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I UNE FEMME, MA MÈRE

★Grand Prix de la Compétition nationale Longs métrages, Rencontres Internationales Du Documentaire de Montréal, RIDM 2019 (Québec)

Le film est baigné dans un splendide noir et blanc, qui s’harmonise avec l’assemblage des archives. Ce choix esthétique rehausse la dimension mélancolique de la démarche du cinéaste [...] Et à la voix du cinéaste, étreinte par l’émotion, mais toujours en contrôle, se superposent les sonorités envoûtantes créées par Serge Nakauchi Pelletier, faisant de ce périple des origines un journal intime éminemment cinématographique. On ne se lasse jamais d’en tourner les pages.

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Guillaume Tion - Libération / Mars 2020

Claude Demers

Filmographie sélective / Long métrage documentaire UNE FEMME, MA MÈRE - 2019 BARBIERS – UNE HISTOIRE D’HOMMES - 2006 LES DAMES EN BLEU - 2009 D’OÙ JE VIENS - 2014 AVANT PREMIÈRE FRANÇAISE

québec

LES FILMS DE L’AUTRE / NOT YET

UNE FEMME, MA MÈRE Claude Demers

Quelques notes au piano. L’image d’une femme âgée, de dos, allongée sur un lit. Une voix s’élève : « J’ai perdu ta trace. Pour la deuxième fois depuis ma naissance. Tu es seule. Tu vas bientôt partir. Tu ne veux pas que je sois là ». Cette voix calme et empreinte d’émotion est celle de Claude Demers, le réalisateur du film. Abandonné à sa naissance par celle qui l’a mis au monde, il rend compte, dans cet essai cinématographique intime et poétique, de la recherche qui l’a conduit à sa mère ou plutôt à celle qui n’avait pas voulu être sa mère. Il la retrouve ; elle se livre par bribes. Mais il la perd à nouveau alors qu’il attend lui-même son premier enfant, Alma, à qui le film est dédié. « Pour une seconde fois, je n’existe plus à tes yeux. Alors pour te rendre plus réelle je me mets à réinventer ton histoire ». A partir des rares éléments biographiques qu’il a pu rassembler, Claude Demers retrace et imagine le parcours de sa mère, s’attachant à comprendre le désir de liberté d’une femme dont la jeunesse s’est déroulée à une période charnière, celle de la Grande Noirceur, « dans un pays qui se cherche entre la peur de l’enfer et la soif de s’en libérer ». Après D’où je viens (2014), qui revisitait le quartier populaire de Montréal où il a grandi, Claude Demers nous livre un second film autobiographique, poignant par sa force et sa sobriété. Mêlant extraits de films de l’Office national du film du Canada et scènes reconstituées pour les besoins de la narration, Une femme, ma mère se présente comme un long poème en noir et blanc, porté par la voix du réalisateur, et magnifiquement monté par Natalie Lamoureux.

Hélène Baillot

Non, je ne fais pas de la thérapie ! Je fais du cinéma.[..] j’essaye de comprendre la vie d’une femme de cette époque : [...] quelles étaient les options pour une femme, issue de la Grande Noirceur, en mal de liberté ?

Claude Demers - Extrait d’un entretien réalisé par Silvia Galipeau pour La Presse / Janvier 2020