Construction & Bâtiment n°2/2024. Extrait

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CONS TRUCTION & BÂTI MENT

PROJETS ET CHANTIERS

DES PROFESSIONNELS DU BÂTIMENT

L’architecture sacrée en trois édifices contemporains

Architecte, une profession en pleine mutation

Un nouveau quartier à Bussigny

Dossier bois, défis, enjeux, projets

UNE ÉDITION ESPACESCONTEMPORAINS.CH CHF 8.–
CONSTRUCTION & BÂTIMENT N°2 / AVRIL –MAI 2024

Après trois années au sein de la rédaction, une dizaine de dossiers thématiques et une quarantaine d’analyses critiques de projets, le constat d’un secteur de la construction en pleine métamorphose m’apparaît comme une évidence. La société s’oriente vers un engagement accru pour une vie à la fois plus saine et plus équitable ; les enjeux écologiques se retrouvent au cœur de toutes les préoccupations ; les normes et les besoins évoluent ; la raréfaction du terrain questionne l’essence même de la construction et pousse à se tourner vers la transformation. Tout cela entraîne des changements de fond dans la pratique de l’architecture.

Ce numéro propose un grand dossier visant à observer ces mutations et à comprendre les nouvelles valeurs et aspirations des architectes. Il établit plusieurs constats. D’abord, celui d’une jeune génération qui adopte une attitude très engagée au profit d’une durabilité au sens global du terme. Une génération qui n’hésite pas non plus à questionner les habitudes et figures traditionnelles de l’architecte, notamment celle de l’architecte démiurge face à son œuvre. Ensuite, celui d’un métier dont les charges normatives deviennent toujours plus lourdes. Enfin, celui de l’émergence de nouvelles formes d’exercice. Aspirant à autre chose, les architectes cherchent, tâtonnent, inventent, innovent afin de conjuguer les contraintes actuelles et leur nouvel état d’esprit.

Ce dossier porte donc un regard sur la profession qui se trouve, vraisemblablement, à l’aube d’une nouvelle ère, celle d’une architecture plus consciente, plus ancrée, plus sociale aussi. Alors, qu’est-ce qu’un architecte aujourd’hui ? Comment pratiquer pour continuer à faire sens dans la société actuelle et, surtout, pour celle à venir ?

4 CONSTRUCTION & BÂTIMENT ÉDITO

PROJETS

102 Un nouveau quartier à côté de la gare de Bussigny

114 L’agrandissement de l’EMS

Les Tilleuls à Monthey

120 Une nouvelle résidence à Sion

124 Reconfiguration de la place de la Gare 4-6 à Chêne-Bourg

132 Transformation du Confédération Centre à Genève

140 Rénovation de deux bâtiments du site industriel AgriCo à Saint-Aubin

148 Peau neuve pour la Cité Bleue à Genève

ENTREPRISES

156 Solarwall, le photovoltaïque intégré

157 Zoom sur les entreprises locales

160 Valoriser les matériaux avec Goutte Récupération

161 Flumroc, laine de pierre

AGENDA

162 Expos, salons et congrès

6 CONSTRUCTION & BÂTIMENT SOMMAIRE 4 Édito ACTUALITÉS 10 Les news de l’architecture et de la construction INTERVIEW 14 David Valterio, une année à la tête de la FFE REPORTAGE 16 Face au Rhône, une construction en pierre massive 24 Trois architectures sacrées TECHNIQUES DU BÂTIMENT 38 Fenêtres et façades tout en transparence 54 Des innovations dans la construction en bois 68 Une maison alpine en lisière de forêt 72 Malley Phare, la première tour en bois de Suisse romande DOSSIER 82 L’architecte dans tous ses états
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CONSTRUCTION & BÂTIMENT

LE RENOUVEAU DE LA PIERRE

Avec ce nouveau bâtiment, la pierre massive poursuit son retour dans l’architecture contemporaine. Un choix pionnier en Suisse qui s’inscrit dans une volonté de démocratisation de la pierre et dans une conception rationnelle de la construction.

texte : Salomé Houllier Binder
© 11h45

Situé sur un site exceptionnel, face au Rhône, dans un ancien quartier industriel de Genève, l’immeuble au n°1 rue de la Coulouvrenière se développe sur une parcelle propriété du canton et cédée à la Fondation Nicolas Bogueret. Il rassemble un atelier protégé au rez-de-chaussée ainsi que des logements sociaux (appartements et appartements partagés) dans les trois étages.

Avec des contraintes économiques et parcellaires importantes, le projet oscille entre une intégration fine dans le site et son contexte, une optimisation des surfaces et l’usage de matériaux durables. Au premier abord, le projet se distingue par sa construction en pierre massive porteuse. Mais il évoque aussi une rationalisation de l’espace et des structures au service d’un programme spécifique et d’une esthétique singulière.

OPTIMISATION DU PLAN

Pour des raisons économiques, le projet optimise l’espace disponible au maximum en proposant un volume très compact dont la géométrie toute en longueur correspond aux limites de surface constructible. Par conséquent, le plan fait preuve d’une

grande efficacité, notamment avec son système de circulation, concentré sur la façade sud. Le noyau de distribution verticale est positionné au centre du bâtiment et en façade afin de bénéficier de lumière naturelle. De là, la distribution horizontale se fait par un système de coursives au statut hybride. Mi dégagement extérieur qui donne sur la cuisine, mi espace de distribution, deux loggias par étage desservent les logements (deux appartements individuels côté ouest et un appartement partagé côté est). La gestion de la privacité et de la publicité de ces espaces est très simplement réglée par l’ajout d’une porte d’accès depuis la cage d’escalier qui crée une distinction forte entre l’espace commun et l’espace semi-privé de la coursive.

À l’intérieur des appartements, une typologie en baïonnette génère une succession de seuils et d’espaces, orientant délicatement le plan vers le Rhône au nord, où de larges ouvertures prolongent l’espace intérieur dans le grand paysage.

Ces solutions permettent d’optimiser les espaces de distribution et donc d’offrir des typologies malgré tout généreuses. De plus, les logements sont libres de tout élément porteur, facilitant leur caractère modulable et appropriable.

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© 11h45
10 m 2 4 0 10 m 2 4 0 19 REPORTAGE CONSTRUCTION & BÂTIMENT

Les édifices religieux jouent un rôle prépondérant dans le patrimoine historique et bâti de nos villes. Aujourd’hui, nombre de ces bâtiments nécessitent une rénovation de l’existant qui tient compte des besoins actuels. De nouveaux modèles émergent. L’édifice religieux n’est plus uniquement dévoué au culte mais se met aussi au service de la communauté, assurant alors de nouvelles fonctions. Les plans s’ouvrent pour intégrer des zones de travail mais aussi de rassemblement, invitant à une forme plus libre de spiritualité. Rendre visible ces lieux de culte sans pour autant les rendre ostentatoires constitue un défi de taille pour un programme où la symbolique occupe une place importante. Un travail sur la forme, la lumière ou encore la qualité des matériaux fait partie des thèmes principaux afin de moderniser et d’insérer ces édifices dans le tissu urbain contemporain.

L’ARCHITECTURE SACRÉE

CONTEMPORAINE

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© Reto Duriet

LUMIÈRE ET LÉGÈRETÉ

Construite en 1969 par l’architecte Jacques Dumas pour la paroisse catholique du Sacré-Cœur, la chapelle de Mon-Gré est implantée sous l’esplanade de l’immeuble boulevard de Grancy 19-19A. Elle souffrait d’une configuration disproportionnée, avec un couloir trop large, des salles borgnes, une mauvaise isolation acoustique et des problèmes d’accès.

Le geste principal a été de développer un élément de toiture qui accueille et enveloppe toutes les activités, un choix qui évoque l’étymologie du mot chapelle, cappa, la cape. Pensé comme un origami, cette toiture présente plusieurs plis qui s’ouvrent sur l’extérieur côté rue et côté esplanade et qui permettent à la lumière de s’infiltrer jusque dans l’étage inférieur. Sa finesse et la transparence qui en découle invitent à pénétrer dans le pavillon entièrement vitré. Celui-ci possède une fonction d’accueil dans un environnement chaleureux et apaisé qui fait écho à la vision légère et non oppressante de la foi portée par l’abbé Maurice Zundel (un espace œcuménique éponyme lui est dédié dans le centre). Le pavillon offre une transition douce entre l’esplanade et l’intérieur du bâtiment, à l’instar de la prolongation du revêtement de sol à l’extérieur ou du banc qui traverse toute la longueur de la parcelle.

Un large escalier baigné de lumière naturelle permet d’accéder, au niveau inférieur, à un grand hall de distribution qui

dessert d’un côté les différentes salles et de l’autre la chapelle. Cette dernière possède un plan circulaire, une forme évidemment symbolique qui est toutefois rationnalisée dans sa conception et construction. Tous les raccords avec la trame orthogonale existante permettent d’intégrer les éléments techniques, et elle est composée de murs circulaires en béton sur lesquels reposent les poteaux du pavillon.

L’espace sacré se démarque par un traitement différencié. Une hauteur sous plafond plus importante sur la façade est permet d’accommoder des vitraux des artistes verriers Daniel Stettler et Emilia Eckel, enchâssés à l’intérieur du triple vitrage. Un terrazzo au sol et des murs gris apportent un contraste et procurent une ambiance tamisée et propice au recueillement. Enfin, le mobilier liturgique dessiné sur mesure reprend le langage architectural. Réalisées en frêne, tout comme les menuiseries et faux-plafonds, les chaises suivent la courbure de la chapelle, permettant de réaliser différentes configurations spécifiques à la forme de l’espace.

Le Centre Mon Gré est un lieu de prière, de spiritualité et de méditation. Il est aussi désormais devenu un lieu de passage et de partage, faisant de lui un espace dédié à la pratique vivante du culte.

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1© Reto Duriet
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Reto Duriet © Reto Duriet
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© Reto Duriet

ATELIER COMMUN

D’abord monté sous la forme d’une coopérative en 1972, le bureau Atelier Commun est devenu une SA en 1991 mais a toujours conservé cet esprit de partage et de collaboration. Une hiérarchie horizontale au sein du bureau o re une grande liberté aux collaborateurs qui traitent de beaucoup de thématiques di érentes, toujours dans une optique d’expérimentation. Avec un pôle interne dédié à la direction de travaux, Atelier Commun attache beaucoup d’importance à chaque détail et aspire à sensibiliser les architectes à la construction.

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DOSSIER © FEDERAL STUDIO
Le Concours Suisse au Pavillon Sicli à Genève, une exposition sur les concours d’architecture en Suisse.

Depuis quelques années, la profession est sous pression. Les enjeux écologiques devenus centraux, l’évolution des différentes normes de construction, les responsabilités à la charge de l’architecte, entraînent des changements de fond dans le statut et l’exercice du métier. Face au poids des contraintes techniques, règlementaires et administratives, l’historique revendication artistique et même savante de l’architecte est questionnée, et grand nombre d’architectes reconsidèrent aujourd’hui leur métier. Entre passion, déception et renouveau, comment se dessine la pratique de demain ?

Assis à sa table, le nez devant son écran, il enchaîne les clics de souris. On le sait, l’architecte ne compte pas ses heures pour s’adonner corps et âme au concept, maître mot de la profession. Cette figure quelque peu stéréotypée de l’architecte est aujourd’hui remise en question. En effet, la société contemporaine vit ces dernières années une profonde métamorphose. La prise de conscience de la crise écologique et humaine incite à un engagement social accru pour une vie à la fois plus saine et plus équitable. En architecture, ces mutations sociétales ont des répercussions particulières en raison de la double responsabilité qui incombe à l’architecte. Sa première responsabilité émane des enjeux écologiques grandissants. L’architecture constitue en effet l’un des secteurs les plus impactants à ce sujet puisque la construction et l’exploitation des bâtiments sont responsables d’un tiers des émissions de CO2 en Suisse. Le cadre normatif change afin de réduire la consommation d’énergie et d’énergie grise, mais pas seulement. L’évolution des critères de sécurité et de confort amène aussi son lot de changements. Le nombre d’intervenants augmente, les processus se complexifient et les normes et règlementations se multiplient et se succèdent à un rythme effréné qui dépasse parfois même le temps de conception et réalisation d’un projet, rendant alors un bâtiment déjà presque obsolète au moment de sa finalisation. Des lourdeurs administratives qui rendent donc parfois compliqué l’aboutissement d’un projet. Si ce cadre règlementaire permet d’assurer une certaine durabilité, il peut aussi parfois faire tourner la tête à celui qui le pratique. À la figure du créateur derrière sa table de dessin se substitue alors celle d’un gestionnaire qui, tout en développant un projet qualitatif et cohérent, doit aussi désormais naviguer entre les différentes exigences et procédures.

De plus, l’architecture reste un acte social qui, par son dessein, peut contribuer aux interactions, à l’inclusion et au bien-être général. Dans ce sens, elle se transforme continuellement afin de répondre à l’évolution des besoins de la société, que ce soit dans la forme des espaces publics, le rapport à la nature ou encore les typologies de logement. Ce que l’on considère être une bonne architecture change, et par là-même sa pratique aussi. Si les starchitectes et la promotion d’objets iconiques, innovants et parfois dénués de contexte ont connu leur âge d’or vers la fin du 20e siècle et le début du 21e siècle, l’ère actuelle semble au contraire s’orienter vers une architecture durable et ancrée dans sa réalité, son site, ses usagers, avec des architectes engagés qui se considèrent plus volontiers comme des traducteurs ou des accompagnateurs.

Les architectes aspirent donc à autre chose. Ils cherchent, tâtonnent, inventent, innovent pour trouver d’autres manières de pratiquer. Au milieu de la jungle des contraintes auxquelles il faut faire face – économiques, administratives, règlementaires, spatiales – de nouvelles formes d’exercice émergent, vers une architecture plus consciente, plus écologique, plus durable, plus sociale aussi. Comment alors concevoir la profession aujourd’hui ? Et demain ? Ce dossier explore le métier en cours de mutation. Il donne la parole à différents architectes mais aussi à de jeunes professionnels en devenir afin d’identifier certains des malaises existants et, surtout, des éléments de réponse. Un nouveau paradigme est-il en train de s’installer ? Architecte, est-ce encore un métier de rêve, où toutes les libertés sont permises ?

Sera-t-il englouti sous le poids des différentes règlementations ?

Ou parviendra-t-il au contraire à s’appuyer sur ces contraintes afin de développer de nouvelles formes d’expression ?

83 DOSSIER CONSTRUCTION & BÂTIMENT

Rencontre avec trois générations d’architectes qui nous parlent avec authenticité de leurs expériences, leurs doutes, leurs difficultés et leurs joies. propos recueillis par Marielle Savoyat

INTERVIEW

ENTRE PÉRENNITÉ

DU MÉTIER ET DÉFIS FUTURS

Jean-Baptiste Ferrari est architecte EPFL SIA. Il obtient son diplôme en 1972 et fonde le bureau Ferrari Architectes à Lausanne en 1988. Il préside la SIA Vaud de 1988 à 1990.

LE MÉTIER D’ARCHITECTE A BEAUCOUP ÉVOLUÉ, IL TRAVERSE UNE MUTATION QUI S’EST ACCÉLÉRÉE CES TROIS OU QUATRE DERNIÈRES ANNÉES, AVEC DES PARADIGMES TOTALEMENT RENOUVELÉS. AU REGARD DE VOTRE LARGE EXPÉRIENCE, QU’EST-CE QUI A CHANGÉ ?

Le plus grand changement indéniable, c’est l’impact des considérations écologiques, telles que par exemple la sensibilité à l’utilisation du sol, à l’économie des moyens, au réemploi, qui ont totalement modifié l’approche d’un projet. Ensuite, dans le contexte d’une société qui veut mieux contrôler et cadrer, la complexité technique a largement augmenté. Les projets doivent maintenant répondre à des exigences sur plusieurs plans (écologiques, acoustiques, de la production des matériaux, du bilan carbone…). L’une des conséquences, c’est que la durée des procédures se voit considérablement rallongée. Du fait de cette complexité et de ces préoccupations liées au développement durable, les maîtres d’ouvrage sont plus exigeants et mieux formés. Ils ont même parfois la même formation que nous. Je ne crois pas que le métier soit d’un esprit plus compétitif aujourd’hui, mais par contre, il y a plus d’architectes. Il y a aussi beaucoup plus de projets. Ce qui a changé, c’est la conjoncture qui est extrêmement favorable aujourd’hui. C’est une évidence, mais cela fait plus de vingt ans qu’en Suisse il y a un boom de la construction, avec des projets à des échelles qu’on n’avait pas connues à l’époque où j’ai diplômé. Tout d’abord, parce que pendant très longtemps, on a peu investi dans diverses infrastructures (sportives, de transports, etc.) et que l’on cherche à rattraper le retard. Ensuite, parce qu’on a une démographie qui augmente d’année en année, et il faut répondre aux besoins en termes de logements, d’écoles, d’équipements publics, etc.

Les outils techniques ont également considérablement évolué. On ne dessine plus sur des planches à dessin avec des tés et des équerres. Les outils de modélisation amènent un autre langage et une autre manière de présenter les projets. C’est une très bonne avancée, car on arrive à mieux les contrôler en plan et en coupe notamment. Par contre, cela nous donne aussi plus de travail, parce que nos interlocuteurs – séduits par ces outils – vont être plus demandeurs.

ET QU’EST-CE QUI N’A PAS CHANGÉ ?

La façon de faire un projet, la méthodologie du projet architectural est restée ce qu’elle était. Les contraintes ont changé, les outils

aussi, mais la façon de répondre par des variantes, de donner forme à un concept, non. La méthodologie de projet, c’est un balancement entre le doute et la certitude qui suscite la créativité. C’est l’essence de notre métier. Mais plus on avance dans la vie, plus le doute s’installe de manière encore plus forte. On devient plus modeste. Plus on acquiert de savoir-faire, plus on se rend compte de l’immensité des connaissances que l’on ne possède pas. On a alors peut-être encore plus besoin des autres pour engager un discours et se rassurer. Il faut rester à l’écoute de tout le monde. Le fait de travailler avec des architectes plus jeunes n’impacte pas la méthodologie de projet. Cette permanence permet de travailler facilement avec des architectes de tous âges, jusqu’à ceux qui ont diplômé l’année dernière. C’est l’une des forces de notre métier, mais c’est aussi un risque (voir plus bas). Une seconde facette du métier qui n’a pas changé en Suisse, c’est le concours SIA 142, qui est une institution de plus de 100 ans, un privilège de notre profession, parce qu’il est solide, avec une règlementation interne qui fonctionne bien. Les fondements sont excellents. Grâce à la SIA et à sa volonté de contrôler que le cadre du concours ne soit pas dénaturé, cette forme de mise en concurrence fonctionne bien.

POUR REGARDER EN AVANT, QUELS SONT SELON VOUS LES RISQUES ET LES DÉFIS FUTURS DU MÉTIER D‘ARCHITECTE ?

L’un des risques évidents, c’est l’intelligence artificielle (IA). On n’en parle pas du tout en architecture, mais on doit s’y intéresser. Ce sera peut-être une révolution pour le métier, on ne sait pas. Ce n’est pas un concurrent, c’est un outil qui, s’il est utilisé avec conscience pourrait peut-être nous permettre de travailler au service des projets, avec les contraintes et les variantes. On se trouve aux prémices d’une nouvelle ère et on veut s’y intéresser. L’un des défis du métier sera que l’architecte garde son rôle ! Est-ce que c’est un acquis à jamais ou est-ce qu’il doit prouver qu’il est nécessaire à la société ? À mon avis, le métier risque de disparaître si on ne continue pas à démontrer qu’on a un rôle à jouer, qu’on est une plus-value. Il n’y a actuellement en Suisse que trois ou quatre cantons qui protègent la profession. Comment procéder pour défendre la profession ? Par la qualité de notre travail, des projets, par notre engagement. Notre chance en Suisse, c’est que dans le circuit des écoles polytechniques, les architectes sont regroupés avec les ingénieurs. Cela contribue à maintenir ce rôle.

84 CONSTRUCTION & BÂTIMENT DOSSIER

JEANBAPTISTE FERRARI

Image de synthèse pour le réfectoire d’une école privée à Lausanne. © Yos © Stratus Image de synthèse d’intérieur du projet du Collège Bardonnex
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