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B. Regard et architecture
REGARD ET ARCHITECTURE
Selon moi, le thème du regard est un thème très vaste, qui réunit beaucoup de domaines et qui engendre donc une infinité de possibilités, de questions, de réponses, d’aprioris. Je pense que nous ne sommes pas tous capables de prendre pleinement conscience de tout ce qui nous entoure et de tout ce qui compose notre environnement, moi la première. Cependant, cela se travaille et peut ainsi s’améliorer, s’aiguiser. C’est un peu comme l’exemple des couleurs : personne ne les voit pareil et pourtant nous sommes tous capable d’en parler ensemble et de se comprendre. Ici, en ce qui concerne la manière de regarder, je pense qu’elle est tout aussi subjective et peut pourtant devenir universelle.
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En tant qu’étudiante en architecture et peut-être en tant que future architecte, il me paraît primoridal de prendre en considération le monde qui nous entoure, aussi bien d’un point de vu réel qu’à travers l’image. En effet, l’architecture est une discipline visuelle, où le regard tient une place majeure. L’architecture est l’élément qui rassemble tout ce qui constitue le réel, c’est le liant qui construit tout ce qui gravite autour de nous et dont l’Homme est à l’origine. C’est pour cela que l’architecte se doit d’affuter son regard, d’être capable de cerner ce qui l’entoure, d’analyser son envrionnement afin de mieux y répondre. Se saisir et savoir prendre conscience des composants du monde extérieur avant d’apporter une réponse architecturale à ce dernier paraît être l’élément de base à toute élaboration architecturale.
En ce qui me concerne, j’ai toujours porté une grande importance au sens de la vue, encore plus qu’aux autres sens. Mes yeux sont toujours à l’affut, ils guettent sans cesse la nouveauté, la surprise, l’exaltant. Dès que j’ai les yeux ouverts, je ne peux m’empêcher de scanner le monde qui m’entoure dans ses moindre détails. Depuis petite, j’ai toujours trouvé une grande satisfaction à lever les yeux vers le ciel, épier mon environnement, tenter de prendre pleinement conscience de tout ce qui m’entoure.
Je pourrais vous parler longuement des rayons de lumière qui viennent donner vie à l’écorce des arbres en été, des verrières au dernier étage des immeubles à Montmartre qui laissent entrevoir le ciel à travers le vitrage, des ruelles sans issue où les fleurs envahissent les balcons, des couleurs vives des immeubles à Venise ou en Suède, et bien d’autres petits moments inscrits dans le temps et dans l’espace. C’est par le biais d’instants comme ceux là que le réel se confond à l’image et l’image au réel. D’où l’importance de traiter l’image au même titre que le monde réel puisque l’un ne fonctionne pas vraiment sans l’autre. Surtout dans le domaine de l’architecture, où la représentation est un des points majeur du discours et de la compréhension globale.
Aussi, ce que j’aimerai faire ressortir à travers cette étude est le lien étroit qu’entretiennent regard, réel, image et architecture. En quoi l’architecte doit-être un « regardeur » quel que soit l’endroit où il se trouve ? En quoi cela enrichit-il sa vision, sa pensée architecturale, son projet ? Comment nos expériences personnelles (ici les études et les voyages par exemples) nous ouvrent-elles à une appréhension du monde plus poussée et plus profonde ? Comment cela affecte-il notre regard de manière générale ? Comment l’architecture doit être regardée, analysée, représentée ?
Selon moi, il est primordial d’apprendre à regarder. Le regard est une notion qui se développe à plusieurs échelles et de différentes manières. Les études d’architecture en sont l’exemple même. A travers divers sujets et dans divers domaines, on nous apprend à analyser tous les composants du monde qui nous entoure et donc à affuter notre manière de voir les choses et de les retranscrire. Il en est de même pour les images qui se doivent elles aussi d’être comprises.
Ce que j’aimerai tenter d’aborder ou du moins étudier c’est ce rapport qu’a chaque individu avec le monde extérieur, d’abord et avec les images ensuite et comment on peut en faciliter la compréhension par des méthodes simples. Mais aussi ce que l’on en ressort et ce par le biais du regard. Tout cela en apportant ma vision personnelle, mon parcours, mes études d’architectes, mes voyages, mes hobbies - comme la peinture et le cinéma - par exemple.
S’agit-il alors de se demander comment fonctionne le mécanisme du regard ? Comment et pourquoi donner cette importance à ce qui nous entoure ? Surtout en tant qu’architecte. Est-il possible d’énoncer une manière de faire ? Ou cela reste-il toujours propre à l’individu ? Avons-nous tous la même manière de voir ? Ou est-il plutôt question de traiter d’un cheminement à travers les différentes échelles du regard : du plus grand au plus petit ? Que regarder, comment et pourquoi ? Comment hiérarchiser, sélectionner ? Comment et pourquoi tout cela nous enrichit ? Quel est le lien entre le réel et l’image ? Comment l’image porte-t-elle les même caractéristiques que le réel et comment les retransmet-elle ? Quels sont les composants que l’on retrouve systématiquement chez l’un comme chez l’autre ? Quel est leur lien avec l’architecture ?
Toutes ces questions sont autant d’interrogations qui me traversent lorsque j’aborde ce sujet et elles font donc partie de la réflexion que je développe tout au long de l’étude qui suit. L’importance du regard, la notion d’image, de représentation, de relation avec notre environnement, ses composants et ses caractéristiques, l’incorporation ou l’omniprésence de l’architecture au sein de ces notions sont autant de sujets qui m’intriguent et dont je souhaite me saisir afin de comprendre davantage le rôle du regard dans le métier d’architecte et pourquoi il me paraît si important.