Travail et famille: relâcher la pression
Ma santé au quotidien
Comment bien prendre soin de ses dents ?
Entretien
Elise Derroitte, vice-présidente de la MC
Vos droits
Bénéficier de l'intervention majorée
É ditorial
Un nouveau projet politique pour la Région wallonne et la Communauté française
Les membres de la coalition "Azur", le MR et Les Engagés, ont présenté leurs déclarations de politique régionale wallonne et communautaire. Le programme, ambitieux, promet un vent de renouveau… À la MC, on a décidé d’y regarder de plus près sur les matières qui nous concernent.
Tâtons d’abord un peu l’ambiance générale car plusieurs éléments externes (tantôt positifs, tantôt négatifs) aux politiques de santé au sens strict influenceront la manière donc celles-ci pourront se déployer.
Nous l’avons bien compris, la discipline budgétaire sera le nerf de la guerre ! La promesse a été faite de ne prélever aucune nouvelle taxe ou impôt. La nouvelle majorité entend donc assainir les finances publiques principalement à travers une diminution des dépenses. Plusieurs outils seront mobilisés : intégration d’une règle d’or budgétaire limitant le déficit autorisé, généralisation du principe de spending review (analyse des dépenses), analyse fine des subsides facultatifs ou encore recalibrage du plan de relance wallon ; aucune avancée sur une norme de croissance du budget des soins de santé par ailleurs...
L’autre grande ambition est de créer un "choc" de simplification et de rationalisation. Quel que soit le sujet abordé (ou presque), la simplification administrative à travers la digitalisation est mentionnée ainsi que la volonté de rationaliser les acteurs actifs (y compris dans la sphère politique).
La santé dans (beaucoup) de politiques
C’est un combat cher à la MC que celui de prendre en compte "la santé dans toutes les politiques". Ce principe de Health in all policies se retrouve consacré à travers des analyses d’impact sur la santé prévues pour l’ensemble des politiques régionales. Saluons également la priorité et les investissements annoncés en matière de prévention à la santé et le fait que les préoccupations relatives à la santé et au bien-être de la population ne se confinent pas aux chapitres santé ou action sociale. Que ce soit dans la politique environnementale, du logement, de l’agriculture, de l’enseignement obligatoire et supérieur, de la petite enfance et de la jeunesse ou du sport, plusieurs mesures impactant positivement la santé et le bien-être sont mentionnées.
Beaucoup de propositions rencontrent à ce stade les revendications de la MC (santé mentale, revalidation, convalescence, fixation d’objectifs de santé, etc.) et nous soulignons le rapprochement entre les politiques de santé et environnementales (à l’exception du plan Air Climat malheureusement). Cependant, l’enjeu du vieillissement de la population et de la perte d’autonomie ne semble pas être pris à sa juste mesure puisqu’aucun investissement majeur dans le secteur du domicile ne semble prévu à court terme et de nombreuses inconnues subsistent quant aux contours d’une future assurance autonomie. Nous serons aussi particulièrement attentifs à l’évolution de l’implémentation de la réforme réorganisant la première ligne de santé, d’aide et de soins (appelée "Proxisanté") avec l’enjeu essentiel que le patient reste bien au centre de cette réforme. Il en sera de même pour le risque de marchandisation accrue du secteur des maisons de repos. Enfin, nous devrons nous assurer que les mesures prises pour lutter contre la pénurie de personnel d’aide et de soins fasse l’objet d’une stratégie transversale. Pour conclure, ce qui comptera réellement pour juger des politiques à venir, ce seront aussi les arbitrages et les choix qui seront faits entre déploiement et croissance économique, assainissement budgétaire d’un côté et ambitions en matière de santé et d’environnement de l’autre. L’un se fera-t-il au détriment de l’autre ou le gouvernement trouvera-t-il le moyen de combiner les deux ? La MC y sera vigilante. Premier rendez-vous en octobre après le conclave budgétaire…
Alexandre Verhamme Directeur général de la MC
Si beaucoup de propositions rencontrent à ce stade les revendications de la MC, certains enjeux, comme le vieillissement de la population, semblent avoir été négligés...
08
Dossier
Travail et famille : relâcher la pression.
Sommaire
Échos de l'actu 04
Tour d'horizon de la planète santé.
Dossier 08
Les parents peinent à concilier vie professionnelle et familiale. Faut-il repenser notre modèle de société ?
Allocations familiales 14
Quelles aides pour l'enfant atteint d'une affection ?
Argent 15
Arnaques : protéger les personnes vulnérables.
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Contactez la MC au 081 81 28 28 ou via mc.be/contact
Vos droits 16
Bénéficier de l'intervention majorée.
Entretien 18
Elise Derroitte, nouvelle vice-présidente de la MC.
Politique 20
On vote le 13 octobre : le point sur le cordon sanitaire.
Santé 22
Quand la médecine invente des maladies.
Personnel infirmier 24
Revaloriser le "prendre soin" : une urgence vitale.
Editeur responsable : Alexandre Verhamme, chaussée de Haecht 579 BP 40, 1031 Bruxelles
Rédactrice en chef : Sandrine Warsztacki Affilié à l’Union de la presse périodique UPP - Membre de l’Union des Editeurs de la Presse Périodique.
Tirage moyen 375.000 exemplaires
PARUTION : Mensuel.
22
Santé
Quand la médecine invente des maladies.
15
Argent
Protéger les personnes vulnérables des arnaques.
Check-up 25
Manger cru permet-il d'éviter les maladies ?
Environnement 26
Plantes d'intérieur : cultiver la durabilité.
Ma santé au quotidien 28
Conseils pour une bonne santé bucco-dentaire.
Votre région 30
Retrouvez les évènements et actualités proches de chez vous.
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MISE EN PAGE : Paf!
IMPRIMERIE : Coldset Printing Partners, Beringen-Paal.
ROUTAGE : Atelier Cambier, Zoning industriel, Première Rue 14 - 6040 Jumet. Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le via mc.be/journal ou au 081 81 28 28.
Actualités
Plaintes : la MC à l'écoute des affiliés
Vous êtes insatisfait d’un service de la MC ? Le suivi d’une de vos demandes n’a pas été à la hauteur de vos attentes? Les gestionnaires des plaintes sont à votre disposition pour vous répondre avec toute la rigueur nécessaire.
Les interpellations des affiliés servent aussi de signaux et permettent d'améliorer les services de manière continue.
Pour introduire une plainte, utilisez de préférence le formulaire de plaintes sur mc.be/contact/plaintes . Vous recevrez directement un accusé de réception. Vous pouvez aussi :
• envoyer un e-mail à plaintes@mc.be,
• déposer votre plainte auprès d'un conseiller mutualiste dans l'agence MC de votre choix,
• déposer un courrier à l'attention de la coordination des plaintes MC dans une boîte aux lettres verte de la MC.
Un accusé de réception vous est assuré dans les 7 jours.
Un suivi complet et personnalisé vous parviendra dans les meilleurs délais par écrit et au plus tard endéans les 45 jours.
Vous n’êtes pas d’accord avec la manière dont votre plainte a été traitée ? Vous pouvez contacter le médiateur national.
Pour cela, utilisez le formulaire national de médiation ou envoyez un e-mail à mediateur@mc.be. Vous pouvez aussi adresser un courrier postal à l’ANMC, à l’attention du médiateur, chaussée
de Haecht 579, BP40 à 1031 Bruxelles. Vous recevrez une réponse dans les mêmes délais que ceux fixés pour les plaintes adressées en première ligne.
Consulter le dentiste : dans la liste des "To do"
Que l'on ait de "bonnes" ou de "mauvaises" dents, consulter le dentiste régulièrement permet de prévenir et de détecter à temps des problèmes (caries, déchaussement, abcès…) avant qu'ils ne s'aggravent et nécessitent des soins plus lourds et plus coûteux. De plus, les remboursements sont plus élevés pour les personnes qui ont consulté un dentiste l’année qui précède leur visite : certains soins dentaires comme les
obturations, les extractions, les prestations sur les prothèses, les radiographies, peuvent ainsi coûter jusqu’à deux fois moins chers ! Par exemple, un détartrage coûtera 16 euros au lieu de 41 euros chez un dentiste qui applique les tarifs officiels. Et le patient qui bénéficie de l'intervention majorée (statut BIM) ne déboursera rien au lieu de payer 34 euros.
Vous n'avez pas consulté le dentiste en 2024 ? Ne tardez pas pour prendre rendez-vous et obtenir une consultation d'ici la fin de l'année. Vous serez ainsi mieux remboursé l'an prochain.
Ayez le même réflexe pour vos enfants. Jusqu'à leur 19e anniversaire, à l’exception de l’orthodontie, tous les soins dentaires sont gratuits chez les dentistes qui appliquent les tarifs de la convention.
Bon à savoir : depuis le 1er juillet, l’examen buccal parodontal et le détartrage sous-gingival sont remboursés jusqu'à l'âge de 65 ans au lieu de 60 ans (une fois tous les trois ans pour le détartrage). Par ailleurs, les patients atteints du cancer avec de l'anodontie et/ou de l'oligodontie bénéficient de meilleurs remboursements pour les restaurations complexes de leur dentition (plus d'infos sur inami.fgov.be). Enfin, il n'y a plus de limite d'âge pour le 2 e forfait attesté en cas de traitement orthodontique de première intention (la limite pour le 1er forfait reste fixée au 9e anniversaire de l'enfant).
Rejoignez les sessions sportives de la MC
Inscrivez-vous dès maintenant aux sessions de marche active ou de course à pied organisées par la MC et Promusport partout en Wallonie et à Bruxelles.
À partir du 16 septembre, deux programmes sportifs sont accessibles dès 12 ans, de 3 séances par semaine dont l’une est encadrée par un coach. J’ose la marche activ e est un programme de marche accessible à toute personne désireuse d’augmenter sa cadence de marche. Les sessions s’organisent sur une période de 8 semaines. Trois niveaux proposés : remise à la marche, débutant ou initié.
mc.be/marche-active
Je cours pour ma forme (JCPMF) est un programme de 12 semaines de (re) mise en condition physique par la course à pied pour débutants. L’objectif
est de courir 5 km, 10 km, ou plus. Vous recevrez des fiches pour vous guider lors de vos entrainements libres.
mc.be/jcpmf • Plus de sessions JCPMF sur jecourspourmaforme.com
Incapacité de travail : le certificat électronique simplifie les démarches
Pour être indemnisé par la mutualité, le travailleur ou le chômeur en incapacité de travail doit transmettre à sa mutualité un certificat d’incapacité de travail (aussi appelé "Confidentiel") dans un certain délai.
Désormais, grâce à un nouveau service, tous les médecins généralistes ont la possibilité d’envoyer ce certificat directement à la fin de la consultation par voie électronique à la mutualité. Cette procédure a plusieurs avantages :
• L'envoi électronique est simple et sécurisé.
• Le travailleur ne doit plus lui-même transmettre son certificat à sa mutualité.
• Le traitement du certificat par la mutualité est plus rapide.
Le patient reçoit de son médecin une preuve de la déclaration. Il ne doit pas la transmettre à la mutualité.
Pour le moment, le médecin ne peut envoyer le certificat de manière électronique à la mutualité que lorsque la déclaration porte sur une incapacité de plus de 14 jours ou pour une prolongation. Si le médecin établit un certificat d’incapacité de moins de 14 jours, il le donne en version papier. Le patient doit ensuite le faire parvenir à sa mutualité, de préférence via le formulaire en ligne sur mc.be/declaration ou via l'app Ma MC.
Attention : si le travailleur relève du secteur public, le médecin peut envoyer le certificat électroniquement dès le 1er jour d’incapacité à Medex (le service administratif compétent pour les fonctionnaires).
Bon à savoir :
• Chaque médecin généraliste est libre d'utiliser le circuit électronique pour la délivrance du certificat d'incapacité.
• L’accord du patient est nécessaire.
• Le certificat destiné à l’employeur continue à être remis en version papier.
mc.be/declaration
Contrats énergie : nouvelles règles pour les démarcheurs
La loi autorise les ventes de fourniture de gaz et d'électricité par téléphone et hors établissement (porte-à-porte, au supermarché, etc.). Mais depuis le 1 er janvier, les démarcheurs doivent respecter certaines règles et ne peuvent plus vous faire signer directement un contrat lors de leur passage.
Un délai de réflexion obligatoire de 3 jours minimum s’impose désormais. La confirmation doit être explicite et après conclusion du contrat, vous bénéficiez encore d’un délai de renonciation de 14 jours.
Vous pouvez aussi informer le fournisseur que vous ne souhaitez plus recevoir de visites à domicile de sa part durant un an, via un formulaire que celui-ci doit vous remettre lors de sa visite.
Attention : ces nouvelles mesures s’appliquent uniquement aux contrats de gaz et/ou d’électricité, aux clients résidentiels et dans le cadre d’un démarchage au domicile du client. Sont exclus : les contrats de fourniture de chaleur issue de réseaux de chaleur, les contrats professionnels et les autres types de démarchages.
Enfin, vous pouvez commander un autocollant "Stop Démarchage" gratuitement :
• En Wallonie : Energie Info Wallonie : 081 24 70 10 • info@energieinfowallonie.be • energieinfowallonie.be/fr/stop-au-demarchage
• À Bruxelles : InforGazElec : 02 209 21 90 • info@gazelec.info
215.000
À ce jour, c'est le nombre de doses de vaccins contre le mpox (variole du singe) envoyées en Afrique par l'UE. La Belgique a facilité ce don en déposant une demande formelle auprès de l'Union. Amrish Badjoe, épidémiologiste chez MSF, estime qu'entre 10 et 20 millions de doses de vaccins seraient nécessaires pour une couverture efficace en Afrique.
Traverser les voies : attention danger
Chaque année (1), des personnes perdent la vie à cause de comportements dangereux sur les voies et les passages à niveau, met en garde Infrabel. Des voyageurs pressés qui traversent les voies plutôt que d'emprunter les tunnels, des jeunes qui s'y aventurent pour faire des photos, d'autres qui ne s'arrêtent pas au passage à niveau…
De nombreux accidents ont lieu parce que les gens sous-estiment les risques. C'est pourquoi Infrabel organise à présent des animations dans les écoles pour sensibiliser au plus tôt aux dangers des voies de chemin de fer. Des kits d'animation sont aussi mis à disposition des professeurs sur infrabel.be.
Bon à savoir :
• Un train arrive plus vite qu'on ne le pense… Environ trois secondes après l'avoir entendu !
• Les chauffeurs de train ne savent rien faire pour éviter l'accident, étant donné la distance de freinage : plus de 625 mètres à 90 km/h (trains locaux), plus d'1 km à 120 km/h.
• Un train peut arriver à tout moment ! Des trains de marchandises circulent sans être annoncés.
• Sur le quai aussi, la vigilance est de mise. Il est possible de se faire "happer" par un train, si on ne respecte pas la bande de sécurité et qu'on est trop près du bord. Merci aux lecteurs qui nous inspiré cette brève, suite à leurs remarques sur la photo de l'article "voyage en solo" de juin. Celle-ci montrait un voyageur se promenant sur des rails qui nous semblaient désaffectés. Notre intention n’était certainement pas de banaliser ce type de comportement.
(1) Infrabel rapporte 64 morts et 37 blessés en 2023.
Hôpital : des indicateurs pour mieux soigner
L'"approche centrée sur la personne" considère le patient avant tout comme un individu à part entière et non simplement à travers sa maladie. Cette approche est au cœur de la modernisation des soins de santé en Belgique. En théorie, elle a pour but d’améliorer tant la qualité des soins effectués, que l'expérience du patient ou encore le bien-être des soignants. Mais en pratique, cette approche reste difficile à appliquer tant sa définition apparaît encore trop floue pour beaucoup d'établissements de soin.
Face à cette confusion, des chercheuses des universités de Hasselt et de Gand ont tenté de redéfinir l'approche centrée sur la personne (1) et de développer des outils pour la mesurer en milieu hospitalier. Pour ce faire, des entretiens et une analyse systématique de la littérature ont permis
de dégager six dimensions clés: la relation avec le prestataire de soins, l'implication de la famille, la réception d'informations, la participation aux soins, l'attention portée aux extras (on vise les services non médicaux tels que le parking ou la restauration, par exemple), et le soutien psychosocial.
Pour mesurer l‘approche centrée sur la personne dans les hôpitaux, trois instruments de mesure (ou indicateurs) ont été créés. Une étude-pilote a ensuite été réalisée auprès de 1.266 membres de la MC récemment hospitalisés, afin de valider ces instruments. En outre, l’étude a permis d’identifier les dimensions qui influencent la satisfaction des personnes à l’égard des soins et services qu’elles reçoivent à l’hôpital.
Conclusion : la relation avec le prestataire de soins et la qualité des informations reçues sont les dimensions les plus déterminantes pour la satisfaction des patients. On remarque également que les hommes et les patients sans maladies chroniques expriment une plus grande satisfaction générale, en particulier concernant la relation avec le personnel soignant, l'implication de la famille et le soutien émotionnel. Des résultats qui soulignent l'importance de personnaliser les soins pour répondre aux besoins variés des patients.
(1) "Être plus qu'un numéro : l'approche centrée sur la personne dans les hôpitaux", une étude de S. LeroiWerleds, S. Streukensa, E. Pipers (UGent) et K. Verleye (UHasselt), avec H. Avalosse et S. Vancorenland (MC) à lire dans Santé & Société n°10 (juillet 2024) ou sur mc.be (rubrique "S'informer")
75 ans de vacances pour tous
Le domaine de Massembre, centre de vacances de la MC situé à 20 km de Dinant, fête ses 75 ans le week-end du 27 au 29 septembre. L'occasion de se rappeler que la santé dépend de nombreux facteurs non médicaux dont l'accès à des loisirs pour tous. massembre.be
PARENTALITÉ
Travail et famille : les parents sous pression !
Course contre la montre, employeurs pas toujours flexibles, manque de solutions de garde, difficultés financières, inégalités… Les parents peinent à concilier vie professionnelle et familiale. Au point de questionner notre modèle de société.
Texte : Barbara Delbrouck
Lorsque la cloche de l'école sonne, la plupart des parents sont encore au travail. Heureusement, la garderie fait le relais… Mais ça reste serré ! "À la naissance de mon fils, j'ai beaucoup souffert des remarques de mes collègues, raconte Sandra. Avec les trajets, je devais partir à 16h30 pour arriver avant 18h. Et je passais pour une tire-au-flanc au bureau." Pourtant, les parents ne chôment pas ! Une fois les enfants récupérés, la course continue. Devoirs, repas, bain, mise au lit… Ensuite, il ne reste qu’un bout de soirée pour rattraper tout ce qu'ils n'ont pas pu faire. Et c'est reparti le lendemain! Sans parler des activités parascolaires, des maladies, des réunions de parents, des vacances scolaires à gérer... Un sprint constant qui contribue à l'épuisement de nombreux parents/travailleurs. Ceuxci sont "en apnée", alerte La Ligue des familles dans son baromètre 2024. Et les inégalités sociales et de genre pèsent dans la balance…
Pas tous égaux face à la parentalité
En tête de liste des difficultés relayées par les parents, le manque de solutions de garde. Un tiers n’ont pas trouvé de places en crèche au moment où ils en avaient besoin! Ce qui a mené 23 % des répondants — souvent des femmes — à réduire ou arrêter provisoirement le travail. La gestion des maladies s'avère également un casse-tête. Au quotidien, l'équilibre varie beaucoup en fonction des atouts dont les parents disposent pour faire face à leur double casquette : aide des grands-parents, employeur conciliant, soutien d'un co-parent, ainsi que moyens financiers… Les personnes à bas revenus subissent une double peine, analyse la Ligue des familles. Elles ont souvent
moins de jours de congés payés et d'absences autorisées pour enfant malade, moins d'accès au télétravail… et moins de ressources pour payer des stages, une crèche privée ou se "permettre" la prise d'un congé parental. Celui-ci est souvent jugé trop peu rémunéré (1) …
Les femmes en première ligne
En Belgique, comme dans bien d'autres pays, les femmes sont encore majoritairement en charge des tâches concernant les enfants (2). 61 % d'entre elles estiment difficile ou impossible de travailler à temps plein (contre 37 % des hommes). Ce qui se confirme dans les chiffres de Statbel (3): 40,2 % des femmes salariées travaillent à temps partiel, contre 12,1 % des hommes. Avec pour raison première les soins aux enfants ou à d'autres (motif placé en 5e position chez les hommes). Dans un monde où il devient de plus en plus difficile de subvenir à une famille sans deux salaires pleins, la question du modèle sociétal se pose… "Pour comprendre les difficultés
Un équilibre plus ou moins précaire en fonction des revenus, de l'aide dont on dispose et de l'attitude de l'employeur…
actuelles, il faut se rappeler d'où on vient, souligne Bernard Fusulier, professeur de sociologie à l'UCLouvain. Notre société s’est construite sur le modèle de l’homme gagne-pain et de la femme pourvoyeuse de soin." Chacun se consacrait exclusivement à un rôle et un seul salaire suffisait à soutenir la famille. Dans les années 60, grâce aux mouvements féministes et avec le besoin de main d'œuvre, les femmes sont entrées massivement sur le marché de l'emploi. Mais sans qu’on organise comment prendre en charge tout ce que les mères faisaient. D'où la naissance du conflit travail-famille. Et dans les faits, ce cumul des rôles est assuré majoritairement par les femmes. Ce qui les pousse à réduire leur temps de travail, avec à la clé une perte de salaire…
Quelles solutions pour rééquilibrer ?
Pour tenter de résoudre ce dilemme et rééquilibrer le partage des tâches, l'Europe a proposé dès 1983 l'introduction
d'un congé parental (4) pouvant être pris par les deux parents. Mais 40 ans plus tard, celui-ci reste encore pris en majorité par les femmes, surtout pour les formules à temps plein et à mi-temps (5). Pour qu'il soit utilisé par tous, le congé parental doit être assez rémunéré et valorisé socialement, martèle Bernard Fusulier. Le terme "congé" est d'ailleurs très mal choisi, s'insurge-t-il, rappelant son utilité à la société.
"On a longtemps considéré que la conciliation travail-famille était une affaire privée. Pourtant c'est un enjeu sociétal", Bernard Fusulier, sociologue
des employeurs devient d’ailleurs un critère d'attractivité mis en avant par les entreprises. Dans les aménagements proposés, il est crucial de laisser du choix aux travailleurs, précise toutefois Isabelle Roskam. "Pour certains, deux jours de télétravail vont être d'une grande aide, alors que pour d'autres c'est l'enfer car ils n'ont pas de pièce pour s'isoler."
Attention toutefois à ne pas imposer aux parents de passer à temps partiel pour s'occuper de leurs enfants, met en garde Isabelle Roskam, co-directrice de la recherche sur le burn-out parental à l'UCLouvain. "Une mise entre parenthèses de sa carrière pour sa famille peut être vécue comme un grand sacrifice."
Et vice-versa !
De son côté, la Ligue des familles évoque l’idée d’une réduction collective du temps de travail hebdomadaire, sans perte de salaire. Elle milite aussi de longue date pour l’instauration d’un congé de paternité/co-parentalité obligatoire et de même durée que la maman (15 semaines au lieu de 20 jours), ainsi que d'un "congé de conciliation", à prendre en heures pour faire face aux impératifs familiaux. Des mesures plébiscitées par environ 80% des parents interrogés.
Changer les cultures d'entreprises
Un changement dans la culture des organisations est aussi nécessaire, pointe Bernard Fusulier, qui a enquêté en entreprise (6). La demande d'un congé parental ou d'un horaire flexible n'est pas toujours bien vue. Encore moins si elle émane d'un homme… La période Covid a toutefois fait évoluer les mentalités : "Avant, on considérait que la vie privée devait s'adapter au travail. Maintenant, les employés ont de plus en plus la logique inverse : c'est le travail qui doit s'adapter aux impératifs privés." La flexibilité
Sortir du "perfectionnisme parental"
Du côté des travailleurs, le style de parentalité actuel rajoute encore une couche de pression. On veut être un super parent, toujours positif, bienveillant et disponible, donner toutes les chances à son enfant… "Les parents s'imposent beaucoup de contraintes, note Isabelle Roskam. Comme choisir une école ou un parascolaire à l'autre bout de la ville malgré les trajets compliqués… Il y a aussi beaucoup de freins psychologiques à lever : "De nombreuses femmes se sentent coupables si elles ne passent pas à temps
En chiffres
Le vécu des parents
• 23 % ont dû diminuer ou arrêter le travail faute de place en crèche.
• 62 % peinent à trouver une solution de garde d’enfant malade.
• 55 % ont des difficultés à arriver à l’heure à l’école ou à la crèche tout en respectant leurs horaires de travail.
• 62 % peinent à assurer le suivi scolaire ou simplement à passer du temps avec leurs enfants.
Inégalités hommes/femmes
• 61 % des mères disent avoir du mal à travailler à temps plein (pour 37 % des pères).
• 40,2 % des femmes salariées travaillent à temps partiel, contre 12,1 % des hommes salariés.
partiel ou qu'elles vont chercher leur enfant plus tard, partage la spécialiste. Mais rester à la garderie, contribuer aux tâches, comprendre qu'il ne peut pas participer à tout… ne sera pas mauvais pour l'enfant. C'est même bénéfique pour son apprentissage de futur adulte ! La vie est faite de frustrations…" Il faut veiller à rester bienveillant envers soi-même, résume Isabelle Roskam. Ne pas s'en mettre trop sur le dos, s'épanouir dans son travail et sa vie permettra au final d'être un meilleur parent. C'est comme le masque à oxygène dans les avions ! Il faut d'abord prendre soin de soi, pour prendre soin des autres…
(1) À temps plein, le congé parental est indemnisé 896,73€ net/mois. Mais il peut aussi être pris à temps partiel. Plus d'infos sur mc.be/fr/grossessenaissance-adoption/conges-parents (2) Enquête sur l'emploi du temps des Belges, 2015.
(3) Statbel, 2023
(4) Proposition de directive du Conseil relative aux congés parentaux et aux congés pour raisons familiales, Journal officiel des Communautés Européennes, 1983
(5) "La dimension de genre de différents congés en Belgique", Institut pour l'égalité des femmes et des hommes, 2023
(6) "L'entreprise et l'articulation travail/famille", Bernard Fusulier, 2008
• Quatre travailleurs à temps partiel sur cinq sont des femmes.
• 2/3 des congés parentaux (65 %) sont pris par des femmes.
• Les femmes consacrent en moyenne le double du temps aux soins et à l'éducation des enfants.
Sources : Baromètre 2024 de la Ligue des familles, Statbel, Enquête sur l'emploi du temps des Belges
PARENTALITÉ
Parents solo, en croisade contre l’isolement
Concilier vie de famille et travail est particulièrement nécessaire, mais aussi difficile, pour les familles solo. Le projet "Relais familles mono", en Wallonie, permet de briser l’isolement dont elles souffrent en créant du lien entre elles. Reportage.
Texte : Soraya Soussi
Sur les rives de la Meuse à Liège, un groupe d'une dizaine de femmes s'est réuni au local de l'asbl "Vivre Sawa". L’ambiance est déjantée ! Ça discute, ça rit, ça lâche la pression du quotidien. Toutes sont mamans solo et ont participé au projet "Relais familles mono" de la Région wallonne, mené par le Centre d'appui de la Fédération des services sociaux (FDSS), en collaboration avec les mutualités et diverses associations locales. Objectif : soutenir les parents seuls à travers des ateliers créatifs et manuels, des permanences sociales et juridiques, des séances de soutien psychologique, etc. C’est aussi l'opportunité de créer un réseau social et reprendre confiance en soi. "Les ateliers d’écriture m’ont montré le potentiel que j’avais en moi. Et ici, je ne me sens jamais jugée", témoigne Martine.
Entre vouloir et pouvoir travailler
10 % des ménages belges sont des familles monoparentales, dans 83 % des cas, des femmes (1). Si concilier vie professionnelle et vie de famille est un défi pour de nombreux foyers, pour les mamans solo, c’est encore plus compliqué : elles sont souvent en situation de précarité financière (la moitié des pensions alimentaires sont impayées, indique la Ligue des familles dans son baromètre des parents 2024), isolées socialement, victimes de discrimination à l'emploi, etc.
Christelle (nom d’emprunt), participante au projet "Relais famille mono" est maman de quatre enfants. Dépendante du CPAS, elle veut travailler pour s'extirper de la pauvreté. Elle a dû attendre de trouver une place dans une crèche pour envisager la reprise. "J’ai vraiment hâte de travailler. Mais je dois trouver un emploi adapté à ma vie et à mes enfants qui ont besoin de divers suivis médicaux", se justifie-t-elle.
Cynthia, enseignante et maman d’un garçon de dix ans, a dû arrêter de travailler à cause de graves problèmes au dos. "J’aimerais reprendre mon métier pour retrouver une vie sociale. Les anciens collègues m’ont éjectée de notre groupe WhatsApp. On se sent seule dans ces cas-là."
Aménager les conditions de travail est particulièrement important pour permettre l’accès de ces familles à l’emploi, pointe Charlotte Maisin, chargée de recherche au Centre d'appui de la FDSS. "Il y a une injonction à la remise au travail des parents solo, peu importe l'emploi. Or, elles ont énormément de difficultés à gérer dans leur quotidien. Leur proposer des emplois précaires, aux horaires inflexibles augmenterait leur stress", insiste la chercheuse.
Casser les préjugés
La méconnaissance des situations des mamans solo porte son lot de préjugés. La plupart du temps la société renvoie à ces mères qu'elles sont responsables de leur situation, regrette Charlotte Maisin. "Á force de l'entendre, elles y croient et culpabilisent. Elles perdent toute estime d'elles, se renferment socialement. Dans ces conditions, comment se présenter à un entretien d'embauche en étant pleine d'assurance ?" Entre temps, le "Relais familles mono" s’est rempli. "Tu devrais t’inscrire à l’atelier mécanique automobile, lance une participante à une autre. On t’apprend à réparer quelques trucs de base et on te donne des conseils pour ne pas te faire arnaquer. On sait que dans certains garages,
on est prises pour des gourdes !"
Les mamans échangent, s'inspirent et s'encouragent mutuellement : Gaëlle raconte qu’elle a repris une formation de stylisme et a lancé sa propre marque de vêtements. Elle voyage quand elle le peut avec ses deux enfants pour leur faire découvrir le monde. Sarah, militante et maman d'une petite fille de 7 ans, n’a pas attendu de trouver un travail qui tienne compte de sa réalité. Elle a lancé sa propre entreprise dont l'objectif est d'apprendre aux personnes à prendre soin d'elles… .
(1) "La Belgique comptait 5.163.139 ménages privés au 1er janvier 2024", statbel.fgov.be, juin 2024
Saison 3
PODCAST
Gwendolina : maman solo au front !
Militante, porte-voix des mamans solo dans de multiples événements, Gwendolina est une maman célibataire qui ne manque pas d'énergie. Après avoir essuyé de nombreuses violences physiques, psychologiques, institutionnelles… elle a décidé de militer pour les droits des parents solo, encouragée et admirée par son fils de 14 ans.
Retrouvez ce 1er épisode de la saison 3 d'inspirations sur enmarche.be ou en scannant ce QR Code.
PARENTALITÉ
Des grands-parents tiraillés
En Belgique, près de 70 % des grands-parents gardent régulièrement leurs petits-enfants pendant que les parents turbinent. Entre bonheur familial et charge mentale, l’équilibre peut parfois être délicat.
Texte : Sandrine Warsztacki
En Belgique, les grands-parents consacrent en moyenne entre 35 heures par mois (pour les hommes) et 39 heures (pour les femmes) à la garde de leurs petits-enfants (1). Un rôle généralement endossé avec bonheur. "C’est une chance d’être présent dans leur quotidien, une occasion de tisser des relations privilégiées. Mes petits-enfants m'aident à rester jeunes", se réjouit Pierre, grand-père comblé de deux petits gars énergiques. Mais la joie d’accueillir ses petits-enfants, peut aussi faire place au soulagement de les voir repartir... Brigitte * s’occupe seule de ses quatre petits-enfants. Elle fait partie de cette génération parfois surnommée "chic-ouf" (chic ils arrivent, ouf ils repartent !) : "On n'aime pas voir nos enfants en difficulté dans leur vie d'adulte, mais on n'a plus toujours la force. Nos enfants veulent que l'on soit la même super maman qu'on a été pour eux, ils ne veulent pas voir que l'on vieillit. C’est très difficile de leur dire non, mais entre grands-parents c'est un sujet dont on parle beaucoup", confie cette grandmère qui participait récemment à un atelier d'Énéo sur le rôle des grands-parents. Son témoignage fait écho aux constats de l'enquête européenne Share sur la santé des 50 + : si la garde des petitsenfants se traduit statistiquement par un niveau de bien-être plus élevé, la probabilité de développer des signes d'état dépressif augmente à mesure que cette charge s’intensifie (de 3 à 6 points de pourcentage pour 10 heures mensuelles supplémentaires). A contrario, l’impossibilité pour certains grands-parents de pouvoir proposer leur aide, pour des raisons géographiques ou de santé notamment, peut aussi être source de souffrance.
De la génération "chic" à "sandwich"
Docteur en économie, responsable de l'équipe Share pour la Belgique, Jérôme Schoenmaekers observe trois types de motivation en jeu chez les grands-parents. "On peut aider de façon
purement altruiste, pour obéir à une norme sociale, plus ou moins forte en fonction des pays, ou encore, s'inscrire dans une logique d’échange : 'J'aide mes enfants car j'espère que ceuxci m’aideront'." Les personnes âgées qui se sont occupées de leur petits-enfants reçoivent davantage de soutien de leurs enfants en cas de perte d'autonomie, observe-t-il dans une analyse fraichement publiée. Le nombre d'heures consacrées à la garde des petits-enfants varie aussi fortement d'un pays à l'autre en fonction des politiques familiales (crèches, congés parentaux, etc.), la Belgique se situant dans la moyenne européenne. Mais partout le même constat : avec l'allongement de l'espérance de vie et les mutations du marché du travail, l'aide informelle et intergénérationnelle apportée par les aînés occupe une place croissante. "Avec le système de la retraite, les générations âgées ont vu se libérer du temps et des moyens, observe l’union des associations de parents de l’enseignement
La joie d'accueillir ses petits-enfants peut parfois faire place au soulagement de les voir repartir...
catholique (UFAPEC) dans une analyse (2). Mais, le risque inhérent à cela est que ce rôle a été en partie pris pour acquis par les gouvernements et les familles. Et dans beaucoup de pays les mesures d’austérité et les coupes dans les services publics vont sans doute augmenter la pression sur les grands-parents pour combler les lacunes de l’offre de services de garde formelle pour les enfants et de soins aux personnes âgées."
Sans oublier que 17 % des grandsparents en Europe ont encore leurs propres parents en vie, dont ils doivent potentiellement s’occuper, parfois en travaillant encore... "Ce risque de double charge pèse particulièrement sur les femmes qui se retrouvent à garder leurs petitsenfants pour aider leurs filles à mener leur carrière tout en soutenant leurs propres parents", commente l’économiste.!
* Prénom d’emprunt
(1) "La vie après 50 ans", X. Flawinne et S. Perelman, Presse universitaire de Liège, 2021 (2) "Les grands-parents, nouveaux pivots de la famille ?", Manon Claes, Ufapec, 2018
PARENTALITÉ
Famille-travail : quand l'employeur crée l'équilibre
Dans de nombreux secteurs, des actions se concrétisent pour permettre aux travailleurs et travailleuses de mieux articuler vie privée et professionnelle. Ce défi n'est pas insurmontable et bénéficie autant aux travailleurs qu’aux employeurs. Portraits de trois initiatives.
Texte : Sandrine Cosentino
PRENDRE SOIN
DES TRAVAILLEURS SOCIAUX
À l’Ilot, le travail ne s’arrête jamais. L’association active à Bruxelles et en Wallonie dans la lutte contre le sansabrisme compte quinze services sur le terrain, dont la moitié fonctionne 24h/24 et 7j/7. Pour la directrice générale, Ariane Dierickx, prendre soin de ceux qui prennent soin est une préoccupation constante. "La question de l'articulation entre les différents temps de vie peut créer des tension s, remarque-t-elle, mais il est possible d'apporter des solutions concrètes."
Une partie du personnel doit s'organiser avec des horaires variables pour assurer les gardes le soir et le week-end. Mais les employés bénéficient d'un jour fixe de congé par semaine. Et dans la mesure du possible, le deuxième jour est collé à cette journée. Pour permettre cet équilibre, il n'y a pas de secret : investir dans du personnel en suffisance, même si cela à un coût. "Nous travaillons beaucoup plus que par le passé avec des étudiants spécialisés dans le domaine social et cela permet de préserver au maximum la vie privée de nos travailleurs et travailleuses sur le terrain."
trouver suffisamment de repos et de déconnexion."
Les équipes, dans les différents métiers du secteur, participent aux décisions impactant leurs actions quotidiennes. Ils définissent leurs objectifs et leurs règles de fonctionnement. Le pointage a été supprimé et le droit au télétravail fortement élargi.
Ouvert il y a un an, le nouveau centre
Circé de L'Ilot fonctionne sur ce principe de gouvernance partagée. Ce centre de jour créé par et pour les femmes sans abri à Bruxelles est géré par une équipe 100 % féminine. "Elles ont prévu une plage horaire assez large durant laquelle elles peuvent arriver le matin pour pouvoir mieux s'organiser avec leur vie privée et démarrer la journée moins stressées" , illustre Ariane Dierickx.
"La question de l'articulation entre les différents temps de vie peut créer des tensions mais il est possible d'apporter des solutions concrètes"
Ariane Dierickx, directrice générale de L'Ilot
L'Ilot offre également cinq jours de congés supplémentaires par rapport aux 20 jours légaux. "La pénibilité du travail augmente d'année en année parce que les publics s'abiment. Il est dès lors important que nos équipes puissent
ARTISTES ET PARENTS
Devenant parents d'enfants en bas âge, les artistes associés de la Compagnie MAPSStéphanie Mangez, Emmanuel De Candido et Olivier Lenel – ont analysé l'impact de la parentalité sur leur carrière. "Nous avons remarqué que le besoin d'espace-temps de création artistique, en tenant compte de la réalité de la parentalité, concernait de nombreuses personnes", témoigne Emmanuel De Candido.
Alors que le secteur des arts de la scène se vit comme avant-gardiste, la question de la parentalité des artistes reste un impensé, provoquant souvent un grand désarroi chez les travailleurs et travailleuses des arts en désir d'enfant. Un artiste ne devrait pas craindre de perdre un rôle, une exposition ou une performance parce qu'il devient parent. En concertation avec d’autres artistes, la Compagnie MAPS a développé une charte et des recommandations à destination des institutions collaborant avec les artistes en proposant des actions très concrètes: avoir un référent parentalité au sein de l'équipe, accepter les pauses allaitement, prévoir une table à langer et un emplacement pour les poussettes, mettre à disposition les informations concernant les congés parentaux.
Les artistes sont souvent amenés à se déplacer pour des tournées ou des résidences d'écriture. Cette réalité impacte la vie de famille. Ici aussi, des adaptations sont possibles pour permettre aux parents de ne pas rester trop longtemps éloignés de leur foyer. Dans le même esprit, la Compagnie propose chaque année une semaine de résidence artistique "enfants admis". L’objectif est d’offrir à des artistes-parents du temps et un lieu pour se consacrer entièrement à leur création sans s'occuper de l'intendance et de la garde des enfants. Une crèche éphémère accueille les petits pendant la journée. Tout le monde se retrouve le soir. "Les mamans autrices avec des enfants en bas âge ont vraiment un moment de décrochage professionnel dû au manque d'espace-temps de création mais aussi de considération du secteur, constate Emmanuel De Candido. Cela vaut la peine de les aider à raccrocher avec leur vie d'autrice."
La prochaine journée "Être artiste et parent" aura lieu le lundi 7 octobre à la Bellone à Bruxelles. Toutes les infos sur compagniemaps.com
LA CARRIÈRE DES CHERCHEUSES
Les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel et sousreprésentées dans les fonctions dirigeantes. Les milieux universitaires n'échappent pas à la règle ! Spécialiste en droits humains, Titouan Berhaut-Streel a étudié(1) la manière dont le régime des congés familiaux (10 semaines de congé de maternité obligatoires contre 20 jours de congé de naissance non obligatoires pour le père ou le co-parent) désavantage particulièrement les femmes dans l'avancée de leur carrière académique. Dans un modèle universitaire valorisant la rapidité et la compétition, ce déséquilibre affecte surtout les activités de recherche. Pour obtenir un poste intéressant, des subsides, une fonction académique, les chercheurs sont obligés de publier un maximum d’articles et d’être cités le plus possible dans les journaux scientifiques. Mais aujourd'hui des universités mettent en place des initiatives pour éviter de discriminer un candidat ou une candidate ayant pris un congé pour des raisons familiales, indique Titouan Berhaut-Streel. L’Université de Bologne, par exemple,
Quelques conseils
Pour les employeurs
a réduit le nombre de publications sur lesquelles le ou la candidate va être évaluée en fonction du temps d’absence occasionné, notamment par un congé de maternité ou un congé parental.
En adoptant le CV narratif, la KU Leuven a fait le choix de mettre en avant la qualité des productions scientifiques plutôt que la quantité. Le candidat ou à la candidate y contextualise son parcours professionnel en fonction de ce qu’elle juge pertinent pour son évaluation.
De leur côté, les universités de Strasbourg et de Utrecht permettent aux membres du personnel académique de demander une réduction de leurs charges de cours au retour d’un congé familial afin de pouvoir se concentrer sur leurs activités de recherche. Une meilleure représentation des femmes parmi les plus hauts postes universitaires et une répartition plus équilibrée des congés parentaux devraient participer, sur le long terme, à réduire les stéréotypes de genre dans le milieu académique, conclut l'étude.
(1) Congés familiaux et standards de correction pour la carrière des membres du personnel académique. Étude de faisabilité relative à leur introduction à l’Université libre de Bruxelles. Titouan Berhaut-Streel, ULB, septembre 2023
• Proposer des modes de travail flexibles (horaire, télétravail).
• Ne pas voir les "trous" dans les CV comme un manque d'engagement ou d'effort. Une carrière peut être interrompue pour différentes raisons, dont la parentalité.
• Travailler sur une culture d'entreprise favorable à un équilibre entre vie professionnelle et privée.
• Soutenir financièrement les parents : allocations familiales ou indemnités complémentaires.
• Prendre conscience de l'impact positif de ces mesures sur la productivité, le bien-être des équipes et l'attractivité de l'entreprise.
Pour les travailleurs et travailleuses
• Établir des limites claires, temporelles et géographiques entre travail et vie privée et s'autoriser un droit à la déconnexion.
• Apprendre à dire non aux engagements professionnels excessifs.
• Se renseigner sur les solutions permettant d’interrompre momentanément une carrière ou réduire le temps de travail.
• Négocier des ajustements temporaires avec son employeur.
• Répartir les charges domestiques entre les membres du foyer.
• Organiser de l'entraide entre parents, voisins, amis…
• Analyser ce qui est pénible au quotidien et ajuster régulièrement l'organisation en fonction.
• Bloquer des temps de qualité pour les loisirs et la famille.
• Déculpabiliser. Prendre du temps pour soi est essentiel pour le bien-être et peut même améliorer l'efficacité au travail.
Avec B. D.
Quelles allocations familiales pour l'enfant atteint d'une affection ?
Tout enfant de moins de 21 ans atteint d'une affection diminuant ses aptitudes, ou en situation de handicap peut bénéficier d'un supplément aux allocations familiales. Informations aux parents dont l'enfant est domicilié en Région bruxelloise.
Texte : Joëlle Delvaux et Séverine Hoquez
La gravité du handicap ou de l’affection (ex : des troubles de l'apprentissage, une maladie chronique…) est évaluée à trois niveaux (= piliers) :
• les conséquences physiques et mentales pour l'enfant,
• l'impact sur la vie quotidienne de l’enfant (mobilité, capacités d’apprentissage, soins…),
• les répercussions sur l'entourage familial (aménagements du lieu de vie, traitements, déplacements...).
Un médecin du Centre d’évaluation de l’autonomie et du handicap (CEAH) d'Iriscare (1) octroie des points pour chaque pilier.
Pour obtenir un supplément aux allocations familiales, il faut :
• soit au moins 6 points répartis sur les 3 piliers,
• soit au moins 4 points dans le 1er pilier. Attention : le 3e pilier vaut double lors du calcul des points. Il est donc conseillé d’y porter une attention particulière au moment de compléter le formulaire.
Comment introduire une demande ?
La famille doit faire la demande de supplément auprès de sa caisse
d'allocations familiales. Le CEAH lui envoie un courrier avec les formulaires à compléter et lui renvoyer. Il est conseillé de demander l'aide du service social de sa mutualité. Après analyse du dossier, le service médical du CEAH invite l'enfant à un examen médical.
Le CEAH communique sa décision à la famille et à la caisse. Si la famille estime que l’évaluation ne correspond pas à la réalité de l’enfant, elle peut introduire une demande de révision. Elle peut aussi contester la décision auprès du tribunal du travail.
Quel est le montant du supplément ?
Le supplément varie entre 102,42 et 682,74 euros par mois selon la gravité de l'affection (2). Il est accordé sans conditions jusqu’au 31 août de l’année au cours de laquelle l'enfant atteint 18 ans.
Que se passe-t-il après 18 ans ?
Si les difficultés de santé de l'enfant persistent, dès ses 17 ans, Il est conseillé d'introduire une demande d’allocations de remplacement de revenus et d’intégration (ARR et AI) auprès du SPF Sécurité sociale (DGHP). Ces allocations peuvent être octroyées à partir de 18 ans. Le montant dépend de 3 critères: l’évaluation médicale, la situation familiale et les revenus du ménage.
À partir du 1er septembre de l’année des 18 ans, les règles suivantes s'appliquent :
• Le jeune bénéficie d'une ARR et/ou d'une AI
Le supplément aux allocations familiales est supprimé.
• Le jeune poursuit ses études, travaille ou s'inscrit comme demandeur d'emploi
Il doit en informer sa caisse (2).
Le supplément peut être maintenu jusqu'à 21 ans et le droit aux allocations
familiales conservé jusqu'à 25 ans maximum, à certaines conditions.
(1) Plus d’infos sur l’évaluation du handicap auprès du CEAH au 0800 35 499 ou sur iriscare.brussels.
(2) Plus d'infos auprès de Brussels Family, la caisse d'allocations familiales partenaire de la MC, sur brusselsfamily.be ou au 02 227 19 60.
Les centres de service social de la MC sont à votre disposition pour toute question sociale. Appelez le 081 81 28 28, consultez les horaires des permanences sur mc.be/social ou prenez rendez-vous en agence.
Bon à savoir
• Le supplément peut être octroyé avec effet rétroactif jusqu'à 3 ans à partir du début du trimestre au cours duquel la demande a été introduite.
• Si l'état de santé de l'enfant nécessite davantage de soins, il est conseillé d'introduire une nouvelle demande d'évaluation. L'enfant aura sans doute droit à un supplément plus élevé.
• Ce supplément ouvre le droit à des avantages sociaux. Se référer au service social de sa mutualité.
Qu'en est-il dans les autres régions ?
Les 4 entités fédérées utilisent les mêmes critères d'évaluation du handicap ou de l'affection pour l'enfant de moins de 21 ans. Les montants des suppléments handicap/ affection sont identiques en Wallonie et en Région bruxelloise mais moindres en Flandre et en Communauté germanophone (mécanismes d'indexation différents). La Wallonie est la seule à maintenir le droit inconditionnel à ce supplément jusqu'à 21 ans.
Argent : protéger les personnes vulnérables
Toutes sortes d’arnaques existent pour entraîner des personnes fragilisées à effectuer des dépenses parfois inconsidérées. Malheureusement, ces situations sont plus fréquentes qu’on ne le pense. Pistes pour aider ces personnes à s'en protéger.
Texte : asbl Droits quotidiens et Joëlle Delvaux
Signer un contrat qui n'est pas dans son intérêt, envoyer régulièrement de l'argent à une personne rencontrée sur internet, s'abonner à un coûteux service en ligne, communiquer ses coordonnées bancaires pour un soidisant remboursement, faire des dons élevés à une association qui se présente comme caritative… Les arnaques sont nombreuses et les individus peu scrupuleux regorgent d'imagination pour piéger tout particulièrement les personnes vulnérables. Il n’existe pas de solution magique pour s’en protéger et réagir à temps. Mais des personnes et services peuvent aider.
L’entourage et la famille
Les proches jouent un rôle important. Ils peuvent :
• Garder un œil bienveillant sur les dépenses, consulter régulièrement les relevés bancaires, contrôler les sorties d’argent. Si la personne est d’accord bien sûr.
• Sensibiliser la personne aux dangers d’internet et aux risques d'arnaques. Par exemple, ne jamais donner le code PIN de sa carte bancaire, vérifier la fiabilité des sites de vente, ne pas répondre aux mails ou sms suspects… (lire ci-contre).
• La conseiller et l'accompagner dans les démarches importantes (relire un contrat avant signature, par exemple).
La banque
Demander conseil à la banque afin de se prémunir de prélèvements abusifs. Par
exemple, modifier la limite de la carte de paiement, supprimer la carte de crédit, ne pas laisser trop d'argent sur le compte courant…
En cas de paiements frauduleux ou d'informations bancaires dérobées, bloquer le plus vite possible l'usage du compte bancaire via Card Stop au 078/17.01.70, sur cardstop.be ou via son application bancaire. Bloquer l’accès aux applications bancaires sur le site de la banque.
La police
La personne victime d’arnaques peut porter plainte dans n’importe quel commissariat de police.
Le CPAS
La personne qui souhaite être aidée pour gérer son argent peut contacter le CPAS de sa commune pour bénéficier d'une “guidance budgétaire”.
Qu'en est-il de l’administration de biens ?
Qu'elle soit victime d'arnaques ou pas, il arrive que la personne vulnérable ne soit plus capable de gérer son argent à cause de son état de santé mentale ou physique (cela doit être attesté par un certificat médical). L'administration de biens permet de protéger la personne contre ellemême et contre les autres. Elle-même ou une personne de son entourage peut demander au juge de paix de prendre cette mesure de protection judiciaire(1). Le juge désigne alors un administrateur de biens, de préférence un membre de la famille ou alors un professionnel (un avocat par exemple). L'administrateur agira pour certains actes concernant la gestion des biens et des comptes.
Sur l'administration de biens, consulter la rubrique "vie privée" sur droitsquotidiens.be et "persoonlijke levenssfeer" sur helderrecht.be .
(1) La demande se fait en ligne sur justice.belgium.be (Thèmes > Personnes et familles).
Gare aux faux mails prétendant venir de la MC
Des faux e-mails se présentant comme provenant de la MC circulent. Ils vous demandent de mettre à jour certaines informations dans votre profil "avant qu'il ne soit trop tard". Le but est de vous inciter à cliquer sur un lien frauduleux.
• Ne répondez pas à ces e-mails.
• Vérifiez si les messages proviennent réellement de la MC. La MC utilise toujours des mails se terminant par @mc.be, @info.mc.be, @doccle.be ou @cm.be.
• Passez votre souris sur le lien SANS cliquer dessus pour voir l'URL. La MC redirige toujours vers mc.be, ma.mc.be ou campaigns.mc.be. Si un e-mail contient un lien suspect, envoyez-le à suspect@safeonweb.be (Centre pour la cybersécurité en Belgique).
• En cas de doute, connectez-vous à votre profil sur mc.be ou contactez la MC.
• Si vos informations ont été divulguées, changez immédiatement les mots de passe des plateformes touchées. Changez-le également partout où vous l'utilisez (ce qui est déconseillé).
Plus de conseils sur safeonweb.be
Bénéficier de l’intervention majorée
L'intervention majorée (statut BIM) permet aux personnes et ménages à faibles revenus de payer moins chers leurs soins de santé et de bénéficier de divers avantages financiers. Voyons qui peut obtenir ce statut accordé par la mutualité et comment le demander.
Texte : Joëlle Delvaux
Pour bénéficier de l'intervention majorée (IM ou statut BIM), il faut remplir l'une des deux conditions suivantes.
1. Bénéficier d'une aide sociale, être orphelin, enfant en situation de handicap ou Mena
Les situations suivantes donnent droit automatiquement à l'IM :
- bénéficier du revenu d’intégration sociale (RIS) ou d’une aide équivalente du CPAS pendant au moins 3 mois complets et consécutifs,
- bénéficier de la Garantie de revenus aux personnes âgées (Grapa),
- bénéficier d'une allocation pour personne handicapée accordée par le SPF Sécurité sociale (DGPH) : allocation de remplacement de revenus (ARR) ou allocation d’intégration (AI),
- bénéficier de l'allocation pour l’aide aux personnes âgées (APA) en Wallonie ou en Région bruxelloise, ou du budget des soins pour personnes âgées en Flandre. La communauté germanophone n'est plus concernée depuis le 1er janvier 2023 car elle n'effectue plus d'enquête sur les revenus pour accorder l'APA.
- être un enfant en situation de handicap avec une incapacité physique ou mentale d'au moins 66 % reconnue par un organisme régional ou la DGPH (au moins 4 points dans le 1er pilier de l'échelle médico-sociale).
- être inscrit à la mutualité comme mineur étranger non accompagné (Mena), - être orphelin de père et de mère, âgé de moins de 25 ans, inscrit à la mutualité comme titulaire.
Dans ces situations, aucune démarche n'est nécessaire. La mutualité reçoit l’information des administrations. Elle n’analyse pas les revenus de la personne. Elle accorde l’IM :
- à celui qui bénéficie de l’avantage,
- à son conjoint (non séparé de fait, de corps et de biens) ou à son cohabitant ou cohabitant légal,
- aux personnes à sa charge et à la charge de son conjoint, cohabitant ou cohabitant légal.
Le droit à l'IM est valable jusqu’au 31 décembre de l’année qui suit. Par exemple, si l'IM a été accordée le 1 er septembre 2024, le droit est acquis jusqu’au 31 décembre 2025. Ensuite, le droit est automatiquement prolongé chaque année si, l’année précédente, les conditions sont toujours remplies.
2. Avoir des revenus qui ne dépassent pas un certain plafond
Les ménages qui perçoivent des revenus inférieurs à un montant déterminé peuvent bénéficier de l'IM.
Attention : il est indispensable d'introduire une demande d'IM auprès de la mutualité (voir ci-contre comment faire) si l'on pense être dans les conditions. La mutualité procédera à une enquête sur les revenus du ménage : ceux du demandeur, de son/sa partenaire et des personnes à leur charge (1). Les revenus pris en compte sont les revenus du travail, les pensions, les indemnités d'incapacité de travail et d’invalidité, les allocations de chômage,
les pensions alimentaires, les revenus mobiliers, immobiliers et divers, y compris ceux provenant de l’étranger (2).
Ne sont pas pris en compte les allocations familiales, les revenus professionnels des enfants qui perçoivent des allocations familiales ni les allocations pour personnes handicapées.
De façon générale, la mutualité analyse les revenus perçus l’année qui précède la demande d’IM. Si la demande est introduite en 2024, l'IM est accordée à condition que les revenus imposables bruts du ménage perçus en 2023 soient inférieurs à 25.630,67 €, augmentés de 4.744,94 € par membre supplémentaire du ménage (3).
Bon à savoir : Si les revenus du ménage ont augmenté sensiblement depuis l’année précédente, le calcul se fera sur la base des revenus perçus au moment de la demande (voir ce qui suit).
Si, au moment de la demande, l’un des membres du ménage se trouve dans une situation particulière qui indique une stabilisation ou une diminution de revenus (voir liste des indicateurs ciaprès), alors la mutualité tient compte des revenus perçus le mois qui précède la demande (le montant est multiplié par
12 pour obtenir les revenus annuels).
Dans ces situations, le plafond de revenus permettant de bénéficier de l'IM est plus élevé. L'IM est accordée à condition que les revenus imposables bruts annuels du ménage soient inférieurs à 27.550,86 euros, augmentés de 5.100,42 euros par membre supplémentaire du ménage (3).
Les indicateurs sont les suivants :
• être en incapacité de travail et/ou au chômage complet depuis 3 mois consécutifs au moins,
• être en invalidité (reconnu en incapacité de travail depuis plus d'un an, y compris dans le cadre des accidents de travail ou des maladies professionnelles),
• être reconnu comme personne handicapée,
• être pensionné ou bénéficier d'une pension de survie,
• être indépendant bénéficiaire du droit passerelle depuis au moins un trimestre,
• être fonctionnaire mis en disponibilité pour maladie ou militaire en retraite temporaire d’emploi pour motif de santé, depuis au moins 3 mois (dans les 2 cas),
• bénéficier d'une allocation de soins aux personnes âgées (ex-APA) octroyée par la Communauté germanophone,
De nombreux avantages
Le statut BIM permet avant tout de payer moins cher les soins de santé. Il procure aussi d’autres avantages.
Un remboursement plus élevé des soins de santé
Le ticket modérateur (TM) (1) est moins élevé pour les prestations médicales et paramédicales, les soins psychologiques de 1ère ligne, les examens médicaux, les hospitalisations et les médicaments remboursables.
Avantage "jeunes"
Jusqu’à l'âge de 24 ans inclus, il n'y a plus de TM à payer lors d’une consultation ou visite chez un médecin, à condition d'avoir un DMG.
Le tiers payant social obligatoire
Lors d’une consultation chez un généraliste, il n'y a que le TM à payer (auquel peut s'ajouter un supplément si le médecin n'est pas conventionné).
Le maximum à facturer social
Dès que le montant des TM atteint le plafond
• faire partie d'une famille monoparentale (4),
• être identifié dans le cadre du "flux proactif". Le "flux proactif" est un échange de données entre l’Inami, le SPF Finances, les mutualités et la Banque-carrefour de la sécurité sociale. Il vise à identifier les ménages qui disposent de revenus imposables inférieurs au plafond permettant de bénéficier de l’IM. La mutualité contacte alors la personne par courrier et l’invite à introduire une demande d'IM (voir ci-après comment faire).
Le droit à l'IM est accordé à l'ensemble du ménage, que la demande ait été formulée par un titulaire ou une personne à sa charge. Par la suite, les revenus déclarés sont vérifiés par la mutualité selon une procédure de "contrôle systématique". L'IM reste octroyée tant que la situation ne change pas et que les conditions de revenus sont remplies.
Comment demander l'IM à la mutualité ?
• Prenez rendez-vous avec un conseiller mutualiste dans une agence MC. Pour ce faire, consultez mc.be/rendez-vous ou appelez le 081 81 28 28. Emportez votre carte d’identité électronique et son code
PIN. Prenez aussi tous les documents qui prouvent vos revenus et ceux de votre ménage (une liste vous sera fournie avant votre rendez-vous).
• Dès l’introduction de votre demande, vous avez deux mois pour compléter la "déclaration sur l’honneur" et transmettre les documents manquants à votre mutualité.
• Une fois le dossier complet, la MC calcule le revenu global de votre ménage et le compare au plafond de référence. Elle vous informe ensuite du résultat de l'examen de votre dossier.
mc.be/bim • 081 81 28 28
(1) L’enfant en hébergement partagé peut, sous certaines conditions, être comptabilisé comme personne supplémentaire pour l'augmentation du plafond IM chez chacun de ses parents.
(2) Ce sont les revenus fixés en matière d'impôts, avant toute déduction, réduction, exonération et immunisation.
(3) Montants indexables.
(4) La famille monoparentale est composée d'un titulaire qui, selon les données du Registre national, soit cohabite exclusivement avec son ou ses enfants, soit vit seul mais héberge son/ses enfants à titre principal ou de manière partagée pendant min. 2 jours par semaine en moyenne, à condition dans les 2 cas qu'au moins un enfant soit inscrit en qualité d'enfant à charge dans le ménage d'un de ses parents. La cohabitation est prouvée par les données du Registre national ou par une déclaration sur l’honneur.
requis (516,92 €/an pour 2024), la mutualité rembourse automatiquement les TM suivants.
Attention : la personne en situation de handicap bénéficiaire de l’allocation d’intégration dont le partenaire, le cas échéant, dispose d’un revenu est exclu du MAF social si le droit à l’IM lui a été accordé sur la base de cet avantage.
Transports en commun
• SNCB : réduction de 50 % sur les trajets en 2e classe
• TEC : abonnement réduit à 12 €/an et gratuit à partir de 65 ans - réductions sur les cartes multi-voyages
• STIB : abonnement réduit à 8,10 €/mois ou 85 €/an
• De Lijn : abonnement réduit à 56 €/an
Chauffage
Allocation accordée par le Fonds social chauffage pour le mazout, le gaz propane (vrac) et le pétrole lampant (à la pompe)
Petite enfance
Gratuité de l’accueil dans les crèches subventionnées par l’ONE
Assurance dépendance flamande Moindre contribution à la "Vlaamse zorgverzekering"
Avantages MC majorés
• Convalescence : intervention financière pour un séjour en maison de convalescence MC
• Maintien à domicile : réduction sur le prix de l'abonnement à la télévigilance de Vitatel
• Loisirs : réduction sur le prix des séjours organisés par Ocarina et Énéo
(1) Le TM est la partie du tarif officiel restant à la charge du patient après intervention de l'AO.
L'attestation BIM peut être obtenue via l’app Ma MC • Plus d'infos sur mc.be/bim
Elise Derroitte
"Il reste beaucoup à faire pour rendre les soins accessibles à tous"
Elise Derroitte assure dorénavant la Vice-présidence de la MC aux côtés du Président Luc Van Gorp. Elle succède à Elisabeth Degryse, partie en politique (Les Engagés) et devenue Ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Entretien.
Propos recueillis par Joëlle Delvaux, Photo : Hatim Kaghat
En Marche : Vous occupiez jusqu'ici la fonction de directrice politique et études à la MC. En quoi consiste le travail du service d'études et quelle est son utilité ?
Elise Derroitte : Avec une équipe de 20 chercheurs, nous sommes la seule mutualité à investir autant de moyens dans la recherche scientifique. Trois valeurs motivent la réalisation de nos études:
Elise Derroitte est docteure en philosophie politique de l’UCLouvain. Après sept ans dans la recherche scientifique, elle a coordonné une association active dans la défense des droits culturels de participants en situation de vulnérabilité. Elle est entrée à la Mutualité St-Michel en 2018 pour coordonner des projets socioéducatifs à Bruxelles. Un an plus tard, elle est devenue directrice du service d’études de la MC, puis directrice politique.
Militante depuis l’adolescence, Elise Derroitte a été active dans de nombreuses organisations de défense des droits humains et collectifs d’artistes. Elle est membre du think tank Ines (Inclusion égalité solidarité) qui vulgarise les grands enjeux des politiques sociales.
une plus grande accessibilité aux soins, la promotion de la qualité des soins et l'efficacité du système de santé. Ces dernières années, nous avons beaucoup investi dans les questions liées aux inégalités de santé. Nous nous sommes intéressés à la santé des femmes, à l'accès aux soins pour les groupes vulnérables, à la santé mentale… L'incapacité de travail fait aussi partie de notre champ de recherche. C'est un domaine où l'on a à la fois très peu de connaissances et beaucoup d'a priori.
Nous avons tissé un vaste réseau de collaborations avec des universités, des organismes publics de recherche. Notre expertise est largement reconnue à l'extérieur. Nous sommes souvent consultés par les ministres et parlementaires, et nos recherches alimentent des législations.
EM : Comment les données de santé des affiliés sont-elles utilisées pour ces recherches ?
ED : La réglementation relative à la protection des données nous autorise à utiliser les données de nos membres à des fins de recherche de manière très encadrée. L'extraction des données se fait exclusivement sur des grands échantillons pour éviter le risque d’identification. Par exemple, une étude peut pointer une surconsommation d'antidépresseurs dans une catégorie d’âge, mais ne permet pas pour autant d'identifier les patients concernés.
Avec 4,6 millions de membres, notre base de données est gigantesque. Souvent, nous complétons nos analyses par des enquêtes auprès de nos membres. Le taux de réponse à nos courriers se situe entre 20 et 30 %, ce qui est bien plus élevé que le secteur scientifique ou académique. C'est un énorme gage de confiance. Nos membres prennent du temps pour répondre et donner leur avis. Ils témoignent d'expériences douloureuses parfois. Nous ne les remercierons jamais assez de contribuer à mieux connaître et améliorer le système.
EM : Notre pays est souvent cité en exemple pour l’accessibilité du système de soins. Est-ce vraiment le cas ?
ED : Les soins de santé sont largement pris en charge par la sécurité sociale. Le conventionnement des prestataires de soins garantit une sécurité tarifaire aux patients. Beaucoup de pays nous envient ce système même s’il est loin d’être parfait. D’autres mécanismes, comme le tiers-payant, le statut BIM, le maximum à facturer, ont été mis en place pour lever les obstacles qui mènent au non-recours ou au report de soins. Mais il y a encore beaucoup à faire pour rendre nos soins de santé accessibles et équitables. Car l’accessibilité est bien plus que l’accessibilité financière. Par exemple, il faut trouver un prestataire disponible qui répondra à son problème de santé spécifique, pouvoir se libérer pour aller à un rendez-vous... Comme mutualités, c’est ici que nous faisons la différence. Nous représentons les patients et connaissons leurs besoins. Nous sommes les seuls à avoir une vision hélicoptère sur les enjeux et à pouvoir activer plein de leviers. Lors des négociations sur les honoraires avec les prestataires de soins notamment. Mais aussi dans notre assurance complémentaire. Lorsqu'on estime des besoins non rencontrés, on mutualise nos ressources pour proposer un service ou un avantage qui y réponde.
EM : L'accessibilité aux soins n'est-elle pas aussi mise à mal par la pénurie de soignants ?
ED : Les délais d'attente parfois très longs pour avoir un rendezvous chez un médecin spécialiste ou passer un examen médical préoccupent les patients. Ils peuvent avoir le sentiment que leur problème de santé n'est pas pris en compte et que la qualité des soins est menacée. Néanmoins, il faut parfois nuancer ce sentiment : toute intervention n’est pas urgente, une visite de contrôle régulière ne doit pas forcément être planifiée dans la semaine. Mais le patient n’est pas informé de la raison du délai de sa prise en charge. Il faudrait une transparence sur les délais d'attente à l'hôpital, comme aux Pays-Bas. Quant à la pénurie de médecins et d'infirmières, on la voyait venir mais on n'a pas encore pris la mesure de la gravité, en particulier pour le personnel infirmier. Les solutions proposées comme la délégation de tâches à du personnel moins qualifié ne s'attaquent pas aux causes du problème. Ce que pointent les soignants, ce sont la perte de sens, la pénibilité, un manque de considération. Plus largement, tout le secteur du soin essentiellement féminin est en demande de reconnaissance. Le risque est réel que les soins informels retombent sur les proches et donc à nouveau sur les femmes.
Les femmes, discriminées devant la santé
"Je suis particulièrement sensible à la question des inégalités de genre en santé, confie Elise Derroitte (1). De nombreux obstacles empêchent les femmes d’accéder à des soins appropriés et de qualité. Et ils ne sont pas que financiers. Les stéréotypes liés au genre influencent la façon dont les professionnels de la santé dépistent et prennent en charge certains problèmes chez les femmes. L’exemple le plus frappant concerne la douleur. À partir des mêmes symptômes, les hommes se voient plus fréquemment prescrire des antidouleurs et les femmes des anxiolytiques. Par ailleurs, des maladies féminines comme l’endométriose (qui provoque des douleurs aiguës et des règles irrégulières, entre autres) restent mal diagnostiquées ". L'ampleur des problèmes de santé mentale chez les femmes inquiète particulièrement Elise Derroitte. " On mesure mal ce qu'on ne cherche pas. À l'origine de ces problèmes, il y a souvent des traumatismes graves (violences, discriminations, abus…) non pris en charge ou pas correctement. Par ailleurs, énormément d’inégalités vulnérabilisent les femmes. La charge mentale assumée au quotidien et la répartition inégalitaire des tâches ou des revenus pèsent lourdement sur leur santé", s'émeut-elle.
(1) "Femmes et soins de santé en Belgique - Quels sont les biais de genre dans les soins de santé et comment y remédier ?", Santé & Société, octobre 2023
complexe. Comment fonctionnent les remboursements ?
Quel médecin spécialiste consulter ? Comment s'effectue tel examen ? Tout cela est compliqué mais plus encore lorsqu'on ne comprend pas bien la langue ou qu'on vient d’un pays où les soins sont organisés autrement. Le patient peut aussi avoir le sentiment de ne pas être écouté, d'être méprisé ou infantilisé.
Pour aider les personnes vulnérables à utiliser adéquatement le système de santé, les mutualités ont engagé des Community health workers. Ces agents de santé communautaires jouent un rôle de facilitateurs, de traducteurs. Ils accompagnent et aiguillent les personnes pour qu'elles bénéficient des soins adéquats. Ces médiateurs sont malheureusement trop peu nombreux sur le terrain.
EM : "Mieux vaut prévenir que guérir". Cet adage est bien connu. Comment envisagez-vous la prévention et comment la MC s'implique-t-elle sur le terrain ?
"La prévention est trop souvent considérée comme une responsabilité individuelle."
ED : La prévention est trop souvent considérée comme une responsabilité individuelle. On se focalise sur les comportements et modes de vie sains mais sont-ils vraiment accessibles à tous ? Quelle est la part de responsabilité du système économique ? Et bien d'autres facteurs jouent sur la santé et le bien-être : un logement insalubre, un métier très lourd, un environnement pollué, le sentiment d'isolement…
EM : On remarque une sous-consommation de soins parmi les publics fragilisés. N'y a-t-il pas aussi d'autres barrières à lever ?
ED : Absolument. Une dimension de l'accessibilité à ne pas négliger est l'acceptabilité des soins. Notre système de soins est
À la MC et au sein de nos mouvements, nous accordons une grande importance à la promotion de la santé. Avec nos volontaires, nous organisons toutes sortes d'activités dans nos centres mutualistes de santé, dans les quartiers, les écoles, les maisons de repos... Activités sportives, animations santé, journées familiales, ateliers... La dimension collective est toujours présente dans nos actions. Car nous en sommes convaincus : les liens sociaux représentent un levier important pour une vie de qualité et une bonne santé.
De l'importance du cordon sanitaire
À l’heure où les discours radicaux se diffusent dans toute l’Europe, y compris dans certains médias, maintenir le cordon sanitaire est plus que jamais crucial pour se rappeler que l’extrême droite ne sera jamais une idéologie comme les autres.
Texte : Julien Marteleur
Dimanche 9 juin. En France, le score historique du Rassemblement national (31,4 %) aux élections européennes plonge le pays dans une nouvelle campagne électorale anticipée, après la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Durant un mois, le groupe médiatique du milliardaire ultra-conservateur Vincent Bolloré (propriétaire d' Europe 1, CNews, C8, Le JDD ) se transforme en tribune nauséabonde à la solde des candidats d’extrême droite, sur laquelle ils peuvent pérorer ad nauseam d’immigration et d’insécurité, leurs thèmes de prédilection. Vincent Bolloré s’attirera d’ailleurs les foudres de l’Arcom, organe régulateur de l’audiovisuel français, qui lui infligera plusieurs amendes salées pour diffusion de propos stigmatisant les personnes immigrées... Malgré cette omniprésence médiatique, le RN se heurtera finalement dans les urnes à une alliance des Gauches. Et devra attendre 2027 pour espérer forcer les portes de l'Élysée. En Belgique, depuis près de 40 ans, une prise de pouvoir de l’extrême droite est rendue symboliquement impossible avec la mise en place d’un cordon sanitaire politique qui empêche les partis démocratiques de former une majorité avec des mouvements politiques qui ne respectent pas la Convention européenne des droits de l’Homme. C’est heureux : les élections législatives et régionales du 9 juin ont vu le Vlaams Belang, parti ouvertement xénophobe, monter encore en puissance en Flandre — près de 23 % aux régionales, à peine un pourcent de moins que les nationalistes de la N-VA, qui conserve ainsi de justesse sa place de premier parti de Flandre. Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang, est omniprésent sur les réseaux sociaux et a ses entrées dans les chaînes télévisées du nord du pays. Jeune, "propre sur lui", il incarne cette nouvelle image de l'extrême droite en Flandre. Face au rédacteur de DaarDaar Aubry Touriel, il tenait l'an dernier des propos glaçants : "Les gens assument beaucoup plus facilement aujourd'hui qu'ils votent Vlaams Belang.
Par conséquent, les journalistes ne peuvent plus l'ignorer. Ce n'est plus seulement moi qui représente le parti, c'est désormais votre oncle, votre nièce, votre collègue. Et bientôt, le cordon sanitaire sera brisé."
Un peu d'histoire
L'histoire du cordon sanitaire commence en 1988 quand le Vlaams Blok, ancêtre du Vlaams Belang, crée la surprise en réalisant plusieurs percées électorales lors des élections communales, notamment à Anvers où il atteint 18 % des voix. C'est un véritable séisme en Belgique. La réponse politique à cet événement ne se fait pas attendre : à l'initiative du député Agalev (l'actuel Groen!) Jos Geysels et des Jeunes socialistes flamands, les principaux partis démocratiques du nord du pays se mobilisent et signent, en mai 1989, un protocole qui va marquer l'histoire politique du pays. Dans ce texte, ces partis s'engagent à refuser tout type d'alliance avec le Vlaams Blok, quel que soit le niveau de pouvoir. Le cordon sanitaire voit le jour en Belgique néerlandophone, dans un souci de reconnaitre une Flandre pluriculturelle et tolérante, qui combat toute forme de racisme.
Dimanche noir
Deux ans plus tard, rien ne s'arrange lors des élections fédérales du 24 novembre 1991. Non seulement le Vlaams Blok gagne encore en puissance, mais un élu
du Front national, représentant d'extrême droite francophone, fait son entrée au Parlement fédéral : c'est le "dimanche noir". Cette fois-ci, ce sont les partis francophones qui se mobilisent dans la foulée pour signer la "Charte de la démocratie", dans laquelle on décide de bloquer toute forme d'accord politique avec des partis d'extrême droite. Mais ce n’est pas tout : pas question par exemple, pour les élus des partis signataires de la Charte, de participer à des débats ou même à de simple événements sans caractère électoral dès que des représentants de partis d'extrême droite y sont aussi conviés. En Europe, ce modèle a été repris en Allemagne, où les radicaux de l’AFD ont été mis au ban politiquement dès leur création en 2013.
Personae non grata dans les médias
Pour marquer le coup en Belgique francophone, on consolide le cordon politique d'un cordon médiatique unique en son genre en Europe. Les médias télé et radio francophones (menés par la RTBF) se sont engagés à ne pas donner la parole en direct à des partis qui défendent des thèses racistes ou discriminantes sur des questions de genre ou de culture. "La diffusion en différé est bien sûr acceptée : elle permet le temps de la réflexion et de l'analyse, avec un contrôle sur les propos tenus", précise Benjamin Biard, du Centre
La "fenêtre d'Overton" : attention aux courants d'air
La "fenêtre d'Overton", du nom du politologue américain Joseph Overton, désigne en substance "le périmètre des idées considérées comme acceptables au sein d'une communauté politique" (1). Au départ, le terme a été créé pour évoquer une stratégie relativement simple, mais diablement efficace : en agrandissant cette "fenêtre", on gagne la bataille des idées. Autrement dit, on rend petit à petit acceptables des idées considérées jusque-là comme inacceptables.
Cette stratégie est reprise aujourd'hui jusqu'à la nausée par les populistes d'extrême droite. En multipliant dans l'espace public ou médiatique les discours outranciers, les gesticulations nauséabondes et les formules chocs ("Tous les étrangers dehors !"), ils "ouvrent" progressivement la fenêtre. Ce qui était impensable devient alors "seulement" radical, et ce qui était perçu comme radical devient acceptable…
(1) "Comment l'extrême droite gagne la bataille des émotions", G. Lohest, En Question n°148, 2024
de recherches et d'informations sociopolitiques (Crisp). En avril 2022, ce volet médiatique du cordon sanitaire subit un coup de pression quand le président du MR Georges-Louis Bouchez décide de débattre sur la VRT avec Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang… Suite à cette regrettable anecdote, la Charte de la démocratie est réactualisée. Le MR, le PS, Ecolo, Défi et les Engagés ne monteront dans aucun gouvernement avec l’extrême droite et ne participeront à aucun débat dans les médias traditionnels ou sur les réseaux sociaux avec des représentants des partis "qui manifestement portent des idéologies ou des propositions susceptibles d’attenter aux principes démocratiques qui fondent notre système politique."
La double exception wallonne
Depuis et malgré cet accroc, le cordon médiatique tient toujours en Belgique francophone. Certes, l'émergence des réseaux sociaux comme outil de communication politique peut permettre à l’extrême droite de contourner le cordon sanitaire mais, aux yeux du politologue Pascal Delwit, "l'audiovisuel joue un rôle encore important. On a pu l'observer lors du dernier scrutin national de 2019:
le principal parti de droite radicale de l'époque, le Parti populaire, était très présent sur YouTube, mais son absence de visibilité dans les débats directs des présidents sur les médias audiovisuels ne lui ont pas permis de passer la barre des 5 %. Sans élu et dans la foulée, le parti a d'ailleurs décidé de se dissoudre."
Aujourd'hui, le parti Chez Nous tente sur internet de raviver les braises — éteintes depuis longtemps — du Front national belge. Mais sur YouTube par exemple, ses vidéos peinent à dépasser les quelques centaines de vues…
Pour Pascal Delwit, un autre élément explique également l’absence de percée de l’extrême droite en Wallonie : "Dans le sud du pays, des éléments structurels permettent de difficilement concevoir l'installation d'un parti fort d'extrême droite dans le paysage francophone. Entre autres parce qu'il y manque un ingrédient crucial: un sentiment national fort." Sentiment que l’on retrouve davantage ancré culturellement en Flandre ou en France, par exemple.
En Belgique, depuis près de 40 ans, une prise de pouvoir de l’extrême droite est symboliquement impossible grâce au cordon sanitaire.
Prudence, toujours
L'extrême droite dirige en Hongrie et en Italie. Elle tambourine à la porte du pouvoir en Flandre, aux Pays-Bas, en France ou en Allemagne…
La Belgique francophone pourra-t-elle encore longtemps jouer à l'irréductible Gaulois face à un nationalisme de plus en plus contagieux en Europe ? Pour le chercheur du Crisp Benjamin Biard, "par un engagement renouvelé en 2022 en faveur du cordon sanitaire, les partis francophones prennent le contre-pied de la tendance quasi générale sur le continent. Ils refusent de considérer l'extrême droite comme une tendance politique comme une autre, comme une idéologie respectable, ils refusent d'être complices de la stratégie de dédiabolisation menée ailleurs et qui ne fait qu'aboutir à renforcer ceux qui la portent."
Mais la prudence reste de mise.
Le respect de cet engagement a-t-il permis d’éviter que les thématiques de prédilection de l'extrême droite — les questions sécuritaires ou d’immigration notamment — ne viennent infester le débat public ? D’éviter que ses 'solutions' ne deviennent celles, un peu édulcorées, des démocrates ?" Poser la question, c’est déjà y répondre…
L’invention des maladies
"Tout bien portant est un malade qui s’ignore", affirmait un certain Docteur Knock. Capitalisant sur cette inquiétude, les firmes pharmaceutiques contribuent à façonner des "non-maladies", entraînant une surmédicalisation dénoncée par certains médecins.
Texte : Julie Luong, Illustration : Adrien Herda
Aujourd’hui, vous vous sentez en pleine forme. Mal nulle part, bien dormi, d’excellente humeur. Puis vous allumez la radio, où l’on vous annonce que c’est la Journée mondiale du cœur. Vous vous sentez déjà un peu moins bien. Embonpoint, sédentarité, âge : dans les facteurs de risque cardiovasculaire, vous en cochez pas mal. Vous consultez ensuite le journal sur votre téléphone et apprenez que le moral des Belges est en chute libre. C’est vrai que le monde est parfois désespérant. Vous décidez d’aller faire un tour pour vous changer les idées.
En passant, vous relevez votre boîte aux lettres : vous trouvez un courrier vous invitant à réaliser un dépistage pour le cancer colorectal. Il est seulement 10 heures et vous allez déjà nettement moins bien…
Multiplication des diagnostics
Surdiagnostic, surdépistage, surmédicalisation : la médecine a envahi nos vies jusqu’à parfois enfreindre sa règle numéro un, primum non nocere ("en premier lieu, ne pas
La médecine a envahi nos vies jusqu’à parfois enfreindre sa règle numéro un: en premier lieu, ne pas nuire.
nuire") s'alarme Luc Perino, enseignant à la faculté de médecine de Lyon et auteur de l’essai "Les non-maladies : la médecine au défi" (éditions du Seuil, 2023). Ces dérives, pointe-t-il, nuisent non seulement à notre santé subjective – nous nous "sentons" malades, anxieux – mais aussi à notre santé objective en augmentant les risques d'effets secondaires, de polymédication ou d'interventions évitables. "Depuis les années 1980, l’intérêt rapidement croissant pour les 'non-maladies' entraîne d’importantes répercussions sur le budget global de la santé et sur celui de la Sécurité sociale, accuse l'auteur et médecin français. Et il oriente les programmes de recherche, le plus souvent financés par le marché qui s’intéresse principalement aux bien-portants, plus nombreux, donc plus rentables que les porteurs de 'vraies' maladies." Un constat que Fanny Dubois, Secrétaire générale de la Fédération des maisons médicales en Belgique, partage: "Dès qu’on entre dans une pharmacie, on est happé par une série de produits qui n’existaient pas avant, quand la médecine avait simplement pour but de soigner. On peut en effet penser qu’il y a, au sein des firmes pharmaceutiques, des cellules dédiées à pathologiser certains problèmes en vue de construire des molécules chimiques dédiées à la vente..." Le terme " disease mongering" ou "façonnage de maladies" est apparu dans les années 90 pour désigner cette tendance de l'industrie pharmaceutique à définir de nouvelles "maladies" pour accroitre son marché. Des facteurs de risque comme l’hypercholestérolémie (facteur de risque dans les incidents cardiovasculaires) ou l’ostéoporose (facteur de risque pour les fractures) ont ainsi été étiquetées comme des pathologies à part entière, nécessitant une médication. La multiplication des "étiquettes diagnostiques" en psychiatrie
interpelle également. "Nous nous d'abord sommes intéressés au façonnage de maladies à cause de la multiplication des entrées du DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux-NDLR)", commente Marc Bouniton, médecin généraliste et membre du Groupe de recherche et d’action en santé (Gras), un mouvement de veille éthique constitué par des travailleurs de la santé en Belgique. Considéré comme la "bible de la psychiatrie", ce manuel n’a en effet cessé d’identifier de nouvelles "pathologies" au fil de ses éditions. Par exemple, ce qui a pu longtemps être considéré comme un trait de caractère –la timidité excessive – est devenu un trouble psychiatrique à présent connu sous le nom de "phobie sociale".
La fabrique de la dépression
En 2001, l’essayiste Philippe Pignarre analysait "la fabrique de la dépression" par l’industrie pharma (1)). "Dans les années 50, à l’époque des asiles et de la camisole de force, les neuroleptiques ont été une vraie révolution, rappelle Luc Perino. Mais comme après les grandes conquêtes sur les maladies infectieuses – vaccins, antibiotiques –, l’industrie a capitalisé sur ces progrès considérables. C’est du marketing de base : si vous avez des succès à faire valoir, la clientèle reste captive." Quelques décennies plus tard, les anxiolytiques et les antidépresseurs font presque partie de la pharmacie de base! Selon les dernières statistiques du SPF Santé Publique, en Belgique, 1 Belge sur 4
a pris au moins un psychotrope en 2022... De là à affirmer que la dépression serait une étiquette collée par l'industrie pharma sur un état d'âme pour vendre des médicaments ? À la Fédération des maisons médicales, Fanny Dubois nuance : "J’observe deux cas extrêmes. Il y a des médecins qui refusent presque systématiquement de prescrire des antidépresseurs sous prétexte que l’on est aliéné par cette logique commerciale, alors que la situation de leurs patients le requiert. À l’inverse, d’autres prescripteurs y voient une solution facile, là où il faudrait d’abord agir sur d’autres facteurs."
Les causes objectives de la dépression par exemple, comme la souffrance au travail, la précarité ou les violences conjugales. "À l’heure actuelle, les plus grands maux de notre société sont la santé mentale, le cancer et les troubles musculosquelettiques. Or, tous ces mauxlà sont clairement liés à des déterminants non-médicaux", appuie Fanny Dubois.
Liens d’influence
Le terme "disease mongering" ou "façonnage de maladies" désigne cette tendance de l'industrie pharmaceutique à définir de nouvelles "maladies" pour accroitre son marché.
Marc Bouniton, en tant que médecin membre du Gras, en appelle de son côté à une réflexion du corps médical sur l'influence exercée par l’industrie pharmaceutique. Les médecins reçoivent régulièrement la visite de délégués médicaux qui leur proposent parfois
Médecine sans souffrance et souffrance sans médecine
Dans son essai, Luc Perino pose le constat d’une inversion étonnante de la pratique médicale au cours des dernières décennies. Alors qu’on est parfois directement soigné quand on n’éprouve pas de symptômes, un grand nombre de plaintes et souffrances, notamment d’origine psychique, restent a contrario sans diagnostic et sans traitement. On se retrouverait donc aujourd’hui face à "une médecine sans souffrance" et "une souffrance sans médecine".
L'auteur distingue plus précisément quatre situations dans la rencontre patient-médecin.
1) La situation idéale "où il existe une parfaite coïncidence entre les symptômes vécus par le patient et leur labellisation médicale". C’est le cas de l’angine, où la douleur pharyngée à la déglutition correspond à un signe clinique : la rougeur des amygdales.
2) Les "maladies non objectivables" : le patient ne va pas bien,
certains avantages (congrès à l’étranger, dîners, etc.). Fonctionnant sur un principe d'autorégulation, la banque de données Be Transparent (2) recense les avantages reçus par les médecins, mais la plateforme reste malheureusement incomplète quant à la situation des membres des départements de recherche ou des unités hospitalières, regrette Marc Bouniton. Le médecin pointe aussi la nécessité de renforcer l'indépendance de l'information médicale donnée dans certaines formations. Avec le Gras, il travaille sur un projet de label de qualité pour aider les médecins à y voir plus clair à ce propos. Mais le marketing de l'industrie pharmaceutique peut aussi s'exercer de manière plus subtile et indirecte via, notamment, les efforts qu'elle déploie pour influencer le traitement de l'information dans les médias ou sur les réseaux sociaux. "Souvent, c'est d'abord le patient qui nous influence en nous disant qu'il a vu ou lu telle chose dans les médias ou sur internet", confirme Marc Bouniton. Attention aux pouvoirs de la suggestion, peu importe à quel bout du stéthoscope on se trouve…
(1) "Comment la dépression est devenue une épidémie", réédité en 2012 aux éditions La Découverte (2) Betransparent.be
il éprouve "un symptôme, une souffrance, une gêne, une fatigue ou tout type de trouble" pour lequel la médecine ne parvient pas à élaborer un diagnostic, du moins pendant un certain temps. C’est le cas de la fibromyalgie.
3) C’est le cas inverse du précédent : le patient ne se plaint de rien, mais la médecine lui "trouve" une maladie. C’est ce que l’auteur appelle les "objets non-maladies" : hypercholestérolémie, syndrome métabolique, ostéoporose... Une anomalie au niveau du poumon quand on avait un problème de dos par exemple. Ces découvertes conduisent elles-mêmes à de nouveaux examens, chronophages, coûteux, anxiogènes... débouchant à leur tour sur d’autres découvertes fortuites.
4) Enfin, les "hors-sujets sanitaires", qui désignent les demandes du patient qui excèdent les compétences médicales : esthétique, lutte contre le vieillissement...
Revaloriser le "prendre soin" : une urgence vitale
L’aggravation de la pénurie de personnel soignant met en péril l'accessibilité et la qualité des soins, alerte une étude de la MC. Une bombe à retardement alors que les besoins vont croissants dans une population vieillissante.
Texte : Joëlle Delvaux
Maisons de repos et/ou de soins, soins à domicile et hôpitaux : la pénurie d'infirmières et d'aides-soignantes (1) frappe partout. En 15 ans, le personnel infirmier âgé de plus de 50 ans a plus que doublé (il est passé de 14 à 32 % entre 2004 et 2018). Sur la même période, la proportion des 35-50 a augmenté de 11 % et celle des moins de 35 ans a diminué de 7 %. L'évolution de la pyramide des âges parle d'elle-même: le renouvellement des infirmières plus âgées par les plus jeunes n'est plus assuré. D'une part, le secteur peine à attirer, former et retenir les jeunes infirmières dans leur fonction : une grande partie ne pratiquerait réellement ce métier que durant 5 à 10 ans. D'autre part, la part croissante d'infirmières plus âgées nécessite de réfléchir d'urgence à la manière de préserver leur bien-être en fin de carrière.
Une perte de sens
Quelle est l'ampleur de la pénurie ? Quelles en sont causes? Comment y remédier ? C'est à ces questions qu'ont voulu répondre la MC et l'Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. L’enquête menée auprès de 1.200 infirmières, actives dans tous les secteurs du soin, permet de mesurer l'ampleur du malaise.
"Pour la toute grande majorité des répondantes, le fait de ne plus pouvoir réaliser les soins relationnels est une source de souffrance qui aboutit à une perte de sens", décrypte Hélène Janssens, chercheuse au service d'études de la MC. La plupart dénoncent une surcharge de travail excessive, un épuisement
émotionnel et physique, un manque d'autonomie et de flexibilité. La multiplication des tâches administratives – qui peut occuper jusqu'à la moitié du temps de travail – renforce la perte de sens. Nombre de soignantes pointent aussi du doigt des violences de la part des patients, des horaires de travail atypiques difficilement compatibles avec la vie familiale ou encore des équipes incomplètes obligeant à de nombreuses prestations supplémentaires.
"C’est un cercle vicieux, analyse Hélène Janssens. Le manque de personnel détériore les conditions de travail de celles qui restent. Ces soignantes s'épuisent et, à leur tour, tombent malades ou en burnout. Cette situation les poussent soit à diminuer leur temps de travail, soit à s'orienter vers un autre secteur de soins, soit à chercher un autre emploi. L’enquête montre d’ailleurs qu’une infirmière sur quatre envisage de quitter la profession ! Quant aux stagiaires, elles sont très vite dégoûtées après avoir découvert le métier sur le terrain."
Une demande croissante de soins
Sur l'autre versant de la pénurie, du côté de la demande de soins, la situation n'est pas moins critique. La diminution de la durée de séjour à l'hôpital (illustrant le virage ambulatoire des soins de santé) intensifie le recours à des soins de plus en plus complexes au domicile des patients. Les données relatives aux affiliés de la MC bénéficiant de soins à domicile montrent d’ailleurs que le nombre de prestations nécessaires augmente au fur et à mesure de l’avancée en âge.
"Même en admettant que le nombre de soignantes actives augmente, les besoins de soins augmenteront davantage en raison du vieillissement de la population", s’émeut la chercheuse pour qui la délégation de certains actes à des personnes moins qualifiées n’est pas une solution. Car la pénurie touche de nombreux métiers du "prendre soin d’autrui", aussi en souffrance.
"Nous vivons hélas dans une société profondément individualiste qui glorifie la performance, occulte nos vulnérabilités humaines et dévalorise les métiers de la relation à autrui. Les résultats de notre étude invitent à revaloriser et remettre du sens au cœur du métier infirmier qui se fait justement avec cœur."
(1) 86 % des infirmiers et 90 % des aides-soignants sont des femmes, raison pour laquelle nous utilisons le féminin pour parler de ces métiers.
"Pénurie des infirmier·es et crise du prendre soin", Hélène Janssens (service d’études MC) et Thomas Lavergne (IEFH). Résultats à lire dans Santé & Société (juillet 2024) sur mc.be (actualités).
Fake news, greenwashing, idées reçues... Un numéro sur deux, la rubrique
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Manger cru pour éviter les maladies ?
Si manger des produits frais et peu transformés est recommandé, un régime 100 % cru n’est pas sans danger.
Texte : Julie Luong
Manger cru pour conserver les vitamines, les minéraux et les enzymes nécessaires à notre santé ? L’idée n’est pas neuve. Au début du 20e siècle, le médecin suisse Maximilien Bircher-Benner – inventeur du müesli et de la râpe à pommes – considérait que les aliments crus contenaient "une grande quantité d'énergie provenant de la lumière" capable de prévenir et de guérir certaines maladies. Il mit au point un régime crudivore, inspiré du régime rudimentaire des bergers des Alpes, auquel il soumettait ses patients du sanatorium Lebendige Kraft (force vitale) de Zuri ch. Un siècle plus tard, c’est sur les réseaux sociaux que le crudivorisme ou "alimentation vivante" a connu un regain de popularité. Comme l’a montré dans sa thèse la sociologue Solenn Thircuir (1), la majorité des personnes démarrent leur régime crudivore suite à des recherches sur internet et au visionnage de vidéos. En adoptant de nouvelles habitudes alimentaires, la plupart espèrent résoudre un problème de santé ou un mal-être plus global dont ils ne comprennent pas l’origine. Malheureusement, à terme, ce régime drastique peut entraîner des carences sévères, des troubles du comportement alimentaire et un repli social.
Le bon cru
Bien sûr, si la réponse est extrême, les défenseurs du cru mettent le doigt sur un problème réel : notre alimentation industrielle et ultra transformée favorise de nombreuses maladies (obésité, syndrome métabolique, cancers...). "Crus, certains aliments conservent mieux les vitamines et les minéraux", précise la diététicienne Aurore Van Der Wilt. C’est le cas de nombreux fruits et légumes... même si certaines personnes les digèrent mal. "La tolérance au cru est très individuelle et peut diminuer avec l’âge" , poursuit la spécialiste. De manière générale, la viande et les œufs sont beaucoup plus digestes cuits que crus. Il est par ailleurs dangereux de consommer crus certains aliments comme la pomme
de terre qui contient de l’amidon non digestible, mais aussi de la solanine, une substance toxique à haute dose. Par ailleurs, un antioxydant comme le lycopène des tomates, qui participe à la prévention de certains cancers, sera seulement libéré à la cuisson... dans une sauce ou un coulis bien chaud ! La cuisson a par ailleurs l’avantage de tuer les virus, les bactéries et les parasites que peuvent contenir les aliments : elle participe donc à la sécurité alimentaire. À limiter : la cuisson au barbecue, l’utilisation de certains matériaux antiadhésifs ou des barquettes en plastique pour micro-ondes, qui peuvent libérer des substances toxiques. Pour préserver au maximum la qualité nutritionnelle des aliments, on peut aussi opter régulièrement pour la cuisson à la vapeur. De quoi conserver le meilleur du cuit et du cru...
(1) "Les carrières crudivores : un révélateur du régime d'autonomie des individus", EHESS, 2020
Crudivorisme et dérives sectaires
Avec 600.000 abonnés à sa chaîne YouTube, le naturopathe français Thierry Casasnovas est sans aucun doute le plus célèbre des apôtres du cru, mais aussi le plus controversé. Après des centaines de signalements enregistrés par la Miviludes, l’organe du ministère de l’Intérieur chargé de la lutte contre les dérives sectaires, il a été mis en examen pour exercice illégal de la médecine, abus de faiblesse et pratique commerciale trompeuse. Organisateur de stages coûteux via son association Régénère et inventeur d’un miraculeux "extracteur de jus", il a notamment prétendu pouvoir guérir le Covid ou le cancer grâce à des légumes crus et des jeûnes extrêmes.
Les plantes d’intérieur en mode slow
Effet de mode ou soif de nature, nous sommes nombreux à vouloir nous entourer de verdure pour égayer nos habitats. Mais les plantes d’intérieur ont un impact environnemental insoupçonné. Comment adopter une démarche plus éco-responsable ?
Texte : Valentine De Muylder
On est faits pour vivre entourés de vert, pas pour être enfermés dans des cages en béton." Dans la jungle de sa boutique bruxelloise, Quentin Thibaut voit défiler des clients de toutes sortes : "J’ai des petites grand-mères, des enfants qui tirent leurs parents par le bras pour rentrer, des lascars qui me lancent : 'Ouah, téma (1), c’est trop beau ici'." Pour cet architecte paysagiste passionné par les plantes depuis l’enfance, l’attrait pour le végétal est "en nous", tout simplement, et c’est ce qui pousse de nombreux citadins à se tourner vers les plantes d’intérieur. Il pointe également les bienfaits psychologiques du jardinage : "S’occuper de plantes est gratifiant parce qu’on a entre nos mains de la vie, qu’on fait pousser."
Pas si "verte", la plante verte
Mais cet appel du vert est-il eco-friendly ? Paradoxalement, non. Car les plantes d’intérieur sont pour la plupart des plantes tropicales ou subtropicales, adaptées à un climat chaud et humide. Leur production sous nos latitudes a un impact environnemental non-négligeable en termes de transport, de chauffage, de consommation d’eau… "Cultiver et conserver les pieds-mères (plantes qui servent à produire les boutures – NDLR) chez nous n’est pas rentable, car cela nécessite de maintenir en permanence une température élevée", détaille Fanny Malfroy, du Centre d’essais horticoles de Wallonie. Les pieds-mères sont donc souvent cultivés dans des contrées lointaines, en Afrique notamment. Leurs boutures sont prélevées et envoyées en Europe dans des entreprises de production de jeunes plants, qui sont à leur tour vendus à d’autres entreprises pour être cultivés, avant de prendre la route des commerces. Parmi les pays européens qui produisent des plantes d’intérieur, on trouve les Pays-Bas, la France, l’Italie et, dans une moindre mesure, la Belgique : "En Wallonie, la production de plantes d’intérieur est anecdotique, précise Fanny Malfroy. L’horticulture est plus développée
Les plantes d’intérieur sont pour la plupart des plantes tropicales, adaptées à un climat chaud et humide. Leur production sous nos latitudes a un impact environnemental non-négligeable...
en Flandre, où les surfaces de culture sont plus grandes." Les plantes y sont cultivées dans des serres chauffées. Certaines variétés, comme le ficus et les orchidées, sont également produites en laboratoire. Selon Flanders Plants, qui représente le secteur, les entreprises flamandes réalisent aujourd’hui 10 % de la production mondiale de plantes d’intérieur in vitro.
"Fast-botanique" et plantes-mania
À défaut de pouvoir rendre ce processus de production moins énergivore, Quentin Thibaut ("Jungle Lab") mise sur la traçabilité. Il connaît personnellement ses producteurs, tente d’informer au mieux ses clients sur l’origine et la qualité des plantes, et assure le service après-vente: "Pour chaque plante, on a un passeport phytosanitaire qui indique où elle a été produite et par qui. Si jamais il y a un problème (un champignon, un insecte…),
on peut remonter jusqu’à la production." Une démarche éthique qui demande du temps, a un coût et tranche avec ce qu’il appelle la "fast-botanique", qui inonde le marché de plantes à bas prix – parfois boostées aux hormones – et génère son lot de dérives sociales et environnementales à la manière de la fast-fashion.
Car les plantes n’échappent pas à la mode. Dans une enquête publiée dans le magazine XXI , la journaliste Anaïs Renevier explore les profondeurs du business aussi insoupçonné que luxuriant des plantes d’intérieur. On y apprend que les ventes ont explosé pendant la pandémie. Aux États-Unis, en 2020, le marché a connu une hausse de 30 % par rapport à l’année précédente (2). On y découvre également que cette nouvelle tendance fait fureur sur les réseaux sociaux, et que de nouvelles variétés, toujours plus résistantes et originales, sont sans cesse développées. "Sur TikTok, #planttok cumule 4 millions de vues et sur
Instagram, plus d’un million de clichés sont estampillés #plantparent, écrit-elle. Une nouvelle parentalité, comme la définissent les premiers intéressés, qui s’affiche à coups de courtes vidéos et de photos stylisées. Problème : pour rester original, il faut sans cesse renouveler son contenu. Donc, adopter de plus en plus d’enfants plantes, si possible exotiques et uniques."
Choisir et entretenir
ses plantes avec soin
Confronté lui aussi à ce phénomène, Etienne Duquenne, responsable de l’écojardinerie sociale de la Ferme Nos Pilifs, dans le nord de Bruxelles, rappelle que "les plantes ne sont pas des objets, elles sont vivantes". Une manière de verdir son intérieur de façon plus éco-responsable, selon lui, est d’offrir à ses plantes une longue vie : "On travaille sur le conseil. On essaie de bien comprendre dans quelle situation la plante va se retrouver pour diriger le client vers une plante qui va, en principe, pouvoir survivre. Une plante qui n’est pas cultivée dans un environnement qui lui convient en termes d’humidité, de lumière ou de température, va très vite être réceptive aux parasites et aux maladies."
Parmi les plantes les plus résistantes, on trouve le sansevieria, l’aspidistra, ou encore les cactées, qu’Etienne Duquenne nous fait découvrir sous la verrière de la jardinerie, aux côtés de plantes qui nécessitent plus de soins.
Garder une plante pendant de
nombreuses années passe aussi par un entretien régulier et adapté, pour lesquels il conseille de privilégier les méthodes et produits (terreau, engrais, etc.) écologiques. "L’éco-jardinerie est un ensemble de petits gestes, de petites habitudes de consommation qu’on va essayer d’induire chez le client." Cette démarche permet d’enclencher un cercle vertueux qui sensibilise au respect du vivant: "Quand un client réalise qu’une plante, ce n’est pas juste un truc dans un pot qu’on arrose une fois par semaine, ça change tout."
Moins de gaspillage, plus de bouturage
"Quand un client réalise qu’une plante, ce n’est pas juste un truc dans un pot qu’on arrose une fois par semaine, ça change tout",
Etienne Duquenne (Ferme Nos Pilifs)
Le commerce des plantes d’intérieur n’est pas à l’abri du gaspillage. Gaspillage de plantes, mais aussi de pots en plastique. Souvent trop petits, ils ne servent qu’à la vente et au transport et finissent à la poubelle une fois les plantes rempotées. Produire ses plantes soi-même peut être une manière de lutter contre ce gaspillage, suggèrent Etienne Duquenne et Quentin Thibaut, au risque de prêcher contre leur chapelle. Avec un peu d'expérience, il est tout à fait possible de prélever des boutures pour donner naissance à
Comment bouturer ses plantes d’intérieur ?
Saviez-vous que vous disposiez du super pouvoir de multiplier vos plantes d’intérieur ? Certaines variétés, en tout cas, sont assez faciles à bouturer.
Le chlorophytum, où "plante araignée", est une plante assez simple pour débuter. Détachez délicatement un des rejets que la plante produit spontanément en grandissant. Plongez ensuite la base de cette miniplante dans un bocal (pot de confiture, bouteille…) rempli d’eau, et placez-le dans un endroit lumineux. Après quelques jours, vous verrez apparaître de petites racines. Changez l’eau tous les 3-4 jours pour éviter qu’elles ne pourrissent. Lorsque les racines auront atteint 3 à 5 cm, votre jeune plant sera prêt à être mis en terre.
de jeunes plants (voir encadré). Sur Facebook, des groupes comme "Troque ta plante" ou "PlantswapBXL" s’organisent autour de l’échange de plantes et de boutures. Dans la commune bruxelloise de Jette, les bibliothèques francophone et néerlandophone se sont dotées d’une "plantothèque", où chacun peut adopter gratuitement des plantes produites sur place à partir de boutures. L’idée a germé pendant le confinement, afin de favoriser le bien-être, le lien social et l’accès au végétal dans les quartiers densément peuplés de la capitale. Ouverte à toutes et tous, elle propose également des ateliers pour apprendre à semer et bouturer et accepte les dons de plantes, de boutures, de pots ou encore de terreau. Une véritable petite jardinerie circulaire qui, comme ses plantes, ne demande qu’à se multiplier.
(1) "Regarde", en verlan.
(2) "Plantes à billets", enquête publiée dans le magazine XXI, automne 2023
(3) Plus d’infos sur les pages Facebook "PlantswapBXL", "Troque ta plante" ou encore "Bruxelles – plantes, graines et boutures à échanger (ou donner)"
La monstera, star des plantes d’intérieur, se prête également au jeu. Prélevez un rejet qui apparaît au pied de la plante, ou coupez une portion de tige munie d’au moins deux feuilles, environ 2 cm sous le nœud. Ne coupez pas les racines aériennes (petites tiges brunes) qui poussent au niveau du nœud. Vous obtiendrez une bouture en forme de Y dont vous plongerez la base dans un bocal avant de procéder comme pour le chlorophytum.
Et parce que bouturage rime avec partage, pourquoi ne pas prélever des boutures sur les plantes de vos voisins, collègues, amis… ou offrir vos bébés plantes en cadeau ?
La santé à pleines dents
Conserver une bonne hygiène bucco-dentaire a toute son importance pour garder une bouche saine mais également pour rester en bonne santé. Conseils.
Texte : Sandrine Cosentino
L'alligator remplace chacune de ses dents près de 50 fois tout au long de sa vie. Nous n'avons pas cette possibilité. Il est dès lors essentiel de s'occuper de ses dents comme s'il s'agissait de petits bijoux.
L'Organisation mondiale de la santé estime que les affections bucco-dentaires touchent près de 3,5 milliards de personnes dans le monde. Au-delà des effets sur les dents, l'haleine et les gencives, les inflammations en bouche ont un lien direct sur l'état inflammatoire du corps, rappelle Diane Van Cleynenbreugel, dentiste et professeure invitée à la HELB (Haute École libre de Bruxelles). "L'exemple le plus marquant est le diabète, illustre-t-elle. L'état inflammatoire de la bouche est lié, de manière bidirectionnelle, au diabète. L’un peut aggraver l’autre." Différentes études (1) ont également mis en évidence un lien entre la parodontite sévère (inflammation touchant les structures responsables de l'ancrage des dents dans l’os) et une hausse du
Quantité
de dentifrice et de fluor en fonction de l'âge
risque de maladies cardiovasculaires (infarctus et AVC), mais également d’autres maladies systémiques.
Chasser
la plaque dentaire
La plaque dentaire est une sorte de film blanchâtre et collant où s’agglomèrent continuellement des bactéries, des débris alimentaires et de la salive. Les bactéries produisent des acides, à partir des sucres. En l’absence d’un bon brossage, la plaque dentaire s’accumule et les acides vont dégrader l’émail.
Une carie peut alors commencer à se former.
Laurence Henriet est hygiéniste bucco-dentaire et membre du conseil d’administration de la BBM (association belge professionnelle des hygiénistes bucco-dentaires). Un nouveau métier dont le rôle est centré sur la prévention et la promotion de la santé bucco-dentaire, réalisé en étroite collaboration avec l’équipe dentaire.
plus de6ans ENFANTS DE 0 À 6 ANS
ans
6+ ET ADULTES Taille d'un petit pois
Les dentifrices contenant moins de 1 000 ppm de fluorure ne sont pas recommandes
Source : Conseil supérieur de la santé 2X JOUR
Le brossage des dents a pour objectif de désorganiser la plaque dentaire et devrait être réalisé au moins deux fois par jour durant minimum deux minutes, en crachant le dentifrice sans le rincer, rappelle-t-elle. Mais l’élimination de la plaque dentaire ne se résume pas à l'utilisation de la brosse à dents. "Chaque dent compte cinq faces et je considère que 60 % de la surface des dents sont couverts par le brossage et que les 40 % restants concernent le nettoyage des espaces interdentaires, à l’aide de certains accessoires tels que le fil dentaire, les brossettes... "
Fluor et brosse
Pour le Conseil supérieur de la santé, l’utilisation de dentifrices fluorés est considérée à l’heure actuelle comme une des principales explications de la réduction des caries dentaires observée depuis 40 ans. Il est important de respecter le bon dosage de fluorure (nombre de ppm) – pour les enfants et les adultes – et la bonne quantité de dentifrice en fonction de l'âge (voir l'infographie). "Il faut vérifier sur le tube de dentifrice qu'il contient du fluor en quantité adaptée, précise Laurence Henriet. Certains dentifrices sont commercialisés sans suivre les recommandations de l'OMS."
Et la brosse à dents, manuelle ou électrique ? Peu importe ! "Ce qui compte, c'est l'action mécanique et la technique de brossage afin d'éliminer au mieux la plaque dentaire, insiste l'hygiéniste. Je conseille à mes patients d'utiliser la brosse avec laquelle ils sont les plus efficaces." Pour le savoir, rien de tel qu'un révélateur de plaque dentaire. Ce produit la met en évidence et s'achète en pharmacie ou parapharmacie. En revanche, elle est intransigeante sur l'importance de choisir une brosse à dents à poils souples. "Personnellement, lorsque je nettoie ma voiture, je n'utilise pas une brosse à récurer mais une éponge. Pourquoi devrais-je utiliser une brosse à dents à poils durs sur ma gencive, un tissu mou de mon corps humain ?"
Visites régulières
Les caries débutantes ne sont pas douloureuses. Une visite de contrôle préventive par an (deux pour les enfants) permet au professionnel de la santé bucco-dentaire de vérifier que tout va bien et d'intervenir rapidement en cas de nécessité. Dans le cadre de l’assurance obligatoire, les soins dentaires préventifs et curatifs des moins de 19 ans sont 100 % remboursés (selon les tarifs officiels) chez un prestataire conventionné (2). Pour les personnes de plus de 19 ans et allant au moins une fois par an chez le dentiste, les remboursements pour les soins dentaires sont plus importants. Depuis le 1er septembre 2023, la limite d'âge pour le remboursement de l'examen buccal annuel est complètement supprimée (fixée auparavant à 80 ans). Seul le ticket modérateur (et les éventuels suppléments d'honoraire) reste à la charge du patient. Enfin, le grignotage est l'ennemi des dents, puisqu’il provoque à chaque fois une attaque acide en bouche qui, en contact avec l’émail de la dent, augmente le risque carieux. Une alimentation saine aux heures des repas, le tout arrosé d'eau, permet de maintenir les dents en bonne santé.
(1) "Periodontitis and cardiovascular diseases : Consensus report", Mariano Sanz et al, J Clin Periodontol, 2020
(2) Pour connaitre le conventionnement des prestataires de soins, rendez-vous sur le moteur de recherche du site de l'Inami : webappsa.riziv-inami.fgov.be/silverpages/
DENTS DE LAIT : LE SOURIRE DES ENFANTS
Vers l'âge de 6 ans, les premières dents de lait commencent à tomber. Mais certaines resteront dans la bouche des enfants jusqu'à 11-12 ans. Il est donc nécessaire d'y apporter autant de soin que pour les dents définitives.
Leur rôle
"Les dents de lait jouent un rôle essentiel pour la mastication, mais également comme maintien de place, rappelle la dentiste Diane Van Cleynenbreugel. En perdant une molaire de lait trop tôt, à cause d'une carie importante par exemple, les dents adjacentes risquent de réduire l’espace nécessaire à l’éruption de la dent définitive."
Une carie peut en cacher une autre
Une dent de lait cariée et non soignée peut s'infecter. L'infection risque de toucher le germe de la dent définitive juste en-dessous. "Une dent infectée aura également un impact sur le bien-être de l'enfant, souligne la dentiste. À cause de la douleur, il pourrait se réveiller la nuit, accumuler de la fatigue, prendre du retard au niveau de sa scolarisation, être plus irritable…"
Conseils pour le brossage
Les premières molaires définitives apparaissent généralement avant la perte de la première dent de lait. Les parents n'ont pas toujours conscience que ces dents poussent à l'arrière des autres. "Comme les molaires font leur éruption, elles se trouvent sous le niveau des autres dents, développe la dentiste. Il est important de brosser plus loin et de manière inclinée pour toucher le haut de ces molaires. Elles se carient très rapidement."
Comme pour les adultes, le brossage des dents dure au moins 2 minutes ou le temps d'une chanson et s'effectue au minimum 2 fois par jour. "Jusqu'à l'âge de 9 ans, il est important que les parents aident leurs enfants pour le brossage." Un dentiste ou un hygiéniste buccodentaire peut également appliquer une résine sur les sillons des dents définitives pour les protéger des caries.
mc.be/phil • souriez.be
Moving Family Day
Des activités fun et sportives pour toute la famille !
• Dimanche 6 octobre de 9h à 17h
• Tubize (Centre d’entrainement des Diables Rouges et des Red Flames, Rue de Bruxelles 486-504)
• Gratuit et ouvert à tous
• mc.be/mfd-tubize