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On se méfie du piège des jeux numériques
règle n°3 On se méfie du piège des jeux numériques
De quoi s’agit-il ?
La « ludification », parfois appelée « gamification », est l’utilisation des mécanismes initialement réservés à la sphère du jeu pour de nombreux autres domaines. En soi, cette idée n’est pas forcément mauvaise ou dangereuse, comme les écrans en général. Il n’est pas question de la diaboliser mais d’apprendre à l’utiliser en conscience !
Concrètement, la ludification repose sur le fait que nous aimons tous jouer,
petits ou grands. Si l’on nous présente une tâche, même peu attirante (comme le sport pour certains, le ménage pour d’autres…) sous forme de jeu, ou en réutilisant les codes du jeu (avec la possibilité de gagner des points, par exemple), alors nous sommes plus disposés à nous laisser tenter !
Cette ludification du quotidien habitue chacun à se nourrir d’un système de
« récompenses » pour donner toujours envie de continuer : on appelle cela la motivation extrinsèque (qui vient de l’extérieur). Mais si ce type de « jeu » peut être utile pour rester en forme (se dépasser à la course en améliorant ses temps ou en se lançant à soi-même des défis sur son smartphone, par exemple), il ne faut jamais oublier que l’intérêt premier des créateurs de telles applications ou logiciels, c’est que… vous y jouiez toujours plus ! Cela peut être pour gagner de l’argent ou récupérer des données personnelles (qu’ils revendent ensuite). Il faut en effet parfois payer pour débloquer des niveaux, obtenir des bonus, des « bons points »… ce qui peut créer des situations de frustration ou de conflits en famille.
L’utilisation « cachée » des mécanismes du jeu pour stimuler l’envie et la moti
vation participe à rendre « accro » aux jeux numériques. Les enfants en particulier sont extrêmement sensibles à ces mécanismes, car ils ne réussissent pas aussi bien que les adultes à gérer leurs émotions et réguler leur consommation d’écrans. Si la notion même d’addiction aux écrans est encore source de débats et de désaccords parmi les experts, une chose est certaine : les créateurs des jeux veulent que vous y jouiez le plus souvent et le plus possible, et ce n’est pas dans votre intérêt !
6 points de vigilance pour bien jouer sur écran
1. Quand vous téléchargez un jeu, faites la différence entre les jeux « gratuits » et les « freemium » : gratuits… jusqu’à un certain niveau ! Il faut alors payer pour continuer de jouer.
2. Prenez garde aux publicités qui peuvent interrompre les jeux : elles ne sont pas toujours bien adaptées à l’âge des personnes utilisant le jeu ! (Voir aussi règle n° 12, p. 60.)
3. Verrouillez vos appareils afin que votre enfant ne puisse pas acheter « pour de vrai » des niveaux ou applications depuis l’appareil qu’il utilise : ne laissez pas vos comptes (App Store, par exemple), ouverts en continu.
4. Demandez qu’un message vous soit envoyé lorsqu’un utilisateur mineur sou
haite ajouter une application, même gratuite, sur un appareil. Vous pourrez ainsi vérifier qu’il ne s’agit pas d’un jeu uniquement créé dans le but de vous faire acheter des éléments en plus, ou de vous inonder de publicités.
5. Privilégiez les jeux qui ne nécessitent pas un accès Internet pour fonction
ner. Vous pourrez ainsi mettre l’appareil en « mode avion », évitant tout risque d’achat ou de visionnage de pages non adaptées à l’enfant. Bonus : le jeu fonctionnera donc aussi dans la voiture, le train ou l’avion !
6. Ne participez pas non plus à ce système d’addiction en vous servant des
écrans comme d’une récompense : « Si tu es sage, tu pourras jouer… » ou « Si tu continues, tu seras privé de télé… ». Ces punitions ou contraintes s’appuient sur les mêmes ressorts de motivation externe.
Attention, tous les jeux ne sont pas à mettre dans le même panier !
Il existe de nombreux jeux dits « éducatifs » ou « stratégiques » de très bonne qualité. De nombreux orthophonistes utilisent notamment (avec parcimonie) des jeux sur tablette lors de leurs séances pour que l’effort paraisse plus ludique aux petits.