Philippe Descola
COMPOSER LES MONDES / « WORK IN PROGRESS
»
d’Elisa Lévy
Dans une famille Achouar / Évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
| 2020 | 1h09 | france |
Philippe Descola, spécialiste des Achuar d’Amazonie, visionnaire, a initié « L’anthropologie de la nature » dans les années 1970, devenue plus tard l’intitulé de sa chaire au Collège de France. Il était seul à une époque où l’écologie n’occupait pas l’avant-scène des sciences humaines prises dans les grands dualismes fondateurs, tel NatureCulture, qui s’appuyaient sur l’universalisme des Lumières. Mais la crise de Gaïa – ensemble des êtres vivants inclus dans la biosphère désormais fragilisée – a mis au défi ces catégories et bien d’autres encore. Il faut « décoloniser les concepts » dit l’américaniste dont le regard est encore imprégné de sa longue attention aux relations des indiens Jivaros avec la forêt peuplée d’êtres préhensibles ou logés dans les rêves et les échanges intimes. A travers l’analyse de la richesse des cultures et des usages du monde, Philippe Descola propose de repenser la « maison commune des humains et des non-humains » par des « formes d’universalité et des modes d’occupation de la Terre » en alternative au modèle productiviste qui nous tourmente par ses inégalités grandissantes et son obsession du profit au détriment de tout ce qui vit.
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Comment, nous les modernes, avons-nous fait pour rendre notre planète de moins en moins habitable et comment faire pour enrayer ce mouvement ? Philippe Descola a consacré sa vie d’anthropologue à éclairer ces questions. Le film l’emmène confronter ses idées à une expérience sociétale unique au monde, en France, à Notre-Dame-desLandes. Là, sur et avec la terre sauvée du béton, en lieu et place d’un aéroport pharaonique, se déploie une nouvelle façon d’être au monde.
Sa recherche sur les modes de territorialisation le conduit vers toute proposition nouvelle qui émerge comme un devenir de conciliation. Le film d’Elysa Lévy, Composer les mondes, relate une de ces rencontres à Notre-Dame-des-Landes. Je pense qu’il doit être le premier et le seul professeur zadiste de la très noble institution du Collège de France !
« Un virus est un parasite qui se réplique aux dépens de son hôte, parfois jusqu’à le tuer. C’est ce que le capitalisme fait avec la Terre depuis les débuts de la révolution industrielle, pendant longtemps sans le savoir. Au tournant du XVIIe siècle a commencé à se mettre en place en Europe une vision des choses que j’appelle « naturaliste » fondée sur l’idée que les humains vivent dans un monde séparé de celui des non-humains [..], elle nous a fait oublier que la chaîne de la vie est formée de maillons interdépendants et que nous ne pouvons pas nous abstraire du monde à notre guise. » Philippe Descola
FOCUS « L’ HUMAIN EST-IL UNE ESPÈCE EN VOIE DE DISPARITION ? »