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débat

Qu’est-ce que l’architecture organique ?

Il existe de nombreux débats concernant l’architecture organique. Cette terminologie et manière de repenser l’espace est créée par Louis Sullivan et développée par l’architecte américain Frank Lloyd Wright au début du XXe siècle. Sa finalité est de concevoir une architecture répondant aux besoins primaires de l’Homme en exposant un esthétisme qui épouse les formes de la Nature. Au fil des années, les thèmes principaux de l’architecture organique ont été adoptés par un grand nombre d’architectes afin de réconcilier l’Homme avec la nature. L’aspect organique en architecture est un terme assez ambigu. En effet, cette conception spatiale est en réactualisation constante du fait qu’elle ne s’apparente pas à un style architectural en particulier mais plutôt à une philosophie complexe de la manière de penser «l’objet bâti ». Mais qu’est-ce que réellement l’architecture organique? Quels sont les critères qui la définissent? Nous allons dans un premier temps délimiter le sens de l’expression et partir du postulat que celle-ci est une manière d’édifier qui emprunte les formes de la nature et son milieu.

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organique ou pas organique?

Afin de mieux cerner le sujet, Il est nécessaire d’établir une dichotomie entre l’architecture organique et l’architecture non-organique. De prime abord, il est commun de penser qu’une architecture organique est seulement une inspiration formelle du monde vivant, un microcosme qui semble éclore d’un macrocosme. En réalité, le panel de possibilités théoriques de cette conception spatiale est beaucoup plus large. Une architecture organique n’est pas seulement une construction aux formes naturelles ou végétales apparentes, elle n’est pas seulement question de forme, d’esthétique ou de volumétrie. L’architecture organique relève d’une réelle prise en compte de l’intégration harmonieuse à son site et à l’écosystème local sans le polluer, ainsi qu’à des critères de soutenabilité examinant les principales conditions de bien-être de l’habitant. En ce sens, si nous raisonnons par l’absurde, il reviendrait à définir ce qu’est une architecture inorganique, que l’on peut illustrer par l’exemple des volumes helléniques de l’architecture monumentale de la Rome antique, les cités idéales de la renaissance, le néo-classicisme sous tous ses angles et ses ramifications, le mouvement moderne de Le Corbusier ou encore celui du Bauhaus de Walter Gropius. Dans les années 1990, le théoricien et architecte David Pearson propose la « Charte de Gaïa » énonçant les principes que l’architecture doit respecter pour être conforme aux critères de l’architecture organique: « laissons l’architecture être inspirée par la nature et être durable, bonne pour la santé, protectrice et diverse; et satisfaire des besoins sociaux, physiques et spirituels ».

l’architecture organique : une analogie du monde vivant

L’architecture organique est une imitation du processus de la nature. En effet, dans cette sphère, l’architecture est le lien entre le monde naturel et l’Homme. Elle constitue une peau tendant à rétablir le rapport entre l’être humain et la nature, le bâtiment et le site, par un procédé de bio-mimétisme. L’architecture organique est finalement le continuum fluide du monde naturel par l’édifice. Selon Frei Otto les éléments de l’architecture organique «sont construits selon un système de montage unique et à partir d’un élément unique : un contenu fluide entouré d’une peau résistante à la traction et à la flexion ». En architecture, la conception organique consiste à ressentir de manière intégrale l’exaltation du site et y apporter dans la plus grande harmonie et interaction le déploiement d’interstices, déformations, plis et replis, verticales et horizontales, seuils et espaces. En ce sens, les mouvements et l’énergie qui en résultent sont l’essence même de l’architecture organique qui, relève d’une galvanisation des rapports terre/ciel, matière/esprit.

une architecture source de bien-être

Les trois thèmes principaux qui fondent l’architecture organique sont l’écologie, la santé et l’épanouissement. L’architecture bio-mimétique peut s’avérer source de bienêtre pour l’homme dans la mesure ou elle le réconcilie avec son milieu naturel ainsi qu’avec toutes les dimensions de son être. En ce sens, cette architecture outrepasse le simple choix de matériaux écologiques et de procédés écoresponsables dans un souci de développement durable, elle prend également en compte toute la dimension spirituelle de l’Homme visant à sa plénitude. On a pu observer au cours des derniers siècles que la question de l’intégration de la nature à l’architecture revenait d’actualité suite à une industrialisation et capitalisation considérable des villes. Face à cette distanciation entre l’Homme et la Nature, certains répondent à cette problématique par la réintégration du milieu naturel dans l’urbain par un entremêlement subtil de tradition et innovation en osmose avec l’environnement. Bref, l’architecture organique est une réelle invitation à explorer une différente manière de construire qui vaut la peine d’être découverte.

Sarah Ramzi

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