessibilité aux soins, les effectifs médicaux, la valorisation de l’expertise ainsi que l’organisation régionale et sous régionale. C’est à ce moment que la Fédération adopte sa nouvelle signature qui veut refléter sa vision des soins de santé au Québec : L’accessibilité aujourd’hui… pour la vie!
Le comité stratégique prépare le terrain afin d’entreprendre les négociations avec le nouveau ministre de la Santé, François Legault. Les grandes lignes des pourparlers se résument à obtenir une meilleure gestion et une réparti tion des effectifs plus adéquate, à rehausser les conditions de pratique hospitalière, à supporter la pratique universitaire, à favoriser la création d’un réseau intégré de soins spécialisés, à revalo riser la rémunération des médecins spécialistes, à reconnaître l’expertise et les responsabilités des médecins, à favoriser la qualité des soins et à faciliter l’insertion des nouveaux certifiés. Une multitude de points que reçoit favorablement le ministère.
Mais voilà qu’en juin 2002, un événement conjoncturel met à mal la volonté d’entente et la fragile « paix sociale » qui existe dans le milieu de la santé québécois. La mort d’un patient, alors que la salle d’urgence du Centre hospitalier du Centre‑de‑la‑Mauricie à Shawinigan est fermée en raison d’un manque de médecins, place le ministère dans l’embarras. Le ministre Legault fait alors adopter une loi spéciale qui confie au Département régional de médecine générale la responsabilité de dresser la liste des médecins qui devront être disponibles pour pratiquer en salle d’urgence, lesquels sont passibles, en cas de refus, de sanctions monétaires. Ceci soulève une vive opposition à la FMSQ.
Elle reproche au ministre d’avoir fait adopter cette loi dans la précipitation alors que les médecins proposaient, eux‑mêmes, des solutions et regrette que le gouvernement ait choisi de briser le lien de confiance avec le corps médical. Ensemble, la FMSQ et la FMOQ décident de contester cette loi devant les tribunaux. Le ministre Legault durcit le ton et annonce de nouvelles modifica tions législatives visant à modifier l’encadrement et la répartition des médecins. Ce projet, qui porte encore atteinte à l’autonomie de la profes sion, réanime de vieux démons. À l’initiative notamment de la FMSQ, le Regroupement des fédérations médicales du Québec est réactivé. Tout en dénonçant à nouveau la bureaucratisa tion de la médecine et les atteintes aux droits des médecins, le Regroupement s’efforce de contrer les attaques qui font des médecins les principaux responsables des problèmes affectant le réseau de la santé.
Après une série de rencontres stériles, la FMSQ décide de lancer une vaste campagne publicitaire. Un mois plus tard, le ministre réplique et dépose le projet de loi no 142, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux concer nant les activités médicales, la répartition et l’engagement des médecins, provoquant aussitôt une forte mobilisation des médecins spécia listes. Une journée d’étude intitulée Opération Grande Inquiétude I, la première organisée par la FMSQ depuis plus de onze ans, rassemble plus de 3 000 médecins spécialistes qui manifestent leur mécontentement reprenant l’argument d’un exode possible.
Ce projet, qui porte encore atteinte à l’autonomie de la profession, réanime de vieux démons. À l’initiative notamment de la FMSQ, le Regroupement des fédérations médicales du Québec est réactivé.
Puis, le 2 décembre, est lancée l’Opération Grande Inquiétude II, qui réunit les membres de la FMSQ à Montréal, à Québec et dans trois villes en région. Ces réunions, malgré le militan tisme qui les entoure, se veulent tout de même constructives et permettent de dégager certaines « solutions » aux problèmes des fermetures de lits qui entraînent des durées d’hospitalisation écourtée ou des corridors d’urgence en guise de clinique. Les négociations sont rompues à partir du 9 décembre.
Une autre journée d’étude est décrétée le 16 janvier 2003. Six jours plus tard, les discus sions reprennent. Outre la difficulté à s’entendre sur la répartition des effectifs médicaux, les reven dications de la FMSQ sur la parité de rémuné ration avec les confrères canadiens compliquent les pourparlers. Afin d’accroître à nouveau la pression, d’autres journées d’étude sont mises à l’agenda dans différents hôpitaux du Québec. Face à une telle détermination, le ministre se fait plus conciliant et bonifie les offres. La négocia tion donne des résultats, et un terrain d’entente est trouvé.
Le 7 février 2003, le conseil d’administration de la Fédération ratifie une entente de principe avec le ministère, la Lettre d’entente no 143, qui prévoit la création d’un comité paritaire sur les conditions de pratique, l’abolition de la rémuné ration progressive et la bonification de la rémuné ration en régions éloignées, la participation des spécialistes à la répartition des effectifs médicaux ainsi que la mise en place d’un comité d’étude sur la parité. Et, en témoignage de sa bonne foi quant au mouvement vers cette parité, le ministre désigne Diane Marleau en tant que médiatrice : son mandat est d’évaluer l’écart de rémunération existant entre les médecins spécialistes québécois et leurs collègues du reste du Canada. D’emblée, le ministre accorde un redressement de 7 % de la rémunération des spécialistes.
Cette entente avec le ministre Legault réchauffe quelque peu les relations de la Fédération avec le gouvernement. Mais encore faut‑il s’entendre sur l’ordre de grandeur du rattrapage tarifaire ! Le gouvernement l’estime à 10 %, alors que les médecins spécialistes, eux, le chiffrent à 44 %. Or, la médiatrice évalue l’écart entre 24 et 33 %. Au printemps 2003, le ministre Legault signe une lettre d’entente avec la Fédération où il s’engage à effectuer un rattrapage de rémunéra tion, et ce, à partir de 2004. C’est un pas dans la bonne direction, mais l’élection du Parti libéral du Québec, qui ne se sent pas du tout lié par l’en gagement du gouvernement précédent, modifiera la situation. Pendant ce temps, la FMSQ décide de renforcer l’une de ses missions fondamentales et ainsi d’accroître ses efforts pour conserver la qualité de la pratique spécialisée au Québec.
Que de belles années à la FMSQ !
Un de mes plus gros défis comme vice‑présidente de la FMSQ fut l’organisation de la grande mobilisation des médecins spécialistes en 2002, L’Opération Grande Inquiétude, avec la complicité du Dr Michel Lallier, qui venait d’être élu au conseil d’administration.
Ce sont les affronts constants de François Legault, ministre de la Santé, envers les médecins, qui ont été le facteur déclencheur de notre grande colère.
Nous avons réussi à réunir au Stade olympique la majorité des médecins spécialistes venus de tous les coins du Québec. Le dernier grand rassemblement remontait à 1970, sous la présidence de Dr Raymond Robillard, premier président de la FMSQ. Ils avaient dû abruptement terminer leurs moyens de pression à cause des événements du FLQ. Ce deuxième regroupement imposant de l’histoire de la FMSQ a mené à une rencontre importante avec le représentant du Conseil du trésor, en février 2003. J’ai fait équipe avec Me Sylvain Bellavance lors de cette négociation portant, entre autres, sur la parité canadienne. Je ne peux certainement pas dévoiler les secrets de cette rencontre, mais je me permettrai une anecdote.
Le rendez‑vous était fixé à 21 heures, au 30e étage du Complexe Desjardins. Comme on s’attendait à une longue nuit, Me Bellavance et moi avions décidé de nous mettre en forme. Nous sommes donc allés faire de l’exercice dans l’après‑midi et prendre l’air frais. Le soir venu, nous étions prêts et d’attaque. Vers minuit, nous commencions tous à geler, car, ô surprise, le Complexe Desjardins coupait le chauffage vers 22 heures.
Malheureusement, ce n’est qu’un fond de bouteille de cognac que nous avons trouvé pour nous réchauffer. Nous l’avons évidemment partagé avec les représentants du gouvernement.
Me Bellavance et moi avons été très productifs et, au petit matin, vers 9 heures, nous rencontrions le ministre Legault, accompagnés du Dr Dugré et des membres du conseil d’administration, pour signer cette entente historique, dont le gros dossier portait sur la parité canadienne.
Que de bons souvenirs !
Dre Francine Mathieu‑Millaire, ophtalmologiste
Membre CA 1997‑2003
50 ans, c’est aussi mon âge !
Avant de joindre le conseil d’administration de la FMSQ, j’ai surtout affronté certains de ses dirigeants en tant que président de la Fédération médicale étudiante du Québec, en opposition à la Loi 120 du ministre Marc‑Yvan Côté et, ensuite, en tant que président de la FMRQ, en opposition à la rémunération différenciée à la baisse. Deux grandes batailles qui ont finalement trouvé des solutions valables par l’union des forces....
Malgré ce rôle d’adversaire, j’ai été bien accueilli au conseil de la FMSQ quelques années plus tard. J’ai même eu droit à l’accolade de ceux qui me faisaient face quelques années plus tôt !
Dr Denis Soulières, hémato‑oncologue
Membre CA 2003‑2005
Souvenirs d’élu
Collègues spécialistes, j’ai eu le plaisir et le privilège de faire partie de votre conseil d’administration de 2001 à 2007 comme représentant des régions éloignées. Ce fut une époque très active, avec les négociations sur la parité, deux « stades olympiques », les conditions de pratique et en région, avec quelques tournées pour se rapprocher de la « base », les plans d’effectifs médicaux (PEM) et, bien sûr, le dossier de la répartition, sur lequel j’ai planché surtout dans les 18 derniers mois avec les docteurs Morazain et Montreuil, pour terminer avec le docteur Barrette (réforme du revenu moyen ajusté – ou RMA ‑ avec, entre autres, les jours travaillés, etc.)
Je retiens donc, de cette époque, une expérience enrichissante, un travail accompli dans la collégialité, et l’implication constante de nos élus au conseil d’administration, des directeurs et des indispensables adjointes si dévouées. Nous sommes tous les bénéficiaires de la vision et des efforts de cette équipe de 2001 à 2007, avec son dénouement, même étalé…
Enfin, comment ne pas garder un excellent souvenir de notre président dédié du temps, et ami au cours de cette période, Dr Yves Dugré ?
Vive une FMSQ solide pour le bien de ses membres et des patients !
Dr Pierre Laberge, microbiologiste infectiologue Membre CA 2001‑2007
Le lendemain d’une première élection au conseil d’administration (CA) de la FMSQ comportait ses surprises. Élu la veille, j’assistais à ma première réunion du CA, et l’ordre du jour était chargé. Un des sujets concernait la répartition des tâches et, entre autres, l’assignation aux comités. Oh ! Mais quelle surprise ! Le nombre de comités est imposant, le nom des différents comités est parfois explicite, parfois pas, et, bien entendu, je veux apporter ma contribution.
À tour de rôle le président, Dr Yves Dugré, nomme ces comités et demande à l’ensemble des membres du conseil qui veut y être assigné. Arrive le tour du « Comité tarifaire FMSQ‑MSSS ». Dr Dugré me dit : « Maurice, ce serait bien pour toi, tu es de Québec et tu pourrais participer en visioconférence sans te déplacer. » J’acceptai sa suggestion et les réunions ne tardèrent pas. C’est à ce comité que l’on traitait, entre autres, de la conformité des demandes de rémunération mixte. Sauf de très rares exceptions, j’assistais à la réunion en salle de visioconférence au MSSS, à Québec, et « à l’autre bout de la 20 », notre directeur des Affaires professionnelles, Dr Serge Lenis, et son adjointe étaient en salle de visioconférence à la Fédération. La réunion de juin 2010 fut l’une de ces exceptions, car, ce soir‑là, je partais de Montréal pour un congrès au Caire. En pleine réunion à 14 h 04, un 23 juin, nos interlocuteurs de Québec nous informèrent que nous vivions un tremblement de terre, à notre grand étonnement, car nous ne le ressentions pas ; les mouvements de la caméra accrochée au mur étaient amplifiés comme dans un sismographe. Éventuellement, les oscillations terrestres devinrent plus manifestes (magnitude 5,0)… de même que le système d’alarme du Complexe Desjardins !
Fmsq
Un R Pit Avant Un Nouvel Affrontement
Dans le sillage de la parité de la rémunéra tion avec les médecins spécialistes du reste du Canada négociée par la Fédération, il y a aussi la FMRQ qui, de son côté, revendique une hausse de rémunération pour les médecins résidents. La FMSQ fait preuve de solidarité et demande à ce que ses membres appuient les médecins résidents lors de leurs journées d’étude.
sein ayant subi des délais dans l’amorce de leur traitement de radiothérapie, un recours collectif contre le gouvernement du Québec.
Cette cause révèle des lacunes dans la planifi cation et l’accessibilité aux soins spécialisés, lacunes dénoncées depuis des décennies par la FMSQ et ses associations affiliées. La situation ravive le débat sur une plus grande ouverture du système de santé vers la pratique privée par la création de cliniques privées désaffiliées de la RAMQ. Parallèlement, l’affaire Chaoulli, fortement médiatisée, suit son cours depuis 1996 ; son dénouement pourrait modifier le cadre juridique de la pratique médicale.
En attendant d’arriver à un accord sur la parité, la Fédération doit naviguer à travers différents dossiers politiques qui secouent le secteur de la santé. Certains sont délicats, car ils mettent en cause une meilleure accessibilité des citoyens aux médicaments. La Fédération n’est pas opposée au principe de ce nouvel accès universel, qui n’avait pas été inclus lors de l’instauration du régime d’assurance maladie, mais elle ne prise guère cette nouvelle incursion de l’État et craint que la liberté de prescription du médecin ne soit remise en question.
Du côté des négociations, la FMSQ poursuit ses activités syndicales et s’attaque au litigieux dossier de la parité canadienne. La FMSQ rend public, en novembre 2004, le rapport final du Comité sur la parité tarifaire. Or, ce rapport, qui estime entre 26 % et 38 % l’écart de rémunération qui doit être comblé par le Québec, vient conforter les revendications des spécialistes. La FMSQ dispose donc d’une solide base de négociation. Dr Dugré ne ménagera aucun effort pour réparer ce qu’il considère non seulement comme étant une grave injustice, mais comme un affront à la médecine spécialisée pratiquée au Québec. Est‑elle moins performante que dans les autres provinces ? Les médecins spécialistes du Québec sont‑ils à ce point moins qualifiés que leurs collègues du reste du Canada ?

Puis, la nomination, en 2004, du neurochirurgien
Philippe Couillard à la tête du MSSS laisse espérer une oreille plus attentive aux revendications des médecins spécialistes. Il y a longtemps qu’un médecin n’avait dirigé ce ministère. Or, au même moment est intenté, par les victimes du cancer du
Les données publiées par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) montrent que le Québec, durant la période de 1996 et 2001, a enregistré une perte nette d’effectifs de 738 médecins. En ce qui concerne l’organisation des soins, le président Dugré élargit le débat en soulignant que la parité permettrait d’assurer une meilleure répartition du travail, de diminuer la pression de la rémunération à l’acte et de faire en sorte que les spécialistes se consacrent réelle ment aux soins de 2e, 3e et 4e lignes.
Cependant, le gouvernement Charest n’entend pas faire de cadeau aux médecins spécialistes et se montre intransigeant en ce qui concerne le rattrapage de rémunération. Le ministre de la
Santé et le président du Conseil du trésor refusent d’aborder la question et limitent les négociations au renouvellement de l’entente. La première offre du ministère, déposée en 2006, est jugée inaccep table par la Fédération, et il apparaît évident que le gouvernement n’a pas l’intention de respecter l’entente conclue en 2003.
Le 31 mai 2006, plus de 2 300 spécia listes sont réunis au Stade olympique pour l’Opération : FINI LE MÉPRIS! Ils réclament toujours la nomination d’un médiateur dans ce dossier, tel que prévu par la lettre d’entente signée par le ministre Legault. Non seulement le gouvernement refuse‑t‑il de respecter l’engagement du gouvernement précédent, mais le ministre Couillard charge ses fonction naires de compter le nombre d’interven tions ou de rendez‑vous reportés lors de cette journée d’étude.

La Fédération intente un recours juridique et demande au tribunal d’arbitrage de procéder à la nomination d’un médiateur. Mais le gouvernement réagit rapidement et plus durement que prévu. Le 13 juin 2006, il dépose une loi spéciale, la Loi 37, qui limite l’augmenta tion de la rémunération des médecins spécialistes à 2 % par année, qui fixe par décret les condi tions de pratique des médecins spécialistes et qui réduit l’éventail des moyens de mobilisation. Cette véritable « loi matraque » coupe les ponts entre le ministre et la Fédération.
Rarement, dans l’histoire de la Fédération, une loi a‑t‑elle provoqué une aussi grande vague d’indignation. La FMSQ intentera deux recours juridiques contre le gouvernement, l’un en Cour supérieure pour faire déclarer l’inconstitutionna lité de la Loi 37, et l’autre devant le Conseil d’ar bitrage, pour obliger le gouvernement à respecter la Lettre d’entente no 146, signée en 2003.
Dr Dugré est contraint de suspendre ses activités au début d’octobre pour des raisons de santé. La relève est assurée par le vice‑président, Dr Louis Morazain. Le 12 octobre, la FMSQ demande à ses membres de respecter la loi spéciale. Elle recom mande de cesser d’accomplir des activités que le gouvernement fait défaut de payer depuis de nombreuses années (actes médico‑administratifs, enseignement, chefs de départements, participa tion à toutes sortes de comités régionaux, etc.)
FMSQ
La Fédération lance une grande campagne publicitaire de dénonciation qui poursuit deux objectifs : mobiliser les médecins spécialistes et surtout la population face aux aberrations du système de santé et en faire la dénonciation sur la place publique.
Dr Dugré démissionne le 13 novembre 2006 pour des raisons de santé. Le lendemain, les obstétri ciens gynécologues, mécontents de l’augmenta tion – plus de 33 % – de leurs primes d’assurance responsabilité qui sont déjà les plus élevées des spécialités médicales, dénoncent l’absence d’entente de remboursement par le gouverne ment et annoncent qu’ils refusent de renouveler leur assurance pour l’année 2007. Ceci implique la suspension des accouchements à compter du 1er janvier 2007 ; une telle décision fait la « une » de tous les médias.
La FMSQ convoque une rencontre avec ses membres : les 6 et 7 novembre, ils seront plus de 1 000 à Montréal et plus de 500 à Québec. Quant au ministre Couillard, il espère que le départ de Dr Dugré entraînera « une améliora tion des relations entre le gouvernement et la FMSQ ». Le ministre juge fort mal la situation. En effet, plusieurs délégués estiment que l’occa sion est propice pour ajouter de la pression sur le gouvernement.
Mon premier souvenir date du rassemblement au Centre Paul‑Sauvé à l’automne 1970 ! Je crois bien que c’était le premier rassemblement de cette importance.
Une foule militante et, je crois, une première sortie en force de la jeune Fédération avec, à sa tête, Dr Raymond Robillard, que j’avais eu la chance d’avoir comme professeur à l’Hôpital Maisonneuve‑Rosemont. J’avais commencé ma carrière de pathologiste en août 1970, et déjà il était question de grève ! Évidemment, les événements que vous connaissez ont joué les trouble‑fêtes, mais, dès ce moment‑là, j’avais la piqûre et l’espoir de pouvoir un jour contribuer à quelque chose. Comme c’est souvent le cas, les activités administratives hospitalières et associatives ont précédé l’implication fédérative. De membre de la Commission des finances à la trésorerie, il n’y avait qu’un pas, et j’ai occupé ce poste pendant deux mandats, de 2001 à 2005.
C’est à la fin du premier mandat que s’est produit un incident qui me fait encore sourire. Les négociations étaient difficiles et houleuses. Une réunion spéciale des délégués avait été organisée pour faire le point et pour voter une cotisation spéciale afin de supporter la campagne médiatique. J’avais préparé une demande de 500 $, mais, sans aucune hésitation, l’Assemblée en a voté le double, soit 1 000 $ par membre. Certes, c’était un signal de la motivation de la salle, qui a voulu envoyer un message clair aux négociateurs, mais, du point de vue des associations, disons, moins riches, cela avait de quoi surprendre. Rassurez‑vous, l’excédent a été retourné aux membres l’année suivante par l’entremise d’une réduction de cotisation.
Sept présidents ont fait l’histoire de la FMSQ, assistés des membres des différents conseils d’administration. Ils ont laissé leur marque : leur contribution est imposante et la médecine spécialisée leur doit beaucoup.